Zibeline n°45 en PDF

Transcription

Zibeline n°45 en PDF
45
du 12/10/11
au 17/11/11
Ouvertures
et
Débats
un gratuit qui se lit
Politique culturelle
Le Silo
Ouverture du théâtre Liberté
Ouverture du KLAP, de l’Espace NoVa
Les Rencontres d’Averroès, La Réplique, Cavaillon
5
6, 7
8
9
Saisons
Le Chêne Noir, les Halles, le Balcon, les Doms, les Carmes
10, 11
Théâtre
Le Gymnase, Toulon, les Bernardines, Aix, Port-de-Bouc
Le Jeu de Paume, Avignon, Gap
Au programme
Jeune public
12
13
14 à 18
19
Danse
Merlan, GTP, Pavillon Noir
Dansem, Drôle de hip hop
Au programme
20
22
24
Cirque/Arts de la rue
Small is beautiful, Salon Public
Grasse, Briançon, le Merlan, Sainte-Maxime, Martigues
26
28
Musique
Marseille, Toulon
GTP, Festes d’Orphée
Au programme
Jazz
Aix, Marsatac
30, 31
32
33 à 37
38
39
Cinéma
FFM, Cinépage
Les rendez-vous d’Annie, De bon matin
AFLAM, Horizontes del Sur, Apt
Image de ville, Instants vidéo, Gardanne, FIMÉ
42, 43
44
45
46, 47
Arts visuels
Au programme
Nouvelles galeries
Concours CCIMP, Prix Mourlot
Saint-Rémy-de-Provence, Arles
Istres, La Seyne-sur-Mer
Vol de nuits, Alcazar
48, 49
50
51
52
53
54
Livres/Arts
55
Livres/disques
56
Livres
Littérature
58, 59
Rencontres
Actoral
Les Littorales, Ouest Provence
Les Correspondances de Manosque
Au programme
Le Mexique
60
61
62, 63
64, 65
66, 67
Histoire
Echange et diffusion des savoirs, Archives départementales
ABD Gaston Defferre, MuCEM
68
69
Philosophie
La parole politique
La Pop philosophie, les Rencontres capitales, Alcazar
Les Ateliers de l’Euroméditerranée
Les Actions de participation
70
71
1, 2
3, 4
Horizons
La biennale d’art contemporain de Lyon
76
Débats et
arrière-gardes
Les temps électoraux approchent et partout la parole se
prend, les débats s’organisent. Sur nos petits écrans, mais
aussi dans nos salles, bibliothèques, sur nos scènes, dans
les rues, même dans les Fiesta ! Le besoin de parole est
palpable, de changement, d’air nouveau dans une atmosphère devenue étouffante, où chacun sent que les repères
communs vacillent.
Pourtant la forme des débats pourrait bien, insidieusement,
confisquer la parole. La télé a modelé les attentes et les
interventions sont minutées, entrecoupées de projections
et de saynètes. Comme si on avait peur que le Verbe ennuie
sans recours au Dieu Technologie.
Trop long, entend-on dès lors qu’un conférencier s’attarde
en une démonstration dialectique, ou qu’un spectacle
emmène un peu plus loin qu’on attendait. Trop compliqué,
dès qu’une musique s’appuie sur une écriture harmonique,
un spectacle sur une exégèse dramatique, un article sur
une analyse qui dépasse l’émotion. Et inacceptable, ennuyeux et élitiste dès lors qu’un chiffre est cité, un mot
technique, un concept. L’esthétique du slogan a gagné, et
la Communication tient lieu de relation, l’affirmation de
vérité, la vitesse de rythme, l’indignation d’action politique.
Comment en serait-il autrement quand un patron despote
qui faisait fabriquer ses joujoux à bas prix est 10 mille fois
plus célèbre que Camus ou Max Planck ?
Résister passe aujourd’hui par le refus de ce formatage de
la parole, de la pensée, de la création artistique. Et par la
réappropriation de la science, la lutte contre la confiscation, à des fins productivistes, des technologies humaines.
Croire à l’artisanat et l’écriture, à la lenteur et à l’éveil, à
la complexité, l’élaboration, n’est pas un combat d’arrièregarde, et la plus grande arnaque de notre siècle est d’avoir
imposé à nos corps des appendices technologiques qui a
priori nous rebutaient. Steve Jobs les a rendus beaux, la
frénésie capitaliste indispensables. Rien ne nous oblige à
les laisser s’imposer sur nos cimaises, dans nos spectacles,
nos livres, notre parole, nos débats. Et par là même à contaminer nos affects et nos cerveaux «disponibles», soumis à
des stress inédits, férocement destructeurs.
AGNÈS FRESCHEL
RetrouveZ nos éditions précédentes
sur www.journalzibeline.fr
LE SILO
POLITIQUE CULTURELLE
05
C’est parti ! La nouvelle salle de spectacle de l’ancien Silo à grain
d’Arenc a ouvert ses portes
Le grain est livré
L’inauguration du Silo n’est pas passée inaperçue : ouverture officielle avec
Monsieur le Maire et Monsieur Ollier, ministre chargé des relations avec le
parlement, puis mini spectacle pendant les journées du patrimoine (insipide,
voire affligeant, mais qui a permis de tester les belles capacités acoustiques
du lieu), puis concert de l’Opéra (vois ci-dessous), et reprise de La Cité radieuse
de Frédéric Flamand par le Ballet national. À chaque occasion la salle de près
de 2000 places était pleine, preuve que l’équipement est bienvenu ! Le
bâtiment est magnifique, idéalement situé, et la reconversion de ce patrimoine
industriel en salle de spectacles est indéniablement une des meilleures idées
qu’ait eue la Ville.
Pourtant, si l’acoustique et l’esthétique ont été particulièrement soignées conservation de la «salle des mamelles», béton brut, bois et métal- la visibilité
des spectacles n’est pas idéale : la scène est restreinte pour une salle de cette
dimension (18m d’ouverture), les 20 danseurs du Ballet y étaient à l’étroit, le
décor écrasé. De plus le peu de déclivité de la salle éloigne très vite les
spectateurs de la scène, et les oblige à regarder entre les têtes des spectateurs
placés devant. L’ancien silo est étroit, peu haut et très long, donnée
architecturale qui n’a pas pu être contournée…
Quant à la programmation à venir, elle est d’un hétéroclite inquiétant : stand
up comiques, spectacles de tourneurs, Noelle Perna y côtoie Bernard Tapie, on
y évoque Piaf et Joe Dassin dans des shows de pur divertissement… S’il est
évident qu’une salle de 2000 places ne peut pas faire de l’avant-garde et doit
penser à des «produits d’appel», ceux-là sont d’un goût culturel douteux, et
peu aptes à élever l’âme. Ceci dit il y aura aussi le trio Capuçon (Violon
Violoncelle Piano), Patti Smith et Barbara Hendricks, dont on espère que l’une
et l’autre auront conservé la voix de leur jeunesse…
De fait, la programmation du lieu est confiée par une Délégation de service
public à la Fnac et à Véga, gestionnaire d’équipements sportifs et culturel dont
le but est de rentabiliser les places (il leur en manque d’ailleurs au compteur,
la salle n’atteignant pas les 2050 places assises prévues au départ…) et qui,
par vocation, n’a pas pour habitude de retenir des critères de qualité artistique.
Reste qu’il s’agit d’un équipement culturel public, et qu’on est en droit d’en
attendre un minimum d’exigence : la présence du BNM et de l’Opéra Municipal
semblent, pour l’heure, garantir que la Ville saura préserver des espaces pour
la diffusion des compagnies qu’elle subventionne.
AGNÈS FRESCHEL
Si la sol au Silo !
Cependant, celui qui a manifestement marqué les
esprits reste le ténor marseillais Luca Lombardo.
Sa ligne de chant, parfaite dans Verdi et surtout
son art achevé de l’émission dans l’Air de Jean
d’Hérodiade de Massenet, font de lui l’un des rares
chanteurs au monde à pouvoir interpréter ce
répertoire en français avec une telle maestria.
Le Chœur, somptueux, pourtant placé loin en fond
de scène, n’a pas manqué de sonner avec netteté
(hors un pianissimo un peu faux dans Mascagni),
quand le précieux orchestre municipal, nonobstant
quelque tuilage harmonique excentrique (La Wally),
attaque toussotante (Bacchanale de Samson et
Dalila) ou un 1er violon dégoulinant sur l’«âme
innocente» de Faust (compensé par une vibrante
Méditation de Thaïs) a été, dans l’ensemble, à la
hauteur de l’événement, grâce à son talent, et
malgré un manque flagrant de répétitions.
JACQUES FRESCHEL
À venir :
Concert inaugural au Silo © Christian Dresse
Le Chœur et l’Orchestre de l’Opéra au complet,
sous la baguette de Luciano Acocella, ont quitté
leur théâtre coutumier pour un concert inaugural
offert aux Marseillais dans cette salle qu’ils
occuperont dès 2014 pour toute la durée des
travaux place Reyer. Ils secondaient donc le 21
septembre d’éminents chanteurs dans un récital
périlleux ! Il est spectaculaire de voir des artistes
prendre de grands risques dans d’acrobatiques arias,
au pied d’un orchestre volontiers cannibale, tels
des funambules pendus à leur corde (vocale) sous
les hauteurs d’un chapiteau !
Si dans la première partie, les chanteurs ont pris la
mesure de l’acoustique du lieu -fort bonne côté
spectateurs, permettant une analyse fine du grain
des voix, mais un peu sèche pour les artistes
n’ayant pas droit à l’erreur-, la seconde a généré
des vivats admiratifs.
Marc Barrard campa un Escamillo tout en legato,
Beatrice Uria-Monzon superbe dans Cavalleri
Rusticana, Jean-Philippe Lafont comédien
accompli, Teodore llincai jeune ténor «spinto» aux
aigus décoiffants, ont ravi. À ce jeu, le beau timbre
d’Adina Aaron dans l’air de Leonora et la diva
Patrizia Ciofi impressionnante de courage dans
Violetta, ont recueilli les plus intenses bravos.
Barbara Hendricks, récital, le 15/10
Christelle Chollet dans l’Empiafée, le 21/10
Agnès Obel, le 28/10
Mado fait son show de Noëlle Perna, le 5/11
Patti Smith group, le 7/11
Les Montagnes russes pièce de Eric Assous, le 8/11
M. Pokora, le 11/11
Second Souffle du groupe Pokemon Crew, le 13/11
L’Ensemble Capuçon avec Renaud (violon) et
Gautier (violoncelle) Capuçon et Frank Braley
(piano), le 16 nov
Le Silo
04 91 90 00 00
www.silo-marseille.fr
06
POLITIQUE CULTURELLE
OUVERTURE DU THÉÂTRE LIBERTÉ
Autobiographie
d’un acteur ?
Stars
et gerbes
de feux
L'inauguration
du Théâtre Liberté
© Agnès Mellon
Pour frapper les premiers trois coups du Théâtre
Liberté à Toulon le 17 sept, Charles et Philippe
Berling avaient souhaité «réunir tous ceux qui aiment le théâtre». Leurs amis Fanny Ardant (avec
laquelle l’acteur joua un extrait de La Musica de
Duras), Nathalie Baye, Michel Boujenah, Tonie
Marshall, Emmanuelle Béart et des directeurs de
théâtre venus en voisin : Christian Tamet, Macha
Makeïeff, Dominique Bluzet qui, heureux de se
pencher sur le berceau, leur offrit un buste de Molière… Ensemble ils baptisèrent successivement les
trois salles en présence de Frédéric Mitterrand qui
annonça «qu’il y aura à Toulon une scène nationale
avec le CNCDC Châteauvallon et le Théâtre Liberté»,
d’Hubert Falco qui rappela brièvement son ambition de rénover l’ancien cinéma Gaumont pour créer
un théâtre… Trois salles donc, dédiées à des personnalités du monde des arts : la salle Fanny Ardant,
la salle Albert Camus considérée par les frères Ber-
ling comme «l’un de leurs maîtres», la salle Daniel
Toscan du Plantier dont Nathalie Baye raviva le
souvenir : «Il était sans doute l’ambassadeur le plus
éblouissant du cinéma français. C’était aussi un rassembleur qui faisait tomber les barrières». A l’image
d’un théâtre qui se veut éblouissant et rassembleur ?
Après quelques images du film Madame Butterfly
produit par Toscan du Plantier et trois notes de piano de Ivan Cassar, les 7000 personnes furent invitées
à se joindre à la fête sur la place de la Liberté sous les
tirs des artificiers du Groupe F. Plus de 4000 personnes visitèrent le bâtiment le lendemain : espérons
que cet appétit de théâtre ne s’amenuise pas !
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Théâtre Liberté
04 98 00 56 76
www.theatre-liberte.fr
Du grand presque rien
Comment dire des choses graves avec
légèreté, en riant, tout en faisant
mouche et sans grincer des dents ?
Emma Dante a sa recette : la metteure en scène sicilienne taille à
mains nues dans la chair des comédiens qui jouent les équilibristes,
écrit La Trilogie des lunettes en
dialecte napolitain, salmigondis de
© CarmineMaringola
chuchotements, de râles et de chansons, et combine l’art de la pantomime
à la tradition des Pupi, célèbres marionnettes siciliennes. Comme Guignol,
elle prête à ses acteurs des propos
mielleux et de cruelles paroles,
alterne farce tragique et parodie
paroxystique pour évoquer la marginalité de l’homme : pauvre et esseulé
comme le navigateur
imaginaire Spicchiato
(ah ce fou de mer qui
chante, la bave coulant
des commissures des
lèvres, seul dans la tempête !) ; Nicola, seigneur
déchu de son château,
emmuré dans sa torpeur
et accompagné de deux
bonnes sœurs à lui seul
dévouées (pièce blasphématoire aux accents
felliniens) ; vieux couple
pathétique encore fré-
missant d’amour (un peu moins
convaincante ?). Emma Dante voit le
monde comme une farce grotesque ou
une tragédie dans lesquelles ses antihéros se débattent avec leurs rêves
pour seules armes : celui d’embrasser
la mer, de tenir debout coûte que
coûte, de danser enlacés. Eux seuls
portent des lunettes, dernier rempart
contre un monde qui les terrifie ?
Même dans la démesure, l’esprit de ce
théâtre du «presque rien» ne verse
jamais dans l’hystérie, et si la vie ressemble à un vaste manège de foire, le
regard d’Emma Dante est plein de
tendresse. Mais mieux vaut ne pas
être borgne ou aveugle !
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
La Trilogie des lunettes
a été joué au Théâtre Liberté
de Toulon du 4 au 6 oct
Le genre est indéniablement fécond,
et férocement casse-gueule. L’industrie du livre a pris la sale habitude de
produire des autobiographies, plus ou
moins écrites à quatre mains, des stars
politiques ou médiatiques arrivées ou
vieillissantes. En découvrant ce «récit» on se dit que Charles Berling, au
sommet d’une célébrité d’acteur qu’il
mérite, ne sait décidément résister à
aucun miroir aux alouettes… On a
tort ! Dès les premières pages ouvertes on sent que le projet est fort, et
singulier. Dès le titre même, emprunté à L’Etranger, qui dit ses racines et
laisse présumer de brûlures secrètes.
Le récit est construit par une succession de voix narratives qui s’épanchent
en monologues mais se répondent,
s’éclairent mutuellement, à travers le
temps, depuis le Maroc jusqu’à la
France. Car c’est davantage à un portrait de sa mère qu’à un tableau de
lui-même que Charles Berling se livre.
Et si ce n’est pas une révélation littéraire (il n’est ni Cohen ni Sarraute), si
l’on regrette quelques étalages inutiles, quelques approximations, de
belles coquilles et fautes d’orthographe (n’ont-ils plus de relecteurs
chez Flammarion ?), le récit vous
happe indéniablement dans son rythme rapide, d’émotions en révélation
et, sans coup de théâtre maladroit,
ménage pourtant ses effets jusqu’à la
fin. Et ce n’est qu’en creux, avec discrétion malgré d’étonnantes ruades
d’impudeur, que se lit le roman de
l’acteur. Sa force et sa violence, sa
peur de la folie, son irrépressible besoin de se livrer et jouer, son appétit
féroce de sensations, d’évasion, de
rencontres, de famille.
AGNÈS FRESCHEL
Aujourd’hui, maman est morte
Charles Berling
Flammarion,
17 euros
Apologie
du théâtre
Le choix de Philippe Berling était aux antipodes de l’anodin : il fallait oser ouvrir son théâtre avec L’Art de la
Comédie d’Eduardo De Filippo, devant un parterre de
politiques et de professionnels, après les remous (justifiés) provoqués par l’obtention du label de scène
nationale ! Car la pièce pose très clairement les problèmes entre les artistes et les politiques : après une
longue scène où un préfet, qui se targue d’originalité
pour cacher son paternalisme, discute avec une comédienne qui voudrait exercer son art et en vivre, le
torchon brûle entre eux, violemment, la comédienne
refusant l’aumône de l’homme d’état, le menaçant du
pouvoir de son art… jusqu’à ce que le théâtre et le réel
s’emmêlent. Ce que De Filippo refuse ainsi, c’est que l’Art
soit traité comme un luxe ou un divertissement, et non
comme une nécessité. À l’époque où en Italie le théâtre
de Dario Fo et Franca Rame affirme sa dimension politique, De Filippo le met en abime comme une force agissante,
subversive, qui peut troubler et bouleverser le réel.
La mise en scène de Philippe Berling donne une grande
lisibilité à ce propos, qui résonne ainsi comme une déclaration d’indépendance. Rien de clinquant dans la mise
en œuvre, scénographie et costumes sont même un peu
ternes, sans tape-à-l’œil ; mais les comédiens, Clotilde
Mollet en femme de tête acharnée, et lente, Alain Fromager en préfet survolté, tous sont parfaitement dans
leur rôle, bons musiciens, chantant juste, osant la
démesure exactement quand il le faut. Mais le plus réussi
demeure la maîtrise de la progression dramatique : la
cohérence de cette pièce, très didactique dans sa première moitié, puis construite comme un drame bourgeois
qui aurait goûté aux accélérations du vaudeville, n’est
pas évidente. Philippe Berling donne le temps de comprendre le propos, laisse un rire de complicité s’installer
peu à peu, puis détraque la machine avec un grand plaisir.
Une ouverture vraiment réussie pour le co-directeur du
théâtre, d’autant que la Trilogie des Lunettes dans l’autre
salle (voir ci-contre) puis Alexis, une tragédie grecque (voir
p 12) confirment aussi ses talents de programmateur.
AGNÈS FRESCHEL
L’Art de la Comédie a été créé au Théâtre Liberté, Toulon,
du 29 sept au 2 oct
L'Art de la comedie
© Agnès Mellon
08
POLITIQUE CULTURELLE
LE KLAP | VELAUX
KLAP, ça ouvre !
Super Nova
Zibeline : Comment se présente ce
nouveau bâtiment ?
Michel Kelemenis : C’est à l’origine
un ensemble de 5 hangars à camions
et une teinturerie. La Ville de Marseille, qui est maître d’ouvrage, l’a
rénové entièrement en conservant les
façades anciennes, et leur cachet
industriel. On a donc trois espaces
dédiés à la danse, indépendants, plus
les bureaux, les espaces techniques,
et un foyer pour les danseurs. Le
studio de 270m2, qui est équivalent à
notre équipement précédent (l’ancien
Studio Kelemenis, ndlr) et peut accueillir 100 spectateurs, le petit Studio
de 130m2 plutôt destiné aux actions
culturelles et, pour 240 spectateurs,
la Salle de création. Qui a un magnifique plateau de 15m sur 15, un
partenariat avec la Maison de la Danse
de Lyon et le Centre National de la
Danse.
Quelle sera la teneur de la programmation ?
L’axe reste celui que nous avons mis
en œuvre depuis des années. Nous
accueillerons toutes les compagnies
marseillaises qui souhaitent bénéficier gratuitement du studio, et trouver
une visibilité soit en donnant des
cours, soit en ouvrant les répétitions.
Nous allons continuer d’éplucher les
actions culturelles envers les voisins,
les scolaires, les classes de danse, les
gens de tous les âges… Mais notre
cœur d’attente reste l’élaboration des
œuvres : le KLAP n’est pas une école,
mais une maison de création.
Avez-vous les moyens de faire vérita-
qui s’autofinance à plus de 50%1, qui
a entièrement la charge financière de
la programmation du KLAP.
Est-ce que le KLAP défendra une
certaine esthétique de la danse ?
La diversité culturelle est essentielle
à Marseille. Il m’a été reproché de ne
pas définir de ligne esthétique claire,
mais c’est là justement mon propos.
Je veux défendre le hip hop, la danse
conceptuelle, théâtrale, voire néoclassique, et aussi les paroles balbutiantes
ou incomplètes, avec la même énergie, au même niveau. Quant à ma
compagnie, et à mon travail d’artiste,
ils ont bien entendu une identité
esthétique forte (et reconnue ! ndlr),
mais celle-ci n’a d’intérêt que dans un
champ varié, dans le creux de ce terrain garant d’une lecture complète du
corps.
Et par où allez vous commencer ?
Nous avons pré-ouvert avec la reprise
d’Henriette et Matisse, ma dernière
pièce jeune public programmée en
collaboration avec le Massalia. Les
21, 22 et 23 oct c’est notre grande
ouverture : deux jours de cours, deux
soirées de spectacles amis qui
s’invitent (Ex Nihilo, Ballet d’Europe,
Grenade, Sekwati Mantsoe, BNM,
Ballet du grand théâtre de Genève,
ndlr). Et puis juste après les questions de danse débutent. Aux
Bernardines pour les petites formes
(voir p22), et dans les deux espaces
publics chez nous…
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL
KLAP, le hall © Agnès Mellon
1
équipement technique à la hauteur,
et une grande qualité acoustique et
visuelle…
Vous voulez dire que l’on verra enfin
les pieds des danseurs ?
Oui ! Et on sera assez près, sans avoir
le nez dessus. En fait une salle conçue pour la danse ! On aura aussi un
réseau câblé, la possibilité de projeter, d’avoir des cours de danse
téléportés depuis l’Afrique en direct,
et une médiathèque dématérialisée.
Et on va lancer la Channel KLAP, en
blement de la programmation dans
votre salle ?
Pas vraiment ! En tous les cas certainement pas de produire ou coproduire
des créations, en dehors d’apports en
industrie (prêt du studio, communication… ndlr). Nous n’avons pratiquement
pas de moyens financiers supplémentaires et si les collectivités nous
ont aidés à construire ce lieu, seule la
Ville a pour l’instant véritablement
augmenté notre budget de fonctionnement. C’est donc la Cie Kelemenis,
50% de subventions publiques,
35% de recettes propres, 15%
de mécénat privé (BNP Paribas),
proportions très rares dans la création
contemporaine, ndlr
Ulysse, Groupe Grenade © Leo Ballani
Les chorégraphes sont souvent taciturnes : ils aiment les corps,
et peu les mots. Mais parler avec Michel Kelemenis vous fait
immédiatement entrer dans son univers de partage. Prolixe,
enthousiaste, pertinent, il a conçu sa Maison pour la danse
comme un foyer qui lui ressemble : ouvert, pétillant et généreux
Né de la volonté du maire de Velaux,
résultat d’une étude serrée des besoins, le complexe de l’Espace NoVa
avec une salle modulable d’une capacité de 500 places, séduit par la
beauté et la qualité de ses équipements. La programmation, ambitieuse
pour une première année, est conçue
pour séduire différents publics. Personne ne doit être oublié ! Les succès
des deux premiers spectacles confirment la nécessité d’une telle
structure. Ainsi, 15 jours après la cie
des Farfadais, Ulysse, du Groupe
Grenade, enchantait une salle bien
remplie. Les 14 jeunes danseurs de
Josette Baïz laissent pantois par leur
rigueur. Un ensemble parfait jusque
dans les saluts, une grâce jusqu’au
bout des doigts, un sourire radieux,
un bonheur de danser communicatif,
et par-dessus tout cela une fraîcheur
délicieuse. On étrenne le tapis de
danse de la salle, les sons connaissent de nouveaux réglages. Naissance
d’un monde fêtée par l’enthousiasme
de l’enfance. Du nouveau, déjà
indispensable !
M.C.
KLAP, Maison pour la danse
5 avenue Rostand, Marseille 3e
04 96 11 11 20
www.kelemenis.fr
L’Espace NoVa a ouvert
sa saison avec Mana
de la Compagnie des Farfadais
le 24 sept, puis a présenté Ulysse
le 8 oct
RENCONTRES D’AVERROÈS | LA RÉPLIQUE | CAVAILLON POLITIQUE CULTURELLE 09
La liberté ou la peur ?
La 18e édition des Rencontres d’Averroès, ayant
pour thème L’Europe et l’Islam, la liberté ou la
peur, se propose pour «penser la Méditerranée des
deux rives», de «penser le côte à côte et les
interactions entre cultures qui font le monde
méditerranéen.» Avant le grand temps fort que sont
les tables rondes les 18 et 19 nov, le programme
artistique Sous le signe d’Averroès propose une
approche sensible de la problématique abordée.
L’ouverture se fait désormais avec une exposition
emblématique : cette année La Méditerranée des
sept dormants, coproduite par Espaceculture et
l’association Ermes, revient sur le mythe de ces
saints communs au Christianisme et à l’Islam, qui
auraient dormi plusieurs siècles avant de se réveiller miraculeusement. C’est l’auteur et anthropologue
Manoël Pénicaud qui a progressivement forgé ce
projet (du 20 oct au 24 nov au Centre d’art Les Pénitents Noirs à Aubagne, vernissage le 20 oct à 19h).
Parmi les autres rendez-vous à ne pas manquer (il
y a une trentaine de manifestations artistiques et
culturelles !) : deux rencontres avec le romancier
d’origine pakistanaise, figure de l’extrême gauche
anglaise, Tariq Ali à l’occasion de la parution de
son roman La Nuit du papillon d’or (Sabine
Wespieser ed), le 6 nov à 18h à l’IEP d’Aix et le 7
nov au cinéma Utopia à Avignon ; à la chapelle du
Méjan, à Arles le 15 nov à 18h30, la rencontre Les
Peuples et leurs révolutions réunira l’historienne et
journaliste franco-tunisienne Sophie Bessis et un
auteur proposé par Actes Sud autour des interrogations que suscitent les récentes révolutions au
sein des pays arabes ; à la Maison des Astronomes,
à Marseille le 10 nov de 17h à 19h, les historiens
R. Ilbert, R. Bader, M. Ben Miled, le sociologue N.
Beyhum et les politologues K. Mohsen et F. Siino
Anniversaire
Tariq Ali © Steve Forrest
s’interrogeront sur le positionnement des chercheurs face à des comportements dictés depuis des
décennies par des régimes autoritaires (Les
Chercheurs entre liberté et peur).
Le 19 nov à 21h au Parc Chanot, un concert exceptionnel clôturera les tables rondes, mettant sous le
signe de la concorde et du partage les musiques du
monde avec Titi Robin et son triptyque Les Rives
pour lequel il sera entouré de Murad Ali (vielle
indienne), Sinan Celik (flûte populaire turque),
Francis Varis (accordéon) et Ze Luis Nascimento
(percussions). Enfin les Rencontres croisent sur leur
route Les Instants vidéos (voir p 46), le festival
Dansem et ses Miniatures Officinae (voir p 22), les
conférences du MuCEM (voir p 69)…
DO.M.
DO.M.
18e édition des Rencontres d’Averroès
Du 20 oct au 3 déc
Divers lieux, région PACA
04 96 11 04 61
www.rencontresaverroes.net
Les fous et l’art
Un Truc de fou !, première édition des Exclamations
initiées par la scène nationale de Cavaillon est une
incursion osée sur les chemins ardents de la folie.
Sujet tabou, abordé par une immersion progressive
dans la profusion de la création artistique que le
thème a induit, accompagné de colloques, films et
débats pour percevoir la déraison autrement.
Des expositions gratuites (du 10/11 au 10/12)
avec Les Choeurs multiformes de Mâkhi Xenakis
(chapelle du Grand couvent et au théâtre de 11h
à 18h du mercredi au samedi) ou les Mystiques de
l’immanence du photographe marseillais Matthias
Olmeta à la Cathédrale (aux heures ouvrables, sauf
dimanche) : son prodigieux travail à l’Ambrotype,
vieux procédé qu’il modernise de façon troublante,
l’a conduit des hôpitaux psychiatriques aux bordels
d’Amérique du Sud. Les œuvres des artistes de
l’atelier Marie Laurencin et de l’atelier Peau d’âme
du centre Hospitalier de Montfavet seront visibles
au théâtre et dans des vitrines de magasins de
Cavaillon.
Le 10/11, le théâtre des Lucioles et Leslie
Kaplan présenteront Louise, elle est folle, une
exploration de la folie dans une langue proche de
l’obsession. Les 11 et 12/11, le colloque Entre rêve
La Réplique, Centre des ressources des métiers de
l’acteur installé à la Friche (formation continue des
comédiens professionnels, promotion du
professionnalisme du réseau régional auprès des
employeurs potentiels), fête son trentième
anniversaire le 4 nov. L’occasion «d’interpeller, se
surprendre, d’amuser et de questionner autour du
travail d’acteur qui, au-delà de sa dimension
artistique et culturelle, est aussi une entreprise de
citoyenneté.». Des temps forts annonceront
l’événement en octobre : lecture d’un texte de
Dieudonné Niangouna par Eva Doumbia (le 14 au
Merlan) ; lecture du texte Product de Mark
Ravenhill par Julie Zenker (le 24 au Merlan) ;
projection d’un film de Mati Diop issu des Ateliers
Courts de la Réplique (le 28 à la Maison de la
Région) ; une rencontre débat avec Jean-Pierre
Vincent, metteur en scène et président d’honneur
de la Réplique, sur l’utilité du théâtre dans la
société (le 2 nov à La Criée). Le 4 nov, tout au
long de la journée, le public aura accès à une expo
interactive, des projections, des performances
artistiques, avant de participer à un débat autour
des enjeux citoyens de la pratique de l’acteur, en
présence, entre autres, de Jean-Pierre Vincent ; puis
aura lieu le lancement de l’opération de parrainage
d’acteurs «50 chefs d’entreprise pour 50 acteurs».
et création, le fil rouge de l’infantile ? par le Point
de Capiton sera clôturé par une Conférence
déjantée et délirante d’Emma la Clown et
Catherine Dolto. Aux mêmes dates, dans le centreville, le Begat Theater présentera Les Demeurées,
Estelle, 2010, 33x31 cm, Ambrotype, collodion humide sur altuglass,
piece unique de Matthias Olmeta
La Réplique, La Friche la Belle de Mai
04 91 50 56 84
www.lareplique.org
une expérience intime et poétique de 21 mn à la
rencontre des femmes du roman de Jeanne
Benameur. Le 13/11, deux regards sur Camille
Claudel : le duo dansé Boléro 2 d’Odile Duboc suivi
d’une lecture des Correspondances de la sculptrice
par Françoise Sliwka. Le 17, rendez-vous avec le
Libertin d’Eric Emmanuel Schmitt et le 18, au
Grenier, Jean-Marc Bourg nous délivrera Une
phrase pour ma mère de Christian Prigent. Le 19,
toujours au Grenier, un spectacle en forme de
documentaire musical à partir d’entretiens en
hôpital psy recueillis par Julie Rey et Arnaud
Cathrine. Autre film documentaire programmé au
théâtre à 16 h, Un monde sans fous de Philippe
Borrel sur la place que notre société réserve à la
folie, en ouverture du Forum l’Appel des 39 contre
la Nuit Sécuritaire sur le nouveau projet de loi sur
la psychiatrie (gratuit sur réservation).
DELPHINE MICHELANGELI
Un truc de fou ! Exclamation°1
Du 10 nov au 10 déc
Théâtre de Cavaillon
04 90 78 64 64
www.theatredecavaillon.com
10
SAISONS
AVIGNON
Hétéroclite fidélité
Un de la Canebiere © X-D.R
«Nous revendiquons l’hétéroclisme du
cœur» clame Gérard Gelas pour
définir la 44e saison d’hiver au Chêne
Noir. Les 18 rendez-vous déplaceront
en effet des vedettes souvent fidèles,
gage d’une fréquentation assurée, et
de jeunes compagnies ou penseurs,
certains aussi d’un auditoire attentif
et acquis à la programmation de Lys
Aimée
Cabagni.
Christophe
Alévêque, qui a ouvert la saison avec
Ciao Amore (voir p 15) la clôturera le
15 mars avec son nouveau spectacle
Candidat libre et toujours super
rebelle. À quelques semaines des
élections, le comique politique fera
son show destroy et insoumis.
Dans sa «maison d’artistes», qui
accueille un concert de Paco Ibanez
(le 13 janv), Gérard Gelas présentera
sa 68e création (du 20 au 29 janv) :
Les Emigrés de Slawomir Mrozec avec
Pierre Santini (son spectacle d’adieu
au théâtre Mouffetard) et Joël
Cantona (dans son premier rôle au
théâtre). Une mise en lumière de
deux déracinés, un intellectuel et un
ouvrier, en quête d’identité.
Les 18 et 19 fév, Olivier Marchal et
Bruno Wolkowitch présenteront
Pluie d’enfer, un polar diabolique
signé Keith Huff. Du côté des
régionaux, la cie L’Eternel été
présentera Onysos le furieux avec
Jacques Frantz et François Santucci
dans le cadre de la reprise du
Fest’Hiver des Scènes d’Avignon (2 et
3 fév). Le Kronope revient avec les
Fourberies de Scapin (22 au 25 mars)
et les Carboni dans l’opérette
marseillaise de Vincent Scotto et
René Sarvil au succès désormais
éprouvé : Un de la Canebière par
Frédéric Muhl. Les Conférences sous
le Chêne font coup double : Paul
Payan revient sur Le passé pontifical
d’Avignon (le 20 oct et le 29 mars) et
Alain Guyard s’interroge sur Que fait
un intellectuel avec des mouches (le
1er déc) et Travailler plus pour penser
moins (le 23 fév). À découvrir très
vite, le conteur microcosmique
québécois Fred Pellerin dans
l’Arracheuse de temps (les 5 et 6 nov).
DELPHINE MICHELANGELI
Théâtre du Chêne Noir, Avignon
Saison 2001 2012
04 90 86 58 11
www.chenenoir.fr
Une saison partageuse
Le théâtre des Carmes continue de créer du lien
avec les compagnies vauclusiennes et d’accueillir
par ailleurs des artistes créatifs. La compagnie
Eclats de Scène monte, les 29 et 30 oct, Moi je
crois pas ! de Jean-Claude Grumberg. L’équipe
itinérante revient à l’auteur dramatique dans une
critique sociétale, basée sur l’omniprésence de la
télé, de l’inculture, des croyances populaires, du
Une Odyssee © X-D.R.
racisme bête et latent. Mais c’est aussi l’histoire
d’amour d’un couple entre déchirure et mauvaise
foi, qui finit par oublier ce à quoi il croit (spectacle
joué également à l’Auditorium de Vaucluse le 24
janv).
Puis, Irina Brook et sa troupe investiront le lieu
pour deux jours. La représentation d’Une Odyssée
d’après Homère, le 18 nov, promet une «version
jeune» dans une nouvelle traduction très moderne,
où les sirènes chantent le blues, Hermès roule en
trottinette et Circé est danseuse du ventre. Quant
à La Tempête, le 19 nov, c’est en revisitant
Shakespeare, avec un jeu très physique et une vraie
direction d’acteurs, que la «fille de» posera sa
signature toute personnelle. Pour finir l’année, la
cie On est pas là pour se faire engueuler investit
à son tour les Carmes. Une carte blanche entre
résidence de création du spectacle Tout au Bord, et
stage de théâtre et d’écriture offert aux étudiants
théâtre de l’université d’Avignon (les 26 et 27 nov
et les 3 et 4 déc). Le 10 déc, la compagnie
consacrera 4 heures de lectures aux duos de Serge
Valletti (en présence de l’auteur).
DE.M.
Théâtre des Carmes, Avignon
Saison 2011 2012
04 90 82 20 47
www.theatredescarmes.com
SAISONS
11
Que du bonheur !
Le théâtre des Halles livre une saison aux multiples
expressions et collaborations. Alain Timar affirme
son intérêt pour l’art visuel avec une conférence, le
21 oct, de Marcelin Pleynet sur le peintre Robert
Motherwell, signant la première participation des
Halles au Parcours de l’Art. Les photographies
d’Edmond Volponi, mémoire argentique du Festival
entre 1950 et 1953, seront également exposées les
jours de spectacle. Poursuivant les liens avec le
pôle théâtre du Conservatoire, les étudiants du
La Farce de Maitre Pathelin © D.M
Toujours
dans le don
cycle spécialisés, guidés par Jean-Yves Picq,
remettent leur pas dans l’Iliade d’Homère et
créeront (du 18 au 20 nov) la Chute de Troie,
enrichie du génie d’Euripide, Sénèque et Levin. Les
8 et 9 déc, séance de rattrapage avec le burlesque
et musical C’est la faute à Rabelais, programmé au
Off 2011 avec Eugène Durif et Pierre-Jules Billon.
Du 31 janv au 2 fév, Agnès Régolo présentera sa
nouvelle création La Farce de Maître Pathelin dans
le cadre du Fest’Hiver. Avec sa troupe de comédiens,
elle rapprochera de l’actualité cette farce anonyme
du XVe siècle, «une œuvre saillante d’un âge de
fripons», entre la soif du gain, le manque et les
stratégies de survie.
En partenariat avec le théâtre de Cavaillon, Nicolas
Bouchaud sera seul en scène (3 et 4 fév) dans La
Loi du marcheur, conçu à partir d’entretien avec le
critique de cinéma Serge Daney d’après la
transcription d’extraits du film Itinéraire d’un cinéfils de Régis Debray. Après une incursion vers la
danse avec Congo my Body (23 et 24 mars) par la
cie Kazya Dance, sur le destin de trois ex-enfants
soldats du Congo, place à la la cie On est pas là
pour se faire engueuler qui présentera
l’aboutissement de son spectacle hybride Tout au
bord (du 13 au 15 avril), suivie par les Méli Mômes
qui promettent de déménager avec Le Concert,
programmé dans le cadre de Festo Pitcho (les 18 et
19 avril). Pour finir, du 22 au 25 mai, l’œuvre de
Robert Misrahi sera à nouveau mise en chantier par
Alain Timar et ses comédiens. Un Penser bonheur
qui nous conduira au nirvana ?
On retrouve dans la saison d’automne de la scène
belge les «fondamentaux» impulsés depuis 10 ans.
Les 3 et 4 nov, retour aux sources de la danse
urbaine dans Drôle(s) d’Hip Hop, avec Zachée
Ntamwbé et DJ Odilon et leur Back to the roots.
Théâtre-concert le 17 nov avec la Cie des Ouvriers
et le groupe pop électro Mina May dans Quoi dire
de plus du coq ? de Durringer. Le Contre Forum de
la culture (les 18 et 19 nov) donnera un nouveau
coup de projecteur sur les initiatives de résistances
culturelles. Puis le 26 nov, double plateau jazz avec
Aka Moon et Ingrid Laubrock Trio. Le 15 déc, on
découvrira La passion selon Juette de Clara DupontMonod monté par la jeune cie Simples Manœuvres,
composée par de talents avignonnais aguerris. Dès
2012, les temps forts seront réitérés par la nouvelle
direction (Isabelle Jans et Hervé d’Ottrepe) avec
l’accueil de la japonaise Hako Onna au Festival des
Hivernales (les 26 et 27 fév), la présentation de
Celui qui se moque du crocodile n’a pas traversé la
rivière de la Maison Ephémère dans le cadre de la
Biennale des écritures du réel (les 22 et 23 mars),
et du théâtre d’objet bien cuisiné pendant Festo
Pitcho avec Un petit soldat de plomb (les 20 et 21
avril).
DE.M.
DE.M.
Théâtre des Doms, Avignon
Saison 2011 2012
04 90 14 07 99
www.lesdoms.eu
Théâtre des Halles, Avignon
Saison 2011 2012
04 32 76 24 51
www.theatredeshalles.com
Du chœur à l’ouvrage
Le théâtre du Balcon, l’une des 5 scènes
conventionnées d’Avignon, 30 ans d’existence au
compteur, 25 000 spectateurs lors du Off, boucle
cette saison avec quelques incertitudes. «On est
dans un état de fragilité financière… qui devient
un peu indécent» reconnaît son directeur Serge
Barbuscia, pourtant éternel optimiste. La saison
débute ainsi deux mois après d’autres scènes mais,
contre vents et marées, le lieu demeure un espace
de travail et de rencontres et non «un lieu de
diffusion ordinaire». Quelques rendez-vous sont
fixés, résultats de liens tissés au fil des années. Son
Tango Neruda ouvrira les festivités les 18 et 19 nov,
une variation autour de la corrida qui se joue
depuis 2004. Plébiscitée par le public en juillet
avec Kaos, la cie suisse Interface visitera
également le thème avec Teruel les 25 et 26 nov.
Puis elle reprendra Pazzi les 10 et 11 fév, sur la vie
monastique, un thème proche du J’ai Soif créé par
le Balcon et sera de retour le 12 mai au bénéfice
d’une association de soins palliatifs. Antigone
orchestrée par Marie Vauzelle est programmée les
31 jan et 2 fév, signant ainsi le retour du Fest’Hiver
(le Festival des 5 scènes d’Avignon aux objectifs
cohérents, qui ne reçoit pourtant aucune aide
particulière). L’ouverture du Festival Andalou
l’Alhambra aura lieu le 16 mars avec une Carte
Blanche au Flamenco. L’Atelier du possible, inscrit
Tango Neruda © X-D.R.
au Festival Festo Pitcho, jouera Immense et
Minuscule les 17 et 20 avril. Et bien entendu, les
lectures A l’abordage, en collaboration avec
Beaumarchais SACD, laisseront du 21 au 24 mars
les «Paroles de femmes» s’exprimer, dont celle
d’Adeline Picot, auteur de Bats l’enfance, dernière
création du Balcon. Pour finir, une soirée hommage
sera rendue à Messiaen le 25 mai, avec Roland Conil
et Serge Barbuscia. Et même si pour ce dernier le
«théâtre est l’école du doute», c’est avec certitude
que l’on distingue l’éthique de ce mélomane qui
«cherche plus à accompagner les artistes qu’à
empocher de l’argent.»
DE.M.
Théâtre du Balcon, Avignon
Saison 2011 2012
04 90 85 00 80
www.theatredubalcon.org
12
THÉÂTRE
GYMNASE | TOULON | BERNARDINES | AIX | PORT-DE-BOUC
Pyromanes
dans les travées, les appels aux jeunes
spectateurs…), toujours respectable en
tout cas dans l’engagement physique
des acteurs qui pose en direct un «que
peut l’art ?» salutaire.
Rouge c’est rouge et ça bouge tout le
temps ! Il y a la fumée et il y a le feu,
d’abord pour de faux et puis pour de
vrai avec de hautes flammes. Drapeau
déployé en ouverture, grand souffle de
forge actionné par le corps-machine de
l’effervescente Silvia Calderoni, énergie débridée et lumière dans les yeux,
pavé à l’ancienne qui traine sur la scène
ring : la compagnie Motus ne cache
pas son jeu et tout est dit dans la première demi-heure. Athènes, décembre
2008 : Alexis, 15 ans, est tué d’une balle
en pleine poitrine par un policier lors
d’une manifestation qui se transformera
en émeute / Thèbes, temps mythologiques : le corps de Polynice, mort en
tentant de regagner un pouvoir légitime, reste sans sépulture sur ordre du
tyran ; sa sœur Antigone est seule à
résister et à dénoncer. Croisant les
époques, les paroles (Sophocle ou Brecht
MARIE-JO DHÔ
Alexis, une tragédie a été présenté
dans le cadre d’Actoral.11
au Gymnase du 4 au 6 oct,
puis au théâtre Liberté à Toulon
le 11 oct
Alexis © Agnès Mellon
Daniela Nicolo créent un spectacle
foisonnant, percutant, parfois brouillon
dans son désir de clarté parfois naïf
(les sorties de scène, les poursuites
avec de jeunes artistes grecs filmés il
y a peu) et les supports (projection vidéo, chorégraphie…), les deux metteurs
en scène Enrico Casagrande et
Démoutonnez-vous !
© Kamran Kavoussi
manipuler et désorienter le spectateur, à le plonger en lui
même pour qu’il se «reprogramme» selon son désir…
Intéressante tentative de désaliénation du spectateur -on
vous bande les yeux, on vous fait un peu peur, on vous
emmène dans des trajets insoupçonnés, on vous enfonce
les pieds dans la terre et on vous confronte à une belle fille
nue qui s’ensevelit, un jeune corps plongé dans un liquide
pseudo amniotique, des piscines de fumée… Mais ces bribes
d’expérience n’aboutissent hélas à aucune apothéose
mnémonique, comportent un temps faible de remémoration
commune, et se terminent en queue de poisson. Ou de
mouton.
A.F.
Vaguement inspirée par Blade Runner de Philip K. Dick, la
performance de la cie Ornicart aux Bernardines vise à
Les Moutons électriques sont de retour
ont été présentés aux Bernardines les 15 et 16 sept en
préambule à Préavis de désordre urbain
On oublie parfois la dimension comique des comédies de Molière qui
abordent des thèmes sérieux. C’est
donc un véritable bonheur que d’assister à ce Tartuffe d’après Tartuffe de
Molière par le Théâtre Permanent.
Décor minimaliste, costumes de ville,
«les acteurs de Molière ne se déguisaient
pas non plus» rappelle Gwenaël Morin, le metteur en scène, qui, grâce à
sa direction sobre et efficace, donne
un rythme sans faille à la pièce. Tour
de force de cette diction naturelle des
alexandrins dans le scrupuleux respect
des diérèses ! La mise en scène colle
au texte par une étude précise, pertinente. Les artifices de scène sont
insérés avec humour aux dialogues,
«noir !/lumière !». Les acteurs incar-
nent plusieurs personnages avec fougue
et justesse. Le public même difficile
est conquis dès les premiers instants.
Tous les registres du rire se retrouvent,
de l’ironie cinglante -ah! l’art de l’antiphrase!- à la farce. La cruauté sans
concessions -c’est la première version
de Tartuffe qui a été choisie, celle qui
finit mal pour la famille d’Orgon- est
pailletée de rires, pirouettes du désespoir, réflexion sur la vérité, le jeu des
apparences, dans une vertigineuse
mise en abîme.
MARYVONNE COLOMBANI
Tartuffe d’après Tartuffe de Molière
a été joué du 5 au 10 oct en tournée
dans le Pays d’Aix
Tartuffe... © Julie Pagnier
Enfin drôle !
«Dieu
peut-il être
athée ?»
«Est-ce qu’on peut rire avec Dieu ? Oui,
à condition qu’il trouve ça drôle.» Et de
l’humour, il a intérêt à en avoir… Car
Sophia Aram n’y va pas sur la pointe
des pieds pour bousculer les trois religions monothéistes et leurs adeptes.
Cette athée d’origine musulmane, qui
est «à l’islam ce que Ferrero Rocher est
à la diplomatie», cherche les différences, pointe les ressemblances, fait
d’un de ses personnages, sa savoureuse tante, un parfait cobaye qui, pour
assurer son salut, va pratiquer les trois
religions en simultané, «c’est plus dur
mais c’est plus sûr», invente Les croyants
dans l’espace, un jeu de téléréalité
hilarant qui est censé lancer un message de paix dans l’univers… C’est très
drôle, caustique et jamais méchant.
Au-delà de ces traits à peine exagérés
(elle prend un malin plaisir à lire les
textes pour démonter les extrapolations,
pardon, les métaphores, de chacun),
Sophia Aram pointe plus finement qu’il
n’y paraît une incapacité à vivre ensemble et à se tolérer. Et plus spécifiquement
les femmes avec les hommes, qui ne
bénéficient pas des mêmes traitements dans les faits. Et lorsque cette
féministe convaincue se lance dans
une ode désopilante au clitoris créé
par Dieu dans un surprenant «souci du
détail face à l’immensité de la création»
la messe est dite !
DO.M.
Crise de foi a été joué au Sémaphore à
Port-de-Bouc le 7 oct
JEU DE PAUME | AVIGNON | GAP
THÉÂTRE
13
Prompt
rétablissement !
passés, une vraie réussite : les comédiens sont tous excellents, drôles,
pétillants, légers et justes, la scénographie saturée de rouge et de portes
d’ascenseurs donne l’impression baroque que la vie se déroule à la va-vite
dans un couloir très temporaire, et R.M. Leblanc en Purgon est inénarrable !
Quant aux partis pris sur les
personnages –Louison petite fille
irréelle, Béline tendre, Argan encore
jeune et séduisant- ils sont cohérents,
inattendus et parfaitement rendus. On
jubile à les voir, ce qui rend d’autant
plus longs les intermèdes… Mais dès
la seconde re-présentation, paraît-il,
l’équilibre était trouvé et le théâtre
regagnait ses droits : gageons qu’à Gap
ce Malade sera rétabli !
AGNÈS FRESCHEL
Le Malade Imaginaire a été créé au Jeu
de Paume, Aix, du 30 sept au 8 oct
À venir
Le Malade Imaginaire
Du 8 au 10 nov
La Passerelle, Gap
04 92 52 52 52
www.theatre-la-passerelle.eu
Le 21 oct
Le Sémaphore, Port-de-bouc
04 42 06 39 09
www.theatre-semaphoreportdebouc.com
On connaissait Christophe Alévêque en super
rebelle, le voilà super romantique dans Ciao Amore,
une comédie de Jérôme L’Hotsky sympathique mais
pétrie de clichés. Aux côtés de sa compagne Serena
Reinaldi, échappée de la télé réalité qu’il semble
adouber ici pour son 1er rôle théâtral, le comédien
plus connu pour son humour corrosif, démêle les fils
rebattus d’un couple au bord de la crise de nerfs.
L’action se concentre dans la chambre, autour d’un
lit bateau, qui se transforme en galère des sentiments. Un beau jour Pascale veut quitter son mari
parce qu’elle ne l’aime plus, parce qu’elle a abandonné pour lui son travail humanitaire et «se sent
depuis dans une petite vie». José, technocrate surbooké, plutôt macho, l’écoute en chaussant ses
charentaises et tente maladroitement de la reconquérir en proférant que «les bons sentiments ça n’a
jamais changé le monde» et en passant l’aspirateur
pour la 1ère fois de sa vie, évidemment. S’ensuit une
cascade de noms d’oiseaux, batailles d’oreillers et
sacs à dos, aveux et regrets qui se ramassent à la
pelle pour un happy end forcément prévisible.
DELPHINE MICHELANGELI
Ciao Amore a été joué au théâtre du Chêne Noir,
Avignon, du 30 sept au 2 oct
Ciao Amore © X-D.R.
Couple en galère
Le Malade imaginaire © Agnes Mellon
Tout metteur en scène de talent -et il est
indéniable que Renaud-Marie Leblanc
en a- monte Molière pour en donner
une lecture personnelle, et offrir au
spectateur une vision nouvelle. Aller au
Malade Imaginaire comme on va au
musée, pour y retrouver ce qu’on en
connaît déjà, n’a pas de sens. Ou peu.
Renaud-Marie Leblanc a donc rason
d’en proposer une version inattendue
fondée sur une analyse pertinente de
l’œuvre, de ses conditions de représentation, des querelles médicales et
politiques du temps, du rapport personnel de Molière à Louis XIV, et à la
musique. Le problème est que, malgré
les résidences et la coproduction croisée du Jeu de Paume et de la scène
nationale de Gap, il n’a pas les moyens
financiers de son ambition musicale :
l’Eglogue et les Intermèdes de Charpentier sont pas des chefs-d’œuvre
lyriques ni des sommets dramatiques,
et il faudrait des vrais chanteurs baroques, et surtout de vrais instruments
et non ces sons échantillonnés, pour
retrouver, s’il y en a, l’intérêt de les donner à entendre. Intérêt qui, peut-être, ne
réside que dans l’exégèse nécessaire à
l’élaboration de la mise en scène, et
non dans sa représentation.
À la première donc, la représentation
manquait de rythme. Du moins au début. Car ce Malade imaginaire est,
théâtralement, une fois l’Avertissement
et l’Eglogue précédant le premier acte
Sur la route
du bonheur
La deuxième étape de la création Penser Bonheur
(titre provisoire) confirme la singularité et la vitalité
du projet d’Alain Timar. Inspiré par Robert Misrahi,
le spectacle confronte l’histoire de trois êtres à la
pensée du philosophe en invitant le public à réfléchir
activement à la question. Une recherche commune
qui le balade entre philo pure et moments de vie,
légèreté et gravité, utopie et réalité, et pour laquelle
le metteur en scène rejoint ses comédiens (formidables Paul Camus et Pauline Méreuze) sur le plateau
(ou à la table pour cette lecture du scénario réécrit à
6 mains). «Pour être heureux, il faut réinventer notre
façon de vivre la démocratie»… Le metteur en scène/
scénographe ouvre ainsi la question du bonheur sur
celle, primordiale, du politique. Quant au leitmotiv
formulé : «On ne peut pas aller trop vite», loin d’être
anodin quand on cherche le nirvana, il nous rappelle
qu’il faut attendre le mois de mai pour découvrir la
création finale et partager avec joie la table de ces
hôtes bienheureux.
DE.M.
Penser bonheur a été lu le 29 sept
au théâtre des Halles Avignon
THÉÂTRE
AU PROGRAMME
Comptoir
des créations
Création
Tandem
Sélim Alik crée à la Criée, qui coproduit le spectacle,
un sextuor masculin d’Edward Bond, un texte récent
sur le capitalisme industriel, l’entreprise et ses lois de
succession, l’argent, l’armement, et l’horreur de la
concurrence familiale, paternelle. Un des grands
textes de l’auteur britannique, avec Jacques
Germain, Frédéric Poinceau, Gilles Le Moher…
Dans la compagnie des hommes
Du 3 au 9 nov
La Criée
04 91 54 70 54
www.theatre-lacriee.com
Mehdi Meddaci © Murs
Depuis 2006 les Bancs publics concoctent un temps
fort méditerranéen qui se déploie sur 4 semaines,
croise les arts de la représentation et les arts
plastiques et sonores, et offre aux créateurs des deux
rives de la Méditerranée un espace où dire leur désir,
et leur difficulté, de dialogue. Ces rencontres
débuteront hors les murs habituels avec une
installation photo et vidéo à la Galerie HLM de
Mehdi Meddaci, (du 4 nov au 5 déc) puis la
projection à la Cité, maison de théâtre de son film
Tenir les murs, qui questionne les limites du cinéma (le
5 nov). Cinéma encore avec Mafrouza d’Emmanuelle
Demoris au Gyptis le 6 nov. En 2e semaine, place aux
textes aux Bancs publics, avec deux lectures de et
par la subtile Sabine Tamisier, mais aussi une
scénographie vidéo de Florence Pazzottu sur son
récit La tête de l’homme (ed seuil), Sicilia de Clyde
Chabot, Ma Marseillaise de Darina Al Joundi. Des
jeunes femmes qui écrivent, se mettent en scène et
en jeu avec force, courage et talent.
Le 22 nov
Les Salins, Martigues
04 42 49 02 00
www.theatre-des-salins.fr
Torgnoles © La Liseuse
14
Sans chercher à savoir si ça lui plaira, on a mis l’ami
Appaix dans la rubrique théâtre. Même si chez lui le
corps a toujours parlé, sa prochaine création met en
scène les relations de deux personnages qui parlent,
jouent, bougent. Comme un duo, sans doute, de clowns
aussi, qui digressent, boudent et s’affrontent… mise en
abime du travail de deux artistes : lui-même et Jean-Paul
Bourel, vieux complice en création. Chorégraphique ?
Torgnoles
Du 15 au 17 nov
Les Bernardines
04 91 24 30 40
www.theatre-bernardines.org
Cirque
Parce que le cirque de la troupe québécoise transcende, sans l’éviter, l’exploit physique, pour fabriquer des
images inédites ; parce que la notion circassienne de déséquilibre cherche ici à rejoindre et comprendre les
déséquilibres mentaux, à atteindre et donner à voir notre
psyché… il ne faut pas rater la Cie des 7 doigts de la main,
dignes et infidèles descendants du Cirque du Soleil,
et de la beauté d’Eloize…
Les Rencontres à l’échelle
Du 3 nov au 3 déc
Les Bancs publics, divers lieux
04 91 60 60 00
www.Lesrencontresalechelle.com
Psy
Du 19 au 23 oct
Le Merlan
04 91 11 19 20
www.merlan.org
Absolu
Manipulation
Le Merlan continue de se passionner pour la magie,
en invitant cette fois un magicien hautement politique,
qui démonte les gestes de la manipulation et du pouvoir,
pour montrer comment ils influencent… nos votes.
Thierry Collet opère un décryptage salutaire, pour les
plus jeunes (Vrai/Faux à partir de douze ans) puis pour
ceux qui sont en âge d’élire… en toute connaissance de
cause ?
Hamlet © BM Palazon
C’est le chef d’œuvre absolu, celui où on ne peut que
revenir et replonger quand on y a goûté une fois :
Daniel Mesguish n’en est pas à son premier
Hamlet… cette fois c’est son fils, prénommé William,
qui jouera le Prince de Danemark. Le père planera-til comme un spectre abusif au dessus de son destin ?
Remember your father… dit-il en le poussant au
meurtre…
Hamlet
Du 19 au 22 oct
La Criée
04 91 54 70 54
www.theatre-lacriee.com
Dans la compagnie des hommes © X-D.R.
Absences
Didier Bezace met à nouveau en scène l’écriture
subtile du dramaturge anglais Daniel Keeene. Trois
courtes pièces sur la solitude des habitants des villes,
et la rencontre, le geste qui rapproche et touche, les
maux et les mots des gens qui s’accostent pour ne
plus être seuls…
Un soir, une ville
Du 15 au 19 nov
La Criée
04 91 54 70 54
www.theatre-lacriee.com
Vrai/Faux
Les 7 et 8 nov
Influences
Les 9 et 10 nov
Le Merlan
04 91 11 19 20
www.merlan.org
Influences © Le Phalene - Nathaniel Baruch
THÉÂTRE 15
Sexiste
Du dedans
L’auteur le plus sexiste de notre répertoire, Guitry,
Refus
Le Fou de Gogol est un homme qui refuse la
monté par Michel Fau acteur génial, roi du
travestissement tapageur ? Avec Julie Depardieu
saura-t-il donner un peu de relief aux fadaises parfois
révoltantes de cet auteur, qu’on pourrait allègrement
mettre à l’index ? (faut-il rappeler que l’incitation au
sexisme, c’est-à-dire au fait de penser que les
femmes sont inférieures aux hommes, est interdit par
la loi ? qu’il a écrit, sérieusement, que les femmes ne
font que des bêtises lorsqu’elles réfléchissent ?
Monterait-on un auteur qui écrirait cela des Noirs ?
des homosexuels ? des musulmans ?)
médiocrité de sa vie, se met à la fantasmer pour
pouvoir la supporter, puis succombe à sa fantaisie en
la confondant avec le réel… Andonis Vouyoucas
met en scène ce récit en faisant résonner la voix
intérieure de ce fonctionnaire, incarné par Hervé
coincé
dans
une
société
Lavigne,
insupportablement mesquine et cloisonnée. Et si le
Fou avait raison ? Question on ne peut plus actuelle,
dans une société qui nous fait croire que l’ordre
raisonnable réside dans des lois économiques
littéralement inhumaines…
Nono
Du 14 au 22 oct
Le Gymnase
0820 000 422
www.lestheatres.net
le 13 oct
Théâtre la Colonne, Miramas
04 90 58 37 86
www.scenesetcines.fr
Va-t-on parler d’amour ? Michel Froehly met en
scène un texte de Serge Valletti, où il sera question
de Roméo et Juliette, mais pas trop. Surtout de
théâtre, en fait, du jeu, du plaisir et de la folie de jouer.
Une vue de l’intérieur, avec des comédiens qui osent
déborder franchement des frontières réalistes. Avec
Christian Mazzuchini, et quelques autres
arpenteurs foutraques des scènes…
Roméa et Joliette
Du 19 au 23 oct
La Minoterie
04 91 90 07 94
www.minoterie.org
Compagnons
Artaud et Barrault se sont rencontrés dans les années
30. L’un a mis en scène les textes de l’autre, puis ils
se sont écrit, quand le poète sombrait dans la folie, et
que l’acteur essayait d’approcher sans trop se brûler
de ses visions qu’on a dit cruelles… Denis Guenoun
met en scène Stanislas Roquette, qui rend compte,
en les incarnant tour à tour, de leur relation complexe,
faite d’admiration réciproque.
Maniaque
L’Avare est une des pièces les plus noires de
Molière, et Harpagon n’a vraiment rien de
sympathique… Argan sait au moins être aimant s’il
est ridicule ! Après avoir inventé une sorte d’épure
du Malade imaginaire, Alexis Moati et Pierre
Laneyrie poursuivent leur travail sur la comédie de
Molière, en la dépouillant jusqu’à l’abstrait, pour que
ses ressorts apparaissent… Et c’est l’argent, la
passion pour la possession, qui apparaissent comme
la manie la plus détestable des hommes. Actuel,
non ?
L’avare
Du 8 au 11 nov
Le Gymnase
0820 000 422
www.lestheatres.net
Artaud-Barrault
Les 4 et 5 nov
La Minoterie
04 91 90 07 94
www.minoterie.org
Le Journal d’un fou
Du 15 au 26 nov
Théâtre Gyptis
04 91 11 00 91
www.theatregyptis.com
Sœurs
Deux jeunes comédiennes issues de l’Erac, Manon
Allouche et Claire Calvi, jouent les deux Bonnes de
Genet, admiratrices haineuses de Madame, incarnée
par Maurice Vinçon. Ce texte flamboyant, qui
pousse au bout la relation dramatique maitre-valet, a
été inspiré à Genet par le meurtre, sans mobile
apparent, de leur patronne par les sœurs Papin.
Même si ses bonnes ne passeront pas à l’acte, à
celui-là du moins. Ivan Romeuf veut mettre le
spectateur dans la position du voyeur, qui regarde la
cérémonie par la fenêtre, sans intervenir sur ce désir
de meurtre qui, selon lui, «nous habite tous».
Les Bonnes
Jusqu’au 28 oct
Le Lenche
04 91 91 52 22
www.theatredelenche.info
Devoir
Bérénice est une tragédie particulière qui ne se
conclut pas par la mort des protagonistes, mais par
leur séparation. Dans une langue qui transcende le
vocabulaire amoureux, sa douleur et son feu, Racine
fait l’apologie du devoir politique, et du sacrifice
raisonnable et infiniment douloureux des passions.
Jean-Claude Nieto confie la lourde charge
d’incarner Titus et Bérénice à Floriane Jourdain et
Fabio Ezechiele Sforzini, pour une tragédie du
renoncement qui a quelque chose d’unique, et
d’universel…
Bérénice
Du 18 au 22 oct
Théâtre Gyptis
04 91 11 00 91
www.theatregyptis.com
Le 3 nov
Le Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88
www.aubagne.fr
Accueil
Le Lenche accueille le Théâtre de la Semeuse
(Nice) dans ses deux petites salles du Panier, pour un
monologue sur la peintre Marie Bashkirtseff,
composé d’extraits de son journal, et une création
autour de la poésie de Jim Morrison. Deux spectacles
mis en scène par Frédéric Rey.
Marie Bashkirtseff
Les 4 et 5 nov
La célébration du lézard
Du 9 au 12 nov
Le Lenche
04 91 91 52 22
www.theatredelenche.info
16
THÉÂTRE
AU PROGRAMME
Beautés
Labyrinthe
Passionnel
Bonheur de se perdre dans la forêt des symboles !
© Max Minniti
La nouvelle création d’Edmonde Franchi reprend
les thèmes chers à la comédienne dont on a déjà
apprécié Cœur@prendre ou Carmenseitas. Des
femmes vivent dans un vieil immeuble menacé de
destruction ; une journaliste propose au public de
regarder ces héroïnes qui suivent elles-mêmes à la
télé leur feuilleton culte, Dans le tourbillon de l’amour
(sic). Un condensé d’humour et d’amour pour le
genre humain !
Les Sonnets de Shakespeare se croisent avec des
extraits de La nuit des rois ou de Comme il vous plaira
et les œuvres musicales de John Dowland. Univers
poétique multiple où les mots de l’amour et du désir,
de la beauté et de la mélancolie tissent une atmosphère délicieusement irréelle. Chants, musiques,
textes inventent un parcours d’une intense poésie où
l’on aime se laisser conduire…
Fous dans la forêt
Du 15 au 17 nov
Jeu de Paume, Aix
0 820 000 422
www.lestheatres.net
© X-D.R.
Au cœur d’un été caniculaire, l’oncle Vania et sa
nièce Sonia reçoivent dans la propriété familiale : son
frère aîné, Sérébriakov, arrive accompagnée de sa
femme, la belle et très jeune Eléna, dont oncle Vania
va tomber éperdument amoureux… Dans une mise
en scène épurée au décor sobre, Serge Lipszyc révèle la complexité des chassés-croisés amoureux et
des personnages, grâce à «une équipe d’acteurs,
comme un orchestre, avec un soliste virtuose, Robin
Renucci.»
De toutes beautés
Les 14, 15 et 16 oct
Le Toursky, Marseille
0 820 300 033
www.toursky.org
Oncle Vania
Le 5 nov
Théâtre des Salins, Martigues
04 42 49 02 00
www.theatre-des-salins.fr
Le 21 oct
Salle des fêtes, Venelles
04 42 54 93 10
www.venelles.fr/culture
le 10 déc
Salle culturelle, Simiane-Collongue
04 42 22 62 34
www.culture.simiane-collongue.fr
Amour
Il l’aime, elle l’aime, mais d’autres aussi… Rendu fou
de jalousie, il la tue. Fait divers banal, Woyzeck, par
la grâce de Büchner devient un chef-d’œuvre, où
l’étrangeté onirique prend le pas sur le réel.
«Description objective et rationnelle d’une évolution»
vers l’irréparable. La Cie Interstices et le Théâtre
de la Valse ont uni leurs réflexions sur les fragments
de l’œuvre inachevée de Büchner, multipliant les
variations sur le thème central de la pièce : «qu’estce que l’homme ?»
Woyzeck
Le 9 nov
Théâtre Vitez, Aix
04 42 59 94 37
http://theatre-vitez.com
© Dunnara Meas
Conflit
Quelque part à la frontière d’Israël et de la Palestine,
l’israélienne Lirane, 8 ans, et le palestinien Ferhat, 11
ans, vont apprendre à se connaître et se respecter,
malgré le passé sociopolitique qui les différencie.
Wilma Lévy, de la cie des Passages, a adapté et mis
en scène le texte de Daniel Danis, privilégiant sa vision poétique et engagée du conflit, renforcée par le
personnage de l’«oiseau vertical» joué par le comédien musicien Abdel Waneb Sefsaf -qui signe aussi la
partition musicale-, commentateur distancié de l’histoire.
Sécurité ?
Vous pensiez pouvoir tout prévenir et contrôler ?
Sauf l’imprévu bien sûr… même au théâtre où tout
est pourtant préparé, répété. Les collectifs bruxellois Tristero et Transquanquennal se penchent sur
l’accidentel, l’imprévisible, du banal accident de la
circulation à la catastrophe aux milliers de morts,
ne laissant rien au hasard pour placer les spectateurs dans un délicieux inconfort.
Coalition
Les 18 et 19 oct
Théâtre de Nîmes
04 66 36 65 10
www.theatredenimes.com
Sous un ciel de chamaille
Le 18 oct
Théâtre Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88
www.aubagne.com
Alchimie
Masqués
La voix envoûtante de Jean-Louis Trintignant au Le Théâtre du Kronope adapte Le Songe d’une nuit
service de trois poètes, Desnos, Prévert, Vian…
S’unissant à la force évocatoire des mots, les notes
pleines d’âme du violoncelle et de l’accordéon. Un
récital flamboyant de fantaisie, d’humour, de grâce,
avec cette profondeur subtile inhérente à la légèreté
des mots, pirouettes où l’esprit des poètes danse.
Trois poètes libertaires
Du 8 au 12 nov
Jeu de Paume, Aix
0 820 000 422
www.lestheatres.net
d’été de Shakespeare à la sauce commedia dell’arte,
dans une mise en scène enlevée de Guy Simon pour
deux comédiens –Anaïs Richetta et Loïc Beauchéqui jouent une multitude de personnages, masqués,
passant du cirque à la danse, au mime et au chant.
Le Songe d’une nuit d’été
Le 10 nov
Espace NoVa, Velaux
04 42 87 75 00
www.espacenova.com
© Herman Sorgeloos
Réveil
© Sebastien Armengol
Énergique
© X-D.R.
Que reste-t-il de 1968 en 2011 ? Le collectif L’Avantage du doute s’empare de son héritage intime et
politique, prenant comme emblème Simon Bakhouche, soixante ans, qui pourrait être leur père. Écrit
notamment à partir de témoignages, Tout ce qui nous
reste de la révolution, c’est Simon se penche sur la
fin d’un mythe, loin de tout règlement de compte ou
de sentimentalisme, mais avec beaucoup d’imagination de verve.
Tout ce qui nous reste de la révolution, c’est Simon
Les 15 et 16 nov
Théâtre de Nîmes
04 66 36 65 10
www.theatredenimes.com
Imposteur
Tartuffe, hypocrite dévot, manipulateur sans scrupule
et révélateur de passions humaines est mis en scène
par Éric Lacascade, qui joue aussi le rôle-titre. Le
metteur en scène, qui travaille Molière pour la 1re fois,
s’est entouré d’une bande de fidèles comédiens pour
relever cette « évidence » et ce « défi ».
Tartuffe
Le 15 nov
Théâtre de l’Olivier, Istres
04 4256 48 48
www.scenesetcines.fr
Debout
Jean-Louis Hourdin, chef de troupe du Grat Théâtre,
remonte un texte de Michel Deutsch vieux de 20 ans,
un «monologue contre le monde occidental et l’idéologie capitaliste» qui n’a pas pris une ride. Avec ses
compagnons acteurs et musiciens, il se propose de
«partager la recherche d’une pensée nouvelle sur le
monde pour un vivre ensemble différent de celui qu’on
nous présente comme une fatalité […]».
Coups de foudre
Les 4 et 5 nov
Théâtre du Sémaphore, Port-de-Bouc
04 42 06 39 09
www.theatre-semaphore-portdebouc.com
Le théâtre itinérant de Gilles Cailleau se pose à Berre
avec une relecture très libre de Bérénice de Racine.
Sous un chapiteau-parapluie, il joue tous les rôles,
incarnant quatre hommes et deux femmes, joue du
bandonéon et de la viole, marche sur un fil, dit des
alexandrins en pique niquant… Une invitation à goûter
la tragédie de Racine comme si elle était très
contemporaine !
Gilles et Bérénice
Du 3 au 5 nov dans le jardin du Forum
Forum de Berre
04 42 85 03 75
www.forumdeberre.com
Enfances
L’Opéra Pagaï visite nos contrées, avec deux
spectacles forts différents : Les excuses de Victor à
Cavaillon et 80% de réussite à Fos. Le premier mêle
le théâtre de marionnettes et la vidéo pour plonger
dans l’imagination fertile de Victor, petit garçon
affabulateur pour qui les situations quotidiennes les
plus simples deviennent superproductions cinématographiques. Plus intriguant, le second, qui se déroule
dans une école, transforme le spectateur en un élève
qui ferait à nouveau sa rentrée des classes. L’occasion, entre autres, de pointer les non-sens du
système éducatif…
Les excuses de Victor
Le 21 oct
Théâtre de Cavaillon
04 90 78 64 64
www.theatredecavaillon.com
80% de réussite
Le 11 nov
Théâtre de Fos
04 42 11 01 99
www.scenesetcines.fr
Les Excuses de Victor © Opera Pagai
18
THÉÂTRE
AU PROGRAMME
Amour toujours
Inclassable
Épure
Certains se souviennent de Ziggy Stardust, l’avatar On ne sait comment, avant dernière pièce de
de David Bowie devenu aussi célèbre que lui : c’était
en 1972. Aujourd’hui le théâtre-performance de
Renaud Cojo explore «le geste artistique lié au
dédoublement de la personnalité». Il y a du glamour
dans ce spectacle délirant et truculent qui fait de
l’étoile anglaise schizophrénique un personnage hors
normes. Tout comme la pièce.
Et puis j’ai demandé à Christian de jouer l’intro de Ziggy
Stardust
Le 29 oct
Le Carré Sainte-Maxime
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
©Cosimo Mirco Magliocca - ATA
Les cimetières réservent parfois des rencontres
improbables… Comme celle entre cette jeune femme
bibliothécaire et cet agriculteur, devenus veufs trop
tôt. Rien, a priori, ne pouvait les rapprocher ! Pourtant,
sous la plume de Katarina Mazetti, la comédie est
tendre, légère, cocasse et le duo Sophie BroustalDidier Brice fait entendre la petite musique des cœurs.
Gageons qu’Alfred Jarry aurait adoré Eric Cantona en
monarque indigne et grotesque, symbole de la
tyrannie du pouvoir ! Le metteur en scène britannique
Dan Jemmett l’entraîne au royaume du non-sens et
du rire grinçant, à l’heure où le roi tyrannique est
devenu Ubu enchaîné, où le monarque découronné
se croit encore despote… Bien sûr, tout cela n’est
que fiction !
Ubu enchaîné
Les 14, 15 et 16 oct
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76
www.theatre-liberte.fr
Du 18 au 26 nov
Le Gymnase, Marseille
08 2000 04 22
www.lestheatres.net
Le 1er déc
La Colonne, Miramas
04 90 58 37 86
www.scenesetcines.fr
Le 29 nov
L’Olivier, Istres
04 42 55 24 77
www.scenesetcines.fr
l’adaptation scénique par Dorian Rossel du manga
de Jiro Taniguchi, Quartier lointain, dont les mille
trouvailles ludiques traduisent les dessins et les
codes de la BD. L’histoire est simple mais riche de
rebondissements : une odyssée fantastique propulse
dans sa ville natale un père de famille, qui va revivre
l’année de ses 14 ans…
Quartier lointain
Le 4 nov
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59
www.theatresendracenie.com
© Carole Parodi - Comedie de Geneve
On ne sait comment
Le 5 nov
Théâtre Durance, Château-Arnoux
04 92 64 27 34
www.theatredurance.fr
Grinçant
Le mec de la tombe d’à côté
Le 21 oct
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59
www.theatresendracenie.com
Fantastique
La Cie STT, c’est Super Trop Top ! La preuve avec
Pirandello, est mise en scène par Marie-José Malis
sans artifice, de façon à révéler «un théâtre de pur
dialogue, de pur semblant de réalisme.» En pleine
lumière, les cinq comédiens de la cie la Llevantina
jouent au plus près des sentiments cette remise en
question d’un quartet bourgeois aux prises avec la
vérité suite à un adultère.
Les 2 et 3 décembre
Théâtre de Grasse
04 93 40 53 00
www.theatredegrasse.com
©-Denise Oliver-Fierro
Différence
Tous les mardis Marie-Pierre passe la journée avec
son père, s’occupe de son linge, son ménage, avant
d’aller avec lui à Monoprix. Une journée ordinaire
dans la vie d’une femme extraordinaire. Car MariePierre est née Jean-Pierre, et se bat depuis pour faire
accepter sa différence, et se faire accepter de son
père. Jean-Claude Dreyfus incarne avec beaucoup de
sobriété et de tendresse ce personnage fort et
bouleversant né sous la plume d’Emmanuel Darley
mis en scène par Michel Didym.
Le mardi à Monoprix
Le 18 oct
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
Les 10 et 11 nov
Théâtre de Grasse
04 93 40 53 00
www.theatredegrasse.com
Entretiens
Se basant sur des entretiens radiophoniques que Duo
Céline enregistra dans les années 50, Ludovic Ultime roman, inachevé, de Gustave Flaubert,
Longevin a construit sa pièce comme une rencontre
avec l’un des auteurs les plus marquants du XXe
siècle. En répondant aux questions d’intellectuels de
l’époque Céline, qu’incarne Marc-Henri Lamande,
parle avec éloquence de sa vie, son enfance, ses
prises de position politiques, de son écriture…
Dieu, qu’ils étaient lourds… !
Le 15 oct
Théâtre Durance, Château-Arnoux
04 92 64 27 34
www.theatredurance.fr
Bouvard et Pécuchet est un pamphlet contre la bêtise
humaine, une belle réflexion sur la vanité humaine
toujours aussi actuelle. Deux copistes font
connaissance, décident se s’installer ensemble à la
campagne et d’acquérir le savoir à travers l’étude des
sciences. Leur incapacité à comprendre les choses
va engendrer des catastrophes…
Bouvard et Pécuchet
Du 2 au 4 nov
Théâtre la Passerelle, Gap
04 92 52 52 52
www.theatre-la-passerelle.eu
AU PROGRAMME
29 dates, 37 représentations, 8 lieux composent la
nouvelle saison de Mômaix. Au Pavillon Noir, les duos
d’Angelin Preljocaj (Annonciation, Centaures et
Blanche-Neige), Madhavi Mudgal qui réunit douze
danseurs et musiciens (Vistaar), le pétillant poème
visuel Lalala Gershwin de Montalvo et Hervieu. De la
danse encore au Bois de l’Aune, avec Les Sisyphe
créée par Julie Nioche et une trentaine d’adolescents
des centres sociaux, et au 3bisf avec D’une page
Blanche d’Ana Eulate inspiré du conte de Yourcenar
Comment Wang-Fô fut sauvé.
L’affiche musicale permet de savourer quelques
Mignardises et autres petites pièces à usage gourmand
proposées par l’Orchestre symphonique lyonnais au
Jeu de Paume, de goûter au Roi danse par
l’Orchestre français des jeunes baroque, à Bastien
et Bastienne de Mozart par l’Orchestre de l’opéra
de TPM et à Don Quichotte par l’Orchestre français
des jeunes au Grand Théâtre de Provence. D’autres
préfèreront Le petit chaperon rouge revisité par
Aperghis et interprété par l’Ensemble Reflex au Jeu
de Paume. Ultimes gourmandises à Théâtre et
L’Autre
Oriental
Tabataba au Bois de l'Aune dans le cadre de Momaix © X-D.R
«Quoi ? C’est quoi ?» s’interrogent les deux
comédiennes qui tentent de se rencontrer, par delà
leur propre maison, leur territoire, au-delà de leurs
goûts respectifs et de leurs différences. Sauf que pour
échanger vraiment, il leur faudra tomber les masques,
se laisser approcher… La Cie Clandestine et son
théâtre d’images en papier abordent ici le thème de
la confrontation à l’autre avec le ton juste et la
sensibilité qui les caractérisent.
Quoi ? C’est quoi ?
Du 20 au 22 oct
Massalia hors les murs
L’Astronef, Marseille
04 95 04 95 70
www.theatremassalia.com
Le 9 nov
Théâtre de Fos
04 42 11 01 99
www.scenesetcines.fr
Réquisitoire
Sous couvert d’une fable futuriste, utopie renversée
d’un avenir à craindre, l’auteur Philippe Dorin
prononce un réquisitoire contre la standardisation des
esprits. Et pour mieux frapper les esprits, justement, il
convoque de drôles de marionnettes à lutter contre
l’uniformisation en usant des armes du rire et du
décalage. Drôle et réjouissant !
2084 Un futur plein d’avenir
Du 3 au 4 nov
Massalia hors les murs
L’Astronef, Marseille
04 95 04 95 70
www.theatremassalia.com
Le 9 nov
Théâtre d’Arles
04 90 52 51 51
www.theatre-arles.com
Le 22 nov
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59
www.theatresendracenie.com
Les fascinants voyages de Sindbad dans les mers de
l’est de l’Afrique et du sud de l’Asie ont déjà conquis
les lecteurs des Mille et une Nuits comme les
amoureux du cinéma. Laurent Pelly entreprend lui
aussi le voyage en compagnie d’Agathe Mélinand, pour
l’adaptation théâtrale, retrouvant un peu de son âme
d’enfant : il restitue à cette fable perse sa féerie sans
jamais quitter le style épique propre au roman
d’aventures.
Les aventures de Sindbad le marin
Les 15 et 16 nov
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76
www.theatre-liberte.fr
19
chansons avec Praliné, safrané de Pierre Gueyrard et
le conte musical de Corinne Pons Madame saison
fait son automne…
Le menu ne serait pas complet sans théâtre : En
attendant le Petit poucet de la Cie l’Arpenteur, Histoire
d’une famille de la Cie Rodisio et Petit Pierre de
Suzanne Lebeau au Théâtre Vitez, Tabataba de
Koltès mis en scène par Moïse Touré au Bois de
l’Aune, Le fabuleux voyage de Nils Holgersson aux
Ateliers… Sans non plus le Cirque Azeïn et l’énergie
de Stomp !
M.G.-G.
Mômaix
Du 13 oct au 17 déc
04 42 91 99 19
www.aixenprovence.fr
Lunaire
© Claude Dolbec
Sucré-Salé
JEUNE PUBLIC
Débarqué de son Québec natal, où il est considéré
comme une véritable star, le conteur Fred Pellerin,
lunaire autant que drôle, dépeint avec malice la vie des
habitants de son village. Dans l’Arracheuse de temps,
cet improvisateur hors pair à l’accent chantant de nos
cousins d’Outre Atlantique, nous fait passer du rire
aux larmes avec une facilité rare pour «l’art de la
parlure». Une découverte que l’on ne va plus vouloir
laisser repartir.
Du 7 au 10 déc
Le Gymnase, Marseille
0 820 000 422
http://lestheatres.net
Terriens
Une fable philosophique douce et amère pour minots,
dans un décor (sublime) de bac à sable transformé
par des lumières étonnantes, pour réfléchir, en famille,
à l’existence. Deux personnages, Kétal et Aride,
prennent possession d’un petit coin de paradis qu’ils
vont bien devoir partager. Sur un texte signé Lise
Martin, un petit bijou d’humour taillé dans l’absurde et
le comique de situation, Nino D’Introna (nominé aux
Molières 2011 pour la seconde fois) offre une
réflexion saisissante sur la propriété et notre incapacité
à vivre ensemble.
Terres !
Le 18 oct
Théâtre des Salins, Martigues
04 42 49 02 00
www.theatre-des-salins.fr
© Emile Zeizig
L’Arracheuse de temps
Le 8 nov
Théâtre de l’Olivier, Istres
04 42 56 48 48
www.scenesetcines.fr
Les 5 et 6 nov
Le Chêne Noir,Avignon
Tél. 04 90 86 58 11
www.chenenoir.fr
Étrange
Une pièce de Joël Jouanneau, mise en scène par
Dominique Lardenois, construite autour de quatre
personnages et du rapport à l’autre et
particulièrement à l’étranger. Qu’adviendra-t-il de la
rencontre avec cet enfant étrange et étranger qui
arrive dans la cour de la ferme de la mère Procolp ?
Acteurs et spectateurs, à partir de 10 ans, seront
réunis autour d’un cercle au centre duquel une
tournette représentera ce monde miniature en
mouvement.
L’adoptée
Le 26 oct
Le Sémaphore, Port-de-Bouc
04 42 06 39 09
www.theatre-semaphore-portdebouc.com
20
DANSE
GYMNASE | GTP | PAVILLON NOIR
Là-haut le vide
Supplémentaires
Les duos de Preljocaj affichent deux dates supplé-
Dans le cadre d’actoral et littéralement sur le plateau
du Gymnase, le Merlan nous a proposé une courte
pièce de François Chaignaud et Cécilia Bengolea.
Les deux chorégraphes s’étaient fait connaître avec
le scandaleux mais peu érotique Pâquerette, duo sur
le plaisir et la pénétration -en actes, avec accessoires.
Depuis ils ont présenté, durant le Festival d’Avignon
2011, en hommage à Isadora Duncan, des Danses
libres remarquées. Leur duo Castor en Pollux, conçu
entre ces deux pièces, décale heureusement le point
de vue en allongeant les spectateurs sur la scène,
mais surtout en leur donnant à voir les techniciens
qui manipulent comme des marionnettes à fil les
danseurs suspendus dans les cintres. À part cela,
beaucoup de vide, les mouvements étant forcément
contraints : les deux corps jumeaux s’enlacent,
s’enserrent, se décollent. Puis évoluent chacun de
leur côté, nageant dans l’air au gré des poulies que les
techniciens actionnent. Ça dure une trentaine de
minutes, et c’est suffisant. Comme Pâquerette le duo
repose sur une idée : même belle, même forte et
mise en œuvre avec talent, cela ne suffit pas à faire
une œuvre. Il semble que, pour Avignon, ils s’en
soient rendu compte !
mentaires. Le public a bien raison de s’y précipiter : la
quintessence de Preljocaj est dans ces danses à deux,
amoureuses ou affrontées, communiantes, qui transcendent le contact, les portés, la synchronie. Et l’émotion.
Castor et Pollux a été dansé du 28 au 30 sept
au Gymnase dans le cadre des vagabondages
du Merlan
Centaures © JC Carbonne
Hottentote
Nelisiwe Xaba est une danseuse subversive, fille
noire et libre de Robyn Orlin, au corps filiforme magnifique dont elle se sert comme une arme de combat.
Pièce sur le refus de l’immigration en référence à la
Vénus Hottentote qui fut exhibée comme un animal de
foire, Sakhozi says no to the Vénus va sonner comme
un cri, et un éclat de rire. Car la Sud Africaine déborde
d’humour…
© Agnès Mellon
A.F.
Centaures, Annonciation, duos de Blanche Neige
Du 13 au 18 oct
Pavillon Noir, Aix
0811 020 111
www.preljocaj.org
Je préfère les supions à l’ail
Philippe Découflé, après son Sombrero aux couleurs
du Mexique, une variation vaine sur le striptease, puis
un solo très réussi, s’est penché vers les profondeurs
sombres de la mer pour y chercher les bras
amoureux des pieuvres… Octopus renoue avec ses
monstres polymorphes, ses hybrides d’animaux
humains qui ont fait son succès et sont désormais sa
marque de fabrique, avec les mots qu’il concomite
quelquefois avec bonheur. Et ça marche : le public,
debout, ovationne les belles images, les idées
saugrenues, la musique live parfois très inventive
© Xavier Lambours
même si souvent son volume casse les oreilles et
abrutit. Et la décontraction familière de tout cela, le
mouvement permanent qui fuit l’arrêt et le silence.
Rien de mortifère donc, malgré la dominance du noir,
des monstres, des multiplications prolifératives : le
mouvement occupe les yeux et l’esprit, toujours…
Reste pourtant l’impression d’avoir goûté un met
vaguement insipide. D’être rassasié par l’abondance
caoutchouteuse des images à la mode, des scènes
inégales qui se succèdent en un zapping très contrôlé
plus ou moins érotique et sans nécessité. Car les
corps bougent, contorsionnent, gymnastent,
mais ne dansent pas. Ne
savent pas, d’ailleurs,
danser -lorsqu’ils s’y
risquent ils décalent,
ratent leurs appuis. Bref
une pieuvre peu subtile,
une méduse qui séduit
mal, et jamais ne terrifie,
à vous donner envie
d’une assiette bien
relevée de petits supions
à la provençale.
AGNÈS FRESCHEL
Octopus a été joué au
Grand Théâtre de Provence,
Aix, du 4 au 8 oct
Sakhozi says no to the Vénus
Du 25 au 27 oct
Pavillon Noir, Aix
0811 020 111
www.preljocaj.org
Nouveaux
La nouvelle génération des danseurs africains est stupéfiante, déclarait Preljocaj qui revenait du concours
Danse l’afrique danse ! Ils ont assimilé et dépassé selon
lui à la fois le folklore africain et la danse contemporaine européenne, pour inventer une danse qui
concerne l’Afrique d’aujourd’hui. Un solo malgache,
un trio du Mozambique et un quatuor Congolais,
permettront de découvrir un nouveau continent.
Ail ? Aïe ! Aïe ! Junior Zafialison
Orobroy, stop ! Horácio Macuácua
On the steps Florent Mahoukou
Du 3 au 5 nov
Pavillon Noir, Aix
0811 020 111
www.preljocaj.org
Orobroy, stop © Antoine Tempé
22
DANSE
DANSEM | VAUCLUSE
Entrez dans Dansem !
venir y découvrir leur travail, avant que Jean Jacques
Sanchez n’expose ses photographies à la Minoterie
à partir du 9 déc.
… questions…
Dans le même temps les précieuses Questions de
danse posées par Michel Kelemenis proposeront
de jeter un œil sur 12 pièces en cours de création, plus
ou moins élaborées. Il y aura de petites formes aux
Bernardines de Fabrice Ramalingom (Montpellier)
puis Daniel Abreu (Portugal) les 27 et 28 oct, et
celles de Danya Hammoud, puis Shlomi Tuizer et
Edmond Russo (France) les 2 et 3 nov. Mais Michel
Kelemenis pourra enfin accueillir des formes plus
conséquentes dans ses nouveaux murs : Christophe Garcia, Davy Brun, Franck Micheletti le 25
oct, puis Fana Tshabalala (Afrique du sud) qui se
joindra aux deux derniers le 26 oct, Mathieu Hocquemiller, Vaclav Kunes et Abou Lagraa le 4 nov,
avec Michaël Allibert qui se joindra au deux derniers le lendemain.
Unconfessed au festival Dansem © Andrea Abbatangelo
Histoire de l’œil, à l’occasion de la sortie de l’ouvrage de Toni Cots dédié au projet sur «le corps
affecté» et «l’affect». Car il est question d’amour dans
ces miniatures -qui font aussi partie du programme
Sous le signe d’Averroès (voir p 9) : un sujet brûlant
en Méditerranée, du moins dès qu’il est question du
corps. Ainsi au KLAP (voir p 8) Shayma Aziz (Égypte),
Leo Castro (Espagne), Andrea Abbatangelo (Italie)
et Christophe Haleb (France) présenteront leurs
travaux photographiques et vidéos lors des journées
portes ouvertes du 21 au 23 oct. Puis aux Pénitents
Noirs d’Aubagne, au cœur de l’exposition La Méditerranée des 7 dormants (voir p 9), Montaine
Chevalier (France) et Danya Hammoud (Liban)
proposeront chacune une performance (le 23 oct à
17h). Enfin, les trois chorégraphes libanais en résidence actuellement au Studiofficina proposeront de
Si l’essentiel de la programmation
de Dansem commence le 10 nov,
elle est précédée de deux cycles
où la danse s’interroge
Miniatures…
L’Officina, qui organise le festival Dansem et l’inscrit
depuis 15 ans dans un réseau structurant méditerranéen, propose cette année au public des rendez-vous
avec les créateurs qui résident en ses murs, y passent, y répètent, y réfléchissent. De petites formes
de natures diverses -dansées, performées, exposéespour un projet intitulé tout naturellement Miniatures
Officinae, qui sera présenté le 20 oct à 10h à la Maison de la région par Cristiano Carpanini, directeur
de l’Officina, puis le 21 oct à 16h30 à la librairie
et début…
Puis le cœur de Dansem commencera à battre sur un
rythme de croisière plus régulier, jusqu’au 10 déc.
Avec l’aboutissement du projet au long cours entre
Bamako et Marseille de Barbara Sarreau (Tchakéla,
du 10 au 17 nov à la Poissonnerie), puis le solo de
Sabine de Viviès (Cie Motus) au Lenche les 15 et
16 nov, et quelques torgnoles d’Appaix (voir p 15).
Puis… nous y reviendrons !
AGNÈS FRESCHEL
Dansem
Du 20 oct au 10 déc
Marseille, Aubagne
04 91 55 68 06
www.officina.fr
Back to the Roots au Theatre des Doms © X-D.R
Le Hip Hop en transe
Danse urbaine, hip hop, human beatbox, rap,
breakdance, DJing, mix-scratch, light graf’… autant
de dénominations que de disciplines pour cette
culture urbaine en perpétuel mouvement qui voit
revenir la 8e édition de son temps fort dans le
Vaucluse, Drôle(s) d’Hip Hop. Cette Biennale des
arts urbains réunit un collectif de 13 partenaires qui
proposent, outre des spectacles de choix, des
formations (dont l’étonnant atelier des graffeurs de
lumière The Lighterz le 25 oct à l’Eveil Artistique
et les stages de Djing de DJ Odilon les 4 et 5 nov
aux Doms), des documentaires et films (l’excellent
Faites le mur de Bansky le 26 oct à la MJC de
Monteux et un programme vidéo fourni sur les
origines du hip hop du 27 oct au 5 nov à la Maison
Jean Vilar), et des conférences (ludique et interactive
avec le slameur Dizzylez le 6 nov au théâtre de
Cavaillon). Quand aux propositions spectaculaires,
en milieu scolaire et sur les plateaux du département,
elles devraient toucher tous les publics par leurs
diversités. À noter, le solo hip hop/classique de
Storm (le 25 oct, salle des fêtes d’Apt) et les
concerts de Dels et Fowatile (le 29 oct, Akwaba de
Châteauneuf-de-Gadagne). Mélange de danse et
arts numériques avec Kaiju par la cie Shonen (le 2
nov, théâtre de Cavaillon), retour aux sources avec
Zach Swagga dans Back to the Roots (les 3 et 4 nov
aux Doms) et Vis-à-vis, le nouvel opus de la cie
Stylistik (3 et 4 nov au CDC les Hivernales). Puis, 10
danseurs virtuoses dans Urban Ballet (le 5 nov,
Auditorium de Vaucluse, le Thor), un mélange
tango/hip hop avec De la Boca au Bronx (le 6 nov,
Pôle culturel de Sorgues) et en clôture Né pour
l’autre par la cie Alexandra N’Possee (le 8 nov,
théâtre Golovine).
DELPHINE MICHELANGELI
Du 18 oct au 8 nov
Drôle(s) d’Hip Hop, Vaucluse
Arts Vivants en Vaucluse
04 90 86 11 62
www.artsvivants84.fr
24
DANSE
AU PROGRAMME
Pina
Masculin bis
Tendu
Les danseurs du Ballet Biarritz parviennent à des
Nelken © Ulli Weiss
exploits techniques dans cette pièce réglée au
cordeau : Thierry Malandain sait exiger de ses
interprètes des performances physiques, dans la
souplesse et l’ampleur, que peu d’autres ballets
atteignent. Mais son Roméo et Juliette, étrangement
composé sur la musique de Berlioz, manque parfois
de cette sensualité que l’on attend dans les tableaux
amoureux… De la belle danse, cependant !
Roméo et Juliette
Le 6 nov
Théâtre de Fos
04 42 11 01 99
www.scenesetcines.fr
Elle est déjà une légende, et pourtant peu de gens
dans la région ont eu la chance de voir son ballet
danser. Le Tanztheater de Wuppertal est à Nîmes
pour trois représentations de Nelken -Les œillets- une
pièce de 1982 parmi les plus belles du répertoire de
Pina Bausch. Drôle, émouvante, théâtrale bien sûr,
fluide, et très dansée. Dans un immense champ
d’œillets qui suivent et adoucissent encore le
mouvement…
Masculin
Avec Mourad Merzouki le hip hop s’est enfin
institutionnalisé en France : il dirige le CCN de Créteil,
et sa Cie Käfig danse même avec le quatuor Debussy
jouant du Schubert (entre autres). Mais son art reste
toujours aussi masculin : c’est que les huit danseurs
inventent un ballet de boxeurs, forcément punchy, et
drôle.
Boxe boxe
Le 15 oct
L’Olivier, Istres
04 42 55 24 77
www.scenesetcines.fr
Boxe boxe © M. Cavalca
El Din © X-D.R.
Nelken
Du 20 au 22 oct
Théâtre de Nîmes
04 66 36 65 10
www.theatredenimes.com
Confrontations
Après avoir dansé Métamorphoses de Frédéric
Hervé Koubi présente trois pièces, un solo, un duo
et une pièce pour douze danseurs hommes, qu’il a
conçues et créées pour de jeunes danseurs Algériens. Des pièces très physiques, mêlant, sur des
musiques diverses, les cultures chorégraphiques, l’art
de la Capoiera, des figures acrobatiques.
Barra, Tabaa, El Din
Le 29 oct
L’Olivier, Istres
04 42 55 24 77
www.scenesetcines.fr
Transmission
Les lieux de là est une de ses plus belles chorégraphies, et Mathilde Monnier fait un beau cadeau aux
jeunes danseurs de la formation Coline, en leur
transmettant cette pièce de 1999 qui explore très
délicatement les mouvements de groupe, et le surgissement de l’individu et des couples dans les
agrégats. Deux duos Pudique Acide et Extasis, complèteront le programme.
Les lieux de là
Le 5 nov
L’Olivier, Istres
04 42 55 24 77
www.scenesetcines.fr
Étreinte
Une très belle rencontre entre Maria Pagès, reine de
la sévillane, et Sidi Larbi Cherkaoui, le grand chorégraphe contemporain Belge qui a su explorer ses
racines marocaines sans folklore. Dans l’amphithéâtre de Vaison-la-Romaine, sous le vent léger, la
création était magique. Musicale, les musiciens flamenco, arabo-andalou et contemporains s’appuyant
sur des modes communs ; et graphique, le corps de
la danseuse étant l’objet d’un superbe travail sur la
ligne et l’effacement.
Dunas
Le 21 oct
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76
www.theatre-liberte.fr
Flamand à Château-Arnoux, le Ballet National de
Marseille revient dans ses murs pour proposer un
programme plus néo-classique : les Nuits d’été que
Thierry Malandain a créées pour le Ballet l’an dernier sur les 6 mélodies si romantiques de Berlioz, et
Inverses, la pièce d’Annabelle Lopez Ochoa qui oppose l’énergie contemporaine d’une soliste au mouvement
réglé d’un groupe au mouvement continu…
Les Nuits d’été, Inverses
Du 9 au 12 nov
Ballet National de Marseille
04 91 71 36 32
www.ballet-de-marseille.com
Métamorphoses
Le 21 oct
Théâtre Durance, Château-Arnoux
04 92 64 27 34
www.theatredurance.fr
Chinois
Art total, l’opéra chinois relève de la danse, du cirque,
du théâtre de l’opéra. Avec des chants et une musique très aigüe, une danse qui ne se distingue pas de
l’acrobatie et cherche l’exploit, un théâtre qui avance
masqué et chatoyant, truffé de mythes opaques.
Spectaculaire, l’Opéra de Pékin, must du genre, l’est
sans conteste !
Opéra de Pékin
Les 8 et 9 nov
Théâtre Toursky, Marseille
0 820 300 033
www.toursky.org
Le 5 nov
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
Opera de Pekin © X-D.R.
26
ARTS DE LA RUE
SMALL IS BEAUTIFUL | SALON
C’est bien parti !
Sirène avec les Cies Na Perone et Là Hors de © Vincent Lucas
Puis la Cie Yoann Bourgeois propose
un duo acrobatique de haut vol, deux
acrobates sur trampoline et escalier
menant vers le vide, superbe variation
sur l’envol qui ose même prendre la
voix de Bergson comme fond sonore
de ses rebonds, de ses bras qui s’élèvent pour embrasser l’air retrouver
l’équilibre, étreindre, et chuter tranquillement comme si l’air pouvait porter…
25 mns de bonheur ! Puis un autre
plaisir, celui de l’ANPU, désormais
célèbre Agence de Psychanalyse urbaine, qui se penche sur la psychologie
des cités avec un humour qui n’a
d’égal que… sa pertinence. Car comparer Martigues à Istanbul et l’Étang de
Berre à la Mer noire, les cheminées
des raffineries ressemblant en effet
comme des sœurs à la silhouette des
minarets stambouliotes, relève évidem-
Le Phare d'eau d'Olivier Grossetete © Vincent Lucas
Small is beautiful a commencé en
beauté. La Sirène a sonné l’ouverture
à Marseille, à midi net sur le Parvis de
l’Opéra, avec les deux Cies Na Perone
et Là hors de, que l’on retrouvera à
Aubagne dans un spectacle plus long :
une danse en cages sur la rétention et
l’expulsion à nos frontières, traversée
de regards forts, de mains tendues
impossibles à prendre, de tragiques
empêchements.
À l’envers du Small revendiqué par le
festival, Tartar is beautiful, et démesuré : sa performance de 6h30 en
solo, qui rend compte d’un tour du
monde, a-t-elle place dans cette esthétique du petit format ? Certainement,
par son côté artisanal, qui laisse voir
les coutures. Tartar n’est pas un
comédien génial, pas tout à fait un
poète, ni un vrai orateur. Mais un
«Fictionnaire» qui, à travers une subjectivité enivrée dit le réel de l’Afrique, de
l’aliénation, des magouilles, de la
petitesse des politiques, avec une
grande acuité poétique.
Le 8 à Martigues Small is beautiful
s’installe ! Le vent souffle à s’en fendre
l’âme mais Lieux Publics trouve des
places abritées, fait voguer des Fiat
dans le port et propose des spectacles
épatants. Le Phare d’eau d’Olivier
Grossetête s’érige, magnifique construction collective faite de cartons de
récup scotchés, et puis arrivé en haut,
superbe, prend des airs de Tour de Pise
sous l’assaut du vent et s’écroule en
une inattendue apologie de l’éphémère
et du hasard.
ment de la pochade. Mais les faux
lapsus et les rapprochements de mauvaise foi sont truffés de remarques
justes, et permettent au passage de
rire de Paul Lombard en proposant de
lui édifier une statue en or, de souligner
les plaies martégales dues aux choix
de l’État parâtre (centrale de SaintChamas, qui a tué la pêche et les
salins), de se moquer de Marseille la
grande sœur hégémonique, et de faire
rire à gorge déployée une salle pleine à
craquer d’habitants épatés par ce
vrai/faux de leur histoire…
Le soir, dans la fontaine de ferrières, 4
compagnies jouaient avec l’eau. Inégales, avec un joli duo de De Fakto sur
la voix de Bourvil, et une plongée de la
Cie Daniele Ninarello dans l’eau
glacée et l’air humide du soir… On les
retrouvait le lendemain à Marseille,
avec Artonik. Toute la semaine, et
jusqu’au 16, on pourra voir encore un
mix up cinématographique, un concert
de public, des marionnettes, écouter
des haut parleurs et des parapluies. À
Aubagne passer deux jours à
retrouver Grossetête, Tony Clifton,
Na Perone, et un duo délicieux avec
un engin de chantier, devenu must du
genre. Small is still going !
AGNÈS FRESCHEL
Small is Beautiful
Jusqu’au 16 oct
04 91 03 81 28
www.lieuxpublics.fr
La rue fait Salon
Hula Hoopla !!! de et avec Julot © Claude Lorin - Zibeline
Quand Salon offre ses trottoirs aux artistes, elle se
transforme en chasse aux trésors géante, les trésors
étant des spectacles dénichés à la faveur, notamment, d’une déambulation avec une fanfare pétillante,
Taraf Goulamas, qui entraîne les spectateurs dans
son sillage.
Sur la grande place Morgan, deux formes très
différentes se préparent. Au cœur d’une structure
tubulaire préalablement recouverte de plastique, les
anglais de la cie Motionhouse se lancent dans une
chorégraphie ébouriffante qui les heurte à ces murs
translucides et étouffants, tandis que quelques graffs,
qu’on aurait souhaités plus nombreux et colorés,
viennent les couvrir. Métro/bousculades, métro/rencontres, un dedans/dehors répétitif qui aurait gagné
en épure et en temps lents, dans les élans aériens
notamment… Peu après Julot, de l’excellente cie Les
Cousins, fait tourner des hula-hoops sur la terre ferme
avant de grimper sur son mat de 9 m. Là, sur une
mini-plateforme, l’artiste lunaire balance son corps et
ses cerceaux dans un bel ensemble, insensible au
vertige visuel qui saisit l’assemblée. En suspension
entre ciel et terre, Julot offre une pause poétique
surprenante. Puis le public rejoint la petite place
Catherine de Médicis pour s’installer face aux
comédiens de la cie de l’autre. Là, lors d’une parodie
de psychothérapie de groupe, deux hommes vont
tenter de comprendre pourquoi leurs femmes les ont
quittés. Avant d’arriver à la conclusion qu’il est
souvent plus important, et facile, de passer le sel que
de dire «je t’aime», ils auront fait partager au public
leurs états d’âme souvent vertigineux, mais délicieux,
au gré de non-sens savoureux noyant l’émotion sous
un humour subtil et lourd de sens.
DO.M.
Salon Public s’est déroulé du 30 sept au 2 oct
28
CIRQUE/ARTS DE LA RUE
AU PROGRAMME
Beauté du geste
Éblouissant
Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée ont
l’art de transformer le banal en extraordinaire, le réel
en irréel, entremêlant l’acrobatie et l’illusion, le mime
et la danse… Dans ce cosmos féerique la robe
devient cheval, les ombrelles ont des airs de paon, la
voile se transforme en dragon… au point de se
demander si l’on ne rêve pas tout éveillé ! Elle en
femme-camélon et lui en clown-prestidigateur sont
tout simplement irrésistibles.
Le cirque invisible
Les 14, 15 et 16 oct
Le Carré Sainte-Maxime
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
© J-C. Sounalet
cache particulièrement bien chorégraphié. Une
miniaturisation qui force le respect !
DO.M.
Da/Fort a été joué à Marseille les 14 et 15 sept,
à Istres les 20 et 21 sept
Ils sont à Grasse jusqu’au 22 oct,
puis à Briançon du 9 au 16 nov.
Théâtre de Grasse
04 93 40 53 00
www.theatredegrasse.com
Théâtre du Briançonnais
04 92 25 52 42
www.theatre-du-brianconnais.eu
© Brigitte Enguerand
Maîtrise
© Valerie Remise
Invitée par l’association Karwan et le réseau R.I.R
dans le cadre de la saison régionale rue et cirque, la
cie belge Circ’ombelico a sillonné les routes de la
région (et ce n’est pas fini) et posé son vieux camion
à Marseille et à Istres. C’est dans ce camion que Jef
Naets et Iris Carta évoluent, face au public, dans un
espace confiné au cœur duquel les acrobaties
prennent une signification particulière. De portés
osés en sauts millimétrés, ils évoquent, sans paroles
aucune, à une échelle réduite, le manque d’espace
qui peut étouffer souvent. Mais dans Da/Fort, ce qui
signifie Là/Absent, il y a aussi des apparitions et
disparitions fréquentes, trappes ou plafond mouvant
qui permettent à ce drôle de couple un jeu de cache-
Autrement
© Safi
Aller vers la culture du goût, celle qui se mange, voilà
qui est nouveau dans Zibeline ! Ne vous inquiétez pas
nous n’allons pas ouvrir des pages cuisine ou restau :
les goûts proposés par Safi n’ont rien de commercial,
et interrogent profondément notre culture… Lors des
Journées du Patrimoine le collectif a proposé des
échappées à la ferme de la Tour du Pin, apprenant
aux visiteurs à reconnaître ces plantes sauvages qui
s’immiscent dans nos villes, entre les pierres, la terre
et le béton. Les repérer, les nommer, les goûter, les
cueillir et puis… les cuisiner ! Autour d’un butagaz,
avec juste un peu de sucre, du vinaigre, un œuf de la
ferme à côté, de l’huile d’olives pressée au CAT voisin,
on a dégusté du plantain, de l’amarante, du pourpier
(délicieux en salade !), de la mauve caramélisée…
Puis on nous a offert des ravioles des champs,
d’autres salades, des chèvres de la ferme… Et les
convives ont échangé longuement, au cœur de
sculptures végétales éphémères, sur cette ville que
l’on pourrait vivre autrement…
A.F
Par ici les échappées, vagabondage du Merlan, a eu lieu
au quartier saint Barthélémy (Marseille 14e) les 16 et
17 sept, à l’occasion des Journées du Patrimoine
Dans la grande tradition du duo de clowns, nez rouge,
grandes chaussures et maquillage outrancier, Xavier
Bouvier et Benoît Devos offrent un numéro qui mêle
le rire, l’exploit physique et l’émotion. Un grand éclat
de rire, Ha ha ha, et les postures insensées se
succèdent dans des empilements de cartons
autonomes et autres trouvailles insolites, une
succession de saynètes plus inventives les unes que
les autres.
Ha ha ha
Les 27 et 28 oct
Théâtre des Salins, Martigues
04 42 49 02 00
www.theatre-des-salins.fr
30
MUSIQUE
MARSEILLE | TOULON
Saint-Victor délocalisé
J.F.
Contrebasses au foyer
Le Foyer de l’Opéra de Marseille accueille de nombreuses
manifestations, dont l’un des avantages
est leur moindre coût !
La douzaine de concerts de musique
de chambre (5€, les samedis à 17h),
la quinzaine de récitals du Centre
National d’Insertion Professionnelle d’Artistes Lyriques (entrée libre
les vendredis et jeudis à 17h15 ), les
conférences sur les opéras ou les
hommages à des artistes du passé
(3€, les samedi à 15h), la demi-douzaine de «cartes blanches» aux élèves
du Conservatoire National à Rayonnement Régional de Marseille
(entrée libre, les samedis à 11h) ne
manquent pas d’intéresser les amateurs, d’autant que le cadre art-déco
luxueux du Foyer majore le plaisir de
l’oreille.
Le premier concert de la saison, proposait un programme original d’opus
et transcriptions mettant en valeur la
contrebasse. Hormis les Passacaille et
Sarabande de Haendel, arrangées par
Johann Havorsen (à l’origine pour
alto), les grands duos romantiques de
Giovanni Bottesini ou celui plus moderne de Virgilio Mortari nous étaient
inconnus. Ces pages brillantes ont
permis au nouveau 1er soliste de l’Orchestre Philharmonique de Marseille
Jean-René Da Conceiçao d’exprimer
un talent rare. Doué d’une sonorité
claire et puissante, il joue de la
contrebasse comme un violoncelliste,
avec le relâchement de ceux qui ont
dépassé les soucis techniques de leur
instrument. En contrepoint, Fabrice
Di Benedetto, co-soliste à l’Opéra,
possède un tempérament plus réservé,
mais on perçoit à l’aune d’une sonorité moirée et de phrasés chantants,
la présence d’un fin musicien. À leur
côté Augustin Bourdon, 1er chef
d’attaque des seconds violons et
remarquable virtuose, a fait plus que
de la figuration, quand Nina Uhari a
sereinement assumé les «ploumploums» pianistiques des pièces du
programme… mais aurait aimé, comme ses partenaires, que le piano fut
mieux accordé !
JACQUES FRESCHEL
www.opera.marseille.fr
Cyprien Katsaris © Carole Bellaiche
Edna Stern © X-D.R.
L’église est comble et le public, dans son ensemble,
semble gagner en confort visuel et acoustique au
changement de lieu (provisoire ?) du Festival de
St Victor. À St-Cannat les Prêcheurs, on jouxte
les artistes installés sur une estrade en pleine nef :
on voit bien, on entend bien, même si la résonance
d’une église n’est jamais idéale pour une formation
symphonique avec piano. Le piano justement,
planté devant les cordes sonne comme un
orchestre : le timbre est plein, un peu réverbérant,
mais assez net. Au clavier Edna Stern fait respirer
les phrasés lyriques du 2e Concerto de Chopin. Elle
dégage un grand calme, une sérénité patente dans
les tempi, fait vrombir les accords puissants ou
distille quelque chapelet de notes perlées avec
beaucoup d’élégance. La musicienne jubile et
donne du plaisir aux spectateurs qui l’acclament au
final. À ses côtés, et pour l’ensemble du
programme, André Bernard, à la tête de l’excellent
Orchestre Régional Cannes PACA, présente un
beau travail de direction, précis et sans faille dans
les départs, une gestique tonique, des dynamiques
maîtrisées et un souffle de bon ton pour les
romantiques Ouverture «Les Hébrides» de
Mendelssohn et Symphonie n°2 en si bémol de
Schubert.
Piano libre
On a eu un peu peur, lorsque Cyprien Katsaris a
entamé la Wanderer-Fantasie de Schubert… Dans
la transcription de Liszt pour piano et orchestre, le
virtuose, poussé par son enthousiasme naturel, a
eu tendance à tomber, en fin de phrase, quelque
quart de soupir en avance sur la battue de Gabriel
Chmura. Toutefois, le chef, avec métier, rattrapa le
coup et l’Orchestre Philharmonique de Marseille, à
sa mesure, montra, tout au long du programme, de
belles qualités de cohésion et de phrasé : des
cordes suaves et tendres du Siegfried-Idyll de
Wagner, au souffle de variations cycliques nées de
l’imagination débordante de Johannes Brahms (4e
symphonie).
Quant à Cyprien Katsaris (voir p52), musicien épris
de liberté, son art s’exprime plus sereinement
aujourd’hui en récital solo qu’en dispositif
concertant. De fait, le public respira lorsqu’à
découvert il put adopter souplesse rythmique et
respirations propres. En bis, une pièce surprenante
de modernité (et de virtuosité) signée Louis Moreau
Gottschalk (1829-1869) remporta l’adhésion,
confirmant, si besoin est, la détermination du natif
de Marseille à faire connaître des répertoires peu
communs. De fait, les quelques 300 opus du
pianiste américain, admiré par Chopin, mériteraient
qu’on s’y intéresse davantage !
J.F.
Ce concert a eu lieu le 14 sept à l’Opéra de Marseille
Cyprien Katsaris se produira en récital (Liszt) au
Comoedia d’Aubagne le 6 nov
04 42 18 19 88
MUSIQUE 31
Chanter protester
(Fils de, un peu fourre-tout), mais les
phrases giclent : «Président, petit voyou,
cassez vous !» On apprécie la voix de
chanteuse réaliste de Corinne Van
Gysel, la précision rythmique de Philippe Rousselet et les belles basses
d’Etienne Jesel et Jean-Philippe Trotobas assurent tierces et intervalles
planants. Des rythmes plus ensoleillés, une bossa endiablée, un sextuor
au swing incisif et désenchanté permettent de maintenir une part de
rêves malgré le sombre constat : un
cri vivifiant qui aurait mérité une
mise en espace plus audacieuse et un
travail plus affiné sur les costumes.
Protest Songe © Jose Assa
En un clin d’œil aux seventies, six
artistes engagés dénoncent l’injustice
sociale : ça démarre fort avec les
dérapages de nos ministres : «quand
il y en a un ça va, c‘est quand il y en a
beaucoup qu’il y a des problèmes…»,
«Il y a une immigration comorienne
importante qui est la cause de beaucoup de violences.» Puis ça continue
sans concession, ça décape, ça découpe ! Anne Gastine déroule, gouaille
ironique et féroce, de belles mélodies
aux arrangements percutants. Philippe Gastine est en costume cravate,
s’en prend aux chefs marchands, suppliant : «Boss, gardez moi encore un
jour» ! Il se moque d’un système qui
considère les hommes comme «des
variables d’ajustement.» Tous les
textes ne sont pas de la même veine
YVES BERGÉ
Le collectif musical Gastine
s’est produit au Théâtre de Lenche
du 27 sept au 1er oct
Grand Œuvre
La première de Faust à Toulon augure
une belle saison à l’Opéra
La magie du vieux Faust a encore opéré à l’opéra et
la musique de Gounod exhumé le drame de Goethe.
Le mythe repensé par Paul-Emile Fourny est exposé en trichromie : noir, blanc et rouge, peut-être
en référence aux trois étapes de l’Œuvre chère à
l’Alchimiste pour transmuter la Matière en Esprit.
Les personnages cadavériques semblent sortis de
l’imagination du savant nécromant, clochardisant
et impotent, au seuil de sa mort symbolique. Des
images/décor projetées sur de grands tissus diaphanes ménagent de belles perspectives, comme
lors de la scène à l’église. L’ensemble procure à l’ouvrage, qui a souvent été remanié et agencé de
façon disparate, une belle unité. Quelques adjonctions fumeuses alourdissent cependant le propos :
Marguerite est enceinte après le départ de Faust, ne
succombe plus au final et son enfant assassiné/res-
suscité figurerait l’avènement salvateur du Christ…
Mais le Ballet complet de la nuit de Walpurgis, souvent biffé, est opportun.
Conduits par l’excellent chef Anthony Hermus, l’Orchestre remarquable, le bon Chœur d’hommes (les
filles traînent un peu) et le plateau de solistes méritent l’ovation reçue au tomber du rideau. Sébastien Guèze fait plaisir à voir et entendre : son Faust
est beau, juvénile, sa voix légère est saillante, son
jeu convaincant, sa ligne de chant sensible. Le Méphisto d’Askar Abdrazakov est vocalement solide,
un peu raide en scène, et son français reste perfectible. Dans le rôle difficile et ingrat de Valentin,
Franco Pomponi rayonne : son baryton est altier,
sa présence forte. Nathalie Manfrino enfin, brille
dans son combat contre les forces du mal et de la
folie, moins lorsque la jeune fille, naïve, découvre
les émois de l’amour.
JACQUES FRESCHEL
Faust © Frederic Stephan
Trésor
englouti
Avec Il Diluvio Universale (Le déluge Universel),
donné à la Cathédrale de Toulon ce 3 oct, saluons
une fois de plus l’esprit audacieux de la direction
artistique de l’opéra pour avoir osé programmer en
ce début d’année une œuvre que personne ne
connaissait puisque recréée en 2010 après une
création en… 1682 ! On ne saura rien des raisons
de cette mise à l’index, tout au plus se hasarderat-on à penser que son malheureux auteur,
Michelangelo Falvetti (1642-1692) fut sans doute
éclipsé par d’autres compositeurs plus
«médiatiques» en leur temps, et plus prolifiques. À
l’écoute cet ouvrage comptant l’épisode biblique de
l’arche de Noé ressemble à s’y méprendre à un
oratorio mais sans récitant, toutes les parties étant
chantées. La richesse de l’écriture contrapunctique
toute en madrigalismes, et la fluidité de l’écriture
pour les ensembles vocaux, laissent à penser qu’il
maîtrisait bien la composition et pourrait donc
figurer dans le patrimoine musical baroque comme
le chaînon manquant entre Monteverdi et Vivaldi.
C’est donc avec un légitime intérêt que le chef
Argentin Leonardo Garcia Alarcòn s’est emparé de
ce répertoire aux commandes des deux excellents
ensembles que sont La cappella mediterranea et
le chœur de chambre de Namur accompagnés du
remarquable percussionniste Keyvan Chemirani.
Leur interprétation était à l’image de l’œuvre :
jubilatoire !
ÉMILIEN MOREAU
32
MUSIQUE
GTP | FESTES D’ORPHÉE
Opération
séduction
Résurrection
pianistique
Et les Marseillais
débarquèrent en terre
aixoise !
Orchestre Philharmonique de Marseille © Marc Dresse
L’imposant Philharmonique, fort de ses 88 éléments, avec en particulier un pupitre de cuivres
heureusement renouvelé, ne comptait pas rater sa
première au GTP. À sa tête, un jeune chef explosif,
Adrian Prabava, tint du bout de sa baguette, puis
de ses mains quand l’objet décontenancé par la
fougue du petit homme virevolta dans les airs,
cette monumentale formation dans un programme
non moins colossal : Verdi, Barber et… Tchaïkovski. Cerné par le maître italien et russe, le concerto
pour violoncelle du compositeur américain interprété avec justesse par Marc Coppey fit pâle figure :
œuvre sans identité, éclatée, où l’orchestre, réduit
à une fonction ancillaire, supporte l’image du héros
romantique incarné par l’instrument soliste…
Heureusement, l’éclatante ouverture des Vêpres
siciliennes fut suivie d’une non moins brillante 4e
symphonie ! Andantino délicieux, Scherzo Pizzicato
ostinato, ciselé, vif, et un Finale «monumentale»
comblèrent le public venu en nombre. Un coup de
maître, qui devrait enfin convaincre les Aixois qu’il
y a des musiciens à Marseille…
CHRISTOPHE FLOQUET
Concert symphonique donné
le 27 sept au GTP
25 ans pour les siècles
Voilà un quart de siècle que la musique ancienne
connaît un soutien sans faille des Festes d’Orphée.
Du Moyen Âge à la période romantique, l’ensemble
s’attache à la reconstitution des œuvres avec des
instruments d’époque, en assumant une prédilection certaine pour la période baroque, et une
volonté de mettre en valeur le patrimoine musical
de la région, malmené les politiques culturelles
centralisées successives depuis… Louis XIV ! Les
Grand choeur des Festes d'Orphee © X-D.R
Festes d’Orphée ressuscitent les grands maîtres
marseillais Audiffren et Belissen (XVIIe) ou l’aixois
Claude Mathieu Pelegrin, ou encore l’incontournable Campra dont l’œuvre dédiée à son Aix natale,
Les Muses rassemblées par l’amour, sera gravée en
un huitième CD cette année… Le 21e festival de
musique sacrée, et surtout les fameux mardis musicaux invitent à de charmantes escapades dans le
temps. Un cycle de conférences illustrées sera
donné à l’espace Forbin,
par le directeur de troupe, Guy Laurent, qui par
le thème choisi insiste
sur
la
dimension
patrimoniale de ses
ambitions, «Un patrimoine
d’exception/
compositeurs aixois et
provençaux». Un ensemble riche pour un bel
anniversaire !
M.C.
Œuvres religieuses
pour chœur a cappella
Le 14 oct
Chapelle des Oblats, Aix
04 42 99 37 11
www.orphee.org
Lorsque Jorge Luis Prats attaque
en bis un délicieux mouvement de
Mozart, on comprend que le pianiste
cubain avait jusque-là caché son jeu
Jorge Luis Prats, si austère depuis l’entame du
concert, traversait la scène du GTP avec la
démarche bonhomme d’un commissaire de police à
la Bernard Blier. Il avait inlassablement poli les
contours rythmiques d’un Tango de Farninas, les
couleurs harmoniques des Goyescas de Granados, la
texture haletante de Bacchiana Basilieira n°4 de
Villa-Lobos ou les obstinations vibrantes de Gaspard
de la nuit de Ravel… avec des doigts à revendre,
une cylindrée impressionnante et une faculté à faire
ressortir le chant, sans dureté. Car il possède la
raideur profonde et virtuose des grands Russes
(Richter, Sokolov…), avec l’humour en plus !
Dans Mozart, paradoxalement, malgré le carcan de
la forme sonate, il se libère des danses latines. Et
exulte ! À chaque reprise du thème mozartien,
délicieusement chantant, Prats jette des oeillades
au public qui s’en amuse et rit de bon cœur. C’est
alors un feu d’artifice de bis, à ne plus vouloir
laisser filer les spectateurs… que l’artiste rencontre
enfin et ne veut plus lâcher. Musicien libre, il
obtient un succès enfin mérité, muselé qu’il était
depuis trente ans par la dictature castriste qui le
retenait confiné dans son île, depuis son triomphe
en 1977 au Concours Long-Thibaud.
JACQUES FRESCHEL
Jorge Luis Prats © Jan Willem Kaldenbach
AU PROGRAMME
MUSIQUE 33
Une expérience unique !
Bertrand Chamayou, c’est du lourd !
Malgré sa jeunesse (30 ans !), depuis
ses Victoire de la Musique obtenue en
2006 («Révélation») et cette année
2011 («Soliste instrumental»), le
Français, Lauréat du Concours LongThibaud à 17 ans, est l’un des pianistes
plus sollicités par les salles de concert.
Dans la région, on l’a entendu avec
bonheur à l’Opéra de Marseille, au
Grand Théâtre de Provence, au Festival de la Roque d’Anthéron…
Entre Chamayou et Liszt, une histoire
d’amour épique s’est nouée au fil des
Douze Etudes d’Exécution Transcendante sur lesquelles le virtuose à la
technique exceptionnelle a dressé ses
poignets de fer (un disque Sony plébiscité il y a cinq ans). Avec les Années
de pèlerinage, monument de la littérature romantique pour piano, Chamayou
pénètre la complexité du compositeur, explore son incroyable vie, de
l’enfance prodige à la brillance nomade, aux années de l’abbé vieillissant.
Le jeune Franz Liszt (1811-1886) entreprend de composer son Album d’un
voyageur à l’occasion de sa fuite amoureuse avec Marie d’Agoult. De cette
met un point final à cette architecture
unique dans l’histoire de la musique
avec son troisième volet : Rome. Le
compositeur ayant connu une autre
femme fascinante, la princesse Carolyne Wittgenstein, ajoute Venezie e
Napolià sa fresque, avant que l’exaltation
mystique ne prenne définitivement le
pas sur la vie amoureuse.
Entendre l’intégrale des Années de
pèlerinage en concert est une expérience unique : c’est pénétrer, hors du
temps, sur un chemin initiatique paré
de mystères et de beautés. Suivons le
guide Chamayou dans ce parcours
romantique de près de trois heures de
musique !
JACQUES FRESCHEL
Chamayou Bertrand © Thibault Stipal
cavale de cinq ans naissent trois enfants
et l’ossature de l’opus, en particulier
les deux premières «années», Suisse
Mare nostrum
et Italie, dont La vallée d’Oberman ou
Après une lecture de Dante demeurent
des musts de récitals. À l’âge mûr, Liszt
Italie
L’Orchestre Les Siècles, la Maîtrise des Bouchesdu-Rhône dirigés par François-Xavier Roth et
Antoine Tamestit à l’alto agrègent leur talent pour
interpréter la Dante Symphonie de Liszt et Harold
en Italie de Berlioz, l’un des premiers grands opus
qui permet au violon alto de s’émanciper de la masse
orchestrale au XIXe siècle.
AIX. Le 13 oct à 20h30 au GTP
04 42 91 69 69 www.legrandtheatre.net
Baroque
Lo Cor de la Plana © X-D.R.
Huit ensembles tournent en Provence pour la 20e
édition des Chants Sacrés en Méditerranée autour
de la thématique Comme l’eau qui coule.... Des
artistes français, syriens, bulgares, palestiniens,
italiens et égyptiens jouent, chantent de leur terre
d’origine, et trouvent un écho sur les rives d’en face, à
l’image des marseillais occitans de Lo Cor de la
Plana vantant «la bona mar» (le 23 oct. à 18h à
l’église d’Ansouis, Festival Durance-Lubéron).
Jusqu’au 23 oct.
04 91 91 41 41 www.ecume.org
Croisées
Carlos Fuentes est l’invité d’honneur des Écritures
Croisées (voir p.66). À cette occasion l’Ensemble
Télémaque interprète des extraits de l’opéra Aura
du compositeur José Maria Sanchez Verdu d’après
un livret de Fuentes.
AIX. Le 13 oct. à 21h Cité du livre
04 42 26 16 85 Entrée libre
Marie-Christina Kiehr, voix baroque au style d’une
grande pureté, se produit en compagnie de Concerto Soave, ensemble dirigé par le claveciniste
Jean-Marc Aymes, dans un programme dédié à la
musique sacrée à Marseille au XVIIIe siècle (Campra, Villeneuve, Buffardin, Louët, Vachon, Chalabreuil)
et des re-créations de notre patrimoine à découvrir.
MARSEILLE. Le 13 oct. à 20h. Festival de SaintVictor délocalisé à l’Eglise St-Cannat.
04 91 05 84 48 www.chez.com/saintvictor
Concerto Soave
Concerto Soave © X-D.R.
MARTIGUES. Le 10 nov. à 20h
au Théâtre des Salins
04 42 49 02 00
www.theatre-des-salins.fr
La sortie d’un enregistrement
des Années de Pèlerinage
par Bertrand Chamayou
est prévue le 27 oct chez Naïve.
Russe
En compagnie du pianiste Dmitri Yefimov, Olga
Borodina donne un récital de mélodies russes de
Moussorgski, Rimsky Korsakov, Borodine, Chostakovitch… Autant dire que la mezzo-soprano, star du
Mariinsky ou du Met, magnifique Dalila dernièrement à Marseille, est dans son jardin. Elle ravira
les amateurs d’un répertoire où exulte l’âme slave.
MARSEILLE. Le 13 oct. à 20h à l’Opéra
04 91 55 11 10
opera.marseille.fr
Choral
Concert du chœur Cantus firmus Wettereau :
Pater Noster, œuvres vocales religieuses de Monteverdi au XXe siècle.
MARSEILLE. Le 13 oct. à 20h30
Eglise St-Laurent
AIX. Le 14 oct. à 20h30
Chapelle des Oblats
www.orphee.org
04 42 87 99 12
Cité
Lauranne Pestre (piano) et Willy Quiko (contrebasse), Voyage à travers la musique du XXème
siècle (le 14 oct La Magalone), Raretés Liszt 2e
épisode par Philippe Gueit au piano (4 nov la Magalone), Ubris Studio Musiques d’aujourd’hui :
instrumental, numérique et 3D (le 10 nov Auditorium).
MARSEILLE. 04 91 39 28 28
www.citemusique-marseille.com
34
MUSIQUE
AU PROGRAMME
Roquevaire
Fin du festival présentant des trompes de chasse
(Les Echos de la Ste Baume) associés à l’orgue manipulé par Olivier Périn (le 14 oct. à 21h), avant
un récital violoncelle (Nicolas Munoz) et clavier
(Frédéric Munoz – le 16 oct. à 16h).
ROQUEVAIRE. 15e Festival d’Orgue.
04 42 04 05 33 www.orgue-roquevaire.fr
Vérone
Roméo et Juliette de Gounod comporte des duos
d’amour parmi les plus beaux de l’histoire de l’Opéra, de la rencontre au bal des Capulet à l’ultime et
tragique étreinte du tombeau. On devrait vibrer avec
Patrizia Ciofi et le jeune ténor roumain Teodor
Ilincai.
MARSEILLE. Les 14 et 19 oct.
à 20h et le 16 oct. à 14h30.
04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr
Améthyste
Guillaume Latour et Anne Fabre (violon), Antonia Coste (alto) et Natacha Sedkaoui (violoncelle)
forment le Quatuor Améthyste qui joue les
Quatuors n°2 de Borodine et n°15 de Mozart.
TOULON. Le 14 oct. à 19h.
04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr
Dulcinosa
Alegria, Alegria spectacle de l’ensemble vocal et
instrumental Dulcinosa : musique espagnole et
théâtre d’ombre.
LANÇON-DE PROVENCE. Le 15 oct. à 21h
Auditorium du Classec
04 90 42 85 99 http;//cantatrix.free.fr
Initiatique
Pierre Fournier et des musiciens de l’Orchestre
Symphonique Lyonnais donnent un concert pédagogique pour petits (et grands) avec des Mignardises :
œuvres courtes de Mozart, Schubert…
AIX. Le 15 oct. à 14h30 au Jeu de Paume,
à partir de 6 ans.
08 2013 2013 www.grandtheatre.fr
Diva
Artiste jusqu’au bout des ongles, depuis ses débuts
en 1974, Barbara Hendricks a chanté et enregistré
auprès des plus grands musiciens. Elle a toujours
tenu à mener, en complément du théâtre, une carrière de récitaliste. C’est aujourd’hui l’essentiel de
son activité. Interprète populaire, qui rend d’infatigables services aux causes humanitaires, elle n’a
pas froid aux cordes vocales et n’hésite pas, en fin
de carrière, à lancer de nouveaux défis, comme celui
de séduire le grand public avec des œuvres, peu
faciles d’accès Pour l’un des premiers grands concerts
au silo, la soprano nous embarque dans un programme de Lieder, chansons et mélodies de Schubert,
Liszt, Barber et Falla.
MARSEILLE. Le 15 oct. à 20h30 au Silo 04 91 90
00 00 www.silo-marseille.fr
Ravel
L’Heure Espagnole (version concertante).
ARLES. Le 16 oct. à 11h. Méjan
04 90 49 56 78
www.lemejan.com
Orgue
Nicolas Loth donne un récital au profit de l’entretien de l’orgue de Montolivet.
MARSEILLE. Le 16 oct. à 17h.
Eglise Montolivet (collecte)
Mémoire
Dans la foulée de l’indispensable Festival des Musiques Interdites, qui s’est déroulé à la campagne
Pastré début juillet, ses Amis et ardents défenseurs
se retrouvent pour un beau concert en mémoire de
Lily Pastré. La comtesse et mécène marseillaise,
instigatrice du festival d’Aix en 1948, protectrice
des arts et des artistes, cacha en son château des
artistes juifs durant l’Occupation. Au programme :
le Quatuor pour le fin du temps d’Olivier Messiaen,
composé lorsque le musicien était prisonnier au
Stalag de Görliz en 1940, joué par des Solistes de
l’Orchestre de Marseille et la création en France
de La Vie Eternelle (1917) de Franz Schreker dont
l’œuvre fut interdite par les nazis dès 1933. Avec
la soprano Emilie Pictet, Vladik Polionov au piano
et Alain Verne à l’orgue et la récitante Cathy Debauvais. La version pour grand orchestre de La Vie
Eternelle (1927) sera créée lors du Festival 2012 à
la campagne Pastré.
MARSEILLE. Le 18 oct. à 20h30
à l’Eglise St-Cannat Les Prêcheurs
09 62 61 79 19
www.musiques-interdites.eu
Ancien
Violons
Concours International de Violon d’Avignon :
Epreuve finale (le 21 oct. à 14h30) et Concert des
lauréats (le 22 oct. à 20h30).
AVIGNON. Opéra - 04 90 82 81 40
www.operatheatredavignon.fr
«Amnesty 50»
Patrizia Ciofi, dans la foulée de sa prise de rôle
dans Juliette à l’Opéra de Marseille, poursuit son
périple méridional dans la cité papale en compagnie du maestro Luciano Accocella et de l’O.L.R.A.P.
Un florilège de grands airs de Verdi, Donizetti, Massenet, Gounod au profit d’Amnesty International
qui fête ses 50 ans.
AVIGNON. Le 28 oct. à 20h30. Opéra
04 90 82 81 40
www.operatheatredavignon.fr
Dansant
L’Orchestre Français des Jeunes Baroque joue des
pièces de Campra, Haendel, Bach, Rebel, liées à la
danse royale en vogue, en France depuis Louis XIV
(dir. Reinhard Goebel).
AIX. Le 5 nov. à 20h30. GTP.
Concert pédago à 11h
présenté par Anne-Charlotte Rémond. Dès 7 ans.
08 2013 2013 www.grandtheatre.fr
Espagnole
La soprano Maria Bayo chante un programme ibérique accompagnée par l’Orchestre Philharmonique
de Marseille (dir. Ernest Marinez Izquierdo).
MARSEILLE. Le 6 nov. à 17h. Opéra
04 91 55 11 10 opera.marseille.fr
Maria Bayo © X-D.R.
Sacré monument de l’histoire musicale, la Messe en
si mineur de Jean-Sébastien Bach est interprétée
par l’Orchestre et les solistes de la 18e Académie
Baroque Européenne d’Ambronay sous la direction de Sigiswald Kuijken (le 16 oct. à 17h. Opéra).
La soprano Magali Léger et l’Ensemble Rosasolis
interprètent des Cantates de Pergolèse et des Symphonies de Porpora (le 18 oct. à 20h30. Eglise St-Pierre).
AVIGNON. Musique Sacrée en Avignon
04 90 82 81 40 www.operatheatredavignon.fr
Korcia
Le violoniste français joue le Concerto de Brahms
avec l’Orchestre Symphonique de l’Opéra et le
chef Giuliano Carella qui dirige également la 2e
symphonie de Beethoven.
TOULON. Le 20 oct. à 20h30.
04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr
Violoncelle
Jean-Guihen Queyras joue, en compagnie de
l’Akademie für alte Musik Berlin, des concertos
pour violoncelle de Vivaldi que les virtuoses ont
enregistré dernièrement chez Harmonia mundi.
AIX. Le 20 oct. à 20h30 au GTP
08 2013 2013
www.grandtheatre.fr
Comique
Mireille Larroche met en espace le contre-ténor
Dominique Visse et Café Zimmermann dans des
Cantates françaises et Concertos comiques baroques
signés Michel Corette, Philipe Courbois, Marin Marais.
AIX. Le 7 nov. à 20h30 au Jeu de paume.
08 2013 2013 www.grandtheatre.fr
MUSIQUE 35
Kadouch
Primé aux Victoires de la musique 2010 et «Young
Artist of the Year» aux Classical Music Awards 2011,
le pianiste David Kadouch joue la Sonate en fa
mineur op.14 de Schumann et les Tableaux d’une
exposition de Moussorgski.
AVIGNON. Le 8 nov. à 20h30. Opéra
04 90 82 81 40 www.operatheatredavignon.fr
C.N.I.P.A.L
Récitals du Centre National d’Insertion des
Artistes Lyriques.
AVIGNON. Le 12 nov. à 17h. 04 90 82 81 40
www.operatheatredavignon.fr
TOULON. Le 16 nov. à 19h. 04 94 92 70 78
www.operadetoulon.fr
Symphonique
Alexander Vakoulski dirige Pelléas et Mélisande de
Sibelius et une création mondiale de Bernard-Olivier Faguet, quand le pianiste François-Frédéric
Guy l’accompagne dans le 5e concerto «l’Empereur»
de Beethoven (le 14 oct. à 20h30). Le violoncelliste Henri Demarquette joue le Concerto de
Barber, l’Elégie de Fauré en compagnie d’Yeruham
Scharovsky qui dirige également Takemitsu et la
103e symphonie «Roulement de timbales» de Haydn
(le 4 nov. à 20h30). Jean-François Heisser dirige
du piano le 4e concerto de Bach et interprète Piazzolla, Arriaga et Ginastera (le 11 nov. à 20h30 au
Palais des papes).
AVIGNON. Opéra - 04 90 82 81 40 www.operatheatredavignon.fr
Chambre
Vladik Polionov (piano), Hélène Deleuze et
Louis-Alexandre Nicolini (violons), Frédérique
Dannière (alto) et François Torresani (violoncelle)
jouent les Quatuor et Quintette avec piano de
Mahler et Taneiev (le 15 oct.). Un éminent octuor
de solistes de l’Opéra de Marseille, avec Christelle
Abinasr au piano jouent un programme varié de
Schumann, Martinu, Copland, Poulenc ou Piazzolla.
(le 12 nov.).
MARSEILLE. Concerts à 17h. Opéra (5€ !)
04 91 55 11 10 opera.marseille.fr
Spiritual
Grande soirée gospel avec Marcel Boungou et Les
Palata Singers.
MARSEILLE. Le 21 oct
Eglise St Cannat.les Prêcheurs
Festival de st Victor 04 91 05 84 48
www.chez.com/saintvictor
Pianistiques
Ouverture du festival Les Nuits pianistiques :
piano et orchestre Concertos de Liszt, Mozart… par
Nicolas Bourdoncle, Evelina Pitti, Boris Mersson
et l’Orchestre Mittel Europa.
LES PENNES-MIRABEAU. Le 19 oct Salle Tino Rossi
AIX. Le 22 oct Jeu de Paume
06 16 77 60 89 www.lesnuitspianistiques.com
Barroco-classic
Fabrizio Maria Carminati dirige l’Orchestre Philharmonique de Marseille dans la 45e symphonie
de Haydn et Mozart : Concertos pour cor (Julien
Desplanque) et flûte (Jean-Marc Boissière – le
21 oct. à 20h30)… puis Haendel (Musique pour les
feux d’artifices royaux), Mozart (18e symphonie) et
Haydn (Symphonie n°101 L’Horloge – le 28 oct. à
20h30). Les six Sonates op.13 d’Il pastor fido de
Nicholas Chédeville, attribuées à tort à Vivaldi, sont
jouées par Jean-Louis Beaumadier (piccolo) et le
Concert Buffardin (le 8 nov. à 20h30). Hommage
à Mozart par Yves Desmons (violon), Magali Demesse (alto), Odile Gabrielli (violoncelle), Frédéric
Baron (basson – le 13 nov. à 16h).
MARSEILLE. 7e Festival de musiques
baroques & classiques jusqu’au 30 nov.
Concerts à l’église St-Michel Entrée libre
04 91 55 11 10 opera.marseille.fr
Rétrospective
Les grands moments de 35 années d’activité de
Lyrinx : photographies et articles de presse, disques
les plus marquants. Jacques Bonnadier, Jean Contrucci et Bernard Camau évoquent anecdotes et
souvenirs avant que Marie-Josèphe Jude ne
consacre un récital à Beethoven (dédicace de son
dernier CD à l’issue du concert).
MARSEILLE. Le 4 nov à 18h.
Musée du terroir marseillais (Château-Gombert)
Jusqu’au 30 nov.
S.M.C.M
.
Rentrée de la Société de musique de Chambre de
Marseille avec le Quatuor Rosamonde et Haydn,
Ravel et Schubert.
MARSEILLE. Le 8 nov
Auditorium de la Faculté de Médecine
www.musiquedechambremarseille.org
Double-Mozart
La pastorale Bastien et Bastienne du très jeune
Mozart mis en abime dans la comédie facétieuse Le
Directeur de Théâtre, sont mis en scène par Frédéric
Bélier-Garcia dans le Var, avant son passage au
GTP fin nov. Une nouvelle co-production dirigée par
Pascal Verrot.
TOULON. Le 13 nov à 14h30 et les 15 et 18 nov à
20h. Opéra
04 94 92 70 78 - www.operadetoulon.fr
Quatuor
Le Quatuor Alfama dans Mendelssohn, Webern,
Britten, Ravel.
SALON. Le 13 nov à 15h. Abbaye de Ste Croix.
04 90 56 24 55 - www.musiquealabbaye.com
Campra
Les Figures de l’Amour dans l’œuvre d’André
Campra par la soprano Monique Zanetti accompagnée de Sabine Weill (flûte à bec), Sylvie Moquet
(viole de gambe) et Brigitte Tramier (clavecin).
CASSIS. Le 15 nov à l’Oustau Calendal
06 67 90 02 82 - www.musicalescassis.com
Angelich
Le pianiste Nicholas Angelich joue deux Sonates
de Beethoven (dont l’op.111) et les Etudes –
Tableaux de Rachmaninov.
TOULON. Le 16 nov. Palais Neptune.
04 94 18 53 07 www.festivalmusiquetoulon.com
Événement
Voilà que Nîmes se prend pour Bayreuth et programme le Ring ! Oui oui, l’intégrale de L’anneau du
Nibelung ! Bien sûr l’orchestre wagnérien est sacrément allégé, puisqu’il passe à 18 instruments. Mais
cette transcription de Jonathan Dove (Graham
Vick pour la dramaturgie) n’est pas un arrangement, et conserve toute la démesure de celui qu’on
l’on prit pour un révolutionnaire de l’art lyrique, et
qui en fait signa sans doute un certain achèvement
de l’opéra romantique. La mise en scène d’Antoine
Gindt plonge le cycle dans un univers épuré, dominé par les voix qui conservent leur toute puissance,
sous la baguette de Peter Rundel. Pour neuf heures
de spectacle, en trois jours !
L’Or du Rhin
Le 4 nov à 20h
La Walkyrie
Le 5 nov à 14h30
Siegfried
Le 5 nov à 20h30
Le Crépuscule des dieux
Le 6 nov à 15h
Théâtre de Nîmes
04 66 36 65 10
www.theatredenimes.com
36
MUSIQUE
Un air frais
Après Récréation l’année dernière, Vis
à Vies revient au Théâtre des Chartreux avec Au coin de la rue, dernier
spectacle en date du groupe formé par
Myriam Daups, chanteuse, danseuse
et poly-instrumentiste, et de Gérard
Dahan, compositeur qui l’accompagne
à la guitare. Le sapato, instrument original créé par Gérard et dont Myriam
joue du bout des pieds, trouvera sa
place au coin de cette rue de textes
subtils et de rythmes rafraichissants,
qui permettent de garder les yeux (et
les oreilles !) grands ouverts sur le
«monde comme il va»
Au coin de la rue
Du 4 au 27 nov
Théâtre des Chartreux,
Marseille 4e
04 91 50 18 90
www.visavies.com
AIX
Pasino : Axelle Red (14/10), Jenifer (21/10)
04 42 59 69 00
www.casinoaix.com
Théâtre et Chansons : Madame saison fait son automne, cie l’épice rit
(16/10), Bizet était une femme, Heiting/Soucasse (5 et 6/11)
04 42 27 37 39
www.theatre-et-chansons.com
Seconde Nature : Concert Irmin
Schmidt & Kumo (21/10 au Pavillon Noir)
04 42 64 61 01
www.secondenature.org
ARLES
Cargo de nuit : Rococo (14/10), Poum
Tchack, Dj Stanbul (15/10), Ceux qui
Marchent Debout, Dj Boris Viande
(21/10), Charles Bradley, Dj Ketchow
(28/10), Housse de Racket (29/10),
Starliners, The H.O.S.T, Dj Mat. G
(4/11), Kings of Forth, Dj Uzun (11/11)
04 90 49 55 99
www.cargodenuit.com
AUBAGNE
Escale : Mc Challenge end of the weak
(21/10), Buzz Booster, demi-finale
(22/10), Isaya, Ralph Adamson (28/10),
la pépinière d’artistes fête ses 10 ans
avec Leute, Fabien Sacco et Fred Cousin
(10/11)
04 42 18 17 18
www.mjcaubagne.fr
AVIGNON
Les Passagers du Zinc : Apéro concert Worcester (20/10), Raggasonic,
Young MC et Dj Ulser (21/10),Zaza
Fournier, Thomas Marfisi (29/10),
Groundation, Sebastian Sturm (5/11 à
Montfavet)
04 90 89 30 77
www.passagersduzinc.com
BOUCHES-DU-RHÔNE
Nomades Kultur : appel à candidature pour la 11e édition de la Pépinière
d’Artistes, dispositif gratuit d’encadrement pour la professionnalisation
musicale, pour tous les musiciens préprofessionnels ayant un projet musical
clairement identifié résidant dans les
Bouches-du-Rhône. Dossier de candidature à télécharger sur le site et à
déposer avant le 20 oct.
04 42 03 72 75
www.nomadeskultur.com
BRIANÇON
Théâtre du Briançonnais : Lokua
Kanza (14/10)
04 92 25 52 42
www.theatre-du-brianconnais.eu
CHÂTEAUNEUF-DE-GADAGNE
Akwaba : Marvin, Africantape, Picore,
Jarring Effects (15/10), Dels, Ninja
Tunes, Fowatile (29/10), Triple Whoper
2 (11/11)
04 90 22 55 54
www.akwaba.coop
GAP
La Passerelle : Extrano Norte Quintet (15
au 27/11, dans les villes des excentrés)
04 92 52 52 52
www.theatre-la-passerelle.eu
HYÈRES
Théâtre Denis : Floration Toy Warning,
Benjamin Fincher (28/10)
04 94 35 38 64
ISTRES
L’Usine : Jean-Louis Murat (14/10),
Peter Doherty, The H.O.S.T. (20/10),
Luce, Charles Baptiste (22/10), The
Do, Jeanne added (4/11), Madjo &
Ours (10/11)
04 42 56 02 21
www.scenesetcines.fr
LA CIOTAT
Passion’Arts : Ensemble vocal l’Oiseau
Luth et Ensemble vocal La Cantilène de
Fribourg (16/10 à l’Eglise Notre-Dame)
04 42 83 08 08
MARSEILLE
Cabaret Aléatoire : Chris Bailey &
Hburns (13/10), Applause, Rubin Steiner & Ira Lee (27/10), Caravan Palace
(28/10), Raekwon (29/10), Qbert meets
Dj Muggs (31/10), Timber Timbre,
Concrete Knives, Mona, Other Lives
(6/11), Norma Jay, Very special guest,
Mars Blackmon (10/11), 10 years
anniversary DFA records (11/11), Discodeine, Chloé, Ivan Smagghe, L’amateur
(12/11)
04 95 04 95 09
www.cabaret-aleatoire.com
Espace Julien : Aaron unplugged &
Waves (14/10), Bernardo Sandoval, Sandra Rivas ensemble (22/10), Shaka
Ponk (11/11), Ahmad Compaoré quintet
(17/11)
04 91 24 34 10
www.espace-julien.com
La Machine à Coudre : Chuckamuck,
Bare Hands (14/10), Antonio Negro et
ses invités (15/10), Los Vigilantes
(20/10), King Automatic (22/10), Shiva
and the deadmen (28/10)
04 91 55 62 65
www.lamachineacoudre.com
La Meson : stage de danse flamenco
dirigé par Manuel Gutierrez (15/10),
atelier d’interprétation de chansons françaises avec Tamara Nicot et Mathieu
Ravera (29 et 30/10), Tablao flamenco
(5/11), Booster Echoplex Project (11/11),
Gerald Toto et David Walters (12/11)
04 91 50 11 61
www.lameson.com
L’éolienne : Mohammed Abozekry et
Heejaz (13/10), Marie Ricard et Sharon Aviv, Ce que dissent les femmes
autour de la Méditerranée (1/11)
04 91 37 86 89
www.myspace.com/leolienne
Le Paradox : El Tumbao Mapanare
(13/10), Nicola Son (15/10), Beaches
in space & Les Barjes (19/10), Dubamix (23/10), Les Frères Parish (26/10),
Ivory Sol (27/10), Back for Beer Tour,
tribute Beatles (29/10), Casa Grinta &
Dj Finca (1/11)
04 91 63 14 65
www.leparadox.fr
Le Poste à Galène : Archimede (13/10),
Oldelaf (14/10), Connan Mockasin
(15/10), Nuit années 80 (15/10), Dj
Zebra (21/10), Nuit années 90 (22/10),
Bad Manners (23/10), Chokebore,
David Merlo (25/10), Cheveu, Motto
(28/10), Nuit années 80 (29/10),
Beans (2/11), Uplift Spice (3/11),
Starliners (5/11), Bonaparte (10/11),
The Tour to or Shalem (11/11), The
Lost Fingers (12/11)
04 91 47 57 99
www.leposteagalene.com
L’Embobineuse : Picore, Rature aka
Bronzymcdada, Radical Edwards
(14/10), Mike Watt et The Missingmen,
Papier Tigre, Seb et The Radix (27/10)
04 91 50 66 09
www.lembobineuse.biz
MAUBEC
La Gare : Imidiwen (14/10), Armelle
Ita, Emilie Chick (21/10), Lisa Portelli,
Piers Faccini (27/10), Trempoly (4/11)
04 90 76 84 38
www.aveclagare.org
OLLIOULES
Châteauvallon : Ballake Sissoko et
Vincent Segal (21/10)
04 94 22 02 02
www.chateauvallon.com
SAINTE-MAXIME
Le Carré : Louis Chédid (12/11)
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
SALON-DE-PROVENCE
Portail Coucou : Buzz Booster, demifinale tremplin hip hop (15/10), King
Automatic (21/10), Sinner Sinners
(12/11)
04 90 56 27 99
www.portail-coucou.com
SIX-FOURS
Espace Malraux : Zaza Fournier, Luce
(28/10), The Do, Jeanne Added (5/11),
General Elektrics, Saul Williams,
Anotonionian (10/11)
04 94 74 77 79
www.espace-malraux.fr
TOULON
Oméga Live : Panorama day 1 : Appletop, Tapenga, Andromakers (14/10),
Panorama day 2 : Paingels, Hyphen
Hyphen, OK Bonnie (15/10), soirée
Zoo Electro : Logo, Digital Fighter, Satellit, Easterpop vs Stuckje (22/10),
Local Heroes #20 : Will the blue griot,
Amorangi, Isaya (12/11)
04 98 070 070
www.tandem83.com
VAR
Tandem83 : 15e édition du Forum des
musiques actuelles : Kabbalah, Poum
Tchack, Mo (14/10 Espace Fontvieille à
La Martre), Kabbalah, Poum Tchack,
BATpointG (21/10 salle polyvalente
des Lonnes à Vins-sur-Caramy)
04 98 070 070
VAR, MARSEILLE
Festival des Musiques insolentes :
Mazen Kerbaj (16/10 au Dojo Théâtre
à La Seyne), Le Nom Commun, G., cie
Montanaro (18/10 à Théâtre en
Dracénie, Draguignan), Liu Fang,
Mazen Kerbaj (19/10 à Théâtre en
Dracénie, Draguignan), Liu Fang, Eric
Norman, Isaiah Ceccarelli (21/10 à
l’Eglise anglicane, Hyères), Emmanuel
Loi et Fabrice Loi (23/10 à Barjols),
Marco Fusinato, Pivixki (24/10 à
L’Embobineuse, Marseille)
06 82 92 34 61
www.mdlc-lef.com
VENELLES
Salle des fêtes : La bibliothèque de
Clarika, concert littéraire avec Yann
Lambotte à la guitare (5/11)
04 42 54 71 70
37
AGEND’JAZZ
AIX
Grand Théâtre de Provence
Avishai Cohen Seven Seas (18/10)
04 42 916 969
www.grandtheatre.fr
AVIGNON
AJMI
Jam Session (13/10) Master-Class avec
Sylvain Cathala (15/10) Jazz Story n°1
Quelques Nuits au Village Vanguard
(27/10) Sylvain Cathala trio (15/11) Jam
Session (10/11) Sabbagh-Monder-Humair trio (13/11) MeTaL O PHoNe (18/11)
04 90 860 861
www.jazzalajmi.com
04 42 10 23 60
www.forumdeberre.com
BRIANÇON
Théâtre Le Cadran
Louis Sclavis & l’Orchestre Phare Ponleu Selpak (22/10)
04 92 25 52 52
www.theatre-le-cadran.eu
MARSEILLE
CHHHHHUT!! Une culture noise à
Marseille ? Un programme promu par
le GRIM de concerts, performances,
projections, ateliers, rencontres... jusqu’au 29/10 aux Grands Bains
Douches, Atelier Improbable, L’Embobineuse, Enthröpy, la Halle Puget,
Les grands terrains, La Machine à
Coudre, Le Poste à Galène, Lollipop, Les Variétés
Concert de clôture du festival Actoral avec
Beko La Femme (13/10) à la Friche
04 91 04 69 59
www.grim-marseille.com
Bibliothèque du Merlan
Jazz sur la Ville : Muddy’s Street trio
(15/10 à 16h)
Cité de la Musique - Auditorium
Jazz sur la Ville : Decib’Elles (14/10)
La Cie Jhangkar (21/10) Manuchello Septet (28/10) Cheik Sein Mahmoud (4/11)
Cité de la Musique - La Cave
Jazz en Scène (17/10) La Voie Nomade
(21/10) Djangology (7/11) Paris
Cuban Project (8/11)
04 91 39 28 28
www.citemusique-marseille.com
Espace Julien
Daara J Family (20/10) Bernardo Sandoval
(27/10) One night in Marseille#2 (25/10)
04 91 24 34 10
www.espace-julien.com
Cabaret Aléatoire
Jazz sur la Ville : US3 - Mike Ladd (16/10)
04 95 049 509
www.cabaret-aleatoire.com
Cri du Port
Jazz sur la Ville :Shaï Maestro trio (13/10)
04 91 504 151
www.criduport.fr
Inga des Riaux
New Benja’zz (14/10) Yaron 4tet (21/10)
Eclipse Jazz Band (28/10) John Massa
4tet (4/11) Simple Piéton (15/11)
06 07 575 558
www.inga-des-riaux.fr
Institut Culturel Italien
Orchestra Popolare Italiana (21/10)
04 91 485 194
www.iicmarsiglia.esteri.it
La Maison du Chant
Jazz sur la Ville : Caroline Tolla (15/10)
04 91 62 78 57
www.lesvoiesduchant.org
Roll’ Studio
Jazz sur la Ville : Dominique Bouzon &
Nadine Estève Flute Cake (15/10) LanetRa-mousse-Napolitano Hommage à
Brassens (22/10) Rémy Abram 4tet
(29/10) Duo Intermezzo (5/11) Robert
Pettinnelli trio (12/11) The Sonny Clark
Project (19/11)
04 91 644 315
www.rollstudio.fr
La Mesòn
Jazz sur la Ville : Méandres (16/10) Gérald Toto&David Walters (12/11)
04 91 50 11 61
www.lameson.com
MIRAMAS
Le Comoedia
Joe Magnarelli 4tet (17/11)
04 90 58 37 86
www.scenesetcines.fr
PORT-SAINT-LOUIS
Festival Carrément à l’Ouest
Choumissa (15/10)
04 42 48 40 04
www.scenesetcines.fr
SALON
Espace Charles Trenet
Nikki Yanofsky (24/10)
04 90 56 00 82
www.salondeprovence.fr
LA SEYNE
Fort Napoléon
Tonton Salut Trio (14/10)
04 94 094 718
VITROLLES
Moulin à Jazz
Sylvain Cathala Trio (15/10) SabbaghMonder-Humair Trio (12/11)
04 42 796 360 www.charliefree.com
Que la fête
re-commence !
Du 14 au 30 oct, le Dock des Suds s’enflamme aux rythmes de musiques
venues des quatre coins du monde. Le
CG 13 accorde un soutien substantiel
à cette fête énorme, tant par la quantité que la qualité des concerts, leur
variété, les expositions parallèles, la
dimension humanitaire, le souci des
publics. La reprise attendue de la
Fiesta des minots, après l’incendie de
2005 qui avait marqué son coup
d’arrêt, s’appuie sur des ateliers
animés en amont dans des écoles et
des collèges, travaux menés sous la
houlette de figures emblématiques de
la ville, comme Gilles del Pappas ou
Paco de Lucia © X-D.R.
BERRE
Forum des Jeunes et de la Culture
Youn Sun Nah (14/10) Choro : Trio Cavaco-Krakowski-Segal (17/11)
Applause-Rubin Steiner&Ira Lee (27/10)
Caravan Palace (28/10)
les slameurs Rit, Sol et Obscur
Jaffar ; l’orchestre des élèves de la
Cité de la Musique, la chorale les Voix
de la Mer, Salim, les petits danseurs
du Roundelet Felibren, du ballet
Arménien Aragatz, les percussions de
la Batucassa, la compagnie Zut, la
Cymbalomobylette… tout concourt à
une joyeuse et riche dynamique !
On regrette bien sûr la défection de
Cesaria Evora qui met fin à sa carrière
pour raisons de santé. Elle devait être
la reine de la fête. Mais un concert
évènement est organisé à la place
avec Paco de Lucia, le dieu de la
guitare, et de superbes musiciens.
Tous les genres sont représentés, de
l’afro-blues au reggae, du rock au
funk, du rap à la soul, de la technohouse à la salsa… et après les
concerts, la fête continue pour les
oiseaux de nuit avec le Fiesta Club à
partir de minuit !
MARYVONNE COLOMBANI
www.dock-dessuds.org/fiesta2011/index.html
38
MUSIQUE
JAZZ
Fusion
Qui parierait sur l’union de la chanson occitane et
du jazz, deux univers a priori si lointains ? Et pourtant cette fusion réussit étonnamment, entre la
verve de Manu Théron et la puissance improvisatrice de Raphaël Imbert et de sa compagnie,
Nine Spirit. Humour, amour des phrases, des
rythmes qui se mêlent se fondent, construisent
d’inattendues passerelles. Les mots coulent, glissent, se modulent, trouvent leur respiration, se
choquent, s’entrechoquent entre chant et contrechant. L’occitan improvise en mode jazz, le sax
s’accorde parfois des couleurs orientalisantes. Fulgurance des ruptures de rythme, duos, duels entre
la voix et l’instrument, polyphonies de l’ensemble
à capella, surprenante recréation du double aulos
antique avec deux saxophones. Les musiciens
jubilent, la voix de Léa Bechet passe avec aisance
de l’occitan à l’anglais, les percussions de Laurent
Rigaud, la batterie de Stéphane Dunan, la basse de
Sabrina Benabdelmalek, l’accordéon d’Anaïs Bousquet, la guitare de Cyril Despontin s’emparent avec
un talent fou des différents univers. Une complicité
entre les musiciens qui enthousiasme le public,
pourtant trop peu nombreux.
© Dan Warzy
Entre Jazz
et Tradition
M.C.
Paratge a été donné
au Comoedia d’Aubagne le 7 oct
Raphael Imbert © Solene Person
Dérapages contrôlés !
Hammond B3 avec cabine Leslie, instrument assez
rare et fort volumineux. Mélodies françaises
revisitées, ballades ou be-bop au grand swing, les
musiciens ont montré leur capacité à réinventer les
standards du jazz ; particulièrement, Géraldine
Laurent dont la sensibilité et la maîtrise du
dérapage dans l’improvisation ont séduit !
DAN WARZY
Ce concert a eu lieu à Saint-Rémy le 16 sept
Christian Escoudé © Dan Warzy
Apéros-swing, trois soirées de concerts, un lieu
pour les afters et une équipe de bénévoles
passionnés... Voilà réunis les ingrédients pour que
la recette d’un festival réussisse. Christian Escoudé
et son quartet ont fait l’affiche de la seconde
journée de Jazz à Saint Rémy. Le grand guitariste
manouche doit avoir enregistré ou participé à plus
de 50 albums avec des musiciens de grand renom.
Géraldine Laurent, saxophoniste talentueuse, se
trouve en compétition aux Victoires du Jazz 2011
et fait partie des musiciens qui vont compter dans
les temps à venir. La batterie était tenue par Bruno
Ziarelli et Florent Gac jouait sur un orgue
Etsaut, un quartet baptisé du nom d’un village du
Béarn, dans la vallée d’Aspe. Laurent Cabané, le
contrebassiste à l’origine du projet, compose pour
l’ensemble des musiques aux couleurs jazz bariolées
de modes traditionnels typiquement induits par les
cornemuses du Limousin, et les flûtes d’Eric Montbel,
musicien invité. La ligne mélodique est primordiale
dans ce jeu de dialogues et d’improvisations entre
les musiciens. Le piano jazz de Perrine Mansuy répond tantôt aux saxophones de François Cordas,
tantôt à la cornemuse. Djamel Taouacht à la batterie,
et aux percussions, apporte un soutien rythmique
très complémentaire du jeu prégnant de la contrebasse.
Une souscription est lancée pour le soutien d’un
enregistrement La fontaine de l’Ours (sortie du CD
en fév). Pour les amateurs de musiques vraiment
atypiques.
DAN WARZY
Ce concert a eu lieu le 30 sept
à l’Auditorium de la Cité de la Musique
à Marseille
AIX | MARSATAC
MUSIQUE 39
Les mots des notes
Le cocktail qu’offre le Festival de la chanson
française est toujours savoureux. Comme chaque
année depuis 9 ans, il garde en point d’attache la
salle du Bois de l’Aune et essaime autour d’Aix :
Eguilles, Puyloubier, Venelles, Trets qui, c’est
une tradition désormais, héberge le concert d’ouverture de Sac à Boulons. Le groupe marseillais
s’en donne à cœur joie, la salle scande les refrains,
«Marseille on t’aime !», accents pop et jazzy, échos
de Massilia sound system dans les références, gentiment subversif, cultivant la parabole.
Il y a aussi des retours attendus, comme celui de
Monsieur Lune, cette année dans un délicieux
spectacle pour enfants, L’incroyable histoire de
Gaston et Lucie. L’œuvre échappe à toute niaiserie,
cultive le double sens, l’humour. La musique est
inventive, le décor d’une efficace simplicité avec
Monsieur Lune © Georges Seguin
un écran sur lequel les séquences de ce petit conte
sont projetés, dessins stylisés, aplats de couleurs,
noms des personnages en enseignes lumineuses.
Un plaisir pour tous les âges ! La voix de Lucie,
Carmen Maria Vega, coup de cœur du festival,
Marsatac fait carton plein
Aujourd’hui ouvert à l’ensemble des musiques nouvelles à dominante électronique, Marsatac a pour
qualité de ne pas être monomaniaque. Inattendu,
le concert aérien du duo franco-finlandais The Dø
s’est fait voler la vedette par l’électro pop revigorante des Champenois de The Shoes, voire par les
fantaisies pop, fraiches mais nerveuses des NewYorkais de Concrete Knives. Dans une Cartonnerie
bondée, Chinese Man ont sorti le grand jeu, à domicile, avec un show très visuel, entre vidéos non
dénuées humour et hip hop orientaliste. Beaucoup
plus modeste mais tout aussi détonnant, le dancehall futuriste d’Africa Hitech. Prestation en
demi-teinte en revanche pour les monstres sacrés
de Death in Vegas : très attendus après sept années
de séparation, leur son hybride, épais et hypnotique aura été mal servi par l’acoustique du lieu.
Ces détails techniques n’ont aucun effet sur l’anarco-rap à sketch de Stupeflip mais l’effet planant
de Cascadeur, au déguisement de série de sciencefiction japonaise des années 80, tombe à plat. À
À ses aises à la Belle de Mai,
le festival de musiques actuelles
marseillais a affiché ses trois soirées
à guichets fermés
Une rue sombre de laquelle retentit une sirène de
couvre-feu. Des consignes laconiques laissant deviner un régime autoritaire. Des projecteurs qui
traquent le passant. L’installation Innerspace du
collectif H5 donne à la 13e édition de Marsatac une
ambiance d’état d’urgence. Pourtant le festival ne
s’est jamais aussi bien porté. Après un parcours
marqué par l’itinérance, Marsactac a trouvé son
écrin, depuis l’année dernière, dans les murs branchés mais populaires de la Friche. Avec une jauge
certes inférieure aux années J4, la cuvée 2011 a
fait le plein, affichant, pour la première fois de son
histoire, ses trois soirées à guichets fermés. Un long
chemin parcouru depuis 1999, lorsque dans l’intimité de l’Espace Julien, la première édition se
concentrait sur la scène hip hop et marseillaise.
conquiert le public dans un répertoire variété/rock.
Textes originaux bourrés d’humour, présence
attachante sur scène, et une voix exceptionnelle
qui se glisse dans tous les registres dans la lignée
des chanteuses réalistes.
Le temple de la chanson française à l’année,
Théâtre et chansons, abrite quant à lui un superbe
spectacle-conférence sur le thème du Moulin rouge,
avec des chansons de Mistinguett, Joséphine
Baker, Yvette Guilbert, Piaf… Aurélie Billetdoux
présente, met en scène, chante avec un talent très
sûr, accompagnée par son accordéoniste Sébastien
Lamarre. Finesse et humour…
COLOMBANIs
Le Festival de la chanson française a eu lieu en pays
d’Aix du 1er au 8 oct
saluer également le folk local de Oh Tiger Mountain, les platines enflammées de Yuksek, l’alliage
rock-électro de Rafale, le groove élégant et communicatif de Pigeon Jonh. Avec une mention spéciale
pour Anthony Joseph, poète inspiré qui livre un
cocktail impeccable de funk, afrobeat, freejazz et
rythmes caribéens.
THOMAS DALICANTE
Stupeflip © Agnes Mellon
Sous l’pont de l’arc…
La Cafetera Roja banda © Johnny Gordolon
Pour sa 14e édition, le Festival Zik Zac offrait un
programme riche où se croisent des groupes
confirmés et des découvertes, le tout sur fond de
création, d’économie solidaire, d’éco-citoyenneté
qui apportent un cadre militant et hautement
sympathique à cette manifestation. On y retrouvait
ainsi le 16 le désormais incontournable sextet
Poum Tchack avec sa verve, son inventivité, dans
un programme qui rendait hommage à Billie Holiday. Le jazz se mêle alors aux accents balkaniques,
violon solo et guitares oscillent entre rythmes
tsiganes et swing, virtuosité et humour… Autre
ton, mais qui galvanise la foule, Massilia Sound
System met le oaï avec une verve salutaire et
toujours la même force d’indignation. Le public
scande, chante, danse, se donne la main en une
farandole finale, réconcilié avec son temps, sa
musique, loin des soupes médiatisées. Puis il y a
des pépites comme la Cafetera Roja, composée de
musiciens venus de France, d’Autriche, d’Espagne…
Se mélangent dans un univers éclectique, rock,
reggae, hip hop, rap, pop… Les phrasés se mêlent,
confrontent leurs univers au creux de mêmes
chansons, mêlant les rythmes marqués à la voix du
violoncelle, lyrique, profonde… un ensemble
original et envoûtant, à retrouver en concert !
MARYVONNE COLOMBANI
Le Festival Zik Zac a eu lieu les 16 et 17 sept à Aix
La Cafetera Roja
les 18 oct et 2 nov
Le Paradoxe, Marseille
04 91 63 14 65
www.leparadox.fr
42
CINÉMA
FFM | CINÉPAGE
Invitation au voyage
Les 6e rencontres Films Femmes
Méditerranée se sont ouvertes et
achevées dans le velours rouge de
la toute nouvelle salle 7 du Prado.
Des organisatrices passionnées, 13
pays représentés, 13 longs métrages
(auquel s’ajoute Attenberg d’Athina
Tsangari projeté à Hyères et à La
Ciotat), un mini-festival de courts,
des buffets, de la musique, des invitées… Cette année encore le public,
hommes et femmes mêlés, a plébiscité l’événement, séduit par ce
voyage cinématographique qui, lié à
l’espace géopolitique de la Méditerranée et aux thématiques sociales
et féminines, les transcende.
On vogue en mer Tyrrhénienne sur
une tartane à voile écarlate avec
Fughe e approdi de Giovanna Taviani pour y croiser témoignages de
l’exil et mémoire du cinéma. La Calabre d’Alice Rottenberg dans Corpo
Celeste, perçue par une jeune fille
qui doit s’intégrer à la communauté
catholique, tourmentée par le sentiment insupportable d’être comme le
Christ abandonnée de tous, se révèle un pays de singeries hypocrites,
de frustrations douloureuses où
grandir est difficile. L’Italie du documentaire-choc Draquila se découvre
vampirisée par l’ubuesque Berlus-
coni, Dracula des Abruzzes, docteur
es-vulgarité, détournant cyniquement
à son profit le drame humain de
l’Aquila, gérant la démocratie italienne comme une entreprise privée
et mafieuse. Et si manquent nuances, voire rigueur à ce brûlot de
Sabina Guzzanti, il n’en demeure
pas moins sidérant.
Sidérant comme le Tanger insomniaque de Leïla Kilani dans Sur la
planche où une petite voleuse, fillecrevette écorchée vive, ouvrière au
décorticage desdits crustacés, rage
au ventre, crache ses mots, boxe la
vie en un combat rapproché perdu
d’avance. Au Caire les nuits sont mille
et une mais les danseuses de baladi, que La nuit elles dansent d‘Isabelle
Lavigne et Stéphane Thibault approche dans leur intimité, sont des
princesses déchues soumises à
l’autorité de leur mère et aux conflits
quotidiens des matins. Tension prérévolutionnaire perceptible dans le
film de Kamla Abu Zekri Un-Zéro
orchestré autour du match de football
Egypte-Cameroun 2008, prétexte à
une radiographie de la société
égyptienne. Tension permanente dans
le Beyrouth paranoïaque de Danielle Arbid qui rend impossible une
banale romance.
Fughe e approdi de Giovanna Taviani
Istanbul avec Les collections de
Mithat Bey de Pelin Esmer semble
danser sur ses failles : le sol y tremble, le temps aussi. Un film à petits
pas et au long cours : espace clos de
l’appartement de Mithat qui n’en
finit pas de se remplir d’un présent
réifié, d’une somme de documents
et d’objets que le collectionneur
solitaire et obstiné ne transmettra
pas. Espace ouvert, arpenté par Ali
devenu coursier de l’octogénaire,
s’émancipant en le dépouillant. Immersion brutale dans le Paris de
l’hyper réaliste Polisse de Maïwen,
zone d’intervention d’une brigade
chargée au quotidien de protéger les
mineurs maltraités.
Le prix du public pour 13 en courts
est revenu aux Mémoires d’une
jeune fille dérangée de Keren Marciano ou de la difficulté de perdre sa
virginité dans une société libérée
quand on est jeune, jolie, consentante. Film espiègle dans une
sélection plus grave, miroir sensible
du réel.
ÉLISE PADOVANI
Avec leurs mots
Helene Milano © A.G
Hélène Milano, comédienne et réalisatrice invitée
par Films Femmes Méditerranée, est arrivée de
Paris, où elle jouait, pour présenter son film, Les
Roses noires, à La Maison de la Région, puis à
l’Alcazar. Un film choral (voir Zib’ 44) où elle donne
la parole à des jeunes filles des quartiers Nord de
Marseille et de la banlieue parisienne pour parler,
justement, de leur rapport complexe et difficile au
langage, aux mots des garçons, de l’école, de la
famille.
Zibeline : Comment ce film est-il né ?
Hélène Milano : Alors que j’accompagnais ma
fille à la crèche, j’ai assisté à une altercation
verbale, phallique, violente, à la sortie d’un
collège ; intervenant dans des ateliers, j’étais déjà
sensibilisée à la question du langage, bien avant
l’Esquive d Abdellatif Kechiche. J’ai eu envie
d’approfondir…
Comment ?
J’ai beaucoup lu : des ouvrages de sociologues,
de linguistes. Par exemple, Cœur de banlieue de
David Lepoutre, des livres de Jean-Pierre
Goudaillier et de Bourdieu. J’ai parlé avec des
chercheurs et j’ai commencé à rencontrer des
jeunes filles en m’appuyant sur des gens qui
travaillent dans certaines structures, comme
l’ADDAP, à Marseille, où j’ai vécu longtemps.
Comment avez-vous travaillé avec les jeunes
filles ?
On a commencé par des entretiens puis on est
passé à l’écriture. Elles ont fait le film avec nous
sur la base d’une confiance née d’un contrat :
elles pouvaient revenir sur des formulations
quand cela pouvait être dangereux pour elles.
Elles pouvaient renoncer.
Comment avez-vous sélectionné les jeunes filles ?
Il y en a 14 en tout. À Marseille, j’ai rencontré 10
filles, 5 sont dans le film. Le tournage à la
Busserine a eu lieu en 2009. En tout, cela m’a pris
deux ans et demi.
Les filles sont ravies qu’on les écoute et abordent
tous les sujets qui leur tiennent à cœur, la langue
bien sûr mais aussi l’amour, les rapports garçons
/filles, leur souffrance parfois, l’avenir. Elles sont
d’une grande maturité.
Avez- vous pensé dès le début aux petites scènes
intercalées entre les gros plans des filles qui
parlent ?
Le rythme va tambour battant. Ces scènes, où on
les voit dans leurs activités, permettent la
respiration du film.
Un projet de film avec des garçons, qui ont sans
doute aussi des choses à dire ?
C’est en cours !
PROPOS RECUEILLIS PAR ANNIE GAVA
Cinéma du temps
C’est à un voyage onirique dans le temps et l’espace que nous
convie Teresa Garcia dans les trois films qu’elle a présentés en
ouverture du Festival de cinéma portugais, organisé à Marseille
par Cinépage. Trois films inspirés de contes, réalisés en 2002,
2005 et 2006, formant triptyque, perdant le spectateur autour des
frontières poreuses entre réel et imaginaire. Dans Le Chemin
perdu, au cœur d’une forêt épaisse et sombre, lieu du rêve par
excellence, errent, perdus, un jeune garçon et un vieillard, qui sont
peut-être la même personne, le reflet de ce qu’il a été ou de ce
qu’il sera. Dans Le double voyage, un amoureux part travailler au
Maroc, sans sa belle qui décide de se laisser mourir de faim. On
la retrouve à Essaouira que dore la lumière, ou peut-être n’est-ce
qu’un songe… Dans la maison oubliée ce sont les espaces
désertiques, brûlés par le soleil, de l’Alentejo, que parcourent deux
jeunes hommes, libres, qui se cherchent, le long de chemins sans
fin.
C’est aussi en suivant une route de l’Alentejo, qui semble ne
jamais arriver quelque part, que Pierre-Marie Goulet nous
emmène dans un voyage en poésie et nous permet de jolies
Encontros : poètes populaires de l’Alentejo, habitants du village
de Furadouro où Paulo Rocha, l’un des réalisateurs du cinema
novo, a tourné Mudar de Vida qui revoient et font revivre ce temps
révolu… Peroguarda, le village où Michel Giacometti, le Corse, a
commencé à recueillir la musique traditionnelle et la mémoire de
la culture populaire. Construit comme un poème, le film de P.-M.
Goulet nous entraîne sur un territoire imaginaire entre
montagnes, champs d’oliviers et mer éblouissante, au son de
chants traditionnels corses et portugais qui s’entremêlent, échos
du passé et présent bien vivant.
ANNIE GAVA
Teresa Garcia © A.G.
44
CINÉMA
RENDEZ-VOUS D’ANNIE | FILM
Du 12 oct au 1er nov, l’Institut de l’Image à Aix, en
partenariat avec dfilms à Marseille et avec la
délégation régionale Ina-Méditerranée, propose
une invitation à André S. Labarthe, en forme de
voyage à travers l’histoire du cinéma, avec une
sélection d’épisodes de Cinéastes, de notre temps,
qui seront systématiquement associés à un film du
cinéaste «raconté».
Institut de l’Image
04 42 26 81 82
www.institut-image.org
Du 18 au 22 oct, dans le cadre d’Octobre Numérique organisé par la ville d’Arles, se tiendra la 7e
édition d’ArtCourtVidéO : des courts métrages de
l’actualité nationale et internationale, neuf courts
métrages mexicains, une soirée spéciale animation,
deux séances consacrées l’une au documentaire,
l’autre aux films de vampire. En clôture, le 22 oct à
20h45, au cinéma Actes Sud, Basquiat, une vie de
Jean-Michel Vecchiet.
09 77 91 72 96
www.artcourtvideo.com
Les Mardis de la Cinémathèque proposent à 19h, à
l’Espace Cézanne du Centre régional de Documentation pédagogique, le 18 oct, Citizen Kane d’Orson
Welles et le 25 oct, Black Beauty de James Hill.
CRDP, Marseille
04 91 50 64 48
Le 18 oct à 18h, à l’Institut culturel italien, dans le
cadre d’un cycle de films sur l’émigration, projection de Gli Indesiderabili de Pasquale Scimeca
inspiré du livre de Gian Carlo Fusco, auteur de Duri
a Marsiglia. Le film sera précédé par la projection
du documentaire, Testimonianze di emigrazione : il
cinema italiano de Rocco Giurato.
Le 25 oct ce sera Un tassinaro a New York d’Alberto
Sordi, les aventures et mésaventures d’un chauffeur
de taxi romain, et le 8 nov Il mio paese, le documentaire de Daniele Vicari, qui reprend le parcours
du long métrage produit par Joris Ivens en 1959.
Institut Culturel Italien, Marseille
04 91 48 51 94
www.iicmarsiglia.esteri.it
Le 23 oct à 15h, Carte Blanche à Cinehorizontes
au Château de la Buzine : projection de Morente
en présence d’Antonio Barrachina, suivie par
celles du Grand prix Cinehorizontes puis du Prix
du public.
Du 28 au 30 oct, hommage au cinéma ukrainien en
présence de Lubomir Hosejko, historien et critique
de cinéma : L’homme à la caméra de Dziga Vertov,
Brèves rencontres de Kira Mouratova, La Terre
d’Alexandre Dovjenko, Le lac des cygnes-La zone
de Yuri Illienko, Rez-de-chaussée d’Igor Minaiev,
La croix de pierre de Léonide Ossyka et, en clôture,
le 30 à 16h, le superbe Les chevaux de feu de
Sergueï Paradjanov.
Dans le cadre du mois du documentaire, le 11 nov
à 18h, projection de Le mystère Giono en présence
de Jacques Mény, suivie de Le Hussard sur le toit
de Jean-Paul Rappeneau. Et le 15, ce sera Jacques
Deray : le cinéma... Ma vie de Marie Halopeau suivi
de La Piscine de Jacques Deray. Focus sur JeanClaude Carrière, scénariste de ces deux fictions.
La Buzine, Marseille 11e
04 91 45 27 60
www.chateaudelabuzine.com
Le 26 oct de 16h à 17h, à l’Auditorium des ABD
Gaston Defferre, Dia de los muertos -le Jour des
morts au Mexique- projection de 6 courts métrages dont le premier, Day of the dead de Charles
and Ray Eames, nous plonge en plein cœur de
cette fête, à Mexico en 1957 (voir p 68).
ABD Gaston Defferre, Marseille
04 13 31 82 00
www.biblio13.fr
Le 2 nov à 19h45, à la Maison de la Région, La Région suit son court : projection de 3 courts métrages
qu’elle a soutenus : Une Île d’Anne Alix, Blue line
d’Alain Sauma et Étreinte de Sébastien Jaudeau.
Maison de la Région, Marseille 1er
Entrée gratuite dans la limite des places disponibles
Du 2 nov au 31 janv, de Grasse à Fos-sur-Mer, de
Laragne à Martigues en passant par Berre
L’Étang, les 23 salles du réseau Cinémas du Sud
programment l’intégrale des films de Stanley
Kubrick : Le Baiser du Tueur, L’Ultime Razzia, Les
Sentiers de la gloire, Spartacus, Lolita, Docteur
Folamour, 2001: L’odyssée de l’espace, Orange
mécanique, Barry Lyndon, The Shining, Full Metal
Jacket, Eyes Wide Shut
Cinémas du Sud
Grand Sud Est
04 91 62 79 05
www.cinemasdusud.com
Le 5 nov à 19h, à Châteauvallon dans le cadre du
10e Festival Portraits de femmes organisé par Les
Chantiers du Cinéma, hommage à Pina Bausch :
projection de, de Lilo Mangelsdorff, et de Les rêves
dansants d’Anne Linsel et Rainer Hoffmann. Le 9
nov à 20h30, au Théâtre Liberté de Toulon, projection de Les mariées de Pantelis Voulgaris.
04 94 09 05 31
www.festivalportraitsdefemmes.fr
Dans le cadre du mois du documentaire, le 8 nov à
20h30 au centre culturel de Charleval, projection
de Julien, grand prix de la compétition française
FID 2010, en présence du réalisateur Gaël Lépingle.
Entrée libre
04 42 28 56 46
Le 9 novembre, à 19h30, l’Alhambra Cinémarseille
rouvre ses portes et propose en avant-première
Les neiges du Kilimandjaro, l’histoire d’un couple
face aux injustices, sélectionné à Un certain regard à Cannes, en présence du réalisateur Robert
Guédiguian.
Par ailleurs se dérouleront le même soir 4 autres
avant-premières, présentées à 19h45 au 3 Palmes par Jean-Pierre Darroussin, à 20h au
Pathé-Madeleine par Ariane Ascaride et au
Variétés par Gérard Meylan. Au Prado, projection
à 20h30, suivie d’un débat avec l’équipe.
Alhambra Cinémarseille
04 91 03 84 66
www.alhambracine.com
Éclairer des choses sombres
De bon matin. Un homme, torse nu devant un
lavabo, se lave les dents. Ses gencives saignent un
peu. Il enfile un costume, boit un café, embrasse sa
femme endormie, se dirige vers son garage dans
une banlieue cossue mais ne prend pas sa voiture.
Jean-Pierre Darroussin et Jean-Marc Moutout © A.G.
L’homme, Paul Wertret, la cinquantaine, se rend
en bus vers la banque où il travaille. Tel un
automate, il abat deux hommes, dont on va
apprendre qu’ils l’ont humilié, harcelé, blessé au
plus profond. Il s’enferme ensuite dans son bureau
vitré…
Pourtant, de ce système qui l’a broyé, ce cadre a
été un acteur, un rouage. Comment en est-il arrivé
à ce geste ? C’est ce que va nous montrer le
nouveau film de Jean-Marc Moutout, qui a réalisé
en 2004 Violence des échanges en milieu tempéré.
C’est à la sortie de ce film sur le monde du travail
que le réalisateur a eu connaissance d’un fait
divers, en Suisse, qui l’a hanté pendant 6 mois. Il
en a tiré une fiction implacable, d’une grande
tension dramatique, superbement portée par
Jean-Pierre Darroussin. «Je n’ai jamais envisagé
quelqu’un d’autre que lui, a précisé J.M. Moutout,
le soir de l’avant-première au Variétés. J’avais
besoin de l’humanité de Jean-Pierre pour jouer ce
personnage complexe, assez vulnérable pour
laisser s’immiscer en lui cette amertume, ce
ressentiment qui vont l’amener à tuer puis à se
détruire.»
Ce film sombre est d’une justesse et d’une
épaisseur humaine remarquables. Filmé à fleur de
peau, Darroussin nous fait ressentir la profonde
solitude et le désespoir d’un homme brisé et le
travelling final sur ses collaborateurs après le
drame interpelle les spectateurs : comment
réagit-on face à ce genre de situation ? Un film à
voir, au moment où la souffrance au travail devient
un vrai problème de société.
ANNIE GAVA
AFLAM | HORIZONTES DEL SUR | APT
CINÉMA
45
La Flam égyptienne
60 films durant plus d’un mois dans une multitude de lieux !
Entre l’Égypte et le cinéma la flamme fait bon feu et
perdure, se ravivant encore de l’éclat de Tahrir…
Du 2 nov au 10 déc, AFLAM propose
Cinéma(s) d’Egypte, l’occasion exceptionnelle de revoir des films du
patrimoine comme Gare centrale ou
Les eaux noires de Youssef Chahine,
Le péché ou Hassan et Naima, avec
Soad Hosni, d’Henri Barakat.
On pourra découvrir les cinéastes qui
mettent en scène les interrogations
d’un peuple qui, après avoir cru en la
révolution nassérienne, est déçu :
Yousri Nasrallah, Atef El-Tayeb et
Mohamed Khan qui sera présent au
Cinéma Les Variétés, le 10 nov à 14h,
avec Les rêves de Hind et Camelia.
Les chefs de file d’un cinéma indépendant qui s’est fait l’écho des
aspirations de la jeunesse seront sur
place avec leurs films : Ahmed Abdallah avec Microphone au Variétés
le 2 nov à 19h, Mohamed Diab avec
Les femmes du bus 678 le 8 à 19h30,
et Ibrahim El Batout, le 11 à 20h avec
Hawi, un film mosaïque qui se déroule à Alexandrie. Le 12 à 16h, Dina
Hamza nous entrainera dans la maison d’un bourreau égyptien dans In
out of the room, et le 13 à 20h, Marianne Khoury dans des hôpitaux
psychiatriques du Caire avec Zelal.
Comédies, comédies musicales, mélodrames, films historiques, policiers,
drames sociaux, politiques, sans oublier concerts, expositions et tables
Hawi de Ibrahim El Batout © Courtesy of Hossam Elouan
rondes tourneront ensuite dans la
région. Un programme d’autant plus
intéressant qu’il met en lumière les
événements de la place Tahrir, qu’on
pourra revivre à travers dix regards
dans le film collectif 18 jours : 10
courts métrages réalisés dans
l’urgence et l’enthousiasme, autour
de la révolution en Égypte.
ANNIE GAVA
AFLAM
04 91 47 73 94
www.aflam.fr
¡Que viva la fiesta del cine!
Pour les dix ans de Cinehorizontes, l’équipe
d’Horizontes del Sur a concocté un programme
plus qu’alléchant : 31 films dont 19 longs métrages parmi lesquels 7 seront en compétition pour
le Grand Prix attribué par un jury de professionnels, présidé par Diego Galán ; 4 films en
avant-première, Las acacias de Pablo Giorgelli
(voir Zib’ 42), La mosquitera d’Agustí Vila, Amador
de Leon de Aranoa et Flamenco, flamenco, en
ouverture du festival le 14 oct à 19h30 au cinéma
Variétés à Marseille en présence du réalisateur,
Carlos Saura. Deux hommages, l’un à Jorge
Semprún récemment disparu, l’autre au grand
chef opérateur José Luis Alcaine. Les jeunes
cinéastes espagnols de l’ECAM et de la Filmoteca
Vasca ne seront pas oubliés avec un après-midi
courts métrages le 22 oct à l’Alcazar avant la
soirée de clôture à l’Espace Julien qui propose le
documentaire musical d’Emilio Barrachina, Mo-
Rabadán), Alex de la Iglesia (Balada triste de
trompeta). Sans oublier, musique, conférences,
expositions, buffets et… des voyages inédits à
travers Marseille, pleins de surprises, avec la complicité de «Bus transit».
Les projections marseillaise auront lieu aux
cinémas Le Prado, Les Variétés, à la Buzine, à
l’Espace Julien et à l’Alcazar ; mais aussi aux
cinémas Le Pagnol à Aubagne, Les Lumières à
Vitrolles et Utopia à Avignon.
Du plaisir en perspective pour les cinéphages
hispanophiles !
La mosquitera d’Agusti Vila
A.G.
rente, en sa présence, suivi d’un concert de Bernardo Sandoval.
Les spectateurs pourront aussi dialoguer avec les
autres invités, Manuel Martin Cuenca, (La mitad
de Oscar), Agustí Vila, Enrique Otero, (Crebinsky),
Ventura Durall, (Las dos vidas de Andrés
Horizontes del Sur
Du 14 au 22 oct
04 91 08 53 78
www.horizontesdelsur.fr
AFRICAPT !
La 9e édition du Festival des Cinémas d’Afrique
du Pays d’Apt, c’est plus de 30 films et près de 20
réalisateurs présents originaires de 10 pays.
En échos aux révolutions arabes, le film collectif
Hommes Libres d'Ismael Ferroukhi
de dix réalisateurs égyptiens, Dix huit jours ; puis
Laïcité inch Allah de Nadia El Fani, et un Focus sur
le cinéma égyptien avec Le Chaos de Youssef
Chahine, Femmes du Caire de Yousry Nasrallah,
Microphone d’Ahmed Abdalla et Hawi d’Ibrahim
El Batout.
Leila Kilani, déjà venue à Apt pour Nos lieux interdits, présentera Sur la planche et Amor Hakkar
Quelques jours de répit. Le jeune réalisateur sudafricain Oliver Hermanus reviendra avec Skoonheid.
À l’occasion de la sortie des Hommes libres,
Ismaël Ferroukhi donnera une leçon de cinéma
en compagnie d’Olivier Barlet.
Il y aura aussi des documentaires : Guerres secrètes du FLN en France de Malek Bensmaïl, Le
cri de la tourterelle du Nigérien Sani El Hadj
Magori et Koundi et le jeudi national, premier film
de la réalisatrice camerounaise Ariane Astrid
Atodji.
Et bien sûr des courts métrages, des rencontres,
des débats, avec cette année deux nouveautés :
une ouverture en musique, le 3 nov à 20h30 à la
Salle des fêtes avec le pianiste Ray Lema et le
projet Portraits Décalés : dans une petite cabane
en toile, les Aptésiens sont invités à un voyage
imaginaire dans les décors des films programmés,
où ils pourront se faire photographier !
A.G.
Festival des Cinémas d’Afrique
Du 3 au 9 nov
Apt
09 52 57 49 35
www.africapt-festival.fr
46
CINÉMA
IMAGE DE VILLE | INSTANTS VIDÉO | GARDANNE | FIMÉ
Viva la via
La rue, c’est le thème choisi par
Image de ville pour la 9e édition de
son festival. Rue-artère où pulse la
vie de la cité organique, lieu de rencontres, de conflits, de misère, de
révolte. L’urbaniste la pense, l’artis-
M le maudit de Fritz Lang
te et le révolutionnaire l’investissent,
les cinéastes la captent pour la
réinventer comme ceux de la Nouvelle Vague, objet d’une leçon de
Marcos Uzal et Philippe Fauvel. Les
films sélectionnés pour «leur regard
sensible sur l’espace urbain» seront
l’occasion d’échanges interdisciplinaires. En ouverture, le dialogue
entre le célèbre architecte Christian
de Portzamparc, sujet du courtmétrage de Daniel Abin, et Francis
Rambert, directeur de l’Institut Français d’Architecture. Le philosophe
Thierry Paquot réfléchira sur les
enjeux de la rue à travers le cinéma
d’anticipation. On pourra revoir des
chefs-d’œuvre du répertoire comme
M. le Maudit ou l’incontournable West
Side Story, mais aussi des films rares
entre documentaires et fictions
comme ceux de Vincent Dieutre qui
présentera par ailleurs une instal-
lation inédite sur Mexico. On pourra
s’abandonner à la proustienne rêverie de Jean Luis Guerin ou même
découvrir des films en chantier. À ne
rater ni la plongée en cinq étapes
dans le bidonville d’Alexandrie Mafrouza, proposée par Emmanuelle
Demoris, ni le nouveau bijou d’Aki
Kaurismäki, Le Havre, prix de la
critique à Cannes, hommage au
cinéma et aux petites gens qui
donnent à la rue une âme.
ÉLISE PADOVANI
Image de Ville
du 11 au 15 nov
Divers lieux, Aix
04 42 63 45 09
www.imagedeville.org
Rencontrer le monde L’Internationale
vidéo
MARYVONNE COLOMBANI
Festival d’automne
Du 21 oct au 1er nov
Cinéma 3 Casino,
Gardanne
04 42 51 44 93
www.cinema-gardanne.fr
En cette époque de «libre circulation des biens
et des personnes»,
l’aficionado électronico-vidéophile devrait
bénéficier gracieusement d’un passeport
international en cours
de validité ou d’une
immunité
culturelle
permanente pour suivre chaque édition des
Instants Vidéo. Bien
qu’ancré en Provence,
le festival a toujours
désiré développer ses
projets à l’international : Europe,
Asie, Moyen-Orient, Amériques du
sud et du nord seront présents.
Cette édition 2011 pousse toujours à
ouvrir et croiser d’autres univers où
s’insurge l’actualité la plus urgente,
avec un temps fort à la Friche : retours de Palestine (festival / :si:n/2)
et du Kirghizstan (1er festival vidéo),
aperçus de la création cubaine,
hommage au poète futuriste russe
Vélimir Khlebnikov. Michel Jaffrennou, maître grand joueur d’images
électroniques en invité d’honneur,
racontera l’histoire de l’art vidéo et
des (nouvelles) technologies à travers une performance/spectacle et
Men on fire de Dominik Barbier (France, 2011)
Le 23e Festival d’automne de Gardanne, fidèle à sa tradition d’éclectisme et
d’ouverture sur le monde, offre une programmation extrêmement riche qui
invite à découvrir les films de trente pays. 12 jours de «cinéphilie intense»
avec des gros plans sur les cinémas iranien et d’Amérique du Sud, et de très
nombreuses avant-premières : attention, ces dernières ne passent qu’une
seule fois ! Films, documentaires, rencontres, débats, un ensemble festif et
passionnant qui se poursuivra dans les salles des cinémas d’Istres, Briançon, Carpentras, Château-Arnoux, Forcalquier et Cucuron, grâce à
l’association Sud par Sud-Est.
De nombreux réalisateurs seront présents avec des œuvres fortes : le film
d’ouverture, le 21 oct, Tous au Larzac de Christian Rouaud, évoque la lutte
des paysans contre l’État, dix années (à partir de 1971) de résistance de solidarité, naissance de comités, réflexion sur les valeurs que tout être humain
se doit de défendre… La rencontre avec le réalisateur est fortement attendue,
de même que celle de Nadia el-Fani avec son courageux documentaire Laïcité, Inch’Allah qui a suscité des réactions très controversées en Tunisie.
Condition de la femme évoquée par Emmanuelle Millet qui dans La brindille
brosse le portrait d’une jeune femme déchirée entre sa volonté d’indépendance et l’annonce de sa future maternité. Blessures du quotidien pour Après
le Sud où Jean-Jacques Jauffret met en scène quatre vies écorchées.
Musiques des instants avec L’art d’aimer où Emmanuel Mouret remanie un
thème cher à Ovide… Très belle histoire, vraie, contée par le film de Roland
Cottet, de Gayané Hovhannisyan, sociétaire de l’Opéra d’Erevan qui s’arrêtera à Marseille et fondera le Chœur Lyrique des Enfants de l’Estaque… (De
Erevan à l’Estaque).
La brindille d'Emmanuelle Millet
Une belle fin d’octobre
en perspective !
une exposition multimédia. Rencontres/débats avec André S. Labarthe
entre cinéma et vidéo, Alain Declercq et Pascal Lièvre avec Michaël
La Chance suite à son essai sur les
œuvres-bombes.
Projections, expositions, conférences, rencontres/débats se déroulent
aussi à Vitrolles, Martigues, Portde-Bouc. Une chance.
CLAUDE LORIN
24e Instants Vidéo
Rencontres Internationales
Du 4 au 13 nov
La Friche et divers lieux
www.instantsvideo.com
Divas
en musique
Du 4 au 11 nov, se tiendra à Toulon
et ses environs, la 7e édition du Festival International des Musiques
d’Ecran (FIME), créé par Filmharmonia, qui rend cette année hommage
aux actrices qui ont marqué le
cinéma muet, neuf «divines» dont
Renée Falconetti, Greta Garbo,
Louise Brooks, Paulette Goddard…
11 ciné concerts dont 4 créations, au
programme : des œuvres du patrimoine cinématographique associées
à des musiques d’aujourd’hui.
En ouverture, au Théâtre Liberté à
Toulon, le 4 nov à 20h30, Carmen de
Cecil B. De Mille, accompagné par
L’Orchestre National de Jazz. Le
lendemain à 20h, et le 6 à 14h30, Les
Temps modernes de Charlie Chaplin, accompagné par L’Orchestre
de l’Opéra de Toulon, sous la direction de Timothy Brock.
Avant la clôture du festival qui aura
lieu le 13 nov à 15h, dans la salle
Jean Moulin d’Ollioules, avec la
sublime Garbo dans La Belle Ténébreuse de Fred Niblo, accompagné
au piano par Franck Pantin, des
chefs-d’œuvre du cinéma dit muet,
accompagnés par des musiciens et
des compositeurs de talent.
Un programme de mémoire et de
création, qui a de quoi réjouir cinéphiles et mélomanes !
ANNIE GAVA
Filmharmonia
04 94 21 60 18
www.fimefestival.fr
The Mysterious Lady de Fred Niblo
48
ARTS VISUELS
AU PROGRAMME
Transatlantique
Christiane Ainsley, John Francis, Sylvie Guimont, Ross Heward,
Jean-Noël ont en commun leurs origines québécoises et leur goût de vivre
en France, entre Paris, Barjols et Marseille. Leurs parcours se croisent
sous l’impulsion de la galerie Le Passage de l’Art qui met Montréal
à l’honneur à travers une sélection de peintures et de sculptures récentes
ou inédites. M.G.-G.
Montréal Connection
du 18 oct au 15 nov
Le Passage de l’Art, Marseille 7e
04 91 31 04 08
© Jean Noel, sculpture Barbys 1 et 2 , respectivement 37 x 27 x 21 plastiques et 20 x 30 x 14 plastiques
Premier clic
Après le succès du Festival des arts éphémères, la mairie du 9e et 10e à
Marseille lance son premier festival consacré à la photographie
contemporaine. Maxime Brygo est le lauréat 2011 sur six retenus après
appel à candidature et Martin Parr en guest star à l’occasion de la
réédition de son livre The Last Resort chez Images en Manœuvres. Des
visites pédagogiques précèderont cette année des ateliers dirigés par des
photographes prévus en 2012. C.L.
La photographie Maison Blanche #1
du 20 oct au 7 nov
Maison Blanche, Marseille 9e
04 91 14 63 50
www.laphotographie-maisonblanche.org
Gérard Eppelé, Figure de jugement III,
dessin 80 x 120 cm, 1990 © Pierre Vallauri
© Marie-Amelie Tondu / Lucie Cubin, serie St Pie X
3/4
Délaissant momentanément leur atelier arlésien, Gabriel Delprat, Gérard Eppelé, Michel Houssin
et le sculpteur Heribert Maria Staub sont invités côté Sainte Victoire. Arteum, les galeries du Lézard
et Alain Paire s’associent à l’initiative de Pierre Vallauri. Vernissages successifs dans chaque lieu à
partir du 12 oct, catalogue sous les plumes éclairantes de Florence Laude et Alain Paire. C.L.
Suite Arlésienne
du 12 oct au 26 nov
Arteum, Châteauneuf-le-Rouge
www.mac-arteum.net
Galerie Alain Paire, Aix
www.galerie-alain-paire.com
Galerie du Lézard, Aix
www.galeriedulezard.blogspot.com
Polémique
Après Amazonia voici Antarctica, la nouvelle installation de Lucy + Jorge Orta : Dome Deweling,
Drop parachute, Window on the World et dessins préparatoires accompagnés d’un passeport
mondial qui donne à «tout être humain le droit de se déplacer librement et de circuler
au-delà des frontières vers le territoire de son choix». Une œuvre complexe qui rappelle
l’urgence «à gérer la survie écologique, culturelle et humaine» de l’Antarctique,
mais pas seulement. M.G.-G.
Antartica
Lucy + Jorge Orta
jusqu’au 29 oct
Galerieofmarseille, Marseille 2e
09 53 10 15 26
www.galerieofmarseille.com
© Lucy + Jorge Orta, Antarctica
ARTS VISUELS
49
Poétique
Empruntant son titre au poème Bois vert de Cesare Pavese, Clément Montolio invente un dialogue
entre ses dessins de bêtes, de têtes, de femmes et de faces cadavériques, de fleurs et de frêles
oiseaux et les vers de l’auteur italien écrits en 1934. Des vers qui font vivre au jeune artiste
«des sensations, des correspondances, des sentiments et des interrogations poignantes
et joyeuses». M.G.-G.
L’avenir attendait
Clément Montolio
jusqu’au 19 nov
Galerie Territoires partagés, Marseille 6e
09 51 21 61 85
http://artcessible-territoires-partages.blogspot.com
Marcello Maloberti, Marcello che arriva in treno, 2001,
photographie couleur, 120 x 100 cm. Collection Enea Righi,
dépôt au Museion di Bolzano, Italie
Oriental
Clément Montolio © X-D.R
De Pierre Loti déguisé en Ramsès II ou en cheik aux vidéos de Douglas Gordon et Nan Goldin,
en passant par les études et dessins de Delacroix et Matisse, l’Orient a toujours exercé
une fascination formidable sur les artistes. Au point de provoquer chez eux une fièvre créatrice,
mélange étrange de visions réelles et fantasmées… À Aix, l’exposition proposée par Eric Mézil,
directeur de la collection Lambert, met un point final à un cycle consacré aux voyages. M.G.-G.
Voyage en Orient, de Pierre Loti à Nan Goldin
jusqu’au 29 janv
Galerie d’art du CG 13, Aix
04 13 31 50 70
www.culture-13.fr
Bestiaire
Derrière la peinture, aujourd’hui la vidéo et l’infographie, l’animal toujours habite l’espace
de représentation de l’artiste marseillais Jean Arnaud (Atelier de l’Escalier, 6e), professeur d’arts
plastiques à l’Université de Provence. Figure (pré)historique du poulpe ou du rhinocéros née de
l’évanouissement de la ligne, de la forme, de la matière, à l’image des Paysages défaillants
et des Interstices qui laissent entrevoir leurs entrelacs intimes. M.G.-G.
Pas vu
Jean Arnaud
jusqu’au 30 oct
Villa Tamaris Pacha, La Seyne sur Mer
04 94 06 84 00
www.loeil-en-seyne.fr
© Luca Zanier, Security Concuncil, NYC, série Lieux de pouvoir
© Jean Arnaud, Pas vu, impression numérique sur papier aquarelle,
110 x 90 cm, 2010
Suissaix
Fidèle à ses présentations en duos, la Fontaine Obscure croise les regards
de Suisse et de Provence. Inauguration le 20 oct avec visite commentée par
Jean Arrouye à 17h, projection nocturne, conférences, signatures du livre
de Stephanos Mangriotis (voir p. 51). Comme tout festival mérite son 0FF,
en parallèle avec la Fontaine Obscure et le Musée des Tapisseries, 27
photographes exposent dans 18 lieux publics et privés de la ville. C.L.
Phot’Aix 2011
du 19 oct au 30 nov
La Fontaine Obscure, Aix
04 42 27 82 41
www.fontaine-obscure.com
50
ARTS VISUELS
NOUVELLES GALERIES
Flambant neuves
L’ouverture d’une galerie est plus que jamais
un acte courageux à l’heure où le marché
s’amenuise et se concentre dans
les mégapoles !
C’est dans le triangle d’or de la Joliette, près du Cirva, du MuCem, du
Frac Paca et du musée Regards de
Provence, que Didier Gourvennec
Ogor a transformé un garage de 210
m2 en galerie. Un pari sur l’avenir («c’est
le quartier où il faut être») auquel il
croit dur comme fer, s’appuyant sur
un réseau tissé au fil de ses collaborations (galeries Roger Pailhas et
Yvon Lambert) et des salons internationaux. Du coup 15 artistes ont
accepté de participer à son Inauguration : «dès le départ j’ai voulu être
éclectique et éviter de cloisonnement ; je reste humble car je vais
apprendre à être galeriste. Je laisse
les choses venir et s’affiner»… Pour
l’heure, il est intarissable sur Timothée Talard (le plus jeune, marseillais
de surcroît), Emmanuelle Antille à
laquelle il consacre son premier project-room («artiste vidéaste suisse
dont je rêvais»), Gina Pane dont il
présente deux œuvres inédites de
1969 ou Rémy Marlot qui lui prête 2
des 11 photographies des Black
Church prochainement réunies au
musée des Beaux-arts du Havre.
catalogue de la Fondation l’œuvre qui
l’accompagne au quotidien, et découvrira en décembre Karine Rougier
accueillie en résidence dans le cadre
des AEM Marseille 2013. Mais cette
proximité complice avec l’artiste n’est
pas une première ! Pour la fête inaugurale, la sculpture de Etienne Rey,
Vertige, a illuminé le grand escalier
tandis que les projections en façade de
Rémy Bragard invitaient au voyage
immobile. L’événement laisse aussi
des traces pérennes avec deux sérigraphies composées par Anne-Valérie
Vue de l'exposition Inauguration à la galerie Gourvennec Ogor © Didier Gourvennec Ogor
povera car ils sont plus accessibles
visuellement et financièrement», mais
également aux comédiens, musiciens, chorégraphes et vidéastes
invités à des temps forts.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Inauguration
jusqu’au 22 oct
Galerie Didier Gourvennec Ogor,
Marseille 2e
09 81 45 23 80
www.galeriego.com
Associatif
Entrepreneurial
À l’occasion de son 40e anniversaire,
Vacances Bleues profite de ses nouveaux locaux 32 rue Edmond Rostand
(6e) pour valoriser sa collection et
aménager un Show Room permanent. Chaque salarié a choisi dans le
Hors-Les-Murs/HLM, Marseille 2e
09 50 71 13 54
www.marseilleexpos.com
Ouverture du chantier Le Bazar du Lézard, Brignoles © X-D.R
Gascq et Laurent Forbin qui accueillent le visiteur dès le hall d’entrée.
Varois
À Brignoles, à côté du Palais des
Comtes de Provence, le Bazar du Lézard a «chassé» du garage voitures
et tracteurs pour laisser place à un
lieu de rencontres artistiques. À
l’image du Miam de Sète qui a fait de
l’art modeste un art pour tous, le Bazar du Lézard présentera de l’art
primitif, naïf, du street art, et organisera des rencontres autour d’étapes
de travail ou de chantiers de création.
Un projet initié par Fabienne Lacroix
qui ouvre sa galerie d’art modeste
(«le mot galerie peut faire peur à un
certain public») aux objets uniques
créés par des artistes : «je veux présenter des objets du quotidien, des
accessoires, des bijoux… des objets
qui relèvent pour la plupart de l’arte
Etienne Rey, Vertige, sculpture éphémère à Vacances Bleues © J.L. Aubert
Autre place forte, Le Panier, où se
côtoient Vidéochroniques, les Ateliers Lorette, les Rencontres Place
publique et l’ex-galerie Red District
laissée vacante… jusqu’à ce que le
réseau des galeries et lieux d’art contemporain Marseille expos investisse
les 140 m2 de surface d’exposition et
l’espace de documentation. Baptisé
Hors-Les-Murs / HLM, le bureau-galerie est mutualisé, mis à disposition
des 23 membres pour qu’ils développent des projets complémentaires à
leurs activités. Pour Art-O-Rama,
Astérides a réuni ses résidents ; le 5
nov l’Atelier de Visu, Où et la galerie
Porte-Avion présenteront le film Abel
Ferrara : not Guilty de Rafi Pitts produit
par André S. Labarthe. Puis prendront place les Ateliers de l’Image…
Massimo Vitali, Zhang
Huan, Marc
Desgrandchamps, Gilles
Barbier
Show Room Vacances
Bleues, Marseille 6e
04 91 00 96 00
www.vacancesbleues.fr
Le Bazar du Lézard,
Brignoles
04 94 59 62 63
www.lebazardulezard.com
CONCOURS CCIMP | PRIX MOURLOT
ARTS VISUELS 51
L’année Lorenzi
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Ho ! haaa
4e Concours artistique de la CCI
Marseille-Provence
jusqu’en janv
Palais de la Bourse, Marseille 1er
08 10 11 31 13
www.ccimp.com
À voir également
Running on empty
Boris Chouvellon
du 13 oct au 8 janv
[MAC] de Marseille
04 91 25 01 07
www.marseille.fr
You can only see the shape on the
(back)ground, see the shape
Emilie Perotto
jusqu’au 31 déc
Galerie Arnaud Deschin (GAD),
Marseille 1er
06 75 67 20 96
www.lagad.eu
Les laurèates entourant le Président du jury Gérard Traquandi
et le Président de la CCIMP Jacques Pfister© CCIMP/ F. Jonniaux
Heureux finalistes
Le 11e Prix Mourlot a désigné son lauréat lors du vernissage de l’exposition à la galerie
de l’ESBAM. Honneurs rendus à Jérémie Delhome
Créé voici dix ans par le peintre et mécène Jean-Michel
Mourlot, le Prix constitue un moment important de la
rentrée de l’art contemporain à Marseille. La sélection
des quatre lauréats 2011 en confirme la très bonne
tenue. Les modalités restent inchangées (gratuit, sans
Jeremie Delhome devant une de ses peintures recentes, galerie de l'Esbam © C.Lorin-Zibeline
Décidément, 2011 est bénie pour
Sandra Lorenzi ! Sélectionnée à la
Biennale des jeunes créateurs
d’Europe et de la Méditerranée, à
Art-O-Rama (Show Room de la
Fondation Vacances Bleues) et à la
plateforme de l’IAC de Villeurbanne
(Biennale de Lyon, voir p 76), elle est
l’une des lauréates du 4e Concours
artistique de la CCIMP. Des lauriers
qui lui donnent des ailes, elle qui
veut «donner un sens contemporain
aux figures mythologiques à travers
des objets (surtout ne dîtes pas
sculptures !) à l’étrange et inquiétante beauté». Une de ses pièces
trônera dans la Salle d’honneur du
Palais de la Bourse avant d’être
exposée avec l’ensemble de la
collection en 2013 : en effet depuis
le lancement du concours, la CCI
acquiert une ou plusieurs œuvres à
hauteur de 30 000 euros par an.
Sur 97 dossiers examinés contre 78
en 2010, 3 ont été retenus… enfin 4
car, comme le souligne avec humour le président du jury Gérard
Traquandi, «comme à Cannes, nous
avons aussi un Prix spécial» ! Quatre
lauréates donc, toutes des femmes…
Laurence Aëgerter, qui vit à Amsterdam, «met notre acuité en alerte
et réveille nos sens» par la réappropriation d’œuvres existantes, en
l’occurrence des toiles du Louvre, et
propose une vision reconfigurée du
réel. Javiera Tejerina Risso, avec
une économie de moyens, fait de la
vidéo et de la photographie un art du
détail, de l’attente, du silence : son
film Va-et-vient est une auto-fiction
nostalgique et sereine à la fois, un
aller-et-retour entre le présent et le
souvenir. Il revient à Mary Pupet de
monter les marches du palais avec
un Monopoly mondial pour joueurs
spoliés d’avance, Monnaies de singe,
regard critique et diablement efficace sur le langage de l’économie.
On peut déplorer que ni Boris
Chouvellon ni Emilie Perotto ne
figurent dans la short list, et soient
installés dans les travées : l’ampleur
de leurs œuvres aurait mérité le
vaste atrium.
contrepartie, ouvert au moins de quarante ans, 3000 euros
de dotation), la composition du jury s’est renouvelée avec
le départ du président historique Gérard Traquandi et de
Frédéric Vallabrègue vers d’autres projets. Les renforts
sont venus avec Luc Jeand’heur (critique d’art) et Françoise
Aubert de la Fondation Vacances Bleues, entreprise
impliquée dans plusieurs actions de mécénat culturel.
Détrompe l’œil
Dans l’espace de la galerie le travail énigmatique, tout en
retenue, de Jérémie Delhome contraste avec celui des
trois autres lauréats. Il s’éloigne d’un côté de la figuration, enjouée, de David Lihard ou inquiétante de Claire
Tabouret, et de l’autre de la monumentalité un peu clinquante (orangés fluo !) de Julie Dawid. «Les règles que
je me donne sont là pour réduire les choses jusqu’à ce
que ça ne marche plus.» Tons rabattus pour limiter les
vibrations chromatiques, grain des aplats par passages
à la limite du séchage, géométries innommables suspendues dans un espace indéterminé. Jérémie Delhome
peint sur le fil ténu des rapports entre fond/forme,
figuration/abstraction, entre Morandi et Sol Lewitt pour
références ou même un peu de Zurbaràn peut-être. Ses
peintures se défient de ce qui ferait d’elles des images,
du sujet qui en monopolise le sens. Ce n’est pas par
coquetterie qu’il intitule ses tableaux Sans titre. Delhome avance vers nous des objets picturaux réellement
sans sujet. «J’essaie d’être à la limite de la reconnaissance» se plait-il à rappeler. Avec cette récompense le
pas a été franchi sans ambiguïté.
CLAUDE LORIN
Le Prix Mourlot a été accueilli du 23 sept
au 8 oct à la galerie de l’Esbam, Marseille.
04 91 90 68 90
http://galeriemourlot.free.fr
52
ARTS VISUELS
ST-RÉMY-DE-PROVENCE | ARLES
L’Humair vagabonde
Dans un bel élan impulsé par les expositions Lucio Fanti et Gérard Fromanger,
le musée Estrine conclut sa saison avec les œuvres de Daniel Humair
Manipulant avec virtuosité les balais pour sa musique, l’artiste d’origine
suisse ne peint cependant ni au couteau ni sous couvert de neutralité. Plus
connu comme musicien, Daniel Humair s’est pourtant forgé une longue
carrière ininterrompue de peintre. «Trente cinq ans de peinture
quotidienne derrière ça» déclare-t-il déjà en 1993 devant la
caméra de Michel Dieuzaide dans Humair Solitaire,
Solidaire. Présenté au troisième étage du musée durant
toute la durée de l’exposition, ce documentaire
constitue une excellente introduction aux deux arts
(hors cueillette des champignons) pratiqués à
l’origine par un autodidacte passionné. La rétrospective -des années soixante jusqu’à des œuvres
très récentes- nous permet de parcourir un
ensemble essentiellement constitué de peintures
sur papier, son médium d’élection, complété de
quelques pièces moins connues comme deux
tapisseries réalisées à Aubusson ou les premiers
dessins au stylo bille. On y décèle les éléments qui
deviendront caractéristiques -présents pour partie en
équivalence dans son travail sonore : simplicité/complexité, structures, traces, strates, graphismes perturbant la
moindre surface, implication du corps et des gestes, variations rythmiques,
matériologie tempérée ou plus expressive, qui se constituent en un
vocabulaire en constante évolution et contribuent à construire une singularité
reconnaissable, un style. Néanmoins, Daniel Humair insiste sur le
fait que dans son atelier le peintre est seul face à son travail
plastique : «dans la musique on ne peut pas mettre à la
poubelle parce qu’il y a des témoins.» Finalement
«peintre est un beau métier de vieux» avance-t-il. De
quoi rester de bonne Humair ! C.L.
Daniel Humair
Une abstraction narrative
jusqu’au 27 nov
Visite guidée par la commissaire de l’exposition
le 25 nov à 18h
Musée Estrine, Saint Rémy-de-Provence
04 90 92 34 72
www.musees-mediterranee.org
Daniel Humair, Roue to Switz, technique mixte sur papier,
diametre 38,5 cm, 2011. Collection particuliere © D. Humair
Planètes non affolées
Jana Sterbak succède à Vladimir
Skoda pour clore le programme
Sur Mesures du musée Réattu.
Son Planétarium tente de réactiver
certains mythes
Le cycle intitulé Sur Mesures, Le Passager de
l’Atelier a proposé cette année 2011 au visiteur
une rencontre entre œuvre ancienne et art
contemporain. Au XVIIe siècle, au premier étage
du Grand Prieuré de Malte, Jacques Réattu avait
installé son atelier. Son imposante toile inspirée
de l’Antique, La mort d’Alcibiade (1796), restée
inachevée, joue en contrepoint dans un face à face
avec une installation contemporaine. Aux deux
cent mille billes de métal déposées par Vladimir
Skoda (voir Zib’38) succèdent aujourd’hui douze
sphères de verre conçues par sa compatriote
tchèque Jana Sterbak. Réalisé au CIRVA entre
2000 et 2002, Planétarium se compose à l’origine
d’une quarantaine d’éléments d’environ 70 cm de
diamètre, présentant diverses variations de
Jana Sterbak, Planetarium, 12 éléments de verre Cirva, installation, musée Réattu, 2011, arrière-plan La mort d'Alcibiade © C. Lorin/Zibeline
matière entre transparence et opacité, craquelures, minéralité, mat ou brillant, lisse et rugueux,
de couleurs jouant du brun au noir.
La présentation sur tréteaux et nappe de papier
blanc (ce serait un choix de l’artiste) ne valorise
pas une mise en espace voulue minimale mais
ouverte ; le résultat est étroit et linéaire, fuyant en
diagonale vers le tableau inachevé. L’œuvre
pressentie à l’origine pour cette exposition (Sisyphe, [Mac] de Marseille) n’a pu être retenue pour
des raisons techniques. Mais malgré sa restriction
en nombre, Planétarium, grâce aux imperfections
de la rondeur travaillée par l’ambiguïté des matériaux, s’avère un échantillon lyrique et invite à
réinventer la forme finie de l’Alcibiade sous d’autres configurations - pour peu qu’on injecte une
dose d’espace dans cette rêverie céleste. Car un
des enjeux des propositions Sur Mesures est
l’incitation à fabuler. On retrouve donc dans l’atelier une photographie, Atlas (une des sphères/
Lune portée en guise de tête réactive le mythe
antique) et dans la suite du parcours un Prométhée (par Réattu), des Container for Olfactive
Portraits (Sterbak/CIRVA), les Visages d’Emmanuel Saulnier ou Tu reflètes de Françoise Vergier
réalisé lui aussi dans les ateliers du CIRVA, une
des dernières acquisitions du musée.
C.L.
Planétarium
Jana Sterbak
jusqu’au 31 déc
Musée Réattu, Arles
04 90 49 37 58
www.museereattu.arles.fr
ISTRES | LA SEYNE-SUR-MER
ARTS VISUELS 53
Ceci n’est pas un paysage
Les peintures de Nicolas Pincemin évoquent le processus du rêve.
Le Cac d’Istres nous offre l’occasion d’en faire l’expérience
composant ce panorama semi circulaire placent le spectateur au
centre de l’installation, comme sur
un chemin au milieu d’un sous-bois.
On pourrait (s’)y croire si d’imperceptibles décalages entre chaque
partie n’émanait une discrète étrangeté, l’enchantement du rêve semi
éveillé. L’illusion était presque parfaite.
Selon la thèse psychanalytique, une
des caractéristiques du rêve est de
se présenter dans une imprécision
apparente. À l’instar de celui-ci, les
peintures de Nicolas Pincemin ménagent une part de flou et condensent
différentes natures de représentation. Comme dans le rêve, le tableau,
écran de projection, unifie cette hétérogénéité en la rendant étrange :
combinaisons d’images figuratives,
insertion de trames chromatiques
sans objet, déplacements d’objets et
changements d’échelle, décontextualisation d’éléments iconiques,
profondeurs et perspectives contradictoires, superposition de couches
narratives. Une peinture de Pincemin ne recompose pas une scène
comme dans un classique tableau
d’histoire ou de paysage mais agrège des bribes visuelles pouvant être
liées à des souvenirs (d’enfance : Nous
n’irons plus au bois), des expériences ou des sensations personnelles,
suggérant des déjà-vu dans des dépaysements tragiques comme dans
la série des Bunkers. Quand bien
même se réclamerait-il de l’œuvre
de Peter Doig, ses peintures ne sont
CLAUDE LORIN
À lire :
Deux catalogues Nicolas Pincemin
parus concomitamment :
l’un par le Centre intercommunal
d’art contemporain,
collection In situ, et le second
en coédition avec Sextant et plus
à l’occasion d’Artorama
Nicolas Pincemin devant Sans titre, 2009 © D.Lorin-Zibeline
pas sans évoquer les recherches sur
l’image de Gerhard Richter ou Sigmar Polke, et plus en arrière l’insensé
Magritte. Forêt, une de ses dernières créations conçue spécialement
pour cette exposition et présentée
au dernier étage, se joue davantage
encore de l’ambiguïté des images
en atténuant fortement l’aspect
démonstratif. Les huit panneaux
Nous n’irons plus au bois
Nicolas Pincemin
jusqu’au 23 oct
Centre intercommunal d’art
contemporain, Istres
04 42 55 17 10
www.ouestprovence.fr
Chroniques africaines
L’œil en Seyne donne la
parole à 7 photographes
dont les «travaux de prise
de conscience, de beauté
et de pédagogie» font le
sel du 8e festival
© Baudoin Maounda, Sapeurs de Brazzaville
À chacun son Afrique. Christine et
Michel Denis-Huot revendiquent leur
amour du continent «pour ses immenses paysages et ses animaux» et
endossent sans complexe leur «rôle
d’ambassadeurs de la défense du
monde animal». Clichés magnifiquement consensuels, entre Out of
Africa et le National Geographic, qui
introduisent l’exposition sans heurter le spectateur. Car à l’étage de la
Villa Tamaris Pacha, l’Afrique change de visage ; les photos aussi, moins
lisses.
Pascal Maître engagé en Somalie
depuis 2002, rend hommage à «ce
pays qui souffre et où la vie est plus
forte que tout» : il ne peut se résoudre à l’abandonner malgré toutes
les difficultés de son travail. Le
même Pascal Maître fête «la beauté
et la puissance physique» de Madagascar mais dénonce l’exploitation
illégale de bois dans le parc de Massoala et les mines à ciel ouvert où
les saphirs sont arrachés à mains
nues…
Daniel Lainé est lui aussi pris entre
les feux de la beauté et de l’enfer : «j’ai
été attiré par les gens accueillants, il
fait beau, puis j’ai été repoussé par
l’Afrique car elle est extrêmement
violente». Il expose ici son implacable documentaire Le rafiot de l’enfer
(2009) et une série de portraits des
rois d’Afrique à l’instant T. de leur
intronisation.
En introduction à ses reportages en
Tanzanie, Pierre de Vallombreuse
prend des précautions oratoires «je prône la diversité des modes de
vie et de pensée du monde» - car ses
travaux surprennent : loin d’exalter
la magnificence d’une nature sauvage, ils lancent un cri d’alarme sur Le
crépuscule du peuple Hadza ravagé
par le «touristic business». En noir et
blanc, les formats à l’italienne confrontent sur un même plan les Hadza
et les touristes qui ne voient pas que
leur présence falsifie les traditions.
Seul regard africain, le congolais
Baudoin Maounda saisit l’insolence
des sapeurs de Brazzaville, prend au
vol la vie des rues et le quotidien, rend
hommage aux leaders du hip hop.
Parole fraîche, libre, d’un jeune homme qui a décidé d’exercer ce «sot
métier» de photographe, exempte
d’émerveillement, de commisération ou d’accusation, et construite au
fil de l’histoire terrible de Brazzaville.
Heureuse décision qui lui a valu le
Prix du jeune talent de la Biennale
de Bamako 2010.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Voyageurs d’Afrique, 8e festival
international de la photographie
jusqu’au 30 oct
Villa Tamaris Pacha,
La Seyne-sur-Mer
04 94 06 84 00
www.loeil-en-seyne.fr
54
ARTS VISUELS
VOL DE NUITS | ALCAZAR
Border Line, saison 2
© Terrain vague, Simon Duclut-Rasse
Durant cinq ans Vol de Nuits fédère
ses actions autour d’un titre générique, Border Line, qui éprouve les
limites du médium photographique.
Cette vaste réflexion «à géométrie
variable» embrasse aujourd’hui les
travaux de Pauliina Salminen et
Simon Duclut-Rasse habités par la
question du paysage. Et les images
limites… Visions intimes d’un espace
fluctuant pour l’une, pérégrinations
sur les éléments terre, bois, eau et
homme pour l’autre. Ensemble, artistes-intervenants dans les ateliers
de l’association, ils ont affiné leur
projet pour trouver le ton juste, le bel
équilibre et susciter un cheminement implicite.
Presque malgré nous la série de
Pauliina Salminen nous attire : ses
paysages familiers (dans ce qu’ils ont
d’humain), notamment sa Finlande
natale, qui évoquent les liens interpersonnels ; puis quatre photos de
contrées inconnues reliées par la
ligne d’horizon («seul lien plastique») ; enfin une fenêtre, au fond de
la pièce, qui nous intrigue. Recréation composite d’une photographie
d’un personnage pris dans son
intérieur, les yeux fixés vers nous,
encadrée par une vraie embrasure
de bois ; une composition artificielle
née de la juxtaposition de la photo, de
la vidéo (reflets d’un paysage mouvant en arrière-plan) et de l’objet qui
modifie l’image et sa perception, et
crée ainsi une nouvelle image. Comme un troisième paysage…
Une fois la halte consommée, les 20
polaroids de Simon Duclut-Rasse
nous intriguent par la cyclicité de
leur disposition, chaque élément
ayant une chromatique particulière,
et par le format intime. Dimension
réduite la mieux adaptée pour évoquer
«l’essence du paysage» : «j’essaye de
montrer sans montrer, à travers des
caches… j’aime l’idée du voile, du
masque, le flou par lequel on entre
oit la monochromie». Simon DuclutRasse aime les paysages silencieux,
«les chemins perdus, le fané et
l’éphémère».
Tous deux composent des paysages
habités, à taille humaine, à imaginer
plus qu’à voir, à ressentir plus qu’à
identifier.
M.G.-G.
© Fenetre reflet, Pauliina Salminen
Pauliina Salminen
& Simon Duclut-Rasse
jusqu’au 22 oct
Vol de Nuits, Marseille 5e
04 91 47 94 58
www.voldenuits.com
À venir
Stage thématique sur le portrait
les 12 et 13 nov ouvert à tous
Dialogue ininterrompu
Dernier acte d’une trilogie ou troisième volet d’une longue série ?
Après Chine, le corps partout ? au
[Mac] en 2004 et les échanges entre
l’Institut de peinture et de sculpture
de Shanghai et l’ESBAM qui aboutirent en 2010 à Rendez-vous à
Marseille, L’Alcazar accueille Artistes chinois/Artistes marseillais/
Correspondances ?. Une exposition
en forme d’interrogation posée par
Henry Périer, et un faisceau de réponses à travers le feu croisé de 12
artistes marseillais et 13 artistes
© Laurent Perbos, Calydon, 2010, Structure metallique, sandows, javelots, dimensions variables
chinois. Henry Périer suggère, lance
des pistes et invite le spectateur à
nouer les fils invisibles d’un dialogue
plastique : comment se manifestent
les ancrages identitaires à l’heure
des «mimétismes de la vague internationaliste», dans quelle mesure
les artistes orientaux résistent-ils à
«l’hégémonie des modèles visuels
venus d’Outre-Atlantique»…
À voir le face à face aléatoire des
œuvres, «une figure libre» nous prévient Henry Périer, on pressent que
le dialogue sera malaisé. Laurent
Perbos lance la conversation avec
son célèbre Calydon sauvage, animal en sandows multicolores bardé
de banderilles ; dans leur vitrine, le
Pied de cochon de Megalo Raepsaet
a le tibia ailé, la vanité d’Hervé Paraponaris se pare d’un couvre-chef
perlé et, sans que l’on y prête attention, Huang Yulong installe 6 joueurs
en céramique argent et or, encagoulés, mains et pieds diamantés,
embarqués dans une drôle de Party.
L’Ouest et l’Est n’ont jamais paru
aussi proches ! Autre rapprochement
sensible, entre l’huile sur papier de
Florence Louise-Peletin, ses personnages écrasés par le soleil
méditerranéen, et l’œuvre sur papier Hometown 1 de Xiao Xiong qui
ré-écrit le monde tel qu’il le perçoit.
Deux exemples extrêmes de la
porosité entre l’Ouest et l’Est car, si
les problématiques sont internationales, chaque scène artistique a ses
signes et ses codes, ses formes et
ses concepts issus de leur territorialité. Correspondances oui, mais
confusion non.
M.G.-G.
Artistes chinois/Artistes
marseillais/Correspondances ?
a eu lieu du 2 au 30 sept
à L’Alcazar.
Catalogue de l’exposition co-édité
par L’Alcazar et la Ville de
Marseille.
LIVRES/ARTS
Révolutions du patrimoine
Vous pensiez connaître l’architecture gothique ? Pour
vous l’arc boutant est consubstantiel aux cathédrales ?
Les Cathédrales dévoilées réactualise le sujet à l’aune de
récentes investigations historiques et scientifiques
internationales, pour ébranler quelques unes de nos
certitudes. Depuis une dizaine d’années, l’approfondissement des recherches en histoire de l’art et le
recours aux moyens des nouvelles technologies (scanner,
images de synthèses, programmes numériques) ont
permis de nourrir de nouvelles pistes de réflexion pour
produire de surprenantes découvertes. À partir de
l’exemple de Noyon, l’historien Arnaud Timbert
démontre que le principe des arcs boutant ne s’appliquait pas systématiquement à chaque construction
gothique. Venu de l’université de Columbia, Andrew
Tallon anticipe les mouvements architectoniques via
la modélisation laser et on découvre avec le géologue
Marc Viré que le changement stylistique sculpté de la
cathédrale de Paris est dû en grande partie à la qualité
de la pierre. D’autres matériaux et techniques sont
examinés : vitrail, structures de bois ou fer, peinture
comme le rôle des différents corps de métiers, les
corporations, l’organisation des chantiers inaugurant
des méthodes modernes par la préfabrication et la
standardisation, l’invention de nouveaux outils tel le
marteau hydraulique. Même si le chapitre sur les
dimensions sacrées apparaît moins pertinent, cette
plongée dans les arcanes de l’art gothique se révèle
passionnante de bout en bout et renouvellera notre
approche du patrimoine plus généralement.
C.L.
Les Cathédrales dévoilées
Christine Le Goff, Gary Glassman
DVD Arte Editions, 20 €
L’âme de Lam
La collection Phares dirigée par Aube Breton-Elléouët
(fille d’André Breton) est consacrée aux figures célèbres
et moins connues liées au Surréalisme (Marcel Duchamp, voir Zib’44). Chaque édition, extrêmement
documentée (témoignages, archives, iconographie) se
compose d’un ou plusieurs DVD et d’un livret
biographique illustré rassemblés en coffret pour un
prix plutôt démocratique. Ce Wifredo Lam n’échappe
pas à la règle. Nous découvrons au-delà de sa toile
emblématique La Jungle (1943), un artiste trop peu
connu dont le parcours exceptionnel imbrique
recherche artistique, liberté de pensée, conscience
sociale et politique (esclavagisme, identités du
métissage, révolution cubaine, guerre civile espagnole
dans laquelle il s’engagera) et une approche particulière de la poésie au sens puissamment magique, celle
du «merveilleux primitif». En quatre films parfois
redondants (d’une durée de 268 mn au total, l’ensemble manque de rythme) on explore en zigzags cet
univers plus complexe qu’il y parait, redevable au
Attentes
La collection Librement propose des focus sur des
questions humaines et de société (Larmes Salées, voir
Zib’ 43). Travaillant toujours en noir et blanc, chaque
photographe s’inscrit dans une démarche personnelle,
artistique et documentaire contextualisée par le renfort
de rédactionnels en fin d’ouvrage. Durant deux années,
2009 à 2010, Stephanos Mangriotis a rencontré les
migrants installés dans la précarité du port grec de
Patras. Demandeurs d’asile, simples migrants en
attente d’une opportunité vers l’Italie et l’Europe, non
reconnus par l’Etat grec, ils sont devenus des clan
destins indésirables, dans un équivalent de l’ex
«jungle» de Calais. Au-delà des textes de Laurence
Pillant et d’Amnesty International qui ramènent au
contexte grec et autres incohérences européennes, bien
des photographies de Mangriotis prennent une portée
plus universelle, au-delà des frontières de Schengen,
dès lors qu’elles se rapprochent ou se distancient de
leur sujet : quelques détails, des objets délaissés, une
Cubisme comme au Surréalisme (Picasso et Breton),
aux cultures de la négritude et à des nombreuses
collaborations avec les écrivains et poètes (Césaire,
Leiris, Char, Alejo Carpentier, Jouffroy…). Son œuvre
gravé et céramique y est particulièrement dévoilé. Des
proches, des intimes, des spécialistes de l’art témoignent de leur compagnonnage qui courut presque un
siècle, mais l’on regrette dans ce foisonnement la part
réduite donnée à la parole de l’artiste lui-même.
À regarder avant de se rendre au musée Cantini à
Marseille qui conserve plusieurs dessins et Le Bruit
appartenant comme La Jungle à une série qui
témoigne du basculement esthétique de l’artiste suite
à son retour à Cuba.
CLAUDE LORIN
Wifredo Lam
Fabrice Maze, Barbro Schultz Lundestam
DVD, Edition Seven Doc, 23 €
simple posture, un coin de friche, évoquent, sans
désigner, un lieu, des personnes dont l’identité semble
s’étioler d’autant que le temps passe. «L’action et la
situation tragique des individus ne sont pas mises au
centre du propos, ces images privilégient davantage le
témoignage, l’état psychologique et les traces laissées
par ces passages clandestins» précise l’auteur. Une
empathie si discrète, aux portes d’une Europe
obstinément sourde.
C.L.
Europa inch’Allah
Stephanos Mangriotis
Images Plurielles éditions, 25 €
Mangriotis expose ses photographies à Aix,
dans le cadre du festival Phot’Aix/Regards Croisés
(voir p.45) et signera son livre à la Fnac le 19 oct
à 17h30 et le 20 à 18h à la Fontaine Obscure.
55
56
LIVRES/DISQUES
Talent révélé
La dernière coqueluche de Lyrinx, le pianiste italien
Vittorio Forte, avait livré un disque de pièces de
Muzio Clementi, compositeur injustement négligé, et
révélé un jeu assuré, alerte et sensible. Lors du 35ème
anniversaire de la maison discographique marseillaise
au mois de juin dernier, sa présence scénique, son jeu
d’esthète confirmait le goût des Gambini pour les
pianistes de tempérament. Avec les grandes pièces du
répertoire pianistique que sont les Fantasiestücke op.12,
l’Arabesque op.18 et Kreisleriana op.16 de Schumann,
Vittorio Forte marque les esprits. Son disque est
magnifique ! L’imagination, la liberté, le sens du chant,
la splendeur sonore nous prennent par l’oreille, et ne
nous quittent plus !
J.F.
CD Lyrinx LYR 275
Cyprien l’affranchi
Les Marseillais qui ont entendu le pianiste Cyprien
Katsaris lors de son récital dans sa ville natale le 14
sept (voir p. 28), peuvent prolonger le plaisir avec
quelques enregistrements du virtuose. Vainqueur des
prestigieux Concours Reine Elisabeth et Concours
Cziffra, il mène depuis une carrière internationale très
chargée sur tous les continents et a créé, depuis 2001,
son propre label de disques. PIANO 21 est consacré
à des enregistrements nouveaux ou des rééditions,
dont la raison d’être «relève avant tout d’une double
passion, pour le grand répertoire bien sûr, mais également
la découverte d’œuvres rares et méconnues».
Le catalogue, très étoffé (intégrale des concertos de
Mozart avec la Salzburger Kammerphilharmonie
Le Souffle
Bach a ceci d’universel que même joué par une
sonnerie de portable, il reste lui même ! Le Kantor de
Leipzig ne se souciait guère de l’instrument pour
lequel il composait. Pour lui, la ligne mélodique est
une abstraction qui ne tient pas compte de la nature
physique de l’interprète, si bien que les chanteurs sont
souvent déconcertés face à d’interminables vocalises à
effectuer sans (théoriquement) reprendre sa respiration. C’est que pour lui l’essence divine du souffle le
place du côté de l’esprit et non du corps.
Dans les Suites pour violoncelle ou les Partitas pour
violon seuls, Bach expose des harmonies sur un instrument essentiellement mélodique. Les accords sont
égrenés comme ils auraient pu l’être au clavier, mais
par le biais de la mélodie. Il nous semble entendre tout
dirigé par Yoon Kuk Lee) s’augmente de nouveautés.
Un beau récital Schubert donné au Festival
«Schubertiade» en 1993 propose les deux premiers
Klavierstücke D. 946, son ultime Sonate n° 23 D. 960
ou des transcriptions de Lieder par Liszt (P21 042A), compositeur particulièrement choyé par Katsaris.
On retrouve le compositeur hongrois dans un portrait
en cinq visages («tsigane, romantique, avant-gardiste,
wagnérien et philosophe») comprenant entre autre la
magistrale Sonate en si mineur (Liszt Vol.1 - P21 041N) et un DVD enregistré à Shanghai de musique
latino-américaine illustrant «l’universalité du langage
musical» (P21 035-N).
J.F.
Cyprien Katsaris joue Liszt le 6 nov à 17h
au théâtre Comoedia d’Aubagne
www.cyprienkatsaris.net
à la fois la basse, l’harmonie et le chant… et les respirations sont simulées par les coups d’archet.
Les transcriptions de ces opus interprétés par le saxophoniste Joël Versavaud séduisent, en particulier,
grâce à la respiration continue. Celle-ci «permet
de restituer l’ampleur des phrases sans être limité par la
question du volume» : un résidu d’air est stocké dans la
cavité buccale et cette réserve est expulsée (glotte
bloquée) alors que l’instrumentiste remplit à nouveau
ses poumons… Le son peut ainsi ne jamais être
interrompu. Le sens esthétique, l’habileté technique
et la somptuosité sonore développés aux différents
saxophones par le néo-Marseillais font le reste !
CD Skarbo DSK 1104 skarbo.fr
J.F.
Graphie chorégraphique
Mémoriser la suite labile de la dynamique gestuelle.
Encrer sur le papier, tout à la fois, les portées du geste
et le mouvement discipliné, ordonné en temps et
espace, voilà la tâche du «choréologue». Un métier,
une passion que nous fait découvrir Dany Lévêque,
scribe et analyste avertie de l’œuvre d’Angelin Preljocaj. Elle nous montre cette étonnante correspondance,
cette homothétie entre l’écriture corporelle de Preljocaj
et la notation de Benesh (1916-1975). Méthode de
transcription qu’elle a choisi de mettre en œuvre et
qu’elle améliore et développe pour que la projection
imaginaire scripturale transcrive au mieux l’âme de la
création. Car au-delà de la simple transcription
technique et spatio-temporelle, le travail de choréologue implique la traduction de ce qui ne se dit pas, de
ce qui se voit, ce qui se sent… et là commence le
talent ; osmose, alchimie véritable entre celui qui crée
la dynamique du geste et celle qui la transcrit dans son
intention même. Un jeu d’absolue homogénéité entre
ce geste lu-écrit et sa répétition, remémoration en reémergence d’un autre geste, re-floraison infiniment
identique et pourtant à jamais distincte. Angelin
Preljocaj, de la création à la mémoire de la danse est un
ouvrage complexe et approfondi sur le paradoxe entre
le caractère statique de l’écrit et la dynamique
perpétuelle de l’évolution chorégraphique. Ce travail
d’un grand intérêt aurait toutefois mérité une
exposition plus didactique en son début, et un format
plus grand, qui permette de mieux lire ces magnifiques
partitions du geste.
YVES BERCHADSKY
Angelin Preljocaj,
de la création
à la mémoire
de la danse
Dany Lévêque
Les Belles
Lettres/Archambaud,
21 €
58
LIVRES
LITTÉRATURE
Animaux urbains
Toronto, de nos jours. Dans la capitale canadienne
traversée de rocades et de ponts autoroutiers, la nature
sauvage a encore sa place, surtout dans les ravins, les
terrains vagues et sur les berges de la Don Valley. C’est
là, aux confins de la ville et du wild, qu’Alissa York a
choisi de faire évoluer les personnages de son original
et très attachant troisième roman. Des humains
d’abord, Edal, Guy, Lily, Kate et les autres, qui tous
d’une façon ou d’une autre, reviennent de loin, d’une
enfance malheureuse, d’un deuil récent, d’une
guerre… Et puis des animaux, car tous les hommes de
ce livre ont à voir avec eux : Guy récupère et soigne (ou
enterre dignement) tous les animaux blessés qu’il
croise, il élève aussi une buse ; Edal est agente fédérale
chargée de traquer les trafiquants d’animaux
exotiques, Kate technicienne vétérinaire ; Lily ne se
sépare pas de son impressionnant terre-neuve Billy ;
quant à Stephen, il héberge sous son lit une nichée de
ratons laveurs orphelins. Bien d’autres espèces
traversent cette histoire peuplée d’animaux (coyotes,
renards, et même une tortue alligator !), comme le
sont celles dont raffolent les personnages et que Guy
lit le soir après le dîner… Alissa York s’est souvenue de
son enfance en pleine nature dans l’Alberta et de tous
les récits animaliers qui l’ont accompagnée, Kipling
en tête. Porté par une langue nerveuse et poétique, son
récit parle avec justesse des liens, d’amour, de
solidarité, et n’a rien (mais rien) à voir avec une
quelconque niaiserie animalosentimentale. Un univers
et un style à découvrir absolument.
FRED ROBERT
Fauna
Alissa York
Traduit de l’anglais (Canada) par Florence Lévy-Paoloni
Éd. Joëlle Losfeld, 22,50 €
Alissa York était invitée aux Correspondances
de Manosque, en compagnie de sa traductrice
et de son éditrice.
Rolin sans roller !
Le dernier livre de Jean Rolin surprend et amuse : ni
reportage engagé, ni grand récit de voyage, Le ravissement de Britney Spears serait plutôt une approche
topographique de la star people. En poste au Tadjikistan, pour une mission aberrante à la frontière
chinoise, le narrateur raconte à son compagnon Shotemur ses mésaventures américaines : improbable espion
flegmatique et quelque peu velléitaire, il a été envoyé
à Los Angeles pour déjouer une tentative d’enlèvement peu crédible de la star. L’essentiel de sa mission
consistera à arpenter la ville tentaculaire en empruntant tous les moyens de locomotion imaginables pour
qui ne conduit pas, à l’exception notable du roller,
pour approcher la tragique blonde, avec la complicité
d’un paparazzi très fin de siècle et d’une prostituée
dégourdie.
Voici un étonnant roman de la circulation : les bus, la
marche à pieds et les échangeurs permettent de rallier
des lieux vides (des clubs chics, des parcs déserts, des
hôtels désaffectés) pour traquer des personnages
fantômes et fantoches qui ne viendront pas, où qui
viendront mais qu’on n’abordera pas, ou qui ne seront
qu’une mise en scène d’eux-mêmes. Nothing is happening : pas d’événement, mais ce qui en tient lieu, et
qui, dans la logique médiatique du simulacre, suffit à
en être un. Pas d’histoire, pour tirer le fil tendu entre
les choses, mais la multiplication de scénarios improbables et d’attentes déjouées.
On suivra avec plaisir ce récit de voyage inusité,
mélancolique et burlesque, à l’humour exact, sur des
chemins qui ne mènent nulle part.
AUDE FANLO
Le ravissement de Britney Spears
Jean Rolin
POL, 17 €
Nouveaux romans
Proposer aux enfants et aux adolescents des fictions
d’un genre nouveau, à la frontière du roman jeunesse
illustré et de la bande dessinée, tel est l’objectif de la
jeune collection Empreintes (4 titres à ce jour), sous
la direction de l’illustrateur Régis Lejonc. Des livrets
élégants, à la couverture souple, au format très tendance - entre album et livre de poche -, à l’épaisseur
non rebutante pour de jeunes lecteurs. Des textes
fragmentés, découpés comme des scénarios ou des
scènes de théâtre, fluides pourtant. Et surtout le dessin
qui éclate dès la première de couverture et s’invite
partout : sur de pleines pages, en série de planches
façon BD, en illustrations plus traditionnelles au fil
des mots. Les Indiens offre ainsi le graphisme brut et
percutant de Régis Lejonc, dans une ligne en noir,
blanc et jaune soleil, qui vient scander le récit de
Franck Prévot et donner vigueur à sa chronique de la
haine et de la violence ordinaires vues par un enfant.
De même, le trait noir et blanc coloré de noisette
d’Alfred accompagne avec bonheur la triste histoire
d’Angie M. racontée par Rascal, comme le font aussi
les paroles de la célèbre chanson des Stones. Une
ambiance de pluie, de nostalgie et de cafard, proche de
celles de Tardi, qui colle parfaitement à cette histoire
de déni de grossesse.
Empreintes, qui aborde des thèmes délicats, des
questions angoissantes, n’est pas à mettre entre les
mains de lecteurs trop jeunes.
FRED ROBERT
Les Indiens
Franck Prévot, Régis Lejonc
L’Edune, 12,50 €
Angie M.
Rascal, Alfred
L’Edune, 9,50 €
Régis Lejonc et Alfred seront à Marseille pour les
prochaines Littorales, et également dans le cadre du
festival BaDaM
Jean Rolin était invité aux
Correspondances de Manosque
LIVRES
Face à face
Robert Bober a écrit, à une voix, un
roman multiple : histoire intime de sa
famille, histoire sociale et douloureuse
des polonais juifs déportés, chronique
du vieux quartier de Belleville et évocation des tournages de Truffaut dans
ce même quartier. Les fils s’entrecroisent au rythme des rencontres et des
découvertes du jeune narrateur, Bernard Appelbaum, 20 ans. Mai 1961 :
suite à ses retrouvailles avec un moniteur de colo de 10 ans son aîné, il est
figurant dans «Jules et Jim», au café
Victor, pénètre dans le quotidien d’une
clientèle ouvrière et sympathise avec un
admirateur de Bruand et de la Commune, dévoilant des pans de l’histoire
de la classe ouvrière. La projection du
film de Truffaut libère la parole de sa
mère qui lui raconte pour la première
fois l’histoire de ses deux amours : deux
jeunes hommes amis rencontrés en
même temps en Pologne et tombés
amoureux d’elle, qu’elle a épousés l’un
après l’autre. Seule à nouveau il ne lui
reste qu’un carton de photos jaunies et
ses deux fils. Ses confidences poussent
Bernard à mettre ses pas dans ceux de
ces hommes à travers ses déambulations
dans le quartier et sa visite au Cirque
d’Hiver que fréquentait son père... par
les toits.
Robert Bober distille ces souvenirs par
doses subtiles ; il n’est pas Bernard,
plutôt l’ex-moniteur l’assistant de
Truffaut. Le récit de cette réappropriation est borné par deux photographies :
celle du père dans son petit cadre posée
sur le buffet et la même, en grand, sur
un mur du bloc des déportés français à
Auschwitz.
CHRIS BOURGUE
T d’encens
A l’encens, s’oppose l’azurite… Un point
de départ en énigme policière, deux
villes sublimes pour cadre, Constantinople et Venise, un personnage tiraillé
entre ses aspirations artistiques profondes et l’endroit d’où il vient… Metin
Arditi nous conte avec l’élégance de la
calligraphie ottomane à laquelle s’exerce
son héros dans le bazar de Constantinople, la vie tourmentée du Turquetto.
La peinture, de même que toute tentative de représentation est interdite à ce
jeune garçon par sa religion hébraïque.
Et pourtant son regard aigu ne cesse de
composer des tableaux, des portraits
qu’il empile dans sa mémoire. On suit
les étapes clé de la vie du jeune peintre
dans un récit qui adopte une construction rigoureuse et symétrique en quatre
parties, quadryptique dont émergent
des pans cruciaux, qui éclairent les
longues ellipses narratives. Aux trajets
physiques correspondent les étapes de
la maturation, de la réflexion. Avec un
sens calculé de la suggestion, Metin
Arditi fait renaître la foule multiple de
Constantinople, les intrigues vénitiennes… Les dialogues sont ciselés, les
personnages prennent vie et vous emmènent sur des chemins qui semblent
familiers, tant est réaliste le contexte
historique, vraisemblable l’intrigue…
Réflexion sur la rigide ineptie des
orthodoxies et sur l’art, ce roman, véritable parabole, est un hymne à la
liberté. Superbe.
MARYVONE COLOMBANI
On ne peut plus dormir tranquille
quand on a une fois ouvert les yeux
Robert Bober
P.O.L, 17 €
Robert Bober sera présent pour
les Littorales, du 12 au 16 oct à
Marseille
Le Turquetto
Metin Arditi
Actes Sud, 19,50 €
L’ombre
qui cause
Oyez, bonnes gens, la voix de «celle qui
s’est volontairement clôturée pour
tenter d’exister». Oyez la merveilleuse
histoire d’Esclarmonde, damoiselle du
domaine des Murmures, qui, en 1187,
préféra la réclusion à un mariage
forcé… En se laissant emmurer dans
une cellule attenante à la chapelle du
château, avec pour unique ouverture
sur le monde une petite fenêtre à barreaux, c’est une libération que la jeune
fille espère. Pourtant, loin de s’envoler
par la prière et l’extase mystique au-delà
de sa prison étroite et du monde des
hommes, la recluse est rattrapée par les
réalités et les fracas du siècle. Mais ne
dévoilons pas les péripéties du deuxième roman de Carole Martinez. On se
souvient de son magnifique Cœur
cousu. Parue en 2007, couronnée par
pas moins de 9 prix, l’épopée de la
magicienne brodeuse Frasquita Carasco
et de ses enfants mettait déjà en scène
une femme en butte à la brutalité des
hommes, mais forte, déterminée. Le
cadre a changé ; pourtant l’ombre de
Frasquita plane sur le Domaine des
Murmures (qui lui est d’ailleurs dédié),
sur cette belle histoires de femmes un
peu fées, un peu sorcières. Par la grâce
d’un récit ondoyant comme la Loue
qui coule en contrebas du château et
d’une langue imagée que tournures et
termes anciens enluminent, l’univers
médiéval, seigneurs et gueux, pèlerins
et croisés, religieux et paysans crédules,
vient peupler le reclusoir d’Esclarmonde, en une foule de paroles et de
visions dont elle est la dépositaire et
qu’elle murmure à qui veut bien tendre
l’oreille.
FRED ROBERT
Du domaine des murmures
Carole Martinez
Gallimard, 16,90 €
59
Les voix
d’Alger
Auteure de nouvelles remarquées,
Kaouther Adimi a publié l’an dernier
son premier roman aux éditions algéroises Barzakh, qui veillent à promouvoir
la jeune littérature algérienne. L’envers
des autres est aujourd’hui édité en
France. Ce bref texte polyphonique
(une centaine de pages) met les maux
en voix. Maux d’une Alger contemporaine plus si blanche : «…de cette
ville, je ne vois plus la blancheur, la
beauté ou la joie de vivre, mais uniquement les trous qui me font bondir
de ma place, les pigeons qui lâchent
leur fiente sur ma tête et les jeunes
désœuvrés qui essaient de me tripoter
au passage.[…]Saleté de ville !», maugrée Yasmine dans le bus bondé qui la
conduit à l’université, tandis que son
frère Adel murmure : «Je me sens attiré
par cette mer visqueuse, pleine de
cadavres et de jeunesse affamée». Voix
des gens d’un quartier, et des membres
d’une famille particulière, sur laquelle
tout le voisinage se répand en commérages. Au fil de courts chapitres
soliloqués, c’est une société rongée par
la mesquinerie et l’envie qui se profile ;
une société sans perspectives pour ceux
qui veulent vivre librement. Le propos
est intéressant, la vision noire et juste
sans doute. Pourtant, malgré quelques
beaux passages (le monologue du jeune
Tarek entre autres) et quelques personnages attachants (la fratrie Sarah, Adel,
Yasmine), ces paroles successives sonnent parfois un peu faux. Ce qui laisse
le lecteur mal à l’aise et frustré…
FRED ROBERT
L’envers des autres
Kaouther Adimi
Actes Sud, 13,80 €
Kaouther Adimi sera présente pour
les Littorales, du 12 au 16 oct à
Marseille
60
RENCONTRES
ACTORAL
«Il se peut que
la beauté ait renforcé
notre résolution...»
Sans doute plus rassurant, le lien entre
Nicolas Maury et le texte passionnant
de Noëlle Renaude, De tant en temps,
fait de liens ténus entre les idées, de
personnages dont la fiction ne tient
qu’à un nom, de paroles prêtées, reprises. Fragile, vacillant, sceptique, voix
haut perchée, regard sombre, étonné
par sa propre audace, l’acteur dessine
sur la scène une sorte de géographie
comptable (La Somme et la somme)
jubilatoire.
Deuxième semaine
à la Minoterie,
cinq soirées, genre
montagnes russes.
Toboggan de Gildas
Milin : saga de vieux
goûtant une dernière fois à l’énergie
du désespoir ; comment finir en prison
pour fuir une société qui ne nourrit
ni ne loge ? Tragédie
nipponne
logorrhéique qui ne
propose au spectateur qu’un rôle :
otage ligoté sur son
siège (version longue) ; il y a un mort
(sur scène) et Gildas Milin est un acteur
excellent.
Plus bas encore, flanqué d’une allégorie (?)
en rollers, Arthur-Gonzales Ojjeh alias
Antoine Dufeu file l’abstraction même
pas lyrique ; Sofia -ville pas fille- invite
à la méditation sur le... capitalisme... ça
glisse. Le quatre mains des sœurs Martin (têtes coupées, elles sont les mêmes !)
en faisant chauffer le rétroprojecteur et
les faux semblants -Jed Martin chez
Houellebecq, le vrai personnage du
roman, leur frère ?- ramène la joie mais
pas le Patrick ( «reviens !») du titre ; burlesque léger, sentimental et décapant qui
mêle l’art, la mort et Charles Aznavour.
Autre duo avec figure absente : celui de
Claudine Galéa et de Jean Marc Montera autour de Patti Smith ; élégant et
raisonnable, sage et de bon goût, très fréquentable (voir p.63). Plus dérangeant,
le Retour au noir de Suzanne Joubert,
lu par Xavier Marchand et Rachel
Ceysson, superpose et enfante des voix,
brouille le regard et suspend le temps ;
Patrick reviens, les soeurs Martin © M. Nouel
De tant en temps © Jean-Julien Kraemer
La Loi du marcheur, Nicolas Bouchaud © Giovanni Cittadini Cesi
Comment, après trois semaines de déambulations subjectives dans les écritures
contemporaines, résister au plaisir de
détourner une partie du titre infiniment
subtil du film de Philippe Grandrieux,
montré dans le cadre de la 11e édition d’Actoral, pour simplement rendre compte ?
Pourquoi ne pas souligner que la
beauté, déclinée du paisible au bizarre
voire au convulsif, a été l’avant-première invitée de la manifestation au
travers de l’affiche/logo conçue par le
graphiste Laurent Garbit ?
Ce O échevelé plongé dans un liquide
homophone, perdant son encre en volutes élégantes, impossible de ne pas y
voir un hommage aux sorcières-marraines Chloé Delaumeet BrigitteFontaine,
ou une invitation à boire un philtre de
liberté.
Dispersion et géométrie variable, des
lieux, des formes, des propos, des formats, des durées... mais un centre à peu
près constant : corps et voix présents,
convoqués pour dire une singularité y
compris collective. Lancer de la parole
à la Maison des Avocats, souriant symbole ouvert à la voix amplifiée, mise en
scène, bruitée, branchée et caverneuse
d’Anne-James Chaton (voir p 72) traversé par ses Hommes Illustres : Tibère
et sa cruauté, dont on se demande quelle
part est celle de Suétone ; Christophe
Colomb découvert par Jules Verne en
même temps que par l’Amérique. Le poète s’amuse à croiser les portraits et s’en
tire un de rigolo-intello pas désagréable.
Tautologie brillante à la Criée, qui
accueillera l’essentiel des propositions
de la première semaine, avec un collectif
qui collecte des formes orales (l’Encyclopédie de la Parole) et une performeuse
qui se prête à toutes les voix ; phénoménale Emmanuelle Lafon (encore une
sorcière) qui porte en elle rythme, grain
de voix et rhétorique des discoureurs
que l’on se plaît à reconnaître, loin pourtant de toute imitation.
Du côté des habitées («Je suis la Sybille,
le medium...») Chloé Delaume en impératrice gothique, bacchante réinventée,
construit dans son corps un Tombeau
pour Messaline, sourd, obsédant, chamanique («La parole, n’est-ce pas, la
parole...»). Et un peu désuet tout de
même.
la petite mécanique des mots laisse
toujours un peu de place à l’invisible...
Après un bref passage au Gymnase
(voir p.20), retour à la Criée avec la
reprise de Kolik de Rainald Goetz, que
Thierry Raynaud, sous la direction
d’Hubert Colas éructe avec une maîtrise
consommée, crachant les mots méthodiquement, aidé par la scansion du petit
verre ingurgité ; performance d’acteur
qui laisse au second plan un texte que
l’on finit par ne plus écouter.
Autre solitude, lumineuse car portée par
l’anamnèse collective, l’écran blanc et la
communauté des cinéphiles, celle de
Serge Daney, incarné dans la Loi du
marcheur, sans la moindre tension vers
la ressemblance, par un Nicolas Bouchaud souverain, au-delà du naturel,
s’adressant au public dans une constante fluidité, jouant comme un enfant
avec les images projetées de Rio Bravo,
passeur, marcheur, penseur ; la force du
théâtre, celui qui regarde les spectateurs
dans les yeux, comme peut le faire le
cinéma quand il n’est pas à bout de
souffle. Un grand moment... qui nous
permet de lui pardonner Mademoiselle
Julie, et éclipse un peu sans doute le
travail intéressant des plus jeunes
comme la compagnie italienne Motus
dans son émouvante tentative de
résurrection / insurrection d’Alexis (voir
p. 12) ou celui plus fragile et tâtonnant
de la Compagnie l’Employeur présenté au théâtre des Bernardines. Le festival
poursuit sa route jusqu’au 13 oct, en
partie à La Friche avec la carte blanche
à Catherine Marnas et à La Criée avec
Dieudonné Niangouna.
MARIE JO DHÔ
Le festival Actoral a lieu
du 13 sept au 13 oct
LES LITTORALES | OUEST PROVENCE
RENCONTRES 61
Les Littorales :
Festival littéraire sur le thème
Frontières en mouvements
Frédéric Valabregue © John Foley
Journée de réflexion, le 14 oct à la BDP Gaston
Defferre, en présence de Frédéric Valabrègue pour
Le Candidat (P.O.L) de 10h à 11h ; de Dominique
Sigaud pour Franz Stangl et moi (Stock) et Laurent
Binet pour HHhH (Grasset) de 11h à 12h ; de Robert
Bober pour On ne peut plus dormir tranquille quand on
a une fois ouvert les yeux (P.O.L) de 14h à 15h ; de
Robert Bober pour la projection du documentaire
qu’il a réalisé, (Re)lectures pour tous de 15h à 16h.
Le comptoir littéraire, à La Bo[a]te
Frontières en mouvements, échanges entre les auteurs
invités et Pascal Jourdana, La Marelle, Yann Nicol,
Fête du livre de Bron, Thierry Guichard, Le Matricule des anges et Boris Henry, journaliste spécialisé
BD, les 15 et 16 oct de 11h à 18h
Rencontre sur l’Outre-mer avec Daniel Maximin
pour Les Fruits du cyclone : une géopolitique de la Caraïbe (Seuil), Eugène Nicole pour L’œuvre des mers
(L’Olivier) et Roland Brival pour L’ensauvagé
(Ramsay), le 15 oct à 14h
-sur les Formes hybrides avec Alfred et Régis Lejonc,
à 15h
-sur la Polyphonie, d’une langue à l’autre avec
Simonetta Greggio pour Dolce vita 1959-1979
(Stock), Luisa Valenzuela pour Passe d’armes
(l’Harmattan) et Metin Arditi pour Le Turquetto
(Actes Sud), à 16h
-sur Fragments de vie avec Camille de Toledo pour
Vies potentielles (Seuil), Lydie Salvayre pour Hymne
(Seuil) et Marie Cosnay pour Entre chagrin et néant
(Cadex), à 17h
-sur Musique et littérature en compagnie de Valérie
Marin La Mesclée, Sami Tchack et Chérif Soumano, à 18h30
atelier avec l’auteur-illustrateur Régis Lejonc, le 16
oct à 10h30
rencontre avec les auteurs de BaDaM !, festival BD
créé par Massilia BD, à 12h30
rencontre sur les frontières imaginaires, traditions et
urbanités avec Fatéma Hal pour Fille des frontières,
(Rey), Merete Pryds Helle pour Oh, Roméo (Gaïa) et
Wilfrid N’Sondé pour Le cœur des enfants léopards
(Actes Sud, Babel), à 13h30
Sur le fil ! Entre vérité et mensonge avec Christian
Garcin pour Des femmes disparaissent (Verdier) et
Pauline Klein pour Alice Khan (Allia), à 15h45 ; Jetés
dehors à nouveau, création du chorégraphe Sylvain
Prunenec et de l’écrivain Mathieu Riboulet, à 17h
Les 15 et 16 oct, sous chapiteaux : un forum radiophonique pour se rencontrer autour du livre, un
espace librairies, la présentation des réalisations
d’Approches culture(s) et territoires sur la question de
la place des immigrations dans la culture ; Les commandos poétiques des Souffleurs sur le cours Estienne
d’Orves, le 16 oct de 11h à 18h ; le Book Project
International, 14e Rencontres internationales de
l’édition de création, les 15 et 16 oct…
Association Libraires à Marseille – 04 96 12 43 42
La culture en perspectives
Organisé par le Syndicat d’Agglomération Nouvelle
(SAN) Ouest Provence, l’Assemblée des Communautés de France (ACF), le Fédération Nationale des
Collectivités territoriales pour la Culture (FNCC), en
partenariat avec l’Observatoire des politiques
culturelles (OPC), le colloque intitulé «Intercommunalité culturelle : quels projets pour quelle
gouvernance à l’heure de la réforme territoriale ?»
se propose de porter un éclairage sur l’inscription de
la culture dans la politique d’aménagement du territoire.
La construction d’une identité culturelle à travers
l’identité territoriale, qui est au cœur des préoccupations du SAN (depuis 1995, renforcée par la création
de la Régie culturelle Scènes et Cinés en 2006), est
amenée à évoluer au cœur des réformes territoriales.
Durant deux jours, au Centreculturel Marcel Pagnol
à Fos-sur-Mer, de nombreux acteurs politiques et
culturels croiseront leurs expériences, partageront leur
savoir-faire et leurs analyses.
Le 20 oct, des ateliers traiteront des enjeux juridiques,
administratifs et managériaux des équipements et services
culturels intercommunaux (animé par J.-L. Bouillère,
dir. des affaires culturelle de Strasbourg, avec E. Baron,
avocat au Barreau de Paris, D. Salzgeber, coopérateur
culturel, fondateur d’Arteca, M. Blain, responsable de
l’observatoire de l’ARCADE et P.-H. Chapt, DGA
chargé de l’action culturelle à Annecy) ; de la culture
numérique et de la participation des habitants à la vie
artistique et culturelle dans le projet intercommunal
(animé par S. Pryen, sociologue et maître de conf. à
Lille III, avec C. Besson, dir. de la médiathèque
intercommunale Ouest Pce, N. Bigas, vice-pdte de
l’Agglo. de Montpellier et F. Jumel, dir. de Paloma
Scène de musiques actuelles de Nîmes Métropole) ;
de la construction de l’espace territorial citoyen (animé
par A. Lefèbvre, professeur émérite à l’Univ. de
Toulouse Le Mirail, avec B. Schnebelin et F. Léger, codirecteurs d’Ilotopie-Citron Jaune, H. Sobota, dir. de
la DAC de Rennes et P.-A. Landel, maître de conf. à
l’Univ. Joseph Fourier de Grenoble) ; J.-P. Saez, dir.
de l’OPC, conclura.
Le 21 oct, une table ronde animée par L. Lemouzy,
rédactrice en chef de la revue Pouvoirs locaux, abordera
la problématique de la rénovation de la gouvernance
culturelle communautaire avec P. Lungheretti, conseiller
en charge du spectacle vivant, de l’action territoriale et
de l’Outre-mer au Ministère de la Culture et de la
Communication, J.-L. Biard, ancien dir. des affaires
culturelle de Rennes, C. Morin-Desailly, Sénatrice de
la Seine-Maritime et conseillère régionale de HteNormandie, O. Bianchi, maire adjoint à la culture de
Clermont-Ferrand, vice-président chargé de la culture
de Clermont Communauté, pdt de la commission
culture de l’ACF et F. Salazar-Martin, vice-pdt de la
FNCC, adjoint au maire de Martigues chargé de la
culture de Martigues.
DO.M.
Colloque sur la gouvernance culturelle
Les 20 et 21 oct
Observatoire des politiques culturelles
04 76 44 33 26
www.observatoire-culture.net
SAN Ouest Pce
www.ouestprovence.com
62
RENCONTRES
LES CORRESPONDANCES DE MANOSQUE
Les belles
rencontres
Il flottait un air d’été sur la 13ème édition des Correspondances de Manosque. Un parfum de vacances au
soleil et de lectures en liberté, depuis les transats disposés çà et là. Une atmosphère détendue malgré la
foule et les multiples rendez-vous. La recette du festival
est décidément la bonne : un savant dosage d’exigence
et de simplicité, d’auteurs reconnus et de découvertes,
d’entretiens, de lectures et de spectacles ; sans oublier
les écritoires, et les citations que l’on glane sur les vitrines du centre ville. Rançon du succès : il faut
désormais réserver son siège très à l’avance, si l’on veut
assister à certains événements. Car le public se presse,
remplit les places et les salles, avec une ferveur littéraire
qui ne se dément pas…
Alissa York © Francois Xavier Emery
De l’art romanesque…
Fabio Viscogliosi © Francois Xavier Emery
Vitrine d'une boulangerie, Les Correspondances, Manosque 2011 © Ch. Bourgue/Zibeline
Sur les places on a écouté des romanciers venus parler
de leur travail. Instants délicieux et souvent drôles. Car
à Manosque, la plupart semblent ravis d’être là. On a
revu avec plaisir la pétillante Véronique Ovaldé (voir
Zib’44) qui a comparé ses romans à d’énormes gigots
qu’on laisserait cuire des heures et dont on ne garderait
en fin de compte que «le caramel», puis à des puzzles
dont les pièces ne cessent de bouger jusqu’à la version
finale. On a assisté au dialogue entre la volubile Carole
Martinez (voir p. 58) et la discrète Diane Meur, deux
brodeuses de mots et d’histoires qui font voyager loin.
On a suivi les déambulations drolatiques du sans
doute unique «piéton de L.A.», Jean Rolin, dont l’élégance lasse offre un écho parfait à son observation
lucide et amusée de la vacuité du monde (voir p. 58)
On a fait la connaissance de la jeune romancière de
Toronto Alissa York et goûté au charme de sa lecture,
en français, d’extraits de Fauna (voir p. 58).
On a aussi écouté avec émoi la lecture de pages de
Clèves, roman écrit par Marie Darrieussecq après
qu’elle a retrouvé des cassettes enregistrées lorsqu’elle
avait entre 14 et 16 ans. Trop pudique pour écrire son
histoire, dit-elle, elle évoque avec des mots crus le
désordre provoqué par l’éveil de la sexualité chez une
adolescente. Quant à Christian Oster, il offre avec
Rouler un «roman de route» : Jean, son personnage, quitte Paris pour Marseille et fait quelques rencontres.
Fuit-il quelque chose ou quelqu’un ? Il ne se passe
presque rien, mais on sent une crainte, celle de la fin
du voyage selon l’auteur lui-même qui avoue avoir
cherché une métaphore de notre existence.
… au récit de soi…
Il fut question, aussi, d’autobiographies. Des souvenirs
pas toujours passionnants de René Fregni, émaillés
des portraits de personnes qui ont traversé sa vie com-
me Tony, rencontré en taule et à qui il a offert un stylo
pour écrire sa vie sous sa correction. De Mont blanc,
qui rend compte d’une cassure qui a «plié en deux» la
vie de Fabio Viscogliosi, au moment de la mort de ses
parents dans le tunnel du Mont Blanc. De Journal en
ruine, qui rapporte des fragments de vie de Noël
Herpe, éclats qui prennent sens dans la confrontation
de notes, lettres, anamnèses cinématographiques. Ces
deux auteurs, en un dialogue, ont souligné l’importance du cinéma dans leur écriture, Noël Herpe allant
même jusqu’à déclarer qu’il y trouve «une dimension
érotique absente de la littérature», et que «le livre mobilise
moins notre capacité de fabulation». Étonnant, pour un
écrivain, souligne une spectatrice pertinente…
Antonio Altarriba, dans la petite salle du théâtre Jean
le Bleu, a parlé quant à lui de son métier de scénariste
de roman graphique. Non seulement il conçoit en
détail la narration mais décrit aussi précisément les
vignettes, leurs plans, leurs angles, l’éclairage, la composition des dessins de Kim. Ainsi L’art de voler raconte
le suicide de son père à 90 ans, et revient sur l’histoire
de l’Espagne. Pour lui la BD renoue avec la préoccupation documentaire du roman réaliste, tout en
combinant l’objectivité du dessin, qui rapporte l’événementiel, et l’introspection, la subjectivité, qu’il a
choisi de rendre aussi par des incursions fantastiques :
ainsi une taupe ronge la poitrine de son père, marque
de la dictature franquiste qu’il a dû accepter…
…de l’autre…
Les Correspondances 2011 ont innové en invitant,
aux côtés des écrivains de fiction, des universitaires
rompus à l’analyse, littéraire ou sociologique. Henri
Godard, lumineux exégète de Céline - et de Giono -,
parvint, devant un auditoire suspendu, à rendre compte
des contradictions de l’homme sans évitements, soulignant son abominable antisémitisme, mais aussi la
force exceptionnelle, inentamée, de son style. Ses
«incroyables trouvailles», qui culminent selon lui dans
Mort à crédit. Son dernier ouvrage, longue et passionnante biographie (éd. Seuil), dévoile encore des aspects
inattendus de cet écrivain de génie, autodidacte pour
l’essentiel, médecin obsédé par la matérialité du corps,
cherchant parfois désespérément une mystique à
laquelle il ne peut croire, trouvant l’élévation dans l’art
et la danse, vivant toutes les sales aventures du siècle,
de l’Afrique colonisée à l’Amérique taylorisée, des
tranchées à la collaboration, de l’exil à la prison, la
réclusion volontaire, jusqu’à ce qu’il adopte finalement
un attirail de clochard déchu, de paria folklorique qui
fut son dernier personnage.
Henri Godard a conclu en disant qu’il allait laisser là
RENCONTRES
Céline, parce que tout avait été publié, et qu’être présenté
parfois comme «Monsieur Céline» a quelque chose de lourd
à assumer… Mais la question si dérangeante, qu’il pose en fait
depuis qu’il travaille sur cette œuvre, reste ouverte, comme
une plaie : le style incomparable de Céline, sa force si bouleversante, si exceptionnelle, a-t-elle à voir avec sa violence et sa
haine ? Si elle y prend racine, et toute l’exégèse de Godard
semble le dire, qu’attend-on de la littérature, dans le rapport
intime qu’elle nous donne à un auteur, et dans ce quelle nous
dit du monde ?
…des autres …
…vers le spectacle
Le soir, après les écrivains, ce sont des artistes, chanteurs et
comédiens, qui donnent à entendre «leur» littérature au
théâtre Jean le Bleu.
Instantane pris aux Correspondances, Manosque 2011 © Mad Imbert
On retiendra également la passionnante intervention de
Gisèle Sapiro sur la responsabilité de l’écrivain. Cette sociologue, directrice de recherches au CNRS spécialisée dans
l’histoire de la littérature, s’est d’abord intéressée à La guerre
des écrivains (c’est le titre de sa thèse), c’est-à-dire aux écrivains
pendant l’Occupation. Invitée à Manosque pour parler de
son nouvel essai La responsabilité de l’écrivain. Littérature, droit
et morale du XIXe au XXIe siècle (Seuil), elle a proposé une sorte
d’ «apéritif théorique» avant le débat conduit par Michel
Abescat sur la liberté de l’écrivain.
Évoquer en moins d’une heure, et clairement, les thèses de cet
ouvrage volumineux (plus de 700 pages !), donner des exemples parlants, resituer nettement les notions d’auteur, de
responsabilité pénale, ainsi que l’évolution de la figure de
l’écrivain et de son rapport à l’éthique, du siècle des Lumières
à nos jours, c’est ce qu’elle a fait brillamment. Tentons une
sommaire synthèse !
Afin de montrer comment, née de Voltaire et des philosophes
du XVIIIe, l’image de l’écrivain comme intellectuel critique
s’est construite et imposée au XIXe siècle, Gisèle Sapiro s’est
appuyée sur l’analyse de procès d’auteurs célèbres. Selon elle,
le procès est en effet le «lieu stratégique de confrontation de
valeurs» : là où les juges se référent à la morale et à la politique,
accusant les écrivains d’attenter aux bonnes mœurs ou à
l’intérêt national, les accusés défendent, eux, les notions de
vérité et de beauté.
Les procès de Flaubert et de Baudelaire, tous deux menés par
le célèbre procureur Pinard, sont ainsi typiques de cette
confrontation publique (et très populaire à l’époque) de la
morale et de la littérature. Plus qu’au procès de Flaubert, c’est
à celui du réalisme qu’on assiste. La sociologue a d’ailleurs
rappelé que Pinard avait très bien perçu le caractère subversif
de Madame Bovary, mieux que l’avocat du romancier ! Après
les poursuites pour immoralité viennent celles pour «trahison»
et «intelligence avec l’ennemi», suite à l’Affaire Dreyfus et à
la Première Guerre Mondiale. De tels procès seront de nouveau instruits à la Libération ; en témoigne celui de Brasillach.
C’est dans ce contexte que s’inscrira Sartre, figure emblématique de l’intellectuel engagé du XXe siècle et théoricien de la
notion de responsabilité (et par là de liberté) de l’écrivain.
Gisèle Sapiro a conclu son tour d’horizon en rappelant que
depuis les années 1970, l’étoile de l’écrivain comme intellectuel de référence, compétent dans tous les domaines de la vie
publique, a bien pâli, par faute sans doute des «erreurs» d’engagement de certains. À sa place brille désormais celle de
l’expert, dans une société de l’image où la parole écrite a perdu
de son poids.
Une table ronde a suivi la conférence et permis de faire le
point sur certaines formes actuelles d’entraves à la liberté d’expression des écrivains : judiciarisation de la société, durcissement
et augmentation des attaques en diffamation, tendance à
l’autocensure ; utilisation excessive de la notion de protection
des mineurs... Paul Otchakovsky-Laurens (éditeur POL) a
constaté que les choses n’avaient pas beaucoup changé depuis
Pinard et que «les juges ne savent pas lire», puisqu’ils s’obstinent à confondre narrateur et auteur. Quant à Shumona
Sinha, présente dans le public, elle a rappelé que son roman
Assommons les pauvres (voir Zib’44) lui avait coûté son emploi,
preuve s’il en fallait que la liberté littéraire se paie cher, même
en France, même au XXIe siècle.
Anouk Aimée a lu Moravia, Olivia Ruiz a chanté ses poètes,
et Bertrand Belin a commencé très fort (une irrésistible mise
en dialogue de ses interrogations sur le concept de concert
littéraire) et terminé rapidement, en laissant place à une
performance désespérément phallocrate de Damien Schultz
(gueuler des propos agressifs contre les femmes ne rend pas la
misogynie poétique). Au centre de cette prestation des chansons, aux textes audibles, mais pas transcendants, sans ligne
mélodique ni tempo, fondés sur des bribes, des délitements
jolis, des ellipses, des presque rien, qui finissent hélas par
l’atteindre souvent…
On attendait beaucoup de la lecture de Laurent Poitrenaux
et Marcial Di Fonzo Bo. Si l’on a retrouvé le premier toujours aussi subtil et habité dans le rôle du traducteur et poète
Armel Guerne, on a été déçu par la présence monolithique du
second en Cioran. De plus cet échange épistolaire autour des
tracasseries du quotidien, des problèmes de traduction et de
considérations amères sur la révolte des étudiants en 68 laisse
transparaître une certaine misanthropie, un sectarisme réac-
63
tionnaire du philosophe, auquel le
public n’a pas adhéré. En revanche
Claudine Galea et Jean-Marc Montera (également à Actoral, voir p. 60) a
mis en lumière un sens aiguisé de la
lecture juste, et du dialogue de la musique et des mots, en un rappel de son
premier contact avec la voix androgyne
de Patti Smith à La Redonne en 1976,
puis au concert à Paris le 26 mars 1978
(voir Zib’44). La guitare de Montera
fait ressurgir des mélodies de la rockeuse, improvise, sample, bruite. La
voix et l’instrument se fondent et se répondent avec les mots de Gloria ou de
Horses en une belle évocation.
Enfin le public fut enthousiasmé par la
lecture de Dominique Reymond des
lettres de Grisélidis Real, courtisane
moderne engagée dans la lutte des prostituées dans les années 70 pour la
reconnaissance du rôle social de leur
activité. Dans un fourreau de soie
rouge, auréolée de longs cheveux aux
mêmes reflets, cette artiste discrète a su
faire résonner des mots de vie et de
passion. C’est la voix d’une mère soucieuse de l’éducation et du bien-être de
ses enfants, d’une artiste - elle peignait -,
d’une amoureuse qui a passionnément
aimé un tunisien ivrogne et taulard.
Panorama autobiographique de 1955 à
1993, avec ses réussites, ses moments
de calme, ses enthousiasmes et ses abattements quand elle doit retourner à la
prostitution pour payer son loyer et
nourrir ses enfants. Des mots forts, des
sentiments vrais, une réelle émotion. Un
grand moment de ces Correspondances !
FRED ROBERT, AGNÈS FRESCHEL,
CHRIS BOURGUE
Les Correspondances de Manosque
ont eu lieu du 21 au 25 septembre
À lire également
Diane Meur, Les villes de la plaine
(Sabine Wespieser)
Alexis Jenni, L’art français de la guerre
(Gallimard)
Dalibor Frioux, Brut (Seuil)
Marie Darrieussecq, Clèves (P.O.L)
Grisélidis Réal, Mémoires de
l’inachevé (Verticales)
Patrick Deville, Kampuchéa (Seuil,
coll. Fictions & Cie)
René Fregni, La fiancée des corbeaux
(Gallimard)
Emil Cioran & Armel Guerne,
Lettres (1961-1978) (Gallimard)
Christian Oster, Rouler (L’Olivier)
62
64
RENCONTRES
AU PROGRAMME
Approches Culture(s) et Territoires – 04 91 63 59 88
Mémoire en chantier : 1re biennale du Réseau pour l’Histoire et la Mémoire des Immigrations et des Territoires.
Exposition visuelle et sonore Nous venus d’ailleurs, immigrer, vivre et travailler à la Seyne-sur-Mer jusqu’au 15
déc à la Maison du patrimoine à La Seyne ; expo Du
bateau à la cité, l’enfermement à Marseille XVIIIe-XX e siècles,
jusqu’au 21 jan aux Archives départementales des B-d-R
Marseille ; expo Des travailleurs indochinois dans les Bouches-du-Rhône, jusqu’au 30 octà la Poudrerie à Saint-Chamas ;
expo photos Portraits d’anciens combattants de l’armée
d’Afrique, du 25 oct au 19 nov à la médiathèque intercommunale de Miramas ; expo des élèves de l’école maternelle
Edouard Vaillant sur : Hors champ, regards attentifs et
éclairés, du 7 au 12 nov au Toursky, Marseille ; conférence
des historiens Abderahmane Mounen et Jean-Jacques
Jordi sur les Harkis, au camp des invisibles, le 12 oct à
18h30 aux Archives Départementales des B-d-R, Centre
d’Aix ; conférence de Lorenzo Prencipe Itialiani nel mondo Museo Nazionale Emigrazione Italiana, le 13 oct à 18h
à l’Institut Culturel Italien, Marseille ; conférence d’Anouche Kunth, Le refuge des Arméniens en Provence, le 18 oct
à 18h30 aux ABD Gaston Defferre Marseille ; conférence
des historiens Anouche Kunth et Claire Moudarian sur
Les Arméniens en France, du chaos à la reconnaissance, le 21 oct
à 19h à l’ARAM (Association pour la recherche et l’archivage de la Mémoire arménienne, 8 bis place Pelabon,
Marseille).
Libraires du sud /Libraires à Marseille - 04 96 12 43 42
Rencontres : avec Metin Arditi pour son livre Le Turquetto (Actes Sud) le 12 oct à 17h à la librairie Maupetit
(Marseille) et le 13 oct à 17h à la librairie Charlemagne
(Toulon) ; avec Clara Dupont-Monod pour son livre
Nestor rend les armes (Sabine Wespieser) le 14 oct à 19h à
la librairie de l’Horloge (Carpentras) et le 28 oct à 18h30
à la librairie Charlemagne (Toulon) ; avec Dominique
Resch pour son roman Mots de tête (Autrement) le 14 oct
à 17h à la librairie Aux Vents des mots (Gardanne) ; avec
Pavel Hak pour son roman Vomito Negro (Verdier) le 18
oct à 19h à la librairie La Mémoire du monde (Avignon) ;
avec Claude Mineraud pour son livre Un terrorisme planétaire, le capitalisme financier (La Différence) le 19 oct à
17h à la librairie Maupetit (Marseille) ; avec François
Léotard pour son ouvrage Habitare Secum (Sudarènes
Éditions) le 20 oct à 16h à la librairie Charlemagne (Toulon) ; avec Thierry Discepolo pour son livre La trahison des
éditeurs (Agone) le 20 oct à 19h à la librairie L’Odeur du
temps (Marseille) ; avec Yann Kassile pour son livre Penseurs japonais, dialogues du commencement (L’Eclat) le 20
oct à 19h à la librairie La Mémoire du monde (Avignon) ;
avec Jérôme Bru qui lira des extraits des romans pronostiqués gagnants pour les prix littéraires d’automne par les
lecteurs et les libraires de l’Orange bleue le 21 oct à 19h à
la librairie L’Orange bleue (Orange) ; avec Géronimo
Stilton le 22 oct à 15h à la librairie Charlemagne (Toulon) ; avec Eric Wenzel pour son livre La torture judiciaire
dans la France de l’Ancien Régime : lumière sur la question
(éd. Universitaires de Dijon) le 27 oct à 19h à la librairie
La Mémoire du monde (Avignon).
Itinérances littéraires : rencontre avec Vilma Fuentes
pour son livre Les Greffiers du diable (Actes Sud) en partenariat avec les Belles Latinas, le 3 nov à la librairie Aux
vents des mots (Gardanne), le 4 nov à la librairie L’Alinéa
(Martigues), le 5 nov à la librairie Quartier latin (Nice).
AIX
Cité du livre – 04 42 91 98 88
Exposition L’Imprimerie nationale, histoire de caractères :
découverte d’une cinquantaine de livres anciens imprimés
par l’Imprimerie nationale (XVIe-XIXe) et du matériel ty-
pographique ayant permis leur réalisation. Jusqu’au 12 nov.
Fondation Vasarely – 04 42 20 01 09
40e anniversaire de la Fondation. Durant les vacances de
la Toussaint, visites guidées et ateliers en arts plastiques pour
les enfants de 3 à 12 ans : Paysages le 25 oct de 14h à 16h ;
Couleurs le 26 oct de 14h à 16h ; illusions d’optique le 27
oct de 10h à 12h ; Noir et blanc le 28 oct de 14h à 16h.
Galerie IPSAA ESDAC- 04 42 91 66 90
Vernissage des œuvres d’artistes de Sao Tomé, le 12 oct à
partir de 18h30, et de celles du photographe Serge Faudin,
le 19 oct à partir de 18h30.
Galerie La Non-Maison – 06 29 46 33 98
Exposition Contrevoies [1], du 15 oct au 31 déc, vernissage
le 15 oct à 18h.
ALLAUCH
Musée – 04 91 10 49 00
Exposition Petits miracles à Mexico, ex-voto mexicains et
contemporains, jusqu’au 30 octobre.
APT
Le Vélo Théâtre – 04 90 04 85 25
Cris poétiques, des poètes sur la scène en présences des
poètes Hervé Bauer et Lucien Suel, le 28 oct à 20h30.
ARLES
Atelier Archipel – 06 21 29 11 92
Exposition Perlinpinpin de Caroline Robe, jusqu’au 23 oct.
Collège international des traducteurs littéraires –
04 90 52 05 50
Journées Arno Schmidt, écrivain et photographe, du 9 au
11 nov.
AVIGNON
Collection Lambert – 04 90 16 56 20
Prolongation de l’exposition Le Temps retrouvé, Cy Twombly photographe et artistes invités, jusqu’au 20 nov.
CDC–Les Hivernales – 04 90 82 33 12
Dans le cadre des Lundis au soleil, rencontre avec Josette Baïz,
chorégraphe fondatrice du Groupe Grenade, le 7 nov à 19h.
BARJOLS
Plaine Page – 04 94 72 54 81
2e rencontre du réseau européen du réemploi, le RER 2 :
expositions-installations de plasticiens poètes, conférences,
performance et récital… Les 21 et 22 oct.
CHARLEVAL
Bibliothèque municipale – 04 42 28 56 46
Dans le cadre du Mois du film documentaire, deux auteurs sont en résidence d’écriture à Charleval, Insa Sané et
Samira El Ayachi ; ils proposeront des ateliers d’écriture
«littérature urbaine» pour les adolescents de 11 à 17 ans,
les 9 et 23 nov à 14h à la bibliothèque de Charleval, et les
9 et 16 nov à 14h à l’espace jeunes de Mallemort.
CORNILLON-CONFOUX
Espace Pièle – 04 42 05 47 03
Conférence de Patrick Varrot, historien de l’art, sur Une
dynastie de peintres autour de l’Etang de Berre (17041835), le 13 oct à 18h30.
FORCALQUIER
Forcalquier des livres – 04 92 75 09 59
Fête du livre sur le thème de l’image imprimée, gravure
sur bois, taille-douce, lithographie, sérigraphie… : conférences, expositions, ateliers, marché du livre ancien et de
la petite édition. Du 21 au 23 oct.
GAP
Théâtre La Passerelle – 04 92 52 52 52
Une question d’épreuves : exposition photographique de
Sabine Delcour, photographe en résidence en 2011. Du
22 oct au 14 janvier. Vernissage et rencontre avec l’artiste
le 21 oct à 18h.
GARDANNE
Médiathèque Nelson Mandela – 04 42 51 15 16
Dans le cadre des samedis de la médiathèque, causerie avec
présentation par diaporama de pièces d’archives, par
Huguette Garrido, de Topographie, démographie, urbanisme à Gardanne au XIXe siècle. Le 22 oct à 15h.
LA SEYNE-SUR-MER
Les Chantiers de la lune – 04 94 06 49 26
Exposition de peintures de Colette Chauvin, jusqu’au 29 oct.
Association Orphéon – 04 94 28 50 30
12e édition de la fête du livre et des auteurs de théâtre. Le
15 oct au Théâtre Guillaume Apollinaire.
LA TOUR D’AIGUES
Nouvelles Hybrides – 04 90 08 05 52
Atelier d’écriture à la manière oulipienne animé par
Frédéric Forte, le 15 oct de 10h à 17h.
LE PUY-SAINTE-REPARADE
Association de la Trevaresse – 04 42 61 90 41
Rêves pensées, festival du livre et de la poésie sur le thème
Villes et paysages, les 12 et 13 nov.
MARSEILLE
BMVR Alcazar – 04 91 55 90 00
Dans le cadre du cycle Forêts d’ici, forêts d’ailleurs : conférence d’Olivier Dangles, écologue à l’IRD, À l’épicentre de
la biodiversité, le 22 oct à 17h ; conférence de Hubert de
Foresta, écologue à l’IRD, sur Cultiver la forêt tropicale, le
5 nov à 17h.
Conférence/débat sur La mer par Jacqueline Ghio-Gervais
dans le cadre du cycle Les rencontres littéraires de
l’Apostrophe. Le 22 oct à 16h30.
Rencontre/débat avec Nina Kehayan, romancière et traductrice sur Le journal d’un fou de Gogol, le 28 oct à 17h.
ABD Gaston Defferre - 04 91 08 61 00
Questions ouvertes : rencontres sous forme de tables rondes
qui permettent de présenter l’état des travaux d’universitaires. La bioéthique au cœur de la société, animée par Pedro
Lima, journaliste scientifique, avec John de Vos, responsable de l’Unité Thérapie cellulaire de l’hôpital Saint-Eloi
de Montpellier, Perrine Malzac généticienne à l’hôpital de
la Timone à Marseille, responsable de l’Espace Ethique
méditerranéen, Nicole Philip, professeur des universités,
département de Génétique médicale à l’hôpital de la Timone Enfants, Véronique Fournier, médecin et directrice
du Centre d’éthique clinique à l’hôpital Cochin à Paris,
Anne Noizet, médecin gynécologue au Centre de procréation médicalement assistée de l’hôpital de la
Conception à Marseille et Catherine Guillemain, directrice du Cecos à Marseille. Le 15 oct de 14h à 18h.
Nouvelles du Mexique, lectures : Les Mots croisés de Fabio
Morabito par Noémie Rosenblatt et Maxime Le Gall, le
17 oct à 18h30 ; Amours d’occasion d’Enrique Serna par
Jérémie Bédrune, le 22 oct à 15h.
Colloque sur Antonin Artaud avec Wael Ali, doctorant à
l’Université Lyon 2, Sijia Guo, traductrice et maître de
conférences à l’Université de Fudan (Shanghaï), Serge
Malausséna, neveu d’Antonin Artaud, Serge Margel, enseignant et chercheur à l’Université de Lausanne et à la
Haute école d’art et de design de Genève, Valère Novarina,
écrivain et metteur en scène, Renaud de Portzamparc,
psychiatre et psychanalyste, Jacob Rogozinski, professeur
à l’Université de Strasbourg et Olivier Saccomano, metteur
en scène et enseignant à l’Université de Provence, les 4 et
5 nov.
RENCONTRES
Théâtre Massalia – 04 95 04 95 70
Rencontre/débat avec Aldo Naouri sur le
thème Qui sont les enfants et les parents
d’aujourd’hui, le 22 oct.
Centre Fleg – 04 91 37 42 01
Café littéraire en présence d’Eric Fottorino, auteur du livre Questions à mon père
(Gallimard), animé par Dina Dian, sur le
thème du Maroc, le 15 nov à 18h30.
Vusucom – 04 91 47 95 05
Salon du livre Culture sourde et littérature :
dédicaces, lectures bilingue, rencontres…
en présence d’une vingtaine d’auteurs, dessinateurs et éditeurs. Le 22 oct de 10h à
18h au restaurant Les grandes tables de la
Friche.
Théâtre Off – 04 91 31 13 33
Le Bout du vide, textes de femmes sous
écrous : ateliers d’écritures dirigés par
Anne-Marie Ortiz au centre pénitentiaire
Les Baumettes, textes dits par Frédéric
Ortiz. Jusqu’au 22 oct.
Institut Culturel Italien –
04 91 48 51 94
Cycle de conférences sur les Origines entre
mythes et réalités, par Laure Humel. Le 1re
aura pour thème Les Grecs en Italie du sud
et en Sicile : histoire, légendes et vestiges, le
10 nov à 18h.
À l’occasion des célébrations du 150e anniversaire de l’Unité de l’Italie, exposition de
photos UN.it – Unesco Italia. Du 10 nov
au 2 déc.
La Zin Compagnie – 06 15 76 03 73
Stage de clown pour enfants de 7 à 12 ans,
de 10h à 16h, les 15 et 16 oct.
Marseille Web Fest –
[email protected]
1er festival international de la web-série de
fiction, les 14 et 15 oct.
Librairie Maupetit – 04 91 36 50 58
Exposition d’illustrations de Mario Ramos,
du 19 oct au 26 nov.
La Citerne du Panier – 04 88 44 31 72
Exposition Du Noir dans l’œil, du 15 au 31 oct.
Maison de l’Architecture et de la Ville –
04 96 12 24 10
Habiter, réflexions et expériences sur le
logement collectif :
Conférence Requalification des grands ensembles : impasse ou réussite ?, le 18 oct à
19h à la Maison de la Région.
Exposition des photos de Philippe Piron
des ensembles et résidences de Marseille
construites en 1955 et 1975. Jusqu’au 29
oct au SA13.
AtelieRnational – 09 52 63 54 58
Exposition de Patricia Boucharlat, du 13
oct au 5 nov.
Espace Leclere – 04 91 50 00 00
Rencontres et conférences présentées par
Jean-Noël Bret : Indiennes sublimes, rencontre et signature avec Serge Liagre,
collectionneur, historien des textiles et du
costumes, le 17 oct ; conférence de Véronique Serrano, conservateur du patrimoine,
directrice du muée, sur Le musée Bonnard
au Cannet, le 24 oct ; conférence de Monique Pomey, restauratrice de peintures, et
Frédéric Médail, professeur d’écologie
végétale, sur Les richesses cachées d’un chefd’œuvre : la flore dans le rétable du Buisson
Ardent, le 31 oct.
Galerie Paradis – 06 75 52 07 39
Exposition des toiles de Françoise Semiramoth, du 13 oct au 13 nov.
La compagnie – 04 91 90 04 26
Exposition Quasi una fantasia (Anaïs Belmont, Joël Belouet, Charlotte Benedittini,
Kathialyn Borissoff, Mathias Isouard et
Guillaume Loiseau) / opus 1 : performance sonore de Charlotte Benedittini le 4 nov
à 19h, vernissage le 4 nov à 18h.
Parvis des arts – 04 91 64 06 37
Chrysalides et autres petits monstres, exposition des peintures et sculptures de Danielle
Lorin, du 9 nov au 19 déc.
Espace Ecureuil – 04 91 57 26 49
Conférence d’initiation L’art en France,
l’art français I : De l’art rupestre à l’art courtois, par Jean-Noël Bret. Le 13 oct à 18h.
MARTIGUES
Musée Ziem – 04 42 41 39 60
Exposition Chefs-d’œuvre du musée des
beaux-arts de Carcassonne, du 16 nov au
26 fév.
NÎMES
Carré d’Art – 04 42 99 22 37
Présentation interrégionale du Livre blanc
des Musées de France en présence de Christophe Vital, Président de l’AGCCPF,
Conservateur en chef du Patrimoine, le 14
oct de 10h30 à 11h30, suivie d’un débat
avec la salle.
PAYS D’AIX
Autres Mondes – 04 42 93 85 85
3e édition du Festival de l’imaginaire, Autres mondes : rencontres, lectures, débats,
dédicaces… à Lambesc, Rognes et Les
Pennes-Mirabeau. Du 19 au 23 oct.
SANARY-SUR-MER
Espace Saint Nazaire – 04 94 32 97 00
Exposition Eclats d’Art, jusqu’au 20 nov.
Faites de
la science
C’était pour fêter le 10e anniversaire de la création du
ministère de la Recherche et de l’Espace que M. Hubert
Curien, qui en avait alors le portefeuille, décida, il y a tout
juste 20 ans, d’ouvrir les jardins de son ministère au public :
«Voilà un événement sympathique», soulignait-il…, «Je vous
suggère d’y voir le symbole que la recherche et la technologie sont
l’affaire de tous.» Il souhaitait rapprocher les Parisiens de la
science et de ses acteurs. C’est de cette idée modeste et géniale
qu’est née «la Fête de la Science». La petite réjouissance
agreste est devenue un événement énorme coordonnant plus
de 3000 initiatives pour plus d’un million de visiteur sur tout
le territoire national.
Cette année en PACA plus de 150 manifestations dans une
trentaine de communes accueilleront les curieux de 2 à 200
ans pour fêter 20 ans de fêtes. De Forcalquier à Quinson,
d’Avignon à La Cadière et à Grasse, avec plus de 80
manifestations dans les Bouches-du-Rhône… En cette année
Internationale de la Chimie (voir Zib’ 44), l’accent est
évidemment mis sur cette discipline. Chers Zibelsavants de
Marseille, vous pouvez aller faire votre «Marché de la
Chimie» ! Du 13 au 15 oct au Campus Saint-Charles, où,
dans des halles pas comme les autres, des chercheurs tiennent
les éventaires des fruits bigarrés de la connaissance. Marché
des quatre saisons alchimiques : épicerie, pharmacie,
quincaillerie et énergies. Des savants de Marseille et d’ailleurs
vous concocteront un panier garni faisant, à tous les sens du
terme, la synthèse en une étape du dentifrice, du filtre
d’aquarium et de la semelle de godillot. Vous y découvrirez
la formulation secrète et chimique de la menthe à l’eau et du
pastaga.
Du 12 au 16 oct, de Salon-de-Provence à Vitrolles en
passant par le village des sciences de Marseille, les Petits
Débrouillards sillonneront, dans leur camion de la chimie,
le département pour une «Caravane des explorateurs». Et
d’aventure en aventure, de train en train, de port en port…
la chimie amusante (pléonasme) promènera ses expériences
et ses jeux autour des questions de santé, d’environnement,
d’agroalimentaire ou tout simplement de la chimie du
quotidien.
YVES BERCHADSKY
SIX-FOURS
Association Destination Planète Livre –
04 94 74 75 61
8e édition du salon du livre jeunesse : dédicaces, ateliers, sculptures de livre… Du 14
au 16 oct.
TRETS
Maison de la culture et du tourisme –
04 42 61 23 75
5e édition du festival Des remparts et des
bulles consacré au 9e art : projections cinéma, rencontres/dédicaces, conférences,
ateliers, convention BD (marché d’occasion de la bande dessinée), exposition
d’œuvres de dessinateurs. Les 29 et 30 oct.
VERS-PONT-DU-GARD
Pont du Gard – 0 820 903 330
Exposition des œuvres de Daniel Deleuze,
Patrick Saytour et Claude Viallat, jusqu’au
13 mars.
Fête de la science
Du 12 au 16 oct
En tous lieux !
www.culture-science-paca.org/node/1340
Papauté
avignonnaise
Le Théâtre du Chêne Noir débute un cycle de six
conférences, dont deux sont données cette saison, autour du
passé pontifical d’Avignon, le premier volet ayant trait aux
enjeux de la grande histoire des papes avignonnais. Paul
Payan, Maître de conférence en histoire médiévale à
l’Université d’Avignon, abordera l’impact de la présence des
papes pendant près d’un siècle sur la ville, sa région, mais
aussi sur l’ensemble de l’Europe pour permettre de
comprendre la singulière identité avignonnaise.
Avignon, cité des papes ? Le poids d’un passé
Le 20 oct à 19h
Théâtre du Chêne Noir, Avignon
04 90 86 58 11
www.chenenoir.fr
65
66
RENCONTRES
LE MEXIQUE
Ce qui nous reste du Mexique
L’Année du Mexique en France s’annonçait splendide… avant que le gouvernement français, traitant l’État mexicain comme une république sous développée
confondant les pouvoirs, n’exige du gouvernement Mexicain qu’il transfère Florence Cassez en France, ce qui n’appartient qu’au pouvoir judiciaire, puis que
l’année lui soit dédiée. Résultat ? Un beau gâchis, et quelques bribes des projets
prévus en guise d’échange culturel...
Dans la région, après quelques lectures aux archives (voir ci-contre) et la belle soirée
concoctée par Catherine Marnas lors d’actoral (elle devait créer Pancho Villa, de
Bárbara Colio à Mexico puis en France, projet interrompu de fait…), il reste donc
une Fête des morts à la marelle, une expo aux ABD, un peu partout des projections,
et la venue exceptionnelle de Carlos Fuentes aux Écritures croisées. C’est pas le
Pérou, mais ça y ressemble…
Pan de muertos et mariachis
La fête des Morts reste aujourd’hui très
populaire au Mexique (même si Halloween lui fait concurrence, comme
partout). Quoique les hommages
rituels rendus aux défunts remontent
bien loin avant la conquête espagnole,
El dia de Los Muertos se confond désormais avec la tradition chrétienne de
la Toussaint et se célèbre aux mêmes
dates. Voilà pourquoi le jeune auteur
mexicain Juan Manuel Villalobos don-
ne rendez-vous, le 31 oct, à ceux qui
souhaitent en savoir plus sur ces célébrations particulières. Rencontre, lecture,
présentation d’objets rituels, tout cela
en musique grâce au groupe CoraSon
de Mexico. Villalobos évoquera aussi sa
résidence à La Marelle et ses projets
d’écriture. Un apéro culturel et festif, à
partir de 18h aux Grandes Tables de
la Friche.
F.R
Actuellement en résidence à La Marelle, l’écrivain Juan Manuel Villalobos
animera une masterclass (destinée aux personnes ayant de bonnes connaissances
en espagnol lu) au cours de laquelle il analysera deux de ses nouvelles et parlera
de son expérience du processus de création. Il expliquera aussi son approche
personnelle de l’écriture et ses motivations en tant qu’écrivain, et évoquera son
travail en cours.
Masterclass avec Juan Manuel Villalobos
Le 9 nov de 14h30 à 18h30
La Marelle, la Friche la Belle de Mai
04 91 05 48 72 (réservation obligatoire)
Le Mexique autrement
Si Carlos Fuentes est l’invité phare de la
fête du livre concoctée par les Ecritures
Croisées, il n’en est pas le seul !
De nombreux auteurs et artistes feront écho à son œuvre lors de rencontres durant ces quatre jours à la Cité
du Livre. Le 13 oct, dès 18h, lancement des festivités
en présence de Carlos Fuentes, Carmen Iglesias,
Juan Goytisolo, Jean Daniel (sous réserve), Ignacio
Padilla et Valerio Adami ; Anne Alvaro et Carlos
Fuentes liront des extraits de l’Oranger, puis l’Ensemble Télémaque interprétera des extraits de l’opéra de
José Maria Sanchez Verdu, Aura, sous la direction de
Raoul Lay.
Le lendemain, la majeure partie de l’après-midi sera
consacrée aux entretiens et dialogues qui auront lieu
entre Carlos Fuentes et ses invités, puis, à 18h, La plus
limpide région réunira Jorge Volpi, Juan Gabriel
Vásquez, Julian Rios, Santiago Gomboa, Céline
Zins, Pedro Ángel Palou García, Ignacio Padilla et
Steven Boldy.
Le 15, Carlos Fuentes parlera, à 15h30, de ses rapports
avec l’édition avec Jean Mattern, Luca Formenton,
Julián Ríos, Pedro Ángel Palou García, puis, à
17h30, avec l’Histoire en présence de Carmen Iglesias, Juan Goytisolo, Aline Schulman, Hugh
Thomas, Arturo Fontaine, Julio Ortega, Guy Scarpetta ; à 19h, le Théâtre des Ateliers l’accueillera pour
la lecture intégrale de L’Instinct d’Inès.
Le 16 oct et dernier jour, la rencontre de 10h aura trait
au journalisme avec Fuentes, Alan Riding (journaliste), Marlise Simons (journaliste), Basilio Baltasar
(rédacteur en chef à El Pais - Madrid), Jorge Volpi et
Carlos Franz, tandis que celle de 16h se fera autour de
la littérature latino américaine avec Carlos Franz,
Santiago Gamboa, Julio Ortega, Guy Scarpetta,
Juan Gabriel Vásquez, Jorge Volpi, Ignacio Padilla
et Arturo Fontaine.
Sans oublier l’exposition de Camilla Adami et Juan
Soriano à la Cité du livre du 14 oct au 3 déc, les
projections en partenariat avec l’Institut de l’image…
Fête du livre
Du 13 au 16 oct
La Cité du livre, Aix
04 42 26 16 85
www.citedulivre-aix.com
Les éditions Rouge profond viennent d’éditer un
ouvrage qui regroupe les textes d’écrivains qui ont
répondu à l’invitation des Ecritures Croisées ces vingtcinq dernières années. Rassemblés par Annie Terrier,
Guy Astic et Liliane Dutrait, ces textes sont ceux de
Prix Nobel de littérature, de romanciers, de poètes
hors du commun. Un film complète ce Parcours
raisonné dans les littératures du monde en proposant
durant près de deux heures des prises de parole
entrecoupées de lectures et de performances musicales.
Écritures Croisées. Parcours raisonné dans les littératures du
monde
Annie Terrier, Guy Astic, Liliane Dutrait
Editions Rouge profond, coll. Débords, 25 €
Camilla Adami expose avec Juan Soriano à la Cité du Livre à l'occasion de la Fête du livre © X-D.R
RENCONTRES 67
Des nouvelles en bibliothèque
Autour de l’exposition Mexique, carnets de route, la
Bibliothèque départementale propose jusqu’en janvier prochain une série de manifestations. Des projections
de documentaires et de films d’animation, une conférence sur La pensée ininterrompue du Mexique dans
l’œuvre de Le Clezio (le 19 oct à 18h30), un colloque
consacré aux routes d’Artaud (les 4 et 5 nov) ainsi qu’un
cycle de lectures de nouvelles mexicaines contemporaines destinées à faire connaître plus largement une
littérature féconde et variée. C’est dans ce cadre qu’on
a pu découvrir Juan Rulfo (1917-1986). En un court
roman et un recueil de nouvelles, celui-ci a posé les
bases d’une écriture éclatée, polyphonique, résolument
novatrice, qui a inspiré la plupart des écrivains latino
des déshérités, que Rulfo rend dans
un style dépouillé, non dénué
d’humour noir et de feinte candeur.
La mise en scène sobrissime (un
escabeau, deux lutrins, quelques
déplacements et effets choraux),
était parfaitement accordée à
l’univers de l’écrivain. Une lecture
sensible, qui donne envie. Ce qui
est le but, non ?
américains plus connus des lecteurs français
(Fuentes, Sabato, Carpentier, Vargas
Llosa…). En une heure, les comédiennes
Agnès Pétreau et Sabine Tamisier ont
donné voix -et quelle voix !- à quatre des
nouvelles extraites de son Llano en flammes.
Le llano, c’est la plaine, un milieu rural
hostile infesté d’animaux venimeux et de
bandits, écrasé de misère, imprégné de
croyances et de peurs. Violence du climat et
des éléments, violence des relations
humaines même (surtout ?) au cœur des
familles. Et la mort, partout, tout le temps.
Les deux lectrices ont fait entendre la parole
FRED ROBERT
Du côté des fils
Si cette année donne l’occasion de retrouver les
pères de la littérature mexicaine, comme Rulfo
et Fuentes, elle offre aussi l’opportunité de découvrir
quelques-uns de ses fils. Le 3 oct, la bibliothèque
départementale proposait ainsi de mettre en regard
deux recueils de nouvelles remarquables, au même
éclat dur et sensible. Le style classique des nouvelles
nocturnes d’Eduardo Parra, ou l’art du montage et
l’écriture précise de Guillermo Arriaga (plus connu pour
sa carrière cinématographique) déclinent avec force les
vengeances terribles ou dérisoires, la cruauté ordinaire
des rapports humains, dans des histoires qui semblent
comme enfantées par le Mexique d’aujourd’hui.
À lire :
Les limites
de la nuit,
Eduardo Parra,
Ed. Zulma
Mexico, quartier
sud, Guillermo
Arriaga,
Ed. Phébus
Les lectures de nouvelles mexicaines
se poursuivront à la BDP et dans
les bibliothèques du département
jusqu’au 22 oct.
Noémie Rosenblatt et Maxime Le Gall
proposeront des extraits de Les mots croisés
de Fabio Morabito, le 17 à 18h30.
Jérémie Bédrune lira Amours d’occasion
d’Enrique Serna le 22 à 15h.
www.biblio13.fr
AU.F.
Retour au pays natal
Affiche, Mexique, carnets de route
Portant son regard comme un nouvel
arrivant, Pedro Tzontémoc avait déjà
présenté dans la cité phocéenne sa série
Marseille, ville mer en 2001. Cette foisci ce photographe voyageur impénitent
nous livre en cinq grandes étapes son
regard sur son pays natal, à travers
l’histoire, les paysages, les habitants et
leurs coutumes. À la fois documentaires
et poétiques, les images de Tzontémoc
s’approchent au plus près des êtres et
des évènements comme s’il enregistrait
l’histoire et non simplement l’actualité.
Ses clichés argentiques en noir et blanc
sont le résultat d’un travail sur le long
terme, plusieurs mois ou parfois des
années déclinés en séries thématiques
que l’on retrouve dans cette exposition :
le Mexique et la ville de Mexico bien
sûr, le carnaval de Tlaxaca, les rites de
passage des Quince años. Renouant les
liens anciens avec Marseille, il reprend
les chemins empruntés dit-on par
Antonin Artaud à la recherche d’une
certaine pureté primitive. «Conscient du
fait que chaque expérience modifie notre
vie, il m’a paru fascinant de vivre cellelà, qui avait été capable de transformer la
vie d’un homme… Guidé par Artaud,
j’ai effectué quatre voyages à la Sierra
Tarahumara entre 1988 et 1993. Lors de
mon deuxième séjour, j’ai parcouru à pied
les quelque 150 kilomètres de ce chemin
presque toujours invisible tracé par lui il y
a plus de cinquante ans.»
C.L.
Mexique, carnets de route
photographies de Pedro Tzontémoc
jusqu’au 7 janv
ABD Gaston Defferre, Marseille
04 13 31 82 00
www.bibio13.fr
68
HISTOIRE
ÉCH. ET DIFF. DES SAVOIRS | ARCHIVES DEPARTEMENTALES
Chronique des oubliés
Des longs silences aux reconnaissances tardives, il est
des faits objectifs qui s’inscrivent en mémoires
honteuses. Est-ce ainsi que l’on a traité ceux qui,
parfois enrôlés de force, eurent tort de croire en l’amère
patrie que leur fut la France, pour laquelle ils se sont
battus jusqu’au bout ? Guerre d’Algérie, guerre civile,
une histoire dont personne n’est sorti indemne… Les
quelques soldats musulmans qui n’ont pas été
abandonnés par l’armée française, qui ont échappé
avec leurs familles aux mains vengeresses des combattants Algériens et ont réussi à franchir la Méditerranée,
qui n’ont pas été ensuite renvoyés en Algérie vers une
mort probable ou un ostracisme certain, ont vécu en
France la relégation dans des cités urbaines Sonacotra,
ou des hameaux forestiers isolés…
L’exposition Harkis, au camp des invisibles, au
Centre aixois des Archives Départementales rend
compte au travers des photographies d’Elisa Cornu
et de documents d’archives d’une période sombre.
Travail d’une année, patient, qui recueille l’âme même
des lieux et des êtres, et les condense en une approche
sensible et pudique. Portraits d’hommes sur trois
générations, plans rapprochés, caractère intemporel du
noir et blanc. Les plus âgés portent leurs médailles,
gagnées pour la France. Les regards sont dignes, les
poses simples et raides, leur gravité dégage une
insondable mélancolie. À l’arrière plan de ces beaux
visages marqués par le temps, du grillage poule, des
tôles de baraquements, ces constructions si provisoires
qu’elles durent… encore aujourd’hui : les photos sont
prises au camp du Brogylum qui est toujours habité
par des Harkis. Sans doute n’en connaissez-vous pas le
nom, c’est après Fuveau, dans la pinède, quasi
invisible…
Autre camp, abandonné celui-ci, vers Jouques…
Photographies terribles de ces ruines du Logis d’Anne :
séquence 7 (il y a quelque chose de cinématographique
dans le déroulement spatial de l’exposition), structure
bouleversée, violence géométrique des blocs de béton
sur lesquels subsistent dérisoires des fragments de
carrelage, courbures suppliciées du métal des arma-
tures en écho à celles des plantes qui reprennent leurs
droits… ; séquence 8, porte brisée qui s’ouvre sur du
néant… Abandon encore et toujours, effacement
supplémentaire : l’exposition reconstitue dans son
parcours l’architecture d’une maison berbère. Au fond,
tranchant sur le caractère austère des photographies en
noir et blanc, des portraits de femmes, en couleur.
Chaleur, chatoiement, regards tristes, moqueurs aussi,
refuge vivant de la mémoire, de transmission.
Aux traces poétiques des photographies, se joignent
celles, officielles, des archives, compte rendus de police,
rapports d’activité de la préfecture, demandes de
classes mobiles au ministère, avec des chiffres hallucinants, de 2 classes pour 114 enfants ! La mise en
perspective des coupures de presse est troublante, qui
mentionnent à peine les échauffourées devant
Cadarache des Harkis en colère, mais s’étalent sur le
plus grand caddie du monde. Décidément, le sort des
«ex-supplétifs», réduit à des formules administratives,
embarrasse ! Il aura d’ailleurs fallu attendre 2001 pour
un hommage officiel, et la France n’a toujours pas
reconnu sa responsabilité dans l’abandon des Harkis
en 1962…
MARYVONNE COLOMBANI
Harkis, au camp des invisibles
Jusqu’au 28 janv
Archives Départementales, Aix
04 13 31 57 00
www.archives13.fr
Camp du logis d'Anne - Monsieur Ghomiriani © Clichés Elisa Cornu
Fabulons ensemble
La 12e saison d’Échange et diffusion des
savoirs continue d’interroger Vérité,
fiction et connaissance, thème abordé
l’année dernière, en questionnant la
représentation du monde au travers de
ses miracles et mirages. Seront abordés
«les divers usages de la fiction et leur nécessité méthodologique dans l’ordre de la
recherche de la vérité et de la connaissance» au travers de langages, «ce référent
ultime qui oblige le recours à la fiction
pour rendre compte et manipuler tout ce
qui est susceptible de représentation […]»
écrit Spyros Théodorou en préambule.
Fictions et langages de toute nature,
donc : les conférenciers invités s’orientent cette année vers des objets plus
philosophiques, historiques, et même
littéraires.
Pour débuter ce cycle, Jean-Claude
Monod, philosophe, traitera de la nature des relations entre fiction, histoire
et identité collective (le 10 nov). Le
philosophe Dany-Robert Dufour
abordera lui le discours libéral, interrogeant ce qu’il en est de la vérité et de la
fiction, en expliquant notamment ses
«fondements théologiques» (le 17 nov).
En décembre le neurologue Lionel
Naccache traitera de ce qu’il appelle le
malaise contemporain de la connaissance, se positionnant à contre-courant
de l’idée d’une connaissance en voie de
partage universel (le 1er), tandis que
l’historien Nicolas Offenstadt fera le
point sur les rapports entre histoire et
vérité (le 15).
Puis EDS donnera rendez-vous avec
Marylène Patou-Mathis pour un
débat sur le Préhistorique et le Sauvage,
Jacques Rancière sur la politique de la
fiction, Sophie Klimis qui remontera
aux origines antiques de la fiction en
analysant la définition qu’en proposa
Platon, Jean Iliopoulos sur le concept
de l’espace en physique microscopique.
Et ce n’est pas tout ! Jacques Bouveresse abordera la vérité et la connaissance
en littérature, Nancy Huston parlera
de la fabulation et de la spécificité des
fictions littéraires, Marcel Gauchet
analysera la crise de la représentation…
DO.M.
Miracles & mirages de la représentation
Échange et diffusion des savoirs
Saison 2011 2012
Hôtel du département, Marseille
04 96 11 24 50
www.cg13.fr
ABD GASTON DEFFERRE | MUCEM
Le Mucem
annonce
ses Mardis
Histoire de nos prisons
Marseille, ville portuaire ouverte sur le monde ?
Les Archives Départementales prennent à rebours
le cliché
apparence, la guerre d’Algérie reviendra
sur le devant de la scène «entre littérature et histoire». La catharsis est-elle
enfin possible ? Sofiane Hadjadj, usant
du biais littéraire, s’interrogera sur une
possible écriture à deux voies d’un passé
traumatique brûlant encore dans les
mémoires méditerranéennes.
Souhaitons que nos guides rendent plus
dicible la communauté méditerranéenne qui nous est si chère, et que leur
parole agisse sur le réel…
RENÉ DIAZ
C. Parizot, invité des Mardis du MuCEM, Israël - Palestine © X-D.R
La saison dernière, le Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée,
nous a gratifié d’une série de conférences-débats tous les premiers mardis
de chaque mois, à la BMVR l’Alcazar.
Débats animés, sérieux, toujours estimables au fond comme sur la forme.
Aucune raison, donc, pour que l’expérience ne se prolonge point. Petite
différence cette année, l’accompagnement, heureux, de Thierry Fabre, par
l’INA, les Libraires à Marseille et
France-Culture. Autre différence, peut
être moins heureuse, la multiplication
des intervenants, qui selon le tour que
prennent les débats peut nuire à la
profondeur réelle de la parole, telle
qu’elle fut à l’œuvre souvent lors des
conférences de l’an dernier.
Pour cette saison, trois cycles. Le premier cycle, d’octobre à décembre, traite
de «questions de mémoires et de
frontières». Viennent ensuite «la Méditerranée, un nouvel ordre du monde ?»,
puis les «grandes questions de civilisations». Un plan en trois parties qui
voudra sûrement nous emmener à la
découverte d’une Méditerranée recomposée par les derniers (mais pas ultimes)
feux politiques.
Le premier temps s’ouvre le 11 oct, toujours à 18h30, avec une épine tenace :
Arménie/Turquie, les chemins de la
reconnaissance. Les invités, Michel Marian et Cengiz Aktar se pencheront sur
les frémissements d’une reconnaissance
du génocide arménien. Bien sûr les derniers échos de la passe d’armes politique
entre États ne sont guère encourageants,
mais ils sont loin de résumer la question.
D’un sujet brûlant l’autre ! Le 22 nov
se sera le tour d’Israël/Palestine, récits de
frontières. Riccardo Bocco, Stéphanie
Latte Abdallah et Cédric Parizot s’attacheront à revisiter la réalité du mur,
de l’occupation et de la séparation entre
ces «deux peuples condamnés à vivre
ensemble». Là encore les initiatives palestiniennes de Mahmoud Abbas pourront
être contextualisées et éclairées, non
comme un épieu planté dans la chair
d’Israël, mais comme un pas sur le
chemin du partage et du respect.
Enfin, moins duel, mais seulement en
HISTOIRE 69
R. Bocco, invité des Mardis
du MuCEM Israël - Palestine
© X-D.R
© Photographie anonyme des entrepots, coll. Archives departementales 13
La problématique de l’enfermement n’est sans doute pas suffisamment balisée pour
le visiteur, mais peu importe : on peut voir cette exposition sans être familier de
Michel Foucault, chacun y trouve du grain à moudre. Dans une salle, on a croisé
un charpentier de marine qui appréciait l’approche de sa cité via sa part d’ombre
administrative. Dans une autre, face aux archives de l’INA, un groupe s’offusquait
des camps provisoires devenus bidonvilles dans les années 60. Plus loin, d’autres
s’émouvaient de la chronique d’une déchéance en trois rapports de police, celle
d’une jeune prostituée, mère à 15 ans, et qui se fit tirer dessus à 18 par un jaloux
éconduit.
Sur plusieurs tables de grandes affiches recto-verso apportent les explications
requises, avec les reproductions des documents les plus éloquents. Entre autres
fleurons, on repère le registre des déclarations faites en mai 1720 par les capitaines
de navires à leur arrivée dans le port, y compris celle de Jean-Baptiste Chataud, qui
commandait le Grand Saint-Antoine, celui-là même qui fût soupçonné d’avoir
introduit la peste à Marseille. Aussi incongru qu’emblématique, le dessin d’une
grosse clef, portant la mention suivante : «...provenant de la prison du château d’If.
Vers l’année 1860 un prisonnier politique trompant la vigilance de son gardien
réussit à ouvrir sa geôle et à gagner la côte. (...) Détail curieux : cette même clef tint
enfermé l’Abbé Fariat (sic) dont l’évasion fit grand bruit».
Ainsi se juxtaposent les éléments les plus crus de la bureaucratie portuaire : listes de
réfugiés, condamnations aux galères, inventaires et mains-courantes, le destin aussi
romanesque que fictif de notre Edmond Dantès municipal, et une vision surréaliste
du «quartier réservé», lieu de tourisme sexuel illustré par une série de cartes postales
imprimées au début du XXe siècle.
Un parcours de la mer au rivage, jusqu’à atteindre les grandes cités construites sur
les collines et qui lentement se délabrent : trois siècles d’une histoire marseillaise
pleine de bruit et de fureur, de marchandises, de marchandages, de réclusions,
d’échappatoires.
Parmi ces tumultueux épisodes, celui de la prison d’Arenc, qui détint longtemps les
«étrangers en situation d’irrégularité», pour n’être fermée qu’en 2006. En 1975, le
Syndicat de la Magistrature l’avait pourtant déjà déclarée illégale… et le grand
mérite de cette exposition est de prouver, par la trace écrite, la contingence du
pouvoir et la sècheresse de ses règlementations, quand des conséquences terribles
découlent parfois d’un seul coup de tampon.
GAËLLE CLOAREC
Du bateau à la cité
L’enfermement à Marseille, XVIIIe-XXe siècles
Jusqu’au 21 janv
ABD Gaston Defferre
04 13 31 82 00
www.archives13.fr
70
PHILOSOPHIE
LA PAROLE POLITIQUE
La parole
politique
Nous terminions notre dernier article sur le fait que parler c’est
inévitablement mentir. Le langage est une représentation de
la réalité, il ne la dit pas ; il y a un gouffre entre l’ordre des mots
et celui des choses. Comment se comprend-on alors ? Parce
que quand on parle on cherche à être cohérent avec un ensemble de codes, et non à être adéquat à la réalité. Quand je
parle j’exprime plus mes valeurs, ma situation sociale et ma
vision du monde que le monde lui même. Le mot n’est en fait
qu’un concept, donc très général, et comme le dit Nietzsche
dans Le Livre du philosophe : «Le mot doit servir pour des expériences innombrables et pas seulement pour servir l’expérience
originale à laquelle il doit sa naissance» ; ce que poursuivra Foucault plus tard dans Les mots et les choses : «Puis-je dire que je
suis ce langage que je parle et où ma pensée se glisse au point de
trouver en lui le système de toutes ses possibilités propres, mais qui
n’existe pourtant que dans la lourdeur de sédimentations qu’elle
ne sera jamais capable d’actualiser entièrement ?». En fait il dit
plus, il critique un peu le «je pense donc je suis» ; le problème
est qu’on pense avec des mots, et ces mots nous ignorons tout
de l’épaisseur dont ils
sont chargés.
Fils de
sophistes
Alors la politique là-dedans ?
Eh bien les premiers à se rendre
compte de l’ambigüité du langage
et des mots sont les sophistes, ces
professeurs de paroles qui déployèrent
le langage en vue de la démocratie dans
l’Athènes du VIe siècle av JC. Qu’est-ce à dire ?
Avant l’avènement de la démocratie athénienne la parole
se dit muthos, on a compris : ce qui est vrai dans le discours
c’est le mythe ; la vérité et les valeurs sont le privilège des anciens
et des poètes, ceux qui connaissent les mythes. Conception
archaïque et autoritaire de la vérité. D’ailleurs vérité en grec
se dit alétheia. Un mot composé de Léthé qui renvoie au
fleuve de l’oubli dans la mythologie et du a privatif ; ainsi
la vérité pour les Grecs c’est littéralement ce qu’il ne faut
pas oublier.
C’est dans ce contexte que débarquent les sophistes : ils ont
compris le pouvoir des mots. La vérité ne va plus être le discours d’autorité mais le discours le plus séduisant. L’ancien
est dépossédé de son pouvoir ; même le spécialiste se voit
spolié par les sophistes de la
maitrise de sa
pratique : «et toi le
médecin, dira un sophiste, à quoi bon ton
savoir si tu n’arrives pas à
persuader le malade de prendre ses
médicaments ?». Désormais la vérité est
retirée du champ du mythe, ce qui est une bonne
chose, mais aussi du champ du savoir et de la
compétence. La démocratie est née sur ce terreau
sophistique : la politique sera le fruit du débat et non
l’apanage des anciens ; et celui qui aura le pouvoir
sera celui qui parle le mieux.
Auguste, Obama, Royal
© Tonkin Prod
Parler pour cacher
Nous y voilà donc. La parole politique est le paroxysme du
langage, elle est étrangère à ce qu’elle dit, elle ne dit pas le réel
elle vise à lui substituer une réalité. Ces dernières années deux
modalités sont apparues.
D’abord le story telling qui est justement la construction
d’une réalité fictive qui se fait passer pour le réel : il y a des bons
et des méchants, la guerre doit se faire contre les terroristes, on
a découvert des armes de destruction massive, il n’y a pas de
spéculation à taxer mais du capital respectable qui dynamise
l’économie… Si on peut être choqué
de ces histoires et non plus de ces
mensonges, c’est justement qu’on
est passé du mensonge à la
fiction, de la démonstration à la
persuasion ; qu’on ne peut plus
combattre avec les mêmes armes
dialectiques.
Ensuite vient la
parole qui n’engage plus, qui ne se
veut plus promesse ;
puisque le politique
est désormais le
vassal d’un ordre
financier, il sait
qu’il ne pourra
rien changer.
On parle alors
pour
communiquer,
c’est-à-dire
pour faire un
IBM, un indice de bruit
médiatique, et
pour s’inscrire
dans un cadre
de consentement du CQCD,
Ce Qu’il Convient de Dire.
La seule place aujourd’hui pour une
parole politique sera
celle qui cassera ce
CQCD, affirmant qu’il
faut changer le monde
en brisant les reins du
capitalisme financier
pour commencer.
Parole qui renouerait avec la fonction
première du langage, qui représente la
réalité, et permet ainsi d’agir sur elle…
RÉGIS VLACHOS
Ne pas oublier les précieuses
conférences de l’Université Populaire
et Républicaine ; on y parle
vraiment pour changer le monde…
Le 18 oct à 19h
François Chesnais : Dette publique :
est-ce aux peuples de payer ?
(économiste auteur de La dette
illégitime.
Quand les banques font main basse sur
les politiques publiques, Raisons d’Agir,
2011).
Espace Dugommier, Marseille
Le 4 nov à 19h
Présentation du livre
Paroles de syndicalistes en lutte
à Marseille.
Le mouvement social contre la réforme
des retraites, Arbre Bleu Edition.
Ouvrage coordonné par Christine
Excoffier, Rémy Jean, Gérard
Perrier, Emre Ongun et Christian
Palen.
Espace Dugommier, Marseille
Le 15 nov à 18h
Yves Clot : travail à cœur, la qualité
empêchée
(directeur du centre de recherche sur
le travail et le développement).
Espace Jean Ferrat,
Septèmes les Vallons
Entrée libre
http://upr-marseille.com
POP PHILOSOPHIE | RENCONTRES CAPITALE | ALCAZAR
PHILOSOPHIE
71
Pop comme populaire ?
Pour la troisième année la Semaine de la Pop philosophie installe ses questionnements dans la cité que
l’on dit phocéenne. Qu’es acò, demanderont donc nos
amis autochtones ? Au départ un concept, vague et
personnel, de Deleuze, pour désigner les pensées qui
font philosophie de tout bois, en prenant pour référence ou sujet d’études des objets populaires, contemporains
comme anciens et savants. Les Rencontres Place publique ont repris le concept pour le mettre en œuvre
lors d’un ensemble de colloques aussi hétéroclite, et
passionnant, que leur inspirateur initial. Ainsi durant
une semaine une poignée de philosophes très sérieux
mais finalement assez allumés (Jacques Rancière,
Marcel Hénaff, Christian Boissinot, Quentin Meillassoux, Mathieu Triclot, Mathias Youshonko, Françoise
Gaillard, Bruno Queysanne…) parleront de Batman et
Superman, des vertus des psychotropes, de l’ontologie
des jeux vidéo, de musique et de rock, du concept du
canard en architecture, de la vision kantienne des
extraterrestres, de numérologie chez Mallarmé… Et il
ne s’agit pas de boutades potaches ou de pseudo pensée : il s’agit bien de confronter la philosophie aux
concepts marchands qui gouvernent notre société, et
à la communication qui les accompagne. D’ailleurs il
sera aussi question du prix du savoir, et de capitalisme
immatériel : la philosophie s’achète-t-elle ? En tous les
cas la Semaine de la Pop philosophie la vend bien, et
devrait la rendre populaire…
Caput, capital !
Jacques Ranciere © X-D.R
Semaine de la Pop philosophie
Du 17 au 22 oct
04 91 90 08 55
Alcazar, Euromed… Marseille
www.lesrencontresplacepublique.fr
A.F.
La genèse selon Bourdieu
Peut-être qu’il se retourne inconfortablement dans sa
tombe, Pierre Bourdieu, de voir son œuvre adaptée
au théâtre par la cie Manifeste rien, lui qui fut dit-on
volontairement ésotérique pour ne pas être mal
compris du vulgaire... Enfin, si c’est le cas tant pis pour
lui, le vulgaire est venu en nombre à l’Alcazar le 8 oct
pour la représentation de son ouvrage le plus
© Manifeste rien
emblématique : la Domination Masculine. Sur scène,
une comédienne de caractère est prête à en découdre ;
Virginie Aimone déballonne avec humour les termes
ampoulés du sociologue et met en relief la violence
symbolique infligée aux femmes jour après jour. La
mise en scène de Jérémy Beschon fait appel aux
travaux de l’anthropologue Tassadit Yacine-Titouh
sur les mythes et la poésie kabyles, et c’est peut-être ce
qui donne au spectacle ses plus belles envolées. Tout y
passe, le phallus, les rapports entre la virilité et le
féminin, la répartition politique des tâches,
l’enfantement... et l’amour. Comble de la subversion,
exception à la loi tacite de domination masculine, ou
au contraire sa manifestation ultime ? Le débat qui fait
suite prouve que certains points sensibles ont été
atteints. Certains pensent avec Bourdieu que ce sont
les femmes qui contribuent à conserver et transmettre
leur soumission, d’autres citent les travaux de
féministes (notamment ceux d’Emma Goldman,
anarchiste américaine les encourageant à se jeter dans
la vie, à prendre des risques pour se libérer). Le tout
pour conclure qu’il faudrait envisager la libération des
hommes et des femmes ensemble... et qu’il y a du
boulot !
GAELLE CLOAREC
La Domination Masculine sera également représentée le
5 mars au Théâtre de Lenche
04 91 91 52 22
www.theatredelenche.info
Les Rencontres capitales organisées au Palais du Pharo
ont de l’ambition : 24 débats en deux jours dans les
trois salles, plus de 10 000 spectateurs attendus, de
débatteurs nombreux et prestigieux, avec une belle
brochette de politiques du rose au bleu foncé
(Vauzelle, Peillon, Lang, Kouchner, Aillagon, Toubon,
Ferry, Guaino), mais aussi des scientifiques, artistes,
urbanistes, philosophes et intellectuels de gauche et de
droite… Pourquoi ce rassemblement ? Il s’agit tout
simplement de trouver des solutions visant à changer
le monde !
On sait que dans ce format de rencontres la parole est
contrainte par la durée des interventions et
l’orientation des questions : d’une durée d’1h30,
chaque débat regroupe chacun 4 ou 5 débatteurs, un
journaliste (du Figaro, de France Télévisions ou de
Challenges, souvent) et comporte plusieurs temps de
projections. Dans ces conditions, les intitulés des
débats revêtent une importance… capitale ! Certains
thèmes spécialisés annoncés promettent des paroles
passionnantes, lorsque Pierre Rhabi se demandera
comment nourrir la planète, ou Jacques Testard
jusqu’où peut aller la médecine. Mais d’autres
interrogations semblent moins pertinentes : ainsi l’art
n’y est interrogé que dans sa nécessité sociale, la culture
étant vue comme vecteur éducatif. Plus grave, les
modèles économiques et politiques semblent s’arrêter
à des remises en cause très partielles, sinon partiales :
ainsi «penser la ville» est associé à «l’accès à la
propriété», on se demande comment «réformer la
France» malgré les «blocages», ou «comment moraliser
la finance» et non comment refuser ses lois. On pense
qu’il faut passer dans les pays arabes «de la révolution
à la réforme», on se demande s’il faut souhaiter «un
nouveau modèle d’intégration», et «comment
imaginer un nouveau capitalisme». Bref, alors même
que l’on veut changer le monde, on entérine l’idée que
le seul modèle possible, et réformable, est l’idéologie
capitaliste. Présupposé qui orientera forcément les
débats, à moins que l’indéniable qualité des orateurs
ne les engage au-delà de ces questions !
AGNÈS FRESCHEL
Rencontres Capitales
Le 14 oct de 9h30 à 17h30 et le 15 oct de 11h à 19h
Palais du Pharo
Récital Barbara Hendricks
Le 15 oct à 20h30
Le Silo
www.rencontrescapitales.com
Les Ateliers
de l’EuroMéditerranée
Troisième volet de notre panorama consacré aux Ateliers de l’Euroméditerranée
de Marseille Provence 2013 (voir Zib’42 et ’43), et trois nouveaux exemples de soutien
à la création contemporaine : Anne-James Chaton à la Maison de l’Avocat,
Katia Kameli à Futur Telecom, Alice Berni et l’Ensemble Télémaque à la Caserne
Saumaty. Des expériences qui placent le geste créatif au cœur du monde du travail
Anne-James Chaton. Portraits
Repères
Anne-James Chaton est un poète sonore né à
Besançon en 1971. Il crée des œuvres de
nature diverse en partant de matières textuelles
courantes : celles qui figurent sur les panneaux
signalétiques, les papiers d’identité… Il déplace
leurs mots, en fait des tableaux-textes, des
récits biographiques, des performances
poétiques ou musicales, travaillant ces phrases
quotidiennes et formatées comme un matériau
libre, dans des cadres artistiques où ils sont
inhabituels.
Anne-James Chaton se produit en
performances sur de nombreuses scènes
internationales. Il a reçu le soutien du ministère
des Affaires étrangères, a été lauréat de la Villa
Kujoyama à Kyoto, et siège actuellement à la
commission poésie du Centre National du Livre
Résidence
de mai 2011 à mai 2013
Pour ouvrir le Festival Actoral 2011 et en guise d’introduction au travail qu’il va mener pendant
deux ans à la Maison de l’Avocat, Anne-James Chaton s’est livré à une performance singulière,
et très réussie ! Drôles, inattendues et tout à la fois pertinentes, ses deux « Vies d’hommes
illustres par des écrivains illustres » (à paraître aux éditions Al Dante), celle de Tibère par Suétone
puis de Christophe Colomb par Jules Verne, gauchissent l’art de la biographie, réduisant la vie
de l’Empereur romain à une suite de faits biographiques bruts ponctuée de discours en latin
comme pris sur le vif au dictaphone, et celle du navigateur à une série de directions maritimes.
Son Atelier de l’Euroméditerranée, qui durera deux années, a pour objet de «brosser un portrait
général, transversal, de la Maison de l’Avocat». De la vie quotidienne, de la profession aussi,
mais pas uniquement… puisque 15 personnes, avocats, bâtonnier, secrétaire ou clients, seront
portraiturés grâce à des matériaux textuels personnels, familiaux, officiels, sur un modèle qui reste
secret… mais dont la restitution aura plusieurs formes :
une exposition, qui en 2013 voyagera de la Maison de l’Avocat à la galerie Porte-avion,
affichant dans la ville 15 sérigraphies format Decaux (176 x120 cm), soit un format
de portrait proche des dimensions humaines…
des performances poétiques durant les festivals Actoral 2012 et 2013
l’édition d’un catalogue hybride chez Al Dante (œuvres plastiques, performances sonores,
index rerum et nominum…).
Un atelier au long cours, qui infléchit et poétise la facture même du portrait,
par son sujet, ses matériaux et ses tonalités mutines. A.F
Anne-James Chaton, Tapis © X-D.R
Anne-James Chaton avec le Batonnier de la Maison de l'Avocat
© Jacques Couzinet
La Maison de l’Avocat
Cet atelier est produit avec le mécénat de
l’Ordre des Avocats au Barreau de Marseille.
Le conseil de l’ordre, composé de 24 avocats
et d’un bâtonnier, administre ce barreau
dynamique, où 1700 avocats sont inscrits
( 40 % de femmes, moyenne d’âge 40 ans).
La Maison de l’Avocat, située à proximité du
Palais de Justice, est le siège du conseil de
l’ordre, un lieu de réunions professionnelles,
mais aussi de consultations gratuites.
Partenariats
Montévidéo, les Éditions Al Dante, la Galerie
Porte-Avion, le festival Actoral
1
Alice Berni, Sans titre (provisoire)
Proche de la mer et du Pôle Instrumental Contemporain
qui verra le jour dans l’ancien cinéma Le Rio, la Caserne
Saumaty est «un endroit propice à l’écriture malgré les
moments d’ébullition et les alertes». C’est là que Raoul
Lay a choisi d’inviter la pianiste et compositrice italienne
Alice Berni pour concevoir in situ une pièce pour
accordéon et percussions : «Les femmes qui écrivent
sont rarement jouées, et placer une compositrice dans
cet univers masculin me semblait approprié pour qu’il
soit écouté autrement…».
La 1ère semaine de résidence permettra à Alice Berni de
s’immerger dans la vie de la caserne, de partager le
quotidien des équipes, d’échanger de manière
informelle autour de leurs métiers respectifs, et de
composer bien sûr. Les deux autres semaines seront
ponctuées d’une journée de répétition avec les
musiciens de Télémaque (Jean-Marc Fabiano,
accordéon et Christian Bini, percussions) et d’un temps
d’ouverture exceptionnelle à l’école Estaque Gare et au
collège Barnier avec lesquels Télémaque travaille tout au
long de l’année. Car Alice Berni composera une
déclinaison de la pièce pour deux chorales d’enfants, et
deux temps forts sont prévus au collège Barnier en
2012…
Le 10 novembre, la création musicale sera donnée en
avant-première à la Caserne Saumaty à l’attention des
marins pompiers, des équipes techniques et
administratives, et de leurs familles. Le 9 décembre, le
cinéma L’Alhambra accueillera l’orchestre européen ECO
fondé par Télémaque pour un concert Mix Up où la
pièce d’Alice Berni connaitra sa première diffusion
publique, aux côtés de deux autres créations, et de
Black page de Frank Zappa.
Atelier
Résidence du 24 octobre au
10 novembre 2011
M.G.-G.
Christian Bini © Agnes Mellon
Marins pompiers de Marseille
Créé le 29 juillet 1939, le
Bataillon des Marins
Pompiers, formation militaire,
a pour mission la protection
des personnes, des biens
et de l’environnement sur
le territoire de Marseille, dans
les installations du port
autonome, de l’aéroport de
Marseille-Provence et
d’Eurocopter. Le bataillon
travaille également à la
prévention des risques, soit
près de 120 000 interventions
annuelles, incluant des
missions de renfort sur le
territoire national et l’envoi de
détachements à l’étranger.
Katia Kameli Sans titre (provisoire)
En juin 2011 Katia Kameli installe un bureau-atelier au
sein de Futur Telecom ; là, elle recueille la parole d’une
vingtaine de salariés sur leurs trajets quotidiens entre
leur lieu de vie et de travail. Au fur et à mesure des
entretiens quelques dessins s’ébauchent, de mini
synopsis se profilent qui bientôt génèreront «une œuvre
fondée sur le principe des poupées gigognes.» La jeune
artiste franco-algérienne pose progressivement les
bases de sa propre cartographie de MarseilleProvence : «je ne connais pas Marseille ni sa région, je
m’invente les lieux et j’imagine des scènes à travers
leurs paroles. Cela me détourne moi-même». Le
protocole qu’elle adopte procède en étoile : «j’essaye
peu à peu de les amener vers un ailleurs» en élargissant
doucement leurs témoignages et leurs regards vers des
lieux qui leur tiennent à cœur, dont certains se croisent
de manière récurrente comme la Plage du prophète et
le Vélodrome… Puis vient la phase des repérages sur le
terrain, et la découverte de ces «ailleurs» nés des
«mythologies intimes et relationnelles des salariés». Tel
Gardanne qu’elle imaginait comme une ville du nord
avec ses mines, sa centrale et ses rails peu utilisés,
matière idéale à des travellings très
cinématographiques : «j’étais intriguée, je suis allée sur
Repères
Alice Berni, née en 1981,
vit à Milan.
Après des études de piano
et de composition au
Conservatoire de Cesena
(Italie), à la Hochschule de
Mannheim (Allemagne) et au
conservatoire supérieur de
Milan, elle s’est attachée
particulièrement à l’écriture
musicale pour la scène.
place, j’ai rencontré les habitants et commencé à
tourner».
On n’en saura pas plus, son projet se construit en
permanence sur un socle hybride, fait de fiction
(«j’imagine des choses») et de réalité («je mets en place
des tournages») ; un projet Sans titre (provisoire) donc,
avec comme fil conducteur les salariés de Futur Telecom
et comme point d’arrivée un film ou une vidéo ou une
installation…
Repères
Katia Kameli, née en 1973 à
Clermont-Ferrand, vit à Paris.
Elle obtient son DNSEP à
l’Ecole Nationale des BeauxArts de Bourges puis devient
membre du Collège-Invisible,
post-diplôme des Beaux-Arts
de Marseille, dirigé par Paul
Devautour.
M.G.-G.
Repérages à Gardanne © Katia Kameli
Atelier
Résidence de juin à décembre
2011
Futur Telecom
Filiale de SFR depuis 2005,
emploie 110 collaborateurs et
fournit plus de 15 000 clients
TPE et PME en offres fixes,
mobiles, Internet et
applications. En 2010, son
chiffre d’affaires atteignait près
de 40,7 M€, en croissance
continue depuis sa création
en 1997.
2
Les Actions de Participation
Comment les habitants peuvent-ils devenir acteurs de la capitale
européenne ? La question, essentielle, est au cœur
de Marseille Provence 2013 qui met en œuvre des programmes
spécifiques afin que tous les habitants puissent valoriser
leurs pratiques artistiques.
«La plupart des capitales européennes fonctionnent quand
la population y prend part, se sent concernée, et pas seulement les visiteurs, explique Nathalie Cabrera, chargée de
mission pour la coordination des APC. Ce qui signifie que les
citoyens doivent en être acteurs et non consommateurs.»
La mise en place des APC repose sur la transformation
actuelle, sensible, du rapport entre artistes et publics : «On
constate dans de nombreux festivals internationaux la
présence de plus en plus prégnante des propositions participatives ou interactives. Dans la rue et dans les salles de
spectacles également, l’intervention de l’artiste change, les
formes aussi : la question sociale se pose à nouveau au
cœur même des théâtres et, donnée nouvelle, elle passe
souvent par la pratique artistique citoyenne.»
Dès le départ Bernard Latarjet a souligné l’importance de
l’action citoyenne : les formes participatives ne concernent
pas seulement les APC, et s’inscrivent transversalement dans
l’ensemble de la programmation. Un enjeu majeur auquel
30% du budget artistique devrait être consacré, et certaines actions ont déjà commencé, comme les Nouveaux
Collectionneurs, Un air de famille avec l’AP-HM, DedansDehors avec Lieux fictifs dans les prisons (travail en
collaboration avec l’INA et production de films de montages d’archives)…
Plus spécifiquement, Marseille Provence 2013 prépare dès
aujourd’hui trois programmes qui se développeront jusqu’en 2013, et au-delà…
Quartiers créatifs :
le monde bouge,
la ville change…
Comment imaginer la ville de demain ? La réalité sociale du
territoire est très particulière, puisque les zones urbaines
sensibles représentent 30% du territoire de MP13 et 50%
de Marseille. Quelle place donner dans les projets de ville
aux actions artistiques et culturelles ? Marseille Provence
2013 veut associer à la transformation de la ville, dans ce
contexte social particulier, des équipes composées d’architectes, d’urbanistes, de paysagistes, de sociologues et
d’artistes auxquelles les habitants pourront communiquer
leurs visions, et leurs besoins.
En effet le territoire de la capitale européenne est au cœur
d’un vaste programme de transformations urbaines qui
vise à repenser son développement économique, social et
culturel. Avec une donne singulière pour MP2013 : il ne s’agit
pas de concentrer les regards sur la ville-centre mais de
penser un projet articulé aux autres communes du territoire.
Les APC permettent, justement, d’inscrire l’art dans les
processus de rénovation urbaine, de susciter des démarches participatives, de mobiliser les centres sociaux, les
3
établissements scolaires, les opérateurs culturels… Et pour
pérenniser les actions au-delà de 2013, les APC se
construisent en partenariat étroit avec l’ensemble des
acteurs sociaux, des aménageurs et des collectivités
conjuguant travail en profondeur, lien social et événementiel
durant des résidences au long cours. Utopique ? Non, 12
à 14 Quartiers Créatifs se mettent en place. Mais pas question de prévoir un festival des quartiers : leurs productions
artistiques seront présentées dans la programmation générale de la capitale et inscrites, selon les disciplines des
artistes associés, dans des manifestations «Espaces publics», «Parcours lumières» ou Spectacle vivant…
Les Cherche-midis :
autoportrait d’un territoire
Comment valoriser la culture de chacun sans segmenter
les populations en communautés, mais en soulignant au
contraire ce qui les relie ? Comment dresser le portrait d’un
territoire dans lequel chaque habitant se reconnaîtrait ? En
l’associant directement, par un procédé de collecte d’images, la photographie étant la pratique artistique la plus
répandue en France : «faire appel à la photographie, c’est
faire appel à tous» souligne Nathalie Cabrera. C’est un acte
fédérateur, un projet sans limites qui peut être partagé par
les 2 millions d’habitants du territoire ! Une manière vivante
de parler de soi, de sa famille et de ses lieux de vie, tout en
esquissant le portrait collectif du midi…
Après l’appel à contributions lancé début 2012, MP13
réalisera le collectage, établira une sélection et composera
trois séries thématiques, «Les paysages», «Le vivre ensemble» et «Le portrait», afin d’alimenter un site dédié à cette
cartographie subjective. Ces séries seront également présentées aux habitants et aux visiteurs sous la forme
d’expositions, de rencontres et d’éditions.
Atelier du large :
une agora pour rêver
C’est au J1, entre la ville et la mer, dans l’un des lieux
emblématiques de la Capitale européenne, dernier vestige
de la grande gare maritime de la Joliette que sera aménagé
l’Atelier du large. «Un espace ayant un réel attrait, un lieu
valorisant qui présentera les œuvres des citoyens dans des
conditions d’exposition professionnelles, sans les séparer
des propositions des artistes» selon Nathalie Cabrera. «Un
lieu idéal pour faire rejaillir l’effervescence artistique sur la
population participative.»
Concrètement l’Atelier du large sera à la fois une vitrine
pour les différentes formes de restitutions des appels à
participation et des APC, un lieu de pratiques («une fabrique permanente») et un foyer de rencontres ouvert à tous.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Citoyenne
Nouveaux Collectionneurs :
Art, pédagogie et citoyenneté…
Depuis 3 ans, des élèves de 4e et 3e
des Bouches-du-Rhône constituent une collection
publique d’art contemporain… Un pari ambitieux
mis en œuvre par le Bureau des compétences et désirs
et développé par Sextant et Plus et Art-O-Rama en liaison
avec des professeurs d’arts plastiques et de français.
12 séances annuelles sont organisées, en classe et sur
le terrain (galeries, ateliers, musées…) pour immerger
les élèves dans le milieu de l’art contemporain.
Des débats sont proposés sur les thèmes
«Apparence et réalité», «Contraintes et libertés»,
«Jeux de détournements» et plus largement autour de
questions sociétales.
Initiés aux circuits professionnels de l’art, sensibilisés
aux différents médiums, les élèves sont à même de
composer leur propre collection. Le fonds compte déjà
une trentaine de pièces acquises par les classes qui
gèrent chacune un budget annuel de 10 000 € alloué
par le Conseil général 13. Accrochées chaque fin d’année
dans les collèges concernés par l’opération, les œuvres
feront l’objet d’une exposition collective en 2013.
Visite d'une exposition dans le cadre de l'Action Nouveaux Collectionneurs, 2010 © X-D.R
AP-HM : l’artiste au cœur de l’hôpital
MP13 œuvre avec l’Assistance Publique des Hôpitaux
de Marseille au projet culturel Santé e(s)t culture(s),
et en particulier à la réalisation de plusieurs APC.
Parmi lesquels Un Air de famille initié en octobre 2010
à La Conception, en partenariat avec le Centre de
Formation des Musiciens Intervenants de l’université
de Provence. Durant leur résidence, 10 étudiants
et 3 formateurs du CFMI ont collecté des chansons
auprès de patients et de membres du personnel,
leur ont offert leurs chansons personnelles, retravaillé
partitions et retranscriptions, créé de nouveaux
arrangements… une proposition simple, mais qui
engage à une réflexion sur les échanges intergénérationnels et interculturels, et implique un travail
de médiation, de transmission, de création.
Afin que ce répertoire puisse circuler (40 chansons dans
17 langues), les étudiants ont fait des versions pour
chœurs à 3 voix et, pendant plusieurs mois, sont venus
à tour de rôle les enseigner aux chanteurs de la Chorale
de l’AP-HM. Le 22 juin 2011, celle-ci a donné
un concert au pôle Urologie-néphrologie ; d’autres
seront organisés en 2012 suite à la seconde phase
de collecte. Au vu du «retour extrêmement positif
des malades, du service et des étudiants, annonce
Carine Delanoë, chef de projets des affaires culturelles
de l’AP-HM, 2013 valorisera l’ensemble du matériau.»
Un air de famille n’est pas prêt de s’arrêter…
Sur le site de l’Hôpital Nord, un APC s’est ouvert avec
le collectif Le Cabanon Vertical sur la question esthétique
des espaces hospitaliers, trop souvent limités
à une stricte fonctionnalité. Projet décliné en deux fois
trois semaines, en février et mars 2011 : un temps
d’échanges qui a abouti à l’élaboration de carnets
rassemblant dessins, écrits et collages des patients,
familles et personnels sur les lieux tels qu’ils sont et tels
Un air de famille © APHM, 2010
Ateliers participatifs
© Cabanon Vertical APHM, 2011
qu’ils les souhaitent… Ces carnets ont circulé dans tous
les pôles de l’Hôpital Nord, puis le collectif a sélectionné
les propositions les plus pertinentes, et enfin chacun
des pôles a choisi un ou deux projets à mettre en œuvre
tels la création d’une signalétique, l’aménagement
des loggias extérieures… Il ne manque plus que
les financements ! M.G.-G.
4
76
HORIZONS
BIENNALE D’ART CONTEMPORAIN DE LYON
78 artistes, 25 pays, plus de 200 œuvres sur 13 000 m2 dans 4 lieux,
sans compter les plateformes en Rhône-Alpes… La Biennale de Lyon,
incontournable rendez-vous de l’art contemporain en France,
se visite jusqu’au 31 décembre…
L’heure est grave
Commissaire invitée de la 11e Biennale
Une terrible beauté est née, l’Argentine Victoria Noorthoorn cite Oscar
Wilde pour motiver ses choix : «la
fonction de l’artiste est d’inventer et
non d’enregistrer», «je plaide pour le
mensonge de l’art». Déclarations qui
nourrissent ses questionnements :
Comment l’art parle-t-il de la condition
humaine et de celle de l’artiste ? Quel
pouvoir de transformation a-t-il ?
L’utopie y est-elle encore possible ?…
Les productions hétérogènes sont ainsi
parcourues de réflexions communes,
à la gravité assumée. Le ton est rarement ludique, quelquefois distancié.
Confrontés à la complexité du réel et à
l’état d’urgence du monde, les artistes
- en majorité des révélations - font face
aux plus sombres alternatives. La 11e
Biennale en est le miroir kaléidoscopique et grossissant.
cueils de bois dressé par l’iconoclaste
Barthélémy Toguo (55 au total comme le nombre de pays d’Afrique), les
vidéos déjantées de Tracey Rose, le
film d’animation à l’oppression grandissante de Gabriel Acevedo Velarde.
À lui d’enjamber les alvéoles béantes
des parois de Pierre Bismuth qui
percent l’espace d’une longue diagonale afin d’atteindre les maquettes de
Benjamin Seror conçues comme un
te en marche. Impression d’ébullition
dès La Machine de Rééducation d’Eva
Kotatkova, cabinet de curiosités contemporain qui tient de la chambre
d’enfant, du laboratoire et de la mécanique, et qui atteint son paroxysme
dans l’antre de Diego Bianchi où tout
n’est que chaos, désordre, corps démembrés, cloisons fracassées… La
noirceur, la peur, l’emprisonnement
traversent les œuvres sur papier de
Avant-scène
et court-circuit
On entre à La Sucrière comme à
l’opéra, à travers le rideau de toiles
colorées de Ulla Von Brandeburg
(noir, bleu ardoise, vieux rose et beurre
frais), sauf que le visiteur devient acteur
et monte sur scène… pour tomber nez
à nez sur le monument funeste de Robert Kusmirowski, hanté par le poids
de la mémoire : une œuvre au noir dont
on entraperçoit l’antre mystérieuse par
l’interstice de vitraux percés haut, et
dont on découvrira la mise en scène
intime depuis le deuxième étage.
Autre démesure et autre vision de
l’apocalypse avec Le Silence des sirènes de Eduardo Basualdo qui, sous les
voûtes froides de l’ancienne usine, répand au sol une mare sanglante ;
installation lunaire, désertique : seuls
le jaillissement et le reflux de l’eau
noirâtre, puis rouge sang, viennent
interrompre un silence effroyable. L’éclat
de l’eau irise les parois, les piliers, laissant le visiteur hagard et frémissant.
Puis la circulation se fait plus confuse,
les frontières entre les œuvres deviennent indistinctes : au spectateur de se
frayer un chemin entre l’autel en cer-
© Le Silence des sirènes, Eduardo Basualdo, Creation Biennale d'art contemporain Lyon 2011
roman à partir de la Recherche sur l’origine de Robert Filliou. À lui encore de
patienter 20 mn avant de découvrir le
spectacle-performance de Daniela
Thomas qui a choisi de suivre à la
lettre les instructions de Beckett pour
mettre en scène Breath, pièce éphémère d’à peine quelques secondes…
Dans ce labyrinthe physique et mental
où tout se court-circuite, sa vigilance
est en alerte, sa réactivité et sa mobilité aussi. D’un étage à l’autre, comme
un leitmotiv, un repère dans l’espace,
les poèmes visuels d’Augusto de
Campos et les sculptures fantasmatiques d’Erika Verzutti ponctuent son
cheminement.
La narration se poursuit au Musée
d’art contemporain dans un ordonnancement plus aéré, avec la
sensation de saisir la pensée de l’artis-
Kemang Wa Lehulere tout autant
que les poupées de Virginia Chihota
incapables de parler et de réagir ; quand
ce n’est pas l’intégrité du spectateur
qui est mise à mal : La bruja 1 (La
Sorcière) de Cildo Meireles déploie
3000 km de fil noir au dernier étage,
entravant sa marche jusqu’à la sortie…
10 directeurs de biennale/triennale et
20 artistes de 5 continents ! Un arrêt
sur les inédits d’une génération d’artistes qui débute ou se construit. La Forêt
de Juma de Julia Cottin frappe les
esprits par l’agencement solennel de
colonnes en bois, et la tension provoquée par leur robustesse et leur
équilibre précaire ; Viriya Chotpanyavisut sculpte l’espace par l’acte
photographique jusqu’à créer l’illusion,
magicien de l’invisible et de l’éphémère ; Mohamed Konaté allume
autant de bougies qu’il y a de nations
africaines pour mieux revendiquer son
unité et poser la question, brûlante, de
la frontière ; Sandra Lorenzi1 interpelle
Narcisse dans son dispositif Antichambre, quitte à nous jeter à terre…
Le commissariat du second Focus au
Fort du Bruissin à Francheville,
Coup d’éclat, a été confié trois élèves
issus de l’École du Magasin de Grenoble. Dans le dédale du fort, de la
lumière à l’ombre souterraine, surgissent Les Joyaux de la couronne de
Carlos Garaicoa qui transforme les
lieux de pouvoir et de contrôle en
bijoux, les vidéo-animations de Monica Heller à l’esthétique kitsch et au
discours corrosif, l’installation incandescente deMarcela Armas qui appelle
à notre résistance… Coup d’éclat,
coup d’état ? c’est en tout cas un coup
de maître car la sélection d’artistes de
la scène sud-américaine (encore une
révélation), le choix des pièces et la
scénographie sont d’égale qualité.
Artistes et commissaires, la relève
semble assurée !
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Focus sur l’émergence
Conçue comme l’addition de satellites
aux quatre lieux du In, la plateforme
Résonance regroupe sur 100 lieux des
projets validés par Thierry Raspail,
directeur artistique de la Biennale. Plus
de 180 événements se télescopent
parmi lesquels deux Focus de premier
plan.
Le premier à l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne, Rendez-vous,
associe 3 structures, 4 commissaires,
1
Sandra Lorenzi vit à Nice, elle participe
à la Biennale des jeunes créateurs
d’Europe et de la Méditerranée
à Thessalonique suite au Show-Room
à Art-O-Rama
Biennale de Lyon
jusqu’au 31 déc
www.biennaledelyon.com
78
ADHÉRENTS
Nos Partenaires vous offrent invitations, réductions et avantages ! Pour les places gratuites,
téléphonez-leur rapidement pour réserver, puis présentez votre carte de membre (1 place par carte nominative).
Pour les réductions, présentez simplement votre carte (réduction valable seulement pour l’adhérent)
Le Gyptis
2 invitations par soir
Pour Bérénice
mes Jean-Claude Nieto
le 18 oct à 20h30
le 19 oct à 19h15
le 20 oct à 19h15
le 21 oct à 20h30
le 22 oct à 20h30
tarif réduit B (16€ au lieu de 27)
pour la représentation du 22
04 91 11 00 91
Les Bancs Publics
1 place offerte pour 1 place achetée
pour tous les spectacles
04 91 64 60 00
Librairie Maupetit (Marseille 1er)
La Canebière
5% de réduction
sur tous les livres
Librairie de Provence (Aix)
31 cours Mirabeau
5% de réduction
sur tous les livres
Théâtre des Ateliers (Aix)
Tarif réduit pour toutes les
représentations
10€ au lieu de 15€
04 42 38 10 45
Librairie L’écailler (Marseille 1er)
2 rue Barbaroux
5% de réduction
sur tous les livres
Librairie Au poivre d’Âne (La Ciotat)
12 rue des frères Blanchard
5% de réduction
sur tous les livres
Le Greffier de Saint-Yves (Marseille 1er)
librairie générale et juridique
10 rue Venture
5% de réduction
sur tous les livres
Art-Cade – Les Grands Bains Douche de
la Plaine
Une adhésion et une consommation
au bar de la galerie
04 91 47 87 92
Librairie Regards (Marseille 2e)
Centre de la Vieille Charité
5% de réduction
sur tous les livres
Mina Kouk (restaurant/traiteur/salon de
thé)
Fabrication de fondants et croustillants
Sud Méditerranée
Vous offre une citronnade maison
21 rue Fontange, Marseille 6e
Du lundi au samedi de 9h à 19h, le soir
sur résas.
Livraison
04 91 53 54 55
3bisf (Aix)
Entrées et visites gratuites sur
réservations
04 42 16 17 75
La Criée
6 invitations
Pour Hamlet
Mes Daniel Mesguich
le 19 oct à 19h
Pour Un soir, une ville
mes Didier Bezace
le 15 nov à 19h
04 91 54 70 54
Théâtre des Salins (Martigues)
6 invitations
Pour Dans la compagnie des hommes
Mes Sélim Alik
le 22 nov à 20h30
04 42 49 02 00
Le Lenche
Une place offerte pour une place achetée
Pour Les Bonnes
mes Ivan Romeuf
du 11 au 28 oct
Tarif réduit à 8€
Pour tous les spectacles
04 91 91 52 22
Théâtre Le Sémaphore (Port-de-Bouc)
8€ au lieu de 12€
Pour Le Malade imaginaire
mes Renaud-Marie Leblanc
le 21 oct à 20h30
Pour Le Coup de foudre
cie Jean-Louis Hourdin
les 4 et 5 nov à 20h30
04 42 06 39 09
Cité de la musique, La Cave
1 place offerte pour 1 achetée pour
les 10 premières réservations
Pour le concert Djangology –
Hommage à Django Reinhardt
Le 7 nov à 21h
Pour le concert Paris Cuban Project Quintet
Le 8 nov à 21h
04 91 39 28 28
L’institut culturel italien
3 adhésions annuelles
d’une valeur de 32 €, cette «carte
adhérent» vous donnera accès à tous
les services de l’Institut,
médiathèque et programme culturel.
Demande par mail : [email protected]
ou au 04 91 48 51 94
La Minoterie
Tarif réduit pour toutes les représentations
8€ au lieu de 12€
04 91 90 07 94
Librairie Apostille (Marseille 6e)
104 Cours Julien
5% de réduction
sur l’ensemble du magasin
Mensuel gratuit paraissant
le deuxième mercredi du mois
Edité à 30 000 exemplaires
imprimés sur papier recyclé
Edité par Zibeline SARL
76 avenue de la Panouse | n°11
13009 Marseille
Dépôt légal : janvier 2008
Directrice de publication
Agnès Freschel
Imprimé par Rotimpress
17181 Aiguaviva (Esp.)
photo couverture
Le Silo
© Agnès Mellon
Conception maquette
Max Minniti
Rédactrice en chef
Agnès Freschel
[email protected]
06 09 08 30 34
L’histoire de l’œil (Marseille 6e)
25 rue Fontange
5% de réduction
sur tous les livres
Librairie Imbernon (Marseille 8e)
spécialisée en architecture
La Cité Radieuse
280 bd Michelet, 3e étage
5% de réduction
sur tous les livres
Librairie Arcadia (Marseille 12e)
Centre commercial Saint Barnabé Village
30 rue des électriciens
5% de réduction
sur tous les livres
Librairie Prado Paradis (Marseille 8e)
19 avenue de mazargues
5% de réduction
sur tous les livres
10% de réduction
Sur la papeterie
Musique et disques
Jacques Freschel
[email protected]
06 20 42 40 57
Polyvolantes
Chris Bourgue
[email protected]
06 03 58 65 96
Frédéric Isoletta
[email protected]
06 03 99 40 07
Maryvonne Colombani
[email protected]
06 62 10 15 75
Dan Warzy
[email protected]
Delphine Michelangeli
[email protected]
06 65 79 81 10
Arts Visuels
Claude Lorin
[email protected]
06 25 54 42 22
Cinéma
Annie Gava
[email protected]
06 86 94 70 44
Marie-Jo Dhô
[email protected]
Livres
Fred Robert
[email protected]
06 82 84 88 94
Élise Padovani
[email protected]
Maquettiste
Philippe Perotti
[email protected]
06 19 62 03 61
Secrétaire de rédaction
spectacles et magazine
Dominique Marçon
[email protected]
06 23 00 65 42
Secrétaire de rédaction
Jeunesse, livres et arts visuels
Marie Godfrin-Guidicelli
[email protected]
06 64 97 51 56
Histoire et patrimoine
René Diaz
[email protected]
Philosophie
Régis Vlachos
[email protected]
Sciences et techniques
Yves Berchadsky
[email protected]
L’imprimeur Magenta
10% de remise sur tous travaux
d’impression
04 91 32 64 54
Auto Partage Provence
6 mois d’abonnement gratuit d’essai
vous disposez d’une voiture quand vous
le souhaitez,
à réserver par téléphone ou Internet,
24h/24, 7j/7,
selon vos besoins
04 91 00 32 94
www.autopartage-provence.com
Ont également participé à ce numéro :
Yves Bergé, Émilien Moreau, Gaëlle
Cloarec,Christophe Floquet, Thomas
Dalicante, Aude Fanlo
Photographe
Agnès Mellon
095 095 61 70
photographeagnesmellon.blogspot.com
Directrice commerciale
Véronique Linais
[email protected]
06 63 70 64 18
Chargée de développement
Nathalie Simon
[email protected]
06 08 95 25 47

Documents pareils