L`ADOLESCENT DE 15 A 20 ans dans l`enseignement

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L`ADOLESCENT DE 15 A 20 ans dans l`enseignement
L’ADOLESCENT DE 15 A 20 ans
dans l’enseignement professionnel
PREFACE
L’adolescent, un être sociable guidé par ses pulsions
L’enfant arrive à la vie grâce à sa mère, sous la forme d’un bébé qui se retrouve sans défense
dans le cocon familial où l’attachement est à la base de l’affection.
Quelques personnes ont une complète domination sur lui : la famille, surtout la mère, et la
maîtresse d’école. C’est ainsi qu’il est protégé et contrôlé.
C’est dans ce micro environnement que l’enfant va construire ses bases psychologiques et
cognitives qui marqueront son inconscient pour la vie.
A la fin de l’enfance, il va connaître des changements biologiques très importants
avec la puberté et son entrée au collège. Le pré adolescent se retrouve ainsi dans un
environnement collectif et multipolaire dans lequel il va disposer de plus de liberté et de
nouvelles possibilités relationnelles.
Adolescent, il devra se montrer plus responsable et prendre plus d’initiatives. Les années
collèges ne durent que 4 ans, pourtant ce sont elles qui vont déterminer les trajectoires
scolaires de l’adolescent.
Plein d’énergie, avec un mouvement permanent, l’adolescent va aller naturellement vers le
plaisir, la magie des objets et les personnes attractives. En quelque sorte, il va se laisser guider
par ses pulsions.
Le rôle de notre civilisation est de lui proposer des finalités, des croyances, des valeurs... pour
lui donner envie de progresser et de participer à la vie collective. C’est le rôle de l’école de
l’aider à acquérir les bases et l’éducation nécessaires pour se réaliser.
Au lycée, l’adolescent est tiraillé entre une société de liberté, de consommation et une
pédagogie du savoir non attractive. Cela risque de faire passer le temps de l’étude au
second plan, alors que l’ambition des jeunes aura été maximisée par les adultes (diplômes
objets).
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SOMMAIRE
Introduction ..........................................................................................................................................................................
5
Objectifs et moyens de l’étude...................................................................................................................................
8
1ère PARTIE
CONNAITRE L’ADOLESCENCE
Avant-propos .........................................................................................................................................................................
11
Chapitre 1
Le processus d’adolescence et ses points clés .................................................................
1. Le processus d’adolescence .................................................................................................
2. Un corps en mutation – La puberté ..................................................................................
3. La vie de famille – L’école des parents .........................................................................
4. Les copains d’abord – Les pairs ........................................................................................
5. La santé – L’hygiène de vie .................................................................................................
6. L’adolescence et les études – La confiance en soi ...................................................
7. L’esprit qui s’ouvre, le développement cognitif et moral ....................................
8. L’adolescent, un passionné...................................................................................................
9. La mise en place de son autonomie .................................................................................
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36
Chapitre 2
Les conduites à risque ...................................................................................................................
39
Chapitre 3
Les adolescents des banlieues ...................................................................................................
48
Chapitre 4
Enquête sur des adolescents favorisés ................................................................................
51
Annexe
Lexique de 50 termes psychologiques .................................................................................
55
Conclusion ...............................................................................................................................................................................
61
2ème PARTIE
ENQUETE SUR LES ADOLESCENTS EN SITUATION SCOLAIRE
Chapitre 1
Une importante différenciation en fonction des filières ..........................................
La théorie de la concentration des jeunes en crise, par l’orientation ...............
66
69
Chapitre 2
Les enquêtes en classe par questionnaires .......................................................................
Méthodologie et objectifs........................................................................................................
Enquête 1 sur le processus d’adolescence ...................................................................
Enquête 2 sur la psychosociologie des jeunes ...........................................................
Résultat des enquêtes et comparatifs
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3ème PARTIE
12 SUJETS D’ACTUALITE QUI CONCERNENT L’ADOLESCENT EN MILIEU SCOLAIRE
Sujets choisis et traités avec des professionnels de l’éducation
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10.
11.
12.
La famille et ses rapports à la scolarité ...........................................................................................................
La motivation pour les études ..............................................................................................................................
Le socle commun de connaissances et de compétences ........................................................................
L’Espace Santé Jeunes.............................................................................................................................................
Le rôle des Conseillers Principaux d’Education (CPE) .........................................................................
L’adolescent vu par les médecins scolaires ..................................................................................................
L’adolescent et son argent .....................................................................................................................................
L’adolescent et ses rapports à la consommation ........................................................................................
Le système des valeurs et les adolescents .....................................................................................................
Les nouveaux médias et les jeunes....................................................................................................................
Ce qu’il faut changer pour offrir plus de choix aux adolescents .......................................................
Les nouveaux métiers de la pré-formation professionnelle .................................................................
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125
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4ème PARTIE
PROPOSITIONS POUR AMELIORER L’INTEGRATION DES ADOLESCENTS
EN MILIEU SCOLAIRE
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Le chef d’établissement garant de l’intégration des adolescents ..............................
Accueil renforcé et formation spécifique des entrants....................................................
Mise en place d’un dispositif d’assistance des adolescents .........................................
157
160
161
CONCLUSION GENERALE.....................................................................................................................................
162
Les réponses pour aujourd’hui et celles de demain.............................................................................................
165
ANNEXE – Les participants à l’étude .......................................................................................................................
167
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INTRODUCTION
Pourquoi s’intéresser à l’adolescence ?
Cette étude n’est ni un guide sur l’adolescence, ni un ouvrage de sociologie scolaire. Notre
but est de vous aider à mieux connaître l’adolescence, avant de vous accompagner dans le
système scolaire existant, en particulier au niveau des différentes filières, avec l’introduction
de sujets d’actualité.
Nous vous proposons ci-dessous quelques définitions de termes souvent utilisés dans notre
étude :
Adolescence :
L’adolescence est une phase de transition de la vie humaine entre l’enfance et l’âge adulte. La
puberté, avec sa poussée hormonale importante, provoque une déstabilisation de l’équilibre de
l’enfant avec des conséquences sur l’ensemble de la personnalité. L’adolescence, c’est aussi
la période où de nombreuses bases essentielles vont se construire.
Dans notre société, l’adolescence est une période longue où l’acquisition de l’autonomie est
tardive : scolarité prolongée et chômage des jeunes qui interfèrent, un signe qui marque une
crise historique.
Enfant :
Au sens étymologique, le terme d’enfant désigne l’être humain qui n’a pas encore acquis
l’usage de la parole. Dans son sens actuel, il désigne une étape entre la naissance et la puberté.
On distingue la première enfance (jusqu’à 3 ans), la deuxième (de 3 à 7 ans) et la troisième
enfance (7 à 12 ans), cette dernière débouchant sur l’adolescence.
La psychologie de l’enfant influence considérablement la pédagogie des maîtres actuels.
Jeune :
Peu avancé dans l’âge, doué d’une force vitale, un peu naïf.
Elèves :
Garçon ou fille qui reçoit un enseignement dans un établissement scolaire. Le mauvais élève
est un cancre.
Méthodes pédagogiques :
Dans les années 80, en France, les méthodes pédagogiques dans le primaire ont réalisé des
progrès importants en s’ouvrant à l’apport des psychologues de l’enfant. Il n’en est pas de
même aujourd’hui au collège dans les rapports entre les psychologues de l’adolescent et les
pédagogues. C’est pourtant une piste à suivre pour amener du professionnalisme dans
l’éducation des jeunes au collège.
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Comparaison entre la notion d’élève et celle d’adolescent
Le mot élève est universellement consacré à la désignation de l’unité de base qui compose le
système éducatif.
C’est un mot qui a été utilisé par les uns et les autres pour répondre à leurs besoins : l’élève
(ou l’apprenant) c’est celui qui reçoit un enseignement, l’élève et son pédagogue, le niveau
cognitif de l’élève, les élèves d’aujourd’hui et ceux de demain, combien coûte la formation
d’un élève, quelles sont les règles qui doivent être respectées par les élèves, les élèves
difficiles, l’association de parents d’élèves, on est élève de la maternelle à la période
étudiante... élève est un mot pratique, sans doute le plus utilisé dans les milieux de
l’enseignement.
Mot universel, élève désigne la totalité des individus en situation scolaire et si l’on désire
étudier une partie de la jeunesse à l’étude, il faudra choisir un champ plus limité avec des
mots qui ont plus de sens : l’enfant, l’adolescent, l’étudiant qui correspondent à des périodes
sensibles de l’éducation.
L’adolescent nous rappelle que l’élève répond aussi aux lois de la vie
L’adolescence, qui repose sur des bases biologiques, psychologiques et sociales, a sa propre
évolution, avec deux objectifs principaux : se construire une personnalité et s’en sortir le
mieux possible pour réussir l’âge adulte. Les changements se font par étapes, par une
succession d’états variables, individuellement ou en fonction de la famille, des pairs et de
l’école.
L’adolescence s’éveille au collège, avec la puberté, et elle s’atténue avec le premier emploi ou
avec les études supérieures. Dans notre étude, nous aborderons la seconde partie de
l’adolescence, de 15 à 20 ans, qui correspond à la période lycée (GT, LP) et CFA.
Si la question centrale de cette étude cherche à examiner les rapports actuels entre
adolescence et enseignement professionnel, nous nous livrerons aussi à des observations plus
ouvertes sur le collège et le lycée GT pour effectuer des comparaisons.
Dans cette étude, nous suivrons le « canal médian » de cette population de jeunes adolescents
qui représente 70 % de chaque classe d’âge, avec des potentiels intellectuels comparables
(QI de 85 à 115).
Il nous a été difficile de comprendre pourquoi une part importante de ces adolescents de
niveau moyen pouvaient être orientés à la fin du collège dans des catégories définitives qui,
par ailleurs, ne tiennent pas compte de l’évolution du marché du travail.
Nous aborderons l’adolescence en milieu scolaire dans un cadre large afin de disposer
d’éléments comparatifs.
La première partie de l’étude est une base essentielle pour la connaissance de l’adolescence.
Les informations proviendront de la psychanalyse, mais aussi de praticiens de l’adolescence et
de médecins écrivains.
A l’opposé des adolescents déviants ou des jeunes issus des banlieues, vous pourrez consulter
une enquête effectuée avec des jeunes de milieux favorisés.
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Bien entendu, la question posée dans cette partie s’adresse à l’adolescence normale (ou
moyenne) et se tourne vers l’influence de la crise d’adolescence et du milieu scolaire
La deuxième partie est sous le signe de la « différenciation » des adolescents au collège, au
lycée GT, au lycée PRO et en CFA. Pour mesurer les points communs et les différences entre
ces établissements, nous utiliserons des questionnaires en classes :
QCM 2
QCM 5
Le processus d’adolescence
Les aspects psychosociaux
Où se trouvent les différences réelles ? Entre les filières, entre les niveaux, ou entre les
différents établissements ?
Dans la troisième partie, douze sujets d’actualités qui concernent l’adolescence en milieu
scolaire ont été choisis avec les professionnels de l’Education qui nous ont aidés dans notre
étude.
En partant de la famille, de la motivation des jeunes, du socle commun de connaissances et de
compétences, de l’Espace Santé Jeunes... nous aborderons des sujets de société : l’adolescent
et son argent, la consommation, les nouveaux médias... pour terminer par une réflexion
prospective sur l’augmentation des possibilités de choix des adolescents de niveau moyen.
La quatrième partie est une proposition pour améliorer l’intégration (par l’assistance) des
adolescents en milieu scolaire. Etant donné l’évolution rapide de cette population, les chefs
d’établissements demandent des conseils pour maîtriser les adolescents en difficulté.
Les notions propres à cette étude
Famille
Sur qui s’appuie l’adolescent ?
ADO
Ecole
Pairs
Télévision, multimédias
Société, autonomie
Dans la majorité des cas, la famille assure son rôle de pivot principal. Mais l’un des pôles,
celui qui est ouvert, a une influence ambiguë sur le jeune face aux mouvements permanents.
La communauté scolaire, qui dispose de moyens organisés et de professionnalisme, a la
charge d’aider les jeunes.
L’adolescent a droit à une nouvelle chance : dès la 6ème/5ème, les adolescents sont soumis
aux changements biologiques de la puberté, alors que les études au collège durent 4 ans. Si le
jeune rencontre une pour plusieurs crises graves durant cette période, est-ce que l’école
propose des solutions pour préserver les chances de ce jeune en mutation ?
Une éducation plus individuelle, plus souple, qui tienne compte des difficultés rencontrées,
du maintien de la motivation, de la mise en place d’une citoyenneté positive.
Dans la conclusion générale de l’étude, nous reprendrons les points principaux avant de faire
des propositions.
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OBJECTIFS ET MOYENS DE L’ETUDE
L’objectif premier de cette étude est d’apporter une nouvelle perspective sur les jeunes de
l’enseignement professionnel, dont l’âge se situe entre 15 et 20 ans.
A la suite des changements liés à la « crise d’adolescence au collège » et des difficultés
rencontrées par certains jeunes, une part importante de la jeunesse est orientée par défaut dans
les filières professionnelles. Quelles différences peut-on faire entre les élèves les plus faibles
de lycées GT et les meilleurs des lycées professionnels et des CFA ? La question sera posée
en introduisant des éléments de psychologie scientifique.
Ajoutons à cela que l’observation des adolescents au collège, qui n’est pas toujours un
établissement stabilisé, amène rapidement à se poser la question de l’orientation à la fin du 1er
cycle, si radicale en France.
OBJECTIFS DE L’ETUDE
−
Apporter plus de connaissances sur l’adolescence (15 – 20 ans).
−
Bien montrer les différences existant entre les différentes filières (collège, LGT, LP,
CFA).
−
A partir d’enquêtes réalisées auprès des élèves, faire des commentaires et des
différenciations sur le vécu des adolescents en milieu scolaire.
−
Sous forme de fiches variables (12), approfondir les points qui caractérisent l’adolescent
en milieu scolaire.
−
Proposer un dispositif pour améliorer l’intégration (et l’assistance) des adolescents. Sur ce
point, les proviseurs sont de plus en plus concernés par les problèmes créés par les
adolescents.
−
A la suite d’une conclusion-résumé, nous ferons des propositions pour aujourd’hui et pour
demain.
L’ORIGINE DES INFORMATIONS
Des méthodes mixtes vont être mises en place : documentations, entretiens avec les
professionnels de l’éducation, enquêtes auprès des élèves et collaboration avec des
enseignants et des spécialistes.
1. Etude documentaire
Nous avons, au début de l’étude, consulté une importante documentation :
−
−
−
−
Livres, études spécialisées, articles de presse
Internet, nombreuses études et documentations
Bibliothèques spécialisées : INETOP, IUFM…
Sites spécialisés
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2. Entretiens avec des professionnels de l’éducation (environ 50) qui nous ont
aidés dans la réalisation des enquêtes
− Chefs d’établissements, dirigeants, proviseurs adjoints
− Chargés d’éducation : CPE, responsables pédagogiques, assistants
− Enseignants dans de nombreuses disciplines
− Conseillers COP, auteurs, formateurs en pédagogie…
− Services sociaux, infirmières et médecins scolaires
3. Mise en place d’enquêtes par QCM (en auto-passation)
− Questionnaire 2 : Le processus d’adolescence
1000 QCM
− Questionnaire 5 :
1000 QCM
Les aspects psychosociaux
La mise en place des questionnaires de mai à octobre va concerner 60 classes dans une
dizaine d’établissements.
La combinaison entretiens et enquêtes devrait favoriser la collaboration avec les
enseignants.
4. Choix de fiches variables (3 à 5 pages)
En choisissant avec les enseignants les sujets d’actualité qui les intéressent, puis en les
développant en partenariat, nous sommes assurés de réunir des informations actuelles.
5. Propositions et applications en partenariat avec certains établissements
scolaires
Echanges avec des établissements qui vont servir de support et de retour pour les
informations qui les intéressent.
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1ère PARTIE
CONNAITRE L’ADOLESCENCE
Le processus d’adolescence
Les conduites à risque
Les adolescents des banlieues
Lexique de 50 termes psychologiques
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AVANT-PROPOS
Une importante littérature qui s’adresse aux parents qui lisent
Des dizaines d’ouvrages dissèquent les conduites des adolescents et nous expliquent combien ils
sont fragiles à cet âge propice aux problèmes. Parmi les questions que se posent les adultes, c’est
la réussite scolaire et professionnelle qui les intéresse le plus, ainsi que le règlement des
difficultés passagères.
Quels types de parents lisent les ouvrages sur l’adolescence ?
La recherche de connaissances sur l’adolescence dans une perspective générale passe par la
compilation des nombreux ouvrages destinés aux parents d’élèves. Les médecins-écrivains les
plus connus : Marcel Ruffo, Alain Braconnier, Philippe Jeammet, Patrice Huerre, Stéphane
Clerget... s’adressent à la mère de l’adolescent pour l’aider à comprendre la crise
d’adolescence ou pour répondre aux problèmes qui se manifestent. Les auteurs parlent peu
des rapports entre les adolescents et le système scolaire, sinon qu’ils appellent les familles à la
prudence.
Les familles qui lisent ce type d’ouvrages appartiennent à des catégories socioprofessionnelles
favorisées ayant des enfants en âge scolaire :
−
−
au collège
ou au lycée (LGT)
adolescents de 11 à 15 ans (puberté)
adolescents de 15 à 19 ans
Qu’en est-il du lectorat en France pour ce type de livres éducatifs ?
Repères sur les catégories socioprofessionnelles (CSP)
Favorisés
Moyenne
Défavorisés
Hors lectorat
Collège
34.4 %
28.5 %
37.2 %
51.7 %
Lycée LGT
45.6 %
29.2 %
25.2 %
40.0 %
Lectorat
Catégories qui achètent peu de livres
L’orientation des adolescents vers l’enseignement professionnel :
On peut constater que les parents qui lisent des ouvrages sur l’adolescence sont les mêmes
que ceux qui vont éviter d’orienter leurs enfants vers l’enseignement professionnel.
Au sein de l’Ile de France, les différences sont considérables selon la géographie. C’est en fin
de 3ème que se fait « l’écrémage » pour l’entrée au lycée GT (LGT : 58 %, EP : 42 %).
Collège situé à
Orientation LGT
Orientation LP et CFA
92
Neuilly-sur-Seine
90 %
10 %
75017
Paris – Proche banlieue
70 %
30 %
93
Aulnay-sous-Bois, en ZEP
50 %
50 %
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1ère partie
Chapitre 1
LE PROCESSUS D’ADOLESCENCE
CONNAITRE L’ADOLESCENCE DANS SON APPROCHE GENERALE
Dans cette partie, nous allons parler des adolescents « bien portants », c’est-à-dire de
l’adolescence ordinaire, soit 70 % des jeunes. Nous les rencontrons principalement au collège
et dans le lycée GT.
L’adolescence qu’est ce que c’est ?
Le mot adolescence vient du latin adolescere qui signifie grandir.
L’adolescence est une phase de transition de la vie humaine entre l’enfance et l’âge adulte. La
puberté, avec sa poussée hormonale importante, provoque une déstabilisation de l’équilibre de
l’enfant avec des conséquences sur l’ensemble de la personnalité. Cette phase est marquée par
des changements physiques (puberté, sexualité, croissance), affectifs (transformations de la
vie relationnelle), intellectuels (compréhension de la vie et de sa vie, raisonnement) et
psychiques (recherche identitaire, acquisition progressive de l’autonomie).
Dans l’espèce humaine, la reproduction est possible avant la fin de la croissance, ce qui induit
une forte consommation d’énergie, et souvent une grande sensation de fatigue à cet âge.
Dans notre société, l’adolescence est une période longue où l’acquisition de l’autonomie est
tardive : scolarité prolongée et difficultés à s’intégrer à la vie active.
« Processus » ou « crise d’adolescence »
Les spécialistes de l’adolescence, face aux changements (ou aux bouleversements) constatés
pendant cette période, vont utiliser différentes variantes du vocabulaire.
Alors que « processus » renvoie à des enchaînements d’opérations bien organisés, « crise »
désigne des déséquilibres ponctuels ou localisés. L’adolescence est une crise, car c’est une
rupture avec l’état d’enfance antérieur. Les psychanalystes, eux, parlent de crise
d’adolescence au regard des ruptures apportées par la puberté, le développement des pulsions
liées à la sexualité, ainsi que la réactivation du complexe d’Œdipe avant la séparation.
Dans le cadre de notre étude, nous avons remarqué que nos interlocuteurs avaient une
préférence pour le concept « de processus d’adolescence », d’un contenu moins négatif, moins
technique que la crise d’adolescence qui fait penser à une succession de difficultés à régler.
Au cours de l’étude, l’emploi du terme crise d’adolescence ou adolescents en tension sera
réservé à des situations créant des problèmes ou des incidents aux personnes extérieures.
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1 - LE PROCESSUS D’ADOLESCENCE
Schéma des transformations
Causes
biologiques
Transformations
psychologiques
Dès 11 ans
Durées variables
LA SOCIETE
Développement
sexuel
Agressivité
Changements d’humeur
Image de soi
Protection de l’intimité
La recherche
d’identité
Vêtements, le corps
Libido
NOUVELLE
LA PUBERTE
ORGANISATION
Le corps
en premier
PSYCHIQUE
Changement
avec les parents
(la mère)
Avec mouvement
de séparation
Nouvelles
relations sociales
Montées
pulsionnelles
Sorties, Divertissement
LA SOCIETE
Préparation de
l’autonomie
La psychanalyse a fait de l’adolescence (et de son environnement social) un sujet d’étude
qu’elle a su problématiser avec succès.
Les transformations psychologiques, à la suite de la puberté, peuvent se manifester de manière
inattendue : pas d’évolution linéaire, mais une succession d’états variables.
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LES POINTS CLES DU PROCESSUS D’ADOLESCENCE
LES PULSIONS ET LES CONFLITS
A l’adolescence, la vie psycho-affective de l’enfant de 6 à 11 ans va rompre les équilibres
établis. A ce nouveau stade, les pulsions vont profiter de la désorganisation physique et
psychique pour se libérer.
Dans le langage freudien, la pulsion est active. A l’origine, elle prend racine dans une région
du corps chargée d’excitation. Son sujet est la satisfaction, c’est-à-dire l’apaisement de la
tension créée par l’excitation. Les pulsions se situent à la limite du somatique et du psychique.
La plus célèbre des pulsions est la libido.
A l’adolescence, les pulsions sexuelles et agressives vont connaître un accroissement
considérable.
La société, en recherchant une meilleure maîtrise des comportements des jeunes va tenter de
leur imposer d’importantes restrictions pulsionnelles, en renforçant les mécanismes de
sublimation, pour affermir le « moi » du jeune dans des orientations approuvées.
Ainsi naissent les conflits avec son entourage, à la recherche de la satisfaction de ses désirs
sexuels et agressifs, à un moment où la société incite à plus de tolérance, alors que la famille
et l’école cherchent à canaliser cette énergie pulsionnelle.
LA PERTURBATION DU COMPORTEMENT PSYCHOLOGIQUE
La construction de la nouvelle personnalité de l’adolescent, en partant des changements
physiques à la puberté et de la montée des pulsions, va s’accompagner d’une perturbation du
caractère :
−
il est paradoxal, il ne sait pas ce qu’il veut
−
il est plus agressif, plus réactif avec des disputes et des changements d’humeur
−
il est plus souvent opposant, cherche à mettre fin à l’obéissance, car il a besoin de se situer
−
cependant, il cherche le dialogue pour exercer son raisonnement
−
l’importance qu’il accorde à l’image de soi est positive, mais elle peut le conduire au
narcissisme
−
importance de l’estime de soi et de la bonne volonté
−
ses sentiments, ses émotions sont facilement exagérés
−
l’adolescent protège son intimité, car il désire faire un maximum de choses à l’insu de ses
parents
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LES CHANGEMENTS AVEC LA FAMILLE
Les relations avec les parents se modifient et un mouvement de séparation s’amorce.
Le poids des facteurs socio-économiques va peser sur l’évolution de la famille au moment
de l’adolescence des enfants, qui est une période qui tend à se rallonger (durée de 6 à 10 ans).
Beaucoup de couples connaissent la « crise de milieu de vie » aux environs de 40 ans. Cette
problématique parentale peut s’ajouter à celle de l’adolescence. Les parents s’interrogent sur
le sens de leur vie, par une remise en question de leurs parcours, par des désirs de
changements et de fuite, par des sentiments dépressifs. Malgré le réveil du « complexe
d’Œdipe », les mères vont devoir remodeler la nouvelle personnalité de leurs enfants alors que
l’adolescent s’engage sur un mouvement de séparation (individuation).
L’existence d’une situation matrimoniale régulière du couple est certes favorable, mais le
climat familial et surtout la qualité du contact avec les parents sont des facteurs significatifs
au niveau des résultats éducatifs.
L’existence d’une relation hostile semble à tout prendre préférable à une indifférence du père
qui laisse l’adolescent face à lui-même et à un manque de contenu.
L’absence totale du père constitue toujours un facteur de risque.
LES NOUVELLES RELATIONS SOCIALES
L’adolescent est très attiré par les sorties et les divertissements. C’est un moyen de découvrir
les bienfaits de la relation et de vivre des relations fortes.
Si l’absence totale de relations peut apparaître comme l’indice d’un malaise important, au
plan des facteurs de risque, c’est au contraire l’intensité des relations avec les pairs qui est
l’élément de développement le plus fort.
Chez l’adolescent, l’apparition de troubles et de nombreuses conduites pathologiques (en
particulier de troubles du comportement) est liée à la « qualité » des relations avec leurs pairs.
La recherche d’excès (sorties très fréquentes, très tardives, avoir beaucoup de « copains », être
toujours dehors...) est pour les psychologues un indice révélateur de multiples conduites
pathologiques.
L’individuation (individualisation / séparation) conduit l’adolescent à construire son
sentiment d’identité.
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LA RECHERCHE DE SON IDENTITE – L’IDENTIFICATION
Au moment de l’adolescence, les choses changent face au bouleversement pubertaire et à la
nécessité de prise d’autonomie vis-à-vis des parents. L’adolescent doit reconstruire son
identité et l’individualiser. En opposition avec ses parents, l’adolescent se positionne comme
différent, unique, ayant sa propre valeur.
La recherche d’identité est essentielle, mais la plupart des adolescents vont remplacer cet
objectif par des transformations secondaires ou d’apparence :
−
ce sera le cas pour les vêtements et pour tout ce qui touche à l’image du corps. Les
adolescents choisissent avec la télévision des idoles, des stars... pour disposer ainsi d’une
identité virtuelle. Ajoutons à cela le rôle des nouveaux multimédias pour la convivialité
qui, souvent, est source de mimétisme.
LA PREPARATION DE L’AUTONOMIE
Le projet de quitter la maison, de quitter son école... n’est encore qu’un souhait dont il parle
de plus en plus, mais on a le sentiment que c’est à l’occasion de « faux départs » qu’il va
travailler à construire son autonomie. En 2006, la recherche d’autonomie par les jeunes est
souvent reportée après l’âge de 20 ans.
LES TROUBLES DE L’ADOLESCENCE
Dans cette étude, nous aborderons les conduites à risque ainsi que les principales déviances de
l’adolescence. L’association drogue / suicide est une des principales peurs des parents.
LE PROCESSUS D’ADOLESCENCE
Les composantes essentielles
PUBERTE
MODIFICATION
DU CARACTERE
NOUVELLES
RELATIONS
SOCIALES
PULSIONS
PAIRS
SOCIETE
COMPORTEMENTS
A RISQUE
LA FAMILLE
LES
CHANGEMENTS
PREPARATION
DE L’AUTONOMIE
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RECHERCHE
D’IDENTITE
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2 - UN CORPS EN MUTATION – LA PUBERTE
L’adolescence est une phase de mutation pendant laquelle l’enfant devient adulte. Le corps se
transforme, la croissance s’accélère, les poils apparaissent, la voix change, autant de signes
qui indiquent que l’enfant entre dans l’adolescence.
LA PUBERTE
C’est le point de départ de l’adolescence, période de transformations hormonales,
anatomiques et psychologiques :
•
Le corps de l’enfant se transforme sur plusieurs années en un corps d’adulte capable de se
reproduire.
•
Les organes génitaux et les caractères sexuels secondaires se développent : premiers
boutons d’acné, poils de barbe ou seins qui pointent.
•
Les transformations psychologiques se mettent en place pour intégrer les changements
corporels.
Récapitulatif des phénomènes de la puberté
Période de la
puberté
Hormones
principales
Organes
génitaux
Caractères sexuels
secondaires
Fille
Entre
10 et 15 ans
Œstrogène
Progestérone
Androgène
GH
Vulve
Vagin
Utérus
Menstruations
Poitrine
Pilosité
Taille
Voix
Garçon
Entre
11 et 15 ans
Testostérone
Androgène
GH
Pénis
Scrotum
Testicules
Pilosité
Taille
Voix plus grave
La croissance
Les transformations du corps à l’adolescence se font sur une période minimum de deux ans.
Cette croissance est essentiellement liée au développement osseux qui, pour un même âge
chronologique, peut être différent d’un adolescent à un autre.
Des données génétiques s’y ajoutent et induisent, pour une grande part, la taille définitive. Le
rythme et le degré des autres transformations morphologiques et physiques sont eux aussi liés
au patrimoine génétique et varient d’un individu à l’autre.
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LA VIE AMOUREUSE ET SEXUELLE
A l’adolescence, sous l’influence d’apports hormonaux nouveaux, les jeunes vont s’intéresser
à l’autre sexe et être confrontés à l’émergence de sensations, de sentiments, de désirs
nouveaux... Les relations parents-enfants vont laisser place progressivement à des relations
d’adulte à jeune adulte.
L’amour n’est pas le sexe
Il est d’autant plus difficile de parler d’amour et de sexualité à propos des adolescents que la
société et l’évolution des mœurs jouent un rôle considérable. On parle plus facilement de la
masturbation chez l’adolescent que de ses états amoureux.
Les besoins affectifs, l’imaginaire, la rêverie... vont le conduire à l’amour aux différents
visages.
Que signifie être amoureux ?
Avoir des sentiments forts envers l’autre, vivre ensemble des choses extraordinaires, faire
simplement des choses en accord, se sentir heureux.
Il y a aussi le véritable amour qui dure longtemps et qui fait souffrir lorsqu’il se termine.
Le flirt, le premier baiser
Le premier baiser se situe aux alentours de 13-14 ans.
La
−
−
−
première relation sexuelle (estimations 1998)
15-16 ans, les premières caresses
Le premier acte sexuel 17 ans et 3 mois pour les filles, 17 ans et 6 mois pour les garçons
Entre 15 et 18 ans, la moitié des adolescents ont « fait l’amour »
Qu’est ce qui les pousse à franchir le pas de l’acte sexuel ?
Pour les filles :
− une bonne moitié par amour
− les autres pour ne pas être quittées
− par désir sexuel
− parce qu’il faut le faire un jour
− par transgression et provocation vis-à-vis des parents
Pour les garçons :
− une bonne moitié par désir charnel
− une autre, par curiosité, pour bluffer les copains et pour s’assurer de leur virilité
La contraception
A partir des années 1980, l’augmentation du taux de MST dans la population adolescente,
avec leurs risques de séquelles sur la reproduction (stérilité tubaire, grossesse extra-utérine...)
et les différentes formes d’infection ont conduit à renforcer l’information et le dépistage chez
les adolescents. En 1983, l’épidémie de sida a incité à promouvoir la prévention dans ce
domaine.
Aujourd’hui, il importe d’évaluer les risques liés à la vie sexuelle des adolescents dans leur
globalité.
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3 - LA VIE DE FAMILLE
L’adolescence est une période révélatrice de la nature et de la qualité de l’autorité parentale,
bien qu’actuellement mise à mal par la précocité de la puberté, la croissance des adolescents
et la libération des mœurs au niveau de la société.
Les études récentes montrent que 5 adolescents sur 6 se disent satisfaits ou très satisfaits de
leurs parents. Ceci confirme l’existence de 20 % d’adolescents qui seraient à problèmes et
concernés par de nombreuses « incivilités » ainsi que par les baisses scolaires qui conduisent
souvent à l’orientation dans l’enseignement professionnel.
−
Les adolescents mineurs sont domiciliés chez leurs parents
−
Les adolescents majeurs de 18 à 20 ans et plus vivent en majorité chez leurs parents.
Cette situation tient aux réalités économiques, à l’entrée tardive dans la vie
professionnelle et/ou maritale, à une vision incertaine de l’avenir. La famille paraît donc
indispensable pour l’adolescent de cette tranche d’âge, même s’il rêve le plus souvent
d’avoir son autonomie.
VIVRE ENSEMBLE
Rien ne vaut la famille : les adolescents la considèrent comme l’institution la plus solide, un
véritable refuge contre la société dans laquelle ils ont quelques difficultés à s’intégrer.
Les parents, par contre, ont du mal à accepter le mode de vie de leurs enfants : « ... dort le
jour, vit la nuit, passe une partie de sa vie au téléphone ou en squattant la télé, apporte son
linge sale, ne fait pas le ménage et préfère se servir dans le frigo que de participer aux repas. »
La mère a l’impression d’être devenue la domestique de son enfant, mais elle a le courage de
négocier (ou de faire un contrat) pour éviter le déclenchement d’une crise familiale. Au
quotidien, il faut imposer quelques règles simples, plutôt que de le harceler de reproches.
ADOLESCENTS EN CONFLIT AVEC SA FAMILLE
Il n’y pas de différences fondamentales sur ce sujet entre les adolescents les plus jeunes et les
plus âgés.
Les relations entre parents, frères et sœurs
Elles se modifient sensiblement d’une famille à l’autre et les interactions sont nombreuses. Un
mauvais fonctionnement de la famille peut être à l’origine de problèmes, à l’inverse, de
bonnes relations avec des connivences affectives peuvent faciliter le vivre ensemble.
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Les principaux sujets de conflits
La télévision, le téléphone, les sorties, les invitations, les permissions, l’argent... les parents
doivent se rappeler que les jeunes au collège et au lycée sont mineurs et qu’il est préférable,
lors de leurs sorties, de les accompagner et de les ramener.
Les autres points de conflit : les vêtements, la chambre, la propreté, la participation au
fonctionnement de la maison, la musique, les fréquentations...
Par la suite, d’autres sujets vont perturber les relations de la famille : la sexualité, l’amour, les
questions politiques et sociales, les conduites alimentaires, les problèmes de caractère, les
difficultés scolaires.
Il faut ajouter les conduites addictives : tabac, alcool, cannabis, drogues... qui risquent
d’entraîner les jeunes vers la toxicomanie avec des besoins d’argent élevés et la dépression au
rendez-vous.
LES FAMILLES ECLATEES
Elles représentent 20 à 30 % des cellules familiales concernées par l’adolescence.
Divorce, monoparentalité, décès d’un parent, recomposition familiale... c’est un sujet
d’actualité en France, nous en reparlerons dans la 3ème partie de l’étude (Fiche variable n° 1).
L’ECOLE DES PARENTS
Les parents ont besoin de se comparer à des référents extérieurs afin :
−
d’améliorer leurs pratiques éducatives,
−
de s’en sortir à l’occasion de conflits installés,
−
de lutter contre l’échec scolaire qui va de pair avec la crise d’adolescence chez la plupart
des jeunes.
L’école des parents pourrait apporter une aide aux familles éclatées qui en feraient la
demande.
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4 - LES COPAINS D’ABORD – LES PAIRS
C’est grâce aux autres que l’on devient soi-même et qu’on apprend à se connaître. En effet,
« l’autre » joue le rôle de miroir. Dans ce cadre, l’amitié et les échanges riches d’affection et
de complicité ont beaucoup d’importance pour l’adolescent qui souhaite avant tout tenir une
place, en particulier une place sociale.
Les copains* sont ceux qui partagent avec le jeune ses humeurs et ses histoires ; ils peuvent
devenir de proches confidents. L’adolescent apprend les bienfaits de la relation mais aussi
certaines déceptions liées à l’abandon des valeurs essentielles, telles la fidélité, la confiance,
le respect de la différence.
L’adolescent rencontre l’autre et se rencontre lui-même. Cette découverte, c’est aussi celle du
sexe opposé, surtout au lycée.
La plupart des adolescents sont influençables. Ceux qui exercent avant tout cette influence
décisive, ce sont les amis ou le groupe. Ces changements vers l’extérieur risquent de
compromettre la relation parent/enfant.
C’est hors de la famille que l’adolescent a besoin de vivre ses relations fortes, il est donc
primordial qu’il choisisse des amis qui correspondent à des motivations importantes pour lui.
FAUT-IL AVOIR PEUR DES BANDES D’ADOLESCENTS ?
Le phénomène de la bande et son influence sur leur enfant inquiètent les parents. De tous
temps, la bande a eu une mauvaise réputation parce qu’elle forme un club fermé avec ses rites
et ses lois cachés. Ce fonctionnement symbolise la prise d’indépendance.
Il y a toujours au sein de la bande quelques personnalités qui inquiètent et qui peuvent mettre
sous influence les individus les plus faibles. Les comportements les plus éloignés de nos
valeurs : vie familiale inexistante, fugues, tenues vestimentaires extravagantes, langage
grossier, langage des banlieues, attitudes provocatrices, etc... sont considérés par les familles
comme le mauvais exemple à éviter.
A noter aussi que certains adolescents au sein d’une bande se révèlent très différents de ce
qu’ils sont à la maison et à l’école.
Quand l’adolescent est influençable, il est conseillé d’éviter les groupes à risque.
* les copains ou les pairs
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LE DROLE DE LANGAGE DES ADOLESCENTS
Ils parlent tous un drôle de langage dont le phrasé semble être sorti d’un air de rap.
« Les meufs », « trop », « grave », « c’est trop bien ». La méta connaissance de cet « inter
langage » échappe le plus souvent à ceux qui le pratiquent.
Le rôle central de la culture cosmopolite des banlieues se retrouve chez chacun. Le temps des
mots d’argot est nettement dépassé. Ce nouveau champ linguistique est connu de la totalité
des adolescents français.
Des conversations interminables
Les adolescents adorent bavarder et les téléphones portables leur donnent un moyen illimité
pour le faire. Seul le coût des communications peut ramener les jeunes à la réalité.
LEUR MANIERE DE SE VETIR
Depuis quelques années, l’adolescent choisit les vêtements qu’il porte. Sur ce choix, le droit
de regard des adultes est fini et pour toujours.
Pourquoi s’habillent-ils tous pareillement ?
Le vêtement permet de marquer son appartenance à un groupe d’âge, de manière spectaculaire
quelquefois. Les jeunes cherchent à s’intégrer plus qu’à se différencier. Les membres de
bandes ou de groupes affichent leur ressemblance en matière vestimentaire, musicale,
d’opinions sur la société...
Le vêtement est une sorte de carte de visite, un signe de reconnaissance.
Tatouage et percing
Le tatouage, comme le percing, a une triple fonction : s’approprier son corps en le
différenciant et en masquant des parties que l’on considère comme moins esthétiques, lui
donner une identité originale et satisfaire un besoin d’appartenance à un groupe.
Ce sont les excès : nombre et taille des tatouages, tatouages permanents, nombre des percing
qui doivent alerter les éducateurs.
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5 - LA SANTE – L’HYGIENE DE VIE
Quand on leur parle de santé, tous les adolescents évoquent pêle-mêle : le suicide, la drogue,
l’alcool, le tabac, la délinquance, le divorce des parents, le cancer, la mort, la pollution... mais
aussi les problèmes de croissance, de sommeil, de musique et de violence...
LA PLACE DE LA SANTE CHEZ L’ADOLESCENT
Elle est élevée, elle a autant d’importance que la réussite scolaire.
La majorité des jeunes se déclarent en bonne santé (88 %) mais 43,2 % ont eu un accident
durant l’année, 72 % ont des problèmes dentaires et 38 % ont des problèmes de vue.
La moitié des 11-19 ans présentent des symptômes : fatigue, problèmes de sommeil,
dorsalgies, céphalées, gastralgies, nausées, symptômes de nature psychosomatique... Il faut
admettre qu’à cet âge l’angoisse est sous-jacente, que 20 % des jeunes présentent des signes
dépressifs et qu’environ 7 % manifestent un syndrome dépressif.
LES PROBLEMES BIEN ADOLESCENTS
−
−
−
−
−
L’acné, 80 % en souffrent, surtout les garçons
Les problèmes liés à la croissance
Les troubles des règles et les infections génitales
Le problème du sida et sa prévention
Les troubles du sommeil
CE QU’ILS MANGENT
La prise des repas en famille est un rituel qui se perd.
Entre fast-food et grignotage, l’équilibre alimentaire est laissé de côté. L’adolescent reste très
attaché aux aliments dominés par le sucre. Il est capable de dévorer comme un ogre un jour et
d’oublier le lendemain de manger, ayant plus important à faire. Certains adolescents souffrent
de troubles alimentaires, boulimie ou, plus grave, l’anorexie.
Il devient nécessaire de surveiller ce qu’ils mangent pour leur assurer un bon équilibre
alimentaire et rendre la prise des repas plus détendue.
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L’HYGIENE DE VIE, LES TENDANCES ACTUELLES
Les garçons passent de plus en plus rarement sous la douche. Le brossage des dents, le rasage,
le changement de vêtements sont de moins en moins fréquents. Ils ont une « mauvaise
haleine », des odeurs corporelles et des cheveux gras avec pellicules.
Même si les conseils d’hygiène sont peu suivis par les adolescents, il faut leur apprendre que
cela peut leur éviter des problèmes au niveau de la santé, à commencer par l’acné.
L’hygiène de vie prépare le jeune à prendre soin de sa santé.
Voir 3ème partie de l’étude :
fiche variable n° 4 « L’espace Santé Jeunes »
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6 - L’ADOLESCENT ET LES ETUDES – LA CONFIANCE EN SOI
Le modèle unique et la motivation
La majorité des élèves va être orientée vers le lycée GT dès la fin du collège. Ceux qui
réussissent moins bien devront faire preuve d’attitudes mentales positives pour rechercher leur
propre réussite dans l’enseignement professionnel.
Il apparaît nécessaire de savoir comment s’y prennent certains pays pour avoir de meilleurs
résultats, moins d’inégalités, moins de violence, et comment obtenir que les jeunes acquièrent
davantage le goût de l’école.
A.
LA SCOLARITE, PREOCCUPATION PREMIERE
Pour la grande majorité des familles, « c’est le BAC d’abord ». Souvent, ce sont les parents
qui font ce choix pour l’enfant, dès le collège. Cet attrait pour le modèle unique français :
BAC GT pour aller jusqu’à l’enseignement supérieur long passe par une scolarité abstraite,
dès le collège, et exige un niveau intellectuel élevé.
Ainsi, 60 % d’une classe d’âge est orientée vers la seconde de détermination, qui est
considérée par les familles et les jeunes comme la seule solution satisfaisante pour réussir
ses études et sa vie professionnelle.
A noter que les jeunes du collège sont en phase de mutation intense avec la puberté,
et qu’il n’existe ni dispositif, ni droit à l’échec pour les adolescents qui connaissent des
difficultés passagères au collège.
Dans les milieux défavorisés, il faut se rappeler que les études représentent « plus » qu’on ne
l’imagine pour les adolescents et les familles. L’échec au passage en seconde est vécu comme
une blessure, même par les élèves en difficultés scolaires.
La massification de la scolarisation
Fin de scolarité obligatoire
100 %
72 % en 2005
Taux de scolarisation
30 % en 1994
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L’augmentation du taux de scolarisation depuis 10 ans
Les études deviennent volontaires à partir de 16 ans et le « modèle unique » pousse les jeunes
vers la « course au BAC ». L’enseignement professionnel, alors qu’il apporte des avantages
au niveau des débouchés, est toujours considéré comme une voie subalterne.
En 2005, 62 % d’une classe d’âge ont obtenu le BAC, avec 80 % de réussite. Ce sont les BAC
Techno et Professionnel qui ont la croissance la plus forte.
Une pression scolaire importante, résultant d’un taux de scolarisation qui a presque
doublé en 15 ans, et la nécessité pour les élèves du Lycée GT d’avoir le BAC
caractérisent les adolescents de 15 à 19 ans qui ont été admis en seconde. Le niveau de
référence des diplômes ne serait pas toujours maintenu.
La solution de l’enseignement professionnel
Lycée professionnel (26 %)
Apprentissage (12 %)
En France, cette solution est utilisée comme un moyen d’écarter les jeunes du collège qui ne
sont pas assez performants sur le plan de la scolarité ou qui ont un comportement perturbant
pour l’école. Ceci marquera profondément la composition des groupes d’adolescents de
l’enseignement professionnel qui ont le sentiment d’avoir été laissés de côté.
Les professeurs et les conseillers de l’orientation ont tendance à présenter l’orientation vers la
seconde comme une voie socialement supérieure et professionnellement plus efficace.
Pourtant, l’évolution actuelle du chômage des jeunes paraît donner plus de chances aux jeunes
issus de l’enseignement professionnel, bien que ce fait ne soit pas assez démontré actuellement.
Les jeunes de l’enseignement professionnel, plus âgés d’une à deux années, auront de ce fait
un rapport aux études différent des jeunes du lycée GT :
−
−
−
−
−
« Différenciation sociale » marquée.
Recherche d’une pédagogie pratique et d’un bon climat affectif avec les formateurs.
Le manque d’intérêt de cette population pour les études est aussi à prendre en considération.
Ces jeunes sont souvent réfractaires à la lecture.
Ils donnent plus facilement de l’intérêt à ce qui est immédiat et instantané.
Cela confirme la nécessité d’un soutien scolaire auprès des catégories sociales
défavorisées (étude surveillée, soutien scolaire...).
Les adolescents en cours de déscolarisation
Il existe une forte corrélation entre le maintien et la poursuite d’une scolarité, d’une part, et
l’existence de difficultés de l’adolescent, d’autre part. Ainsi, les études montrent que les
élèves des cycles courts (cycles professionnels) ont plus de problèmes avec les conduites à
risque, consomment plus d’alcool, se bagarrent plus volontiers et ont plus de problèmes de
santé.
Ces données se retrouvent dans une population au chômage ou d’adolescents déscolarisés.
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UN CLIMAT PEDAGOGIQUE RECHERCHE
L’adolescent va être confronté au fonctionnement naturel du système scolaire qui renforce les
effets positifs de l’enseignement chez les meilleurs élèves et prive les élèves médiocres – en
l’absence de réussite – des stimuli renforçateurs et de l’approbation des maîtres.
La réflexion sur la réussite des jeunes, y compris celle des adolescents hostiles aux études, est
à mettre au centre de la pédagogie des jeunes les moins doués et des moyens.
La confiance en soi
Les médias nous renvoient l’image déformée d’un adolescent violent, déprimé et enclin à se
déprécier. Il est vrai que dans une société caractérisée par un taux de divorces de 49 %, où le
nombre d’enfants par famille est en diminution, où la majorité des mères travaille, il est
difficile d’apporter aux adolescents des éléments positifs, ainsi que l’espoir d’un monde
meilleur.
Les adolescents, et en particulier les sujets introvertis et timides, ont besoin d’être aimés,
appréciés, admirés, et que l’on estime leurs qualités et leurs compétences. Le jeune qui est
conscient de sa valeur personnelle (estime de soi) pourra s’affirmer en exprimant ses idées,
ses opinions, ses besoins et ses désirs. Une pédagogie intégrant des formations pratiques et
manuelles pourra aider à bâtir un sentiment de confiance chez les jeunes lassés par une
scolarité trop abstraite.
Il est alors capable de faire des choix personnels, de prendre sa place dans un groupe et
surtout de se faire respecter face aux mauvaises influences et aux agressions verbales.
C’est donc un objectif essentiel pour l’école que de mettre en place une pédagogie qui
renforce la relation de confiance des adolescents avec les professeurs, dans la classe et dans
l’école. La mise en confiance est un sentiment à mi-distance entre le respect et l’amour.
Définition du mot confiance
−
−
−
Sentiment qui fait qu’on se fie à soi-même
Avoir confiance en soi : être assuré de ses possibilités
Sentiment de sécurité de celui qui se fie à quelqu’un ou à quelque chose
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B.
LA MOTIVATION – LE ROLE DE LA REUSSITE
Derrière les comportements incivils et violents ou de repli sur soi, il faut discerner le
manque de réussite et le déficit de motivation qui en découlent et qui, souvent, sont les
principales causes de l’inappétence scolaire et qui mettent les jeunes en position d’hostilité
face aux études.
C’est bien à l’adolescence, cet « espace temps » que certains définissent comme « le
purgatoire de la jeunesse et de la seconde naissance », que le « métier » de parents prend tout
son sens. Quand les parents démissionnent face à un jeune et à une société qui les dépassent,
les jeunes deviennent étrangers à leur famille et à l’école et optent pour une vie avec leurs
copains, les sorties et avec la télé, le net et les jeux vidéo. Une vie sans projet, sans but, une
vie au jour le jour qui éloigne d’eux toute « bonne volonté » et toute idée de progression.
La vraie question pour la famille et l’école : que faire pour les motiver ? Comment les
aider à s’aider eux-mêmes ? Comment les convaincre que c’est leur vie à eux qui est en
jeu ? Que le paresseux d’aujourd’hui risque fort d’être laissé sur le bord du chemin, demain.
Motiver un adolescent est complexe. De nombreux spécialistes, comme Gordon, ont mis au
point des méthodes pour les formateurs intéressés par cette démarche.
La roue de la motivation
ETAPE 0
Se centrer sur son
comportement
présent
ETAPE 1
Donner
des objectifs
ETAPE 5
Avoir une
communication
positive
ETAPE 4
Lui donner
confiance
COMMENT
MOTIVER
SON
ENFANT ?
ETAPE 2
L’encourager
à persévérer
ETAPE 3
Donner du sens
à son action
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L’ADOLESCENT DOIT CROIRE EN SA CAPACITE A REUSSIR
Pour qu’un adolescent démotivé croit en sa capacité à réussir, il doit sentir que ses parents et
ses maîtres y croient eux-mêmes, car la confiance, comme la peur, est contagieuse.
L’optimisme aussi.
Pour le jeune, croire en sa réussite est une condition nécessaire mais pas vraiment suffisante.
Il faut donc lui prouver ou le mettre en situation de réussir sur des parcours qui lui sont
mieux adaptés. Par exemple en lui proposant une pédagogie plus concrète.
La finalité de toute recherche d’amélioration de la motivation, à l’école, en entreprise, dans la
société... est de briser la spirale négative de l’échec. Ses composantes sont : la peur d’échouer,
le manque de confiance en soi, le découragement, l’enfermement, l’échec. Les adolescents au
collège ou au lycée qui rencontrent des difficultés avec une scolarité trop abstraite ou avec
une compétitivité trop forte ont la possibilité de bénéficier d’une nouvelle trajectoire avec
l’enseignement professionnel. Il reste cependant que cette branche de l’enseignement initial
est marquée par une image négative, celle d’un taux assez élevé de jeunes en difficulté
scolaire et aux comportements déviants ou violents.
LE SCHEMA DE LA
LE SCHEMA DE LA
MOTIVATION
DEMOTIVATION
REUSSITE
ECHEC
TRAVAIL
APPRECIATION
PAS DE TRAVAIL
PEUR D’ECHOUER
DESIR
DE PROGRESSER
CONFIANCE
ENFERMEMENT
DEFICIT
DE CONFIANCE
MOTIVATION
DECOURAGEMENT
Voir 3ème partie de l’étude :
Fiche variable n° 2 – « La motivation pour les études – Le rebond après le collège »
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7 - L’ESPRIT QUI S’OUVRE
Le développement cognitif et moral
Les transformations relatives aux capacités intellectuelles de l’adolescent s’avèrent tout aussi
importantes que le bouleversement physique. Piaget voit dans l’adolescence la dernière étape
de la construction intellectuelle. Vers sa quinzième année, le jeune devient capable de
raisonnement hypothético-déductif, c’est-à-dire qu’il fait appel à des hypothèses dans ses
raisonnements.
DE LA REDACTION A LA DISSERTATION
Dans la rédaction, on demande au jeune de faire parler la réalité, le concret. La dissertation va
l’emmener dans un domaine nouveau où il va être question d’évoquer le possible, l’abstrait et
ses relations avec le réel. L’adolescent acquiert le raisonnement par hypothèses, ce qui le
pousse à développer son imaginaire et il s’éloigne ainsi des adultes, plus ancrés dans le réel.
L’autre changement cognitif de l’adolescence va être l’apprentissage des relations sociales et
des questions culturelles.
LE PLAISIR DE RAISONNER
Cette nouvelle capacité de raisonnement ouvre la voie au débat avec la famille et avec ses
pairs. Un adolescent débat par plaisir pour être reconnu dans ses nouvelles capacités
intellectuelles, mais ce peut être aussi l’occasion d’entrer en conflit avec ses parents et ses
professeurs.
Il faut cependant constater que la maîtrise du raisonnement hypothético-déductif, qui
correspond à l’achèvement du développement de la pensée formelle, n’est pas atteinte par
l’ensemble des adolescents.
LA MORALE
Un système de règles, donc une organisation cognitive qui conduit à déterminer ce qu’il est
bon de faire (en distinguant la part du devoir et du respect) et ce qui est mal.
La conduite morale peut être aussi considérée comme un ensemble de règles que suivent les
hommes et qui déterminent leurs modes de vie, leurs comportements et leurs mœurs.
Dans tous les cas, la correspondance entre niveau cognitif et développement moral chez
l’adolescent apparaît dans l’ensemble des travaux effectués en psychologie expérimentale.
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DES REGLES DU JEU DE BILLES AU JUGEMENT MORAL
La nécessaire argumentation
Jusqu’à 10 ans, les règles du jeu font office de modèles de loi. Avec le développement
cognitif, le sentiment d’obligation engendre une morale d’obéissance, qui est la base du sport.
Pour arriver à une nouvelle forme de sentiments moraux fondés sur la coopération, il faudra
développer la maturité sociale et émotionnelle.
Chez l’adolescent, le décalage entre les paroles, les règles morales mal comprises et la réalité
est lié à l’immaturité et demande une aide extérieure au niveau des adultes.
Cette aide se fera par l’argumentation et le travail pédagogique, ce qui permettra à
l’adolescent de structurer et de planifier sa pensée.
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8 - L’ADOLESCENT, UN PASSIONNE
L’adolescent ne connaît pas la modération, ce n’est pas de son âge. Il se donne à fond dans
toutes ses expériences, qu’elles soient sportives, culturelles ou relationnelles.
Les filles soignent leur ligne et travaillent leur allure, les garçons, eux, cherchent des
sensations fortes et la compétitivité lors de matchs entre copains. En revanche, filles et
garçons se retrouvent dans l’écoute de la musique et dans une culture de l’image sous toutes
ses formes.
LE SPORT ET SES NOMBREUX BIENFAITS
Plus qu’à tout autre moment de la vie, c’est à l’adolescence que la pratique du sport devient
une nécessité, surtout s’il n’est pas motivé par ses autres activités.
Entre l’acquisition d’une meilleure image du corps et la découverte de ses propres
performances, le sport favorise la socialisation par les échanges, l’intégration à un groupe et
les activités d’équipe. Le sport contribue aussi à l’apprentissage de règles et de notions
éthiques : comme le respect de l’autre, la sagesse qui consiste à la remise en question, au désir
de se corriger et à l’acceptation de l’échec. La pratique d’un sport peut contribuer à la
transmission des valeurs de base.
Selon les différents sports pratiqués, le jeune va changer de style de communauté : du
football, au roller, au tennis... en passant par le judo. A chaque fois, les lieux, les groupes, les
règles... vont être différents.
Le « sport spectacle », tel qu’il est présenté dans les séquences télévisuelles avec ses
manipulations et ses ententes, est certes éloigné de la pratique du sport en club sportif,
regroupant des adolescents et des adultes, mais il a une influence indiscutable sur le choix des
sports par les adolescents.
LA MUSIQUE, PLUS QU’UN LOISIR
La musique, la télévision, le cinéma, les multimédias, rencontrer des amis... représentent les
principaux loisirs des adolescents.
La musique est devenue une composante indispensable de la vie des adolescents. Ils
l’écoutent surtout et parfois essaient d’en jouer.
Chaque génération a son style de musique qui, généralement, déplaît à la génération
précédente. A la place du rock, il y a la techno, le rap, le hip hop...
Une musique trop forte, à la limite du supportable, peut être dommageable pour l’audition et
poser des problèmes médicaux. Il faut argumenter, présenter des articles écrits sur ce sujet,
afin d’éviter le développement d’une surdité.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
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Les loisirs préférés des jeunes
à 15 ans
89
à 18 ans
93
75.7
81.8
79.5
75.4
Lecture
53.7
51.7 51.1
38.9
33.7
30
36.5
33.4
29.9
20.7
Lecture
18.3
13.3
15.7
8.5
Ecouter de
la musique
Télévision Voir des amis
Sport
Lire
un magazine
Lire
un livre
Jeux vidéo
Bricolage
cuisine
Activité
en club
Lire
une BD
Et pourtant, ils lisent – Seuil 1999
A noter que les jeunes lisent différemment, sans doute parce qu’ils ne sont pas assez guidés.
On retrouve les « réfractaires à la lecture » principalement dans l’enseignement
professionnel.
Les musiques et leur style de vie
Le rap qui est une véritable culture et le hip-hop qui apporte ses codes vestimentaires à
caractère sportif, avec une démarche particulière... proposent un monde que les jeunes n’ont
pas envie de partager avec leurs parents.
La techno provient d’une grande révolution musicale et technologique qui a permis de créer
des musiques électroniques. C’est un nouveau type de génération, celle qui a été élevée à l’ère
informatique et qui pousse la recherche de sensations nouvelles pour obtenir des vibrations du
corps.
La rave (en anglais délirer) est une fête organisée en secret où l’on danse plusieurs journées
d’affilée pour éveiller en soi ses pulsions enfouies par la routine. Les fêtes engendrent souvent
des dérives avec utilisation de drogues et éventuellement des accidents et des morts.
Bien entendu, il reste de la place pour les autres musiques, en constante redécouverte.
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L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
33
L’ADOLESCENT ET LA CULTURE DE L’IMAGE
Cinéma, télévision, ordinateur, Internet, jeux vidéo... la nouvelle génération possède la culture
de l’image. Des images, des images, encore des images !
Les jeunes se sont approprié les images et leurs ressources sont étendues. Les adolescents qui
passent beaucoup de temps devant leur écran sont souvent ceux qui ne trouvent pas de
centre d’intérêts ailleurs, ni au collège, ni au lycée, ni à l’extérieur de leur foyer et sont
souvent en conflit avec leurs parents. On peut constater aussi qu’une consommation de
deux heures par jour de jeux vidéo (ou équivalent) peut empêcher la lecture. Le phénomène
touche entre un quart et un tiers des utilisateurs, essentiellement des garçons.
La vie sur grand écran
Le cinéma est le vecteur culturel privilégié des jeunes, c’est pour eux une source d’inspiration
et qui exacerbe leur sensibilité.
La salle de cinéma est comme le café, un lieu vivant de rencontre. En France, les thèmes
récurrents de ce cinéma miroir de la jeunesse sont le chômage, la drogue, la sexualité, la
découverte de soi et des autres.
Le cinéma reste un objectif de sortie entre adolescents, en milieu urbain.
Le rêve et l’habitude de la télévision
95 % des foyers français possèdent au moins un appareil de télévision, 50 % disposent de
deux, voire trois postes dont un que l’on retrouve dans la chambre des enfants ou adolescents
hors de tout contrôle parental.
Les adolescents de 15 ans regardent la télévision 200 minutes par jour, soit 3 heures 20
minutes. C’est évidemment beaucoup trop. Les jeunes ont une opinion favorable sur cette
habitude.
Les spécialistes retiennent 4 facteurs aggravants de la violence par le biais de la télévision :
−
un effet de passivité et d’indifférence,
−
un effet d’agressivité qui peut pousser à se comporter de façon violente,
−
un effet de peur excessive d’être victime de la violence,
−
un effet de cercle vicieux, les enfants ayant tendance à s’identifier aux personnages
agressifs.
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IL ASPIRE A UN AUTRE MONDE
Si les jeunes n’adhèrent plus aux velléités révolutionnaires, ils sont restés idéalistes. Ils
souhaitent un monde meilleur et nombre d’entre eux s’y emploient. En 2006, les adolescents
sont actifs dans la lutte contre l’exclusion, pour l’écologie et la défense de la planète. Les
jeunes de 18 à 21 ans sont particulièrement sensibles au danger du racisme et ils se mobilisent
facilement contre les idées d’extrême-droite et contre les guerres.
Les partis politiques et les associations recherchent les jeunes qui, devenus militants, auront la
ferme volonté d’agir.
Faire partie d’une association, est ce vraiment enrichissant ?
C’est un bon moyen d’apprendre à vivre en société et donc de se préparer à la vie
professionnelle. Dans une association, on partage les mêmes obligations et les mêmes
avantages que les autres membres. Il faut veiller cependant aux nombreuses sectes à la
recherche de jeunes.
L’adolescent craint l’avenir, il redoute la dégradation de la planète par des apprentis sorciers.
Ecologiste, il est prêt à s’engager pour défendre ses idées. Ainsi, il est sensible aux
campagnes de récupération des déchets.
Paradoxalement, il jette ses papiers par terre, crache son chewing-gum dans la rue et se moque
totalement de la pollution sonore de son deux-roues.
Au café, les adolescents se retrouvent pour refaire le monde et se faire des
amis
Plus de la moitié d’entre eux se retrouvent avec des copains au moins une fois par semaine
dans un café, un bar, une salle de jeux. Les garçons de plus de 16 ans sont plus nombreux.
Le café est un lieu de discussion où l’on boit et l’on fume selon la tradition. Le Comité
Français d’Education à la Santé indique que la plupart des jeunes qui fréquentent ces cafés ont
de bons scores de santé sociale et générale. Nous ne sommes plus à l’époque des rêveurs à
l’absinthe, peut être à celle de nouveaux aventuriers par le rêve.
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9 - LA MISE EN PLACE DE SON AUTONOMIE
Généralement, les parents voient avec plaisir leur enfant prendre son autonomie. Pour le
jeune, ce sera le résultat d’un apprentissage de plusieurs années qui commence dès le collège
pour se terminer à l’âge adulte.
Les jeunes issus de l’enseignement professionnel et technologique se lanceront dans la vie
active entre 18 et 20 ans, c’est-à-dire qu’ils vont entrer dans un cycle d’emplois assez
précaires (durée moyenne d’attente d’un CDI : une à trois années). Dans cette période de
transition, ils resteront le plus souvent à la maison. C’est par la vie à deux, avec la location
d’un logement, qui se fera le vrai passage à l’autonomie et à l’âge adulte.
Le développement de la scolarité pour ceux qui poursuivent leurs études dans le supérieur
allongera considérablement le trajet vers l’autonomie, avec en plus des difficultés financières
importantes chez ceux qui sont originaires de milieux défavorisés. En mai 2006, nous avons
vu se mettre en place « le psychodrame lié au CPE », avec les lycées et les étudiants de
l’université, ce qui n’a cependant pas apporté de solutions à l’emploi des jeunes diplômés, à
ce jour.
L’EDUCATION A L’AUTONOMIE ET LA CHAMBRE
Elle commence par la gestion de la chambre dont il dispose et qui est son territoire, à lui. S’il
s’isole au milieu de la maison avec son fouillis de vêtements, de CD, d’articles de sport... il
faudra qu’il se prenne en charge, y compris pour le ménage.
Même s’il n’autorise pas ses parents à entrer dans sa chambre, il faudra veiller à l’espace
scolaire et à son rangement. Les particularités de l’adolescent ont leurs limites, surtout s’il
s’agit de l’aider à réussir sa vie.
LA QUESTION DE L’ARGENT DE POCHE
On constate qu’il paraît plus normal de donner leur autonomie financière aux garçons plutôt
qu’aux filles. Est-ce lié au complexe d’Œdipe, qui lie plus fort la mère au fils, ou aux
aptitudes pratiques des filles, qui font plus de petits boulots durant leurs études (baby-sitting,
travail de bureau, monitrice au centre de loisirs). Dans les faits, les filles paraissent mieux se
débrouiller que les garçons sur ce point
Les adolescents vont devoir gérer leurs revenus à la semaine ou au mois, ce qui les change des
achats de friandises au coup par coup qu’ils connaissaient durant l’enfance.
A noter que la majorité des jeunes dépensent leur argent de poche dans les loisirs.
La question principale de l’autonomie à partir de 18 ans va être liée à la capacité des familles
à maintenir l’adolescent dans un « statut de consommateur », à l’identique de ses pairs. Plus
de la moitié des familles ne seront pas en mesure de proposer un budget de 100 € par mois
qui, pourtant, se situe à niveau sous moyen.
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36
Une des préoccupations des adolescents, dès la 4ème, sera de se procurer cet argent, tellement
indispensable pour eux. Dans les milieux défavorisés, c’est par la recherche de petits boulots
(baby-sitter, le plus souvent) que l’on va chercher une issue. Pour les garçons ce sera plus
difficile et le dérapage vers le vol, le racket, les trafics divers... est malheureusement fréquent.
L’ADOLESCENT MAJEUR EST-IL LIBRE ?
Devenir adulte, c’est obtenir de ses parents l’autorisation d’être différent d’eux et de chercher
à continuer le projet de vie que l’on avait mis en place avec eux. Mais, de son côté,
l’adolescent, en coupant le cordon ombilical qui le liait à ses parents, s’engage à gérer son
autonomie.
18 ans, ça se fête. C’est un moment important pour le jeune, même si dans les faits il jouissait
déjà d’une certaine liberté. La responsabilité juridique, elle, est réelle.
LA FIN DES RITES DE PASSAGE
Le BAC joue un rôle important dans la prise d’autonomie et la confiance en soi des jeunes.
Cependant, les raisons qui sont à l’origine du manque de rupture entre l’adolescence et l’âge
adulte sont diverses. Beaucoup de jeunes vivent une époque de post-adolescence qui a besoin
d’une aide économique pendant quelques années.
Taux de jeunes poursuivant leurs études
18 ans
83.4 %
21 ans
19 ans
71.5 %
23 ans
20 ans
56.4 %
25 ans
43.4 %
22.7 %
9.9 %
Dans le même temps, à peine plus de 20 % des jeunes à la sortie du lycée ont un emploi en
France.
Ajoutons à ces données sociales et économiques, les changements qui sont intervenus dans les
pratiques familiales. Avec la libéralisation des mœurs, une plus grande tolérance des parents
s’est opérée vis-à-vis de la sexualité de leurs enfants. On accepte aujourd’hui, dans la plupart
des cas, que les jeunes couples s’installent sous le toit familial.
PARTIR OU RESTER CHEZ SES PARENTS ?
Les filles partent avant les garçons du domicile des parents. Est-ce parce que leur désir
d’autonomie est plus fort ?... parce qu’elle se mettent plus rapidement en couple que les
garçons ?... Au même niveau de formation, les garçons restent plus longtemps à la maison.
L’âge moyen de départ chez les parents est de 23 ans. Les parents, en maintenant les jeunes
dans l’enfance, souhaitent les garder le plus longtemps possible, en les aidant et gardent ainsi
les avantages de rester en contact avec la jeunesse.
La formation en CFA permet aux jeunes d’obtenir un salaire. Cette pratique accélère leur
autonomie et les encourage à s’installer seuls ou en couple ou à s’acheter une voiture.
Salaires mensuels des apprentis en 1ère année :
16 – 17 ans : 25 % du SMIC
18-20 ans : 41 % du SMIC
21-25 ans : 53 % du SMIC
Valeur du SMIC en 2006 = 1 254,31 €
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UNE SEMI-DEPENDANCE QUI SE PROLONGE
Passé 20 ans, le jeune n’est toujours pas décidé à quitter le nid douillet de sa famille. Il peut y
avoir à cela des raisons concrètes : il ne trouve pas de logement... il est revenu après une
expérience d’autonomie peu réussie... C’est un adulte célibataire qui va être accueilli chez ses
parents avec un logement indépendant si possible.
En France, à 24 ans, 30 % des post-adolescents vivent en famille et ils sont de plus en plus
nombreux.
Le plus souvent, cette semi-dépendance s’explique par des raisons sociales et économiques :
emplois précaires, chômage, obtention trop tardive des premiers « vrais » salaires, budget trop
faible...
Nous arrivons dans un 3ème millénaire, où la famille aura un rôle de valeur de refuge, sans
doute davantage pour les garçons que pour les filles, devenues plus autonomes et aux goûts
plus tranchés.
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1ère partie
Chapitre 2
LES CONDUITES A RISQUE
Le Haut Comité Français de la Santé Publique demande la mise en œuvre d’une politique en
faveur des enfants et des adolescents. Les indicateurs relevés par les experts sont alarmants
puisque, chez les garçons, les accidents sont à l’origine de plus de 70 % des décès, les
suicides de 15 % et les maladies graves de 12 %.
La France est le pays de l’Union Européenne où la morbidité due aux accidents et aux
suicides est la plus élevée. « Presque le double de certains pays comme la Grande-Bretagne ».
On peut ajouter à ces chiffres les indicateurs qui décrivent les conduites violentes, la violence
subie, les tentatives de suicide, la consommation de substances entraînant la dépendance.
LES PRINCIPALES CONDUITES A RISQUE AU COLLEGE
Qu’appelle-t-on « conduites à risque ». Elles désignent la prise d’alcool, de tabac ou de
drogues, les fugues, les vols et les accidents à répétition. L’adolescence est un terrain
particulièrement propice à l’émergence de ce type de comportements.
L’adolescent pousse son corps aux limites du danger, se complaît dans les situations
extrêmes. Il expérimente ainsi son propre corps en pleine mutation et une certaine autonomie
qui lui apporte un sentiment d’individualité et d’identité.
La prise de risque s’accompagne chez l’adulte de certaines précautions, ce qui n’est pas le cas
chez l’adolescent.
Mais, si le risque est habituel à cet âge, cela ne doit pas faire oublier l’intensité du danger
pour l’adolescent.
Les conduites à risque, pour transitoires qu’elles puissent être à l’adolescence, posent parfois
le signe d’un trait de caractère qui révèle des tendances impulsives, instables ou opposantes.
En voici quelques exemples :
Accidents à répétition :
Accident de la route, de ski, de plongée, accidents du sport, accidents domestiques...
Les accidents sont le résultat d’une prise de risque avec oubli de la notion de danger. Un
nombre élevé d’accidents peut être interprété comme le signe d’un mal être, voire d’un
équivalent suicidaire.
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39
La fugue :
Ce phénomène concerne les individus de tous les milieux sociaux. C’est un acte généralement
compulsif (non préparé) et solitaire qui répond à un double désir : d’une part, découvrir le
monde et partir à l’aventure et d’autre part fuir pour échapper à des problèmes aigus (conflits
familiaux, difficultés scolaires, mal être...)
La fugue est une forme d’appel au secours et un moyen de solliciter l’intérêt de l’entourage.
Elle est réellement attachée à une angoisse et à un conflit interne difficile à résoudre.
Le vol :
Le vol constitue la forme de conduite illégale la plus fréquente à l’adolescence. Suivant le
lieu, le contexte, le type d’objet volé, la violence qui y est associée ou non, les significations
psychologiques sont différentes.
Le vol dans les grandes surfaces serait commis par 70 à 90 % des adolescents, mais seulement
un faible pourcentage d’entre eux est pris en flagrant délit, cela concerne aussi bien les
garçons que les filles. Ces vols peuvent être alarmants et revêtir une dimension pathologique
lorsque les objets sont dérobés de manière fréquente, puis accumulés et non consommés. Il en
est de même pour les vols destinés à la revente.
Les vols de véhicules motorisés engagent l’adolescent sur le chemin de la délinquance. Ils
représentent le quart de tous les délits. Ces vols sont assimilés à des « emprunts » et le
véhicule est parfois remis à proximité du lieu du vol. S’il s’agit du premier vol, la justice aura
une responsabilité importante à l’occasion de la punition. Réparer le délit en faisant rendre à
l’adolescent ce qu’il a volé est une méthode qui apporte des résultats positifs.
Le vol dans les résidences est toujours commis par des garçons en groupe ou de manière
isolée. Lorsqu’il y a préméditation, effraction de nuit et parfois port d’armes ou agression sur
les personnes, il s’agit de conduites antisociales assez graves, caractéristiques des grands
adolescents qui s’engagent hélas dans la délinquance.
Les chemins de la délinquance :
La délinquance infantile, y compris dans sa forme la plus grave, la criminalité infantile, est un
phénomène qui se développe depuis le début des années 1990.
Tout se passe comme si les adultes découvraient soudain que les enfants ont de tous temps
aimé la bagarre et que sans interdit et sans repère ils risquent de devenir des sauvages.
Les enfants et les adolescents ont besoin de morale et de valeurs pour se protéger d’euxmêmes.
Le problème de la violence des adolescents prend actuellement l’allure d’un véritable
phénomène de société, en particulier dans les banlieues et les cités où se regroupent des
bandes de jeunes désabusés qui vivent sans avenir. En particulier, chez les jeunes qui n’ont
pas bénéficié de la formation professionnelle, la délinquance apparaît comme une solution
pour lutter contre le chômage et la pauvreté.
La démission des parents, ainsi que la défaillance des modèles proposés occupent une place
centrale dans l’évolution de ce phénomène. Les études montrent que la violence est plus
fréquente dans les milieux sociaux défavorisés et dans les familles dissociées.
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LA DIVERSITE DES CONDUITES A RISQUE CHEZ L’ADOLESCENT
Après les exemples que nous venons de proposer, il faut rappeler que les conduites à risque
sont l’un des thèmes les plus souvent évoqués à propos des jeunes, qu’il s’agisse des
accidents, des limites qu’ils franchissent vis-à-vis d’eux-mêmes, de la société et de leurs
transgressions. Ceci pose aussi le problème de la relation des jeunes au danger. En ont-ils
conscience, s’y préparent-ils suffisamment ?
Les conduites à risque vont souvent de pair avec la quête d’autonomie et la recherche
d’indépendance. Une variété de problèmes se présentent aux jeunes. Nous en citons les
principaux dans le tableau ci-après.
LES PROBLEMES RENCONTRES
1. Les problèmes de santé et l’hygiène de vie
Médecin, infirmière scolaire
2. Les comportements addictifs
Principalement : tabac, alcool, cannabis (TAC) et les différentes drogues
3. La violence
et les troubles de la conduite
4. Les conduites de déscolarisation
Retards, absentéisme, fugues, décrochage scolaire
5. Les conduites délictueuses chez les adolescents
Vandalisme, vol public, vol privé, racket. Délinquance juvénile
6. Les accidents à répétition
Plaisir du risque, voitures et deux-roues, sport
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et l’enseignement professionnel
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1. LES PROBLEMES DE SANTE ET D’HYGIENE DE VIE
Tout adolescent présente à un moment ou à un autre de petits problèmes médicaux, mais il y a
aussi des problèmes plus importants : accidents, maladie grave, troubles psychologiques
sévères (dépression, tentative de suicide, psychiatrie...)
En général, les établissements organisent régulièrement une consultation médicale qui est
l’endroit privilégié pour faire le point avec chaque adolescent.
Tout au long de l’année, les services partiels ou à plein temps d’une infirmière apportent aux
adolescents des avantages évidents. C’est aussi un investissement intéressant pour aider
l’ensemble des jeunes à réussir leurs études.
Pour plus de détails : 3ème partie
Sujet n° 4 – L’Espace Santé Jeunes
2. CONDUITES A RISQUE – COMPORTEMENTS ADDICTIFS
Qu’appelle-t-on « conduites à risques » ? On désigne par cette appellation la prise d’alcool ou
de toxiques, les fugues, les vols et les accidents à répétition. Le risque touche à la fois à la
santé – et même à la vie – du sujet, mais aussi à son avenir physique, psychologique et
scolaire. L’adolescence est un terrain particulièrement propice à l’émergence de ce type de
comportement.
C’est le rôle des « espaces santé jeunes » de faire le diagnostic de ces jeunes qui poussent leur
corps dans des situations extrêmes, aux limites du danger.
Actuellement, la crainte de éducateurs et des familles se situe autour de l’usage des drogues et
de leurs conséquences sur les états suicidaires.
Prise régulière
de drogues
Manque de sujets
d’intérêt
DESCOLARISATION
DEPENDANCE
CYCLE
COMPORTEMENT
ADDICTIF
INTERVENTION
MEDICALE
SUR INCIDENT
L’ARGENT
Besoin exceptionnel
qui peut conduire au vol ou à de
graves compromis
DESTABILISATION
FATIGUE
DROGUES
- Psychostimulants
- Sédatifs
- Oniriques
...
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Risque de tentative
de suicide
ARRËT
Manque d’argent
DEPRESSION
ECHEC
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3. LA VIOLENCE ET LES TROUBLES DE LA CONDUITE
Notre société se trouve placée devant un phénomène jusqu’alors peu connu et qui inquiète
beaucoup : la montée de la violence chez les mineurs. Cette violence répétée représente plus
de 10 % des jeunes de 13 à 16 ans.
Il est vrai que les circonstances favorisant le passage à l’acte sont multiples.
La démocratisation de l’éducation est louable, mais elle a eu des effets pervers en entraînant
la massification de l’enseignement sans tenir compte des différences individuelles.
La création d’établissements à grande capacité regroupant, sans précaution, de nombreux
jeunes issus de milieux en difficultés a mis en place des situations explosives.
Dans le même temps, la société a connu un climat de récession économique n’accordant pas
d’espoir aux jeunes les plus démunis. Ajoutons à cela qu’après l’enseignement élémentaire,
certains ne savent ni lire, ni écrire, ni compter correctement et entrent au collège avec la
perspective de « longues années d’ennuis », ce qui ne correspond pas à leur demande ou à
celle des familles.
La télévision, le cinéma, Internet sont-ils aussi la cause de cette violence ?
Un nombre considérable de travaux sur ce thème apportent des résultats partagés. S’il semble
que les scènes de violence montrées à l’écran encouragent certains esprits à passer à l’acte,
elles ne sont pas réellement à l’origine de la violence.
Il existe une proximité entre violence, pauvreté et délinquance, mais les aspects quantitatifs
restent faibles. La violence dans les cités et dans les ghettos des banlieues peut être aussi la
manifestation d’un sentiment d’exclusion insupportable pour les adolescents qui y vivent.
Les actes de violence dans les établissements publics
En 2001, l’enquête SIGNA a été mise en place dans les collèges et les lycées publics. Son
objectif est de recenser, de manière exhaustive, les « actes » graves de violence survenus à
l’école et à ses abords, à savoir ceux qui vérifient au moins l’une des conditions suivantes :
−
−
−
actes dont la qualification pénale est évidente,
actes qui ont fait l’objet d’un signalement (police, justice, services sociaux),
actes qui ont un retentissement important dans la communauté scolaire.
Les actes d’incivilités sont donc exclus du champ de cette enquête.
Au total ce sont près de 81 350 incidents par an qui ont été recensés, dont 70 % ont été
signalés par les collèges, 15 % par les LGT et 14 % par des lycées professionnels. Les LGT
paraissent nettement moins exposés que les autres établissements.
Deux types d’actes regroupent la majorité des incidents : les violences physiques sans arme
(29 %), les insultes et les menaces graves (25 %), viennent ensuite les vols et les tentatives de
vol.
Ces dernières années, la mise en place d’un signalement plus systématique est à l’essai, car les
chiffres de l’enquête SIGNA paraissent être en dessous de la réalité.
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Troubles de la conduite - Différences entre garçons et filles
Les conduites violentes non délictuelles sont fréquentes : 73 % des jeunes crient fort quand
ils sont en colère (31 % le font souvent), 43 % cassent ou frappent dans ces circonstances
(14 % souvent).
Durant les 12 derniers mois, 44 % se sont déjà bagarré (11 % souvent).
Contrairement aux conduites addictives, les conduites violentes diminuent avec l’âge.
Si les garçons s’expriment à travers d’actes physiques (bagarres, violences physiques), les
filles s’expriment plus volontiers à travers des cris, sans pour autant s’y limiter. Au total,
42 % des élèves ont eu au moins une des conduites violentes, mais 14 % des garçons contre
9 % des filles en cumulent plusieurs.
(Enquête nationale. Inserm. U169.)
Comportement perturbant la classe
Source : Coslin 1997 (extraits)
−
−
−
−
−
−
−
−
−
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−
−
−
−
−
Emettre des critiques
Etre absent
Exprimer son ennui
Fumer pendant les cours
Faire autre chose
Discuter à voix basse
Arriver en retard
Ne pas tenir compte des réprimandes
Avoir du mal à se calmer
Communiquer par gestes
Apporter un couteau à cran d’arrêt
Manger ou boire pendant les cours
Intervenir sans y être invité par le
professeur
Exprimer son ennui
Ecouter son balladeur
−
−
−
−
−
−
−
−
−
−
−
−
−
−
Quitter la classe sans rien dire
Frapper le professeur
Faire des grimaces, des mimiques
Faire de petits vols en classe
Se déplacer sans autorisation
Faire du bruit
Refuser de participer aux activités en
classe
Rire seul ou à plusieurs
Interrompre le professeur ou les élèves
Provoquer un chahut
Insulter un professeur ou un élève
Imiter des cris d’animaux, chanter, siffler
Frapper un camarade dans la classe
Parler à haute voix sans rapport avec le
cours
...
Parfois, les adolescents s’avèrent plus sévères que leurs professeurs dans l’appréciation des
comportements perturbants.
« Parler à haute voix sans rapport avec la classe », « faire du bruit » gêne plus les professeurs,
alors que « fumer en classe » est estimé très grave par les élèves.
De la même façon : « critiquer le professeur, être absent sans motif, ne pas suivre les cours,
s’endormir en classe » est jugé plus sévèrement par les élèves.
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44
4. LES CONDUITES DE DESCOLARISATION ET LE DECROCHAGE SCOLAIRE
Si le taux de redoublement reflète l’échec des acquis scolaires et de l’orientation, les
conduites de déscolarisation telles que le fait d’arriver en retard à l’école ou de manquer des
cours expriment un désinvestissement scolaire qui, à terme, peut mener vers le redoublement
ou l’exclusion.
Parmi les 11-19 ans, 19 % ont déjà « séché » les cours durant les 12 derniers mois (4 %
fréquemment) soit un total de 10 % régulier pour l’ensemble de ces conduites. La différence
entre garçons et filles est faible avant 17 ans, mais elle devient sensible après 18 ans (garçons
20 %, filles 13 %).
Comme le remarquent certains psychologues, si la majorité des élèves sont absents ou arrivent
en retard une fois dans l’année, le nombre de sujets arrivant en retard systématiquement (ou
ayant des absences) est beaucoup plus faible (6 %).
Cependant, ceci montre bien le risque de décrochage scolaire dans les collèges et les lycées
par des élèves qui n’ont pas toujours atteint la fin de la scolarité obligatoire (16 ans).
Les retards et surtout les absences répétées sont bien les signes qui annoncent le décrochage
scolaire.
Le décrochage scolaire :
La déscolarisation s’avère être le résultat de l’interaction de multiples facteurs que l’on peut
placer dans un circuit triangulaire ouvert sur l’extérieur
Famille
ADO
Ecole
Pairs
Société
Consommation
Pour de multiples raisons liées à la période qu’il traverse, l’adolescent désire quitter le collège
ou le lycée alors qu’il n’existe pas d’autres solutions efficaces pour acquérir les bases d’un
métier.
Les parents doivent rester fermes et bien expliquer le rôle exclusif du système éducatif et des
diplômes, en France.
Si la famille n’a pas de moyens financiers pour permettre au jeune de s’inscrire dans
l’enseignement privé, il existe aussi la solution de l’apprentissage.
Il ne faut pas désespérer si l’adolescent ne s’adapte pas au système traditionnel, très abstrait,
car il reste l’apprentissage qui s’ouvre aux jeunes de tous les niveaux. A noter cependant que
le décrochage scolaire en cours d’année obligera le jeune, dans tous les cas, à faire des petits
boulots pendant quelques mois, dans l’attente de la prochaine rentrée scolaire.
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5. LES CONDUITES DELICTUEUSES CHEZ LES ADOLESCENTS
Il s’agit des conduites passibles de condamnation concernent l’usage de drogues illicites, le
vol, le racket et les violences.
Ces conduites sont assez peu fréquentes : ainsi, 14 % ont volé au moins un fois durant l’année
dans un lieu public, 6 % ont volé leur famille ou leurs amis, 2 % ont fait du racket et nous le
rappelons : 15 % ont essayé une drogue illicite. Au total, 18 % ont eu une de ces conduites. La
différence des sexes existe et persiste avec l’âge.
Les conduites délictueuses à l’adolescence
Sexe
Garçons
Filles
Age
< 13 ans
14-15
16-17
18 et +
< 13 ans
14-15
16-17
18 et +
Unité
%
%
%
%
%
%
%
%
20
8
5
21
7
3
18
4
2
6
5
1
15
7
1
14
5
1
11
4
0
12
24
39
3
10
19
22
Au moins une fois dans l’année
Vol public
Vol privé
Racket
10
7
4
Au moins une fois dans la vie
Drogue illicite
6
Source Inserm U169 – 1993 sur 12 000 jeunes
Ces chiffres demanderaient à être actualisés à la hausse, en particulier pour les drogues qui
engendrent chez les jeunes un besoin important d’argent pour acheter ces substances. Avec les
drogues, l’adolescent s’installe dans le mensonge, la dissimulation et le vol, devenu hélas
nécessaire.
La délinquance juvénile
Etant donné les vives inquiétudes qu’ils inspirent à la population, les problèmes posés par la
délinquance juvénile sont devenus cruciaux dans notre société.
La législation relative aux mineurs est remise en question et son inadéquation est
particulièrement visible et mise en avant par les médias. L’arrestation d’adolescents
délinquants est évaluée à 200 000 par an, alors que 50 000 jeunes âgés de 13 à 21 ans ont été
mis sous mandat judiciaire en 1998.
Ils ne représentent donc qu’une infime partie des six millions de jeunes scolarisés en France et
dont l’immense majorité ne va pas si mal que cela.
Les conduites se modifient, le sentiment d’insécurité augmente
Dans les années 90, les atteintes contre les biens étaient en accroissement : vols dans les
magasins, vols de véhicules à moteur, actes de vandalisme... Depuis 2000, d’autres infractions
ont augmenté en fréquence : la délinquance de voie publique (33 %) et les crimes et délits
contre les personnes.
Il ressort de cette évolution une aggravation des actes de délinquance qui s’accompagnent de
plus en plus de violences (17 %). Par ailleurs, les viols et les infractions à la législation sur les
stupéfiants ont presque doublé en 10 ans.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
46
6. LES ACCIDENTS A REPETITION
Chez les garçons, les accidents sont à l’origine de 70 % des décès
Risques domestiques, risques du sport, accidents de la circulation, etc.
L’accident est le problème de santé publique le plus important chez les adolescents. Les
accidents du travail (ou d’atelier) ne touchent que 5 % des garçons et 2 % de filles, cependant,
ces statistiques sont nettement plus élevées pour les élèves du lycée professionnel, 14 % pour
les garçons, 4 % pour les filles.
Les jeunes de l’enseignement professionnel ont le plus d’accidents de la vie courante,
y compris pour la circulation routière. Rappelons que le trajet entre domicile et lycée
professionnel / CFA est en général plus long. Les lycéens de l’enseignement général sont
principalement victimes d’accidents associés à la pratique du sport.
Le plaisir du risque
La vitesse, le bruit de la moto, la communion avec la nature dans l’alpinisme, le vol en deltaplane... La prise de risque s’accompagne de plaisirs, elle comporte des aspects positifs qui ont
leur utilité : un rôle de stimulation, une aide à l’autonomie et à la constitution d’une meilleure
image de soi. La prise de risque brise la routine et redonne la vie, à condition de ne pas
oublier le danger et de bien l’anticiper.
Le défi des pairs est une forme de jeu social succédant aux jeux de l’enfance.
Le risque sportif séduit les adolescents. En premier lieu il est autorisé, en second lieu il
permet à l’adolescent de s’exprimer.
Deux-roues et voiture
Il existe une forte corrélation entre l’adolescence et l’implication dans les accidents de
la circulation. L’âge de 14 ans constituant le socle des courbes de mortalité et d’accidents.
C’est aussi l’âge où les jeunes peuvent accéder aux deux-roues motorisés. Les jeunes circulent
aussi en voiture comme passager de « conducteurs jeunes ».
Cependant, il ne faut pas négliger le rôle des facteurs socio-économiques pour les voitures ou
les deux-roues. Les adolescents, souvent démunis financièrement, utilisent des véhicules mal
entretenus ou bricolés, des casques peu efficaces...
Les accidents de la route sont plus fréquents chez les garçons.
L’ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL ET LE RISQUE D’ACCIDENTS
Les lycées professionnels et les CFA sont beaucoup plus concernés que les collèges et les
lycées généraux par les accidents à répétition.
La mise en place d’un service de prévention des accidents paraît être une mesure
essentielle dans les LP et les CFA.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
47
1ère partie
Chapitre 3
LES ADOLESCENTS DES BANLIEUES
Il devient nécessaire d’aborder certains regroupements spécifiques de jeunes vivant dans les
banlieues des grandes villes. Localement, ils sont majoritaires et nous les retrouveront, après
les collèges en ZEP, orientés dans les lycées professionnels.
En général, on accuse le type d’habitat social de conduire à un phénomène de ségrégation de
certaines catégories sociales (80 % d’ouvriers, d’employés, de sans emplois). D’ailleurs,
l’urbanisation dans ces quartiers n’a pas laissé de place pour l’implantation des entreprises.
Le taux de chômage y est très élevé et la population d’origine étrangère trois fois supérieure à
la moyenne nationale. Des noyaux se forment dans ce tissu enclavé, favorables à l’activité des
bandes à la recherche de nouveaux adeptes.
LES JEUNES DE LA CITE
Ce sont des adolescents produisant une micro société de survie et de défense contre
l’exclusion. Ce sont très majoritairement les garçons qui animent ce mouvement, les filles
trouvant refuge dans une micro société où l’école est, pour elles, un réel moyen d’échapper à
leurs difficultés sociales et personnelles. Elles n’y sont pas reconnues à parité avec les
garçons.
Garçons et filles nouent difficilement des relations amoureuses et intimes. Ces difficultés
gênent l’individualisation et, de ce fait, le développement normal de ces adolescents.
Par exemple, pour des jeunes d’origine maghrébine, la revendication de la culture d’origine
sert à justifier des attitudes de surveillance envers les sœurs et à reporter sur elles les
agressions dont ils sont eux-mêmes l’objet.
La cité constitue le milieu de vie du jeune, là où se tissent des liens primaires proches de
l’enfance et des familles. Cependant, les jeunes ont le sentiment d’être dominés de l’extérieur,
alors qu’ils sont dominants à l’intérieur de la cité.
Ce sentiment est sans doute à l’origine de leur attitude de rejet et d’exclusion qui peut se
retrouver en milieu scolaire.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
48
LES LANGUES DES CITES
Dans les cités cohabitent des communautés d’origines diverses, de cultures et de langues
différentes. Cette cohabitation a favorisé l’émergence entre le Français et les dialectes
composant la mosaïque linguistique des banlieues d’un inter langage que certains appellent
aussi la « tchatche des cités ».
Cet inter langage est devenu un outil de communication pour les adolescents et migre,
actuellement, hors des banlieues bénéficiant de la promotion qui en a été faite par la
télévision.
Ce parler local devient ainsi un outil de reconnaissance identitaire pour la jeunesse française,
au détriment d’une langue française plus académique et plus unitaire.
CE QUI INFLUENCE LE DEVELOPPEMENT DE LA PERSONNALITE DES JEUNES DES
BANLIEUES
Le poids de la famille est essentiel
On peut constater que les valeurs des parents et des enfants divergent moins que par le passé.
Il n’y a pas de fossé de séparation entre les générations (nous sommes loin de mai 68). A
noter que la majorité des mères d’origines immigrées préfèrent utiliser leur langue d’origine.
L’école joue un rôle important au niveau de l’intériorisation des règles et des
normes civiques
Il est vrai, cependant que les formations à l’éducation civique s’avèrent insuffisantes et
n’apportent pas assez de résultats dans la lutte contre les incivilités. L’école pourrait jouer, en
outre, un rôle dans le développement de la confiance entre les adolescents et les institutions
publiques.
Le rôle des médias, en particulier celui de la télévision
La télévision, reliée le plus souvent par satellite, permet un choix important de programmes
dont certains en langue étrangère. L’existence d’une « culture virtuelle internationale »
contribue à maintenir ces populations hors du champ de la culture française et hors de la
langue scolaire. Les temps passés devant la télévision sont très importants. L’arrivée des
nouveaux multimédias peut changer le comportement passif actuel.
Le groupe des pairs participe à la socialisation et au développement de la
personnalité des adolescents
Le groupe des pairs peut être aussi une bande comme il en existe de nombreuses dans les
banlieues (noyaux + déscolarisation).
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
49
LA SCOLARISATION DES ADOLESCENTS DES BANLIEUES
Les collèges en ZEP ont été créés pour proposer une éducation conçue pour les jeunes des
banlieues. Le taux de jeunes en crise d’adolescence et en difficulté scolaire y sera très élevé
(de 70 à 80 % des effectifs).
L’éducation prioritaire en 2004 (REP et ZEP)
En 2004, l’éducation prioritaire concernait 656 300 élèves dans les établissements du second
degré (1 collège sur 5). La situation en France est contrastée : 8 % dans l’Académie de
Rennes et de Limoges, 31 % pour Lille et 36 % pour Créteil.
L’objectif premier des ZEP est d’obtenir une amélioration du niveau scolaire des élèves,
notamment chez les plus défavorisés. Les collèges en ZEP sont installés au cœur des ZUS
(Zones Urbaines Sensibles) qui sont exposées aux chômages et aux difficultés sociales.
Lorsque l’on parle des adolescents des banlieues, on parle des grands quartiers sensibles,
comme le 93, le 91, le 95, Lille, Lyon et Marseille avec une culture locale dominante.
ACADEMIE
CRETEIL
PARIS
VERSAILLES
Elèves en
éducation prioritaire
Elèves collège
%
Dont collèges en ZEP
Elèves
%
35.5
26.0
23.5
63 229
11 750
44 809
119 788
33.0
20.3
18.3
TOTAL IDF
68 081
15 038
57 484
140 603
TOTAL FRANCE
557 046
21.4
444 049
17.0
Stat. 2004
Que vont devenir les jeunes des banlieues à la sortie du collège en ZEP
L’origine sociale de ces jeunes (80 % employés, ouvriers et sans emploi) au collège unique
permettra, surtout chez les filles, l’orientation d’environ 30 % d’entre elles vers le lycée
général et technologique.
Les élèves orientés vers l’enseignement professionnel se retrouveront en lycée professionnel
(affectation par l’Académie) ou en CFA (orientation volontaire).
Ceci explique le taux très élevé d’adolescents en crise et en difficultés scolaires dans
l’enseignement professionnel (de l’ordre de 50 à 70 %).
CONCLUSION
La scolarisation des jeunes issus des banlieues est une voie difficile et qui représente une part
significative de notre jeunesse. Mais il faut constater que ces élèves se concentrent aux mêmes
endroits et qu’ils sont surtout concernés par les filières courtes. Il s’agit bien de
regroupements spécifiques qu’il faudrait améliorer localement.
L’objectif de nos travaux est, rappelons-le, d’étudier l’ADOLESCENCE de 15 à 20 ans dans
un contexte plus général.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
50
Chapitre 4
ENQUETE SUR DES ADOLESCENTS FAVORISES
(au collège)
Source : Etude Scouts de France et OKAPI – 2002
Image de ces jeunes scouts et collégiens
POINT DE DEPART
L’étude des 11-15 ans se heurte à une double difficulté :
−
d’une part, c’est une période où les comportements sont très changeants avec les
conséquences de la puberté. Les jeunes sont très sensibles aux modifications des modes de
vie de la société. Leur recherche de modèles et de valeurs en dehors du cercle familial les
rend également très réceptifs aux choix valorisés de leur entourage.
−
D’autre part, la violence scolaire, le débat sur la dépénalisation des drogues, le sentiment
d’insécurité croissant dans la société avec l’image de l’adolescent déstabilisé laissent à
penser à une perte de valeurs des jeunes, de leur faible sentiment de responsabilité, de la
faiblesse de leurs liens avec leurs parents.
Ces travaux donnent une toute autre image de cet échantillon d’adolescents.
L’enquête a utilisé un questionnaire auto-administré. Les résultats portent sur un échantillon
de plus de 800 jeunes.
EXTRAITS DES RESULTATS DE L’ENQUETE
Le partage du temps libre
On constate deux activités principales : la télévision et les multimédias pour environ la moitié
du temps. Vient ensuite le travail scolaire pour 31 % du temps, c’est-à-dire plus de
5 heures par semaine.
Des différences importantes selon le sexe des collégiens :
−
Les garçons font du sport et des activités multimédia.
−
Les filles sont plus studieuses et préfèrent des activités calmes telles que la lecture et la
musique.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
51
Quel que soit le sexe, les sorties entre amis restent relativement limitées par rapport aux
jeunes des lycées (15 à 20 ans).
A partir de 14-15 ans, la proportion de jeunes qui rencontrent leurs amis en dehors du collège
augmente d’environ 25 %, soit 5 heures par semaine en sorties.
L’importance accordée à la télévision
L’importance du temps passé devant le petit écran inquiète de nombreux spécialistes de la
jeunesse. Il faut souhaiter que les jeunes soient capables de se distancer de la culture
audiovisuelle, ce qui est le cas pour cet échantillon des Scouts de France.
A noter, cependant, que les métiers permettant d’accéder à la célébrité sont ceux qui font le
plus rêver les jeunes (chanteurs, acteurs, sportifs...) Il n’en est pas de même pour les métiers
traditionnels.
Le groupe de pairs permet de se distancer du groupe familial
L’adolescent dans sa troupe commence à rechercher des valeurs et des références en dehors
du cercle familial. Le groupe d’amis prend alors une importance croissante avec l’âge et
semble avoir à la fois une fonction d’accueil, d’apport d’une certaine sécurité affective autre
que celle des parents et de diversification des références pour la construction de son identité.
De nombreux adolescents de 14-15 ans, et en particulier les filles, déclarent se sentir plus à
l’aise dans les groupes d’amis que dans leur famille. Les jeunes interrogés définissent l’amitié
par sa dimension affective. Un ami c’est quelqu’un « qui m’aime comme je suis » ou
« quelqu’un qui sait m’écouter et me comprendre ». Cette dimension chez les garçons peut
laisser place à la recherche d’une complicité.
La prise de distance avec le cercle familial se fait sans le rejet des parents
En rupture avec l’image des adolescents en révolte contre leurs parents, les jeunes de 11-15
ans, de cette enquête, ne rejettent pas les relations avec les adultes, et en particulier avec leur
mère ou leur père.
Les parents interviennent sur l’école, la religion, la santé, l’actualité, le choix des vêtements...
Les jeunes confirment qu’ils abordent tous les sujets avec leurs parents, excepté les amours et
les loisirs.
Les 11-15 ans accordent finalement un rôle important aux adultes
Ce qu’ils attendent des adultes : qu’ils apportent des questions à leurs réponses, qu’ils les
aiment et les rassurent, qu’ils les aident à réussir leur vie.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
52
Des jeunes plutôt bien dans leur peau
L’étude de cet échantillon Scout de France amène une rupture avec l’image stéréotypée de
l’adolescent. A la différence de l’approche classique sur « la crise d’adolescence », ces jeunes
sont bien dans leur peau et heureux de vivre.
Cependant, une minorité (16 %) se sent mal dans sa peau, 9 % déclarent ne pas se sentir
heureux de vivre. Ce sont les filles de 14 à 15 ans qui sont le plus concernées par cette forme
de mal être.
Par ailleurs, les jeunes, au collège, ne sont pas encore des consommateurs de tabac ou
d’alcool.
Les valeurs – Un important souci de justice
Les positions des jeunes par rapport à la société sont marquées par un fort souci de justice :
−
le plus important pour vivre ensemble, c’est que j’aie les mêmes droits que tous, ou que je
tienne ma parole donnée.
Les jeunes ont une vision positive de la loi, car elle permet de punir les abus de certaines
personnes. Cependant, cette morale s’assouplit chez les 14-15 ans, car les jeunes pensent que
la loi favorise toujours les mêmes personnes et qu’elle n’est pas toujours équitable.
Les caractéristiques socioprofessionnelles de cet échantillon concernent des
familles favorisées présentant des différences avec la globalité
−
46 % des jeunes vivent dans un ménage de cadres (contre 17 % en moyenne).
−
10 % de ménages ouvriers (contre 40 % en France).
−
Les 2/3 sont des garçons issus de petites agglomérations.
−
90 % sont de religion chrétienne.
−
La pratique de l’activité scoute prend du temps et met en œuvre une pédagogie qui a une
influence sur les comportements et les valeurs des jeunes.
A noter que les jeunes scouts, en particulier les garçons, passent moins de temps que les
autres devant la télévision. Il est possible que la pédagogie scoute orientée sur la notion de
services amène les jeunes à se mettre au service de la société. Ils ont aussi des valeurs
positives : la famille, la religion, la loi...
Pour les autres critères : comparaison avec les autres adolescents, relations avec les adultes et
en particulier les parents, perception du rôle de la scolarité... Les jeunes de cet échantillon
paraissent plus apaisés, mieux intégrés à « leur scolarité ». On ne voit pas de trace de la
fameuse « crise d’adolescence » redoutée par le plus grand nombre.
Il faut remarquer que cet échantillon Scout de France donne une image idéale de la jeunesse à
l’âge du collège et que l’étude a peu approfondi les « angles critiques ».
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
53
SYNTHESE DE L’ENQUETE SCOUT DE FRANCE
Le temps que je consacre en
moyenne à mes activités :
Lorsque je me réunis avec mes
ami(es), quelles sont mes activités ?
−
Le temps passé au travail scolaire
(en moyenne 5 heures par semaine) est
légèrement inférieur à celui passé
devant la télévision.
Les filles aiment discuter et bavarder entre
elles, alors que les garçons préfèrent
pratiquer un sport ou le multimédia.
−
Les activités « multimédias » se
développent plus chez les garçons.
Pour moi, un ami c’est surtout :
« quelqu’un qui m’aime comme je suis »,
avec un côté confidence pour les filles, et
plutôt « partage et rigolade » pour les
garçons
Le goût pour les soirées, les sorties, le
shopping augmente avec l’âge et l’entrée au
lycée.
L’endroit où je me sens le plus à
l’aise, c’est :
Plus l’adolescent grandit, plus il se sent à
l’aise avec ses amis et moins il recherche la
sécurité familiale.
La troupe scoute :
Pour 4 jeunes sur 5, la troupe scoute est le
lieu où ils se sentent le plus à l’aise.
Différence entre les sexes :
Les différences entre les sexes sont
importantes et peuvent traduire une entrée
plus tardive des garçons dans l’adolescence. Et le rôle des adultes :
Les filles se sentent plus à l’aise avec leurs
− Les jeunes attendent des adultes des
amies.
réponses à leurs questions et une
présence rassurante.
−
Je discute des sujets suivants :
Plus les jeunes grandissent, plus ils
discutent de leurs histoires d’amour et de
sexualité et moins ils abordent les sujets
sérieux.
Des interlocuteurs privilégiés en
fonction des sujets abordés.
Des interlocuteurs privilégiés :
Un responsable pédagogique et éducatif est
là pour parler de scolarité et d’avenir.
Cet échantillon représente-t-il une image normale ou une image idéale de l’adolescence ?
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
54
1ère partie
ANNEXE
LEXIQUE DE 50 TERMES PSYCHOLOGIQUES
L’adolescence
L’adolescence est une phase de restructuration affective et intellectuelle de la personnalité, un processus
d’individualisation et de métabolisation des transformations physiologiques liées à l’intégration du corps sexué.
La fin en est difficile à préciser, de nos jours.
L’adolescence constitue un champ psychologique privilégié pour l’étude des changements. Les changements
sont sous-tendus par la réactivation du conflit oedipien de la petite enfance, par la déliaison d’avec les images
parentales infantiles et par la reliaison avec de nouveaux objets libidinaux, par des rapports défensifs à un idéal
du moi et aux pulsions pour établir un nouvel équilibre narcissique.
L’adolescence est infiltrée d’une problématique identificatoire jusqu’au moment où le sujet peut assumer sa
séparation et sa différenciation dans l’autonomie.
Du point de vue intellectuel, elle est caractérisée par le développement de la pensée formelle, le raisonnement
hypothético-déductif, la découverte de la notion de loi et de la morale. Par la pensée, l’adolescent peut aboutir à
un égocentrisme métaphysique, mais peut aussi concevoir des projets d’avenir et de grands idéaux.
Les formes cliniques de l’adolescence comportent aussi bien une originalité juvénile considérée comme
normale, des sentiments d’isolement et des préoccupations obsédantes concernant l’image du corps où peuvent
s’amorcer de graves troubles et des attitudes de défi et de dépendance provoquant l’agression et la déviance.
Action – intention
Annulation rétroactive
L’intention est le fait de se proposer un certain but,
elle correspond à une volonté ou à un désir qui
précède une action. L’action a ceci de particulier
d’être toujours dirigée vers un objet.
Pour certains auteurs, toute action est elle-même
intentionnelle, c’est-à-dire que l’intention, le désir,
la volonté… font partie intégrante de l’action.
Mécanisme de défense par lequel le sujet fait comme
si une pensée ou une action antérieure n’était pas
advenue.
Il s’agit en fait d’un comportement banal, utilisé par
chacun.
Addiction
Désigne le processus par lequel un homme, ou un
groupe d’hommes, acquiert ou détermine lui-même
ses propres règles de conduite.
La capacité d’autonomie résulte de l’intériorisation
de règles et des valeurs consécutives à l’expérience
et aux échanges sociaux.
La conquête de l’autonomie est corrélative à la
construction de l’identité durant l’adolescence.
Qualifie une relation de dépendance aliénante, plus
ou moins consciente, à un produit toxique ou non.
Définit aussi un comportement habituel et répétitif.
Alcool, tabac, drogue, boulimie, sexe...
Affectivité
Notion englobant des états aussi divers que les
émotions, les passions, les sentiments, l’anxiété,
l’angoisse, la tristesse, la joie, voire les sensations de
plaisir et de douleur.
On oppose la motricité, la cognition et l’affectivité.
La psychologie de l’adolescent s’efforce de prendre
en compte la spécificité de l’expérience du plaisir,
de l’angoisse, du désir, de l’amour…
OBSERVATOIRE EPA
Autonomie
Bande
Regroupement d’individus marginaux ou déviants.
L’existence de bandes est généralement associée à la
désorganisation sociale et à des situations de crise,
locales, qui invitent les individus non insérés à créer
leur propre système de normes et de valeurs.
C’est un phénomène lié à l’adolescence.
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
55
Besoins
Etat de déficit ou d’écart à l’équilibre homéostatique
qui déclenche dans l’organisme des comportements
propres en aboutissant à l’acte consommatoire, à
combler le déficit, à rétablir l’équilibre.
Besoins primaires, biologiques : faim, soif, fatigue,
besoins sexuels… qui conduisent à voir dans les
comportements des instruments de la réduction du
besoin, notion-clé dans les théories de la motivation.
Besoins secondaires : (moins directement vitaux)
Besoin d’imitation, d’affiliation au groupe, liés à
l’expérience d’une activité, besoin d’exploration,
esthétique, etc.
Chez S. Freud, c’est la mise en évidence d’une
dissociation entre conscience et activités psychiques
inconscientes qui sera à la base de sa méthodologie.
Cognitif
Ce terme est d’importation récente dans le lexique
français. Il qualifie tout processus de prise ou de
traitement de l’information et s’applique à ce qui
relève de la perception, de la mémoire, de la pensée,
du langage. Il s’oppose alors à l’affectif.
En outre, il qualifie les processus ayant leur siège
dans la boîte noire, dans l’esprit, par opposition aux
comportements.
Crise
Changements
- Changements physiologiques et sexuels.
- Changements dans le processus d’individualité de
l’adolescent. Le sujet veut assurer sa séparation et
son individualité.
- L’étude des résistances au changement constitue
un objet privilégié d’investigation.
Comportement
Activité d’un organisme en interaction avec son
environnement. Le terme désigne tantôt l’ensemble
des activités (le comportement humain), tantôt telle
activité particulière (le comportement alimentaire).
La notion de comportement se limite aux activités
directement observables de l’organisme, ce qui
exclut, dans un premier temps : les états de
conscience, les pensées, les sentiments, les
représentations et autres activités intérieures.
Déviances
Le concept de déviance suppose l’existence d’un
consensus social minimum autour d’un système de
règles reconnues comme légitimes.
Est alors considéré comme déviant celui qui ne
respecte par les normes sociales admises et les
transgresse. (Personnes ou comportements.)
Différenciation
Action d’être soi tout en étant différent de l’autre,
afin de pouvoir mettre en place tous les processus
qui conduisent à l’autonomie.
Empathie
Conflit
Antagonisme, opposition de sentiments, de goûts,
d’opinions entre des personnes ou des groupes.
Le conflit cognitif désigne un sujet partagé entre
deux concepts, deux règles ou des modes de
résolutions discordants.
Le conflit de culture révèle des divergences de
codes, de croyances, de valeurs liées aux interactions
entre groupes culturels différents.
Le conflit psychique est une opposition de
motivation contradictoire chez la même personne.
Le conflit peut rester localisé à une partie du
psychisme. Il y a crise quand il tend à l’envahir tout
entier. La crise d’adolescence en est un exemple.
Conscience (sens philosophique) :
Ce concept porte une triple signification :
- Un principe qui permet de différencier le bien et le
mal et garantit l’exercice du libre arbitre.
- Le sens métaphysique appelle à la connaissance de
soi, à l’introspection.
- A l’origine, c’est le débat sur la conscience, cher
au philosophe, qui exerce un contrôle sur l’activité
cérébrale et, par là, sur les conduites du sujet.
OBSERVATOIRE EPA
La crise est ponctuelle et localisée : c’est un
changement décisif, un moment aigu de déséquilibre. La naissance, les débuts de la scolarisation et
l’adolescence sont autant de phases critiques.
Intuition de ce qui se passe en l’autre, sans oublier
toutefois qu’on est soi-même, car, dans ce cas, il
s’agirait d’identification.
Emotion
Etat particulier d’un organisme survenant dans une
situation dite émotionnelle, accompagnée d’une
expérience subjective et de manifestations
somatiques et viscérales.
Les émotions de base comprennent la joie, la
tristesse, la colère, la peur, la surprise et le dégoût.
Chez l’homme, elles donnent naissance à des
mimiques.
L’émotivité, c’est-à-dire la capacité à réagir par les
émotions, dépend de facteurs génétiques et de
développement, particulièrement au jeune âge.
Estime de soi
Le sujet a une bonne perception de lui-même. Pour
construire cette estime, l’individu doit accepter ses
imperfections. Grâce à elles, il peut surmonter les
épreuves et réussir. Il semble que la construction de
l’identité, la stabilité psychique, la capacité à
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
56
s’investir et à réussir dépendent essentiellement de
l’image que l’on a de soi.
Une image de soi déficiente implique souvent une
dépression et une difficulté d’apprentissage.
Frustration
La privation est le manque d’un objet susceptible de
satisfaire un besoin.
La frustration prend une résonance subjective : la
privation est vécue comme le résultat d’un refus
opposé par autrui.
Groupe d’appartenance
Notion psychosociale qui concerne l’adhésion et la
participation d’un sujet à un groupe.
L’affiliation est un processus sélectif et interactif
d’identification qui contribue à la reconnaissance
sociale d’un individu..
Homéostasie
Notion d’équilibre et de constance du milieu
intérieur en dépit des modifications de
l’environnement. La fixité du milieu intérieur est la
condition de la vie libre.
Identification
En psychanalyse, ce terme désigne les processus
inconscients (à distinguer de l’imitation) au travers
desquels se réalise la structuration du moi et de la
personnalité. Le sujet « se met à la place de l’autre »
(rival, agresseur, objet d’amour et d’admiration)
pour des raisons qu’il méconnaît.
Identité
Caractère de ce qui est même ou unique, bien que
pouvant être perçu, représenté, analysé, nommé… de
manières différentes.
L’identité personnelle, caractérise ce qui demeure
identique à soi-même.
L’identité sociale est la conviction d’un individu
d’appartenir à un groupe social, reposant sur le
sentiment d’une communauté géographique,
linguistique, culturelle et entraînant certains comportements spécifiques.
Les jeunes migrants se trouvent confrontés à des
traditions et à des modèles divergents, voire
conflictuels, qui aggravent la crise identitaire.
L’adhésion aux normes et aux valeurs de la société
de référence est une composante essentielle de
l’intégration.
Image du corps
Représentation imaginaire que chaque sujet a de son
corps. Cette notion montre combien la formation du
corps joue un rôle déterminant dans la genèse de la
représentation de soi.
OBSERVATOIRE EPA
Imago
Représentation des personnes de l’entourage premier
du sujet (père, mère...) qui se fixe dans son inconscient et oriente son mode d’appréhension d’autrui.
Indiscipline
C’est le refus de se soumettre aux règles éducatives
et à leur système institutionnel.
Rapporté au cadre familial et scolaire, l’indiscipline
est un des symptômes des troubles de l’enfance et de
l’adolescence.
Débordant du seul registre des troubles du caractère,
l’indiscipline relève des facteurs psychosociaux qui
donnent sens à cette forme d’insoumission.
Relation sociale asymétrique et légitime de celui qui
doit l’obéissance aux parents, au maître, au chef…
Individuation
Terme qui est presque toujours complété par
séparation. Individuation/séparation : ces deux mots
accolés sont très utilisés par les psychiatres de
jeunes enfants pour montrer que l’enfant doit se
séparer de sa mère et devenir un individu autonome.
C’est peu à peu qu’il se détache de l’image
maternelle avec laquelle il est en fusion totale dans
les premiers mois de sa vie.
Intégration
Principe d’organisation s’appliquant à des structures
dont les éléments sont ordonnés ; les niveaux
supérieurs organisant leur contrôle sur les niveaux
inférieurs. Le concept d’organisation est central dans
la logique du vivant (les lois d’intégration du
système nerveux central).
En psychologie, la notion d’intégration tient une
place capitale dans les contextes les plus divers :
mécanismes d’apprentissage ou ordonnancement des
stades du développement cognitif, organisation de la
mémoire, prise en compte des informations
sensorielles…
Ce terme s’applique aussi aux conduites orientées
vers un but et à toute action intentionnelle.
Dans le contexte psychopédagogique ou psychosocial, le terme d’intégration désigne l’insertion à un
groupe auquel le sujet devrait s’adapter.
Notion inverse de la différenciation.
Libido
Terme créé par Sigmund Freud qui peut se traduire
en langage courant par sexualité. En fait, dans la
théorie freudienne sur les pulsions, la libido désigne
les manifestations dynamiques de la sexualité. Elle
trouve sa source dans les zones érogènes et son but
est la satisfaction des pulsions. Elle peut être tournée
vers un autre extérieur ou vers soi, de manière
narcissique. Comme toutes les pulsions, selon les
individus et les circonstances, la libido peut soit être
refoulée soit être sublimée.
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
57
Maturité
Personnalité
Période de la vie caractérisée par le plein
développement physique, affectif et intellectuel.
Ce qui fait l’individualité d’une personne. Les
travaux les plus récents s’efforcent de spécifier ce
qui relève plutôt de la psychologie que de la
biologie. La psychologie s’oriente soit sur des
composantes motivationnelles, soit dans une
perspective cognitive qui met l’accent sur
l’influence de l’information.
L’information apparaît comme la synthèse durable
des actions psychiques d’un sujet.
Motivation
La motivation s’inscrit dans la fonction de relation
du comportement : grâce à elle, les besoins se
transforment en buts, plans et projets.
Le développement de la motivation implique :
- la canalisation des besoins (apprentissages)
- l’élaboration cognitive (buts et projets)
- la motivation instrumentale (moyens)
- la personnalisation (autonomie)
Mécanismes de défense
Cette notion englobe tous les moyens utilisés par le
moi pour maîtriser, contrôler, canaliser les dangers
internes et externes.
La psychanalyse énumère en particulier : la
régression, le refoulement, la formation réactionnelle, l’isolation, l’annulation, l’indentification
projective…
Dans la perte des objets infantiles et dans la
canalisation du surcroît pulsionnel (sexuel et
agressif), l’adolescent mettra en place des
mécanismes de défense intra psychiques.
Cependant, l’ensemble de ces questions reste source
de débats.
Narcissisme
Terme né de la référence au mythe de Narcisse qui, à
trop admirer son reflet dans l’eau, fut transformé en
fleur. Le narcissisme a été très étudié par Jacques
Lacan, notamment dans le fameux stade du miroir
que traversent tous les enfants de 6 à 18 mois. Le
narcissisme se définit comme l’amour porté à son
image. Il existe un narcissisme primaire qui
appartient au moi et un narcissisme secondaire qui,
lui, est un retour sur le moi avec constitution
d’images idéales. Celui-ci joue un rôle dans
certaines perversions sexuelles caractérisées par la
recherche d’un partenaire identique à soi-même.
Objet
Terme de la psychanalyse pour définir ce qui oriente
le désir de chacun : il est bon ou mauvais.
D. Winnicott parle d’objet transitionnel qui permet
de se séparer de la mère ; Sigmund Freud définit
l’objet comme le but de la pulsion : « ce en quoi ou
par quoi la pulsion peut atteindre son but ».
Pensée
Le mot « pensée » renvoie à toutes les manifestations de l’esprit, désignant tantôt des idées, tantôt
des raisonnements. Les rapports entre pensée et
langage demeurent complexes.
Le terme « cognition » tend à se substituer à
« pensée ».
OBSERVATOIRE EPA
Personnalisation
A la différence de la socialisation, véritable
intégration au groupe par identification, la
personnalisation est réalisation de soi, réalisation par
le projet, promotion par le pouvoir, estimation des
valeurs, développement de l’identité et de
l’autonomie.
A noter que la socialisation peut être une
dépersonnalisation. Il y a un rapport dialectique
entre développement et crise.
Problèmes
Situations face auxquelles le sujet ne dispose pas de
conduite adaptée.
Les problèmes sont utilisés depuis longtemps par les
psychologues pour étudier le mode de fonctionnement de l’intelligence ou pour évaluer le niveau de
performance.
La résolution de problèmes met l’accent sur les
processus en stratégies par lesquels le sujet arrive à
la réussite finale.
Psychanalyse
Méthodologie de S. Freud
Inconscient : définit toute opération mentale et toute
représentation inaccessible à la conscience du sujet.
En d’autres termes, une grande partie des processus
perceptifs de la mémoire, de l’attention, de la
décision… sont inconscients.
Conscient : l’un des trois systèmes de l’appareil
freudien. Il est la condition dynamique d’un
inconscient d’une toute autre nature.
Le MOI et le ÇA : la préadolescence apporte des
changements. La quantité des émotions investit
toutes les pulsions du ÇA, sexuelles et agressives :
retour des tendances orales et annales qui entraînent
la voracité, la complaisance dans la saleté et le
désordre.
L’adolescence apportera par la suite des
modifications plus qualitatives. Le MOI change
considérablement, devient plus inflexible, soucieux
de renforcer ses défenses.
Le SURMOI : sous l’effet de la puberté, le SURMOI
résiste mais sa position s’en trouve affaiblie. Les
parents peuvent inconsciemment perdrent leur rôle
de soutien du SURMOI.
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
58
L’IDEAL du MOI : il est considéré comme une
fonction du SURMOI (idéalisation du moi).
Psychisme
Terme définissant la vie mentale avec ses pulsions et
toutes ses instances psychologiques.
Pulsion
Terme du vocabulaire freudien. La pulsion a une
source corporelle et un but : supprimer l’état de
tension corporelle qu’elle engendre. La pulsion est
dirigée vers un objet. Les pulsions se situent à la
limite du somatique et du psychique.
On parle de pulsion orale, de pulsion anale et
génitale. La plus célèbre des pulsions est la libido.
La pulsion est une source, un but qui induit la
satisfaction, la décharge d’énergie investie et un
objet par rapport à un but qui peut être atteint. Si
l’objet n’est pas trouvé et si le but n’est pas atteint,
naissent la frustration et un accroissement de la
tension qui est ressenti comme un déplaisir.
Pulsion et satisfaction
Source
somatique
OBJET
Décharge
d’énergie
BUT
atteint
PLAISIR
Insatisfaction
FRUSTRATION
TENSION
OBJET
pas trouvé
BUT
pas atteint
Types de pulsions : sexuelles, pulsions du moi et
d’autoconservation (alimentation, musculaire…)
pulsions de vie, pulsions de mort (agression,
destruction).
Raisonnement
Activité de pensée intentionnelle qui se présente
comme un enchaînement de propositions qui permet
de conclure à la valeur de vérité (vraie, fausse,
probable…)
On distingue 2 types de raisonnement : les
déductions et les inférences.
La quête identitaire
La recherche de son identité est au centre de la crise
d’adolescence.
OBSERVATOIRE EPA
La construction de son identité, la reconnaissance de
celle-ci par soi-même et par les autres constitue un
enjeu majeur à l’adolescence.
Pour un jeune, construire son identité, c’est
découvrir ce qu’il aime, ce qu’il désire, ce qu’il
envisage affectivement et professionnellement, bref,
ce qu’il attend de la vie. Il atteint un âge de remise
en question et il fait le bilan de sa vie.
(Autonomie)
Refoulement
Mécanisme de défense typique de l’hystérie. C’est
l’opération par laquelle le sujet repousse ou
maintient dans l’inconscient des pensées, images ou
souvenirs liés à la sexualité. Pour S. Freud, son
essence consiste dans le fait d’écarter et de maintenir
à distance du conscient des représentations et non
des affects qui ne peuvent être que réprimés.
Regression
En psychanalyse, ce terme désigne un type de
mécanisme de défense utilisé dans le cadre de
l’interprétation des symptômes psychopathologiques.
S. Freud évoque la régression de la libido, la
régression de l’ego et la régression objectale.
Sentiment
Etat affectif complexe qui peut concerner des objets
internes (le MOI) relié à des situations étrangères
(ou extérieures).
La définition du sentiment inclut nécessairement la
subjectivité mais en précisant la relation du sujet aux
circonstances : perception, action, sensation.
A noter que le narcissisme, l’amour, la haine, la
jalousie… font partie des sentiments.
Sublimation
Processus de dérivation des pulsions sexuelles et
agressives vers des buts et des objets socialement
valorisés, en particulier l’investigation intellectuelle
et la créativité culturelle.
Le mécanisme de sublimation permet à l’enfant une
modification structurale de sa vie pulsionnelle, qui
l’oriente vers les apprentissages scolaires, les jeux
sociaux, l’activité culturelle et l’établissement des
nouvelles relations humaines. Dans la famille se
développent les sentiments de tendresse, de dévotion
et de respect.
Symptômes
Ce terme, qui appartient à l’origine au vocabulaire
médical, implique une relation entre quelque chose
qui se montre (le signe) et le trouble organique ou
psychologique non visible.
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
59
Dans le cadre de la névrose, de la crise… le
symptôme apparaît comme un compromis entre
l’expression d’un désir et les mécanismes de défense
qui maintiennent inconscient ce désir.
Les valeurs
Ce par quoi on est digne d’estime sur le plan moral,
intellectuel, physique, etc.
Référée à l’idéologie, une valeur est proche d’une
fin (la liberté, la solidarité, le savoir…) Elle peut
s’appliquer à des groupes (valeurs éducatives) et
conduit à insister sur la signification des pratiques
sociales.
Violences
La violence physique fait régner la loi du plus fort
en opprimant des individus ou des groupes plus
faibles.
Les psychologues décrivent différentes formes de
violence morale : la menace du retrait de l’amour et
de la protection ainsi que l’usage pervers du
raisonnement, qui peuvent introduire des règles
paradoxales. Le psycholoque J. Bergeret appelle
« violence fondamentale » la situation du nourrisson
confronté aux mauvais traitements des adultes et à
une règle archaïque d’équilibre des vivants et des
morts : pour que l’un vive, l’autre doit mourir.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
60
CONCLUSION
CONNAISSANCE DE L’ADOLESCENCE
Une période propice à la formation de la volonté
La psychologie des adolescents : gérer la crise ou inventer une nouvelle
pédagogie ?
Les adolescents vivent dans un monde en mutation, alors qu’ils sont eux-mêmes en forte
mutation. Bien entendu, si la société montrait une voie royale à chacun d’eux, les adolescents
auraient, malgré tout, à choisir entre le travail ou le divertissement et la convivialité.
Il n’en a pas toujours été ainsi. Les jeunes nés dans les années 30, les adolescents de la guerre,
avaient à l’esprit des objectifs très simples et qui stimulaient leur volonté : trouver à manger,
avoir un emploi avant 16 ans et choisir une fiancée avant que le choix ne se limite. Ce qui
montre bien qu’un jeune sans avenir peut mettre en place des mécanismes de réussite.
Les pédagogues modernes insistent sur les particularités des adolescents :
−
−
Il faut répondre aux questions essentielles : à quoi je sers, pour qui je compte ?
Quel que soit le contexte, l’adolescent demande de l’amour et de la reconnaissance.
Pour survivre, les groupes ont besoin de règles à défaut de buts précis. Aussi, le travail sur
l’organisation des microcontextes prend une place exceptionnelle dans la pédagogie des
adolescents.
La cohérence des règles constitue un point de repère important, car les jeunes ont besoin
d’une stabilité psychosociale pour se construire.
Plus une société se complexifie, plus les objectifs proposés manquent de visibilité... et plus la
communauté scolaire doit veiller à son fonctionnement propre, sans oublier aucun de ses
membres. Chaque individu peut se préparer par la formation à réussir sa vie, même s’il ne sait
pas encore de quoi sont fait les lendemains.
Derrière toute cette dilapidation d’énergie, que l’on rencontre surtout chez les garçons, il faut
admettre que l’adolescence est une extraordinaire école pour la maîtrise de la frustration,
c’est-à-dire une période de construction de la personnalité et de la volonté.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
61
Les échanges avec
les professionnels scolaires
A QUI LES JEUNES SE CONFIENT-ILS ?
Les adolescents, qui sont-ils ? Que font-ils ?
de seconde
en %
de 1ère BEP
en %
Se confient aux parents pour un problème
scolaire
73
de santé
65
sentimental
15
de sexualité
25
de drogue
33
70
67
11
17
27
65
68
10
18
26
Se confient à une autre jeune pour un problème
scolaire
17
de santé
10
sentimental
65
de sexualité
38
de drogue
22
20
9
68
52
29
26
10
67
52
32
Se confient à un professionnel pour un problème :
enseignant, éducateur, infirmière, médecin, assistante sociale
scolaire
1
de santé
13
sentimental
4
de sexualité
2
de drogue
3
4
15
4
2
2
2
13
3
2
2
Ne se confient pas pour un problème
scolaire
7
de santé
12
sentimental
18
de sexualité
33
de drogue
40
5
7
19
26
38
5
6
15
22
34
Les élèves
de 4ème
en %
Enquête nationale Inserm, U169 – 1993
Commentaires sur les échanges avec les proches :
La lecture de ce tableau confirme le rôle central de la cellule familiale pour ce qui est essentiel
(scolaire, santé). Concernant la mise en place de sa nouvelle personnalité, de sa nouvelle vie...
l’adolescent se confiera plus naturellement à ses pairs (sentiments, sexualité, drogues). Alors
que le jeune a conscience du rôle incontournable de l’école, qui permet d’accéder aux
diplômes (les talismans du positionnement social), il reste fermé aux échanges sur sa propre
scolarité, sur sa vie... avec les professionnels scolaires.
Certains professionnels, comme le médecin et l’infirmière, sont les mieux perçus pour aider
les jeunes qui rencontrent des difficultés.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
62
Les adolescents se sentent-ils chez eux dans leur établissement ?
Une enquête réalisée par l’INSERM en 1993 s’est intéressée aux relations profondes des
adolescents et en particulier à rechercher à qui ils se confiaient en cas de besoin.
Lorsqu’il s’agit de se confier à un professionnel scolaire, l’adolescent a des scores très faibles
(4 %) comparé à la famille (70 %), ce qui laisse à penser qu’il y a des dispositifs à mettre en
place, dans chaque établissement scolaire, pour améliorer la communication individuelle.
Ceci amène une autre question : le rôle d’un établissement scolaire est-il seulement de
transmettre un savoir, ou doit-il se sentir davantage concerné par l’éducation des élèves qui lui
sont confiés ?
Nous avons souligné l’importance de la cohérence des règles et de l’organisation du micro
contexte que représente la communauté scolaire. Il faut y ajouter la notion de confiance qui
est le plus souvent représentée par une personne et non par une collectivité. Ce sont les
difficultés partagées qui conduisent à la confiance, qui s’établit difficilement au niveau du
lycée/CFA, car le nombre d’intervenants non enseignants est limité dans les structures
actuelles. Avoir des conseillers disponibles, c’est le prix à payer pour mieux connaître
individuellement les adolescents.
Voir tableau en page précédente : A qui les jeunes se confient-ils ?
Les révélateurs de la crise d’adolescence
Il existe aussi une autre méthode pour « gérer les adolescents », c’est d’attendre que leurs
problèmes émergent et que les incidents se multiplient afin de fournir des motifs pour
intervenir.
Devant la longue liste des incivilités et incidents liés à l’adolescence.
Les chefs d’établissements doivent mettre en place deux groupes de solutions :
−
−
Mettre en place des pédagogies plus adaptées aux adolescents
Se doter d’un dispositif pour réduire les conséquences des problèmes et des incidents.
Voir tableau en page suivante
Dans le chapitre suivant, nous allons nous attacher à montrer les différences existantes entre
les filières de formation.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
63
LES REVELATEURS DE LA CRISE D’ADOLESCENCE
Quels sont les problèmes ou les comportements excessifs qui amènent les adultes à parler de
crise d’adolescence ?
LES DOMAINES
LES REVELATEURS
DANS LA FAMILLE
−
−
−
−
−
−
−
−
−
−
−
−
−
Puberté - Amour-sexualité
Changement dans les relations familiales
Fin de l’obéissance – Conflits répétés, désordre
Permission de sortie, chantage affectif
Plus d’émotivité et de sensibilité
Agressivité, bagarres, humeur variable
Tout pour les copains (bandes)
Troubles du sommeil
Prise de risque, recherche d’autonomie
Mauvaises habitudes, tabac, alcool, cannabis, drogues
Alimentation anarchique
Excès de télévision, d’Internet, de jeux vidéo
Désaffection pour l’école, résultats en chute
A L’ECOLE
−
−
−
−
−
−
−
−
−
−
Refus de l’autorité, insolence, insultes
Vécu scolaire négatif - Absentéisme, retards
Crises, changement de personnalité (identité)
Incivilités, indiscipline, réactivité excessive
Perturbe le bon déroulement de la classe
Résultats scolaires en chute
Conflits répétés - Violence à l’école, agressivité
Prédélinquance, vols, racket - Trafics divers
Insatisfait de l’orientation
Décrochage scolaire
SANTE
−
−
−
−
−
Transformations liées à la puberté - Sexualité, grossesse
Addictions : tabac, alcool, cannabis, drogues
Troubles du sommeil, vie nocturne
Passage dépressif, fatigue, suicide - Angoisse, crise de tétanie
Problèmes de santé
Les accidents répétés :
− A l’atelier, travail à l’extérieur
− Accidents de la route
− Sport
AVEC
LA SOCIETE
(police et justice)
L’HABILLEMENT
LA « PARLURE »
OBSERVATOIRE EPA
−
−
−
−
−
Dégradations, vols, racket
Violences, agressions sexuelles
Trafics ou usage de produits illicites
Installation dans la délinquance
Appartenance à une bande de délinquants (jeunes déscolarisés, chômeurs,
jeunes en errance... principalement)
−
−
−
−
−
Comportements de types marginaux, le plus souvent en groupes
Manque de propreté et d’hygiène
Les vêtements (spectaculaires)
Le percing, les tatouages excessifs
Les nouveaux langages empruntés aux banlieues, pauvreté du langage
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
64
2ème PARTIE
ENQUETE SUR LES ADOLESCENTS
EN SITUATION SCOLAIRE
Les différenciations
College, LGT, LP, CFA
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
65
2ème partie
Chapitre 1
UNE IMPORTANTE DIFFERENCIATION DES ADOLESCENTS
en fonction des filières
Avec la massification de la scolarité, la très grande majorité des adolescents – il y en a
6 millions – va se trouver sous statut scolaire, dans un système scolaire qui présente de
grandes différences créées par l’orientation – sélection.
Repères sur les enseignements
Entrée
dans la vie active
COLLEGE – Premier cycle
11 ans
6ème
3.200.000 élèves
800.000 par
classe d’âge
Préadolescence
Puberté
5ème
Retour de vacances
13 ans
4ème
15 ans
Difficultés
scolaires
Adolescence
3ème
16 ans → Entreprises
LYCEE – Second cycle
58 %
2.567.000 élèves
LGT
LP
CFA
15 ans
Lycée GT
14 %
LP
CFA
CAP
BEP
1.507.000
720.000
340.000
Niveaux V et IV
28 %
Terminales
18 ans
37 %
Bac G
21 %
Bac Techno
16 ans
18 ans
Bac Pro 1
Bac Pro 2
Bac Pro
BP
→ BEP et CAP
Entreprises
19-20 ans → BAC PRO
Entreprises
Enseignement supérieur
540.000 élèves
entrent dans le
supérieur,
soit 65 % des jeunes
du collège
OBSERVATOIRE EPA
BTS
105.000 / an
DUT
50.000 / an
Classes préparatoires
36.000 / an
Université (entrants)
300.000 / an
UIFM
50.000 / an
La culture étudiante française permet
un certain tâtonnement jusqu’au BAC + 2
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
20 ans
→ BTS
Entreprises
Vie active différée
20-26 ans
66
ELEVES SORTANT DU SYSTEME EDUCATIF, SANS DIPLOME, OU SANS METIER
Bases
Taux (%) Sortants
−
Collège
- Décrochage scolaire
800 000
9.0
72 000
−
Lycée GT
- Décrochage scolaire (2ème et 1ère)
- Echec au BAC
460 000
-
4.2
18.0
19 300
82 000
−
LP et CFA
- Décrochage scolaire (1ère et 2ème années)
- Echec au CAP et au BEP (20 %)
240 000
200 000
12.0
20.0
28 800
40 000
−
Université
- Décrochage scolaire (1ère et 2ème années)
- Echec au DEUG
200 000
40.0
80 000
Estimation globale
322.100
Un adolescent sur quatre sortira du système d’enseignement, sans diplôme et sans métier. Les risques
(et les problèmes) pour ces adolescents sont plus élevés par rapport à ceux qui obtiennent une
qualification professionnelle. Ce sont des élèves des filières générales qui sont le plus durement
touchés.
ORIGINES SOCIOPROFESSIONNELLES DES ADOLESCENTS
MEN - DPD
Les critères CSP regroupés en 4 catégories :
Catégories
Collège
A
Favorisée
Cadres > BAC+3
Professions
libérales
Enseignants
19.7 %
B
Favorisée
Professions
intermédiaires
Niveaux III et IV
14.7 %
C
Moyenne
Employés
Commerçants
Artisans
Agriculteurs
28.5 %
D
Défavorisée
Ouvriers et
sans activités
37.2 %
Lycée GT
28.0 %
17.6 %
29.2 %
25.2 %
Enseignement privé
Sous contrat
31.0 %
15.3 %
30.2 %
23.5 %
Lycée Pro
6.7 %
12.8 %
23.5 %
51.0 %
Apprentissage
3.5 %
8.5 %
20.0 %
60.0 %
Les origines sociales favorisées sont surreprésentées au niveau du lycée GT, en particulier avec le
secteur privé. Au lycée professionnel, seulement 19.5 % des jeunes sont issus d’un milieu favorisé et
beaucoup moins en apprentissage (12 %).
La majorité des auteurs en psychologie de l’adolescent choisissent comme champ d’études les élèves
(et leur famille) issus de milieux favorisés et moyens au collège et au lycée. Sur le plan quantitatif,
cela représente environ trois millions d’adolescents.
Par contre, les chercheurs qui travaillent sur les pathologies et sur les déviances liées à l’adolescence,
se retrouvent naturellement dans un champ plus restreint : celui de l’enseignement professionnel et de
la déscolarisation.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
67
L’ORIENTATION A LA FIN DU COLLEGE
Rappels
Dans les milieux de l’enseignement public, le mot « sélection » est interdit. Au niveau des
usages, ce sont les mots « orientation » et « affectation » qui sont employés.
L’orientation en 4ème
Les élèves âgés de 16 ans peuvent être orientés vers l’enseignement professionnel, les
enseignements spécialisés et la vie active.
L’orientation en 3ème
Une campagne intensive est mise en place de janvier à juin pour présenter, aux élèves et à leur
famille, les différents choix d’orientation. Un document de liaison entre le collège et la
famille permet d’aboutir à deux choix qui seront proposés, dans un premier temps, au
professeur principal, assisté du conseiller d’orientation psychologue (COP).
Les enfants sont mineurs et les familles, tout comme les enseignants, privilégient les
formations générales et technologiques :
−
530.000 jeunes entrent en seconde, empruntant ainsi le modèle unique. Le taux d’accès
au BAC est d’environ 65 %.
L’entrée dans l’enseignement professionnel
L’orientation dans un lycée professionnel se fait directement par le collège. En revanche,
l’entrée en Apprentissage est un choix volontaire qui sera fait par les familles.
Au niveau du lycée professionnel, dans la majorité des cas, il s’agit d’une orientation par
défaut qui est souvent proposée aux jeunes et aux familles, comme un dernier recours, avant
la vie active.
L’adolescent qui se trouve dans cette situation vit cette orientation comme une humiliation, et
ce sentiment risque de s’installer.
Le profil des entrants au lycée professionnel :
Age : 1 à 2 ans de retard, mauvais résultats scolaires, lassitude de l’école, procédure
d’orientation trop rapide, sentiment d’être laissé sur le côté.
Un nombre élevé de jeunes orientés vers les lycées professionnels proviennent des collèges en
ZEP et des banlieues populaires.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
68
Qu’advient-il du million de jeunes de l’enseignement professionnel en France ?
Ils représentent 16 % des adolescents et bénéficient d’une scolarité plus concrète et d’un accès
facilité à l’emploi. Cependant, il faut remarquer que bon nombre de ces jeunes n’exercent pas
les métiers qu’ils ont appris.
Dans cette filière, la « crise d’adolescence » sera plus répandue, avec assez souvent des
tendances à l’agressivité. Ce développement irréversible est lié à l’évolution des familles, du
tissu social de proximité et de la culture adolescente. L’absence de ressources financières sera
elle-même un facteur aggravant pour cette jeunesse issue de milieux défavorisés.
Théorie de la concentration des jeunes en crise, par l’orientation
LE CONSTAT
● Crise d'adolescence
ESTIMATION
● Mauvais résultats
COLLEGE
taux ados en tension
ADOLESCENTS EN TENSION
Collèges
40 %
Collèges en ZEP 70 %
scolaires
● Blessure
de l’orientation
●●●●●●●●●●●●●●●●●
●●●●●●●●●●●●●●●●●●
Orientation
volontaire
NIVEAU V
LGT
LP
●●●●●●
Terminale
●●●
20 % d’échec au niveau du BAC
BEP
CFA
●●●●●●●●●●
●●●●●●●
●●●●●●
●●●
●●●●●●●
●●
Bac Pro
Bac Pro
●●●
●●
Manque de maturité
au niveau du BAC PRO
Plus de maturité
C’est au lycée professionnel que le CUMUL : crise d’adolescence, niveau scolaire faible et
ressentiment après l’orientation, sera le plus important. Au CFA, le volontariat avec les
parents et l’embauche en alternance va, le plus souvent, accélérer la maturité de l’adolescent
qui est mieux orienté . A remarquer que les adolescents sont beaucoup plus apaisés en classe
terminale avec l’enjeu du BAC, mais aussi grâce au travail éducatif au lycée qui porte ses
fruits (voir travaux CPE).
Le niveau IV, c’est-à-dire le BAC PRO, au niveau du lycée professionnel n’apporte pas
encore la maturité souhaitée chez des jeunes de 19 à 20 ans. Est-ce lié au climat
psychologique du lycée professionnel ou à un défaut de valorisation du BAC PRO et de ses
débouchés ?
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
69
LE DESIR DE POURSUIVRE SES ETUDES, UNE CLE POUR L’ADOLESCENT
L’attractivité des jeunes, qui est essentielle, n’est pas seulement générée par le choix d’un
métier ou d’une profession. D’autres influences, qui sont des étapes intermédiaires vont
intervenir :
Attractivité pour les diplômes et pour les niveaux :
BAC G, BAC Techno et BAC PRO, BTS, Université (DEUG), CPGE...
A noter que le CAP et le BEP ont perdu, en partie, leur attractivité.
Attractivité pour les établissements scolaires :
Les jeunes se font leur propre image et leur propre cote des établissements de leur périmètre.
Les élèves du collège, y compris ceux qui sont destinés au lycée professionnel, recherchent la
proximité.
L’influence des proches sur l’attractivité reste prépondérante :
Les parents, les proches, les copains, les « modèles » proposés par la télé... font partie de la
recherche d’un métier et d’une « solution identitaire ».
Il est fréquent aussi qu’un adolescent fasse le même choix qu’un « ami » dans l’espoir de
rester ensemble par la suite.
A l’opposé de cette démarche, les opérations d’orientation à la fin du collège et d’affectation
par l’académie vont décider du passage dans l’enseignement professionnel, avec une approche
bureautique.
COMMENT DEVIENT-ON ELEVE DE LYCEE PROFESSIONNEL
Certains élèves ont vraiment choisi d’aller au lycée professionnel, d’autres ne sont jamais
vraiment « entrés » à l’école, depuis le CP ou le collège, ils ont toujours été en échec.
Mais, la majorité des élèves du lycée professionnel relève d’un 3ème cas de figure : pour eux
l’orientation est le moment de la perte de leur ambition à la suite d’une dérive scolaire, de
ruptures diverses, le plus souvent familiales, ou d’événements traumatisants.
(voir schémas page suivante)
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
70
Lycée
professionnel
Répartition des jeunes des LP
NIVEAU V
A
B
C
NOUVELLES TRAJECTOIRES
Ceux qui ont
vraiment
choisi
-
dérive au collège
ruptures
évènements déstabilisants
crise d’adolescence
Ceux qui
ne sont jamais
« entrés »
à l’école
Proches de la
déscolarisation
(Rapport de force)
COMPARAISON AVEC L’APPRENTISSAGE
Les conséquences du volontariat des jeunes et de leurs familles, ajoutées à la nécessité de
conclure un contrat d’apprentissage avec une entreprise, vont modifier considérablement la
sociologie des jeunes qui étudient en CFA.
CFA
Répartition des jeunes des CFA
NIVEAU V
A
B
C
NOUVELLES TRAJECTOIRES
Ceux qui ont
vraiment
choisi
-
dérive au collège
ruptures
évènements déstabilisants
crise d’adolescence
Erreur de
recrutement
par le CFA
A. Un nombre plus élevé d’élèves qui font le choix d’un métier avant la campagne
d’orientation et un « taux d’adolescents en crise » qui devrait être plus faible qu’en lycée
professionnel.
B. Cette population, qui est de plus en plus importante au CFA, peut avoir été déçue par
l’orientation publique et par l’image négative du CAP et du BEP, elle trouve dans
l’apprentissage un choix de métiers et de niveaux plus large.
Le taux d’adolescents en crise devrait être plus élevé que pour le groupe A.
C. Cette catégorie, qui a une longue histoire avec l’échec scolaire et qui refuse la discipline,
reste plutôt en LP dans le cadre de l’enseignement obligatoire. En général, le CFA ou les
employeurs écarteront ce type de candidats trop agités à l’entrée dans l’apprentissage.
La crise d’adolescence, dans ce groupe, concerne la presque totalité d’entre eux.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
71
POURQUOI DECROCHE-T-ON AU COLLEGE ?
Difficulté dès le CP
La majorité des élèves qui présentent des difficultés scolaires au collège ont redoublé le CP.
En 6ème
Le passage de la classe unique, avec un seul instituteur, à la pluralité des professeurs et des
classes peut jouer un rôle en 5ème et 4ème, dans le décrochage scolaire.
Avec l’adolescence
La puberté, la croissance, la fatigue, les changements dans la personnalité du jeune, les crises
familiales... peuvent aggraver les difficultés scolaires du jeune.
A cette étape, le jeune va apporter de nouveaux sujets – pris en dehors du collège et de la
famille – qui vont le distraire de l’école : « ça ne m’intéresse pas » « je préfère m’amuser avec
les copains ».
Une fois de plus, l’extérieur, les copains... vont se substituer au travail scolaire personnel et à
la motivation pour les études et il est vrai qu’au moment de l’adolescence cette attitude peut
paraître normale à certains.
L’enseignement professionnel devrait chercher à s’élargir en direction des adolescents – de
niveau moyen – qui auraient besoin à la sortie du collège d’une nouvelle trajectoire plus
ouverte qu’aujourd’hui, qui soit en même temps une 2ème chance.
Après une période d’adolescence difficile et fatigante en 4ème et 3ème, l’adolescent, s’il est de
niveau moyen et ouvert aux études, aspirera à une nouvelle chance. L’enseignement
professionnel, en faisant la promotion de son rôle d’ascenseur social, et de ses possibilités
de rattrapage pour ceux qui sont intéressés par un BAC professionnel ou un BTS, éviterait aux
adolescents de faire trop tôt le deuil de leurs ambitions.
Les enseignants et la réussite scolaire de leurs enfants
Les instituteurs et les professeurs savent que la réussite de l’adolescence passe par la réussite
scolaire. Pour réaliser cet objectif, les parents-enseignants bénéficient d’un « savoir-faire », le
plus souvent transmis par la génération précédente.
Actuellement, 45 % des élèves de CPGE proviennent de familles d’enseignants, ce qui
ressemble à un exploit. Au collège, les jeunes issus de ces familles n’étaient que 3 %. Il y a là
un modèle qui devrait servir de référence aux familles, au moins en ce qui concerne les
méthodes utilisées (témoignage).
Une des clés de la différenciation entre les adolescents se trouve au niveau de l’effort
scolaire consenti individuellement et qui est lié à l’expérience scolaire des parents.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
72
2ème partie
Chapitre 2
LES ENQUETES EN CLASSE PAR QUESTIONNAIRES
Auprès des lycées GT, lycées professionnels, CFA
Les entretiens réalisés au début de l’étude ont montré la difficulté à mesurer le vécu scolaire
des adolescents, si l’on voulait comparer les différents secteurs. Une enquête sur l’adolescent
en milieu scolaire a été mise en place à partir de questionnaires en auto-passation.
Méthodologie et objectifs
Deux questionnaires ont été conçus pour l’ensemble des publics :
Enquête 1 – sur le processus d’adolescence
Enquête 2 – sur la psychosociologie des adolescents
(Questionnaires en pages suivantes)
Les questionnaires utilisés proposent environ 9 groupes de questions avec des ouvertures
personnelles. Le dépouillement a été facilité par l’utilisation du logiciel Ethnos 3 qui propose
des tris à plats et des tris croisés.
Où ont été réalisées ces enquêtes ?
L’hypothèse d’enquêter directement auprès des jeunes a été écarté et ce sont les proviseurs et
les CPE qui se sont chargés de faire distribuer les questionnaires en classe.
La représentativité de l’enquête : 10 établissements en Ile de France et Province
Lycée GT
Lycée professionnel
CFA importants
(4)
(3)
(3)
soit 60 classes pour 2x1 000 QCM
Il s’est avéré en outre que la combinaison entretiens et enquêtes permettaient de créer des
liens avec les enseignants.
Les objectifs de ces enquêtes
Utilisation de deux questionnaires complémentaires (QCM2 et QCM5) afin de disposer
d’informations représentatives.
La 1ère enquête sur le processus d’adolescence et la 2ème enquête sur les aspects psychosociaux
ont été analysées séparément avec des conclusions partielles chaque fois que cela a été
possible.
La fin du chapitre sera réservée aux résultats des enquêtes, aux aspects comparatifs et
synthétiques.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
73
1ère ENQUETE
1er lot
ENQUETE SUR LE PROCESSUS D’ADOLESCENCE
au lycée GT
QCM2
Juin 2006
Cette première enquête a été réalisée à Maurepas, dans la nouvelle ville de Saint-Quentin en
Yvelines, grâce au soutien de deux proviseurs ouverts à la sociologie scolaire. Ces lycées sont
de conception récente, dans un cadre urbain de la fin du XXe siècle.
Les élèves usagers de ces lycées sont là pour « poursuivre leurs études » et leurs
comportements, individuels et collectifs, présentent une assez bonne maîtrise. L’origine des
adolescents correspond à la moyenne socioprofessionnelle (Ile de France et Province).
Les élèves de seconde de lycée GT, comme base de comparaison
Ils représentent 60% d’une classe d’âge, ils sont mineurs de 15-16 ans et ont été choisis dans
le cadre d’une orientation de fin de 3ème avec la participation des parents.
Cette sélection d’élèves de seconde est sans doute la meilleure base de référence dont nous
disposons pour une comparaison avec les autres filières de formation.
1er lot - Maurepas
QCM2 - Lycées généraux et technologiques
L’échantillon retenu :
QCM2 – Le processus d’apprentissage
247 questionnaires, pour 16 classes
Principalement : niveau seconde, élèves mineurs
Sexe : Filles 67%
Q1.
Garçons 33%
Pour vous, l’adolescence est un changement de quel type ?
Psychologique : 35,2 %
Physique : 34,2 %
Relationnel : 18,0 %
Avec la société : 12,6 %
Les filles soulignent plus la dimension psychologique.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
74
Q2.
La fin de l’adolescence, qui est le passage à l’âge adulte, correspond à :
- La maturité ........................... 47,6 %
- Le début du travail ............. 31,8 %
- Les diplômes ..............................
- La vie à 2.....................................
13,5 %
7,2 %
Le mot maturité parait être universel, car au lycée le début du travail et la vie à deux sont des étapes
encore lointaines pour les élèves.
Q3.
Etes-vous un adolescent :
- Satisfait ..................................
- Assez satisfait......................
42,1 %
31,5 %
- Inquiet de l’avenir ....................
- Ayant besoin d’un soutien ....
73,6 %
21,0 %
7,2 %
Les garçons sont plus optimistes, les filles modèrent leur satisfaction (assez satisfaite) et elles expriment
leur inquiétude de l’avenir. La notion de soutien ou d’assistance n’est pas habituelle.
Q4.
Selon vous, qu’est ce qui caractérise le processus d’adolescence ?
- Désir d’autonomie, indépendance ................
18,2 %
- Changement sexuel.........................................
7,8 %
- Nouvelle façon de voir les choses ................
14,7 %
- Plus de sensibilité, de conflits.........................
6,8 %
- Changements dans les relations familiales ...
10,3 %
- Peurs, angoisses..............................................
5,0 %
- Humeur variable...........................................
10,2 %
- Développement des appétits et des pulsions...
4,4 %
- Refus de l’autorité et des contraintes ...........
8,2 %
- Recherche de dialogue....................................
3,4 %
- Image de soi, confiance en soi .....................
8,0 %
- Solitude, isolement .........................................
2,5 %
Les filles ont plus conscience des changements : changement sexuel, humeur variable, peurs et angoisses,
changement d’image personnelle. Elles désirent aussi mettre en œuvre une nouvelle façon de voir les
choses et en particulier obtenir plus d’autonomie de la part de la famille.
Les garçons se situent dans « l’âge ingrat » avec refus de l’autorité, refus scolaire et des conflits frontaux.
Les adolescents rappellent aussi qu’ils sont pleins d’énergie (et de sexualité), qu’ils aiment jouer,
s’amuser et qu’ils ont des besoins affectifs considérables de leurs parents et de leurs pairs.
Il peut être intéressant d’éduquer les adolescents aux bases de la vie scolaire, au début des cycles
scolaire : 4ème, seconde, 1ère CAP et BEP.
Q5.
Qu’aimez-vous le plus ?
- Sortir entre copains ......................
- Etre avec des amis ........................
- M’amuser .........................................
21,2 %
21,1 %
19 ,9 %
61,4 %
- La liberté .....................................
- Aider les autres .........................
- Avoir des responsabilités.......
18,6 %
11,8 %
7,4 %
Les adolescents du lycée GT aiment avant tout sortir, être entre amis, s’amuser.
Les filles préfèrent être entre amies pour échanger, les garçons cherchent d’abord à sortir avec leurs
copains pour s’amuser.
Q6.
Ce que vous n’aimez pas ?
- L’hypocrisie ....................................
- L’injustice........................................
- L’échec .............................................
31,7 %
26,7 %
15 ,7 %
- Etre traité comme des enfants
- L’autorité ....................................
- Les études ...................................
13,9 %
8,9 %
3,1 %
Les filles montrent du doigt les valeurs et la morale, les garçons n’aiment pas être traités comme des
enfants et boudent davantage les études.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
75
Q7.
Qui est le mieux placé pour proposer une ligne de conduite aux adolescents ?
- Les parents ......................................
- Les proches .....................................
- Moi-même .......................................
29,8 %
19,8 %
15 ,3 %
- La société ....................................
- L’entreprise ................................
- Le lycée .......................................
68,9 %
10,0 %
9,5 %
7,0 %
L’intimité entre collectivité scolaire et adolescent doit passer par un médiateur.
Q8: Les principaux dangers à éviter :
- Le tabac, l’alcool, le cannabis (TAC) .....
- Le sida, les MST .....................................
- La violence .............................................
- Perte de motivation pour les études ....
- Echec scolaire........................................
- Les dettes, le vol ....................................
- Etre sous la dépendance d’une bande .....
- L’isolement, le repli sur soi ....................
Sous-total
13,2 %
10,9 %
10,2 %
9,3 %
8,9 %
6,3 %
5,9 %
5,8 %
- Manque de sommeil, vivre la nuit .....
- L’absentéisme....................................
- Les conflits ........................................
- Le refus des règles .............................
- Se couper des adultes.........................
- Abus de TV, Internet .........................
- Style de l’ado trop excessif................
- Autre..................................................
4,8 %
4,4 %
3,5 %
3,3 %
3,0 %
2,8 %
2,6 %
70,5 %+9-
Les dangers qui guettent l’adolescent sont bien identifiés par chacun : les addictions, les changements liés
à la sexualité, la violence, l’échec scolaire, et une mauvaise hygiène de vie.
Même au lycée GT, les jeunes connaissent les chemins qui conduisent à la délinquance juvénile : le vol,
la drogue, les bandes organisées et l’échec scolaire (déscolarisation).
Q9.
Quelles difficultés rencontrez-vous actuellement ?
Cette question ouverte a permis aux lycéens de s’exprimer librement.
1. Scolarité / famille
(rôle élevé)
50%
− Difficultés scolaires, manque de motivation pour les études, peur de l’échec,
−
lassitude scolaire.
Relation avec la famille. Difficultés de dialogue avec les parents, problèmes familiaux ...
2. Difficultés psychologiques
−
−
−
−
−
−
−
30%
Début de relations sentimentales et amoureuses
Problèmes de comportement et relationnels
Manque de confiance en soi, conflits en cours
Crise d’angoisse, difficulté de mobilisation intellectuelle
Besoin d’affection, solitude affective
Besoin de liberté, d’autonomie
Image de soi (le corps, les habits ...)
3. Sujets à risque
12%
− Manque de sommeil
− Addictivités : TAC, sexualité
− Manifestations psychosomatiques
(Mal de ventre, nervosité, angoisses, crises de tétanisation ...)
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
76
4. Thèmes liés à l’autonomie
8%
Chez les jeunes de niveau IV, surtout des adolescents majeurs
Ces jeunes ont des préoccupations marquées pour le travail, l’argent, la construction de leur propre
autonomie. Ils ont plus conscience, que les jeunes de seconde, des exigences de la scolarité pour
réussir leur avenir. Ils vont rechercher activement des stages et des petits boulots, pour assurer leur
argent de poche et améliorer leurs loisirs.
5. Les adolescents et leur avenir
Beaucoup d’adolescents veulent en savoir plus sur le devenir de la société et sur leur avenir. En
absence d’aide et d’information sur ce point, ils peuvent exagérer leur peur de l’avenir et douter de
leur orientation.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
77
SYNTHESE QCM 2
LA PERCEPTION DE L’ADOLESCENT PAR LUI-MEME
LYCEE LGT
AUTONOMIE
La perception des changements
créés par l’adolescence
73 % des adolescents
sont satisfaits de leurs lycée
CHANGEMENTS
AVEC
LA FAMILLE
NOUVEAUTES
Nouvelles
relations sociales
Ce qu’ils aiment ?
−
−
−
La construction de la personnalité
Sortir
Etre entre amis
S’amuser
Sensibilité, humeur variable, transgressions,
peurs, angoisses... La recherche d’identité, les
relations sociales, le corps, les vêtements...
A travailler :
Faible conscience collective,
Apprendre à aider les autres et
à prendre des responsabilités
Qui est le mieux placé pour les guider ?
Les parents, les proches, les pairs, eux-mêmes.
L’adolescent n’a pas encore découvert tout l’intérêt
de demander des conseils à des professionnels.
Le passage à l’âge adulte est flou et éloigné
pour les jeunes de seconde. Le travail, la
vie à deux, un logement séparé l’intéressent
moins que la réussite aux diplômes.
−
−
Pour les questions de fond, l’adolescent s’adresse
peu au lycée (7 %).
Un nombre assez élevé d’adolescents sont inquiets
de leur avenir.
Au lycée, certains jeunes ont des besoins matériels incontournables. Ces adolescents qui doivent
se débrouiller deviennent plus mûrs (comme les apprentis). Ils vont rechercher des petits boulots,
des stages en entreprise et des emplois saisonniers pour assurer leur autonomie matérielle pour
diverses raisons.
La perception des dangers et des risques
• les addictions
• la sexualité, les MST
• la violence
• la perte d’intérêt pour les études et l’échec scolaire
• manque d’hygiène de vie et de précaution
• les chemins de la délinquance : vol, bande, drogue...
Il faut noter que chez les jeunes élèves du lycée GT, les relations avec la famille et avec l’école
occupent une place majeure. Ce sont les adolescents majeurs (le plus souvent en terminale) qui
cherchent à nouer de nouvelles relations sociales avec l’extérieur.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
78
OBSERVATOIRE EPA
Enquête QCM 2
QUESTIONNAIRE
L’adolescent en milieu scolaire
Etablissement : ................................................................. Référence : .......................
Voici un questionnaire qui vous permettra d’exprimer votre point de vue et vos sentiments concernant
l’adolescence.
Merci de répondre, selon les cas, en cochant une case ou en rédigeant une ou plusieurs lignes.
Vos coordonnées :
Age ................ ans
Classe ou niveau ..........................................................................
Fille
Spécialité ......................................................................................
Garçon
1. L’adolescence est-elle un changement :
Physique
Psychologique
Relationnel
Avec la société
2. La fin de l’adolescence correspond au passage à l’âge adulte avec :
Les diplômes
La maturité
Le début du travail
La vie à deux
Assez satisfait
Ayant besoin d’un soutien
Inquiet de l’avenir
3. Etes-vous un adolescent ?
Satisfait
4. Le processus de l’adolescence, qu’est ce qui le caractérise, selon vous :
Veuillez cocher 4 cases
Changement sexuel
Refus de l’autorité et des contraintes
Changement dans les relations familiales
Désir d’autonomie, indépendance
Recherche de dialogue
Plus de sensibilité, plus de conflits
Humeur variable
Peurs, angoisses
Image de soi, confiance en soi
Solitude, isolement
Nouvelle façon de voir les choses
Ouverture des appétits
Autres : .....................................................................................................................................................................
........................................................................................................................................................................................
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
79
5. Qu’aimez-vous le plus ? (faites 2 choix)
Sortir avec les copains
Aider les autres
Etre entre amis
La liberté
Avoir des responsabilités
M’amuser
6. Ce que vous n’aimez pas : (faites 2 choix)
L’autorité
Les études
Etre traité comme des enfants
L’hypocrisie
L’injustice
L’échec
7. Qui est le mieux placé pour proposer une ligne de conduite aux adolescents ?
Veuillez cocher 3 cases
Vos parents
Vos copains
La société
Vos proches
Un livre spécialisé
Moi-même
Le lycée / CFA
L’entreprise
Autres : .....................................................................................................................................................................
........................................................................................................................................................................................
8. Quelles difficultés rencontrez-vous actuellement ?
.................................................................................................................................................................................................................................................................
.................................................................................................................................................................................................................................................................
.................................................................................................................................................................................................................................................................
9. Dans tout ce que l’on dit et écrit sur l’adolescence, aujourd’hui, quels sont pour vous les
principaux dangers à éviter ?
Veuillez cocher 5 cases
LES DANGERS
Manque de sommeil, vivre la nuit
Abus de TV, Internet
Fatigue liée à la croissance, mauvaise hygiène de vie
L’alcool, le cannabis...
Se couper des adultes
Les dettes, le vol
Pas de motivation pour les études
Echec scolaire
Le « style de l’ado » trop excessif : langage,
vêtements, monde à part...
Se mettre sous la dépendance d’une bande douteuse
Le sida, les MST
Refus des règles
Isolement, repli sur soi
Conflits à répétition
Les blocages
L’absentéisme à l’école
La violence
Crise avec le maître d’apprentissage
Autres : .....................................................................................................................................................................
........................................................................................................................................................................................
Toute l’équipe d’EPA vous remercie de votre participation et vous garantit
une totale confidentialité sur vos réponses.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
80
1ère ENQUETE
2ème lot
ENQUETE SUR LE PROCESSUS D’ADOLESCENCE
En CFA APPRENTISSAGE
QCM2
Juin 2006
2ème lot – IMT Grenoble
QCM2 – Le processus d’apprentissage
−
−
−
−
285 questionnaires pour 15 classes
Niveau V 194, niveau IV 114
Spécialités : BTP, Métiers de Bouches/HR, Pharmacie (SS)
Sexe : garçons 79%, filles 21%
Le traitement de ce lot s’est fait selon 4 angles :
−
−
−
−
La comparaison globale niveau V - niveau IV
La comparaison lycée GT - CFA
La comparaison par spécialités
La comparaison des opposés : Pharmacie BP et BTP niveau V
1ère analyse : comparaison globale IMT – Niveau V et Niveau IV
Niveau V :
96 BTP, 75 MB, 23 HR
Niveau IV (BP) : 53 BTP, 16 MB, 45 SS
Total 194
Total 114
Niveau V
Niveau IV
Ecart
LGT (repères)
%
%
%
%
Q1 : Adolescence
Psychologique
Physique
Relationnel
Société
31.3
29.1
23.5
16.2
28.2
33.9
23.5
14.3
- 3.1
4.9
0.0
- 1.9
+
Q2 : Fin de l'adolescence
La maturité
Début du travail
Diplômes
Vie à deux
46.9
32.1
9.0
12.0
44.9
27.9
8.3
18.9
- 2.1
- 4.2
- 0.7
6.9
-
Q3 : Satisfaction
Satisfait
Assez satisfait
Inquiet de l'avenir
Besoin d'un soutien
53.0
31.7
10.0
5.4
50.1
25.8
21.1
3.0
- 2.9
- 5.8
11.1
- 2.3
Questions
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
+
47.6
31.8
13.5
7.2
42.1
+
31.5
21.0
7.2
73.6
73.6
81
Q4 : Processus adolescence
Questions
Niveau V Niveau IV
%
%
Ecart
%
LGT (repères)
%
Autonomie
Nouvelle compréhension
Changement relations famille
Humeur variable
Refus de l'autorité
Image de soi
Changement sexuel
Plus de sensibilité, de conflits
Peur, angoisses
Appétits / pulsions
Dialogue
Isolement
18.2
15.3
11.8
8.6
6.7
10.4
12.6
4.1
1.3
4.7
4.1
1.7
17.4
13.8
11.0
9.4
8.2
10.9
11.2
4.0
4.0
3.9
2.3
2.8
-0.8
-1.5
-0.8
0.7
1.4
0.5
-1.4
-0.1
2.7
-0.8
-1.7
1.0
Q5 : Qu'aimez-vous le plus ?
Sortir avec les copains
Etre entre amis
M'amuser
La liberté
Aider les autres
Avoir des responsabilités
26.6
16.0
14.0
22.1
6.5
14.8
16.0
22.5
12.4
21.5
11.9
15.8
-10.7
6.5
-1.6
-0.6
5.4
0.9
-+
Q6 : Ce que vous n'aimez pas
Hypocrisie
L'injustice
L'échec
Etre traité comme des enfants
Autorité
Les études
19.1
22.9
17.7
16.3
11.0
13.1
31.7
26.4
17.9
13.6
5.0
5.4
12.7
3.5
0.2
-2.7
-6.0
-7.6
+
9.7
10.9
9.0
11.8
12.2
11.2
2.1
1.3
2.2
+
8.5
8.7
8.7
4.6
3.7
6.0
4.9
4.7
1.8
2.2
2.6
1.4
2.6
6.1
8.2
9.3
7.0
4.0
3.5
4.3
2.9
3.3
2.8
4.2
3.5
2.7
-2.4
-0.5
0.6
2.4
0.3
-2.5
-0.6
-1.7
1.5
0.6
1.6
2.1
0.1
Q7 : Les dangers de l'adolescence
L'alcool, cannabis (TAC)
Le sida, les MST
La violence
Manque de motivation pour les
études
Echec scolaire
Les dettes, le vol
Bande douteuse
Isolement
Le manque de sommeil, vivre la nuit
L'absentéisme
Les conflits
Refus des règles
Se couper des adultes
L'abus de TV, d'Internet
Style de l'ado trop excessif
Fatigue liée à la croissance
+
+
+
-
-
+
-
+
18.2
14.7
10.3
10.2
8.2
8.0
7.8
6.8
5.0
4.4
3.4
2.5
21.2
21.1
19.9
18.6
11.8
7.4
61.4
31.7
26.7
15.7
13.9
8.9
3.1
13.2
10.9
10.2
9.3
8.9
6.3
5.9
5.8
4.8
4.4
3.5
3.3
3.0
2.8
2.6
Les adolescents mineurs recherchent la nouveauté et sont plus inconscients, leurs aînés sont
davantage tournés vers les responsabilités et ont plus de discernement.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
82
Q8 : Qui doit vous donner une ligne de conduite ?
Niveau V Niveau IV
Questions
%
Les parents
Les proches
Moi-même
La société
L'entreprise
Le lycée / CFA
27.5
14.9
20.9
5.5
15.1
6.7
%
28.2
16.2
14.3
7.6
12.8
8.0
Ecart
LGT (repères)
%
%
0.7
1.3
- 6.6
2.1
- 2.3
1.3
+
Q9 : Quelles difficultés rencontrez-vous actuellement ?
Niveau V
29.8
19.8
15.3
10.0
9.5
7.0
79% de garçons
Niveau IV
Les jeunes
- Problèmes d’adaptation au travail en
entreprise
- Adaptation à l’alternance : scolarité CFA,
manque de temps, manque de motivation
pour les études
- Problèmes psychologiques et de
découverte de la vie amoureuse et sexuelle.
Développement relationnel et personnel
- Problèmes de transports, permis de
conduire
- Besoin de continuer un travail
psychologique : relationnel, confiance en
soi, rencontrer des amies.
- Inquiétude pour l’avenir, peur de rater les
examens, de ne pas trouver une entreprise
après l’apprentissage.
- Développement de la vie sociale
- Problèmes financiers liés aux dépenses de
la vie en couple avec logement indépendant
- Désir d’être reconnu
- Problèmes familiaux
Conclusion : Comparaison niveau V et IV
Les apprentis mineurs de 15 à 17 ans :
Ils sont plus enthousiastes et acceptent d’être modelés par le CFA et par l’entreprise. Les enjeux de
ces adolescents sont situés au niveau de leur existence quotidienne et du plaisir qu’ils en retirent. Il
parait nécessaire d’aider les jeunes de 1ère CAP/1ère BEP au moment du démarrage de l’apprentissage en particulier dans la mise en œuvre de l’alternance.
Les apprentis majeurs de 18 à 20 ans :
Ils préparent un BP ou un BAC PRO et ont des repères concrets sur l’existence. La clé de voûte de
leur avenir c’est la réussite dans les études et dans l’obtention d’un job. Ces jeunes ont déjà pris le
chemin de l’autonomie.
Par contre, ils sont plus exigeants, supportent mal l’autorité. Les apprentis plus âgés de niveau IV,
qui réussissent difficilement leurs études, expriment plus d’insatisfaction et sont inquiets pour
leur avenir.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
83
2ème analyse : comparaison lycée GT et CFA
Questionnaire QCM2 : enquête IMT comparée à enquête LGT – principaux écarts
Voir questionnaire BLEU – QCM2
Sélection de questions
Apprentissage
Niveau V
Niveau IV
LGT en %
Diplômes
Vie à deux
9.0
12.0
8.3
18.9
13.5
7.2
Satisfaction
Satisfait
Assez satisfait
Inquiet de l'avenir
Besoin d'un soutien
53.0
31.7
10.0
5.4
50.1
25.8
21.1
3.0
42.1
31.5
21
7.2
Adolescence
Humeur variable
Refus de l'autorité
Image de soi
Changement sexuel
Plus de sensibilité, de conflits
Peur, angoisses
8.6
6.7
10.4
12.6
4.1
1.3
9.4
8.2
10.9
11.2
4.0
4.0
10.2
8.2
8.0
7.8
6.8
5.0
Ce qu’ils aiment
Sortir avec les copains
26.6
16.0
21.2
Etre entre amis
M'amuser
16.0
14.0
22.5
12.4
21.1
19.9
La liberté
Aider les autres
22.1
6.5
21.5
11.9
18.6
11.8
Avoir des responsabilités
14.8
15.8
7.4
Ce qu’ils n’aiment pas
L'échec
Autorité
17.7
11.0
17.9
5.0
15.7
8.9
Les dangers
L'alcool, cannabis (TAC)
9.7
11.8
13.2
La violence
Manque de motivation pour les études
9.0
8.5
11.2
6.1
10.2
9.3
Qui donne la ligne de conduite ?
Les parents
27.5
28.2
29.8
Les proches
La société
14.9
5.5
16.2
7.6
19.8
10.0
L'entreprise
15.1
12.8
9.5
6.7
8.0
7.0
Le lycée / CFA
Commentaires :
Les lycéens GT sont de jeunes adolescents plus dépendants de leur entourage. Leurs principales
préoccupations : les diplômes, plus de sérieux face à l’avenir, une forte écoute de leurs pairs et de
la société.
Les apprentis de niveau V vont exprimer de la spontanéité, plus de narcissisme, des changements
sexuels plus conscients. Ils avouent leur manque de motivation pour les études.
Les apprentis majeurs de niveau IV sont déjà tournés vers leur futur métier avec le désir de devenir
autonome.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
84
3ème analyse : comparaison par spécialités IMT
Questions QCM2 – enquête IMT – les spécialités : BTP, Métiers de bouche, Pharmacie (SS)
Sélection de questions
MB
%
SS
%
Satisfait
Assez satisfait
Inquiet de l'avenir
50.5
33.0
10.7
57.0
24.8
13.8
36.2
27.7
36.2
Adolescence
Autonomie
Nouvelle compréhension
Humeur variable
Changement sexuel
Image de soi
Peur, angoisses
Refus de l'autorité
16.6
16.3
8.4
14.9
9.4
1.4
7.4
15.9
13.8
8.8
11.4
10.2
3.7
8.9
19.0
8.2
12.5
9.8
12.5
6.0
9.2
Ce qu’ils aiment le plus
Avoir des responsabilités
15.2
12.6
15.5
Sortir avec les copains
Etre entre amis
25.0
19.4
22.3
17.1
10.3
27.8
La liberté
M'amuser
18.7
15.2
22.8
14.0
24.7
8.3
6.5
11.3
13.4
Ce qu’ils n’aiment pas
Hypocrisie
Les études
19.0
12.2
27.1
6.1
38.7
3.2
L'échec
17.9
19.0
15.1
Qui donne la ligne de conduite ?
Les parents
La société
30.1
4.9
27.4
4.5
30.0
11.7
Le lycée / CFA
Moi-même
7.9
18.8
8.2
17.0
5.8
13.3
Les proches
Les copains
14.8
10.2
16.4
12.1
17.5
5.0
Les dangers
Manque de motivation pour les études
7.1
7.9
4.0
La violence
Le manque de sommeil, vivre la nuit
9.0
6.1
10.2
3.6
12.5
4.0
L'abus de TV, d'Internet
Crise avec le maître d'apprentissage
2.1
0.8
4.4
3.6
5.8
1.3
Aider les autres
Voir questionnaire BLEU – QCM2
BTP
%
Commentaires :
Les apprentis les plus confirmés (BP Préparatrice en pharmacie – filles) nous offrent un profil
proche de l’adulte :
−
−
−
−
−
Une satisfaction réservée et une inquiétude assez forte pour l’avenir.
Elles aiment être entre amies, profiter de la liberté et peuvent aider les autres.
L’hypocrisie et l’injustice comme antivaleurs sont fortement repoussées.
La société et les pairs ont remplacé le schéma parental.
La violence fait peur.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
85
4ème analyse : comparaison des opposés - IMT
Pharmacie BP (filles) et BTP niveau V (garçons)
Les écarts sont importants
Voir questionnaire BLEU – QCM2
Sélection de questions
BTP Niv V
Garçons
SS Niv IV
Filles
%
%
Ecarts
%
Vie à deux
13.8
18.3
+ 4.5
Satisfait
Assez satisfait
Besoin d'un soutien
Inquiet de l'avenir
50.0
32.0
8.0
10.0
36.2
27.7
0.0
36.2
- 13.8
- 4.3
- 8.0
+ 26.2
Adolescence
Autonomie
Nouvelle compréhension
Humeur variable
Changement sexuel
Peur, angoisses
15.3
14.8
8.8
16.6
1.3
19.0
8.2
12.5
9.8
6.0
+ 3.7
- 6.6
+ 3.7
- 6.8
+ 4.7
Ce qu’ils aiment le plus
Sortir avec les copains
Etre entre amis
27.1
19.7
10.3
27.8
- 16.8
+ 8.1
M'amuser
Aider les autres
13.3
5.4
8.3
13.4
- 5.0
+ 8.0
8.3
12.5
+ 4.2
Les dangers
La violence
Commentaires :
−
Les jeunes adolescents affichent plus de satisfaction (+50%) pour le CFA que les filles en BP
(36.2%).
−
Les jeunes du BTP en niveau V sont caractérisés par leur énergie et leur goût pour la
nouveauté. Ils abordent ouvertement la sexualité et leur besoin de mixité. Ceci illustre bien le
côté pulsionnel de ces jeunes apprentis.
Conclusion au niveau du processus de l’adolescence :
Les adolescents du lycée et en CFA ne sont pas complètement sortis des transformations entamées
à la puberté ; sexualité et changements de relations avec la mère.
Les jeunes de 15 à 17 ans sont les plus influençables et les plus imprudents. Parmi les apprentis
plus âgés, on trouvera une partie de ces jeunes soumis à des addictions majeures et dont la
dépendance est déjà installée.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
86
2ème ENQUÊTE
1er lot
ENQUETE SUR LES ASPECTS PSYCHOSOCIAUX
ADOLESCENCE EN MILIEU SCOLAIRE
Test apprentissage QCM 5
Octobre 2006
Aspects psychosociaux
180 questionnaires CFA
Q1.
Qu’est ce qui compte le plus pour vous ?
1.
Les parents ................................................ 25,5%
6.
Le sport ...........................................................
6,2%
2.
Les copains................................................ 18,3%
7.
Les loisirs ......................................................
4,3%
3.
Ma petite amie ......................................... 15,8%
8.
La société.......................................................
1,3%
4.
Les sorties .................................................. 12,8%
9.
Les éducateurs ............................................
0,8%
5.
Le lycée / le CFA ................................... 10,7%
10. Les professeurs ...........................................
0,7%
Les jeunes rappellent en annexe leurs plaisirs favoris : aller en boite, manger, avoir une voiture et
des moments tranquilles. Une minorité reste sérieuse en pensant au travail et à l’avenir.
Q2.
Comment utilisez-vous votre argent ?
Les apprentis déclarent disposer de :
1. 100 à 200€ ......... 32,5%
2.
200 à 500€ ........ 51%
3.
Plus de 500€ ........ 16,5%
Selon leurs déclarations, ils utilisent cet argent pour :
1. Sorties
..................................................................
2. Loisirs
38,7%
5. Aide à votre famille......................................... 8,9%
6. Epargne .................................................................. 5,3%
3. Habillement ............................................... 23,2%
7. Logement .............................................................. 4,1%
4. Alimentation ............................................. 15,5%
8. Scolarité................................................................. 1,3%
Sous-total : 77,4%
Il faut ajouter dans certains cas des dépenses importantes pour les voitures et les motos. Alors que
certains apprentis acceptent de partager avec leur famille, d’autres disposent d’un budget d’argent
de poche élevé qui peut devenir « tentateur ».
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
87
Q3.
Qu’est ce qui vous intéresse le plus ?
1. Réussir mes examens ............................ 18,9%
6. Me réaliser ..................................................
5,9%
2. Mon avenir.................................................. 18,6%
7. M’amuser, sortir ......................................
5,8%
3. Devenir autonome ................................... 15,4%
8. Les copains, les copines ......................
5,4%
4. Avoir un bon emploi.............................. 15,1%
9. Voyager ........................................................
5,0%
5. Vivre à 2.......................................................
10. Faire du sport..........................................
2,8%
7,2%
Chez les apprentis, le sens des réalités prend le pas avec l’âge sur le divertissement et les copains
lorsqu’il s’agit de se construire un métier et de devenir autonome.
Q4.
Qu’est ce qui vous manque le plus actuellement ? (question ouverte)
−
Dans un premier temps, les besoins concrets émergent : avoir des vacances scolaires, avoir plus
de temps libre, passer son permis de conduire, avoir une voiture ou un deux-roues, améliorer
les moyens de transport.
−
Certains apprentis manquent d’argent surtout les plus âgés, plus autonomes.
−
Au niveau du CFA, on aimerait avoir plus de services : club de foot, soutien scolaire,
amusement et aide pour choisir les sorties.
−
La demande de conseils et de soutien psychologique est assez fréquente :
Pour avoir plus de tendresse et d’affection, pour avoir de vrais amis, pour mieux réussir sa vie
amoureuse, pour réussir son développement personnel et bénéficier de plus de mixité garçonfille, ...
−
Les apprentis ont besoin d’être conseillés pour mieux vivre leur présent et leur futur.
Q5. Remarques sur votre CFA / IMT
1. Je m’y sens bien ....... 55,4%
2. Pas d’opinion .......... 42,1%
3. Je m’y sens mal....... 2,6%
Les apprentis expriment des exigences assez fortes sur le CFA :
−
Des locaux plus modernes, plus design, des salles climatisées, des ordinateurs plus rapides.
−
Une meilleure organisation pédagogique et administrative : moins de distance humaine dans les
rapports Apprentis-IMT.
−
C’est sur la cafétéria et le self que les remarques sont les plus fréquentes : baisser le prix des
repas et des boissons, plus d’emplacements de cafétéria étant donné l’architecture de l’IMT,
améliorer la cafétéria actuelle...
−
Avoir des caissons ou des casiers pour mettre son matériel.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
88
Q6. Auprès de qui iriez-vous en cas de difficultés ?
1.
Vos proches .............................................. 27,4%
5. Les formateurs ............................................
5,8%
2.
Vos parents .............................................. 27,2%
6. Le CFA ...........................................................
3,1%
3.
Les copains, les pairs.......................... 21,0%
7. Internet, téléphone ....................................
3,0%
4.
L’entreprise .............................................
8. L’infirmière ..................................................
0,8%
9. CPE – surveillant.......................................
0,0%
7,4%
Sous total : 83%
L’apprenti se sent plus en confiance avec les personnes de sa sphère personnelle. Au niveau du
CFA, il faut sans doute mieux formaliser les possibilités de « consulting » offertes aux jeunes.
Q7.
Que pensez-vous de votre travail scolaire ?
1.
Je suis peu motivé par les études..... 40,2%
3. Cela demande beaucoup de travail ... 15,4%
2.
J’aime étudier ............................................ 34,9%
4. Les études sont difficiles ........................
9,6%
Ce point demande un approfondissement, car en fonction des niveaux et des spécialités les
cotations sont très variables.
Par exemple : BTP – 66,7% sont peu motivés par les études, alors que 46,2% des élèves du tertiaire
aiment étudier.
Q8.
Que pensez-vous de votre entreprise ?
1. C’est bien.....................................................
80,9% 3. Je n’ai pas eu le choix ...........................
4,8%
2. J’ai été déçu ................................................
14,4% 4. Je me suis mal intégré ...........................
0,0%
Dans les BTP, 93,8% des apprentis sont satisfaits de leur entreprise. Cela montre bien l’importance
de la motivation des jeunes par le contrat de travail.
Q9.
Quelle est votre opinion sur votre orientation actuelle ?
1. Bonne........... 79,8%
2. Moyenne ....... 20,2%
3. Médiocre .......... 0,0%
Cette question, regroupée avec les questions sur le CFA, montre bien la satisfaction de la formation
en apprentissage, avec cependant des contraintes et des efforts plus marqués qu’au lycée.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
89
QCM5 - Observatoire EPA
Etablissement : ........................................................
LGT
LP
Questionnaire : L’ADOLESCENCE EN MILIEU SCOLAIRE
Vos coordonnées :
Lycée ....................................................................................
Age..................... ans
Classe....................................................................................
Fille
Spécialité ..............................................................................
Garçon
Voici un questionnaire qui vous permettra d’exprimer votre point de vue et vos sentiments sur
l’adolescent et son environnement.
Merci de répondre, selon les cas, en cochant une case, ou en rédigeant une ou plusieurs lignes.
1. Qu’est ce qui compte le plus pour vous ?
Les parents
Le lycée
Le sport
Les loisirs / Les sorties
Pouvoir dialoguer
(cochez 3 cases)
Les copains / Les copines
Etre en bonne santé
Les professeurs / Les éducateurs
La télévision / L’ordinateur
Avoir des responsabilités
Si autres, précisez ..............................................................................................................................................................................
2. Comment utilisez-vous votre argent ?
De quelle somme disposez-vous par mois pour vos dépenses ? ................ euros / mois en moyenne
(Argent de poche + petits boulots)
Comment utilisez-vous cet argent (cochez 3 cases)
Habillement
Alimentation
Matériel et fournitures scolaires
Transports
Aide à votre famille
Permis de conduire
2 roues, Auto
Epargne
Si autres, précisez ..............................................................................................................................................................................
..................................................................................................................................................................................................................
3. Quels sont vos principaux objectifs ?
Réussir mes examens
M’épanouir
Avoir un bon emploi
Voyager
Le sport
Avoir des responsabilités
(cochez 4 cases)
Devenir autonome
Bâtir mon avenir
Les copains, les copines
M’amuser, sortir
La vie culturelle
Aider les autres
Si autres, précisez ..............................................................................................................................................................................
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
90
QCM5 – L’adolescence en milieu scolaire
4. Qu’est ce qui vous manque le plus actuellement ?
(Rédiger quelques lignes)
................................................................................................................................................................................................................
................................................................................................................................................................................................................
................................................................................................................................................................................................................
5. Que pensez-vous de votre lycée ?
Je m’y sens bien
Pas d’opinion
Je m’y sens mal
Quelles améliorations faudrait-il apporter ? (cochez 3 cases)
L’organisation de la vie scolaire
Le règlement intérieur
Les locaux
La possibilité d’être conseillé
La cafétéria, les boissons
Plus de liberté
La cantine
La relation avec les professeurs
L’animation des loisirs
Plus de dialogue
Que pourrait faire votre lycée / CFA pour améliorer votre vie d’étudiant ?
....................................................................................................................................................................................................................
6. En cas de difficultés graves, à qui vous confiez-vous ?
Vos parents
Au lycée
A l’infirmière
A vos professeurs
(cochez 3 cases)
A vos proches
Au CPE / Surveillants
A vos copains / Copines
A une association extérieure
Lorsque vous avez un problème personnel, qui aimeriez-vous rencontrer dans votre lycée ?
....................................................................................................................................................................................................................
7. Que pensez-vous de votre travail scolaire ?
J’aime étudier
Les études sont difficiles
(cochez 1 case)
Cela demande beaucoup de travail
Je suis peu motivé pour les études
8. Quelle est votre opinion sur votre orientation actuelle ?
Bonne
Moyenne
(cochez 1 case)
Médiocre
9. Lorsque l’on est adolescent(e), quels sont les principaux dangers à éviter ?
(Rédiger quelques lignes)
....................................................................................................................................................................................................................
....................................................................................................................................................................................................................
Toute l’équipe d’EPA vous remercie de votre participation
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
91
2ème ENQUÊTE
2ème lot
ENQUETE SUR LES ASPECTS PSYCHOSOCIAUX
ADOLESCENCE EN MILIEU SCOLAIRE
Test apprentissage QCM5
Octobre 2006
Les aspects psychosociaux
−
−
−
−
Echantillon mixte
547 questionnaires pour 26 classes
Lycée GT
= 242
Lycée Pro
=
90
CFA
= 215
Le traitement du lot s’est fait en fonction du type d’établissement
ANALYSE COMPARATIVE
LP
%
CFA
%
Ecarts
%
Q1. . Qu’est ce qui compte le plus pour vous ?
Les parents
16.3
Le lycée
8.5
Le sport
7.9
Les loisirs / les sorties
12.4
Pouvoir dialoguer
5.9
Les copains / les copines
19.8
Etre en bonne santé
12.9
Les professeurs
1.5
La télévision / l’ordinateur
5.6
Avoir des responsabilités
4.5
29.4
11.4
10.5
3.9
1.6
13.5
18
2.4
3.4
4.2
20.8
2.6
8.5
12.7
2.5
23.7
18.2
0.0
2.5
3.8
-
Q3. Quels sont vos principaux objectifs ?
Réussir mes examens
19.8
M’épanouir
8.4
Avoir un bon emploi
14.0
Voyager
6.4
Le sport
4.2
Avoir des responsabilités
3.4
Devenir autonome
6.3
Bâtir mon avenir
11.5
Les copains / les copines
6.8
M’amuser / sortir
10.6
La vie culturelle
3.1
Aider les autres
3.9
23.7
1.2
20.1
5.3
6.3
5.5
7.8
15.0
5.9
4.6
1.1
3.1
23.0
1.0
20.3
2.7
4.4
5.7
9.1
13.5
7.1
10.5
0.3
1.4
Questions
OBSERVATOIRE EPA
LGT
%
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
-
-
-
92
LP
%
CFA
%
Ecarts
%
Q6. En cas de difficultés graves, à qui vous confiez-vous ?
Vos parents
26.2
30.9
Au lycée
0.9
3.1
A l’infirmière
3.2
4.7
A vos professeurs
3.4
4.1
A vos proches
31.1
27.5
Au CPE / surveillants
0.6
2.7
A vos copains / copines
32.1
25.3
A une association extérieure
2.9
1.9
30.7
0.0
1.1
2.8
29.6
0.0
35.8
0.0
-
Q7. Que pensez-vous de votre travail scolaire ?
J’aime étudier
25.1
Les études sont difficiles
22.2
Cela demande beaucoup de travail
44.7
Je suis peu motivé par les études
8.2
17.6
28.4
36.5
17.6
-
62.5
33.3
4.2
-
Questions
LGT
%
35.8
21.3
31.5
11.5
Q8. Quelle est votre opinion sur votre orientation actuelle ?
Bonne
43.6
52.1
Moyenne
49.6
41.9
Médiocre
6.9
6.1
-
-
Conclusions :
Les élèves du lycée Pro sont restés très près de leurs parents. Ils se plaisent au lycée et dans leur
club sportif. Après, viennent les copains et les copines à la base d’une convivialité, le plus souvent
fermée.
L’objectif principal des jeunes, qui est raisonnable, c’est la réussite aux examens et pour les jeunes
de l’enseignement professionnel l’accès à l’emploi. Plus les études rapprochent l’adolescent de la
fin de sa scolarité, plus il désire devenir autonome et bâtir son avenir.
En cas de difficultés, les jeunes ne s’adressent pas aux professionnels du lycée et du CFA, mais à
leurs parents, proches et copains. Ceci confirme le manque de personnel non enseignant pour
établir des relations individuelles avec les jeunes.
Les élèves du lycée GT soulignent le travail scolaire important qu’ils ont à faire, alors que les
apprentis avouent leur manque de motivation pour les études. Par contre, c’est chez les apprentis
que l’orientation paraît la plus stable.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
93
QCM5
Aspects psychosociaux
QUESTIONS OUVERTES QCM5
Q4.
Qu’est ce qui vous manque le plus actuellement ?
Le point commun à tous les adolescents c’est le besoin de temps, d’argent et de partenaires de sexe
opposé.
La vie affective, en particulier de bonnes relations avec la famille, peut manquer à certains, surtout
s’ils n’ont pas assez d’amis.
Les jeunes du lycée Pro et du CFA vont demander plus d’argent et ceux du CFA, des vacances
scolaires et une moto ou une voiture.
Des points secondaires apparaissent aussi, chez les mineurs, sur le besoin de sommeil, la nécessité
de faire son travail après les études et d’avoir plus de liberté pour sortir.
Q9 : Lorsque l’on est adolescent(e), quels sont les principaux dangers à éviter ?
La peur principale des adolescents : la drogue, l’alcool, le tabac viennent en tête. Ensuite, au lycée
GT, viendra la peur de se laisser influencer, d’avoir de mauvaises fréquentations, de se laisser aller
et même d’arrêter ses études. Le sexe est aussi considéré comme un danger pour certains, ainsi que
le racisme.
Dans l’enseignement professionnel, les mauvaises fréquentations, le fait de traîner dans les rues
peuvent aller jusqu’à la délinquance et, pour d’autres, vers la maladie (MST). Les apprentis qui
sont motorisés abordent aussi les dangers de la route.
Dans la 3ème partie qui propose 12 sujets d’actualité nous aurons l’occasion de revenir sur les
résultats des enquêtes 1 et 2.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
94
3ème PARTIE
12 SUJETS D’ACTUALITE
qui concernent
l’adolescent dans le système scolaire
Fiches variables
traitées avec l’aide de professionnels de l’Education
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
95
3ème partie
Avant-propos
LES SUJETS D’ACTUALITE
Les fiches variables et les hypothèses de changement
Ils ont été choisis avec l’aide de professionnels de l’éducation que nous
avons rencontrés tout au long de l’étude. Le travail sur des sujets à la
demande permet d’éclairer le choix des décideurs, chacun pouvant
étudier ou observer tel ou tel aspect spécifique le concernant.
Le but de ces fiches variables n’est pas d’examiner de façon exhaustive
chacun des sujets retenus, mais d’avoir une « moisson d’informations »
et des témoignages représentatifs (constitution de bases).
Proviseurs, enseignants, médecins, infirmières, CPE et spécialistes de la
psychologie de l’adolescent ont ainsi participé à l’élaboration de ces
fiches, chacun selon ses préoccupations d’aujourd’hui et son imagination
pour demain.
A la fin de chaque fiche variable, nous pourrons émettre quelques
idées prospectives : construire des scénarios est aussi un moyen
privilégié d’explorer l’avenir et d’identifier les leviers d’actions
souhaitables. Les hypothèses d’évolution que nous proposons sont des
fictions contrastées.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
96
12 SELECTION DE FICHES VARIABLES
L’ADOLESCENCE EN MILIEU SCOLAIRE
1.
La famille et ses rapports à la scolarité
2.
La motivation pour les études – Le rebond après le collège
3.
Le socle commun de connaissances et de compétences et les transformations de
l’adolescence
4.
Espace Santé jeunes
− Les raisons de la consultation
5.
Le rôle des Conseillers Principaux d’Education (CPE)
dans l’aide aux adolescents en tension
6.
L’adolescent vu par les médecins scolaires
LES ADOLESCENTS DANS LA SOCIETE D’AUJOURD’HUI
7.
L’adolescent et son argent
8.
L’adolescent et ses rapports à la consommation
9.
Le système des valeurs
10. Les nouveaux médias et les jeunes
PROSPECTIVE : DE NOUVELLES CHANCES POUR L’ADOLESCENT
11. Ce qu’il faut changer pour apporter plus de choix aux adolescents
Vers une nouvelle offre scolaire plus souple
12. Les nouveaux métiers de la pré-formation professionnelle
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
97
3ème partie
SUJET D’ACTUALITE N° 1
LA FAMILLE ET SES RAPPORTS A LA SCOLARITE
Bien que l’influence familiale ne soit plus aussi importante qu’à l’enfance, bien que le
jeune marque ses distances par rapport à ses parents, la famille joue encore un rôle
primordial à l’adolescence.
La mission de la scolarité, qui est déterminante pour l’avenir des jeunes, est absente de la
plupart des ouvrages traitant de l’adolescence, destinés aux parents.
Dans notre étude, nous avons pu constater que les jeunes se préoccupaient de leur réussite
scolaire, plus précisément des diplômes. Il serait souhaitable de les mobiliser sur ce
point, sachant que les besoins se font davantage sentir chez les adolescents issus de
milieux défavorisés.
L’efficacité de la famille au niveau du soutien scolaire et du développement de la
motivation varie selon les différents contextes familiaux.
LES CONTEXTES FAMILIAUX
Le modèle traditionnel
72 %
Un homme, une femme (durablement unis de préférence), des enfants (plutôt légitimes),
sans exclure la présence de quelques ascendants, c’est le modèle le plus connu,
soit environ 72 % du total des familles.
L’attachement caractérise universellement les liens parentaux, par contre, l’exercice du
contrôle des jeunes varie énormément selon les cultures. La qualité des microcontextes que
sont la famille et l’école va instaurer un climat de confiance et faciliter la construction
psychologique des jeunes.
Les relations changeantes de l’adolescent avec ses parents proviennent de l’ouverture à un
modèle social élargi où les pairs et le divertissement prennent une place grandissante.
C’est dans ce contexte que les pratiques éducatives des parents vont créer une
différenciation importante au niveau de la réussite de leurs enfants.
Les praticiens savent clairement que c’est sur un fond d’affects positifs que l’entente
parents-adolescents résistera le mieux aux difficultés inhérentes à la crise d’adolescence
jusqu’à sa fin. La confiance est un socle essentiel pour la construction de soi. A l’opposé,
dans les familles où souvent règnent depuis l’enfance la tension, l’agressivité ou la
négligence, le soutien des parents risque de se faire rare pour l’adolescent.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
98
A noter cependant les cas de résilience (le plus souvent favorisés par l’école) que l’on
rencontre dans des situations familiales dommageables.
Les chances pour l’adolescent de trouver un soutien, plus de confiance en soi, une union
avec les adultes... sont plus fréquentes dans la famille traditionnelle, entre mère, père,
frère, sœur et proches parents.
Les nouvelles familles
28 %
Depuis une trentaine d’années on observe la diminution du nombre de mariages et un
délitement des structures familiales existantes.
− Nombre de mariages :
417 000 en 1972
304 000 en 2000, soit un recul de 27 %.
−
La montée des séparations et des divorces a conduit à de fréquentes recompositions
familiales. Le plus souvent, c’est la mère qui se voit confier la garde des enfants.
Le nombre des divorces dépasse les 150 000 dans les années 2000. La moitié des divorcés
se remarient, les autres vivent en union libre.
Les enfants du divorce représentent environ 10 % de la jeunesse.
Il existe de nombreuses structures familiales nouvelles, dont nous citons les principales :
Les familles monoparentales qui sont composées d’un seul parent, la mère dans 85 %
des cas élevant un ou plusieurs enfants. Ce terme a été forgé par les féministes
américaines pour regrouper sous le même vocable : le veuvage, le divorce, le célibat.
On compte aujourd’hui 1,8 million de familles de ce type, soit environ 20 % de
l’ensemble des familles. De plus en plus d’enfants vivent avec un seul parent, un
adolescent sur quatre est concerné par cette situation.
Les couples non mariés portent des noms variés : concubins, union libre, PACS...
Le nombre de ces couples ne cesse de croître.
Les couples non cohabitant qui forment une réunion de célibataires.
Les familles recomposées :
Dans ce cas, l’un des membres a eu des enfants avant de reformer une union. Cette
union donne souvent une nouvelle naissance d’enfants.
En 2000, ce type de familles représentait 708 000 familles, soit 8 % du total des
familles. Ajoutons à cela que 1,5 million d’enfants vivent aujourd’hui dans une famille
recomposée, dont 63 % avec leur mère.
Le recul de la famille « traditionnelle » au profit de ces nouvelles formes de foyers se
traduit assez souvent par des difficultés scolaires pour l’adolescent. Ces nouvelles familles
cherchent à attirer par le plaisir, plutôt que par le devoir nécessaire à l’éducation.
A noter que certaines nouvelles familles peuvent apporter à l’enfant de l’amour, une
permanence, un soutien et surtout de la confiance lorsque la mère reste au centre de ces
nouvelles structures.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
99
PARENTS ET REUSSITE SCOLAIRE
De nombreux facteurs interviennent au niveau de l’éducation parentale :
Un lieu et de la sérénité pour étudier à la maison
Le premier moyen de réussite scolaire à la maison commence par la chambre ou tout autre
lieu propice à l’étude. Un endroit calme avec des rangements, mis en ordre tous les jours.
Le premier handicap des jeunes issus des classes populaires commence à ce niveau.
A défaut d’un lieu propice à l’étude, l’adolescent regarde la télévision, joue avec les
copains ou avec son ordinateur et ne consacre pas assez de temps à l’étude.
La salle d’étude telle que nous l’avons connue de 17 à 19 heures en internat est-elle à ce
point dépassée, au moment où l’égalité des chances se trouve au milieu du débat politique
actuel ?
L’état d’esprit des parents vis-à-vis de l’éducation de leurs enfants
Les parents ont une position qui ressemble à ce qu’ils ont vécu au même âge. Il existe
une correspondance entre leur apprentissage initial et celui de leur enfant. L’acte compte
plus que la parole.
De plus, les parents traversent la crise de la quarantaine ou de milieu de vie et se
questionnent beaucoup sur eux-mêmes. Avant de leur rappeler leur rôle d’éducateur, il
faudrait sans doute travailler à leur information sur ce point.
De temps à autre, les parents laissent monter des bouffées d’anxiété excessives et
s’affolent. A d’autres moments, ils se montrent rassurants, voire irresponsables en laissant
faire, donnant ainsi une image instable.
Il paraît essentiel de sensibiliser les familles à la nécessité de mobiliser les jeunes dans leur
scolarité. Notre société est coupée en deux : d’un côté beaucoup d’informations dans
lesquelles certaines familles « piochent », de l’autre le manque d’actions spécifiques pour
certaines familles qui ont besoin que l’on aille vers elles.
Les adolescents mineurs et majeurs
Les élèves de terminale ont conscience des enjeux majeurs créés par les diplômes et ils
sont inquiets au moment des bulletins de notes. Ils se plaignent parfois de leur école et de
leur scolarité mais ils ne demandent pas forcément conseil aux professionnels. C’est à la
famille de les aider à prendre des mesures pour y arriver et à s’organiser.
A l’opposé, les mineurs peuvent faire du chantage pour éviter que leur soit retirées
certaines sources de plaisirs : loisirs, amis, argent de poche, habillement, friandises... et les
parents cèdent surtout si la structure familiale est fragile.
En conclusion, on peut avancer l’idée que les jeunes établissent une hiérarchie où la
réussite scolaire est placée en tête de liste, mais à défaut d’être guidés par leurs parents ou
par l’école, ils s’intéressent d’abord à la vie de tous les jours.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
100
Banlieues – Les mères salariées stimulent leurs enfants
A partir d’une étude réalisée sur un échantillon de 3000 élèves, un chercheur du CNRS
montre que les enfants des quartiers populaires réussissent mieux au collège lorsque leurs
mères occupent un emploi. Alors que le chômage sape profondément les bases du travail
scolaire, ainsi que le sens de l’effort, le taux d’activité des femmes détermine la réussite
scolaire. Dans les quartiers sensibles, ce n’est pas l’encadrement qui manque, mais la
stimulation.
LES INNOVATIONS DANS LE DOMAINE DE L’EDUCATION, AVEC LA FAMILLE
(Soutien scolaire)
− Proposer une information sur la scolarité à la maison, lors de l’inscription de l’élève.
− Organiser un système de soutien scolaire à l’école (par exemple : étude surveillée avec
suivi scolaire).
− Organiser un système de soutien ouvert : bénévolat, missions locales, associations...
− Mise en place de « boutiques » qui seraient des relais éducatifs pour les parents et les
adolescents.
− Inventer des structures spécifiques : dans les collèges, collèges en ZEP, lycées GT,
lycées PRO, CFA... pour les jeunes en baisse de résultats scolaires.
− Tenir compte du décalage considérable entre les propositions des adultes et l’attente
des jeunes. Se rappeler que les savoirs se transmettent autrement que par des discours
ou des notes écrites.
Propositions complémentaires pour faire avancer le projet de soutien scolaire
− Il existe des différences entre les jeunes des lycées professionnels des banlieues et ceux
des lycées généraux parisiens. En tenir compte si l’on met en place un système de
soutien à la scolarité sur Internet.
− Ne pas sous-estimer l’importance de l’accompagnement scolaire des familles
défavorisées.
− La mise en place d’un coordonnateur de ce type de travail d’étude dans la famille est
souhaitable. Coordination des familles et des jeunes. Travail sur les méthodes.
− Eviter la mise en place de circuits administratifs lourds et inadaptés.
− Former les parents à la relation éducative, à la gestion du temps hors école.
− Travailler sur la motivation des adolescents : comment captiver les jeunes, créer un
pôle éducatif capable de se mettre en concurrence avec le plaisir, les copains, les
médias...
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
101
SUJET D’ACTUALITE N° 1
LA FAMILLE ET SES RAPPORTS A LA SCOLARITE
Prospective : hypothèses d’évolution sur les 20 prochaines années :
Hypothèse 1 – Respect de l’étude à la maison :
Après avoir connu une période noire, avec dépréciation des diplômes et refus des jeunes
d’accepter les emplois restants, un mouvement des familles se met en place pour mieux
organiser le travail en dehors des cours : étude surveillée, travail à la maison (adaptation de
la chambre et des méthodes), assistance extérieure...
Exemple : logiciel d’accompagnement.
Les élèves originaires des classes défavorisées découvrent la nécessité de faire un travail
scolaire supplémentaire plusieurs heures par semaine.
Hypothèse 2 – L’échec scolaire généralisé – La démagogie familiale :
Pour conserver l’affection de leurs enfants, les parents prennent des positions permissives
et encouragent les divertissements.
Afin d’éviter les conflits avec la société et avec ses électeurs, le système politique dévalue
en permanence la valeur des diplômes et subventionne des emplois fictifs pour occuper les
moins de 26 ans
Le mondialisme supplée au manque de compétitivité en France.
FICHES VARIABLES
A la fin de chaque fiche variable, nous proposons des hypothèses d’évolution qui sont des
fictions avant d’être des portraits fidèles.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
102
3ème partie
SUJET D’ACTUALITE N° 2
LA MOTIVATION POUR LES ETUDES – LE REBOND APRES LE COLLEGE
Plusieurs enquêtes psychologiques montrent que l’ordre de préoccupation scolaire, pour les
jeunes, vient en second, après les relations avec les amis et les loisirs. Cependant, l’école
intéresse, peut être plus qu’on ne l’imagine, les adolescents.
Par ailleurs, il faut noter qu’une définition de la scolarité, qui la réduirait à la simple
activité d’enseignement et d’acquisition des connaissances, ne correspond pas aux vœux
des adolescents mineurs. La preuve en est fournie par le manque d’intérêt de certains
élèves de l’enseignement professionnel pour ce type de scolarité.
RESULTATS DE NOS ENQUETES SUR LA MOTIVATION SCOLAIRE (extraits)
QCM2 – Le processus d’apprentissage
que pensez-vous de votre travail scolaire ?
Question 6 : je suis peu motivé
Niveau V
Niveau IV
en points
en points
Lycée GT – 2ème
3.1
-
CFA des métiers
13.1
5.4
-
3.2
CFA BP Filles
Ceci démontre que les élèves qui entrent au lycée GT, tout comme les apprentis de niveau
IV, ont une motivation normale pour les études. A l’opposé, chez les apprentis (et les
élèves de lycées professionnels) de niveau V, hors formations tertiaires, il y a des
réticences pour faire des études générales.
Question 8 : quels sont les principaux pièges à éviter ?
LGT
Niveau V
Niveau IV
(en points)
(en points)
(en points)
- Perte de motivation
9.3
8.5
6.1
- Echec scolaire
8.9
8.7
8.2
Les peurs concernant un éventuel échec scolaire sont réelles et équivalentes entre lycée GT
et enseignement professionnel.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
103
QCM5 – Aspects psychosociaux
Question 7 : que pensez-vous de votre travail scolaire ?
LGT
LP
%
CFA divers
%
- J’aime étudier
25.1
35.8
17.6
- Les études sont difficiles
22.2
21.3
28.4
- Cela demande beaucoup de travail
44.7
31.5
36.5
8.2
11.5
17.6
- Je suis peu motivé par les études
Commentaires
Les élèves du LGT ont conscience que le travail scolaire demande beaucoup d’efforts
(44.7 %) et que la compétition est forte.
Ce sont les apprentis en CFA qui sont les moins motivés par les études (17.6 %), alors que
les élèves du LGT annoncent plus de motivation pour les études.
Il semblerait que les études théoriques au LGT soient celles qui impressionnent le plus les
jeunes.
L’ADOLESCENT ET LES ETUDES
L’intérêt de l’adolescent est, malgré tout, de réussir à l’école. Dans l’idéal, chacun devrait
pouvoir réussir au mieux de ses capacités, de ses attirances et à son rythme, mais les
réalités scolaires et sociales n’en tiennent pas compte.
Tous les jeunes n’ont pas le goût d’apprendre et l’adolescence est un temps de maturation
où les contraintes scolaires leur paraissent lourdes. Occupé par la construction de son
« moi », par le développement de ses relations sociales et de ses divertissements,
l’adolescent peut perdre du vue l’importance des enjeux scolaires s’il est mal accompagné.
Qu’est ce qui les pousse à travailler ?
Le besoin de reconnaissance de leurs parents et de leurs copains, se construire un avenir,
satisfaire les attentes de leurs professeurs et de leurs proches, trouver du travail plus
facilement avec l’espoir de bien vivre... Pourtant, cette attitude raisonnable face à l’école
ne permet pas toujours aux adolescents d’accepter la forte pression scolaire et les réactions
tendues de leurs parents, s’ils ne sont pas au sommet.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
104
Ajoutons à cela que pour les élèves de niveau IV, en classe terminale, la proximité d’une
nouvelle orientation qui est liée à un diplôme ou à la recherche d’un emploi peut déchirer
l’élève entre son angoisse et sa raison.
C’est une raison d’amener les élèves à acquérir progressivement une méthode de travail,
du collège jusqu’à la fin du lycée. Ils disposeront ainsi d’une organisation optimale pour
toute la durée de leurs études.
La peur de l’école
La peur de l’école est fréquente : certains jeunes disent aimer l’école, mais nombreux sont
ceux qui en ont peur ou qui s’y ennuient. Certains élèves cherchent à dominer les autres,
créant ainsi une peur entretenue qui peut être liée à des trafics ou à des rackets. On constate
aussi qu’aimer ou ne pas aimer l’école n’est pas directement associé au travail scolaire,
certains apprécient l’école mais ils n’y font que le strict minimum, alors que d’autres qui
détestent le collège y obtiennent de bons résultats.
L’élève travaille davantage lorsqu’il aime l’enseignant et la matière enseignée. D’autres
professeurs sont mis en accusation parce qu’ils expliquent mal et ne comprennent pas les
jeunes. C’est là qu’interviennent les mutations psychologiques et somatiques qui rendent
plus complexe l’éducation des adolescents.
Les difficultés scolaires spécifiques à l’adolescence
Les difficultés scolaires peuvent surgir lorsque l’adolescent doit se prendre en charge ou
que la nouvelle scolarité réveille les difficultés scolaires de l’enfance. Comme souvent à
l’adolescence, c’est la durée et l’importance de la difficulté qui doivent alerter l’entourage.
Quelques semaines de baisse scolaire ne doivent pas donner une inquiétude excessive aux
parents et aux éducateurs, en revanche, lorsque ce fléchissement dépasse trois mois, il faut
faire un diagnostic.
Les origines d’un fléchissement scolaire sont à rechercher dans différentes directions :
− l’adolescent a du mal à s’intéresser à des matières nouvelles nécessitant plus
d’abstraction.
− Les méthodes de travail ne sont plus adaptées aux nouveaux enseignements.
− L’adolescent fait un investissement de plus en plus important vers une activité autre
que la scolarité : relation amoureuse, appartenance à un groupe qui multiplie les sorties
et les loisirs, club sportif, musique, cinéma...
− Troubles affectifs graves interagissant avec le rendement scolaire : troubles du
comportement à l’école, dépression, angoisses, conflits avec les parents, rupture
sociale, fugue, absentéisme...
− Evénements graves : décès d’un proche, changement de domicile, recomposition
familiale...
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
105
L’APPRENTISSAGE ET LE PHENOMENE DE REBOND, APRES LE COLLEGE
A partir d’observations effectuées dans un grand CFA, l’IMT à Grenoble, il nous a été
possible de constater que les élèves qui entraient en 1ère CAP et BEP bénéficient d’un
« regain » ou « rebond » en première année.
Il s’agit d’un effet constaté du système éducatif et de son contexte mais qui n’a pas été
recherché par les dirigeants de ce CFA. A noter cependant que ce CFA de 2000 places fait
partie de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Grenoble et qu’il pratique la
formation individualisée depuis de nombreuses années.
Définition de l’individualisation en formation :
C’est la mise en place pour chaque apprenti d’un parcours individuel de formation afin de
lui permettre de suivre les cours les plus adaptés possibles à ses besoins.
Chaque semaine de formation à l’IMT, le jeune recevra un programme spécifique avec des
enseignants différents et des modules adaptés.
C’est avec un logiciel EDT 2000 que l’IMT gère en permanence l’organisation de la
pédagogie.
Les causes supposées de ce rebond :
Apprentis mineurs
Apprentis originaires
du collège
4ème et 3ème
et du pré apprentissage
Nouveau départ, orientation choisie
Motivation pour la spécialité
Programmes moins abstraits
Formation individualisée
Contexte organisé
Formateurs expérimentés
CFA / IMT
Ce qui change
L’ALTERNANCE
ENTREPRISE
Il s’agit d’élèves en
difficultés scolaires au
collège
Maître d’apprentissage
Salaires
Relations individuelles
Pour ceux qui s’adaptent moins bien
L’expérience montre que les élèves qui ont le plus de difficultés à prendre la « vague »,
environ 6 à 10 %, ont des difficultés à terminer leur première année de CFA. Les raisons
de ces échecs minoritaires sont multiples : problèmes pour s’intégrer à l’entreprise,
manque de satisfaction avec l’alternance, adaptation mitigée au CFA, à ses méthodes, à ses
formateurs, différence de mentalité...
La grande majorité des apprentis entrant au CFA : BTP, mécanique auto, vente et
services, alimentation... vont bénéficier de ce rebond en gagnant en confiance et en
intégrant une méthode de travail fiable.
L’IMT (Institut des Métiers des Techniques) a obtenu une réussite élevée en 2006, avec
80 % d’élèves reçus aux examens.
Cet exemple montre l’avantage de l’apprentissage qui apporte une meilleure intégration
des jeunes pendant leurs études en alternance et assure un emploi à la sortie.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
106
SUJET D’ACTUALITE N° 2
LA MOTIVATION POUR LES ETUDES
Hypothèses d’évolution
Hypothèse négative
Les études passent en second, après le plaisir qui se développe au travers de la convivialité et du divertissement. L’organisateur du plaisir se confond avec les nouveaux médias et
l’intérêt pour l’étude et la découverte sont rejetés comme usages corrects.
La société, les médias..., qui ont besoin de l’adolescent comme consommateur, justifient
ces choix.
Hypothèse de la motivation forcée
Le système d’éducation, la politique, les familles, se mobilisent pour rappeler aux
adolescents la nécessité de faire des études et d’y consacrer la majeure partie de leur temps.
Hypothèse du rebond après le collège
L’enseignement professionnel modifie les paramètres qui créent des difficultés au niveau
de la motivation des jeunes et s’intéresse à ce qui les pousse à travailler.
Pour les jeunes qui ont des difficultés avec les enseignements trop abstraits à l’entrée en
seconde, l’orientation vers l’enseignement professionnel devrait être systématique.
L’enseignement professionnel fait partie des options proposées par les classes de
détermination du LGT.
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et l’enseignement professionnel
107
3ème partie
SUJET D’ACTUALITE N° 3
LE SOCLE COMMUN DE CONNAISSANCES ET DE COMPETENCES
Le socle commun de connaissances et de compétences est la disposition majeure de la Loi
d’orientation et de programme pour l’avenir de l’Ecole du 23 avril 2005. C’est un acte
refondateur qui constitue la référence pour la rédaction des programmes d’enseignement de
l’école et du collège. Il ne se substitue pas aux programmes actuels. Il en fonde les
objectifs pour définir ce que nul n’est censé ignorer en fin de scolarité obligatoire.
De plus, par l’article 2 de la même loi, la Nation fixe comme mission première à l’école de
faire partager aux élèves les valeurs de la République et de les aider à réussir leur vie en
société.
L’application des premiers programmes se fera dès la rentrée 2007.
Le socle commun sera l’occasion de mettre en place des évaluations aux différents paliers.
Un livret personnel permettra de suivre la construction psychologique et sociale de
chaque élève, tout en servant de référence pour les élèves, les parents et les enseignants.
LES SEPT COMPETENCES DU SOCLE COMMUN
Compétences
Importance pour les
changements de
l’adolescence
1
La maîtrise de la langue française
2
La pratique d’une langue vivante étrangère
3
Mathématiques, culture scientifique, technologie
4
Technologies de l’information et de la
communication
XX
5
La culture humaniste (culture générale)
XX
6
« Apprentissage du vivre ensemble »
7
Autonomie et initiative
(parler d’autonomisation et d’orientation de l’élève)
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
XXX
complémentaire
XXX
Si méthodes pédagogiques
actives
108
RAPPELS DES BESOINS EN DEVELOPPEMENT DES ADOLESCENTS
SOCLE COMMUN
BESOINS DE L’ADOLESCENT
Hors socle commun
ACTIONS INDIVIDUELLES
ACCOMPAGNEMENT
AIDE POUR LIQUIDER
LES SITUATIONS DIFFICILES
ET SORTIR DES CRISES
Gestion
de l’humeur
ANIMATION
DYNAMISME
La régulation
Construction
d’une nouvelle
personnalité
IDENTITE
LES RAPPORTS ENTRE
LA FAMILLE ET L’ECOLE
CONNAISSANCE
DE L’ADOLESCENT
Les pairs
Redonner confiance
LA LOGIQUE
les interdits, la morale
LA
FAMILLE
Quel modèle
intégratif ?
ADOLESCENTS
LE SOMATIQUE
SANTE, CROISSANCE
SEXUALITE
12 à 18 ANS
CREATION
D’UN CONTEXTE
FAVORABLE
DIAGNOSTICS DIVERS
LA VIE
EXTRASCOLAIRE
LES RELATIONS SOCIALES
Donner du sens à l’école
CONNAISSANCE DU BASSIN
LOCAL DE VIE
LE TRAVAIL, L’AGE ADULTE
L’ACCEPTATION
Préparer à la responsabilité
adulte
MOTIVATION
POUR LES ETUDES
A QUOI ÇA SERT
D’ETUDIER
LA NOUVEAUTE
LE CHANGEMENT DE VIE
LES JEUX, LE DIVERTISSEMENT
LA CULTURE
AUTONOMISATION
SEPARATION
DIFFERENCE
DE TRAITEMENT
DES ELEVES
(Egalité des chances)
Quel avenir ?
ADAPTATION DU SOCLE COMMUN DE CONNAISSANCES ET DE COMPETENCES AUX PLUS FAIBLES
Education spécifique en banlieue : collège en ZEP (20 % des adolescents)
S’inspirer de la formation de l’apprenti junior
« Une équipe pédagogique, à laquelle sont associés le jeune et sa famille, procède à l’élaboration d’un
projet pédagogique personnalisé ». Pédagogie en petits groupes et individualisée, « un membre de l’équipe
pédagogique exercera la fonction de tuteur ».
« Les différentes activités doivent permettre de marquer un véritable changement avec les pratiques
pédagogiques antérieures ».
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
109
CE QU’IL FAUDRAIT CONFORTER LORS DE L’APPLICATION DU « SOCLE
COMMUN DE CONNAISSANCES ET DE COMPETENCES »
Notre étude, rappelons-le, est dédiée aux adolescents de l’enseignement professionnel,
principalement 240 000 jeunes orientés vers les lycées professionnels (souvent en provenance des collèges en ZEP) et 120 000 vers l’Apprentissage après le collège (4ème et 3ème).
L’arrivée d’un socle commun de connaissances et de compétences est bienvenue, surtout
s’il est mis en application dès l’école primaire. Il sera à nouveau évalué chez tous les
jeunes de 16 ans, à l’issue de leur scolarité obligatoire avant l’entrée en LP ou en CFA.
Cependant, après une lecture détaillée des textes officiels, on a l’impression que cette loi,
dans sa formulation, s’adresse plutôt aux accédants au lycée général et technologique
(460 000 jeunes entrent en seconde chaque année), c’est-à-dire à ceux qui ont déjà un
niveau comparable au socle commun de connaissances et de compétences.
En réalité, les jeunes les plus faibles (la moitié d’une classe d’âge) risquent à nouveau de
se trouver face à un système de formation trop abstrait, trop complexe et dont le sens ne
serait pas compris de tous.
On attendait un enseignement « apportant un minimum bien maîtrisé », plus à la portée des
élèves les plus faibles destinés à l’enseignement professionnel.
Le socle commun de connaissances et de compétences et les besoins
complémentaires des jeunes adolescents, orientés vers l’enseignement
professionnel.
Voici les points que l’on pourrait inclure dans le socle commun de connaissances et de
compétences pour favoriser l’égalité des chances :
1. Introduire « plus de maîtrise du corps » dans la nouvelle scolarité
Santé, croissance, sexualité, sports, dépenses physiques, le geste... ainsi que la
régulation de l’humeur et de la réactivité des jeunes, la recherche d’un équilibre
général.
2. Plus de travail individuel avec les jeunes
Diagnostic, conseils, accompagnements, meilleure connaissance des adolescents et
d’une guidance efficace.
3. Plus de souplesse avec le temps scolaire
Un adolescent des banlieues qui débute sa puberté à 11 ans et qui a des difficultés
majeures à trouver son identité et son orientation a besoin de plus d’années au collège
pour acquérir le socle de connaissances et de compétences qu’un adolescent issu d’une
famille d’enseignants. Le travail d’éducation collective, à rythme élevé, ne convient
pas à tous les individus.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
110
4. La motivation pour les études
Deux jeunes sur trois n’aiment pas les études, ce qui représente la presque la totalité
des jeunes qui vont entrer en LP et CFA.
Faire aimer les études est devenu aussi important que de modifier les programmes. Le
socle commun de connaissances et de compétences n’aborde pas assez les méthodes
pour créer la motivation chez les élèves de niveau moyen.
5. Le contexte de l’école
Il est très important, à une époque où les familles et la vie sociale se décomposent assez
souvent, que l’école apporte un contexte constructif et positif.
6. Mettre en place les moyens de débloquer et de traiter certaines situations
Un service de conseils et d’accompagnement ayant un savoir-faire pour détecter les
situations difficiles, traiter les conflits, assister les jeunes en difficultés scolaires et les
relancer, travailler sur la gestion du temps (complète) des jeunes, en bref, faire de la
prévention et de l’organisation sur le plan individuel...
L’amélioration de l’efficacité de l’adolescent pourrait y gagner.
7. La relation parents-école
Chez les adolescents mineurs d’origine sociale défavorisée presque tout reste à faire.
8. La formation psychopédagogique des enseignants
Environ 50 % d’une classe d’âge, dont une partie se retrouve dans un collège en ZEP,
puis dans un lycée professionnel, demande des méthodes pédagogiques plus
psychologiques et plus concrètes. Les programmes proposés dans le socle commun
de connaissances et de compétences doivent bénéficier de forts changements
pédagogiques pour s’intéresser aux jeunes de niveau moyen.
9. La connaissance de la finalité des études
Les parties 6 et 7 du socle commun de connaissances et de compétences (apprentissage
du vivre ensemble, autonomisation et orientation) ne doivent pas oublier certains points
essentiels aux futurs élèves de l’enseignement professionnel :
− Avenir, connaissance de la vie locale, vie professionnelle, dynamique nationale,
fixation d’objectifs...
Il en est de même pour transmettre une certaine philosophie : grandir, c’est mieux que
de rester sur les bancs de l’école, la vision du passé-présent est souvent une forme de
régression... La fin de la scolarité obligatoire à 16 ans, qu’est ce que cela entraîne au
niveau du volontariat de chacun ? Poursuite des études ou vie active ?
La nécessaire acceptation de la place que chacun se construit dans la société.
10. Habileté, gestes, adresse
Il ne faut pas oublier que le développement psychomoteur des jeunes commence à
l’enfance et que l’adolescent de 16 ans, lorsqu’il apprend un métier, arrive avec son
niveau propre d’habileté.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
111
SUJET D’ACTUALITE N° 3
LE SOCLE COMMUN DE CONNAISSANCES ET DE COMPETENCES
Hypothèses d’évolution
Hypothèse 1
Le socle commun de connaissances et de compétences a été conçu pour que les jeunes
qui arrivent dans l’enseignement professionnel aient un minimum général de savoirs et
de développement personnel pour réussir leurs études et accéder à un emploi.
Hypothèse 2
Le socle commun de connaissances et de compétences a été conçu pour donner aux
meilleurs élèves du collège des connaissances plus cohérentes et plus complètes afin
qu’ils s’adaptent mieux aux études du LGT et de l’enseignement supérieur.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
112
3ème partie
SUJET D’ACTUALITE N° 4
L’ESPACE SANTE JEUNES
A partir de 1000 élèves, les établissements scolaires sont en mesure de créer une infirmerie
à temps plein ou partiel. La Faculté des Métiers d’Evry, avec ses 3300 apprentis sur un
campus tout à fait récent, a créé un ESPACE SANTE JEUNES avec une infirmière
confirmée, Madame Françoise Dupont, qui remplit des fonctions élargies, comme le
propose l’Académie de Versailles.
ROLE DE L’INFIRMIERE SCOLAIRE
Aider les élèves
à réussir et à préparer
leur vie d’adulte
Contribuer à faire
de l’école un lieu de vie
et de communication
L’adolescent
La communauté
Accueillir, écouter et accompagner
les élèves
Organiser les urgences et les soins
Réaliser les dépistages infirmiers
Organiser un suivi infirmier
Assurer le suivi de l’état de santé
général
Agir en cas de maladies
transmissibles
Mettre en œuvre des dispositifs en
cas d’évènements graves survenus
dans la communauté scolaire
Mettre en place des actions
permettant d’améliorer la qualité de
vie des élèves en matière d’hygiène,
de sécurité, d’ergonomie
Développer une dynamique
d’éducation à la santé
Participer à la formation des
personnels et des élèves
Favoriser l’intégration scolaire des
enfants atteints de handicaps et de
troubles prolongés de la santé
L’intérêt de l’ESPACE SANTE JEUNES – que nous remercions ici pour sa collaboration à
notre étude – c’est la diversité entre des actions individuelles, en groupe et collectives, au
niveau de la Faculté des Métiers.
L’adolescent est avant tout un corps en mutation, avant même d’être une « machine
cognitive ». L’infirmière, mieux que les enseignants, sait créer une relation d’aide, avec
beaucoup d’écoute bienveillante, ce qui favorise la création d’un lien plus positif avec les
adolescents.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
113
LES PETITS SIGNES, SANS LEGITIMITE MEDICALE
Ce sont des signes avant-coureurs que l’infirmière percevra chez les adolescents :
−
−
−
−
−
−
−
−
−
Les fléchissements scolaires, les retards, les absences non motivées (surtout le lundi
matin)
L’anorexie, la boulimie et l’insomnie
La difficulté à rester en place, en classe
Avoir la position de bouc émissaire en classe
L’incapacité à rester calme en classe : rires, mouvements incontrôlables
Le déni de souffrance, l’inhibition des sentiments
Malaises en classe ou à l’école
Le renfermement sur soi : pas d’expression de tendresse, d’affection
Le calfeutrage dans ses vêtements, tenue négligée
L’infirmière, sans aborder ici l’aspect médical, a ses propres moyens d’observation qui
sont complémentaires de ceux des enseignants.
LES SITUATIONS DE CRISE
Il s’agit d’un mode d’être et de fonctionnement organisé depuis des années : impulsivité,
rupture, variations d’humeur, intolérance, frustration, incapacité d’attendre, violence...
On peut y assimiler les « accidents » qui, chez les garçons, sont les problèmes somatiques
qui arrivent en deuxième place.
LE ROLE DES PARENTS
En cas de difficultés, l’infirmière rencontre les parents pour connaître la situation effective
de la famille et s’assurer de son fonctionnement au quotidien.
LES QUATRE CHAMPS DE LA SOUFFRANCE DE L’ADOLESCENT
1. L’adolescent, sur le plan physique et psychique :
Conduites à risque, moment de fragilité, sexualité
2. La désespérance :
Difficultés sociales de la famille, maladie grave d’un membre de la famille, deuil,
difficultés affectives, situations difficiles dans la famille (angoisses, agressivité,
surprotection, violence...)
3. La maladie chronique et prolongée, le handicap
4. Les troubles psychologiques structuraux :
Eclosion de troubles psychiatriques à l’occasion d’une épreuve personnelle.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
114
LES RAISONS DE LA CONSULTATION A L’ESPACE SANTE JEUNES :
EN INTERNE
Soins, conseils, accompagnements
−
−
−
−
−
−
−
−
Conseils au moment de la puberté
Sexualité, IVG
Fatigue, angoisse, malaises paroxystiques (spasmophilie)
Dépression, prévention du suicide
Accidents divers
Addictions : tabac, alcool, drogue
Accidents associés à la violence
Etc
Diagnostic infirmier, dépistage
VERS DES SERVICES EXTERIEURS
Jeunes en situation de danger
Maltraitance, abandonnés, abus sexuels...
−
−
Diagnostic infirmier
Signalisation au Procureur de la République
Transfert médical
Maladies graves ou chroniques, handicap, psychiatrie
−
−
Voir avec le médecin et les parents
Mise en place d’un projet individualisé
Urgence médicale - SAMU
Un établissement qui n’a pas de service infirmier fait beaucoup plus appel au SAMU,
souvent inutilement, ce qui peut rendre le SAMU moins coopératif :
−
−
−
−
−
Accidents de trajet, de sport, d’atelier et autres types de traumatismes
Violence, toxicomanie, alcool (coma suite à des mélanges)
Stress, spasmophilie, tétanies, perte de conscience
Arrêt cardiaque, phobie scolaire, crise d’asthme, épilepsie
Hypoglycémie
SAMU : par le 15 sur le fixe ou le 112 sur le portable
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
115
ANIMATIONS ET COMMUNICATION
L’infirmière de la Faculté des Métiers organise des actions collectives :
−
Tous les mois, organisation d’une action d’éducation à la santé : sexualité-sida, tabacdrogue, sécurité routière, etc (voir liste en 4ème partie).
L’organisation de dons du sang permet aussi de développer la citoyenneté chez les
adolescents.
L’HYGIENE DE VIE
Les études montrent qu’il reste des progrès à réaliser et l’infirmière est sans doute la mieux
placée pour informer les jeunes sur ce point :
−
un jeune sur trois ne prend pas de petit déjeuner tous les jours, ils consomment peu de
fruits et de légumes, car ils préfèrent les sucreries et les boissons sucrées ;
−
l’hygiène buccodentaire doit être surveillée ;
−
en matière de dépense physique, les jeunes Français sont les plus mauvais élèves des
pays comparés par le HBSC. Pourtant, ils s’interrogent beaucoup sur leur image
corporelle et bon nombre d’entre eux entreprennent des régimes.
Voir Etude INPES « La santé des élèves de 11 à 15 ans »
LE ROLE DE L’ASSISTANCE SOCIALE
−
−
−
−
Enfance en danger
Aides aux familles : logement, transports, aide à l’alimentation
Montage de dossiers : AGEFIP, Bourses...
Contacts judiciaires et suivis
SUJET D’ACTUALITE N° 4
L’ESPACE SANTE JEUNES
Hypothèses d’évolution
Hypothèse 1
L’Espace Santé Jeunes répond à la demande des jeunes et vient compléter l’animation
et la communication Santé de l’établissement.
Hypothèse 2
L’Espace Santé Jeunes développe les aspects morbides des adolescents, mettant ainsi en
scène les aspects négatifs de la jeunesse au détriment du contexte positif et de la réussite
scolaire.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
116
3ème partie
SUJET D’ACTUALITE N° 5
LE ROLE DES CONSEILLERS D’EDUCATION (CPE)
Leur aide aux adolescents en tension
Les chefs d’établissements sont de plus en plus concernés par les problématiques nouvelles
des adolescents, le symptôme étant l’adolescent en difficulté ou en crise.
Qui peut, dans sa spécialité, aider le chef d’établissement en apportant des solutions
efficaces ?... l’infirmière, l’assistante sociale, les associations extérieures... et les CPE ?
Les CPE (Conseillers Principaux d’Education) disposent d’une organisation, celle de la
« vie scolaire », qui leur permet d’être bien informés sur les élèves, les parents et les
enseignants, en outre, ils ont reçu une formation pour aider individuellement les
adolescents.
LE METIER DE CPE EN 2006 - LA VIE SCOLAIRE
Ce service qui emploie de 4 à 12 personnes cherche d’abord à améliorer le fonctionnement général du lycée :
Sous l’angle de l’autorité, la massification de l’éducation, le déclin des institutions, la crise
de l’emploi et le phénomène des banlieues ont des incidences concrètes sur le
fonctionnement de la communauté. La mission de la « vie scolaire » est aussi de prendre sa
part dans chaque projet éducatif en créant un climat nécessaire à toute éducation.
C’est aussi un centre administratif et opérationnel
Son équipement permet l’organisation de l’établissement scolaire, professeurs et élèves, ce
qui contribue à donner un programme à la vie scolaire qui tienne compte de
l’aménagement du temps et de l’espace, des règles de la vie commune, des questions
matérielles du « vivre ensemble ».
LES RESPONSABILITES DU CPE
Le fonctionnement de l’établissement :
La responsabilité du contrôle des effectifs, des retards et des absences, l’organisation du
service du personnel de surveillance, le mouvement des élèves.
La collaboration avec le personnel enseignant :
Echanges avec les professeurs sur le comportement et l’activité de l’élève, ses résultats, ses
conditions de travail, recherche en commun de l’origine de ses difficultés.
L’animation éducative :
Relations et contacts directs avec les élèves sur le plan collectif (classes ou groupes) et sur le
plan individuel (comportement, travail, problèmes personnels), foyer socio-éducatif,
organisation de la concertation et de la participation.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
117
ETRE CPE EN LYCEE PROFESSIONNEL
Etre CPE en lycée professionnel, c’est exercer auprès d’une population le plus souvent
confrontée à des difficultés scolaires et sociales pour favoriser l’insertion dans la vie
professionnelle.
Le nombre de lycées professionnels est supérieur à 1000, souvent de taille moyenne, la
majorité d’entre eux accueillant moins de 500 élèves (2 CPE par LP).
La création du BAC professionnel a donné, ces dernières années, un nouvel élan
à l’enseignement professionnel. Ce nouveau BAC a besoin d’être repositionné comme
un moyen d’accéder directement à l’emploi ou la possibilité d’obtenir un diplôme de
Niveau III, spécifique à l’enseignement professionnel.
La population des jeunes diplômés du BAC PRO est plus âgée – de 1 à 2 ans – que les
titulaires des autres BAC.
Des études récentes soulignent que le public des lycées professionnels est satisfait de son
école, malgré une forte démobilisation scolaire, une tendance à l’absentéisme et aux
abandons. Cette réalité est à mettre en corrélation avec une forte précarité sociale (nombre
élevé de boursiers) et un nombre élevé de jeunes qui ont recours aux « petits boulots »
alors qu’ils préfèreraient être en apprentissage.
Ce que cherchent les jeunes du LP, c’est d’abord développer des relations aux autres. Au
niveau de l’adolescence le milieu social peut être plus marqué qu’en LGT : les actes de
violence et l’adoption de conduites à risques (tabagisme, alcool, drogues) y sont plus
fréquents, chez les filles aussi bien que chez les garçons.
La fragilité objective de ces jeunes, qui est du ressort du CPE, résulte d’un sentiment,
variable et réel, où se mêlent la perception d’un échec scolaire, la précarité sociale et
parfois familiale, et de plus en plus souvent des difficultés d’accès à l’emploi. La prise
en charge éducative par le CPE est étroitement associée aux perspectives de la vie active et
à la recherche de solutions à des problématiques concrètes.
La violence qui s’installe à des degrés divers selon les établissements réactive la nécessité
d’une surveillance constante. Les risques sont à leur maximum dans les collèges des
banlieues péri-urbaines (ZEP), mais ils existent sous des formes plus feutrées dans les
lycées : revente de drogues, racket, vols de matériels, intimidation...
AIDER LES JEUNES EN DIFFICULTE
Les manifestations du mal de vivre de l’adolescent s’expriment indifféremment dans et
hors la classe. Issus de toutes les couches de la société, les jeunes sont confrontés à des
turbulences, parfois graves, liées à la situation familiale, à l’environnement socioéconomique ou au mal être individuel.
Il revient souvent au CPE d’établir un diagnostic ou d’envisager une prise en charge de
l’élève.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
118
Evaluation des difficultés
Doté des outils de contrôle et familiarisés avec l’information provenant de la vie scolaire,
le CPE peut devenir un professionnel de l’évaluation et de l’analyse des problèmes. Il rend
compte de la réalité sociale, de la précarité, des difficultés individuelles ou collectives qui
affectent la scolarité des élèves. En outre, le CPE pourra accéder à l’ensemble des
professionnels de la communauté éducative.
Le tableau ci-dessous montre ce qui va principalement intéresser le CPE :
Résultats scolaires insuffisants
(Causes diverses)
Mise en place d’un soutien scolaire
Conditions de logement insuffisantes
Elèves perturbés, agités (troubles divers)
Parents sans emploi
Lutte contre la pauvreté
Elèves déviants
Elèves qui occupent des emplois
saisonniers et des petits boulots (trop)
Elèves absentéistes
Elèves perturbateurs
Etc
La violence et les confrontations
Dans la vie scolaire, le comportement peut déraper dans des atteintes aux personnes, aux
biens, aux locaux. On remarque 5 formes de violences :
−
−
−
−
−
la confrontation (agression envers les personnes)
la violence de droit commun (vol dans les cartables, racket...)
la violence pulsionnelle (affaires sexuelles)
la violence ludique (bombe lacrymogène dans le couloir)
la dissolution de la loi et des règles (bagarre dans la classe)
Les déviances qui inquiètent le plus : la toxicomanie et le suicide associé.
L’évolution de l’aide aux adolescents en difficulté
Si les CPE disposaient de plus de temps, ils feraient des diagnostics plus approfondis
concernant les « jeunes limites au niveau des incivilités », la violence à ses débuts ainsi
que les jeunes ayant des difficultés scolaires.
Bien entendu, ces actions contribueraient à mieux comprendre les problèmes familiaux
(parents) et les aspects sociaux de la vie extérieure des jeunes.
Mais, en cas de développement des problématiques de l’adolescent, les CPE devront
envisager l’utilisation de méthodes et de moyens d’intervention plus efficaces que le
simple dialogue.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
119
QUESTIONNAIRE – LES CPE FACE A L’ADOLESCENCE
Réponses des CPE de LGT
Q1.
A travers votre pratique de CPE, quels sont les principaux problèmes de l’adolescence
en milieu scolaire ?
- La démotivation
- Le manque de travail personnel
Q2.
- L’absentéisme
- Le mal être de beaucoup de jeunes
A propos de « crise d’adolescence », qu’est ce qui gêne le plus la vie scolaire ?
- Absences, retards
- Situation de famille
- Problèmes psychologiques
Q3.
- Les addictions (cannabis et drogue)
- Les conflits, les transgressions
Que préconisez-vous pour aider les jeunes en crise d’adolescence ?
- Une meilleure formation des enseignants à la psychologie de l’adolescent.
- Une augmentation du nombre de personnels non enseignants pour accompagner les adolescents en
milieu scolaire (médecin, infirmière, assistante sociale, conseillère d’orientation, CPE, surveillants).
Q4.
Dans quel domaine le CPE peut-il intervenir ?
Vie scolaire : coordination, prévention, communication réalisée avec différents partenaires
extérieurs.
Actions individuelles : relations avec les familles, entretiens avec le jeune, orientation vers des
services extérieurs spécialisés.
Q5.
Pouvez-vous rappeler 3 incidents récents ?
Absentéisme renforcé, bagarres, insolences.
Q6.
Selon vous, quels sont les principaux comportements les plus néfastes pour la
scolarité ?
- Manque d’investissement, passivité, manque d’intérêt
- Les incivilités qui peuvent projeter l’élève dans des situations conflictuelles installées.
CONCLUSION
Dans le cadre des lycées moyens de 400 à 700 élèves, ce sont les CPE qui sont les plus concernés par les
problèmes liés à l’adolescence.
Différence avec le lycée professionnel
−
On conseille aux élèves, dès leur entrée au lycée professionnel, de changer d’orientation s’ils
ne sont pas satisfaits.
−
Les CPE doivent faire des efforts permanents pour maintenir l’autorité et la discipline.
−
Le sport est nécessaire pour calmer ce type d’adolescents.
−
Les incidents et les incivilités graves sont plus fréquents qu’au lycée GT.
−
Les CPE sont de plus en plus sollicités pour faciliter le placement des jeunes après les
examens. C’est ce point qui détermine la valorisation des diplômes et qui apporte un certain
crédit de confiance à l’intérieur du lycée professionnel.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
120
CPE ET REGLEMENT INTERIEUR
1.
Sécurité
−
−
−
2.
Prévention des incendies, des accidents
Salles de travaux pratiques, ateliers
Objets et produits dangereux
Organisation de la vie de la communauté scolaire
Scolarité proprement dite
− Participation aux cours (notamment régime des cours facultatifs) : contrôle des absences,
respect des horaires (heures d’ouverture de l’établissement)
− Exécution des tâches scolaires, système de notation utilisé par l’établissement dans le
cadre de la réglementation en vigueur
Relations au sein de la communauté scolaire
− Relations avec les élèves et les familles, cas des élèves majeurs
− Dossier scolaire, bulletins, relevés de notes
− Rappel du rôle et des attributions des délégués de classe
Vie dans l’établissement
− Dispositions générales
Mouvements : d’interclasse, vers le stade, vers les annexes, visites à l’extérieur
Utilisation des moyens de transport individuels ou collectifs
Réglementation de l’usage du tabac
Tenue des élèves
Autorisation de sortie
Présence des élèves qui n’ont pas cours (responsabilité de l’établissement)
Dégradations
− Régimes de la demi-pension et de l’internat
Discipline et autodiscipline
− Champ d’application de l’autodiscipline, sanctions
Hygiène - Santé
− Urgences médicales et chirurgicales, accidents, fléaux sociaux
− Contrôle des médicaments utilisés par les internes et les demi-pensionnaires
Assurances
− Activités ordinaires et activités comportant des risques particuliers (assurance
recommandée)
− Activités facultatives (assurance exigée), régime des accidents du travail
Information, activités culturelles
− Horaire d’ouverture et fonctionnement du CDI et des bibliothèques
− Revues et publications mises à la disposition des élèves
− Affichage, journal de l’établissement
− Rappel des activités de l’association socio-éducative et de l’association sportive
Mise en œuvre et respect du règlement intérieur
− Mode de communication du règlement intérieur à tous les intéressés, mesures à prendre
en cas de non-respect du règlement intérieur
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
121
SUJET D’ACTUALITE N° 5
LE ROLE DES CONSEILLERS D’EDUCATION
Hypothèses d’évolution
Hypothèse 1
Les conseillers principaux d’éducation (CPE) sont les « shérifs » du lycée. Leur
autorité leur permet de faire appliquer les règles, leur organisation leur donne des
renseignements généraux sur tous, ils savent livrer les combats nécessaires avec les
groupes de jeunes qui recherchent la confrontation.
Hypothèse 2
Les CPE peuvent faire avancer individuellement les adolescents qui en éprouvent le
besoin.
Diagnostic, prise en charge, orientation vers des services spécialisés... sont l’avenir du
métier de CPE.
A plus court terme, dans les lycées professionnels, l’aide aux jeunes qui ont des difficultés
à accéder à l’emploi peut être à la base d’une nouvelle fonction rattachée au CPE.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
122
3ème partie
SUJET D’ACTUALITE N° 6
L’ADOLESCENT VU PAR LES MEDECINS SCOLAIRES
Dans notre système scolaire, le médecin scolaire est chargé d’un territoire avec tous les types
d’établissements : école maternelle, école primaire, collège, lycées GT et lycées professionnels. Grâce au
parrainage du Docteur LE GAL, Directeur du service santé scolaire de l’Essonne, nous avons eu le privilège
de recueillir les points de vue d’un groupe de médecins scolaires. Nous vous proposons ci-après la synthèse
des réponses au questionnaire semi ouvert que nous avons utilisé :
QUESTIONNAIRE MEDECINS SCOLAIRES 91
Q1.
A travers votre pratique professionnelle, quelle est votre vision de l’adolescence en
milieu scolaire ?
- Certains ados semblent bien dans leur peau et suivent leur scolarité sans problèmes. D’autres ont
l’air complètement perdus, sans objectifs, sans repères. Ils refusent l’aide extérieure qui, par ailleurs,
semble insuffisante.
- Les problèmes rencontrés sont surtout d’ordre psychologique, avec des difficultés de
communication au travers de la cellule familiale et qui peuvent aller jusqu’au conflit.
- Il subit de profonds changements, il se réfugie dans le groupe.
- Les difficultés psychologiques – ou de mal être – peuvent être envahissantes si elles n’ont pas été
repérées à temps.
- Il y a un manque de temps pour écouter les adolescents étant donné l’ampleur des missions du
médecin scolaire.
- La démission parentale et le manque de contrôle des limites sont fréquents.
Q2.
A propose de la crise d’adolescence, qu’est ce qui fait le plus peur aux parents ?
à 100 %
- Crise familiale / parents
- Addictions, comportements à risque
à 50 %
- Baisse des résultats scolaires
avec plus de nuances
- Amour / Sexualité, fugues, conflits, dépression, anorexie... et problèmes de santé.
Q3.
Quels problèmes rencontrez-vous le plus souvent chez vos patients adolescents ?
Sur le plan médical
- Surpoids
- Anorexie, acné, problèmes de dos
- Problèmes d’hygiène dentaire
- Alimentation anarchique, mauvaise hygiène de vie
- Consommation de cannabis et addictions
- Méconnaissance de leur corps et de leurs problèmes de santé
Sur le plan psychologique
- Troubles du sommeil
- Souffrance, mal être, anxiété, mauvaise estime de soi
- A l’origine, le manque de motivation, le manque de communication avec les parents, le besoin de
reconnaissance
- Le manque de confiance en soi, l’agressivité
- Difficultés familiales et conflits intra familiaux
- La dépression qui n’est pas souvent diagnostiquée par les proches
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
123
Q4.
Que préconisez-vous pour améliorer la prévention santé pour les adolescents ?
- Information dans les classes, articulation avec la vie scolaire, surtout addictions et relations
amoureuses.
- Plus de personnels qualifiés et disponibles pour aider le médecin dans cette mission. Actuellement,
les sections maternelles sont prioritaires.
- Mise en place d’une éducation pour la santé qui soit cohérente, notamment par le biais du CESC.
- Plus d’accessibilité aux référents santé.
Q5.
Où se trouvent les comportements les plus néfastes pour la scolarité ?
à 100 %
- Absence de cadres
- Démission des parents / parents
- Addictions, TAC
avec plus de nuance
- La télévision, absence de soutien
Q6.
à 50 %
- Absence de valeurs
- Manque d’hygiène
- Les copains
Que préconisez-vous pour motiver scolairement les adolescents ?
-
Travailler à partir d’un objectif professionnel.
Adapter les programmes scolaires qui ne sont pas assez attractifs pour cette génération.
Les enseignants doivent avoir un comportement maîtrisé.
Leur consacrer du temps, partir de leurs idées, de leurs désirs, de leurs envies.
- Mettre en place des accompagnements individualisés avec les adultes référents.
- Passer des contrats avec le lycée.
- Dans la pédagogie, proposer à la fois des cadres et des soutiens.
CONCLUSION
Les médecins scolaires qui ont une vision indépendante sur les adolescents confirment les grands
points que nous avons rencontrés dans cette étude :
−
−
−
−
−
Un gros plan sur le rôle de la famille.
L’idée que les problèmes psychologiques sont à prendre avec beaucoup de sérieux.
Les jeunes ont besoin de cadres et de référents stables.
Le manque de temps qui est la caractéristique de notre époque : les adolescents s’impliquent
dans des opérations extrascolaires variées et l’établissement scolaire ne dispose pas de
personnels suffisants pour diagnostiquer, écouter et accompagner.
Derrière la santé, les médecins scolaires savent que l’équilibre des jeunes passe par la réussite
scolaire et la poursuite d’objectifs concrets.
SUJET D’ACTUALITE N° 6
L’ADOLESCENT VU PAR LES MEDECINS SCOLAIRES
Hypothèses d’évolution
Hypothèse 1
Le médecin scolaire passe 98 % de son temps à réaliser des visites médicales.
Hypothèse 2
Le médecin scolaire désire s’impliquer davantage dans la promotion de la santé et en
particulier dans la prévention pour les adolescents de 12 à 18 ans avec la mise en place
d’un « contexte santé » pour avoir plus d’influence psychosociale.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
124
3ème partie
SUJET D’ACTUALITE N° 7
L’ADOLESCENT ET SON ARGENT
Les parents pratiquent au collège des versements occasionnels d’un montant peu élevé,
car cela leur confère un certain droit de regard sur l’utilisation de cet argent de poche.
Par la suite, une plus grande régularité des versements se met en place, avec un budget
régulier. Ceci traduit davantage la mise en place d’une autonomie financière progressive.
Plus on est âgé, plus on reçoit de l’argent :
Le montant de l’argent de poche augmente avec l’âge. Au début du collège, la majorité des
jeunes doit recevoir moins de 10 euros par mois, alors qu’au lycée et particulièrement en
classe terminale on reçoit le plus souvent entre 30 et 50 euros.
ENQUETE EPA – QCM5
LYCEES GT ET LYCEES PRO
De quelle somme disposez-vous chaque mois ?
0 à 30 € = 79.2 %
Lycées GT et lycées PRO
31 à 50 € = 12.5 %
50 € et plus = 8.3 %
Moins de 10 % des lycéens disposent de plus de 50 euros d’argent de poche par mois.
Le lycéen fait figure d’étudiant pauvre.
APPRENTISSAGE – CFA
De quelle somme disposez-vous chaque mois ?
100 à 200 €
= 32.5 %
200 à 500 €
= 51.0 %
Apprentissage CFA
Plus de 500 € = 16.0 % (après reversement à la famille).
Cette enquête montre les écarts très importants existant au niveau de l’argent entre les
jeunes des lycées et les apprentis, plus autonomes financièrement, surtout dans les
milieux défavorisés. Par ailleurs, les apprentis n’ont rien à réclamer à leurs parents qui
utilisent parfois l’argent de poche pour exercer un moyen de pression sur leurs enfants.
CONSOMMATION SANS ARGENT : les adolescents qui n’ont pas les moyens peuvent
accéder gratuitement à de nombreuses occupations : la radio, la télévision, les journaux, le
« chat » et à de nombreux sites Internet. Certains peuvent en plus télécharger de la
musique, des vidéos, des jeux vidéo et des logiciels. La liste s’allonge chaque jour.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
125
Comment les jeunes vont-ils utiliser leur argent ?
Lycée GT / LP
%
CFA Apprentissage
%
1. Sorties loisirs
2. Habillement
30.3
28.1
38.7
23.2
3.
4.
5.
6.
7.
8.
18.4
12.2
5.1
4.0
2.0
5.9
15.5
5.3
5.9
3.4
8.0
-
Alimentation
Portable, multimédia
Transports
Aide à la famille
2 roues, Auto
Autres
Les lycéens GT n’habitent pas trop loin de leur lycée. Ils ont un trajet plus court que les
jeunes des lycées PRO et des CFA qui, eux, seront plus sensibles aux transports en
commun ou à la possession d’un moyen de transport (deux-roues, auto). Les filles
dépensent plus pour les vêtements que les garçons, mais elles aident davantage leur
famille. Pour les familles, la priorité des dépenses va pour les vêtements, la culture et les
besoins liés à la scolarité.
Un grand nombre de lycéens recherchent des petits boulots : garde d’enfant, service
restauration, vente... car ils n’acceptent pas la fatalité de leur pauvreté relative.
L’apprenti et son argent
L’apprenti dépense plus dans le divertissement et dans les sorties, car il en a les moyens.
Les dépenses de transports sont plus importantes, car le CFA et l’entreprise sont éloignés
de son domicile. Dans son partage avec la famille, il participera aux dépenses du gîte et du
couvert, tout en déchargeant la famille de ses besoins en argent de poche. Certaines
familles laissent à leur adolescent la totalité de son salaire, ce qui peut le rendre vulnérable.
Trop d’argent de poche peut faire de l’apprenti une cible facile pour les « noceurs » avec le
risque de contacter des dépendances et de se fatiguer précocement de l’étude.
A la différence des lycées, l’apprenti (garçon) peut satisfaire son goût pour les deux-roues,
les autos et les multimédia, auxquels il va consacrer une partie importante de son salaire.
De leur côté, les filles peuvent devenir dépendantes à l’excès de dépenses d’habillement et
du culte de leur image.
Les apprentis de niveaux IV et III qui quittent la maison
Une minorité essaie la vie à deux, avec logement indépendant. Souvent, ils devront
travailler le week-end pour faire face aux dépenses d’aménagement de la maison.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
126
LES CHIFFRES DES ADOLESCENTS
Sondage ADOSURF environ 1 000 votes sur Internet
Qu’est ce que tu lis ?
-
Des magazines
Des BD
Des livres, des romans
Les journaux
Rien
Filles
Garçons
en %
en %
52.2
7.6
29.7
2.5
8.0
28.2
29.5
9.4
10.1
22.8
31.4
31.1
17.0
20.5
37.9
27.1
18.1
16.9
28.1
17.9
22.4
19.8
11.8
26.7
16.1
21.7
24.9
10.6
15.8
40.2
34.2
6.0
3.8
19.3
24.8
38.5
6.2
11.2
41.0
22.5
15.9
11.2
9.4
32.0
4.8
23.8
23.1
16.3
Combien de SMS envoies-tu par jour ?
-
De 0 à 3
De 4 à 6
De 7 à 10
Plus de 10
Combien de temps passes-tu à tchater par jour ?
-
Je ne vais pas sur les tchats
Moins de 30 minutes
De 30 minutes à 1 heure
Entre 1 heure et 3 heures
Plus de 3 heures
Combien de fois vas-tu au cinéma par mois ?
-
Jamais
1 fois
1 à 3 fois
3 à 5 fois
Plus de 5 fois
Manges-tu plutôt :
-
des pâtes
de la salade
des pizzas
des steak - frites
des hamburger - frites
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
127
SUJET D’ACTUALITE N° 7
L’ADOLESCENT ET SON ARGENT
Hypothèses d’évolution
Hypothèse 1
Les jeunes des lycées sont en majorité des étudiants pauvres (20 à 30 € par mois)
Certains acceptent tous les petits boulots possibles afin d’améliorer leur pouvoir d’achat,
pour d’autres les risques de délinquance (vol) sont élevés.
Hypothèse 2
Les apprentis disposent tous les mois d’un salaire de 200 à 600 €, ce qui va faciliter leur
autonomie. Cependant, il faut s’assurer que ces sommes sont partagées avec la famille et
que le jeune ne devienne pas une cible pour les « bandes ».
Hypothèse 3
Les élèves des lycées professionnels
Dans la majorité des cas, ces « élèves boursiers » mériteraient d’avoir un moyen
d’améliorer leurs revenus mensuels tout en bénéficiant d’un tuteur. Ils sont plus âgés que
les élèves du LGT, d’environ 1 à 2 ans et majoritairement issus de milieux défavorisés.
Chaque année, les lycées professionnels accueillent environ 100 000 jeunes BEP de ce
profil.
Pour ce type de formation, l’apprentissage privé ou public apporterait beaucoup
d’avantages à ces adolescents.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
128
3ème partie
SUJET D’ACTUALITE N° 8
L’ADOLESCENT ET SES RAPPORTS A LA CONSOMMATION
Depuis plus de 50 ans, la société de consommation forme des légions de consommateurs
de plus en plus lucides et exigeants. Dans la recherche de cibles nouvelles, les « jeunes »
sont ainsi devenus un marché à part entière, avec sa logique propre depuis les années 90.
Si les enfants vivent encore de consommation par procuration et par prescription, les
adolescents sont directement confrontés à des stratégies offensives notoires.
La responsabilité du jeune (pénalement responsable : argent, vol...) :
Si l’on se réfère au cadre pénal et au registre des sanctions possibles :
−
13 à 16 ans (collège) : le jeune peut se voir infliger des « sanctions éducatives » et, à
l’âge du lycée, des peines de prison avec une excuse de minorité.
−
16 à 18 ans : cette excuse de minorité peut être levée.
−
18 ans et plus : l’adolescent est traité comme un adulte, c’est-à-dire qu’il est situé au
même niveau de responsabilité.
Le poids économique des jeunes
D’un point de vue quantitatif, les adolescents représentent une population de 5 000 000
individus : 2 300 000 sont âgés de 15 à 17 ans et autant de 18 à 20 ans. Autant de filles que
de garçons.
Il est difficile de trouver des chiffres fiables, mais il est possible d’estimer ce que
représente l’argent de poche, de 30 à 50 € mensuels, soit une enveloppe de 2 à 3 milliards
d’euros par an. Il faut y ajouter le pouvoir d’achat des apprentis et des adolescents de
18 à 20 ans qui sont sortis de la scolarité.
Mais, ce budget doit être rapporté au pouvoir de prescription des jeunes sur leur
famille. S’il est difficile de chiffrer cette influence, les professionnels du marketing
l’estiment à plus de 100 milliards d’euros par an.
L’influence sur les achats de la famille
Loisirs (71 %), produits alimentaires (49 %), vacances (46 %), informatique et télécom
(41 %). Ajoutons à cela le développement des « cartes bancaires jeunes » par les grandes
banques.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
129
Les jeunes, des proies faciles pour la publicité et le marketing
Aujourd’hui, l’adolescent ne dispose plus de repères stables et présents. Le manque de
force de l’image familiale (ou parentale) va pousser le jeune à chercher une justification de
ses apprentissages (fondés sur le plaisir) et des modèles de figures qui s’imposent à lui.
La marque peut ainsi représenter un élément important dans la vie et la structuration du
jeune. Bien entendu, il s’agit de la marque des produits en phase avec le mode de vie des
jeunes. La multiplicité des marques qui véhiculent des produits de courte durée de vie
contribue à accentuer l’impression d’instabilité ambiante : NIKE, ADIDAS, REEBOOK,
QUIKSILVER, DIESEL, CELIO, PUMA, LEVI’S, SFR, ORANGE, SONY, SAMSUNG,
MAC DONALD’S, COCA COLA...
La publicité, ça marche
Près d’un jeune sur deux dispose d’une télévision dans sa chambre. Ils la regardent en
moyenne plus de 3 heures par jour. Certes, certains jeunes préfèrent la radio, voire le web.
Cependant, 50 000 spots ciblés « jeunes » sont diffusés chaque année sur les chaînes
françaises et ils jouent sur des registres en phase avec la culture ambiante (spectacles,
histoires ludiques et plaisantes...) Le produit n’est pas argumenté, l’essentiel est dans le
registre du plaisir et de l’émotionnel, pour déclencher l’envie d’acquérir le produit. C’est
donc en inventant des valeurs plus ou moins fausses que l’on va entrer en résonance avec
les jeunes. En même temps, le jeune devient la référence de la famille.
Les produits qui en découlent (4 jeunes sur 5 vont essayer)
Les produits technico-ludiques (baladeurs, MP3, consoles de jeux vidéo, téléphones
portables ultra sophistiqués...), d’innovations alimentaires (produits dits de « snacking »,
gâteaux, boissons sucrées, céréales très sucrées...), de produits vestimentaires « sportifs »
(en particulier les chaussures)... pour ne citer que les plus importants.
Les jeunes paraissent être canalisés vers un produit, une marque, dans leur recherche
d’appartenance et d’identité.
Il apparaît que la vie propre de l’adolescent va se rapprocher de plus en plus de « l’offre de
plaisirs » que la société lui propose. Pour les études, le temps restant va être de plus en
plus mince : quelques minutes chaque jour, après l’école. L’adolescent va se situer dans un
schéma trouble entre les valeurs manipulées que lui proposent les médias et les pairs et les
valeurs proposées par l’école.
Seule la minorité (20 %) de jeunes de niveau élevé, visant des études supérieures longues,
et le plus souvent issus de milieux favorisés, semble échapper à la domination des médias
populaires et de la publicité.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
130
Les risques d’une consommation maîtrisée
A la faiblesse des jeunes face aux discours attrayants et manipulatoires, vient se greffer une
autre fragilité, celle des frontières entre « la vie bien pensée » et les comportements
dangereux et immoraux :
−
L’incitation à l’addiction :
Boire, fumer, se droguer, c’est un marché très lucratif, d’autant que l’on a jamais
compté autant de fumeurs. La consommation de drogues douces est plus récente mais
en constante augmentation. L’alcool est l’addiction qui paraît encore la plus
préoccupante, car les buveurs sont liés aux événements festifs, conviviaux, qui sont une
manne pour les producteurs de vin, d’alcool et de produits nouveaux : prémix,
mélanges divers....
−
L’addiction numérique :
La publicité et les grands magasins spécialisés ont lancé les loisirs dits « numériques ».
Les jeux vidéo tenant une part particulière – obsédante – dans la vie des jeunes qui ont
choisi ce loisir. On peut faire la même remarque pour le chat ou la communication en
réseau.
Même si les jeunes concernés par un risque d’addiction numérique ne montrent pas de
trouble de la personnalité, ils se trouvent confrontés à un grave problème d’emploi du
temps et la dérive potentielle se situe à ce niveau. Le jeune vit alors retiré de la
famille, de son groupe d’amis et du travail scolaire.
−
Les dérives de l’hyper consommation
La consommation peut générer des comportements déviants, par exemple :
l’alimentation qui rend obèse
la soif de consommer, « le désir de marques »..., où consommer devient un sujet
unique de passion.
CONCLUSION
La consommation à tout va, sans éducation, sans garde-fou, risque bien d’entraîner la
jeunesse à agir en partant de ses pulsions et en fragilisant de plus en plus le lien social.
Il devient de plus en plus nécessaire de mettre en place une véritable éducation du jeune
consommateur.
Emploi du temps hebdomadaire des adolescents
Télévision
Nouveaux
médias
Portable
Divertissement
convivialité
Sport
Consommation
Le temps
pour
l’étude
20 – 30 h
10 – 20 h
4–8h
6 – 12 h
4–6h
2–4h
5h
En devenant une cible nouvelle pour le marketing, les adolescents trouvent une gamme
complète de produits et de services correspondant à leurs besoins de convivialité et de
divertissement. Ils vont y consacrer 50 h par semaine, c’est-à-dire l’équivalent de la totalité
de leur temps scolaire. On parle de plus en plus de « réparer l’ascenseur social » qui
devient nécessaire à la jeunesse issue des milieux défavorisés, mais il faut prendre
conscience qu’il y a un conflit entre le plaisir et l’investissement important nécessaire aux
études.
Certains attendent « le Père Noël », alors que la montée dans la société s’obtient par le
travail scolaire et par une culture de la réussite.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
131
SUJET D’ACTUALITE N° 8
L’ADOLESCENT ET SES RAPPORTS A LA CONSOMMATION
Hypothèses d’évolution
Hypothèse 1
Les jeunes croulent sous l’influence de la publicité, ce qui les fait se détourner de leur
principal objectif, l’étude, et succomber au désir en devenant dépendant des marques, des
produits spécifiques et des réseaux.
C’est non seulement leur temps qui leur est confisqué par la consommation, mais
également leur combativité et leur pourvoir d’initiative.
Hypothèse 2
Les jeunes se développent et apprennent beaucoup au contact de la consommation.
Ainsi, ils apprendront à mieux communiquer et à se préparer à certains métiers. Par
exemple : les nouveaux médias préparent les jeunes aux études scientifiques et techniques.
Bien connaître le maniement des nouveaux médias permettra à certains jeunes de mieux
utiliser les moteurs de recherches pour leur culture personnelle et pour leur scolarité.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
132
3ème partie
SUJET D’ACTUALITE N° 9
LE SYSTEME DES VALEURS ET LES ADOLESCENTS
Les règles de vie collective, la morale, les sanctions
−
Ces règles sont en général formalisées et diffusées auprès des jeunes et des enseignants.
−
Nous sommes dans le cadre du raisonnement rationnel.
−
S’il existe des difficultés d’application avec certains adolescents, c’est par
l’argumentation et le travail pédagogique qu’il devient possible de structurer et de
planifier la pensée des jeunes.
La transformation des valeurs sociales
−
Le choix et la transmission des valeurs doivent tenir compte des évolutions humaines,
affectives et subjectives ainsi que de l’éclosion actuelle des valeurs juvéniles.
La transmission des valeurs morales (Etude du Magazine PELERIN)
Les valeurs morales se transmettent principalement par la famille (91 %), par l’école
(60 %). Le monde du travail arrive au 3ème rang avec 12 % des avis. A noter que les
grandes entreprises font de plus en plus d’efforts pour formaliser leurs valeurs et les mettre
en place.
La transmission des valeurs se fait par le discours (ou l’écrit) et par l’exemplarité des
adultes.
Les valeurs qu’il faut transmettre aux jeunes générations
1.
L’honnêteté / La franchise / La fiabilité
6.
Le sens de la justice / L’équité
2.
L’altérité/ La tolérance
7.
L’esprit d’équipe / La confiance
3.
Le respect de l’autorité / Les règles
8.
L’épanouissement personnel / Les projets
4.
Le goût du travail / La qualité
9.
5.
Le sens de l’intérêt général / Le sentiment
d’appartenance
L’environnement / La citoyenneté /
Le développement durable
10. Le modernisme / L’efficacité
En fonction des valeurs retenues, certains établissements et entreprises proposent un
guide de conduite pour compléter le règlement intérieur administratif.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
133
Projet : Faculté des Métiers de l’Essonne
Les valeurs dans l’enseignement professionnel
Sur un campus capable d’accueillir 3 300 apprentis et élèves, la Faculté des Métiers a
regroupé 5 établissements d’enseignement professionnel avec leurs différences de métiers
et de cultures.
Dans le cadre de la mise en place de son plan d’établissement, la Faculté des Métiers a pris
conscience de l’intérêt qu’il pouvait y avoir de proposer ses propres valeurs à l’ensemble
des usagers de l’établissement.
Les valeurs traditionnelles républicaines :
Leur fondation date de la fin du XIXe siècle : Liberté, Egalité, Fraternité, qui, avec le
travail, ont été la base du formidable essor de l’Ecole publique.
Au XXIe siècle, ces valeurs ont gardé leur force, mais il faut tenir compte, aujourd’hui, des
nouvelles interactions : l’égalité des chances, l’adaptation à la modernité (technologie),
l’esprit d’équipe, l’influence du sport, la nécessité d’étudier individuellement pour réussir
ses études, l’influence du marché du travail sur les diplômes...
Il y a donc un véritable changement dans les valeurs à promouvoir en ce début de
millénaire.
Les valeurs choisies par la Faculté des Métiers :
Avec l’objectif de préparer un plan pour 2007, la Direction de la communication réfléchit
aux valeurs qu’elle va chercher à transmettre :
1.
2.
3.
4.
5.
L’altérité/ La tolérance
Le sens de l’intérêt général / Le sentiment d’appartenance
Le goût du travail et de la qualité
Le respect de l’autorité et les règles
La citoyenneté / L’environnement
La Faculté des Métiers est une micro société avec un grand espace réparti sur 6 bâtiments,
12 groupes de spécialités dans le cadre d’un management déconcentré. Il a fallu rechercher
une méthode pour faciliter la transmission des valeurs retenues.
Schéma de transmission des valeurs :
1. Préparation d’un code de conduite
C’est un travail de longue haleine qui prendra place près du règlement intérieur. C’est aussi
l’occasion de réfléchir au contenu d’un LIVRET ETHIQUE à constituer progressivement.
Ce travail de transmission des valeurs passe nécessairement par des argumentations
choisies.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
134
2. La segmentation de la communication éthique
−
Au niveau général de la Faculté des Métiers
−
Orientée vers les jeunes : altérité, comportement, développement personnel, réussite,
avenir, ouverture d’un dialogue.
−
Orientée vers la communauté : c’est une communication de soutien à l’institution :
enseignants et collaborateurs, développement du sentiment d’appartenance.
−
Orientée vers le professionnalisme, c’est la valeur travail rendue plus concrète : la
scolarité, la qualité du travail, la relation entreprise-emploi, les aspects contractuels.
−
Orientée vers la sécurité qui est un sujet privilégié pour aborder les valeurs :
accidents, conduites dangereuses, aide aux accidentés, prévention.
−
La mode de l’environnement : cette orientation de notre société plaît aux jeunes. Il
paraît souhaitable d’associer aux informations sur l’environnement des compléments
éthiques.
L’environnement, l’Europe, la planète, notre propre territoire et les démarches
spécifiques pour préserver notre avenir. Ajoutons à cela ce qui a trait au développement
durable et à ses démarches.
−
L’accueil renforcé des entrants : c’est le moment d’associer aux modules de
formation destinés aux entrants un exposé sur les valeurs et sur la philosophie de la
Faculté des métiers.
3. Evaluation des performances éthiques
Dans les grands établissements, il peut devenir nécessaire de faire des bilans pour connaître
la situation de départ et ajuster au fur et à mesure les objectifs éthiques à valoriser.
Les indicateurs éthiques et leur cotation
Profil
éthique
Rentrée
2006
Pâques
2007
Rentrée
2007/2008
5/10
6/10
Prévoir
une action
Valeurs et règles
Exemple :
Altérité
Choix de 30
indicateurs
En cours de réalisation
CONCLUSION : dans la fiche n° 5, sur le rôle des CPE, il est possible de trouver une base
de règlement intérieur qui vous permettra de comparer valeurs et vie scolaire.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
135
INVENTAIRE DES VALEURS A L’ADOLESCENCE
VALEURS DE SOCIETE
Un monde de Paix
(sans guerre, ni conflit)
Beauté et Respect de la
Nature
(respecter l’environnement et
préserver les ressources
naturelles)
Egalité
(les mêmes droits pour tous)
Sciences et Techniques
(développer la connaissance et
favoriser la mise au point de
techniques nouvelles)
Grandeur et Indépendance
de la Nation
(vivre dans un pays uni, fort,
indépendant et puissant)
Justice sociale
(plus grande égalité
économique, moins de
différence entre riches et
pauvres)
Coopération Internationale
(favoriser les relations d’aide
et d’amitié entre les peuples)
Démocratie
(participation des citoyens aux
décisions qui sont prises et qui
les concernent)
Beauté des Arts
(littérature, musique, peinture)
et respect du patrimoine
(préserver les œuvres du passé)
Respect de la Personne et de
la Dignité Humaine
(permettre à chaque individu
d’être traité comme quelqu’un
qui a de la valeur)
Liberté
(liberté de pensée,
d’expression, d’association,
libre circulation)
Stabilité sociale
(absence de violence, sécurité
publique et exercice de la
justice)
VALEURS PERSONNELLES ET INTERPERSONNELLES
Vie aisée
(être à l’aise financièrement)
Santé et bien-être
(sans maladie, ni handicap)
Vie sociale active
(fréquenter, rencontrer
beaucoup de gens)
Bonheur
(être satisfait de ce que l’on fait
et de ce que l’on vit)
Expérience religieuse ou
mystique
(être en communion avec Dieu
ou l’Univers)
Travail
(avoir un emploi et pouvoir le
garder)
Protection de la vie
(prendre soin de sa propre vie,
ne pas la mettre en danger)
OBSERVATOIRE EPA
Amour
(vivre une relation d’affection
profonde et durable)
Amitié vraie
(avoir des amis proches et
sincères)
Sécurité pour les siens
(prendre soin de ceux que l’on
aime)
Soutien personnel
(savoir qu’il y a toujours
quelqu’un pour vous aider et
vous soutenir)
Progrès personnel
(s’efforcer d’être quelqu’un de
meilleur)
Réalisation personnelle
(se réaliser, réussir quelque
chose d’important, de durable)
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
Respect de la morale
(penser qu’il y a des règles du
Bien et du Mal universelles qui
doivent être respectées)
Connaissance de soi
(être plus conscient du type de
personne que l’on est)
Statut social
(avoir une position sociale
élevée)
Pouvoir, Autorité
(prendre des décisions, exercer
un pouvoir sur les autres)
Plaisir sans souci
(vivre les plaisirs de la vie sans
pression, sans stress)
Vie passionnante
(vivre de nouvelles expériences
et des aventures nouvelles)
136
MODES DE CONDUITES
Serviable
(être toujours prêt à rendre
service aux autres)
Compréhensif
(être capable de partager les
sentiments des autres)
Franc
(ne pas craindre de dire ce
qu’on pense)
Ambitieux
(être soucieux de réussir, de
parvenir à ce qu’on veut)
Logique
(être conséquent, rationnel)
Audacieux
(aimer innover et entreprendre
des choses nouvelles)
Efficace
(rechercher la meilleure
méthode pour atteindre son
but)
Généreux
(partager avec autrui ce que
l’on a)
Persévérant
(ne pas renoncer malgré les
difficultés)
Poli
(être bien élevé, ne jamais être
grossier, ni vulgaire)
Coopératif
(être capable de collaborer
avec d’autres)
Indépendant
(se suffire à soi même, ne
compter que sur soi)
Réfléchi
(ne pas faire les choses à la
hâte, réfléchir avant d’agir)
Tolérant
(accepter les autres même s’ils
sont différents de soi)
Maître de soi
(se contrôler, savoir se
discipliner)
Tendre
(manifester une affection
profonde)
Soigné
(faire attention à son aspect
extérieur)
Digne de confiance
(être quelqu’un sur qui on peut
compter)
Engagé
(se consacrer à une cause à
laquelle on croit)
Idéaliste
(vivre selon la manière dont les
choses devraient être plutôt que
comme elles sont)
Déterminé
(défendre ses opinions en dépit
de ceux qui s’y opposent)
Gagneur
(vouloir être à chaque fois le
meilleur)
Honnête
(ne jamais tricher, ni mentir)
Spontané
(agir comme cela vient
naturellement)
Extrait de l’orientation
SUJET D’ACTUALITE N° 9
LE SYSTEME DES VALEURS ET LES ADOLESCENTS
Hypothèses d’évolution
Hypothèse 1
Les valeurs de l’école, qui sont celles de la République, n’ont pas changé depuis un
siècle.
Hypothèse 2
Pour modifier le comportement des jeunes, il faut « manipuler les valeurs que l’on
propose » comme le font la publicité et les médias.
Hypothèse 3
Pour entrer dans le XXI° siècle, il y a un nouveau choix de valeurs à faire et des
méthodes à créer pour améliorer le niveau éthique.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
137
3ème partie
SUJET D’ACTUALITE N° 10
LES NOUVEAUX MEDIAS ET LES JEUNES
(Extrait MEDIA PRO)
Depuis 6 ans, la situation a profondément évolué avec la généralisation des pratiques et
l’élaboration de nouvelles applications plus conviviales.
UN DECALAGE IMPORTANT SELON LES CONTEXTES D’USAGE
96 % des jeunes Français de 12-18 ans disent utiliser Internet, mais l’utilisation à la maison
devance très largement l’utilisation chez les amis ou à l’école. L’utilisation d’Internet
occupe une place marginale à l’école : 65 % des jeunes déclarent ne jamais utiliser Internet
en classe.
Les usages suivent des règles établies. Communiquer, visiter des sites, jouer, télécharger...
ça se pratique à la maison, alors qu’à l’école Internet est utilisé pour les travaux scolaires.
C’est encore plus net avec le téléphone portable. Ce sont souvent les parents (en particulier
les mères) qui souhaitent être connectées en permanence avec leurs enfants. L’usage du
téléphone portable est peu contrôlé à la maison, alors qu’il est strictement interdit à l’école.
On peut expliquer ainsi le succès des SMS.
LES MOTEURS DE RECHERCHE POUR TOUT FAIRE
94 % des internautes déclarent utiliser les moteurs de recherche, mais pas forcément pour
faire des recherches. Le plus souvent, ils se servent des moteurs – plus spécialement
Google – comme intermédiaire pour aller sur un site connu, par exemple les jeux. La
véritable recherche d’informations est moins fréquente, elle est plutôt liée au travail
scolaire.
Les jeunes ont une connaissance insuffisante des techniques de recherche ; ils
apprécieraient cependant l’aide des enseignants pour avancer dans l’utilisation de ces
outils.
COMMUNIQUER PAR TOUS LES MOYENS
Près de 6 internautes sur 10 disent ne jamais communiquer avec des inconnus. Ceux qui le
font sont plus âgés (17 – 18 ans). La fréquentation du chat se raréfie chez les filles, comme
chez les garçons au profit des messageries instantanées (MSN). Ce qui est important pour
les jeunes, c’est d’être connecté en permanence avec leurs amis. Qu’il s’agisse du
téléphone portable ou d’Internet, la communication se fait avant tout entre pairs. Elle passe
par l’écran et par écrit : 9 jeunes sur 10 disent envoyer souvent des SMS, près de
6 internautes sur 10 utilisent souvent les messageries instantanées de type MSN et environ
1 sur 2 les courriels. Les médias sont également une source d’information importante pour
plus d’1 jeune sur 2.
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L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
138
LES AUTRES SUJETS D’INTERNET
La différence entre filles et garçons est plus nette dans certaines activités :
− Télécharger des fichiers
Les garçons, 2 fois plus
− Jeux en réseau ou en ligne
Les garçons nettement plus
− Regarder les vidéos (clips, bandes annonces de films...)
Garçons 35 % Filles : 20 %
− Le portable pour envoyer ou recevoir des photos
Concerne plutôt les filles.
L’AUTOFORMATION AUX NOUVEAUX MEDIAS
Internet, c’est décidément une affaire de génération. C’est grâce à leurs amis que plus des
3/4 des jeunes déclarent s’informer sur les nouvelles activités possibles en ligne. Dans la
famille, c’est avec les frères et sœurs que l’on échange le plus. En résumé, les jeunes
apprennent principalement seuls, en tâtonnant ou en expérimentant. 25 % des jeunes
déclarent que les enseignants pourraient apporter de nouvelles connaissances en leur
ouvrant de nouveaux horizons sur les possibilités d’Internet.
L’INTERACTION ENTRE LES MEDIAS
La musique sort grande gagnante de la fréquentation d’Internet : près d’1 jeune internaute
sur 2 déclare en écouter très souvent. A l’inverse, la télévision est perdante : 43 % de
jeunes (surtout des filles) déclarent la regarder moins qu’avant, surtout les 14-16 ans.
La lecture de livres est également touchée négativement, mais de manière ambivalente :
certains lisent moins, mais d’autres lisent plus qu’avant.
L’usage d’Internet renforce le fait de sortir entre amis parce qu’il facilite la relation avec
les pairs et l’organisation des rencontres. Les parents sont présents dans cette révolution
Internet : certains estiment qu’ils doivent la contrôler, d’autres participent à ces
communications électroniques. Lorsque Internet fait partie des échanges familiaux, et que
les parents sont eux-mêmes des utilisateurs, les médias électroniques vont souvent
contribuer à apaiser les relations au sein de la famille, en particulier dans les familles
recomposées.
SECURITE ET REGLES
Les jeunes sont au courant des problèmes dus aux virus, des risques liés à l’anonymat, aux
travestissements d’identité, aux questions de droits d’auteur posées par le téléchargement,
mais leurs connaissances sur ces questions sont insuffisantes. Le contrôle parental reste
globalement limité et porte avant tout sur le temps passé sur Internet, au téléphone et sur
les sites visités. Ce contrôle s’exerce plus rarement sur les pratiques liées aux messageries
instantanées et au courrier électronique.
A l’école, la situation est radicalement différente et les jeunes perçoivent limitations et
interdictions, mais il ne s’y développe aucune pratique sur la sécurité, au point que
4 jeunes sur 10 déclarent ne pas savoir s’il existe un règlement et s’ils ont reçu des
consignes de sécurité. Dans le système actuel, les jeunes ne bénéficient pas forcément des
pratiques individuelles au niveau de la scolarité.
Pour la majorité des jeunes, Internet ne fait pas partie du monde de l’école, d’un côté
la société de consommation High Tech et de l’autre l’école.
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L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
139
SYNTHESE
La relation des jeunes Français de 12-18 ans avec Internet et les médias électroniques a
beaucoup changé depuis 2006.
Les usages se sont développés autour de 2 pôles :
− la fréquentation des sites, surtout pour le travail scolaire.
− La communication à distance, avec de nombreux services : téléphone portable,
messagerie instantanée... et courrier, dans une moindre mesure.
Les jeunes ont intégré ces médias dans la vie quotidienne et leur relative aisance
d’utilisation s’est construite par tâtonnement et avec leurs proches. Cependant, ils se
révèlent moins compétents qu’ils ne le disent.
Ils ont besoin d’aide pour mieux utiliser les médias électroniques et suivre les
évolutions de ce marché.
L’école, centrée sur les apprentissages techniques et sur la recherche d’information, ne
répond que peu aux besoins de convivialité et de divertissement des jeunes, elle
encadre et limite les pratiques, spécialisant ainsi les domaines d’application d’Internet.
La maison, lieu d’appropriation par excellence, reste le lieu de toutes les
expérimentations.
SUJET D’ACTUALITE N° 10
LES NOUVEAUX MEDIAS ET LES JEUNES
Hypothèses d’évolution
Hypothèse 1
La fracture numérique est moins importante que la fracture sociale. Les jeunes des
zones défavorisées, en se sensibilisant de bonne heure aux multimédias, en apprenant des
langues étrangères, peuvent, à partir d’une formation informatique qui les motive, accéder
aux sciences, aux techniques et à la gestion.
L’école peut favoriser ce type de trajectoires.
Hypothèse 2
Laissons les jeunes avec leurs téléphones et leurs ordinateurs. Après tout, la recherche du
plaisir a toujours été l’apanage des jeunes et les nouveaux médias sont devenus les
nouveaux jouets de la jeunesse.
Il faut que jeunesse se passe, c’est aux adultes de leur proposer une société qui en vaille la
peine et qui donne envie aux jeunes d’accéder à des usages plus utiles.
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L’adolescent de 15 à 20 ans
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140
LA SITUATION EN FRANCE
Jeunes de 12 – 18 ans
L’utilisation d’Internet s’accroît chez les jeunes de 16 – 18 ans
Ce que disent les jeunes
L’UTILISATION D’INTERNET
Déclarent avoir déjà utilisé Internet
96 %
ACTIVITES EN LIGNE LES PLUS REPANDUES
Déclarent utiliser quelquefois + souvent + très souvent
− Les moteurs de recherche
94 %
Tous usages, y compris pour accéder à des sites connus
− Le courrier électronique
67 %
− La messagerie instantanée Type MSN
69 %
en progression
− Les salons de chat
32 %
en baisse
− Le téléchargement
49 %
(pour rester en contact avec ses amis)
(Musique, logiciels, vidéos, radios)
− La création – Les blogs
18 %
L’INFLUENCE SUR LES AUTRES MEDIAS
− Regarder moins la télévision
43 %
− Lire moins qu’avant (livres, BD,...)
28 %
(il y a aussi ceux qui lisent davantage)
− Ecouter plus de musique
45 %
− Les jeux en réseau sont ceux qui fixent
le plus les garçons aujourd’hui.
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et l’enseignement professionnel
141
3ème partie
SUJET D’ACTUALITE N° 11
CE QU’IL FAUT CHANGER POUR OFFRIR PLUS DE CHOIX AUX ADOLESCENTS
de niveaux moyens
L’ADOLESCENT AU MOMENT DU CHOIX
C’est en fin de collège que se fait l’orientation des adolescents vers des filières choisies ou
imposées. Une hiérarchie est établie entre les élèves capables de faire des études
supérieures et ceux qui entrent dans l’enseignement professionnel. La relation des
formations avec l’emploi n’est pas clairement établie pour les élèves de niveau moyen.
La rapidité avec laquelle sont prises les décisions d’orientation ainsi que leur caractère
définitif surprennent souvent les familles et les élèves.
Certitude et incertitude à l’orientation
40 %
30 %
30 %
NIVEAUX MEDIANS
Élèves les plus faibles
ZONE D’INCERTITUDE
LP et CFA
Etudes générales technologiques
professionnelles
Formation
professionnelle
Débouchés
en entreprise
selon évolution
du marché du travail
Elèves Q > 110
et bons élèves
Bon pronostic
pour étude
supérieure
BAC + 4
PROSPECTIVE et
Orientation difficile à réaliser
En fonction des acquis scolaires et du comportement en classe, l’équipe pédagogique
rédige le « livret scolaire » qui détermine la « cote de chaque élève ». Ainsi, le destin des
adolescents se joue au collège dans un cadre collectif qui ne tient pas compte des
évènements graves traversés lors de l’adolescence (conflit familial grave, accident, décès,
maladie longue, problèmes financiers...), qui ne donne pas de nouvelles chances à ceux qui
ont connu une baisse scolaire prolongée, aux jeunes des populations défavorisées qui ont
besoin d’une scolarité assistée (soutien scolaire, diagnostic et toute forme
d’accompagnement individuel...)
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
142
L’adolescent n’a pas droit à l’erreur. Certains élèves ont besoin de 5 ans pour réussir le
collège, avec un accompagnement individualisé, alors que pour d’autres, cela se fera en
4 ans maximum et dans une formule où la famille apporte un complément.
De 12 à 16 ans, l’adolescent ne vit pas le temps comme un adulte. Doit-on pour autant
l’écarter des « meilleures filières » ?
A la fin du collège, les élèves les plus aptes aux formations abstraites vont être orientés
vers le lycée GT (37 % en général, 21 % en technologique, au total 58 % d’une classe
d’âge). La filière GT est considérée par le milieu scolaire comme la seule qui permette de
réussir sa vie.
Au niveau des catégories socioprofessionnelles, le nombre de cadres et de professions
intellectuelles est stable en France :
−
15 % de cadres et métiers intellectuels nécessitent des études supérieures. Ce qui veut
dire qu’à la sortie de leurs études, seulement 1 étudiant sur 4 au lycée GT atteindra
l’objectif professionnel proposé par l’institution.
−
23,2 % de professions intermédiaires dont la moitié seront originaires des BAC
Techno, BTS et d’horizons divers.
−
20 % des jeunes du lycée GT (80 000 jeunes/ an) se retrouvent employés, ouvriers ou
sans emploi, le plus souvent sans formation professionnelle qui pourtant aurait été plus
efficace pour leur projet professionnel.
Cette recherche d’adéquation diplômes-débouchés (qui reste floue) est aujourd’hui la
principale source d’inquiétude des adolescents. Actuellement, rien n’est prévu au lycée
pour ajuster les réalités de l’emploi aux études théoriques et ce sont donc les impératifs
de l’emploi qui vont transformer l’école, à terme.
Si l’on ne fait pas partie du premier tiers au collège, il peut être préférable de choisir une
filière professionnelle. L’image de cette filière s’améliore chaque année et elle va s’adapter
de plus en plus aux élèves moyens qui désirent une éducation plus concrète pour
occuper un emploi qualifié.
QUE VA CHANGER LA MISE EN APPLICATION DU SOCLE COMMUN
DE CONNAISSANCES ET DE COMPETENCES ?
1ère hypothèse : les bons élèves du collège destinés aux LGT vont satisfaire aux différentes
évaluations du socle commun de connaissances et de compétences. Ces évaluations
pourront se combiner avec le brevet du collège, le B2i... et améliorer ainsi l’homogénéité
des programmes scolaires.
(Age d’entrée en seconde : 15 ans)
2ème hypothèse : pour les élèves en retard de 1 ou 2 ans qui sont destinés à l’enseignement
professionnel (LP et CFA), c'est-à-dire qui entrent en 1ère CAP, 1ère BEP, à 16 ans et plus
(fin de la scolarité obligatoire). Il faudra proposer un socle commun différent, moins
théorique avec des repaires plus concrets, ou faut-il prévoir en fin du collège une année de
rattrapage pour certains adolescents, ceux qui ont besoin de plus de temps pour assimiler le
socle commun ?
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L’adolescent de 15 à 20 ans
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143
En 2008, la mise en application du socle commun de connaissances et de compétences
devrait apporter des réponses à ces questions, tout en rappelant que c’est l’enseignement
professionnel qui a le plus besoin du contrôle de niveau des élèves à la sortie du collège
et à la fin de la scolarité obligatoire.
LE ROLE DE LA PSYCHOLOGIE SCIENTIFIQUE
Actuellement, les élèves du collège ne bénéficient pas systématiquement des avantages de
la psychologie scientifique, à la différence des pays européens et anglo-saxons. Les tests
actuels, utilisés par les professionnels, permettent de mesurer l’intelligence avec une
précision satisfaisante, en particulier les TESTS de QI mis en œuvre par les professionnels.
A côté du « livret scolaire » qui donne aux orientateurs et professeurs principaux des
indications sur les acquis scolaires et sur le comportement en classe, il manque à
l’orientation des indications objectives sur le potentiel mental des adolescents.
QI Général = QI verbal + QI de performance
Aujourd’hui, une jeune au QI de 95, s’il est orienté en LGT, risque de rencontrer des
difficultés – et d’en souffrir – pour faire des études abstraites destinées à des potentiels
plus élevés (QI de 110 nécessaire pour le BTS et l’université).
A l’inverse, un jeune avec un QI de 110 risque de rechercher un parcours scolaire plus
performant s’il entre dans l’enseignement professionnel (QI de 70 à 95).
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L’adolescent de 15 à 20 ans
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144
11 - 1
LA SITUATION ACTUELLE
L’enseignement supérieur, un objectif majoritaire
Rappels sur le QI
En France, l’orientation massive à la fin du collège n’utilise pas systématiquement d’outils
psychotechniques modernes dans le but d’avoir une indication sur le potentiel général des
jeunes, ainsi que sur certaines de leurs aptitudes.
A la logique de mesure universelle, avec des moyens scientifiques, l’Education Nationale,
oppose la « logique de bilan », c’est-à-dire que l’on vise au maintien de l’institution et de
l’ordre avant toute hypothèse de changement.
Le quotient intellectuel ou QI
Le QI qui est un test d’intelligence générale, c’est-à-dire du Facteur G, est utilisé depuis
près d’un siècle. Il s’agit de la mesure d’une caractéristique biologique.
Le QI ne se mesure pas directement, comme si l’on mesurait la taille d’un jeune, mais
indirectement, par exemple celle de quelqu’un au travers de son ombre portée sur un sol
inégal. Avec l’avancement des tests et de la qualité des méthodes de passation
individuelle, la fiabilité des tests de QI est élevée. En France, ce type de test ne peut se
passer qu’auprès d’un psychologue diplômé.
Le QI classique et l’âge mental sont les critères les plus utilisés pour le classement des
individus. Nous utiliserons, dans cette étude, le QI Wechsler qui a été étalonné en France
avec une moyenne de 100, écart type de 15.
LA DISTRIBUTION DES ELEVES (à la fin du collège)
A partir d’une courbe de Gauss (ou en cloche), nous simulons la distribution des élèves
après le collège. Ces tableaux doivent être pris avec prudence et être considérés comme des
éléments d’aide à la réflexion.
Lycée général QI de 105 à 145
Lycée techno
QI de 95 à 105
LP et CFA
QI de 70 à 95
34,13 %
34,13 %
13,59 %
13,59 %
LP
2,15 %
Techno
2,15 %
LG
CFA
0,13 %
0,13 % 0,13 %
Spécial
Ecart
-3
-2
-1
0
+1
+2
+3
QI
55
70
85
100
115
130
145
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145
INTERPRETATION SIMPLIFIEE DE LA COURBE DE GAUSS
Les QI et leurs références
85
100
115
130
−
−
−
Plancher de la normalité
Formation professionnelle (70 à 95)
Normal
Plafond de la normalité – Licence universitaire
QI élevé : 3ème cycle, Grandes écoles
Les catégories centrales, QI de 85-115 représentent 68 % de jeunes. C’est ici que le choix
d’orientation est le plus difficile à réaliser car les profils sont semblables.
Les niveaux supérieurs, QI > 115, sont en nombre limité (16 %).
Les QI < 70 demandent une pédagogie spéciale. Ils ne représentent que 3 % des jeunes.
Répartition actuelle
Filières
Estimation moyenne
Lycée général ................................
Lycée technologique ...............
37 %
21 %
QI de 105
QI de 95
à 145
à 105
Total LGT
58 %
QI de 95
à 145
Lycée professionnel ...............
CFA ................................................
28 %
14 %
QI de 70
(Actuel)
à 95
10 % des effectifs LGT
en dessous de QI 100
42 %
COMPARAISON ENTRE ORIENTATION ET CATEGORIE PROFESSIONNELLE
Tant que les adolescents auront confiance dans les diplômes qu’ils préparent et dans
les débouchés liés à leurs études, ils accepteront les contraintes de leur métier d’apprenant.
Actuellement, ce sont les adolescents du LGT qui doutent de plus en plus des promesses
qui leur sont faites. Au lieu d’analyser le marché et d’en tirer une ligne de conduite,
certains élèves font le choix de la protestation.
42 %
Flux d’origine
Lycée général
37 %
Techno
21 %
Lycée Pro
28 %
CFA V et IV
14 %
Enseignement supérieur
Cadres et
professions
intellectuelles
15 %
Professions
intermédiaires
Agents de maîtrise
Techniciens
23.2 %
Ouvriers
23.9 %
Agricul.
Artisan
Commerç.
Gérant
Employés
29.1 %
9%
Catégories socioprofessionnelles : constantes : 15 % cadres et 50 % d’employés et d’ouvriers
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L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
146
CE QU’IL FAUT CHANGER POUR AIDER LES JEUNES
A BENEFICIER DE PLUS DE CHOIX
La question qui nous a été posée : que peut-on faire pour donner plus de choix aux
adolescents, tout en veillant à ce que ces nouveaux choix débouchent sur des solutions
efficaces au niveau de l’insertion ?
Voici les différentes solutions que nous proposons pour donner plus de souplesse au
système scolaire actuel :
1.
Redécouper l’offre scolaire - Les affectations après le collège
En orientant près de 60 % des jeunes vers le lycée GT, c’est environ 10 à 20 % des jeunes
qui seront en difficulté scolaire et qui vont sortir du lycée et de l’université sans
qualification.
Par ailleurs, le niveau des diplômes doit être respecté pour préserver l’entrée dans
l’enseignement supérieur et les besoins nationaux en matière grise.
(Voir détails dans le prochain chapitre)
2.
Introduire plus de souplesse au collège auprès des élèves moyens
L’adolescence est une période difficile pour certains et qui peut demander un diagnostic
suivi d’un accompagnement individualisé avec plus de temps à consacrer aux études.
Le droit à l’échec, le droit à une nouvelle chance, le droit au soutien scolaire... sont autant
d’éléments à mettre en place pour les adolescents au collège et en particulier les sujets
moyens qui ont des potentialités évidentes.
3.
Améliorer l’image de l’enseignement professionnel auprès des
enseignants, des élèves et des parents
Ce type d’action de communication vient d’être pratiqué au niveau de l’apprentissage, avec
un succès indéniable.
Les principaux points à améliorer sont :
•
Le niveau V, avec le BEP dont l’orientation se fait le plus souvent par défaut et dont la
sortie après deux ans est souvent confuse. Mieux connaître l’insertion de ces jeunes.
•
Le niveau IV, c’est-à-dire l’échelon BAC PRO. Ce diplôme doit garder sa bonne
image, afin que les élèves de ce niveau ne doutent ni de la valeur du diplôme, ni des
débouchés qu’ils procurent au niveau de l’emploi. Le manque de confiance dans ce
diplôme porterait un rude coup aux lycées professionnels dans leur ensemble.
•
Un nouveau niveau III professionnel, pour crédibiliser les possibilités d’évolution
par l’enseignement professionnel.
− Création de nouveaux diplômes en BAC PRO + 1 et BAC PRO + 2 comparables au
BTS, mais avec une partie théorique moins difficile (type brevet de maîtrise).
•
Bien entendu, les lycées GT pourraient créer des sections professionnelles, à côté de
leurs sections technologiques.
OBSERVATOIRE EPA
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147
4.
Les passerelles
LGT ↔ EP
Augmenter et assouplir le système actuel des passerelles :
−
En seconde du LGT, c’est à ce niveau qu’il y a le plus de « sortants » (5%).
−
A l’université
−
Pour les élèves en fin de scolarité obligatoire, à qui il faut sans doute faire prendre
conscience des différences existant entre scolarité obligatoire et scolarité volontaire.
A seize ans, c’est à l’adolescent, de choisir son orientation, de l’assumer ou de quitter
l’école.
5.
(sorties importantes dans certaines spécialités).
Les élèves qui sont sortis sans qualification et sans diplôme
Le dispositif actuel n’est pas assez systématique et il ne conduit pas forcément à l’emploi.
Il serait souhaitable de mettre en place des « préformations » pour leur permettre de
s’inscrire dans une nouvelle formation professionnelle.
Voir 3ème partie
Fiche n° 12 – Les nouveaux métiers de la pré-formation professionnelle
6.
L’influence des nouveaux médias
Actuellement la « fracture numérique » serait moins importante que la « fracture sociale ».
En d’autres termes, il y aurait le même pourcentage de membres utilisateurs des nouveaux
médias, surtout Internet, dans les classes défavorisées (ouvriers, employés) que dans les
classes favorisées.
Certes, ce type de médias est utilisé pour la convivialité et le divertissement, et encore
faiblement pour les recherches, la culture et l’étude. Les jeunes, motivés pour utiliser ce
type de « médiateur » pour faire leurs études restent ouverts aux filières professionnelles et
technologiques.
Pour les jeunes de niveau moyen, et quelle que soit leur origine sociale, la pratique
intense des nouveaux médias peut être utile dans les formations scientifiques, techniques,
informatiques et à la gestion.
Un bon moyen de proposer des choix nouveaux aux adolescents passionnés par le
numérique.
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148
11 - 2
VERS UNE NOUVELLE DISTRIBUTION,
MODIFICATION DES NIVEAUX MEDIANS
Scénario fiction
La majorité des jeunes (58 %) sont orientés vers un lycée GT et pensent avoir ainsi un
meilleur métier et une qualification leur assurant un emploi. Aujourd’hui, c’est une
représentation moyenne de la population qui entre au lycée GT, et non plus seulement la
partie supérieure de cette population. C’est ainsi que l’on peut expliquer la baisse de
niveau des examens, l’échec important des premières années de l’université et un défaut de
qualité des emplois proposés. Les manifestations de lycéens en 2005 confirment ce point.
Par ailleurs, un grand nombre d’élèves de lycée GT reconnaissent avoir des difficultés à
étudier, notent une forte pression scolaire et ressentent une réelle complexité pour les
études théoriques. Ajoutons que certains adolescents peuvent rencontrer des difficultés sur
le plan personnel ou familial, ce qui peut être un frein à des études d’un niveau élevé.
La demande actuelle de matière grise qui est formulée par l’université concerne des
étudiants de niveau élevé dans les matières scientifiques et techniques.
Dans ce chapitre, nous allons proposer une nouvelle répartition, en rétablissant à 50 % au
lieu de 58 % la part du LGT. La catégorie de jeunes au LGT redevient la moyenne
supérieure et de façon simplifiée les élèves de Techno auraient un QI de 100 à 110, ceux de
l’enseignement général un QI de 110 à 145, ce qui correspond bien aux besoins de
l’enseignement supérieur long (25 %).
Nouvelle distribution,
en fin de collège
Echantillonnage
34,13 %
LGT
34,13 %
13,59 %
13,59 %
français
WECHSLER
LP
LP
2,15 %
Techno
2,15 %
LG
CFA
0,13 %
0,13 % 0,13 %
Spécial
Ecart
-3
-2
-1
0
+1
+2
+3
QI
55
70
85
100
115
130
145
Nouvelle répartition
BAC général 28 %
QI de 110 et plus
BAC techno
22 %
QI de 100 à 110
Total
50 %
LP
CFA
30 %
18 %
QI de 70 à 100
Total 48 %
Enseignement spécialisé 2,5 %
Il devient nécessaire de raisonner en fonction du niveau moyen des jeunes, c’est-à-dire
des QI moyens de 85 à 115 qui représentent 68,4 % d’une classe d’âge, avec des choix
d’orientation plus difficiles à effectuer.
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149
LA NOUVELLE MENTALITE DE LA JEUNESSE
Tournés vers leur vie personnelle et en groupe, les adolescents de 14 à 17 ans vont-ils faire
les efforts nécessaires et mettre en place une méthode de travail afin de réussir leurs
études ? Ce qui est vrai pour les jeunes qui ont le profil pour réussir des études supérieures
longues (30 %), ne l’est pas pour la moyenne des jeunes. C’est donc autour de la moyenne
qui regroupe les 2/3 d’une classe d’âge (QI de 85 à 115) qu’il faut apporter des
changements dans l’orientation actuelle. Dans de nombreux cas, la différence entre un
jeune qui entre en seconde et un autre qui entre en 1ère BEP se fait sur le niveau social des
familles, car c’est le niveau verbal qui va créer la différence.
En résumé :
Le taux de 8 % de glissement que nous avons choisi pour notre simulation permet
d’améliorer sensiblement le niveau des élèves du LGT et donc, à terme, leur réussite. Il
permet aussi de relancer l’enseignement professionnel qui est le seul capable d’offrir à des
jeunes de niveau moyen des études plus motivantes, un emploi à terme et la possibilité de
poursuivre leurs études qui débouchent sur les professions intermédiaires (voir schéma
ci-dessous).
NOUVEAU DIAGRAMME : LYCEES ET EMPLOIS OCCUPES
48 %
Flux d’origine
Lycée général
28 %
Techno
22 %
Lycée Pro
30 %
CFA V et IV
18 %
Enseignement supérieur
Cadres et
professions
intellectuelles
15 %
Professions
intermédiaires
Agents de maîtrise
Techniciens
23.2 %
Ouvriers
Employés
Agricul.
Artisan
Commerç.
Gérant
23.9 %
29.1 %
9%
CONCLUSION
Cette nouvelle répartition réduit l’échec pour les élèves du LGT, avec l’objectif
d’améliorer le niveau actuel pour les universités. Les lycées GT pourront ouvrir des
sections professionnelles pour les élèves moyens. En créant un nouveau diplôme
professionnel après le BAC PRO, cela donnerait une nouvelle image plus égalitaire pour
les jeunes et un accès facilité aux professions intermédiaires.
Les nouveaux débouchés de niveau élevé pour les BAC G sont dans l’informatique, la
gestion, les sciences et les techniques.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
150
SUJET D’ACTUALITE N° 11
CE QU’IL FAUT CHANGER POUR OFFRIR PLUS DE CHOIX AUX ADOLESCENTS
DE NIVEAUX MOYENS
Hypothèses d’évolution
Hypothèse 1
Si l’on reste dans la fatalité actuelle, il faut accepter les défauts importants du système
scolaire :
−
Un nombre très élevé (150 000) de jeunes qui sortent de la filière principale
LGT + Université sans qualification.
−
Un lycée professionnel où l’image des diplômes est à la baisse et où l’insertion
professionnelle aurait avantage à être soutenue.
−
Un CFA à qui l’on refuse des élèves de niveau plus élevé pour faire face à la demande
des entreprises.
Hypothèse 2
Qu’est ce qu’il faut changer d’abord ?
−
La répartition des élèves à la fin du collège en tenant compte des besoins de l’économie
en jeunes de niveau moyen.
−
La fin d’un système où l’élève est catalogué dès ses 14 ans : intellectuel, indéterminé,
manuel.
Les indéterminés sont à diriger vers une pré-formation qui leur permettra de se
réconcilier avec les études et où ils vont apprendre, avec le temps, quel genre de métier ou
de filière peuvent leur convenir et surtout les aider à s’engager vers un métier qui les
intéresse.
Il existe plus de 100 000 indéterminés chaque année, et il est bien difficile de privilégier
dans tous les cas la formation théorique pour les mettre en attente.
Hypothèse 3
Qui aura du travail demain ?
La répartition des critères socioprofessionnels varie peu : 15 % de cadres diplômés et 50 %
d’employés et d’ouvriers. C’est donc la voie médiane qui apporte le plus de solutions aux
jeunes (cadres intermédiaires – indépendants – employés/ouvriers).
Le marché du travail est à approfondir sur le plan régional car les jeunes se déplacent peu.
Les jeunes des lycées GT qui ont des difficultés à poursuivre des études théoriques en LGT
prépareraient mieux leur avenir en suivant une filière professionnelle.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
151
3ème partie
SUJET D’ACTUALITE N° 12
LES NOUVEAUX METIERS DE LA PRE-FORMATION PROFESSIONNELLE
(Elèves sortis de la scolarité)
Pré : avant une formation, phase de transition
Certes, il est préférable d’accompagner les adolescents qui se trouvent placés face à des
difficultés pendant la période scolaire. Mais, si l’élève a du mal à suivre le mouvement
général, il va décrocher. Il lui faudra trouver une « nouvelle chance » qui viendrait de
l’extérieur.
Généralement, il est rare que l’élève-sortant arrive seul à reprendre un cycle scolaire.
Ce sont les métiers de la pré-formation qui vont l’aider en quelques mois à retrouver la
confiance et les bases nécessaires à une nouvelle formation ou à une nouvelle orientation.
Les métiers de la pré-formation ne sont pas encore suffisamment répandus auprès des
jeunes qui désirent reprendre leurs études. Certains grands établissements mettent en place
des classes de pré-formation, mais la partie la plus importante du chemin reste à faire pour
banaliser ces pratiques.
LA FACULTE DES METIERS DE L’ESSONNE, UN DEBUT DE DEVELOPPEMENT
Ce campus de construction récente accueille un nombre élevé d’apprentis et de jeunes en
formation professionnelle. Une unité sous la responsabilité de Martine de FILIPPIS est
chargée de la création de programmes spécifiques et de leur mise en application
pédagogique.
La recherche et l’évaluation des candidats sont assurées par les Missions locales de la
proximité. Chaque année, plusieurs centaines de jeunes se portent volontaires à la préformation, dans le centre de la Faculté des Métiers. Ces formations peuvent s’exercer dans
le cadre de la formation professionnelle ou en amont de l’apprentissage.
1. LA PRE-FORMATION DANS LE CADRE DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE
(FPC)
Elle concerne les jeunes de 16 à 26 ans qui, après une période d’interruption, vont chercher
à obtenir une qualification dans le cadre du contrat de professionnalisation.
La Faculté des Métiers de l’Essonne a développé, en partenariat avec des entreprises, une
formation en alternance qui accueille des niveaux VI et V à la recherche d’un contrat de
professionnalisation.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
152
Réalisations en 2005-2006
Accueil de 160 élèves dans le cadre d’une formation alternée, le tiers des jeunes étant
composé de primo entrants.
Pré-formation Niveau VI et V : 4 mois en scolarité et
4 à 6 mois en entreprise
A l’issue de cette formation spécifique, les responsables de la formation négocient pour les
jeunes des contrats de professionnalisation afin de leur assurer une formation qualifiante
rémunérée (12 à 18 mois).
Le processus de prise en charge des jeunes en difficulté scolaire dans le cadre de la
formation professionnelle (FPC), qui s’effectue en quelques mois (voire un an), est
actuellement bien maîtrisé dans la Faculté des Métiers de l’Essonne. Il existe une autre
filière qui utilise des méthodes différentes pour l’apprentissage.
2. PRE-FORMATIONS EN AMONT DE L’APPRENTISSAGE
L’apprentissage, depuis de nombreuses années, propose un dispositif de pré apprentissage :
−
Les CLIPA : pour les élèves de 14 ans qui doivent être guidés dans le choix d’un
métier et qui ont besoin d’une rescolarisation importante.
−
Les CPA (classe de pré apprentissage) dès l’âge de 15 ans
Ces classes ont pour but de consolider les élèves dans le choix d’un métier tout en
renforçant leurs bases scolaires. Ces élèves ont une à deux années de retard mais
l’adaptation à l’apprentissage se réalise dans de bonnes conditions.
Les effectifs de CPA/ CLIPA en France
9000 élèves en CPA pour 1000 en CLIPA, ce qui confirme le rôle marginal des CLIPA.
Aujourd’hui, les CPA qui servent de base au pré-apprentissage se réalisent dans le cadre
d’une alternance stable.
A noter que les jeunes des CPA choisissent leur métier au départ et restent en alternance
toute l’année. Ils présentent des garanties au niveau de leur fidélité au CFA, car ils
pourront s’inscrire en CAP la 2ème année, et dans une entreprise.
Le pré apprentissage à la Faculté des Métiers
Depuis la rentrée 2006, 5 classes de CFA (100 élèves) fonctionnent selon les programmes
officiels au sein de la Faculté des Métiers.
Dans le cadre du niveau VI, l’unité de pré-formation a créé 2 classes supplémentaires
destinées à aider une quarantaine de jeunes d’origines diverses à intégrer l’apprentissage à
16 ans. Pour ces élèves comme pour ceux des CPA, la pré-formation s’étale sur une année
en alternance.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
153
La pré-formation a pour rôle de régler les problématiques les plus difficiles, de socialiser
et d’apporter à chaque jeune les bases dont il a besoin, avec l’objectif d’entrer en
apprentissage. Ces formations demandent plus de souplesse et plus de temps que pour les
formations standards. Les métiers de la pré-formation qui se rapprochent de l’accompagnement individuel demandent un savoir-faire spécialisé.
L’activité de pré-formation, en se développant, permettra de produire un vivier et de faire
ainsi l’appoint au recrutement du CFA.
Aujourd’hui, l’unité de pré-formation de la Faculté des Métiers s’intéresse aux niveaux VI
et V, traitant ainsi un flux d’environ 300 jeunes par année. De plus, ce pôle d’accès
pourrait s’ouvrir dans les prochaines années aux adolescents de 16 à 20 ans qui sont sortis
du lycée sans qualification.
3. LA PRE-FORMATION DES NIVEAUX IV ET III
Le marché de la réinsertion des jeunes sortis du lycée et de la 1ère année d’université est à
la fois important et crédible, car le niveau général de ces jeunes trouvera au sein de la
formation professionnelle les moyens pour rebondir.
Dans la 2ème partie de l’étude, en page 67, nous proposons un tableau qui regroupe les
principaux flux de sortants qui mériteraient d’être traités avec des moyens spécialisés et
une pédagogie en alternance.
Etant donné l’expérience de la Faculté des Métiers, les flux suivants peuvent être la base de
nouvelles activités.
Segments du marché de pré-formation professionnelle
Les flux réguliers
Formation
professionnelle
Apprentissage
−
−
2ème LGT (et 1ère)
Terminale BEP (diplômé ou non)
CQP
BAC PRO
en 3 ans
−
Terminale LGT
(20 % n’obtiennent pas le BAC)
CQP
BTS
en 3 ans
−
1ère année d’université
CQP
BTS
NORMAL
Actuellement, différents établissements proposent aux jeunes des solutions de réinsertion.
Il reste, cependant, la nécessaire mise en place de moyens à la taille des besoins de ces
adolescents qui souhaiteraient la possibilité d’un nouveau départ.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
154
Dans le cas d’un établissement scolaire important, le processus de préformation fait appel à différents savoir-faire :
−
La recherche des jeunes et le recrutement : le plus souvent avec les Missions
locales. Progressivement, la recherche directe se développera en synergie avec les
autres besoins du Centre de formation.
−
Des programmes et des pédagogies adaptés à ce type de jeunes ainsi que des moyens
modernes (ordinateurs, labos de langues, méthodes pédagogiques...).
−
La mise en place de l’alternance qui passe par l’existence d’un réseau d’entreprises.
Le placement en entreprise, la contractualisation, le suivi des jeunes par leurs tuteurs...
sont autant de pratiques qui sont en place dans les grands CFA.
−
L’assistance à l’insertion des jeunes après la pré-formation : la durée de la phase de
transition varie de 6 à 10 mois. Le jeune est pris en charge par les responsables
pédagogiques avec des objectifs d’insertion : conclure un contrat de qualification,
signer un contrat d’apprentissage, éventuellement insérer directement le jeune en
entreprise pour répondre à ses besoins financiers immédiats.
Le rôle essentiel de la pré-formation apparaît d’abord comme une prise en charge de jeunes
sortis du système éducatif en leur proposant des moyens et des programmes orientés vers la
réussite d’une période de transition.
La Faculté des Métiers, en misant sur ces pédagogies innovantes peut aussi trouver une
amélioration de son recrutement général qui est d’environ 1200 jeunes par an.
SUJET D’ACTUALITE N° 12
LES NOUVEAUX METIERS DE LA PRE-FORMATION PROFESSIONNELLE
Hypothèses d’évolution
Hypothèse 1
La préformation professionnelle au service des élèves en difficulté des collèges, ou des
primo entrants, est une action sociale qui va dans le sens du socle commun des
connaissances et des compétences. Les entreprises et la société ont besoin de ce type de
personnels.
Hypothèse 2
Il ne faudrait pas oublier, pour autant, les 100 000 à 150 000 jeunes, le plus souvent
originaires du LGT et de l’université, qui se retrouvent sans qualification et sans emploi.
L’étude des sortants du système scolaire, qui est source de souffrance et d’inégalité pour
les jeunes, mériterait d’être réalisée sur le plan national afin de montrer l’importance de
cette problématique et de proposer des solutions modulaires en fonction des flux et des
niveaux.
OBSERVATOIRE EPA
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et l’enseignement professionnel
155
4ème PARTIE
PROPOSITIONS POUR AMELIORER
L’INTEGRATION DES ADOLESCENTS
EN MILIEU SCOLAIRE
Le chef d’établissement garant de l’intégration des
adolescents et des incidents rencontrés
Accueil et formation des entrants
Répondre aux besoins d’assistance des adolescents
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
156
4ème partie
Chapitre 1
LE CHEF D’ETABLISSEMENT,
GARANT DE L’INTEGRATION DES ADOLESCENTS
et des incidents rencontrés
Nous l’avons constaté récemment, les chefs d’établissement sont submergés de demandes
d’assistance à l’occasion de multiples difficultés et incidents rencontrés avec les
adolescents.
Comme pour la vie scolaire, seul le chef d’établissement pourra mettre en œuvre un
dispositif et des méthodes afin de définir le rôle de chacun envers les adolescents.
QUELLES VONT ETRE LES RAISONS PRINCIPALES D’INTERVENTION AUPRES DES
ADOLESCENTS ?
−
Incivilités répétées, élèves perturbateurs
−
Résultats scolaires insuffisants
−
Crise familiale
−
Problèmes de santé, psychopathologie, dépression (suicide)
−
Accidents à répétition
−
Addictions, principalement l’alcool et les drogues
−
Problèmes psychologiques, problèmes familiaux et sentimentaux
−
La violence, la délinquance juvénile
−
Difficultés scolaires, absences
−
Etc.
Le chef d’établissement qui est directement concerné par les problèmes les plus graves
manifestés par les jeunes doit mettre en place des services chargés d’écouter et de proposer
des solutions aux adolescents en plein changement.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
157
L’USAGE DES MOTS
Les déviances
La violence
Comportements qui échappent aux règles
admises par la société.
Les déviances qui inquiètent le plus :
la toxicomanie et les conduites suicidaires
associées, la dépression, le mal être, la
fugue.
Le mal être, au lieu d’être contenu explose
en perturbant gravement le climat de
l’établissement. La violence va souvent de
pair avec la délinquance : vol, vols avec
revente, racket, deal de la drogue.
Les incivilités
Les problèmes de santé
Nécessité d’un bon partenariat avec une
infirmière et un médecin.
Le plus souvent certains comportements
perturbent la classe. Les CPE connaissent
bien la limite qui sépare les déviances des
incivilités.
CPE et infirmières peuvent aider le proviseur à prendre en charge les jeunes qui ont besoin
d’un suivi transitoire.
LE DOMAINE DE NOTRE ETUDE
L’un des objectifs de départ de l’étude était d’étudier l’adolescent « normal » afin de rester
dans le cadre d’une étude scolaire unique.
Le déroulement de l’étude nous a obligés à tenir compte de pratiques marginales que nous
représentons dans le tableau ci-après :
Etude adolescent en milieu scolaire
MARGE 1
15 %
Les banlieues
(ZUS)
Filière spécifique
selon les territoires
La marge sociale
permanente
5%
LE CANAL MEDIAN
Adolescent normal
MARGE 2
70 % DES ADOS
DEVIANCES
QI de 85 à 115
VIOLENCE
L’enseignement
professionnel
et les lycées GT
manque
de motivation
pour l’étude
INCIDENTS
La massification de l’enseignement, qui a propulsé de nouvelles populations, principalement dans les LGT, a généré dans le second degré un cumul de comportements à risques
et de jeunes ayant des difficultés familiales.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
158
LE CHOIX DE LA STRATEGIE D’ASSISTANCE AUX ADOLESCENTS EN TENSION
−
Certains établissements développent des moyens permanents de prévention, tout en
proposant un « lieu de conseil ». Le plus connu est le Comité d’Environnement Social
(CES), qui est constitué de cellules d’écoute et de dialogue.
Les CES débouchent sur des actions modestes à la portée d’un établissement scolaire,
et leurs vacations consistent principalement à un accompagnement préventif.
−
D’autres établissements se dotent d’une politique de prévention et d’un dispositif
faisant appel à des possibilités d’aides internes ou externes.
LE PLAN DU DISPOSITIF CONSEILLE AUX ETABLISSEMENTS DU SECOND DEGRE
1. Accueil renforcé et formations des entrants dans les classes d’arrivée :
2ème du LGT, 1ère BEP et 1ère CAP
2. Mise en place d’un dispositif d’assistance au niveau de l’établissement
qui permet de détecter les adolescents qui ont des difficultés d’adaptation, de mettre en
place une prévention permanente et de les aider individuellement.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
159
4ème partie
Chapitre 2
ACCUEIL RENFORCE
ET FORMATION SPECIFIQUE DES ENTRANTS
Nous avons rencontré des chefs d’établissements qui ont fait l’effort de mieux organiser
l’accueil des jeunes provenant du collège en y ajoutant quelques séances de formations
spécifiques. En général, cette opération améliore instantanément « l’intégration » des
jeunes et leur comportement paraît plus assuré.
Nous allons rappeler quelques points sur cette séquence qui est mise en place, le plus
souvent en septembre.
OUTILS DE COMMUNICATION
Livret d’accueil, site Internet, plan des lieux
MODULES DE FORMATIONS SPECIFIQUES (LP ET CFA)
Module 1 – Présentation générale
½ journée
Présentation de l’établissement
Différences entre lycée et collège
Les nouvelles obligations au lycée : ponctualité, assiduité, respect, politesse...
Rappeler que l’école n’est pas obligatoire après 16 ans et que ceux qui y restent en ont fait le
choix
L’orientation : rappeler aux élèves qui ne sont pas satisfaits de leur orientation qu’ils ont
la possibilité de changer de suite de spécialité
Visite de l’établissement
Module 2 – Professeur principal
1 à 2 heures
La philosophie de l’école, ses valeurs
Les programmes, l’organisation des cours, la vie scolaire
Le règlement intérieur qui doit être lu et signé par les élèves
Les perspectives de leur formation, les diplômes de CAP / BEP et BAC PRO
Le marché local du travail
Module 3 – CPE et mise en place de la vie scolaire
1h
Faire le point sur la vie scolaire
Règlement intérieur
Réponses aux questions
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
160
4ème partie
Chapitre 3
MISE EN PLACE D’UN DISPOSITIF ASSISTANCE
afin de répondre aux besoins des adolescents
−
Le chef d’établissement peut mettre en place des outils de communication destinés aux
élèves, aux enseignants et aux parents, avec des thématiques tournées vers une image
positive de l’adolescence. Ce sera aussi le moyen d’aborder la prévention sur les
comportements à risque ainsi qu’une information sur la citoyenneté.
−
Une bonne connaissance de l’architecture de l’établissement sera également utile :
organisation des déplacements, régulation des flux, lieux et heures qui engendrent des
comportements hors normes.
LE DISPOSITIF D’ASSISTANCE
LE CHEF D’ETABLISSEMENT
ESPACE SANTE
Infirmerie, Médecin
ASSISTANTE SOCIALE
SOCIALE
PREVENTION
CPE ou
responsable pédagogique
ANIMATIONS
ASSOCIATIONS
LE SPORT et
la vie des clubs
LES ASSOCIATIONS EXTERIEURES
ET LEURS SPECIALITES
Addictions (drogues, alcool, tabac)
Les accidents répétés
Psychologues : diagnostic et accompagnements,
confiance en soi, problèmes psychologiques
Délinquance juvénile
Dépression, mal être, suicide
L’hygiène de vie, la santé
L’environnement
Le soutien scolaire
La relation avec les familles
La sexualité, la contraception, MST
La violence
L’aide aux victimes, le secourisme
L’emploi local, la recherche d’emploi
etc...
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L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
Voir fiches :
- Espace Santé n° 4
- Le rôle des CPE n° 5
161
CONCLUSION GENERALE
Si l’on désire améliorer la vie des adolescents de 15 à 20 ans de l’enseignement
professionnel – population d’un million de jeunes – il faut partir de son origine, c’est-àdire de la génèse de cette catégorie par l’orientation officielle à la fin du collège. Alors que
la majorité des élèves du collège qui entrent au lycée GT sont considérés comme la « seule
voie pour réussir », plus de 300 000 jeunes considérés comme limités sur le plan des études
théoriques, ou pas assez calmes pour résider en classe vont être « orientés par défaut » vers
les lycées professionnels et l’apprentissage.
Cette dichotomie de la jeunesse effectuée avec des moyens d’une fiabilité relative risque
de créer à terme un grave préjudice aux élèves de niveau moyen qui sont faibles pour le
lycée GT et plus adaptés aux filières professionnelles. Avec l’évolution des métiers qui fait
la part belle à l’enseignement professionnel, l’emploi des jeunes est menacé dans son
ensemble si le niveau d’accès aux filières professionnelles est trop bas et si les jeunes qui
en sortent ne correspondent pas aux besoins des entreprises.
Dans le cadre de notre étude sur l’adolescence dans l’enseignement professionnel, nous
allons rappeler les points que l’institution scolaire, dans son ensemble, doit améliorer.
LES POINTS A AMELIORER DANS LE SYSTEME SCOLAIRE POUR AIDER LES
ADOLESCENTS DES FILIERES PROFESSIONNELLES
1. L’orientation à la fin du collège :
−
Les jeunes qui sont destinés à l’enseignement professionnel, et pour qui l’accès à
l’emploi sera facilité par rapport aux filières générales, ont le droit au respect.
C’est aux enseignants du collège et aux COP de mettre en place une image positive
pour cette population.
−
Changer l’état d’esprit et les méthodes d’évaluation des jeunes qui ne doivent pas
seulement reposer sur le niveau verbal. Qui peut faire la différence entre les
élèves les plus faibles du lycée GT et les élèves les plus forts qui entrent au lycée
professionnel ou en CFA ?
−
Actuellement, la voie médiane, QI de 95 à 105, représente 80 000 jeunes chaque
année. C’est pour ce niveau qu’il faut revoir les méthodes de l’orientation, car de
plus en plus ce sont les élèves les plus faibles du lycée GT qui vont connaître des
difficultés d’insertion, à la suite d’un échec possible au BAC ou de difficultés au
début de l’enseignement supérieur. Chaque année, près de 80 000 jeunes ratent les
BAC LGT.
2. La motivation et l’attractivité pour les formations professionnelles doivent être
considérablement développées. Les moyens qui ont été utilisés pour réévaluer l’image
de l’apprentissage, ces dernières années, sont à prendre en exemple.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
162
3. Si le défaut d’orientation du jeune est aggravé par une affectation d’office par
l’académie, le lycée professionnel et le CFA devront pouvoir corriger ce type d’erreur
d’aiguillage.
Dès la rentrée de septembre, il faut conseiller aux jeunes qui ne sont pas satisfaits de
leur orientation, de faire un autre choix. C’est encore possible.
4. Le rôle essentiel de la communauté scolaire :
Notre société est en mutation et il n’est pas toujours possible d’assurer aux jeunes que
les métiers qu’ils ont choisi déboucheront automatiquement sur une insertion de
qualité. Il est donc essentiel de réussir la vie de la communauté qui apportera aux
jeunes « les règles et les valeurs » pour leur permettre d’étudier dans de bonnes
conditions et d’acquérir le goût de la formation pour toute la vie.
5. Il faut bien se rappeler que les jeunes de niveau V sont des mineurs qu’il faut
« contrôler » en permanence. La « majorité » qui apporte une meilleure socialisation et
de la maturité chez les adolescents correspond aux classes terminales à partir de 18 ans.
6. La scolarité après 16 ans :
Il paraît nécessaire de rappeler aux adolescents mineurs que la scolarité obligatoire se
termine à 16 ans. Passé cet âge, c’est l’adolescent qui choisi de poursuivre ses études.
Il devient donc un élève volontaire qui ne subit d’aucune façon la scolarité et les
orientations qui sont devenues les siennes.
7. Il est normal que les adolescents de l’enseignement professionnel rencontrent plus
de difficultés et de problèmes que les adolescents du lycée LGT.
Il faut donc se doter de moyens de prévention, de diagnostics et d’intervention pour
faire face aux problématiques courantes qui vont être plus fréquentes.
Il serait souhaitable de créer plus de postes de personnels non enseignants pour
gérer cette particularité des adolescents qui ont besoin d’accompagnements individuels.
8. L’institution scolaire devrait se doter d’une organisation moins rigide pour
s’adapter à l’évolution des adolescents qui n’est pas linéaire et qui libère une
succession d’états variables :
Besoin de moyens complémentaires pour soutenir la motivation, pour travailler à une
vitesse propre à chaque jeune, pour avoir la capacité de compenser les lacunes et les
baisses scolaires.
9. Dans les lycées professionnels, la pratique d’un sport et l’animation des clubs
sportifs deviennent nécessaires dès lors que l’on constate que la routine s’installe au
niveau des jeunes ou que les problèmes liés au manque de motivation se développent
de manière collective.
Le besoin « d’action sportive » est moins important dans les lycées GT et les CFA où
les jeunes ont l’esprit plus mobilisé.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
163
10. Les lycées professionnels et le CFA doivent devenir des spécialistes en matière
d’insertion des jeunes : en stages et après l’obtention des diplômes.
Dans les lycées professionnels, les élèves arrivent à remettre en question la valeur des
diplômes qu’ils préparent, ainsi que leur utilité pour avoir un emploi qualifié de leur
goût.
Si cette vague négative gagne les lycées professionnels, les élèves vont douter du
BEP et même du BAC PRO. A la dévaluation de ces deux diplômes, va s’ajouter la
mise en place d’un « discours nihiliste » sur les emplois proposés à l’issue des études
par les entreprises.
Une telle contagion qui provient d’une éxagération de l’image externe peut rendre le
lycée professionnel ingouvernable et improductif. C’est-à-dire que les problèmes qui
sont liés à l’adolescence vont être amplifiés.
Les compétences du service entreprises : en mettant en place des méthodes de
recherche, en étudiant le marché de l’emploi, en créant un bureau des élèves qui
s’impliquent dans la relation entreprise, en faisant intervenir des employeurs dans les
classes ... Le lycée professionnel aura ainsi des objectifs concrets : se battre pour
rapprocher les jeunes des entreprises et leur démontrer qu’avec un CAP, un BEP ou
BAC PRO on n’est plus concerné par le chômage et que l’on peut avoir un bel avenir
devant soi.
11. Le socle commun de connaissances et de compétences
Les jeunes qui entrent au lycée professionnel ou dans un CFA ont déjà 16 ans. Pour
eux, les évaluations relatives au socle commun de connaissances et de compétences
sont terminées.
Dès l’année 2007, il faudra vérifier si la mise en place de ce socle répond bien aux
besoins de l’enseignement professionnel, qui, par ailleurs, sont identifiés depuis
plusieurs années.
La mise en application du socle commun de connaissances et de compétences dans les
CPA (classes prépartoires à l’apprentissage), qui accueillent chaque année 9000
élèves de 15 ans issus de la 4ème du collège, devrait devenir un lieu d’expérimentation
particulièrement révélateur.
OBSERVATOIRE EPA
L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
164
L’ADOLESCENCE EN MILIEU SCOLAIRE
Apporter des réponses pour aujourd’hui et pour demain
L’adolescent qui entre dans l’enseignement professionnel est issu des classes
défavorisées. Il ne faut donc pas s’étonner si son adolescence se passe plus
difficilement et si ces jeunes appartiennent à des groupes sociaux plus grégaires.
Au quotidien, c’est l’éducation qui demeure le facteur essentiel. Cependant, un
sentiment persiste, celui d’une injustice liée aux inégalités au moment de l’orientation
qui s’effectue avec des méthodes dont la justesse et la fiabilité, à terme, restent à
démontrer.
Les jeunes du « professionnel » demandent une valorisation de l’image de leurs
études, à partir du moment où eux aussi sont utiles à la société et que leur insertion
professionnelle se fait dans de bonnes conditions. Ils réclament le respect de la part
des enseignants du collège et des médias et demandent une égalité de traitement.
Ces thèmes de l’injustice et du manque de respect à la sortie du collège devraient être
mis en avant assez rapidement par les acteurs et les médias qui en sont chargé.
Et pour demain, ce sont les évolutions du marché du travail, la baisse du chômage
des jeunes dans des secteurs bien identifiés, qui feront évoluer l’orientation des jeunes
de la « voie médiane » à la sortie du collège.
Quelle est la meilleure solution pour les jeunes et pour l’économie, pour les 80 000
jeunes de QI 90 à 110 et qui sont en bascule entre le lycée GT, le lycée professionnel
et les CFA ? La réponse devrait s’appuyer sur ce que les jeunes deviennent 3 à 5 ans
après la fin de leur scolarité et sur l’évolution alarmante du chômage des jeunes.
On pourrait faire aussi des efforts plus importants pour convaincre les enseignants et
les élèves du lycée professionnel pour que les diplômes de CAP/BEP et BAC PRO
soient mieux valorisés et que le savoir-faire au niveau de l’insertion professionnelle
prenne une place centrale au sein de chaque établissement, si l’on accepte l’idée que
le chômage des jeunes est un fléau pour notre pays.
Sur ce point, les CFA ont fait leurs preuves et chacun reconnaît ce point fort de
l’apprentissage qui assure un débouché à la majorité des apprentis.
Reste un point à régler à l’entrée des jeunes au lycée professionnel : un grand nombre
d’adolescents sont affectés automatiquement et souvent par défaut. Ils ont une
problématique commune : ils veulent rester à l’école, alors qu’ils ont plus de 16 ans.
Mais ils savent que l’orientation proposée ne leur convient pas.
L’éducation de ces adolescents risque d’être plus difficile et au niveau du BEP 50 %
des élèves sortiront de la scolarité pour aller vers des voies externes variées.
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et l’enseignement professionnel
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Pour améliorer l’image du lycée professionnel et augmenter le niveau global de
l’éducation, ne serait-il pas possible de créer des classes spéciales (de lycée
professionnel), qui auraient des objectifs basés sur l’orientation des jeunes :
connaissance des métiers, complètement du niveau scolaire (socle commun de
connaissances et de compétences) et mise en contact avec les organisations qui font
elles-mêmes leur formation au métier : Armée, Grandes entreprises et secteur public,
transports, etc. La réorientation volontaire vers une filière professionnelle serait
également envisageable.
Chaque année, 50 000 jeunes de profil indécis pourraient passer par cette seconde
spéciale qui permettrait ainsi au reste de l’enseignement professionnel de fonctionner
normalement, soulagé de cette part d’élèves en mal être, avec un projet indéterminé.
En guise de conclusion ...
Le rôle des adultes est d’apporter protection et affection aux adolescents, mais aussi
d’en assurer le contrôle et le soutien individuel si nécessaire.
Le problème c’est la rigidité de l’orientation dans un monde d’incertitudes
économiques où l’administration scolaire devrait approfondir certaines finalités et
certaines voies nouvelles qu’attendent les adolescents.
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L’adolescent de 15 à 20 ans
et l’enseignement professionnel
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REMERCIEMENTS
Nous remercions tout particulièrement pour leur participation :
AU NIVEAU DE LA PSYCHOLOGIE ET DE LA PEDAGOGIE DES ADOLESCENTS
− Rectorat de Paris - SAIA
M. Patrick PAUMONT
Chef du service études SAIA
− CIO 19°
Mme VANHAMME - VINCQ
Directrice
− Service Promotion Santé
Inspection d’Académie du 91
Docteur Marie-France LE GAL
Directrice
− INETOP
Conservatoire des Arts et Métiers
Différents chargés de mission
− IUFM de Paris
Philippe DAVIAUD
Chargé de mission CPE
et différents intervenants et auteurs
et recherches professionnelles sur sites Internet
AU NIVEAU DES CHEFS D’ETABLISSEMENTS ET ADJOINTS
Ce sont les proviseurs de lycées et les directeurs de CFA qui sont le plus concernés par
l’évolution de l’adolescence de 15 à 20 ans. Ils nous ont aidés à rencontrer des enseignants et à
mettre en place nos enquêtes :
Lycées généraux et technologiques et collèges
− Lycée Jean Lurçat – 75013
M. Gilbert LONGHI – Proviseur
− Lycée Albert Einstein – 91 Ste-Geneviève des Bois
M. Gilbert LONGHI – Proviseur
− Lycée des Sept Mares – 78 Maurepas
Mme Sylvie ZENOUDA – Proviseur
− Lycée Dumont Durville – 78 Maurepas
M. JOINE-MAURIN – Proviseur
− Collège Boris Vian – 75017 Paris
Mme GUIBERT – Principale
Lycées professionnels
− Lycée Hôtelier Belliard – 75018
Mme BAZIN – Proviseur Adjoint
− Lycée d’électricité Marcel Deprez – 75011 Paris
M. BOUGON – Proviseur
− Lycée du BTP – 75019 Paris
M. TAHRAT – Proviseur Adjoint
− Lycée Patay - Commerce Vente – 75013 Paris
M. Paul COHEN – Proviseur Adjoint
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GRANDS CFA
Faculté des Métiers de l’Essonne (Multimétiers CCI) – 91000 Evry
− Mme Isabelle LEMICHEL
− Mme Françoise DUPONT
− Mme Martine de FILIPPIS
Directrice (DIRCOM)
Infirmière
Chef de projet
IMT – Institut des Métiers et des Techniques (Multimétiers CCI) – 38000 Grenoble
− M. Thomas VIRON
Directeur Adjoint
et les chefs de secteur (8)
CFA PME APPRENTISSAGE – 92 Puteaux
− Responsables Pédagogiques
Avec la participation des CPE
Monsieur MOREAU CPE Lycée Jean Lurçat, Madame Myriam MERLIN CPE Lycée Albert
Einstein, Madame DERNONCOURT et Monsieur LANCELOT CPE du Lycée Marcel
Deprez, Madame LE MENEZ et Madame DUVERT CPE du Lycée des Sept Mares...
AU NIVEAU DE L’ORIENTATION DE L’ETUDE
− GROUPE FORMATION CCIG et CRCI
M. Jean-François BOYER – Directeur
− AGEFA PME
M. Jean-Jacques DIJOUX - Directeur
Ainsi que les nombreux partenaires rencontrés lors des études précédentes et qui nous ont aidé
dans nos travaux.
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