Gypsy - Livret pédagogique

Transcription

Gypsy - Livret pédagogique
Dossier pédagogique
CP / CE1 / CE2 / CM1 / CM2
Loulou Djine
Gypsy
À partir de 6 ans
Illustration © Anne-Lise Boutin
JM FRANCE
LES JM FRANCE INVENTENT DEPUIS
SOIXANTE-DIX ANS LA MUSIQUE ACCESSIBLE
A TOUS ET EN PREMIER LIEU AUX JEUNES.
Un grand réseau de 1 200 bénévoles et 349
implantations sur le territoire. Les JM France
forment avec plus de 70 pays, les JM International,
la plus grande ONG en faveur de la musique.
NOTRE MISSION
Accompagner les enfants et les jeunes dans une
découverte active de toutes les musiques : baroque,
chanson, jazz, polyphonies, soul, musique
contemporaine, chant traditionnel, art lyrique, etc.
NOTRE ACTION
2 000 concerts et ateliers sur le territoire pour un
demi-million d’enfants et de jeunes chaque année.
NOTRE PROJET
Contribuer au développement le plus large de
nouveaux réseaux musicaux, dans les zones isolées,
au service des publics les plus éloignés de l’offre
culturelle.
NOS VALEURS
L’égalité d’accès à la musique, l’engagement citoyen,
l’ouverture au monde.
AUJOURD’HUI
Les JM France élargissent leur action en faveur du
développement musical par un engagement renforcé
et innovant, en lien étroit avec les acteurs locaux : la
mobilisation de nouvelles équipes sur le terrain, le
repérage d’artistes, les résidences de création, les
actions pédagogiques et l’accompagnement des
pratiques instrumentales et vocales.
Premier organisateur de concerts en France,
reconnues d’utilité publique, les JM France réaffirment
leur valeur fondatrice : la conviction que l’art, et
particulièrement la musique, est une cause
fondamentale, vecteur de plaisir partagé,
d’épanouissement et de citoyenneté.
HIER
Les JM France naissent de l’intuition d’un homme,
René Nicoly qui, il y a soixante-dix ans, fait le pari que
rien n’est plus important que de faire découvrir la
musique au plus grand nombre. Il invente le concert
pour tous et développe, dans toute la France, l’accueil
au spectacle des lycéens, des étudiants, puis des
enfants. Une grande tradition d’ouverture poursuivie
jusqu’à ce jour.
Association reconnue d’utilité publique, agréée
jeunesse et éducation populaire, association
éducative complémentaire de l’enseignement
public
Chaque année, les JM France ce sont :
- 50 programmes musicaux en tournée
- 150 artistes professionnels
- Un accompagnement pédagogique pour chaque spectacle
- 2 000 concerts
- 420 lieux de diffusion
- 470 000 spectateurs de 3 à 18 ans
Les JM France reçoivent le soutien du ministère de l’Education nationale, du ministère de la Culture et de la Communication,
du ministère des Sports, de la Jeunesse, de l’Education populaire et de la Vie associative, de la Sacem, de l’Adami, du FCM,
de la SPEDIDAM, du CNV, du Crédit Mutuel et de la Ville de Paris.
L’ACCOMPAGNEMENT PEDAGOGIQUE
OBJECTIFS
Si l’accueil des enfants au concert est le moment privilégié de leur rencontre avec le spectacle vivant et les artistes,
profiter pleinement de cette expérience, c’est aussi la préparer, apprendre à « aimer écouter », à découvrir la
musique en train de se faire, les musiciens, les œuvres, les instruments… Le plaisir en est multiplié et le souvenir
de cette expérience va au-delà d’une simple rencontre et participe à l’évolution de l’élève en tant que « spectateur
éclairé ».
RESSOURCES
Pour accompagner les élèves dans cette expérience, les JM France mettent à disposition des enseignants :
Dans le présent dossier :
- un chant à apprendre et/ou une œuvre à écouter en classe ;
- des informations sur le spectacle et différentes pistes pédagogiques en lien avec les programmes scolaires qui,
depuis 2008, intègrent l’enseignement de l’Histoire des arts ;
- une interview des artistes, permettant aux élèves de faire leur connaissance.
Sur le site Internet des JM France (www.jmfrance.org) :
- les extraits sonores en lien avec le présent dossier sur la page des spectacles ;
- la charte du jeune spectateur dans l’onglet « Documentation », permettant d’aborder en classe les conditions
d’une belle écoute durant le concert ;
- un espace « Ressources pédagogiques » dans l’onglet « Documentation », contenant les dossiers pédagogiques et les
affiches de chaque spectacle, téléchargeables en PDF.
Il est également possible d’apporter sa contribution à la page Internet du spectacle, en y rédigeant un
commentaire individuel ou collectif après la représentation.
SOMMAIRE
PRESENTATION DU SPECTACLE ................................................................................................................................ 3
EQUIPE ARTISTIQUE.................................................................................................................................................. 4
INTERVIEW .................................................................................................................................................................5
CONTEXTE ARTISTIQUE ET CULTUREL..................................................................................................................... 6
FICHE ECOUTE ........................................................................................................................................................... 9
QUIZZ MUSICAL ....................................................................................................................................................... 10
AUTOUR DU SPECTACLE ......................................................................................................................................... 11
REFERENCES ............................................................................................................................................................ 13
EN VOUS SOUHAITANT UNE EXCELLENTE LECTURE ET DE BELLES DECOUVERTES !
PRESENTATION DU SPECTACLE
GYPSY
Les Gypsies et les instruments magiques
Un spectacle de Loulou Djine
Initiation endiablée aux traditions musicales balkaniques
De retour d’un mariage, trois amis musiciens rivalisent chacun de technique, d’acrobaties et de prouesses pour
prouver aux autres qu’il est le « meilleur du monde ».
Mais leurs instruments, lassés d’être maltraités et de servir l’orgueil de leurs maîtres, se rebellent et leur jettent un
sort ! Les trois orgueilleux devront écouter la sagesse de leurs fidèles compagnons de route et accepter que la plus
belle musique qu’ils puissent interpréter, c’est celle qu’ils jouent ensemble.
Ce conte initiatique a été imaginé par Dragan Urlic, leader du groupe balkanique Loulou Djine qui s’est taillé en quinze
ans une solide réputation sur les répertoires d’Europe de l’Est. De joutes verbales en solos clownesques, il offre un
éclairage sur les caractéristiques de trois instruments populaires - le violon, la guitare et la contrebasse - et sur une
culture pour laquelle musique et esprit de fête sont indissociables.
Public : à partir de 6 ans / Séances scolaires : du CP au CM2
Durée : 50 min env.
LE PROGRAMME
L’alouette, traditionnel tsigane des Balkans
Buba Mara, traditionnel tsigane de Serbie
Jovano, traditionnel macédonien
Loulou Djine, composition de Dragan Urlic à la manière tsigane
Viens, viens mon p’tit bout de chou, composition de Dragan Urlic à la manière tsigane
Haj Dji, traditionnel tsigane de Voïvodine
Douda, traditionnel tsigane de Bosnie/Serbie
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EQUIPE ARTISTIQUE
Loulou Djine
Dragan Urlic, violon, chant
Darco Andelkovic, guitare
Emek Evci, contrebasse
Dragan Urlic, conception et mise en scène
Dragan Urlic
Né à Sarajevo en 1968, Dragan Urlic a grandi dans une
famille de musiciens. Il est violoniste classique de
formation et travaille à l’Opéra de Sarajevo jusqu’en
1994, date à laquelle il quitte le pays en pleine guerre.
Arrivé en France, il crée son groupe Loulou Djine (de
louloudja : « fleur » en tsigane) avec lequel il enregistre
quatre albums. Passionné depuis toujours par les
musiques traditionnelles et tsiganes, il puise son
inspiration dans les traditions musicales du monde
entier, ainsi que dans les musiques actuelles. Il passe
d’orchestres classiques à des groupes de musiques
traditionnelles (yiddish ou arménien). Il a entièrement
conçu ce conte initiatique, avec le souhait de faire
découvrir aux enfants d’ici l’âme de la musique
tsigane.
Darco Andelkovic
Guitariste d’origine serbe, il joue dès l’âge de 16 ans
dans différents groupes de blues-rock et travaille au
sein d’une compagnie de danse folklorique avec
laquelle il fait de nombreuses tournées en ExYougoslavie. Arrivé en France en 1991, il étudie le jazz
et se perfectionne à l’école de musique improvisée
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ATLA. Il enregistre deux albums et fait de nombreux
concerts avec le groupe Tempo Slavia à la fin des
années 2000.
Depuis 2002, il joue aussi en duo avec le guitariste
Jean-Philippe Watremez. Il est à l’origine de plusieurs
formations jazz et de musique de l’Est, dans laquelle il
impose son style d’origine balkanique. Il enseigne le
jazz et les musiques traditionnelles des Balkans.
Emek Evci
Contrebassiste d’origine turque né en 1962 à Istanbul,
il se forme au Conservatoire de Paris et est passionné
de jazz. Il participe à de nombreuses formations de
musiques traditionnelles (tsigane, égyptienne, russe,
kurde, libanaise, juive…), ainsi que de musiques du
monde.
Il travaille également en tant qu’enseignant, ce qui lui
permet de participer à des formations symphoniques
ou de jazz. Il transmet auprès des enfants son amour
de la contrebasse, ce bel instrument mystérieux, dans
le cadre de ce spectacle, Gypsy (Les Gypsies et les
instruments magiques).
Gypsy І Dossier pédagogique І 2014-2015 ©JM France
INTERVIEW
Avec Dragan Urlic, violoniste, chanteur et metteur en scène.
Le choix des instruments « magiques » de votre
spectacle est-il un choix volontaire ?
« Il s’agit d’une palette d’instruments de musique
utilisés dans les musiques tsiganes. Le violon amène la
mélodie, la guitare et la contrebasse amènent le
rythme, le mouvement métronomique et les accords.»
D’où vient cette musique et en êtes-vous
l’ambassadeur ?
« Cette musique vient au départ du Rajasthan, en Inde
et a traversé de nombreux pays. Les gens du voyage,
peuple nomade ont gardé « leur esprit de la
musique », coloré par les pays ou les endroits où ils se
sont arrêtés (de l’Europe de l’Est, la Turquie, le
Maghreb au reste de l’Europe). Chaque fois, par leurs
arrêts, par leur compréhension, ils essaient de faire la
musique qu’ils ont en eux-mêmes. »
Comment aider les enfants à rencontrer votre
musique ?
instrument porte une spécificité : la mélodie, le
rythme et le mouvement, la danse.
Dans ce spectacle, on est fiers de nous-mêmes et de
nos instruments.»
Pourriez-vous donner quelques pistes afin de
travailler autour de votre spectacle, avant et après ?
« Nous pourrions travailler différentes questions
autour des instruments par exemple la taille des
instruments liée à la caisse de résonnance. On peut
présenter des morceaux de musique qui vont montrer
la vélocité aussi bien rythmique que mélodique. On
peut également montrer les traces musicales laissées
par les tsiganes au cours de leurs pérégrinations :
l’Espagne avec le flamenco, la France avec le swing de
Django Reinhardt…
On peut également travailler autour des œuvres du
groupe dans sa diversité musicale.»
« En montrant les instruments, en expliquant à quoi
sert chaque instrument dans le jeu. Chaque
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Gypsy І Dossier pédagogique І 2014-2015 ©JM France
CONTEXTE ARTISTIQUE ET CULTUREL
Qu’y a-t-il de commun entre les falsetas andalouses et les rythmes impairs d’Europe de l’Est, la poésie hindustani et
les chants du Rajasthan ? Des milliers de kilomètres les séparent, et pourtant il y a entre eux un air de famille : celui
des nomades d’Europe qui, en voyageant de l’Inde à l’Andalousie, ont creusé une route musicale unique. Voici leur
histoire.
L’HISTOIRE DES TSIGANES
Précision terminologique
Rom est le seul nom que les tsiganes se donnent eux-mêmes, c’est le nom qui signifie «homme» en hindi. Il a été
adopté par l’Union Romani International en 1974 afin d’éviter les désignations à connotations racistes. Mais d’autres
noms ont pris le relais en fonction des endroits : tsigane en Europe de l’est, sinté en Allemagne, gypsy en Angleterre ;
les roms sédentarisés depuis plusieurs générations en France s’appellent gitans (au Sud) ou manouches (au Nord).
Nous utiliserons le mot usité par Loulou Djine, « tsigane », qui se réfère le plus directement à l’Europe de l’est et aux
Balkans.
Les origines
L'origine des tsiganes est située géographiquement au Rajasthan, en Inde du Nord ; ils proviennent de castes
intouchables d'artisans, de marchands, forgerons et musiciens. Après avoir quitté l'Inde, ils sont passés par la
Mésopotamie vers le Proche-Orient et la Turquie, où une grande partie d’entre eux serait restée pendant environ trois
e
e
siècles (entre le XII et le XV siècle).
La « marche vers l’Europe »
A l’époque de l’empire byzantin, les tsiganes progressent vers l’Ouest et le Nord de l’Europe, via la Perse, l’Arménie, le
Caucase et, plus tard, la Russie pour atteindre même la Scandinavie. Au XVe siècle, ils ont déjà été dispersés dans
toute l'Europe, y compris l'Angleterre et l'Ecosse. Leur mode de vie dérange dans ces contrées où l’attachement à la
terre est fondamental ; leur situation devient dramatique dans de nombreuses régions (esclavage, marginalisation,
persécution). Pendant la deuxième moitié du XIXe siècle, des groupes tsiganes d’Europe centrale et du sud-est
partent pour toutes les autres régions d’Europe. Le génocide nazi marque une césure dans leur histoire récente : sur
un peu moins d'un million de Tsiganes vivant en Europe avant la guerre, entre 250 000 et 500 000 auraient été tués
par les Allemands et leurs partenaires de l'Axe.
Les tsiganes ont toujours été et restent marginalisés dans la société européenne. Bien qu’il n’y ait aucun recensement
sur leur population, on estime leur nombre à environ 80 millions. Aujourd’hui, nombre d’entre eux ont perdu l’usage
de leur langue ancestrale et se sont assimilés dans leur pays d’accueil.
La langue
La langue romani ou tsigane puise son origine dans le sanskrit et d'autres langues du nord de l'Inde. Elle s'est
fragmentée en de multiples variétés dialectales enrichies de termes persans, arméniens, grecs, slaves ou roumains;
depuis quelques décennies, des racines anglo-saxonnes ont imprégné le vocabulaire moderne, technique et
scientifique. De façon générale, les jeunes générations semblent abandonner la langue ancestrale, ce qui peut être
ressenti comme une perte de l'identité. Depuis quelque temps, la langue a été dotée d'un alphabet et fait l'objet d'une
standardisation.
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CONTEXTE ARTISTIQUE ET CULTUREL (SUITE)
LES ROMS AUJOURD’HUI
Majoritairement sédentaires, les Roms européens seraient aujourd’hui 15 millions, un tiers d’entre eux se situant dans
les pays de l’Est - des communautés importantes existent aussi aux États-Unis et au Mexique. Des droits sont
reconnus en Europe, mais ils restent de principe.
En France, les nomades font l’objet depuis 200 ans d’un statut administratif à part, celui des « gens du voyage »
(terme officiel depuis 1972), qui impose un contrôle de leurs déplacements par le biais de titres de circulation. Ils ont
régulièrement des difficultés à installer leur campement, même si, le fait est notable, la loi oblige depuis 1990 les
communes de plus de 5000 habitants à leur réserver des espaces d’accueil. Mais moins de la moitié des communes
respectent cette loi. Les gens du voyage s’installent souvent où ils peuvent.
Et, quand de Roumanie ou de Bulgarie, des Tsiganes affluent, on procède à des expulsions sans tendresse, même si
leurs pays font partie de l'Europe.
Ne possédant pas de territoire, exempt de toute volonté de puissance économique ou politique, peuple sans langue
commune (chaque communauté parle son dialecte, voire uniquement la langue du pays d’accueil), sans écriture ni
drapeau jusqu’il y a peu... les « gens du voyage » ne peuvent guère peser dans les décisions qui sont prises la plupart
du temps à leur place. Des instances de représentation se sont tout de même fait jour. Elles sont partagées entre deux
options apparemment contradictoires, mais finalement conciliables : s’affirmer en tant que nation et s’intégrer
totalement dans les sociétés qui les accueillirent dans le passé.
Incarnant une certaine idée de la liberté, le Rom, de tout temps, a autant fait rêver le gadjo (celui qui n’est pas rom)
qu’il l’a effrayé. Pourtant, certaines de leurs activités leur valent les plus beaux compliments qui soient, à commencer
par leur pratique de la musique. Le flamenco gitan, le swing manouche de Django Reinhardt, les chanteurs de cabaret
et les ensembles tsiganes enivrent les fêtards de toute l’Europe depuis longtemps !
LA MUSIQUE TSIGANE
Elle a été et reste le meilleur passeport des tsiganes - même s’il n’y pas une, mais plusieurs musiques au sein du
peuple rom, marquées par la géographie et la culture des pays d’élection.
Voici une légende qui relate l’origine musicienne des tsiganes :
« Le bon roi perse Bahram Djour fut ému par les plaintes de ses sujets les plus démunis. Ils réclamaient de la musique
et voulaient faire la fête comme les riches. Bahram Djour obtiendra de son beau-père, le roi Shankal de Kanauj vivant
dans la haute vallée du Gange, l’envoi de douze mille musiciens. Lorsqu’ils arrivèrent, le roi leur fit donner de quoi
vivre en cultivant la terre : un âne, un bœuf et du blé. Mais après un an, il les vit paraître complètement affamés ; car
ils s’étaient contentés de manger leur bœuf et leur blé. Irrité, le souverain leur conseilla de mettre des cordes de soie à
leurs instruments, de sauter sur leurs ânes et d’aller vivre désormais... de leur musique ! » Al-Firdusi (philosophe et
historien).
Une « âme » commune
Du désert du Rajasthan à celui de l'Andalousie, du Danube à la Transylvanie, la musique tsigane traverse aussi bien la
Mer Rouge que l'Océan Atlantique. Quels que soient ses points d’ancrage et ses moyens d’expression, elle possède
des caractéristiques universelles. Elle est marquée par l’oralité, l’improvisation et la variation autour des thèmes.
La liberté, chère à ces peuples, vibre aux sons de la musique. Les thèmes des chansons sont souvent basés sur la
description de la nature, la musique et l’amour. Les contrastes y sont saisissants : on retrouve toujours une dualité
entre des mélodies très rapides et festives, mettant en jeu la virtuosité de ses interprètes, et d’autres déchirantes ou
langoureuses, où percent la nostalgie de l’exil ou les contrariétés de l’amour. Le style de chant met toujours en valeur
des voix éraillées ou plaintives. Le mode de vie itinérant a modelé une musique conviviale, qui se partage en groupe
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CONTEXTE ARTISTIQUE ET CULTUREL (SUITE)
ou en famille, et lors de toutes les fêtes et cérémonies. Souvent multi-instrumentiste et luthier amateur, le musicien
tsigane est réputé pour son vaste répertoire et sa capacité d’improvisation.
De multiples métissages
Au fil de leurs déplacements, les tsiganes se sont appropriés les traditions et les instruments locaux, et restent les
précurseurs des métissages musicaux. Symbolisant souvent le voyage, l’indépendance et la passion, la musique
tsigane a significativement marqué la production musicale européenne. C’est le cas dans la musique balkanique (au
cœur de ce spectacle), où l’empreinte tsigane est la plus vivace jusqu’à aujourd’hui, mais aussi en France, où elle a
donné naissance au jazz manouche sous les doigts virtuoses d’un Django Reinhardt, et en Espagne, où son
croisement avec la culture arabo-andalouse a fait naître le flamenco. Elle a aussi influencé bon nombre d'œuvres de
musique classique comme celles composées par Franz Liszt (Rhapsodie hongroise), Johannes Brahms (Danses
hongroises) ou encore Ravel (Tzigane pour violon et orchestre). Certaines partitions du répertoire classique
mentionnent un jeu « alla zingara », qui signifie en italien « à la tsigane ».
Focus sur la musique tsigane d’Europe de l’Est
Elle trouve son origine dans les vieilles traditions balkaniques, ottomanes, slaves et hongroises. C’est dans ce terreau
mouvant qui, en certains points, changea souvent plusieurs fois d’occupants, que l’on a poussé les premières
complaintes qui font aujourd’hui les délices des amateurs éclairés de musiques du monde.
L’engouement a commencé très tôt auprès des princes et des compositeurs qui se pâmaient d’admiration devant les
nombreux virtuoses tsiganes – notamment les violonistes. Figurant parmi les premiers artistes d’un début de « showbusiness », les musiciens tsiganes se sont répandus dans toute l’Europe de l’Est et en Russie. Se produisant dans les
cabarets, les solistes, orchestres et danseuses ont charmé des millions de spectateurs. Aujourd’hui encore, ce sont des
Tsiganes qui animent les soirées des grandes villes, de même que les bals, mariages et enterrements des campagnes.
À noter : le cousinage qui lie musiques tsiganes et klezmer, le folklore des juifs d’Europe orientale.
TROIS INSTRUMENTS « MAGIQUES »
Parmi les nombreux instruments pratiqués par les tsiganes en fonction de leur région d’implantation ou de passage,
les musiciens de Loulou Djine ont choisi pour ce spectacle d’en mettre en lumière trois ; c’est ainsi que le violon, la
guitare et la contrebasse sont les véritables « héros » de ce conte initiatique, contrairement aux personnages incarnés
par les musiciens, malmenés par péché d’orgueil !
Ce spectacle est une plongée facétieuse dans l’univers des tsiganes d’Europe de l’Est. Il pointe à la fois leur génie et
leurs travers sur un mode burlesque qui n’est pas sans évoquer les films de Kusturica (Chat noir chat blanc, Le temps
des gitans) ; surtout, il aspire à transmettre le goût de faire de la musique ensemble, au-delà des différends.
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FICHE ECOUTE
L’alouette
Retrouvez l’extrait sonore sur le site Internet des JM France www.jmfrance.org
Interprète(s)
Dragan Urlic, violon, chant
Draco Andelkovic, guitare
Emek Evci, contrebasse
Musique
Traditionnel
Formation
instrumentale
Trio : violon, guitare, contrebasse
À propos de
Cette musique est un standard des musiques tsiganes, popularisé en France par le groupe Les
Yeux Noirs. Son exécution fait appel à une très grande vélocité de la part des musiciens et en
particulier du violoniste.
Structure
• Introduction
Quatre mesures d’introduction où jouent les trois instruments simultanément installent la
rythmique du morceau. Le violon répète à l’identique un motif de cinq notes avant de faire un
appel, par quatre notes identiques aiguës, qui va lancer la mélodie de « l’alouette ».
• Déroulé du morceau
La guitare installe une rythmique tonique par un plaqué d’accords rapides, la contrebasse
martèle la basse au doigt et le violon joue à l’archet la mélodie et improvise.
• Pont et fin du morceau
Le pont (court passage de transition) joue sur une exploration sonore très particulière du
violon, par l’emploi des harmoniques des montées et descentes de la mélodie avant une
reprise du thème avec la même rythmique qu’au début du morceau.
Pistes d’écoute
• Cette écoute s’aborde comme une première sensibilisation aux caractéristiques de la
musique tsigane, qu’il s’agit de faire relever progressivement par les élèves :
- reconnaissance des instruments
- virtuosité
- rapidité d’exécution
- caractère dansant (par la rythmique de la guitare)
- jeu entre la mélodie traditionnelle et les parties improvisées
• Les modes de jeu des instruments
- le violon est joué à l’archet et enchaîne les figures acrobatiques, particulièrement dans
l’aigu.
Un élément remarquable à faire entendre : l’emploi des harmoniques (sons suraigus
obtenus en effleurant la corde des doigts) qui permet d’imiter le pépiement de l’alouette.
- la guitare est jouée en accords plaqués très rapides, le plus souvent en allers-retours de la
main et parfois en allers simples.
- la contrebasse (plus difficile à entendre) est jouée au doigt, comme souvent dans les
musiques traditionnelles et le jazz.
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QUIZZ MUSICAL
Quelle est l’origine des peuples tsiganes ?
1 – La Chine
2 – L’Inde
3 – L’Afrique
Que signifie « louloudja » en tsigane ?
1 – Rose
2 – Fleur
3 – Ciel
Parmi ces instruments du spectacle s’est glissé un intrus, quel est-il ?
1 – Un accordéon
2 – Une guitare
3 – Un violon
Parmi ces musiciens, deux ont été influencé par la musique tsigane. Lesquels sont-ils ?
1 – Liszt
2 – Satie
3 – Brahms
Quel est le plus connu des guitaristes de « jazz manouche » ?
1 – Narciso Yepes
2 – Django Reinhardt
3 – John Pizzarelli
Quel style musical est né d’un mariage avec la musique tsigane ?
1 – La samba
2 – Le jazz
3 – Le flamenco
Comment les personnages de Gipsy gagnent-ils leur vie ?
1 – En cultivant du blé
2 – En jouant dans les mariages
3 – Comme marchands ambulants
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AUTOUR DU SPECTACLE
EN MUSIQUE
- Ecouter et comparer différentes musiques tsiganes de l’Inde à l’Espagne (voir Références CD)
- Travailler autour des instruments du spectacle
Ils sont tous trois des instruments à cordes, et l’on pourra les aborder sous deux entrées pédagogiques
complémentaires :
Le travail autour du geste
- Comment en joue-t-on ? (frotter, pincer, frapper)
- Amener les élèves explorer des objets du quotidien qui vont devenir par ce travail des objets sonores : quels gestes
ai-je pratiqués avec ou sans percuteur ? (frapper, taper, glisser, gratter, balancer…)
Les répertoires
Tous trois sont très utilisés à la fois dans la musique savante et les musiques populaires (répertoires traditionnels
autant que jazz, chanson, rock…). Le mode de jeu et la posture du musicien sont tributaires des codes en vigueur dans
ces différents répertoires : toujours assis, le musicien classique joue de la guitare au doigt et du violon ou du
violoncelle principalement à l’archet. Debout la plupart du temps, comme une invitation à la danse, le musicien
traditionnel ou « pop » joue de la guitare au médiator, de la contrebasse au doigt, et ses instruments sont souvent
amplifiés.
L’occasion de décloisonner le regard et de croiser les ressentis sur tous ces répertoires, sans oublier de solliciter les
élèves apprentis musiciens !
EN FRANÇAIS
• Lire un roman autour de la « musique tsigane » :
SOLET Bertrand, La flûte tsigane, Flammarion, 1999
• Romans en réseau :
BORTON DE TREVINO Elizabeth, Le Violon du tsigane, Milan, 1995
QUINE Caroline, Alice et le violon tsigane, Hachette, 2006
EN EDUCATION INTERCULTURELLE
L’actualité sociale et politique ne cesse de nous le rappeler : ce que les textes appellent la « compétence
interculturelle » est de plus en plus cruciale dans une société en mutation, malmenée économiquement et parfois
tentée par le repli identitaire. Dans ce contexte, et particulièrement par rapport aux « gens du voyage » sur lesquels
notre société porte un regard souvent déformé par les stéréotypes, un travail autour de l’altérité a toute sa place.
Entre autres ressources, nous citerons deux références particulièrement intéressantes :
Education interculturelle : liens et activités pédagogiques, édité par le Rectorat de l’Académie de Lille (janvier 2009).
WWW.AC-BORDEAUX.FR/IA64/FILEADMIN/FICHIERS/EIFIV/TRAVAILLER_L_INTER_CULTUREL.PDF
Un dossier conçu pour les enseignants accueillant des enfants du voyage, mais destiné à tous ceux souhaitant
développer des activités autour de ce sujet.
Le site de l’association Ethnologues en herbe : WWW.ETHNOCLIC.NET
Travaillant avec des enseignants et médiateurs culturels, l’association anime des ateliers d’ethnographie et conçoit
des ressources pédagogiques innovantes disponibles sur Internet pour l’éducation des jeunes à la diversité culturelle.
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Gypsy І Dossier pédagogique І 2014-2015 ©JM France
AUTOUR DU SPECTACLE (SUITE)
AUTOUR DU NOMADISME (FRANÇAIS, HISTOIRE, GEOGRAPHIE)
Le nomadisme n’a pas bonne réputation en Europe, où l’on est extrêmement attaché à la terre nourricière.
Cependant, le continent a toujours été traversé par des voyageurs : colporteurs, travailleurs en quête d’emploi,
saisonniers, pèlerins… Ainsi en France, voyait-on les maçons de la Creuse ou les ramoneurs savoyards prendre la
route pour trouver à s’employer dans les villes. Il existe aussi des communautés nomades non roms, tels que les
Yéniches dans les pays germaniques, les Tinkers, dans îles britanniques et les Fanters en Scandinavie, en plus des
Sami (Lapons). Ailleurs, dans le monde, de grands peuples nomades arrivent à conserver leur mode de vie séculaire,
comme les Peuls du Sahel ou les nomades Mongols.
- Constituer un lexique autour du mot « nomade »
- Ecrire des mots et des images que tu associes au mot « nomade »
- Rechercher des textes documentaires afin de déterminer qui sont les nomades, et quelles sont leurs histoires
- Situer sur un planisphère le déplacement du peuple Rom
• Pour aller plus loin :
Demander à chaque élève de retracer ses origines en matérialisant sur une carte les régions ou les pays d’où viennent
ses parents, ses grands-parents…
Une occasion de s’apercevoir que de nombreux enfants sont eux-mêmes porteurs d’une histoire faite de voyages, de
métissages et d’espoir.
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Gypsy І Dossier pédagogique І 2014-2015 ©JM France
REFERENCES
LIVRES
Deux synthèses parues en format poche :
ASSEO, H. A. Les Tsiganes, une destinée européenne. Ed. Gallimard. Coll. Découvertes (n° 218). 1994.
COUPRY, F. C. Les Gitans. Ed. Milan. Coll. Essentiels (n° 141). 1999.
CD
Zapad, le dernier album de Loulou Djine. Life Live. 2009.
Road of the gypsies. Network. 1997. (double CD)
Cette excellente compilation met en valeur l'intense patrimoine artistique des Roms, de Pedro Bacan au Taraf de
Haidouks, de Bratsch à Bregovic. Une somme remarquable et un travail éditorial irréprochable.
Gipsy Road. La Route des gitans. Label Ethnic. 1998.
SITES
www.jmfrance.org
Venez découvrir les JM France, la présentation des spectacles, les dossiers pédagogiques, des extraits en écoute…
www.louloudjine.net
Le site des artistes
www.louloudjinekids.net
Le site du spectacle (intitulé ici : Les gypsies et les instruments magiques)
www.routard.com/mag_dossiers/id_dm/56/gitans_manouches_et_tsiganes_la_route_du_rom.htm
Un excellent dossier, vivant et bien documenté, sur l’histoire et la culture tsiganes.
www.etudestsiganes.asso.fr
Centre de documentation Études tsiganes
Sur l’éducation interculturelle (voir « Autour du spectacle ») :
WWW.AC-BORDEAUX.FR/IA64/FILEADMIN/FICHIERS/EIFIV/TRAVAILLER_L_INTER_CULTUREL.PDF
WWW.ETHNOCLIC.NET
Direction artistique et pédagogique : Anne Torrent
Coordination : Olivia Godart et Dany Labat
Rédaction : Anne Torrent et Laurent Puig, membre du comité pédagogique des JM France, avec la participation des
artistes.
Conception graphique et réalisation : Camille Cellier • Illustration Anne-Lise Boutin
Tous droits réservés. Toute reproduction totale ou partielle de cette documentation est interdite en dehors de la
préparation aux concerts et spectacles des JM France.
JM France – 20 rue Geoffroy l’Asnier – 75004 Paris – www.jmfrance.org
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Gypsy І Dossier pédagogique І 2014-2015 ©JM France

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