Prévenir les maladies respiratoires des bovins adultes

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Prévenir les maladies respiratoires des bovins adultes
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Prévenir les maladies respiratoires des
bovins adultes
Proportionnellement à la
taille de l'animal, les
poumons des vaches sont
particulièrement petits.
Conséquence : leur appareil
respiratoire est très fragile. En
cas d'infection, les
répercussions sur la
production sont immédiates.
Quant à la maladie, elle peut
être rapidement mortelle.
En hiver, les problèmes sont consécutifs
à un mauvais renouvellement d'air
dans les bâtiments
renouvellement d'air insuffisant dans le bâtiment
Und'élevage
entraîne l'inhalation d'ammoniac de manière
continue par les animaux. Or ce gaz est particulièrement
irritant pour les muqueuses respiratoires qui tapissent les
bronches et les alvéoles. Il fragilise les protections naturelles des
poumons de la vache ce qui a pour conséquence de les rendre
plus sensibles à toutes les infections. Principal piège :
l'ammoniac n'est pas perceptible pour les personnes qui
travaillent tous les jours dans l'élevage car on s'habitue à son odeur avec le temps.
En outre, une vache dégage en moyenne 10 à 15 l d’eau par jour sous forme de vapeur d’eau.
Pour un troupeau de 30 vaches, c’est 375 litres d’eau à évacuer par jour sans compter l’humidité
de la litière, des déjections et de l’ensilage. Si le bâtiment est totalement fermé, l'air est très vite
saturé et avec les variations de température, la condensation apparaît. Les animaux prennent le
pelage humide, leur état sanitaire se dégrade. Dans un bâtiment mal ventilé, l'excès d'humidité
entraîne une augmentation de la pression microbienne.
Enfin, plus que le froid, ce sont surtout les changements brusques de température et le
dessèchement qui sont préjudiciables. Sur ce dernier point, tous les courants d'air - dès lors qu'ils
sont perceptibles - sont redoutablement néfastes !
Ainsi, les conditions climatiques hivernales et le confinement des animaux durant cette période
favorisent la circulation et la transmission des virus ou des bactéries. Les virus comme le B-RSV
(virus respiratoire syncicial bovin), ou le PI3 (grippe) sont les premiers à s'attaquer aux animaux.
Lorsque la guérison tarde, l'infection virale se complique d'une surinfection bactérienne. Les
surinfections les plus graves sont causées par les pasteurelles. De plus, l'affaiblissement des
animaux est souvent responsable de la résurgence d'une infection jusqu'alors latente, comme par
exemple par les mycoplasmes.
l'ammoniac
Dans les bâtiments d'élevages, c'est la dégradation de l'urée présente dans les urines par une
uréase que l'on trouve dans les bouses qui produit l'ammoniac.
Ce gaz est toxique pour les cellules qui tapissent la muqueuse de l'appareil respiratoire. Or c'est
justement cette couche de cellules superficielles qui assure la première ligne de défense contre les
agressions microbiennes.
L'ammoniac n'est pas toxique uniquement pour les animaux, mais aussi pour l'homme. Avec en
plus les conséquences possibles d'une exposition prolongée et répétée en ce qui concerne les
agriculteurs. A long terme, il est cancérigène. A ce titre, sa présence doit être prise en compte
dans le cadre de l'évaluation des risques professionnels en exploitation agricole.
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Le bâtiment doit permettre un renouvellement de l'air sans courant d'air
prévention passe par une adaptation du bâtiment d'élevage au troupeau et aux
Laobjectifs
de production. L'essentiel est que les animaux se sentent bien. Pour obtenir ces
résultats, le bâtiment doit respecter certaines normes d’hygiène, de bien être et d’aération. Pour
le maintien d'une bonne ambiance, il faut respecter plusieurs règles relatives aux surfaces, à la
disposition des entrées et des sorties d’air, au volume,…
Pour faire le point sur son bâtiment, un diagnostic d’ambiance permettra de se rendre compte
des courants d'air et du renouvellement de l'air dans le lieu de vie des animaux. Le diagnostic
comprend la visualisation des circuits d’air (fumigènes), la mesure de température, de l'hygrométrie et du taux d’ammoniac. Les solutions existent aussi bien en ventilation statique que
dynamique. Votre GDS a des spécialistes qui sont là pour vous permettre de résoudre les
problèmes d'ambiance de vos bâtiments et d'améliorer la santé de vos animaux et par
conséquent la rentabilité de votre atelier.
Si la situation demeure critique car les aménagements nécessaires ne peuvent pas être immédiatement réalisés, il est impératif de vacciner. Le choix du vaccin et du protocole s'effectue en
fonction des maladies diagnostiquées les années précédentes dans le troupeau ainsi que les
problèmes rencontrés dans les élevages voisins. Prenez conseil auprès de votre vétérinaire pour
déterminer le vaccin adapté à votre situation. L'objectif de la vaccination est de renforcer les
défenses immunitaires vis-à-vis des microbes les plus fréquemment retrouvés dans les infections
respiratoires graves auxquelles votre troupeau peut être confronté.
Quand les manifestations cliniques sont là, l'appel au vétérinaire est indispensable et va
permettre de mettre en oeuvre de manière rationnelle les soins. Parmi les plus fréquemment
réalisés, et en fonction du problème, on a :
les traitements dont l'objectif est d'aider les animaux a respirer et évacuer les sécrétions afin
de "passer le cap" de la maladie (analeptiques respiratoires, mucolytiques pour fluidifier les
sécrétions bronchiques, diurétiques pour drainer les oedèmes,...),
les anti-inflammatoires non stéroïdiens pour faire chuter la fièvre, redonner de l'appétit,
les antibiotiques destinés à soigner les infections bactériennes et prévenir leurs complications,
la vitamine C et les oligo-éléments comme le cuivre, l'iode,... pour renforcer les défenses
immunitaires des animaux,
les vaccinations en "urgence" notamment par voie intra-nasale vis-à-vis de certains virus
comme le RSV et l'IBR dont le but est de prendre de vitesse la diffusion de la maladie dans
l'élevage.
A ce stade, l'évolution des malades et les résultats des analyses permettent d'adapter la stratégie
thérapeutique.
Les principaux agents retrouvés dans les affections respiratoires des bovins
virus
RSV
IBR
PI3
bactéries
pasteurelles
mycoplasmes
haemophilus somnus
klebsielles
autres
strongles respiratoires
actinomycose
intoxication à l'ergot de seigle
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La toux d'été n'est pas toujours d'origine parasitaire
la mise à l'herbe, les animaux les plus jeunes vont s'infecter avec les strongles
Avec
respiratoires : Dictyocaulus viviparus. La première année, le traitement antipara-
sitaire est généralement indispensable. Par la suite, les animaux acquièrent une immunité
qui se renforce d'année en année et leur permet une fois adultes de contrôler l'infestation
par ce parasite. Il arrive que cette immunité baisse ou disparaisse et il est alors utile de
traiter comme pour les jeunes. En cas de doute, un examen coprologique (test dit de
Baerman réalisé sur bouses qui doivent être très fraîches) permet à peu de frais de
confirmer que la toux est bien due à la bronchite vermineuse. Les avermectines sont
toujours très efficaces.
Cependant en cas de toux estivale persistance ou récidivante, il faut rechercher d'autres
causes. Parmi celles-ci, on identifie de plus en plus souvent des maladies transmises par
des vecteurs principalement des tiques comme la fièvre Q qui dans certains cas entraine
de la toux et surtout l'erhlichiose ou "maladie des gros paturons". La prévention s'appuie
sur le débroussaillage des parcelles avec des animaux, leur immunisation durant les
premières années de vie et enfin l'application de traitements acaricides rémanents.
Dans tous ces cas, l'observation de l'évolution de la température dès les premiers
symptômes, un examen attentif des animaux malades par votre vétérinaire et le recours
précoce à des examens de laboratoire doivent permettre de préciser la nature de
l'infection. Dans le cas de sérologies, il est recommandé de prélever au moins 5 animaux
atteints et comparer les résultats à ceux de 5 animaux "témoins" issus d'un lot sans aucun
symptôme.
Eric VIAL et Michel DUPRES
Recommandations de surfaces et volumes d’air utiles pour les bovins
(Source : Institut de l’Elevage)
animaux
vache laitière forte productrice
vache allaitante et son veau
vache laitière moyenne production
vache tarie
taurillon > 600 kg
génisses 400 kg
jeunes mâles 350 kg
Génisses 200 kg
veau d'élevage 150 kg
veau nouveau né
surfaces d'aire de vie
par animal
aire paillée : 10 m2
ou
aire paillée : 6 m2
aire bétonnée : 3 m2
aire paillée : 8 m2
ou
aire paillée : 5,5 m2
aire bétonnée : 2,5 m2
aire paillée : 7 m2
ou
aire paillée : 5 m2
aire bétonnée : 2 m2
aire paillée : 4 m2
ou
aire paillée : 2,5 m2
aire bétonnée : 1 m2
aire paillée : 2 m2
volume d'air
par animal
surface des ouvertures
par animal
35 m3
Entrées : 0,37 m2
30 m3
Entrées : 0,30 m2
20 m3
Entrées : 0,20 m2
15 m3
Entrées : 0,10 m2
7 m3
Entrées : 0,05 m2