En savoir plus sur les bienfaits de la balnéthérapie en MAS

BALNEOTHERAPIE
Les personnes accueillies à la MAS de Biganos présentent différentes
pathologies d’origine diverse entravant le développement normal. Des
personnes s’inscrivent dans le champ du polyhandicap associant déficience
mentale profonde, déficit moteur, sensoriel entrainant une réduction
importante voire extrême de leur autonomie. D’autres encore présentent
un tableau clinique de troubles envahissants du développement. Quelle
que soit la nature du handicap, de l’entrave au développement, le corps
reste le siège d’expérience douloureuse voire traumatisante. La difficulté
d’expression des ressentis, une communication avec l’autre difficile
associée à des défenses psychiques rigides voire archaïques (manière de
se protéger du monde interne et environnant perçu comme menaçant)
laissent trace sur le corps. Le défaut de symbolisation fait que la pensée
s’empreinte sur le corps (somatisations, automutilations, troubles du
comportement, postures...).
Le processus de symbolisation peut se
définir comme une progression vers la capacité de se penser, de penser
les autres, de penser ses expériences. Le corps est le siège des éprouvés
(perception, sensorialité). La carence à la symbolisation empêche toute
élaboration satisfaisante des affects et comportements. C’est le corps qui
vient porter les défenses et ce qui fait symptôme. Ce corps meurtri est au
cœur de la relation d’accompagnement.
La balnéothérapie comme atelier à visée thérapeutique signifie la création
d’un espace de rencontre privilégiée, lié aux vertus enveloppantes,
porteuses, apaisantes et médiatrices de l’eau. Le bassin, de forme
rectangulaire,
comporte
un
escalier
permettant
de
descendre
progressivement dans l’eau. Une barre de métal court tout autour afin de
se tenir, de se déplacer… Cela fournit également un appui solide, visible et
rassurant. Des objets divers sont mis à disposition sur le bord selon le
travail effectué (frites en mousse, tapis, planches, ballons…). La
température de l’eau d’une trentaine de degrés procure une impression
agréable, en favorisant notamment la détente musculaire. La portance de
l’eau, la faible profondeur, la barre de métal, permettent de se mouvoir
aisément, en marchant, en nageant, ou encore en s’allongeant sur un
tapis, sur des frites. L’eau favorise une sensation de portance,
d’enveloppement. Le lieu accueillant la piscine comprend également des
vestiaires, des douches. En effet le travail sur le corps commence par
l’activité de déshabillage/habillage (schéma corporel).
Enfin cet espace doit être perçu comme lieu agréable et sécurisant. Selon
les objectifs recherchés, les séances de balnéothérapie s’organisent entre
des moments dynamiques et des temps de détente, de relaxation. Il peut
s’agir également de séance individuelle ou en groupe. L’orientation du
travail est soutenue par différents professionnels (kinésithérapeute,
psychomotricien…) participants aux séances. La complémentarité des
fonctions permet d’appréhender la dimension corporelle dans son
ensemble (moteur et/ou psychique).
D’un point de vue psychique, il s’agit en définitive d’un espace potentiel.
La balnéothérapie met en scène l’articulation entre le jeu (espace de
création) et la relaxation (portages, fonction de maternage…) participant
au processus de symbolisation primaire (la capacité à se penser avec le
soutien d’un autre). Création d’un espace entre l’un et l’autre pour qu’il
puisse advenir dans ce lieu de rencontre du sujet. C’est-à-dire qu’il s’agit
de proposer un cadre suffisamment étayant pour dépasser les défenses et
les symptômes éventuellement portés par le corps (corps entravé, corps
douloureux) et visant à donner à celui-ci un statut d’instance organisatrice
pour le sujet (formation du Moi). L’eau enveloppe le corps, le soutient et
participe à médiatiser une relation apaisée avec l’accompagnant. L’eau a
cette particularité de venir épouser, délimiter la forme du corps en
donnant à la peau sa fonction de limite, de contenance. La médiation
aquatique propose un soin visant l’habitation du corps propre dans un lien
vivant à son environnement. A partir de l’éprouvé (perception sensorielle),
il s’agit de renforcer le sentiment d’unité corporelle base de l’incorporation
des liens relationnels. Le vécu agréable que procure l’eau (sensations
internes), l’accompagnement, le soutien de l’autre (verbalisations des
éprouvés) renforce ces expériences corporelles positives amenant à
petites doses la rencontre avec le monde extérieur devenant de ce fait
moins menaçant.
Frantz Boulais,
psychologue,
jeudi 8 octobre 2015.