Prévenir les maladies respiratoires des bovins adultes
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Prévenir les maladies respiratoires des bovins adultes
26 Prévenir les maladies respiratoires des bovins adultes Proportionnellement à la taille de l'animal, les poumons des vaches sont particulièrement petits. Conséquence : leur appareil respiratoire est très fragile. En cas d'infection, les répercussions sur la production sont immédiates. Quant à la maladie, elle peut être rapidement mortelle. En hiver, les problèmes sont consécutifs à un mauvais renouvellement d'air dans les bâtiments renouvellement d'air insuffisant dans le bâtiment Und'élevage entraîne l'inhalation d'ammoniac de manière continue par les animaux. Or ce gaz est particulièrement irritant pour les muqueuses respiratoires qui tapissent les bronches et les alvéoles. Il fragilise les protections naturelles des poumons de la vache ce qui a pour conséquence de les rendre plus sensibles à toutes les infections. Principal piège : l'ammoniac n'est pas perceptible pour les personnes qui travaillent tous les jours dans l'élevage car on s'habitue à son odeur avec le temps. En outre, une vache dégage en moyenne 10 à 15 l d’eau par jour sous forme de vapeur d’eau. Pour un troupeau de 30 vaches, c’est 375 litres d’eau à évacuer par jour sans compter l’humidité de la litière, des déjections et de l’ensilage. Si le bâtiment est totalement fermé, l'air est très vite saturé et avec les variations de température, la condensation apparaît. Les animaux prennent le pelage humide, leur état sanitaire se dégrade. Dans un bâtiment mal ventilé, l'excès d'humidité entraîne une augmentation de la pression microbienne. Enfin, plus que le froid, ce sont surtout les changements brusques de température et le dessèchement qui sont préjudiciables. Sur ce dernier point, tous les courants d'air - dès lors qu'ils sont perceptibles - sont redoutablement néfastes ! Ainsi, les conditions climatiques hivernales et le confinement des animaux durant cette période favorisent la circulation et la transmission des virus ou des bactéries. Les virus comme le B-RSV (virus respiratoire syncicial bovin), ou le PI3 (grippe) sont les premiers à s'attaquer aux animaux. Lorsque la guérison tarde, l'infection virale se complique d'une surinfection bactérienne. Les surinfections les plus graves sont causées par les pasteurelles. De plus, l'affaiblissement des animaux est souvent responsable de la résurgence d'une infection jusqu'alors latente, comme par exemple par les mycoplasmes. l'ammoniac Dans les bâtiments d'élevages, c'est la dégradation de l'urée présente dans les urines par une uréase que l'on trouve dans les bouses qui produit l'ammoniac. Ce gaz est toxique pour les cellules qui tapissent la muqueuse de l'appareil respiratoire. Or c'est justement cette couche de cellules superficielles qui assure la première ligne de défense contre les agressions microbiennes. L'ammoniac n'est pas toxique uniquement pour les animaux, mais aussi pour l'homme. Avec en plus les conséquences possibles d'une exposition prolongée et répétée en ce qui concerne les agriculteurs. A long terme, il est cancérigène. A ce titre, sa présence doit être prise en compte dans le cadre de l'évaluation des risques professionnels en exploitation agricole. 27 Le bâtiment doit permettre un renouvellement de l'air sans courant d'air prévention passe par une adaptation du bâtiment d'élevage au troupeau et aux Laobjectifs de production. L'essentiel est que les animaux se sentent bien. Pour obtenir ces résultats, le bâtiment doit respecter certaines normes d’hygiène, de bien être et d’aération. Pour le maintien d'une bonne ambiance, il faut respecter plusieurs règles relatives aux surfaces, à la disposition des entrées et des sorties d’air, au volume,… Pour faire le point sur son bâtiment, un diagnostic d’ambiance permettra de se rendre compte des courants d'air et du renouvellement de l'air dans le lieu de vie des animaux. Le diagnostic comprend la visualisation des circuits d’air (fumigènes), la mesure de température, de l'hygrométrie et du taux d’ammoniac. Les solutions existent aussi bien en ventilation statique que dynamique. Votre GDS a des spécialistes qui sont là pour vous permettre de résoudre les problèmes d'ambiance de vos bâtiments et d'améliorer la santé de vos animaux et par conséquent la rentabilité de votre atelier. Si la situation demeure critique car les aménagements nécessaires ne peuvent pas être immédiatement réalisés, il est impératif de vacciner. Le choix du vaccin et du protocole s'effectue en fonction des maladies diagnostiquées les années précédentes dans le troupeau ainsi que les problèmes rencontrés dans les élevages voisins. Prenez conseil auprès de votre vétérinaire pour déterminer le vaccin adapté à votre situation. L'objectif de la vaccination est de renforcer les défenses immunitaires vis-à-vis des microbes les plus fréquemment retrouvés dans les infections respiratoires graves auxquelles votre troupeau peut être confronté. Quand les manifestations cliniques sont là, l'appel au vétérinaire est indispensable et va permettre de mettre en oeuvre de manière rationnelle les soins. Parmi les plus fréquemment réalisés, et en fonction du problème, on a : les traitements dont l'objectif est d'aider les animaux a respirer et évacuer les sécrétions afin de "passer le cap" de la maladie (analeptiques respiratoires, mucolytiques pour fluidifier les sécrétions bronchiques, diurétiques pour drainer les oedèmes,...), les anti-inflammatoires non stéroïdiens pour faire chuter la fièvre, redonner de l'appétit, les antibiotiques destinés à soigner les infections bactériennes et prévenir leurs complications, la vitamine C et les oligo-éléments comme le cuivre, l'iode,... pour renforcer les défenses immunitaires des animaux, les vaccinations en "urgence" notamment par voie intra-nasale vis-à-vis de certains virus comme le RSV et l'IBR dont le but est de prendre de vitesse la diffusion de la maladie dans l'élevage. A ce stade, l'évolution des malades et les résultats des analyses permettent d'adapter la stratégie thérapeutique. Les principaux agents retrouvés dans les affections respiratoires des bovins virus RSV IBR PI3 bactéries pasteurelles mycoplasmes haemophilus somnus klebsielles autres strongles respiratoires actinomycose intoxication à l'ergot de seigle 28 La toux d'été n'est pas toujours d'origine parasitaire la mise à l'herbe, les animaux les plus jeunes vont s'infecter avec les strongles Avec respiratoires : Dictyocaulus viviparus. La première année, le traitement antipara- sitaire est généralement indispensable. Par la suite, les animaux acquièrent une immunité qui se renforce d'année en année et leur permet une fois adultes de contrôler l'infestation par ce parasite. Il arrive que cette immunité baisse ou disparaisse et il est alors utile de traiter comme pour les jeunes. En cas de doute, un examen coprologique (test dit de Baerman réalisé sur bouses qui doivent être très fraîches) permet à peu de frais de confirmer que la toux est bien due à la bronchite vermineuse. Les avermectines sont toujours très efficaces. Cependant en cas de toux estivale persistance ou récidivante, il faut rechercher d'autres causes. Parmi celles-ci, on identifie de plus en plus souvent des maladies transmises par des vecteurs principalement des tiques comme la fièvre Q qui dans certains cas entraine de la toux et surtout l'erhlichiose ou "maladie des gros paturons". La prévention s'appuie sur le débroussaillage des parcelles avec des animaux, leur immunisation durant les premières années de vie et enfin l'application de traitements acaricides rémanents. Dans tous ces cas, l'observation de l'évolution de la température dès les premiers symptômes, un examen attentif des animaux malades par votre vétérinaire et le recours précoce à des examens de laboratoire doivent permettre de préciser la nature de l'infection. Dans le cas de sérologies, il est recommandé de prélever au moins 5 animaux atteints et comparer les résultats à ceux de 5 animaux "témoins" issus d'un lot sans aucun symptôme. Eric VIAL et Michel DUPRES Recommandations de surfaces et volumes d’air utiles pour les bovins (Source : Institut de l’Elevage) animaux vache laitière forte productrice vache allaitante et son veau vache laitière moyenne production vache tarie taurillon > 600 kg génisses 400 kg jeunes mâles 350 kg Génisses 200 kg veau d'élevage 150 kg veau nouveau né surfaces d'aire de vie par animal aire paillée : 10 m2 ou aire paillée : 6 m2 aire bétonnée : 3 m2 aire paillée : 8 m2 ou aire paillée : 5,5 m2 aire bétonnée : 2,5 m2 aire paillée : 7 m2 ou aire paillée : 5 m2 aire bétonnée : 2 m2 aire paillée : 4 m2 ou aire paillée : 2,5 m2 aire bétonnée : 1 m2 aire paillée : 2 m2 volume d'air par animal surface des ouvertures par animal 35 m3 Entrées : 0,37 m2 30 m3 Entrées : 0,30 m2 20 m3 Entrées : 0,20 m2 15 m3 Entrées : 0,10 m2 7 m3 Entrées : 0,05 m2