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Revue bimestrielle du CE Siège & Supports d’Air France N° 6 – novembre - décembre 2012 Puisque vous partez en voyage… …avec votre CE ? Sommaire et ours Sommaire Édito Zen... restons zen ! . . . . . .3 Votre CE et vous Des projets… et de nouvelles offres Aquarium de Paris, CoReTa, Marché de Noël, Massages, Djibouti La Laponie . . . . . . . . . . .10 Vécu Le meilleur ami des chevaux . . . . . . . . . .12 Femmes La mode . . . . . . . . . . . . .16 Culture autrement Cinéma Alerte à Cinecittà . . . . . . .18 Prix des lecteurs, Décryptages, Section peinture, Concours photo . . . . . . . . . . . . . . . . .4 Retour sur… une expo, une braderie . . .4 Paroles de salariés La banda de música, humanitaire musical . . . . .14 Frankenweenie ressuscite Tim Burton . . . . . . . . . . . .19 Expo Paris made in Hollywood .19 Offres de voyage Pékin et Prague Voyager avec nous ? . . . . . .8 Voyager autrement La Thaïlande Société Être hôtesse de l’air ou steward . . . . . . . . . . . .14 Musique La Diskett’ Rover . . . . . . . . . . . . . . . .21 Portfolio Scènes . . . . . . . . . . . . . . .22 Autrement... est le journal interne du Comité d’Établissement Air France Siège & Supports • Directeure et Directeur de publication : Karine Monségu, José Cubas • Responsable loisirs et communication : Camille Leroy 01 41 56 41 70 • Rédacteurs, rédactrices : Igor Bensasson 01 41 56 40 03 [email protected] le Bureau des élu(e)s • Maquettiste-iconographe : Dominique Guyomar 01 41 56 40 01 [email protected] • Maquettiste : Sylvie Alibaud 01 41 56 40 06 [email protected] • Ont contribué à ce numéro : Dominique Lommatzsch, David Wolff-Patrick, • Crédits photo : toute photo ni signée ni DR, d’Igor Bensasson Autrement...est imprimé par le Service Éditions d’Air France que le Bureau du CE remercie chaleureusement. CE Air France Siège & Supports - Zone centrale BP 48033 - Tremblay en France - 45 rue de Paris - 95912 Roissy CDG Cedex [email protected] 2 Autrement n° 6 • novembre - décembre 2012 Édito Zen... restons zen ! Notre drapeau volant perd beaucoup d’argent, plus de 800 millions d’euros en 2011 et surtout il croule sous le poids de ses dettes. Air France doit rembourser un peu plus de 6,5 milliards d’euros ce qui paraît finalement impossible dans le schéma actuel parce qu’on n’a jamais vu une entreprise qui ne fait pas de bénéfice acquitter ses dettes. Pour éviter un accident industriel qui pourrait être fatal, l’Entreprise s’est fixé un objectif de réduction des coûts de 20%. Initialement, ce plan était planifié sur 3 ans mais face à l’ampleur des déséquilibres, il devrait être réalisé en 18 mois et ce ne sera qu’une première étape. Les vents tournent; ils annoncent des changements et des transformations fondamentales dans le monde du transport aérien. On commence à le comprendre pour de bon, sur fond d’angoisse de restructurations inhumaines. Il va sans dire que nous devons nous conduire et voir les choses autrement. Peut-être ne faudra-t-il rien moins qu’un nouvel humanisme et de nouvelles stratégies pour aborder ce grand virage sans risque de catastrophe sociale… Aujourd’hui, Air France transporte 743 passagers par salarié. Chez Lufthansa le ratio est de 872, chez British Airways de 910 et chez Ryannair de 8000 passagers pour un seul salarié ! Si vous rajoutez le poids des charges spécifiques à la France, nous avons une idée du défi que notre compagnie doit José Cubas Marc Deplaine (élu CFE-CGC) (élu CGT) Secrétaire, en Trésorier charge de la communication et de la restauration Autrement n° 6 • novembre - décembre 2012 relever pour les années à venir… Plan rigoureux mais ce plan peut-il suffire à nous relever ? C’est un pari qui n’est pas gagné d’avance car en 2011, la masse salariale de notre compagnie représentait le tiers de notre chiffre d’affaires… C’est la même proportion qu’il y a 5 ans alors qu’un plan de départs volontaires a déjà été mis en place il y a 2 ans. Pour le dire simplement, avec 6000 salariés de moins qu’en 2007, Air France n’a pas gagné un point de compétitivité ; nous avons même perdu pied dans la bagarre du court et du moyencourrier en Europe. Il est clair que nos soucis dépassent largement ses seuls problèmes d’effectifs qui sont la richesse de notre entreprise, n’en déplaise aux économistes ! Pour économiser 2 milliards d’euros d’ici 2015, il va donc falloir des aménagements sur le temps et l’organisation du travail et des congés des 49 000 salariés. Il va falloir reconsidérer le nombre de navigants sur chaque vol et probablement renoncer à des liaisons sur lesquelles Air France n’est plus en mesure de défier les compagnies low costs. On peut se poser la question suivante : les grandes compagnies traditionnelles comme la nôtre ont-elles un avenir dans le monde du transport aérien ? Les schémas traditionnels de développement ont fini par créer plus de problèmes qu’ils ne contribuent à en résoudre ! Karine Monségu (élue CGT) Secrétaire adjointe Francesco Nistico (élu FO) Secrétaire adjoint Certains analystes, qui ne sont pas des poètes, y croient toujours et ont déjà répondu positivement à cette question. Même si l’annonce de ces nouvelles mesures de restructuration a fait bondir l’action d’Air France et, ce n’est pas un luxe, notre valeur boursière, plus communément appelée capitalisation, est actuellement 6 fois inférieure à celle de Ryannair. Mais ce modèle « ultra lowcost » va finir par toucher ses limites car même s’il prospère aujourd’hui, c’est bien parce qu’il y a une désorganisation Européenne du transport aérien qui permet à des pays comme l’Irlande de jouer la carte du dumping social… La croissance est au cœur de nos interrogations et au centre du débat sur les incertitudes dominantes de notre temps. Alors, s’il y a une sortie de crise par le haut, elle pourra redonner des atouts aux compagnies traditionnelles comme Air France ou Lufthansa parce que nous privilégions le service et la qualité. Une condition essentielle tout de même, celle de se mettre au niveau d’excellence des nouveaux transporteurs qui nous viennent des pays du Golfe et qui, eux, ont une longueur d’avance sur les Européens. La différence a toujours été le moteur de notre évolution ; sachons l’exploiter autrement ! José Cubas Élu CFE-CGC J-Pierre Palazo (élu CFE-CGC) Secrétaire adjoint Eric Vaudron (élu CFE-CGC) Trésorier adjoint, en charge de Loisirs & Culture 3 Des projets… Aquarium de Paris …et de nouvelles offres CoReTa n Vous trouverez dans Voir autrement notre nouvelle offre pour l'Aquarium de Paris. Celui-ci présente à travers son parcours de visite un voyage tout le long des littoraux français de Métropole et d'Outre-Mer. CoReTa veut dire « COmment REgarder un TAbleau ». En d’autres termes, il s’agit d’une association qui propose des cycles de conférences sur l'histoire de la peinture, sur des expositions (notre offre), et qui organise des journées a thèmes et des voyages d'étude. Attention: fermeture exceptionnelle à 18h samedi 24 novembre. Surveillez leurs offres billetterie dans Voir Autrement Massages à Paray Marché de Noël IB n Comme l’année dernière, votre marché de Noël se tiendra dans la rue du Siège. Vous y retrouverez les stands festifs habituels. Retenez-en bien les dates: 11 et 12 décembre 2012 n Empreint d’une double tradition chinoise et californienne, le massage amma se pratique assis. Il permet une reconstitution énergétique, et entraine une réduction du stress. Cette offre s’adresse à tout personnel Air France et aux extérieurs. Les mardi et jeudi, de 11h30 à 14h, et de 17h à 18h30, au bâtiment des Sheds (entrée simulateur, ancien hall d’exposition). La séance dure 20 minutes pour un prix de 15€ Prendre rendez-vous au 06 83 96 60 41 Autrement n° 6 • novembre - décembre 2012 5 Votre CE et vous Des projets… …plein la tête Échos du prix des lecteurs du Siège (suite) n Les vingt jurés ont commencé la lecture des 16 romans sélectionnés (voir liste). Des réunions d’étape leur permettront d’échanger les premières impressions. Mais d’ores et déjà, nous dit-on, des discussions ont commencé entre certains jurés qui, dominés par la passion de lire, n’ont pu s’empêcher de faire part d’une bonne surprise, d’une belle découverte ou d’une mauvaise expérience. Voici la liste des 16 romans mis en compétition. Les affreux, Chloé Schmitt, Albin Michel L’hiver des hommes, Lionel Duroy, Julliard 120 journées, Jérôme Noirez, Calmann Lévy Les choix secrets, Hervé Bel, JC Lattès Peste et choléra, Patrick Deville, Le seuil Laisser les cendres s’envoler, Nathalie Reims, Leo Scher Le couvre-feu d’octobre, Lancelot Hamelin, L’arpenteur La malédiction, Hyam Yared, Equateur Un homme perdu, Isabelle Desesquelles, Naive L’attachement, Florence Noiville, Stock Haut et court, Philippe Cohen Grillet, Le dilettante Escalier F, Jeanne Cordelier, Phebus L’escalier de Jack, Jean Cagnard, Gaïa En attendant que les beaux jours reviennent, Cécile Harel, Les escales Le testament américain, Franz Bartelt, Gallimard États mixtes sur papier, Florie Adda, Bleu Pétrole De décryptage en décryptage... n Les décryptages, ces séances de 12h15 auxquelles vous êtes de plus en plus fidèles, continuent le mardi 20 novembre (peinture) avec Hopper, et le jeudi 20 décembre (cinéma) avec Journal intime de Nanni Moretti. Ce sont les 2 dernières séances pour 2012, et nous vous communiquerons bientôt le calendrier du premier semestre 2013. Avec des surprises! Voici pour vous ouvrir l’appétit un texte de présentation sur Hopper par Serge Prigent. Edward Hopper (1882-1967) est un artiste américain formé à la New-York School of Art dans la classe du célèbre Robert Henri entre 1900 et 1906. Après trois séjours en Europe dont Paris, où il découvre le post-impressionnisme et le fauvisme, le peintre doit gagner sa vie comme illustrateur de revues. L’échec de ses tableaux «parisiens» l’amène à se tourner vers les sujets typiquement et profondément «américains» tels que les quartiers newyorkais, les chambres d’hôtel, les scènes de bureaucratie, les théâtres et bars de nuit d’où suinte une forme de solitude et d’ennui qui ont inspiré les cinéastes tels Siodmak, Hitchcock ou Wenders. 6 n Pour 2013, nos animations culturelles vont s’enrichir dès le mois de janvier. De nouveaux intervenants sont programmés, dans les domaines de la peinture contemporaine et de la science. Avec Sylvaine Joy (Conférencière des Musées nationaux) pour la peinture, et des médiateurs scientifiques attachés au Palais de la découverte : Sébastien Fontaine (Astronomie) et Stéphane Fay (Cosmologie). 2013 verra également la naissance d’une programmation théâtrale sur la même tranche horaire. Pour tout renseignement : [email protected] Autrement n° 6 • novembre - décembre 2012 Section peinture n Les membres de la section vous invitent à les rejoindre. Vous avez peut être vu leurs œuvres lors d’expositions dans la rue du Siège et à la Cafétéria. Ces dessins et peintures sont réalisés à partir de recherches, de photos, de souvenirs, ou bien sur le motif en extérieur ou à l’Atelier. Les différentes techniques utilisées ont été travaillées pendant les cours pour découvrir les qualités picturales de chacun de ces médiums: peintures acryliques, pastels secs, fusain, collage… Chacun les utilise avec ses propres émotions pour faire vivre son œuvre. Concours Photo Notre Atelier existe depuis 10 ans. Il est ouvert à toutes et à tous, quels que soient votre niveau et vos objectifs. Nous nous retrouvons tous les jeudis au restaurant du Siège de 17h30 à 19h30. Venez nous rendre visite, dessiner et peindre avec nous dans une ambiance très conviviale. Professeur: Frédérique Marteau 06 60 37 98 76 Présidente Jacqueline Piederrière 06 68 92 12 45 Retour sur… n Les salariés du Siège ont du talent. Vous aurez pu constater que, dans notre cafétéria, les expositions photo le disputent aux expos de peinture et autres. Mais vous êtes sûrement encore plus nombreux à ressentir que les photos que vous faites mériteraient d’être partagées. Alors, chiche! participez au coucours d’Autrement, dont nous vous reparlerons, mais dont voici déjà le thème, afin que vous recherchiez parmi vos clichés, ou vous lanciez dans de nouvelles prises de vues: « Femme autrement » …une expo, une braderie n Du 15 au 26 octobre, vous avez pu partager le regard porté sur le Japon par Didier Delattre, jeune retraité (mais pas inactif) du RM. Ces photos étaient issues de ses nombreux voyages dans ce pays. Loin d’avoir une approche touristique, il nourrit ces clichés de son propre imaginaire. IB 2 000 documents en 3 jours. IB Annuellement, le CE Siège organise une braderie de livres et de CD pour gagner de la place à la médiathèque, afin d’y insérer les nouvelles acquisitions. Cette année, plus de 2 000 documents ont été vendus en 3 jours. Après les vacances de la Toussaint, l’opération braderie se poursuivra. À surveiller… Autrement n° 6 • novembre - décembre 2012 7 Pékin par le menu 1er jour Départ de Paris CDG sur vol AF. Nuit en vol. 2e jour Arrivée à Pékin à 16h30. Accueil à l’aéroport par votre guide local. Transfert à l’hôtel. 3e jour La place Tian an men, et les quartiers proches. Déjeuner puis visite du nouveau Musée de la Capitale. 4e jour Découvertes des nouveautés architecturales de Pékin. Déjeuner, avant de découvrir le Dashanzi 798. Promenade au fil des Hutongs, ruelles caractéristiques du vieux Pékin. 5e jour Excursion vers la Grande muraille de Chine. Déjeuner sur place, puis visite des Tombeaux Ming. Retour à Pékin puis dîner de canard laqué. 6e jour Libre. Tansfert à l’aéroport dans la soirée et envol pour Paris CDG. Le prix comprend : - Vol Air France R1 + transferts aéroport. - 4 nuits en hôtel 3 étoiles avec petit déjeuner occidental. - 3 journées d’excursions avec un guide francophone (repas inclus). NB : le tarif n’inclut pas le visa (70 €). 8 Autrement n° 6 • novembre - décembre 2012 Prague en détails 1er jour Arrivée 8h50 à Prague. 9h30 -12h : Première présentation de la ville en car et à pied. 12h-14h : Déjeuner. 14h-16h : Visite du Château de Prague. 16h-19h : Quartier de Mala Strana, église St Nicolas, quartier de Kampa et pont Charles. 19h-21h : Dîner croisière privatif sur la Vlatva. 2e jour Découverte de la Vieille Ville. 9h-12h : Le plus ancien quartier de Prague. 12h30-14h : Déjeuner au restaurant Pot doré sur la Grande place de la Vieille Ville. 14h-17h : Visite du quartier juif. 17h-20h : Temps libre. 20h30-22h30 : Dîner campagnard avec musique traditionnelle. 3e jour 9h-12h : Découverte des environs de Prague avec la visite de la cristallerie Ruckl à Nizbor. Présentation de la fabrication de cristal de Bohême, visite de la manufacture, achats, puis retour à Prague. 12h30-14h : Déjeuner dans la brasserie U Medvidku (brassage de la bière maison). 14h-17h : Quartier de la Nouvelle Ville. Transfert à l’aéroport et vol pour Paris. Séjour tout compris (sauf boissons) Vol Air France R1 + hôtel 3 étoiles Autrement n° 6 • novembre - décembre 2012 9 Voyager autrement Djibouti Une destination hors normes Commençons par un témoignage recueilli après un séjour itinérant pour adolescents organisé par le CCE. «Vivre au rythme d’un pays comme Djibouti est une expérience hors normes. On a tout simplement pris une leçon de vie, et je suis profondément marquée parce que j’ai vécu. C’était quelque chose de très fort du point de vue des relations humaines. Et de plus, Djibouti est un pays magnifique qui mérite d’être connu.» À vous maintenant de suivre ce conseil éclairé. Djibouti n’est en général connue que pour l’utilisation qu’en a faite notre puissance coloniale : sa façade maritime. Derrière celle-ci existent un pays, des identités culturelles, qui paradoxalement sont tournées vers les hauts plateaux abyssins. Mieux que la mer, vous y trouverez le fond d’un futur océan, trois rifts qui se croisent, des paysages apocalyptiques qui résument, pour tous les géologues, la vie de la Terre et ses grandes mutations. Ainsi l’étonnant paysage au bord du lac Abbé situé sur le Rift Vallée. Des cheminées calcaires C’est une véritable forêt de cheminées calcaires entourées de sources d’eau chaude bouillonnante et sulfureuse. Tout aussi rare, ce belvédère entre le lac Assal et la mer, véritable vision de la gestation de notre monde à la frontière entre l’Asie et l’Afrique. Que dire de la banquise de sel du lac Assal, de près de 65 km, qui émerge dans un cadre de montagnes de lave noire dans un chaos de faille et de volcans? Et si les beautés de la mer Rouge ou la découverte de cette géologie mouvementée vous lais10 sent quelque appétit, sachez qu’au cœur du massif du Day, se trouve une forêt primaire, riche d’espèces disparues: un autre Djibouti inattendu où verdure s’allie avec fraicheur. Et dans ces paysages, partout des nomades, des caravanes car mieux qu’une histoire de commerce. Djibouti est un pays d’histoire comme en témoignent les nombreux sites préhistoriques et gravures rupestres; c’est aussi et surtout la rencontre d’un peuple nomade de la Corne de l’Afrique: les Afars. La première initiative touristique pour connaître le cœur du pays, suivre une caravane de sel, a été créée par un afar dont la volonté était de faire connaître leur culture mais aussi d’ouvrir le monde nomade au monde extérieur, un tourisme d’échange en 1988! Depuis se sont développés des campements touristiques conçus en accord avec les habitants des villages et les structures traditionnelles ce qui met en valeur leur culture tout en étant un atout pour le développement local. C’est parce que l’hospitalité est une règle de vie que le tourisme d’échanges s’est multiplié sur tout le territoire et comme le dit un proverbe afar: «La personne qui te rend visite est plus importante que toi.» C’est là toute la richesse de ce voyage proposé sur le site du CCE. n Présentation du pays et témoignages de voyageurs le 29 novembre 2012 à 12h15 salle Noguès. La Laponie Au nord du cercle polaire, à 185 km de Rovaniemi, au cœur de la Laponie finlandaise, les terres sauvages de Pomokaira constituent l’un des derniers sanctuaires naturels d’Europe. Un charme authentique C’est à partir des chalets de Peurasuvanto, qui mêlent le charme authentique des auberges en bois au confort et aux services d’un hôtel de standing que vous découvrirez les activités hivernales Autrement n° 6 • novembre - décembre 2012 Événement CE La Thaïlande Hors des sentiers battus Le développement du tourisme de masse en Thaïlande a dénaturé de plus en plus de régions du pays. Telles Pattaya, Pukhet et maintenant Chiang Mai. Les ghettos touristiques ne bénéficient pas à la population et ne permettent pas la découverte de la vraie Thaïlande. Une piste pour voyager au plus près des habitants: à deux heures de route de Bangkok, non loin de la station balnéaire Hua Hin, la région de Kanchanaburi ne se limite pas au célèbre pont de la rivière Kwai, c’est aussi un paradis de verdure. Authenticité et confort En 2009 Orni et Jean-Pierre ont créé My Home Thailand, une villa thaïlandaise pour vous, que vous soyez 2 ou 12. Elle est dans une petite ville hors des sentiers battus et équipée tout confort. Et vos voisins sont des thaïs prêts à vous accueillir. Vos hôtes organisent des sorties touristiques basées sur la convivialité, l’écotourisme, l’apprentissage culturel et humain de la Thaïlande. Avec découvertes des fermes, des plantations de thé, d’orchidées, journée de vie avec les éléphants, stages culinaires, visite des temples et des lieux culturels, pêche sur le lac, descente de rivière en canoë. Entre autres... Consulter le site www.myhome-thailand.com Exemple de prix: 21 euros par personne (base 4/jour), témoignages et renseignements auprès de [email protected] Une destination insolite qui font la légende du grand Nord finlandais. Vos hôtes Annukka et Antti, francophones, vous initieront tant au finnois qu’à la cuisine et aux coutumes locales tout en participant à de multiples activités. De nombreuses activités Safari en train à chiens, déjeuner local sous une tente lapone, pêche sur glace, rencontre avec un éleveur de rennes, découvertes des traditions lapones, ski de fond, et motoneige. Un séjour on ne peut plus Autrement n° 6 • novembre - décembre 2012 authentique au sein d’une Laponie à la fois sauvage et forestière. Un conseil : ne pas y aller à Noël, les jours sont trop courts, et le père Noël est soit en tournée, soit trop occupé… La meilleure période, c’est à partir de mars jusqu’à la fin avril. Les journées y sont très longues, le soleil à l’horizon donne une ambiance hors du temps, il fait moins froid mais la neige est toujours là. www.peurasuvanto.com Renseignements : [email protected] 11 Vécu Le meilleur ami des chevaux Jean-Pierre Zappella Jean-Pierre Zappella a été pilote dans l’aéronavale de la Marine nationale avant d’être embauché en 1997 à Air France en qualité de SFI (Synthetic Flight Instructor). En d’autres termes, il forme les pilotes dans les simulateurs. En dehors de son activité professionnelle, ainsi les aléas de la vie en ont-ils décidé, Jean-Pierre consacre une bonne partie de son temps aux chevaux. Depuis l’âge de sept ans, sa fille Carine est passionnée d’équitation et apprend à monter durant toute sa jeunesse jusqu’à devenir une très bonne cavalière. Il y a une quinzaine d’années, l’idée d’acheter un cheval s’impose. JeanPierre et sa fille jettent leur dévolu sur un jeune mâle de 2 ans qui se nomme Hilton du Clotobie. En son for intérieur, Jean-Pierre est quelque peu sceptique quant à l’issue de l’aventure qui, pense-t-il, ne pourra pas durer bien longtemps. Sa fille est alors étudiante et doit se lever très tôt avant ses cours pour sortir le cheval qui réclame une présence au quotidien. Bien sûr, elle n’est pas seule et bénéficie de l’assistance de son ami, cavalier de dressage déjà expérimenté. Mais, au fil du temps, réalisant à quel point sa fille est passionnée et constatant une transformation positive d’Hilton, il prend conscience qu’il va devoir l’aider financièrement. Si le cheval en fait sourire plus d’un lors de son arrivée au club hippique, il s’avère qu’il présente de nombreuses qualités qui seront parfaitement exploitées, comme en témoignera son palmarès exceptionnel. À partir de 2008, 12 Flaps, vainqueur en concours B de dressage, monté par Carine. DR durant 3 années consécutives, il remporte le Grand national, un concours à étapes très disputé. Au championnat de France, niveau pro élite, le plus élevé de la compétition, monté par Rémy Issartel, il obtient la médaille de bronze dès sa première participation et, par deux fois, est sacré vice-champion les années suivantes. Un cheval remarqué Présélectionné en vue de participer aux Jeux Olympiques de Pékin, il manque de justesse la sélection officielle: «Je possédais un cheval qui se faisait remarquer. Pourquoi ne pas en acquérir un deuxième. C’est à ce moment que j’ai pensé à Jazie, la sœur d’Hilton qui m’avait également été proposée lors de l’achat de son frère. Je me suis dit que je pourrais dresser Jazie et la revendre dans la foulée pour essayer de financer en partie les frais engagés avec Hilton. Mais ma fille m’a convaincu de croiser la jument avec un étalon allemand, un Oldenbourg, pour améliorer la race, plutôt que de la revendre. J’avais mis le doigt dans l’engrenage. Nous avons rapidement eu une flopée de poulains. » JeanPierre s’est désormais fait une place dans le milieu de l’élevage, du dressage et de la compétition. Il possède plusieurs équidés hébergés dans un grand centre hippique, situé non loin de Montargis, au sein duquel il loue une quinzaine de boxes. À la façon d’un père de famille, Jean-Pierre est très attaché et attentif à ses chevaux qu’il suit à tous les stades de leur évolution. Aussi, il n’oubliera jamais l’épisode de Flaps, son troisième poulain qui, à l’âge de 2 ans, reçut un mauvais coup de sabot d’une jument. L’os du coude était fracturé. Une plaie interne remplie de pus menaçait gravement l’articulation attaquée par des germes. En Autrement n° 6 • novembre - décembre 2012 Jean-Pierre Zappella au simulateur de vol de Paray. DR Comme un père de famille, Jean-Pierre est attentif à ses chevaux qu’il suit à tous les stades de leur évolution. dépit d’un vétérinaire alarmiste, il n’était question, ni pour Jean-Pierre, ni pour sa fille, écoutant plus leur cœur que leur raison, de faire euthanasier le cheval. Une opération compliquée allait être tentée avec un pronostic de réussite faible. aider le cheval à monter dans le van. Mais celui-ci, comprenant sans doute qu’on l’emmenait pour le soigner, grimpa tout seul sur 3 pattes. Le vétérinaire, très explicite, prévint que si le cartilage était atteint, il ne réveillerait pas l’animal. Pour Jean-Pierre et sa fille, l’angoisse monta une nouvelle fois. L’opération fut très longue et très compliquée. Seulement pour atteindre le foyer infectieux, le vétérinaire, devant trancher une grande quantité de muscles, mit plus d’une heure et demie. Une opération à risque Trois années d’attente « Le vétérinaire m’expliqua qu’il allait devoir visser une broche en plastique à l’os du coude, très fin et très fragile. Le risque était de faire éclater l’os. Si ça arrivait, c’était cuit. L’opération a finalement réussi. Ensuite il a fallu trouver un antibiotique approprié. Ce qui a pris plus de 6 mois. Un mois et demi après l’opération, Flaps avait encore un drain pour évacuer le pus. Un jour, le drain est sorti, la plaie s’est refermée. Il a fallu le ramener d’urgence à la clinique pour une nouvelle opération. » Rapidement plusieurs personnes furent mobilisées pour Au terme d’interminables heures passées à la clinique, Jean-Pierre fut soulagé d’apprendre que l’opération s’était bien passée. Pour que Faps marche de nouveau normalement, il fallut attendre une année, ce qui eut pour effet de retarder sa croissance. En tout trois années furent nécessaires pour qu’il reprenne le dressage et le circuit de la compétition. Et en dépit de ses handicaps, il remporta tous les concours auxquels il participa. Il y a 2 ans, alors qu’il était en pleine ascension pour conquérir de nouveaux titres, profitant que son box avait été mal fermé, il s’est Autrement n° 6 • novembre - décembre 2012 échappé dans les prés. Jouissant soudainement d’une totale liberté, il a couru 2 heures durant. Il s’est flambé les tendons, s’est blessé et a dû subir une nouvelle opération. Avant de reprendre l’entraînement, une nouvelle convalescence lui a fait prendre du retard. Comme l’analyse Jean-Pierre, les conséquences sont lourdes : « À son âge, il pourrait être aux portes des grands prix. À présent on en est loin. Faire courir un cheval requiert beaucoup de technicité, de temps et de patience. » Les chevaux de compétition doivent être auscultés par le vétérinaire tous les deux mois, vus par l’ostéopathe mensuellement et suivis par le maréchal ferrant qui prodigue des soins constants comprenant la ferrure, le parage, le graissage toutes les 6 semaines. Au même titre que Flaps, Hilton de Clotobie, le cheval de tête au palmarès exceptionnel, a lui aussi connu des déboires suite à une opération qui lui a fait perdre 250 kilos de muscle. Pendant une année, privé d’exercice, il a fallu lui administrer un régime approprié. Récemment Carine l’a monté à Compiègne. Il revient doucement dans la compétition, mais sa carrière est maintenant derrière lui. Eu égard à son âge et à l’opération qu’il a subie, il n’a aujourd’hui plus de valeur sur le marché : « Si j’avais été businessman à l’époque où Hilton gagnait des grands prix, j’aurais pu le vendre entre 800 000 et 1 million d’euros. Mais chez nous, on ne vend pas les membres de la famille. Nos chevaux, on les aime, on les garde. » Jean-Pierre est un homme de cœur. Quand il vous parle de ses chevaux et caresse le fol espoir d’en voir un qui participera aux Jeux Olympiques, il a l’œil qui pétille. Igor Bensasson 13 Paroles de salariés La banda de música Entre instruments de vol et… de musique Copilote sur Boeing 777, Isabelle de Boves travaille à Air France depuis une douzaine d’années. En décembre 2011, elle rend visite à sa tante Nicole, petite sœur de Jésus de Charles de Foucauld, installée au Mexique depuis 57 ans. À l’écoute des gens mais jamais prosélyte, celle-ci vit au beau milieu d’un bidonville à la périphérie d’Oaxaca, à plus de 600 kilomètres au sud de Mexico. Peuplé de migrants, majoritairement des Zapotèques d’origine rurale à la recherche d’un travail, le quartier est situé au pied d’un dépôt d’ordures. Ici, pas de latrines, et à défaut d’eau courante dans chaque foyer, un seul puit pour tous les habitants. Un jour, connaissant son amour de la musique, Nicole propose à Isabelle de lui présenter un groupe d’enfants du voisinage qui suit des cours de solfège : «J’ai rencontré 21 enfants âgés de 8 à 17 ans. Cela faisait plus de six mois qu’ils se réunissaient 4 jours par semaine et 3 heures par jour après l’école autour de Camerino, musicien professionnel animé par l’ambition de monter une banda de música, fanfare locale, véritable tradition dans le pays.» En l’espace de quelques mois, les bases acquises, chaque enfant savait également de quel instrument il jouerait. Mais à la lecture des devis effectués en vue d’acheter les instruments, l’espoir d’en acquérir, même d’occasion, semblait s’éloigner. Isabelle a alors une idée : «Je me suis dit qu’en France, au sein des familles, il y a certainement quantité d’instruments inutilisés qui sommeillent dans les placards et greniers après que les enfants ont abandonné leur apprentissage musical ou encore acheté de nouveaux instruments. Pourquoi ne pas tenter de les récupérer? J’ai envoyé des mails à toutes mes connaissances pour leur faire part de mon projet. Ça a très bien fonctionné. Un effet boule de neige a opéré et rapidement j’ai été contactée par des personnes que je ne connaissais pas directement.» Des instruments de musique pour tous Spontanément une chaîne de bonnes volontés et de solidarité se lève pour réceptionner les instruments et les envoyer au Mexique. À ce titre, Hélène Primaux, hôtesse de l’air à Air France qui réside à Mexico, ayant eu vent de l’action entreprise par Isabelle, offre ses services et devient l’une des chevilles ouvrières de 14 l’organisation en réceptionnant et stockant les instruments chez elle jusqu’à ce qu’ils soient acheminés à Oaxaca. Au mois de février 2012, soit deux mois après le début des opérations, tous les enfants avaient un instrument entre les mains. Au mois de mai dernier, une classe de guitares était créée. Aujourd’hui, tout le quartier peut s’enorgueillir de posséder une véritable école de musique, la banda de música, forte de trois enseignants et de plus d’une centaine d’élèves. Les inscriptions vont bon train et fatalement se pose derechef le problème de trouver un instrument pour chaque nouvel entrant. Et l’on peut dire qu’Isabelle ne ménage pas son énergie: «Si je n’ai pas créé d’association, c’est par peur de ne pouvoir tout mener de front: mise en place d’un Bureau, organisation des assemblées générales… Je vole, je m’occupe de mes enfants et j’ai dû arrêter toutes mes activités personnelles pour consacrer du temps à la banda. Je récupère les instruments, je les emporte chez le réparateur, les achemine à l’aéroport. Bien sûr je ne suis pas toute seule, je reçois quelques aides ponctuelles. Une voisine traduit mon blog en espagnol, un ami m’apporte une aide pour l’informatique, mais toute la logistique repose sur moi.» La banda de música bénéficie d’un fonds de dotation. À l’instar d’une association ou d’une fondation, les donateurs bénéficient d’une déduction fiscale. Face au succès rencontré, le besoin de trouver un nouveau Autrement n° 6 • novembre - décembre 2012 Le projet est de créer une maison des jeunes qui pourrait ouvrir ses portes à la banda et à d’autres associations. local, pour accueillir les nombreux élèves et mettre en lieu sûr les instruments, se fait de plus en plus pressant. De la banda à une maison des jeunes Le projet, établi en partenariat avec la paroisse et un comité de familles, est de créer une maison des jeunes qui pourrait ouvrir ses portes à la banda et à d’autres associations déjà existantes, telles une classe de théâtre pour les sourds et muets, une classe d’apprentissage du langage des signes ou encore des ateliers de co-écoute entre adolescents. Au début de cet été, un terrain, idéalement situé au cœur du quartier, a été mis en vente. Le prix demandé est de 300 000 pesos soit 18 000 euros. Une cotisation spontanée a permis de recueillir 1 000 euros. Emmaüs a donné 3 000 euros. Mais que l’on ne s’y trompe pas, à Oaxaca, l’esprit d’assistance n’est pas de mise et chacun, selon ses moyens, apporte sa pierre à l’édifice. Des tombolas sont organisées. Un dimanche, les enfants, très impliqués, ont confectionné des gâteaux et des sucreries qu’ils ont vendus en faisant du porte-à-porte. D’actions menées en dons recueillis, en incluant ceux qui sont apportés par l’action d’Isabelle, les fonds levés s’élèvent d’ores et déjà à 13 500 euros. Des luthiers mis à contribution En France, c’est sans répit qu’Isabelle continue de mener son action en frappant à toutes les portes : « Un jour, j’ai contacté Vandoren, célèbre fabricant d’anches et de becs pour clarinettes et saxophones. J’ai décroché facilement un rendez-vous. J’ai exposé mon projet, j’ai montré des photos. Une semaine plus tard j’obtenais tous les accessoires demandés et des partitions. Depuis j’ai été orientée vers des luthiers qui, gratuitement, me retamponnent des clarinettes et réparent des cuivres. » Le 29 juillet dernier, la banda de música donnait son premier concert. La tante d’Isabelle peut témoigner de la ferveur et de la fierté affichées sur les visages. Les enfants, endimanchés, avaient mis tout leur cœur pour monter une jolie scène. Camerino, professeur à l’origine du projet de fanfare, sait mieux que personne à quel point la musique peut canaliser les énergies et créer des liens forts entre les individus. Très attentif à ses élèves, il détecte chez certains des capacités qui leur permettront peut-être de postuler au concours d’entrée à un conservatoire national dans lequel les études sont prises en charge par l’État. À n’en point douter, la banda de música est source d’espoir pour les familles du quartier. L’espoir que les enfants échappent à la délinquance urbaine et qu’ils trouvent leur place dans la société. Alors, si vous avez un vieil instrument qui traîne au fond d’un placard, et même si vous devez verser une larme en vous en séparant, soyez assuré qu’il retrouvera vie entre les mains d’un jeune musicien animé par l’envie de jouer. Par ailleurs, les dons en espèces (défiscalisés) sont bienvenus. Igor Bensasson La banda de música : https://labanda2musica.wordpress.com Autrement n° 6 • novembre - décembre 2012 15 Femmes La mode Un signe des évolutions sociales C’est la «mode de l’homme honnête ». Un référent qui alimente encore le conflit entre la bourgeoisie et l’aristocratie. Il faudra attendre la Première République, en 1793, pour que soit instauré le principe démocratique de la liberté vestimentaire. Le vêtement a-t-il cessé pour autant d’être le signe d’un rang social? Certainement pas! La mode est directement liée aux mutations des styles de vie et aux valeurs des sociétés. « Montre-moi comment tu t’habilles, je te dirai qui tu es ! »… Le vêtement a-t-il un rôle social ? Le vêtement est en tout cas l’une des premières interfaces entre le corps personnel et le corps social. Il protège des agressions climatiques et s’adapte aux activités de celles et ceux qui le portent, mais le vêtement est aussi une manifestation de l’identité ou de l’appartenance à un courant d’idées. Il permet d’exprimer les valeurs esthétiques d’une culture, et affiche la place de l’individu dans la hiérarchie sociale. Cette « seconde peau » de l’être humain, lourde de sens, prend des formes particulières dans la société occidentale. Un symbole social fort Jusqu’au XIXe siècle, la société impose à tous de se cacher le corps, n’acceptant que la nudité idéale artistique. De ce port obligatoire du vêtement, ce que l’on appelle «la mode» prend le pas dès la fin du Moyen-Âge. Avec ses métamorphoses rapides et ses extravagances, elle devient aussitôt partie intégrante du fonctionnement social et culturel : elle se répand par le fait du roi, avant d’être imitée par la cour. La nouveauté vestimentaire devient une valeur mondaine et la haute société considère que tout ce qui est faste vaut vertu. Jusqu’au XVIIIe siècle, la sophistication domine ainsi la scène, permet d’af16 Le règne du corset « Jusqu’au XVIIIe siècle, la sophistication domine la scène. » DR ficher son rang et de se faire valoir personnellement… Au grand dam de l’Église qui voit dans cet étalage esthétique et frivole les effets de la vanité humaine. À cette époque sont rédigés des « édits somptuaires», imposant à chacun le port de vêtements qui socialement lui reviennent. L’apparition du faux Mais avec l’expansion du commerce puis le développement des fortunes bourgeoises, les «parvenus » décident d’imiter le style «noble». Car après tout, tous roturiers qu’ils sont, eux aussi sont riches! En remplissant leurs garderobes de copies des vêtements exubérants portés par l’aristocratie, ils inventent le «faux». Au XVIIe siècle, la bourgeoisie s’approprie ses propres critères d’élégance basés sur le sens de la mesure, de l’utilité et du confort. Le corps des femmes notamment, considéré comme un objet – de tentation – ne leur appartient pas. Alors, tout comme au XIIe siècle, les conventions continuent de lui imposer des vêtement à laçage, si serrés qu’elles peuvent à peine bouger. D’ailleurs, associé au port de la crinoline, le corset devient de fait un signe d’oisiveté bourgeoise : entravée dans ses mouvements, la femme doit se faire aider de domestiques. L’ampleur de certaines crinolines avait aussi valeur de distance physique infranchissable visà-vis des autres. Ce sont finalement les médecins et écrivains du XVIIIe siècle qui auront gain de cause contre l’obligation du port du corset. Changements et émancipation Mettant en avant des notions d’hygiène, de santé et par la suite de sport, il leur faudra attendre d’être rejoints par les féministes du XXe siècle pour parvenir à dégager définitivement le corps du corset. La seconde grande émancipation vestimentaire des femmes intervient avec la Première Guerre monAutrement n° 6 • novembre - décembre 2012 vécu la guerre, est farouchement contre et ne veut pas s’habiller comme les parents. Ce sont les enfants du baby boom. Désireux de rompre avec leurs aînés, ils utilisent le vêtement pour signer leur appartenance à un groupe, créant du même coup une contre-culture comme moyen d’affirmer leurs choix. Parmi les symboles d’alors: le port du pantalon pour les filles et les accessoires de mode unisexes. La femme revendique le droit de disposer définitivement de son corps et de le dévoiler. Première Guerre mondiale, le vêtement accompagne l’émancipation. DR diale. Les hommes absents, elles accomplissent les tâches qui leur étaient jusqu’alors réservées. Leur niveau de responsabilité grimpe et elles s’habillent conformément à leur nouveau rôle. Apparaît le style « garçonne » des couturiers Jean Patou ou Jeanne Lanvin. Une libération de courte durée puisque la crise de 1929 impose un retour à des valeurs plus classiques: les formes sont remises en valeur et les teintes retrouvent la sobriété du beige et du noir. Au lendemain de la guerre, un nouveau concept révolutionne la mode : le prêt-à-porter (production mécanisée, en fonction de tailles prédéfinies), outil indispensable à gommer les différenciations sociales. La victoire du corps Et l’on gomme… jusqu’aux années 60. La nouvelle génération n’a pas Autrement n° 6 • novembre - décembre 2012 Dans le même temps, le prêt-à-porter devient un territoire d’expérimentation particulièrement actif. On se souvient de la robe de mariée à imprimé vichy, créée par Jacques Esterel. Portée par Brigitte Bardot lors de son mariage avec Jacques Charrier en 1958, elle sera reproduite à des milliers d’exemplaires. La liberté des stylistes Mois: mai, année: 68. Les mentalités sont bouleversées, les conventions sociales bousculées. Les revendications se font très fortes et la jeunesse explose. La femme revendique le droit de disposer définitivement de son corps et de le dévoiler. Le corps est enfin libéré de ses obligations vestimentaires : le port d’un habit devient une question de choix individuel. Dans la mode apparaissent les premiers stylistes, qui, souvent loin des règles d’élégance de la couture, laissent parler leur imagination, inspirés uniquement par le corps lui-même. Ils lancent la mode «minceur» des années 70 et créent les femmes androgynes. Avec les années 80, le vêtement leur sert à sculpter le corps de la femme et certains comme Jean-Paul Gaultier osent même redessiner un vêtement-corset, dans des matières (latex, plastique moulé ou cuir) qui, cette fois, ne déforment ni ne contraignent plus le corps. Le tailleur… symbole de lutte Aussi étrange que cela puisse nous paraître, le tailleur est l’un des grands témoins de la lutte des femmes pour l’égalité avec les hommes. Cet élément fondamental de nombreuses garde-robes féminines avait été créé au XVIIIe siècle pour habiller la classe populaire. Entre 1914 et 1918, le tailleur s’impose comme symbole de la femme en lutte pour sa patrie. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est l’uniforme de guerre et de résistance des femmes, symbolisant aussi la solidarité avec les hommes au combat. De couleur noire, il sera symbole de deuil. Après la guerre, le tailleur est associé aux métiers urbains et porté par les vendeuses des grands magasins, les secrétaires et les employées de bureau. En l’adoptant, les femmes s’approprient les éléments du vestiaire masculin, en signe de pouvoir. Le tailleur est aussi lié à l’idée de progrès : le développement des transports exige le port d’un costume fait dans des matières simples. Le chemisier porté sous la veste permet de varier les tenues, avec moins d’entretien pour une hygiène plus grande. Considéré comme l’habit type des business women, le tailleur est rejeté par les jeunes filles à partir de 1968. Il redeviendra le signe d’une certaine indépendance dans les années 80. Karine Monségu 17 Culture autrement… cinéma Alerte à Cinecittà Studios en péril suscité un important mouvement de protestation des employés qui ont lancé en juillet une grève et une occupation des lieux. La mobilisation a pris également une dimension internationale. Une mobilisation internationale Les mythiques studios romains de Cinecittà ont accueilli des milliers de tournages de films italiens ou étrangers. Pourtant, cet Hollywood sur le Tibre traverse actuellement une zone de turbulences. Inaugurés en 1937 par Mussolini, les studios de Cinecittà avaient pour ambition de concurrencer Hollywood. Situés à neuf kilomètres du centre de Rome, ils comptent toujours parmi les plus vastes d’Europe et s’étendent sur une quarantaine d’hectares abritant vingt-deux plateaux. Plus de 3000 films Plus de 3000 films y ont été tournés parmi lesquels des chefs d’œuvre du cinéma italien signés Fellini, Pasolini, Visconti ou Sergio Leone. À son âge d’or dans les années 50-60, ce gigantesque complexe a aussi servi de décor à de nombreuses superproductions internationales telles que Guerre et paix, Ben-Hur ou Cléopâtre. C’est encore à Cinecittà qu’ont été tournés Le Patient anglais, ou 18 encore Gangs of New York. Et pour les besoins de la série Rome on y a reconstitué le forum ainsi que des parties de la ville antique. Dernièrement, Nanni Moretti y a dirigé Michel Piccoli dans Habemus papam. En France, la société des AuteursRéalisateurs-Producteurs (ARP) a mis en ligne une pétition développant les notions suivantes. Alertés par leur confrère Ettore Scola, les cinéastes européens sont scandali- Un incendie dévastateur Malgré ces illustres références et cette histoire glorieuse, Cineccittà a passé un été particulièrement chaud. En juillet, un incendie s’y est déclaré, et s’il a été moins sévère que celui de 2007 et ses 4000 mètres carrés ravagés, il n’en a pas moins sérieusement endommagé le studio 5, tant apprécié de Fellini (voir encadré). Surtout, Cinecittà traverse une crise inquiétante qui pourrait annoncer la fin de ces studios légendaires. Vers la fin des studios ? Un projet de réorganisation de la Direction des studios prévoyant le démantèlement d’activités cinématographiques et la création d’un hôtel de luxe avec parking de 6000 places ainsi que des spas a Fellini et le studio 5 « Cinecittà, expliquait Federico Fellini, c’est une ville où j’ai l’impression d’être né, où je prends du plaisir à vivre, et où j’espère continuer à m’amuser, en compagnie de mes marionnettes. » Depuis La dolce vita en 1960, le cinéaste avait installé ses quartiers à Cinecittà et notamment dans l’un des plus vastes, le fameux studio 5 (teatro cinque). C’est là qu’il dirigeait tous ses films et qu’il a pu donner corps à ses rêves les plus fous : la tête gigantesque de la divinité dans son Casanova, le vaisseau extraordinaire de Et vogue le navire. « Tous les voyages pour moi, commencent et finissent dans les studios de Cinecittà », disait le Maestro, qui a livré avec Intervista (1987) un bel hommage à Cinecittà. Autrement n° 6 • novembre - décembre 2012 Culture autrement… cinéma Frankenweenie ressuscite Tim Burton sés de constater que les Studios Cinecittà, haut-lieu du patrimoine cinématographique mondial, sont mis en péril pour des motifs spéculatifs, et honteusement considérés avec aussi peu d’égards qu’un parking ou un supermarché. L’air du temps Est-il urgent de détruire ce lieu inséparable du cinéma de Fellini, Visconti, Comencini, Lattuada, entre autres, pour construire un centre de fitness ? Maigrir aux dépends du patrimoine et de la culture, tout un symbole : même sous Berlusconi, ils n’avaient pas osé ! Jacques Lévy Cycle italien Coup de projecteur sur Cinecittà à l’occasion du cycle de séances de décryptage consacré au cinéma italien. Après la séance du 13 novembre sur Huit et demi de Federico Fellini, le 20 décembre portera sur Journal intime de Nanni Moretti. Autrement n° 6 • novembre - décembre 2012 Fankenweenie fut, il y a presque 30 ans, un des premiers courtsmétrages de Tim Burton. Cette année, c’est sous la forme d’un long-métrage d’animation que le récit est de nouveau exploité par le maître. Dès les premières scènes, ce qui fait la marque de fabrique de Burton est en place. Noir et blanc expressionniste, galerie de figurines, mi-monstres mi-humaines, sorties d’outre-tombe, esthétique gothique à souhait, rien ne manque à l’appel de l’univers bien connu. Frankenweenie est une version revisitée de Frankenstein à la mode canine. L’apprenti sorcier est ici un jeune garçon solitaire, éternel double du cinéaste, qui a pour seul ami son chien. Un toutou tellement adoré que quand celui-ci meurt, écrasé par une voiture, son maître n’a qu’une idée en tête, le ramener à la vie. Le recours à l’animation image par image(1), héritage du génial réalisateur russe Ladislas Starewitch, fonctionne à merveille. Une fois de plus, le cinéaste retourne sur les traces du cinéma de son enfance, des séries B des années 30 aux années 50. On pense notamment à Vincent Price, Bela Lugosi, Boris Karloff, Ed Wood, Godzilla, ou encore aux horror monster movies produits par Universal. Bref, rien de nouveau du côté des recettes burtoniennes quelque peu éculées, et ce depuis une dizaine d’années. Mais avec ce Frankenweenie, un film à l’inspiration parfaitement maîtrisée, le cinéaste, que d’aucuns avaient un peu trop rapidement muséifié et enterré, apporte un nouveau souffle à son talent pourtant déjà reconnu de conteur poétique. IB 1. Stop motion en anglais. Technique qui consiste à créer du mouvement à partir d’images immobiles. 19 Culture autrement… expos Paris made in Hollywood « Paris est semblable à toute autre grande ville, Londres, Tokyo ou New York. À deux petits détails près. À Paris les gens mangent mieux et à Paris les gens s’aiment. Disons pas forcément mieux, mais en tout cas plus souvent. Ils s’aiment à toute heure, en tout lieu, sur la rive gauche, sur la rive droite et entre les deux rives. Ils s’aiment le jour et ils s’aiment la nuit. Le boucher, le boulanger et l’employé des pompes funèbres. Ils s’aiment en mouvement ou dans l’immobilité la plus absolue. Les caniches s’aiment, les touristes s’aiment. Les généraux s’aiment. Il arrive même parfois que les existentialistes s’aiment. Il y a l’amour jeune. Et l’amour vieux. L’amour conjugal et l’amour extra conjugal. » C’est sur ces quelques délicieuses phrases, dites par la voix tipically french de Maurice Chevalier, petit air d’accordéon bien sympathique en sus, magnifiquement mises en images, que s’ouvre Ariane (Love in the afternoon), un des petits bijoux dont Billy Wilder avait le secret. dien. Depuis plus de cent ans, on estime à 800 le nombre des films dont l’action se situe dans la capitale française. Mais n’est-il pas compréhensible que celle qui a pour surnom la Ville Lumière soit un décor si recherché? Non pas un décor qui colle à une quelconque réalité sociologique, mais un décor en grande partie truffé de clichés d’une ville fantasmée et réinventée pour une invitation au voyage adressée avant tout au spectateur américain moyen. 100 films évoqués Entre mythes et réalité Depuis quelques semaines, l’Hôtel de Ville de Paris accueille l’exposition Paris vu par Hollywood proposée par Antoine de Baecque, critique et historien du cinéma. C’est en tout une centaine de films qui sont évoqués ici au travers de photos, d’affiches, de scénarios, d’extraits de films, de scènes de tournage, de maquettes de décors et de costumes. Il faut savoir que Paris, hors des États-Unis, est la ville la plus représentée dans le cinéma hollywoo- Ainsi Paris se résume t-elle soit à des lieux de prestige et de mondanité comme la tour Eiffel, la place de la Concorde ou encore le Ritz, soit à des ambiances très romantiques et idylliques tels les toits de Paris, quand il s’agit d’évoquer des quartiers plus populaires. Quoi qu’il en soit, au-delà du passionnant débat entre mythes et réalité induit par l’exposition, vous éprouverez un réel plaisir à vous laisser guider au gré de souvenirs remémorés ou de découvertes de documents iné- 20 dits. Très belle surprise, un écran panoramique de 20 mètres de long pour apprécier des extraits de films relayés également sur 70 petits écrans. Impossible de ne pas s’émouvoir face au si doux et si touchant visage d’Audrey Hepburn, véritable incarnation de l’élégance et du glamour à la mode parisienne, habillée d’un tailleur ou d’une robe, toujours Givenchy, dans Drôle de frimousse et Charade de Stanley Donen, Ariane et Sabrina de Billy Wilder ou encore Comment voler un million de dollars de William Wyler. Une bien belle exposition en somme qui donne à voir et aussi à réfléchir sur l’image que les Américains se font de nous. A IB méditer. Gratuit Du 18 septembre au 15 décembre Hôtel de Ville-Salle Saint-Jean, 5 rue Lobau (Paris 4e) Tous les jours de 10h à 19h sauf les dimanches et jours fériés. Autrement n° 6 • novembre - décembre 2012 Culture autrement… musique La Diskett’ Rover (tenue de route exceptionnelle) Parce que la musique appartient à tous, je veux apporter ma modeste contribution aux artistes encore méconnus qui y croient dur comme fer et qui je l’espère, vous plairont. La Diskett’ naît en octobre 2007 d’un court-circuit entre Fonk et Textes et d’une rencontre antérieure : Freesko (Michel P.M.) et Titoc (Laurent A.) arpentent alors l’Université en quête de nouvelles aventures musicales. Les deux compères, en coopération avec un vivier d’artistes talentueux, livrent mi-2008 un premier opus Déformatage - soutenu par une série de concerts (environ une centaine) mais également à l’étranger (aux Etats-Unis, Grande-Bretagne, Russie...). Le disque pose les jalons du «Fonkatext», forme hybride entre le chant, le slam et des phrasés parfois rappés, qui se développe sur des compositions aux accents souvent funk, parfois jazz, mais toujours savoureux. Un deuxième album en cours de préparation devrait paraître selon toute vraisemblance début 2013. Patience... En attendant, le groupe s’est produit le 15 Juin 2012 à la Scène Bastille en compagnie de Kazak (Hip-Hop Fiction) et du collectif Dharma (Soul Reggae) pour une ambiance groove! Sabine Legros DR Autrement n° 6 • novembre - décembre 2012 DR Géant à la carrure de colosse, beau comme un (Depar)dieu d’il y a bien longtemps, Timothée Régnier alias Rover, clin d’œil à l’élégance des belles Anglaises au tableau de bord en noyer, surgit sur la scène pop avec un premier album époustouflant. Si Rover est français, il a passé son enfance un peu partout, en France, en Suisse, en Allemagne, aux Phillipines et aussi à New York et même à Beyrouth où il a monté un groupe de rock avec son frère. Autodidacte dès l’âge de 7 ans, ses références s’affichent clairement anglo-saxonnes. Beatles, Beach Boys, Dylan, Interpol, Strokes peuplent son univers musical. Et bien sûr Bowie, difficile de ne pas l’entendre ! Parmi les chanteurs français, seul Gainsbourg trouve grâce à ses yeux (à ses oreilles pour être plus exact). Mais qu’importe, avec un premier album au titre éponyme, le colosse à la voix d’ange, c’est son surnom, déploie à la fois énergie, lyrisme et nostalgie dans un équilibre parfaitement maîtrisé. Il y a chez Rover un vrai bon goût (oui je sais, c’est difficile à expliquer), des mélodies lumineuses et entêtantes (qui chopent la cervelle comme disent d’aucuns) emmenées par une voix puissante et de velours à la fois. Une sophistication discrète où tout se joue dans les détails et la posture: «J’essaie d’être authentique, ma musique, c’est un peu de la fripe, il y a un dandysme, c’est romantique.» Rover est sans nul doute l’une des plus belles découvertes de 2012. À écouter sans modération et sans limitation de vitesse. Igor Bensasson Bientôt dans les bacs de la médiathèque Barbara 21 Port-folio Scènes Quelques uns des concerts auxquels vous avez pu assister récemment en utilisant la billetterie 1 de votre CE. n 2 3 22 4 Autrement n° 6 • novembre - décembre 2012 2012 au Festival We Love Green (Universal Polydor) 4. Radiohead le 11 octobre 2012 à Bercy (Beggar's XL Records) 5. The XX le 9 septembre 2012 au Cirque d’Hiver (Beggar's) 6. Dead Can Dance le 27 septembre 2012 au Grand Rex (Pias) 7. Leonard Cohen le 28 septembre 2012 à l’Olympia (Sony) 8. Woodkid le 26 septembre 2012 au Grand Rex (Label Gum) Toutes photos DWP 5 6 1. Coldplay le 2 septembre 2012 au Stade de France (EMI) 2. Jennifer Lopez le 16 octobre 2012 à Bercy (Interconcerts Prod.) 3. Cody Chesnut le 16 septembre 8 7 Autrement n° 6 • novembre - décembre 2012 23