Rapport final (1657 Ko)
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MINISTERE DE L'ÉQUIPEMENT, DES TRANSPORTS, DU LOGEMENT, DU TOURISME ET DE LA MER 2002 - 2007 DIRECTION DE LA RECHERCHE ET DES AFFAIRES SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES Accessibilité des transports collectifs départementaux : Contribution à un état de l’art RAPPORT DE RECHERCHE Lettre de commande n ° 05MT5 004 DRAST - MINISTERE DES TRANSPORTS JN THOMAS Consultant - Septembre 2007 - RESUME Rendre les réseaux de transport collectif totalement accessibles (véhicules, points d’arrêt, infrastructures et services associés) et les compléter par des services spécialisés pour les personnes fortement dépendantes dans leur mobilité. La conduite de cette politique dans les réseaux de transport urbain connaît ces dernières années des succès incontestables. Les réalisations en milieu non urbain ( périurbain, interurbain, rural ) sont beaucoup moins perceptibles, ce qui engendre des problèmes d’équité territoriale et de continuité dans la chaîne de transport. La mise en accessibilité totale des réseaux de transport interurbains (domaine de compétence des départements français en matière de transport routier de voyageurs) se heurte à des difficultés de deux ordres. D’une part les investissements nécessaires sont considérables étant donnés la dimension des réseaux, leur complexité, leur hétérogénéité et leur mode d’exploitation. La compétence transport des départements s’exerce en dehors des Périmètres de Transports Urbains existants et de la région Ile de France. Cela concerne 88 départements de France métropolitaine et près de 27 millions d’habitants. Un réseau départemental peut comprendre 5000 points d’arrêt et mobiliser 500 véhicules. La clientèle est principalement scolaire (à près de 80%). D’autre part l’effort à consentir pose la question plus générale de la qualité et de l’efficience des services offerts à l’ensemble de la population, dans la mesure où les réseaux ont peu évolué depuis le transfert de compétence de l’Etat aux départements au début des années 1980. Cependant, cette question de la gestion transport de leur territoire émerge sensiblement dans les réflexions actuelles et les stratégies d’intervention des responsables départementaux. La recherche porte sur cette interaction (technique, organisationnelle et institutionnelle) entre les implications de l’accessibilité et l’évolution de la politique transport des départements. Deux hypothèses conduisent la démarche de travail. L’accessibilité n’a pas de réponse unique et globale dans l’aménagement des réseaux de Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant - résumé - transport collectif interurbains. L’exigence d’accessibilité, contenue dans la loi française pour l’égalité des chances de février 2005, s’inscrit comme un accélérateur de la dynamique actuelle de recomposition de l’offre de transport gérée par les départements. La recherche s’est appuyée sur un travail documentaire documentaire, une enquête épistolaire auprès des départements conduite par le Groupement des Autorités Responsables de Transport et des investigations sur les sites de quinze départements retenus suivant des critères de configuration territoriale, de politique transport et de réalisations en matière d’accessibilité. La politique transport des départements s’oriente vers une logique de gestion de la mobilité, d’adaptation des moyens mis en place aux besoins de déplacements et à la demande de transport. L’exigence d’accessibilité contribue à rendre incontournable une rationalisation et une différenciation de l’offre de transport en développant cinq types de réseaux (avec des degrés de pertinence variables suivant les configurations territoriales) : lignes périurbaines – lignes express et liaisons entre pôles urbains – transports de proximité – transports scolaires - transports adaptés). Ces réseaux correspondent à des implications différentes de l’accessibilité en termes de niveau et modalités, d’aménagement de matériels et de points d’arrêt, d’organisation. L’accessibilité totale des transports interurbains se heurte à trois grandes limites : - un système d’anticipation et de réservation du voyage paraît incontournable, pour l’accueil des personnes en fauteuil roulant, - une modulation des aménagements aux points d’arrêt est indispensable, - des services spécialisés sont nécessaires pour le transport des élèves handicapés. Les départements sont amenés à effectuer des choix clairs en matière d’organisation des services de transport et d’équipement d’accessibilité, dans une perspective de légitimation de la dépense publique. Les solutions sont à définir localement en concertation et partenariat avec le milieu associatif, les collectivités locales et les exploitants. Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant - résumé - SOMMAIRE RESUME INTRODUCTION 1 I – PROBLEMATIQUE 4 I.1. SPECIFICITE DES TRANSPORTS DEPARTEMENTAUX I.2. RENOUVELLEMENT DES POLITIQUES TRANSPORT DEPARTEMENTALES II – METHODOLOGIE II.1. TRAVAIL DOCUMENTAIRE 4 6 8 8 II.2. ENQUETE EPISTOLAIRE AUPRES DES DEPARTEMENTS 8 II.3. EXPLORATION DE 15 SITES DEPARTEMENTAUX 9 III – RESULTATS 10 III.1. CONSTATS III.1.1 Diversité des situations départementales III.1.2 Les principales réalisations 10 III.2. LES IMPLICATIONS DE L’ACCESSIBILITE 19 III.1.1 Points d’arrêt accessibles III.1.2 Véhicules accessibles 19 III.1.3 Transports scolaires accessibles 22 III.1.4 Les besoins de transport des personnes handicapées et à mobilité réduite 24 III.1.5 La coopération institutionnelle 25 IV – MISE PERSPECTIVE IV.1. LA DYNAMIQUE TRANSPORT DES DEPARTEMENTS IV.2. ACCESSIBILITE ET HIERARCHIE DES RESEAUX V – DISCUSSION 1. LES LIMITES A L’ACCESSIBILITE TOTALE 2. LES CONDITIONS DE MISE EN OEUVRE V – CONCLUSION ANNEXES ANNEXE 1 : EXTRAITS COST 349 ( Hiérarchisation des points d’arrêt – coûts type d’aménagement)) ANNEXE 2 : EXEMPLE D’ARRËT ACCESSIBLE ANNEXE 3 : PRESENTATION CNT ANNEXE 4 : PRESENTATION GART 10 14 20 26 26 27 30 30 31 33 INTRODUCTION Un constat est à l’origine de cette recherche : quand on évoque la question de l’accessibilité des transports publics, c’est généralement aux réalisations dans les transports urbains que l’on pense, comme en témoigne cet extrait de la charte nationale d’accessibilité : « … rendre la cité, les transports, le cadre bâti faciles d’utilisation pour tous les citoyens……. donner à la personne handicapée sa place dans la cité. » Le droit au transport, l’égalité de l’ensemble des citoyens devant les services offerts renvoient, presque naturellement, au champ de l’urbain, de la cité. Et « au-delà des villes », cette question reste peu traitée et abordée. « Peu de pays ont résolu les problèmes d’accès aux transports interurbains. » (Mary Crass –2003) Pourtant, les transports non-urbains ont une importance particulière au regard des populations desservies. Et l’organisation, la finalité des réseaux mis en place diffèrent sensiblement des caractéristiques des réseaux urbains, tant par le matériel utilisé que par la qualité de l’offre de transport proposée. Pour répondre à l’exigence d’accessibilité, les solutions conçues et mises en œuvre dans les transports urbains ne peuvent être simplement transposées, moyennant quelques ajustements, aux transports non-urbains. La distinction entre les notions d’urbain et de non-urbain s’avère délicate quand il s’agit de territoires, de modes de vie, de pratiques de déplacement. Cependant, sur le plan des transports collectifs la Loi d’Orientation des Transports Intérieurs (LOTI) a posé clairement le domaine des transports urbains comme étant celui des Périmètres des Transports Urbains (PTU) définis par les collectivités territoriales (la région Ile de France étant hors du champ d’application de la LOTI). Cela ne va pas sans poser un problème de cohérence entre les « espaces vécus » et les « espaces administrés ». Ce découpage s’est accompagné d’un décalage dans les systèmes de transport entre les transports urbains (compétence des Autorités Organisatrices de Transports Urbains - AOTU) qui connaissent depuis deux décennies un fort développement grâce, notamment, à l’instauration d’une ressource spécifique (le Versement Transport), et les transports non-urbains (compétence des départements et plus récemment des régions pour le ferroviaire et les liaisons routières d’intérêt régional) pour lesquels il y a un consensus pour constater d’importants retards d’offre. Le tableau suivant montre ainsi que les dépenses par habitant pour les réseaux de transport collectif sont quatre fois supérieur dans les PTU que hors PTU, et plus de dix fois supérieur dans le rapport Ile de France / hors PTU. Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant Ile de France PTU Hors PTU Population Dépenses transports publics en 2002 INSEE 1999 GART - les chiffres de référence des transports publics 11 millions 22 millions 27 millions 6,7 milliards € 4,7 milliards € 1,4 milliards € 609 €/hab/an 214 €/hab/an 52 €/hab/an En 2002, les PTU couvraient une population de 22 millions d’habitants (Les chiffres de référence des transports publics –GART) et l’Ile de France 11 millions. Le milieu non urbain (au sens transport collectif) représente alors près de 25 millions d’habitants (45% de la population française). Et ces « non-urbains » nécessitent des dessertes spécifiques car les espaces où ils vivent et se déplacent sont vastes (80% du territoire national) et se diversifient de manière étonnante connaissant, sous l’influence des pôles urbains, une grande vitalité démographique. En reprenant les distinctions de l’INSEE, ces espaces ont une dominante urbaine ou une dominante rurale. Les pôles urbains (non encore couverts par les PTU), les communes périurbaines et multipolarisées représentent 15 millions d’habitants. 10 millions de personnes vivent dans les petites villes en milieu rural et les communes rurales (INSEE Première-2001). De par leur compétence, les départements ont la responsabilité de l’organisation et du fonctionnement des transports routiers non-urbains de personnes, dans les limites de leur territoire. Deux grands types de services peuvent être distingués : - Les services scolaires : Ils sont spécifiquement conçus pour desservir les établissements scolaires et ne fonctionnent que les jours et aux horaires d’ouverture de ces établissements. Ils peuvent être complétés par des services de taxi, ou des véhicules de faible capacité pour le transport des élèves et des étudiants handicapés. La LOTI a attribué aux départements la responsabilité de la prise en charge des frais de transport des élèves et étudiants handicapés sur l’intégralité de leur territoire, y compris les PTU. - Les services réguliers : Ils desservent les agglomérations depuis les communes périphériques, ils assurent les liaisons entre les pôles urbains, ils irriguent les communes rurales. La fréquence, l’offre de transport proposée est très variable d’une situation à l’autre, d’un département à l’autre. Des services de transport à la demande, sur réservation préalable, se sont développés récemment en milieu rural et dans le péri-urbain diffus. Les modes de gestion de ces services ne sont pas homogènes : - Lignes régulières (SRO-Service Régulier Ordinaire- comprenant à la fois des services réguliers pouvant transporter des scolaires et des services scolaires en doublage) ou lignes spéciales (SATPS-Service à Titre Principalement scolaire). Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant - Conventions d’exploitation avec les entreprises de transport en Délégation de Service Public ou en Marchés Publics, exploitation en régies départementale. - Délégation de compétence à des Autorités Organisatrices de second rang (communes, regroupement de communes, associations,….) selon les implications locales particulières. Le poids économique et social de l’activité transport des départements est important : - Plus de 2 millions d’élèves sont transportés chaque jour. Ils représentent près de 80% (en moyenne) de la clientèle et des dépenses des transports collectifs départementaux. - 25 000 véhicules sont mobilisés sur un parc total de près 40 000 autocars utilisé (SES 2002). Ces véhicules sont détenus (dans la plupart des départements) par les entreprises de transport qui souvent les utilisent en dehors des services départementaux (transports de personnel, excursions, activités péri-scolaires,….) - 1,4 milliard d’euros a été consacrés aux transports départementaux en 2002 (l’Etat finance environ la moitié des coûts du transport scolaire par l’intermédiaire de la DGD). L’objet de cette recherche porte sur l’accessibilité des réseaux de transport collectifs départementaux dans la double perspective : - L’accès aux transports publics pour tous, l’autonomie des personnes à mobilité réduite, la liberté de choix des modes de vie et de localisation résidentielle. - La gestion par les départements de systèmes de transport complexes destinés à répondre à des besoins et des pratiques de déplacement fortement différenciés et en constante évolution. Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant I. PROBLEMATIQUE La difficulté particulière que rencontrent les responsables départementaux tient au fait que la notion d’accessibilité doit être prise dans la double acceptation du terme : d’une part elle renvoie aux conditions dans lesquelles l’offre existante peut être utilisée par les Personnes à Mobilité Réduite, et d’autre part elle pose le problème plus général de la pertinence de cette offre, de son adéquation aux besoins de déplacements de la population prise dans son ensemble. Ce questionnement prend aujourd’hui un relief particulier dans la mesure où l’évolution des modes de vie, des sensibilités, des techniques transport, des configurations institutionnelles conduisent les départements à reconsidérer leur stratégie en matière de transport collectif. I.1. La spécificité des transports publics départementaux La mise en accessibilité des transports publics départementaux conduit à trois types d’interrogation portant sur les équipements d’accessibilité, l’organisation des réseaux et l’intermodalité. En premier lieu, les conditions d’aménagement des véhicules et de leur points d’arrêt ne paraissent pas évidentes : - Le parc des véhicules utilisé pour effectuer les services organisés par les départements est important. Près de 1000 véhicules sont mobilisés quotidiennement dans certains départements. Par ailleurs, ce parc est loin d’être homogène. Il peut s’agir de cars de ligne, de cars péri-urbains, de cars scolaires, de minibus, de voitures légères, de taxis. L’âge et les modalités de renouvellement des véhicules sont aussi très variables . - Equiper les véhicules d’un élévateur permettant d’accueillir des personnes en fauteuil roulant, ou opter pour des véhicules à plancher bas ? Les dispositions techniques (normes de construction,…), les conditions d’exploitation (configuration des voiries,….) contraignent les possibilités en matière de type de véhicule et d’équipements d’accessibilité. - Les véhicules, le plus souvent, ne sont pas dédiés à l’exécution des services des départements, sauf sur des lignes péri-urbaines et sur certains services de lignes interurbaines. La mise sur le marché des transports de ces véhicules en détermine les coûts d’utilisation et la nécessaire polyvalence. Des autocars à plancher bas peuvent être difficilement utilisés pour les excursions. - Les points d’arrêt sont très nombreux et multiformes. Un département peut gérer plus de 5000 points d’arrêt dont les aménagements et les conditions d’accès sont du ressort à la fois des départements et des communes. Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant Avec la segmentation de l’offre sur le marché des déplacements (scolaires, périurbains, interurbains, de proximité), les contraintes techniques, l’ampleur des moyens à mettre en œuvre, les départements peuvent difficilement adopter la même politique que celle conduite dans les transports urbains : rendre les réseaux totalement accessibles et les compléter par des services spécialisés pour les personnes fortement dépendantes dans leur mobilité. Les départements semblent s’orienter vers des approches spécifiques de l’accessibilité selon les types de services offerts et les catégories de populations desservies. L’accessibilité se double d’une interrogation sur l’organisation des réseaux et la finalité de la politique transport : - Des choix sont à faire entre réseaux accessibles, lignes accessibles, services accessibles sur certaines lignes, et organisation de transports adaptés, spécialisés, pour les Personnes à Mobilité Réduite. Quels paramètres définir, quels critères prendre en compte pour déterminer, dans une démarche d’intégration, le seuil entre services accessibles et transport adapté ? La demande prioritaire des personnes handicapées, des personnes âgées et de toutes celles qui présentent des limitations fonctionnelles dans leurs déplacements n’est pas qu’on leur dédie un système de transport spécifique mais de s’insérer dans les transports conçus pour tous, de pouvoir les utiliser de façon autonome. Pour les départements il ne s’agit pas de se référer principalement à la gravité du handicap pour définir des services adaptés, mais de reconsidérer l’ensemble des services proposés aux populations qui vivent sur leurs territoires. La question est d’importance, si l’on considère que c’est 30% de cette population qui est concernée par des situations de mobilité réduite. - Pour opérer ces choix « raisonnablement », les départements doivent dégager des priorités, mettre en œuvre une démarche centrée sur les besoins. En ce sens, l’intégration des élèves handicapés dans les transports scolaires constitue une problématique particulière, et c’est un enjeu fort des politiques éducatives. Plus largement, l’identification des populations, des pratiques et des flux de déplacements sur les territoires sont nécessaires pour mesurer les incidences techniques, organisationnelles et financières de l’ « accessibilisation » des réseaux départementaux. Quelle méthode d’investigation efficace, quelle capacité d’expertise adéquate, et quel processus décisionnel approprié ? - Un aspect fondamental est celui de la connexion entre les différents réseaux de transport. C’est la continuité de la chaîne de transport qui permet d’assurer la prise en charge d’un déplacement. La complémentarité entre les différentes lignes de transport, le rabattement de services spécialisés sur des services accessibles nécessitent l’aménagement des lieux de correspondance entre les lignes départementales, l’organisation de pôles d’échange avec les transports urbains et ferroviaires. Les actions conduites par les différentes Autorités Organisatrices de Transport doivent trouver leur cohérence en matière de tarification, d’information et de niveau d’accessibilité des moyens de transport. Le niveau d’accessibilité de la chaîne de transport est celui du maillon le plus faible. Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant I.2. Le renouvellement des politiques transport départementales Cette problématique de l’accessibilité apparaît comme un défi pour les départements, tant ses implications sont conséquentes. Cependant, elle trouve un écho dans une dynamique qui s’instaure depuis quelques années, une volonté récente des départements de s’impliquer davantage dans les transports publics. L’observation de différentes actions, expérimentations (essor des transports à la demande, lignes de cars express, déspécialisation des transports scolaires, billettique,….) laisse supposer un changement dans la stratégie transport des départements. Longtemps gestionnaires d’un système et d’infrastructures hérités du passé, ils recherchent maintenant l’amélioration de la qualité du service rendu, ils investissent dans les services de proximité. C’est le constat du passage d’une logique d’aménagement du territoire, de traitement sectoriel des questions de transport, à une logique de gestion de la mobilité. Parallèlement les formes de coopération et de partenariat avec les Autorités Organisatrices de Transport se développent pour gérer l’interface entre les lignes départementales, les lignes urbaines et ferroviaires. Les départements interviennent souvent dans le financement des transports urbains et sont associés à l’élaboration et la mise en oeuvre des Plans de Déplacements Urbains. L’extension et la création de nombreuses Communautés d’Agglomération ont entraîné une réduction des domaines d’intervention du département (en particulier en ce qui concerne le transport scolaire) et une multiplication des protocoles d’accord. Les départements mettent aujourd’hui l’accent sur la complémentarité des réseaux, l’intermodalité, l’intégration tarifaire, les dessertes rapides entre agglomérations, la constitution de syndicats mixtes. Certains départements globalisent aujourd’hui les débats sur la pertinence des transports publics en s’engageant dans des démarches de développement durable et d’agenda 21. La question de l’accessibilité des transports émerge sensiblement dans la réflexion des départements, l ‘élaboration des documents de planification, l’expérimentation ponctuelle de solutions innovantes, la politique de solidarité avec les personnes handicapées et les personnes âgées. Ces tendances vont se trouver renforcées avec la mise en œuvre de la loi pour l’égalité des chances et la citoyenneté des personnes handicapées de février 2005 dont le projet donne de nouvelles prérogatives aux départements et instaure l’obligation d’accessibilité des transports publics. « En cas d’impossibilité technique avérée, d’autres moyens de transport accessibles devront être mis à disposition ». Cette dernière proposition est au cœur de la problématique de l ‘accessibilité pour les départements. Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant La recherche s’est donnée pour objectif de cerner l’interaction entre l’exigence d’accessibilité et l’évolution de la politique transport des départements, dans les différentes dimensions : - Technique : qu’est-il possible, acceptable, raisonnable de faire en matière d’équipements d’accessibilité dans les réseaux de transport départementaux ? - Organisationnelle : comment l’accessibilité s’insère dans la gestion de la mobilité et les politiques transport départementales, quelles incidences sur le positionnement et l’évolution de l’offre ? - Institutionnelle : quels dispositifs se mettent en place entre les autres Autorités Organisatrices de Transport (urbain, région, Etat) pour rendre effectives l’intermodalité, la multimodalité ? Améliorer l’accessibilité signifie améliorer la qualité globale du système de transport. Cette hypothèse de travail se décline à une double condition pour les transports départementaux: - L’accessibilité n’a pas de réponse unique et globale, elle est plutôt le résultat d’un processus d’intervention sur les différents systèmes qui composent un réseau de transport collectif départemental. - Elle s’inscrit dans une dynamique actuelle de recomposition de l’offre de transport gérée par les départements et d’amélioration des services rendus aux population desservies. Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant II. METHODOLOGIE Sans chercher l’exhaustivité en dressant un panorama de l’ensemble des situations départementales, la recherche s’est efforcée d’appréhender les différentes dimensions du problème de l’accessibilité en procédant à des investigations dans des départements qui actuellement se positionnent fortement dans l’évolution de leurs réseaux de transport , l’expérimentation ou le renouvellement de leur stratégie d’intervention. Ces investigations ont eu lieu entre juin 2005 et mars 2006 La démarche s’est déroulée sur trois plans : II.1. Travail documentaire Il a consisté dans le recueil et l’analyse des différents documents produits par les départements en matière d’études, de documents de planification (schéma, plan de transport,…), de délibérations. Il a conduit à rassembler et structurer l’information disponible sur l’état des transports, les politiques de développement, les conditions de transport des personnes handicapées, des personnes âgées,……. Par ailleurs un rapprochement a été effectué avec les travaux du COST 349, programme européen qui a pour projet l’accessibilité des bus et des autocars longue distance pour les Personnes à Mobilité Réduite et qui pris fin en octobre 2005. L’objectif de ce programme était de produire un concept lié à des systèmes de transport collectif interurbains et internationaux prenant en compte l’accessibilité. Il s’intéresse à la fois aux caractéristiques techniques des véhicules, les conditions de leur mise sur le marché et l’impact sur la politique des autorités organisatrices de transport. II.2. Exploitation d’une enquête épistolaire auprès des départements Cette enquête, conduite par le Groupement des Autorités Responsables de Transport (GART), a porté sur les caractéristiques des réseaux départementaux, leur niveau d’accessibilité et les investissements réalisés en la matière, le fonctionnement des transports à la demande. Réalisée à l’automne 2005, l’enquête avait pour objet de recueillir les commentaires et le positionnement des départements concernant la loi sur l’égalité des chances et la citoyenneté des personnes handicapées du 11 février 2005. Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant 22 questionnaires exploitables ont été obtenus. II.3. Exploration de 15 sites départementaux Un enquête a été réalisée par des entretiens auprès des responsables transport de 15 départements choisis comme terrains d’étude pour être représentatifs et significatifs des situations départementales à trois niveaux : - A l’échelle territoriale : distribution des populations entre le rural et l’urbain, diversité des territoires, configurations institutionnelles,…. - Sur le plan de l’évolution des réseaux de transport : développement des transports à la demande, traitement du péri-urbain, lignes express, polyvalence des transports scolaires, intermodalité, tarification…. - Par les modalités de prise en compte de l’accessibilité : dispositifs existants, expérimentations, réflexions, stratégies,…. 15 départements ont été retenus suivant des critères de représentativité Population totale Densité milliers hab/km² 1 023 245 143 Bouches du Rhône Nb PTU Population hors PTU milliers % Total 6 59 6% 29 0 143 100% 1 861 370 9 82 4% Charente Maritime 579 85 4 280 48% Côtes d'Armor 565 81 4 378 67% Eure et Loire 419 70 4 246 59% 1 315 134 3 565 43% Héraut 912 157 4 289 32% Ile et Vilaine 893 133 4 353 40% Isère 1 116 152 5 506 45% Loire Atlantique 1 165 173 3 421 36% Nord 2 597 448 3 544 21% Bas Rhin 1 043 223 7 553 53% Saône et Loire 565 64 3 283 50% Seine et Marne 1 242 210 Alpes Maritmes Ariège Gironde Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant III.RESULTATS Les résultats de l’approche documentaire et des enquêtes auprès des départements permettent de conclure sur deux points : le constat d’une grande diversité des situations départementales, aussi bien dans la constitution des territoires ( département rural et à l’opposé département constitué de PTU contigus ), les caractéristiques des réseaux ( lignes cadencées, transports à la demande ), leurs modes de gestion ( DSP, marchés publics, régies) et les moyens mis en œuvre. Une ampleur également variable des implications de l’accessibilité. Elle donne lieu dans les départements à des initiatives multiples, mais en pointillé, sans réelles stratégies. Les départements qui procèdent par des actions construites restent peu nombreux III.1 CONSTATS III.1.1 La diversité des situations départementales Le graphiques ci-dessous rendent compte de l’importance des différenciations départementales tant sur les quantités de populations administrées, le rapport entre le milieu urbain et le milieu non urbain que sur le budget alloué aux transports. Population hors PTU (en milliers) Population PTU (en milliers) 2 053 1 779 750 744 610 623 964 490 540 299 544 289 82 173 353 280 283 0 246 Lo i re et R hi n Eu re B as C ha re nt e M ar iti m e G i ro nd e A tla nt iq Ile ue et Vi la in e Lo ire N or d es 187 553 506 59 ar iti m M A lp es 421 565 282 Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant 378 14 3 Budgets transport (en milliers € - source : CERTU – Transports collectifs départementaux Evolution 1999 –2004) 142 000 94 000 17 000 6 000 Lo ire B as R hi n 30 000 33 000 Eu re C ha re nt e A tla N or d 21 000 23 000 et 31 000 34 000 M ar it i m e 40 000 nt iq ue et Vi la in e G iro nd e 30 000 Lo ir e A lp es M ar iti m es 24 000 Ile 42 000 Les points saillants des quinze départements : Alpes-maritimes Territoire : 1 million d’habitants. Forte urbanisation du littoral avec six Périmètres de Transports Urbains Transports : Création d’un syndicat mixte pour coordonner les transports dans le département (objectif , un ticket unique) Accessibilité : Cars à plancher bas et véhicules aménagés pour le transport des élèves handicapés. Charte départementale de l’accessibilité aux transports. Ariège Territoire : Faible population. Dominante rurale . Réseau des petites villes. Position institutionnelle forte du département. Transports : Mise en place de transports à la demande depuis une décennie. Accessibilité : Etude en cours sur le transport des personnes handicapés et des Personnes à Mobilité Réduite. Bas-Rhin Territoire : Importantes voies de communication . Dynamisme de l’agglomération strasbourgeoise. Transports : Harmonisation du réseau. Desserte du péri-urbain . Intermodalité. Tarification. Information. Accessibilité : Ligne interurbaine d’autocars équipés d’élévateurs. Agenda 21 départemental. Bouches-du-Rhône Territoire : 1,8 millions d’habitants dont 95% vivent dans des aires urbaines. Essor de l’intercommunalité. Transports : Lignes express entre les agglomérations. Desserte du péri-urbain. Intermodalité. billettique Accessibilité : Ligne express équipée d’autocars accessibles (en cours). Etude en Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant cours sur l’accessibilité des transports collectifs. Politique de solidarité prioritaire. Charente Maritime Territoire : Département touristique structuré par sept pays. Création récente de deux Communautés d’Agglomération. Transports : Liaisons entre agglomérations et dessertes touristiques Accessibilité : Implications dans la cohérence des actions conduites par les communautés d’agglomération en matière d’accessibilité. Gironde Territoire : 1,3 millions d’habitants sur un vaste territoire. 900 000 habitants dans la Communauté Urbaine de Bordeaux. Forte croissance de la couronne péri-urbaine de l’agglomération bordelaise. Transports : Transports à la demande en milieu rural. Réseau de micro-services. Amélioration du service rendu par les lignes de transport scolaire. Intermodalité (tramway) Accessibilité : Réseau départemental « Transadpt ». Mise en place de véhicules accessibles sur des lignes péri-urbaines. « Bus de la solidarité ». Contrat de développement durable. Côte d’Armor Territoire : 560 000 habitants. Urbanisation multipolaire. Les communautés de communes sont moteurs des politiques d’aménagement du territoire. Transports : Une seule DSP pour l’exploitation du réseau départemental. Services de transport directs domicile-travail. Centrale de mobilité Accessibilité : Transports à la demande accessibles (accueil des personnes en fauteuil roulant). Trajets virtuels sur lignes régulières en heures creuses. Eure et Loir Territoire : 420 000 habitants. Proximité de l’agglomération parisienne. Densité des réseaux de communication. Transports : Un seul délégataire pour l’exploitation du réseau départemental. Département propriétaire des véhicules du réseau. Billettique interopérable en cours. Accessibilité : Transports à la demande accessibles (accueil des personnes en fauteuil roulant). Transports porte à porte un jour par semaine. Herault Territoire : Dynamique démographique du littoral. Essor de l’intercommunalité. Transports : Densification du réseau de transport interurbain. Accessibilité : Syndicat mixte (type SRU) à l’échelle du département pour assurer la continuité des transports. Agenda 21 départemental. Ile et Vilaine Territoire : Un territoire rural et une agglomération dynamique, Rennes. Transports :Délégation de compétence à des autorités organisatrice secondaires. Réorganisation des réseaux desservant Rennes. Accessibilité : Développement de l’accessibilité en périphérie de l’agglomération rennaise. Isere Territoire : 1,1 million d’habitant. Diversité des territoires. Dynamisme de l’agglomération grenobloise. Influence lyonnaise. Essor des Communautés d’Agglomération. Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant Transports :Transports péri-urbains. Lignes express entre pôles urbains. Déspécialisation des transports scolaires. Projet de tramway inter-urbain. Accessibilité : ligne interurbaine équipée d’un véhicule avec élévateur. Mise en accessibilité d’une ligne péri-urbaine (véhicules et points d’arrêt). Services à la demande pour les étudiants handicapés. Loire-Atlantique Territoire : Population de 1,1 million d’habitants en croissance rapide. Dominante urbaine structurée par les agglomérations de Nantes et Saint Nazaire . Transports :Développement des services en milieu péri-urbain (le Tamarin). Navettes en rabattement sur le ferroviaire. Syndicat mixte (SRU) avec une Communauté d’agglomération. Accessibilité : Réseau départemental de transport adapté « Abeille ». Elaboration en cours du schéma départemental des transports avec un volet accessibilité. Nord Territoire : 2,5 millions d’habitants. Place européenne. Territoire fortement métropolisé avec la Communauté urbaine de Lille et quatre Communautés d’Agglomération. Transports : Organisation et développement des transports départementaux en sept bassins de vie structurés par les flux de déplacements. Accessibilité : Schéma départemental des transports conçu dans une logique urbaine d’intermodalité, d’accessibilité. Saône et Loire Territoire : 550 000 d’habitants. Maillage de pôles urbains et ruraux. Vitalité démographique et attractivité du couloir Châlon-sur-Saône Mâcon Transports : densité de lignes inter-urbaines « périodiques ». Accessibilité : Mise en place de transports accessibles de la périphérie rurale vers l’agglomération de Mâcon. Seine et marne Territoire : Département le plus vaste de la Région Ile de France à la fois urbain et rural. Particularité des relations institutionnelles dans l’organisation des transport publics : département, région (STIF), Etat. Transports : Développement des lignes de bassin. Implication dans les transports à la demande. Accessibilité : Services de transport à la demande équipés pour accueillir les P.M.R. Mise en œuvre, dans son domaine de compétence, de la politique d’accessibilité du STIF. Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant III.1.2 Les principales réalisations 1 . Les navettes « grande accessibilité » sur les lignes Aix-Marseille et AubagneMarseille Le Conseil Général des Bouches du Rhône, dans une volonté de rapprocher les villes du département en réduisant les temps de transport, développe un réseau de navettes rapides par autoroute offrant des services cadencés entre 5 et 30 minutes aux heures de pointe. 12 lignes transportent ainsi près de 4 millions de voyageurs par an. Une expérimentation sur les lignes Aix-Marseille (2004) et Aubagne-Marseille (2005) équipe ces lignes d’une navette accessible une fois toutes les heures, de 6h à 20h toute l’année. Les véhicules (3 par ligne) sont des autocars Mercédès Citaro de 15mètres, à plancher surbaissé, offrant 52 places assises, 2 places pour les personnes en fauteuil roulant et 24 « places confort » pour les personnes à mobilité réduite. Un dispositif sonore signale aux personnes mal voyantes le départ et l’arrivée du car. Cet investissement représente de l’ordre de 300 000 € par véhicule. Un système d’agenouillement des véhicules et des rampes électriques intégrées aux portes centrales permettent l’accès des personnes en fauteuil roulant. Le trajet est direct, d’une gare routière à l’autre. Un système de réservation, géré par l’exploitant, a été mis en place pour les personnes en fauteuil roulant. Il n’y a pas d’aménagement particulier dans les gares où est prévue une assistance avec un agent d’accueil pour aider les passagers à se sangler. Le service enregistre en moyenne une réservation de personne en fauteuil roulant par mois. La tarification est identique à celle pratiquée sur l’ensemble du réseau. 2 . Les lignes périurbaines en Isère En concertation avec les associations représentatives des personnes handicapées et les transporteurs, le Conseil Général de l’Isère a entrepris une mise en accessibilité progressive de son réseau de transport en privilégiant les lignes périurbaines du département . 10 lignes ont ainsi été identifiées à forte fréquence sur les grands axes de déplacements (7 dans la région grenobloise et 3 dans la périphérie de Lyon). La ligne 7150 Grenoble-Voreppe-Voiron, qui dessert un centre d’éducation et de formation professionnelle pour les personnes handicapées moteur, est maintenant considérée comme totalement accessible : Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant - Elle est équipée d’un matériel roulant proche de celui utilisé en urbain : véhicules à plancher bas muni d’une palette pour l’accès des personnes en fauteuil roulant. Une place leur est réservée à l’intérieur des véhicules. Les points d’arrêt sont aménagés suivant les normes d’accessibilité pratiquée sur le réseau urbain grenoblois, correspondant aux recommandations du CERTU : plateforme surélevée à 21 cm (permettant le déploiement de la palette), bordure chasse roue (bordure biseautée pour le guidage du véhicule à l’accostage), bande de sécurité, sillon de guidage pour les personnes aveugle, dalles podotactiles face à la porte avant du véhicule, zone de manœuvre d’un fauteuil roulant face à la porte centrale, raccordement au trottoir avec une pente inférieure à 5%. - - Les conducteurs ont reçu une formation de « conducteur accompagnateur auprès des organismes agréés. Cette ligne pose d’importants problèmes d’exploitation qui jusqu’à présent ne sont pas résolus : - La réglementation impose en interurbain (la vitesse pouvant être supérieure à 50 km/h) l’arrimage des personnes voyageant en fauteuil roulant. Cela nécessite que l’assistance du conducteur qui doit quitter son poste de conduite (et sa caisse). - Les véhicules ne disposent que d’une place pour accueillir les personnes en fauteuil roulant. Quand plusieurs personnes se présentent (ce qui est souvent le cas), il leur est demandé d’attendre les cars suivants. Le fonctionnement de la ligne repose sur la bonne volonté des conducteurs (qui passent outre « les règles » du métier) et des personnes handicapées en fauteuil roulant qui ne doivent pas voir une forme de discrimination dans le fait de ne pas pouvoir voyager à plusieurs. 3. La ligne Wasselone - Strasbourg La demande croissante de déplacements entre Wasselone et Strasbourg, qui se traduit par une progression importante de la circulation le long de la route nationale 4, a conduit le Conseil Général du Bas Rhin a envisager à long terme l’implantation d’un transport collectif en site propre (tramway sur pneu). En attendant, une préfiguration de ce TCSP est mise en place par une desserte cadencée ( 15 minutes en heures de pointe) avec : - Des couloirs réservés pour les cars (à l’entrée des agglomérations) et une priorité dans la traversée des agglomérations. Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant - Un parc de véhicules spécifiques : 8 SETRA de 15 mètres comportant 65 places assises, 27 places debout, un emplacement pour fauteuil roulant. Ils sont équipés d’une plateforme élévatrice dans la porte centrale pour accéder au plancher standard à une hauteur de 875mm. Les aménagements intérieurs introduisent les contrastes de couleurs (par exemple nez de marche et mains courantes de couleur vive), l’affichage visuel (écrans vidéo) et sonore (sur demande) des points d’arrêt. - L’accessibilité des points d’ d’arrêt est traitée par des quais surélevés (21 cm) et des bordures hautes du type de celles utilisées dans le réseau urbain strasbourgeois (une vingtaine d’arrêts aménagés). - Un système de réservation pour les personnes en fauteuil roulant (en moyenne une réservation par mois) Le choix du matériel s’est porté sur des véhicules avec une hauteur de plancher standard, les véhicules surbaissés ont été jugés par la clientèle très bruyants, inconfortables et peu sécurisant (hauteur par rapport à la chaussée). Le type de voie (parcours sur voies rapides) et les distances parcourues sont ici en cause. Le fonctionnement de la ligne pour accueillir les personnes en fauteuil roulant pose des problèmes importants d’exploitation. Outre le fait que le conducteur doit quitter son poste de conduite pour assister la personne(de même que dans le périurbain isérois), le temps de manœuvre de l’élévateur et d’arrimage du fauteuil roulant représente pour la montée et la descente entre 10 et 15 minutes. Cette distorsion est peu compatible avec une ligne cadencée qui insiste sur la régularité des temps de parcours, et avec les conditions d’exploitation des véhicules. 4. Le réseau TIBUS des Côtes d’Armor Un modernisation du réseau de transport interurbain des Côtes d’Armor est intervenu en 2005 avec une nouvelle convention d’exploitation en Délégation de service Public : constitution d’une image du réseau (charte graphique et label), création d’une centrale de mobilité, tarification unique à 2 €, services de transport à la demande accessibles, services directs pour les domicile-travail. Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant Le département se présente plus comme un réseau de villes que comme un territoire centré sur une grande agglomération. Le phénomène de périurbanisation y est moins sensible qu’ailleurs. L’objectif du Conseil Général est alors de renforcer le maillage des dessertes entre les villes par les lignes régulières. C’est dans ce contexte qu’ont été mis en place les services de transport à la demande : - Ce sont des trajets virtuels sur les lignes régulières existantes, en heures creuses, qui sont activés en fonction des réservations. La clientèle est prise en charge et déposée à un point d’arrêt de la ligne. - 9 minibus de 22 places (Wing Iveco)sont aménagés de façon modulable afin de pouvoir accueillir jusqu’à 8 personnes en fauteuil roulant (2 en permanence). L’accès se fait à l’aide d’un hayon élévateur à l’arrière des véhicules. - Les réservations se font par l’intermédiaire de la centrale de mobilité. - Il n’y a pas d’aménagements spécifiques des points d’arrêt. La mise en place de ce nouveau réseau est récente. La clientèle y répond très favorablement en termes de fréquentation. Celle ci reste cependant très faible en ce qui concerne les personnes à mobilité réduite (une à deux personnes en fauteuil roulant par mois). Des équipements et des aménagements importants pour les personnes à mobilité réduite, mais aussi pour l’ensemble de la clientèle, sont en cours de préparation : - Annonce visuelle d’informations (écrans vidéo) à l’intérieur des véhicules. - Dispositif de localisation en temps réel des véhicules, d’information à le demande et d’assistance à la gestion du service. 5. Le réseau Abeille en Loire-Atlantique Le schéma directeur des transports départementaux de la Loire-Atlantique a diagnostiqué trois grandes zones territoriales sur les département, correspondant à trois types d’offre de transport collectif : l’agglomération nantaise et sa périphérie, le littoral et le milieu rural. Si les lignes régulières constituent l’armature du réseau de transport pour rejoindre Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant l’agglomération nantaise, la desserte du littoral à la fois périurbaine, saisonnière (fréquentation touristique) avec un effet « Riviera » (présence de nombreux retraités), reste problématique. C’est en milieu rural que le Conseil Général expérimente depuis 2000 un réseau de transport de proximité (le réseau Abeille), à la demande, ouvert aux personnes à mobilité réduite : - C’est un service sur réservation, porte à porte, qui propose 4 allers/retours par semaines pour 4 € l’aller/retour ( sur le réseau départemental, le tarif unique du voyage à l’unité est de 2€). Ils s’effectuent à la demi-jounée sur les créneaux horaires 9h-9h30 / 11h30-12h00 le matin et 14h00-14h30 / 16h30-17h00 l’après midi. - Il est géré localement par les intercommunalités ( réservation et commande auprès des entreprises exploitantes). Celles-ci (communautés de communes, syndicats de transport) interviennent comme autorités organisatrices secondaires, et participent à 50% au financement du service. - Les véhicules utilisés sont des taxis ou des minibus. Les personnes à mobilité réduite sont prises en charge par des véhicules spécialement aménagés et adaptés à leur handicap, avec un personnel formé. Elles bénéficient du service dans les mêmes conditions (réservation, horaires, destinations, motif du déplacement) que l’ensemble de la population. - Le transport s’effectue dans un périmètre géographique défini généralement par les limites des intercommunalités. - Il ne concerne pas les déplacements domicile-travail et domicile-école. La clientèle est constituée à 70% par les personnes âgées. - Le réseau s’est étendu progressivement à 10 communautés de communes du département et couvre une population de 300 000 habitants. Les personnes en fauteuil roulant représentent environ 500 voyages par an. En s’appuyant sur un partenariat fort avec les intercommunalités, le Conseil Général a recherché une organisation territoriale qui garantisse l’unité, la cohérence et l’efficacité des services proposés par le transport à la demande sur l’ensemble du département. Les réflexions sur le développement des services portent sur son extension à tous les jours de la semaine et à de nouvelle cibles comme le rabattement sur les lignes régulières ou le ferroviaire pour rejoindre les grandes agglomérations du département. Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant III.2 LES IMPLICATIONS DE L’ACCESSIBILITE La première réaction des responsables départementaux, quand on aborde la question de la mise en accessibilité complète des services dont ils ont la responsabilité, est de dire c’est « impensable », « hors de portée technique, financière et organisationnelle ». Puis les positions évoluent sensiblement vers une démarche plus consensuelle : « trouver des solutions qui satisfassent à la fois la loi, les usagers et les personnes handicapées ». 1 . Points d’arrêt accessibles 7 500 arrêts en Eure et Loire et en Gironde (un arrêt comprend en général deux points d’arrêt, aller et retour), 5 000 arrêts dans les Côtes d’Armor et en Isère. Un rapide « calcul de coin de table » (sur la base de 20 000€ à 40 000€ l’arrêt totalement accessible et équipé) conduit à des coûts de mise en accessibilité des réseaux de transport départementaux jugés astronomiques (300 millions € en Eure et Loire, Gironde et Loire Atlantique pour des budgets transport annuel ne dépassant pas 40 millions €). « Cela coûte très cher », « on ne pourra pas tout faire », « on va devoir supprimer des arrêts et dégrader le service rendu ». Et pourquoi rendre un accès accessible si les cheminements d’accès ne pas accessibles ? Le Département n’a la maîtrise des opérations et ne peut intervenir en direct que sur le réseau routier départemental en dehors des agglomérations (agglomération au sens du code de la route, entre deux panneaux). Il faut préciser que ces arrêts restent mal connus. Les quantités évoquées sont généralement des ordres de grandeur, rares sont les départements qui tiennent un décompte précis des arrêts sur leur réseau de transport : - D’une part une gestion différenciée des lignes régulières et des services spéciaux scolaires a fait porter les efforts de matérialisation et d’équipement sur les arrêts des lignes régulières (670 sur 5 000 dans les Côtes d’Armor, 1 200 sur 7 000 en Ile et Vilaine) , dans une logique de service public rendu à la population, d’aménagement du territoire. Avec l’effondrement des leur clientèle traditionnelle dans les années 1970/1980, ces lignes régulières interurbaines ont intégré progressivement les services spéciaux scolaires au voisinage de leur itinéraire (sous forme de « doublages » s’éloignant parfois sensiblement de l’itinéraire principal de la ligne). Les scolaires constituent aujourd’hui l’essentiel de leur clientèle (jusqu’à 90% en Saône et Loire). Il est tout de même à noter que les départements bretons conservent une part non négligeable d’usagers non scolaires sur leurs lignes régulières (70% de clientèle scolaire en Ile et Vilaine) - Par ailleurs, si les arrêts les plus fréquentés sont pérennisés dans les bourgs et les hameaux, bon nombre ne sont utilisés que par très peu d’enfants et « se déplacent » d’une année sur l’autre suivant la localisation de l’habitat des familles. Cependant cette situation évolue notablement pour des impératifs de gestion et de sécurité : - Le conventionnement, la remise en appel d’offres systématique de l’exploitation Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant des services de transport (hormis pour les régies départementales), les nouvelles dispositions du code des marchés publics ont profondément modifié les relations contractuelles entre les départements et les entreprises de transport. Et c’est souvent à l’occasion d’une remise en appel d’offres, afin d’établir un cahier des charges précis d’exécution des services, que les départements procèdent au recensement des points d’arrêt, leur évaluation et leur intégration dans un dispositif de suivi. - La sécurisation des points d’arrêt est devenue une préoccupation majeure des politique transport des département, surtout depuis que leur responsabilité a été engagée dans des accidents de la circulation impliquant le transport scolaire. Ainsi le département du Bas-Rhin a entrepris en 2001 un chantier de mise en sécurité des arrêts avec une prise en compte des personnes à mobilité réduite, suivant les textes de loi existants alors. Des bordures hautes ont été introduites avec une surélévation de la zone d’attente voyageur afin de réduire la hauteur d’accès aux autocars. Des profils d’aménagement d’arrêt sur route départementale hors agglomérations ont été définies en différenciant les voies supportant un trafic de plus ou moins 1 500 véhicule jour. Les coûts d’aménagement sont de 12 000 € à 15 000 € pour une intervention lourde et de 2 000 € à 3 000 € en surcoût d’un marché d’entretien général des routes. Trafic < 1 500 véhicules/jour Les configurations départementales sont très variables dans la distinction agglomération / hors Trafic > 1 500 véhicules/jour agglomération. Si les arrêts en rase campagne sont peu nombreux dans le Bas Rhin (habitat groupé de type rhénan), ils représente 90% des arrêts dans l’Ile et Vilaine. 2 . Véhicules accessibles La question des véhicules accessibles est abordée par des interrogations sur leurs caractéristiques, leurs coûts, leurs modalités d’exploitation. Les Charentes - Maritimes et Le Nord insistent sur le fait qu’en l’absence de spécifications techniques et de la faiblesse de l’offre de matériels proposée sur le marché, il est difficile de positionner les véhicules adaptées aux différentes lignes et offres de transport, aux différents services. L’Isère envisage d’équiper les lignes périurbaines avec des véhicules surbaissés et les lignes de montagne avec des véhicules munis d’élévateurs. L’Isère et l’Ile et Vilaine ont commencé à élaborer un cahier des charges concernant l’aménagement intérieur des véhicules, les caractéristiques des matériaux, les contrastes de couleur, les dispositifs d’information. Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant 300 véhicules en Saône et Loire, 500 dans les Côtes d’Armor, 670 dans le Nord, près d’un millier en Isère, le parc de véhicules mobilisé pour effectuer les services de transport départementaux est conséquent et varie suivant l’importance de la clientèle. Les départements se sont engagés dans des politiques de modernisation de ce parc avec un taux de renouvellement des véhicules de l’ordre de 10% par an en moyenne. Seul cas observé dans les départements enquêtés, l’Eure et Loire est propriétaire de son parc de véhicules. Cependant les départements peuvent intervenir directement sur une partie du matériel par l’intermédiaire de leurs régies (cas de l’Isère). En général, les Délégations de Service Public (pour les lignes régulières) et les marchés publics (pour les spéciaux scolaires) s’appuient sur le matériel propre aux entreprises de transport. Les surcoûts induits par l’accessibilité portent sur les équipements, la capacité des véhicules et leur possibilité de réutilisation : - La possibilité d’équiper le autocars existants avec des dispositifs d’accès pour les personnes en fauteuil roulant n’est généralement pas envisagée. Cela nécessiterait des interventions lourdes et coûteuses sur la structure des véhicules. En l’absence d’un marché d’autocars accessibles il est difficile d’évaluer le coût du renouvellement des parcs de véhicules. - Dégager à l’intérieur des véhicules un emplacement pour une personne en fauteuil roulant entraîne une diminution de la capacité du véhicule de 4 à 6 places. Cela risque de nécessiter la mobilisation de véhicules supplémentaires pour accueillir l’ensemble de la clientèle, en particulier scolaire. Les départements cherchent à maîtriser les dépenses transport par une rationalisation du dimensionnement des réseaux, en termes d’organisation des services et d’occupation des véhicules. C’est une gestion délicate car la clientèle peut varier d’un jour à l’autre, d’une période à une autre. A cet égard, il faut noter la position du département de l’Isère qui dans une politique d’ouverture et de promotion des services scolaires ( appelés lignes de desserte locale) à l’ensemble de la population prévoit de laisser dans les véhicules 5 places libres pour la clientèle non scolaire. - Les équipements d’accessibilité, les autocars accessibles vont limiter les possibilités de leur réutilisation par les entreprises de transport (donc renégociation des coûts liés aux investissements) pour d’autres activités que celles consacrées au transports départementaux. La Saône et Loire s’interroge ainsi sur la capacité des soutes et les conditions de transport des personnes avec des bagages. Cependant on observe une tendance à la segmentation du parc de véhicules des entreprises de transport correspondant aux différentes utilisations : tourisme et excursions, lignes régulières, transports scolaire. Ainsi l’Ile et Vilaine a négocié avec les exploitants une réutilisation de 7% de leur 240 véhicules de lignes régulières. Dans le nord, le système de réemploi des véhicules ne dépasse pas les 10%. Cette tendance à dédier les véhicules pour l’exécution des transports départementaux permet aux départements de développer l’identité et l’image du réseau départemental, par l’intermédiaire de la livrée des véhicules. Les problèmes d’exploitation de véhicules accessibles notés précédemment en Isère et dans le Bas Rhin paraissent insolubles dans le cadre de la réglementation actuelle sur l’arrimage des fauteuils roulant en interurbains. Des incompatibilités subsistent avec le « métier » de conducteur et les efforts de cadencement des services. Il faut rajouter à cela les contraintes de maintenance. Le bon fonctionnement des palettes et des élévateurs nécessite des révisions régulières et fréquentes, surtout lorsque ces dispositifs sont peu utilisés (une fois par mois en moyenne dans les Bouches du Rhône et le Bas Rhin). Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant S’il y a peu de visibilité pour les départements sur l’évolution du parc des véhicules, le département du Nord reste positif et note que l’incorporation des normes d’accessibilité dans l’architecture des véhicules peut conduire à une modernisation des autocars, constituer « un vecteur pour une autre image de l’autocar » à l’instar de l’impact des véhicules à plancher bas dans les réseaux urbains. 3 . Transports scolaires accessibles Là, la position des département est unanime, « c’est inconcevable » ». Deux arguments se croisent pour expliquer que d’une part il n’y a pas de problème d’accessibilité dans les transports scolaires, ils sont déjà accessibles, et d’autre part la disproportion entre les moyens à mettre en oeuvre et les résultats auxquels on peut s’attendre est inacceptable. Les efforts doivent porter sur la mise en sécurité des réseaux de transport scolaire. L’enquête conduite par le GART auprès des départements montrent clairement qu’en matière d’accessibilité les département mettent immédiatement en avant leur prise en charge du transport des élèves et des étudiants handicapés. La LOTI a transféré aux départements la responsabilité des frais de transport des élèves et des étudiants handicapés sur leur territoire (y compris les PTU). Ils y répondent de deux façons : - soit par un remboursement de ces frais de transport aux familles (comme en Gironde sur la base de justificatifs), - soit par l’organisation de la prise en charge de ces élèves ou étudiants par l’intermédiaire des taxis (sous la forme de marchés à bons de commande), ou de services fonctionnant sur le principe du transport à la demande (minibus sur 4 secteurs dans les Alpes Maritimes, et pour le transport d’étudiants handicapés en Isère). Le nombre d’élèves et étudiant handicapés pris en charge est de 35 en Ariège, 260 en Saône et Loire, 500 dans les Alpes Maritimes et le Nord, 680 en Isère. Les critères définissant les ayants droit sont généralement ceux utilisés auparavant par l’Etat : taux de handicap égal ou supérieur à 80% reconnu par la CDES. Certains département ont étendu le bénéfice de la prise en charge à des taux de handicap inférieur et des enfants scolarisés dans des UPI ou des CLIS. Le coût de cette prise en charge est important : en moyenne 4 500 € par élève et par an (il est en moyenne de 750€ par élève et par an sur l’ensemble des transports scolaires). Le budget annuel dépasse les 3 millions € dans les Alpes Maritimes, l’Isère et le Nord. Ce budget connaît ces dernières années une croissance rapide avec l’augmentation des effectifs (150 élèves et étudiants handicapés en 1998 en Ile et Vilaine, 396 en 2005). Les départements ne maîtrisant pas les décisions de la CDES, cette évolution reste peu expliquée. Il semblerait que les positions ministérielles en faveur de la scolarisation des élèves handicapés en milieu ordinaire commencent à porter leurs fruits, particulièrement dans l’enseignement primaire, et que les familles hésitent moins à se manifester. A l’idée d’accueillir les élèves et étudiants handicapés dans les services ordinaires de transport scolaire les départements réagissent en disant : Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant - Ces services ordinaires correspondent peu à leurs besoins de déplacement. Les établissements scolaires ne peuvent s’adapter à toutes les formes de handicap. Les élèves handicapés ont souvent des cursus et des rythmes d’enseignement adaptés. Ils nécessitent parfois des déplacements spécifiques pour des soins. Aussi les origines-destinations, les trajets domicile-établissement scolaire, la fréquence de déplacement des élèves et étudiants handicapés s’intègrent difficilement dans les réseaux classiques de transport scolaire. Des services spécialisés pour le transport des élèves et étudiants handicapés seront toujours nécessaires, « on ne remplacera jamais les services dédiés » (Bouches du Rhône). - En ce qui concerne les élèves susceptibles d’être transportés sur les services scolaires ordinaires, il y a la possibilité de mettre à temps sur ces services les moyens adaptés à leurs besoins de transport. La demande de transport scolaire est connue avant la rentrée scolaire, ce qui permet d’ajuster chaque année les moyens à mettre en place. Avec une procédure efficace d’attribution du droit au transport des élèves et des étudiants handicapés, il est possible d’identifier les lignes, les circuits à équiper d’un matériel adapté ou d’un service d’accompagnement. Avec un nombre de véhicules accessibles restreint, les élèves et les étudiants handicapés étant peu nombreux, le département peut répondre à la demande sans avoir à organiser une accessibilité généralisée de son réseau de transport scolaire Il reste la question de la « déspécialisation des transports scolaires», son ouverture à tous les publics, donc les conditions de sa mise en accessibilité. La LOTI a fait entrer les transports spécifiquement scolaires (SATPS - services à titre principalement scolaires) dans le cadre des transports publics avec la possibilité des transporter des usagers non scolaires « dans la limites des places disponibles ». Cette notion génère beaucoup d’ambiguïté, de dysfonctionnements, de difficultés de gestion des services et d’inéquité dans le traitement des élèves. Ainsi un élève ne se voit pas proposé les mêmes conditions d’offre de transport et de tarif suivant la desserte de sa commune de domicile par des lignes régulières ou des services spéciaux scolaires. Le département de l’Isère garantit des places réservées pour un public autre que scolaire, mais avec des résultats qui restent à expliciter. Les autres départements rencontrés font peu de cas de cette possibilité d’utiliser les services spéciaux scolaire pour améliorer la desserte des territoires. « C’est marginal et ça le restera » dit-on dans les côtes d’Armor. Les services sont très ciblés en destination, jours et horaires de fonctionnement. « Cela peut rendre service à certains publics en insertion, selon les secteurs ». Alors on ne voit pas bien à qui pourrait profiter une mise en accessibilité complète des services de transport scolaire. « Mettre des véhicules accessibles sur les transports scolaires, ça ne sert à rien sinon à perdre de la place ». Et comme les investissements sont importants, « avec moins d’argent on peut faire beaucoup mieux pour aider les personnes handicapées et à mobilité réduite ». Par là se profile pour les départements la légitimation de la dépense publique. Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant 4 . Les besoins de transport des personnes handicapées et à mobilité réduite Cette question de l’utilité des investissements d’accessibilité dans les transports renvoie tout naturellement à l’adaptation des moyens en œuvre aux besoins de transport des personnes handicapées et à mobilité réduite. « On ne sait pas où sont les personnes handicapées, combien elles sont, où elles vont, quel est leur handicap (Ile et vilaine). Cette problématique des besoins est maintenant devenue centrale pour différencier et dimensionner les services de transport. Les schémas départementaux établissent des projets d’organisation à partir de la définition de bassins de déplacement, l’identification d’axes de déplacements, la mesure de flux de déplacements. Les Bouches du Rhône et l’Ariège ont confié à des prestataires extérieurs des études prospectives sur les besoins de transport des personnes handicapées et à mobilité réduite. L’Isère a conduit une étude en interne. L’approche quantitative s’avère très délicate tant les données disponibles sont parcellaires, fragmentées et sans cohérence. A la COTOREP et la CDES, les logiciels de traitement des demande sont conçus dans une optique de gestion et non d’analyse. Quant aux résultats : « Pas de scoop » dit-on dans les Bouches du Rhône. Les personnes handicapées sont relativement peu nombreuses (quand il s’agit des personnes en fauteuil roulant, des personnes avec un handicap lourd) et leur déplacements se retrouvent sur les principaux axes de déplacement de la population en général. Elles ont tendance aussi à se rapprocher des zones urbaines, peutêtre pour une raison de proximité des établissements de soins. Ces résultats expliquent, en partie, que les dispositifs d’accès aux personnes en fauteuil roulant équipant les autocars sont peu utilisés : une fois par mois en moyenne dans les Bouches du Rhône, Le Bas Rhin et les Côtes d’Armor. Sur ce sujet, les départements font plusieurs remarques : - Une personne handicapée a besoin, plus que tout autre voyageur, qu’il lui soit proposé des transports accessibles de son domicile jusqu’à son lieu de destination. Il ne suffit pas d’équiper un autocar pour permettre à une personne en fauteuil roulant de se déplacer. Ainsi le département des Bouches du Rhône note qu’une personne sur la « navette grande accessibilité » entre Aix et Marseille, doit trouver des solutions transport dans les agglomérations d’Aix et de Marseille pour accéder aux gares routières. - En ce sens, le département de l’Isère observe que c’est une offre de transport accessible tout au long de la chaîne du déplacement, qui peut révéler la demande de transport des personnes handicapées, qui sont aujourd’hui limitées dans leur possibilités de déplacement. - Les centres d’hébergement, les établissement spécialisés dans l’accueil des personnes handicapées génèrent des besoins de déplacement spécifiques et doivent être pris en compte de façon prioritaire dans la mise en accessibilité des réseaux de transport. - Par ailleurs, les efforts doivent porter non seulement sur la prise en charge des personnes en fauteuil roulant, mais sur les conditions de transport de l’ensemble des populations handicapées et à mobilité réduite. Les bordures hautes des points d’arrêt dans le Bas Rhin permettent ainsi aux personnes âgées d’accéder plus facilement aux autocars. L’Isère et l’Ile et Vilaine travaille à l’élaboration de cahiers des charges véhicules, points d’arrêt et information. Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant 5 . La coopération institutionnelle C’est une préoccupation forte des départements de gérer l’accessibilité des réseaux dont ils ont la responsabilité en cohérence avec les autres réseaux de transport auxquels ils sont interconnectés, et de traiter l’ accessibilité à la bonne échelle. Les Bouches du Rhône, les Alpes Maritimes, l’Hérault, les Charente Maritimes sont engagés dans un démarche de syndicat mixte, aux côtés des autorités organisatrices de transport urbain et parfois des régions. L’intermodalité, l’homogénéité tarifaire, la billettique, l’information multimodale, sont autant de missions données à ces syndicats mixtes pour faciliter l’accès à tous des réseaux de transport. Cette démarche est longue et difficile à mettre en œuvre, pour des raisons politiques, techniques et financières. Les départements, particulièrement ceux fortement urbanisés, y voient cependant une tendance à l’organisation unique des transports. Le département des Alpes Maritimes exprime clairement la volonté d’une gestion globale de l’organisation des transport publics à l’échelle départementale permettant ainsi, en ce qui concerne l’accessibilité, d’assurer sur l’ensemble du territoire la complémentarité ente les services ordinaires accessibles et les services spécialisés pour les personnes lourdement handicapées. La desserte des territoires ruraux est orientée par les départements vers les services de proximité et les transports à la demande accessibles. La Loire Atlantique propose la même offre de transport pour l’ensemble de la population et met en place les véhicules adaptés pour les différents types de population. Pour cela, à des fins de subsidiarité, elle s’appuie sur l’organisation territoriale du département en communautés de communes à qui elle délègue la compétence transport, et avec qui elle partage les financements. L’efficacité de la gestion et la cohérence au niveau départemental sont ainsi assurées. Le département de la Gironde est également bien avancé dans ce type de démarche. Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant IV. MISE EN PERSPECTIVE IV.1 La dynamique transport des départements La Loi d’Orientation des Transports Intérieurs (LOTI) a transféré en 1982 aux départements la responsabilité de l’organisation des transports collectifs routiers interurbains de voyageurs. Les départements se sont substitués aux services de l’État pour gérer les infrastructures et les services existants. Au cours de la dernière décennie, leur stratégie transport a connu de profonds bouleversements, en recherchant maintenant l’amélioration de la qualité du service rendu et en investissant dans les services de proximité. C’est le constat du passage d’une logique d’aménagement du territoire, de traitement sectoriel des questions de transport, à une logique de gestion de la mobilité. 1. Les facteurs d’évolution Les obligations légales et une sensibilisation nouvelle à l’importance des transports publics dans le fonctionnement sociétal conduisent les départements au renouvellement de leur politique transport : Le conventionnement. La contractualisation avec les entreprises de transport, pour l’exécution des services, a été rendue obligatoire. Elle prend la forme de Délégation de Services Publics ou de marchés publics. Elle impose une durée limitée des contrats et une remise en appel d’offres systématique. Les départements sont alors amenés à s’interroger sur la pertinence des services mis en place. L’élaboration des Plans de Déplacements Urbains, instaurés par la loi sur l’air de 1996, interroge également les responsables départementaux quant à l’interconnexion des réseaux et l’implication financière des départements dans les transports publics des agglomérations. Le développement durable. Il intervient dans la définition des objectifs de l’action départementale. L’élaboration d’agenda 21, en particulier, interpelle fortement les services de transport. La solidarité intègre les nouvelles compétences des départements en matière d’action sociale et fait référence aux conditions de déplacements, au droit au transport pour tous. Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant 2. Les grands chantiers Un processus de modernisation des réseaux de transport départementaux se trouve ainsi enclenché en ouvrant de grands chantiers qui concernent l’organisation des services, l’intermodalité et les équipements de réseau : Les schémas départementaux de transport. Ils visent à planifier l’organisation et le fonctionnement des services pour répondre aux besoins de mobilité des populations en cohérence avec l’ensemble des systèmes de transport. La tarification et la billettique. L’attractivité des réseaux est recherchée par une simplification des accès et une diminution de son coût pour les usagers. Les pôles d’échanges. Ils constituent les lieux d’intervention privilégiés pour l’interconnexion des réseaux La sécurité des points d’arrêt. Le recensement, l’identification et l’aménagement des points d’arrêt sont devenus des enjeux forts pour les départements. IV.2 Accessibilité et hiérarchie des réseaux En suivant une politique d’adaptation des moyens mis en place aux besoins de déplacements et à la demande de transport, les départements tendent à rationaliser leur offre de transports en développant cinq types de réseaux qui ont des incidences directes sur les modalités de l’accessibilité en termes de matériel et d’organisation. L’exigence d’accessibilité, et ses implications financières, conduisent les départements à clarifier nettement la segmentation en réseaux de l’offre de transport dont ils ont la responsabilité. Deux approches permettent de différencier l’offre de transport départementale et ces cinq types de réseaux, l’une commerciale (en termes de clientèles, de moyens adaptés à des quantités et des flux de déplacements), l’autre sociale (en termes de réponses données aux besoins de déplacements de populations spécifiques ou dépendantes). Cette organisation tendancielle est présenté comme un « schéma virtuel » agrégeant les démarches les plus abouties observées dans les départements approchés. 1. L’approche commerciale Le réseau périurbain. Il a pour fonction de répondre à l’étalement urbain et la congestion des entrées d’agglomération. Il se rapproche sensiblement, dans sa configuration, de celle de l’urbain avec une tendance à l’accessibilité totale des lignes, des véhicules à plancher bas, des transports à la demande en heures creuses ou dans les zones peu denses, des points d’arrêt adaptés. Des difficultés subsistent cependant, notamment en ce qui concerne la réglementation pour l’ancrage des fauteuils roulants dans les véhicules en interurbain, et l’aménagement de l’intégralité des points d’arrêt. Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant Le réseau interurbain. Il a pour vocation les liaisons armatures entre pôles urbains, et de compléter ou de pallier le déficit de l’offre ferroviaire. Il est constitué de lignes express ou de lignes régulières classiques, avec le plus souvent des autocars à plancher haut. La mise en accessibilité de ce réseau connaît quelques limites : seuls certains services sont équipés de véhicules accessibles ( élévateurs pour les planchers hauts ), ou ne sont aménagés que les principaux points d’arrêt. Un système de réservation obligatoire est instaurée pour les PMR (la fréquentation des lignes équipées reste faible : une personne en fauteuil roulant par mois, en moyenne, sur les lignes observées). • Prédominance de la clientèle scolaire (de 70 à 95% ) et concentration de la clientèle commerciale sur quelques lignes • Age maximum des véhicules 7 à 10 ans ( entre 100 et 300 véhicules suivant les départements ) • Points d’arrêts recensés,identifiés, matérialisés ( Poteaux, abribus ) • Coût du voyage commercial de l’ordre de 10 € ( 6 € sur les lignes express, jusqu’à 50 € sur les lignes peu fréquentées ) 2. L’approche sociale Le réseau spécialisé de transports scolaires. Organisé par secteurs géographiques, il irrigue finement le territoire. Il est composé d’un réseau classique utilisant généralement des autocars de grande capacité complété par des services spécialisés pour le transport des élèves et des étudiants handicapés. Ces services n’ont pas les mêmes trajets, ni les mêmes horaires que ceux du réseau classique. Une démarche se sécurisation des points d’arrêt est en cours de développement dans de nombreux départements. • Multiplicité des points d’arrêt ( 7500 en Eure et Loire et Gironde ). Beaucoup sont peu utilisés et non permanents • Age maximum des véhicules 15 à 18 ans • Coût du voyages scolaire de l’ordre de 2,5 € ( 750 € par an ) Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant Un réseau de transport de proximité en milieu rural sur la base de transports à la demande effectués à l’aide de minibus accessibles ou de taxis, sur réservation et avec prise en charge au domicile. Les départements cherchent à assurer un homogénéité dans la qualité des services offerts et les populations cibles. Il cherchent aussi à impliquer les collectivités locales (principalement les communautés de communes) dans la gestion et le financement de ces services, en déléguant leur compétence. • Minibus et taxis • Cofinancement • coût du voyage en TAD de l’ordre de 15 € Le réseau de transport adapté pour la prise en charge des personnes lourdement handicapées. L’organisation départementale tend à se substituer à celle mises en place par les associations afin de mutualiser les moyens, généraliser au territoire départemental les caractéristiques des services offerts, les catégories d’ayants droit et les conditions de prise en charge. • 4 000 € en moyenne par élève handicapé et par an (entre 100 et 700 élèves suivant les départements) • 30 € la course TPMR ( base Ile de France ) Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant V. DISCUSSION Les expérimentations menées par les départements en matière d’accessibilité n’envisage pas l’accessibilité totale des services de transports départementaux. Celle-ci est même inconcevable. Deux principales limites constituent les points durs de la mise en accessibilité des services de transports départementaux. Ils concernent les conditions de prise en charge des personnes handicapées en fauteuil roulant : un système de réservation paraît incontournable et une modulation des aménagements aux points d’arrêt est indispensable. Cette limitation de l’accessibilité constitue une discrimination vis à vis des personnes handicapées et à mobilité réduite, en particulier dans l’esprit de la loi du 11 février 2005 sur l’égalité des chances et la citoyenneté des personnes handicapées. Elle implique la mise en place d’un dispositif d’évaluation dont le principe doit être accepté et reconnu par les personnes handicapées et à mobilité réduite, et dont la définition nécessite leur étroite collaboration. Cette concertation portera alors non seulement sur les spécifications techniques de l’accessibilité, mais aussi sur la précision de niveaux d’accessibilité où l’accessibilité est différenciée dans sa qualité suivant les moyens mis en œuvre. Pour les départements, la mise en accessibilité de leurs réseaux de transport reste problématique. D’une part, ils sont confrontés à une obligation légale qui les oblige à une interprétation des textes de la loi, de ses décrets et directive d’application, une loi dont l’ambition est l’accessibilité totale. D’autre part, les conditions de mise en œuvre sont peu visibles, aussi bien sur les plans budgétaire qu’institutionnel pour assurer la continuité de la chaîne du déplacement. 4.1. Les limites à l’accessibilité totale des services de transports interurbains L’accessibilité des services de transports départementaux est finalement vécue par les différents acteurs comme une question de moyens. Les limites à cette accessibilité sont expliquées par une trop grande disproportion entre les investissements à réaliser et les conséquences, leur utilité et les résultats auxquels on peut s’attendre. 1. La réservation du service Le premier point dur, c’est la capacité du véhicule pour l’accueil des personnes en Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant fauteuil roulant. Si cette capacité est limitée à une place, que se passe-t-il, et c’est assez fréquent, quand les personnes handicapées se déplacent à plusieurs ? Un autre aspect, lié au véhicule, tient à la réglementation sur l’arrimage des fauteuils roulants en milieu non urbain. Elle nécessite l’intervention du conducteur pendant pratiquement 15 minutes pour effectuer les manœuvres. Il en résulte une incompatibilité avec les contraintes d’exploitation des services et une dégradation de la qualité du service rendu à l’ensemble des usagers. Les services accessibles expérimentés par les départements fonctionnent avec un système de réservation qui permet de mettre en place les moyens adéquats en terme de matériel ou d’accompagnement. 2. L’accessibilité des points d’arrêt Les arrêts des réseaux de transports départementaux sont en quantités très importantes, certains départements en comptabilisent jusqu’à 10 000. Leur utilisation est très variable, et les ¾, probablement, concernent la clientèle scolaire. Les politiques de sécurisation menées par les départements conduisent à rationaliser ces points d’arrêt (sont ils tous utiles ?), les fixer (en évitant leur déplacements d’une année scolaire sur l’autre), les classer en catégories ( suivant leur rôle et leur utilisation) et définir des aménagements propres à chacune de ces catégories. Cette hiérarchisation des arrêts correspond à des distinctions entre les gares routières, les pôles d’échanges, les arrêts en centre bourg, les arrêts en zone rurale. La logique des départements consiste alors à s’appuyer sur cette politique d’aménagement des points d’arrêt pour la développer en y intégrant des spécifications propres à l’accessibilité. 4.2. Les conditions de mise en œuvre de l’accessibilité des transports interurbains Si l’accessibilité est expérimentée dans certains départements, pour aucun d’entre eux elle n’est conçue en terme de réseau, se limitant à des réalisations ponctuelles. Cependant ces réalisations permettent de situer les enjeux et les alternatives des départements pour la mise en accessibilité de leurs réseaux de transport. 1. La définition de niveaux d’accessibilité En se situant dans une perspective d’amélioration de l’accessibilité, plutôt que d’accessibilité totale, les départements sont amenés à faire des choix, effectuer des arbitrages sur la prise en compte de l’accessibilité aux niveau des différentes composantes de leurs réseaux de transport. La démarche est tout d’abord centrée sur les besoins des personnes handicapées dans une approche sociale de proximité plutôt que quantitative. Elle précise ensuite des Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant critères et définit des normes d’accessibilité aux différentes étapes d’un voyage sur le réseau départemental, suivant les différentes catégories de handicap. Elle aboutit ainsi à proposer différents niveaux d’accessibilité selon les services offerts. 2. Les contraintes de réalisation La première équation que les départements auront à résoudre est d’ordre budgétaire. Il sera nécessaire de mobiliser des financements pour l’aménagement des points d’arrêt, les équipements d’accessibilité des véhicules, les moyens supplémentaires à mettre en place pour les services spécialisés et pour compenser la perte de capacité des véhicules rendus accessibles. Ensuite, pour donner un sens à l’accessibilisation de leurs services de transport, les départements devront chercher à être en phase, créer des partenariats et des structures de coordination avec les différentes autorités responsables qui interviennent dans l’organisation globale des systèmes de transport. Enfin, à cette contrainte institutionnelle s’ajoute l’obligation légale de mise en accessibilité des services de transport public d’ici 2015, dans un contexte de faible visibilité du marché des autocars accessibles, et des équipements d’accessibilité. Il est intéressant de noter que les résultats des travaux du COST 349, concernant l’accessibilité des transports interurbains, aboutissent à appuyer la démarche d’accessibilité des points d’arrêt sur celle de sécurité et d’effectuer une hiérarchisation des aménagements selon l’utilisation des arrêts et leur localisation sur le territoire (les extraits du rapport s’y rapportant sont reproduits en annexe). La réservation du service par les personnes handicapées est également envisagée, mais en reconnaissant que cela peut constituer une forme de discrimination. Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant CONCLUSION La mise en accessibilité des réseaux de transports publics interurbains nécessite de mobiliser des moyens importants que les départements doivent moduler et affecter de manière circonstanciée selon les configurations de leurs réseaux. Ainsi, l’exigence d’accessibilité impacte directement l’organisation et les caractéristiques de ces réseaux. Elle vient renforcer et accélérer l’évolution actuelle des politiques transport des départements, dans une perspective d’adéquation de l’offre de transport aux besoins de déplacements, et de légitimation de la dépense publique. Cette mise en accessibilité bute sur des limites en termes de fonctionnement de services et d’équipement d’arrêt qui impliquent une évaluation de l’accessibilité en termes de qualité et de niveaux. Cette évaluation peut être vécue comme discriminante par les personnes handicapées et à mobilité réduite. Une concertation étroite est nécessaire pour viabiliser les mesures envisagées. Se pose alors la question de la reconnaissance des résultats de ce dialogue, et de la sécurité juridique de l’action départementale face à l’obligation légale de mise en accessibilité totale des services de transports publics. L’accessibilité ne peut se concevoir qu’en intégrant la totalité et la continuité de la chaîne du déplacement qui s’inscrit dans un découpage administratif des territoires. Elle contribue au renforcement et au renouvellement des formes de coopération institutionnelle. Ainsi des syndicats mixtes de transport, type loi SRU, peuvent voir leur vocation élargie à l’organisation des services de transports publics à l’échelle départementale. Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant ANNEXE 1 EXTRAITS COST 349 ACCESSIBILITÉ DES AUTOCARS ET BUS À LONGUE DISTANCE POUR LES PERSONNES À MOBILITÉ RÉDUITE Hiérarchisation des aménagements des points d’arrêt Coûts type d’aménagement des points d’arrêt Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant Hiérarchisation des aménagements des points d’arrêt 4.3.3. Installations aux points d'arrêt Il existe une hiérarchie des points d'arrêt, depuis les points d'arrêt en zones rurales très peu fréquentés jusqu'aux points d'arrêt très fréquentés en zones urbaines centrales, en passant par des points d'arrêt moyennement fréquentés dans les zones suburbaines et les villages ou petites villes. Les installations à prendre en compte incluent : • les sièges ; • la protection contre les intempéries ; • les informations sur les services, y compris les numéros de téléphone des sociétés locales de bus ou de taxi ; • les poubelles ; • un téléphone public ; • l'éclairage ; • le signal d'alerte /appel d'urgence L'installation ou non de l'une ou de toutes ces installations dépendra de la fréquentation du point d'arrêt, de l'emplacement et de la place disponible et des coûts. Les points d'arrêt des bus et autocars longue distance pourraient être classés comme suit : • points d'arrêt en zones rurales ; • points d'arrêt dans des villages ; • points d'arrêt dans de petites villes ; • points d'arrêt en zones suburbaines ; • points d'arrêt dans des centres urbains de moyenne et grande tailles. Au-delà de ceux-ci, la hiérarchie comprend aussi les points d'arrêt dans les gares routières, les terminus et les centres d'échange des transports en commun. Dans les zones rurales, lorsqu'un point d'arrêt n'est utilisé qu'occasionnellement, l'installation minimale incompressible devrait être la suivante : • un moyen d'identifier le point d'arrêt ; • des informations sur les services ; • une aire pavée Les points d'arrêt dans des villages et dans des zones rurales utilisés plus régulièrement sont ceux pour lesquels seront réalisées de meilleures installations. Cela pourrait inclure : • une aire d'accostage surélevée (voir 4.3.1) ; • un éclairage de la zone d'attente ; • Un panneau indiquant les horaires et les points d'arrêt ; • Un siège de type miséricorde (ou appui ischiatique) à l'arrière de l'aire d'embarquement pourrait être considéré comme une option supplémentaire. Les points d'arrêt dans les petites villes et zones suburbaines, en plus des installations précitées, devraient comporter : • des sièges ; • une protection contre les intempéries (abri pour passagers) ; Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant 1 • une poubelle. Les points d'arrêt dans des centres urbains de taille moyenne et de grande taille disposeront de toutes les installations précitées. Des informations sur les horaires et le service pourront inclure les directions vers d'autres services de bus et d'autocars à proximité, plus un plan des rues avoisinantes. La quantité de sièges prévue devrait être basée sur le niveau de fréquentation du point d'arrêt. L'abri passagers devrait être suffisamment spacieux pour que (au moins) un utilisateur de fauteuil roulant puisse attendre à l'abri. Lorsqu'il est totalement fermé, l'abri devrait avoir une profondeur de 2 000 mm, avec un espace de trottoir libre d'au moins 1 500 mm entre l'arrière de l'abri et le bord du trottoir pour donner à l'utilisateur du fauteuil roulant la place de tourner dans l'entrée de l'abri. Il devrait également y avoir de la place en face de l'abri. Coûts type d’aménagement des points d’arrêt • Installation minimale : zone d'attente pavée (9 m2), nouvelles bordures de quais, présentoir et panneau de signalisation pour horaire et points d'arrêt de bus – 2000 à 3000 € au minimum mais 8000 à 10 000 € avec en plus un abri et un simple banc • Installation moyenne : zone d'attente pavée surélevée (jusqu'à 30 m2), abri et sièges, éclairage, présentoir et panneau de signalisation pour horaire et points d'arrêt de bus – 15 000 à 20 000 € ; • Installation complète : identique à l'installation moyenne plus distributeurs de billets, téléphone, borne d'appel d'urgence – 30 000 € et plus. Ces coûts ne sont donnés qu'à titre indicatif et supposent qu'il n'y a pas de problème avec le site du point d'arrêt, comme sa situation sur une pente raide ou la nécessité d'entreprendre d'importants travaux de voirie. Comme le montre l'exemple de la ligne située en Ile de France, dans des circonstances particulières, les coûts peuvent être beaucoup plus élevés. Si des améliorations d'accès sont apportées aux points d'arrêt dans le cadre d'une rénovation normale, les coûts devraient être beaucoup moins élevés que ceux indiqués. Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant 2 ANNEXE 2 EXEMPLE DE POINT D’ARRET ACCESSIBLE Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant 3 Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant 4 ANNEXE 3 PRESENTATION CONSEIL NATIONAL DES TRANSPORTS (avril 2006) Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant 5 ANNEXE 4 PRESENTATION GROUPEMENT DES AUTORITES RESPONSABLES DE TRANSPORT (Commission accessibilité - mars 2007) Accessibilité des transports collectifs départementaux / JN THOMAS Consultant 6