Willkommen, Bienvenue, Welcome au Cabaret

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Willkommen, Bienvenue, Welcome au Cabaret
Willkommen, Bienvenue, Welcome au Cabaret
Michel Kacenelenbogen crée « Cabaret ». Pour cette production,
le directeur du Public débarque au National, chez son meilleur ennemi,
Jean-Louis Colinet.
C’est l’événement de la rentrée ! En créant Cabaret, comédie mythique de Broadway, Michel Kacenelenbogen prépare un petit électrochoc dans la capitale belge. Avec cette méga production, qui démarre au
Théâtre National avant de sillonner Namur, Liège ou Louvain-la-Neuve, le metteur en scène est peut-être
en passe de prouver que la comédie musicale n’est pas si incompatible avec l’ADN de notre plat pays. New
York, Londres ou Paris en ont fait des marques de fabrique culturelles, pourquoi pas Bruxelles ?
Attention, si la pièce démarre bien dans le strass et les paillettes qu’on attend de ce genre d’exercice, Michel
Kacenelenbogen prévient : « Au début, le spectateur aura tous les repères classiques de la comédie musicale
mais, au fur et à mesure, on ira vers quelque chose de plus âpre et contemporain. » L’histoire – popularisée en
1972 par le film de Bob Fosse avec Liza Minnelli – est celle d’un cabaret à Berlin dans les années 30. Fraîchement débarqué, le jeune Américain Cliff Bradshaw découvre le Kit Kat Club, une sulfureuse boîte de
nuit où se produit la sensuelle Sally Bowles. Autour d’elle, l’extravagant maître de cérémonie Emcee et sa
bande de boys and girls parodient le beau monde. Toutes les provocations semblent permises au Kit Kat
Kat et pourtant, même à l’abri de cette enclave de liberté grondent les premiers murmures du fascisme. «
Cabaret me hante depuis toujours, reconnaît le metteur en scène et co-directeur du théâtre Le Public. C’est
en voyant le film que je me suis dit que j’ouvrirais un jour un théâtre. Cette œuvre raconte à quel point, dans un
monde où l’expression libre est prise en otage, l’espace de la scène reste l’endroit par lequel on a le droit, et le
devoir, de remettre en cause le système en place. Les cabarets berlinois étaient, à l’époque, le dernier repère où
l’on pouvait se moquer de tout. En 1935, le dernier cabaret sera détruit pour cause d’immoralité. Je sens depuis
plusieurs années que la liberté d’expression est de plus en plus censurée. Ce qui pourrait s’exprimer librement est
censuré par le pouvoir économique. Depuis 10 ans, dans toute l’Europe, on voit diminuer les montants destinés
à la culture. Quel moyen plus puissant de censurer les artistes que de diminuer les moyens culturels ? Quand un
théâtre ferme parce qu’il n’a plus de quoi fonctionner, ce sont tous les artistes que l’on censure. »
Directeur du Théâtre National, qui accueille la création de ce Cabaret, Jean-Louis Colinet établit lui aussi
un parallèle entre les années 30 et notre situation actuelle : « L’histoire ne se répète pas, elle bégaye. Je ne
dirais pas que Cabaret est une pièce militante mais elle évoque une réalité qui fait écho à ce que nous vivons
aujourd’hui. Il y a un moment où tout peut basculer. Ça peut devenir très brutal. C’est déjà évident dans des pays
comme la Hongrie. Sous son gouvernement d’extrême droite ultranationaliste, ce qui se passe au niveau du
théâtre est flagrant avec des limogeages de directeurs d’institutions, l’imposition d’un type de programmation
qui doit faire appel au fonds national hongrois. Là-bas, on ne met déjà plus de gants. »
Le fond de Cabaret sera donc politique mais porté par une forme explosive qui convoque le jeu, la musique
et la danse. On compte Thierry Smits à la chorégraphie et Pascal Charpentier à la direction musicale, mais
aussi une quinzaine d’artistes sur scène. « On a fait des auditions, rappelle le metteur en scène. Pour faire une
comédie musicale, on ne peut pas prendre des artistes qui savent un peu chanter ou un peu danser. Ça ne suffit
pas. On a d’abord rencontré 300 personnes, puis, sélection après sélection, on a finalement retenu un groupe
de 18 personnes sur le plateau. A ces auditions se sont présentés des artistes francophones, flamands, anglais,
etc. On a vu débarquer des tas de gens qu’on ne voit pas habituellement sur nos scènes. Quand la sélection s’est
affinée, on s’est rendu compte que c’était intéressant d’avoir un mélange d’artistes francophones et flamands.
» Un mélange idoine pour chanter le célèbre refrain « Willkommen, Bienvenue, Welcome » au milieu des
gambettes en porte-jarretelles de Cabaret.
Catherine Makereel, Le Soir, 6 septembre 2014

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