JOURNEES DES COMMISSIONS 16 octobre 2008 Commission
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JOURNEES DES COMMISSIONS 16 octobre 2008 Commission
JOURNEES DES COMMISSIONS 16 octobre 2008 Commission Financements alternatifs des risques " Solvabilité II et les captives » Modérateurs : Yvon COLLEU, Directeur d’EDF Assurances, Martine HECQ, Suez, Directeur adjoint Intervenants : Thierry van SANTEN, Groupe Danone, Executive Vice President Corporate Risk and Insurance Department, représentant de l’AMRAE au sein de FERMA (Federation of European Risk Management Associations) où il est Head of European Affairs.. Fabien GRAEFF, Marsh, Responsable de l’équipe financement des risques et solutions captives. Nicolas JOLIF, Aon Insurance Managers Luxembourg, Manager. © AMRAE – JOURNEES DES COMMISSIONS 2008 reproduction même partielle interdite sans l’accord de l’AMRAE - page 1 RAPPEL DU CONTEXTE GENERAL Qu’est-ce que Solvency II Solvabilité II (Solvency II en anglais) est une réforme réglementaire européenne du monde de l’assurance. Dans la lignée de Bâle II, son objectif est de mieux adapter les fonds propres exigés des compagnies d’assurances et de réassurance avec les risques que celles-ci encourent dans leur activité. Après Solvabilité I qui prévoyait une marge de solvabilité déterminée en fonction de pourcentages sur les primes et les sinistres, la réglementation des assurances passe à des règles plus complexes intégrant le risque, soit par l’application de formules standards (pour les petites structures), soit par la prise en compte de modèles internes (spécifiques aux particularités de structures importantes comme AXA ou autres grands groupes d’assurances). Les principes Chaque assureur et réassureur doit être à même de comprendre les risques inhérents à son activité afin de pouvoir allouer suffisamment de capital pour les couvrir. Solvabilité II, comme la directive CRD pour les banques, repose sur 3 piliers1 ayant chacun un objectif : 1) Le premier pilier a pour objectif de définir des seuils quantitatifs aussi bien pour les provisions techniques que pour les fonds propres. Ces seuils deviendront des seuils réglementaires. Deux niveaux de fonds propres seront définis comme MCR et SCR : - le MCR2 représente le niveau minimum de fonds propres en-dessous duquel l’intervention de l’autorité de contrôle sera automatique, le SCR3 représente le capital cible nécessaire pour absorber le choc provoqué par un sinistre exceptionnel. 2) Le deuxième pilier a pour objectif de fixer aux sociétés des normes qualitatives de suivi des risques en interne et de définir comment l’autorité de contrôle doit exercer ses pouvoirs de surveillance dans ce contexte. L’identification des sociétés “les plus risquées” est un objectif et les autorités de contrôle auront en leur pouvoir la 1 Pilier est le terme consacré qui est utilisé dans le texte de la réforme pour en désigner les principales composantes. D’abord introduit par Bâle II, ce terme a été repris dans Solvabilité II. 2 MCR : Minimum Capital Requirement. 3 SCR : Solvency Capital Requirement. © AMRAE – JOURNEES DES COMMISSIONS 2008 reproduction même partielle interdite sans l’accord de l’AMRAE - page 2 possibilité d’imposer à ces sociétés un capital plus élevé que le montant suggéré par le calcul du SCR et/ou de réduire leur exposition aux risques. 3) Le troisième pilier a pour objectif de définir l’ensemble des informations détaillées que les autorités de contrôle jugeront nécessaires pour exercer leur pouvoir de surveillance. © AMRAE – JOURNEES DES COMMISSIONS 2008 reproduction même partielle interdite sans l’accord de l’AMRAE - page 3 POINT D’AVANCEMENT DE LA MISE AU POINT DE LA DIRECTIVE Thierry van SANTEN4 Principes de Solvency 2 Solvency 2 est l’expression du besoin d’harmonisation des 14 directives concernant l’assurance et la réassurance dans un corpus réglementaire cohérent. Dans cet esprit, Solvency 2 poursuit quatre objectifs principaux : - renforcer le marché unique qui est la finalité économique de l’Union Européenne, renforcer la protection des assurés5 contre le risque de défaillance de l’assureur, améliorer la compétitivité internationale des assureurs européens, mettre en place une meilleure réglementation qui soit aussi prospective pour l’avenir. Cette démarche se déroule avec succès et se trouve même renforcée par la crise financière. En effet, après la défaillance d’AIG, les assureurs non-européens se montrent très intéressés par Solvency 2. Les Bermudiens, par exemple, se sont rapprochés de la Commission et envisagent un système similaire sur leur marché. Le nouveau régime introduit par Solvency 2 : - - - est basé sur la gestion du risque. Le principe est d’exiger une allocation en capital correspondant à l’estimation des risques gérés par une compagnie. Cette allocation peut-être réduite en fonction de la bonne gestion de ces risques, qu’ils soient endogènes ou exogènes. met en responsabilité le management de la compagnie sur la gestion des risques. Autrement dit, Solvency 2 dépasse la logique du contrôle interne et de l’audit (une logique que l’on trouve dans SOX aux USA ou la LSF en France) pour interpeller les dirigeants sur leur vision « business » et leur stratégie de gestion de risques. Demande une convergence du régime de supervision en Europe pour mieux coordonner les contrôles nationaux. Pour mieux comprendre le déroulement de Sovency 2, il convient rappeler que l’activité législative de la Commission européenne obéit à un process appelé « Lamfalussy » qui comprend quatre niveaux : 4 Thierry van Santen s’est inspiré dans sa présentation des travaux du Prof. Karel van Hulle, Head of Unit Insurance & Pensions, DG Markt, European Commission et de Mme Pauline de Chatillon de l’ACAM (Autorité de Contrôle des Assurances et des Mutuelles) et N° 2 du CEIOPS.. 5 Il existe toujours un débat autour de la notion d’assuré à Bruxelles (définition exacte du concept). © AMRAE – JOURNEES DES COMMISSIONS 2008 reproduction même partielle interdite sans l’accord de l’AMRAE - page 4 - - - le niveau 1 consiste à fixer un cadre qui pourra ensuite être décliné dans la législation de chacun des pays membres de l’Union. Ce cadre s’appelle une Directive. Il était donc essentiel qu’un statut spécial pour les captives d’assurance et de réassurance soit reconnu à ce niveau. C’est donc un acquis important pour FERMA d’avoir pu faire inscrire la notion de captive dans le texte d’une réglementation européenne6. Le niveau 2 est la mise en place des mesures, avec notamment des études d’impact (Quantitative Impact Studies – QIS). On notera que les captives avaient été « oubliées » dans les trois premiers QIS. Il a donc fallu intervenir auprès du CEIOPS (Committee of European Insurance and Occupational Pensions Supervisors) pour que dans le QIS 4, les captives soient interrogées. FERMA a alors mobilisé ses membres et les gestionnaires de captives pour qu’un nombre significatif de captives participent au QIS 4. Le niveau 3 est la coordinnation européenne entre les autorités nationales pour harmoniser les législations et les contrôles. Enfin, le niveau 4 prévoit un renforcement du contrôle législatif européen de la Commission afin que le projet puisse être géré avec rigueur. Pour Solvency 2, ce process a démarré en 2005. Aux yeux des risk managers, ce projet comprenait une faille dans la mesure où la notion de « captive » était totalement absente des textes. Les associations européennes de risk management, représentées par FERMA, ont donc entrepris un lobbying patient et constant pour faire reconnaître la spécificité des captives dans le cadre de Solvency 2. Un certains nombres d’amendements ont donc été proposés en ce sens. Parallèlement, un nombre important de captives a participé à QIS 4, ce qui a permis de tester les contours de leurs spécificités. Fin novembre 2008, la majorité de ces amendements a été votée par le Parlement de Strasbourg. Pour FERMA, c’est une victoire incontestable. Pour la première fois, les captives sont reconnues dans un texte de loi comme un instrument spécifique de financement des risques utile pour les entreprises industriels. Le développement a donc duré 3 ans et si le vote du Parlement de Strasbourg est important, il ne représente cependant qu’une étape. Une adoption de la Directive par le Conseil Européen est attendue fin 2008. Toutefois, malgré une réelle volonté d’aboutir de la Présidence française, il est à craindre que cette adoption soit reportée du fait de l’inquiétude des petits pays de l’Union. En effet, ces derniers craignent de voir leurs autorités de supervision passer sous la coupe de celles des grands pays où sont situés tous les sièges des compagnies d’assurance et de réassurance7. Malgré cette incertitude, rappelons que dans les prévisions du calendrier initial, Solvency 2 devrait entrer en vigueur le 1 janvier 2012. 6 Qu’est-ce qu’une captive pour le régulateur ? La définition varie selon qu’il s’agit d’une société d’assurance ou de réassurance, selon qu’elle a une vocation industrielle ou principalement financière. La question porte aussi sur la couverture des risques de groupe sachant qu’un débat récurrent existe toujours sur la notion de « risque groupe » et risque de tiers. 7 Ce qui n’est pas le cas des captives. Mais dans ce débat, les captives représente une importance économique marginale comparée à celle des assureurs et réassureurs du marché. © AMRAE – JOURNEES DES COMMISSIONS 2008 reproduction même partielle interdite sans l’accord de l’AMRAE - page 5 QIS 4 et les captives Si les captives avaient été oubliées dans les QIS précédents, elles ont massivement participé au QIS 4 : 99 captives (dont 65 luxembourgeoises), soit 30% du total des captives européennes ont répondu à l’appel lancé par FERMA et ont participé au test. On notera que l’Irlande, le Luxembourg et Malte ont préféré opter pour une démarche simplifiée (National Guidance) pour le calcul de leur SCR (voir cidessous). Enfin, à l’issue du QIS 4, aucune captive n’a paru en difficulté sur le plan de sa solvabilité. Les présentations ci-dessous développeront les principales conclusions techniques des études d’impact de QIS 4 notamment sur le risque catastrophique (principale risque sous jacent des captives), le risque de contrepartie (qui peut être annulé par des prêts intragroupes), le risque de concentration (nécessite-t-il un traitement spécifique ?), et enfin, le risque « premium & reserve » (adaptation du modèle standard à la volatilité des activités des sociétés captives). On peut tirer deux conclusions à la suite du QIS 4, conclusions partagées par l’ACAM : - une simplification de la méthodologie standard est nécessaire pour les captives, cette simplification pourrait éventuellement être appliquée aux assureurs de petite et moyenne taille. © AMRAE – JOURNEES DES COMMISSIONS 2008 reproduction même partielle interdite sans l’accord de l’AMRAE - page 6 PRINCIPALES CONCLUSIONS DE L’ETUDE QIS8 4 Fabien GRAEFF RAPPEL DES ETAPES PRECEDENTES QIS est une étude quantitative qui permet à l’autorité de régulation de mesurer l’impact qu’aurait l’application de la directive sur les entreprises d’assurance. Il s’agit donc de tester le modèle standard envisagé par Solvency II (ratios et les méthodes de calcul). La première étude d’impact, QIS 1, a porté sur l’évaluation des provisions techniques (escompte, MVM). En France, le marché apparaît sur-provisionné. La seconde étude, QIS 2, a fourni un premier canevas d’évaluation du besoin en capital et de prise en compte de la diversification des risques, bien que l’objet affiché de cette étude était surtout méthodologique. La troisième étude, QIS 3, lancée en avril 2007, a permis d’obtenir un calibrage des formules standards pour le calcul du MCR et du SCR, mais aussi d’introduire la problématique spécifique des groupes. Le CEIOPS9a confirmé au mois de mars 2007 qu’au moins deux autres QIS seront nécessaires afin d’aboutir au calibrage des formules standards (QIS 4 et QIS 5). QIS 4 a été réalisé en mai/juin 2008. Pour la première fois, il s’agissait d’affiner les mesures quantitatives prévues par la nouvelle réglementation par l’application des règles de solvabilité telles qu’elles sont décrites dans les spécifications techniques du QIS 4 aux captives. APPLICATION DU MODELE STANDARD10 QIS 4 Les principes du modèle standard sont les suivants : 8 QIS : Quantitative Impact Study (Etude d’impact quantitatif). CEIOPS: Committee of European Insurance and Occupational Pensions Supervisors. Ce comité regroupe, pour les assurances, l’ensemble des autorités de contrôle des Etats participants. 10 Le modèle standard est adapté aux structures qui n’ont pas mis en place un modèle interne validé par les autorités de contrôle. En règle générale les petites structures (captives) n’ont pas implémenté de modèle interne par opposition du marché. 9 © AMRAE – JOURNEES DES COMMISSIONS 2008 reproduction même partielle interdite sans l’accord de l’AMRAE - page 7 Evaluation en valeur de marché (« Fair Value ») aussi bien de l’actif que du passif. Pour les actifs, l‘évaluation est relativement simple. Elle est basée sur la valeur de marché des actions et des obligations. Pour le passif, l’exercice est plus compliqué puisqu’il faut donner une valeur de marché aux différents portefeuilles de risques. Il est convenu que l’évaluation se fasse sur la base des provisions techniques, lesquelles sont estimées en « best estimate », autrement dit sans marge de sécurité. A cette estimation, on rajoute une marge de risque supplémentaire (« risk margin »). – Cette évaluation de l’actif et du passif doit conduire au calcul d’un niveau de capital économique venant en représentation de la marge de solvabilité. – La marge de solvabilité requise (SCR) est estimée sur la base d’une probabilité de ruine à un an à 0,5%. – Les fonds propres économiques doivent couvrir le MCR et le SCR (le MCR étant inclus dans le SCR). – ACTIFS PASSIFS Fonds propres économiques (actif passif) Investissements et autres dettes MCR Marge de risque Provisions techniques en Fair Value Best estimate Provisions techniques à charge des réassureurs SCR Autres dettes LA METHODOLOGIE 11 Marsh a effectué une trentaine d’études QIS 4 sur des captives de réassurance et d’assurance domiciliées à Dublin, Malte et au Luxembourg. Ces études ont consisté à appliquer le modèle standard QIS 4. Les documents de travail nécessaires pour effectuer ces études ont été le rapport annuel de la captive au 31/12/2007, le rapport actuariel (s’il existait), l’historique primes, sinistres, limites, expositions … De façon générale, les Proxies11 ont été utilisés lorsque le détail des éléments techniques (tels que la duration du portefeuille, triangulation, …) étaient insuffisants. Les proxies sont des approximations prévues par le QIS 4. © AMRAE – JOURNEES DES COMMISSIONS 2008 reproduction même partielle interdite sans l’accord de l’AMRAE - page 8 LES PRINCIPAUX IMPACTS Impacts majeurs Impacts spécifiques Impacts financiers PFS pour les captives de réassurance luxembourgeoises Impact du scénario catastrophique Politique de rétention optimisée National Guidance conclusions Conditions d’accès et d’opération plus consommatrices de fonds propres Complexification des modèles de rétention Arbitrage fonds propres/ rétention En termes d’impacts financiers • • Augmentation dans la majorité des cas de la valeur des actifs en valeur de marché (base 31/12/2007). La valeur des actifs est dans la plupart des cas supérieure à leur valeur comptable. Réduction des provisions techniques : - Escompte des provisions par la prise en compte des produits financiers futurs générés par ces provisions. - Importance de la connaissance technique des risques (duration12, cadence de paiements …). Ainsi, dans la majorité des cas, les actifs augmentent alors que les passifs diminuent, ce qui se traduit par une augmentation mécanique des fonds disponibles (Actif – Passif). • 12 Le contrôle des fonds propres et des provisions techniques selon des normes identiques devraient techniquement permettre au sein de l’UE de réduire les coûts des collatéraux pour les captives faisant intervenir un fronteur Pour les risques courts, l’impact financier est moins important. © AMRAE – JOURNEES DES COMMISSIONS 2008 reproduction même partielle interdite sans l’accord de l’AMRAE - page 9 (réassurance ou souscription non admise). Mais cela fait aussi partie des négociations entre fronteurs et captives, ce qui laisse un doute sur l’impact financier de ces nouvelles règles dans ce domaine. En termes d’impacts opérationnels La politique de rétention devrait être optimisée grâce à : - - une meilleure connaissance et gestion des risques (Évaluation des provisions Best Estimate), une prise en compte de la politique de réassurance pour les captives afin d’effectuer un arbitrage financier entre l’achat de protection et l’investissement en fonds propres, une politique de placement plus exigeante (Impact majeur du rating des contreparties sur le SCR). POINTS SPECIFIQUES 1) Provision pour fluctuation de sinistralité (PFS) La PFS constitue un élément stratégique et un avantage concurrentiel pour les captives luxembourgeoises. La PFS est une provision d’égalisation. Dans l’exercice QIS 4, cette provision est considérée comme des quasi-fonds propres. A ce titre elle vient en représentation du SCR. Pour les captives maltaises, irlandaises et les captives directes luxembourgeoises, cette possibilité n’existe pas. Par conséquent la politique de distribution des dividendes est conditionnée par la stratégie de souscription et vice versa. Par ailleurs, pour les captives de réassurance en création au Luxembourg, le problème est identique à celui des autres domiciles et des captives d’assurance puisqu’aucune PFS n’est encore constituée. La grande majorité des captives luxembourgeoises existantes passent le test QIS4 grâce à la PFS. 2) Scénarios spécifiques Le modèle QIS 4 est alimenté par des scénarios de risques : - risques de souscription, - risques de taux, de contrepartie, … - risques catastrophiques. © AMRAE – JOURNEES DES COMMISSIONS 2008 reproduction même partielle interdite sans l’accord de l’AMRAE - page 10 Dans la grande majorité des cas le risque le plus impactant est le risque catastrophique. Trois types de méthodes sont proposés pour définir le scénario catastrophique : • • • La méthode 1 est appliquée par défaut (basée sur le niveau des primes nettes émises / application de facteurs de dérives des risques selon branches). La méthode 2 dépend de scenarios locaux (non communiqués à ce jour par les régulateurs). La méthode 3 dépend des expositions nettes (pleins de rétention dépassés en totalité). La méthode 3 met en évidence l’importance de la protection en réassurance et des limites d’exposition par année pour les captives. Il s’agit d’un élément majeur impactant le niveau de marge requise pour au moins 50% en règle générale sur l’échantillon observé (si on applique la méthode 3). Les scénarios spécifiques sont un axe de recherche afin de ne pas pénaliser les captives. Pour les risques catastrophiques, l’application des méthodes 1 ou 3 conduit à des résultats très différents. La solution serait peut-être la méthode 2 qui laisserait la main au régulateur pour fixer localement des scénarios raisonnables. 3) National guidance (NG) Les captives sont des structures simples auxquelles il ne serait pas justifié d’imposer des méthodes et des modèles trop compliqués pour constituer leurs marges de solvabilité. Un exercice complémentaire, appelé National Guidance, a donc été demandé par les régulateurs. Les NG ont pour objet majeur de simplifier l’application du modèle standard présenté dans QIS 4 et non de minimiser l’impact. Les résultats obtenus en appliquant les NG sont relativement proches de ceux du modèle standard en raison de l’importance du scenario catastrophique qui surpondère les résultats du SCR. En l’absence de proposition alternative du scénario catastrophique dans les NG, l’utilisation du scénario figurant dans le modèle standard s’imposait. CONSEQUENCES DE L’APPLICATION DU MODELE STANDARD POUR LES CAPTIVES • Conditions d’accès et d’opération plus consommatrices de fonds propres (sauf si les requis des scénarios catastrophiques étaient revus à la baisse). © AMRAE – JOURNEES DES COMMISSIONS 2008 reproduction même partielle interdite sans l’accord de l’AMRAE - page 11 • Complexité accrue des modèles de rétention. • Arbitrage fonds propres / rétention qui devra tenir compte de la constitution de la marge de solvabilité et non seulement des résultats de souscription. • Complexification de la gestion car le calcul de la marge devra se faire au moins annuellement sur des valeurs fluctuantes (Fair Value). Le tableau ci-dessous représente les résultats (échantillon étudié par MARSH) des SCR sous Solvency II en comparaison avec la marge requise sous Solvency I. Captive avec peu ou pas de protection variation du SCR en % 4500% 4000% 3500% 3000% 2500% 2000% 1500% Médiane 1000% 500% 0% 0 5 10 15 20 25 30 Le niveau 0% représente le niveau de marge requise sous Solvency I. Toutes les captives étudiées dépassaient ce niveau. La médiane qui permet de couvrir 50% de l’échantillon est fixée à un niveau de 600%. Cela signifie que la moitié des captives étudiées auraient une marge sous Solvency II entre 0 et 6 fois plus importante que sous solvency I. Les autres captives la couvrent à des niveaux d’autant plus élevés (40 fois pour celle qui se trouve en haut du tableau) qu’elles sont peu protégées. © AMRAE – JOURNEES DES COMMISSIONS 2008 reproduction même partielle interdite sans l’accord de l’AMRAE - page 12 ETUDE DES IMPACTS DE QUIS 4 ET VISION DU GESTIONNAIRE Nicolas JOLIF QUELQUES CONCLUSIONS DE QIS 4 • Fort taux de participations au QIS 4 : - Pour les assureurs et réassureurs : 34% (la demande du CEIOPS était de 25%). - Pour les groupes : 65% (la demande du CEIOPS était de 60%). • Nombre total de captives : 99 sur les différents domiciles. L’échantillon (luxembourgeois) de captives d’assurance et de réassurance était le suivant : - 27% de « petites captives » (SCR inférieur à 20 Mio EUR), - 55% de captives de « taille moyenne » (SCR compris entre 20 et 80 Mio EUR). - 18% de captives de plus de 80 Mio EUR de capital disponible. • Remarques : - L’exercice a consisté à appliquer le modèle QIS 4, les National Guidance Captives, et à prendre en compte des spécificités groupes13 (on notera cependant que les groupes de captives sont peu nombreux et qu’ils ne sont pas la préoccupation principale du régulateur. - L’application aux captives du modèle standard et les National Guidance concerne principalement les risques non-vie (les risques santé et vie sont pour le moment négligés). Focus Le graphique ci-dessous fait un premier bilan de QIS 4. Avec un ratio moyen de solvabilité de 185%, peu de captives sont menacées par Solvency 2. 13 La mise en place a demandé une énergie particulière en raison des délais très courts imposés par le régulateur et des mises à jour quasi permanentes des instructions du CEIOPS). © AMRAE – JOURNEES DES COMMISSIONS 2008 reproduction même partielle interdite sans l’accord de l’AMRAE - page 13 Case study L’exemple ci-dessous est celui d’une captive qui, sous Solvency 1, a un ratio de solvabilité de 245% qui tombe à 67% sous Solvency 2. Certes, la captive est de création récente. Par conséquent, sa PFS est insuffisante pour renforcer ses fonds propres. Mais la surprise a été une évaluation du risque de souscription nettement supérieure à l’engagement annuel de la captive, soit 13 Mio EUR pour 10 Moi EURO. Ce résultat traduit l’impact du risque catastrophique qui représente, selon la méthode appliquée, jusqu’à 150% de la prime (méthode 1). © AMRAE – JOURNEES DES COMMISSIONS 2008 reproduction même partielle interdite sans l’accord de l’AMRAE - page 14 IMPACT DES NATIONAL GUIDANCES L’objectif des National Guidance proposées par le Luxembourg, Malte et l’Irlande est de : – Prendre en compte les particularités des captives (au niveau européen14), – Donner au CEIOPS les éléments nécessaires pour parvenir à simplifier l’application du modèle QIS 4 pour les captives. Les principales propositions faites au CEIOPS sont les suivantes : • 14 15 Pour les risques de souscription non vie : ajustement du SCR NLPR15 pour prendre en compte : - La limite annuelle d’engagement, - Le loss ratio (LR) réel des captives (Combined LR) et la volatilité standard (15%) au lieu de l’hypothèse d’un loss ratio de 100% prévue par QIS 4, Les NG s’appliquent donc à tous les pays européens et non seulement aux pays demandeurs. NLPR : Non Life Premium & Reserve. © AMRAE – JOURNEES DES COMMISSIONS 2008 reproduction même partielle interdite sans l’accord de l’AMRAE - page 15 • La diversification des réserves à travers les années de souscription. Pour le risque de marché : - Risque Intérêt : proposition d’un regroupement par classe de maturité, et pour NG 2, mesurer seulement l’impact sur l’actif, - Risque de concentration : exemption pour toute contrepartie d’au moins « A », - Spread : portefeuille estimé BBB (hors obligations état). • Pour le risque de défaut : Cela concerne les captives qui se réassurent auprès d’une autre captive du groupe. Puisque ces captives n’ont pas de rating, celui de leur groupe sera pris en compte pour le calcul. Quelques résultats des NG Les NG n’ont pas modifié substanciellement les résultats du modèle standard. Le graphique ci-dessous met en lumière un certain nombre de différences constatées entre QIS 4 et NG1 (premier niveau de simplification. Un NG2 est également proposé). © AMRAE – JOURNEES DES COMMISSIONS 2008 reproduction même partielle interdite sans l’accord de l’AMRAE - page 16 Trois points principaux peuvent être retenus : - Le ratio de solvabilité n’a jamais été diminué de plus de 2%, Le risque de souscription (UW Risk) et le risque de marché (Market Risk) sont fortement réduits. Le risk de concentration du fait de la mise en place de prêts intragroupes, est éliminé supprimant ainsi le besoin en capital (à condition toutefois que le rating du groupe soit d’au moins « A »). LE ROLE DU GESTIONNAIRE DE CAPTIVES Il consiste à proposer les outils pour une approche proactive de la mise en place de Solvency II qui améliore l’optimisation de risk return : - - Optimisation du profil de risque (stratégie de souscription, diversification, programme de réassurance, run-off,…), Optimisation de l’allocation d’actifs et réduction de l’inadéquation ALM, Meilleure connaissance de la volatilité et du développement (tail) des risques souscrits, à condition d’avoir mis en place un déroulement des provisions techniques16, Identification des interdépendances et corrélations, Allocation du capital pour optimiser le coût du capital, Considérer les synergies entre entités (captives multiples, structure du fronting et de l’actionnariat, relations intra groupe, …) Dans le cadre de Solvency 2, quelles options se présentent au management pour améliorer le ratio de solvabilité d’une captive ? Le graphique ci-dessous montre que le management a de nombreuses options pour: - optimiser le capital disponible, ou optimiser le SCR. 16 Rappelons en effet que l’utilisation des seules proxis ne donne pas une image de la captive mais seulement des conséquences de Solvency 2. Dans ces conditions, la méthode ne peut donc pas servir d’outil de gestion. © AMRAE – JOURNEES DES COMMISSIONS 2008 reproduction même partielle interdite sans l’accord de l’AMRAE - page 17 Comment profiter de Solvency 2 pour optimiser le coût du risque d’une captive ? © AMRAE – JOURNEES DES COMMISSIONS 2008 reproduction même partielle interdite sans l’accord de l’AMRAE - page 18 Si l’exigence de fonds propres est l’objet du pilier 1 de Sovency 2, les captives doivent également se préoccuper de la mise en place des piliers 2 et 3 de la nouvelle réglementation. Pilier II: Procédure de surveillance de la gestion des fonds propres Ce pilier concerne la Corporate Gouvernance des compagnies. L’objectif visé est de s’assurer : • que la compagnie est bien gérée et est en mesure de calculer et maîtriser ses risques, • qu’elle est bien capitalisée. Le premier de ces points constitue un développement majeur par rapport à Solvabilité I. Il encourage les compagnies à adopter la démarche ERM (Enterprise Risk Management) afin qu’elles soient en mesure, par elles-mêmes, d’apprécier et de mesurer leurs risques. Au-delà de la simple validation d’une check-list, l’autorité de contrôle aura les pouvoirs de contrôler la qualité des données et des procédures d’estimation, des systèmes mis en place pour mesurer et maîtriser les risques au cas où ils se matérialiseraient. L’autorité de contrôle aura aussi le pouvoir d’imposer une marge de solvabilité complémentaire (capital add-on), sous certaines conditions, dans le cas où elle estimerait que les risques ont été mal appréciés par la compagnie. Pour le gestionnaire de captives, il s’agit donc : - de proposer des outils pour permettre la mesure du capital économique de manière annuelle, d’expliquer, revoir et faire approuver la stratégie de risque dans les conseils d’administration, d’ajuster les procédures pour décliner les process en cas de déficit de solvabilité (un modèle seul ne suffit pas). Solvency II apparaît ici comme une problématique de risques (et de capital ) et non de return mais les dirigeants et propriétaires de captives peuvent étendre ce modèle pour s’en servir de support à la décision et améliorer l’utilisation de leur capital. Pilier III: Discipline de marché (documentation et manuels opérationnels) Le pilier III traite de la publication des informations sur lesquels les deux précédents piliers sont basés et qui permettront au public (actionnaires et analystes) et aux autorités de contrôle de juger si l’analyse effectuée est fidèle à la réalité. Les assureurs et réassureurs auront donc à fournir les informations clés (vérifiables) nécessaires à la détermination de leur exigence de capital. Ces informations devront, en particulier, couvrir les éléments suivants : • performance financière, • profils de risques, données et hypothèses sur lesquelles ils sont basés, © AMRAE – JOURNEES DES COMMISSIONS 2008 reproduction même partielle interdite sans l’accord de l’AMRAE - page 19 • mesures d’incertitudes, incluant mesure d’adéquation des estimations antérieures et la sensibilité des résultats à la volatilité du marché. Pour le gestionnaire de captives, il s’agit donc de consolider les procédures internes dans un manuel opérationnel exhaustif, mis à jour de manière régulière, et approuvé par le conseil d’administration. Le contenu minimum de ce manuel est le suivant : - Corporate framework (institutions, process, responsabilités, reporting), Procédures d’assurance procédures (underwriting, claims handling, réassurance), Procédures financières (investissement, comptabilité, paiement & droits de signature), Procédures de Risk Management (identification, assessment, management et contrôle des risques), Outsourcing (SLAs, contrôle des mécanismes), Business continuity et emergency planning. © AMRAE – JOURNEES DES COMMISSIONS 2008 reproduction même partielle interdite sans l’accord de l’AMRAE - page 20