livret pédagogique

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livret pédagogique
Classe de Quatrième
☛ Théâtre : faire rire, émouvoir, faire pleurer
Knock
Jules Romains
Édition de Jean-Luc Vincent
« Est-ce que ça vous chatouille, ou est-ce
que ça vous grattouille ? » Avec les nouvelles méthodes
de cet étrange médecin, en trois mois,
rares sont les habitants du village de Saint-Maurice
qui ne sont pas tombés malades ! Entre farce bouffonne
et comédie grinçante, Jules Romains nous livre
une implacable satire des médecins
et d’une société terrorisée par la maladie.
ISBN 978-2-7011-4878-6
160 pages
livret pédagogique
Arrêt sur lecture 1
p. 33-39
Un quiz pour commencer p. 33-34
1 Quels sont les liens qui unissent Knock à M. et Mme Parpalaid ? Knock vient remplacer le docteur
Parpalaid.
2 Quel est le but poursuivi par le docteur Parpalaid et sa femme ? Convaincre Knock qu’il a fait le
bon choix en décidant de venir s’installer à Saint-Maurice et qu’il fait une affaire.
3 Que comprend Knock au fur et à mesure de la conversation ? Le docteur lui revend une affaire
© Éditions Belin/Éditions Gallimard.
très peu lucrative.
4 Pourquoi la voiture s’arrête-t-elle au milieu de la route ? La voiture est en panne.
5 Que nous apprend le récit que fait Knock de sa formation médicale ? Il n’est pas un médecin
comme les autres.
6 Comment décrire le caractère du docteur Parpalaid ? Cordial et un peu roublard.
7 Quels sentiments les propos de Knock suscitent-ils chez Mme Parpalaid ? La curiosité et la fascination.
8 Comment qualifierait-on le mieux la ville de Saint-Maurice ? Une petite ville de province assez
semblable aux autres petites villes de ces années-là.
1
Knock
9 À la fin de l’acte, quelle échéance est annoncée ? Le retour de M. Parpalaid à Saint-Maurice dans
trois mois pour recevoir la première partie de l’argent que lui doit Knock.
Des questions pour aller plus loin p. 35-36
* Comprendre la fonction du premier acte
Première rencontre entre deux médecins
1 Relevez les éléments fantaisistes dans le récit que Knock fait de sa formation en médecine.
Knock met très vite de côté le caractère universitaire de sa formation (p. 22) pour insister sur son goût
précoce de la pratique médicale : bachelier en lettres, il devient médecin sur un « vapeur » après avoir
perdu un emploi de vendeur dans un grand magasin de Marseille. Ses connaissances médicales ne lui
venaient pas d’études scientifiques, mais de sa « passion » pour les annonces médicales et pharmaceutiques des journaux lorsqu’il était enfant. Il apprend ainsi le « style de la profession » et découvre
la « véritable destination de la médecine » (p. 24). Il met alors au point sa théorie et sa méthode qu’il
vérifie à bord du « vapeur », puis s’engage dans le commerce des arachides afin de pouvoir vivre avant
de passer son doctorat en médecine. Le parcours « médical » de Knock apparaît ainsi comme celui
d’un aventurier, d’un commerçant, aux connaissances et à la pratique non orthodoxes.
2 Lorsque Knock raconte son expérience comme médecin sur un « vapeur » (p. 23), par quels
effets de style rend-il son récit palpitant ? Relevez des éléments précis. Knock dramatise son récit
en employant le style direct (l. 293-296 par exemple) et le présent de narration (notamment « ils me
répondent » l.296 ; « je réplique » l. 298).
3 Que cherche à savoir Knock en interrogeant les époux Parpalaid sur les habitants de SaintMaurice ? Comment accueille-t-il leurs réponses ? Plusieurs points intéressent Knock dans l’interrogatoire qu’il fait subir aux Parpalaid à propos de Saint-Maurice : la possibilité de publicité (présence
d’un tambour public), le nombre d’habitants de la ville et du canton et les qualités essentielles de cette
population (richesse, professions, occupations, place de la religion et de la superstition). On pourra
faire remarquer en particulier la question sous forme accumulative de la page 29 : « Opium, cocaïne,
messes noires, sodomie, convictions politiques ? ». Ce qui intéresse Knock, c’est de savoir si la population peut facilement être soumise à une nouvelle forme de pensée dominante et pour cela il faut
que les esprits soient libres de toute autre croyance forte, de toute autre dépendance, de toute autre
occupation prenante. Knock réagit peu aux réponses des Parpalaid ; il semble accumuler les renseignements avant de pouvoir rendre un premier diagnostic. Sa seule réaction explicite est provoquée
par l’évocation du spiritisme. Ce n’est qu’à la fin de ce questionnaire que l’on connaît le résultat de
l’enquête : « En somme l’âge médical peut commencer. » (p. 30). On comprend alors que Knock considère Saint-Maurice comme le lieu idéal pour mettre en place sa méthode.
© Éditions Belin/Éditions Gallimard.
4 Résumez la pratique médicale de Parpalaid et la théorie médicale développée par Knock. La pratique de Parpalaid et la théorie de Knock sont absolument opposées. Parpalaid est un médecin de campagne qui ne soigne que ce qui lui semble devoir l’être et ne cherche pas à s’opposer au bon sens paysan
tandis que pour Knock, comme le laisse entendre le titre de sa thèse, Sur les prétendus états de santé,
toute personne bien portante est un malade qui s’ignore. Selon lui, le médecin doit traquer la maladie et
convaincre son « client » qu’il a besoin de ses services. C’est bien ce que confirme le récit qu’il fait de son
passage sur le navire en tant que docteur : selon ses dires, tout le monde y était malade.
5 Lorsque Knock imite le style de Parpalaid en disant page 31 : « pour parler votre style, [vous
avez] fait laborieusement pousser des chardons là où voulait croître un verger plantureux », selon
quel procédé la phrase qu’il utilise est-elle construite ? Knock emploie un discours imagé qui passe
par la métaphore : l’action du docteur sur la situation médicale de Saint-Maurice est ainsi comparée
à la culture laborieuse de chardons (des fleurs qui piquent et ne valent rien), alors que Saint-Maurice
aurait pu devenir pour le docteur un « verger plantureux », c’est-à-dire une exploitation qui produit
beaucoup de fruits. Voilà tout à fait le genre d’expression qu’aurait pu employer Parpalaid comme
le montre sa réplique de la page 21 : « Certes, la médecine est un riche terroir. Mais les moissons n’y
lèvent pas toutes seules. »
La prise de pouvoir par Knock
6 Qui parle le plus au début de l’acte ? et à la fin ? Montrez que l’on assiste au cours de l’acte à un
renversement dans la répartition de la parole entre les personnages. On assiste à un renversement
dans la répartition de la parole au cours de l’acte, puisque c’est Parpalaid qui parle le plus au début de
l’acte, alors que c’est Knock à la fin.
2
Knock
7 Comment Knock se comporte-t-il au début de l’acte ? Quelle première image de ce personnage
nous est ainsi donnée ? Knock apparaît dans un premier temps comme extrêmement taciturne. Cette
première image d’un homme froid et observateur permet au personnage de garder un certain mystère et donc de faire sensiblement évoluer la scène lorsqu’il se met à parler et à réagir. La construction du personnage participe d’une structure dramaturgique rigoureuse.
8 À quel moment la situation se renverse-t-elle ? Quel est dès lors le nouveau rapport entre Knock
et les époux Parpalaid ? La première réaction de Knock apparaît page 15 lorsqu’il apprend que Mme
Parpalaid a des rhumatismes. À partir de ce moment-là, il commence à poser des questions et à
devenir en partie le moteur de la discussion. Mais le véritable renversement a lieu page 20 : Knock
comprend la situation et dit ce qu’il pense au docteur et à sa femme. C’est lui dès lors qui va mener
l’échange verbal.
9 Dans les pages 18 à 20, relevez des exemples précis qui signalent le relâchement du niveau de
langue employé par Knock. Le niveau de langue employé par Knock dans les pages 18 à 20 est assez
relâché : « Mais ça, dites donc », la « Saint-Glinglin », « Ouais », « Hein ? ». Ce relâchement met en évidence le caractère aventurier du personnage : il peut être aussi bien voyou que docteur.
J Repérez les différents mouvements de ce premier acte de façon à mettre en évidence les renversements qui s’opèrent. On pourrait proposer le plan suivant :
– p. 11-15 : M. et Mme Parpalaid commencent leur entreprise de séduction, Knock y semble insensible.
– p. 15-20 : Knock prend conscience de la mauvaise affaire que lui propose Parpalaid et commence à
intervenir de façon plus incisive dans la discussion alors que les époux se décomposent peu à peu.
– p. 20-27 : Knock accuse Parpalaid de vouloir lui vendre une mauvaise affaire, il prend le dessus et fait
le récit de ce qui l’a conduit à devenir docteur et à postuler pour ce poste à Saint-Maurice. Il expose
sa théorie.
– p. 27-32 (fin de l’acte) : Knock fait subir un interrogatoire aux Parpalaid pour mieux connaître SaintMaurice et ses habitants. Les réponses semblent le satisfaire et il se réjouit d’arriver dans cette petite
ville, il donne rendez-vous à Parpalaid dans trois mois pour qu’il voie le résultat de sa méthode et pour
lui payer sa première échéance.
K À la fin de cet acte d’exposition, comment pourriez-vous résumer en quelques lignes ce qui s’est
passé ? À quel développement de l’action peut-on s’attendre ? Cet acte remplit sa fonction d’exposition : les principaux éléments de l’intrigue sont mis en place ainsi que la présentation du personnage
principal. Il pose des éléments d’intrigue (la mise en place de la méthode dans la petite ville et les
premiers résultats) qui vont permettre à l’action de se développer dans les actes suivants.
Une atmosphère de farce
L À quoi sert la didascalie initiale ? Quel rôle jouera l’automobile tout au long de l’acte ? La didascalie
initiale plante le décor. La présence de l’automobile sur le plateau place d’emblée la pièce dans une certaine modernité (pour l’époque) et jouera un rôle important tout au long de l’acte : censée être le symbole
de la réussite de Parpalaid à Saint-Maurice, elle ne cessera de révéler ses faiblesses (jusqu’à la panne
finale). Elle crée par ailleurs une action secondaire (un second plan) aux effets comiques évidents.
M Relevez dans les pages 13-14 les éléments qui décrivent les gestes de Jean pour mettre la voiture en marche. Quel est l’effet produit par cette pantomime, en particulier sur les propos que tient
Parpalaid au même moment ? Les gestes de Jean pour mettre la voiture en marche composent une
véritable pantomime burlesque (« Jean entreprend toute une série de manœuvres : ouverture du
capot, dévissage des bougies, injection d’essence, etc. », « Jean tourne désespérément la manivelle »).
Le comique naît de la confrontation entre ce second plan et l’action principale. Les gestes de Jean
viennent contredire la tentative de persuasion publicitaire entamée par Parpalaid pour convaincre
Knock qu’il vient prendre un poste en or.
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N Qu’y a-t-il de drôle dans l’arrêt inopiné de la voiture page 16 ? Que révèlent les lignes 121 à 125 du
rapport entre les époux Parpalaid ? Cet échange révèle la stratégie du docteur et de sa femme (vouloir
convaincre Knock qu’il fait bien d’acheter sa charge et sa voiture). L’arrêt imminent et inopiné de la voiture, vraisemblablement bientôt en panne, vient contrecarrer leur plan. Les didascalies indiquent que
Mme Parpalaid ne comprend pas la ruse que son mari essaie de mettre en place face à Knock, à savoir
prétendre qu’il s’agit d’un arrêt voulu. Les « regards expressifs » que lance le docteur à sa femme ont pour
objectif de lui faire comprendre ce qui se passe et de l’engager à le soutenir dans son plan. Seul l’arrêt
définitif de la voiture le lui fera comprendre. Ce passage est caractéristique d’un comique de situation.
O Relevez dans l’acte un passage jouant sur le comique de répétition. La répétition de « à la SaintMichel » (p. 18-19) crée un effet comique. L’expression ainsi répétée vient scander le dialogue qui
semble tourner en rond. Cet effet est particulièrement caractéristique du genre de la farce qui joue
beaucoup de la mécanique langagière et de la mécanique gestuelle.
3
Knock
P Dans les pages 13-14, comment qualifieriez-vous le style de Parpalaid ? Comment ce style nous
renseigne-t-il sur le caractère du personnage ? « Taquiner la muse », « magnificences naturelles », « si
[…] quelque passant […] réclame l’assistance de mon art ». Le docteur a le goût de la formule complexe, de la métaphore, du vocabulaire choisi et de l’éloquence assez pompeuse. On pourrait qualifier
son style d’ampoulé, caractéristique de la pédanterie petite-bourgeoise du personnage.
 Comment qualifieriez-vous le couple formé par Parpalaid et Knock ? Selon quel principe ce couple vous semble-t-il construit ? C’est un couple comique dont le fondement repose sur leur opposition
de style et de caractère. L’un est, pour ainsi dire, l’inverse de l’autre.
De la lecture à l’écriture p. 37-38
Des mots pour mieux écrire
1 a. Propagande ; b. superstition ; c. vocation ; d. théorie ; e. méthode.
2 a. apoplectique : du verbe grec apoplettein, renverser, frapper de stupeur ; thaumaturge : du substantif thauma, merveille, prodige, miracle, et du verbe ergein, faire ; cyclothymique : kuklos, le cercle
et thumos, l’humeur.
b. Comme mots courants issus de racines grecques, on pourra notamment choisir : philosophie (philein, aimer, sophia, la sagesse), pharmacie (pharmakon, le remède), logique (logos, la raison).
Du texte à l’image p. 38-39
➦ Mise en scène de Knock par Maurice Bénichou au théâtre de l’Athénée en 2002. (Image reproduite
en fin d’ouvrage, en haut du verso de la couverture.)
Lire l’image
1 Décrivez la photo. Où se passe cette scène ? Quelle est l’action représentée ? On voit sur l’image
quatre personnages installés dans une voiture ancienne, une voiture rouge, découverte : à gauche,
un chauffeur au volant ; au centre, au premier plan, une femme (Mme Parpalaid) qui regarde
devant elle avec une paire de jumelles ; à droite, au second plan, deux hommes en costume. La
scène se passe dans une voiture en pleine nature, comme l’indiquent les feuillages du fond : la
femme observe quelque chose ou quelqu’un tandis que le chauffeur conduit. Le personnage en
gris (Knock) semble étonné de ce qui est en train de se passer, tandis que son voisin (M. Parpalaid)
se réjouit de ce qu’il voit. Les couleurs et la composition donnent à voir une certaine artificialité
scénique et inscrivent plutôt la scène dans le genre comique.
2 Observez les personnages : corpulence, costumes, attitudes. Comment pourriez-vous les
caractériser ? Mme et M. Parpalaid, qui encadrent Knock, sont d’une corpulence assez forte ; leur
sourire réjoui peut être interprété comme le signe d’une certaine bêtise. La robe fleurie et le petit
chapeau coordonné de Mme Parpalaid s’accordent avec le costume marron de son mari : ils apparaissent bien comme un couple, endimanché et enjoué, dont l’apparence contraste avec celle de
Knock, dont le costume frappe par sa sobriété. Leur joie s’oppose à l’étonnement effrayé de ce
dernier. Là encore, tout signale le genre comique.
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3 Observez le jeu des regards et la position des personnages : que révèlent-ils ? Quels sentiments semblent animer les personnages ? Les regards des personnages dessinent trois axes
différents : le regard du chauffeur fixé sur la route, les regards de M. et Mme Parlalaid ouverts sur
le paysage, le regard de Knock posé sur Mme Parpalaid. Ce jeu des regards permet non seulement
de faire vivre l’espace théâtral (de le créer en quelque sorte), mais aussi de donner à voir la situation : Knock se retrouve coincé entre M. et Mme Parpalaid, pris en otage, en quelque sorte, de leur
entreprise de promotion de la région de Saint-Maurice. La disposition des corps signale aussi cette
situation : M. et Mme Parpalaid prennent beaucoup de place, ils sont ouverts sur l’espace extérieur,
tandis que Knock est comme replié sur lui-même, il a même, semble-t-il, un geste de recul (le bras
et la jambe droits) face à Mme Parpalaid. D’un côté, l’enjouement un peu béat, de l’autre, l’étonnement un peu effrayé et méprisant.
Comparer le texte et l’image
4 À quel moment du texte cette image vous semble-t-elle correspondre ? Citez le passage en
question. L’image correspond à la première partie de l’acte I et sans doute plus particulièrement à la
page 14, lorsque la voiture vient de se mettre en route.
4
Knock
5 Quels sont les éléments inscrits dans le texte (date d’écriture, éléments de décor, caractère
des personnages…) que cette mise en scène semble respecter ? Qu’apporte-t-elle de nouveau ou
d’inattendu à votre propre lecture du texte ? L’image révèle que la mise en scène joue d’une certaine
artificialité pour représenter la promenade en voiture et le paysage qui défile : le feuillage vert, visible
en arrière-fond, ne cherche pas une reproduction réaliste et signale ainsi cette volonté. C’est par le jeu
des acteurs que l’espace prend vie (jeu de regards, jumelles). La scène apparaît dans toute sa théâtralité et inscrit bien la pièce dans le genre de la comédie et de la farce. On notera par ailleurs que le
choix des costumes semble refuser une reconstitution trop précise de l’époque à laquelle la pièce est
censée se dérouler. En effet, le metteur en scène privilégie une certaine universalité et les effets de
composition de couleurs (le rouge, le vert) à la reproduction de costumes des années vingt. Là encore,
c’est la théâtralité du texte qui est ainsi mise en lumière.
Arrêt sur lecture 2
p. 72-77
Un quiz pour commencer p. 72-73
1 À quoi assiste-t-on dans cet acte II ? À la mise en place par Knock d’une vaste opération de propagande et de publicité.
2 Pour convaincre les habitants de Saint-Maurice qu’ils ont besoin de lui, quels sentiments Knock
cherche-t-il à provoquer ? Le respect et la crainte.
3 Pourquoi est-il important pour Knock d’être soutenu par l’instituteur et le pharmacien ? Ils peuvent avoir une influence déterminante sur les habitants.
4 De quoi souffre le tambour de ville ? D’une maladie imaginaire.
5 Qu’est-ce qui caractérise la dame en noir ? Son avarice.
6 À quelle classe sociale appartient la dame en violet ? À la bourgeoisie aisée.
7 Que viennent faire les deux gars du village chez Knock ? Se moquer de lui.
8 Que se passe-t-il à l’extérieur du bureau de Knock au fur et à mesure des consultations ? La foule
de plus en plus nombreuse est comme envoûtée.
9 En quoi consistent les consultations de Knock ? En de rapides examens dans lesquels il se sert du
diagnostic pour manipuler les patients.
Des questions pour aller plus loin p. 74-75
* Étudier les modalités de la satire
© Éditions Belin/Éditions Gallimard.
Des consultations de farce
1 Qu’y a-t-il de commun dans le déroulement des consultations du tambour de ville, de la
dame en noir et de la dame en violet ? En quoi ce déroulement est-il comique ? Les consultations des scènes 1, 4 et 5 suivent des déroulements très proches : Knock interroge les patients
sur ce qu’ils ressentent, ils mettent alors en avant un mal qui semble de peu d’importance (une
légère douleur à l’estomac après avoir mangé pour le tambour de ville, une fatigue constante
pour la dame en noir, une tendance à l’insomnie pour la dame en violet). Knock s’appuie sur cette
indication pour mener l’auscultation et transformer le symptôme premier en signe d’une pathologie lourde. La consultation est donc entièrement orientée et débouche nécessairement sur un
constat alarmant. C’est la systématicité même du procédé qui le rend comique. Mais le comique
5
Knock
naît aussi du fait que les patients finissent par croire qu’ils sont gravement atteints alors qu’ils
ne se croient pas réellement malades avant d’être examinés.
2 Dans la première scène, la réplique « Est-ce que ça vous chatouille, ou est-ce que ça vous gratouille ? » (p. 46) est devenue culte. Sur quel effet de langue repose-t-elle ? La réplique est construite
sur la reprise de la même structure syntaxique (« est-ce que ça vous… ») qui se clôt sur un verbe différent mais dont les sonorités sont très proches (paronomase : rapprochement de mots dont le son est
à peu près semblable).
3 La démonstration que Knock fait au tableau noir dans la scène 4 vous semble-t-elle crédible ?
Pourquoi est-elle efficace sur la dame en noir ? La démonstration de Knock s’appuie sur des termes
médicaux compliqués et techniques (faisceau de Türck et colonne de Clarke), qu’il n’utilise que pour
impressionner sa patiente. En effet, les deux termes ne s’inscrivent pas dans une démonstration scientifique rigoureuse, mais dans une explication des plus absurdes : la chute de l’échelle a fait que « votre
Türck et votre Clarke ont glissé en sens inverse ». Et les flèches tracées sur le tableau ne font qu’illustrer ce simple mouvement sans rien expliquer. Cependant, le discours de Knock est efficace sur la
dame en noir car il est à la fois suffisamment scientifique pour impressionner et suffisamment simple
pour être compris.
4 Relevez ce qu’il y a de déraisonnable dans l’ordonnance que rédige Knock pour la dame en noir
(p. 61-62). Ce que Knock prescrit (aucune alimentation solide, un verre d’eau toutes les deux heures,
au lit, dans une chambre noire, pendant une semaine) va nécessairement créer un état d’affaiblissement et donc corroborer son diagnostic.
5 À la scène 5, qu’y a-t-il de ridicule dans les réactions successives de la dame en violet face aux
révélations que lui fait Knock (p. 66-68) ? Comment le ton des répliques de la patiente vient-il
accentuer ce ridicule ? La dame en violet réagit de façon extrêmement affectée et mélodramatique
aux révélations que lui fait Knock. Le caractère exagéré de ses réactions est visible aussi bien dans
ses actions (elle s’effondre dans un fauteuil, elle se lève subitement, elle reste muette) que dans ses
propos (exclamations successives, répétitions des mêmes mots…). Knock flatte le goût de sa patiente
pour une certaine théâtralité.
Un défilé de personnages types
6 Pour chacun des personnages qui défilent dans cet acte II, mettez en évidence leurs principaux
traits de caractère en vous appuyant notamment sur les descriptions qu’en donnent les didascalies.
Pourquoi peut-on parler de personnages types ? Le tambour de ville est naïf et bavard ; l’instituteur
est « très impressionnable » (« le cœur chaviré », « tout frissonnant ») ; le pharmacien n’est pas insensible aux arguments financiers ; la dame en noir « respire l’avarice paysanne et la constipation » et est
crédule ; la dame en violet, issue de la grande bourgeoisie, est vaniteuse et parle « avec emphase » ;
les deux gars ricanent bêtement. Chaque personnage est très dessiné : une silhouette, un langage, un
mode de fonctionnement particulier. En ce sens, les personnages sont proches du type, car ils sont
peu complexes et sont les représentants d’un certain « type » de comportement humain.
7 Du point de vue social, de quoi chaque personnage est-il le représentant ? La classe des petites
gens est représentée par le tambour de ville et les deux gars, la paysannerie aisée par la dame en noir, la
riche bourgeoisie par la dame en violet. L’instituteur est le représentant d’une certaine autorité intellectuelle et le pharmacien de la bourgeoisie aisée qui jouit elle aussi d’une certaine autorité intellectuelle.
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8 À quel personnage de la comédie classique le personnage du tambour de ville tel qu’il est caractérisé par Jules Romains fait-il penser ? Justifiez votre réponse par des éléments précis. Le personnage du tambour de ville rappelle les personnages de valets de la comédie classique : bon sens et
crédulité, cupidité et déférence face à l’autorité, goût de la bonne chère, caractère craintif.
9 Quel argument utilise Knock pour convaincre Mousquet de l’aider dans son entreprise ? En quoi
cet argument est-il en accord avec l’image traditionnelle du pharmacien dans la comédie et la satire
sociale ? Knock tente de faire de Mousquet son partenaire en lui promettant de meilleurs revenus.
Knock lui affirme qu’il pourra enfin avoir un train de vie en adéquation avec son rang social : « Nous
avons, cher monsieur Mousquet, deux des plus beaux métiers qu’on connaisse. N’est-ce pas une honte
que de les faire peu à peu déchoir du haut degré de prospérité et de puissance où nos devanciers les
avaient mis ? » (p. 55). Cet argument s’appuie sur la vision traditionnelle de la figure du pharmacien
dans la satire sociale : un bourgeois avide de profit et conscient de sa supériorité sociale.
J Comparez les façons de parler de la dame en noir et de la dame en violet. De quelle façon leur
langage les caractérise-t-elles ? Les façons de parler de la dame en noir et de la dame en violet s’opposent : la paysanne parle peu (phrases courtes), emploie un vocabulaire et une syntaxe simples, des
expressions et des tournures de phrases populaires et parfois incorrectes (« Diable », « Dame », « C’est
une désolation, Jésus Marie ! », « J’ai bien eu du malheur de tomber de cette échelle ! ») ; la dame en
6
Knock
violet, au contraire, parle beaucoup en faisant des phrases longues et complexes et en utilisant un
vocabulaire plutôt riche (voir sa première longue réplique page 63). Par l’attention portée à leur façon
de parler, Jules Romains caractérise et dessine ces deux personnages : d’un côté, une paysanne au
style simple, de l’autre, une bourgeoise au style quelque peu ampoulé, dont le langage révèle la prétention.
La satire de la manipulation médicale
K Comment Knock assoit-il son autorité dans la première scène ? Relevez des éléments précis.
Le premier moyen employé par Knock pour asseoir son autorité dans la première scène est d’exiger du tambour de ville de l’appeler systématiquement « docteur » : il lui rappelle ainsi d’emblée sa
fonction et son importance. Par ailleurs, il dirige l’entretien, n’hésitant pas à couper la parole à son
interlocuteur (p. 43 et 45) et lui montrant ainsi qu’il est celui qui sait. Il utilise également tout un
ensemble de signes (le sourire, le « geste de réserve diplomatique », la « profonde concentration »)
qui impressionne le tambour parce qu’il se présente de cette façon comme un homme à l’aise, professionnel, sûr de lui.
L Dans les scènes suivantes, montrez comment Knock s’adapte à chacun de ses interlocuteurs.
Knock s’adapte à chacun de ses interlocuteurs aussi bien dans son attitude que dans sa façon de
parler et la nature de ses propos. Il témoigne une certaine déférence à l’instituteur et au pharmacien, qu’il traite sur un pied d’égalité pour leur faire croire qu’ils appartiennent, lui et eux, au même
groupe et que leurs intérêts sont donc communs. Avec l’instituteur qui est impressionnable, il sera
animé et expressif, et avec Mousquet, qui est plus placide, il se fera accommodant. Avec le tambour
de ville qui est humble et maladroit, il est doctoral et supérieur. Avec la dame en noir, avare et
pleine de bon sens paysan, il est concret et mesuré. Avec la dame en violet, bourgeoise inquiète et
vaniteuse, il est respectueux et inquiétant. Avec les deux gars qui veulent se moquer de lui, il est
froid et sec, presque violent. Knock joue ainsi des rôles successifs.
M Expliquez en quoi chaque scène et chaque personnage représentent une étape supplémentaire dans le processus de domination des esprits mis en place par Knock. Chaque scène marque
une avancée supplémentaire pour Knock : il assoit son autorité sur des individus différents aux
préoccupations diverses qu’il uniformise en les intégrant tous dans son projet et en distribuant
chacun dans un rôle. Le tambour représente une étape publicitaire indispensable. L’instituteur est
nécessaire à la propagation de la théorie médicale de Knock puisqu’il éduque les jeunes générations. Le pharmacien est un allié indispensable parce qu’il est la seule autre autorité médicale du
village et qu’il ne doit pas s’opposer aux avis de Knock. La dame en noir et la dame en violet vont
servir d’exemples pour le reste de la population en touchant aussi bien les petites gens que les
paysans et les bourgeois. La scène avec les deux gars prouve la force du nouveau médecin dont
l’arme principale sera la terreur.
N À quoi les connaissances médicales de Knock lui servent-elles ? Que dénonce ainsi le caractère
satirique de la pièce ? Ses connaissances médicales lui servent à impressionner ses interlocuteurs.
Il les utilise pour se donner une autorité inattaquable : la complexité du lexique, la modernité scientifique affichée (les projections, les chiffres…) doivent convaincre par la force. La satire dénonce
ici le mauvais usage du savoir employé comme arme de conquête des esprits et outil du pouvoir.
O Relevez les différents éléments qui nous renseignent sur ce qui se passe derrière la porte du
bureau de Knock. Que nous apprennent-ils ? La foule qui attend apparaît de temps en temps au
moment des entrées et des sorties des personnages. Le départ de la dame en noir à la fin de la
scène 4 frappe la foule « de crainte et de respect » (p. 62) ; au début de la scène 6, lorsque les deux
gars entrent, la foule « s’amuse de leur manège et devient assez bruyante » (p. 69), mais à la fin de
cette même scène, la traversée des deux gars terrifiés rend soudain cette même foule « silencieuse
comme un enterrement » (p. 71). La présence de cette foule hors-scène et l’évolution de ses réactions indiquent que Knock parvient à effrayer tout le monde.
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La scène 6 : une farce angoissante
P Quel est l’enjeu de cette scène finale pour Knock ? En quoi est-elle différente des scènes précédentes ? Dans cette scène, Knock est confronté pour la première fois à la moquerie et au refus de
son autorité. Il est donc mis dans une situation difficile qui l’oblige à révéler la véritable nature de son
autorité.
 Quelle est l’attitude des deux gars au début de la scène ? et à la fin ? De quelle façon la scène
est-elle construite ? Au début de la scène, les deux gars sont hilares, sûrs du mauvais coup qu’ils préparent et soutenus par la foule. À la fin de la scène, ils sont silencieux avec des mines « hagardes et
terrifiées ». La scène est construite sur un renversement de situation qui passe par un affrontement
entre Knock et les deux gars.
7
Knock
 Quels gestes décrivent les didascalies de la page 70 ? Quel est le but poursuivi par Knock ?
Knock mène une auscultation inquiétante qui réduit le premier gars à un objet entre les mains du
médecin, soumis à son regard froid et à la violence de la lumière du laryngoscope. Cet examen est
suivi de la présentation d’images terrifiantes, celles des organes de l’alcoolique avancé. Knock réduit
les hommes au silence grâce à ses propres armes, celle de l’autorité scientifique froide et impassible.
 Relevez les silences inscrits dans le texte. À quoi servent-ils ? Les silences marquent le changement progressif de la situation. Au brouhaha initial des rires étouffés succède le silence : premier
silence pendant que le premier gars se rhabille (l. 34), long silence avant que Knock n’aille chercher les
cartons illustrés (l. 41), pauses pendant qu’il présente les organes en piteux état (l. 47), silence après
le « vous ferez comme vous voudrez » (l. 52). Chaque silence crée une tension supplémentaire qui
terrifie davantage les deux patients.
 Dans cette scène, quel nouveau visage de Knock apparaît ? De quelle façon a évolué la comédie ?
C’est la première fois que Knock apparaît comme véritablement inquiétant, capable d’une violence
sourde. Avec cette scène, pourtant farcesque par bien des aspects, la comédie devient inquiétante.
De la lecture à l’écriture p. 76-77
Des mots pour mieux écrire
1 Chaque couple se construira sur un effet de parallélisme syntaxique et de paronomase, par exemple « ça vous inquiète ou ça vous embête ? » ou « sa mère est lingère, sa sœur est légère ».
2 a. Salubre ; b. remède ; c. épidémie ; d. microbes, hygiène.
Arrêt sur lecture 3
p. 102-108
Un quiz pour commencer p. 102-103
1 Quels sont les deux personnages déjà croisés dans les actes précédents que l’on retrouve dans
cet acte III ? M. Parpalaid et le pharmacien Mousquet.
2 Qui est Mme Rémy ? La patronne de l’hôtel de Saint-Maurice.
3 Pourquoi M. Parpalaid revient-il à Saint-Maurice ? Il vient percevoir la première échéance que lui
doit Knock.
© Éditions Belin/Éditions Gallimard.
4 Où se passe le troisième acte ? Dans l’Hôtel de la Clef transformé petit à petit en centre médical.
5 Que signifie le changement progressif de lumière indiqué dans les didascalies ? L’espace ainsi
transformé symbolise l’avènement de l’ère médicale.
6 Que nous apprend le discours que tient Mme Rémy à M. Parpalaid au début de l’acte ? Knock a
réussi son opération de conversion des esprits à l’âge médical.
7 Quelle image de Knock se dégage du discours qu’il tient à M. Parpalaid ? L’image d’un illuminé
avide de pouvoir.
8 Quelle est la réaction de Parpalaid face à ces changements ? Il tente de proposer un marché à
Knock pour profiter à son tour de l’essor économique de la médecine à Saint-Maurice.
9 Comment qualifieriez-vous le dénouement inscrit dans ce dernier acte ? Un dénouement inquiétant.
8
Knock
Des questions pour aller plus loin p. 104-105
* Saisir les ambiguïtés du dénouement
Les retrouvailles de Knock et Parpalaid
1 Quel est l’intérêt dramatique de faire revenir M. Parpalaid dans le dernier acte ? À la fin de
l’acte I, Parpalaid avait annoncé qu’il reviendrait dans trois mois chercher sa première échéance.
Son retour à l’acte III fait donc écho à cette annonce du premier acte. L’action dramatique se construit
ainsi de façon extrêmement rigoureuse autour de ces deux repères temporels, qui permettent de
montrer très clairement l’avancée du travail de persuasion engagé par Knock.
2 Quelles informations Parpalaid obtient-il avant de retrouver Knock en personne ? Pourquoi
faire le choix d’une telle structure en deux temps (absence de Knock pendant quatre scènes, puis
présence jusqu’à la fin) ? En attendant Knock, Parpalaid rencontre la bonne de l’Hôtel de la Clef, sa
patronne Mme Rémy et le pharmacien Mousquet. C’est par leur intermédiaire qu’il comprend à quel
point le village de Saint-Maurice a changé de visage sous l’influence de Knock. L’absence de Knock
dans les premières scènes met encore plus en évidence sa réussite : désormais, chacun a repris à son
compte les propos et la théorie du nouveau médecin qui est parvenu à convaincre tout le monde (de
la bonne au pharmacien en passant par les malades). Cette structure crée par ailleurs une attente
dramatique forte : l’arrivée de Knock (à quoi ressemble-t-il ? qu’est-il devenu ?). D’une certaine façon,
cela rappelle la structure du Tartuffe de Molière (arrivée de Tartuffe à l’acte III).
3 Dans la scène 2, à quoi servent les points de suspension dans les répliques de M. Parpalaid ?
Qu’expriment-ils ? Dans sa première réplique, les points de suspension sont le signe de la situation
scénique : Parpalaid appelle, n’a pas de réponse, il attend. Dans la réplique des lignes 17 à 19, les points
de suspension marquent la surprise éprouvée par Parpalaid. Cette ponctuation rappelle le caractère
théâtral du texte car elle indique une certaine intention en rapport avec la situation (fonction proche
de la didascalie).
4 Comparez le rapport qu’entretiennent Parpalaid et Knock au premier acte et celui qu’ils ont
dans la dernière scène de l’acte III. Quelles remarques pouvez-vous faire ? Dans la dernière scène
du dernier acte, Parpalaid tombe en quelque sorte sous le pouvoir de Knock, alors qu’il ne prenait pas
vraiment au sérieux le nouveau médecin à l’acte I. Leur rapport s’est totalement inversé.
L’avènement de l’« âge médical »
5 Relevez les éléments matériels (décors, costumes, accessoires…) qui indiquent la transformation de Saint-Maurice. Les « nickels », « ripolins », « linges blancs » (didascalie initiale de l’acte III)
ont transformé l’hôtel en hôpital : un espace blanc, laqué, froid et aseptisé. Le changement de
lumière qui débute au milieu de la scène 6 (p. 91) participe de cette transformation qui prend des
aspects irréels : une lumière blanche, diffuse (proche de celle des néons), qui augmente encore
l’éclat des blancs, apparaît et nous entraîne dans un univers futuriste inquiétant. La bonne est
habillée en infirmière et l’on peut imaginer que Scipion est aussi en blanc. Les accessoires médicaux, comme les seringues et les thermomètres, sont de plus en plus présents jusqu’à devenir à
la toute fin des « instruments rituels » (p. 101) maniés par Scipion, la bonne et Mme Rémy en une
sorte de procession religieuse. L’acte III construit ainsi un espace de plus en plus étrange, symbolique, qui signale le changement radical que Knock est parvenu à opérer sur le réel.
6 Dans la scène 1, relevez les éléments langagiers qui indiquent le statut social de Scipion. Que
© Éditions Belin/Éditions Gallimard.
pouvez-vous en conclure concernant la propagation de la théorie médicale de Knock ? Scipion
parle une langue peu soutenue qui signale sa position sociale, celle du valet dans la comédie classique : expressions « Peuh ! », « patronne », vocabulaire « me faire engueuler », phrases nominales
« Erreur », « Consulter, probable ». Knock est vraiment parvenu à convaincre et à enrôler l’ensemble de la population (des classes les plus basses aux classes les plus élevées).
7 Qu’est-ce qui prouve dans les propos de Mme Rémy à la scène 3 que la nouvelle ère médicale annoncée précédemment par Knock est en place ? Comparez ce qu’elle dit avec les propos
de Knock lui-même à l’acte I lorsqu’il présente sa méthode aux Parpalaid et à l’acte II lorsqu’il
s’adresse à l’instituteur. Mme Rémy a parfaitement intégré le discours médical de Knock : importance de l’hygiène, règle selon laquelle toute personne bien portante est un malade qui s’ignore
(l. 31-32, p. 83). Dans le récit qu’elle fait à Parpalaid de l’activité de Knock, on retrouve de nombreux
éléments énoncés ou mis en pratique dans les actes précédents : organisation de la société en
fonction des malades et des bien portants, comme lorsque Knock était médecin à bord du navire
marchand, opérations publicitaires qui consistent notamment à soigner gratuitement certains
patients, multiplication des analyses…
9
Knock
8 Quels éléments mis en place dans l’acte II se retrouvent dans ce dernier acte ? À l’acte II, on voyait
Knock mettre au lit ses patients pour une période d’observation qui permettrait de mieux cerner leur
maladie et de mieux les traiter. À l’acte III, il a mis la majorité de la population au lit en préservant
certains, bras indispensables à sa prise de pouvoir (la bonne, Scipion, Mme Rémy, le pharmacien, l’instituteur). Les règles d’hygiène qu’il présentait à l’instituteur sont maintenant en place et régentent
l’organisation de la société, le pharmacien est toujours sollicité pour les analyses et les médications.
9 Qu’est-ce qui nous prouve que l’entreprise lancée par Knock est aussi une entreprise commerciale ? La société organisée par Knock fonctionne comme une entreprise (avec sa hiérarchie : les
petites mains que sont la bonne et Scipion, la gérante Mme Rémy). Les graphiques et les analyses
que Knock propose à Parpalaid au début de la scène 6 signalent cet aspect commercial : création de
quatre niveaux de traitements en fonction des revenus des patients (p. 89), présentation des zones
« non pénétrées » (p. 90). L’offensive menée par Knock est proche d’une opération commerciale.
Un comique grinçant
 Quels sentiments la découverte du nouveau visage de Saint-Maurice provoque-t-elle chez
M. Parpalaid ? En quoi la situation dans laquelle il se trouve est-elle comique ? C’est avant tout de
la surprise qu’éprouve Parpalaid en voyant de quelle façon Saint-Maurice a changé. Il parle lui-même
d’« ahurissement » (p. 90, l. 81). Mais il passe au cours de l’acte d’une surprise amusée à un étonnement plus inquiet, comme le signalent les nombreux silences. Il passe ainsi de la surprise à l’incrédulité, puis à l’admiration, et enfin à une certaine jalousie. La situation dans laquelle il se trouve est très
explicitement comique au début de l’acte, puisqu’il n’est même pas reconnu par la bonne qui ne savait
pas qu’il y avait un médecin à Saint-Maurice avant l’arrivée du docteur Knock (p. 81, l. 17-21). Le ridicule
du personnage déjà présent à l’acte I réapparaît ici : il s’est cru important, alors qu’en fait il n’était que
le « Ravachol » de Saint-Maurice. Ainsi Mme Rémy ne manque pas de lui rappeler ses parties de billard
à l’estaminet (p. 83) et la petite vie tranquille qu’il menait à Saint-Maurice. La prétention de l’ancien
médecin ne cesse d’être mise à mal.
 Qu’est-ce qui chez le personnage de Mme Rémy (dans son caractère, ses réactions, ses propos)
est à la fois comique et inquiétant ? Mme Rémy est un personnage comique par son franc-parler et ses
prétentions : comme tout serviteur fidèle, elle se fait l’intendante zélée de Knock dont elle défend à toute
force les intérêts. Mais ce zèle la rend aussi inquiétante car ses propos semblent dénués de toute analyse
critique : elle est embrigadée. La scène 8, dans laquelle elle manque de faire tomber la pile d’assiettes
qu’elle porte, en apprenant que Parpalaid veut reprendre son poste, rend bien compte de cette double
nature : la situation est comique (et Knock lui-même s’en amuse), mais elle révèle en même temps la
possible violence de la gérante de l’hôtel, prête à tout pour garder Knock et éliminer ses détracteurs.
 Pourquoi peut-on dire que les personnages de Parpalaid et Mousquet restent ridicules ? Donnez
des éléments de réponse précis. Parpalaid reste ridicule par son inconstance et sa prétention : son
bon sens ne lutte pas très longtemps, lui aussi finit par être bluffé par Knock et sa réussite. Et même
s’il tente une légère réprobation morale dans la scène 6 (p. 91), il ne tarde pas à proposer un marché
à Knock. Mousquet est, dès qu’il apparaît en scène, quelque peu ridicule : sa tenue devenue « fashionable » (p. 85) nous le montre comme un homme empressé aux allures de parvenu.
© Éditions Belin/Éditions Gallimard.
 Qu’y a-t-il à la fois d’étrange et de drôle dans ce qui se passe entre Knock et Parpalaid dans la
dernière scène ? Parpalaid finit par être comme hypnotisé par Knock : il succombe au pouvoir d’envoûtement du docteur en se croyant lui-même atteint d’une maladie que seul Knock pourrait lui diagnostiquer. Il est assez drôle de voir Parpalaid tomber dans le piège tendu par son confrère, mais cela
signale également le dangereux pouvoir de persuasion de Knock (Parpalaid finit « affaissé sur une
chaise », seul et méditant).
 Comment qualifierez-vous l’image finale décrite par la dernière didascalie du texte (p. 101) ? Cela
vous semble-t-il être un dénouement traditionnel de comédie ? La pièce se clôt sur une image extrêmement forte : les cloches sonnent tandis qu’une étrange procession a lieu (les instruments médicaux
portés par Scipion, la bonne, Mme Rémy) dans une lumière blanche (la « Lumière Médicale »). Cette
image irréelle ou surnaturelle exprime symboliquement l’avènement de la nouvelle société voulue par
Knock (qui a disparu de la scène). On est loin d’un dénouement traditionnel de comédie (dénouement
heureux de l’intrigue) : l’étrangeté l’emporte sur le réalisme et accentue le propos politique et social
de la pièce. Une certaine ambiguïté finale est préservée : s’agit-il d’un cauchemar (celui de Parpalaid)
ou d’une nouvelle réalité ?
Le discours de Knock : la farce du totalitarisme médical
 De quelle façon ce discours révèle-t-il le caractère mégalomane de Knock ? Donnez des exemples
précis qui montrent que le pouvoir l’enivre. Le caractère mégalomane de Knock apparaît dans son
discours notamment par la façon qu’il a de désigner sa profession et son rôle : se tenant près de la
10
Knock
fenêtre face au village, il se décrit comme « l’organiste des grandes orgues » face à son « clavier » (p.
93, l. 166-167). Le médecin se voit comme le grand ordonnateur du canton, un dieu qui manipule à
sa guise les individus et admire sa propre création, car il ne considère que les malades, qui sont ses
créatures et qui lui apparaissent la nuit (leurs chambres sont éclairées), alors que les bien portants
restent dans les ténèbres (p. 93-94, l. 172-180). Il se désigne comme le « créateur continuel ». Le ton
lyrique qu’il emploie est aussi le signe de cette mégalomanie : le recours constant aux métaphores, les
constructions anaphoriques, les effets rythmiques donnent à son discours un caractère quasiment
religieux. Knock apparaît bien comme un homme enivré par son propre pouvoir.
P Quelle place occupe le champ lexical de la religion ? Relevez les mots qui en font partie. Que cela
signifie-t-il ? Le champ lexical de la religion est très présent dans ce passage des lignes 166 à 180 : les
grandes orgues, les individus qui « confessent » la médecine, le « firmament » des lampes allumées dont
Knock est le « créateur continuel », les cloches dont l’« office est de rappeler [ses] prescriptions », elles
sont « la voix de [ses] ordonnances ». Non seulement le vocabulaire est emprunté au lexique religieux,
mais en outre la nature même du propos semble empreint d’un lyrisme quasi biblique ou messianique.
Knock se prend pour un nouveau dieu dont la religion n’est rien d’autre que l’adoration de la médecine.
 Quelles sont les différentes actions physiques de Knock pendant qu’il parle ? Comment s’articulent-elles avec ses propos ? Au début de son discours, Knock se lave les mains avec minutie
(p. 89, l. 60). Il les essuie tout en continuant à parler à la page 92 (l. 117). Cette première action donne
un caractère étrange et inquiétant au personnage, qui tient un discours lyrique, voire enflammé, tout
en gardant son calme (il se lave puis s’essuie méticuleusement les mains). Il se dirige ensuite vers la
fenêtre qui donne sur tout le village et met alors en scène son propre discours pour se donner la place
du créateur qui observe et surplombe le monde auquel il croit avoir donné naissance. Ce déplacement
vient souligner le caractère théâtral et mégalomane de son discours.
 « C’est un paysage rude, à peine humain, que vous contempliez. Aujourd’hui, je vous le donne
tout imprégné de médecine, animé et parcouru par le feu souterrain de notre art. » (p. 93, l. 159162). Quelle est la figure de style employée ici ? Que montre-t-elle ? La figure employée est une
métaphore : la médecine (notre art) devient un « feu souterrain ». L’image évoquée ici donne une grandeur mythologique (on pense notamment à Vulcain et à sa forge) au propos de Knock. L’hyperbole
signale là encore la mégalomanie du nouveau médecin.
 Sur quelle image finale, interrompue par Parpalaid, se termine le discours de Knock ? Quel est
l’effet ainsi produit ? L’image finale est celle des deux cent cinquante thermomètres pénétrant en
même temps (à dix heures précises) dans les fesses de tous les patients. L’interruption est comique (le
mot n’est pas prononcé alors qu’il allait clore une grande envolée lyrique).
De la lecture à l’écriture p. 106-107
Des mots pour mieux écrire
1 a. Ausculter ; b. consultations ; c. diagnostic, traitement ; d. analyses, ordonnance, prescrire.
2 Les mots office, prescription et ordonnance appartiennent à la fois au lexique juridique (office,
prescription, ordonnance), militaire (office et ordonnance) et religieux (office et ordonnance). Ces
champs sémantiques parcourent tout le discours de Knock qui apparaît à la fois comme le nouveau
chef politique, militaire et religieux du canton.
Du texte à l’image p. 107-108
© Éditions Belin/Éditions Gallimard.
➦ Affiche du film Knock réalisé par Guy Lefranc en 1951. (Image reproduite en début d’ouvrage, au
verso de la couverture.)
Lire l’image
1 Observez le document (version complète de l’image de couverture). Qu’expriment le visage et
la posture de Knock interprété par Louis Jouvet ? Sur cette affiche, Knock apparaît avec un visage
soucieux et décidé. Sa posture physique (les mains gantées posées sur les hanches) exprime elle aussi
une certaine obstination décidée.
2 Pourquoi le village de Saint-Maurice est-il représenté à une échelle différente ? Qu’est-ce que cet
effet permet d’exprimer concernant le rapport de Knock au village ? Le village est représenté à une
échelle plus petite sous le personnage de Knock qui le domine. L’image donne ainsi à voir le pouvoir
exercé par le nouveau médecin sur le village.
11
Knock
3 Que signale la présence en bas à droite de l’image du cadran d’horloge et du thermomètre ? Le
thermomètre est un des ustensiles indispensables au médecin. Il apparaît ici comme l’arme privilégiée
de Knock et symbolise le nouvelle ère médicale qu’il met en place dans le village. Il barre l’horloge
comme pour en arrêter les aiguilles : le temps est bloqué, c’est un nouvel âge qui commence, une nouvelle chronologie qui se met en place, totalement soumise au diktat de la médecine.
Comparer le texte et l’image
4 Pourquoi cette image correspond-elle tout particulièrement à ce qui se passe dans le dernier
acte ? C’est au dernier acte que Knock apparaît comme tout-puissant : il est parvenu à soumettre
tout le village à son pouvoir. Or c’est bien cette domination que l’affiche met en évidence. Knock y est
représenté tel un dieu (il est dans les cieux) qui surplombe le village. Cela rappelle notamment son
discours de la scène 6 du dernier acte.
5 Justifiez, en vous appuyant sur des éléments précis extraits du dernier acte, que le village représenté sur l’affiche soit plongé dans la nuit. Dans la scène 6 de l’acte III, Knock évoque les lumières
allumées la nuit dans le village comme autant de signes de sa toute-puissance : « […] presque toutes
les lumières sont à moi. Les non-malades dorment dans les ténèbres. Ils sont supprimés. Mais les
malades ont gardé leur veilleuse ou leur lampe. Tout ce qui reste en marge de la médecine, la nuit m’en
débarrasse, m’en dérobe l’agacement et le défi. Le canton fait place à une sorte de firmament dont je
suis le créateur continuel. » (p. 93-94, l. 172-178). Quant la pièce se finit, les cloches sonnent dix heures
et le village est plongé dans la nuit.
6 Le style du dessin choisi pour l’affiche vous semble-t-il en accord avec la pièce ? Fondez votre
réponse sur des arguments précis concernant le genre de la pièce écrite par Jules Romains. Le
dessin de l’affiche mélange réalisme et symbolisme. On observe une certaine stylisation du trait qui
propose malgré tout une représentation assez réaliste non seulement du personnage de Knock, mais
aussi du village. Mais la composition du dessin propose une représentation symbolique des enjeux de
la pièce : différence d’échelles entre le village, Knock et l’horloge barrée par le thermomètre, Knock
apparaissant tel un dieu… Comme la comédie de Jules Romains, l’affiche mélange traits réalistes et
fonctionnement symbolique (la pièce est une fable).
Arrêt sur l’œuvre
p. 109-115
Des questions sur l’ensemble de la pièce p. 109-110
Une construction rigoureuse
1 Sur quelle durée la pièce s’étend-elle ? Quel temps s’écoule entre chaque acte ? Il se passe trois
mois entre le premier et le dernier acte. Le deuxième acte suit de très près chronologiquement le premier (le texte ne donne aucune indication précise, mais le nouveau médecin vient juste de s’installer
et il s’agit de ses premières consultations et prises de contact avec la population). C’est donc entre
l’acte II et l’acte III que les trois mois s’écoulent.
© Éditions Belin/Éditions Gallimard.
2 De quelle façon le décor de chaque acte participe-t-il à la progression de l’action ? Dans le
premier acte, il s’agit d’un décor d’extérieur qui n’a rien à voir avec le monde de la médecine. Dans
l’acte II, le bureau de Knock, lieu des consultations, propose les premières intrusions d’éléments caractéristiques de l’âge médical tel que l’entend Knock (graphiques, tableaux…) tout en restant proche de
ce qu’était le bureau de son prédécesseur. Dans le dernier acte, la médecine est partout : tout devient
blanc, stérile, des murs à la lumière. L’évolution du décor rend donc compte de la propagation de
l’idéologie médicale de Knock et de ses progrès.
3 En reprenant précisément les éléments de l’intrigue mis en place à l’acte I, analysez comment
ils sont développés dans l’acte II et l’acte III. Dans l’acte I, Knock présente sa théorie et sa méthode
aux époux Parpalaid : on voit dans l’acte II de quelle façon il les met en place (nature des consultations,
12
Knock
opération de promotion, alliances passées avec les autorités morales de la ville, l’instituteur et le pharmacien). Dans l’acte III, on voit le résultat de cette mise en place : tout le village est devenu le territoire
de l’art médical tel que Knock le présentait au premier acte.
Une comédie ambiguë
4 Relevez les éléments (dans la caractérisation des personnages, dans le choix des situations) qui
relèvent clairement du genre de la farce. Tous les personnages ont une caractérisation qui relève du
genre de la farce : chaque personnage est un type construit selon un nombre réduit de traits de caractère et de déterminations sociales. On retrouve ainsi par exemple différents représentants du valet de
comédie (le tambour de ville, la bonne, Scipion, mais aussi dans une certaine mesure Mme Rémy). De
même un grand nombre de situations relèvent du genre farcesque : l’entassement dans la voiture et
la panne dissimulée au premier acte, les consultations fantaisistes de l’acte II (avec notamment la dernière scène, celle des deux gars), l’arrivée de Parpalaid au dernier acte qu’on ne reconnaît pas ou que
l’on tente d’évincer. Cependant, le dernier acte emprunte beaucoup moins de situations au genre de la
farce. Ainsi la dernière scène dans laquelle Parpalaid est comme hypnotisé par son remplaçant pourrait
bien relever de la farce, mais elle est aussi inquiétante et inscrite dans un contexte qui lui donne un sens
symbolique qui la démarque du genre farcesque.
5 Pourquoi peut-on dire que la pièce de Jules Romains a une portée satirique ? Quelles sont les
cibles visées par la satire ? Knock propose une satire de la médecine : Jules Romains dénonce le pouvoir injustifié que le médecin peut se donner. Plus largement, il vise ainsi les dérives de tout débordement théorique qui s’appuie sur la science pour imposer son pouvoir et son ordre. À cette portée
satirique globale s’ajoutent des effets satiriques plus circonscrits, comme notamment la satire de la vie
sociale dans un petit village de province, la satire de certaines catégories sociales (la prétention de la
bourgeoisie, l’avarice de la paysannerie…)
6 En quoi la pièce dépasse-t-elle le cadre du simple divertissement ? Qu’a-t-elle d’inquiétant ? C’est
au dernier acte que Knock apparaît véritablement comme un être inquiétant : sa façon de manipuler la
population nous fait rire à l’acte II avant d’apparaître à l’acte III dans toute son ampleur et sa violence,
puisque toute la ville est désormais subordonnée au nouvel ordre imposé par Knock. La dernière image
sur laquelle se clôt la pièce est particulièrement éloquente de ce point de vue.
Une réflexion politique, sociale et philosophique
7 Contre quels dangers la pièce nous met-elle en garde ? La pièce nous met en garde contre les
idéologies qui transforment les individus en masse manipulable à souhait.
8 Que devient Knock au fur et à mesure de la pièce ? Quelles armes utilise-t-il pour manipuler la
population ? Knock se transforme en véritable dictateur. Il parvient à manipuler la population en s’appuyant sur les faiblesses et les ambitions de chacun : il est intéressant de remarquer de quelle façon il
parvient à dire à chacun ce qu’il veut entendre pour lui faire accepter sa théorie et le nouveau mode
d’organisation sociale qu’il impose.
9 Quelle réflexion la pièce semble-t-elle proposer sur la notion de communauté ? Observez la place
© Éditions Belin/Éditions Gallimard.
qu’y occupent les individus. Au début de la pièce, le village est présenté comme n’ayant aucune unité
véritable (ni foi religieuse, ni convictions politiques, ni vie sociale développée). À l’acte III, le village est
devenu une entité indivisible, soudée autour de l’idéal médical proposé par Knock. Ce qui est étonnant,
c’est de voir comment chaque individu est nié parce qu’il est englobé dans une unanimité idéologique et
sociale qui lui enlève toute existence propre, et comment, dans le même temps, cette organisation s’est
constituée à partir de chaque individu traité différemment et convaincu de façon particulière par l’idéologie. Cette société crée par ailleurs une nouvelle hiérarchie : ceux qui profitent de l’organisation mise en
place et ceux qui constituent la masse silencieuse. La réflexion qui affleure dans la pièce peut ainsi être
rapprochée des réflexions historiques et politiques concernant la mise en place des systèmes totalitaires.
Des mots pour mieux écrire p. 110-113
Lexique de la maladie
J’ai fait un affreux cauchemar. Je sortais dans la rue et je croisais des hordes de gens au teint jaune,
qui hurlaient de ne pas les approcher car ils étaient atteints de la fièvre typhoïde. Je rencontrai alors
un vieux médecin, qui ne cessait de tousser et avait tous les symptômes du tuberculeux. Il m’expliquait
qu’une terrible épidémie s’abattait sur la terre, que des milliers de bactéries avaient été envoyées par
on ne sait qui. C’est alors que surgit devant nous, volant dans les airs, un bacille géant, très long et
très fin, avec une bouche et des yeux. Il allait nous engloutir quand mon réveil sonna.
13
Knock
Lexique de la médecine
Mots grecs
ou latins
Définition
Mots du lexique
de la médecine
salus (latin)
bon état physique
salubre
prophulattein (grec)
veiller à la défense de quelqu’un ou de quelque
chose
prophylactique
skopein (grec)
examiner
laryngoscope, stéthoscope
auris (latin)
oreille
ausculter
therapeuein (grec)
soigner
radiothérapie
diagignôskein (grec)
discerner, distinguer ; décider
diagnostic
hugieïa (grec)
bonne santé
hygiène
scribere (latin)
écrire
prescription
anatemnein (grec)
couper de bas en haut
anatomie
Lexique de la peur
Horizontalement : 1. impressionna ; 2. inquiétant ; 3. tremble.
Verticalement : A. frissonnent ; B. anxiété ; C. redoutable.
Du texte à l’image p. 115
➦ Damien Hirst, Lullaby Spring, 2002. (Image reproduite en fin d’ouvrage, au verso de la couverture,
en bas.)
Lire l’image
1 Quels sont les éléments présentés dans la vitrine ? En quoi cela est-il étonnant ? La vitrine
contient des pilules et des cachets. Cela est étonnant car ce ne sont pas généralement le genre d’éléments que l’on expose dans une vitrine.
2 Quel est l’effet créé par le miroir ? Le miroir qui forme le fond de la vitrine permet de démultiplier
le nombre d’éléments présentés.
3 Selon vous, qu’est-ce que l’artiste essaie d’exprimer avec une telle œuvre ? Sans vouloir donner
un sens univoque et définitif à cette œuvre, on peut imaginer que l’artiste entend montrer de quelle
façon les médicaments sont devenus dans notre société moderne de nouveaux objets que l’on collectionne. Il donne ainsi à voir une des névroses de nos sociétés occidentales d’aujourd’hui : la peur de la
maladie, la consommation excessive de substances pharmaceutiques.
Comparer le texte et l’image
4 Avec quels éléments matériels du troisième acte (décors, costumes, accessoires) l’œuvre de
© Éditions Belin/Éditions Gallimard.
Damien Hirst peut-elle entrer en résonance ? L’œuvre de Damien Hirst peut être mise en relation
avec les éléments matériels du dernier acte de Knock qui donnent à voir l’avènement de l’ère médicale : peintures blanches laquées, surfaces métallisées, processions de thermomètres et autres appareils médicaux, lumière blanche. En effet, la vitrine de médicaments pourrait parfaitement s’intégrer à
cette nouvelle religion médicale mise en place par Knock, qui vénère tout ce qui a trait à l’art médical.
5 Vous êtes metteur en scène et vous demandez à l’acteur qui incarne le personnage de Knock de
jouer avec l’œuvre de Damien Hirst présente sur la scène. À quels moments du texte pourrait-il l’utiliser et de quelle façon ? On pourrait imaginer que Knock utilise une telle armoire dès l’acte II, pour
soutenir ses démonstrations médicales (comme avec les schémas et les dessins qu’il utilise). Mais
l’objet lui-même semble davantage correspondre à l’esthétique qui se met en place à l’acte III. Ainsi la
vitrine pourrait être utilisée pendant toute la scène 6 du dernier acte.
14

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