pratiques et réseaux des naturalistes au québec, 1850-1920
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pratiques et réseaux des naturalistes au québec, 1850-1920
i MÉLANIE DESMEULES PRATIQUES ET RÉSEAUX DES NATURALISTES AU QUÉBEC, 1850-1920 Thèse présentée à la Faculté des études supérieures de lřUniversité Laval dans le cadre du programme de doctorat en histoire pour lřobtention du grade de Philosophiæ Doctor (Ph.D.) DÉPARTEMENT DřHISTOIRE FACULTÉ DES LETTRES UNIVERSITÉ LAVAL QUÉBEC 2011 © Mélanie Desmeules, 2011 i RÉSUMÉ Au cours des années 1850 à 1920, la science acquiert une place grandissante dans la société québécoise. Le rôle tenu par les naturalistes dans ce changement demeure un sujet pertinent pour comprendre les prémisses du développement du milieu scientifique au Québec. La méthode privilégiée pour cette recherche, lřenquête historique, permet dřapprofondir les conditions favorables à ce développement. Le recours aux archives personnelles des naturalistes et leurs publications de même que lřexploration de sources institutionnelles Ŕ les documents de la session Ŕ, rend plus complet ce portrait. Lřobjectif général de notre recherche est de brosser un tableau de la vie scientifique au Québec entre 1850 et 1920. Pour ce faire, nous cernons dřabord les pratiques scientifiques adoptées par les naturalistes. Comme ces derniers se confinent presque exclusivement aux sciences naturelles, la très grande majorité des pratiques concernent la récolte, la conservation et lřidentification de spécimens dřhistoire naturelle. Mais les pratiques relationnelles, comme la correspondance et la publication, et les pratiques académiques Ŕ tel le perfectionnement à lřétranger Ŕ prennent une place plus importante dans le milieu scientifique. Parce quřils constituent un aspect fondamental de la structure du milieu scientifique, les réseaux développés et infiltrés par les naturalistes sont un thème incontournable dans toute étude de ce milieu. Pour que leurs travaux aient une certaine résonance dans le milieu scientifique, les naturalistes intégrent des réseaux locaux, provinciaux, nationaux et internationaux. Afin de compenser leur éloignement des centres de production de la science occidentale, les naturalistes du Québec ont recours à la correspondance et aux échanges, ils adhèrent à des sociétés savantes et certains participent à des congrès scientifiques internationaux. Les naturalistes qui tentent dřintégrer le milieu scientifique doivent se conformer à sa dynamique particulière. Dans le cas des débats et des controverses scientifiques, ceux qui ii ne suivent pas les pratiques en vigueur dans leur discipline en sont exclus dřoffice. Quřils soient amateurs ou professionnels, on évalue leurs compétences selon lřétendue de leurs connaissances et de leurs activités. iii REMERCIEMENTS Cette recherche nřaurait pu voir le jour sans lřaide et lřencouragement de plusieurs personnes dont les plus importantes sont mes deux directeurs de doctorat : Martin Pâquet, professeur dřhistoire du Québec/Canada à lřUniversité Laval, et Yves Gingras, professeur dřhistoire et de sociologie des sciences à lřUniversité du Québec à Montréal, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en histoire et sociologie des sciences. Je les remercie chaleureusement pour leur support, leurs conseils et leur patience. Cette recherche nřaurait également pas la même ampleur sans les stimulantes discussions sur lřhistoire des sciences naturelles au Québec avec Jacques Cayouette, botaniste à Agriculture et Agroalimentaire Canada, qui permirent de débroussailler le terrain et de constater la place importante des naturalistes dans lřhistoire de la science au Québec. Je le remercie sincèrement pour sa disponibilité, son aide documentaire et son enthousiasme pour le sujet. De nombreux autres naturalistes mřont encouragée à continuer, tout au long de la recherche, ce voyage dans lřhistoire des sciences au Québec : Michel Savard, André Francoeur, Robert Loiselle et Benoît Larouche. Une bonne pensée, enfin, pour mes deux mécènes qui me sortirent parfois de certains embarras; ils se reconnaîtront. Cette recherche a bénéficié de lřaide financière du fonds de soutien du Département dřhistoire de lřUniversité Laval et de bourses de la Chaire de recherche du Canada en histoire et sociologie des sciences. iv TABLE DES MATIÈRES RÉSUMÉ i REMERCIEMENTS iii TABLE DES MATIÈRES iv LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS viii LISTE DES TABLEAUX x LISTE DU GRAPHIQUE xi LISTE DES ANNEXES xii INTRODUCTION 1 Problématique 5 Bilan historiographique 9 De la science et de son histoire Du scientifique et de la société 10 17 Plan de la thèse 18 CHAPITRE 1 Cadre méthodologique 21 Introduction 22 1.1 Cadre dřanalyse : approches théoriques 22 1.2 Nature et sélection des sources 28 1.2.1 Justification du choix des sources 1.2.1.1 Sources manuscrites 1.2.1.2 Sources imprimées 30 30 32 1.2.2 Traitement des sources 1.2.2.1 Détermination de la population étudiée 1.2.2.2 Collecte des données 1.2.2.3 Traitement ou analyse de contenu 34 34 35 35 v CHAPITRE 2 La société, la science et les naturalistes au Québec de 1850 à 1920 37 Introduction 38 2.1 La société canadienne-française de 1850 à 1920 38 2.2 La science au Québec de 1820 à 1920 48 2.2.1 Sociétés savantes 48 2.2.2 Manuels de sciences et monographies scientifiques 49 2.2.3 Enseignement des sciences 58 2.3 Les acteurs 70 2.3.1 Formation 70 2.3.2 Ressources intellectuelles 71 2.3.3 Intérêts disciplinaires 77 2.4 Les conditions favorables au développement des sciences au Québec 81 2.5.1 Conditions socio-économiques 81 2.5.2 Conditions politiques 83 2.5.3 Conditions culturelles 86 2.5.4 Conditions scientifiques 87 Conclusion 92 CHAPITRE 3 Pratiques scientifiques et spécialisation 93 Introduction 94 3.1 Les pratiques scientifiques 95 3.1.1 Pratiques disciplinaires 3.1.1.1 Récolte et conservation 3.1.1.2 Collection 3.1.1.3 Identification 3.1.1.4 Classification 95 95 97 101 108 vi 3.1.1.5 Description 3.1.1.6 Spécialisation 113 116 3.1.2 Pratiques académiques 3.1.2.1 Perfectionnement 120 120 3.1.3 Pratiques relationnelles 3.1.3.1 Correspondance 3.1.3.2 Publication 3.1.3.3 Vulgarisation 122 122 126 127 3.2 La spécialisation en sciences naturelles 130 3.2.1 La paléobotanique 131 3.2.2 La physiologie végétale 134 3.2.3 La bryologie 135 3.2.4 Lřentomologie 136 Conclusion 139 CHAPITRE 4 Les réseaux scientifiques au Québec, de 1850 à 1920 140 Introduction 141 4.1 Les réseaux formels : État et sciences au Québec 142 4.1.1 Les naturalistes font appel à lřÉtat 4.1.1.1 Recevoir des fonds 4.1.1.2 Susciter un intérêt ou recevoir une caution morale 142 143 157 4.1.2 LřÉtat fait appel aux naturalistes 161 4.2 Les réseaux informels : les naturalistes entre eux 164 4.2.1 Les échanges entre les naturalistes du Québec 164 4.2.2 Les échanges entre les naturalistes du Québec avec le reste du Canada, les États-Unis et lřEurope 171 4.2.3 Les moyens déployés par les naturalistes du Québec pour compenser leur éloignement 4.2.3.1 Correspondance et échanges 4.2.3.2 Adhésions à des sociétés savantes 4.2.3.3 Participation à des congrès 181 181 183 187 vii 4.2.4 Les réseaux invisibles 188 Conclusion 190 CHAPITRE 5 Lřespace de sociabilité en action : structuration, dynamique et autonomie 191 Introduction 192 5.1 La structuration de lřespace de sociabilité scientifique 192 5.1.1 Le portrait et lřidentité des acteurs 192 5.1.2 La position des acteurs 203 5.2 La dynamique de lřespace de sociabilité scientifique : les débats et les controverses scientifiques 208 5.2.1 Le darwinisme 209 5.2.2 Le venin de crapaud 213 5.2.3 Les tremblements de terre et les éclipses 215 5.3 Lřautonomie de lřespace de sociabilité scientifique 218 5.3.1 Les amateurs et les professionnels 219 5.3.2 Les obstacles au développement du milieu scientifique 221 Conclusion 225 CONCLUSION 227 Lřétat du développement du milieu scientifique au Québec en 1920 233 Perspectives de recherche en histoire des sciences au Québec pour le XIXe siècle et le début du XXe siècle 234 ANNEXE 1. LISTE ET BIOGRAPHIES DES NATURALISTES 236 ANNEXE 2. LISTE DES OUVRAGES RECENSÉS AU CHAPITRE 2 273 BIBLIOGRAPHIE 286 SITOGRAPHIE 334 viii LISTE DES SIGLES ET DES ABRÉVIATIONS % : pourcentage > : supérieur à [ ] : pour indiquer une note ajoutée par lřauteure & : et A.A.A.S. : American Association for the Advancement of Science A.C.F.A.S. : Association canadienne-française pour lřavancement des sciences agri. : agriculture A.I.C.Q. : Annuaire de lřInstitut canadien de Québec A.N.Q. : Archives nationales du Québec A.S.C. : Archives du Sémimaire de Chicoutimi B.A. : baccalauréat ès arts B.A.A.S. : British Association for the Advancement of Science c : circa C.G.C. : Commission géologique du Canada Cie/co : compagnie C.I.H.M./I.C.M.H. : Canadian Institute for Historical Microreproductions /Institut canadien d microfilmage historique C.M.G. : Companion of the Order of St.Michael and St.George c.n.d. : communauté Notre-Dame C.N.R.S. : Conseil national de recherche scientifique coll. : collection c.s.v. : clerc de Saint-Viateur comm. pers. : communication personnelle D.B.C. : Dictionnaire biographique du Canada D. ès-sc. : Scientiæ Doctor (docteur ès sciences) D.E.S. : diplôme dřétudes supérieures D.S.A. : diplôme en sciences agricoles dir. : directeur dr : docteur D. Sc. : Scientiæ Doctor (docteur ès sciences) ed. ou éd. : éditeur Eng. : engineer Esq. : esquire et al. : et alii. etc. : et cataera f.é.c. : frère des écoles chrétiennes F.G.S. : Fellow of the Geological Society of London F.R.S.C. : Fellow of the Royal Society of Canada gvr ou gouv. : gouvernement H.S.T.C. : Histoire de la science et de la technologie au Canada ibid. : ibidem I.H.S.S. : Institut dřhistoire et de sociopolitique des sciences I.H.T.P. : Institut dřhistoire du temps présent I.Q.R.C. : Institut québécois de recherche sur la culture ix LřHon. : LřHonorable L.H.S.Q. : Literary and Historical Society of Quebec LL.D. : Legum Doctor (docteur en droit) loc. cit. : loco citato M./Mr. : monsieur M.A. : maître ès arts M.D. : Medicinæ Doctor (docteur en médecine) Mgr : Monseigneur MM. : messieurs M. Sc. : maître ès sciences M.S.R.C. : Mémoires de la Société Royale du Canada N.A.H.S.T.E. : Navigational Aids for the History of Science, Technology and the Environment nb : nombre N.C. : Le Naturaliste canadien n.d. : non disponible N.d.a. : note de lřauteure N.H.S.M. : Natural History Society of Montreal No/no : numéro Nos : numéros N.U.I. : National University of Ireland N.Y.B.G. : New York Botanical Garden o.m.i. : oblat de marie immaculée op. cit. : opere citato p. : page P.D. : prélat Ph.D. : Philosophiæ Doctor (docteur en philosophie) prof. : professeur ou professor P.U.L. : Presses de lřUniversité Laval R.H.A.F. : Revue d’histoire de l’Amérique française R.P. : révérend père Sc. D. : Scientiæ Doctor (docteur ès sciences) S.C.H.N. : Société canadienne dřhistoire naturelle s.d./SD : sans date s.é. : sans éditeur s.l. : sans lieu soc. : société ou society S.P.P.Q. : Société de protection des plantes du Québec S.R.C. : Société royale du Canada T.S.F. : télégraphie sans fil U.S.G.S. : United States Geological Survey vol. : volume x LISTE DES TABLEAUX - Tableau 1.1 Types de sources consultées - Tableau 2.1 Manuels et monographies scientifiques, 1820-1849 - Tableau 2.2 Manuels et monographies de 70 naturalistes, 1850-1920 - Tableau 2.3 Manuels et monographies de 70 naturalistes du Québec, de 1850 à 1920, par décennie - Tableau 2.4 Bibliothèque de lřInstitut canadien de Québec - Tableau 2.5 Bibliothèque de lřInstitut canadien de Montréal - Tableau 2.6 Bibliothèque scientifique de lřabbé L. Provancher - Tableau 2.7 Bibliothèque scientifique de lřabbé J.-C.-K. Laflamme - Tableau 2.8 Bibliothèque scientifique de J.-C. Chapais, fils - Tableau 2.9 Bibliothèque scientifique de J.-C. Taché - Tableau 2.10 Nombre de disciplines scientifiques pratiquées par les naturalistes - Tableau 2.11 Discipline principale pratiquée par les naturalistes - Tableau 3.1 Études à lřétranger de naturalistes et de professeurs de science du Québec - Tableau 3.2 Les principales familles dřHyménoptères traitées par L. Provancher - Tableau 4.1 Comparaison de la proportion dřindividus et dřinstitutions donateurs - Tableau 4.2 Liste des sociétés savantes retenues - Tableau 4.3 Nombre de naturalistes par société savante (1800-1849) - Tableau 4.4 Nombre de naturalistes par société savante (1850-1920) - Tableau 5.1 Occupations des naturalistes du Québec 29 51 52 56 72 73 74 75 76 77 78 79 121 138 179 184 185 185 194 xi LISTE DU GRAPHIQUE - Graphique 2.1 Manuels et monographies pour 70 naturalistes, de 1850 à 1920 57 xii LISTE DES ANNEXES - Annexe 1. Liste et biographies des naturalistes 236 - Annexe 2. Liste des ouvrages recensés au chapitre 2 273 On nřa pas fini dřinventorier le monde. - Gilles Hénault, « Bestiaire », « Voyage au pays de la mémoire » Je nřai jamais rien étudié, parce que cela mřa toujours ennuyé; mais jřai beaucoup observé parce que cela mřamusait. - Vivant Denon INTRODUCTION Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, les sciences et les techniques investissent la majorité des sphères dřactivités de la société occidentale, comme lřéconomie, la politique, le social et le culturel, pour les influencer de manière durable. On pense aux bateaux à vapeur, aux chemins de fer, au télégraphe ou au développement de la mécanique qui infiltrent progressivement la production manufacturière1. La société canadienne-française ne fait pas exception et subit elle aussi de multiples changements tant aux niveaux économique, politique, social que culturel. Il en résulte que les sciences prennent une place grandissante au sein de cette société. Son rôle de producteur de connaissances et de diffuseur du savoir va progressivement se préciser au fil des avancées scientifiques et des changements techniques qui furent à la base des deux révolutions industrielles. Au Québec, de 1850 à 1920, plusieurs dizaines de naturalistes, issus du cours classique et exerçant principalement des professions libérales ou ecclésiastiques, sřintéressent aux sciences, en grand développement à cette époque. Les sciences naturelles les intéressent plus particulièrement. Si lřon rappelle que durant la seconde moitié du XIX e siècle, les inventaires pratiqués par les naturalistes étaient encore populaires, autant en Angleterre quřen Amérique du Nord2, on comprend que ceux, au Québec, attirés par les sciences se soient principalement tournés vers des disciplines comme la botanique, lřentomologie, la zoologie, la géologie et la paléontologie. Ceci est dřautant plus vrai que les ressources naturelles de la province nřétaient alors que très peu connues, tout comme sa faune et sa flore3. Les savants du Québec ont dès lors eu le champ libre pour étudier ce qui 1 J.D. Bernal, Science in History. Volume 2 : The Scientific and Industrial Revolutions, Cambridge, M.A., The M.I.T. Press, 1981, p. 544 et 547. 2 Carl Berger, Science, God, and Nature in Victorian Canada, Toronto, University of Toronto Press, 1983, 92 p.; Suzanne Zeller, Inventing Canada : Early Victorian Science and the Idea of a Transcontinental Nation, Toronto, University of Toronto Press, 1987, 356 p. 3 Les quelques naturalistes européens ayant séjournés au Canada aux XVII e et XVIIIe siècles qui sřadonnèrent à lřhistoire naturelle, comme Pierre Boucher (1622-1717), Michel Sarrazin (1659-1734), Jean-François Gaultier (1708-1756), Roland-Michel Barrin de la Galissonière (1693-1756), Pehr Kalm (1716-1779) et André Michaux (1746-1803), sřoccupèrent presque exclusivement de botanique dans un but utilitaire, à la 2 les préoccupe; ils trouvèrent dans lřhistoire naturelle des disciplines toutes indiquées pour leurs recherches et leurs études. Les historiens des sciences qui se sont penchés sur lřhistoire de cette période ont bien analysé le développement des sociabilités scientifiques au Québec4. Notre but nřest pas de remettre en question leur contribution, mais de compléter ce portrait en traçant un bilan des contributions des naturalistes et de leurs réseaux de sociabilité. Ce que nous pouvons affirmer, dřaprès nos recherches, cřest quřau cours de la période allant de 1850 à 1920, on assiste à lřaugmentation du nombre de naturalistes au Québec, à la disciplinarisation et la spécialisation des sujets dřétude Ŕ à lřinstar de la physique5, de la géologie6 et des sciences naturelles Ŕ et à lřémergence de pratiques scientifiques normalisées avec le reste de lřAmérique du Nord7. Cette période particulière dans lřhistoire des sciences au Québec, qui débute en 1850 lorsque lřUniversité Laval est créée à Québec, et prend fin lorsque lřUniversité de Montréal obtient son autonomie de Laval, en 1920, est intéressante à plusieurs égards. Le nombre de naturalistes augmente tout au long de la période. Les sujets dřétudes se multiplient et se diversifient; on produit ainsi un portrait de plus en plus complet des ressources naturelles recherche de plantes médicinales et dřintérêt économique. Les correspondances que M. Sarrazin et J.-F. Gaultier échangèrent successivement avec les botanistes Joseph-Pitton de Tournefort (1656-1708) et HenriLouis Duhamel du Monceau (1700-1782), au Jardin des Plantes à Paris, témoignent de cet intérêt pour des plantes américaines transférables en Europe. 4 Quelques historiens couvrent une partie de la période qui est ici considérée : Jean-François Auger, La recherche utilitaire dans les facultés de génie canadiennes : au service de l’industrie et du gouvernement, 1870-1950, Thèse (histoire), Université du Québec à Montréal, 2004, vii-256 f.; Stéphane Castonguay, Protection des cultures, construction de la nature. Agriculture, foresterie et entomologie au Canada 18841959, Sillery, Les Éditions du Septentrion, 2004, 369 p., « Cahiers des Amériques »; Éric David, Le clergé catholique canadien-français et la théorie de l’évolution, 1860-1950, Mémoire de M.A. (histoire), Université du Québec à Montréal, 2003, iv-99 p.; Robert Gagnon, avec la collaboration de Armand J. Ross, Histoire de l’École Polytechnique de Montréal 1873-1990 La montée des ingénieurs francophones, Montréal, Les Éditions du Boréal, 1991, 526 p.; Marc Vallières, Des mines et des hommes. Histoire de l’industrie minérale. Des origines au début des années 1980, Québec, Les publications du Québec, 1989, 439 p. 5 Yves Gingras, Les origines de la recherche scientifique au Canada : le cas des physiciens, Montréal, Boréal, 1991, 299 p. 6 Morris Zaslow, Reading the Rocks : the story of the Geological Survey of Canada, 1843-1972, Toronto, Macmillan Co. of Canada, 1975, 599 p. 7 Luc Chartrand, Raymond Duchesne et Yves Gingras, Histoire des sciences au Québec, Montréal, Éditions du Boréal, 1987, 487 p. 3 de la province. Les réseaux scientifiques se mettent également en place et sřélargissent tant aux niveaux national quřinternational, ce qui permet la mise en contact des naturalistes du Québec avec leurs homologues canadiens, américains et européens. Ils prennent conscience de lřutilité de leurs recherches et diffusent les développements de la science occidentale dans leur société. Ils sřengagent aussi dans la vulgarisation auprès du grand public et des élèves de lřélémentaire et du collégial classique, tout en réclamant une attention plus grande de la part des pouvoirs publics. Enfin, les premières institutions et associations destinées à encadrer lřœuvre des naturalistes se développent dans la société canadienne-française. Dans un premier temps, précisons le cadre géographique du projet. Celui-ci se limite au Québec, et non pas à lřensemble du Canada français dřaujourdřhui. Les Québécois du XIXe siècle sřappelaient toutefois Canadiens français, ce qui explique quřils considéraient le Québec comme le Canada français. Cřest dans cette province, en effet, que lřon retrouvait, et retrouve encore, le plus grand nombre de francophones au Canada. Nous conserverons lřappellation de Canadiens français pour désigner les Québécois du XIX e siècle. Pour ce qui est des Québécois dřorigine britannique ou canadienne, nous les désignerons principalement par le qualificatif dřanglophones. Le choix du Québec sřexplique également par le fait quřil sřagit dřune région bien délimitée géographiquement, politiquement Ŕ du moins depuis 1867 Ŕ et aussi culturellement. Il suffit, pour sřen convaincre, de considérer la religion pratiquée (catholique), la langue parlée par une majorité de la population (le français) et lřidentité culturelle, issue de lřancienne colonie française, rapportée par les Canadiens français de lřépoque. Ainsi, la présence dřinstitutions de langue française dans les régions du Québec justifie amplement ce choix. Enfin, nous considérons lřensemble du territoire du Québec, et pas seulement des métropole et capitale comme Montréal et Québec, car nous retrouvons des naturalistes partout dans la province, aussi bien dans les centres que dans les régions dites périphériques. Certes, comme le mentionne Yvan Lamonde, le défi est bien « de sortir de 4 Montréal et de Québec et dřaller vers le middletown comme Saint-Hyacinthe ou Sherbrooke ; (…)8 », ou encore Trois-Rivières, La Pocatière ou Chicoutimi. Dans un deuxième temps, le cadre chronologique couvre la période de 1850 à 1920. Même sřil sřagit dřune longue époque, cette périodisation a été retenue, car elle permet dřétudier une période moins connue de lřhistoire québécoise des sciences. Depuis les années 1930, alors que lřon annonce lřexistence dřune communauté scientifique canadienne-française autonome, les naturalistes proclament que le développement des sciences a commencé au Québec vers 19209. Cette tendance historiographique, qui perdure pendant près de 75 ans, pourrait être nuancée par une analyse en profondeur des acteurs et des manifestations du milieu scientifique dans les décennies précédant 1920. Nous adoptons donc ici la pensée de Richard A. Jarrell, historien canadien des sciences, qui affirme « that several distinct Canadian scientific communities existed earlier in the nineteenth century than many historians have been willing to assume10 ». La période retenue apparaît également importante dans lřhistoire scientifique et intellectuelle du Québec. Ainsi, la création de lřUniversité Laval, en 1850, « jette les bases institutionnelles de la production et de la reproduction dřun groupe dédié au monde des idées11 ». À lřautre limite, la création de lřUniversité de Montréal, en 1920, « fournit la première génération de scientifiques actifs, et surtout de façon coordonnée, sur la place publique12 ». Même si ces deux institutions universitaires ne rassemblent pas tous les 8 Yvan Lamonde, « Lřhistoire culturelle et intellectuelle du Québec : tendances et aspects méthodologiques », dans Lamonde, Territoires de la culture québécoise, Sainte-Foy, Les Presses de lřUniversité Laval, 1991, p. 14. 9 Comme le mentionne Cyrias Ouellet : « On pourrait, sans rien omettre de significatif, faire remonter à 1920 lřorigine de la vie scientifique au Canada français. Ce qui sřest passé avant cette époque nřest pas dénué dřintérêt, mais se résume à des faits isolés qui nřeurent pas de suites. » Ouellet, La Vie des sciences au Canada français, Québec, Ministère des Affaires culturelles, 1964, p. 13. Voir également Léon Lortie, « Les débuts de lřère scientifique », dans Léon Lortie et Adrien Plouffe (dir.), Aux sources du présent. Études présentées à la Section I de la Société Royale du Canada, Toronto, University of Toronto Press, 1960, p. 90104. 10 Richard A. Jarrell, « British Scientific Institutions and Canada : The Rhetoric and the Reality », Transactions of the Royal Society of Canada, Serie IV, volume XX (1982), p. 534. 11 Yves Gingras, « Le rôle dřintellectuel des scientifiques québécois », dans Manon Brunet et Pierre Lanthier (dir.), L’inscription sociale de l’intellectuel, Les Presses de lřUniversité Laval et LřHarmattan, 2000, p. 334. 12 Ibid., p. 335. 5 naturalistes de la période, elles vont influencer durablement le développement des sciences et la diffusion de la culture scientifique dans la province. Problématique Ce projet de recherche consiste en une étude de la place et du rôle des naturalistes du Québec dans la genèse du milieu scientifique au Québec, du développement des pratiques scientifiques et du déploiement des réseaux scientifiques dans la dynamique de ce même milieu. Cette période correspond aux balbutiements de la recherche scientifique au Québec. Certes, au cours de la première moitié du XIXe siècle, quelques naturalistes publient des manuels de sciences, mais aucun ne produit une œuvre scientifique que lřon pourrait qualifier dřoriginale13. Ces naturalistes autodidactes, et surtout ceux qui les suivirent jusque vers 1880, ne se posaient pas la question du contenu de leurs recherches. Il sřagissait de répertorier les productions naturelles du pays, que ce soit les plantes, les minéraux ou les animaux, selon les objectifs dřinventaire aux fondements de la science victorienne et aussi produire des manuels de sciences en français14. 13 Voici les principaux : Napoléon Aubin, La Chimie agricole mise à la portée de tout le monde, Québec, 1847, 116 p.; Jean-Antoine Bouthillier, Traité d’arithmétique pour l’usage des écoles, Québec, 1809, 144 p.; Deuxième édition revue et corrigée, Québec, Neilson Cowan, 1829, 171 p.; Quatrième édition, Québec, Middleton, 1850, 170 p.; Septième édition, Québec, J. et O. Crémazie, 1858; Joseph Cauchon, Notions élémentaires de physique, avec planches, à l’usage des maisons d’éducation, Québec, 1841, 124 p.; Clercs de Saint-Viateur, Cours élémentaire de botanique et d’agriculture. Premier traité. Botanique. Par un des professeurs du Collège de Nicolet, Berthier, Imprimerie de lřÉcho des Campagnes, 1848, 96 p.; Congrégation de Notre-Dame, Petite histoire naturelle, ou leçons sur les minéraux, les plantes et les animaux qu’il est le plus utile de connaître. Nouvelle édition revue et augmentée. Ouvrage en usage dans les pensionnats des sœurs de la Congrégation de Notre-Dame et approuvé par Sa Grandeur Mgr J. C. Prince, etc., Berthier, N.E. Morel, éditeur-propriétaire, P.-J. Guitte, Bureau de lřÉcho des Campagnes, 1847, 220 p.; Frères des Écoles chrétiennes, Nouveau traité d’arithmétique à l’usage des Écoles Chrétiennes des Frères, Montréal, C.P. Leprohon, 1838, 140 p.; Idem, Traité d’arithmétique contenant toutes les opérations ordinaires du calcul, etc., à l’usage des Écoles Chrétiennes, Montréal, Lovell et Gibson, 1847, 240 p.; Idem, Solution des problèmes du Traité d’arithmétique avec leurs réponses, à l’usage des Écoles Chrétiennes, Montréal, Lovell et Gibson, 1848, 80 p.; Jean-Baptiste Meilleur, Cours abrégé de leçons de chymie; contenant une exposition précise et méthodique des principes de cette science, exemplifiés etc., Montréal, Presses de Ludger Duvernay, 1833, xxiii-144 p.; N.E. Morel, Leçons de physiologie humaine : exposition précise de quelques phénomènes de la vie; ouvrage adopté par les Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame. Publié par N.E. Morel, Montréal et Québec, 1847, 144 p. 14 Zeller, op. cit. 6 Le naturaliste typique du Québec doit se débrouiller le plus souvent seul, cřest-à-dire quřil doit trouver la documentation spécialisée, « rassembler lui-même son équipement de recherche, (…), préparer ses spécimens, (…), les classer, etc., autant de tâches qui empiètent sur la productivité scientifique15 ». Dans le meilleur des cas, il fait partie dřune institution dřenseignement16 qui, si elle ne dispose pas de grands moyens financiers, leur fournit un environnement de travail stable et assez organisé. Lřactivité de recherche de tous les naturalistes du Québec reste néanmoins longtemps tributaire du gagne-pain quřils exercent (enseignement, prêtrise, profession libérale, ou un amalgame de ces activités), sans quoi elle nřaurait jamais vu le jour, faute de temps et de ressources financières. Pour la période qui nous préoccupe, il ne nous est permis de considérer quřune étape dans la formation dřune communauté scientifique « nationale », selon le modèle de Y. Gingras, qui est « celle de lřémergence dřune pratique de la recherche. » Ainsi, « pour que les agents puissent produire les connaissances mises en circulation dans le milieu, il faut aussi que les ressources matérielles et institutionnelles soient disponibles 17 ». Les pratiques et les réseaux mis en place par les naturalistes du Québec constituent, selon nous, une des voies par excellence pour analyser les conditions dřémergence du milieu scientifique canadien-français à partir de 1850. En effet, lřexamen des pratiques amène à sřinterroger sur ceux qui se réclamaient du nouveau discours scientifique en formation au Québec durant cette période, à voir comment ils ont implanté ces pratiques, quels étaient leurs réseaux et quřelles ont été les retombées de leurs actions dans la société de lřépoque. 15 Bernard Boivin, « Ernest Lepage (1905-1981) », Bulletin de la Société botanique du Québec, no 2 (1981), p. 11 et Le Naturaliste canadien, volume 126, no 2 (été 2002), p. 11. 16 Les collèges classiques, lřUniversité Laval et lřUniversité McGill pour la période à lřétude. 17 Gingras, op. cit. (1991), p. 12. Ce modèle de « formation dřune communauté nationale active dans un champ scientifique » comporte trois phases. La première phase est « celle de lřémergence dřune pratique de la recherche ». La deuxième phase, celle de lřinstitutionnalisation, postule quřune fois ces conditions réunies, « il revient aux premiers représentants de cette nouvelle catégorie dřagents dřimposer une conception de lřinstitution universitaire qui soit compatible avec leurs activités scientifiques et qui permette la reproduction à long terme du groupe ». Enfin, la dernière phase consiste en « la constitution d’une identité sociale de type disciplinaire (association scientifique) ou professionnel (corporation), » qui amènera les scientifiques à acquérir une certaine visibilité sociale indispensable pour la défense de leurs intérêts associatifs, corporatifs et disciplinaires. Ibid., p. 12-13. Les italiques sont de lřauteur. 7 Certains pourront se demander pourquoi avoir choisi principalement des disciplines issues des sciences naturelles ? Tout simplement parce que les naturalistes actifs au Québec à cette époque ont très majoritairement investi lřune ou lřautre des branches de lřhistoire naturelle, si ce nřest pas de plusieurs. Nous en avons pour preuve la plus grande partie de la production de monographies scientifiques, de manuels, de rapports et dřarticles qui se concentrent sur lřhistoire naturelle. Très peu ont choisi des disciplines comme la chimie, les mathématiques ou lřastronomie18 et ceux qui sřy sont consacrées lřont fait en parallèle avec dřautres disciplines dřhistoire naturelle, peut-être parce que les investissements nécessaires (instruments et laboratoires) nřétaient pas à leur portée ou que lřinventaire des ressources naturelles paraissait une tâche plus urgente à accomplir. Ainsi, lřexploitation du territoire et la colonisation dans des régions nouvelles requéraient le développement dřun savoir pratique, comme en agriculture, en foresterie et dans le secteur minier19. On pourra également se demander pourquoi nous nřincluons pas des disciplines comme la médecine et la pharmacie, et la foresterie. Dřautres études ont déjà analysé plus en profondeur que je pourrais ne le faire, leur place dans lřhistoire du Québec 20. De plus, elles représentent une part moins importante des disciplines de sciences naturelles. Le cadre de cette thèse ne permet pas dřétendre la recherche à ces disciplines qui demanderaient, pour chacune dřelle, une recherche indépendante. * 18 On peut en compter huit sur les soixante-dix naturalistes retenus pour notre étude. Voir lřannexe 1 pour la liste de ces naturalistes. 19 Voir par exemple Castonguay, op. cit., Zaslow, op. cit. et Zeller, op. cit. 20 Jacques Bernier, La médecine au Québec. Naissance et évolution d’une profession, Québec, Les Presses de lřUniversité Laval, 1989, xi-207 p.; Marcel Fournier, Yves Gingras et Othmar Keel (dir.), Sciences & médecine au Québec. Perspectives historiques, Québec, IQRC, 1987, 201 p.; Denis Goulet, Histoire du Collège des médecins du Québec. 1847-1997, Montréal, Collège des médecins du Québec, 1997, 263 p.; Guy Grenier, 100 ans de médecine francophone Histoire de l’Association des médecins de langue française du Canada, Sainte-Foy, Éditions MultiMondes, 2002, 444 p.; Johanne Collin et Denis Béliveau, Histoire de la pharmacie au Québec, Montréal, Musée de la pharmacie du Québec, 1994, xvii-333 p.; Castonguay, op. cit.; Michel F. Girard, L’écologisme retrouvé. Essor et déclin de la Commission de la conservation du Canada, Ottawa, Presses de lřUniversité dřOttawa, 1994, 308 p. 8 L'objectif général de notre étude consiste à examiner la place des naturalistes du Québec au cours de la seconde moitié du XIXe siècle et de voir leur évolution jusqu'à 1920. Les objectifs spécifiques du sujet de recherche sont de brosser un portrait des naturalistes, de décrire leurs pratiques, particulièrement scientifiques, d'évaluer la place des naturalistes dans les réseaux scientifiques et leur rôle dans le développement du milieu scientifique au cours de la période visée et d'étudier l'état de la science au Québec à la fin de la même période. Les représentants les plus actifs et influents dans le milieu scientifique canadienfrançais sont bien connus. Les biographies des abbés Joseph-Clovis-K. Laflamme et LouisOvide Brunet, parues dans Le Naturaliste canadien21, ou celles de Léon Provancher et du frère Marie-Victorin22, sont là pour en témoigner. Mais pour comprendre le plus globalement possible les conditions de développement du milieu scientifique, il sřagit dřaller au-delà des cas dřespèces et de retracer les naturalistes les moins connus qui ont également contribué à la naissance et au développement du milieu scientifique au Québec. Ces acteurs présentent certains traits communs qui permettent de les regrouper, comme leurs connaissances, les réseaux institutionnels quřils intègrent (église catholique, institutions dřenseignement), des sociétés savantes quřils fréquentent et les liens quřils tissent avec lřÉtat. Puisque la formation et lřitinéraire des naturalistes constituent des éléments essentiels pour leur reconnaissance dans le milieu scientifique23, nous nous proposons de suivre, comme le suggère Y. Gingras24, lřitinéraire et lřaction de tous ceux qui participent à lřactivité scientifique et à la création du milieu scientifique au Québec, cřest-à-dire de ceux qui forment ce que lřon pourrait appeler une génération intellectuelle25. 21 René Bureau, « Monseigneur Joseph-Clovis-K. Laflamme, géologue », Le Naturaliste canadien, vol. LXXVII, nos 7-8 (juillet-août 1950), p. 185-221; Mgr Arthur Maheux, « Savants du Canada français. Monseigneur Joseph-Clovis-K. Laflamme 1849-1910 », Le Naturaliste canadien, vol. XC, no 2 (février 1963) à vol. XCI, no 5 (mai 1964); Mgr Arthur Maheux, « Louis-Ovide Brunet Botaniste 1826-1876 », Le Naturaliste canadien, vol. LXXXVII, no 1 (janvier 1960) à vol. LXXXIX, no 10 (octobre 1962). 22 Victor-Alphonse Huard, La vie et l’œuvre de l’abbé Léon Provancher, édition spéciale, Paris et Québec, Librairie J.P. Garneau, 1926, 511 p.; Robert Rumilly, Le frère Marie-Victorin et son temps, Montréal, Les Frères des Écoles Chrétiennes, 1949, 459 p. 23 Martin Pâquet, « Science du pouvoir, pouvoir des sciences : quelques tendances de lřhistoriographie canadienne des sciences », Acadiensis, vol. XXX, no 1 (automne 2000), p. 95. 24 Gingras, op. cit. (« Le rôle dřintellectuel ... »), p. 333. 25 Jean-François Sirinelli, « Le hasard ou la nécessité ? Une histoire en chantier : lřhistoire des intellectuels », Vingtième siècle. Revue d’histoire, no 9 (janvier-mars 1986), p. 97-108. 9 De plus, comme lřécrit Jean-Philippe Warren, on tente de « sřémanciper de lřanalyse institutionnelle des intellectuels, pour sřintéresser davantage aux jeux dřinfluence et les mouvements de pensée formant la trame du monde des idées26 ». Certes, on scrute les liens quřentretiennent les naturalistes avec les institutions, mais plus globalement les rapports quřils exercent entre eux et lřensemble de la société27. La contextualisation est importante ici, car nous ne croyons pas quřil y ait de génération spontanée, ni dřun naturaliste, ni dřun milieu scientifique. De même, afin dřévaluer la place des acteurs dans le milieu scientifique, notre analyse du rôle des naturalistes ne pourra faire abstraction du politique. Bilan historiographique Les disciplines historique et sociologique qui retracent lřévolution des activités scientifiques dřun pays, dřune époque ou dřun groupe dřindividus constituent des domaines par lesquels lřexploration minutieuse des modalités dřintervention des acteurs du social et du politique ne font que commencer. Certes, depuis une trentaine dřannées, les praticiens de lřhistoire des sciences et de la sociologie des sciences ont effectué de grandes percées du côté dřune analyse sociale plurielle des facteurs dřémergence et de développement des sciences dans une foule de sociétés et dřépoques. Les principaux acteurs culturels de ces activités ont nécessairement été mis en évidence, de même que leur implication dans le développement scientifique et social. Une certaine partie de ce développement est donc reconnu, mais il y demeure de nombreuses zones dřombre, que ce soit du côté des réseaux de sociabilité socioculturelles, des implications politiques et sociales des acteurs scientifiques, ou encore de la composition des réseaux de scientifiques. 26 Jean-François Warren, « Sciences sociales et religions chrétiennes au Canada (1890-1960) », Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 57, no 3 (hiver 2004), p. 421, citant Brian A. McKillop, A Discipline Intelligence. Critical Inquiry and Canadian Thoughts in the Victorian Era, Montréal, McGill et Queenřs University Press, 2001, p. xix. 27 Pâquet, loc. cit., p. 94. 10 De la science et de son histoire Lřhistoire des sciences, longtemps considérée comme la chasse-gardée des scientifiques, a connu une évolution spectaculaire au cours des quarante dernières années. Cette sous-discipline historique est ainsi passée dřune histoire héroïque, écrite par et pour les scientifiques28, à une histoire bien intégrée au champ historique. Les tenants dřune histoire héroïque cherchaient principalement à mettre en évidence les figures les plus importantes des savants et des inventeurs du passé, les principales institutions dřenseignement et de recherche scientifiques de même que les grands événements qui ont jalonné lřhistoire dřune discipline scientifique dans un pays 29. Une telle histoire ne pouvait servir quřà des fins pédagogiques ou de glorification des différentes traditions de recherche dřune discipline30. Au Québec, les quelques naturalistes qui ont écrit sur lřhistoire des sciences de la province, comme le frère Marie-Victorin, Jacques Rousseau, Cyrias Ouellet et Léon Lortie31, sont demeurés dans ce cadre restrictif. Il en est de même des biographies des « premiers » scientifiques canadiens-français publiées au cours de la première moitié du XXe siècle32, qui véhiculent également une vision hagiographique des acteurs scientifiques et du développement des sciences au Québec. Une deuxième tradition historiographique, qui sřéloigne de la première, visait à analyser les fondements philosophiques du développement des sciences. Produites dans les années 1950 à 1970 principalement, ces études épistémologiques cherchaient à « (…) clarifier et approfondir la compréhension des méthodes scientifiques contemporaines ou 28 Raymond Duchesne, « Historiographie des sciences et des techniques au Canada », Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 35, no 2 (septembre 1981), p. 208. 29 Ibid., p. 197-203. 30 Thomas S. Kuhn, « Science I. The History of Science », dans David L. Sills (ed.), International Encyclopedia of the Social Sciences. Volume 14, The Macmillan Company & The Free Press, 1968, p. 74. 31 Marie-Victorin, « Sciences naturelles au Canada. Lřétude des sciences naturelles. Son développement chez les Canadiens français (suite et fin) », Revue canadienne (nouvelle série), vol. 20, no 5 (novembre 1917), p. 339-358; pour Jacques Rousseau, consultez sa bio-bibliographie de Camille Laverdière et Nicole Carette, Jacques Rousseau 1905-1970 Curriculum – Anthologie – Témoignages – Bibliographie, Sainte-Foy, Les Presses de lřUniversité Laval, 1999, p. 346-347; Ouellet, op. cit. (La vie des sciences au Canada français); Lortie, op. cit. (« Les débuts de lřère scientifique ») et « La trame scientifique de lřhistoire du Canada », dans G.F. Stanley, Les Pionniers de la science canadienne, Toronto, University of Toronto Press, 1966, p. 3-35. 32 Voir notes 21 et 22. 11 des concepts exposant leur évolution. En sřengageant dans cette voie, lřhistorien choisit typiquement une science bien établie ou une branche dřune discipline scientifique (…) et décrit quand, où et comment ont été façonnés les éléments constituant son sujet et sa méthode33 ». Les principaux philosophes des sciences qui se sont penchés sur les théories du développement scientifique ou les obstacles au progrès des sciences et des découvertes sont encore largement cités aujourdřhui34. Les naturalistes férus dřhistoire et les philosophes qui se sont lancés sur cette voie considéraient « (…) que lřhistoire des sciences nřest pas seulement la mémoire de la science mais aussi le laboratoire de lřépistémologie35 ». Par conséquent, ils nřont donc pas produit dřétudes dřhistoire des sciences en tant que telles, puisquřils utilisaient plutôt divers événements historiques Ŕ comme les découvertes, les inventions, les échecs ou lřétude des méthodes de recherche scientifiques Ŕ pour appuyer leurs démonstrations épistémologiques. Les historiens ont plus ou moins été tenu à lřécart de ce mouvement ayant plus influencé la discipline philosophique que la pratique historique. Au Québec, il ne semble pas y avoir eu de représentants de cette vision qui a eu comme conséquence de déposséder pour un temps lřhistoire de son objet dřétude, à savoir la science, qui possède son histoire propre comme toutes autres manifestations de lřactivité humaine36. Une troisième voie historiographique est tracée au cours des années 1950 à 1980 par les historiens versés dans lřanalyse théorique de leur discipline. Deux conceptions sřaffrontent et coexistent alors dans les cercles de la production en histoire des sciences : lřinternalisme et lřexternalisme. Pour les internalistes, les facteurs du progrès scientifique Ŕ on dirait aujourdřhui du développement scientifique Ŕ ne se retrouvent que dans la science elle-même. Ainsi, « (…) le mouvement des idées scientifiques est produit par une dynamique interne : les théories se développeraient et sřenchaîneraient dans un univers 33 Kuhn, op. cit., p. 75. Il sřagit principalement de Karl R. Popper, Thomas S. Kuhn, Paul K. Feyerabend, Imre Lakatos et Gaston Bachelard, pour nřen citer que quelques-uns. 35 Georges Canguilhem, « Introduction. Lřobjet de lřhistoire des sciences », dans Canguilhem, Études d’histoire et de philosophie des sciences, Paris, Librairie philosophique J. Vrin, 1975, p. 12. 36 Ibid., p. 16. 34 12 dřidées et de représentations Ŕ leur contexte étant placé en position seconde37 ». Les producteurs de cette histoire internaliste écartent donc toute influence externe, à la fois sociale et politique, dans leurs reconstitutions du passé scientifique. À lřautre extrême, les externalistes considèrent plutôt que « (…) la « base économique », les circonstances politiques, sociales, ainsi que lřenvironnement technique, conditionneraient la production des savoirs scientifiques38 ». Les historiens externalistes voient également les naturalistes comme un groupe social dont lřactivité est liée à dřautres activités humaines que la science seule39. Ce type dřanalyse conduisit certains historiens à produire des études à caractère sociologique, sur des sociétés savantes ou des institutions scientifiques par exemple, ou encore des sociologues à sřintéresser à lřactivité scientifique comme faisant partie intégrante du social. À lřaube des années 1980, lřhistoire des sciences demeurait toujours au Québec une sous-discipline marginale du champ historique40. Ainsi, à ce moment, les historiens des sciences nřétaient encore « (quř)au plan de la définition de [leur] champ dřétude, (…), [et] quřau stade des hypothèses, des préjugés et du parti pris41 ». Plus récemment, Gérard Simon, dans Sciences et histoire, proposait une réconciliation de la vision internaliste et externaliste. Pour lui, lřanalyse de la société dans laquelle est produite la science (« (…) discerner les lieux et les époques »), de même que lřapport des individus (« les personnages dřexception »42), permet « de mieux saisir dans quel ordre et selon quelles étapes sřest opérée la percée intellectuelle capitale qui a fini par modeler le 37 Pascal Acot, L’histoire des sciences, Paris, Presses Universitaires de France, 1999, p. 40. (Coll. « Que saisje ? » no 3495) 38 Ibid. 39 Ibid., p. 42. 40 Marcel Fournier, Yves Gingras et Othmar Keel, « Introduction », dans Sciences & médecine au Québec. Perspectives historiques, Québec, I.Q.R.C., 1987, p. 12. 41 Raymond Duchesne, « Problèmes dřhistoire des sciences au Canada français », dans R.A. Jarrell et N.R. Ball (ed.), Science, Technology, and Canadian History. Les Sciences, la technologie et l’histoire canadienne, 1980, p. 28. 42 Gérard Simon, Sciences et histoire, Éditions Galllimard, 2008, p. 139. 13 monde contemporain43 ». En bref, il affirme dřabord que « lřaventure historique collective des mutations scientifiques est également, (…), une aventure individuelle, et cřest cela aussi qui mérite attention44 ». Puisque lřétude des « besoins auxquelles elles [les sciences] sont conviées à répondre varient aussi avec le contexte intellectuel, politique et social dans lequel elles baignent », lřhistorien se doit de délimiter le « donné social »45. Cette dernière activité ne se borne pas « à lřétude des changements intellectuels quřelle implique, mais, quand les documents le permettent, à dřautres, qui peuvent être dřordre technique, politique, administratif et social46 ». Depuis une trentaine dřannées, les choses ont bien changé. On a assisté à lřintégration progressive de lřhistoire des sciences au champ historique. Cette discipline sřest ainsi rapprochée des dernières tendances de la recherche historique : « le développement de lřhistoire sociale facilite la rencontre de ces deux groupes et de leurs domaines de recherche. (…) Cette approche résolument sociale tient compte non seulement des individus mais aussi des institutions de production et de diffusion des connaissances (…)47 ». Avec lřajout de lřanalyse politique à lřanalyse sociale, « (…) la science est désormais considérée non pas tel quřun objet subissant le pouvoir, mais comme un sujet lřexerçant, (…)48 ». Ces derniers développements annoncent le début de lřunification de ce terrain dřenquête. Concrètement, comment cela se manifeste-t-il ? Dřabord par des questions nouvelles liées à lřhistoire du développement économique (progrès et innovations techniques), à lřhistoire des idées et de la culture scientifique (musées de sciences, idéologies et sciences, …), à lřhistoire des institutions (rôle des naturalistes dans la société) 43 Ibid., p. 11. Ibid., p. 117-118. 45 Ibid., p. 113. 46 Ibid. 47 Fournier, Gingras et Keel, op. cit., p. 12. 48 Pâquet, loc. cit., p. 93. 44 14 ou encore par diverses études comparées concernant entre autres la disciplinarisation et lřinstitutionnalisation des sciences ou le contexte dans lequel les naturalistes ont travaillé49. Les historiens des sciences québécois ont maintenant adopté ce nouveau programme de recherche dans lequel « (…) une meilleure compréhension du développement scientifique québécois devrait non seulement faire place au contexte spécifique qui définit les limites des différentes pratiques possibles, mais aussi de tenir compte du rapport que divers groupes ou institutions entretiennent avec des milieux extérieurs tant canadiens quřinternationaux50 ». Cřest dans cette perspective renouvelée que les auteurs de lřHistoire des sciences au Québec ont présenté leur synthèse historique en montrant que lřhistoire des sciences de cette province est liée à celle du reste du monde51. La nouvelle histoire sociale des sciences ne se manifeste pas seulement par des questions nouvelles, mais également par lřusage de nouveaux concepts dans lřanalyse des conditions sociales du développement scientifique. Issus en bonne partie de lřhistoire intellectuelle, ces concepts font état de la mise en place dřun dialogue renouvelé entre les sous-disciplines de ce vaste champ dřétudes52. Lřhistoire intellectuelle apporte aussi à lřhistoire des sciences divers concepts qui peuvent être utiles pour ceux qui se penchent entre autres sur les interactions entre scientifiques. Ainsi, les concepts de structures de sociabilité ou de générations intellectuelles, élaborées par lřhistorien français Jean-François Sirinelli, nous permettent dřen arriver à une compréhension globale de lřitinéraire des scientifiques53. 49 Duchesne, loc. cit. (R.H.A.F.), p. 210 et Raymond Duchesne, « Science et société coloniale : les naturalistes du Canada français et leurs correspondants scientifiques (1860-1900) », H.S.T.C. Bulletin, vol. 5, no 18 (1981), p. 99. 50 Fournier, Gingras et Keel, op. cit., p. 13-14. 51 Chartrand, Duchesne et Gingras, op. cit. 52 Dominick LaCapra, Rethinking Intellectual History. Texts, Contexts, Language, Ithaca et London, Cornell University Press, 1983, p. 24. 53 Sirinelli, loc. cit. (« Le hasard … »), p. 97-108. 15 Enfin, les historiens des sciences consacrent de plus en plus de temps à des études comparées concernant les échanges scientifiques entre les sociétés métropolitaines et coloniales, la pratique de la science dans les sociétés coloniales ou encore les institutions scientifiques européennes ou américaines54. Au Canada, plusieurs historiens se consacrent à de telles études, tandis quřau Québec, certains remettent en cause les prétendues influences quřéxerceraient la science pratiquée dans les métropoles européennes et américaines sur celle des sociétés coloniales55. En dernier lieu, il convient de présenter quelques débats qui ont toujours cours en histoire des sciences au Québec et qui permettent à cette discipline de contribuer à sa façon au développement du champ historique. Ainsi, pendant plusieurs décennies, autant en histoire des sciences quřen histoire socio-économique, il était dûment accepté que le Québec dřavant 1960 fut replié sur lui-même. Lřhistoriographie traditionnelle nřaurait fait que coller ce vernis sur la question du développement des sciences au Québec, certains scientifiques du début du XXe siècle, se faisant aussi historiens de leur discpline, déclarant que la province a longtemps été en retard par rapport aux autres sociétés occidentales 56. Selon plusieurs témoignages de naturalistes et dřhistoriens de la première moitié au XXe siècle, le progrès des idées scientifiques se serait fait lentement au Canada français. Le contexte socio-économique, politique, idéologique et culturel particulier aurait bloqué le développement de la science. Pour les uns, ce manque dřintérêt pour les sciences tenait au tempérament latin des Canadiens français. Dřautres lřattribuaient à la langue et à la culture françaises, quřon croyait moins propices que la culture anglaise ou allemande aux études scientifiques. Dřautres, enfin, soutenaient que lřÉglise catholique du Canada français, hostile au changement et soucieuse de préserver le dogme, avait fait longtemps obstacle au progrès des idées scientifiques 57. 54 Richard A. Jarrell, « The Rise and Decline of Science at Quebec, 1824-1844 », Histoire sociale/Social History, vol. X, no 19 (mai-May 1977), p. 77-91 ; Jarrell, loc. cit. (« British Scientific Institutions and Canada »), p. 533-547; Jarrell, « Measuring Scientific Activity in Canada and Australia before 1915 : Exploring Some Possibilities », Scientia canadensis, vol. 17, nos 1-2 (1993), p. 27-52; Zeller, op. cit. et Zeller, La nouvelle Terre promise. La culture de la science victorienne au Canada, Ottawa, La Société historique du Canada, brochure historique no 56, 1996, 26 p. 55 Cřest le cas de R. Duchesne, loc. cit. (« Science et société coloniale : …), p. 99-139. 56 Léon Lortie et Marie-Victorin, op. cit. 57 Chartrand, Duchesne et Gingras, op. cit., p. 9. 16 Les naturalistes canadiens-français prétendaient eux-mêmes, au cours du XIXe siècle, que les Canadiens anglais se sont plus occupés de sciences et de techniques que les francophones qui se préoccupaient presque exclusivement des Humanités, ce qui devait suffire pour expliquer leur retard économique sur le Canada anglais. Il y a un peu plus de cent ans, lřécrivain et homme politique P.-J.-O. Chauveau remarquait que, « sans doute par une de ces affinités naturelles », la population anglophone du Canada sřétait portée davantage vers les sciences mathématiques, physiques et naturelles, alors que les intellectuels du Canada français avaient été attirés plutôt vers les sciences morales et politiques, lřhistoire, la littérature et les beaux-arts58. Une vision impressionniste qui reflète bien imparfaitement la situation du scientifique du Québec au cours de la période à lřétude. Ce retard résulterait de la fermeture et de lřétroitesse dřesprit de la société canadienne-française face aux sciences et au développement technique. Selon lřhistorien des sciences Y. Gingras, ce discours ne reflèterait pas la réalité du développement social, économique, politique et encore moins scientifique du Québec pour le début du XXe siècle59. En effet, selon lui, « lřétude du développement scientifique du Québec au cours de lřentre-deux-guerres ne laisse voir aucune fermeture sur soi, bien au contraire. Ce quřon observe plutôt, cřest la mise en place dřinstitutions adaptées aux besoins dřune société urbaine et industrielle60 ». Des témoignages de scientifiques et dřhistoriens laissent entrevoir la même situation pour une période antérieure. Comme lřexplique dřabord L. Lortie, Un inventaire encore incomplet nous a fait connaître les noms dřune cinquantaine de Canadiens qui, jusque vers 1875, se sont intéressés aux sciences naturelles, ont publié des ouvrages ou écrit des articles sur les mathématiques, la chimie, la physique et la botanique. Tout cela nous incite à réviser les opinions que nous pouvions entretenir, et même les jugements sommaires quřon a pu porter sur la vie intellectuelle de nos ancêtres au cours du premier siècle qui suivit la conquête du Canada par lřAngleterre61. Louis-Philippe Audet, dans son étude de la fondation de lřÉcole Polytechnique de Montréal, continue dans la même veine confessant que son « étonnement ne doit donc pas 58 P.-J.-O. Chauveau, L’Instruction publique au Canada, Québec, 1876, p. 311, cité dans Chartrand, Duchesne et Gingras, op.cit., p. 9. 59 Gingras, op. cit. (« Le rôle dřintellectuel ... »), p. 332. 60 Ibid. 61 Lortie, op. cit. (1960), p. 47. 17 être moins grand dřapprendre quřun mouvement dřenvergure en faveur des sciences et de leur enseignement connut de multiples adhésions dans le milieu canadien-français, vers les années 187062 ». La question de lřimpact de lřultramontanisme sur le développement scientifique au Canada français serait-elle aussi liée au retard apparent de la science canadienne-française par rapport à celle produite par les naturalistes anglophones du Canada ? Les recherches historiques des dernières années ont permis dřinverser lřidée selon laquelle lřidéologie ultramontaine, adoptée par lřÉglise catholique à la fin du XIXe siècle et véhiculée dans la société canadienne-française jusquřau début du XXe siècle, aurait freinée la propagation de la science au Québec63. Ainsi, loin de condamner les sciences et leur diffusion, plusieurs ultramontains encourageaient ici leur étude64. Lřattitude de lřÉglise catholique à lřendroit de la science nřaurait donc pas été aussi catégoriquement négative quřon lřa longtemps laissé croire. Du scientifique et de la société Lřhistoire des scientifiques se situe à la jonction des nouvelles perspectives en histoire et en sociologie des sciences. Apparu récemment, ce domaine de recherche tient compte à la fois des contextes sociopolitique, économique, culturel et scientifique, de même quřil intègre à ses analyses des concepts tirés de la sociologie des sciences. Malgré de tels développements, les scientifiques, exceptées « quelques grandes figures [qui] sont régulièrement invoquées65 » Ŕ comme Louis Pasteur en France, Albert Einstein aux États-Unis ou le frère Marie-Victorin au Québec Ŕ, sont encore tenus à lřécart dans les travaux de la majorité des historiens. Deux raisons expliqueraient lřoubli du 62 Louis-Philippe Audet, « La fondation de lřÉcole Polytechnique de Montréal », Les Cahiers des Dix, no 30 (1965), p. 150. 63 Richard A. Jarrell, « Lřultramontanisme et la science au Canada français », dans Marcel Fournier, Yves Gingras et Othmar Keel, Sciences & médecine au Québec. Perspectives historiques, Québec, IQRC, 1987, p. 46. 64 Chartrand, Duchesne et Gingras, op. cit., p. 436. 65 Michel Pinault, « Lřintellectuel scientifique : du savant à lřexpert », dans Michel Leymarie et Jean-François Sirinelli (dir.), L’histoire des intellectuels aujourd’hui, Paris, Presses Universitaires de France, 2003, p. 229. 18 scientifique dans les travaux des historiens des sciences : dřabord « la tradition qui a pu réserver, dans lřuniversité française, lřhistoire des sciences aux philosophes et aux épistémologistes », les historiens craignant alors « de sřattaquer à un domaine qui leur semble réclamer des compétences de spécialiste», ensuite « le fait que reste négligé le rôle devenu décisif de la science et de la technologie dans la vie sociale66 ». Mais certains historiens « sřinscrivent à rebours de cette tendance67 » en sřintéressant, depuis une quinzaine dřannées, aux acteurs scientifiques qui interviennent sur la place publique ou tout simplement à ceux qui pratiquent une activité scientifique à différentes époques et dans différents pays68. Cet intérêt nřest pas apparu du fait de leur seule curiosité : « La sociologie, en affirmant que la science est soumise aux mêmes déterminations que les autres activités humaines, a ouvert la voie à une telle histoire69 ». Ainsi, en replaçant « lřhistoire des sciences dans le cadre dřune histoire sociale qui rend compréhensible leurs trajectoires », ces historiens inscrivent leurs travaux dans une histoire sociale des milieux scientifiques70, de même que dans une analyse sociologique de lřactivité scientifique. Plan de la thèse Une question générale sert de point de départ à la recherche : comment se développe le milieu scientifique au Québec de 1850 à 1920 ? Les caractéristiques générales du milieu se seraient en partie mises en place avant 1920. Avant dřentreprendre lřanalyse proprement dite des pratiques et des réseaux des scientifiques du Québec, nous nous interrogeons, dans le chapitre 2, sur le contexte historique pour la période de 1850 à 1920. On y présente les conditions qui favorisèrent le développement des sciences au Québec au cours de la période à lřétude, à savoir les rapports et interactions entre le socio-économique, le politique, le culturel et le scientifique. Les acteurs qui exercèrent et diffusèrent la science à cette époque sont également dépeints. On répond à un certain nombre de questions, telles quřest-ce qui 66 Ibid., p. 230. Ibid. 68 Gingras op. cit. (« Le rôle dřintellectuel … »), MacDonald, op. cit. et Edward W. Said, Des intellectuels et du pouvoir, Paris, Éditions du Seuil, 1996, 139 p. (Coll. « Essai/Seuil »). 69 Pinault, op. cit., p. 231. 70 Ibid., p. 231 et 232. 67 19 caractérise la société canadienne-française et comment se présente la science au Québec ? Comment la science sřintègre-t-elle dans la société et la culture au Québec avant 1920 ? Quelques points, comme la formation, les ressources intellectuelles et les intérêts disciplinaires des acteurs nous permettront de mieux connaître les producteurs de la science. Après avoir passé en revue la question des centres de production et de diffusion de la science au Québec, nous nous questionnons sur les conditions qui favorisèrent le développement des sciences au Québec et sur pourquoi considère-t-on encore que les Canadiens français étaient en retard par rapport à la science de leur temps. Toutes ces questions sřinsèrent dans lřinterrogation générale qui est de savoir comment sřest développé le milieu scientifique au Québec à partir de 1850. Pour comprendre les changements survenus dans le milieu scientifique, la question du développement des pratiques nous apparaît essentielle. Dans le chapitre 3, on analyse les pratiques des naturalistes du Québec, de 1850 à 1920. On y décrit ces pratiques et lřespace quřelles occupent, puis on expose le contexte qui a rendu possible lřadoption de telles pratiques au Québec. Dans la seconde partie, une pratique retient particulièrement notre attention, qui servira dřexemple : celle de la spécialisation. Quatre cas de figures de spécialisation sont présentés : la paléobotanique, dans la discipline de la paléontologie, la physiologie végétale et la bryologie71, en botanique, et lřentomologie. Un autre questionnement central concerne les réseaux scientifiques, objet du chapitre suivant. Dans la première partie, qui aborde les réseaux formels (institutions et État), nous répondons à la question suivante : quels sont les liens qui se sont tissés entre les naturalistes et lřÉtat? Dans la partie suivante, sur les réseaux informels, on y décrit les types de rapports que les naturalistes du Québec ont entretenus de 1850 à 1920. On y regarde aussi leurs échanges avec les naturalistes du reste du Canada, des États-Unis et de lřEurope, quand cela est possible, et les moyens que les naturalistes du Québec développèrent pour compenser leur éloignement des centres de production de la science occidentale. 71 La bryologie est lřétude des mousses, des sphaignes et des hépatiques. 20 Dans le dernier chapitre, on étudie le milieu en action, soit sa structuration, sa dynamique et son autonomie. La structuration concerne lřidentité et la position des acteurs dans le milieu. La dynamique est quant à elle visible par les débats et les controverses scientifiques qui traversent la seconde moitié du XIXe siècle. Enfin, lřautonomie relative du milieu est vue à travers lřantagonisme amateur/professionnel et les obstacles à son développement. En conclusion, nous pourrons répondre à ces questions : quel est lřétat du développement du milieu scientifique au Québec en 1920 ? Les conditions pour faire de la science sont-elles présentes ? Quel portrait global pouvons-nous dresser du milieu scientifique et de la culture scientifique au Québec? pour ensuite explorer quelques perspectives de recherche en histoire des sciences au Québec. 21 Pour chaque problème, on cherche à atteindre une vérité indubitable. Cependant, souvent, nous ne parvenons pas à la certitude. Nous pouvons atteindre la certitude sur une partie de ce que nous cherchons, et une croyance ou une persuasion sur le reste. Nous pouvons parvenir à nous en former une image, ou nous tromper et croire que nous lřavons trouvée alors que tel nřest pas le cas. Ou nous pouvons être perplexe, comme lorsque les arguments pour et contre nous frappent avec une force égale. La cause en est la diversité des méthodes que nous suivons dans le traitement dřun problème; car une seule méthode ne saurait nous conduire à des opinions différentes sur un même problème. Non, ce qui nous amène à avoir des opinions différentes sur les diverses classes de problèmes vient nécessairement des différentes manières de procéder. - Al-Fârâbî, De l’obtention du bonheur, I, 3. Paris, Éditions Allia, 2005, p. 18. 22 CHAPITRE 1 CADRE MÉTHODOLOGIQUE Notre approche méthodologique se compose de trois axes reliés. Dřabord, une analyse du contexte socio-économique et culturel qui avait cours au Québec, qui permettra dřévaluer les conditions de développement du milieu scientifique canadien-français au cours de la période à lřétude. Ensuite, une mise en relation des correspondances échangées pour mettre en lumière les réseaux que ces naturalistes ont établi au Québec et ailleurs dans le monde. Enfin, une analyse de contenu des archives personnelles des naturalistes Ŕ entre autres les correspondances quřils échangeaient entre eux Ŕ, de même que plusieurs publications des naturalistes canadiens-français et anglophones du Québec Ŕ monographies spécialisées, manuels, articles et textes de conférences Ŕ et des rapports de divers ministères du gouvernement de la province du Canada et du Québec pour la période à lřétude. Cette approche indicielle méthodique nous permet donc de dresser le portrait du milieu scientifique au Québec de 1850 à 1920. 1.1 Cadre d’analyse : approches théoriques Pour cerner un sujet qui regroupe des données provenant de lřhistoire des sciences, de lřhistoire des idées et de lřhistoire sociale, il est nécessaire de combiner une multiplicité dřapproches théoriques. Dans les pages qui suivent, nous décrivons les types dřapproches les plus pertinentes pour répondre aux questions de recherche. Ces approches visent à décloisonner le sujet qui est principalement lié à lřhistoire et la sociologie des sciences. Il semble possible dřadopter une approche sociohistorique dans lřétude des sciences. Certes, on se penche à la fois sur les facteurs externes (économiques et sociaux) et internes (disciplinaires) ayant concouru à la pratique dřune activité scientifique1, mais on tient également compte dřautres facteurs, intellectuels et psychologiques ceux-là, dont dépend 1 François Russo, Nature et méthode de l’histoire des sciences, Paris, Librairie scientifique et technique, 1984, p. 126. 23 lřengagement dřune recherche. « Il sřagira notamment de facteurs philosophiques ou même religieux, et aussi de facteurs qui relèvent du milieu culturel général dans lequel se développe lřactivité scientifique2 ». Une telle approche constitue également « un effort pour rechercher et faire comprendre dans quelle mesure des notions ou des attitudes ou des méthodes dépassées ont été, à leur époque, un dépassement et par conséquent en quoi le passé dépassé reste le passé dřune activité à laquelle il faut conserver le nom de scientifique3 ». Cette approche nous apparaît particulièrement pertinente pour notre étude car elle prémunit lřhistorien contre le danger de lřanachronisme. Nous avons recours, dans un premier temps, à une étude biographique. Mais celle-ci ne constitue quřun moyen pour connaître les principaux acteurs impliqués dans le développement des sciences au Québec, et non pas une fin méthodologique en soi. Cřest ainsi que nous pourrons effectuer une première structuration, même artificielle, du milieu scientifique naissant4. Afin de passer outre les difficultés liées à cette pratique historique, soit le danger de créer des liens factices et soit la difficulté de qualifier les liens quřentretenaient les naturalistes entre eux, nous préférons une approche basée sur la reconstitution des générations et des réseaux des naturalistes, tout en tenant compte des trajectoires individuelle et collective. Comme le propose Jean-François Sirinelli, « ces parcours peuvent être reconstitués par le procédé des biographies comparées, mais aussi, (…), par lřobservation du devenir dřun groupe dřintellectuels issus dřune matrice commune5 ». En sociohistoire des sciences, Y. Gingras propose aussi de retracer les trajectoires individuelles 2 Ibid., p. 128. Canguilhem, op. cit., p. 14. 4 Lřapproche biographique et prosopographique appliquée à lřhistoire des sciences se rattache à une longue tradition historiographique. Pour une vision plus moderne, consultez Steven Shapin et Arnold Trackray, « Prosopography as a Research Tool in History of Science: the British Scientific Community 1700-1900 », History of Science, vol. XII (1974), p. 1-28. Au Québec, Danielle Ouellet et Robert Gagnon ont amplement utilisé cette approche : Danielle Ouellet, L’émergence de deux disciplines scientifiques à l’Université Laval entre 1920 et 1950 : la chimie et la physique, Québec, Université Laval, 1991, thèse de Ph. D., 541 p.; Robert Gagnon, avec la collaboration de Armand J. Ross, Histoire de l’École Polytechnique de Montréal 1873-1990 La montée des ingénieurs francophones, Montréal, Les Éditions du Boréal, 1991, 526 p. 5 Sirinelli, loc. cit., (« Le hasard ou la nécessité ?), p. 102. 3 24 des acteurs pour en arriver à comprendre le processus dřémergence de toute nouvelle discipline6. Une vision qui se veut globale inclut la strate des naturalistes de moindre renom, car cřest à travers eux « que lřon peut saisir, avec ses réseaux de sociabilité et ses microclimats7 », les rouages dřun milieu scientifique. Cřest également ce que préconise Y. Gingras quand il déplore le fait que « la plupart des travaux sur les intellectuels, (…), ont porté sur les personnages les plus visibles de la scène intellectuelle », cřest-à-dire les mêmes acteurs et les mêmes discours, et que les historiens devraient « reconstruire lřespace complet des intervenants de lřépoque étudiée8 ». Lřhistorien qui effectue cette reconstruction méthodique se libére alors de lřhistoire officielle qui est souvent celle des seuls gagnants, les plus bruyants acteurs de lřépoque9. Dans un deuxième temps, on a recours aux approches issues spécifiquement de lřhistoire et la sociologie des sciences, et plus particulièrement du courant des Science Studies10. Il est maintenant tout à fait accepté, chez les historiens des sciences, que « la science est soumise aux mêmes déterminations que les autres activités humaines11 ». Les travaux des dernières décennies sřinscrivent dans cette vague historiographique. Le processus qui mène au développement du milieu scientifique comprend différentes strates qui constituent des axes de la recherche doctorale. Plus précisément, nous analysons ce qui a concouru au développement du milieu scientifique au Québec, par le biais des naturalistes, les réseaux quřils mettent en place, les institutions qui les supportent (collèges, 6 Yves Gingras, « Lřinstitutionnalisation de la recherche en milieu universitaire et ses effets », Sociologie et sociétés, vol. XXIII, no 1 (printemps 1991), p. 44. 7 Sirinelli, loc. cit. (« Le hasard ou la nécessité ? »), p. 102. 8 Gingras, op. cit. (« Le rôle dřintellectuel des scientifiques québécois »), p. 331. 9 Ibid. 10 Voir par exemple Robert K. Merton, Science, Technology and Society in Seventeenth century England, New York, Howard Fertig, 1970, 279 p.; Bruno Latour et Steve Woolgar, La vie de laboratoire : la production des faits scientifiques, Paris, La Découverte, 1988, 299 p.; Latour, Le métier de chercheur : regard d’un anthropologue, Paris, Institut national de recherche agronomique, 1995, 91 p.; Latour, « One More Turn After the Social Turn ... », dans Mario Biagioli (ed.), The Sciences Studies Reader, New York and London, Routledge, 1999, p. 276-289. 11 Pinault, op. cit. (« Lřintellectuel scientifique : du savant à lřexpert »), p. 231. 25 universités, musées de sciences) et lřÉtat qui montre un intérêt de plus en plus grand dans la régulation des manifestations de la science dans la société canadienne-française au cours de la seconde moitié du XIXe siècle jusquřà 1920. Cette étape préliminaire de présentation des contextes socio-politique et intellectuel, et de la mise en place des conditions internes et externes nécessaires au développement des sciences, élargit lřanalyse sur lřespace des positions occupées par les naturalistes. Lřavènement progressif de la spécialisation dans le milieu scientifique au Québec constitue un argument significatif utilisé par ces acteurs pour asseoir leur légitimité. Le partage entre ces derniers et les simples dilettantes, de même que la dévaluation de certains types de pratiques scientifiques, comme la vulgarisation et la production de manuels scolaires, sont quelques exemples du prix à payer pour que le milieu accède à une certaine reconnaissance internationale. Les naturalistes en viennent donc à définir les droits dřentrée nécessaires pour faire partie du milieu scientifique, tout comme ils établissent les critères pour statuer du caractère scientifique dřun travail et de sa valeur. En résumé, ils définissent les modalités de participation au milieu scientifique encore en formation à la fin du XIX e siècle. Cette étape au cours de laquelle les acteurs décident entre eux des critères de légitimité et de participation au milieu a été atteinte quelques décennies auparavant aux États-Unis et plus récemment au Canada anglais. Les naturalistes du Québec, en voie de spécialisation dans chacune de leur discipline, se réfèrent de plus en plus à certains dřentre eux pour assurer leur entrée dans le milieu scientifique nord-américain. Mais lřapprentissage de lřuniformisation des pratiques scientifiques ne se fait pas sans causer quelques frictions entre les spécialistes des deux pays, chacun affirmant la supériorité des critères scientifiques et des méthodes employées par rapport à lřautre12. Malgré ces luttes 12 On donnera ici comme exemple celui de lřabbé Léon Provancher (1820-1892). Dans les années 1860, au moment où lřentomologie scientifique se développe en Amérique du Nord, il entre en contact avec les entomologistes américains les plus connus dans lřétude de certains ordres, comme William H. Edwards (Lépidoptères), H.A. Hagen (Névroptères), Philip R. Uhler (Hémiptères), George H. Horn (Coléoptères) et le baron Osten Sacken (Diptères). Ce dernier lui recommande dřécrire à lřentomologiste autodidacte Ezra T. Cresson pour les Hyménoptères. Dřabord peu intéressé par les travaux de L. Provancher sur les Hyménoptères, lřordre qui lřintéresse également, il se rapproche de lřentomologiste canadien-français 26 dřinfluence au sujet du contenu légitime des pratiques scientifiques à adopter dans le milieu scientifique, certains acteurs en arrivent à sřintégrer dans le milieu américain et canadien. La consultation et la citation de leurs publications constituent une preuve de cette insertion. Dans un troisième temps, notre approche puise dans lřhistoire intellectuelle qui apporte divers moyens pour circonscrire les relations quřentretiennent les acteurs au cours dřune période donnée. Pour ce faire, lřhistorien peut recourir à trois outils, développés par J.-F. Sirinelli : lřétude des itinéraires, lřobservation des structures de sociabilité et la mise en lumière des générations dřintellectuels13. Dřautres historiens se sont inspirés de cette approche, principalement pour lřétude des intellectuels. Ainsi, lřétude des itinéraires, ou des trajectoires, est populaire en histoire intellectuelle14. Les travaux de Mary Lu Macdonald, Y. Gingras, D. Ouellet et R. Gagnon montrent que cette approche peut être transférée à lřhistoire des sciences15. Lřobservation des structures de sociabilité, qui renvoie à la question des réseaux sociaux, a aussi été adoptée par les historiens intellectuels16. Nous croyons que ce type dřanalyse peut être utilisé en histoire des sciences. La reconstitution de ces réseaux serait pratiquement impossible sans lřétude des correspondances échangées par les naturalistes17. Enfin, la question des générations : Pascal Ory et J.-F. Sirinelli, en quelques années plus tard lorsquřil entreprend des recherches sur les Ichneumonidae de lřAmérique du Nord dans les années 1870. Tout en essayant de garder une certaine indépendance face à E.T. Cresson, qui remet en question ses identifications, L. Provancher profite de ces contacts pour améliorer ses connaissances et étendre son réseau, ce qui lui permet dřasseoir sa réputation dřentomologiste au Québec, au Canada anglais et en Europe. Les méthodes de travail seront quant à elles à la base dřune correspondance entre L. Provancher et G.C. Horn. Celui-ci condamne certains critères de classification utilisés par L. Provancher qui sřen explique par la suite. Les échanges se poursuivront sur un tout autre ton une fois la polémique passée. 13 Sirinelli, loc. cit. (« Le hasard ... »), p. 98. 14 Ibid., p. 102; Sirinelli, loc. cit. (« Biographie et histoire des intellectuels…); Catherine Pomeyrols, Les intellectuels québécois : formation et engagement 1919-1939, Montréal, LřHarmattan Inc., 1996, 537 p. 15 Mary Lu Macdonald, « Lřintellectuel qui se fait : la démarche intellectuelle au Québec anglais avant 1882 », dans Brunet et Lanthier (dir.), L’inscription sociale de l’intellectuel, Les Presses de lřUniversité Laval et LřHarmattan, 2000, p. 61-71; Gingras, op. cit (« Le rôle dřintellectuel des scientifiques québécois »), p. 331-340; Gingras, loc. cit. (« Lřinstitutionnalisation de la recherche »); D. Ouellet, op. cit. et Gagnon, op. cit. 16 François Chaubet, « Sociologie et histoire des intellectuels », dans Leymarie et Sirinelli (dir.), L’histoire des intellectuels aujourd’hui, Paris, Presses Universitaires de France, 2003, p. 186-187; Alain Degenne, « Sur les réseaux de sociabilité », Revue française de sociologie, vol. XXIV (1983), p. 114; Sirinelli, loc. cit. (« Le hasard ... »), p. 104. 17 Manon Brunet et Pierre Lanthier, « Lřintellectuel et son milieu », dans Brunet et Lanthier, op. cit., p. 18; Michel Trebitsch, « Devons-nous définir lřintellectuel ? », dans Brunet et Lanthier, op. cit., p. 35; Duchesne, loc. cit. (« Science et société coloniale : …) p. 99-139. 27 France, et M. Fournier, au Québec, ont développé plus en profondeur cette approche dans lřétude des intellectuels et des naturalistes18. En dernier lieu, un autre aspect peut être ajouté à ce schéma interprétatif : celui de la pluriactivité des naturalistes19. Ces derniers, loin dřêtre réductibles à une définition statique, font parfois preuve dřune intense activité non seulement scientifique, mais également intellectuelle, politique, académique ou religieuse. Lřhistorien a intérêt à en tenir compte sřil veut arriver à saisir lřimplication des naturalistes dans une société et une époque données, tout en ne perdant pas de vue les rapports quřils occupent avec le monde, car « plus que tout autre groupe, les scientifiques se définissent […] non seulement par rapport à leur société, à leur culture ou à la situation politique de leur pays mais, plus globalement, par rapport aux éléments les plus internationaux de chaque culture ou des débats politiques. Ils sont eux-mêmes les agents les plus actifs des transferts culturels et politiques entre cultures nationales20 ». Cřest ainsi que lřhistorien peut se laisser guider par un point de vue englobant les multiples ramifications de la vie publique et privée des naturalistes. Le but dřune approche mixte est dřen arriver à une histoire-problème dans le cadre plus général dřune histoire-synthèse. Certes, lřhistoire-synthèse constitue un défi pour lřhistorien, car elle présume lřappropriation et lřanalyse de nombreux sous-thèmes. Mais il demeure possible de renouveler les connaissances en gardant à lřesprit les questionnements de départ et la perspective adoptée dans la présentation du sujet historique et cela sans tomber dans une narration strictement événementielle et descriptive de ce dernier21. 18 Pascal Ory, L’histoire culturelle, Paris, Presses Universitaires de France, 2004, 127 p. (Coll. « Que sais-je ? no 3713); Sirinelli, loc. cit. (« Biographie et histoire des intellectuels… »), p. 61-73; Fournier, op. cit. (L’entrée dans la modernité), p. 15. 19 Pour voir une analyse du cas des intelletuels européens, consultez Christophe Charle, Les intellectuels en Europe au XIXe siècle. Essai d’histoire comparée, Paris, Éditions du Seuil, 2001, p. 31. 20 Ibid., p. 28. 21 Louis Pinto, « Une science des intellectuels est-elle possible ? », Revue de synthèse, IVe section, no 4 (octobre-décembre 1986), p. 34. 28 1.2 Nature et sélection des sources Les vieux papiers sont souvent scandaleux et dérangent la bonne conscience des contemporains. - Jacques Ferron, « Lřenfer des bouquinistes », Magazine Maclean XII, 8 août 1972, p. 39. Nous nous sommes concentré sur les sources manuscrites privées (correspondance) et imprimées officielles (rapports de différents ministères dans les documents de la session de la province du Canada (1860-1866) et du Québec (1867-1920)), comme les rapports du Surintendant de lřInstruction publique, du Commissaire des Terres de la Couronne de la province de Québec, du Ministre de la Colonisation, des Mines et des Pêcheries de la province de Québec, du Commissaire de lřAgriculture et des Travaux publics de la province de Québec, de la Société dřIndustrie laitière de la province de Québec, de la Société dřHorticulture de Montréal et de lřAssociation des horticulteurs fruitiers de la province de Québec, de la Société de pomologie et de la culture fruitière de la province de Québec, de la Société de Québec pour la Protection des Plantes contre les Insectes et les Maladies fongueuses, du Conservateur du Musée du Département de lřInstruction publique et du Bureau des statistiques Ŕ Province de Québec. Mais également, en raison du caractère aléatoire de la disponibilité des sources Ŕ certains fonds sont incomplets ou irrémédiablement perdus, tandis que dřautres fonds privés, religieux ou laïcs, ne sont pas accessibles au chercheur22 Ŕ, nous aurons recours à un éventail de sources à la fois manuscrites et imprimées. Afin de ne pas énumérer une liste des types de sources, nous les répertorions dans le tableau 1. 22 Lřindisponibilité du fonds privé de la Compagnie de Jésus est due à la fermeture temporaire du centre pour des rénovations. En ce qui concerne le centre dřarchives de la Côte-du-Sud et du Collège de Sainte-Anne, nos courriels nřont jamais reçu de réponse. 29 Tableau 1.1 Types de sources consultées Support Manuscrites Imprimées Catégorie de sources Type de sources Privées Correspondance Manuscrits divers (textes, brouillons, etc.) Scientifiques Livres : monographies, manuels, récits de voyage, … Revues : articles scientifiques ou de vulgarisation Institutionnelles Comptes rendus de réunions dřassociations savantes : mémoires, transactions, annuaires, revues, journaux, … Catalogues de musées Annuaires des collèges, universités, musées scientifiques Officielles Rapports de différents ministères dans les documents de la session de la province du Canada (1860-1866) et du Québec (1867-1920) Autres Biographies Nécrologies 30 Il sřagit de sources fréquemment utilisées, mais leur variété permet de recouvrir un ou plusieurs aspects de la problématique. Par lřaccumulation des données, nous recoupons les informations et par là nous en arrivons à un portrait plus équilibré des relations quřont entretenu les naturalistes entre eux et à lřextérieur du Québec, de leurs pratiques scientifiques et de leurs réseaux. 1.2.1 Justification du choix des sources Chaque type de sources permet dřanalyser un ou plusieurs aspects de la problématique. 1.2.1.1 Sources manuscrites La correspondance constitue le type de sources le plus important pour notre projet. Nous avons dřabord cherché tous les fonds dřarchives disponibles sur les naturalistes. Nous avons retracé des fonds pour environ la moitié des naturalistes : le détail est présenté dans la bibliographie. Il apparaît important de ne négliger aucun fonds, puisque par là nous pourrons atteindre une plus grande diversité de provenance et de sujets. Le rôle de la lettre est indéniable dans lřorganisation de la vie scientifique et intellectuelle et cela jusquřau XXe siècle. Cřest avant tout un moyen de communication, surtout avant lřutilisation massive du téléphone à partir de la seconde moitié du XXe siècle. Cřest aussi « un marché dřéchange Ŕ échange dřinformations, de services et dřidées23 ». Cřest également « le lieu privilégié où les intellectuels sřinforment, découvrent leurs doutes, sřessaient aux luttes dřinfluence (…)24 ». Enfin, « la correspondance peut (…) avoir une fonction stratégique : chercher à percer ou au contraire aider un débutant, contrôler un milieu, organiser des services mutuels25 ». Cřest ainsi que lřon peut distinguer deux grandes catégories de correspondances : la correspondance-réseau qui est « identifiable à un bulletin 23 Jane Everett, « Réseaux épistolaires : le cas du Québec dans les années trente », dans Benoît Melançon, (dir.), Penser par lettre. Actes du colloque d’Azay-le-Ferron (mai 1997), Éditions Fides, 1998, p. 137. 24 Marie Laurence Netter, « Les correspondances dans la vie intellectuelle », Mil neuf cent. Revue d’histoire intellectuelle, No 8 (1990), p. 8. 25 Michel Trebitsch, « Correspondance dřintellectuels. Le cas des lettres dřHenri Lefebvre à Norbert Guterman (1935-1947) », dans Nicole Racine et Michel Trebitsch (dir.), Sociabilités intellectuelles Lieux, milieux, réseaux, Cahiers de l’Institut d’historie du temps présent (C.H.T.P.), no 20 (mars 1992), p. 83. 31 de liaison entre membres dřun groupe organisés autour dřune ou plusieurs figures centrales, avec un objectif commun, de caractère esthétique, scientifique ou idéologique 26 » et la correspondance-laboratoire qui « fonctionne sur le modèle de lřamitié intellectuelle : on a ici affaire à des intellectuels de même position, souvent de même génération, liés par des préoccupations communes dřordre esthétique ou idéologique, qui poursuivent une relation profonde et durable, (…), ou forment parfois au contraire des couples détonnants, (…)27 ». Les correspondances des naturalistes constituent des « mines de renseignements sur la vie scientifique de lřépoque, la trajectoire de lřauteur, ses sentiments et ses ambitions28 ». Elles sont toutefois plus riches sur le plan culturel quřhumain, en mettant « particulièrement en évidence le cosmopolitisme des intellectuels et les stratégies professionnelles sousjacentes; elles soulignent enfin la place faite à lřengagement politique, lieu de sociabilité intellectuel récurrent mais trop souvent oublié (…)29 », surtout en histoire et en sociologie des sciences. Tel que le mentionne Yves Roby, puisquř« une personne entretient des relations épistolaires avec une autre pour échanger de lřinformation, communiquer ses intentions, ses projets, ses sentiments et ses désirs, les lettres permettent au chercheur de multiplier les renseignements fournis par les sources classiques. Elles contribuent à donner de lřéclat à une description, à apporter des précisions, des nuances et de la profondeur à une interprétation30 ». Parce quřelle est à la charnière des sphères publique et privée31, il sřagit donc dřune source qui aide lřhistorien à reconstituer le ou les réseaux établis entre les naturalistes, de mesurer leur configuration, leur diversité et leur intensité ou encore le retentissement des discussions épistolaires sur des sujets scientifiques, intellectuels ou 26 Ibid. Ibid. 28 Netter, loc. cit., p. 7. 29 Ibid., p. 8. 30 Yves Roby, « Préface », dans Yves Frenette, Marcel Martel et John Willis (dir.), Envoyer et recevoir. Lettres et correspondances dans les diasporas francophones, Québec, Les Presses de lřUniversité Laval, 2006, p. X. 31 « Dans la mesure où la correspondance est par elle-même acte de sociabilité, elle entre, (…), dans une pratique sociale plus vaste et, loin dřêtre du seul ordre du privé, elle tend au contraire à faire sřinterpénétrer la sphère privée et la sphère publique. Trebitsch, op. cit. (« Correspondance dřintellectuels. »), p. 82 et Trebitsch, op. cit. (« Devons-nous définir lřintellectuel ? »), p. 36. 27 32 sociaux ailleurs dans le réseau32, et de monter le profil dřun groupe ou, si cřest le cas, dřune génération de naturalistes. Ajoutons ici que « lřexploration dřune correspondance Ŕ qui témoigne dřune vie avant que lřhistorien nřy promène son cordeau et sa serpe Ŕ peut se révéler des plus fructueuses pour peu quřelle sřappuie sur un sens critique constamment en éveil33 ». La qualité des échanges influence les données recueillies par lřhistorien. Ce dernier doit cependant garder à lřesprit quřun naturaliste nřexprime pas toujours le fond de sa pensée dans ses lettres34. De même, chez lřensemble des naturalistes, les données ne se présentent pas uniformément. Cřest pourquoi il est essentiel de consulter dřautres types de sources, comme les textes imprimés (monographies et articles) et les sources institutionnelles et officielles émanant des institutions dřenseignement supérieur, des musées de science et de lřÉtat. 1.2.1.2 Sources imprimées Les sources imprimées sont à la base de lřétude des pratiques des naturalistes et de lřimpact des institutions sur le développement des sciences au Québec. Les écrits des naturalistes constituent des documents de première importance pour circonscrire le contenu de leur production et leurs motivations au cours de la période à lřétude. Les naturalistes québécois ont ainsi produit divers textes comme des monographies scientifiques, des articles parus dans des revues savantes35, ou dans des journaux et revues lues par un public de lettrés36, des comptes rendus de réunions et des rapports annuels de sociétés savantes37, des manuels de science pour un public scolaire ou le grand public (agriculteurs, parents, etc.) et dřautres œuvres de vulgarisation. 32 Everett, op. cit., p. 138. Pierre Trépanier, « Ascèse et action, Les impatiences de Lionel Groulx (1899-1906) », dans Gisèle Huot, Juliette Lalonde-Rémillard et Pierre Trépanier (éd.), Lionel Groulx Correspondance 1894-1967 I 1894-1906 Le prêtre-éducateur, Éditions Fides, 1989, p. lxxiii. 34 Russo, op. cit., p. 60. 35 Par exemple The Canadian Naturalist and Geologist, 1856-1916; Le Naturaliste canadien, 1868-1890, 1894-1920; lřAnnuaire de l’Institut canadien de Québec, 1874-1889; les Mémoires et comptes rendus de la Société royale du Canada, 1882-1893; 1895-1906; 1907-1920. 36 Comme Le Canada français, 1888-1891 et 1918-1922; lřAlmanach de l’Action sociale catholique, 19171920; Le Pays Laurentien, 1916-1918 et Nouvelle-France, 1902-1918. 37 Transactions of the Literary and Historical Society of Quebec, 1829-1892; les comptes rendus de la Société dřhistoire naturelle de Québec parus dans Le Naturaliste canadien de 1870 à 1888; la Revue Trimestrielle Canadienne, 1915-1920. 33 33 Cette production témoigne des disciplines, des intérêts de recherche et des préoccupations des naturalistes. Les préfaces de monographies scientifiques et les éditoriaux des rédacteurs de revues savantes sont particulièrement importants pour voir les motivations et objectifs scientifiques Ŕ il sřagit parfois de tout un programme de recherche Ŕ et pédagogiques des naturalistes. Les revues, quant à elles, constituent une porte dřentrée dans les milieux scientifique et intellectuel38. Elles revêtent plusieurs fonctions. « Une revue peut servir, (…), à une nouvelle strate dřintellectuels pour sřintroduire dans les « réseaux » de clercs39 ». Cřest ce que tentent de faire les néophytes ou les « disciples » qui publient leurs premières découvertes dans une ou des revues savantes. Ensuite, « elles constituent une instance de légitimation. Dřautre part, grâce, notamment, à sa périodicité qui lui permet de traiter rapidement de questions importantes et à lřhomogénéité de sa rédaction, cřest (…) lřoutil le mieux adapté à lřintervention dans les domaines de la culture et de lřidéologie40 ». Les naturalistes sřen servent donc pour faire valoir leurs opinions sur les sujets scientifiques (par exemple le darwinisme), sociaux (lřenseignement des sciences à lřécole élémentaire et dans les collèges) ou même politiques (le rôle de lřÉtat dans le développement des sciences). Les sources institutionnelles et officielles figurent également dans notre corpus. Cřest par le biais de ce type de sources que nous pouvons mesurer le rôle des institutions académiques et étatiques dans le développement scientifique au Québec entre 1850 et 1920. Certaines sociétés savantes ont produit des catalogues de leurs collections, des dons reçus et des échanges effectués avec dřautres sociétés et/ou institutions dřenseignement (entre autres le musée de la Société littéraire et historique de Québec et le musée Redpath de lřUniversité McGill). Enfin, les rapports gouvernementaux sont à la base de lřanalyse de lřimplication de lřÉtat dans le développement scientifique au Québec entre le milieu du XIXe siècle et lřentre-deux-guerres. Chacun de ces rapports apporte également des données sur la représentation de la science dans la société canadienne-française de lřépoque. 38 J.-F. Sirinelli, « Effets dřâge et phénomènes de générations dans le milieu intellectuel français », Cahiers de l’I.H.T.P., no 6 (novembre 1987), p. 7. 39 Ibid., p. 6. 40 Ibid., p. 6-7. 34 1.2.2 Traitement des sources Comme nos types de sources ne demandent pas de méthodologie particulière, nous ne requestionnons pas lřutilisation des sources en ce sens quřelles sont consultées pour y dénicher des informations permettant de répondre aux questions et confirmer, ou infirmer, les hypothèses liées à ces questions de recherche. Nous avons employé une méthodologie reposant sur les différents niveaux de lřenquête historique : la détermination dřune population, la collecte des données et le traitement (ou analyse de contenu)41. 1.2.2.1 Détermination de la population étudiée Le choix des naturalistes retenus pour lřétude sřest effectué à partir de certains critères. Les naturalistes habitaient le Québec et étaient actifs au cours de la seconde moitié du XIXe siècle et le début du XXe siècle. Ils publiaient des monographies scientifiques, des manuels de science, des articles dans des revues, des bulletins ou des rapports. Certains nřont publié que des monographies, dřautres des manuels, ou des articles. La grande majorité des naturalistes de notre population étaient membres dřune ou de plusieurs sociétés savantes. Sur un groupe de 148 naturalistes identifiés dans des sources diverses, nous en avons retenu 70. Comme nous lřavons mentionné plus haut, ceux-ci ont publié plusieurs textes et ont, pour la plupart, fait partie dřune société savante. La majorité des 78 autres naturalistes que nous avons écartés de notre corpus nřont fait partie dřaucune société savante et nřont pas publié de textes. Ceux qui lřont fait se sont bornés à un ou deux ouvrages ou encore à un ou quelques articles. Les naturalistes qui présentent ces publications anecdotiques nřont pas attiré lřattention de leurs pairs, ni avant ni après leur publication. Tout comme ceux qui nřont rien publié, ils pratiquaient les sciences naturelles pratiquement en solitaire, accumulant des spécimens qui formaient leurs collections personnelles. 41 Christophe Charle, « Micro-histoire sociale et macro-histoire sociale », dans Christophe Charle, Histoire sociale histoire globale ? Actes du colloque des 27-28 janvier 1989, Paris, Éditions de la maison des sciences de lřhomme, 1993, p. 51. 35 1.2.2.2 Collecte des données Nous avons privilégié une lecture la plus extensive possible des correspondances produites par les naturalistes. Ainsi, pour chacun dřeux, nous avons retracé dans le ou les fonds concernés les autres naturalistes avec lesquels ils ont échangé des lettres ou, le cas échéant, de la documentation, des spécimens, des instruments scientifiques. La consultation des inventaires analytiques disponibles sřavère dès lors indispensable42. Pour ce qui est des sources imprimées, nous avons consulté les préfaces et les tables des matières des monographies et des revues scientifiques. Nous avons enfin effectué une lecture de divers rapports gouvernementaux, tels quřénumérés dans la bibliographie. La recherche dřindices dans la correspondance et la littérature secondaire constitua la phase de collecte des données. Ces indices concernent les activités des naturalistes et des sociétés savantes (implication, échanges), la production scientifique des naturalistes, leur implication dans la diffusion de la culture scientifique, les liens que les naturalistes ont développé par le biais de leur activité scientifique, le recours au réseau pour diversifier cette activité et son utilisation pour faire reconnaître leur contribution 43, le discours des naturalistes sur la place de la science dans la société canadienne-française de 1850 à 1920 et sur lřimplication de lřÉtat dans le développement scientifique et le recours à lřaide de lřÉtat. 1.2.2.3 Traitement ou analyse de contenu La consultation de plusieurs types de sources, qui nřont pas encore été très exploitées en histoire des sciences pour la période étudiée, assure une solide base documentaire au projet de recherche. Les sources retenues se prêtent plutôt à une approche qualitative. Pour arriver à déceler les indices de la genèse du milieu scientifique au Québec et du rôle des naturalistes, une analyse de contenu44 de la correspondance, des monographies et autres 42 En archivistique, on appelle inventaire analytique lřoutil de recherche qui fournit un résumé des documents (pièces) constituant un dossier. 43 Par exemple des lettres de recommendation pour postuler à des emplois ou pour adhérer à une société savante prestigieuse. 44 Lřanalyse de contenu est un des principaux outils utilisés par les historiens pour analyser les traces écrites : « Lřanalyse de contenu est une technique utilisée sur les productions écrites, sonores ou audiovisuelles, provenant dřindividus ou de groupes ou portant sur eux dont le contenu se présente sous forme non chiffré et 36 textes publiés par les naturalistes est faite. Elle permet dřeffectuer la critique externe (authenticité, provenance) et la critique interne (intention de lřacteur, vérification des affirmations, comparaison avec la revue de littérature sur le personnage, etc.) des textes. Cette analyse touche autant le contenu manifeste des documents, cřest-à-dire ce qui est explicitement exprimé, que leur contenu latent, soit ce qui est implicite, sous-entendu, nondit, et qui commande une lecture de second niveau. Cřest donc à un exercice de décodage dont nous avons procédé, décodage des conceptions scientifiques des naturalistes, des relations quřils entretenaient avec les autres via leur correspondance, des échanges de spécimens ou de documentation spécialisée. Pour sřassurer de la validité de leur contenu, le recoupement des sources documentaires (primaires ou secondaires45), cřest-à-dire le recoupement du plus grand nombre possible de sources dřinformation, est effectué. Elle permet de déceler les forces et les manques dans les textes analysés et de consolider les données recueillies sur lřhistoire de la période étudiée. qui permet de faire un prélèvement quantitatif ou qualitatif. » Maurice Angers, Initiation pratique à la méthodologie des sciences humaines, Montréal, EEC, 1992, p. 166. 45 Les sources primaires sont les manuscrits et des écrits publiés par les naturalistes, tandis que les sources secondaires sont constituées des documents produits par leurs contemporains ou par des chercheurs subséquents. 37 Il nřy a aucune raison de limiter lřétude de la science à lřécriture du livre de la nature, en oubliant dřétudier le « grand livre de la culture » qui envahit beaucoup plus notre vie quotidienne que lřautre Ŕ (…). - Bruno Latour, La science en action, Paris, Éditions La Découverte, 2005, p. 615. 38 CHAPITRE 2 LA SOCIÉTÉ, LA SCIENCE ET LES NATURALISTES AU QUÉBEC DE 1850 À 1920 Avant dřentreprendre une réflexion analytique sur les pratiques des naturalistes du Québec de 1850 à 1920, de leurs réseaux et du rôle quřils jouèrent dans le développement du milieu scientifique au Québec, il convient de présenter, le plus clairement possible, le contexte historique qui prévalait au Québec à cette époque. On sřintéresse ici successivement à la fois à la société, à la science et aux naturalistes du Québec pour cette période. Cette présentation reste tributaire dřun certain nombre de questions générales auxquelles nous tenterons de répondre dans ce chapitre : comment se présentait la société canadienne-française aux plans social, économique, politique, culturel, religieux et technologique pour le siècle sřétendant de 1820 à 1920 ? Comment faisait-on de la science au Québec ? Quels ont été les agents qui exercèrent la science au Québec ? Quelles conditions favorisèrent le développement des sciences au Québec de 1850 à 1920 et, enfin, pourquoi a-t-on très longtemps considéré les Canadiens français comme étant en retard par rapport à la science telle quřelle se pratiquait ailleurs en Occident à la même époque ? Ces questions ont pour but principal de dresser un portrait suffisamment précis pour que lřon puisse sřy référer ultérieurement, mais sans être complet et définitif. Les éléments exposés ici constituent donc des pistes pour un approfondissement du contexte de développement du milieu scientifique au Québec. 2.1 La société canadienne-française de 1850 à 1920 Sřil est une chose qui caractérise la société canadienne-française de la seconde moitié du XIXe siècle jusquřen 1920, cřest le changement, en particulier par le biais de la révolution industrielle. La société canadienne-française dřalors passe par de multiples 39 mutations aux plans social, économique, politique, culturel, religieux et technologique, qui se poursuivront jusquřaux premières décennies du XXe siècle. En plus de lřimportante saignée démographique qui a cours de 1850 à 1929, où près de 900 000 personnes émigrent vers les états de la Nouvelle-Angleterre, la société canadienne-française subit une autre transformation sensible au cours de la seconde moitié du XIXe siècle et au début du XXe siècle : lřurbanisation. Entre 1850 et 1920, les taux dřurbanisation sont en constante progression, passant de 14,9 % en 1851, à 23,8 % en 1881, à 36,1 % en 1901 et à 51,8 % en 19211. De rurale, la société canadienne-française devint à prépondérance urbaine. Une bonne proportion de la population habite toujours en zone rurale mais lřattrait des industries, implantées dans les villes, entraîne une migration vers celles-ci et une augmentation constante du nombre de citadins. Les villes nřétaient toutefois pas encore des lieux propres à assurer la subsistance de tous. Les industries employaient certes des milliers dřouvriers, mais les salaires étaient si bas quřils ne suffisaient pas pour vivre décemment. Les femmes et les enfants grossirent aussi les rangs des prolétaires; même avec leurs contributions, les familles nřarrivent pas à assurer les besoins en termes de nourriture, de logement, dřhygiène et surtout dřéducation. Les populations des villes demeurent longtemps vulnérables aux épidémies, comme celles de la variole, en 1885, et de la grippe espagnole de 1918. Le système scolaire québécois connaît dřimportantes mutations au cours de cette période. Ces mutations se manifestent notamment par lřaménagement des structures dřenseignement et de la professionnalisation croissante du corps enseignant. Les écoles de rang, qui dispensaient lřenseignement du cours élémentaire, étaient dirigées par des instituteurs et des institutrices laïcs. À la fin des années 1840, le Surintendant de lřInstruction publique, Jean-Baptiste Meilleur, tente de valoriser le métier dřinstituteur, qui nřest pas très populaire auprès des jeunes hommes. Pour ce faire, il crée deux bureaux 1 Paul-André Linteau, René Durocher et Jean-Claude Robert, Histoire du Québec contemporain. Tome I. De la Confédération à la crise (1867-1929), Les Éditions du Boréal, 1989, p. 167 et 470. 40 dřexaminateurs, en 1846, à Québec et à Montréal2. Le but des parlementaires et de J.-B. Meilleur est « de faire de lřenseignement une profession essentiellement masculine, un débouché intéressant pour les jeunes diplômés des collèges classiques. Ainsi, espèrent-ils que les commissaires nřengageront que des instituteurs munis du brevet décerné par les bureaux des examinateurs3 ». En 1855, on nomma un second surintendant de lřInstruction publique qui remplace J.-B. Meilleur, en poste depuis 1842. Pierre-Joseph-Olivier Chauveau sřattaque à la mauvaise qualité de la formation des instituteurs en fondant trois écoles normales, en 1857 et, la même année, le Journal de l’Instruction publique et son pendant anglophone, le Journal of Education. On encourage aussi peu à peu lřéducation populaire par le biais de conférences et de cours publics dans les sociétés savantes et à lřUniversité Laval. Ces initiatives de lřÉtat provincial pour la formation des instituteurs et la qualité de leur enseignement montrent sa volonté de mieux contrôler le système scolaire jusquřen 1875, année où le ministère de lřInstruction publique est aboli sous les pressions du clergé ultramontain. Du côté de lřenseignement collégial, on assiste à la création, pour la période de 1846 à 1876, de 13 collèges classiques. Ces derniers sont principalement administrés par des communautés religieuses enseignantes masculines, comme les Clercs de Saint-Viateur, les pères de Sainte-Croix et les Jésuites4. Comme le mentionne Andrée Dufour, « lřaugmentation du nombre de collèges masculins accroît également lřimportance de lřÉglise dans lřéducation5 ». Cette présence grandissante de lřÉglise sřobserve avec la création du Conseil de lřInstruction publique, en 1859. Ainsi, « les inspecteurs en sont écartés mais lřévêque auxiliaire catholique et lřévêque protestant de Montréal y siègent6 ». Avec la création du Ministère de lřInstruction publique, en 1867, le Conseil est divisé en un comité catholique et un comité protestant. LřÉtat se doit de partager le fonctionnement du système scolaire avec lřÉglise. En abolissant le ministère en 1875, le premier ministre Charles-Eugène Boucher de Boucherville le remplace par un Département de lřInstruction 2 Andrée Dufour, Histoire de l’éducation au Québec, Éditions Boréal, 1997, p. 40-41. Ibid., p. 41. 4 Ibid., p. 48. 5 Ibid. 6 Ibid., p. 49. 3 41 publique. Ainsi, tous les évêques des diocèses de Québec sont nommés au comité catholique, ce qui leur assurait la direction des orientations du système scolaire catholique7. Lřenseignement du cours classique était généralement assuré par des religieux séculiers. Ainsi, les grands séminaristes et de jeunes prêtres enseignaient dans les classes de grammaire, tandis que des « prêtres de collège », dřanciens élèves du collège pour la plupart, enseignaient aux classes de lettres et de philosophie8. À titre dřexemples, pour ce qui est des collèges classiques, jusquřen 1920, « (…) ils emploient tous des séminaristes, qui enseignent la grammaire ou lřarithmétique en surveillant les élèves à la salle dřétude, au dortoir et à la récréation9 ». Pour les classes plus avancées, les prêtres qui tenaient le coup, que les autorités gardaient, devenaient ensuite professeurs titulaires dřune classe ou se consacraient à lřenseignement dřune seule matière comme lřanglais ou les mathématiques, la philosophie ou la physique. Le titulaire, appelé professeur principal, faisait le grec, le latin, le français et la religion ou le français, une langue ancienne et la religion. Très souvent il ajoutait lřenseignement de lřhistoire et de la géographie. (…) Ces titulaires formaient vraiment le corps enseignant des collèges-séminaires, (…)10. Pour les classes préparatoires et les matières jugées secondaires ou facultatives, comme les cours de musique, de dessin, de diction, de gymnastique, de même que lřanglais, les collèges engageaient parfois des laïcs11. Pour ce qui est de la clientèle scolaire, les enfants des membres des professions libérales (médecins, avocats, notaires) ou de la petite bourgeoisie dřaffaires forment la principale clientèle du cours classique qui durait jusquřà huit ans. Très peu dřouvriers, dřartisans et de cultivateurs sřinstruisaient au-delà du cours élémentaire. Lřalphabétisation maintient toutefois une hausse constante jusquřà la fin du XIXe siècle, grâce aux mesures mises en place par lřÉtat provincial. De 1850 à 1900, le taux dřalphabétisation passe dřenviron 30 % à 74 % au Québec12. 7 Ibid., p. 50. Claude Galarneau, Les collèges classiques au Canada français (1620-1970), Montréal, Éditions Fides, 1978, p. 109. 9 Ibid., p. 98. 10 Ibid., p.110. 11 Ibid., p. 112. 12 Michel Verrette, L’alphabétisation au Québec 1660-1900 En marche vers la modernité culturelle, Sillery, Les éditions du Septentrion, 2002, p. 142. 8 42 Au plan économique, le Québec entre dans lřère du capitalisme industriel. Une première révolution industrielle affecta la province à partir des décennies 1850 et 1860. Lřutilisation de la vapeur permit une mécanisation et donc une accélération du rythme de production des marchandises. Lřexpansion du réseau de voies ferrées et lřamélioration du transport maritime permirent dřacheminer plus rapidement les ressources vers les usines et les produits manufacturés vers les marchés. Lřéconomie se diversifie avec lřimplantation, à Montréal, dřindustries manufacturières (cuir, chaussures, bois équarri et de construction). Montréal supplante Québec avec sa population en croissance rapide et son économie plus active et plus diversifiée. Cette suprématie sřaccentue avec la seconde révolution industrielle, à la fin du siècle, grâce à lřénergie hydroélectrique et des progrès technologiques dans les secteurs des pâtes et papiers, de lřaluminium et de lřindustrie de lřautomobile, assurant une certaine maturation de lřéconomie québécoise 13. Les transformations que connut lřéconomie du Québec, comme son entrée dans le capitalisme industriel et lřurbanisation des régions de Montréal et de Québec et dřautres petits centres urbains14, confirment lřimportance grandissante de Montréal qui devient la métropole du Canada au début du XXe siècle. Ceux qui demeuraient à la campagne vivent également des transformations. Lřagriculture de subsistance est toujours la norme, mais de plus en plus dřagriculteurs diversifient leurs activités et intégraient la production laitière à leur activité. Certains allèrent jusquřà initier une industrie de transformation du lait en formant des laiteries et des beurreries. Lřélevage connaît aussi une progression; plus de bovins et dřovins formèrent les cheptels. Une économie agro-forestière sřimplante quant à elle dans les régions forestières. Les agriculteurs profitent de lřouverture de nombreuses scieries pour « monter aux chantiers » et ainsi apporter un revenu dřappoint à leur famille. Au niveau culturel, la période 1850 à 1920 marque aussi un tournant. Les progrès techniques, des transformations démographiques, socio-culturelles et économiques 13 John A. Dickinson et Brian Young, Brève histoire socio-économique du Québec, Sillery, Les éditions du Septentrion, 1995, p. 217. 14 Comme Trois-Rivières, Shawinigan, Sherbrooke ou Chicoutimi. 43 influencent lřéclosion dřune presse de masse, surtout au début du XXe siècle. Au Québec, The Montreal Star, journal reconnu nationalement, est fondé en 1869, tandis que La Presse paraît à partir de 1884. Les innovations techniques, comme « lřapparition des rotatives à bobines de papier », dans les années 1860, « lřinvention de procédés de production de papier à base de bois » et « la mise au point de machines à composer 15 » accompagnent en parallèle lřextension du réseau de transport ferroviaire et des télécommunications (télégraphe, téléphone). Bien plus, « certaines transformations démographiques et socioculturelles de la fin du XIXe siècle jouent, à coup sûr, un rôle dans la diffusion de la presse quotidienne16 ». Par exemple, lřapparition de petites villes et « la concentration en milieu urbain dřune portion croissante de la population », entre autres des ruraux venus occuper des emplois dřouvrier dans les nouvelles usines, favorisent les activités dřédition17. Enfin, les nouvelles pratiques économiques qui affectent lřéconomie nord-américaine dans la deuxième moitié du siècle, la concentration du capital et lřindustrialisation qui sřen suivit en étant les phénomènes les plus marquants, intègrent les innovations techniques, dès lors quřelles permettent une application industrielle18. Le monde religieux canadien-français est alors influencé par une idéologie venue dřEurope : lřultramontanisme. Selon lřhistorienne Nadia F. Eid, lřultramontanisme se résume en deux points : « 1º, de restaurer lřautorité pontificale dans son intégralité en la définissant comme lřautorité suprême au sein de la chrétienté; 2º, dřinstaurer une fois pour toutes la suprématie de la société religieuse sur la société civile par le biais de la soumission totale de lřÉtat à lřÉglise19 ». Ce mélange de conservatisme et dřantilibéralisme influença fortement la société canadienne-française jusquřà la fin du XIXe siècle20. Ainsi, les ultramontains du Québec promurent lřintégration dřune vision religieuse, spirituelle même, au travail agricole21. La Gazette des campagnes, revue fondée en 1861 au collège 15 Jean de Bonville, La presse québécoise de 1884 à 1914. Genèse d’un média de masse, Québec, Les Presses de lřUniversité Laval, 1988, p. 358. 16 Ibid., p. 359. 17 Ibid. 18 Ibid., p. 361. 19 Nadia F. Eid, Le clergé et le pouvoir politique au Québec. Une analyse de l’idéologie ultramontaine au milieu du XIXe siècle, Cahiers du Québec/Hurtubise HMH, 1978, p. 6. 20 Jarrell, op. cit. (« Lřultramontanisme et la science au Canada français »), p. 45. 21 Eid, op. cit. 44 Sainte-Anne-de-la-Pocatière, joue le rôle de principal canal de diffusion de cette idéologie. Le cultivateur, de par lřorigine divine de son activité agricole, et puisque « cřest Dieu luimême qui a fait cette profession », participerait « presque à la toute-puissance de Dieu22 ». Le milieu associatif est aussi affecté par lřidéologie ultramontaine. Dans le but de « protéger la religion et la société, les ultramontains proposent une conception catholique et nationale de la « vraie » littérature. Celle-ci doit délaisser les sujets frivoles et les aventures rocambolesques (…)23 ». Les luttes de Mgr Ignace Bourget, évêque de Montréal, contre lřInstitut canadien de Montréal, dans lequel de nombreux « Rouges » se montraient favorables au matérialisme et au libéralisme, amènent lřexcommunication de ses membres en 1869. Cet épisode dans la vie culturelle témoigne des changements survenus dans la société canadienne-française. Comme le mentionne Roberto Perin, « cřest tout « une société nouvelle qui sřédifie sous le signe de la religion24 ». La culture, tout comme les domaines du social et du religieux, sont influencés par lřédification « dřun large consensus sur le rôle de la religion dans la culture et de lřÉglise dans la société canadienne-française25 ». Lřingérence de lřÉglise dans les affaires temporelles est désormais un fait généralement accepté. La seconde moitié du XIXe siècle est également une période active au point de vue politique. Entre 1840 et 1867, le régime en place est celui du Canada-Uni. Les déplacements du siège du gouvernement, de 1840 à 1865 entre Québec, Kingston, Montréal et Toronto, et puis, de façon définitive, à Ottawa à partir de 1857, furent à lřorigine du départ de plusieurs naturalistes qui sřadonnaient aux sciences naturelles et étaient membres de sociétés savantes, comme ceux de la Literary and Historical Society of Quebec lors du dernier déménagement du siège du parlement de Québec à Ottawa. Ces changements affectent donc la vie intellectuelle de la province. 22 Ibid., p. 242. Les extraits entre guillemets, cités par Eid, proviennent de la Gazette des Campagnes du 1er juin 1864 et du 28 mars 1872. 23 Nive Voisine, « Lřultramontanisme canadien-français au XIXe siècle », dans Nive Voisine et Jean Hamelin (dir.), Les ultramontains canadiens-français, Boréal Express, 1985, p. 82. 24 Roberto Perin, Ignace de Montréal. Artisan d’une identité nationale, Éditions du Boréal, 2008, p. 129. 25 Ibid., p. 128. 45 En 1867, le Québec, qui était auparavant inclus dans le Canada-Uni, devint une des quatre provinces du Dominion du Canada26. La province acquit alors plusieurs compétences, entre autres les terres publiques, lřagriculture, la forêt, les mines et les pêcheries. Quelques employés du gouvernement provincial occupent les fonctions de représentants de différents services, comme les services forestiers et miniers ou des conférences agricoles, assurant une certains prise en charge de la gestion des ressources naturelles du Québec, ou remplissent le rôle de conservateur du musée de lřInstruction publique. Certains de ces employés vont même acquérir une connaissance suffisamment approfondie quřils transmettront dans divers ouvrages et rapports, les plus connus étant ceux de Édouard-André Barnard, Omer-Edmond Dalaire, Joseph Obalski, Henri de Puyjalon, pour les représentants de services, et Dominique-Napoléon Saint-Cyr et lřabbé Victor-Alphonse Huard comme conservateur du musée de lřInstruction publique. Certaines idéologies politiques sřentrechoquent alors au Québec. Le conservatisme et le libéralisme vont tour à tour occuper la scène politique au parlement provincial au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. Les conservateurs dominent la scène politique pendant plusieurs années. Parmi ces derniers, les ultramontains cherchent à combattre le libéralisme prôné dans les années 1850 et 1860 par un groupe de jeunes réformistes rouges. Ils tentent également de promouvoir la protection des institutions canadiennes-françaises dans les domaines religieux, scolaire et juridique. À partir du Programme catholique de 1873, lřemprise des ultramontains dans le parti grandit à un point tel que certains modérés du groupe centriste sont tentés de joindre les rangs des libéraux27. Ces derniers, que lřon considérait radicaux jusquřaux années 1860, adopte par la suite une ligne modérée afin de se dissocier du rougisme. Lors du « coup dřÉtat » de Luc Letellier de Saint-Just, en mars 1878, le libéral Henri-Gustave Joly de Lotbinière remplace C.-E. Boucher de Boucherville comme premier ministre, mais les libéraux ne peuvent conserver les rênes du pouvoir aux élections de 1879. Avec Honoré Mercier au Parti 26 Jacques Paul Couturier, avec la collaboration de Wendy Johnson et Réjean Ouellette, Un passé composé. Le Canada de 1850 à nos jours, Moncton, Les Éditions Acadie, 1996, p. 55. 27 Linteau, Durocher et Robert, op. cit., p. 300-304. 46 national, en 1886, le nationalisme canadien-français, lřautonomisme même, et un certain conservatisme socio-politique sont à lřhonneur28. À partir de la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, le courant libéral progresse au sein de la société canadienne-française. Les hommes dřaffaires et les dirigeants politiques voient dans le progrès matériel, la croissance économique, lřentreprise privée, le capital étranger et lřéducation les clés dřun développement économique prospère29. Certains prônent lřinterventionnisme étatique pour enclencher des réformes sociales dans les secteurs de la santé publique et, surtout, de lřéducation. Selon eux, la modernisation du système scolaire québécois devait permettre de lřadapter aux besoins du marché par la création, par exemple, dřécoles spécialisées. La modernisation de la société québécoise constitue donc une valeur dominante de ce courant libéral. Certains membres du clergé et de groupes nationalistes représentent le courant clérico-nationaliste. Pour eux, la clé du développement économique réside dans lřagriculture et la colonisation. En rejetant les valeurs nouvelles, comme lřindustrialisation, la modernisation et lřinterventionnisme de lřÉtat, ils tentent de convaincre la population que lřunité sociale est assurée par un repli sur les valeurs traditionnelles de lřagriculture, un mode de vie rural, la famille et surtout la religion catholique. Cette alternance idéologico-politique nřest pas sans avoir influencé le développement intellectuel et scientifique du Québec. Au fil des changements de gouvernements, les subventions pour des publications scientifiques et les mesures prises en vue dřimplanter des cours de sciences ou des écoles spécialisées ne tiennent pas très longtemps. Un exemple nous est donné par le sort de la revue Le Naturaliste canadien, fondée en 1868 par lřabbé Léon Provancher. La revue connut un cheminement entrecoupé dřavancées et de reculs. La première année, on dénombre près de cinq cents abonnés. Devant un tel succès, L. Provancher demande dès le second mois de parution une aide gouvernementale qui lui est 28 29 Ibid., p. 320-323. Ibid., p. 695-696. 47 accordée annuellement. De vingt-quatre pages, la revue passe à trente-deux pages. En 1873, le premier ministre P.-J.-O. Chauveau porte lřallocation annuelle de 200$ à 400$. La revue entre alors dans une période intense de diffusion ; on lřappréciait de plus en plus dans les milieux scientifiques européens et américains. Malgré la popularité de la revue en dehors du Québec, le nombre dřabonnés diminua constamment dans la province, passant à quatre cents en 1872 à deux cent cinquante en 1877. La revue était néanmoins envoyée à trois cents adresses, ce qui permit à L. Provancher de recevoir en échange des revues savantes et diverses publications de sciences naturelles. Deux ans plus tard, en 1879, comme le raconte L. Provancher dans le volume XIX du Naturaliste canadien, M. Joly alors premier ministre, retrancha cet item [lřallocation de 400$] du budget, laissant à notre charge, malgré sa parole donnée, la publication de cette année. (…) Rétablie en 1880 par M. Chapleau, notre allocation fut de nouveau supprimée en 1883 par M. Mousseau, et de nouveau rétablie par M. Ross en 1885. (…) Le ministère Mercier remplaça le ministère Ross en 1886 et lřallocation fut continuée 30. Lřallocation accordée à L. Provancher pour la préparation du Naturaliste canadien est toutefois définitivement retranchée, en 1890, par le premier ministre H. Mercier, à la suite de la publication dřun article de L. Provancher, jugé par trop critique, sur la conduite du responsable politique. Ce comportement est typique de la culture du patronage de lřépoque. Comme il refuse de se rétracter, lřallocation nřest plus versée, ce qui contraint L. Provancher dřabandonner les parutions de la revue en juin 1891. En analysant la situation dřun point de vue du milieu scientifique, et non du champ politique, la réaction de lřadministration publique exprimerait, selon lřabbé, le manque dřintérêt du gouvernement dřH. Mercier pour le développement des sciences dans la province. Refusant de voir quřil sřagissait plutôt dřun geste partisan, L. Provancher juge que le Québec avait tout intérêt à encourager les recherches et les publications scientifiques, mais ne le faisait pas. Certes, les responsables gouvernementaux québécois de la fin du XIXe siècle se préoccupent de science. Toutefois, selon lřabbé, les raisons justifiant les refus répétés à son entreprise sřexpliqueraient plus par des raisons circonstancielles que structurelles. 30 L. Provancher, « Après plus de vingt ans », Le Naturaliste canadien, vol. XIX, no 12 (juin 1890), p. 234235. 48 Cřest assez extraordinaire que des deux côtés, du ministère et de lřopposition, on vote ainsi sans demander dřexplications. On donne bien là la preuve que des deux côtés on nřa nul souci des intérêts de la science. Que cette publication vive ou quřelle meure, que nous importe, semble-t-on dire de part et dřautre. (…) Nos gouvernants surtout ne connaissent pas lřimportance de la science. Parce quřils sřen sont bien passés, ils croient que de même tout le monde doit sřen passer. Et là dessus les partis politiques se valent à peu près. À part deux nobles exceptions en faveur de M. Chauveau et de M. De Boucherville31, tous les autres, conservateurs et libéraux ont tenu à peu près la même ligne de conduite32. Ce que lřon comprend de lřintervention de L. Provancher, cřest quřil nřy aurait pas une sympathie généralisée à lřégard de la science au sein des responsables politiques du Québec, mais plutôt un intérêt de la part de certains individus qui décidaient de sřimpliquer dans ce domaine. 2.2 La science au Québec de 1820 à 1920 Pour la période allant de 1820 à 1850, ce que lřon qualifie dřactivité scientifique se décline principalement dans la participation à des sociétés savantes, la production de manuels et lřenseignement des sciences dans certains collèges classiques. 2.2.1 Sociétés savantes Au cours des décennies 1820 et 1840, dix sociétés savantes sont créées au Québec : la Literary and Historical Society of Quebec, ou L.H.S.Q. (1823), la Société pour lřencouragement des sciences et des arts au Canada (1827, fusionnée à la L.H.S.Q. en 1829), la Natural History Society of Montreal, ou N.H.S.M. (1827-1925), les Mechanicsř Institute de Montréal (1828-) et de Québec (1830-), la Société canadienne dřétudes littéraires et scientifiques (1843-1848), les instituts canadiens de Montréal (1844-1882) et de Québec (1848-aujourdřhui), la Montreal Horticultural Society and Fruit Growersř Association of the Province of Quebec (1846-1894) et The Agricultural Society of Lower Canada (1847-1850 ?). Ce deuxième quart du XIXe siècle a été qualifié dřâge dřor des 31 P.-J.-O. Chauveau et C.-E. Boucher de Boucherville furent successivement premiers ministres conservateurs du Québec, le premier de 1867 à 1873, le second de 1874 à 1878 et de décembre 1891 à décembre 1892. 32 Ibid., p. 235-236. 49 sciences au Québec par lřhistorien des sciences R.A. Jarrell, par comparaison avec la deuxième moitié du siècle au cours de laquelle peu de sociétés savantes dřimportance voient le jour. On peut mentionner les sections de Québec (1863-) et de Montréal (1873-) de lřEntomological Society of Canada (qui prend le nom dřEntomological Society of Ontario en 1871), la Société de géographie de Québec (1877-) et la Société pomologique et fruitière de la province de Québec, en continuité avec la Montreal Horticultural Society (1894-1969). Les autres sociétés comme la Société dřhistoire naturelle de Québec (18701888) ou la Société pour lřavancement des sciences, des lettres et des arts (dissolue peu dřannées suite à sa fondation en 1908) connurent une évolution aléatoire et durèrent quelques années seulement. 2.2.2 Manuels de sciences et monographies scientifiques Nous avons inventorié les manuels de science et les monographies, tout auteur confondu, pour les années 1800 à 1849, et ceux produits par 70 naturalistes pour la période de 1850 à 1920. La production de manuels de sciences fut le fait dřun petit nombre de communautés religieuses possédant des maisons dřéducation, comme la Communauté Notre-Dame (c.n.d.), les clercs de Saint-Viateur (c.s.v.) et les Frères des écoles chrétiennes (f.é.c.), et de quelques autodidactes33. Le tableau 2.1 recense les manuels et les monographies produits de 1800 à 1849 au Québec, tous auteurs confondus34. Les manuels dominent largement, avec plus de 80 % du total. Par comparaison, la production de monographies scientifiques représente environ 18 % des publications. Nous insistons sur lřimportance des manuels scolaires, car ils forment la majorité des publications de type scientifique pour les années 1800 à 1849 et représentent donc presque la totalité de lřoffre de publications scientifiques pour la période. Les manuels de science produits servent pour lřenseignement scientifique dans les collèges classiques. Lřenseignement scientifique est alors donné aux deux dernières années du cours classique, en philosophie I et philosophie II. Les mathématiques et lřarithmétique, que lřon 33 Les plus connus dans notre liste de 70 naturalistes de la période suivante (1850-1920) étant Napoléon Aubin, Joseph Cauchon et Jean-Baptiste Meilleur. 34 Le nombre très restreint de publications par les naturalistes de notre liste pour cette première période explique cette décision. 50 enseigne dans les premières années du cours classique, sont enlevées des classes de belleslettres (seconde) et de rhétorique après 185035. Quant à lřenseignement des autres sciences (physique, chimie, botanique, géologie et minéralogie, zoologie et histoire naturelle), il faut attendre 1930 pour quřil soit obligatoire dans les classes dřéléments, de syntaxe et de méthode (les trois premières années du cours classique)36. Auparavant, elles sřinséraient épisodiquement dans les six premières années du cours. Les collections minéralogiques, botaniques et zoologiques, de même que les cabinets de physique de certains collèges servirent à enrichir cet enseignement aléatoire. Nombre dřétudiants quittent avant de terminer leur cours complet de huit années, ce qui a comme conséquence que peu dřentre eux, environ le quart, suivront les cours de sciences dispensés par les professeurs de philosophie37. Pour ceux qui poursuivent en philosophie I et II, ils suivent à la fois des cours de philosophie (logique, morale et métaphysique) et de sciences (mathématiques, physique, chimie et astronomie38). La création dřune section spécifiquement scientifique, séparée de la philosophie, ne se réalise quřen 194439. Ainsi, après la rhétorique, les élèves qui continuent leurs études doivent choisir entre la philosophie et les sciences. Par manque de personnel et dřéquipement, les collèges classiques ne pouvaient offrir les deux options. Par conséquent, « les collèges affiliés à lřUniversité Laval envoient alors tous leurs élèves à vocation scientifique à Québec, où la faculté des arts ouvre en 1949 une classe préscientifique, (…)40 ». 35 Galarneau, op. cit., p. 180. Les mathématiques « reviennent en 1923 en seconde et après 1945 en rhétorique (…). » 36 Ibid. 37 Paul Carle, Le cabinet de physique et l’enseignement supérieur des sciences au Canada français : le cas du Séminaire de Québec et de l’Université Laval (1663-1920), Thèse de Ph. D., Université de Montréal, 1986, p. 87. 38 Galarneau, op. cit., p. 190. 39 Ibid., p. 191. 40 Ibid. 51 Tableau 2.1 Manuels et monographies scientifiques, 1800-1849 (toutes sources confondues) Disciplines Agriculture Arithmétique Trigonométrie Astronomie Botanique Chimie et chimie appliquée Géographie Physiologie Physique Sciences naturelles TOTAL Manuels Nb % 3 13 10 43,5 Monographies Nb % 1 20 1 20 Totaux Nb % total 4 14,3 11 39,3 1 1 4 4,3 4,3 17,4 0 0 1 0 0 20 1 1 5 3,6 3,6 17,9 1 1 1 1 23 4,3 4,3 4,3 4,3 100 1 0 0 1 5 20 0 0 20 100 2 1 1 2 28 7,1 3,6 3,6 7,1 100 Source : Compilation de lřauteure à partir dřoutils de recherche historiques (Jacques Cayouette, Scientifiques au Canada français et leurs publications (1840-1910); documentation tirée des dossiers de Jacques Cayouette, Gatineau, février 2004, 20 p. (manuscrit non publié); Narcisse-Eutrope Dionne, Catalogue alphabétique de la Bibliothèque de la Législature de la Province de Québec, Québec, s.é., 1903, 746 p.; Narcisse-Eutrope Dionne, Inventaire chronologique des Livres, Brochures, Journaux et Revues publiés en langue française dans la province de Québec, depuis l’établissement de l’imprimerie au Canada jusqu’à nos jours. 1764-1905, Québec, s.é., 1905, 175 p. + 21 p.; Philéas Gagnon, Essai de bibliographie canadienne, Québec, imprimé pour lřauteur, 1895. X-711 p.; Philéas Gagnon, Essai de bibliographie canadienne Tome II, Montréal, La Patrie, 1913, xii-462 p.; Literary and Historical Society of Quebec, Catalogue of its books, Québec, 1844, 93 p.; Literary and Historical Society of Quebec, Catalogue of the books in their library, Québec, 1873, v-194-iv p.; Victor Morin, Catalogue de la bibliothèque de Me Victor Morin, ancien président de la Société Royale du Canada et notaire à Montréal. Canadiana, Americana, Gravures, Autographes, Manuscrits, Cartes, Revues, Littératures, Sciences, Curiosités, Etc., Montréal, en vente par la Librairie Ducharme Limitée, 1950-51, 3 brochures de 64 p. chacune; Michel Villeneuve, Laurentiana. Guide du collectionneur de livres québécois, Beauport, Michel Villeneuve, 1998, 211 p. 52 Tableau 2.2 Manuels et monographies de 70 naturalistes, 1850-1920 Disciplines Agriculture Arboriculture Horticulture Astronomie Botanique Chimie Conchyliologie Entomologie Évolution Foresterie Sylviculture Géographie Histoire naturelle Ichtyologie et invertébrés marins Leçons de choses Mathématiques Géométrie Géologie Minéralogie Paléontologie Mammalogie Ornithologie Physique Zoologie TOTAL Manuels Nb % 13 31,7 Monographies Nb % 6 6,1 Totaux Nb % total 19 13,6 1 5 2 0 1 0 1 2,4 12,2 4,9 0 2,4 0 2,4 1 13 1 1 15 1 2 1 13,1 1 1 15,2 1 2 2 18 3 1 16 1 3 1,4 12,9 2,1 0,7 11,7 0,7 2,1 1 2,4 0 0 1 0,7 2 0 4,9 0 16 2 16,2 2 18 2 12,9 1,4 1 5 2,4 12,2 0 7 0 7,1 1 12 0,7 8,6 4 9,8 21 21,2 25 17,9 0 1 2 2 41 0 2,4 4,9 4,9 100 1 11 0 1 99 1 11,1 0 1 100 1 12 2 3 140 0,7 8,6 1,4 2,1 100 Source : Compilation de lřauteure à partir dřoutils de recherche historiques (Jacques Cayouette, Scientifiques au Canada français et leurs publications (1840-1910); documentation tirée des dossiers de Jacques Cayouette, Gatineau, février 2004, 20 p. (manuscrit non publié); Narcisse-Eutrope Dionne, Catalogue alphabétique de la Bibliothèque de la Législature de la Province de Québec, Québec, s.é., 1903, 746 p.; Narcisse-Eutrope Dionne, Inventaire chronologique des Livres, Brochures, Journaux et Revues publiés en langue française dans la province de Québec, depuis l’établissement de l’imprimerie au Canada jusqu’à nos jours. 1764-1905, Québec, s.é., 1905, 175 p. + 21 p.; Philéas Gagnon, Essai de bibliographie canadienne, Québec, imprimé pour lřauteur, 1895. X-711 p.; Philéas Gagnon, Essai de bibliographie canadienne Tome II, Montréal, La Patrie, 1913, xii-462 p.; Literary and Historical Society of Quebec, Catalogue of its books, Québec, 1844, 93 p.; Literary and Historical Society of Quebec, Catalogue of the books in their library, Québec, 1873, v-194-iv p.; Victor Morin, Catalogue de la bibliothèque de Me Victor Morin, ancien président de la Société Royale du Canada et notaire à Montréal. 53 Canadiana, Americana, Gravures, Autographes, Manuscrits, Cartes, Revues, Littératures, Sciences, Curiosités, Etc., Montréal, en vente par la Librairie Ducharme Limitée, 1950-51, 3 brochures de 64 p. chacune; Michel Villeneuve, Laurentiana. Guide du collectionneur de livres québécois, Beauport, Michel Villeneuve, 1998, 211 p. Pour la période suivante, cřest lřinverse qui se produit (voir tableau 2.2) : les monographies dominent, avec plus de 70 % du total, tandis que la proportion de manuels, certes plus important en nombre, passe à 29,3 %. Ce renversement sřexpliquerait par lřapparition de plusieurs naturalistes qui entreprennent des recherches dans différentes disciplines. Il sřagit, pour la plupart, de sciences dřinventaire, cřest-à-dire de différentes branches de lřhistoire naturelle, mais également de ce quřon appelait la philosophie naturelle qui renfermait la physique et la géophysique41. Ainsi, au cours du XIXe siècle et particulièrement de la seconde moitié du siècle, les ressources des territoires de lřAmérique du Nord britannique et les phénomènes naturels sont systématiquement catalogués par les naturalistes du Québec, conformément à lřobjectif de la science victorienne dřétablir une vision globale et utilitaire du monde naturel42. Pour ce qui est des disciplines, de 1800 à 1849, on remarque que lřarithmétique, la chimie et lřagriculture sont les domaines dans lesquels on retrouve le plus de manuels, tandis que pour les monographies, on ne peut repérer de tendance nette à cause du nombre peu élevé de publications. Pour les années 1850 à 1920, les catégories de manuels les plus souvent représentées sont lřagriculture, les mathématiques, la botanique et la géologie. Les ouvrages dřagriculture, dřarboriculture et dřhorticulture représentent une bonne proportion du total des manuels publiés par les naturalistes, cřest-à-dire 31,7 %. La volonté de fournir aux élèves des écoles élémentaires, aux étudiants des collèges de même quřaux cultivateurs des connaissances de base sur les pratiques agricoles expliquent ce résultat impressionnant. La géologie obtient un résultat de 9,8 %. Il nřy a là rien de surprenant, si lřon considère lřintérêt marqué du monde scientifique et de plusieurs professeurs de collèges et dřuniversités pour cette discipline. Pour ce qui est de la botanique (12,2 % du total), on y retrouve les ouvrages de lřabbé L. Provancher (Traité élémentaire de botanique à l’usage 41 42 Zeller, op. cit., p. 4. Ibid., p. 177 et 269. 54 des maisons d’éducation et des amateurs paru en 1858 et réédité en 1884 et Le verger canadien paru en 1862 et réédité en 1874 et 1885), les Énumération des genres de plantes de la flore du Canada et les Éléments de botanique et de physiologie végétale, manuels à lřusage des élèves du cours de botanique de lřUniversité Laval donné par lřabbé LouisOvide Brunet et lřAbrégé de botanique de lřabbé V.-A. Huard, qui connut 6 éditions de 1912 à 1925. Enfin, en ce qui concerne les mathématiques (12,2 %), il sřagit dřouvrages dřarithmétique pour les écoles élémentaires ou encore de manuels plus spécialisés (calcul différentiel et intégral, géométrie, trigonométrie rectiligne et sphérique) destinés aux étudiants, aux professeurs et aux ingénieurs. On remarque ici que les lectorats sont très soigneusement indiqués sur la page couverture, comme cřétait le cas de plusieurs manuels dans dřautres catégories. Lřexamen de la compilation des monographies scientifiques pour les années 1850 à 1920 se révèle un peu différent. Ainsi, au total, la géologie est la discipline la plus souvent publiée (avec 21,2 % de toutes les monographies). Ceci nřest guère étonnant, puisque, au cours de la période victorienne, « le progrès économique signifiait la croissance de lřindustrie, (ce qui amena) invariablement la motivation pour une recherche scientifique des minéraux utiles comme le charbon et le minerai de fer43 ». Cette volonté scientifique, doublée dřune volonté politique Ŕ la Commission géologique du Canada est fondée en 1842 Ŕ se reflète dans la production de plusieurs monographies et rapports sur la géologie du Canada ou dřune région canadienne. La géologie est suivie de près par lřentomologie (15,2 %) ce qui sřexplique par le grand nombre de publications de lřabbé L. Provancher qui produisit pas moins de la moitié des monographies dans cette discipline. Lřornithologie figure aussi en bonne posture avec 11,1 % du total des publications. La contribution des naturalistes James Mac Pherson Le Moine, Charles-Eusèbe Dionne et lřabbé L. Provancher justifie ce résultat. 43 Ibid., p. 34. 55 La catégorie des ouvrages traitant de lřhistoire naturelle en général regroupe 16,2 % des monographies, tandis que la botanique, une autre science dřinventaire très populaire au cours de la période victorienne, représente 13,1 % du total. Les publications dans cette discipline se présentent sous différentes formes, comme des catalogues de plantes trouvées dans une région et une flore, la première menée à terme au Canada au XIX e siècle : celle de lřabbé L. Provancher. Il sřagit donc dřouvrages qui contiennent des données sur la distribution géographique des plantes au Canada (avant la Confédération) ou dans une province44. Cet intérêt sřinscrit dans un des objectifs de la science victorienne, cřest-à-dire la production dřinventaires systématiques des ressources naturelles dřun territoire. Quand on considère les publications de type scientifique Ŕ manuels et monographies confondus Ŕ pour 1850 à 1920, on retrouve les mêmes disciplines en tête de liste : la géologie (17,9 % du total), lřagriculture (13,6 %), la botanique (12,9 %), lřentomologie (11,7 %), lřornithologie (8,6 %) et les mathématiques (8,6 %), suivant les intérêts disciplinaires des naturalistes de cette période. Si lřon considère maintenant les périodes de publication des manuels et des monographies (voir le graphique 2.1), on remarque tout de suite que la très grande majorité des ouvrages publiés le furent entre 1860 et 1900. Ce résultat nřest pas surprenant, compte tenu du nombre élevé de naturalistes qui investissent alors une ou plusieurs disciplines scientifiques. Dans le tableau 2.3, on observe que la décennie 1870-1879 est la plus active tant pour la production de manuels que de monographies. Lřexplication la plus plausible est quřun grand nombre de naturalistes atteignent alors la quarantaine et la cinquantaine au milieu de la décennie et sont prêts à diffuser leurs connaissances. 44 Ibid., p. 264. 56 Tableau 2.3 Manuels et monographies de 70 naturalistes du Québec, par décennie Décennies 1850-1859 1860-1869 1870-1879 1880-1889 1890-1899 1900-1909 1910-1919 S.D. TOTAL Manuels Nombre % 3 7,3 5 12,2 14 34,1 5 12,2 4 9,8 5 12,2 4 9,8 1 2,4 41 100 Monographies Nombre % 6 6,1 19 19,2 21 21,1 18 18,2 13 13,1 12 12,1 7 7,1 3 3 99 100 Total Nombre 9 24 35 23 17 17 11 4 140 % 6,4 17,1 25 16,4 12,1 12,1 7,9 2,9 100 Source : Compilation de lřauteure à partir dřoutils de recherche historiques (Jacques Cayouette, Scientifiques au Canada français et leurs publications (1840-1910); documentation tirée des dossiers de Jacques Cayouette, Gatineau, février 2004, 20 p. (manuscrit non publié); Narcisse-Eutrope Dionne, Catalogue alphabétique de la Bibliothèque de la Législature de la Province de Québec, Québec, s.é., 1903, 746 p.; Narcisse-Eutrope Dionne, Inventaire chronologique des Livres, Brochures, Journaux et Revues publiés en langue française dans la province de Québec, depuis l’établissement de l’imprimerie au Canada jusqu’à nos jours. 1764-1905, Québec, s.é., 1905, 175 p. + 21 p.; Philéas Gagnon, Essai de bibliographie canadienne, Québec, imprimé pour lřauteur, 1895. X-711 p.; Philéas Gagnon, Essai de bibliographie canadienne Tome II, Montréal, La Patrie, 1913, xii-462 p.; Literary and Historical Society of Quebec, Catalogue of its books, Québec, 1844, 93 p.; Literary and Historical Society of Quebec, Catalogue of the books in their library, Québec, 1873, v-194-iv p.; Victor Morin, Catalogue de la bibliothèque de Me Victor Morin, ancien président de la Société Royale du Canada et notaire à Montréal. Canadiana, Americana, Gravures, Autographes, Manuscrits, Cartes, Revues, Littératures, Sciences, Curiosités, Etc., Montréal, en vente par la Librairie Ducharme Limitée, 1950-51, 3 brochures de 64 p. chacune; Michel Villeneuve, Laurentiana. Guide du collectionneur de livres québécois, Beauport, Michel Villeneuve, 1998, 211 p. 57 Graphique 2.1 Manuels et monographies pour 70 naturalistes Source : Compilation de lřauteure à partir des données du tableau 2.3. 58 2.2.3 Enseignement des sciences Au Séminaire de Québec, une véritable tradition se met en place au début du XIX e siècle, particulièrement dans lřenseignement des sciences physiques. En 1800, lřabbé Jérôme Demers devient professeur de philosophie et de sciences dans cette institution. Il assure cette fonction presque sans interruption pendant trente-cinq ans. En 1834, il sépare les sciences de lřenseignement de la philosophie. À partir de ce moment, les mathématiques, la physique et la chimie, tout comme lřastronomie, sont chacune enseignées par un professeur différent. La physique se structure en sous-spécialisations, comme la mécanique, lřoptique, lřacoustique, lřélectricité, lřhydrostatique, etc., tandis que les sciences naturelles acquièrent un statut indépendant de la philosophie en 1843. On les subdivise alors en quatre disciplines : botanique, zoologie, minéralogie et géologie45. Ses notes de cours montrent quřil se tenait informé des dernières découvertes en physique46. Son successeur, lřabbé Louis-Jacques Casault, assura aussi le cours de physique de 1835 à 1853. Au cours de cette période, le cabinet de physique est réaménagé, grâce aux achats dřinstruments par lřabbé John Holmes, en 1837 et 1838. Cette première période dřenseignement des sciences au Séminaire de Québec, « dont le début est marqué par lřarrivée de J. Demers à lřenseignement de la physique, en est une de transformations : institutionnalisation du statut dřenseignant, spécialisation disciplinaire, transformation et structuration du contenu du cours, introduction dřune méthode expérimentale dřenseignement, création dřun cabinet de physique important; telles en sont les principales caractéristiques. Cette période sřachève entre 1855 et 1860 avec le voyage de formation de lřabbé Hamel en France (…)47 ». À partir de la création de lřUniversité Laval, en 1850, jusquřau milieu des années 1920, trois abbés occupent le poste de professeur de physique : lřabbé Thomas-Étienne Hamel, de 1853 à 1875, lřabbé Joseph-Clovis-Kemner Laflamme, de 1875 à 1893, et lřabbé Henri Simard, de 1893 à 1923. Lřabbé T.-E. Hamel, le premier titulaire de la chaire de 45 Ibid., p. 94. Chartrand, Duchesne et Gingras, op. cit., p. 204-207. 47 Carle, op. cit., p. 215. 46 59 physique, reçut une formation scientifique à lřétranger. À partir de 1854, il passe quatre années à Paris au cours desquelles il compléta une licence ès sciences mathématiques à lřÉcole des Carmes. Sa licence en sciences physiques nřest pas complétée à son retour précipité en 1858. Cřest au début de son professorat, en 1858 et 1859, que lřon améliore grandement le cabinet de physique. Cependant, « si le cabinet est riche, il ne faut cependant pas le confondre avec un laboratoire. On ne trouve en effet aucune trace de recherche ou même simplement dřétudes savantes auxquelles les professeurs se seraient livrés. (…) la valeur symbolique des instruments a peut-être autant dřimportance que leur valeur pédagogique48 ». Lřabbé J.-C.-K. Laflamme remplace lřabbé T.-E. Hamel, en 1875, alors pris dans des charges administratives au Séminaire de Québec et à lřUniversité Laval. Pendant presque vingt ans, de 1875 à 1893, armé de son seul baccalauréat ès arts, J.-C.-K. Laflamme est chargé du cours de physique. T.-E. Hamel conserve toutefois son titre de professeur à la chaire de physique, sans lřexercer. Comme le mentionne P. Carle, la formation en physique de J.-C.-K. Laflamme « est nettement inférieure à celle de son prédécesseur, lřabbé T.-H. Hamel. Les principes établis par lřabbé L.-J. Casault à la naissance de lřuniversité en 18531854, et demandant une formation supérieure pour les enseignants de lřuniversité, ne tiennent plus, une vingtaine dřannées plus tard49 ». Autodidacte, J.-C.-K. Laflamme consacre lřessentiel de ses énergies à se perfectionner en géologie Ŕ discipline quřil enseigne également Ŕ, comme lors dřune session dřété à lřUniversité Harvard, en 1877, et dřun stage à Paris, en 1888-1889. Ses connaissances insuffisantes en paléontologie lřempêchent toutefois de pouvoir dater avec précision certaines roches quřil récoltait lors de ses explorations géologiques à travers le Québec, ce qui limitait la portée de ses interprétations. Ancien élève de J.-C.-K. Laflamme, lřabbé H. Simard succède à ce dernier au poste de professeur de physique de 1893 à 1923, tout en occupant la charge du cours 48 Paul Carle et Raymond Duchesne, « Modernisme et tradition : lřenseignement de la physique à Québec (1800-1920) », Protée, vol. 16, no 3 (automne 1988), p. 80-81. 49 Carle, op. cit., p. 188. 60 dřastronomie, jusquřen 1925. Comme son maître, H. Simard ne possède pas de formation scientifique proprement dite. Il passe lřannée 1899 à Paris pour suivre divers cours de chimie, de physique, de géologie et de minéralogie. Ses insuffisances en mathématiques lřempêchent toutefois dřassister à certains cours. En 1914, H. Simard devient titulaire de la chaire de physique, suite à la mort de T.-E. Hamel. Ces professeurs, dont aucun ne produisit de publications scientifiques déterminantes, se sont plutôt tournés vers la vulgarisation et la préparation de manuels50. Comme lřexplique Carle, la seconde période qui caractérise lřenseignement des sciences au Séminaire de Québec « est surtout marquée par lřinertie : désintéressement ou incapacité à transformer et améliorer lřenseignement scientifique; mise en place dřun triple champ (scientifique, vulgarisateur, pédagogique) où les acteurs sociaux, nos « savants » québécois, doivent pratiquer leur compétence51 ». Mais, comme il le mentionne plus loin, « les premières années du XXe siècle amorcèrent cependant le déclin et la remise en question de cette forme dřenseignement des sciences physiques. Sous lřimpulsion de lřaide financière du gouvernement, qui suppléera ainsi à la mainmise totale du clergé sur lřenseignement supérieur, se créeront des grandes écoles de sciences appliquées qui seront à lřorigine des premières facultés de sciences52 ». À côté de lřenseignement des sciences physiques existe un enseignement des sciences naturelles, axé sur la botanique, la géologie et la minéralogie. Cet intérêt pour les sciences naturelles nřest pas surprenant, compte tenu que lřhistoire naturelle accapare les loisirs de nombreux naturalistes, suivant en cela la tradition naturaliste de lřAngleterre victorienne transposée en Amérique du Nord. 50 J.-C.-K. Laflamme, Notions sur l’électricité et le magnétisme, Québec, 1893, 88 p. et Éléments de minéralogie, de géologie et de botanique, Québec, 1879, 428 p. (Réédité avec changement de titre en 1881, 1898, 1919 et 1924); H. Simard, Traité élémentaire de physique rédigé conformément au programme de l’Université Laval, Québec, 1903, 654 p.; Cours élémentaire de cosmographie, Québec, Imprimerie Laflamme et Proulx, 1916 (première édition en 1913), 198 p.; H. Simard et V.-A. Huard, Manuel des sciences usuelles, Québec, E. Marcotte, 1907, 388 p. 51 Carle, op. cit., p. 216. 52 Ibid., p. 276. 61 Au Séminaire de Québec, on se préoccupe très tôt de lřenseignement des sciences naturelles. En 1843, comme nous lřavons vu, celles-ci furent séparées de lřenseignement de la philosophie53, comme on lřavait fait quelques années plus tôt avec les sciences physiques. On assiste alors à une certaine spécialisation de lřenseignement de lřhistoire naturelle; la botanique, la géologie et la minéralogie forment alors les trois disciplines du cours de sciences naturelles. Le premier professeur titulaire de ce cours est lřabbé John Horan, qui lřassure de 1843 à 1858, année de son départ pour Kingston. Lřabbé J. Horan, comme lřabbé T.-E. Hamel quelques années plus tard, suivit un perfectionnement dans une discipline scientifique Ŕ la géologie Ŕ à lřUniversité Yale, en 1840, le qualifiant pour occuper son poste de professeur de cette discipline. Pour son enseignement, lřabbé J. Horan dispose des échantillons minéralogiques de la Collection Haüy, un cadeau envoyé en 1816 par un abbé français qui sřétait réfugié à Québec pendant la Révolution française. Il sort aussi sur le terrain pour effectuer des excursions de géologie et des herborisations servant de démonstration pour la botanique54. Ce nřest quřen 1858 que sont officiellement créés les musées de sciences naturelles de lřUniversité Laval, soit ceux de minéralogie et de zoologie. Le musée de botanique nřétait pas encore organisé, mais la situation change bientôt avec lřentrée en fonction dřun nouveau professeur de sciences naturelles, à partir de 1858 : lřabbé L.-O. Brunet. Ce dernier succède à lřabbé J. Horan, dont il a été lřélève, comme responsable de lřenseignement des sciences naturelles. Cinq ans plus tard, il est officiellement promu professeur de botanique, sa spécialité. Il côtoie lřabbé T.-E. Hamel, titulaire des cours de physique et de mathématiques, de 1853 à 1875, et Thomas Sterry Hunt, professeur de minéralogie et de géologie, de 1858 à 1862, puis professeur honoraire de chimie jusquřen 1871. L.-O. Brunet remplace ce dernier à la chaire dřhistoire naturelle, de 1862 à 187155. Cřest au cours du passage de L.-O. Brunet que le musée de botanique prend un essor important. À partir de 1863, année de son retour dřun voyage dřétudes en Europe, L.-O. 53 Pascale Gagnon, Les musées de sciences naturelles de l’Université Laval au Séminaire de Québec, Québec, Service des collections, Direction de la recherche et de la conservation, Musée de la civilisation, 1998, p. 16. 54 Ibid., p. 20. 55 Chartrand, Duchesne et Gingras, op. cit., p. 184. 62 Brunet organise le musée en le divisant en trois galeries : 1) celle de la collection des bois économiques canadiens; 2) celle des collections de bois canadiens et exotiques, des collections de fruits et de champignons artificiels et de graines; 3) enfin, celle des herbiers regroupant environ 10 000 spécimens. Lřherbier canadien est le fruit de ses efforts dřherborisations, tandis que les herbiers américain et général sont issus quant à eux de dons, dřachats et dřéchanges avec lřétranger. Lřabbé J.-C.-K. Laflamme débute comme professeur de minéralogie et de géologie en 1870 et, lřannée suivante, il remplace lřabbé L.-O. Brunet au cours de botanique, celui-ci sřétant retiré pour cause de maladie. J.-C.-K. Laflamme reste professeur pour ces trois disciplines jusquřen 1909. Passionné de géologie et de minéralogie, il sřoccupa également du musée de géologie et de minéralogie, auparavant réorganisé par T.S. Hunt, en 1864 et 1865. Comme il ne dispose pas de fonds pour acheter beaucoup de spécimens, J.-C.-K. Laflamme doit en recevoir par échanges ou par dons, ce quřil fait pendant plusieurs décennies. Il organise aussi certaines collections pour les utiliser dans son enseignement de la minéralogie. Sa participation en tant que membre adjoint de la Commission géologique du Canada, à partir de 1883, donne aussi une certaine impulsion au musée. Ainsi, « de 1889 à 1898, George Mercer Dawson et Henri-Marc Ami, de la Commission géologique, procurent des collections au Musée de géologie et de minéralogie, mais leur service ne sřarrête pas là. Tout comme lřavait fait T.S. Hunt, les deux géologues installent et classifient, sur place, ces collections. H.-M. Ami, plus spécialement, correspond avec J.-C.K. Laflamme à multiples reprises : il lui fait parvenir des tables de classification et des modèles dřétiquettes pour les échantillons du Musée56 ». Même si lřenseignement de la zoologie reste incertain à lřUniversité Laval jusquřau début du XXe siècle, lřinstitution organise un musée de zoologie. Les administrateurs accordent suffisamment dřimportance à ce musée pour confier à un laïc la fonction de conservateur, à temps plein. François-Xavier Bélanger et Charles-Eusèbe Dionne occupent successivement cette fonction de 1869 à 1882 pour le premier et de 1882 à 1925 pour le 56 Gagnon, op. cit., p. 66. 63 second. Ce musée se compose de collections dřoiseaux, de nids et dřœufs, dřinsectes, de mammifères, de poissons, de reptiles et de mollusques. Au cours des années 1898 à 1907, J.-C.-K. Laflamme reçoit également pour le musée des dons de collections zoologiques, ornithologiques, paléontologiques et des collections dřinvertébrés en provenance du Muséum dřHistoire Naturelle de Paris. Pour la période qui sřéchelonne de 1875 à 1920, peu de changements sont apportés au contenu des cours scientifiques dans lřenseignement des collèges classiques. Le seul ajout notable est celui du cours de zoologie, en 1911, auparavant inexistant. Lřabbé V.-A. Huard retrace lřévolution de ce cours dans Le Naturaliste canadien : Quřil nous suffise de dire que lřétude, très élémentaire sans doute, de cette science [la zoologie], fait partie depuis plusieurs années des programmes de lřenseignement primaire en cette Province, et quřil restait exclus de lřenseignement secondaire, en notre pays, bien que, (…), certaines institutions religieuses donnassent aux filles, depuis longtemps, des leçons élémentaires de zoologie. Il y a une douzaine dřannées, croyons-nous, la zoologie avait été admise enfin, « à titre facultatif », dans les programmes du baccalauréat que devaient suivre les élèves des collèges; et, sur la demande de feu Mgr Laflamme, nous avions rédigé un programme dřétude de cette branche des sciences naturelles. Depuis, cette « matière facultative » est même « tombée » des programmes du baccalauréat57. Enfin, au Congrès des collèges affiliés à lřUniversité Laval, qui sřest tenu à Québec à la fin de ce mois de juin, et sur lřinitiative, croyons-nous, de M. lřabbé A. Gosselin, le distingué recteur de lřUniversité, la zoologie a été remise sur le programme des examens du baccalauréat, au même titre que la botanique, la minéralogie et la géologie.ŕIl paraît même, dřaprès ce que nous entendons dire, que lřon a décidé de mettre entre les mains des élèves lřAbrégé de Zoologie58 que nous avons publié ces années dernières, comme texte dřétude pour les leçons de zoologie élémentaire que lřon donnera désormais dans les collèges59. V.-A. Huard continue en exprimant le souhait que lřUniversité Laval organise un jour lřenseignement supérieur des sciences : « Nous sommes bien sûr quřelle ne faillira pas à la tâche quand le moment sera venu. Mais ce moment nřest pas prochain ; ce nřest quřà la longue que lřenseignement primaire et lřenseignement secondaire prépareront le terrain, dans ce domaine des sciences naturelles, à lřenseignement supérieur60 ». Sa prédiction ne 57 V.-A. Huard, « La zoologie dans notre enseignement classique », Le Naturaliste canadien, vol. XXXVII, no 12 (juin 1911), p. 178. 58 Il sřagit de lřAbrégé de zoologie. Cours abrégé d’histoire naturelle, à l’usage des maisons d’éducation, Québec, Imprimerie E. Marcotte, 1907-1921 (5 éditions). 59 Ibid., p. 178-179. 60 Ibid., p. 179. 64 sřest pas réalisée, de son vivant du moins, car cřest lřUniversité de Montréal, nouvellement séparée de lřUniversité Laval, en 1920, qui crée cette même année une Faculté des sciences, presque vingt ans avant celle de Laval. Cřest peut-être à cause du manque de débouchés pour ses diplômés en sciences que lřUniversité Laval met plutôt en place des cours publics de sciences que des programmes spécifiques61. « Cet enseignement public prend la forme de conférences uniques ou dřune série de deux ou trois conférences formant un cours : aucun prérequis nřest exigé pour assister à ces conférences, aucun examen ou certificat ne vient en garantir les résultats 62 ». Durant le dernier quart du XIXe siècle, près dřune soixantaine de conférences, dřexpériences et de cours publics furent présentés à lřUniversité Laval63. Lřabbé J.-C.-K. Laflamme en est le principal organisateur et présentateur. Les auditeurs peuvent ainsi assister à des spectacles de lanternes magiques ou écouter des conférences au sujet de lřélectricité, la phonographie, les rayons X et de certains phénomènes géologiques de la région de Québec. Pour la période suivante, sřétalant de 1900 à 1920, plus de vingt conférences et démonstrations sont préparées, majoritairement par lřabbé H. Simard64. Comme on peut le remarquer, on présente moins de conférences et de cours publics à lřUniversité Laval au début du XXe siècle. Cette offre moins importante, qui disparaîtra finalement, peut être due à une baisse dřintérêt de la part du public65, ou encore à une accessibilité plus grande aux découvertes scientifiques et aux innovations techniques par le biais des journaux ou de revues. Les cours publics de sciences, parce quřils nřétaient pas présentés régulièrement ni suivis avec assiduité, ne visent nullement à former des étudiants ou une quelconque relève scientifique. En mettent lřaccent sur les aspects spectaculaires et nouveaux de la science, ils cherchent plutôt à informer un certain public de lettrés au sujet des dernières innovations 61 Du moins, telle est lřinterprétation quřen fait Carle, p. 275. Carle, op. cit., p. 258. 63 Ibid., p. 191-193. 64 Ibid., p. 258-259. 65 Ibid., p. 259. 62 65 techniques qui auront vraisemblablement un impact dans leur vie, comme lřéclairage électrique, le téléphone, les rayons X ou la télégraphie sans fil. De même, lřenseignement des sciences dans les collèges classiques affiliés à lřUniversité Laval nřa pas de but spécifique; il « ne visait pas la formation de scientifiques professionnels comme cřétait le cas dans les universités de Toronto, de Dalhousie et à McGill. (…) Lřenseignement des sciences, sřil avait peu évolué depuis 1850, continuait de faire partie de la formation classique nécessaire à lřéducation des membres des professions libérales, des prêtres et, en général, de lřélite de la société canadienne-française66 ». Lřintérêt mitigé des dirigeants du Séminaire de Québec à lřégard dřun enseignement scientifique digne de ce nom peut se vérifier avec la création du baccalauréat ès sciences, en 1865. Comme lřexpliquent les historiens Carle et Duchesne, « ce diplôme est, en fait, un sous-produit du baccalauréat général, décerné aux étudiants ayant conservés les deux tiers des points à lřexamen de philosophie-sciences, mais nřayant pas obtenu la note de passage à lřexamen de lettres67 ». Un autre exemple nous est donné par lřéchec du projet dřun enseignement des sciences appliquées à lřUniversité Laval, en 1872. Deux ans auparavant, « le Premier ministre Chauveau68 offre à lřUniversité Laval lřappui du gouvernement si celle-ci accepte de créer un enseignement des sciences appliquées. Tentée par le projet, lřinstitution prend quelques mesures pour y donner réalité, mais, craignant apparemment lřingérence de lřÉtat dans ses affaires, y renonce finalement en 187269 ». Le successeur de P.-J.-O. Chauveau au poste de premier ministre et de ministre de lřInstruction publique, Gédéon Ouimet, sřintéresse également à la fondation dřune école de sciences appliquées. Un projet est alors sur la table, en collaboration avec Urgel-Eugène Archambault, directeur de lřAcadémie commerciale catholique de Montréal. Un autre membre de la Commission des écoles catholiques de Montréal, Peter S. Murphy, et U.-E. 66 Jarrell, op. cit., (« Lřultramontanisme et la science au Canada français »), p. 55-56. Carle et Duchesne, loc. cit., p. 79. 68 Le même P.-J.-O. Chauveau qui fut surintendant de lřInstruction publique. 69 Ibid., p. 80. 67 66 Archambault proposent un projet au gouvernement qui lřapprouve le 26 novembre 1873. Les cours débutent en janvier de lřannée suivante. Lřintervention du gouvernement provincial dans lřenseignement supérieur affecte de plusieurs façons lřÉcole Polytechnique. La création des bourses dřEurope va permettre à quelque-uns de ses diplômés dřaller se spécialiser à lřétranger pour ensuite revenir enseigner à lřÉcole70. Si à la fin du XIXe siècle, lřidentité des ingénieurs, encore mal définie, et la position de lřÉcole Polytechnique, perçue comme une école dřenseignement pratique, avaient disqualifié cette institution comme filière de formation professionnelle possible aux finissants des collèges, ce nřest plus le cas à partir des années 2071. Les débuts de lřÉcole Polytechnique de Montréal sont modestes. Une dizaine dřélèves se sont inscrits en 1874 et seulement cinq terminent le cours, mais sa fondation constitue un premier pas vers la formation dřingénieurs capables de travailler dans divers secteurs comme la construction des réseaux de transports, la construction dřinfrastructures industrielles et de nouveaux établissements manufacturiers72. Chez les anglophones, lřenseignement supérieur des sciences sřorganisa à lřUniversité McGill à partir des années 1850. Le directeur de lřinstitution, J.W. Dawson, est un géologue de talent qui quitta sa Nouvelle-Écosse natale pour venir sřinstaller dans son nouveau poste, en 1855. J.W. Dawson croit que McGill est mûre pour instaurer un programme de génie. En 1857, le programme est inauguré, mais des problèmes économiques et des difficultés financières dans lřinstitution forcent son abandon, en 186373. Cinq ans plus tard, J.W. Dawson réussit sa fondation dřune école de génie civil et de génie minier, grâce à la participation financière de marchands montréalais et du gouvernement du Québec. Si les conditions culturelles ne sont pas tout à fait les mêmes chez les anglophones et les francophones du Québec, les ressources matérielles disponibles pour pratiquer et enseigner la science sont, à peu de choses près, les mêmes. En ce qui concerne les sciences naturelles, les besoins sont identiques pour tous : accès à des collections de spécimens 70 Gagnon, op. cit., p. 182. Ibid., p. 185. 72 Ibid., p. 80-81. 73 Chartrand, Duchesne et Gingras, op. cit., p. 224. 71 67 correctement identifiés et à de la littérature spécialisée pour lřidentification des spécimens capturés. Les collections sont principalement privées, chaque naturaliste organisant et entreposant lui-même ses spécimens. Pour lřaider dans son activité dřidentification, peu de grandes collections existent alors au Québec. Les institutions dřenseignement comme McGill et lřUniversité Laval disposent de certaines collections que lřon ne peut toutefois pas considérer complètes. Plusieurs spécimens proviennent dřéchanges et de dons de lřétranger; ils ne peuvent donc pas servir pour lřidentification des espèces du territoire québécois. Certaines collections de naturalistes dřici aboutirent dans des institutions. Par exemple, en 1877, lřabbé L. Provancher vend sa première collection entomologique au ministère provincial de lřAgriculture qui est intégrée, en 1880, au musée de lřInstruction publique. Il sřagit de plus de 5000 spécimens, dont 2286 espèces. Cette collection comprenait de nombreux spécimens types ayant servi à la description dřespèces nouvelles dřinsectes74. Ce musée acquiert également, en 1909, les collections de Lépidoptères (2300 spécimens, 580 espèces) du révérend Thomas W. Fyles, professeur dřhistoire naturelle au Morrin College, entomologiste amateur de Québec et membre-fondateur des filiales de Québec (1864-1872) et de Montréal (1873) de lřEntomological Society of Ontario. McGill bénéficie quant à elle des collections de Lépidoptères de Herbert Henry Lyman, homme dřaffaires (vendeur de médicaments) et entomologiste amateur membre de la section montréalaise de lřEntomological Society of Ontario (1875-1914), de la Natural History Society of Montreal et de lřA.A.A.S. Il légua ses collections (5 cabinets entomologiques de 30 tiroirs regroupant 20 000 spécimens) accompagnées dřun montant de 40 000 $ qui servit à la fondation du Lyman Entomological Museum. Pour la géologie, la minéralogie et la paléontologie, on retrouvait les collections personnelles de J.W. Dawson. Le cas de McGill est intéressant, puisque ses collections dřhistoire naturelle deviennent suffisamment considérables pour construire un musée de science qui est à la fois utile pour lřenseignement et lřéducation du public : le musée Redpath. Lřidée de créer 74 René Béique, « Lřabbé Provancher et ses collections », Les Carnets de Zoologie, volume 23, 1963, pp. 2023; Duchesne, op. cit., thèse, p. 80. 68 un musée pour lřUniversité McGill date du milieu des années 1850. Lorsque J.W. Dawson devient directeur de lřinstitution, en 1855, son « musée » ne comprenait quřune pièce, un fossile. Mais J.W. Dawson, formé à Édimbourg, prend exemple sur le professeur Robert Jameson, organisateur du musée de lřinstitution; une université se devait de posséder un grand musée dřhistoire naturelle. Les collections sřaccumulent dans un petit local; les spécimens sont acquis soit par achats, rendus possibles grâce à du financement privé, soit par dons, comme ceux de Philip P. Carpenter (sa collection de 4000 espèces de mollusques), de Andrew F. Holmes (son herbier montréalais) et J.W. Dawson lui-même (sa collection de roches et de fossiles). En 1862, J.W. Dawson affirme que le musée comprend 10 000 spécimens, « arranged to illustrate successive lecture topics (…). Besides their function as a teaching aid, the collections could be used by local naturalists for research75 ». En établissant un musée de sciences naturelles à McGill, J.W. Dawson cherche à diversifier les collections disponibles à Montréal, comme celles des musées de la Commission géologique du Canada et de la Natural History Society. Mais un événement allait contrecarrer les projets de J.W. Dawson : le transfert des bureaux de la Commission géologique du Canada et de son important musée à Ottawa. J.W. Dawson perd alors une collection de référence quřil avait lui-même grandement enrichi de ses recherches et excursions. J.W. Dawson profite alors dřune offre de lřhomme dřaffaires montréalais Peter Redpath de financer un grand musée pour McGill. P. Redpath paie la construction, tandis quřune corporation de lřuniversité se charge de lřentretien du bâtiment. Ouvert à lřété 1882 lors de la réunion de la British Association for the Advancement of Science, le musée Redpath comprend alors des collections paléontologiques, minéralogiques et géologiques, et des spécimens zoologiques de vertébrés et dřinvertébrés76. La fonction première du musée est de servir les étudiants et la faculté, mais une variété dřorganisations professionnelles et éducatives utilisent ses installations. Le musée était également ouvert au public. Après son ouverture, les collections sřenrichissent grâce 75 Susan Sheets-Pyenson, Cathedrals of Science. The Development of Colonial Natural History Museums during the Late Nineteenth Century, Kingston et Montréal, McGill-Queenřs University Press, 1988, p. 56. 76 Ibid., p. 57. 69 aux échanges et achats de J.W. Dawson avec diverses institutions au Canada (dont la Commission géologique du Canada), aux États-Unis et en Europe. Lřimportance des collections ne fait pas de doute. Outre les 10 000 roches et fossiles de J.W. Dawson, le musée reçoit $4000 en dons de la part des héritiers du géologue William E. Logan, pour la création dřune collection de spécimens en remplacement de ceux contenus dans le musée de la Commission géologique du Canada. En 1883, le botaniste David P. Penhallow arrange également lřherbier du musée. Comme cřest le cas pour lřUniversité Laval, la période de consolidation du musée Redpath se situe durant le dernier quart du XIX e siècle. Par la suite, on observe une baisse significative et même une stagnation dans le processus dřacquisition des spécimens. Comme au musée Redpath, les collections géologiques, zoologiques et botaniques de lřUniversité Laval augmentent de volume par échanges et par dons, mais également par les récoltes des prêtres naturalistes et des conservateurs laïcs qui sont chargés de son organisation. Par exemple, les récoltes de plantes canadiennes de lřabbé L.-O. Brunet forment la base de lřherbier du musée de botanique, tandis que les collections ornithologiques du conservateur C.-E. Dionne sont intégrées aux collections zoologiques de lřinstitution. Du côté de certaines sociétés savantes, la situation nřest pas très bonne. Leurs musées consistent en un amalgame de collections de sciences naturelles, de numismatique, dřantiquités et dřartéfacts archéologiques. Les naturalistes peuvent les consulter mais, la plupart du temps, les spécimens ne sont ni bien classés ni bien identifiés et, souvent, aucun conservateur nřassure en permanence le suivi des collections. 70 2.3 Les acteurs Avant 100 ans, je crois quřon sřoccupera plus de notre pays que de ceux de lřEurope ; dans ce temps-là, nous serons tous disparus, mais nos ouvrages, entre autres, resteront, pour prouver aux populations futures, que de notre temps, aussi, il y avait des observateurs, des savants et des travailleurs77. - Joseph-Stanislas Martel Les acteurs qui exercent et diffusent la science au Québec, de 1850 à 1920, forment un portrait à la fois homogène et diversifié. Homogène de par leur formation et les ressources dont ils disposent pour pratiquer la science, diversifié par leurs intérêts disciplinaires. Nous présentons ici un bref portrait incluant leur formation, les ressources intellectuelles disponibles (leurs bibliothèques) et leurs intérêts disciplinaires. 2.3.1 Formation La formation des naturalistes à lřétude peut se diviser en deux parties : générale et scientifique. À la suite du cours de formation générale élémentaire, tous les naturalistes ont suivi le cours classique, correspondant grosso modo au cours secondaire actuel. Dans les collèges classiques du Québec, lřenseignement est dřabord axé sur la grammaire et les humanités, dont le plan dřétudes comprenait le latin, le grec, le français, lřanglais, lřhistoire, la géographie et un peu de mathématiques78. Les sciences occupent très peu de place dans le curriculum des six premières années, tout au plus quelques notions dřhistoire naturelle. Comme nous lřavons vu dans la section précédente, les cours de sciences sont concentrés dans les deux dernières années du cours classique et consistent principalement en lřexposition des principes mathématiques, physiques et chimiques, assortis de quelques cours dřhistoire naturelle (botanique et géologie). Le niveau de cet enseignement nřest ni stable ni codifié et varie selon les connaissances et lřimplication ou non des professeurs dans une discipline scientifique. 77 Lettre de Joseph-Stanislas Martel à lřabbé J.-C.-K. Laflamme, Université 62/69, 27 mars 1888, Fonds Séminaire de Québec, Archives du Musée de la Civilisation. 78 Galarneau, op. cit., p. 168. « Le programme du collège des jésuites a été suivi par le séminaire de Québec, le collège de Montréal ainsi que tous les autres jusquřà 1955 pour les collèges de lřuniversité de Montréal, jusquřà 1960 pour ceux de lřuniversité Laval. De façon plus précise, les institutions ont enseigné les langues grecque et latine, française et anglaise, lřhistoire et la géographie, les mathématiques, les sciences et la philosophie, matières auxquelles sřajoutait un enseignement religieux. Ce plan dřétudes a été le seul en vigueur jusquřà 1953, alors quřil y eut possibilité de faire un cours latin sans grec. » 71 En ce qui concerne leur formation spécialisée spécifiquement scientifique, on peut dire quřelle est variée et dřinégale valeur. Variée parce que les intérêts disciplinaires sont aussi nombreux que le nombre de sciences naturelles et aussi parce que certaines disciplines, comme la zoologie, ne sont pas enseignées au niveau universitaire. Leur formation est ensuite dřinégale valeur du fait dřune offre quasi absente de formation scientifique au niveau universitaire. En fait, à lřUniversité Laval, il sřagit dřun enseignement collégial, dans lequel étaient inclus des sciences, ce qui ne correspondait en rien aux cours de sciences alors offerts dans les nouveaux départements de sciences des universités européennes et américaines ou même à McGill. Les naturalistes dřici devaient se contenter de ce niveau et assurer leur formation scientifique de manière autodidacte. Enfin, certains dřentre eux se sont rendus à lřétranger pour se spécialiser dans une discipline. Chez les francophones, les abbés François Lesieur-Désaulniers, son frère Isaac Lesieur-Désaulniers, J. Horan, T.-E. Hamel, J.-C.-K. Laflamme, L.-O. Brunet et H. Simard ont bénéficié de cette expérience, mais qui ne sřest pas concrétisée par lřobtention de diplôme (sauf pour les frères Lesieur-Désaulniers et T.-E. Hamel). Chez les anglophones, la situation est quelque peu différente. Quelques naturalistes de notre corpus ont suivi des cours dans des universités européennes et américaines. Les cas de W.E. Logan, J.W. Dawson et son fils G.M. Dawson sont typiques de protestants canadiens envoyés dans une prestigieuse université européenne (Édimbourg pour les deux premiers et la Royal School of Mines de Londres pour le dernier) pour y acquérir une formation spécialisée et à jour dans leur discipline. Un autre exemple nous est donné avec des naturalistes natifs de pays où les universités offrent des programmes spécialisés de sciences. T.S. Hunt, qui reçoit une formation en chimie et en minéralogie alors quřil est assistant au laboratoire de Benjamin Silliman fils, et J.F. Whiteaves, à Oxford, sont deux cas de naturalistes néo-canadiens qui suivirent une formation scientifique dans leur pays dřorigine. 2.3.2 Ressources intellectuelles Dans les pages qui suivent, nous présentons le contenu des bibliothèques de quatre naturalistes du Québec. Mais dřabord, pour donner un exemple des ressources livresques scientifiques accessibles au Québec au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, examinons le contenu des bibliothèques des Instituts canadiens de Québec et Montréal. 72 Dans le tableau 2.4, on peut voir que la proportion des livres de sciences est en baisse presque constante jusquřen 1903, pour ensuite remonter de façon spectaculaire à partir de 1906. Pour ce qui est des périodiques, on y recense des revues comme le Scientific American Magazine, la Revue scientifique de Paris et Le Naturaliste canadien79. Tableau 2.4 Bibliothèque de l’Institut canadien de Québec (selon les différents catalogues) Catégorie Nombre de titres et % de l’ensemble et années 1854 1870 1881 1898 1903 1906 153 19 135 17 263 12 471 15 219 16 264 25 Sciences et arts 34 4,3 29 3,6 44 2,2 86 2,7 20 1,4 84 8,3 Sciences Total toutes 792 100 806 100 2023 100 3145 100 1384 100 1018 100 catégories Source : Daniel Gauvin, L’Institut canadien et la vie culturelle à Québec : 1848-1914, Thèse de M.A., Université Laval, 1984, p. 98. Dans la bibliothèque de lřInstitut canadien de Montréal (tableau 2.5), de 1850 à 1876, on constate une baisse importante du nombre de livres scientifiques offerts à ses membres. Il faut dire que les emprunts les plus fréquents se retrouvent dans les catégories de la littérature (romans) et de lřhistoire contemporaine (Europe principalement)80. Ceci pourrait expliquer que lřoffre dans ces catégories en augmentation, passant de 57 % en 1850 à 62,8 % en 1870 et à 75,9 % en 187681, au détriment dřautres catégories comme les sciences qui nřentrent pas dans la catégorie des lectures de détente. Comme lřInstitut canadien de Montréal ferma ses portes en 1880, il nřy a pas de données supplémentaires au sujet du contenu de sa bibliothèque. 79 Ibid., p. 131. Yvan Lamonde, « La bibliothèque de lřInstitut canadien de Montréal (1825-1876) : pour une analyse multidimensionnelle », Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 41, no 3 (hiver 1988), p. 355. 81 Ibid., p. 337 et 348. 80 73 Tableau 2.5 Bibliothèque de l’Institut canadien de Montréal Catégorie et années Sciences82 Total toutes catégories Nombre de titres et % de l’ensemble 1850 1870 86 13,3 117 6,3 646 100 1854 100 46 599 1876 7,7 100 Source : Yvan Lamonde, « La bibliothèque de lřInstitut canadien de Montréal (18251876) : pour une analyse multidimensionnelle », Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 41, no 3 (hiver 1988), p. 337 et 348. Chez les particuliers, la situation est un peu différente, car chaque naturaliste doit se constituer une bibliothèque spécialisée lui permettant dřêtre le plus autonome possible dans ses recherches. Dans le cas de lřabbé L. Provancher (tableau 2.6), des quelques 628 titres, plus de 47 % concernent lřentomologie, suivi par la botanique (10,4 %), la zoologie (9,2 %) et la conchyliologie (8 %). Ces résultats sont conformes aux principaux intérêts disciplinaires du naturaliste et surtout à ses besoins. Cřest que les bibliothèques de Québec ne lui sont pas dřun grand secours dans ses travaux. Dès 1875, L. Provancher mentionne la difficulté dřidentifier une espèce dřinsecte sans les ouvrages requis : « Avez-vous tous ces ouvrages à votre disposition? Nous nřavons pu en trouver un seul dans aucune des bibliothèques de Québec, pas même dans celle de lřUniversité Laval avec ses 60 000 volumes83 ». À la fin de sa carrière, en 1891, le même problème se pose à nouveau pour lřétude des Lépidoptères. Il se rabat sur lřétude des Mollusques, car il possède la documentation nécessaire à leur identification et à leur description. Cřest que pour écrire il faut avoir des auteurs, et que la bibliothèque du parlement est très pauvre en ouvrages scientifiques, elle est presque complètement dépourvue des ouvrages récents qui peuvent nous renseigner sur les productions naturelles de notre pays. (…) Or si le gouvernement nřa pas le moyen dřacheter un tel ouvrage 84, comment veut-on que je me le procure moi-même85 ? 82 Comprend les catégories « Sciences naturelles » (mathématiques, astronomie, physique, chimie, géologie, paléontologie, biologie, botanique, zoologie) et « Sciences appliquées » (médecine, génie agriculture, économie domestique, affaires, chimie appliquée, industries, assemblage/finition, construction). Ibid., p. 348. 83 L. Provancher, « Identification des sujets dřhistoire naturelle », Le Naturaliste canadien, vol.VII, no.11, novembre 1875, p. 355. 84 N.d.a. : William H. Edwards, The Butterflies of North America (Philadelphia, The American Entomological Society), ouvrage publié en trois volumes à partir de 1868. 85 L. Provancher, « Préface » dans Les Mollusques de la province de Québec. Première partie. Les Céphalopodes, Ptéropodes et Gastéropodes, Québec, Darveau, 1891, p. ii. 74 Tableau 2.6 Bibliothèque scientifique de l’abbé L. Provancher86 Discipline Nombre de titres de livres % et de brochures 4 0,6 Arthropodes (entomologie) 65 10,4 Botanique 50 8 Conchyliologie 297 47,2 Entomologie 29 4,6 Généralités (journaux de voyages, astronomie, météorologie, archéologie) 25 4 Géologie 12 1,9 Horticulture 5 0,8 Ornithologie 83 13,2 Périodiques 58 9,2 Zoologie 628 100 TOTAL Source : Jean-Marie Perron, Compilation du contenu de la bibliothèque scientifique de Léon Provancher, Collections de lřUniversité Laval, 2006, p. 302. Même constat pour la bibliothèque de lřabbé J.-C.-K. Laflamme (tableau 2.7). La géologie domine nettement avec 59,7 % du nombre de titres, suivi par la physique (13,8 %). La préparation de ses cours de géologie et de physique pour les étudiants de lřUniversité Laval, de même que ses recherches en géologie, expliquent la forte présence de ces deux disciplines dans sa bibliothèque. Lřabbé J.-C.-K. Laflamme fut également en charge du cours de botanique, ce qui se reflète dans le contenu de sa bibliothèque avec une trentaine de volumes de cette discipline. 86 Compilation de Jean-Marie Perron du contenu de la bibliothèque scientifique de L. Provancher, Collections de lřUniversité Laval, 2006 (document non publié). 75 Tableau 2.7 Bibliothèque scientifique de l’abbé J.-C.-K. Laflamme87 Discipline Agriculture Astronomie Botanique Généralités Géologie/Paléontologie Mathématiques Physique Zoologie TOTAL Nombre de titres de livres et de brochures 3 11 30 73 324 4 75 23 543 % 0,6 2 5,5 13,4 59,7 0,7 13,8 4,2 100 Source : Compilation de lřauteure à partir des fiches du fonds du Séminaire de Québec. Dans la bibliothèque de Jean-Charles Chapais fils (tableau 2.8), ce sont les catégories relatives à lřhorticulture (37,1 %) et lřagriculture (25,9 %) qui regroupent la majorité des titres. Ce naturaliste, préoccupé par les progrès de lřagriculture au Québec, a donc rassemblé une bibliothèque de près de 400 titres dont plus de 60 % reflètent ses intérêts. Dans cette bibliothèque, la botanique occupe une place non négligeable (14,5 %), ce qui pourrait sřexpliquer par la nécessite de connaître des notions de botanique dont on doit tenir compte en horticulture et en agriculture. 87 Compilation du contenu scientifique du catalogue sur fiches de la bibliothèque de J.-C-.K. Laflamme, Musée de la Civilisation, Fonds du Séminaire de Québec, M-683 (fiches A-F), M-684 (fiches G-P), A-685 (fiches R-Z). 76 Tableau 2.8 Bibliothèque scientifique de J.-C. Chapais, fils Discipline Nombre de titres de livres % et de brochures 102 25,9 Agriculture (sauf élevage et laiterie) 10 2,5 Apiculture 57 14,5 Botanique 13 3,3 Chimie agricole 17 4,3 Entomologie agricole 146 37,1 Horticulture (avec arboriculture, sylviculture, foresterie, cultures maraîchères) 27 6,9 Généralités 9 2,3 Géologie 6 1,5 Ornithologie 7 1,7 Zoologie 394 100 TOTAL Source : Compilation de lřauteure à partir du catalogue Chapais Collection/Collection Chapais, Ministère de lřAgriculture du Canada, 1976, xix-77 p. Enfin, pour ce qui est de la bibliothèque de Joseph-Charles Taché (tableau 2.9), député (1848-1856) et sous-ministre de lřAgriculture et des Statistiques au fédéral, de 1864 à 1888, il est difficile de généraliser en ayant seulement en mains le répertoire de ses brochures, mais ici encore, le pourcentage le plus important se retrouve dans la discipline qui a le plus intéressé Taché : lřagriculture. 77 Tableau 2.9 Bibliothèque scientifique de J.-C. Taché Discipline Agriculture (sauf élevage et laiterie) Entomologie Généralités Géologie Horticulture Zoologie TOTAL Nombre de titres de brochures 14 1 15 7 2 2 41 % 34,1 2,4 36,6 17,1 4,9 4,9 100 Source : Compilation de lřauteure à partir du répertoire des archives de lřUniversité Laval, « Répertoire des brochures composant la collection Joseph-Charles Taché », Direction des archives de lřUniversité Laval, P-284. En conclusion, on peut dire que ces bibliothèques suivent très fidèlement les intérêts les plus marquées du naturaliste pour une ou quelques disciplines, ce qui nřest pas surprenant, puisque lřoffre de livres de sciences dans les bibliothèques des sociétés savantes et des bibliothèques publiques nřétait pas adaptée à leurs besoins. Cette situation les oblige à constituer leur propre bibliothèque en fonction de leurs intérêts disciplinaires. 2.3.3 Intérêts disciplinaires Par intérêts disciplinaires, nous faisons référence aux disciplines pratiquées par les naturalistes, celles pour lesquelles ils possèdent le plus de compétences et auxquelles consacrent le plus de temps. Dans les prochaines pages, nous abordons le nombre de disciplines et celles qui sont choisies en priorité par les naturalistes. 78 Tableau 2.10 Nombre de disciplines pratiquées par les naturalistes Nb disciplines 1 2 3 4 Total Nb % Nb % Nb % Nb % Nb % Nb de scientifiques Francophones 21 30 10 14,3 3 4,3 7 10 41 58,6 Anglophones Total 18 39 25,7 55,7 7 17 10 24,3 2 5 2,8 7,1 2 9 2,8 12,8 29 70 41,4 100 Source : Compilation de lřauteure à partir de nombreuses notices biographiques (consultez la section « Notices biographiques » dans la bibliographie). Dans les deux groupes (voir tableau 2.10), on retrouve une majorité de naturalistes pratiquant une seule discipline scientifique (30 % et 25,7 %). Le nombre de ceux pratiquant quatre disciplines est légèrement supérieur chez les francophones (10 % par rapport à 2,8 %), une situation qui reste à expliquer. Nous pouvons inférer quřen fonction de leur formation humaniste, qui accordait très peu de place aux sciences, les naturalistes francophones étaient des touche-à-tout, parfois versés dans plusieurs disciplines. Du côté des naturalistes anglophones, une formation scientifique de niveau universitaire était disponible au collège McGill (devenu plus tard à lřUniversité McGill), fondé en 1821. LřUniversité Laval, fondée quant à elle en 1850, ne propose aucun programme de sciences, et ne dispense que quelques cours dans les deux dernières années du cours classique. 79 Tableau 2.11 Discipline principale pratiquée par les naturalistes Disciplines pratiquées Agriculture Arboriculture Horticulture Astronomie Botanique Chimie Entomologie Foresterie Sylviculture Histoire naturelle Mathématiques Géométrie Géologie Minéralogie Paléontologie Ornithologie Physique Zoologie Biologie Météorologie TOTAL Francophones Anglophones Nb % % de Nb % % de catégorie l’ensemble catégorie l’ensemble 8 19,5 11,4 1 3,4 1,4 Totaux Nb % total 9 12,9 0 7 2 5 1 0 17,1 4,9 12,2 2,4 0 10 2,9 7,1 1,4 1 8 1 6 0 3,4 27,6 3,4 20,7 0 1,4 11,4 1,4 8,6 0 1 15 3 11 1 1,4 21,4 4,3 15,7 1,4 4 9,6 5,7 2 6,9 2,9 6 8,6 2 4,9 2,9 0 0 0 2 2,9 4 9,6 5,7 7 24,1 10 11 15,7 2 3 3 0 0 41 4,9 7,3 7,3 0 0 100 2,9 4,3 4,3 0 0 58,6 1 0 0 1 1 29 3,4 0 0 3,4 3,4 100 1,4 0 0 1,4 1,4 41,3 3 3 3 1 1 70 4,3 4,3 4,3 1,4 1,4 100 Source : Compilation de lřauteure à partir de nombreuses notices biographiques (consultez la section « Notices biographiques » dans la bibliographie). 80 Dans le tableau 2.11, nous recensons la discipline principale pratiquée par les naturalistes, cřest-à-dire celle qui occupe la première place pour chacun dřentre eux que ce soit en termes de recherche, de publications ou dřenseignement. On y constate que les naturalistes sřintéressent à des problématiques scientifiques similaires, soit les sciences naturelles (botanique et entomologie), les sciences de la terre et lřhistoire naturelle en général. Les anglophones sont toutefois un peu plus versés dans les sciences de la terre comme la géologie, la minéralogie et la paléontologie, tandis que les francophones se tournent plus volontiers vers les sciences naturelles telles lřagriculture, lřhorticulture, la foresterie et la zoologie, et les sciences physiques et mathématiques. Cela nřempêche toutefois pas quelques naturalistes anglophones de consacrer leurs recherches aux sciences naturelles et quelques autres francophones de se pencher vers la géologie. Cette parenté dřintérêts ne surprend pas si lřon considère que les naturalistes, formés dans les mêmes institutions scolaires, initiés aux mêmes textes et auteurs, ceux-ci ont la même familiarité avec un ensemble de savoirs, la même sensibilité à un ensemble de problèmes et développent, grâce à divers exercices scolaires, les mêmes habiletés intellectuelles. Bref, ils sont dotés dřun programme homogène de perception, de pensée et dřaction qui leur confère une « parenté dřesprit ». Cette parenté nřest pas seulement morale ou idéologique, elle est aussi et surtout logique, les intellectuels dřune même génération tendant, surtout lorsquřils ont suivi les mêmes itinéraires sociaux, à maîtriser un corps commun de catégories de pensée88. Les mêmes problématiques et les mêmes questions reviennent dans le discours de lřépoque sur les sciences. Par exemple, lřintérêt marqué pour la prospection géologique et la connaissance des ressources naturelles exploitables du territoire, ou encore les manières dřaméliorer les cultures et les élevages. De plus, les mêmes manuels et les mêmes sujets revenaient également dans lřenseignement des sciences, pour chacun des groupes, ce qui uniformise les connaissances pour les mêmes disciplines. Il ne faut toutefois pas oublier les intérêts personnels des naturalistes qui, parfois, sortent des sentiers connus pour aborder des disciplines totalement ignorées auparavant au Québec. Tel était, par exemple, le cas de lřabbé L. Provancher, qui consacre une partie 88 Fournier, op. cit. (« Science, culture et société au Québec »), p.15. 81 relativement importante de ses recherches aux mollusques terrestres et aquatiques89, de Charles Baillargé qui sřintéresse aux applications en mathématiques, des abbés FrançoisXavier Burque et Charles-Philippe Choquette qui abordent lřastronomie, de JosephAlexandre Crevier qui se penche sur les zoophytes infusoires, de Charles Smallwood qui sřoccupe de météorologie et de Joseph F. Whiteaves qui publie sur les invertébrés marins en plus de ses travaux en paléontologie. En conclusion, nous pouvons esquisser le portrait du naturaliste au début et à la fin de la période à lřétude. Les naturalistes sont principalement des prêtres-éducateurs pour le cours de collégial classique ou des membres des professions libérales qui consacrent une partie de leur temps à la pratique dřune discipline scientifique. La documentation et lřéquipement sont à leur charge et ils pratiquent principalement en solitaire à leur résidence ou au collège qui les emploie. Chez les anglophones, le rôle de McGill fut très important, car cřest dans cette institution quřils pouvaient recevoir une formation en sciences naturelles de niveau universitaire. Quelques naturalistes anglophones ont pu vivre de leur pratique, particulièrement en géologie, tandis que chez les francophones, quelques-uns sont engagés comme conservateurs dřun musée de sciences, mais la grande majorité des naturalistes sřest contentée de leurs loisirs pour pratiquer leur activité scientifique. 2.4 Les conditions favorables au développement des sciences au Québec Pour la période qui sřétend de 1850 à 1920, diverses conditions favorisent le développement scientifique au Québec. Nous passons succinctement en revue les conditions socio-économiques, politiques, culturelles et scientifiques qui contribuent à lřessor des sciences observé au Québec au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. 2.4.1 Conditions socio-économiques Les modifications que lřon observe dans les conditions socio-économiques expliquent en partie le développement important des sciences pour la période à lřétude. Lřurbanisation du Québec, qui sřaccélère à la fin du siècle, amène une concentration des emplois et des 89 Il amassa une collection de plus de 2000 spécimens du Québec et ailleurs dans le monde. 82 institutions à Montréal, à Québec et dans les petits centres urbains régionaux. Des personnes partageant des intérêts communs, en sciences et en histoire naturelle dans ce casci, se regroupèrent en sociétés savantes. Des contacts se tissent et les connaissances se transmettent plus rapidement par le biais de conférences et de présentations publiques, mais également grâce aux bibliothèques associatives et aussi par la création de musées accumulant des spécimens de plantes et dřanimaux en collections éducatives. Le phénomène de lřindustrialisation accélérée de lřAmérique du Nord a des effets notables sur lřéconomie nord-américaine, par le biais de lřapparition du capitalisme industriel. Les capitaux nécessaires à lřimplantation dřune usine deviennent beaucoup plus considérables que ceux pour la création des petites manufactures. Pour fonctionner adéquatement, les usines doivent être alimentées jour et nuit en matières premières et en énergie, comme le bois, le charbon, le fer et lřhydroélectricité. Le besoin croissant en termes de certaines ressources naturelles se manifeste par une demande accrue pour leur exploration et leur prospection. Ces deux opérations, effectuées avec assez peu de connaissances au départ, mène à la découverte de plusieurs importants sites miniers et à lřaccumulation de connaissances assez précises sur les dépôts géologiques et les sites hydrologiques du Québec. W.E. Logan, à la tête de la Commission géologique du Canada de 1842 à 1869, participe à cette exploration en visitant plusieurs régions du Québec. W.E. Logan, principalement à la recherche de charbon, de pétrole, de métaux et de pierres précieuses, établit la première carte géologique du Québec et du Canada. Pour ce faire, il obtient la collaboration du minéralogiste et chimiste T.S. Hunt. Au cours du mandat du deuxième directeur de la Commission géologique, Alfred Richard Cecil Selwyn, lřabbé J.-C.-K. Laflamme est approché pour explorer quelques régions du Québec, entre autres la ville de Québec et ses environs, Charlevoix, la Beauce et le SaguenayŕLac-Saint-Jean, afin de mettre à jour les connaissances géologiques établies par W.E. Logan quelques décennies plus tôt. Dans les années 1885 à 1900, A.R.C. Selwyn et George Mercer Dawson, son successeur à la direction de la Commission, envoient 83 dřautres géologues explorer le Nord du Québec et le Labrador. Albert Peter Low et Robert Bell sont les deux principaux géologues qui explorent ces deux régions90. 2.4.2 Conditions politiques En ce qui concerne les conditions politiques, ce que lřon remarque, ce sont dřabord des pressions exercées auprès des responsables étatiques pour explorer les ressources naturelles du pays. La fondation de la Commission géologique du Canada, en 1842, vient combler le souhait de plusieurs personnes intéressées par lřexploration géologique et lřexploitation minières. À partir de 1867, lʼÉtat fédéral octroie annuellement des sommes pour le fonctionnement de la Commission. Durant les premières décennies de son existence, la Commission ne reçoit cependant pas suffisamment de subsides pour assumer toutes ses dépenses, ce qui oblige W.E. Logan à puiser dans ses fonds personnels pour en assurer la pérennité. À la fin du XIXe siècle, la nécessité de développer les sciences au pays inspire des naturalistes à demander lřaide du gouvernement dans la création dřune société scientifique nationale : la Société royale du Canada. « In 1881 the Governor General, the Marquis the Lorne (later Duke of Argyll), organized a meeting to draw together scientists and scholar who were scattered across the country by means of an annual meeting to be held at Ottawa, or occasionally in other cities. (...) In 1883 a grant was obtained from the government to finance the publication of a series of Transactions, although the members hoped to remain as independant of the government as possible so they could provide impartial advice on scientific and other matters91 ». Dès ses débuts en 1882, la Société royale regroupe presque tous les naturalistes canadiens ayant publiés des travaux de recherche originaux. « The principal Canadian scientists all reacted favorably to Lorneřs proposal and seem to have regarded the political benefits of the new organization as being at least as important as the scientific ones92 ». À ses débuts, la Société royale a comme membres entre autres J.W. Dawson Ŕ il est président-fondateur Ŕ, son fils G.M. Dawson, B.J. Harrington, les abbés J.90 Zaslow, op. cit., p. 168-170. Bowler, op. cit. (« The Early Development of Scientific Societies in Canada »), p. 333. 92 Ibid., p. 334. 91 84 C.-K. Laflamme et T.-E. Hamel, tandis que lřon nomme L. Provancher cinq ans plus tard. Pour une raison que nous ignorons, il avait refusé de faire partie des membres fondateurs. Sur le plan fédéral, on observe donc une certaine volonté de développer les sciences et les techniques à la fin du XIXe siècle, dans le but évident dřen tirer profit pour lřéconomie et le prestige national. Au Québec, la situation est différente ; on nřobserve alors pas de volonté très ferme de la part de lřÉtat provincial. Certes, on applaudit les réussites et les réalisations pour autant que les deniers publics nřentrent pas dans la balance. Lřaide accordée est à la fois infime et aléatoire. Les vaines demandes de lřabbé L. Provancher concernant la création dřun musée de sciences naturelles opérationnel, ou encore les subventions refusées au premier et au deuxième rédacteurs du Naturaliste canadien93, constituent des exemples du peu de volonté et dřengagement de lřÉtat provincial dans le développement des sciences. Le cas de la Société dřhistoire naturelle de Québec est intéressant à soulever. Fondée en 1870, la Société dřhistoire naturelle de Québec avait pour but « de promouvoir, dřactiver et de soutenir les recherches et les études dans une des branches des sciences des plus instructives et des plus amusantes. (…) Cřest donc une société dřinstruction mutuelle que nous voulons former. Nous voulons que tous les amis des sciences de notre bonne ville de Québec aient lřoccasion de se rencontrer pour se connaître, sřéchanger mutuellement leurs connaissances et se communiquer le résultat de leurs observations94 ». Sans nier la légitimité et les réalisations de la Literary and Historical Society of Quebec, les naturalistes impliqués dans cette nouvelle société désirent cependant fonder une société savante dont la langue officielle serait le français, sans empêcher lřexpression dans dřautres langues95. LřUniversité Laval assure son appui à la Société par lřaccès à des salles, à sa bibliothèque et ses musées de sciences. Les personnes présentes lors de la première réunion, tenue le 26 avril 1870, sont les suivantes : « Mr. lřabbé Provancher ; MM. J.-B. 93 Lřabbé L. Provancher, de 1868 à 1891 et lřabbé V.-A. Huard, de 1894 à 1929. Provancher, « Une société dřhistoire naturelle à Québec », vol. II, no 2 (janvier 1970), p. 34-35. 95 Ibid., p. 36. 94 85 Cloutier, F.-X. Bélanger, J.B. Gilbert, Eugène LřHeureux et P. LřHeureux ; MM. le Dr. Meilleur, D.-N. Saint-Cyr et J.E. Juneau firent présenter des excuses sur lřimpossibilité où ils se trouvaient dřassister à lřassemblée, (…)96 ». Malgré ces conditions favorables, la Société de Québec connaît une évolution incertaine. Dès les premières réunions, on demande lřaide financière de lřÉtat: Proposé par le Dr. Meilleur, secondé par Mr. F.E. Juneau : Attendu que depuis plusieurs années le gouvernement alloue annuellement la somme de $750 à la Société dřHistoire Naturelle de Montréal, ce ne serait que justice quřune semblable allocation serait faite à la Société dřHistoire Naturelle de Québec, en conséquence quřune requête soit sans délai adressée au Parlement, au nom de la Société, sollicitant telle allocation.ŕ Adopté97. Cette requête ne semble pas avoir été entendue. À la suite à la publication des comptes rendus des réunions de 1870 dans Le Naturaliste canadien, un long silence dure 17 ans. L. Provancher reprend alors la plume pour annoncer la renaissance de la Société, grâce à lřaide de lřÉtat provincial: Aujourdřhui, grâce aux bonnes dispositions de notre nouveau gouvernement98, qui nous a donné lřassurance dřune aide raisonnable, notre Société va reprendre une nouvelle vie, et marcher avec plus dřassurance dans la voie du progrès. Formée de membres, pour la plupart, liés avant tout aux intérêts matériels de la vie, le manque de matériel nécessaire a été un obstacle sérieux au développement de la Société. (…) il nous faut même un local spécial pour étaler notre noyau de musée, afin dřinspirer le zèle aux hommes dřétude qui se sentirait quelques dispositions à nous suivre, et de permettre, surtout aux débutants, de sřaider des collections, livres, etc., qui se trouveront là à leur disposition 99. On vote une somme de $200 pour la Société. Encouragé par ce début prometteur, L. Provancher écrit, dans Le Naturaliste canadien, « nous avons espoir de voir sřaccroître prochainement notre nombre, et grâce au bienveillant concours de notre nouveau gouvernement, surtout de lřhon. M. Gagnon, notre Secrétaire-Provincial, nous espérons pouvoir offrir bientôt à lřinspection du public, un noyau de musée fort intéressant pour un 96 Gilbert, « Société dřhistoire naturelle de Québec », Le Naturaliste canadien, vol. II, no 6 (mai 1870), p. 183. 97 Gilbert, « Société dřhistoire naturelle de Québec », Le Naturaliste canadien, vol. II, no 12 (novembre 1870), p. 369. 98 En 1887, il sřagit du gouvernement dřHonoré Mercier. 99 Provancher, « Société dřhistoire naturelle de Québec », Le Naturaliste canadien, vol. XVI, no 10 (avril 1887), p. 160. 86 début100 ». En décembre 1887, L. Provancher écrit au secrétaire provincial, C.N.E. Gagnon, au nom de la Société, lui demandant « de mettre à notre disposition un local pour nos réunions et surtout pour lřinstallation de notre musée qui dès son origine compte déjà quelques centaines de spécimens101 ». La Société se fait cependant enlever le local promis. On lui conseille alors de sřadresser aux instances fédérales, « pour obtenir quelque appartement dans les salles occupées ci-devant par les tribunaux de justice, et qui sont actuellement sans emploi102 ». Peine perdue, le fédéral ne veut pas encore prendre de décision pour ses bâtiments. En 1889, après le refus du provincial de renouveler sa subvention, la Société est officiellement dissoute. 2.4.3 Conditions culturelles Les conditions culturelles se rapportent principalement au système dřenseignement supérieur. La faculté de sciences est bien implantée au McGill College dès la seconde moitié du XIXe siècle. Le directeur J.W. Dawson occupe également le poste de professeur de sciences. Quelques-uns des naturalistes influents de la seconde moitié du XIXe siècle suivent ses cours. R. Bell et H.-M. Ami. Ce dernier complète un doctorat en géologie sous la supervision de J.W. Dawson, en 1885. Dans une lettre à son mentor, H.-M. Ami explique lřorigine de son intérêt pour les sciences naturelles : « The ardest love for natural sciences studies which you have imported to me I hope shall be lasting and not forgetful103 ». J.W. Dawson, en contact avec des dizaines de naturalistes un peu partout en Amérique du Nord et ailleurs dans le monde, réunit autour de lui une équipe de professeurs de sciences compétents. Le minéralogiste Bernard James Harrington et le botaniste D.P. Penhallow sont deux de ces professionnels formant la nouvelle génération de professeurschercheurs systématiquement formés dans les universités. 100 Provancher, « Société dřhistoire naturelle de Québec », Le Naturaliste canadien, vol. XVI, no 12 (juin 1887), p. 181. 101 Lettre de L. Provancher à C.N.E. Gagnon, 19 décembre 1887, Fonds Provancher, C-5, A.S.C. 310. 102 Provancher, « La Société dřhistoire naturelle de Québec », Le Naturaliste canadien, vol. XIX, no 3 (septembre 1889), p. 45. 103 Lettre de H.-M. Ami à J.W. Dawson, March 27, 1885, McGill University Archives Private Fonds, Dawson Family Papers, MG 1022, c. 10. 87 À lřUniversité Laval, comme nous lřavons vu, la situation est différente. À lřexception du passage du minéralogiste et chimiste T.S. Hunt comme titulaire de la chaire dřhistoire naturelle, de 1856 à 1862, aucun des professeurs de sciences ne détient de maîtrise ou de doctorat en sciences. Même si on assiste à la création dřune école dřarpentage en 1907, dřune école de foresterie en 1910 et dřune École supérieure de chimie en 1921, la faculté des sciences nřapparaît quřen 1937. En 1920, lřUniversité de Montréal fonde sa faculté des sciences. Animée dřabord par le frère Marie-Victorin et quelques-uns de ses disciples, comme Jules Brunel, Jacques Rousseau, Marcel Raymond, Ernest Rouleau et Georges Préfontaine, elle acquiert une réputation internationale au cours des décennies suivantes par des travaux de hauts niveaux dans une foule de disciplines allant de la botanique à la neurobiologie. Au cours de la période allant de 1850 à 1920, les conditions de production de la science changent donc radicalement au Québec. Au milieu du XIXe siècle, les Québécois qui veulent obtenir une maîtrise ou un doctorat doivent se rendre aux États-Unis ou en Europe. Les cas des prêtres-éducateurs, envoyés à Paris pour suivre une courte formation universitaire dans une discipline scientifique, ou celui de Gustave C. Piché et Avila Bédard, les futurs organisateurs du service forestier du Québec, partis aux États-Unis suivre une formation universitaire subventionnée par des bourses du gouvernement, sont des exemples de la situation de cette époque. À la fin du siècle et au début du XX e siècle, les professeurs de sciences à McGill, tous détenteurs dřun doctorat dans une discipline scientifique, parfois obtenus au Canada, constituent des exemples des changements adoptés dans le milieu scientifique. La compétence ne se juge plus seulement sur les connaissances, mais surtout sur la formation acquise, garante de la compétence du naturaliste. 2.4.4 Conditions scientifiques Une des dernières conditions ayant favorisée le développement des sciences au Québec au cours de la seconde moitié du XIXe siècle se rapporte au contexte général de lřhistoire des sciences en Occident. En Europe, le processus dřindustrialisation amène une 88 importante demande de sources dřénergie et de matières premières (charbon, pétrole, métaux et minéraux). Lřexploitation nécessitant une exploration préalable des territoires, il nřest pas surprenant dřassister à une certaine course aux ressources naturelles. Du fait de lřouverture de plusieurs départements dédiés à une discipline scientifique dans les universités européennes et américaines, et à cause du coût prohibitif de lřéquipement nécessaire à la recherche dans plusieurs disciplines en plein développement (la physique, la chimie, lřastronomie et la géologie par exemple), les connaissances sont souvent produites par des naturalistes employés dans les universités, les services gouvernementaux et les entreprises. Avant de clore ce chapitre consacré au contexte historique, il apparaît indispensable de tenter une réponse à la question suivante : pourquoi considère-t-on encore que les Canadiens français étaient en retard par rapport à la science de leur temps, surtout au XIXe siècle, alors que de nombreux indices nous montrent que ce ne fut pas le cas ? Cette interrogation est née lors de la recherche documentaire préalable à la consultation des sources primaires et à la rédaction. En lisant des témoignages de naturalistes de lřépoque, dřhistoriens et même de certains historiens des sciences, nous avons constaté lřimbroglio entourant la période marquant les balbutiements du développement du milieu scientifique au Québec. Les explications avancées pour soutenir la thèse du retard scientifique du Québec sont nombreuses, mais peu apparaissent satisfaisantes. Certains contemporains déplorent cet état des choses et le considéraient comme un fait établi, véridique, pathologique même. La fameuse réplique de P.-J.-O. Chauveau, qui avance que lřintérêt pour les sciences chez un peuple était une question dřaffinités naturelles, entre dans cette catégorie104. Les naturalistes de cette époque font quant à eux remarquer le peu dřintérêt des Canadiens français pour les sciences et le manque de culture scientifique de leurs contemporains. Les témoignages en ce sens ne manquent pas, par exemple ceux de lřabbé 104 Chauveau, op. cit., p. 311, cité dans Chartrand, Duchesne et Gingras, op. cit., p. 9. 89 L. Provancher, de Monseigneur Louis-François Laflèche, dřAuguste Dupuis et de lřabbé F.X. Burque. On a cru, plus tard, que cela correspondait à lřabsence dřune pratique scientifique au Québec avant les années 1920, mais ce ne fut pas le cas. Certains pointent du doigt lřindifférence de la classe politique face aux efforts de diffusion des sciences : « Personnellement, je fais, Monsieur lřAbbé, des vœux sincères pour que le Gouvernement de Québec comprenne enfin toute la haute utilité dřune publication en français comme la vôtre, et toute la nécessité Ŕ vu lřincurie incompréhensible de la classe intelligente et lettrée française-canadienne Ŕ et toute la nécessité, dis-je, dřune permanente et libérale allocation pour la soutenir105 ». Plus tard, au début du XXe siècle, dřautres avancent des hypothèses visant à expliquer ce retard à engager des recherches scientifiques au Québec, mais admettent que quelques « précurseurs » ont fait œuvre utile dans le domaine. Les articles de Léon Lortie abondent dans ce sens : Un inventaire encore incomplet nous a fait connaître les noms dřune cinquantaine de Canadiens qui, jusque vers 1875, se sont intéressés aux sciences naturelles, ont publié des ouvrages ou écrit des articles sur les mathématiques, la chimie, la physique et la botanique. Tout cela nous incite à réviser les opinions que nous pouvions entretenir, et même les jugements sommaires quřon a pu porter sur la vie intellectuelle de nos ancêtres au cours du premier siècle qui suivit la conquête du Canada par lřAngleterre. Quand on écrira lřhistoire des sciences du Canada, on devra tenir compte de la louable activité de ces amateurs dont aucun, pourtant, nřa accompli une œuvre importante 106. Le même explique que les prêtres étaient trop pris dans les fonctions administratives pour pouvoir consacrer le temps nécessaire à leurs recherches : On ne peut que faire des hypothèses sur lřabsence quasi-totale dřintérêt des Canadiens français de cette époque pour les mathématiques, la physique, la chimie et la biologie. Lřenseignement des sciences dans les collèges étant confié à des prêtres dont plusieurs furent appelés à de hautes fonctions ecclésiastiques107, ils nřont pu consacrer que peu dřannées à une occupation qui est celle de toute une vie si lřon veut quřelle soit féconde 108. 105 Lettre de lřabbé Joseph-Célestin Carrier à L. Provancher, 5 novembre 1885, A.S.C. 301, C-5. Les mots soulignés sont de lřauteur de la lettre. 106 Lortie, op. cit. (« Deux Notaires Amateurs de science : … »), p. 47. 107 Lřexemple de lřabbé J.-C.-K. Laflamme, qui, en 1892, réussit à faire renverser sa nomination comme évêque de Chicoutimi en est un cas dřexception. Dřautres, comme lřabbé L. Provancher, ne purent entamer leur carrière scientifique quřà leur retraite de la vie curiale. 108 Lortie, loc. cit. (« La trame scientifique … »), p. 34. 90 Le chroniqueur Claude Mélançon, afin de justifier le développement peut-être tardif des sciences naturelles au Québec, rapproche quant à lui le contexte historique du Québec du XIXe siècle avec celui de lřEurope des Lumières : Dans le cas qui nous occupe il nřest pas plus déshonorant pour le Canada-français, privé dřécoles et dřambiance, dřavoir mis plusieurs années à découvrir sa flore et sa faune, que pour lřEurope dřavoir attendu le dix-huitième siècle pour se débarrasser dřune science empirique et se mettre résolument à lřétude de la Nature. (…) Il importe donc peu que le Canada-français sache exactement ce qui lřa retardé dans la recherche de sa physionomie propre. Lřessentiel pour lui est de posséder, depuis quelques années, les clefs qui lui ouvrent tous les domaines de lřhistoire naturelle et lui donnent accès aux connaissances qui peuvent aider son développement économique et culturel 109. Des historiens des sciences, beaucoup plus nuancés, ont dřabord remis les pendules à lřheure, puis certains ont avancé des explications socio-historiques et même psychologiques. En premier lieu, la greffe de Duchesne, qui consistait à affirmer, dans sa thèse de doctorat, lřomniprésence des sciences au Québec du temps du régime anglais jusquřau début du XXe siècle, nřa pas pris, malgré des arguments convaincants. Il explique la thèse du retard par un argument psychologique. Cette présence des sciences, et de lřhistoire naturelle en particulier, au Canada français heurte les idées reçues. En effet, la thèse commune veut que la société canadienne-française, traumatisée par la Conquête, dominée par le capital anglo-saxon et tenue en laisse par un clergé conservateur et même franchement réactionnaire, ait marqué le pas pendant tout le XIXe siècle et soit entrée dans « lřère scientifique » cent ans après tout le monde 110. (…) Mais comment ne pas remarquer que cette thèse dřun Canada français en retard dřun siècle sur les idées scientifiques, si contraire aux faits, nous vient justement de ceux-là qui, en 1920, se présentaient comme les hommes dřun temps nouveau, les premiers vrais savants du 111 Canada français ? Dřautres chercheurs en sciences humaines ramenent la question du « retard » des sciences au Québec à une explication socio-historique. Jean-Claude Robert rappelle que (…) les voies de la modernisation sont multiples, et il nřy a pas de modèle unique, (…). De plus, les rythmes sont différents, certaines sociétés se modernisant avant dřautres. Enfin, les sociétés ne sont pas homogènes, et certains groupes sociaux sont touchés différemment dans le temps par les changements112. 109 Mélançon, op. cit. (« Réponse de M. Claude Mélançon »), p. 57. Duchesne, op. cit. (Sciences, culture savante et pouvoir politique :…), p. 5. 111 Ibid., p. 6. 112 Robert, op. cit. (« Postface. Lřhistoire environnementale et lřhistoriographie du Québec »), p. 242. 110 91 Quant à lui, Fernand Dumont avance une explication sociologique qui permettrait de comprendre en partie la désaffection face au passé et, par extension, le « trou de mémoire » dénoncé par Duchesne. Parce quřelle avait occupé une trop grande place, nřa-t-on pas eu tendance au moment de la Révolution tranquille à vouloir mettre lřÉglise de côté ? Je crois effectivement que cela a fait partie des idéologies des années soixante. Mais ce nřest pas uniquement lřÉglise qui a subi un tel sort. Car, à cette époque, on a opposé de façon assez grossière, me semble-t-il, ce qui provenait du passé et ce qui devait être retenu pour lřavenir. Cřest comme si on avait voulu renier tout ce qui avait déjà eu une quelconque importance, lřÉglise nřy faisant pas exception. Conséquemment, on sřest progressivement forgé une image négative de notre passé113. Lřexplication sociologique de F. Dumont nous apparaît très pertinente. Lřimage négative du passé scientifique du Québec forgée, un peu malgré eux, par les naturalistes de la fin du XIXe siècle, qui déplorent le manque dřintérêt scientifique de leurs compatriotes, puis, à partir de 1920, par certains naturalistes qui affirment avoir intégré le Québec au mouvement scientifique occidental, enfin par des historiens qui ne cherchent pas à interroger le passé plus lointain, éblouis par les miracles opérés dans les premières décennies du XXe siècle par les naturalistes innovateurs, cette image, disons-nous, aurait tant persisté que les acteurs perdirent eux-mêmes leur connaissance de ce passé scientifique et même la faculté de penser quřil pût avoir eu lieu. Les conséquences auraient été dřabord de reléguer pratiquement tous leurs prédécesseurs aux oubliettes, ensuite de croire que le développement des sciences ne débute au Québec que tardivement, à partir des années 1920, et même des années 1940114. On comprend alors que la confusion règne face à lřhistoire des sciences du Québec dans lřimaginaire collectif et scientifique. 113 Fernand Dumont, entrevue à la Revue Notre-Dame, « Avec Dieu, on nřest jamais tranquille », Revue Notre-Dame, no 3, mars 1983, p. 20. 114 Cřest ce que laisse entendre le journaliste scientifique Roland Prévost qui déclara, lors de la remise dŘun prix de journalisme, en 1968 : « Progrès qui ne font pas de bruit, a-t-il précisé, mais qui nřen sont pas moins sensationnels si lřon considère le quasi-néant de notre science il y a moins de 25 ans, si lřon considère en plus que nos gouvernants provinciaux nřépaulaient guère nos modestes efforts et que, comme par hasard, il nřy a jamais de place dans le Québec pour les grands laboratoires fédéraux. » Anonyme, « Roland Prévost reçoit le Prix Olivar-Asselin », La Presse, 84e année, no 50, 28 février 1968, p. 12. 92 Aux États-Unis, on fait fortune en se dévouant à la science. Ici, on y gagne seulement de la reconnaissance : cřest plus beau, quoique moins pratiquement avantageux. - Victor-Alphonse Huard, Labrador et Anticosti : journal de voyage, histoire, topographie, pêcheurs canadiens et acadiens, indiens montagnais, Montréal, C.O. Beauchemin, 1897, p. 77. De ce vaste panorama de la société, de la science, des acteurs, des centres de production et de diffusion de la science et des conditions ayant favorisé le développement des sciences au Québec de 1850 à 1920, nous retiendrons deux choses : le milieu scientifique est en émergence et les naturalistes établissent leurs réseaux. Le milieu scientifique se développe rapidement. Divers indices nous le montrent : lřaugmentation du nombre de naturalistes au Québec à partir du milieu du XIXe siècle, tant du côté des francophones que des anglophones, les parutions de plus en plus nombreuses de manuels de sciences et surtout de monographies scientifiques, lřoffre plus constante et la diversification des cours de sciences aux niveaux collégial et universitaire (particulièrement à McGill et à lřÉcole Polytechnique de Montréal), la création de quelques sociétés savantes provinciales et nationales et lřapparition, timide certes, mais réelle, dřun certain discours favorable au développement des sciences chez certains responsables étatiques, ceux-là même qui pratiquent une ou plusieurs disciplines scientifiques. Les naturalistes sont en train de développer leurs réseaux scientifiques. La participation au fonctionnement dřune société savante locale Ŕ par exemple en y présentant des conférences ou en publiant des articles dans la revue Ŕ leur permet de rencontrer dřautres naturalistes possédant les mêmes intérêts disciplinaires quřeux et de diversifier leurs sources dřinformation. La correspondance avec des naturalistes étrangers élargit leurs horizons : il ne leur était pas rare dřéchanger des documents et/ou des spécimens, ou de reférer un correspondant étranger à un autre naturaliste. 93 Lřétude nous mène ainsi jusquřà la porte de la pratique; après quoi celle-ci fait la facilité du savoir. - Jean-Jacques Rousseau, « Lettre cinquième », Huit lettres élémentaires sur la botanique à Mme Delessert, Mercure de France, 2002, p. 61. 94 CHAPITRE 3 LES PRATIQUES ET LA SPÉCIALISATION DES DISCIPLINES Au cours du XIXe siècle, toutes les sphères dřactivités de la société subissent des bouleversements importants et durables. Les sphères économique, politique, sociale, culturelle et religieuse sont alors en redéfinition sous la poussée de nouveaux courants de pensées philosophiques et politiques, du développement de certaines disciplines Ŕ telles la sociologie et lřapproche critique de lřhistoire Ŕ et du déploiement de lřindustrialisation dans tout le monde occidental. À la fin du siècle et au début du suivant, chacune de ces sphères présente un visage très différent de ce quřil était au tournant de 1800. La science ne fait pas exception et connaît elle aussi des changements progressifs qui modifient la façon de la percevoir, de la pratiquer et de la diffuser. Comme nous le verrons dans les pages suivantes, les pratiques se précisent tout au long du XIXe siècle. Cřest ainsi que les pratiques scientifiques, disciplinaires, académiques et relationnelles se diversifient, atteignent un état de stabilité et acquièrent enfin le statut de norme pour chacune des disciplines. Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle et au début du XXe siècle, on assiste également au développement des disciplines. Nous analysons quatre cas de figures, au début de la période (paléobotanique), au milieu (physiologie végétale et entomologie) et à la fin de la période (bryologie) qui permettra de se faire une idée de cette spécialisation croissante. 95 3.1 Les pratiques scientifiques La nature supporte lřinspection la plus minutieuse. Elle nous invite à placer notre regard au niveau de la feuille la plus infime et à adopter le point de vue de lřinsecte. Elle nřa pas dřinterstices. Chaque endroit regorge de vie. - Henry David Thoreau, aphorisme no 2011. Avant de passer en revue les pratiques scientifiques, nous précisons dřabord ce que lřon entend par ce terme. Suivant la définition du dictionnaire, il sřagit ici des « activités volontaires visant des résultats concrets »2, ou des activités, entreprises par les praticiens de la science, qui permettent dřarriver à des résultats applicables en science, conformément à la méthode scientifique. Dans lřexemple qui nous occupe, on y inclut des pratiques disciplinaires propres aux sciences naturelles, mais également certaines pratiques académiques et relationnelles. 3.1.1 Pratiques disciplinaires Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les principales pratiques scientifiques se ramènent principalement aux pratiques disciplinaires des sciences dřinventaire, soit les sciences naturelles et les sciences de la terre, en vigueur à lřépoque victorienne. Ces pratiques, que nous passerons en revue selon un ordre logique, sont la récolte et la conservation, la collection, lřidentification, la classification, la description et la spécialisation. 3.1.1.1 Récolte et conservation La première pratique qui retient notre attention est celle de la récolte et de la conservation des spécimens. Dřun point de vue extérieur, il semble facile de récolter des spécimens en vue de former une collection. Mais pour que ces spécimens gardent leur valeur dřinformation, leur permettant dřacquérir une valeur scientifique, ils doivent être 1 Henry David Thoreau, La moelle de la vie. 500 Aphorismes, Librairie Arthème Fayard, 2006, p. 42. Paul Robert, Le Nouveau Petit Robert de la langue française 2007, Paris, Dictionnaires Le Robert-SEJER, 2007, p. 1992. 2 96 récoltés et conservés selon des règles précises et obligatoirement accompagnés de notes de terrain pertinentes. Cřest ce quřécrit lřentomologiste Henry H. Lyman au géologue R. Bell, en 1883. Ce dernier, chargé par la Commission géologique du Canada dřexplorer les régions peu connues du Dominion et de récolter des spécimens géologiques et dřhistoire naturelle pour son musée, envoyait ses récoltes de papillons à H.H. Lyman, spécialiste de lřordre des Lépidoptères. There are a few points to which I desire to draw your attention and which if borne in mind would greatly tend to enhance the value of these collections. 1st Not more than two specimens of butterflies should be put up in one paper thus. 2nd As far as possible only specimens of one species should be put in the same paper. 3rd Great care should be taken that the papers containing butterflies are not subjected to any pressure, as that flattens the bodies and greatly injures the specimens. 4th Moths should never be put in papers, as their wings do not naturally fold together over their backs, and the stoutness of their bodies renders them almost certain to be destroyed when put up in this way. 5 Moths should be pinned on Entomological pins through centre of thorax, to a little above the centre of the pin thus. Small labels giving date, locality &c may be put on the pin below the insect & they should then be pinned in a box the bottom of which is lined with cork. (...) It would also add much to the interest of such a collection if short notes were preserved of the localities where the insects were taken, whether prairie or woodland, whether insects were shy & difficult to catch or easy of capture, whether the species seemed to be abondant or rare &c. &c.3. Dans sa lettre, H.H. Lyman insiste sur lřadoption de pratiques de récolte qui assureraient une conservation optimale des spécimens, ce qui est nécessaire pour leur identification, tout comme lřajout de notes de terrain qui permettent de préciser le comportement de lřinsecte ou tout autre phénomène spécifique à une espèce. Ce nřest pas un caprice de sa part, puisque toute information recueillie correctement constitue une aide précieuse pour lřidentification du spécimen. 3 Lettre de H.H. Lyman à R. Bell, 10 mai 1883, McGill University Archives Private Fonds, Robert Bell, MG 2042, c. 2. Lřannée suivante, Lyman lui rapporte les propos dřun entomologiste américain au sujet de lřétat de ses spécimens : « I dont know much about northern moths I sent these to a gentleman in Brooklin who has made a special study of the Noctuidae and in his lettre to me he says. Ŗ I greatly regret that the insects are in such condition as to be absolutely useless for the collection. They are flat as pancakes and absolutely unspreadable. This is the more to be regretted as Laria Rossii and Agrolis Dissona are very great rarities. » Lettre de H.H. Lyman à R. Bell, 4 décembre 1884, McGill University Archives Private Fonds, Robert Bell, MG 2042, c. 2. 97 Chaque discipline requiert ses pratiques spécifiques de récolte et de conservation. Un autre exemple dřindications sur la façon de récolter des spécimens provient du dernier ouvrage de lřabbé L. Provancher, traitant des mollusques. Quelques “ jamais ” à retenir pour les jeunes collecteurs Jamais ne faites sécher vos spécimens à une trop grande chaleur. Il faut les dessécher, mais non les rôtir. Plusieurs coquilles (Anodontes) trop chauffées se fendent en séchant. Jamais dans les petites espèces, Ferussacia, Aplexa, etc., ne faites périr lřanimal en lřébouillantant, il demeurerait là et vous empêcherait dřobserver lřouverture. Jamais nřacquérez de spécimens sans leur mettre une étiquette. Tous les collectionneurs vous diront comme plus dřune fois ils se sont trouvés dans lřembarras, pour nřavoir pas pris cette précaution. La provenance ignorée de tel ou tel lot, lui fait perdre le plus souvent une partie de sa valeur. Jamais dans les échanges, ne manquez de prendre la liste et de ce que vous envoyez et de ce que vous recevez, surtout si vous échangez avec plusieurs. Jamais ne confiez des spécimens fragiles dans une boîte de carton par la poste, vous risqueriez de perdre le tout; servez-vous de bonnes boîtes de bois, de boîtes vides de cigares par exemple. Jamais en envoyant des spécimens dans des fioles de verre, ne mettez ces fioles dans la boîte sans les envelopper de bon papier pour les protéger et les consolider avec du coton. Ces petits soins sont parfois grandement utiles4. Ainsi, comme le mentionne L. Provancher, un spécimen abîmé et/ou sans indication comme la date, le type dřhabitat et le lieu de récolte a perdu sa valeur informationnelle et nřest donc dřaucune utilité. De là lřimportance dřêtre particulièrement méticuleux dans la récolte des spécimens et des informations, tout comme dans leur conservation. De telles mesures permettent à la future collection dřacquérir une valeur scientifique évidente. 3.1.1.2 Collection Le montage de spécimens selon un ordre taxinomique précis constitue une pratique scientifique indispensable en sciences naturelles. Ainsi, toutes les sciences dřinventaire Ŕ entre autres la géologie, la botanique et lřentomologie Ŕ requièrent la création de collections de référence qui permettent au naturaliste de sřy référer au besoin pour ses recherches et échanges avec dřautres spécialistes de sa discipline. Ces collections peuvent être privées, comme cřétait encore souvent le cas au XIXe siècle. Dès les premiers numéros du 4 L. Provancher, « Quelques Ŗ jamais ŗ à retenir pour les jeunes collecteurs », dans L. Provancher, Les Mollusques de la province de Québec. Première partie - Les Céphalopodes, Ptéropodes et Gastropodes, Québec, Atelier typographique C. Darveau, 1891, p. 37. 98 Naturaliste canadien, en 1869, L. Provancher incite fortement les naturalistes en devenir dřacquérir cette pratique en commençant (…) de suite à former une collection. Si vous vous contentez dřétudier dans les auteurs et de faire des observations sur les objets de votre étude, sans les recueillir, sans les mettre à votre portée pour pouvoir constater par des observations plusieurs fois répétées que vous ne vous êtes pas trompé dans ce que vous aviez dřabord remarqué, il vous deviendra impossible, en bien peu de temps, de vous reconnaître dans le dédale des observations que vous aurez faites pêle-mêle sur les différents objets que vous aurez pu rencontrer. Et, seriez-vous doué de la mémoire la plus heureuse, il vous arrivera infailliblement de perdre le souvenir dřune foule de petits détails que vous aviez dřabord notés à lřinspection de lřobjet, mais qui se seront échappés de votre mémoire, parce que ces objets nřétaient plus là pour vous rappeler vos premières impressions. La formation dřune collection, cřest le thème, la version du latiniste, qui vient fixer dans sa 5 mémoire les règles, les principes quřil a appris . Quelques années plus tard, lřabbé naturaliste revient sur la nécessité de monter une collection de spécimens, dřabord pour rendre plus attrayante lřétude de lřhistoire naturelle 6. Il tient ensuite le constat que « cet attrait inhérent à lřétude des sciences naturelles a un fort avantage, dont on tient peu de compte généralement en ce pays : de faire aimer lřétude, de rendre lřhomme instruit avare de son temps. (…) Et du moment quřun homme instruit est gagné à lřamour de lřétude, la famille humaine compte un soldat de plus pour marcher à la conquête du progrès7 ». En mettant à contribution les élèves de leur institution pour monter des collections, les instituteurs aussi « auraient dans leurs élèves le moyen le plus efficace de les augmenter tous les jours; et après quelques années, chaque école pourrait être pourvue dřun petit musée, où, au moyen de quelques leçons orales de temps à autre, les élèves pourraient recevoir les notions les plus essentielles sur les productions naturelles de leur localité, comme la chose se pratique en Belgique8 ». Enfin, pour assurer une précision 5 L. Provancher, « Collection des objets dřhistoire naturelle », Le Naturaliste canadien, vol. I, no 7 (juin 1869), p. 163-164. Dès la publication de sa Flore canadienne, en 1862, Provancher insiste sur la préparation dřune collection : « Tout amateur, tout élève même, doit dès le début commencer une collection. Chaque nouvelle plante quřil aura analysée ou reconnue sera de suite séchée et couchée dans son modeste herbier : chaque jour de nouvelles dépouilles viendront ainsi signaler de nouvelles conquêtes, et qui sait si lřensemble de ces dépouilles, si la collection que vous commencez ainsi si modestement, ne deviendra pas plus tard, à lřinstar de ceux dont sřenorgueillissent aujourdřhui les plus anciens pays, et qui sont comme des phares qui offrent leur bienfaisante lumière à tous ceux qui se sentent épris du noble désir de faire des excursions dans le domaine de la science ? Les plus grands musées ont eu le plus souvent la plus humble origine. » L. Provancher, « De lřherbier et de lřherborisation », Flore canadienne, Québec, Joseph-Darveau, 1862, p. X. 6 « (…) je puis les [amateurs] assurer que, sřils se mettent à faire des collections, ils feront tous les jours des conquêtes qui leur procureront de bien douces jouissances, et quřil leur arrivera bientôt, comme à tous les autres, dřêtre obligés de se faire violence pour se soustraire à ces études, (…). » L. Provancher, « Étude de lřhistoire naturelle », Le Naturaliste canadien, vol. VIII, no 2 (février 1875), p. 49. 7 Ibid. 8 Ibid., p. 51. 99 dans lřidentification des spécimens, le rôle des collections se révèle primordial comme support à la documentation spécialisée. Lřabbé L. Provancher le rappelle dans la préface de la première partie du deuxième tome de la Petite faune entomologique du Canada : « Pour une identification certaine des espèces entomologiques, le texte le plus méthodique existâtil toujours, ne suffirait pas encore ; il faut de plus une collection ample et sûrement déterminée pour la confrontation des spécimens9 ». Des collections sont également institutionnelles. Dans cette seconde possibilité, un individu peut être à la base de la collection; les exemples des botanistes L.-O. Brunet de lřUniversité Laval et du frère Marie-Victorin de lřUniversité de Montréal, qui montèrent chacun un herbier de plusieurs milliers de spécimens pour le premier et de plusieurs dizaines de milliers pour le second, sont éloquents à cet égard. Du côté de la géologie, les récoltes de W. E. Logan et de J. W. Dawson furent à la base de la collection de la Commission géologique du Canada, débutée à Montréal, puis déménagée à Ottawa. Les collections institutionnelles se construisent également au fil des récoltes de différents naturalistes qui se succèdent dans une institution, comme le firent les explorateurs géologues R. Bell, John Richardson, G. M. Dawson et Albert P. Low pour le compte de la Commission géologique du Canada. Lřimportance primordiale des collections apparaît dans lřhistoire des collections entomologiques de lřabbé L. Provancher. Tout au long de sa carrière de naturaliste, il monte trois collections entomologiques, auxquelles on ajoute 2000 mollusques, un herbier dřenviron 1000 plantes et quelques spécimens naturalisés dřoiseaux, de mammifères et de reptiles10. La première collection entomologique, formée de quelques milliers de spécimens, est vendue en octobre 1877 à la Province de Québec11. Avec la collection de 9 L. Provancher, Petite faune entomologique du Canada et particulièrement de la province de Québec Deuxième ordre–Les Orthoptères, Québec, Typographie C. Darveau, 1877, p. IV. 10 Noël-M. Comeau, « A Glance at the History of Entomology and Entomological Collections in Quebec », Annals of the Entomological Society of Quebec, 1965, p. 87; Jean-Guy Bertrand, « Les Collections Provencher [sic] », L’Écho, vol. XLVIII, no 3, janvier-février 1969, p. 3. 11 L. Provancher raconte lřorigine de ce musée dans sa revue : « M. Ouimet fut remplacé par M. De Boucherville. Nous étions sûr dřavance des dispositions de ce nouveau premier ministre et Surintendant de lřÉducation, car nous connaissions déjà M. De Boucherville pour un homme dřétude, un amateur éclairé, qui suit assidûment le progrès scientifique. Aussi M. De Boucherville, secondé par ses collègues MM. Ross, 100 Dominique-Napoléon Saint-Cyr, elle forme la base des collections du musée de lřInstruction publique, ouvert en 1880. La deuxième collection est celle montée pour le collège de Lévis12. Formée entre autres de 3130 insectes et de 1200 mollusques, L. Provancher la vend au collège en 1889; elle devait devenir le noyau du musée de sciences naturelles de lřinstitution. Enfin, la dernière collection, à partir de laquelle il préleva les spécimens de Lévis, est celle quřil continue dřaugmenter jusquřà sa mort et qui fut incluse à la collection du musée de lřInstruction publique du Québec, en 1894. À la suite de la vente de sa première collection, qui comprenait plusieurs centaines de spécimens-types, on a accusé L. Provancher de ne pas « (…) être complètement conscient, en 1877, de lřimportance du concept de type en systématique, (…)13 ». Lřimportant pour lui nřétait toutefois pas de posséder ces spécimens-types ayant servis à la description des espèces nouvelles, mais bien de pouvoir consulter la collection de référence qui les renfermeraient, ce qui ne lui a pas été toujours possible. Cet épisode dans lřhistoire de la collection du musée de lřInstruction publique mérite quřon sřy arrête pour prendre conscience de lřimportance des collections de référence. Quelques années après la vente de sa collection entomologique, L. Provancher veut consulter des spécimens-types, car un entomologiste américain lui en demande quelques-uns. L. Provancher ne peut cependant les lui envoyer; les autorités gouvernementales ne jugent pas à propos de prêter les spécimens demandés par celui-là même qui les avait récoltés et arrangés sous forme de collection. Dans notre étude des insectes de notre province, nous en sommes rendus aux Hémiptères ou punaises, et à la famille des Jassides. Nous sommes actuellement en Amérique quatre travailleurs sur ces petits insectes, MM. Uhler, Ashmead, Van Duzee et lřermite du Cap-Rouge. Il nous est arrivé en 1872, de décrire quinze de ces petites punaises comme nouvelles. Nous nřavions alors ni les connaissances, ni les relations, ni les auteurs que nous possédons Garneau, Angers, etc., (…), mais forma le projet dřétablir au département de lřagriculture un musée de toutes les productions naturelles du pays. ŖNous voulons, nous dirent ces ministres, aussitôt que les nouvelles bâtisses du gouvernement nous en fournirons le local, réunir dans un musée, non seulement les productions agricoles de notre Province, mais encore des échantillons de toutes ses productions naturelles; minéraux, minerais, bois, mammifères, oiseaux, reptiles, poissons, insectes, mollusques, etc., comme la chose se pratique dans la plupart des États de lřUnion Américaineŗ. Et cřest dans ce but quřils achetèrent de suite notre collection entomologique, comme étant celle qui exigeait le moins dřespace. » L. Provancher, « À nos lecteurs », Le Naturaliste canadien, vol. XIV, no 159 (octobre 1883), p. 67. 12 Cette collection a été léguée aux Collections de lřUniversité Laval, en mai 2010, afin de rejoindre les autres collections de L. Provancher. 13 Duchesne, op. cit. (thèse), p. 82. 101 aujourdřhui, (…), si bien que les auteurs sus-nommés et nous-même, doutons que certaines de ces quinze espèces soient réellement nouvelles, (…). Le moyen de sřen assurer? Il est bien simple, cřest de confronter les types qui ont servi à nos descriptions avec les autres espèces décrites. Mais ces types ne sont plus en notre possession. Dès 1877, lřHon. M. De Boucherville, alors premier ministre, nous faisait lřachat de notre collection pour le département de lřagriculture, (…). M. Van Duzee, de Buffalo, nous ayant demandé, tout dernièrement, certaines explications sur ces types décrits par nous, nous lui avons répondu que ne les possédant plus, nous allions les emprunter, et que nous lui donnerions aussitôt les renseignements désirés. (…) En conséquence, samedi le 12 du courant, nous écrivons à M. Saint-Cyr, (…), pour lui demander sřil voulait bien nous envoyer, pour quelques jours seulement, 27 de ces petites punaises, parmi lesquelles les quinze décrites par nous, pour constater sřil nřy aurait pas quelques erreurs dans leur identification. (…) (…) enfin mardi soir une lettre de M. Saint-Cyr nous informe quřen ayant conféré avec lřHon. M. Ouimet, celui-ci m’a ordonné de ne sortir du muséum aucun des spécimens qui s’y trouvent !!! (…) Mais M. Ouimet ne sait donc pas quel est le but dřun musée? Ignore-t-il que les collections de spécimens sont les feuillets mêmes du grand livre de la science, que des savants ont démêlés dans le chaos de la nature, pour les mettre à la disposition de tous ceux qui sont disposés à en tirer profit14 ? Ce qui est évident à la lecture de cet extrait, cřest lřinsistance de L. Provancher sur les pratiques en science et plus particulièrement en entomologie. Les prêts et les échanges de spécimens sont monnaie courante en ce domaine; encore aujourdřhui, les spécimens-types sont envoyés par la poste pour être vérifiés par le spécialiste du domaine qui en fait la demande. Il est donc naturel pour lui de se scandaliser de ce manque de considération des usages en science de la part du surintendant de lřInstruction publique. Mais si lřon considère que « les choses naturelles ne sont collectionnées que par ceux qui y ont affaire professionnellement, (…)15 », alors la réaction du surintendant ne surprend également pas. À cette époque, les usages qui se mettaient en place en science nřétaient pas encore bien connus par ceux qui ne la pratiquaient pas. 3.1.1.3 Identification Une autre pratique scientifique qui fait partie intégrante de la vie des naturalistes est celle de lřidentification. En fait, lřidentification des spécimens est à la base de la recherche 14 L. Provancher, « Le surintendant de lřéducation de la province de Québec et la science », Le Naturaliste canadien, vol. XIX, no 4 (octobre 1889): 77-80. Les italiques sont de Provancher. 15 Krzysztof Pomian, « Les collections vénètes à lřépoque de la curiosité. III. Les curiosités naturelles » dans K. Pomian, Collectionneurs, amateurs et curieux Paris-Venise : XVIe- XVIIIe siècle, Gallimard, 1987, p. 118. 102 en sciences naturelles tout au long du XIXe siècle. On cherchait alors, selon les objectifs de la science pratiquée en Angleterre à lřépoque victorienne, à monter des inventaires les plus précis possibles des faunes et des flores des régions et du pays concernés. Comme le mentionne K. Pomian, les collections préparées au cours de ces inventaires « sont investies dřun rôle important : à condition dřêtre exhaustives et méthodiques, elles constituent un inventaire des ressources du territoire et en rendent possible une utilisation rationnelle 16 ». Le but nřest donc pas de comprendre la dynamique des espèces dans un écosystème donné, ce qui nřétait pas encore à lřordre du jour de la recherche, mais plutôt dřapprendre à reconnaître les espèces susceptibles dřêtre utiles au développement économique et industriel dřune région ou dřun pays, ce qui a comme conséquence une connaissance globale des espèces sur un territoire. Au cours du siècle suivant, le développement de nouvelles techniques dans les domaines de lřécologie et de la recherche bio-moléculaire relègue au second plan les pratiques dřidentification basées sur des critères strictement taxinomiques, tout comme la création de listes dřespèces. Lřinterprétation de la dynamique écologique dřun écosystème se révèle dès lors beaucoup plus importante et pertinente aux yeux des nouveaux spécialistes des sciences naturelles installés dans les laboratoires : les biologistes. Dans lřhistoire des sciences au Canada, on relève un épisode intéressant qui montre le changement des pratiques en histoire naturelle. Il sřagit de lřhistoire dřun manuscrit du paléontologiste J.F. Whiteaves, refusé par Alfred R.C. Selwyn pour les comptes rendus de la Société royale du Canada. J.F. Whiteaves nřétant pas dřaccord avec cette décision, il se tourna vers J.W. Dawson, autre membre influent de la Société royale, pour faire renverser la décision. I had hoped last year to have prepared a paper Ŗ On the Marine Invertebrata of the River & Gulf of St Lawrence ŗ for the Transactions of the Royal Society of Canada, & indeed went so far as to get the title entered in the programme of that year, & the paper itself read Ŗ by title ŗ. In a Committee meeting of the Section IV, however held last year, Dr. Selwyn expressed the opinion that papers which consisted principally of long lists of species, were scarcely suitable for publication in the Royal Society Transactions. This opinion might have been intended to apply to a paper of mine in the volume for the preceeding year (On some Marine Invertebrata from the Pacific Coast Canada) but at any rate I 16 K. Pomian, « Collectionneurs, naturalistes et antiquaires dans la Vénétie du XVIII e siècle » dans Pomian, Collectionneurs, amateurs et curieux Paris-Venise : XVIe- XVIIIe siècle, Gallimard, 1987, p. 251. 103 felt so discouraged, that, being very much pressed for time, I had to withdraw both of the papers that I had entered. I hope to completely finish the second & concluding paper on Devonian Fishes early this fall, & then may be able to prepare one on the recent Invertebrata of the St. Lawrence in time for it to be read at the meeting of the Royal Society in May next, if there be no objection to a rather long list of species. The paper referred to would contain the results of my studies, assisted by several eminent specialists, from 1873 up to the present time, & I have used my best endeavours to miss nothing that has been published that has any bearing on the subject 17. Il semble bien que la stratégie de J.F. Whiteaves nřait pas porté fruit, car lřarticle ne paraît pas dans les Mémoires et comptes rendus de la Société royale18. Lřarticle en question parut en 1901 sous forme de catalogue chez deux éditeurs indépendants19. Pourtant, au cours de la même période, quelques articles à teneur strictement taxinomique sont publiés dans la série des Mémoires et comptes rendus de la Société royale. Lřauteur, le révérend G.W. Taylor, de Victoria en Colombie-Britannique, se spécialisait dans les études des mollusques de la côte du Pacifique, tandis que J.F. Whiteaves sřétait spécialisé dans ceux de lřest du Canada. Après ce court détour, revenons aux spécificités de lřidentification des spécimens en sciences naturelles. Cette pratique demandait, et demande encore, beaucoup de précision dans lřobservation et un nombre suffisant de connaissances. Outre le spécimen parfaitement conservé et les notes de terrain, le naturaliste doit recourir à la documentation spécialisée la plus récente sur le groupe à identifier. Il ne lui était malheureusement pas toujours possible de le faire. Les difficultés augmentent proportionnellement avec la multiplication des monographies spécialisées et des articles. Aujourdřhui, une partie de ces obstacles sont surmontés grâce à lřinformatique et la rapidité des échanges quřelle permet à travers le 17 Lettre de J.F. Whiteaves à J.W. Dawson, 10 juillet 1888, McGill University Archives Private Fonds, Dawson Family Papers, MG 1022, c. 13. 18 Curieusement, J.F. Whiteaves a pu présenter les résultats de ses recherches à la S.R.C. : « At the last meeting of the Royal Society of Canada, held in May of this year (1890), I entered a paper, descriptive of the results of 29 yearsř study of the Marine Invertebrata of Eastern Canada. I had hope to have been able to publish this paper in the current volume of the transactions of this Society, but was unfortunately prevented from doing so by ill-heart. I hope, however, to have it ready for the next volume, (...). » Lettre de J.F. Whiteaves à L. Provancher, 18 septembre 1890, A.S.C. 175, Fonds Provancher, C-5. 19 Joseph F. Whiteaves, Catalogue of the marine Invertebrata of eastern Canada, Ottawa, S.E. Dawson, 1901, 272 p., et Ottawa, Kingřs Printer, 1901, 272 p. 104 monde. Le témoignage suivant de lřabbé L. Provancher rappelle quřau XIX e siècle, la situation était tout autre. Tous ceux qui se livrent à lřétude de lřhistoire naturelle dřune manière pratique, connaissent les difficultés sans nombre quřon rencontre dans lřidentification des sujets. Et ces difficultés, au lieu de sřaplanir, de se restreindre à mesure que les études progressent davantage, se multiplient au contraire et deviennent de plus en plus embarrassantes. La raison de cette anomalie? Elle se trouve uniquement dans la difficulté de se procurer les auteurs nécessaires, et la diffusion des plus récents écrits des écrivains dans une foule de publications diverses. Ceux qui ne lřont pas expérimenté, ne peuvent se faire une idée de la somme de recherches, dřinvestigations, de comparaisons que nécessite lřidentification dřun seul insecte 20. Plus loin, après avoir énuméré les auteurs nécessaires à lřidentification dřun spécimen précis, il pose la question suivante : « (…) avez-vous tous ces ouvrages à votre disposition? Nous nřavons pu en trouver un seul dans aucune des bibliothèques de Québec, pas même dans celle de lřUniversité Laval avec ses 60 000 volumes. Voilà un aperçu des difficultés en face desquels se trouve à chaque instant lřentomologiste américain21 ». Quelques années plus tard, H.H. Lyman souligne la même difficulté : « Insects are not like minerals which you can chip and test with the blowpipe, but can only be determined, if unknown, by careful and patient study, and these northern forms have largely been described in works which are almost not quite inaccessible to students in this country22 ». Selon L. Provancher, la seule solution au problème de la multiplication des publications spécialisées et donc de leur consultation résiderait dans la parution dřun catalogue, « à lřinstar des herd-books quřemploient les éleveurs dřanimaux, une publication, où toute nouvelle découverte devrait être enregistrée, ou plutôt décrite, pour être réputée telle et assurer le droit de paternité à son auteur23 ? ». Un tel ouvrage dans le domaine de lřentomologie, le Genera Insectorum, nřa été publié quřà partir de 190124. 20 Provancher, loc. cit. (« Identification des sujets dřhistoire naturelle »), p. 354. Ibid., p. 355. L. Provancher emploie ici le terme « américain » au sens générique, en englobant les naturalistes de lřAmérique du Nord. 22 Lettre de H.H. Lyman à R. Bell, 30 mai 1886, McGill University Archives Private Fonds, Robert Bell, MG 2042, c. 2. 23 Ibid., p. 356. 24 V.-A. Huard, « Genera Insectorum », Le Naturaliste canadien, vol. XXXI, no 1 (janvier 1904), p. 2. 21 105 Mais en attendant sa publication, lřautre solution dont les naturalistes de lřépoque disposent est de faire appel à leurs pairs, cřest-à-dire aux spécialistes du groupe en question. L. Provancher ne sřest pas gêné de le faire, lorsquřil envoie, par exemple, ses spécimens dřHyménoptères aux entomologistes américains E.T. Cresson et W.H. Ashmead, ou lorsquřil demande lřavis de G.C. Horn au sujet des Coléoptères. H.H. Lyman recourait à la même pratique lorsquřil doutait de son identification des papillons récoltés par R. Bell. Le seul inconvénient réside dans le délai prolongé de livraison des listes dřinsectes. I am exceedingly sorry to have kept you waiting so long for the enclosed list especially as I regret to say it is not quite complete. These were three species among those sent to me which I felt uncertain about and in order not to have any mistake I sent specimens to a friend of mine in New York who is one of the highest authorities on buttleflies & I fully expected to have had his answer last week, but I have not received any word from him yet 25. Pour les spécimens de papillons de forme nordique cités plus haut, H.H. Lyman les envoie au British Museum de Londres qui disposait de vastes collections nécessaires à la comparaison du spécimen. Pour les insectes des autres ordres, il écrit aux spécialistes connus en Amérique du Nord. However I took the specimen over to England last June to compared with the collections in the British Museum, through the courtesy of Mr Kirby, and then saw that it was a variety of Hecla. The British Museum collection has the ones like the Hyla specimen at one end of the series and those like Mr Streckerřs specimens at the other end, and if they hadnřt the intervening links I should have doubted the identity of the two forms. This mistake I shall correct when I send in the list of the Hymenoptera, Diptera, &c. The reason these orders were not determined before is that I wrote to Mr Cresson of Philadelphia the chief authority on the 26 North American Hymenoptera and to Dr Williston of Yale the authority on the Diptera . Cette pratique visant à recourir aux connaissances dřun pair ne se voyait pas seulement en entomologie, mais également en botanique. Au début du XXe siècle, lřabbé François-Hippolyte Dupret le mentionne dans une lettre au frère Marie-Victorin. Ce dernier lui avait demandé dřidentifier des spécimens de mousses et dřhépatiques, des plantes non-vasculaires, alors que lui-même se spécialise dans les vasculaires de la province de Québec. Au sujet des hépatiques, F.-H. Dupret lui répond « je nřai pas cherché à déterminer les hépatiques (qui ne sont pas dans ma spécialité). Vous pourrez consulter 25 Lettre de H.H. Lyman à R. Bell, 10 mai 1883, McGill University Archives Private Fonds, Robert Bell, MG 2042, c. 2. 26 Lettre de H.H. Lyman à R. Bell, 12 mars 1887, McGill University Archives Private Fonds, Robert Bell, MG 2042, c. 2. 106 Miss C. Haynes Highlands, New Jersey, qui a la charge de ce département dans le Bryologist27. Mais je mřaperçois quřà présent cřest au Dr. G.H. Conklin quřil faut sřadresser pour les hépatiques28 ». Le recours systématique aux spécialistes du domaine permet aux naturalistes dřici et dřailleurs une identification certaine de leurs spécimens douteux, tout comme une vérification des groupes quřils étudient. Au XIXe siècle, plusieurs de ces spécialistes nřhésitent pas à répondre aux demandes en pointant les erreurs dřidentification de leurs requérants, dřautant plus quřelles étaient inévitables à lřépoque. Lřextrait suivant rend compte de cette dynamique de la recherche en entomologie qui assurait une banque de spécimens bien identifiés suite à la correction des erreurs. Ayant soumis dernièrement notre collection entière de cette famille 29 à Mr. E.T. Cresson, de Philadelphie, la première autorité sur ce continent en fait dřHyménoptères, le savant entomologiste a bien voulu noter les erreurs dans lesquelles nous avions donné, et indiquer les corrections à faire. (…) Nous ne sommes nullement confus des nombreuses erreurs que nous avons commises, et nous les reconnaissons sans honte. La science entomologique est encore trop peu avancée, ses données sont encore trop peu avancée, ses données sont encore trop confuses, ses monographies sont encore trop incomplètes et trop disséminées dans des publications de différentes dates et de langues diverses, pour quřon puisse faire un crime aux pionniers dans cette voie, de faire parfois des faux pas dans les sentiers quřils veulent tracer, de ne pas procéder toujours avec certitude, de manière à faire une autorité incontestable pour tous ceux qui plus tard voudront marcher sur leurs traces. (…) Mais, dira-t-on peut-être : ne serait-il pas mieux pour vous dřattendre, plutôt que de livrer à lřimpression des écrits sur lřexactitude desquels vous nřêtes pas absolument sûr? Nous répondons sans hésiter, non! par ce (sic) que nous nřécrivons pas tant pour apporter notre contingent, notre poignée de sable au grand édifice de la science, que pour servir de guide dans cette étude à de jeunes compatriotes qui nřont absolument que nos écrits pour se renseigner, et qui, sans ces écrits, ne pourraient poursuivre leurs études. Ce sera une petite affaire pour eux dřavoir à changer plus tard quelques étiquettes dans leurs collections, (…). Nous procédons dřailleurs à la manière de tous les autres écrivains dans cette branche. Nous prenons tous les moyens à notre disposition pour nous renseigner sûrement, avant de publier nos observations, et une fois cette publication faite, nous nous corrigeons du moment quřil nous est donné de pouvoir reconnaître quelque erreur. Mr. Cresson en corrigeant nos erreurs a pu en même temps en corriger plusieurs des siennes propres; et il en est ainsi pour tous les autres. Il nřen est pas des sciences naturelles comme de la littérature, on peut tomber là sans pécher pour ainsi dire; aussi nous corrigeons-nous les uns les autres sans nous faire la guerre, 27 The Bryologist, revue de lřAmerican Bryological and Lichenological Society, est publiée depuis 1897. Lettre de lřabbé F.-H. Dupret au frère Marie-Victorin, 2 décembre 1909, Division des archives de lřUniversité de Montréal, Fonds Institut botanique (frère Marie-Victorin), E118/A1, 511. 29 La famille des Ichneumonidæ. 28 107 mais uniquement dans le but de rendre hommage à la vérité, de rendre lřœuvre plus parfaite, et de contribuer au bien commun30. Des erreurs dřidentification se produisent inévitablement de temps à autre à cause de lřéparpillement des données ou, tout simplement, de lřinsuffisance des connaissances pour de nombreux groupes dřinsectes. La pratique de corriger les erreurs et même, quand il sřagissait de rectifier les données précédemment publiées sous forme de monographies ou dřarticles, de publier les données corrigées dans des périodiques pour éviter leur propagation, est donc généralisée et fortement encouragée, au risque dřentacher une réputation. Lřentomologiste Albert F. Winn le rappelle à lřabbé V.-A. Huard qui voulait publier rapidement des données, en fait sans quřil ait fait vérifier ses spécimens par des pairs et ainsi corrigé les éventuelles erreurs dřidentification. To be perfectly frank I do not see how you are going to avoid a countless number of pitfalls in dealing with the moths with only the Fyles collection and your own to guide you as the former has but a very small representation of our species. (...) If I may suggest it again I think it would be feasible for you to drop one instalment of the work from the next monthly number31 and so give you time to submit whatever you wish to print to say Dr. McDunnough or myself. Nothing is to be gained by rushing it through and if you give yourself an extra month it will surely save you vast amount of trouble and uncertainty. We call to mind the motto of the American Entomological Society, appearing on the title page of all its publications Ŕ Ŗ FESTINA LENTE ŗ and I am very sure that you wish to keep up the good name of our Province for thoroughness and accuracy in scientific and other work, rather than for speed, which is a second cousin to carelessness. I know all too well that mistakes are unavoidable, none of us are free from them, but when they occur in print a very strong effort should be made to correct them and I was not a little disappointed that before starting on the Moths that you did not correct one or two of the obvious errors in the butterfly portion, such as Papilio eurymedon and Colias chrysomelas which never came within a couple of thousand miles of Quebec, being strictly Western species. (...) It is of the utmost importance to those studying the distribution of species that are closely allied that a well worked region like Quebec is not given credit where it is not entitled to it. The species is so well known in North America that it seems unlikely that anyone in the U.S. making a study of this group would include Quebec as part of its habitat, but the trouble may come from abroad by getting into work like that of Seitz in which unfortunately a lot of such blunders have been copied. I therefore would ask you to do all you can to have the statement made in your pages that the specimen of Ŗ Astyanax ŗ32 was not caught in Canada33. 30 Provancher, op. cit. (« Additions aux Ichneumonides de Québec »), p. 6-7. Il parle du Naturaliste canadien. V.-A. Huard prévoyait continuer lřétude des Lépidoptères entamée par L. Provancher. Au moment où il reçut la lettre de A.F. Winn, V-.A. Huard débutait avec les papillons diurnes et sřapprêtait à publier sur les papillons nocturnes dans sa revue. 32 Il sřagit du Basilarchia astyanax. 33 Lettre de A.F. Winn à V.-A. Huard, 28 novembre 1928, A.S.C., Fonds Huard, C-11-298-7. 31 108 À la fin de sa lettre, A.F. Winn précise ses intentions en envoyant une missive aussi expéditive : « I trust that you will understand the above rather hurriedly written remarks in the friendly spirit that is intended. I always feel that when any corrections or alterations require to be made in our Journals that the original author is the one who can best make them34 ». Dans un autre texte, L. Provancher mentionne aussi lřintérêt de corriger les erreurs, ceci afin de préciser ses pratiques. Nous avons été heureux Ŕ … Ŕ de trouver dans M. S.H. Scudder et le Dr. H. Hagen, tous deux de Cambridge, Mass., des guides aussi sûrs que complaisants, pour nous aider dans nos études dřinsectes, le premier pour les Orthoptères, le deuxième pour les Névroptères. Malheureusement le concours de ces autorités entomologiques ne nous a été assuré que lorsque déjà lřimpression du résultat de nos recherches était assez avancée; mais bien que les corrections venant ainsi après coup puissent nuire un peu à la clarté du texte, elles nřen seront pas moins précieuses aux yeux des amis de la science, qui, avec un peu plus dřattention, pourront toujours en faire leur profit35. Mais comme tous les entomologistes de lřépoque disposent de ressources semblables, même les spécialistes renommés dans leur groupe commettent des erreurs et les corrigent comme tous les autres. La citation suivante de H.H. Lyman en fait état : « I have gone over the previous lists and find a number of mistakes, mostly typological owing to me not having been sent proofs for correction, but also two erroneous determinations, one by me and one by Mr W.H. Edwards so I have written out a list of these corrections and must ask to have them printed, a proof being submitted to me36 ». 3.1.1.4 Classification La classification constitue une autre pratique essentielle en sciences naturelles, qui vient immédiatement à la suite de lřidentification. Effectuer des classements, cřest « suivre une démarche susceptible de réduire la diversité apparente et de dévoiler un ordre qui soit sinon celui de la nature même, du moins celui de lřesprit humain Ŕ une démarche 34 Ibid. Provancher, op.cit. (Petite faune entomologique du Canada… Deuxième ordre – Les Orthoptères), p. V. 36 Lettre de H.H. Lyman à R. Bell, 17 novembre 1891, McGill University Archives Private Fonds, Robert Bell, MG 2042, c. 2. 35 109 méthodique37 ». Le but de la classification en histoire naturelle, tel que définie par lřabbé L. Provancher dans son traité dřentomologie et tels que le conçoivent la majorité des naturalistes, est « de pouvoir distinguer les objets que lřon étudie et les faire reconnaître avec certitude aux autres, (…)38 ». Comme il lřécrit ensuite, les êtres humains éprouvent « ce besoin de réunir dans [notre] esprit les choses semblables à certains égards, pour saisir les rapports qui existent entre elles, et nous en former une idée abstraite », besoin qui « fait pour ainsi dire la base de toutes nos études39 ». Lřabbé naturaliste appuie ensuite sa démonstration en affirmant quřen « Histoire Naturelle, ce besoin devient une nécessité, parce que les milliers dřêtres quřil nous faut étudier, dérouteraient de suite la mémoire la plus heureusement douée, dans ses calculs de comparaison40 ». Le naturaliste dispose de deux types de classifications pour ses recherches en sciences naturelles : la classification artificielle et la classification naturelle. « Dans la classification artificielle, les divisions sont fondées sur des modifications que présentent certaines parties du corps choisies arbitrairement, par exemple le nombre de doigts, des dents, etc. Au contraire, dans la classification naturelle, on prend lřensemble de lřorganisation de chacun des êtres, et on éloigne ou rapproche ces êtres suivant les degrés de ressemblance quřils ont entre eux41 ». Selon L. Provancher, en permettant de ranger « les animaux en séries naturelles, dřaprès le degré de leurs affinités respectives, (…)42 », la classification naturelle est de loin celle à privilégier, mais elle est difficilement applicable puisque les connaissances des espèces « sont encore trop peu avancées, pour nous permettre de telles analyses naturelles de la généralité des êtres de chaque groupe, et force nous est de recourir souvent à la méthode artificielle, qui, quoique moins rationnelle, supplée dans un grand nombre de cas, à notre défaut de connaissances, et nous mène aussi plus promptement au but43 ». Cette situation oblige un naturaliste comme L. Provancher à suivre la classification 37 Pomian, op. cit. (« Collectionneurs, naturalistes et antiquaires dans la Vénétie du XVIIIe siècle »), p. 266. L. Provancher, « De la classification », dans L. Provancher, Petite faune entomologique du Canada précédée d’un traité élémentaire d’entomologie. Volume I–Les Coléoptères, Québec, Darveau, 1877, p. 113. 39 Ibid. 40 Ibid., p. 113-114. 41 Ibid., p. 115. 42 Ibid., p. 117. 43 Ibid., p. 116. Dans son ouvrage sur les mollusques univalves du Québec, L. Provancher revient sur cette distinction importance entre les classifications artificielle et naturelle et des progrès accomplis en malacologie 38 110 « des auteurs le plus en autorité, (…), et dřaccepter, sans discussion, des divisions dont nous ne pouvions souvent nullement reconnaître la valeur44 », faute dřavoir accès aux ouvrages nécessaires dans les bibliothèques québécoises, alors quřil aurait été en mesure dřapporter une contribution dans le domaine. Sans lřapplication rigoureuse des principes de lřune ou de lřautre des formes de classifications, et sans lřacceptation de leurs critères respectifs, lřorganisation des êtres vivants dans un ordre compréhensible pour lřensemble de la communauté scientifique serait impossible. Cette acceptation des critères de classification déterminés par certains naturalistes a dřailleurs causé de vives discussions chez certains dřentre eux. Un exemple nous est relaté par le naturaliste Alfred Lechevallier dans une lettre à L. Provancher. Savez-vous que Mr Lemoine, votre Phénix … selon votre expression me boude, et cela parce que je nřai pas approuvé non pas tout à fait sa lecture ou conférence sur Ŗ lřOrnithologie du Canada ŗ devant lřInstitut Canadien de Québec, 20 novembre 1874 45, mais surtout sa dénomination et classification de sa faune canadienne dont plusieurs spécimens nřont jamais été vu en Canada. Malgré toute lřautorité du Dr Ross de Toronto et Mr W. Cooper de Montréal sur lesquels il sřappuie. Le premier a [illisible] dans le public un travail rempli dřerreurs et le dernier possède moins de connaissances que sa femme en Histoire Naturelle, je connais les deux hommes à fond. Telle a été ma réponse à Mr Lemoine, après avoir échangé plusieurs lettres qui nřont pu nous mettre dřaccord, car pour moi la Vérité nřest quřune et je nřaurai voulu pour tout au monde, pour Mr Lemoine, comme pour moi-même, donner dans un journal quelconque mon approbation à son travail comme il me le demandait, il laisse trop à désirer même sous le rapport des noms dřoiseaux46. A. Lechevallier a pu être irrité par lřaffirmation suivante, lancée par James MacPherson Le Moine au tout début de sa conférence : « Vous me demandez comment on doit étudier lřhistoire naturelle en Canada? Il y a plusieurs méthodes : lřune, se plaît à amonceler force termes latins sonores, sinon barbares. Le sujet vous fait lřeffet dřun labyrinthe dřordres Ŕ de sous-ordres; de genres Ŕ de sous-genres; de familles Ŕ de sous-familles. Une précision afin dřétablir la méthode naturelle sur des bases solides. L. Provancher, « Nomenclature et classification », op. cit. (Les Mollusques de la province de Québec), p. 39-40. 44 Petite faune entomologique du Canada et particulièrement de la province de Québec Vol.II comprenant les Orthoptères, les Névroptères et les Hyménoptères, Québec, Typographie C. Darveau, 1883, p. VI. 45 James MacPherson Lemoine, « LřOrnithologie du Canada. Conférence populaire lue devant lřInstitut Canadien de Québec, le 20 novembre 1874 », Annuaire de l’Institut Canadien de Québec 1874 No 1, Québec, Imprimerie Augustin Côté et Cie, 1874, p. 21-47. 46 Lettre de A. Lechevallier à L. Provancher, 26 avril 1875, ACS 26, Fonds Provancher, C-5. Cřest Lechevallier qui souligne. 111 mathématique préside à ce beau grimoire scientifique : lřœuvre des classificateurs47 ». Le Moine précise tout de même, quelques lignes plus bas, que cette méthode est indispensable dans un traité dřornithologie. Dans cette conférence, cependant, son but est tout autre, cřestà-dire dřeffectuer « un Manuel dřOrnithologie à la main, une courte promenade, au mois des feuilles, dans nos grands bois, au sein de nos prés gazonnés, sur lřonde paisible de nos lacs, sur la plage de notre beau fleuve. Peut-être y trouverons-nous quelques-uns des objets48 si intéressants quřAudubon, notre maître, prétend y avoir rencontrés quand il foulait le sol Canadien, il y a de cela plus de trente ans 49 ». Il ne semble pas que la polémique ait été plus loin. Un autre épisode révélateur de lřimportance des critères de classification sřest déroulé en 1877 entre lřabbé L. Provancher et G.H. Horn, entomologiste amateur de Philadelphie, spécialiste des Coléoptères. Le naturaliste de Cap-Rouge lui avait envoyé une copie de son premier volume de la Petite faune entomologique du Canada traitant des Coléoptères. Horn lui envoie ses commentaires sur son traitement des Coléoptères et aussi sur certains passages du traité dřentomologie qui débute lřouvrage. Le litige concerne cependant un autre ordre dřinsectes, à savoir les Hyménoptères : « In the preliminary part of your work you place the Hymenoptera in the Ŗsuctorialŗ (suceurs) series. This is a very great error, they are all mandibulate & some few genera have the maxillæ elongate a character which occurs in Coleoptera also, in Nemognatha etc.50 ». Dans son traité, L. Provancher indique clairement que ce sont des insectes à mandibules, mais que celles-ci « quoique fortes et vigoureuses, ne semblent être que dřun usage secondaire à la nutrition, si toutefois elles y coopèrent. Ce sont plutôt ici des instruments qui leur servent dans la construction de leurs nids, (…)51 ». En suivant ce raisonnement, il arrive à la conclusion que les Hyménoptères, « par leurs modifications, se rapprochent le plus des insectes broyeurs »52, mais ne les 47 Lemoine, loc. cit., p. 21. Il parle ici des oiseaux. 49 Ibid., p. 21-22. 50 Lettre de G.H. Horn à lřabbé L. Provancher, 12 juin 1877, A.S.C. 152, Fonds Provancher, C-5. 51 L. Provancher, « Entomologie élémentaire en rapport avec la faune du Canada. Première partie Anatomie des insectes. De la tête », dans op. cit., (Petite faune entomologique du Canada…), p. 27. 52 Ibid., p. 25. « Et, en effet, nous retrouvons chez eux les mandibules, souvent fortes et très développées, le labre, et le menton. (…) Ce nřest donc que sur la languette et les mâchoires que se sont opérés les changements. Ces parties se sont excessivement allongées; les mâchoires ayant pris une forme tubulaire, 48 112 inclut pas dans ce groupe. Cřest sur cette base quřil répond à lřentomologiste par une longue lettre dans laquelle il explique sa position. Quant à la very great error dřavoir rangé les Hyménoptères parmi les suceurs, vos exclamations nřont en rien modifié mes opinions. Est-ce que vous prétendriez, vous, que les Hym. sont des broyeurs ? Mais ce serait une hérésie manifeste, puisque tous se nourrissent [de suc] à lřétat parfait, du suc des fleurs. Ayant à ranger tous les insectes en deux catégories, broyeurs ou suceurs, je nřai pas hésité à ranger les Hym. parmi les derniers, bien quřils possèdent des mandibules & des mâchoires53. G.H. Horn revient ensuite à la charge par deux fois, mais sans que cela entache leur relation épistolaire. Regarding the assumption that the Hymenoptera are suctorial (suceurs) this is entomological heresy. No one ever called them so. They are all mandibulate. You have deceived yourself in the use of the terms Ŗsuceurs et broyeursŗ. (...) I do pretend to say & insist that Hymenoptera for the greater part are broyeurs54. Si lřon se réfère aux critères dřaujourdřhui, chacun des entomologistes a raison sur un point. Selon différentes sources, les Hyménoptères ont des « pièces buccales du type broyeur-lécheur »55 ou des « pièces buccales broyeuses ; maxilles et labium parfois modifiés en langue suceuse56 ». G.H. Horn mettait tout simplement lřaccent sur la morphologie des pièces buccales, alors que L. Provancher sřen tenait plutôt à leur utilisation. Dans les correspondances des naturalistes de notre corpus, on ne trouve aucune discussion de nature philosophique sur la pratique de la classification. Les naturalistes comme L. Provancher ou W. Couper nřavaient pas nécessairement à choisir lřune ou lřautre des approches alors préconisées, soit elle de la « Naturphilosophie » et celle du compilateur. En tant que naturaliste, ils leur apparaissent évident quřil leur faut classer les espèces selon des critères scientifiques acceptées par les autres naturalistes. Le but était de engaînent la languette par ses côtés, et forment, réunies, une espèce de trompe par où passent les aliments, toujours mous et liquides, pour se rendre au pharynx; (…). » Ibid. (pour cet extrait). 53 Lettre de L. Provancher à G.H. Horn, 18 juin 1877, A.S.C. 153, Fonds Provancher, C-5. Cřest Provancher qui souligne. 54 Lettre de G.H. Horn à L. Provancher, 21 juin 1877, A.S.C. 154, Fonds Provancher, C-5. 55 Jean-Marie Perron, Abrégé d’entomologie, Fabreries, Supplément 1, Saint-Jean-sur-Richelieu, Association des entomologistes amateurs du Québec, 1985, p. 63. 56 Donald J. Borror et Richard E. White, Les insectes de l’Amérique du Nord (au nord du Mexique), Laprairie, Éditions Broquet Inc., 1991, p. 312. 113 pouvoir reconnaître les espèces connues et celles qui ne le sont pas encore, ce quřils considèrent visiblement comme une de leurs tâches à accomplir comme entomologistes. En tant quřecclésiastique, L. Provancher ne remet quant à lui certainement pas en cause la tâche de placer chaque espèce dans la création. La compilation des espèces présentes sur un territoire lui semble probablement un objectif beaucoup plus facilement réalisable que celui de comprendre le « dessein de Dieu ». Cřest dřailleurs cette tâche de compilation que dřautres naturalistes Ŕ tels E. Billings et J.F. Whiteaves Ŕ ont entrepris dans leurs recherches. 3.1.1.5 Description Pour les naturalistes impliqués dans lřinventaire des faunes et des flores locales ou régionales, au XIXe siècle, la découverte dřespèces inconnues était inévitable. Dans leur objectif dřinstaurer de lřordre dans la nature, il leur fallait retracer les différences et les caractéristiques communes des genres et des espèces. Cet effort passait par la description, cřest-à-dire la construction progressive dřun système de signes distinctifs qui permettent de différencier à coup sûr une espèce dřune autre, de la placer dans le bon genre et de lřidentifier à lřespèce, ou de la nommer, dans le cas dřune espèce nouvelle. Les difficultés sont nombreuses lorsquřil sřagit de préparer la description dřune espèce. En biologie, il est difficile de décrire ou de définir une entité taxinomique seulement à partir de mots. Plusieurs des espèces déterminées peu après lřadoption du système linnéen de nomenclature binominale sont très difficilement identifiables à partir de la description seule57. Cřest le cas notamment de lřembranchement des Invertébrés et du groupe des Insectes. Lors de la découverte dřune nouvelle espèce, il est donc indispensable de baser la description sur un spécimen qui est ensuite conservé dans une collection de référence. Il sřagit du type, un spécimen standard possédant les caractères dřun groupe et qui permet de faire la description dřune espèce58. Ce concept permet aux naturalistes 57 Ernst Mayr, E. Gorton Linsley et Robert L. Usinger, Methods and Principles of Systematic Zoology, New York, McGraw-Hill, Inc., 1953, p. 236. 58 E. Séguy, Dictionnaire des termes techniques d’entomologie, Paris, Éditions Lechevalier, 1967, p. 444. 114 dřorganiser leurs collections de spécimens dřune manière rationnelle59 et dřétablir une méthode sûre dřidentification pour leurs collections. Tous les spécimens récoltés qui se conforment au type sont considérés comme étant de la même espèce que celui-ci : « Typespecimens came to be carefully labeled and became a valuable part of major collections because they could be consulted as reference material for re-examination at a later date. Each served as a model and name carrier by embodying the distinctive characteristics of the species. An individual belonged to the same species if, when compared with typespecimen, it did not display any essential differences60 ». La fonction du type était alors dřêtre à la base de la description des espèces nouvelles61. Ce nřest plus le cas aujourdřhui; les espèces se définissent non seulement par rapport à des critères de ressemblance ou de reproductivité, mais également sur la base des populations qui peuvent présenter un large spectre de variations. Le choix dřun seul spécimen pouvant représenter lřespèce en entier est dès lors considéré comme impossible62. En cas de doute, dřerreur ou de révision dřun groupe, on se réfère toujours au spécimen-type gardé dans une collection de référence. Les premiers taxinomistes, au XIX e siècle, ont largement utilisé la notion de type pour leurs descriptions des espèces nouvelles de même que pour lřidentification des spécimens. Les demandes de prêts de spécimenstypes étaient nombreuses, comme en fait foi lřextrait suivant dřune lettre de Samuel F. Aaron, de lřAcademy of Natural Sciences de Philadelphie, à L. Provancher. Being engaged in working up the North American Chrysididæ 63, and wishing to have, of course, all the material existing at hand, I have written to you to ask for the loan of your material of this family. You have described several new species in your ŖPetite faune Ent. du Canadaŗ, none of which I have in my otherwise splendid material, (...) and also wishing to figure all the species, I would like to have yours before me. If you will lend them to me I shall take the greatest care of them and then send them back to you with many additions from my material. Mr Cresson has aided me somewhat and spoke kindly of your willingness to send Monographers your specimens for study. I would like all your material, even those before described, such as Elampus coruscans, viridis &c. in apopes in the Trans. Am. Ent. Soc. Vol IX among several descriptions of new N. Am. Psocidæ and also a new genus, I also described 59 Paul Lawrence Farber, « The Type-Concept in Zoology during the First Half of the Nineteenth Century », Journal of the History of Biology, vol. 9, no 1 (printemps 1976), p. 95. 60 Ibid., p. 96. 61 Mayr, op. cit., p. 236. 62 Ibid., p. 236. 63 Hyménoptères parasites des nids de guêpes ou dřabeilles. Borror, op. cit., p. 338-339. 115 your Psocus trifasciatus, as P. speciosus; - It was one of those mistakes that will creep in studying alone from a description, although your description was very good 64. Une deuxième lettre nous indique que non seulement L. Provancher a exaucé sa demande, mais que les spécimens prêtés furent très utiles pour lřentomologiste américain : « I mail to you today, the Chrysididæ that you so kindly sent me for study, with my greatest thanks for the kindness. They have been very useful to me in the preparation of my papers. Just as soon as I receive my authorřs copies I will send you one. I have named all the specimens and have also stuck in a few rarities from my collection and a few of my types. Please find enclosed the paper with the determinations65 ». En 1876, Ezra T. Cresson demande lřaide de L. Provancher pour la confection de son Synopsis of the Families and Genera of the Hymenoptera of America North of Mexico. La collaboration entre les deux entomologistes débute par lřétude de la famille des Ichneumonidæ, un important groupe dřHyménoptères. Il doit tenir compte des travaux de L. Provancher et a besoin de ses spécimens pour continuer son étude. During this autumn & winter I propose to go over the Ichneumonidæ of North America & arrange them for a Synoptical List for publication early next year. To do this properly I shall need your assistance which I trust will be cheerfully given. The great genus Ichneumon has been separated into many genera by European authors & as you have described & published a large number of new species, I write to ask if you would kindly loan me types of them. (...) The personal examination of your specimens will save me a great labor of going over the description which necessarily takes up much time, & as the genera are separated on structural characters entirely, not given in the descriptions you have published, I could not properly place your species, without personal examination, unless to trouble you to examine them for me, & that would give you much trouble. I trust you will feel willing to loan me your collection, assuming you that I will return it promptly & in good order & arrangement. In writing up the posthumous papers of Mr Walsh on Ichneumonidæ his executors very obligingly loaned me collection, which saved me months of labor & enabled me to rightly identify his species by personal examination. In the Societyřs collection we have a very large collection & variety of Ichneumonidæ & I am anxious to spend this fall & winter in putting them in proper shape. I have made, I see now, many mistakes which I desire to correct, so that those who are now or will hereafter study the family may not misled 66. 64 Lettre de S.F. Aaron à L. Provancher, 4 mars 1885, A.S.C. 55, Fonds Provancher, C-5. Lettre de S.F. Aaron à L. Provancher, 18 décembre 1885, A.S.C. 370, Fonds Provancher, C-5. 66 Lettre de E.T. Cresson à L. Provancher, 15 septembre 1876, A.S.C. 337, Fonds Provancher, C-5. 65 116 Plus tard, en 1879, Cresson fait part à L. Provancher de son désir dřétudier les familles dřHyménoptères des Tenthredinidæ67 et des Uroceridæ68 et lui demande alors ses types de ces familles. I am now engaged in cataloguing the Tenthredinidæ & Uroceridæ of North America, & I would like very much to see the types of your new species belonging to these families, published in the ŖNaturaliste Canadienŗ. I will engage to return them to you almost immediately, together with a specimen of Ichneumon scutellaris Prov. I have belonging to you, & have been awaiting an opportunity of returning to you. I have several species that accord tolerably well with your descriptions, but as they came other localities, I do not fell quite certain that they are identical. A glance at your types would settle the question at once 69. Ces extraits montrent lřimportance primordiale des types conservés dans une collection de référence. Sans eux, lřidentification des spécimens à partir des descriptions seules se révéleraient hasardeuse et imprécise, comme S.F. Aaron et E.T. Cresson le rappellent dans leur lettre. 3.1.1.6 Spécialisation La seconde partie du chapitre sera consacrée à des exemples concrets de spécialisation dans trois disciplines : la géologie, la botanique et lřentomologie. Mais avant, nous nous attardons sur le processus de différenciation des activités en sciences naturelles à partir du XIXe siècle. Les transformations affectent tous les aspects des pratiques en ce domaine. Comme lřexplique Pomian, les sciences naturelles se voient attribuer ainsi une nouvelle place dans la carte du savoir. Dřoù leur progressive restructuration : la botanique perd sa place privilégiée au profit de la minéralogie, en train de devenir géologie, cependant que la zoologie, auparavant peu pratiquée, suscite un intérêt croissant. Nouvelles disciplines, nouveaux objets : culture des plantes, élevage des bêtes, tourbières, eaux thermales, richesses du sous-sol. Tandis que lřattrait de lřexotique faiblit, le regard se tourne vers ce quřon trouve à portée de main 70. En Europe, dès la fin du XVIIIe siècle, et en Amérique du Nord, au début du XIXe siècle, lřétude de lřhistoire naturelle, qui sřeffectue jusque là dans une perspective générale 67 Nommés mouches-à-scie, ces Hyménoptères vivent sur la végétation. Leurs larves peuvent ravager des plantes cultivées ou le feuillage des arbres en forêt. 68 Synonyme de Siricidæ. Les larves de ces Hyménoptères infestent le bois des feuillus et des conifères. 69 Lettre de E.T. Cresson à L. Provancher, 10 juin 1879, A.S.C. 337, Fonds Provancher, C-5. 70 Pomian, op. cit., (« Collectionneurs, naturalistes et antiquaires dans la Vénétie du XVIII e siècle »), p. 250. 117 et globalisante, se divise en plusieurs disciplines qui deviennent autant de spécialisations. Désormais, le naturaliste, suivant Max Weber, ne pourra acquérir la certitude dřaccomplir quelque chose de vraiment parfait dans le domaine de la science sans une spécialisation rigoureuse. (…) Cřest uniquement grâce à cette stricte spécialisation que le travailleur scientifique pourra un jour éprouver une fois, et sans doute jamais plus une seconde fois, la satisfaction de se dire : cette fois jřai accompli quelque chose qui durera. De nos jours lřœuvre vraiment définitive et importante est toujours une œuvre de spécialiste71. Cřest seulement en se spécialisant que le naturaliste peut ainsi sauter les barrières lui permettant dřintégrer le milieu scientifique et y être accepté comme membre à part entière pour ainsi y apporter une contribution significative. Au Canada, on commence à sentir les effets de ce mouvement vers la spécialisation à partir de la réforme du Baccalauréat ès arts des universités anglophones, dans les années 1860. Les sciences sont alors confinées aux deux dernières années du cursus classique, basé sur les langues anciennes, les lettres et la philosophie, et consistent principalement en une initiation à la physique (dynamique, hydrostatique et optique) et à lřastronomie72. « Dřautres transformations, qui entraîneront le décloisonnement des matières du programme de Baccalauréat ès arts, auront cependant aussi une importance déterminante à cet égard car elles permettront aux étudiants qui, avant 1860, ne pouvaient suivre quřune voie unique, toute tracée dřavance et qui ne laissait aucune possibilité de spécialisation dans une science particulière, dřavoir accès à de nouvelles carrières 73 ». Alors quřauparavant le programme devait servir à former des citoyens instruits dotés dřune vaste culture humaniste, dřailleurs orientés vers les professions libérales, il est restructuré en fonction des nouveaux besoins exprimés par les industries et les gouvernements. « Lřintroduction, à compter de 1860, dřoptions et de cours plus spécialisés (honours) dans le programme du baccalauréat va modifier grandement cette organisation traditionnelle74 ». 71 Max Weber, Le savant et le politique, Paris, Éditions 10/18, 1963, p. 81. R.S. Harris, A History of Higher Education in Canada,1663-1960, Toronto, University of Toronto Press, 1976, p. 131, cité dans Yves Gingras, op cit. (Les origines de la recherche scientifique au Canada), p. 26. 73 Ibid., p. 25. 74 Ibid., p. 26. 72 118 Au Québec, vers les mêmes années, certains membres du clergé impliqués dans le milieu scientifique sřinterrogent sur la place des études scientifiques dans le cursus classique. Après avoir discuté de lřutilité des mathématiques et des sciences dřobservation, lřabbé J.-C.-K. Laflamme présente son constat de la place des études scientifiques dans le cours classique dřune durée de huit ans. Quant aux mathématiques et aux autres sciences naturelles, les cours dřétudes en vigueur dans les différentes maisons dřéducation leur consacre un temps qui varie un peu dřune maison à lřautre ; mais, en moyenne, il ne dépasse jamais la valeur dřune année et demie. Dans un espace de temps aussi court, il est bien difficile que lřélève puisse se familiariser avec ces différentes sciences au point dřen tirer plus tard une grande utilité pratique. Comment, dans ces quelques mois, apprendre suffisamment la mécanique, la physique, la chimie inorganique et organique, la minéralogie, la géologie, la botanique, lřastronomie, quelquefois même un peu de zoologie et par dessus tout les mathématiques ? Dans certaines institutions, lřétude de quelques-unes de ces sciences se fait en même temps que les études littéraires. Citons entre autres la botanique et une partie des mathématiques qui se voient avant la rhétorique. Ce système est-il ou nřest-il pas avantageux?ŕOn a discuté cette question avec tant dřardeur de chaque côté que nous croyons prudent de ne pas prononcer de jugement. Nous laissons la tâche à dřautres. Malgré tout nous ne voyons pas dřobjections sérieuses à ce que lřélève commence lřétude de quelques sciences en même temps quřil poursuit celle de la grammaire ou de la littérature.(…) On pourrait peut-être trouver encore moyen de faire voir toute lřarithmétique et lřalgèbre avant la rhétorique, afin quřon puisse dans les dernières années consacrer plus de temps à lřétude de la philosophie et des sciences dřobservation75. Il élabore plus loin différents scénarios pour changer la situation, dřautant plus que la plupart des élèves abandonnent leurs études à la fin de la sixième année pour occuper un emploi, sans avoir pour ainsi dire touché aux sciences. Il tente de convaincre de lřajout dřune année de science, mais seulement à la condition de couper une année de grammaire ou de littérature. Contrairement aux modifications du baccalauréat des universités anglophones, cette étude plus approfondie des sciences exactes dans les collèges classiques nřaurait pour but que de « donner à leurs élèves des connaissances scientifiques suffisantes pour quřils puissent embrasser avec honneur nřimporte quelle carrière au sortir de leurs études, sacerdoce, droit, médecine, etc. Force leur est donc de rester dans les généralités76 ». J.-C.-K. Laflamme ne croit pas quřil faille augmenter le nombre de matières, mais « dřapprofondir davantage les différents points étudiés pour se les assimiler 75 J.-C.-K. Laflamme, « Rapport de M. lřabbé Laflamme sur lřétat actuel des sciences en Canada et sur les moyens de les faire progresser », Fête nationale des Canadiens-Français célébrée à Québec en 1880, Québec, 1881, vol. I, p. 421. 76 Ibid., p. 424. 119 dřune manière plus parfaite77 ». Il conclut tout de même son étude en affirmant que « lřenseignement des sciences, tel que donné dans les collèges, laisse peu à désirer 78 ». Il est plutôt dřavis que tous les jeunes gens ne peuvent devenir tous avocat ou médecin, reflétant lřencombrement des professions libérales à la fin du siècle. Il préconise leur orientation vers le génie civil, mais une telle école qui formerait des ingénieurs resterait encore à être créée. « Les études se font privément, chez un patron, durant un certain nombre dřannées, et puis cřest tout… Il serait donc important que nous eussions ici une institution calquée, dans une certaine mesure, sur lřÉcole des mines de Paris, ou lřÉcole centrale, mais, évidemment dans des proportions très restreintes79 ». Les difficultés à vaincre pour en arriver à former des spécialistes sont nombreux, du point de vue de J.-C.-K. Laflamme. Il manquerait dřabord dřun lieu de formation pour permettre aux jeunes gens attirés vers les métiers dřingénieur, dřarchitecte ou de chimiste dřacquérir les « connaissances, plus ou moins étendues, que, dans tous les cas, lřécole primaire ne peut donner80 ». Le nombre de ces spécialistes dont les compétences sont de plus en plus en demande dans la société industrielle sont ensuite pratiquement inexistants au Québec, ce qui implique de faire venir les scientifiques de lřétranger pour occuper les postes de professeurs. Enfin, une telle école coûterait des sommes astronomiques, que les élèves ne pourraient absorber du fait de leur faible nombre et de leur origine sociale modeste (les plus aisés ne cherchant généralement pas à occuper de telles positions dans la société)81. J.-C.-K. Laflamme ne dispose pas de solution si ce nřest de souhaiter que le gouvernement sřoccupât dřune telle école82. Une telle institution avait cependant vu le jour à Montréal, en 1873 : lřÉcole Polytechnique. Comme nous lřavons montré dans le chapitre précédent, les dirigeants de Laval craignaient lřingérence de lřÉtat dans ses affaires internes et refusèrent donc de recourir à lřaide du gouvernement provincial pour fonder une telle institution. 77 Ibid. Ibid., p. 425. 79 Ibid., p. 426. 80 Ibid. 81 Ibid. 82 Ibid., p. 427. 78 120 3.1.2 Pratiques académiques Dans le cas du Québec, une première étape est celle du perfectionnement, cřest-à-dire de lřenvoi à lřétranger de professeurs de sciences ou de candidats potentiels à ce poste afin de suivre des cours de plus haut niveau que ceux disponibles ici. Dans un deuxième temps, il a été possible dřoffrir des cours plus spécialisés de sciences. 3.1.2.1 Perfectionnement La pratique du perfectionnement, cřest-à-dire le fait dřenvoyer à lřétranger, en Europe principalement, les professeurs de sciences des collèges et des universités, et les candidats potentiels à ce poste, suivre une formation scientifique est assez récente. Comme nous lřavons mentionné dans le chapitre 2, quelques abbés canadiens-français ont suivi entre une et quatre années de formation en France et aux États-Unis à partir des années 1850. Il ne sřagissait toutefois pas dřune formation complète, puisque tous sont revenus rapidement afin dřoccuper leur poste de professeur dřune ou de plusieurs disciplines scientifiques. On ne peut donc pas dire que ces formations aient transformé durablement le contenu des cours de sciences qui étaient alors offerts aux niveaux collégial et universitaire. Dřautres naturalistes, des anglophones surtout, ont également suivi une formation scientifique poussée à lřUniversity of Edinburgh, une institution très réputée au XIXe siècle pour sa formation spécialisée dans de nombreuses disciplines (voir le tableau 3.1). Cette formation nřavait pas pour but de les préparer spécifiquement à être professeurs de sciences, même si plusieurs de ceux qui sřy sont rendus ont occupé cette fonction à leur retour, comme Andrew F. Holmes (médecin et professeur au Montreal Medical Institution de 1823 à 1829 et à la nouvelle Faculté de médecine de McGill, de 1829 à 1845 en chimie, pharmacie, botanique et matières médicales), James Barnston (médecin et professeur de botanique au McGill College de Montréal de 1857 à 1858), John W. Dawson (géologue dřexploration, fonctionnaire, éditeur, auteur, administrateur scolaire et cinquième principal du McGill College, et professeur de sciences au McGill Normal School, devenu McGill University en 1885 en chimie, agriculture et histoire naturelle), George M. Dawson 121 (géologue et professeur de chimie au Morrin College de Québec) et Bernard J. Harrington (minéralogiste, professeur de chimie, de minéralogie et de métallurgie au McGill College). Tableau 3.1 Études à l’étranger de naturalistes et de professeurs de science du Québec Naturalistes Andrew Fernando Holmes Abbé ThomasÉtienne Hamel Dates et lieux 1815-1819 : University of Edinburgh Abbé LouisOvide Brunet Avril-mai 1862 : Sorbonne et Muséum dřHistoire Naturelle de Paris Visites de jardins botaniques : Liverpool, Montpellier, Nantes, Angers, Florence, Pise, Rome, Bruxelles, Louvain, Bonn, Düsseldorf, Utrecht, Amsterdam, Leyde, Rotterdam Fin mai-15 août 1877 : Harvard University, Summer School of Geology 14 novembre 1888-29 janvier 1889 : Paris 1847-52 : University of Edinburgh 1850 : Hôpitaux de Paris et Vienne Abbé JosephClovis-Kemner Laflamme James Barnston William E. Logan John W. Dawson George M. Dawson Bernard James Harrington Abbé Henri Simard GustaveClodomir Piché Adélard Bédard Cours Médecine 1854-1858 : Paris Baccalauréat et licence ès Sciences mathématiques; licence en sciences physiques (non complétée) Botanique : Joseph Dechaine; Adolphe-Théodore Brongniart Microscopie végétale : (?) PierreEtienne-Simon Duchartre Géologie théorique et pratique : Nathaniel S. Shaler et William M. Davis Medical Studies et botanique 1 an de visite : augmenter son expérience médicale Médecine 1816-17 : University of Edinburgh Automne 1840-printemps 1841 : University of Edinburgh. Retour car problèmes financiers Début 1847 jusquřau printemps : University of Edinburgh 1856 : Maîtrise ès arts University of Edinburgh 1869-1872 : Royal School of Mines, Londres 18 -1871 : Sheffield Scientific School of Yale University, États-Unis 1899 : Paris Géologie et taxidermie Chimie appliquée pour exploration géologique à des fins commerciales Pour ses publications Géologie Minéralogie Chimie, physique, géologie et minéralogie Foresterie 1905-07 : École de foresterie University Yale, États-Unis 1905-07 École de foresterie University Foresterie Yale Source : Compilation de lřauteure à partir de nombreuses notices biographiques (consultez la section « Notices biographiques » de la bibliographie). 122 Ces naturalistes qui occupent des postes de professeurs de sciences exercent cette fonction parallèlement à leurs activités scientifiques dřexploration, de recherche et de publication qui, contrairement aux scientifiques francophones, représentaient le principal de leur occupation. La faible offre de formation scientifique de haut niveau au Québec avant la fin du e XIX siècle, pour la communauté anglophone, et le début du siècle suivant pour les francophones, a ainsi obligé ceux qui voulaient se prévaloir dřune formation spécialisée à sřexpatrier pour le faire. La nécessité dřun enseignement scientifique de haut niveau est soulignée par ceux-là même qui durent se rendre se perfectionner à lřétranger et qui, plus tard, deviennent les professeurs compétents pour enseigner un nombre croissant de disciplines. Cřest ce quřécrit B.J. Harrington à J.W. Dawson, en 1871. In conclusion Sir, allow me to express the hope that ere [sic] long Montreal may be blessed with the means of giving to any Canadian a sound scientific training. It is this scientific training which has produced & is producing such wonderful results in the United States. Manufacturers are rapidly increasing, railroads being built, careful geological surveys being made, mineral resources developed, & many who but a short time ago scoffed at science are now obliged to 83 confess that it is a power which will largely influence the destinies of their nation . 3.1.3 Pratiques relationnelles Les pratiques relationnelles qui sřimposent dans le milieu scientifique à partir du XVIIIe siècle sont celles de la correspondance, de la publication et de la vulgarisation. Les naturalistes du XIXe siècle, tout comme ceux du début du siècle suivant, utilisèrent également ces pratiques. 3.1.3.1 Correspondance Il nřest pas difficile de percevoir que la correspondance constitue, au XIX e siècle, une pratique relationnelle dont le naturaliste a constamment recours sřil veut sřinsérer dans les réseaux en place qui contribuent à la structuration du milieu scientifique. Ainsi, « par 83 Lettre de B.J. Harrington à J.W. Dawson, 4 février 1871, McGill University Archives Private Fonds, Dawson Family Papers, MG 1022, c. 4. 123 lřintermédiaire des correspondances, de la fréquentation intensive de lieux (…), un espace multifonctionnel se construit où sřéchangent idées, informations et services84 ». Outre ces échanges de services, de connaissances et dřidées, « la lettre est le lieu privilégié où les intellectuels85 sřinforment, découvrent leurs doutes, sřessaient aux luttes dřinfluence (…)86 ». Enfin, en tant que lieu de légitimation, cřest également dans lřespace épistolaire que se négocient le sens et la portée des valeurs et des idées en circulation dans les réseaux. Les discussions (…) établissent les marges de désaccord acceptables, rappellent les valeurs de base communes, permettent des explications, négocient éventuellement des modifications de la position ou le discours dřun correspondant, modifications qui peuvent aller jusquřà lřautocensure dans le domaine public. Et, bien sûr, puisquřil sřagit de réseaux, les effets de ces discussions se font ressentir Ŕ forment même parfois le sujet dřautres discussions Ŕ ailleurs dans le réseau. Dřune certaine manière, donc, le réseau a aussi une fonction « hygiénique » de contrôle et de ventilation des discours en circulation (…)87. La lettre joue donc un rôle prépondérant dans le développement des sciences, comme dřautres secteurs du champ intellectuel. Au XIXe siècle, au Québec, nous repérons quelques exemples de correspondances scientifiques intensives, comme celle entre lřabbé L. Provancher et E.T. Cresson, dans le domaine de lřentomologie, et celle entre J.W. Dawson et Charles Lyell, en géologie. Chacune rejoint les différentes fonctions attribuées un peu plus haut à la correspondance comme étant un des lieux de structuration du milieu. Dans toutes les correspondances, « le destinataire est élu en fonction de critères de compétences précis et il nřest pas rare quřun rapport de force sřinstalle entre les deux partenaires88 ». Dans le cas de lřabbé L. Provancher, un tel rapport de force sřétablit assez rapidement entre lui et E.T. Cresson, probablement sur la base de son éloignement des institutions nord-américaines détentrices des collections entomologiques et des bibliothèques les plus complètes pour lřépoque, qui se trouvaient alors à la Smithsonian Institution ou à lřAmerican Entomological Society de Philadelphie. L. Provancher mentionne quřil est donc « (…) livré, dans le début, à nos seules ressources, nřayant pour 84 Chaubet, loc. cit., p. 187. Les naturalistes dans le cas qui nous occupe. 86 Marie Laurence Netter, « Les correspondances dans la vie intellectuelle », Mil neuf cent. Revue d’histoire intellectuelle, No 8 (1990), p. 9. 87 Everett, loc. cit. p. 137. 88 Geneviève Haroche-Bouzinac, « Penser le destinataire : quelques exemples », dans Benoît Melançon (dir.), Penser par lettre. Acte du colloque d’Azay-le-Ferron (mai 1997), Éditions Fides, 1998, p. 281. 85 124 nous guider aucune collection exactement déterminée, manquant, dřun côté, de plusieurs auteurs indispensables pour nous renseigner sûrement sur cette grande et intéressante famille89, nous nřavons pu nous mettre à lřabri dřerreurs et dřincorrections nombreuses90 ». Cette situation a fortement influencé ses relations avec E.T. Cresson. Les premiers contacts entre L. Provancher et E.T. Cresson ne sont pas nécessairement aussi cordiaux quřil lřaurait souhaité. Osten Sacken avait décrit E.T. Cresson comme un « (…) jeune homme très aimable et plein de zèle pour la science91 ». Mais ce dernier se montre plutôt froid envers L. Provancher; il lui répond quřil refuse toutes les offres dřéchanges qui lui sont envoyées de partout au pays (États-Unis). Cette réponse ne lui permet pas dřespérer lřaide de E.T. Cresson à court terme et prélude déjà des relations, cordiales mais ambivalentes, qui sřétablissent entre les deux hommes. En 1873, L. Provancher réécrit à E.T. Cresson. La situation a quelque peu évolué depuis les premiers échanges de 1866. Il a déjà publié dans sa revue Le Naturaliste canadien des descriptions dřespèces nouvelles dřHyménoptères, ce qui ne manque pas dřattirer lřattention de lřentomologiste de Philadelphie. E.T. Cresson lui répond, le 1er avril 1873: « Your english is excellent & if not too much trouble, please continue to write me92 ». Il lui écrit aussi pour lui demander ses types, afin de les comparer aux spécimens de sa collection, ce qui lřaiderait à préparer une liste des Ichneumonides de lřAmérique du Nord, et lui propose dřidentifier ses Hyménoptères restés sans nom93. Cřest le début officiel dřune longue correspondance entre les deux entomologistes qui dure de 1866 à 1890. Les relations entre E.T. Cresson et L. Provancher se font le plus souvent à sens unique, cřest-à-dire que L. Provancher envoie des insectes à E.T. Cresson, avec parfois des descriptions publiées, pour quřil les vérifie et/ou identifie les spécimens non-identifiés. L. Provancher peut par la suite corriger ses erreurs et publier des errata dans le Naturaliste canadien. Mais E.T. Cresson, de son côté, nřenvoie jamais de spécimen à L. Provancher; au contraire, il lui demande parfois des duplicata de ses récoltes canadiennes. L. Provancher sřen plaignit à son ami 89 N.d.a. : La famille des Ichneumonides, dans lřordre des Hyménoptères. Provancher, loc. cit. (« Additions aux Ichneumonides de Québec »), p. 5. 91 Lettre de E.T. Cresson à L. Provancher, 14 août 1866, A.S.C. 7, Fonds Provancher, C-5. 92 Lettre de E.T. Cresson à L. Provancher, 1 er avril 1873, A.S.C. 51, Fonds Provancher, C-5. 93 Lettre de E.T. Cresson à L. Provancher, 8 mai 1873, A.S.C. 69A, Fonds Provancher, C-5. 90 125 lřabbé V.-A. Huard, mais sans que cela affecte sa façon de communiquer avec E.T. Cresson. La correspondance entre J.W. Dawson et C. Lyell débuta en 1842 pour se terminer avec la mort de C. Lyell, survenue en 1875. Outre le côté flatteur de sa correspondance avec le réputé géologue anglais C. Lyell, celle-ci comble aussi son besoin de reconnaissance tout en lui permettant de recueillir une caution intellectuelle nécessaire à la diffusion de ses travaux dans le réseau des géologues anglais, alors à lřavant-garde de la recherche dans leur domaine94. Cřest ainsi que C. Lyell encourage J.W. Dawson à participer à la réunion de la British Association for the Advancement of Science, en 1842, pour le présenter à dřautres géologues et lřincite également à y lire une communication95. En 1847, C. Lyell présente les résultats des recherches de J.W. Dawson, en lřabsence de ce dernier, devant les membres de la Geological Society of London, et répond aux questions des géologues présents. Il défend également les manuscrits de J.W. Dawson pour leur publication dans le journal de la Society. Les relations entre C. Lyell et J.W. Dawson, quant à elles, peuvent être qualifiées dřégalitaires. J.W. Dawson se sent évidemment redevable envers C. Lyell et le remercie des services quřil lui rend. Sa situation dans un pays dont le milieu scientifique est en plein développement ne semble pas affecter lřopinion de C. Lyell à son endroit. Ce dernier, impressionné dès les années 1840 par les travaux et publications de J.W. Dawson96 Ŕ il avait fait deux voyages dřexploration en Nouvelle-Écosse, en 1842 et en 1850, en compagnie de J.W. Dawson qui agissait comme guide Ŕ, le considère comme membre à part entière du réseau international des géologues. En 1854, J.W. Dawson est élu membre de la Geological Society of London. La même année, « on comprendra donc sans peine que Lyell ait recommandé chaleureusement la candidature de Dawson à la chaire dřhistoire naturelle de la University of Edinburgh lorsquřelle devint vacante en 1854. Selon un géologue britannique de lřépoque, John Jeremiah Bigsby, il aurait alors dit : « à présent, je 94 Haroche-Bouzinac, loc. cit., (« Penser le destinataire : quelques exemples »), p. 286. Lettre de C. Lyell à J.W. Dawson, 7 août 1842, McGill University Archives Private Fonds, Dawson Family Papers, MG 1022, c. 1. 96 En 1855 paraît Acadian Geology [...], à Édimbourg et à Londres. 95 126 compte surtout sur Dawson [...] pour faire avancer réellement la philosophie de la géologie97 ». Malgré cet appui de taille, Dawson nřobtient pas le poste à la chaire dřEdinburgh. 3.1.3.2 Publication Une autre pratique relationnelle qui prend de lřimportance est celle de la publication. Le perfectionnement des techniques dřimpression et lřadoption de la pâte de bois pour la fabrication du papier, au XIXe siècle, allaient permettre une réduction des coûts de production et par conséquent du prix de vente des livres. En devenant un bien de consommation abordable, le livre se retrouve plus souvent dans des milieux où il était peu présent, comme les demeures des ouvriers, des cultivateurs ou dans les écoles de rangs des paroisses pauvres. Le livre se répand ainsi partout et occupe une place privilégiée dans la propagation des connaissances scientifiques et techniques en explosion au XIXe siècle. Les naturalistes qui visent une diffusion la plus large possible de leurs travaux dans le milieu scientifique disposent de deux formes de publication pour le faire : lřarticle dans une revue scientifique et la monographie. Lřarticle, souvent une courte étude de cas ou la présentation de résultats préalables, est très populaire dans tous les milieux scientifiques et ce depuis le XVIIIe siècle. Les revues scientifiques, les journaux et les bulletins de sociétés savantes dédiés exclusivement à une discipline sont en croissance et constituent un canal de propagation privilégié pour ceux qui veulent informer leurs pairs de leurs travaux et découvertes. Lřintégration et lřacceptation dans un réseau scientifique passe dorénavant par la visibilité acquise par la publication de résultats de recherche particulièrement dans les revues scientifiques consultées dans lřensemble de la communauté visée. Un exemple du Québec : lřentomologiste H.H. Lyman qui demande à R. Bell de lui renvoyer des listes dřinsectes afin quřil les publie dans la revue canadienne dřentomologie qui dispose de la plus grande visibilité à son époque, The Canadian Entomologist. « I also sent you some four or five years ago a list of Diptera and a list of Hymenoptera from Hudsonřs Straits which I found have not been published. If you are not going to publish them I should like 97 Ibid. 127 to publish them in the Canadian Entomologist so far I have not published any list furnished to you for the Survey Reports98 ». Lřengagement à long terme de lřabbé L. Provancher dans la production et la rédaction du Naturaliste canadien (vingt volumes de 1868 à 1891) témoigne aussi de cette nécessité de disposer dřun organe de diffusion spécialisé à grande échelle pour publier les recherches et faire, dans son cas, de la vulgarisation. La plupart du temps, les monographies étaient préparées après plusieurs années de recherche et de découvertes dans une discipline. Les résultats étaient dřabord le plus souvent publiés sous forme dřarticles dans les revues scientifiques. Après correction des données et des informations contenues dans lřarticle, qui était rendue possible par les correspondances échangées entre les pairs Ŕ les lettres échangées entre lřabbé L. Provancher et G.C. Horn ou E.T. Cresson en sont des exemples Ŕ, les résultats accumulés pouvaient être diffusés dans des monographies, plus faciles à retrouver que les numéros antérieurs dřobscures revues ou de bulletins de sociétés régionales. 3.1.3.3 Vulgarisation La vulgarisation, même si elle ne consiste pas directement une pratique valide pour assurer lřacceptation et lřinsertion dřun naturaliste dans le milieu, constitue tout de même une pratique relationnelle importante du fait de la place quřelle peut occuper dans les activités de production dřun acteur. « Or, cřest parce quřelles portent sur des choses qui concernent tout le monde, que les sciences naturelles font partie de la culture générale et doivent donc être mises à la portée du public. La constitution de la profession de naturaliste va ainsi de pair avec un travail de divulgation des résultats obtenus par la science, de son langage et de ses méthodes99 ». Cřest ainsi que certains naturalistes du XIXe siècle se sont faits un devoir de populariser les découvertes et les connaissances scientifiques de leur époque par le biais de conférences ouvertes au grand public et dřarticles dans des revues généralistes. Au Québec, Le Canada-français, revue publiée sous la direction de professeurs de lřUniversité Laval, édite des textes de lřabbé J.-C.-K. Laflamme sur la 98 Lettre de H.H. Lyman à R. Bell, 17 novembre 1891, McGill University Archives Private Fonds, Robert Bell, MG 2042, c. 2. 99 Pomian, op. cit. (« Collectionneurs, naturalistes et antiquaires dans la Vénétie du XVIII e siècle »), p. 252. 128 géologie et la physique, de 1888 à 1891100, puis les textes de son remplaçant comme professeur de physique, lřabbé H. Simard, de 1918 à 1920. On retrouve aussi des textes de vulgarisation des abbés V.-A. Huard, H. Simard et du frère Marie-Victorin dans lřAlmanach de l’Action Sociale Catholique (1917-1926) et des textes de V.-A. Huard dans lřéphémère Kermesse. Revue hebdomadaire (1892-1893). Une « chronique scientifique » mensuelle est produite dans La Nouvelle-France. Revue des intérêts religieux et nationaux du Canada français et ce dès le premier numéro, paru en 1902. Les abbés C.-P. Choquette, V.-A. Huard et H. Simard et un certain Dr Surbled, de Paris, y publient des textes sur lřaéronautique, la zoologie, la biologie humaine, la médecine, la géologie, la physique, les progrès techniques et les inventions de lřheure. Du fait de sa longévité Ŕ La NouvelleFrance est publiée sans interruptions de janvier 1902 à juin 1918 Ŕ, cette revue pourrait être considérée comme le premier organe durable abritant une chronique exclusivement consacré à la vulgarisation scientifique au Québec, si lřon tient compte du fait que Le Naturaliste canadien sřadressait autant à un public de néophytes que de naturalistes confirmés. Quelques autres revues de vulgarisation, non exclusivement dédiées aux sciences, furent créées pour la période à lřétude, mais aucune ne réussirent à occuper la place très longtemps. Par exemple, lřhebdomadaire La Semaine. Revue religieuse, pédagogique, littéraire et scientifique, publié du 2 janvier au 24 décembre 1864, quoique surtout consacré à lřactualité religieuse et la pédagogie, laisse une certaine place aux sciences. Dans le prospectus du premier numéro, les trois rédacteurs C.-J.-L. Lafrance, Norbert Thibault et Joseph Létourneau expliquent que les sciences « étendent sans cesse lřemprise de lřhomme sur la nature, et fournissent à son cœur et à son esprit de grands enseignements, de nombreux sujets dřinstruction et des jouissances infinies. » Les sciences sont donc présentes dans leur revue afin de « semer de la variété et de lřintérêt dans notre feuille, et contribueront à répandre dans la population, nous osons lřespérer, des connaissances qui, tout en récréant lřesprit, graveront dans les cœurs une profonde 100 La première série du Canada-français dure de 1888 à 1891, tandis que la seconde, devenue lřorgane de la Société du Parler français au Canada, débute en 1918 jusquřen 1922. 129 reconnaissance, un sincère amour pour lřAuteur de toutes les merveilles de la nature101 ». Les quelques articles scientifiques de la revue traitent dřarithmétique, de médecine, dřastronomie, de physique et dřhistoire naturelle. Dans le dernier numéro, les auteurs mentionnent que le manque dřintérêt de la part des instituteurs est la cause de la mauvaise position de leur revue et donc de sa fermeture. Un autre hebdomadaire, L’Écho de la France. Revue étrangère de science et de littérature, sous la direction de Louis Ricard, avocat, est publiée à Montréal de 1865 à 1870. Le contenu de cette publication nřest pas une production québécoise, mais consiste plutôt en la reproduction de « morceaux choisis répandus dans les principales revues, journaux, et recueils périodiques publiés en Europe102 ». T.S. Hunt figurait dans la liste des abonnés. Une autre tentative de publication, La Science populaire. Revue scientifique et industrielle illustrée dédiée aux personnes de toutes conditions, est lřinitiative dřOctave Cuisset, chimiste industriel. De courte durée (août 1886 à décembre 1887), cette revue de langue française exclusivement consacrée à la vulgarisation scientifique a comme objectif de combler une lacune en produisant un « journal spécialement dévoué au progrès scientifique et industriel du pays103 ». Une telle publication, comme le mentionne lřabbé H.-A. Verreau dans une lettre à son rédacteur, serait très utile pour favoriser la création de nouvelles carrières chez les jeunes en plus dřinformer ceux qui se livrent à lřindustrie et à lřagriculture104. Son programme général comprenait des notions de chimie industrielle, de mécanique, dřéconomie et dřhygiène domestique, dřhistoire naturelle et de météorologie, de même que des nouvelles sur des inventions et découvertes scientifiques. Entre autres auteurs, J.-A. Crevier y écrivit quelques articles sur les tremblements de terre. 101 C.-J.-L. Lafrance, Norbert Thibault et Joseph Létourneau, « Prospectus », La Semaine. Revue religieuse, pédagogique, littéraire et scientifique, vol. 1, no 1 (2 janvier 1864), p. 1. 102 Louis Ricard, « Prospectus », L’Écho de la France. Revue étrangère de science et de littérature, vol. I (1865-6), p. 1. 103 Octave Cuisset, « Notre programme », La Science populaire. Revue scientifique et industrielle illustrée dédiée aux personnes de toutes conditions, vol. 1, no 1 (1er août 1886), p. 1. 104 Lettre de H.A. Verreau à O. Cuisset, 15 juillet 1886, cité dans Octave Cuisset, « Notre programme », La Science populaire. Revue scientifique et industrielle illustrée dédiée aux personnes de toutes conditions, vol. 1, no 1 (1er août 1886), p. 2. 130 * Le développement et la systématisation des pratiques scientifiques au cours de la seconde moitié du XIXe siècle marquent une étape importante dans le déploiement du milieu scientifique. En effet, cřest par le biais des pratiques que les scientifiques pouvaient sřinsérer dans le milieu et, parfois, asseoir une certaine autorité du fait de leur spécialisation. Dans la partie suivante, nous examinons plus en détail cette spécialisation dans quelques disciplines des sciences naturelles, une pratique qui prend une place importante dans la science du XIXe siècle. 3.2 La spécialisation en sciences naturelles Aujourdřhui cette science universelle est tout à fait impossible. Il nřexiste aucun homme au monde qui pût embrasser avec quelque précision, quelque détail, la totalité même des sciences naturelle. Je dis plus, nous arrivons à un temps où chacune de ces sciences devra peut-être être subdivisée elle-même ; déjà il y en a qui le sont : telle est, par exemple, la zoologie, dont les branches sont si nombreuses, contiennent tant dřobjets dřétude différents, quřil nřest presque aucun homme qui les possède dans son entier. - Cuvier, Histoire des sciences naturelles…105 La diversification des intérêts, des sujets dřétudes, de même que des pratiques dřinvestigation amènent les naturalistes à se spécialiser. Dans cette partie, nous présentons quatre cas de figure de spécialisation dans trois disciplines, en géologie (paléobotanique), en botanique (physiologie végétale et bryologie) et en entomologie (certains ordres ou familles dřinsectes). 105 Georges Cuvier, Histoire des sciences naturelles…, tome II, 1re leçon, 1841, p. 4, cité par Pierre Pellegrin, « Présentation », dans Cuvier, Recherche sur les ossements fossiles de quadrupèdes. Discours préliminaire, Paris, Flammarion, 1992, p. 12-13. 131 3.2.1 La paléobotanique La paléobotanique est une sous-partie de la paléontologie, discipline qui sřinsère ellemême dans la science géologique. Lřétude des plantes et des graines fossiles constitue une discipline à part entière qui sřavère essentielle pour atteindre une plus grande précision dans lřévaluation de lřâge des roches et des fossiles qui les contiennent. Cette discipline sřest développée en Europe en deux phases successives : la période pionnière et la période contemporaine. La période pionnière est celle qui marque les premières décennies de la discipline, de 1800 à 1850 environ. En France, cette période, « (…) qui sřétend de 1800 à 1849-1851 [date de publication de deux ouvrages majeurs de Hofmeister106] constitue le moment dřélaboration essentiel, nécessaire à la fois à lřinstauration de la paléobotanique et à son intelligibilité. Car cřest dans ce demi-siècle que seront mis en place le matériau, les techniques et les concepts quřelle utilisera, et son évolution, nous semble-t-il, reproduit et est déterminée par celle des sciences qui lui sont corrélatives107 ». En Grande-Bretagne, cřest à partir de 1818 que lřon repère les premières publications paléobotaniques. The Scientific period of fossil botany dates from the year 1818, when Steinhauer first described binomially certain British Coal Measure plants in a memoir published in America. In the century which has since elapsed we can distinguish two fairly well-marked phases in the scientific study of fossil plants, one, which we may term the Pioneer period, extending from about 1818 to 1870, and a later Modern period from about 1870 to the present day (1921). The work of the Pioneer Stage was essentially the collection and collation of 108 evidence . La période contemporaine débute quant à elle vers 1850. The peculiarity of the researches of the modern period, (...), is that while purely descriptive records have been continued unabated, yet a large number of investigations of a special nature have also been undertaken. (...) A set or group of fossils has been reinvestigated 109 more minutely and on broader lines than would be suggested by purely taxonomic outlook . Cřest dans le contexte dřexploration des richesses minières, plus particulièrement la recherche du charbon pour les besoins de la production industrielle, que lřintérêt pour la 106 Hofmeister, Die Entstehung des Embryos der Phanerogamen (1849) et Vergleichende Untersuchungen der Keimung (1851). 107 Yvette Conry, « La paléobotanique au XIXe siècle G. de Saporta (1823-1895) et Ch. Darwin », dans Y. Conry, Correspondance entre Charles Darwin et Gaston de Saporta précédée de Histoire de la Paléobotanique en France au XIXe siècle, Paris, Presses universitaires de France, 1972, p. 11. 108 Newell Arbor, E.A., « A Sketch of the History of Palaeobotany with special reference to the fossil flora of the British Coal Measures », dans Charles Singer (ed.), Studies in the History and Method of Science, 2, Oxford, Clarendon Press, 1921, p. 480-481. 109 Ibid., p. 488. 132 flore carbonifère apparaît chez les géologues, dans les années 1850. « Nous assistons donc, dans la décennie suivante, à une prolifération dřétudes sur lřépoque carbonifère : sřil ne sřagissait à lřorigine que de monographies dispersées, au hasard des localités minières, ce dont Adolphe-Théodore Brongniart se plaint encore en 1868 en ce qui concerne la France, à lřétranger tout le moins les recherches se sont multipliées et généralisées, aussi bien en Allemagne quřen Grande-Bretagne et au Canada110 ». Cřest ainsi que dans les pays anglosaxons, lřexploration des ressources, par le biais des Geological Surveys, accélère le développement de la paléobotanique qui devient une discipline auxiliaire de la géologie, très utile pour la prospection111. On peut affirmer quřelle « (…) est en possession de son statut scientifique dans les années 1849-1850 : cřest en effet à cette date Ŕ (…) Ŕ que la convergence entre la taxinomie, la phytogéographie et la stratigraphie sřopère définitivement Ŕ puisque toutes les conditions sont alors réunies Ŕ rendant par là même possible et féconde cette science nouvelle quřest la paléontologie stratigraphique112 ». Les principales figures de proue de ce développement sont, en Grande-Bretagne, John D. Hooker, qui débuta la publication des Geological Surveys of Great Britain, en 1847 et, aux États-Unis, Léo Lesquereux, qui participa, en tant que spécialiste des terrains houillers, aux Geological Surveys de la Pennsylvanie (1854), du Kentucky (1857), de lřArkansas (1860), du Vermont (1861), de lřIllinois (1866) et du Wyoming (1871)113. Au Canada et au Québec, le principal et le plus actif paléobotaniste de cette période, J.W. Dawson, marque ses contemporains par ses nombreuses publications sur les plantes fossiles du Canada114. 110 Conry, op. cit., p. 23-24. Ibid., p. 25. 112 Ibid., p. 27. 113 Ibid., p. 25. 114 La plupart de ces publications de J.W. Dawson sont Synopsis of the flora of the carboniferous period in Nova Scotia (1847-1863); « On the vegetable structures in coal », S.l. : s.n, 1860, from The Quarterly journal of the Geological Society, November 1862; The fossil plants of the Devonian and Upper Silurian formations of Canada, al : Dawson, 1871, Geological Survey of Canada; « On new tree ferns and other fossils from the Devonian », Quarterly Journal of the Geological Society, al : s.n, 1871; Report on the fossil plants of the lower carboniferous and millstone grit formations of Canada, al, s.n, 1873, Geological Survey of Canada; « Note on a specimen of Diploxylon from the coal-formation of Nova Scotia », Quarterly Journal of the Geological Society, S.l., s.n., 1877; « Notes on some Scottish Devonian plants », Mont al, s.n, 1878, from The Canadian Naturalist, Vol. VIII. No. 7; « On the cretaceous and tertiary floras of British Columbia and the North-West Territories », S.l., s.n., 1883, extrait de Transactions of the Royal Society of Canada, Section IV, 1882; On the Mesozoic floras of the Rocky Mountain region of Canada, Ottawa, s.n., 1885, extrait de Transactions of the Royal Society of Canada, section IV, 1885; Note on fossil woods and 111 133 David P. Penhallow, professeur de botanique à McGill à partir de 1885, devient également un paléobotaniste compétent. « En prenant connaissance des travaux de J.W. Dawson en géologie et en paléontologie, il se mit à sřintéresser à une discipline relativement nouvelle, la paléobotanique, (…)115 ». Charles Darwin fait état du développement de la discipline dans une lettre à J.W. Dawson dans laquelle il le remercie également de lřenvoi de quelques-unes de ses études paléobotaniques : « I am greatly indebted to your kindness for having sent me yr [your] valuable memoir on the fossil plants of the Devonian & Upper Silurian formations. When we remember our state of knowledge only a few year ago, it is wonderful that a monograph shd [should] have been published on the plants of these ancient formations116 ». À la même époque, en France, la discipline nřa pas encore acquis de statut scientifique stable. Le père de la paléobotanique française, A.-T. Brongniart, écrit à J.W. Dawson que peu de naturalistes en France entreprennent lřétude des insectes fossiles. Quelques-uns même sřy opposent ! M Oustalet et moi sommes les seuls qui nous occupions réellement de cette étude intéressante. M Künkel dřHerculais, mřa soutenu dernièrement à la société Entomologique de France, que les fossiles en général ne devraient pas recevoir de noms, et quřil fallait simplement les désigner par des numéros. Jugez un peu de la confusion que ce système de nomenclature occasionnerait dans la science ! Quelle confusion dans les classifications ! Les anatomistes tournent toujours en ridicule les classifications ! Cřest une grave erreur117. other plant remains, from the Cretaceous and Laramie formations of the western territories of Canada, S.l., s.n, 1887, extrait de Transactions of the Royal Society of Canada, Section IV, 1887; On Cretaceous plants from Port McNeill, Vancouver Island, Ottawa, s.n., 1889, extrait de Transactions of the Royal Society of Canada, section IV, 1888; « On new plants from the Erian and Carboniferous : and on the characters and affinities of palaeozoic gymnosperms », al, s.n, 1890, from the Canadian Record of Science, January, 1890; On fossil plants from the Similkameen Valley and other places in the southern interior of British Columbia, Ottawa, s.n., 1890, extrait de Transactions of the Royal Society of Canada, section IV, 1890; On the correlation of early Cretaceous floras in Canada and the United States, and on some new plants of this period, S.l., s.n, 1892, extrait de Transactions of the Royal Society of Canada, Section IV, 1892; On new species of Cretaceous plants from Vancouver Island, Ottawa, s.n., 1893, extrait de Transactions of the Royal Society of Canada, section IV, 1893; On collections of Tertiary plants from the vicinity of the City of Vancouver, B.C., Ottawa, s.n., 1895, extrait de Transactions of the Royal Society of Canada, section IV, 1895; The geological history of plants, New York, D. Appleton and Co., 1888, collection : « The international scientific series »; On the genus Lepidophloios : as illustrated by specimens from the coal formation of Nova Scotia and New Brunswick, al, s.n., 1898, extrait de Transactions of the Royal Society of Canada, second series, 1897-98, vol. III, section IV. 115 Suzanne Zeller, « PENHALLOW, David Pearce », D.B.C. Vol. XIII De 1901 à 1910, p. 899. 116 Lettre de C. Darwin à J.W. Dawson, 29 janvier 1872, McGill University Archives Private Fonds, Dawson Family Papers, MG 1022, c. 4. 117 Lettre de A.-T. Brongniart à J.W. Dawson, 7 mars 1877, McGill University Archives Private Fonds, Dawson Family Papers, MG 1022, c. 6. 134 Cette situation ne lřempêche toutefois pas dřexplorer la flore fossilifère de Paris tout comme dřéchanger des publications et des spécimens avec dřautres spécialistes du domaine. Afin dřobtenir des spécimens du Québec et du reste du Canada, il use de son contact avec un ancien de ses étudiant à la Sorbonne et au Muséum dřHistoire Naturelle de Paris, le botaniste L.-O. Brunet qui le réfère à J.W. Dawson, en 1869118. Ce dernier accepte de lui fournir les spécimens quřil voudra examiner pour la révision de son ouvrage sur les plantes fossiles. Il a pu garder les doubles, mais a dû lui renvoyer les spécimens uniques à Montréal119. 3.2.2 La physiologie végétale Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la botanique se divise en plusieurs branches qui deviendront autant de domaines de spécialisation. Aux côtés de la systématique et de la morphologie se greffe la physiologie végétale. « The remarkably rapid growth of plant physiology was the most momentous new development in botany after mid-century. Within a few years plant physiology changed from the personal interest of a few isolated investigators, and sprang to life as a fundamental division of botany, co-equal with morphology and systematics120 ». Au Québec, suivant la tendance de son époque, le botaniste L.-O. Brunet sřest intéressé à la physiologie végétale. Le titre de son manuel de botanique, publié en 1870, sřintitule dřailleurs Éléments de botanique et de physiologie végétale, …121. Cřest ce qui expliquerait que le botaniste A. Gray attendait autant de lui après la publication de ce manuel. Malgré les encouragements dřA. Gray, L.-O. Brunet nřa pas effectué de recherche proprement dites en physiologie végétale. Il sřest préoccupé principalement de géographie 118 Lettre de L.-O. Brunet à J.W. Dawson, 1er février 1869, McGill University Archives Private Fonds, Dawson Family Papers, MG 1022, c. 3. 119 Lettre de J.W. Dawson à L.-O. Brunet, 6 février 1869, McGill University Archives Private Fonds, Dawson Family Papers, MG 1022, c. 3. 120 A.G. Morton, « Laying the Foundations of Modern Botany (1851 to 1912) », dans Morton, History of Botanical Science an account of the development of botany from ancient times to the present day, London, Academic Press Inc. (London) Ltd., 1981, p. 419. 121 L.-O. Brunet, Éléments de botanique et de physiologie végétale, suivis d’une petite flore simple et facile pour aider à découvrir les noms des plantes les plus communes du Canada, Québec, P.-G. Delisle, 1870, 155 p. 135 floristique, tout comme son contemporain, L. Provancher. Ce dernier ne sřest également pas embarqué dans la mouvance physiologique, comme ce fut le cas en Europe et aux États-Unis. Il se spécialisa plutôt dans les recherches agricoles sur les plantes et insectes nuisibles, qui constituait une autre tendance du développement de la botanique dans les années 1850 à 1910122. 3.2.3 La bryologie La bryologie est cette partie de la botanique qui étudie les plantes cryptogames nonvasculaires comme les mousses, les sphaignes, les hépatiques et les anthocérotes. Cette spécialisation se développe principalement au Québec entre la fin du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle. Les premières mentions de récoltes de bryophytes du Québec dans la littérature scientifique remontent toutefois aux années 1860. En 1861, William S.M. DřUrban publie une flore locale des mousses et des hépatiques : celle des comtés dřArgenteuil et dřOttawa123. En 1865, après avoir demandé lřaide de lřabbé L.-O. Brunet, David Allan Poe Watt, lřéditeur du journal de la Natural History Society of Montreal, The Canadian Naturalist and Geologist, y publie une liste de cryptogames canadiens124. La partie consacrée aux bryophytes regroupe des récoltes de George Barnston (Montréal), Thomas Drummond, Elkanah Billings (Montréal) et John Macoun (Ottawa). À la fin du siècle, le conservateur du musée de lřInstruction publique, Dominique-Napoléon Saint-Cyr, prépare un catalogue des plantes contenues dans lřherbier de lřinstitution. Cette liste comprend une douzaine de pages de mousses125. Lors de ses voyages dřexploration en Côte-Nord (1882, 1885), dans Charlevoix (1888) et Montmagny (1889), il récolta également des bryophytes qui furent intégrés à lřherbier du musée. 122 Morton, op. cit., p. 419. William Stewart M. DřUrban (1837-1934), « Catalogue of plants collected in the counties of Argenteuil and Ottawa », The Canadian Naturalist and Geologist, vol. 6 (1861), p. 135-137. 124 « My friend Mr Hunt was good enough to convey a request that you would do us the favor to give a list or catalogue of those plants which you had observed in Canada to which you were pleased to consult [illisible]. Might I now request that you be good enough to furnish it at as early a date as may be convenient, more especially the Cryptogama portion as I intend [illisible] beginning our « Naturalist » catalogue with that Series. » (Lettre de D.A.P. Watt à L.-O. Brunet, 25 janvier 1865, Musée de la Civilisation, Fonds Séminaire de Québec, Séminaire 114/35). David A.P. Watt, « A Provisional Catalogue of Canadian Cryptogams », The Canadian Naturalist and Geologist, New Series, vol. II (October 1865), p. 349-365. 125 Dominique-Napoléon Saint-Cyr, « Catalogue of plants in the museum of the Department of Public Instruction, gathered by D.N. Saint-Cyr, up to 1885, or acquired by exchange or purchase », Province of Quebec Sessional Papers (No. 37), session 1886, vol. 19, no III, p. 130-142. 123 136 Les véritables débuts de la bryologie au Québec datent des premières décennies du XXe siècle, alors que des botanistes produisent des inventaires systématiques de la flore bryologique dřune région. Cřest la région de Montréal qui est dřabord la plus explorée. En 1902, le révérend Robert Campbell produit une courte liste des mousses et des sphaignes de Saint-Michel, Westmount et du mont Royal récoltées entre 1900 et 1902. Il sřagit de la première tentative de classification des mousses de cette région126. Il fallut attendre les années 1930 pour voir une nouvelle publication sur les mousses de la région montréalaise. Le frère Marie-Victorin sřintéresse un temps aux bryophytes Ŕ il publia deux articles sur le sujet en 1911 et 1916 dont le dernier dans The Bryologist127 Ŕ, mais ses recherches sur la flore des plantes vasculaires, dont la publication de la Flore laurentienne, en 1935, représente le résultat le plus évident, lřoccupent à temps complet jusquřà sa mort. Pour lřétude des bryophytes, il encourage les recherches de lřabbé François-Hippolyte Dupret, bryologue québécois reconnu dans les milieux bryologiques nord-américains de son temps. Résultat de vingt-cinq années dřherborisation dans la région de Montréal, à Oka, à Rigaud et au mont Saint-Hilaire, le manuscrit quřil prépare et qui rassemble toutes ses récoltes et découvertes fut publié de manière posthume par un de ses élèves, lřabbé Aldéric Beaulac, en 1934, en y ajoutant lui-même ses nouvelles mentions dřespèces128. 3.2.4 L’entomologie Lřentomologie nřéchappe pas à la tendance vers la spécialisation. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les entomologistes constatent lřimmense travail de classification et de description des espèces dřinsectes dont le nombre augmentait constamment au fil de leurs récoltes. « Au fur et à mesure des découvertes, le nombre des espèces se multipliant, il était flagrant que lřétude de lřensemble de la classe [des Insectes] devenait de plus en 126 Rev. Robert Campbell, « The Flora of Montreal Island », The Canadian Record of Science, vol. VIII (1900-1902), p. 349-365. 127 Frère Marie-Victorin, « Une hépatique nouvelle en Amérique », Le Naturaliste canadien, vol. XXXVIII, no 6 (décembre 1911), p. 81 ; Marie-Victorin, « Mosses, Hepatics, and Lichens of the Quartzite Hills of the Kamouraska Formation, Quebec, Canada », The Bryologist, vol. XIX, no 4 (July 1916), p. 60-64. 128 François-Hippolyte Dupret, Études des Mousses de la Région de Montréal, Montréal, Contribution au Laboratoire de botanique de lřUniversité de Montréal, no 25, 1934, 70 p. 137 plus malaisée aux descripteurs. Bien des auteurs commencèrent des ouvrages avec un titre optimiste qui finalement se cantonna à un seul ordre et parfois même à une partie de celuici129 ». Cřest ainsi que chaque entomologiste doit décider sřil devient généraliste, se consacrant à lřétude de tous les ordres dřinsectes, ou sřil se spécialise. La plupart choisissent de se spécialiser. Au Québec, les entomologistes actifs au cours de cette période se sont tous spécialisés dans un ordre dřinsectes. Cřest le cas de lřabbé F.-X. Burque qui étudie les Hémiptères, de George Bowles, du révérend T. Fyles et de H.H. Lyman, qui choisissent de se consacrer aux Lépidoptères, de Germain Beaulieu et de Gustave Chagnon qui investissent les Coléoptères, à leurs débuts. Le cas de lřabbé L. Provancher est un peu particulier puisquřon peut à la fois le classer comme entomologiste généraliste Ŕ sa Petite faune entomologique du Canada en témoigne Ŕ et comme entomologiste spécialiste. Cřest dřailleurs par le biais de ses travaux sur les insectes de lřordre des Hyménoptères quřon le remarque dans les milieux scientifiques américains. Dans les années 1870, il publie ses premières listes dřHyménoptères, de la famille des Ichneumonidæ, dans sa revue. Ses principales découvertes dřespèces nouvelles se trouvent dans cet ordre (voir tableau 3.2)130. 129 dřAguilar, op. cit., p. 84. Mélanie Desmeules, La contribution entomologique et taxinomique de l’abbé Léon Provancher, Chicoutimi, Entomofaune du Québec inc., 2010, p. 45. 130 138 Tableau 3.2 Les principales familles d’Hyménoptères traitées par Provancher Familles Ichneumonidæ Braconidæ Tenthredinidæ Megachilidæ Anthophoridæ Nombre d’espèces décrites 539 128 45 20 19 Source : extrait du tableau 3 dans Mélanie Desmeules, La contribution entomologique et taxinomique de l’abbé Léon Provancher, Chicoutimi, Entomofaune du Québec inc., 2010, p. 45 (« Les Cahiers Léon-Provancher numéro 1 »). L. Provancher continue son étude des Hyménoptères tout au long de sa vie en passant en revue le plus grand nombre dřespèces possibles. Ses connaissances étendues le consacrent spécialiste de cet ordre. Les entomologistes américains et canadiens-anglais recourent à ses services pour identifier leurs spécimens. Par exemple, lřentomologiste américain William H. Ashmead lui emprunte souvent des spécimens pour ses recherches sur quelques familles dřHyménoptères. La spécialisation dans une discipline scientifique représente une étape importante du développement du milieu scientifique. À la fin du XIXe siècle, les naturalistes occupent la plus grande partie de leur temps à des études très pointues que seuls les spécialistes du domaine peuvent évaluer et utiliser dans leurs propres recherches. Le phénomène ira en sřaccentuant au cours du siècle suivant, si bien quřil est devenu à toute fin pratique impossible pour ceux qui nřont pas suivi de formation universitaire de sřinsérer dans une ou lřautre des spécialités. Aujourdřhui, les seules recherches accessibles aux naturalistes autodidactes consistent en des inventaires taxinomiques et, parfois, des ajouts dřespèces aux inventaires déjà existants. Les coûts exorbitants de la recherche scientifique les empêchent de varier les recherches quřils peuvent entreprendre sur une base individuelle. * 139 Le XIXe siècle est sans contredit le siècle des grands changements dans la recherche scientifique. Les pratiques scientifiques se définissent et sřimplantent, tandis que les disciplines scientifiques se spécialisent au point de rendre pratiquement impossible la recherche dans plus dřune discipline. Lřapparition et le développement de pratiques scientifiques de plus en plus élaborées font partie dřune dynamique de diversification des modalités dřintégration dans le milieu scientifique. Plus quřune modification de la manière de faire la science, lřadoption de ces pratiques par les acteurs témoigne de lřimposition de droits dřentrée dans le milieu scientifique. Les références de plus en plus fréquentes des naturalistes au sujet des pratiques à adopter dans leur production scientifique au cours de la seconde moitié du XIXe siècle et le début du XXe siècle témoignent des changements dans le milieu scientifique de la province. Les acteurs qui se réclament désormais de la science sont tenus dřadopter des pratiques scientifiques conformes à celles des autres naturalistes sřils veulent sřinsérer dans le milieu scientifique et faire reconnaître leur compétence. Un autre critère montrant lřintégration au milieu scientifique concerne lřappartenance à un ou à des réseaux scientifiques. Dans le prochain chapitre, nous examinons la mise en place des réseaux formels et informels dans la dynamique du milieu scientifique. 140 Quoi quřil en fût, et quel que fût le rythme, le sort nous récompensait, parce quřà vouloir trouver des connexions on en trouve toujours, partout et entre tout, le monde éclate en un réseau, en un tourbillon dřaffinités et tout renvoie à tout, tout explique tout. - Umberto Eco, Le pendule de Foucault 141 CHAPITRE 4 LES RÉSEAUX SCIENTIFIQUES AU QUÉBEC, DE 1850 À 1920 La question de la construction et de la constitution des réseaux des naturalistes pour la seconde moitié du XIXe siècle a été peu explorée par les historiens québécois jusquřà maintenant. Mis à part les réseaux de correspondants des trois naturalistes les plus souvent cités pour cette période Ŕ les abbés Louis-Ovide Brunet, Léon Provancher et Joseph-ClovisKemner Laflamme1 Ŕ, bien peu dřhistoriens se sont penchés sur les réseaux créés entre les naturalistes dřici et leurs réseaux à lřétranger. Cette question est dřune importance capitale dřabord pour mettre en contexte la production des naturalistes du Québec avec celle acceptée ailleurs dans le milieu, ensuite prendre conscience de leur niveau dřintégration des dans les instances étatiques provinciales, enfin comprendre les liens que les naturalistes entretiennent entre eux au Québec et à lřétranger. Afin de mener à bien cette analyse, nous explorons deux niveaux de réseautage établi par les naturalistes québécois. Au niveau des réseaux formels, cřest-à-dire les liens entre lřÉtat et la science, on aborde plus particulièrement lřaide demandée à lřÉtat par les naturalistes et les débuts de la demande dřaide spécialisée aux naturalistes par les instances étatiques. Au niveau des réseaux informels, cřest-à-dire ceux établis par les naturalistes, on sřattarde premièrement sur les rapports quřils ont entretenu et la possible constitution dřune communauté, deuxièmement sur les échanges entre les naturalistes du Québec avec le reste du Canada, les États-Unis et lřEurope Ŕ principaux centres de production scientifique de lřépoque Ŕ et, troisièmement, sur les actions que les naturalistes québécois ont menées pour compenser leur éloignement géographique des principaux centres production de la science occidentale (correspondance, échanges et intégration à des sociétés savantes). Dans un 1 Du côté de lřhistoire des sciences au Québec, on retrouve lřarticle fondateur de Duchesne, op. cit. (« Science et société coloniale »), p. 99-139. Une étude bien documentée des réseaux dans le champ de lřhistoire au Québec, et plus spécifiquement ceux de lřhistorien Benjamin Sulte, donne un exemple dřanalyse possible par le biais du concept de réseaux : Patrice Groulx, « Sulte, la Société royale du Canada et les réseaux savants au cœur de la commémoration », dans Groulx, La marche des morts illustres. Benjamin Sulte, l’histoire et la commémoration, Gatineau, Éditions Vents dřOuest, 2008, p. 108-169. On peut également citer le chapitre 3 de notre mémoire de maîtrise publié en 2010, « Le réseau scientifique de lřabbé Léon Provancher », op. cit., p. 27-35. Dans Inventing Canada, Zeller aborde les réseaux de certains scientifiques du Québec. 142 dernier temps, il sera possible de comprendre le statut encore incertain de lřinstitution universitaire dans la dynamique du milieu, en regard de la provenance institutionnelle des naturalistes de la période à lřétude. 4.1 Les réseaux formels : État et sciences au Québec « Les bons géologues sont comme les bons gendres : ils aiment passionnément leur belle-mère, la Nature. Permettront-ils quřelle soit défigurée par les philistins du commerce et de lřindustrie ? » - Ernest Myrand, Département du Secrétaire de la Province 2 Dans les archives des naturalistes, il existe de nombreux exemples des liens quřils ont établis avec lřÉtat. Nous nous penchons principalement sur ceux construits au niveau provincial. Ces liens, plus ou moins forts, prennent plusieurs formes : demande dřaide financière ou appui moral pour la réalisation de projets scientifiques et/ou techniques Ŕ expéditions pour lřexploration du territoire, lřinventaire des ressources dřune région ou lřobservation de phénomènes naturels, publications, participation ou préparation de congrès, etc. Ŕ, demande de services aux spécialistes en fonction de leur expertise dans une discipline (expéditions, analyses de spécimens ou dřéchantillons, rédaction de rapports pour différents ministères, postes de responsabilité au sein du gouvernement). Ces liens nous informent des relations parfois ambiguës, presque toujours éphémères, que les naturalistes entretenaient avec lřÉtat québécois, le plus souvent dans le but dřaméliorer leurs conditions de production et de diffusion de leurs recherches et surtout de leurs découvertes. 4.1.1 Les naturalistes font appel à l’État Les naturalistes font fréquemment appel à lřÉtat dans certaines circonstances, soit pour demander des fonds ou faire prendre en charge un projet, ou encore pour susciter un intérêt ou recevoir une caution morale. 2 Lettre de Ernest Myrand à lřabbé Laflamme, 3 avril 1906, Musée de la Civilisation, Fonds Séminaire de Québec, Université 62/85. 143 4.1.1.1 Recevoir des fonds Le plus souvent, les naturalistes sřadressent à différentes instances étatiques, provinciale ou fédérale, pour recevoir des fonds. Parmi les multiples exemples de financement trouvés dans les archives, nous en retenons quatre : le sort de la revue Le Naturaliste canadien, la tenue du congrès des Américanistes à Québec, en 1906, les difficultés de financement rencontrées par le capitaine J.-E. Bernier dans la préparation de ses expéditions dans lřArctique canadien et la préparation de la Flore du Québec3 de MarieVictorin. Ces cas constituent des exemples des types de demandes envoyées au gouvernement : pour financer la publication dřun ouvrage, la tenue dřun congrès et lřexploration du territoire. À la fin du XIXe siècle, la revue Le Naturaliste canadien reçoit épisodiquement des subventions du provincial pour améliorer sa qualité et même assurer sa publication. Il ne nous apparaît pas utile de retracer ici toutes les péripéties entourant la publication de cette revue du temps de L. Provancher4, mais un retour sur les débuts de la collaboration entre lřÉtat provincial et lřabbé L. Provancher, puis avec lřabbé V.-A. Huard, deuxième rédacteur-propriétaire du Naturaliste canadien, semble suffisant pour montrer un premier exemple de relations entre les naturalistes et lřÉtat québécois. Dès janvier 1869, cřest-à-dire un mois après le commencement de la parution de sa revue, L. Provancher écrit à Praxède Larue, alors député conservateur de la circonscription de Portneuf (dans laquelle résidait L. Provancher) et ardent défenseur dřune agriculture progressive et raisonnée5, afin dřobtenir un financement adéquat et récurrent qui assurerait la régularité des parutions et la qualité du contenu de la publication. À la fin du mois, Larue répond à L. Provancher quřil sřest occupé du dossier du Naturaliste canadien et quřil surveillera la suite des choses : 3 À lřorigine, Marie-Victorin dénommait son projet « Flore illustrée de la province de Québec ». Il aboutira, en 1935, avec la publication de sa Flore laurentienne. 4 L. Provancher décrivit lřhistoire mouvementée des liens entre lřÉtat et sa revue dans « Après plus de vingt ans », Le Naturaliste canadien, vol. XIX, no 12 (juin 1890), p. 234-237 et dans « Adieux à Mercier », Le Naturaliste canadien, vol. XX, nos 11-12 (mai-juin 1891), p. 178-179. 5 Ibid. 144 Jřai présenté votre requête hier, jeudi, bien que ce soit contre lřusage dans la présentation des pétitions, jřai cru devoir, après avoir pris conseil, attirer lřattention de la Chambre & du Gouvernement sur le fait que le Naturaliste canadien est une spécialité, une publication unique dans son genre & quřà ce titre il mérite la protection & lřencouragement de 6 la Législature & de toute la classe instruite, cela principalement à son début . En mars de la même année, L. Provancher reçoit une seconde réponse de Larue : « Je mřempresse de vous apprendre que le Gouvernement a décidé dřaccorder une subvention de $200 au Naturaliste canadien seul Ŕ sans partage avec lřInstitut Canadien Ŕ cřest sa condition, pour ne pas établir de précédent7 ». Grâce à une telle subvention, octroyée par le gouvernement P.-J.-O. Chauveau, L. Provancher fait passer sa revue de 24 à 32 pages. Il est ici évident que L. Provancher sřadresse dřabord à un compatriote qui connaît son travail et peut en évaluer lřutilité. Le fait que P. Larue soit conservateur Ŕ et que L. Provancher le fut également Ŕ nřest certainement pas étranger à lřoctroi de la subvention. De même, lors du changement du gouvernement, en 1879, les libéraux prennent le pouvoir. Si lřon considère que H.-G. Joly de Lotbinière était un défenseur de la cause scientifique, il aurait été logique de voir la subvention reconduite. Toutefois, les jeux de chaise musicale politique, cřest-à-dire la prise du pouvoir par les libéraux, expliquent probablement la suspension de la subvention malgré lřintérêt de H.-G. Joly de Lotbinière pour les sciences. Au fil des ans, la revue perd des abonnés dřici, donc des revenus, ce qui met L. Provancher dans une situation financière difficile. À ses débuts, il avait envoyé des copies de sa nouvelle revue à un nombre important de personnes et dřinstitutions dans lřespoir quřelles sřabonnent au Naturaliste canadien. Dans les années suivantes, plusieurs de ces personnes et institutions ne renouvellent pas leur abonnement. En 1872, il retranche les tableaux météorologiques, pour économiser sur les frais de production. La même année, il exprime sa déception face « à nos gouvernants qui ne mettent pas à notre disposition tout le concours que nous nous croyons en droit dřexiger8 ». Il décrit une situation quřil qualifie de généralisée, tout en expliquant lřutilité et la nécessité de sa revue : 6 Lettre de P. Larue à L. Provancher, 29 janvier 1869, A.S.C. 12, Fonds Provancher, C-5. Lettre de P. Larue à L. Provancher, 5 mars 1869, A.S.C. 36, Fonds Provancher, C-5. 8 L. Provancher, « Notre position », Le Naturaliste canadien, vol. IV, no 2 (février 1872), p. 35-36. 7 145 Cřest malheureusement un fait aujourdřhui que les intrigues et les roueries politiques sont tellement de mise, quřon ne croit plus pouvoir sřen passer pour obtenir la coopération du gouvernement dans une œuvre quelconque, quelque avantageuse quřelle puisse être au bien général. Quelque utile que soit une entreprise, si celui qui la poursuit nřa que son patriotisme, son amour du bien commun à faire valoir auprès du gouvernement pour obtenir sa coopération, il court de grands risques de ne pas réussir. Mais quelque générale que soit cette pratique, quelque fort que soit le courant des idées en ce sens, nous ne nous sentons aucune disposition à en suivre le cours9. Après avoir conspué le favoritisme, la corruption et tutti quanti, Provancher en vient au cœur du sujet quřil veut exprimer : demander une aide supplémentaire pour sa revue. Loin de nous croire lřobligé du gouvernement pour les $200 quřil nous alloue annuellement, nous prétendons que le gouvernement est encore bel et bien notre débiteur ; par ce que notre œuvre est une œuvre nationale, (…), et que comme entreprise commerciale, elle ne peut rémunérer convenablement nos labeurs. (…) mais nous nous croyons en droit de pouvoir dire au gouvernement : nous faisons votre partie, supportez-en au moins les frais ; cřest assez que nous sacrifiions nos labeurs, sans exiger que nous y ajoutions aussi notre argent. Il est vrai que nous ne pouvons en aucune façon favoriser lřélection de Mr. C. ou de Mr. A., mais cřest là pour nous une considération de nulle valeur; (…)10. Il continue en décrivant les conditions nécessaires à la poursuite de son œuvre de naturaliste : « Nous sommes convaincu que nulle personne chargée de pourvoir elle-même à sa propre subsistance nřaurait pu soutenir pendant quatre années lřœuvre que nous poursuivons, mais le dévouement au bien public a des bornes; aussi sommes-nous décidé de discontinuer notre publication à la fin de la présente année, si le gouvernement ne nous vient pas plus efficacement en aide11 ». Son intervention a porté fruits : en 1873, le gouvernement P.-J.-O. Chauveau double sa subvention qui passe à 400 $. L. Provancher ne demandait pas la lune; le Journal de l’Instruction Publique recevait alors 2400 $ pour sa publication12. Sa subvention de 400 $ nřest pas renouvelée après 1879, année de lřélection du gouvernement minoritaire de H.-G. Joly de Lotbinière et début dřune période dřaustérité financière. Le même type de difficulté surgit lors de la reprise de la publication du Naturaliste canadien par lřabbé V.-A. Huard. En 1891, V.-A. Huard, auquel L. Provancher avait 9 Ibid., p. 35. Ibid. 11 Ibid., p. 36-37. 12 L. Provancher, « À nos lecteurs», Le Naturaliste canadien, vol. IV, no 1 (janvier 1872), p. 6. 10 146 exprimé le désir de le voir continuer la revue, décide de reprendre sa publication interrompue quelques années plus tôt. Il adresse alors une lettre au Secrétaire-Provincial, lui demandant une subvention, coupée, lřannée précédente, à L. Provancher : Il est sérieusement question que jřentreprenne de continuer le Naturaliste Canadien à Chicoutimi. Jřavais même écrit un mémoire, adressé au Secrétaire-Provincial, pour demander une subvention. Lundi jřai vu Mgr Bégin à ce sujet, et il a si bien refroidi mon enthousiasme que jřai gardé ma supplique en portefeuille. Je crois pourtant que je ferai lřenvoi de ma requête, remettant à plus tard de prendre une décision finale, dřautant que notř papa Mercier ne se tuera pas à se hâter de me voter de lřargent13. Juste avant de mourir, L. Provancher lřencourage à sřadresser au gouvernement conservateur : « M. de Boucherville, qui va se maintenir au pouvoir, je pense, est tout à fait bien disposé pour le Naturaliste; vous pourrez en obtenir des conditions avantageuses14 ». Quelques jours plus tard, il lui écrit : « Je nřai pas encore fait mes propositions à M. De Boucherville, jřespère cependant en obtenir des conditions avantageuses, de manière à intéresser des collaborateurs15 ». Sa mort, survenue le 23 mars, lřempêcha dřassurer une transition rapide à sa revue. Plus tard dans lřannée, il semblerait bien que V.-A. Huard recevrait sa subvention, comme il lřécrit à un ami : « Ma lettre de crédit ? eh bien, le secrétaire-provincial mřa écrit que le montant dont il sřagit a été voté à la dernière session. Il mřa dit aussi quřil allait soumettre la question du Naturaliste au prochain conseil de ministres. Je vous assure que cette nouvelle mřa bien surpris 16 ». Toutefois, V.-A. Huard ne recevra pas de subvention pour relancer le Naturaliste; en 1892, divers changements ont lieu au sein des conservateurs et C. Boucher de Boucherville nřest plus sur le devant de la scène. La situation nřest pas la même en 1921 : « En 1894 et après 30 mois dřabsence, le Naturaliste est ressuscité par lřabbé V.-A. Huard avec quelques amis et sans aide financière; les gouvernements Gouin et Taschereau lui donneront plus tard une 13 Lettre de V.-A. Huard à François-Xavier Gosselin, 30 juillet 1891, Fonds François-Xavier Gosselin, ANQChicoutimi, P165. 14 Lettre de L. Provancher à V.-A. Huard, 5 mars 1892, A.S.C., Fonds V.-A. Huard, C-11-42-47. À ce sujet, voir également Mélanie Desmeules, « Les années chicoutimiennes du Naturaliste canadien », Saguenayensia, vol. 43, no 3 (juillet-septembre 2002), p. 19. 15 Lettre de L. Provancher à V.-A. Huard, 11 mars 1892, A.S.C., Fonds V.-A. Huard, C-11-42-50. 16 Lettre de V.-A. Huard à F.-X. Gosselin, 5 août 1892, Fonds François-Xavier Gosselin, ANQ-Chicoutimi, P165. 147 aide convenable17 ». Comme il le dit lui-même : « Il mřa suffi dřune lettre, sans appui de personne, pour quřil me donne les deux tiers du coût du Naturaliste canadien18 ». Un autre exemple de demande dřaide à lřÉtat, sur le plan fédéral cette fois-ci, est celui du financement dřun congrès à Québec. En février 1904, lřabbé J.-C.-K. Laflamme expose son idée de proposer la tenue du prochain congrès des Américanistes à Québec, en 190619. La Société des Américanistes sřintéresse à des questions ethnologiques et anthropologiques. J.-C.-K. Laflamme, qui est impliqué dans la Société du parler français du Canada, un organisme fondé en février 1902 à lřUniversité Laval, croit quřun congrès tournant autour des particularités linguistiques du Québec pourrait intéresser les membres de cette société. Une fois les premiers contacts établis avec Franz Boas, par lřentremise de R. Bell, J.C.-K. Laflamme commence à préparer le congrès. Il faut dřabord que le gouvernement envoie une invitation officielle à la Société des Américanistes. Cette première étape ne semble pas aussi évidente à traverser. J.-C.-K. Laflamme a aussi connu des problèmes lors de la préparation du dixième Congrès international de géologie de 1906, qui ne sřest finalement pas tenu à Ottawa, mais à Mexico20 : Ces Messieurs demandent une invitation officielle, venant des autorités constituées. (…) Je crois quřon ignore même leur existence. Alors, il devient très difficile, presque impossible, de secouer lřinertie de nos gouvernants. À preuve toutes les difficultés que nous avons éprouvées à faire inviter le Congrès international de géologie. Dřautant plus que cette invitation se double dřune question dřargent. Notre gouvernement est dans la gêne et, tout probablement, il ne sera guère porté à se fendre de 2000 piastres en faveur dřune chose quřil ne connaît pas et dont il sera très difficile de lui faire comprendre la portée 21. 17 Jean-Marie Perron, « La course à relais du Naturaliste canadien », Le Naturaliste canadien, vol. 125, no 2 (été 2001), p. 7. 18 Lettre de V.-A. Huard à Marie-Victorin, 7 avril 1921, Fonds Institut botanique (Frère Marie-Victorin), E118/A1,725 V.-A. Huard, Division des archives de lřUniversité de Montréal. 19 Lettre de J.-C.-K. Laflamme à R. Bell, 29 février 1904, Archives Canada, Fonds Robert-Bell, MG29-B15, vol. 23, dossier 61. 20 « (…) ce nřest quřen 1913 quřun congrès de Géologie fut tenu au Canada ». Bureau, loc. cit. (« Monseigneur J.-C.-K. Laflamme, géologue »), p. 215. 21 Lettre de J.-C.-K. Laflamme à R. Bell, 20 mars 1904, Archives Canada, Fonds Robert-Bell, MG29-B15, vol. 23, dossier 61. 148 La tâche ne sřavère pas facile. Dans un premier temps, le premier ministre Wilfrid Laurier refuse dřinviter les Américanistes à tenir leur congrès au Canada, comme lřécrit J.C.-K. Laflamme à R. Bell. Je viens de recevoir de mauvaises nouvelles dřOttawa, de Sir Wilfrid. Le Dr Boas mřécrivait dernièrement pour me dire que lřinvitation de Québec devait arriver dans le cours de juin aux organisateurs de Stüttgard, pour les mettre à même de prendre une décision à lřavance. Sur ce jřenvoyai un mot à lřHon. Solliciteur général [Rodolphe Lemieux] que je connais, grand ami de Sir Wilfrid, le priant de mřobtenir une réponse. Hier, il mřécrivait pour me dire que Sir Wilfrid avait répondu négativement. Tous nos plans sont à lřeau. Je nřattends rien du Gouv. local, sauf de bonnes paroles qui ne coûtent pas cher et ne valent pas grandřchose. (…) Pour une bagatelle, le Gouv. renonce à faire en faveur de notre pays une réclame mille fois plus efficace que celle que font de côté et dřautres des agents grassement payés et dont le zèle nřest pas toujours la vertu dominante22. Le deuxième défi à relever est celui du financement du congrès. J.-C.-K. Laflamme sřadresse dřabord aux ministres provinciaux, mais nřespère rien dřeux : « Je me suis adressé à nos ministres locaux, mais je ne vois pas trop ce que nous pouvons en espérer. Quelques-uns même ne mřont pas répondu. Le Conseil de Ville nous donnera probablement quelque chose, mais ce sera assez peu23 ». Devant cette indifférence, il envisage plutôt de demander lřaide de lřÉtat fédéral : « Comme vous me le dites, cřest dřOttawa que nous devrons attendre le gros morceau. Si vous rencontrez lřHon. [Charles] Fitzpatrick, ne manquez pas de lui parler de lřaffaire24 ». La question du financement du congrès tarde à se régler. Au début de 1905, J.-C.-K. Laflamme revient à la charge; il demande à R. Bell, alors directeur de la Commission géologique du Canada, de recontacter le ministre Charles Fitzpatrick ou encore le premier ministre Laurier pour relancer le projet. Lřannée dernière, (…), jřen avais écrit à lřHon. Chs Fitzpatrick. Celui-ci en avait parlé à Sir Wilfrid qui avait promis son appui. Et, au dernier moment, tout sřest écroulé. Pourquoi ? Je nřen sais rien. On mřa laissé entendre que cela était dû aux élections générales de lřété dernier. Cřest bien possible. 22 Lettre de J.-C.-K. Laflamme à R. Bell, 30 mai 1904, Archives Canada, Fonds Robert-Bell, MG29-B15, vol. 23, dossier 61. 23 Lettre de J.-C.-K. Laflamme à R. Bell, 1er avril 1904, Archives Canada, Fonds Robert-Bell, MG29-B15, vol. 23, dossier 61. 24 Ibid. 149 Pourquoi, aujourdřhui, ne reviendriez-vous pas à la charge auprès de M. Fitz. ou de Sir Wilfrid ? Écrivez un court mémoire et communiquez-le à ces Messieurs. Donnez mřen avis, et, de mon côté, jřappuierai votre démarche. (…) La grosse affaire est lřallocation. Lřannée dernière, je demandais 4000 piastres. Ce nřest pas trop, et le Gouvernement donnera aussi bien 4000 que 3000. Cřest une obole pour lui qui joue avec des millions25. Cette demande fut entendue. J.-C.-K. Laflamme sřempresse dřen faire part à R. Bell, son contact à Ottawa : « Je viens de recevoir une lettre de Sir Wilfrid mřinformant que le Gouvernement mřaccorde 4000 dollars pour la réception des Américanistes en 1906. Tant mieux, nřest-ce pas ? Nous pouvons maintenant travailler à notre aise26 ». J.-C.-K. Laflamme ne croyait pas si bien dire. Jusquřen 1906, il restait à préparer le congrès, cřestà-dire à mettre en place un comité dřaccueil et surtout un comité scientifique qui se chargerait du contenu du congrès. Les difficultés de financement rencontrées par le capitaine Joseph-Elzéar Bernier pour la préparation de ses expéditions dans lřArctique canadien constitue un autre cas de figure de demande dřaide à lřÉtat fédéral. Au début du XXe siècle, une fièvre sřempare de quelques explorateurs européens, comme Frederick Cook et Robert Peary, à savoir qui, le premier, atteindrait le pôle Nord. Le capitaine J.-E. Bernier souhaite impliquer le Canada dans cette course ce qui assurerait la souveraineté canadienne sur le territoire. Pour financer la construction dřun navire et lřexpédition qui durerait plus dřun an, J.-E. Bernier demande lřaide de lřÉtat fédéral, en 1901. On lui répond que sřil réussit à amasser un montant de 60 000 $ par le biais de souscriptions du public, le gouvernement fédéral fournira le même montant27. Comme le fera le frère Marie-Victorin quelques années plus tard, J.-E. Bernier sřadresse à lřabbé V.-A. Huard pour quřil appuie son projet auprès de certains membres du 25 Lettre de J.-C.-K. Laflamme à R. Bell, 20 janvier 1905, Archives Canada, Fonds Robert-Bell, MG29-B15, vol. 23, dossier 61. 26 Lettre de J.-C.-K. Laflamme à R. Bell, 30 janvier 1905, Archives Canada, Fonds Robert-Bell, MG29-B15, vol. 23, dossier 61. 27 « Comme vous avez sans doute appris par les journaux, le Gouvernement Fédéral a décidé de donner un montant de $60000.00 en faveur de lřexpédition à condition que nous ayons un montant égal souscrit par le public. (…) Je puis vous dire que nous avons déjà en main un bon montant qui a été souscrit spontanément. (…) Je mřadresse à vous en vue de lřinfluence de votre position, dont je ne doute lřefficacité. » Lettre de J.-E. Bernier à V.-A. Huard, 23 mai 1901, A.S.C., Fonds V.-A. Huard, C-11-103-3. 150 gouvernement. V.-A. Huard est alors un des seuls Canadiens français à sřimpliquer dans le développement des sciences et, en tant que rédacteur du Naturaliste canadien, il est connu des milieux politiques autant fédéral que provincial. Le projet semble en bonne marche, comme lřécrit J.-E. Bernier à V.-A. Huard : « Jřai à vous apprendre que Mr Le Chevalier J.X. Perreault de Montréal, Représentant du Canada à lřexposition de Paris, a été nommé par moi, approuvé par Sir Wilfrid Laurier commissaire général de mon expédition au Pôle Nord, et que nous marchons de lřavant. Jřattends la permission de Hon. J.-I. Tarte pour commencer la construction du navire à Sorel dans les chantiers du gouvernement28 ». Joseph-Israël Tarte, ministre des Travaux publics, approuve le projet et croit « que si il y a un homme capable dřaller au Pôle Nord, cřest le capitaine Bernier »29. Il affirme même vouloir impliquer les hommes dřaffaires de Montréal dans le financement. Il conseille à V.-A. Huard dřécrire directement au premier ministre W. Laurier pour signifier son appui30. Toutefois W. Laurier, dont le caractère sřoppose avec celui de J.-E. Bernier, sans compter que ce dernier est dřallégeance conservatrice, ne veut pas donner ouvertement son consentement. J.-E. Bernier, même sřil obtient lřappui du gouverneur général et de plusieurs députés31, ne réussit pas à convaincre W. Laurier du bien-fondé de son expédition. Le premier ministre porte plutôt un intérêt à la reconnaissance de la souveraineté canadienne dans lřArctique, alors un enjeu politique et économique dans ses relations avec les États-Unis. Cřest ce projet, et aucun autre, quřil compte financer. J.-E. Bernier, sřil veut se rendre dans lřArctique, doit donc changer de projet, mais il ne se laisse pas abattre. Il tenta à plusieurs reprises de le faire changer dřidée. En juillet 1906, J.-E. Bernier sřembarque à bord de lřArctic en mission de surveillance, dřannexion des territoires cédés par le gouvernement britannique au Canada et de délivrance de permis de pêche dans lřArctique canadien. Deux autres expéditions sřajoutent au fil des ans, en 1908-1909 et en 1910-1911, mais aucune nřa pour but dřatteindre le pôle Nord32. 28 Lettre de J.-E. Bernier à V.-A. Huard, 27 juillet 1901, A.S.C., Fonds V.-A. Huard, C-11-115-1. Lettre de J.-I. Tarte à V.-A. Huard, 16 octobre 1901, A.S.C., Fonds V.-A. Huard, C-11-115-4. 30 Ibid. 31 Lettre de J.-E. Bernier à V.-A. Huard, 19 novembre 1901, A.S.C., Fonds V.-A. Huard, C-11-115-6. 32 Pour le détail des tractations politiques pour faire accepter son projet dřexploration de lřArctique, voir Marjolaine Saint-Pierre, Joseph-Elzéar Bernier. Capitaine et coureur des mers 1850-1934, Sillery, Septentrion, 2005, 366 p. 29 151 Un dernier exemple de relations entre lřÉtat et les naturalistes concerne les tribulations des demandes de financement pour la préparation de la Flore laurentienne. Dès 1912, alors quřil nřa pas encore trente ans, Marie-Victorin commence officiellement la préparation dřune Flore du Québec33. Au début de 1914, afin de mobiliser les acteurs-clés impliqués dans lřétude de la flore du Québec, il sřadresse dřabord aux membres de la Société de protection des plantes du Québec (S.P.P.Q.), une société savante bilingue fondée en 190834 par William Lochhead. Il espère ainsi attirer lřattention de botanistes, dřhorticulteurs et dřentomologistes préoccupés par la question des plantes nuisibles. Il connaît également « la valeur des rapports annuels publiés par la S.P.P.Q. comme moyens de diffuser une information utile et pratique sur tous les aspects de la protection des plantes35 ». Les autres membres qui ne sont pas présents lors des réunions, du fait de leur éloignement géographique, peuvent donc être mis au courant de ce projet dont lřampleur nřa pas eu de précédent dans le monde scientifique canadien-français. À la suite de cette conférence, sentant sans doute que la soupe est chaude, MarieVictorin profite de son contact avec le rédacteur-propriétaire du Naturaliste canadien pour y faire paraître un article prêchant la production prochaine dřune flore de la province de Québec36. En 1914, lřabbé V.-A. Huard, qui vient tout juste dřêtre nommé entomologiste provincial, occupe toujours le poste de conservateur du musée de lřInstruction publique. Il connaît bien Marie-Victorin; ce dernier collabore régulièrement au Naturaliste canadien depuis 190937. Grâce à cet article et à leur correspondance, V.-A. Huard se rend compte du travail de titans dans lequel Marie-Victorin sřest engagé : produire une flore du Québec, cřest-à-dire un portrait floristique et systématique documenté par des compilations des 33 « Il me fait encore plus plaisir de vous dire que mon travail sur la Flore de la Province de Québec est enfin commencé sur une base sérieuse, et que je vais le pousser avec vigueur. » Lettre de Marie-Victorin à V.-A. Huard, 24 septembre 1912, A.S.C., Fonds V.-A. Huard, C-11-196-8. 34 Ralph H. Estey, « Histoire de la Société de protection des plantes du Québec », Phytoprotection, no 64 1983, p. 1-22. 35 Estey, op. cit., p. 7. 36 Marie-Victorin, « Nécessité de la publication prochaine dřune Flore illustrée de la province de Québec », Le Naturaliste canadien, vol. XL, no 11 (mai 1914), p. 164-167. 37 Son premier article avait pour titre « Contribution à lřétude de la flore de la province de Québec », Le Naturaliste canadien, vol. 36, 1909, p. 65-71. Jusquřen 1944, Marie-Victorin publie une quarantaine dřarticles dans Le Naturaliste canadien, le plus souvent des notes floristiques documentant des nouveautés pour la flore québécoise et des extensions dřaires dřespèces connues. 152 flores anciennes, des récoltes intensives sur le terrain et alimenté par les derniers développements de la recherche en botanique et en géologie nord-américaine. Toutefois, conscient que ni la S.P.P.Q. ni V.-A. Huard ne peuvent financer un tel projet, et comme il ne faisait pas exception par rapport aux autres naturalistes de la seconde moitié du XIXe siècle et du début du siècle suivant, Marie-Victorin sřattend à ce que lřÉtat, provincial dans ce cas, lui assure le financement : Et pour en venir au pratique, jřestime quřil nous faut une ŖNouvelle Flore illustrée de la province de Québecŗ. Cette Flore sřadresserait aux étudiants, aux amateurs, ainsi quřaux agriculteurs, et, dans une certaine mesure, aux touristes. Jřinsiste sur lřillustration, qui seule rend lřouvrage utilisable pour ceux qui ne sont pas spécialistes. Il ne faut pas se dissimuler que pareille entreprise présente des difficultés dont la première est, sans doute, le coût élevé de lřouvrage. Lřillustration seule devrait coûter bien près de $3000 à $4000. Il semble bien que cřest le gouvernement provincial, par lřun de ses départements, lřAgriculture ou lřInstruction publique, qui devrait prendre la responsabilité de lřentreprise et la subventionner au fur et à mesure des besoins 38. V.-A. Huard, enthousiasmé par lřambition de Marie-Victorin, se lance dans une campagne de promotion de la Flore auprès de lřÉtat provincial. Il lui décrit ses démarches à la fin de juillet 1914 : Ce matin, voulant frapper un grand coup en faveur de cette Flore de la province de Québec, jřallais chez M. [Georges Auguste] Gigault, sous-ministre de lřAgriculture, je lui dis que la semaine prochaine je lui enverrais un plaidoyer en faveur de lřentreprise, et lui demandai en tout cas si lřon pouvait entretenir lřidée que le gouvernement ferait les frais de lřentreprise. Mais cřest accordé, me dit-il; je lřai écrit à M. Lochhead, en réponse à la résolution de la Société des Plantes. Jřai demandé combien cela coûterait, et je suis surpris quřon ne réponde pas. (…) Peut-être M. Lochhead ne sait-il où vous prendre. Peut-être penserait-il à détourner vers MacDonald et vers une Flore anglaise la faveur gouvernementale. Je ne sais. En tout cas, puisque le vent est bon, il faut en profiter. Je suis dřavis que vous devez venir à Québec le plus tôt possible, et aller voir M. Gigault pour vous entendre avec lui39. Marie-Victorin ne se fait pas prier pour valoriser son projet. Le lendemain, il lui explique sa position : Je ne suis pas libre de mes mouvements et de mes travaux; je ne puis mřengager et surtout recevoir une subvention sans être moralement sûr de pouvoir poursuivre ces travaux et utiliser cette subvention, 38 Marie-Victorin, loc. cit. (« Nécessité de la publication … »), p. 167. Lettre de V.-A. Huard à Marie-Victorin, 31 juillet 1914, Fonds Institut botanique (Frère Marie-Victorin), E118/A1,725 V.-A. Huard, Division des archives de lřUniversité de Montréal. 39 153 Il faut donc, et cette condition est sine qua non, que le sous-ministre mřécrive pour me faire ses propositions. Je transmettrai ensuite cette lettre à mon Supérieur qui mřen a exprimé le désir, puis, suivant sa réponse je me mettrai à lřœuvre. (…) Il faut essayer de faire comprendre à ces messieurs [du gouvernement provincial] quřil sřagit dřune œuvre colossale, qui ne peut se faire en un jour ni un an; une œuvre pour laquelle il a fallu amasser une énorme quantité de matériaux. Il faut insister sur lřillustration. Si on ne peut obtenir les crédits suffisants pour une illustration complète, il faudrait au moins obtenir un nombre convenable dřillustrations, quitte à avoir plus tard une édition plus riche. Le prix que vous lui avez fait est loin dřêtre exorbitant pour un ouvrage de cette envergure. Donc, en résumé, si nous voulons arriver à un résultat, tâchez dřobtenir du ministre une lettre me demandant de vouloir bien entreprendre cette œuvre pour le bénéfice de la Province et 40 offrant de la subventionner. La chose suivra ensuite la filière . En septembre 1914, V.-A. Huard continue sa campagne de promotion. Il fait encore part de ses tractations au principal intéressé. Quant à la Flore, je vous dévoile le secret de mes négociations. Voyant que le gouvernement était favorable à lřentreprise, jřai voulu brusquer les choses. Jřai écrit au sousministre de lřAgriculture ce quřil en était à savoir quřil fallait vous faire une proposition définie, que vous puissiez faire connaître à vos supérieurs; je lui ai même envoyé un projet de lettre tout rédigé. À mon retour de la campagne, je lui ai demandé où la chose en était, et jřai 41 été surpris dřapprendre quřil nřy avait encore rien de fait . Un problème surgit cependant, mettant en péril le plan élaboré par V.-A. Huard pour le financement : « M. Lochhead a écrit au gouvernement, pour dire que ce qui presse, cřest une Flore abrégée pour les écoliers. Jřai répondu que les Anglais ont déjà Britton et lřautre dont jřoublie le nom; (…) mais que, les Français, nous nřavons plus rien du tout pour lřétude de nos plantes42; quřenfin nous avons lřhomme, et quřil faut en profiter. La question est donc maintenant à décider par le gouvernement43 ». V.-A. Huard, qui possède une certaine influence du fait de sa position de fonctionnaire, mais qui, en qualité dřofficier 40 Lettre de Marie-Victorin à V.-A. Huard, 1er août 1914, Fonds V.-A. Huard, A.S.C., C-11-206-3. Lettre de V.-A. Huard à Marie-Victorin, 8 septembre 1914, Fonds Institut botanique (Frère Marie-Victorin), E118/A1,725 V.-A. Huard, Division des archives de lřUniversité de Montréal. 42 En 1910, V.-A. Huard projette de préparer une nouvelle édition de la Flore canadienne, publiée en 1862 par lřabbé L. Provancher. Aucune autre flore substantielle nřa vu le jour au Québec depuis cette époque. Marie-Victorin, qui correspondait avec V.-A. Huard depuis quelques années, exprime ses réserves concernant la réalisation dřun tel projet : « Je crois quřune nouvelle édition de Provancher serait un travail fastidieux et inutile. Ce serait à refaire complètement. Depuis 1862 la nomenclature botanique a été soumise à des règles plus sévères, et le principe de la priorité de publication, remis en honneur, a débaptisé bien des plantes. De plus, aujourdřhui une flore canadienne, même est-canadienne, serait un ouvrage monstre, en raison des nombreuses espèces découvertes depuis Provancher. (…) Mon opinion, qui nřest sans doute quřune opinion, est que lřouvrage qui sřimpose est une Flore complète et illustrée de la Province de Québec. Je rêve quelquefois de lřentreprendre… » Lettre de Marie-Victorin à V.-A. Huard, 4 février 1910, C-11-183-4, Fonds V.-A. Huard, A.S.C. 43 Lettre de V.-A. Huard à Marie-Victorin, 29 septembre 1914, Fonds Institut botanique (Frère MarieVictorin), E118/A1,725 V.-A. Huard, Division des archives de lřUniversité de Montréal. 41 154 civil, ne peut sřassocier à aucune action directe, continue de prodiguer ses conseils auprès de Marie-Victorin, surtout dans le cas dřune action de la part de la S.P.P.Q. (…) de grâce, quřon ne demande pas tout à la fois, ce qui empêcherait tout. 1 e Pas besoin immédiatement dřune Flore en anglais; (…). 2 e Pas besoin de Flore pour les écoles : (…). 3e Lřurgent, cřest une Flore française, vous le savez comme moi. Donc, quřon ne demande que cela, au moins pour commencer. (…) P.S. Je crois me rappeler que, lřété dernier, jřai adressé au ministre un mémoire pour dire que ce quřil nous faut, au plus tôt, cřest uniquement une Flore française, au moins pour le moment. Si la Société demandait la même chose, nous aurions plus de chances dřaboutir44. La S.P.P.Q. réagit favorablement à la demande de Marie-Victorin. Une commission est nommée en vue dřétudier « les recommandations du Frère Victorin, dans sa conférence45 lue à cette réunion46 ». Elle se rend à lřargument de Marie-Victorin concernant une révision de la Flore canadienne… de lřabbé L. Provancher et considère quřun projet de flore de Québec est fort désirable, mais pas selon les vues de V.-A. Huard et du principal intéressé, Marie-Victorin. Nous croyons sincèrement que le moment nřest pas encore venu de faire paraître, pour la province, une flore complète, et entièrement illustrée. Nous estimons quřun tel ouvrage est moins nécessaire quřune flore en langue française pouvant être enseignée dans les écoles. Dřun autre côté, il est évident que nous nřavons point encore un ouvrage si désirable, sur la botanique générale. En conséquence, nous recommandons la préparation dřune flore générale de Québec, illustrée le plus possible, et assez peu étendue pour que les élèves de la plupart des écoles et des collèges puissent se lřassimiler. (…) Nous exprimons le désir que le Président nomme une commission chargée de la publication du livre projeté, et de nous faire un rapport à ce sujet, lors de notre prochaine convention annuelle. En attendant, nous sommes dřavis que la Société sřentende avec le Gouvernement provincial, relativement aux moyens de faire publier lřouvrage en question 47. Le projet de commission au sein de la S.P.P.Q. nřa pas abouti. Dans les rapports annuels subséquents, aucune mention nřen est faite, ni même dřune participation au projet de Marie-Victorin. LřÉtat ne semble pas non plus pressé de sřengager officiellement dans le financement de la Flore. Lřabbé V.-A. Huard, peut-être un peu en désespoir de cause, propose un changement de cap à Marie-Victorin : « Que diriez-vous du plan que voici pour 44 Lettre de V.-A. Huard à Marie-Victorin, 8 mars 1915, Fonds Institut botanique (Frère Marie-Victorin), E118/A1,725 V.-A. Huard, Division des archives de lřUniversité de Montréal. 45 Le texte de la conférence est paru dans le Sixième Rapport Annuel de la Société de Québec pour la Protection des Plantes contre les Insectes et les Maladies Fongueuses. 1913-1914, Québec, 1914 dans Documents de la Session. Session de 1914 No 48 Vol. II, p. 24-26. 46 Dr R. Campbell, Père Léopold et Francis E. Lloyd, « Rapport de la commission chargée dřétudier le projet de publication de la flore de Québec », p. 9. 47 Ibid. 155 réussir enfin avec ce projet de Flore : Vous vous mettez tout de suite à lřœuvre, et, chaque année, la Soc. de Prot. des Plantes publie en supplément à son Rapport disons la 6 e partie de votre ouvrage. En six ans ce serait fait, et aux frais du gouvernement ! Si ce moyen nřest pas utilisable, je ne vois pas comment réussir autrement48 ». Même sřil commence à être conscient des obstacles, V.-A. Huard continue de promouvoir le projet. Dans son rapport dřentomologiste provincial, il exprime le vœu que la S.P.P.Q. sřen charge, tout comme il presse le sous-ministre de lřAgriculture dřapprouver cette démarche. Ainsi, « si lřon publie mon vœu tel quel dans le Rapport du min. de lřAgric.49, et je crois quřon le fera, lřaffaire aura bonne mine50 ». Malgré ses efforts, le vœu de V.-A. Huard ne se réalise pas et la concrétisation de la Flore ne devient pas une affaire étatique. Compte tenu du fait quřil est dřallégeance nationaliste-conservatrice et que le ministre de lřAgriculture, Joseph-Édouard Caron, est du parti adverse, ce refus de collaborer nřest pas surprenant. La dernière mention sérieuse concernant le financement de la Flore par lřÉtat, dans la correspondance échangée entre V.-A. Huard et Marie-Victorin, date de 1917. V.-A. Huard continue dřencourager le frère à solliciter lřaide gouvernementale. En 1921, il lui glisse une phrase concernant le gouvernement A. Taschereau, sans plus51. Je ne vois aucune personne ou institution, dans le pays, qui vous mette en état, financièrement parlant, dřexécuter lřœuvre dont il sřagit, excepté, je lřespère, le gouvernement de la Province. Cřest là justement le rôle des gouvernements, de faire ce qui est dřutilité publique et que lřinitiative privée est impuissante à accomplir. Jřai la plus entière confiance que, sřil est mis au fait de la question, le gouvernement provincial sera heureux de rendre possibles, par son aide financière, la préparation et la publication prochaine dřune Flore illustrée de la province de Québec. Il sera heureux, dis-je, de doter notre Province dřun document scientifique comme celui-là. Il ne voudra pas laisser échapper lřoccasion unique qui se présente. Car si lřon ne profitait pas, sans retard, de la bonne volonté et de la parfaite compétence que vous offrez, quand se retrouvera-t-il quelquřun qui soit disposé et préparé pour lřœuvre à exécuter ? 48 Lettre de V.-A. Huard à Marie-Victorin, 9 novembre 1915, Fonds Institut botanique (Frère Marie-Victorin), E118/A1,725 V.-A. Huard, Division des archives de lřUniversité de Montréal. 49 Les rapports annuels de la S.P.P.Q. sont alors publiés en annexe des rapports annuels du ministre de lřAgriculture. 50 Lettre de V.-A. Huard à Marie-Victorin, 9 novembre 1915, Fonds Institut botanique (Frère Marie-Victorin), E118/A1,725 V.-A. Huard, Division des archives de lřUniversité de Montréal. 51 « Pour la Flore, je crois que M. Taschereau sera homme à comprendre cela et à faire en sorte que lřœuvre se réalise. Je le crois très ouvert aux choses intellectuelles. Il mřa suffi dřune lettre, sans appui de personne, pour quřil me donne les deux tiers du coût du Naturaliste canadien. » Lettre de V.-A. Huard à Marie-Victorin, 7 avril 1921, Fonds Institut botanique (Frère Marie-Victorin), E118/A1,725 V.-A. Huard, Division des archives de lřUniversité de Montréal. 156 Et cřest quřil y a des précédents en la matière. Ainsi, jamais lřabbé Provancher nřaurait pu publier sa Flore canadienne, en 1862, si le gouvernement de lřépoque ne lui avait accordé une aide financière importante. Et pourtant ce gouvernement était celui de lřUnion, et il sřagissait dřun ouvrage uniquement de langue française et intéressant surtout la province du Bas-Canada. De même, en 1897, le gouvernement de Québec rendit possible, par une aide considérable, la publication dřune autre œuvre scientifique importante, nos Poissons d’eau douce, de Montpetit52. Je nřai aucun doute, mon Révérend et Cher Frère, que M. [Lomer] Gouin, qui est très ouvert à tout ce qui sřappelle lettres, sciences et beaux-arts, vous fera lřaccueil le plus favorable, si vous faites appel à son concours pour lřexécution dřun projet si important pour la 53 science, pour lřhonneur et pour lřutilité de la province de Québec . Marie-Victorin lui répond presque aussitôt pour le remercier de son aide et de ses encouragements54. Voyant que lřÉtat provincial nřest pas pressé dřagir, il cherche ailleurs des appuis pour son projet, comme à la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal. Le botaniste Nathaniel Lord Britton, du New York Botanical Gardens, a même écrit à JosephEd. Caron, alors ministre de lřAgriculture, et a reçu une réponse encourageante, ce qui fait croire à Marie-Victorin que lřÉtat sřengagerait prochainement dans son projet. Finalement, le financement de lřimpression de la Flore laurentienne est assuré, dans les années 1930, par les frères des écoles chrétiennes, communauté dont Marie-Victorin fait partie55. Au début du XXe siècle, la situation nřest donc pas tellement différente de celle qui prévalait dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Les naturalistes sont alors principalement autodidactes, aucun ne possède de fortune personnelle et ils sont relativement isolés dans leur pratique scientifique56, ne faisant pas partie de groupes de recherche organisés et subventionnés comme les départements des universités, à lřexception de McGill. Les naturalistes, ne disposant pas encore dřinstitutions qui leur assureraient un financement régulier et stable de leurs projets de recherche et de 52 André-Napoléon Montpetit, Les poissons d’eau douce du Canada, Montréal, C.O. Beauchemin et Fils, 1897, xiv-552 p. 53 Lettre de V.-A. Huard à Marie-Victorin, 15 février 1917, Fonds Institut botanique (Frère Marie-Victorin), E118/A1,725 V.-A. Huard, Division des archives de lřUniversité de Montréal. 54 Lettre de Marie-Victorin à V.-A. Huard, 19 février 1917, Fonds Institut botanique (Frère Marie-Victorin), E118/A1,725 V.-A. Huard, Division des archives de lřUniversité de Montréal. 55 « Marie-Victorin sait en fait très bien que sa congrégation a imprimé ce livre « par déférence » pour lui et que « la mise de fonds a dû dépasser $ 12,000 ». Yves Gingras, « 1935 Marie-Victorin. La Flore laurentienne », dans Claude Corbo (dir.), Monuments intellectuels québécois du XXe siècle. Grands livres d’érudition, de science et de sagesse, Sillery, Éditions du Septentrion, 2006, p. 31. 56 Mélanie Desmeules, « Lřintellectuel scientifique en milieu canadien-français : le cas de lřabbé Provancher », Bulletin de l’Entomofaune, numéro 27 (juin 2003) : 13-16. 157 publication, nřont dřautre choix que de se tourner vers lřÉtat provincial ou fédéral. Mais celui-ci, que ce soit en 1850 ou en 1920, ne se montre guère enthousiaste à lřidée de défrayer les coûts de certains projets scientifiques. Il y a certes le financement de certaines expéditions géologiques, de laboratoires et dřécoles, mais les projets proposés par des individus Ŕ les quatre exemples nous le montrent Ŕ nřattirent pas la sympathie des responsables politiques. Une des raisons expliquant cette situation relève de la culture du patronage57. Les naturalistes qui détenaient des contacts dans le parti politique au pouvoir avaient de fortes chances dřobtenir une réponse favorable à leurs demandes, dřautant plus que leur allégeance politique sřaccordait avec ce dernier. Les exemples des abbés L. Provancher, V.-A. Huard et J.-C.-K. Laflamme, du frère Marie-Victorin et du capitaine J.E. Bernier présentés plus haut montrent bien que plusieurs projets nřont pu être accomplis que par le bénévolat et le mécénat. Comme la science nřest pas institutionnalisée, quřelle nřest pas encore produite dans les universités au Québec, sauf quelques exceptions (comme à McGill), on retrouve de façon généralisée cette nécessité et cette habitude de demander à lřÉtat fédéral ou provincial une aide financière pour réaliser des projets dřexploration, de recherche et de publication de grande envergure, donc de dépendre de sa seule bonne volonté. 4.1.1.2 Susciter un intérêt ou recevoir une caution morale Certains projets de recherche et dřexploration obtiennent une caution morale de lřÉtat, du fait de leur importance ou de lřintérêt quřils suscitent auprès des élus. Comme nous lřavons vu, ce fut le cas de lřexpédition du capitaine J.-E. Bernier dans lřArctique canadien, mais cet intérêt sřavère insuffisant pour assurer sa réalisation. Il en va tout autrement de la création de certaines sociétés savantes et de lřaccomplissement de quelques-uns de leurs projets. Le cas de la Société royale du Canada et de la Montreal Horticultural Society sont exposés dans les pages suivantes. La Société royale du Canada est fondée en 1882 à la suite dřune initiative du gouverneur général du Canada, le Marquis de Lorne. Le but dřune telle société savante est 57 René Castonguay, Rodolphe Lemieux et le Parti libéral 1866-1937. Le chevalier du roi, Québec, Les Presses de lřUniversité Laval, 2000, 238 p. 158 de rassembler les naturalistes et dřautres savants qui vivaient éparpillés sur le territoire canadien58. Dès sa fondation, on sřattendait à ce que la Société royale agisse en tant que conseiller en matières scientifiques auprès de lřÉtat fédéral, quřelle devienne une sorte de courroie de transmission entre la politique et la science59, à la manière de sa société-mère, la Royal Society of London. J.W. Dawson espérait que la publication des Mémoires et comptes rendus devienne un moyen incontournable de diffusion de la science canadienne, tout comme que la Société occupe une position dřautorité dans la mise en place de standards dans les pratiques scientifiques. Enfin, il souhaitait que ses membres forment un groupe de spécialistes auquel le gouvernement ferait appel en cas de besoin60. Sur ce dernier point, lřinfluence de la Société royale allait se manifester dans quelques dossiers, comme celui de la conservation des ressources naturelles. Par exemple, en 1895, la section IV de la Société royale, dédiée aux sciences biologiques et géologiques, proteste contre la perte dřimmenses forêts au Canada, lors de feux causés entre autres par lřactivité de coupe de bois61. Un autre exemple concerne son activité de lobbyiste. Quoiquřassez restreinte, elle aboutit à la création, à partir de 1907, de quatre stations biologiques en ColombieBritannique, au Québec, au Nouveau-Brunswick et dans la baie Géorgienne. Le but de ces stations était dřexplorer les conditions de vie des poissons et les effets de la pollution marine62. Deux autres exemples suffiront à montrer que la Société royale, même si elle suscite lřintérêt de la part de lřÉtat fédéral pour certaines questions, nřen exerce pas moins une influence très limitée sur les décisions que lřÉtat prend au sujet du développement scientifique du pays. Au début du XXe siècle, la question de la conservation des ressources naturelles du Dominion attire encore lřattention de nombreuses personnes impliquées dans les sciences naturelles ou lřindustrie. Ces dernières remarquèrent que lřexploitation 58 Bowler, loc. cit. p. 333. « Admittedly, it was natural to hope that a national learned society whose scientific sections were largely composed of government employees would develop into an effective Řtransmission beltř between science and politics. » Vittorio G. M. De Vecchi, « Science and scientists in government, 1878-1896 Ŕ Part I », Scientia canadensis, vol. VIII, no 2 (décembre 1984), p. 112 . 60 Carl Berger, Honour and the search for influence: a history of the Royal Society of Canada, Toronto, University of Toronto Press, 1996, p. 8-9. 61 Ibid., p. 18-19. 62 Ibid., p. 19. 59 159 intensive de la forêt, depuis des décennies, a eu comme conséquence une diminution importante de la ressource. En 1909, lřÉtat fédéral préfère créer son propre organe aviseur, la Commission de conservation du Canada63, plutôt que de faire appel aux ressources de la S.R.C.64. Enfin, en 1904, la Société royale demande une aide financière au fédéral pour préparer une réunion bi-annuelle du International Geological Congress. Le fédéral promet une somme de 25000$ si la Société royale assure lřorganisation de la réunion et des expéditions sur le terrain. Toutefois R. Bell, alors directeur de la Commission géologique du Canada et chargé dřinviter le congrès, apprend que lřÉtat mexicain, plus rapide dans sa proposition de tenir un congrès, se décida plus rapidement et fut choisi comme site de la prochaine réunion. La Société royale ne réitère pas son invitation dans le futur65. Un exemple de projet qui suscite un intérêt suffisamment fort pour induire une action, ici de la part de lřÉtat provincial, est celui de la publication des rapports de la Montreal Horticultural Society and Fruit Growersř Association of the Province of Quebec, société savante fondée à la fin des années 1840. Le rapport annuel note que The very valuable work that has been done by the Society the past two years, by gathering together information concerning the very important matter of fruits best adapted for cultivation in this Province, has excited in the minds, not only of some of our own members, but also of several gentlemen, members of the Council of Agriculture for the Province, a desire that this work should be continued. The most valuable portions of the two reports published by the Society have been translated into the French language and printed by the Government 66. La caution morale accordée à ce projet et lřintérêt pour la Société sont tels que la plus grande partie des deux premiers rapports annuels est traduite en français et imprimée par les services provinciaux67. Lřannée suivante, la publication du rapport de 1878 dans le journal de la ville attire lřattention du premier ministre Charles-Eugène Boucher De Boucherville et se solde par une entrevue entre celui-ci et les membres de la Société : Through the kindness of the newspaper press of this city, the Report read at the last annual meeting was published next day. It attracted the attention of the then Premier of this Province, the Hon. C. B. De Boucherville, and a correspondence ensued which ultimately 63 Girard, op. cit. Ibid., p. 20. 65 Ibid., p. 21. 66 « The Annual Report of Secretary of the Montreal Horticultural Society », Third Report of the Montreal Horticultural Society and Fruit Growers’ Association of the Province of Quebec, for the year 1877, Montréal, Witness Printing House, 1878, p. 4. 67 Ibid., p. 4. 64 160 resulted in an interview with the Premier in Montreal, at which a delegation of the society was present. The result was most encouraging, and the Hon. Mr. De Boucherville expressed a very warm interest in the work of the Society. The delegation pointed out to him some of the disabilities under which they labored, and he agreed to give every attention to any suggestions 68 for the better workiing of the Society that might be laid before him . Les résultats de cette rencontre ne se sont pas fait attendre : « The Society have now done the work themselves, and are to receive a grant from the Government of $200 to aid them in it69 ». Ainsi, « en plus de publier à ses frais les rapports annuels, le Conseil dřAgriculture du Québec octroie à la jeune société une subvention annuelle de 250$70 ». Un dernier cas montre ici que le simple fait de susciter un intérêt de la part de plusieurs membres dřun gouvernement ou encore de recevoir une caution morale ne représentait pas une garantie de succès dřun projet élaboré par un naturaliste ou une société savante. Lřabbé L. Provancher lřa appris à ses dépens, alors quřil produisait Le Naturaliste canadien. En 1886, lřabbé-naturaliste se cherche un emploi; les subventions au Naturaliste canadien et sa rente de curé-retraité ne suffisent pas à assurer sa subsistance ni à financer la publication de la revue. Un contact du côté du Dominion du Canada lui fait espérer quřon le nommerait prochainement entomologiste de langue française de lřÉtat. Le député Philippe Landry le lui confirme dans une lettre : Je vous remets la lettre de M. White, le ministre de lřIntérieur. Jřai vu M. White à votre sujet et jřai plaidé votre cause. Jřai vu également M. Caron. Dřaprès ce que je puis voir, rien ne se fera pendant la Session (…). Le gouvernement, cřest ma conviction, finira par vous nommer entomologiste de lřÉtat, mais ça ne peut pas venir du premier coup. (…) Nous allons avoir après la Session, dans le courant de lřannée, lřorganisation des fermes expérimentales. Il y aura des places à créer. Je crois que cřest dans cette direction que doivent tendre nos efforts. Jřai déjà la promesse que si lřon nomme un entomologiste anglais on nommera également un 71 entomologiste canadien-français . Malgré cet appui de marque, L. Provancher nřobtient pas le poste. James Fletcher, nommé entomologiste et botaniste honoraire du dominion, en 1884, devient le premier 68 « The annual report », Fourth Report of the Montreal Horticultural Society and Fruit Growers’ Association of the Province of Quebec, for the year 1878, Montréal, Ŗ Witness ŗ Printing House, 1879, p. 6. 69 Ibid., p. 8. 70 Jean-Marie Perron, « Progrès de lřentomologie au Québec : du tee-pee enfumé au microsoft captivant II- Le virage du début du siècle », Antennae, vol. 3, no 2 (printemps 1996), p. 6. 71 Lettre de P. Landry à L. Provancher, 10 mai 1886, A.S.C. 167, Fonds Provancher, C-5. 161 entomologiste et botaniste permanent du Canada, à partir de juillet 1887, ce qui le rattachait à la ferme expérimentale centrale, sise à Ottawa72. Au début du XXe siècle, le fait de susciter un intérêt ou même de recevoir une caution morale de la part des responsables fédéraux et provinciaux ne garantit pas nécessairement la réalisation dřun projet induisant le développement scientifique, ou tout simplement relié aux intérêts scientifiques du pays ou de la province. Cette incertitude, additionnée à celle du financement, nřétaient pas sans bouleverser les projets de certains naturalistes canadiens, au point même de les empêcher. Si, comme on lřa montré dans la section précédente, plusieurs projets purent être menés à termes par le bénévolat et le mécénat dřindividus et de certaines communautés religieuses, plusieurs autres furent abandonnés faute de ressources suffisantes. Il faut attendre le regroupement des naturalistes au sein des universités et laboratoires de recherche, donc lřinstitutionnalisation généralisée de la recherche scientifique, dans les premières décennies du XXe siècle, pour quřils reçoivent une attention particulière de la part de lřÉtat, attention qui auparavant était restée timide. 4.1.2 L’État fait appel aux scientifiques À la fin du XIXe siècle, le processus dřindustrialisation sřaccélérant, la demande de ressources minières et forestières est en forte hausse en Amérique du Nord. Afin de développer économiquement leur pays, grâce à lřexploitation de leurs ressources naturelles, vint la nécessité pour les responsables étatiques de faire appel à des spécialistes pour diriger des explorations sur le terrain, fonder et faire fonctionner des laboratoires et des départements de recherche. Cřest ainsi que des naturalistes obtiennent des postes au sein de lřÉtat fédéral ou provincial, ce qui diversifie leurs occupations possibles, à part celle de professeur dans un collège ou une université73. Comme le note Meadows pour le cas de la Grande-Bretagne : « Pensions were far from the only area where politicians and scientists 72 Paul William Riegert, « FLETCHER, James », D.B.C. Vol. XIII De 1901 à 1910, Québec, P.U.L., 1994, p. 376 et Les fermes expérimentales fédérales. Un demi-siècle de progrès 1886-1936, Ottawa, J.-O. Patenaude, Imprimeur de sa très excellente majesté le roi, 1939, p. 34-35. 73 Vittorio G. M. De Vecchi, « Science and scientists in government, 1878-1896 Ŕ Part II », Scientia canadensis, vol. IX, no 2 (décembre 1985), p. 97. 162 made contact. Another was on various government investigations. (…) Because the number of scientific experts was small, scientists might find themselves involved in less obvious activities74 ». La demande étatique de naturalistes devient particulièrement forte dans les dernières décennies du XIXe siècle. En 1880, le gouvernement provincial de H.-G. Joly de Lotbinière vote une loi des mines. Il est alors nécessaire dřengager un spécialiste possédant les compétences nécessaires : « Lřensemble de ces dispositions législatives a pour effet, en particulier, dřamener lřengagement en 1881 dřun ingénieur des mines, Joseph Obalski, diplômé de lřÉcole nationale supérieure des mines de Paris. Il aura la responsabilité dřappliquer la loi et de faire rapport sur lřindustrie minière québécoise. Son intervention influencera lřévolution de lřindustrie minière québécoise pendant tout près de 30 ans, soit jusquřà sa retraite en 190975 ». Au début du XXe siècle, lřÉtat provincial se préoccupe encore plus de lřembauche de spécialistes. Comme le rappelle Vallières, « en octobre 1914, Alph.-O. Dufresne, ingénieur minier formé à lřÉcole polytechnique de Montréal et à lřuniversité McGill, le [Obalski] remplacera comme assistant-surintendant et inspecteur des mines pour la sécurité et les accidents. Jusquřen 1920, Théo.-C. Denis et Alph.-O. Dufresne sont les seuls professionnels du Bureau des mines76 ». Le contenu de la formation des spécialistes attire aussi lřattention de lřÉtat. Au début du XXe siècle, afin de combler le besoin de spécialistes dans le domaine forestier, le premier ministre Lomer Gouin engage deux diplômés quřil avait envoyés se former à lřÉcole de foresterie de lřUniversité Yale aux États-Unis, Gustave-Clodomir Piché et Avila Bédard, pour occuper les postes dřingénieur forestier de la province77. LřÉtat profite également de lřexpertise de sociétés savantes pour recruter des spécialistes. Les sociétés liées au développement agricole et horticole sont particulièrement 74 Jack Meadows, op. cit., p. 122. Marc Vallières, Des mines et des hommes. Histoire de l’industrie minérale. Des origines au début des années 1980, Québec, Les publications du Québec, 1989, p. 57. 76 Ibid., p. 61. 77 Yves Hébert, « Des pionniers de la conservation de la forêt », Cap-aux-diamants, no 86, été 2006, p. 16. 75 163 sollicitées. Conscient de la présence de personnes compétentes au sein de ces organisations, les responsables provinciaux entendent bien profiter de leur expertise. Un exemple nous est donné avec la promotion de lřapiculture dans la province au sein de la Montreal Horticultural Society and Fruit Growersř Association of the Province of Quebec, dans le dernier quart du XIXe siècle : « The Government of the Province of Quebec desires to see this branch of industry, at present so little understood, taken up, and with a laudable initiative it has ordained that bee-keeping shall be taught in the schools. At present the Society of Agriculture of Montreal, seconding the Government, and recognizing that our two branches of instruction should go hand-in-hand, comes to the aid of the new school of bee-keeping by helping it to make its first steps78 ». Certains membres de cette société collaborent avec lřÉtat provincial pour développer lřenseignement de cet élevage spécialisé qui pourrait rapporter des revenus aux éleveurs et à lřÉtat. Un autre cas de coopération entre les naturalistes et lřÉtat vient de la fondation de la Société de Québec pour la protection des plantes contre les insectes et les plantes parasites, mieux connue comme la Société de protection des plantes du Québec (S.P.P.Q.). Lors de sa création, le biologiste W. Lochhead fait appel aux naturalistes particulièrement intéressés à lřentomologie économique, lřagriculture et lřhorticulture, comme lřabbé V.-A. Huard, le révérend Thomas-W. Fyles, Henry H. Lyman et Alfred F. Winn79. Dès le début, lřÉtat québécois se montre intéressé à collaborer avec la nouvelle organisation et lui fournit même un financement pour assurer un bon départ : Le but de la Société leur ayant été exposé, le Département de lřAgriculture de Québec et M.M. les membres du Conseil dřAgriculture promirent leur secours et leur coopération. En conséquence, le 18 juin 1908 la lettre suivante fut adressée aux personnes à qui lřétude des insectes et des parasites paraissait familière, et surtout celles intéressées au côté économique de ces études. La lettre convoquait une assemblée au Collège Macdonald le 24 juin, aux fins 80 dřorganiser la Société . 78 Thomas Valiquet, « Bee culture », Third Report of the Montreal Horticultural Society and Fruit Growers’ Association of the Province of Quebec, for the year 1877, Montréal, Witness Printing House, 1878, p. 22. 79 Estey, loc. cit., p. 2. 80 « Convention inaugurale. Le besoin dřune Société du genre », Premier Rapport Annuel de la Société de Québec pour la Protection des Plantes contre les Insectes et les Plantes Parasites. 1908-1909, Québec, Charles Pageau, 1909, p. 170. 164 Certains naturalistes se réunirent donc81, le 24 juin 1908, au Collège Macdonald, une institution affiliée à lřUniversité McGill. 4.2 Les réseaux informels : les naturalistes entre eux Ceux qui étudient les auteurs et non les œuvres de la nature sont en art les petits-fils et non les fils de la nature, guide suprême des bons auteurs. - Léonard de Vinci, Codex Atlanticus Pour comprendre la dynamique dřun milieu scientifique, on se doit dřexaminer la composition et la structure des réseaux informels, cřest-à-dire ceux qui se développent entre les naturalistes. Quřil sřagisse des acteurs les plus visibles ou de la majorité des naturalistes de moindre renommée pratiquant une discipline ou une autre de lřhistoire naturelle, chacun dřentre eux fait partie de la communauté, y contribue dřune manière ou dřune autre Ŕ par exemple en décrivant des espèces nouvelles ou en fournissant des spécimens et des listes dřespèces aux naturalistes les plus impliqués dans leur discipline. De plus, il est lié à un ou plusieurs autres acteurs dans des réseaux de sociabilité. Dans cette partie, nous nous attardons sur les rapports entretenus par les naturalistes du Québec, les échanges établis entre les naturalistes du Québec avec le reste du Canada, les États-Unis et lřEurope, les moyens pris par eux pour compenser leur éloignement des grands centres de production de la science occidentale et la question des contacts extra-universitaires. 4.2.1 Les échanges entre les naturalistes du Québec Les naturalistes, dřici ou dřailleurs, ne se cantonnent pas chacun dans un espace clos et imperméable. Le milieu scientifique est plutôt composé de réseaux qui lient les agents entre eux. Les relations ne sřétablissent pas seulement au niveau des disciplines de 81 Quinze personnes étaient présentes : le révérend Robert Campbell, le révérend George Ducharme, le révérend T.W. Fyles, le Dr W. Grignon, Normand Jack, frère I. Liguori, Peter Reid, A. F. Winn et des professeurs du Macdonald College (W. Lochhead, W. S. Blair, F. C. Harrison, Dr J. L. Todd, Dr J. W. Robertson, S. M. Swain et Douglas Weir). Dřautres montrèrent leur appui par une lettre : lřabbé V.-A. Huard, J. Fletcher, H. H. Lyman, J.-C. Chapais Ŕ député conservateur Ŕ, Georges Chagnon, Auguste Dupuis, A. L. Turchot et A. E. Delaire. Ibid., p. 3. 165 spécialisation. Elles se déclinent en une foule de rapports sociaux comme des rapports dřappartenance, de proximité, dřintérêt, de services et de hiérarchie. Le premier type de rapports est celui dřappartenance. Ils figurent relativement rarement dans la correspondance. Ils deviennent visibles lorsquřun naturaliste reçoit une lettre lřinformant de sa nomination comme professeur dans une faculté et comme membre dřune société savante ou dřun comité représentant un pays lors dřun événement spécial. Dans les deux exemples suivants, nous regarderons la nomination dans un comité donné de délégués. En 1883, le géologue R. Bell est nommé secrétaire de la Section E (géographie) par le Conseil de la British Association for the Advancement of Science dont le congrès doit se tenir lřété suivant au Canada82. Un autre exemple est celui de la création dřun comité de délégués de la Société royale du Canada pour le congrès de lřAmerican Association for the Advancement of Science (A.A.A.S.) qui aurait lieu à Toronto, en août 188983. Les délégués choisis au sein de la Société royale sont tous des naturalistes reconnus et respectés au pays. Il sřagit de lřabbé J.-C.-K. Laflamme, professeur de géologie et de sciences à lřUniversité Laval, le professeur L.W. Bailey, B.J. Harrington, de McGill, A.R.C. Selwyn, directeur de la Commission géologique du Canada et William Saunders. Même cas pour lřabbé C.-P. Choquette qui est choisi comme délégué du dominion canadien au congrès scientifique international de Paris, en 1900, puis délégué de la succursale de lřUniversité Laval à Montréal au congrès des universités de lřEmpire britannique à Londres, en 1912, et enfin, délégué au congrès international de géologie, à Toronto, en 1914. Lorsquřil sřagissait dřun congrès spécialisé, les naturalistes délégués étaient considérés comme des experts dans leur discipline. Pour les congrès scientifiques généralistes, comme ceux de lřA.A.A.S., on choisissait des naturalistes dřexpérience, souvent déjà intégrés aux réseaux dřautres praticiens. 82 « As you are no doubt aware, you have been nominated by the Council of the British Association as one of the Secretaries in Section E (geography) for the next summer. Will you kindly let me know whether you will be able to act and oblige. » Lettre de B.J. Harrington à R. Bell, 14 décembre 1883, McGill University Archives Private Fonds, MG 2042, c.1. 83 « Memorandum for the Members of R.S. Canada. May 1889. » Lettre de I.G. Bourinot aux membres de la S.R.C., 20 août 1889, McGill University Archives Private Fonds, Dawson Family Papers, MG 1022, c. 67. 166 Un dernier exemple de rapport à lřÉtat, que nous avons déjà exposé dans la première partie de ce chapitre, est celui de la venue du congrès de la Société des Américanistes, à Québec, au début du XXe siècle. Lřabbé J.-C.-K. Laflamme, recommandé par R. Bell à lřanthropologue F. Boas, est nommé au comité scientifique et organise le congrès de 1906. Quelques années auparavant, lřabbé J.-C.-K. Laflamme avait été nommé représentant du Canada au Congrès international de géologie, à Washington, en 1891 et à celui de SaintPétersbourg, en 1897. En tant que géologue et professeur de géologie, J.-C.-K. Laflamme est un des candidats les plus compétents dans le domaine. Il est connu des directeurs de la C.G.C., A.R.C. Selwyn et G.M. Dawson, qui ont pu le recommander pour remplir ces fonctions. Sans que nous ayons à nous attarder longtemps sur le deuxième type de rapport, celui de proximité, nous en donnons tout de même un exemple, avant de passer au troisième type : les rapports dřintérêt. En 1891, Germain Beaulieu et Gustave Chagnon se rencontrent pour la première fois, par lřentremise de lřabbé L. Provancher : « Et, ce soir, joyeux que nous sommes lřun lřautre de nous rencontrer grâce à vous, et puisque cette satisfaction que nous goûtons vient de vous, nous vous en remercions encore de tous nos cœurs, et vous pouvez être persuadés que jamais nous nřoublierons vos bontés à notre égard84 ». Ce rapport de proximité Ŕ G. Beaulieu et G. Chagnon vivent alors à Montréal Ŕ provient, à la base, dřun rapport dřamitié, mais également de rapports dřintérêts, comme les deux amis lřexpliquent dans leur lettre : Nous nous sommes rencontrés ce soir pour la première fois, et, (…), nous avons scellé une véritable et solide amitié en discourant de nos chères études en histoire naturelle et de notre non moins cher Professeur, vous, Monsieur. Maintenant que nous sommes intimes, nous nous proposons (…) de commencer à marcher courageusement dans cette belle voie où vous nous avez précédés en nous la frayant. Nous nous proposons dřunir notre labeur et le produit de nos recherches : nous collectionnerons 85 pour une seule collection : (…) . Sans cet intérêt commun pour les sciences naturelles, ces deux naturalistes en devenir ne se seraient jamais rencontrés. Mais la proximité seule, en cette fin du XIX e siècle, ne constitue 84 Lettre de G. Beaulieu et G. Chagnon à L. Provancher, s.d. (reçue le 24 octobre 1891), A.S.C. 303, Fonds Provancher, C-5. 85 Ibid. 167 plus un critère indispensable pour établir un rapport entre acteurs, puisque les moyens de transports se révèlent maintenant suffisamment efficaces pour voyager rapidement dans la province. Un autre cas de rapport dřintérêt, entre quelques autres, provient du Naturaliste canadien. Dans son prospectus, en 1868, lřabbé L. Provancher mentionne que la création et la suite de sa revue seraient impossibles sans le concours « de nombreux correspondants, qui par notre entremise, viendront faire part au public de leurs observations et de leurs découvertes86 ». Ces correspondants naturalistes partagent le même intérêt pour lřhistoire naturelle, tout comme L. Provancher, lřentremetteur de toutes ces personnes unies vers un but commun : diffuser les connaissances acquises et nouvelles sur lřhistoire naturelle du Québec. Le quatrième type de rapport est celui de services ou dřaide. Vincent Lemieux mentionne que « quatre types dřaide peuvent être distingués : le soutien émotionnel, lřaide matérielle (lřargent, les biens, les services), lřinformation et la camaraderie87 ». Ce type de rapport sřapplique à G. Chagnon et G. Beaulieu. Dans le cas qui nous concerne, le type du soutien émotionnel nřapparaît pas pertinent. Par contre, lřaide matérielle se retrouve très fréquemment; les demandes de renseignements, de conseils, dřaide technique et scientifique de même que des demandes de recommandations pour un emploi font partie des formes dřaide les plus couramment entreprises. Ainsi, à de multiples reprises, des naturalistes demandent à un de leurs aînés, choisi pour sa renommée, son expérience et lřimpact que sa recommandation pourrait avoir sur le comité de sélection, de le recommander à divers postes comme ce fut le cas lors des demandes de recommandations du paléontologiste J.F. Whiteaves à lřendroit du géologue R. Bell. En février 1864, il le recommande pour le poste de professeur de sciences naturelles au Queenřs College, à Kingston88 et, en mai 1874, pour 86 L. Provancher, « Notre Prospectus », Le Naturaliste canadien, vol. 1, no 1 (décembre 1868), p. 6. Vincent Lemieux, À quoi servent les réseaux sociaux?, Sainte-Foy, Les Presses de lřUniversité Laval, 2000, p. 48. 88 Lettre de J.F. Whiteaves au « trustees Queenřs College », 6 février 1864, Fonds Robert Bell, MG29-B15, vol. 36, dossier 98, Archives Canada. Bell obtiendra ce poste et lřoccupera pendant plusieurs années. 87 168 un poste à la Chair of Natural History à la University College, Toronto89. En 1874, R. Bell demanda également les bonnes grâces du patriarche de la géologie canadienne : W.E. Logan90. Ce dernier lui envoie volontiers un « Testomonial in favour of Professor Robert Bell91 ». De même, R. Bell sřadressa à son ancien professeur de sciences naturelles et de géologie à McGill, J.W. Dawson, qui lui fournit deux recommandations pour les emplois postulés, en 1864 et en 187492. Un autre géologue recourut au même procédé, au début du siècle suivant, pour solliciter un poste à la chaire de géologie et de paléontologie au University College, de Toronto. R. Bell fournit la recommandation demandée par H.-M. Ami, géologue à la C.G.C. en présentant son implication dans lřorganisation et ses affiliations : « He has been an active member of the Ottawa Field Naturalistsř Club since its inception, and he was its president for the last two years. He was elected a Fellow of the Geological Society of London in 1885, and in 1900 he was made a Fellow of the Royal Society of Canada. He is a facile writer and has contributed a considerable number of papers to the literature of Canadian science93 ». Le naturaliste qui écrit la lettre met lřaccent sur les réalisations, les reconnaissances et les implications du candidat. Lřextrait suivant est une lettre que J.W. Dawson adresse à W. Logan, directeur de la C.G.C., en vue de recommander Henry G. Vennor pour un poste à la C.G.C. : « Mr. H.G. Vennor attended my classes in Natural History some years ago, and showed much zeal and ability in the work of the class. He has subsequently pursued his studies, more especially in Zoology, with some success. He informs me that he is desirous of an engagement on the Survey and I have no doubt that he is in my way a suitable person for such employment94 ». 89 Lettre de J.F. Whiteaves à University College, 27 mai 1874, Fonds Robert Bell, MG29-B15, vol. 36, dossier 98, Archives Canada. 90 Lettre de R. Bell à W.E. Logan, 14 mars 1874, McGill University Archives Private Fonds/Logan Scientific correspondance, MG 2046, c.2. 91 W.E. Logan à R. Bell, 31 mars 1874, McGill University Archives Private Fonds/Logan Scientific correspondance, MG 2046, c.2. 92 Lettre de J.W. Dawson à R. Bell, 28 janvier 1864, McGill University Archives Private Fonds/Robert Bell, MG 2042, c.1; lettre de J.W. Dawson à R. Bell, 14 mars 1874, McGill University Archives Private Fonds/Robert Bell, MG 2042, c.1. 93 Lettre de R. Bell à Richard Harcourt [ministre de lřÉducation, Ontario], 27 juillet 1901, Fonds Robert Bell, MG29-B15, vol. 12, dossier 54, Archives Canada. 94 Lettre de J.W. Dawson à W.E. Logan, 30 mars 1865, McGill University Archives Private Fonds, William E. Logan, MG 2046, C.1. 169 Un autre type dřaide mentionné par V. Lemieux, lřinformation, se retrouve relativement souvent dans les correspondances consultées. Par exemple, dans son étude de la faune entomologique du Québec, lřabbé L. Provancher mentionne les informations reçues dřautres naturalistes : Grâce au bienveillant concours que nous ont courageusement offert MM. les abbés Burque de St. Hyacinthe et V.-A. Huard et Dufresne de Chicoutimi, nous nřavons pas moins de 65 espèces nouvelles à ajouter aujourdřhui à notre Faune, ce qui constitue autant de victoires, non pas toutefois sur lřinconnu, puisque toutes, à lřexception dřune seule, étaient déjà consignées dans les archives de la science, mais sur lřignorance ou le doute quřon pouvait entretenir à lřégard de la rencontre de ces espèces sur notre territoire 95. Des naturalistes néophytes écrivent également à un naturaliste plus âgé pour demander de la documentation ou sřinformer dřoccasions dřéchanges de spécimens. G. Beaulieu sřadresse ainsi à L. Provancher pour obtenir de la documentation : « Où puis-je me procurer la Flore canadienne ? Il est temps que je voie mes notions de botanique. Je veux me bien préparer dřici à Mai prochain96 ». En décembre 1891, le même demandait à L. Provancher des noms de conchyliologistes prêts à échanger des coquilles97. Un cas dřaide scientifique nous est donné par une lettre de Jean-Baptiste Cloutier à L. Provancher: « Jřai souvent recours à mes amis pour me renseigner sur les sujets qui mřembarrassent. Cřest pourquoi je me suis permis aujourdřhui de vous soumettre trois leçons sur les arbres, vous priant de vouloir bien y jeter un coup dřœil et me signaler les erreurs et les lacunes qui peuvent sřy trouver98 ». Un autre exemple dřaide scientifique de L. Provancher à lřendroit du docteur Joseph-Alexandre Crevier : « Vous me demandez ce que je pense de vos articles sur la géologie ? Je les ai lu rapidement, (…), mais, quoi quřun peu diffus, ils sont bons et très intéressants. Je vous encourage à continuer99 ». Comme les cas cités plus haut peuvent le suggérer, et comme V. Lemieux lřécrit, « les réseaux sociaux qui apportent de lřaide sont bien souvent des liens où lřon partage ses 95 L. Provancher, Additions et corrections à la faune coléoptérologique de la province de Québec, Québec, Darveau, 1877, p. 3-4. 96 Lettre de G. Beaulieu à L. Provancher, 1er février 1892, A.S.C. 9, Fonds Provancher, C-5. 97 Lettre de G. Beaulieu à L. Provancher, 7 décembre 1891, A.S.C. 327, Fonds Provancher, C-5. 98 Lettre de J.-B. Cloutier à L. Provancher, 16 mai 1885, A.S.C. 158, Fonds Provancher, C-5. 99 Lettre de J.-A. Crevier à L. Provancher, 16 novembre 1877, A.S.C. 59, Fonds Provancher, C-5. 170 appartenances et où circule lřinformation100 ». Ainsi, les demandes dřaide de type « aide matérielle », sous formes de services et dřinformation, sont partagés par les membres dřun même réseau dřappartenance, sans que cela nřentraîne nécessairement de réciprocité. Le rapport de hiérarchie est le cinquième et dernier type de rapport. Le minéralogiste et chimiste T.S. Hunt sollicite, dans lřextrait suivant, non pas un naturaliste reconnu dans la discipline à laquelle il postule un emploi Ŕ au nouveau Bureau central de chimie, à Ottawa Ŕ, mais plutôt un ami de longue date détenant une posture prestigieuse dans la société de son époque : monseigneur Thomas-E. Hamel. T.S. Hunt lui demande certes son appui pour le poste convoité, ce qui entre dans la catégorie du rapport de service, mais met lřaccent sur le réseau potentiel de Mgr T.-E. Hamel : Mes amis mřont assuré que dans le cas où cette place [celle de Chef de Bureau] sera créée on me lřoffrira. Et si lřon y attache un salaire suffisant je lřaccepterai avec plaisir. (…). Je connais peu de monde à Ottawa. MM. (…) mřont promis de faire tout ce quřils peuvent, mais jřai besoin de lřappui de tous mes amis et comme jřose vous compter parmi le nombre je vous prie de bien vouloir dire pour moi un petit mot. Je ne connais nullement M. Geoffrion, le 101 Ministre, mais il est peut-être au nombre de vos amis . Dans une lettre à J.W. Dawson, Annie Linda Jack lui montre quřelle voudrait bien devenir membre de lřAmerican Association for the Advancement of Science, en prévision de la tenue de son congrès, à Montréal, lors de lřouverture officielle du Musée Redpath, en 1882 : Mr H.H. Lyman has promised to propose my son as member of the Science Association, but I cannot find out whether he is allowed to take me (a non member) to the opening of the Redpath Museum or anything of that sort, or if I must separately join. I wish very much to be at the opening but should not like to intrude. (...) But though being so near Montreal, I feel quite a stranger, and yet hope to be able to be present at the meeting in part, or rather in turn [?] with the other members of my family who are interested. What I am troubling you to ask is Must each member of a family become a member of the Science Association in order to meet the scientists socially, or can a gentleman take a lady to the opening of the Museum102 ? 100 Lemieux, op. cit., p. 57. Lettre de T.S. Hunt à T.-E. Hamel, 18 mars 1875, Université 84/76, Fonds Séminaire de Québec, Musée de la Civilisation. 102 Lettre de A.L. Jack à J.W. Dawson, 24 février 1876, McGill University Archives Private Fonds, Dawson Family Papers, MG 1022, C.9. 101 171 Pour sřintégrer dans ce réseau qui lui semble bien fermé, A.L. Jack sřadresse donc à un membre influent du réseau scientifique canadien, un acteur haut placé dans une hiérarchie virtuelle, mais dont on doit néanmoins tenir compte. Cette partie sur les rapports que les naturalistes du Québec ont entretenus ne visait certes pas à lřexhaustivité, mais permet de comprendre que leurs rapports ne constituaient pas seulement des rapports de services, comme nous aurions pu le croire au départ. Bien quřils soient très nombreux, particulièrement ceux de type aide matérielle et information, ils ne cèdent en rien devant lřimportance des rapports à lřÉtat, dřintérêt, de hiérarchie et, dans une moindre mesure, de proximité. Cet enchevêtrement de rapports forme, en quelque sorte, le liant à partir duquel se structure le milieu scientifique. 4.2.2 Les échanges entre les naturalistes du Québec avec le reste du Canada, les ÉtatsUnis et l’Europe Les naturalistes du Québec établissent évidemment des liens entre eux, comme nous lřavons vu dans la partie précédente. Toutefois, plusieurs font partie de réseaux qui dépassent les frontières de la province, sřétendant au reste du Canada, aux États-Unis et même à lřEurope. Dans cette partie, nous examinons les réseaux canadiens et étrangers de quelques naturalistes, du moins ce que nous avons pu retracer dans leurs correspondances, dans les disciplines de la botanique, de lřentomologie et de la géologie, les trois sciences dřinventaire les plus pratiquées au Québec. Un premier naturaliste canadien-français à inscrire son activité scientifique dans un réseau plus étendu que le cadre strictement québécois est le botaniste L.-O. Brunet. En 1870, le géologue A.R.C. Selwyn, alors directeur de la C.G.C., lui demande dřidentifier les plantes récoltées par James Richardson dans le nord du Québec. I should be much obliged if you could favor me with the names of the plants which were collected last Summer by Mr James Richardson in the country between Lake Saint John and Lake Mistassini. Mr Richardson informs me you very kindly undertook to furnish him with this information, and that he placed the collection in your hands for examination on the 1 st 172 November last receive [?)] your determination of them, as soon as possible, as he is now preparing the report of his exploration103. Il ne semble pas que lřexpérience ait été répétée, puisque que la même année, L.-O. Brunet prenait sa retraite pour cause de maladie. Quelques années plus tôt, grâce à un contact du chimiste-minéralogiste T.S. Hunt, Brunet débute une relation de services et dřintérêt avec le botaniste américain Asa Gray. L.-O. Brunet visite A. Gray à lřautomne 1862 et une seconde fois à la fin de 1864, et est rapidement intégré dans le réseau du botaniste américain. Ce dernier lui donne des nouvelles de ventes de collections de plantes et lui demande des spécimens dřespèces particulières : « Reminding you of my desire to receive flowering specimens of the Oxytropis which grows at Woodlan…, and of the Astralagus of Lake St.John &c.104 ». L.O. Brunet sřempresse de lui répondre quřil achète volontiers une collection des plantes des montagnes Rocheuses et quřil lui « envoie par voie dřexpress les plantes que vous me demandez »105, en plus de brochures sur les plantes de la côte du Labrador. A. Gray, qui reçoit le paquet avec les plantes demandées, exprime sa satisfaction au sujet de sa correspondance avec L.-O. Brunet : « Trusting that our botanical correspondence, now happily commenced, may continue with useful results106 ». A. Gray, à la suite de la lecture dřune brochure107 de L.-O. Brunet sur les plantes dřAndré Michaux, lui demande aussi des précisions sur les plantes récoltées par ce botaniste français dans le nord du Québec. À la lecture de certaines lettres, on constate que A. Gray considère L.-O. Brunet comme un botaniste accompli et quřil attend de lui rien de moins quřune flore du Québec qui surpasserait de beaucoup celle publiée au début de 1863 par lřabbé L. Provancher : 103 Lettre de A.R.C. Selwyn à Brunet, 29 décembre 1870, Séminaire 115/89, Papiers Louis-Ovide Brunet, Fonds Séminaire de Québec, Musée de la Civilisation. 104 Lettre de A. Gray à L.-O. Brunet, 9 janvier 1863, Séminaire 113/70, Papiers Louis-Ovide Brunet, Fonds Séminaire de Québec, Musée de la Civilisation. 105 Lettre de L.-O. Brunet à A. Gray, 20 janvier 1863, Séminaire 113/73, Papiers Louis-Ovide Brunet, Fonds Séminaire de Québec, Musée de la Civilisation. 106 Lettre de A. Gray à L.-O. Brunet, 13 février 1863, Séminaire 113/87, Papiers Louis-Ovide Brunet, Fonds Séminaire de Québec, Musée de la Civilisation. 107 Notice sur les plantes de Michaux et sur son voyage au Canada et à la Baie d’Hudson, d’après son journal manuscrit et autres documents inédits, Québec, Bureau de lřAbeille, 1863, 44 p. 173 « He has still left room for a good Flora of Canada such, as I trust, you will in due time prepare108 ». L.-O. Brunet nřavait probablement pas lřintention de produite une telle flore qui lui aurait demandé une somme de travail quřil nřétait pas en mesure de fournir compte tenu de sa position de professeur à la chaire de botanique de lřUniversité Laval, de ses autres occupations comme la création du Musée de botanique de lřinstitution et la préparation de lřherbier, de même que ses responsabilités au sein de lřadministration du Séminaire de Québec. Il sřintéressa néanmoins à quelques groupes dřarbres et dřarbustes et sřoccupa plutôt de documenter la géographie floristique du Québec109. En janvier 1865, il est élu membre correspondant de lřAmerican Philosophical Society110. Comme on peut le constater, son réseau se situait donc surtout en Amérique du Nord. Dans le domaine de lřentomologie, on ne peut passer sous silence lřétendue du réseau étranger de lřabbé L. Provancher. Ce réseau, comme la plupart des réseaux, sřest construit selon deux axes : la correspondance avec les entomologistes américains et européens et lřéchange de sa revue, Le Naturaliste canadien, contre dřautres publications scientifiques aux États-Unis et en Europe. L. Provancher commente souvent ses interactions avec les naturalistes étrangers dans Le Naturaliste canadien, ce qui constitue une source dřinformations de première main au sujet de la dynamique interne de son réseau. Par sa correspondance avec des entomologistes américains spécialistes des ordres quřil étudie, L. Provancher est en mesure de diffuser ses recherches et de faire vérifier ses identifications, comme il le mentionne dans la préface dřun de ses ouvrages : « Nous devons à lřobligeance du Dr. G. Horn, de Philadelphie, lřidentification certaine de ces nouvelles captures, de même que la correction de plusieurs erreurs dans notre Faune, 108 Lettre de A. Gray à L.-O. Brunet, 13 février 1863, Séminaire 113/75, Papiers Louis-Ovide Brunet, Fonds Séminaire de Québec, Musée de la Civilisation. 109 Histoire des picea qui se rencontrent dans les limites du Canada, Québec, 1866, 16 p.; Catalogue des végétaux ligneux du Canada, pour servir à l’intelligence des collections de bois économiques, envoyées à l’exposition de Paris, en 1867, Québec, 1867, 64 p.; Énumération des genres de plantes de la flore du Canada, précédée de tableaux analytiques des familles destinée à des élèves qui suivent le cours de botanique descriptive donné à l’Université Laval, Québec, G. & G.E. Desbarats, 1864, 45 p. 110 Members and Correspondent of the Academy of Natural Sciences of Philadelphia. 1877 From the foundation of the Society, March, 21, 1812, until June 30, 1877, Philadelphia, 1877, 48 p. 174 erreurs que nous ferons connaître en leur lieu dans les pages qui vont suivre.111 » Dans les ordres suivants, il explique quřil a été heureux « de trouver dans M. S.H. Scudder et le Dr. H. Hagen, tous deux de Cambridge, Mass., des guides aussi sûrs que complaisants pour nous aider dans nos études dřinsectes, le premier pour les Orthoptères, le deuxième pour les Névroptères112 ». Enfin, L. Provancher disposa de lřaide dřautres entomologistes canadiens pour élargir son étude des Hyménoptères du Canada. Cřest en février 1883 que nous avons terminé notre Faune hyménoptérologique de la Province de Québec. Nos captures, à bien peu de chose près, se réduisant presque exclusivement à nos seules observations, nous étions convaincu dès lors, que de nombreuses lacunes restaient encore à combler. Aussi, poursuivant toujours nos chasses, et ayant pu surtout nous assurer le concours de quelques amateurs zélés et habiles chasseurs, tels que MM. W.H. Harrington, J.A. Guignard, dřOttawa, et du Capitaine Gamble Geddes, de Toronto, sommesnous en mesure aujourdřhui dřajouter plus de 200 espèces nouvelles au catalogue de nos Hyménoptères, (…)113. La production et lřenvoi du Naturaliste canadien à dřautres naturalistes, particulièrement européens, ont été très déterminants dans la croissance du réseau scientifique de L. Provancher. Il le mentionne à plusieurs reprises dans les pages de sa revue, et ce dès la première année de sa parution : « Combattant au dernier rang dans la milice des savants, nos humbles efforts ont été cependant notés favorablement par les princes de la science dans la presse Européenne; et des confrères de langue étrangère ont été même jusquřà proposer lřhumble prose de nos articles, pour sujets de thèmes dans les lycées de leur nationalité114 ». Cinq ans plus tard, il déclare que sa revue connaît plus de succès à lřétranger que dans la province de Québec, en partie à cause de la baisse des abonnements dans la province : « Et voilà pourquoi, notre Naturaliste, qui peut nřintéresser que faiblement un certain nombre de nos compatriotes, sera jugé tout autrement par des étrangers, par ce quřil présentera aux hommes de science, de nouveaux points de comparaison, des observations, des découvertes quřils ne peuvent faire chez eux. Nous avons pu voir même, cette année, 111 Provancher, op. cit. (Additions et corrections à la faune coléoptérologique de la province de Québec), p. 3- 4. 112 Provancher, op. cit. (Petite faune entomologique du Canada et particulièrement de la province de Québec. Deuxième ordre, Les Orthoptères), p. V. 113 L. Provancher, Additions et corrections au volume 2 de la faune entomologique du Canada traitant des Hyménoptères, Québec, Darveau, 1889, p. 1. 114 L. Provancher, « À nos lecteurs », Le Naturaliste canadien, vol. II, no 1 (décembre 1869), p. 3. 175 nous venir des demandes dřabonnement jusque dřAutriche115 ». En octobre 1883, suite à lřarrêt de sa subvention provinciale qui lui permettait de publier sa revue, L. Provancher raconte que depuis quinze ans, notre humble Province avait une voix dans le conseil des savants du monde entier qui marchent à la conquête de nouvelles victoires sur lřinconnu. Québec, par notre Naturaliste, se trouvait cité dans les comptes-rendus et transactions de la plupart des sociétés savantes de lřEurope et de lřAmérique. Nous échangions avec plus de trente publications scientifiques. Nos humbles travaux acquéraient tous les jours une plus grande valeur. Nous avons nommé plus de 200 insectes jusquřalors inconnus à la science, et ceux qui écrivent sur le sujet sont obligés aujourdřhui de compter avec nous. Et cřest au moment que nous nous sentons plus en moyens que jamais de continuer notre rôle, quřon vient y mettre fin. Nous faisions des échanges de publications ou de spécimens avec les États-Unis, lřAngleterre, la France, la Belgique, lřAllemagne, la Russie, lřAutriche et lřItalie, et maintenant nřayant plus rien à offrir, nous nřaurons de même rien à attendre. Et ce quřil y a de plus regrettable, cřest que ces publications précieuses que nous recevions ne se trouvent nulle part dans nos bibliothèques 116. Selon L. Provancher, lřarrêt de la publication du Naturaliste canadien prive le Québec dřune place dans le milieu scientifique international. Elle empêche également le principal producteur de la revue dřavoir accès à une source indispensable de documentation qui nřest évidemment disponible ni à la bibliothèque de lřUniversité Laval, ni à celle du Parlement de Québec et encore moins dans les bibliothèques publiques de la ville de Québec. Les rapports de services apparaissent ici comme indispensables à la dynamique du milieu scientifique. Dans le domaine de la géologie, plusieurs naturalistes ont développé un large réseau au degré nord-américain et européen. Comme lřa montré R. Duchesne117, lřabbé J.-C.-K. Laflamme, très connu au Québec à la fin du XIXe siècle, du fait de sa position de professeur de sciences à lřUniversité Laval, a également entretenu un réseau à lřextérieur du Canada. Dans son cas, cřest surtout lors de congrès nationaux et internationaux quřil put établir des relations dřappartenance, comme en 1880, lors de sa participation au congrès de lřAmerican Association for the Advancement of Sciences : « Je dois vous parler de mon voyage de Boston. Je tiens à vous en dire au moins le but. Le Séminaire dans un accès de générosité, (…), mřa envoyé assister à la réunion de lřAmerican Association for the Advancement of Sciences. Ce nřest pas une futile société que celle-là si on la mesure à la 115 L. Provancher, « Lřétude des sciences », Le Naturaliste canadien, vol. VI, no 1 (janvier 1874), p. 2. Provancher, loc. cit. (« À nos lecteurs »), p. 70. 117 Duchesne, loc. cit. (« Science et société coloniale »), p. 99-139. 116 176 longueur de son nom. Mon voyage a duré une semaine à peine. (…) Le plaisir de connaître les premiers savants des États-Unis était à peu près le principal but de mon voyage118 ». Cependant ces contacts ne semblent pas avoir produit dřeffets à long terme. Dans le cas du Congrès international de géologie de 1897, qui a eu lieu à Saint-Pétersbourg, J.-C.-K. Laflamme mentionne la fonction essentielle de ce type de congrès : « Le Congrès a virtuellement terminé ses travaux. En somme, nous avons fait peu de choses. Mais que de connaissances agréables se sont renouvelées ou ont été faites à nouveau. Voilà le côté vraiment utile de ces réunions119 ». Dans cet extrait, on voit que ces contacts ne se sont pas développés en des rapports durables. Néanmoins, la participation de J.-C.-K. Laflamme à ces congrès constitue un indice des changements survenus dans le milieu scientifique au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. Alors quřau cours des décennies précédentes, les naturalistes sont plutôt isolés et ne se rencontrent que rarement, à part lors dřun voyage dřexploration préparé longtemps dřavance ou dans des réunions de sociétés locales, la situation change rapidement grâce au développement des chemins de fer, ce qui facilite les communications et encourage les naturalistes à dépasser les frontières de leur localité ou de leur région. Désormais, il leur est facile de rencontrer dřautres naturalistes sřintéressant aux mêmes questions quřeux ailleurs en Amérique du Nord et en Europe. Dans le dernier quart du XIXe siècle, lřutilité dřappartenir à un réseau étranger est bien comprise par tous les naturalistes canadiens-français. Lřexemple suivant provient de la correspondance de lřabbé V.-A. Huard à L. Provancher. Il y a un mois jřécrivais à Mr. A. de Borre, du Musée Royal dřHist. Nat. de Belgique, lui demandant des renseignements sur les échanges dřInsectes que je pourrais faire avec lui. Jřai reçu sa réponse aujourdřhui : vous connaissez sans doute les conditions avantageuses offertes par ce Musée Royal. (…) Et puis me serait-il de quelque avantage de me faire recevoir membre de la Société Entomologique de Belgique ou de la Société de Botanique ? Jřespère que vous voudrez bien me renseigner sur tout cela; je vous en serai fort reconnaissant 120. Dans cet extrait, V.-A. Huard semble comprendre que le fait dřappartenir à une société savante confère à la personne beaucoup plus quřune simple nomination. En effet, la plupart 118 Lettre de J.-C.-K. Laflamme au père Thomas-Eugène Gauvreau, 14 septembre 1880, Université 54/71, Fonds Séminaire de Québec, Musée de la Civilisation. 119 Lettre de J.-C.-K. Laflamme à Mgr T.-E. Hamel, 3 septembre 1897, Université 59/70, Fonds Séminaire de Québec, Musée de la Civilisation. 120 Lettre de V.-A. Huard à L. Provancher, 25 octobre 1876, A.S.C. 373, Fonds Provancher, C-5. 177 des sociétés savantes étaient affiliées à dřautres sociétés et, par le fait même, à de nouveaux réseaux pour le futur membre. Lřappartenance à un réseau de naturalistes susceptibles de lřaider dřune quelconque manière devient dès lors la raison principale lors de lřadhésion à une société savante. Par contre, du côté des naturalistes anglophones, il est beaucoup plus courant dřentretenir un réseau étranger. Ainsi, J.W. Dawson le développe très tôt 121. Dès 1842, le géologue C. Lyell fait partie de ce réseau qui sřétend ainsi à lřEurope. Au cours des trentequatre années suivantes, les deux géologues sřéchangeront des dizaines de lettres. Au début de leur relation, C. Lyell montre un certain parternalisme envers son nouveau protégé : « I cannot judge as to the amount of sacrifice [what] absence from Nova Scotia would entail in the way of loss of time & money if you were to come here say for the meeting of the British Association in Glasgow to be held September 12th. I am to be there as Vice President & could introduce you to any one you might like to know & perhaps you might read some paper122 ». J.W. Dawson ne manque pas de remercier son mentor européen : « I feel most grateful to you for your continued kindness and the encouragement which your approbation gives to collect such new facts as are within my search123 ». Ce type de relation dure pendant une dizaine dřannées, pendant lesquelles C. Lyell réserve une place de choix aux travaux de J.W. Dawson, même en son absence, lors des réunions de la Geological Society of London : « I have requested the President of the Geological Society to give an early reading to your paper on Nova Scotia Goggins Coal124 ». Au cours des années 1860, alors que J.W. Dawson a acquis une enviable réputation de géologue dans le monde anglosaxon, C. Lyell lui prodigue toujours beaucoup dřattention, mais mentionne en plus lřappréciation de ses recherches auprès de ses pairs : 121 Voir à cet effet la biographie de Susan Sheets-Pyenson, John William Dawson. Faith, Hope, and Science, Montreal & Kingston, McGill-Queenřs University Press, 1996, 274 p. et Sheets-Pyenson, Index to the Scientific Correspondence of John William Dawson, Oxford, British Society for the History of Science, 1992, 275 p. 122 Lettre de C. Lyell à J.W. Dawson, 7 août 1842, McGill University Archives Private Fonds, Dawson Family Papers, MG 1022, c.1. 123 Lettre de J.W. Dawson à C. Lyell, s.d. (1845 ?), McGill University Archives Private Fonds, Dawson Family Papers, MG 1022, c. 1. 124 Lettre de C. Lyell à J.W. Dawson, May 17 1853, McGill University Archives Private Fonds, Dawson Family Papers, MG 1022, c. 19. 178 Your great paper on the coal will I expect be read in an abridged form about a month hence. I am not on the Council at present thought I shall probably return next year. I have heard that the officers fully appreciating the importance of your memoir have been consulting what to do with it; whether to regard it as more than one paper & to divide it in reading & publication. I believe they have at last determined to have an abridgement made so as to read all at once in order to give your general results & conclusions drawn from the whole 125. Lřintérêt que lui porta C. Lyell ne permit cependant pas à J.W. Dawson dřaccéder à un prestigieux poste à la University of Edinburgh, comme il lřaurait souhaité. En 1868, il envoie sa candidature et, malgré la recommandation et lřassurance de C. Lyell du succès de J.W. Dawson, ce dernier nřest pas choisi126. Comme le mentionne Sheets-Pyenson dans sa biographie de J.W. Dawson, le candidat choisi, Alexander Grant, possédait de nombreux contacts politiques, en tant que membre de lřassemblée législative coloniale, ce qui lřa avantagé sur les autres candidatures. De plus, la mort dřun supporteur influent de J.W. Dawson, Sir Edmund Head, gouverneur-général du Canada, entrava ses chances de succès127. Enfin, notons rapidement lřefficacité du réseau dans le cas du géologue G.M. Dawson. Dans une lettre quřil reçoit en septembre 1889, il apprend que plusieurs géologues américains déploraient son absence lors de la réunion de lřA.A.A.S., tenue à Toronto : « At Toronto many American geologists were asking for you, much regreting your absence, especially the Washington men who had apparently a pleasant remembrance of you met to that city two years ago128 ». Ce court témoignage nous montre lřefficacité de la participation à des congrès pour développer un réseau. À cette époque, lřimportance du réseau étranger pour la carrière dřun naturaliste nřest plus à prouver. Par contre, il est intéressant de se pencher sur le rôle du réseau dans les activités dřinstitutions comme les sociétés savantes, les musées de sciences et les revues. 125 Lettre de C. Lyell à J.W. Dawson, December 6 1865, McGill University Archives Private Fonds, Dawson Family Papers, MG 1022, c. 2. 126 Selections from certificates in favour of J.W. Dawson, Esq., F.G.S., as a candidate for the Chair of Natural History in the University of Edinburgh, Hugh Paton, 1855, 16 p. 127 Sheets-Pyenson, op. cit. (John William Dawson. Faith, Hope, and Science), 84-85. 128 Lettre de J.W. Dawson à G.M. Dawson, 6 septembre 1889, McGill University Archives Private Fonds, Dawson Family Papers, Scientific correspondance, George Mercer Dawson, MG 2022, C. 55-56. 179 Plusieurs institutions du XIXe siècle ont entretenu des liens avec dřautres sociétés savantes, des musées de sciences ou des revues ailleurs en Amérique du Nord. On peut facilement repérer les liens dřéchanges et les dons faits à ces institutions en consultant les catalogues de leur bibliothèque ou du contenu de leur musée, dans leurs rapports annuels. En étudiant ces catalogues, on constate que la diversité du contenu de la bibliothèque ou du musée dépend du nombre dřéchanges avec dřautres institutions et des dons faits par des individus. Par exemple, dans le cas de la Literary and Historical Society of Quebec, en 1882, on répertorie 78 liens dřéchanges, dont 79,5 % sont des institutions et 20,5 % des individus (voir le tableau 4.1), alors quřà la Montreal Horticultural Society and Fruit Growersř Association of the Province of Quebec, en 1878 et en 1886, ce sont 52,6 % des institutions et 47,4 % des individus qui fournissent les dons. Enfin, à la Natural History Society of Montreal, en 1870, on envoie le Canadian Naturalist and Geologist à 75 institutions (16,9 %) et à 368 membres (83,1 %). Tableau 4.1 Comparaison de la proportion d’individus et d’institutions donateurs Institutions Literary and Historical Society of Quebec (L.H.S.Q.) Montreal Horticultural Society and Fruit Growersř Association of the Province of Quebec Natural History Society of Montreal (N.H.S.M.) Redpath Museum Musée Collège de SaintLaurent Musée Literary and Historical Society of Quebec Le Naturaliste canadien Années 1882 Individus Nombre % 16 20,5 Institutions Nombre % 62 79,5 Total Nombre 78 1878 1886 20 10 52,6 52,6 18 9 47,4 47,4 38 19 1870 75 16,9 368 83,1 443 ? 1890 1891 18631877 1873 23 65 43 46 92 76,5 74,1 90,2 2 20 15 5 8 23,5 25,9 9,8 25 85 58 51 214 87 32 13 246 Source : Compilation de lřauteure à partir des rapports suivants : Anonyme, « Exchange List, 1882 », Transactions of the Literary and Historical Society of Quebec, Vol. 17 (Session of 1882-1883), p. 105, cité dans Ginette Bernatchez, La Société littéraire et historique de Québec (The Literary and Historical Society of Quebec) 1824-1890, Thèse de M.A., Université Laval, 1979, p. 151-152; anonyme, « Donations to library to present time », Fourth Report of the Montreal Horticultural Society and Fruit Growers’ Association of the Province of Quebec, for the year 1878, Montréal, Ŗ Witness ŗ Printing House, 1879, p. 130-133; Anonyme, « Additions to the library », Twelveth Report of the Montreal Horticultural Society and Fruit Growers’ Association of the Province of Quebec, 180 for the year 1886, Montréal, 1887, p. 140-141; Anonyme, Proceedings at the annual meeting of the Natural History Society of Montreal, for the year ending May, 1870: (...), Montréal, Gazette Steam Printing House, 1870, p. 23-32 (il sřagit de la liste des institutions recevant leur revue et de la liste des membres); Anonyme, McGill University, Peter Redpath Museum. Guide to visitors, Montréal, s.d. 7 p.; J.-C. Carrier, rév., « Dons faits au Collège de Saint-Laurent depuis le 1er juin 1889, jusquřau 31 mai 1890 », Bulletin No. 6 de la bibliothèque et du musée du Collège Saint-Laurent, S.l., 1890, p. 93-97; Carrier, « Dons faits au Collège de Saint-Laurent depuis le 1er juin 1890, jusquřau 31 mai 1891 », Bulletin No. 7 de la bibliothèque et du musée du Collège Saint-Laurent, S.l., 1891, p. 95-99; J.M. Le Moine, « Donations to the Museum », Catalogue of Birds, Medals, Woods, &c. in the Museum of the Literary and Historical Society of Quebec, Montréal, Lovell Printing and Publishing Co., 1878, p. 17-22 et L. Provancher, « Liste des abonnés au Naturaliste canadien dans la province de Québec », Le Naturaliste canadien, vol. V, no 2 (février 1873), p. 55-58. Pour les musées de sciences, quřils soient rattachés à une institution dřenseignement ou à une société savante, les dons sont plus nombreux du côté des individus que des institutions, alors que lřon observe le contraire pour ce qui est des dons faits à des sociétés savantes. Ainsi, au Musée Redpath, 92 % des dons proviennent dřindividus, contre 8 % des institutions. Au musée du Collège Saint-Laurent, environ 75% des dons viennent dřindividus et 25% dřinstitutions, tandis que ce sont 90,2% des individus qui fournirent les spécimens du musée de la L.H.S.Q., contre 9,8% des institutions. Enfin, même constat en ce qui concerne la liste des abonnés du Naturaliste canadien : une forte proportion dřindividus sont abonnés (87%), comparée à une minorité dřinstitutions (13%). Les musées de sciences devaient donc compter sur des individus pour augmenter leurs collections, tout comme une revue telle Le Naturaliste canadien devait compter sur une majorité dřabonnés individuels. Tout ceci nřest pas surprenant, compte tenu du publiccible de ces institutions, cřest-à-dire des personnes intéressées aux sciences ou impliquées dans ce domaine. Du côté des sociétés savantes, la situation est différente. Le nombre de liens dřéchanges Ŕ lřétendue de son réseau scientifique Ŕ, détermine si ce sont les individus ou les institutions qui en seront les principaux abonnés et les principaux donateurs. Les sociétés comme la L.H.S.Q. et la N.H.S.M., qui ont environ 80 % de membres institutionnels, entretiennent donc majoritairement des liens avec lřétranger, ce qui se traduit par lřenvoi de leurs rapports et transactions dans dřautres pays. Pour ce qui est 181 dřune société comme la Montreal Horticultural Society and Fruit Growersř Association of the Province of Quebec, qui a une visée nettement régionale (son public-cible concerne les horticulteurs et certains agriculteurs de la région montréalaise), le nombre de donateurs est presque le même quelle que soit la catégorie. 4.2.3 Les moyens déployés par les naturalistes pour contrer leur éloignement Pour compenser leur éloignement, et aussi pour sřassurer une place dans un réseau scientifique, les naturalistes utilisent divers moyens informels : « There have been numerous organized systems for the collection of data from local naturalists, for example, Spencer Bairdřs network or correspondents. However, many local naturalists found their conduit to the wider community through informal means.129 » Ces moyens, que nous passons en revue dans les pages suivantes, sont la correspondance, lřadhésion à des sociétés savantes et la participation à des congrès. 4.2.3.1 Correspondance et échanges Exploité de manière systématique par les naturalistes, le premier moyen consiste en lřadoption de la correspondance comme moyen de communication. Ce choix nřest évidemment pas surprenant si lřon tient compte du rayon limité des moyens de transport et du temps nécessaire pour se déplacer dřun pays à lřautre. Au XVIe et surtout au XVIIe siècle, les réseaux de correspondance entre savants (européens dřabord, étendus aux Amériques ensuite) ont constitué une incarnation spécifique de lřinternationalité de la science, qui est venue sřajouter à la circulation des personnes mais prend vite plus dřimportance : aux déplacements physiques des agents sřest ajoutée la circulation des écrits, largement facilitée par lřimprimerie. Les savants sřéchangeaient ainsi non seulement des informations sur leurs recherches, mais aussi des livres et des spécimens dřobjets divers (minéraux, végétaux, animaux). Par ces échanges, ils étaient ainsi fortement intégrés à tout réseau qui dépassait largement les frontières nationales et faisaient ainsi exister de façon concrète la « république des lettres130. Les réseaux de naturalistes se forment donc principalement par le biais des nombreuses lettres envoyées à dřautres agents, parfois accompagnées de documents ou de spécimens. 129 J.C.A. Burchsted et Fred Burchsted, « Samuel Tufts, Jr. (1817-1902), a Massachusetts shell collector and aquarium stocker », Archives of natural history, vol. 34, no 2 (October 2007), p. 232. 130 Y. Gingras, « Les formes spécifiques de lřinternationalité du champ scientifique », Actes de la recherche en sciences sociales, nos 141-142 (2002), p. 32. 182 Les naturalistes du Québec ne se sont pas privés dřutiliser ce moyen relativement économique pour établir des liens avec des naturalistes dřailleurs. Nous en avons repéré plusieurs témoignages dans leurs correspondances. Ainsi, dans le cas de lřabbé L. Provancher, la correspondance lui permet dřéchanger sa revue avec dřautres sociétés savantes Ŕ et donc dřobtenir de la documentation de première main quřil ne pourrait trouver au Québec Ŕ et de le mettre en contact avec des naturalistes sřintéressant aux mêmes disciplines que lui : Notre publication nous procure des échanges précieux avec un grand nombre de sociétés savantes étrangères, échanges que nous ne trouvons dans aucune de nos bibliothèques, même les plus considérables, et nos livraisons traversant les mers vont prendre place dans les cabinets des princes de la science ; ce nřest là sans doute quřune bien petite pierre pour la construction de lřédifice intellectuel, auquel travaillent, dřun commun accord, tous les savants du monde entier ; mais cette faible contribution nřen est pas moins, pour notre jeune pays, un acte de présence à ce poste dřhonneur. En disparaissant, nous cessons dřêtre représentés dans ce congrès des intelligences supérieures, parmi ces actifs promoteurs du progrès; (…) 131. Un autre cas dřacquisition de documentation par le biais de la correspondance provident des archives de J.W. Dawson. Le docteur Otto Hahn qui écrit pour lui confirmer lřenvoi dřun de ses livres: « I send you hereby my Book „ Die Urzelle Ŗ containing all the discoveries I made in pursuiing the veritable nature of the crystalline Limestone. I wish you may be able to agree with them. If it would be so, the Eozoon canadense was the guide to the verity and we both have the satisfaction, we were both wrong132 ». Il nřy eut cependant pas dřautres contacts entre les géologues. En 1873, L. Provancher prête à D.-N. Saint-Cyr sa copie de The Origin of Species de Charles Darwin. D.-N. Saint-Cyr est enchanté par sa lecture et il lui envoie une lettre : « Je ne puis assez vous témoigner combien je vous suis obligé de me laisser Darwin pour quelque temps. Selon mon humble opinion ce livre est un véritable trésor dřhistoire naturelle. Il y a de tout dans ce livre; géologie, mammalogie, ornithologie, entomologie, botanique &c &c. Aussi y puisé-je largement133 ». 131 L. Provancher, « À nos abonnés », Le Naturaliste canadien, vol. XI, no 12 (décembre 1879), p. 342. Lettre du Dr Otto Hahn à J.W. Dawson, 1er septembre 1879, McGill University Archives Private Fonds, Dawson Family Papers, MG 1022, c. 7. 133 Lettre de D.-N. Saint-Cyr à L. Provancher, 31 janvier 1873, A.S.C. 17, Fonds Provancher, C-5. 132 183 La correspondance permet également dřentreprendre des échanges de spécimens avec lřétranger afin dřaugmenter les collections de sciences naturelles dřun individu ou dřune institution. Cřest le cas de lřabbé L.-O. Brunet qui reçoit cette lettre dřAngleterre, en 1863, résultat de sa visite à Londres. It is more than two years ago since I had the pleasure of seeing you at those gardens. At which time, you expressed a wish to enter into an exchange of plants. I do not know if you have formed your new gardens if so I shall be most happy to carry out your proposalŕand have been in hopes of hearing from you before thisŕnot having heard, I have taken the trouble to remind you, as I am very anxious to obtain some of your plants particularly ŖSarraceniasŗ. I beg to trouble you with a list of a few things I am anxious to obtain from N.A. and I shall be very glad to have your list of desiderata in return134. Comme le projet de jardin botanique du séminaire de Québec ne se réalisa pas, il semble bien que les échanges demandés nřaient pas eu lieu. 4.2.3.2 Adhésions à des sociétés savantes Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, il devient de plus en plus important pour les naturalistes de faire partie de sociétés savantes. Une dizaine de sociétés sont actives au Québec au cours de cette période. Dans le tableau 4.2, on répertorie celles dont les naturalistes de notre corpus font partie. Les sociétés savantes retenues ont toutes existé pendant plus de cinq ans et plus dřun naturaliste de mon corpus en ont fait partie. Les sociétés suivantes nřont pas été retenues, parce quřelles ne remplissaient pas ces deux critères : Société pour lřencouragement des sciences et des arts au Canada (1827-1829, fusionnée avec la L.H.S.Q.), Société canadienne dřétudes littéraires et scientifiques (18431848), Agricultural Society of Lower Canada (1847-1852), Botanical Society of Montreal (1850-1855), Société pour lřavancement des sciences, des lettres et des arts (1908-quelques années), Montreal Horticultural Society (Girdwood membre) et la Société dřhorticulture du comté de lřIslet (Jean-Charles Chapais membre). Il existait dřautres sociétés savantes, comme la Fruit Growersř Association of Abbotsford, mais aucun de nos naturalistes nřen fait partie. 134 Lettre de John L. Tyerman à L.-O. Brunet, 10 juin 1863, Séminaire 113/86, Papiers Louis-Ovide Brunet, Fonds Séminaire de Québec, Musée de la Civilisation. 184 Tableau 4.2 Liste des sociétés savantes retenues Sociétés savantes Literary and Historical Society of Quebec (L.H.S.Q.)/ Société littéraire et historique de Québec Natural History Society of Montreal (N.H.S.M.)/ Société d’histoire naturelle de Montréal Institut canadien de Montréal Institut canadien de Québec Montreal Horticultural Society & Fruit Growers’ Association of the Province of Quebec Section de Québec de l’Entomological Society of Ontario Section de Montréal de l’Entomological Society of Ontario Société d’histoire naturelle de Québec Dates de fondationdissolution 1823 à aujourdřhui 1827-1925 1844-1882 1848 à aujourdřhui 1846-? 1863-? 1873-? 1870-1888 Source : Compilation de lřauteure à partir de nombreuses études dřhistoire des sciences (consultez la section « Études dřhistoire des sciences » dans la bibliographie). Si lřon compare les tableaux 4.3 et 4.4, qui dénombrent les naturalistes par société savante pour deux périodes (1800-1849 et 1850-1920), on constate que la participation à une ou plusieurs sociétés savantes locales est beaucoup plus importante au cours de la deuxième période. De même, de 1850 à 1920, les naturalistes qui chevauchent les deux parties sont membres dřune ou de plusieurs sociétés, au lieu dřaucune ou dřune seule au cours de la période précédente, ce qui augmente le nombre de naturalistes par société pour la seconde période. 185 Tableau 4.3 Nombre de naturalistes par société savante (1800-1849) Sociétés savantes Aucune Literary and Historical Society of Quebec Natural History Society of Montreal Institut canadien de Montréal Institut canadien de Québec Montreal Horticultural Society & Fruit Growers’ Association of the Province of Quebec Total Francophones Nombre de % naturalistes 4 18,2 0 0 Anglophones Nombre de % naturalistes 2 9,1 3 13,6 Total Nombre de naturalistes 6 3 27,3 13,6 % 1 4,5 11 50 12 54,5 0 1 0 0 4,5 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 4,5 0 6 27,3 16 72,7 22 100 Source : Compilation de lřauteure à partir de nombreuses notices biographiques (consultez la section « Notices biographiques » dans la bibliographie). Tableau 4.4 Nombre de naturalistes par société savante (1850-1920) Sociétés savantes Francophones Nombre de naturalistes 27 Aucune 1 Literary and Historical Society of Quebec 1 Natural History Society of Montreal 2 Institut canadien de Montréal 5 Institut canadien de Québec 0 Montreal Horticultural Society & Fruit Growers’ Association of the Province of Quebec 2 Section de Québec de l’Entomological Society of Ontario 2 Section de Montréal de l’Entomological Society of Ontario 4 Société d’histoire naturelle de Québec 45 Total % Anglophones 33,8 1,3 Nombre de naturalistes 6 4 1,3 % Total 7,5 5 Nombre de naturalistes 33 5 % 41,2 6,2 15 18,8 16 20 2,5 6,2 0 0 0 2 0 0 2,5 2 5 2 2,5 6,2 2,5 2,5 3 3,7 5 6,2 2,5 5 6,2 7 8,7 5 0 0 4 5 56,3 35 43,7 80 100 Source : Compilation de lřauteure à partir de nombreuses notices biographiques (consultez la section « Notices biographiques » dans la bibliographie). 186 Ce ne sont pas seulement les naturalistes Ŕ du moins tels quřon les entend aujourdřhui Ŕ qui utilisent ce moyen dřétendre leur réseau et dřaccumuler de la documentation135. Au cours de la même période, lřhistorien Benjamin Sulte, alors quřil est membre de la Société royale du Canada, bénéficie dřun rayonnement qui dépasse les frontières du Québec, dřabord par lřenvoi systématique de ses volumes annuels à ses membres ainsi quřaux grandes bibliothèques du pays et du monde, ensuite par la publication des tirés à part et sûrement aussi par le prestige qui accompagne le titre de membre fondateur, même si celuici est difficile à évaluer. Si la participation à une société locale ou nationale est primordiale afin dřétablir des liens avec dřautres naturalistes sřintéressant aux mêmes problématiques au Québec, lřadhésion à une société étrangère lřest tout autant pour intégrer un réseau scientifique plus large. Cette situation est rendue possible puisque « le cosmopolitisme scientifique était aussi à lřhonneur dans les académies nationales qui nommaient toujours un certain contingent de « membres étrangers136 ». Ils étaient souvent qualifiés de membres correspondants. Les citations suivantes nous montrent que le fait dřêtre membre dřune société savante étrangère apporte immanquablement un avantage. Le premier est matériel, dans le cas dřéchanges de documentation, comme pour lřabbé L. Provancher : « Je viens de recevoir mon diplôme de membre de la Société des Sciences Historiques & Naturelles de Sémur, et en même temps une lettre dřun M. André me demandant lřéchange de mon Naturaliste pour un ouvrage (un spécies) sur les Hyménoptères quřil publie par parties. Vous pouvez croire si jřai accepté avec empressement137 ». Lřautre avantage est relationnel, quand il sřagit dřentrer en relation avec dřautres naturalistes: « Pour ce qui est de lřoffre gracieuse que vous me faites de me faire recevoir dans la Association of American Conchologists, je lřaccepte, et vous remercie par anticipation; je lřaccepte, dis-je, pour le seul avantage quřil y a à me mettre en relation dřaffaires avec ces MM. Je paierai mon abonnement au Nautilus en Juin prochain, si je suis élu membre138 ». 135 Groulx, op. cit., p. 144. Gingras, loc. cit. (« Les formes spécifiques… »), p. 32. 137 Lettre de L. Provancher à V.-A. Huard, 6 février 1879, C-11-40-23, Fonds V.-A. Huard, A.S.C. 138 Lettre de J.-C. Carrier à Provancher, 28 janvier 1891, A.S.C. 41, Fonds Provancher, C-5. 136 187 4.2.3.3 Participation à des congrès Le dernier moyen pris par les naturalistes pour briser leur isolement, la participation à des congrès étrangers, prend une place de plus en plus importante dans lřélaboration de leurs réseaux : « Une nouvelle forme de pérégrination est ainsi apparue (facilitée, il ne faut pas le négliger, par le développement du transport ferroviaire) : la participation aux congrès internationaux de chercheurs, dont le nombre a crû de façon exponentielle au cours de la seconde moitié du XIXe siècle139 ». Les naturalistes du Québec ne faisaient pas exception et certains ont rapidement intégré ce moyen dřétablir des contacts et ainsi élargir leur réseau. Nous avons déjà traité de la participation de lřabbé J.-C.-K. Laflamme à divers congrès scientifiques, de lřA.A.A.S. en passant par le Congrès international de géologie, à Saint-Pétersbourg. En 1869, J.-A. Crevier entend bien participer au congrès de lřA.A.A.S., en compagnie de lřabbé L. Provancher : « Jřai reçu le 24 courant votre bienveillante lettre mřannonçant lřassemblée du Congrès Scientifique devant avoir lieu à Salem Mass. le 18 Août courant à 10h. A.M. Jřai reçu en même temps deux circulaires, lřune du comité local de Salem, et lřautre spéciale aux personnes sřintéressant à lřétude des objets microscopiques. Je pense pouvoir assister au Congrès Scientifique tenu à Salem, et je serai très heureux de vous avoir pour compagnon de voyage140 ». Pour les naturalistes de la première génération, comme on peut le voir dans lřextrait ci-dessus, les congrès représentent des occasions dřeffectuer un voyage dřagrément et de rencontrer des naturalistes dans leur discipline de prédilection. Pour les naturalistes de la seconde génération, formés pour la plupart à lřuniversité et spécialisés dans une discipline, la participation à un congrès permet lřintégration à un réseau scientifique plus étendu et influent. Cřest le cas de T.S. Hunt, qui représente la S.R.C. au congrès de la B.A.A.S., à Manchester, en Angleterre, en 1887141, et de G.M. Dawson, dont la participation au congrès 139 Gingras, loc. cit. (« Les formes spécifiques … »), p. 32. Lettre de J.-A. Crevier à L. Provancher, 27 juillet 1869, A.S.C. *, Fonds Provancher, C-5. 141 « (…) and then hope to leave soon after for England, where I propose to spend two or three months, and to be present at the meeting of the British Association of the Advancement of Science to be held at Manchester in August. If on that occasion I can in any way act as the representative of the Royal Society of Canada, I shall feel honored. » Lettre de T.S. Hunt à T.-E. Hamel, 15 mai 1887, Université 81/61, Fonds Séminaire de Québec, Musée de la Civilisation. 140 188 de la B.A.A.S., en 1892, est vue par son père J. W. Dawson comme un devoir, à la fois pour le remplacer et pour rencontrer les principaux naturalistes de lřépoque. (…) it may be a duty to go, if at all possible, to the British Association meeting at Edinburgh, where I see Lord Roseberry [?] and other leading men in the new regime are likely to be present. Under ordinary circonstances I would have endeavoured to go myself. The city of Edinburgh and a Geographical president offer great attractions; but the unsettled state of affairs in the College and the expenditures I have had to make this spring render this impossible. It would however be quite a consolation to me if you can go to represent me as well as yourself. Please do not postpone [?] this, as I think it an opportunity to be embraced 142. Quand on fait le tour des moyens pour compenser leur éloignement, on comprend que les naturalistes du Québec manquaient de certaines institutions comme des sociétés savantes dřenvergure internationale et des congrès scientifiques réguliers. Comme ils ne pouvaient, pour la plupart, sřintégrer au monde académique Ŕ rappelons que lřenseignement des sciences dans les universités du Québec nřest encore quřà lřétat embryonnaire (du moins chez les francophones) Ŕ, leurs réseaux sřétablissent principalement par le biais de réseaux invisibles. 4.2.4 Les réseaux invisibles Ces réseaux que les naturalistes développent sont parfois appelés des « collèges invisibles » : « Ces groupes forment un collège invisible, au sens où lřétaient les premiers pionniers inconnus qui devaient plus tard se réunir pour former la Royal Society en 1660. Ils remplissent exactement les mêmes fonctions : conférer par lřapprobation des pairs statut et prestige, et surtout résoudre les crises de communication en réduisant un groupe large à un groupe plus restreint, prévu de la taille maximale compatible avec des relations personnelles143 ». Dans le cas du Québec et du Canada, certaines sociétés savantes, comme la S.R.C., occupent la fonction dřassurer, par son adhésion, lřapprobation des pairs, puisque lřélection se faisait par ceux-ci. Les autres sociétés savantes, dont le territoire dřinfluence se limite le plus souvent à une ville ou une région, ont plutôt permis dřaméliorer les liens entre les membres, ce qui facilitait les communications entre eux. 142 Lettre de J.W. Dawson à G.M. Dawson, 20 juillet 1892, McGill University Archives Private Fonds, Dawson Family Papers, Scientific correspondance, George Mercer Dawson, MG 1022, C. 55. 143 Derek J. de Solla Price, « Les universités invisibles et le voyageur scientifique prospère » dans Solla Price, Science et suprascience, Librairie Arthème-Fayard, 1972, p. 91. 189 On peut repérer ces réseaux invisibles en consultant les mentions de collaborateurs quřun naturaliste rapporte dans ses publications. Nous donnons ici lřexemple de lřabbé L.O. Brunet qui fait état des collaborateurs à son Catalogue des plantes canadiennes contenues dans l’herbier de l’Université Laval et recueillies pendant les années 1858-1865. Le plus grand nombre de plantes qui composent ce catalogue est le fruit de nos propres herborisations. Cependant, nous devons dire quřun certain nombre nous a été fourni par des collaborateurs zélés, notamment : Mgr. Horan, Mr. Edouard Glackmeyer, plantes des environs de Québec ; Mr. lřabbé J.-B.-A. Ferland, dont nous regrettons la perte récente, plantes du Labrador, dřAnticosti et de Gaspé ; Mr. T. Bédard, plantes de Lotbinière et de Sainte-Croix ; Mr. lřabbé Fournier et le Commandant Fortin, plantes du Labrador, de lřîle dřAnticosti, etc.144. Lřabbé L. Provancher fait de même dans sa Flore canadienne… lorsquřil énumère les botanistes amateurs qui lřont aidé145. Ces contributeurs forment ces collèges invisibles qui peuvent par la suite entretenir les liens dřéchanges ou de collaboration pour une recherche. Ces disciplines dépendent alors beaucoup du travail des naturalistes amateurs qui couvrent un immense territoire sur lequel plantes et insectes se croisent et circulent. Lřanalyse des réseaux scientifiques au Québec, de 1850 à 1920, nous montre quřau cours de cette période, les naturalistes ne sont que peu intégrés à des réseaux encore en construction. Dřun côté, même sřils font régulièrement appel à lřÉtat pour recevoir argent, caution morale ou pour susciter un intérêt, ils ne reçoivent pas toujours une réponse positive à leurs demandes. Et quand lřÉtat sřadresse à eux pour effectuer un travail, cette situation nřest pas garante de lřavenir en ce que la relation de service établie ne concerne quřun acteur du milieu pour une période et un mandat donnés. Les naturalistes sont donc peu intégrés dans les instances étatiques. 144 L.-O. Brunet, Catalogue des plantes canadiennes contenues dans l’herbier de l’Université Laval et recueillies pendant les années 1858-1865. Première livraison, Québec, C. Darveau, 1865, p. 6. 145 « Nous mentionnerons dřabord comme ayant droit à notre reconnaissance et à nos remerciements, Aug. Delisle, écuyer, notaire, de Montréal, pour une foule de remarques intéressantes sur les plantes des lieux environnants cette cité. Puis Son Honneur le Juge Roy, de la Malbaie, résidant ci-devant à Chicoutimi, pour une liste de plantes de ces deux localités et des lieux circonvoisins. (…) Nous avons été aussi heureux de recueillir de la bouche de Sa Grandeur Mgr. Horan, évêque de Kingston, et de M. lřabbé Ferland, professeur à lřUniversité-Laval, plusieurs renseignements utiles sur les plantes quřils avaient rencontrées dans leurs périgrinations [sic], le premier à travers les forêts du Haut-Canada, et le second sur nos côtes Labradoriennes. » L. Provancher, « Préface », Flore canadienne…, Québec, Darveau, 1862, p. IV-V. 190 Les réseaux que les naturalistes établirent entre eux au Québec apparaissent tout de même plus solides et plus diversifiés que pour la période avant 1850, même sřils ne sont pas encore très développés. Quant aux types de relations avec le reste du Canada, les ÉtatsUnis et lřEurope, ils se cantonnent principalement en des relations de services ou dřaide, dřappartenance et parfois de hiérarchie. Toutefois, contrairement à la situation des naturalistes dřici, les liens avec lřétranger sont souvent courts et de peu de conséquences. Ces liens ne permettent certes pas de compenser lřéloignement des naturalistes du Québec qui devaient utiliser divers moyens pour sřassurer une place dans un réseau scientifique. Cřest grâce à ces moyens quřils ont commencé à se regrouper localement en fonction de leurs intérêts et à progressivement intégrer un réseau plus vaste que ceux de la province de Québec et le reste du Canada. Ces moyens leur étaient dřautant plus nécessaires compte tenu du développement très embryonnaire de lřinstitution universitaire au Québec à cette période. Cřest ce qui explique que la production des naturalistes, même si elle était de plus en plus intégrée dans le milieu scientifique par le biais de publications originales, dřadhésion à des sociétés savantes et de participation à des congrès, ne pouvait pas se développer aussi rapidement et intensément quřaux États-Unis ou dans certains pays dřEurope. Ainsi, à lřexception de J.W. Dawson qui eut une carrière internationale, le gros du travail scientifique au Québec reste dřun niveau local et le fait dřamateurs qui y consacrent du temps et des ressources personnelles, ce qui nřempêche pas certains de faire des contributions importantes, principalement dans les sciences dřinventaire. 191 La vraie science nřest pas celle qui fait le plus de bruit; par son propre mérite, par les résultats quřelle obtient, elle sřimpose dřelle-même à la considération du public. Celui-ci peut bien se laisser éblouir un instant par lřéclat dřune réclame tapageuse mise au service de la médiocrité, il peut se laisser séduire par de faux brillants et par des dehors trompeurs; mais, tôt ou tard, les nuages se dissipent, les voiles se déchirent, et la réalité, telle quřelle est, finit par se faire jour; la mort met les choses au point, et le peuple, désenchanté, se venge de sa crédulité par lřoubli. Lřhomme de sciences, au contraire, qui doit sa réputation à son mérite personnel (…), ne descend pas tout entier dans la tombe; son désintéressement et sa modestie ajoutent de nouveaux rayons à lřauréole qui nimbe son front et ses concitoyens lui décernent volontiers les hommages quřil nřavait pas recherchés. - Abbé Henri Simard, « Mgr J.-C.-K. Laflamme », Annuaire de l’Université Laval, 1911-1912, p. 209. 192 CHAPITRE 5 LřESPACE DE SOCIABILITÉ EN ACTION : STRUCTURATION, DYNAMIQUE ET AUTONOMIE Si les pratiques scientifiques et les réseaux que les naturalistes établissent entre eux constituent des caractéristiques essentielles à la compréhension dřun espace de sociabilité scientifique, lřanalyse de cet espace en action y contribue également. Dans le cas du Québec, comme ailleurs en Occident, les acteurs se construisent une image sociale qui leur apporte une certaine légitimité selon leur participation ou leur non-participation aux pratiques en vigueur dans le milieu scientifique. Par exemple, les cas de controverses et de débats scientifiques permettent dřévaluer la place quřoccupent les naturalistes et, ainsi, de comprendre leur capacité à faire reconnaître leurs compétences par dřautres acteurs du milieu scientifique. Après avoir présenté la structuration de lřespace de sociabilité scientifique au Québec, par le biais de lřidentité des acteurs et leur place dans le milieu scientifique, nous verrons le milieu en action à partir de quelques exemples de débats et de controverses scientifiques à la fin du XIXe siècle. Enfin, nous aborderons la question de lřautonomie relative du milieu scientifique à lřaube de lřapparition dřune communauté scientifique au Québec, à partir des années 1920. 5.1 La structuration de l’espace de sociabilité scientifique On peut dřabord entrevoir la structuration de lřespace de sociabilité scientifique par le biais de ses acteurs. Ceux-ci développent une identité qui se manifeste, pour certains, en la possession dřune légitimité scientifique qui témoigne de lřacceptation de leurs compétences scientifiques. 5.1.1 Le portrait et l’identité des acteurs Comme nous lřavons vu dans les chapitres précédents, les acteurs qui contribuent à lřémergence du milieu scientifique au Québec et à sa structuration proviennent de milieux 193 similaires, que ce soit au début ou à la fin de la période. Ainsi, la très grande majorité des naturalistes de notre étude ont suivi une formation collégiale classique. Certains ont également suivi une formation spécialisée requérant un diplôme universitaire. En ce qui concerne les francophones, un seul (et il est dřorigine européenne) compléta un doctorat. Certes, on attribua deux doctorats ès-sciences aux abbés L. Provancher et V.-A. Huard, mais ils constituaient plutôt des reconnaissances honorifiques de leur œuvre. Du côté des anglophones, le taux de diplômation universitaire est plus élevé que chez les francophones. Ceci ne se reflète toutefois pas dans les professions que ces derniers occupent. Dans le tableau 5.1, nous voyons que les naturalistes francophones et anglophones du Québec exercent des occupations principalement orientées vers lřenseignement et les professions libérales (50 % des cas répertoriés pour les deux groupes). Ainsi, ils ne peuvent occuper une place déterminante dans le milieu scientifique international de leur temps. Pour cela, il faut attendre la prochaine génération de naturalistes détenant pratiquement tous une formation universitaire, ce qui leur permet dřoccuper les postes spécialisés au sein des universités et dřautres organismes, comme les ministères ou des entreprises privées. 194 Tableau 5.1 Occupations des naturalistes du Québec Occupations Professions libérales (médecin, avocat, comptable, notaire, architecte, journaliste, auteure) Prêtre, révérend Professeur, recteur, surintendant de l’éducation Scientifique (géologue, chimiste, agronome) Naturaliste et conservateur de musée de sciences Homme politique Administrateur et homme d’affaires Militaire Garde-chasse et pêche Total Francophones Nombre % total 8 11,4 Anglophones Nombre % total 6 8,6 Nombre 14 Total % total 20 4 15 5,7 21,4 2 6 2,9 8,6 6 21 8,6 30,1 5 7,1 7 10 12 17,1 4 5,7 2 2,9 6 8,6 4 0 5,7 0 0 4 0 5,7 4 4 5,7 5,7 0 1 41 0 1,4 58,6 2 0 29 2,9 0 41,4 2 1 70 2,9 1,4 100 Source : compilation de lřauteure dřaprès des notices biographiques de naturalistes (voir annexe 1). Plusieurs des naturalistes francophones, plus de 21 %, proviennent du milieu de lřéducation. La majorité occupe des postes de professeurs dans des collèges classiques. Le temps consacré à la préparation des cours et à la correction des travaux, à lřadministration scolaire, à des activités extra-scolaires et, le cas échéant, à leurs responsabilités ecclésiastiques, est tellement considérable que les activités de recherche sont souvent très réduites ou inexistantes. Du côté des anglophones, beaucoup moins disposent de postes de professeurs (8,6 %). Une proportion similaire exerce une profession libérale dans les deux groupes (11,4 % contre 8,6 % chez les anglophones), tandis que 5,7 % de ces derniers se classent comme administrateurs/hommes dřaffaires. Ceux qui exerçaient des professions libérales, tout comme les administrateurs, ne disposent que de leur temps de loisir pour pratiquer des activités de recherche. Dans les deux groupes, le pourcentage de professionnels (géologues, chimistes, agronomes, …) nřest pas très élevé : 7,1 % chez les francophones et 10 % chez les 195 anglophones. Chez ces derniers, les géologues prédominent (6 occurrences sur 7). Ce résultat sřexplique par la volonté des gouvernements de faire lřinventaire des ressources minérales exploitables du pays1. Si lřon ajoute à cela la catégorie des naturalistes qui vivent de leur activité et des conservateurs de musée de sciences, le pourcentage de professionnels est pratiquement le même pour chacun des groupes (12,8 % et 12,9 %), pour un total de 25,7 %. * Entre le milieu du XIXe siècle et le début du XXe siècle, lřimage sociale des naturalistes est en constante évolution. Bien plus, une identité propre se dessine lentement, celle-ci fondée sur leur formation, leurs titres professionnels et leurs appartenances institutionnelles. Il est désormais courant de mentionner lřendroit où la formation a été suivie et le titre conféré (M.Sc., LL. D., Ph.D.), de même que de rappeler le poste occupé et les titres accordés par des sociétés savantes. Quelques exemples nous proviennent des abbés L. Provancher, V-.A. Huard et J.-C.-K. Laflamme, puis de C.-E. Dionne, H.-M. Ami et J.F. Whiteaves. Alors quřen 1862, sur la page titre de sa Flore canadienne…, L. Provancher indiquait seulement quřil est curé de Portneuf, sur la première page de sa Petite faune entomologique du Canada … Volume I, publié en 1877, il peut mentionner quelques-unes de ses publications antérieures. Ainsi y inscrit-il « auteur de la Flore du Canada, etc. » Dans ses derniers ouvrages entomologiques, lřabbé L. Provancher signe « Docteur ès-sciences, (…), membre de plusieurs sociétés savantes, rédacteur du Naturaliste canadien2 ». En 1891, dans son dernier ouvrage, il met à jour ses titres et signe « Rédacteur du Naturaliste canadien, membre de la Société Royale du Canada et de plusieurs sociétés savantes3 ». Cette liste de titres avait pour but de montrer les réalisations de lřacteur qui attend à ce quřon accorde une valeur à ses compétences ainsi exposées. 1 Zaslow, op. cit. Sur les pages couvertures des volumes II et III de la Petite faune entomologique du Canada, parus en 1883 et 1886. 3 Sur la page couverture de Les mollusques de la province de Québec. 2 196 Lřabbé V.-A. Huard, dans ses premières publications comme Labrador et Anticosti, parue à la fin du XIXe siècle, ne pouvait mentionner que ses titres professionnels (« supérieur du Séminaire de Chicoutimi et directeur du Naturaliste canadien »)4. La situation est toute autre avec la publication de ses derniers ouvrages, le Manuel théorique et pratique d’entomologie (1927) et la Faune entomologique de la province de Québec Volume IV (1929), sur lesquelles il signa Sc.D. (il avait obtenu un doctorat honorifique de lřUniversité Laval), membre de la Société Royale du Canada (ou M.S.R.C.) et directeur du Naturaliste canadien. Ce procédé de déclinaison des titres nřest pas spécifique aux seuls naturalistes. Il est aussi commun parmi dřautres praticiens de la science, dont les géologues. Dans ses Éléments de minéralogie et de géologie, publiés en 1881, lřabbé J.-C.-K. Laflamme mentionne seulement quřil est professeur à lřUniversité Laval5. Ce titre ne change pas sur la page couverture de la réédition de 1898, ni sur celle de 19076, et cela même sřil devient membre de la S.R.C. à sa fondation, en 1882. Son successeur comme professeur de physique, lřabbé H. Simard, est plus prolixe : « maître ès arts et docteur en théologie, professeur à la faculté des arts de lřUniversité Laval, Québec7 ». En 1927, lors de la publication de la deuxième série de ses Propos scientifiques, H. Simard enlève les mentions de ses diplômes et ajoute celle « de la Société royale du Canada », puisquřil venait de sřy faire admettre, en 1923, dans la section I (littérature française), et non dans la section III (physique et chimie), comme on aurait pu sřy attendre dřun professeur de physique. 4 V.-A. Huard, Labrador et Anticosti. Journal de voyage – Histoire – Topographie – Pêcheurs canadiens et acadiens – Indiens montagnais, Montréal, C.-O. Beauchemin & Fils, 1897, xv-505 p. 5 J.-C.-K. Laflamme, Éléments de minéralogie, de géologie et de botanique, Québec, Éditeur Delisle, 1881, ix-288 p. 6 J.-C.-K. Laflamme, Éléments de minéralogie, de géologie et de botanique, Québec, Demers, 1898, vii-361 p.; Éléments de minéralogie, de géologie et de botanique, Québec, Imprimerie de la Cie de lřÉvènement, 1907, viii-352 p. 7 H. Simard, Traité élémentaire de physique rédigé conformément au programme de l’Université Laval, Québec, J.-P. Garneau, 1903, 654 p. (1907 et 1922); Cours élémentaire de cosmographie, Québec, Imprimerie Laflamme et Proulx, 1916 (première édition en 1913), 198 p.; Propos scientifiques, Québec, Imprimerie de lřAction sociale Ltée, 1920, 365 p.; Propos scientifiques. Deuxième série, Québec, LřAction sociale Ltée, 1927, 289 p. 197 C.-E. Dionne, zoologiste au musée de lřUniversité Laval, signe dřune longue liste de titres sur la page couverture de son dernier ouvrage, Les oiseaux de la province de Québec : « maître-ès-arts, conservateur du Musée zoologique de lřUniversité Laval, membre associé de lř« American Ornithologist Union », de la « National Geographic Society » Washington, etc. Auteur de Les Oiseaux du Canada, du Catalogue (annoté) des Oiseaux de la Province de Québec, de Les Mammifères de la Province de Québec8 ». Cette énumération peut paraître fastidieuse, mais rappelons que C.-E. Dionne, sans formation scientifique, ne possédait pas une position bien définie dans le milieu scientifique. Seules ses appartenances institutionnelles et ses quelques publications lui permettent de définir sa position dans ce milieu et, de là, lui assurer une certaine légitimité scientifique. Dans un texte repris du Canadian Record of Science, H.-M. Ami signe ainsi « M.A., F.G.S. [Fellow of the Geological Society]9 ». Quelques années plus tard, il ajoute les autres titres accumulés, cřest-à-dire D.Sc.Ŕ il avait terminé un doctorat sous la direction de J.W. Dawson à McGill Ŕ, et F.R.S.C. [Fellow of the Royal Society of Canada]10 ». Lřajout du titre académique, à la fin du siècle, reflète une tendance importante : les professionnels se distinguent maintenant de plus en plus des amateurs par leur formation universitaire, garante de leur compétence, ce qui leur assure une certaine reconnaissance sociale. Dans la série des Palaeozoic fossils (volumes III), un autre géologue, J.F. Whiteaves aligne les titres : « F.G.S. [Fellow of the Geological Society], F.R.S.C., etc. Palaeontogist and zoologist, G. [geologist ?] & N.H.S.C. » Pour ce dernier sigle, il sřagit très probablement dřune erreur pour N.H.S.M., Natural History Society of Montreal11. Plus tard, en 1895, il enlève celui de N.H.S.C., car la participation à une société savante formée principalement dřamateurs ne confère aucun prestige. En 1906, dans la dernière partie du volume III, il ajoute quřil est assistant directeur de la C.G.C. 8 C.-E. Dionne, Les oiseaux de la province de Québec, Québec, Dussault & Proulx, 1906, viii-414 p. H.-M. Ami, « On the Geology of Quebec City, Canada », réimprimé à partir de Canadian Record of Science, avril 1891. 10 H.-M. Ami, « Annual address of the president of the Ottawa field-naturalistsř club delivered December 11th, 1900 », réimprimé à partir du Ottawa Naturalist, vol. XIV, no 11 (février 1901). 11 J.F. Whiteaves, Palaeozoic fossils, 1884. 9 198 Ces cas nous permettent de voir que lřimportance dřafficher ses titres académiques et professionnels, de même que ses appartenances institutionnelles et associatives, sřaccroit au cours de la période. Lřappartenance à des sociétés savantes prestigieuses assure aux naturalistes une visibilité et une renommée accrue de leurs travaux, signe de reconnaissance dans le milieu scientifique, dřautant plus que leur position nřest pas toujours bien définie dans ce milieu. Comme nous lřavons vu avec les cas précédents, les auteurs de monographies scientifiques et de manuels de sciences font suivre leur nom des différents titres quřils possèdent, comme F.R.S.C.12, F.G.S., professeur…, directeur…, etc. et, quand ils le pouvaient, de leurs diplômes, M.A., Sc. D., LL. D., maîtrises et doctorats honorifiques. La même situation sřobserve dans le milieu médical : Concomitante au processus de professionnalisation de la médecine, la pratique de lřanonymat dans les publications devient de moins en moins courante dès la fin du XIX e siècle. Par ailleurs, les auteurs de rapports médicaux étayés sur des recherches signaient non seulement depuis maintes années leurs contributions originales, mais précisaient également leurs titres, diplômes et affiliations à des institutions hospitalières. Lřajout des qualifications professionnelles reflétait le désir des auteurs de marquer leur œuvre du sceau de la crédibilité scientifique et de lřautorité. Les auteurs dřarticles, de rapports et de livres scientifiques avaient aussi adopté cet 13 usage . Le prestige accolé à ces titres, réel ou imaginé, devient un sujet de convoitise pour dřautres naturalistes, particulièrement les jeunes. Le paléontologue H.-M. Ami, dans une lettre à lřabbé J.-C.-K. Laflamme, lui explique son désir de faire partie de la S.R.C., société savante dont J.-C.-K. Laflamme vient dřêtre nommé président : Encore une fois je vous félicite de la haute & noble position que vous occupez dans cette société nationale à laquelle, humblement et tranquillement, jřose avec foi travailler à atteindre même le degré le plus inférieur, le titre de simple membre quand le temps sera venu pour prendre ma place au gré des membres de la section 4. Mais, voilà que je ne suis pas la piste dřhumilité que mřa tracé Sir William [Logan] dont je parlais tantôt, toutefois nřest-ce pas légitime à un jeune homme de 33 ans dřaspirer à une telle position afin si possible dřêtre un peu plus dřutilité à notre nationalité à notre époque14. 12 « Le Gouverneur général a établi dernièrement au Canada une Académie royale des sciences et des lettres, dont les membres ont été recrutés parmi les plus beaux noms de notre littérature. Voilà pourquoi jřai été nommé membre de la susdite académie ainsi que MM. Bégin et Hamel, ce dernier surtout à cause de ses procès avec le Cardinal Trudelle. Je suis donc maintenant F.R.S.C., ce qui veut dire Fellow Royal Society of Canada, (…). » (Lettre de lřabbé J.-C.-K. Laflamme à lřabbé T.-E. Gauvreau, 17 mai 1882, Université 54/101, Fonds Séminaire de Québec, Musée de la Civilisation.) 13 Macdonald et Connor, op. cit., p. 189. 14 Lettre dřH.-M. Ami à lřabbé J.-C.-K. Laflamme, 5 juin 1891, Université 60/16, Fonds Séminaire de Québec, Musée de la Civilisation. 199 Un autre exemple de demande provient dřune lettre de Henry-G. Vennor à W.E. Logan qui lui écrivait : « I have been desirous for some time to obtain an F.G.S. as a sort of handle to my name thinking it may be if some service to me in future years, when perhaps working for myself, apart from the Survey Office15. Knowing that my only chance of obtaining this is through you, I wish now to ask, whether during your present visit to London, you could favour me in this respect16 ». Cette demande peut nous paraître extravagante. H.-G. Vennor, âgé de 30 ans en 1870, souhaite faire partie de la Geological Society of London, alors quřil nřa encore rien produit de significatif dans cette discipline. En fait, dans cette société savante, comme dans dřautres, seule une minorité de membres est productive. Grâce à son réseau de sociabilité, H.-G. Vennor est admis à la Geological Society of London, la même année. Cette demande nous indique que lřappartenance à une société savante dont la visibilité est internationale apporte par le fait même une légitimité scientifique qui nřétait pas sans influencer la trajectoire future dřun acteur. Dans le cas où cette appartenance ne donne pas les fruits escomptés, lřacteur se sent en droit de protester. Lřexemple du géologue J.W. Dawson est révélateur des limites de cette appartenance. Même si sa réputation est forte, il « avouait amèrement sa frustration de ce que, contrairement aux précédentes, sa « Bakerian Lecture » à la Société Royale de Londres nřeût pas été publiée dans Philosophical Transactions, organe officiel de la société17 ». Comme le mentionne S. Sheets-Pyenson dans sa biographie de J.W. Dawson, le refus de publier sa « Bakerian Lecture » au sujet des plantes fossiles du Devonien lui cause « one of the deepest mortification of [his] life18 ». Ce quřil ne savait probablement pas, cřest que peu de naturalistes britanniques reconnaissent lřimportance de ces fossiles, dřautant plus que peu de textes publiés dans les Transactions sont produits par des géologues spécialisés en sciences naturelles19. De plus, les fonds limités dont dispose la Société Royale de Londres à ce moment constituent un obstacle empêchant la publication de textes provenant de 15 La C.G.C. Lettre de H.-G. Vennor à W.E. Logan, 4 septembre 1870, McGill Archives Private Fonds, MG2046, C.2. 17 Macdonald et Connor, op. cit., p. 193. 18 Sheets-Pyenson, op. cit. (John William Dawson. Faith, Hope, and Science), p. 108. 19 Ibid. 16 200 scientifiques de lřétranger20. Enfin, contrairement à sa tradition, la Société Royale ne publie plus systématiquement les textes de toutes les conférences dans les années où J.W. Dawson fit la sienne21. Ce que J.W. Dawson nřa pas entrevu de cet événement est que ce refus ne signifiait pas que son travail avait été évalué négativement 22. Lřadhésion à une société savante se fait habituellement à la suite de la demande dřun individu. Dans certains cas, un droit dřentrée était exigé Ŕ ce fut le cas dans les débuts de la L.H.S.Q. Ŕ, tandis que dřautres acceptaient les candidats recommandés par leurs membres ou encore tous ceux qui en faisaient la demande. Quand il sřagissait dřune société savante prestigieuse, lřadhésion pouvait être lřenjeu de luttes entre les membres. En 1906, à la suite de la mort de C. Baillairgé, membre de la section III de la S.R.C. (comprenant les mathématiques, la physique et la chimie), J.-C.-K. Laflamme propose la candidature de lřabbé H. Simard pour le remplacer23. Au cours de lřannée, J.-C.-K. Laflamme sollicita lřappui de Sir Sandford Fleming : « Pardonnez-moi si je prends la liberté de vous demander votre vote en faveur du Prof. Simard, de lřUniversité Laval, pour remplacer M. C. Baillairgé dans la Section III de la S.R.C. Vous recevrez de Mr T. Macf24 la liste des travaux déjà publiés par le prof. Simard. Vous verrez qui, si vous avez la complaisance de remplacer un homme de Québec25 par un autre homme de Québec, canadien-français tous les deux, le choix de mon candidat sera très à propos26 ». En apprenant quřau moins un autre candidat est dans la course, H. Simard décide ensuite de retirer sa candidature : « I am favoured with your card of the 13th inst, and have written to Dr. Dawson that M. Simard desires to withdraw his candidature for membership of Section III of the Royal Soc. of Can. in favour of Dr King27 ». Parce que plusieurs candidats avaient presenté leur candidature pour un seul poste disponible et que la course semblait créer une compétition 20 Ibid. Ibid., p. 109. « Dawsonřs lecture, however, appears to have ushered in a new phase of the Bakerian endowment: publication in the prestigious quarto journal did not inevitably follow. » 22 Ibid. 23 Lettre (brouillon) de lřabbé J.-C.-K. Laflamme à T. Macfarlane, 13 mai 1906, Université 53/91, Fonds Séminaire de Québec, Musée de la Civilisation. 24 Thomas Macfarlane. 25 Charles Baillairgé. 26 Lettre de lřabbé J.-C.-K. Laflamme à Sir Sandford Fleming, S.D. [1906], Université 68/95, Fonds Séminaire de Québec, Musée de la Civilisation. 27 Lettre de T. Macfarlane à lřabbé J.-C.-K. Laflamme, 14 février 1907, Université 53/123, Fonds Séminaire de Québec, Musée de la Civilisation. 21 201 malsaine, les members de la S.R.C. annulèrent lřélection pour cette année : « At the meeting of Section III of the Royal Soc. held this week it was decided not to have any election until next year. As there are likely to be several candidates then I would suggest the advisability of again nominating Dr Simard28 ». T. Macfarlane recommande alors à J.C.-K. Laflamme de conserver la candidature de H. Simard pour une autre année29, mais J.C.-K. Laflamme ne la représente pas lřannée suivante. H. Simard considérait probablement que ses appuis au sein de la Société ne sont pas assez solides à ce moment. Toutefois, il nřest peut-être pas surprenant que la nomination de H. Simard nřait pas été retenue pour la section scientifique. Comme le mentionne Y. Gingras à propos du contexte de lřépoque, En somme, si la présence de scientifiques francophones se fait plus rare à partir du tournant du siècle, ce nřest pas parce que les trajectoires possibles se sont modifiées mais bien parce que les rares portes sur lesquelles elles débouchaient se sont fermées : la géologie sřest professionnalisée et la description « à lřœil nu » des plantes ou des insectes a cessé, au XXe siècle, dřêtre pratique légitime : lřère des amateurs doués, tels que les Laflamme, Brunet 30 et Provancher, était terminée . Il explique également quř« au tournant du siècle cependant, la section III sera surtout composée de chercheurs qui nřéliront que leurs semblables. Cette professionnalisation fera en sorte quřaprès la disparition de T.-E. Hamel et de J.-C.-K. Laflamme Ŕ (…) Ŕ les sections scientifiques de la Société royale ne compteront plus aucun Canadien français jusquřau milieu des années 192031 ». Dans de telles circonstances, lřabbé H. Simard nřavait aucune chance dřaccéder à la section scientifique. 28 Lettre de T. Macfarlane à lřabbé J.-C.-K. Laflamme, 18 mai 1907, Université 53/121, Fonds Séminaire de Québec, Musée de la Civilisation. 29 « Since the receipt of your last letter I have see Sir Sandford Fleming and Captain Deville regarding the renewal of the Abbé Simards candidature. Both gentleman agreed that their signatures to the nomination should stand. I have advised Dr Fletcher the Hon. Secy to this effect, and he informs me that the nomination papers are in order for the next election. » (Lettre de T. Macfarlane à lřabbé J.-C.-K. Laflamme, 3 juin 1907, Université 53/122, Fonds Séminaire de Québec, Musée de la Civilisation.) 30 Y. Gingras, « La réception des rayons X au Québec : radiographie des pratiques scientifiques » dans Marcel Fournier, Yves Gingras et Othmar Keel (dir.), Sciences & Médecine au Québec. Perspectives sociohistoriques, Institut québécois de recherche sur la culture, 1987, p. 81. 31 Ibid., p. 80. 202 Les correspondants canadiens-français ne se sentaient pas les bienvenus dans les sections scientifiques. En 1918, les sciences sont divisées en trois sections : III : mathématiques; IV : sciences physiques et géologiques et V : sciences biologiques. Des Canadiens français ont bien essayé de fonder une section scientifique, mais un des leurs montre son désaccord devant lřattitude défaitiste de ses compatriotes : « Il y a quelques années, jřai espéré que nous pourrions fonder une section de ce genre. Mais on mřa dit que M. Chapais sřy était fortement opposé, prétendant que nous devons emporter la position de hautes luttes ce que je crois impossible avec la mentalité des Anglais, qui forment la presque totalité des sections scientifiques32 ». En 1913, lřabbé V.-A. Huard devient membre de la section IV (alors encore formée des sciences géologiques et biologiques)33, mais il faut attendre le milieu des années 1920 pour voir lřadhésion dřun autre Canadien français à une des sections scientifiques. Comme lřabbé V.-A. Huard propose le zoologiste C.-E. Dionne pour 1915, il avertit le frère Marie-Victorin quřil attendra au moins un an de plus pour sa nomination34. Dix ans plus tard, V.-A. Huard frappe un grand coup : la double candidature du frère Marie-Victorin à la S.R.C., soit à la section I (littérature française, histoire, archéologie, etc.) et à la section V (sciences biologiques). Son élection à la section littéraire est assurée Ŕ il avait déjà publié deux ouvrages de récits qui ont connu beaucoup de succès : les Récits laurentiens, en 1919 et les Croquis laurentiens, en 1920 Ŕ, tout comme lřétait celle de lřabbé H. Simard, élu dans la même section lřannée précédente : « Jřai hâte de voir ce qui va advenir de votre double candidature à la Soc. Royale. (…) Lřabbé Simard est aussi présenté dans la Section littéraire française, parce que les Anglais ont lřair de ne plus vouloir accepter de Canadien français dans les sections scientifiques. Vous allez sans doute être élus tous les deux dans la Section littéraire, (…) 35 ». Par contre, on lui refuse une place dans la section V, malgré les efforts du botaniste Francis E. Lloyd, 32 Lettre de lřabbé V.-A. Huard au frère Marie-Victorin, 27 juin 1923, E118/A1, 725, V.-A. Huard, Fonds Institut botanique (Frère Marie-Victorin). 33 Lettre de lřabbé V.-A. Huard au frère Marie-Victorin, 30 mai 1913, E118/A1, 725, V.-A. Huard, Fonds Institut botanique (Frère Marie-Victorin). 34 « Des nouvelles de la Société Royale : sur le conseil dřun sociétaire anglais et très important, je ne proposerai M. Dionne quřà lřélection de 1915. Cela vous retarde aussi dřun an. Mais vous avez lřavantage dřêtre encore jeune et de pouvoir donc attendre. » (Lettre de lřabbé V.-A. Huard au frère Marie-Victorin, 28 décembre 1913, E118/A1, 725, V.-A. Huard, Fonds Institut botanique (Frère Marie-Victorin). 35 Lettre de lřabbé V.-A. Huard au frère Marie-Victorin, 19 mars 1923, E118/A1, 725, V.-A. Huard, Fonds Institut botanique (Frère Marie-Victorin). 203 de McGill36, contact de longue date du frère Marie-Victorin, ce que déplore V.-A. Huard dans une lettre, en 1924 : « Seulement jřai le cœur gros de voir que vous aussi vous échappez pour ce qui est des sections scientifiques. Après lřassemblée du mois de mai, je dirai là-dessus ma façon de penser à MM. les Anglais. Pour ce qui est de vous, vous aviez aussi des titres excellents à entrer dans la section des Lettres, laquelle est la plus honorable, dans la pensée de beaucoup. Mais vous êtes sans doute chagrin de voir que nous nřen pas dans les sections scientifiques37 ». Le frère Marie-Victorin accède à la section V en 1927 : en fait, on le transféra de la section littéraire à celle des sciences biologiques « dont il sera le seul membre canadien-français38 ». Entre temps, il présente des communications à la section littéraire française dont les titres indiquent bien lřabsurde de la situation : « Une florule halophytique-côtière reliquale dans le bassin du lac Saint-Jean » ou « Quelques composées nouvelles, rares ou critiques, du Québec oriental »39. Comme ce fut le cas de lřabbé H. Simard en physique, Y. Gingras rappelle que « les difficultés quřéprouvera le frère Marie-Victorin, un autodidacte, à se faire élire au sein de la section de biologie de la Société royale du Canada pourraient aussi être interprétées comme un effet de la marginalisation de la taxinomie dans le champ de la biologie40 ». 5.1.2 La position des acteurs La place des acteurs dans le milieu scientifique sřévalue en examinant les nouveaux rôles tenus par les naturalistes dans la société et dans la science. Ainsi, on fait appel à des naturalistes pour analyser une situation et produire des rapports et on en nomme à des postes institutionnels au sein de lřÉtat fédéral ou provincial. Cette intégration des naturalistes, qui se fait progressivement, témoigne dřune certaine reconnaissance de lřÉtat envers leur nouveau statut dans la société canadienne et québécoise. Elle permet également 36 « Lloyd proposait sa candidature à la Société Royale du Canada, dans la section 5 Ŕ section de biologie. (…) Les membres de la section 5, peu habitués à rencontrer des Canadiens français dans leur congrès, et sans doute imprégnés de préjugés, firent la moue. ŖLe seul moyen dřadmettre un Canadien françaisŗ, dit lřun dřeux, Ŗserait dřabaisser le niveau de nos exigencesŗ. Lloyd, très mécontent, ne réussit pas à forcer la porte. » Rumilly, op. cit., p. 115. 37 Lettre de lřabbé V.-A. Huard au frère Marie-Victorin, 24 avril 1924, E118/A1, 725, V.-A. Huard, Fonds Institut botanique (Frère Marie-Victorin). 38 Rumilly, op. cit., p. 144. 39 Ibid., p. 131. 40 Gingras, op. cit. (« La réception des rayons X au Québec »), p. 81. 204 de repérer les zones de friction lors du choix dřun naturaliste pour occuper un poste au sein de lřÉtat fédéral, comme nous lřavons vu au chapitre précédent. Durant la deuxième moitié du XIXe siècle, on assiste à une spécialisation croissante de lřhistoire naturelle : « En effet, les proportions exorbitantes atteintes par la masse des connaissances rendent nécessaire la division du travail grâce à de nouvelles disciplines et sous-disciplines scientifiques41 ». La figure du naturaliste amateur, du savant autodidacte, auparavant prédominante, sřamenuise peu à peu devant lřapparition dřun nouvel acteur : le chercheur spécialisé42. Ces nouveaux spécialistes sont de plus en plus sollicités par lřÉtat pour accomplir diverses tâches ou encore pour occuper des postes dans les organes étatiques. Par exemple, cřest ce que lřon observe dans les années 1880 à la C.G.C. : les nouveaux venus détiennent, en priorité, des diplômes universitaires43. LřÉtat fait aussi de plus en plus appel à eux comme consultant ou organisateur dřévénement. En 1854, le gouverneur du Canada-Uni nomme W.E. Logan, directeur de la C.G.C., membre du comité provincial mis sur pied afin de préparer les artéfacts qui représenteraient le Canada à lřExposition universelle de Paris, en 185544. Le directeur de la Commission géologique du Canada, dans les années 1880, A.R.C. Selwyn, demande quant à lui à lřabbé J.-C.-K. Laflamme dřexplorer la géographie physique de quelques régions du Québec en tant que membre-adjoint de la Commission. J.C.-K. Laflamme passe une partie des étés 1883 et 1884 au Saguenay et au lac Saint-Jean, ceux de 1885, 1886 et 1887 sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent (de Québec à Trois41 Zeller, op. cit. (La nouvelle Terre promise. La culture de la science victorienne au Canada), p. 22. Yves Gingras, Peter Keating et Camille Limoges, « Du savant au chercheur entrepreneur », Sciences humaines Hors-série no 31 (décembre 2000/janvier-février 2001), p. 32. 43 « By the early eighties the Survey was well on the way to implementing an employment policy that Selwyn had enunciated as early as 1871, to upgrade the scientific attainments of his staff and « to give the preference to young men who have received an education specially fitting then for the work, and who wish to make their profession. » With few exceptions, his appointments by the eighties were drawn from the ranks of the university graduating classes, an indication of the way Canadian universities had expanded their programs in geology and the other sciences, (...). » Zaslow, op. cit., p. 131. 44 Lettre du bureau du secrétaire à W.E. Logan, 21 octobre 1854, McGill University Archives Private Fonds, MG2046, c. 1. 42 205 Rivières, puis de la rivière Saint-Maurice à la Batiscan), ceux de 1890 et 1891 dans le comté de Charlevoix, puis, en 1892, dans les comtés de Charlevoix, de Montmorency et les voisinages du lac Saint-Jean. Enfin, il se rend à lřÎle dřAnticosti à lřété 1901. À la suite de toutes ces explorations, J.-C.-K. Laflamme produit des rapports qui sont intégrés au rapport annuel de la C.G.C. J.-C.-K. Laflamme est aussi sollicité par les responsables provinciaux pour participer à des congrès et pour enquêter sur divers événements géologiques. En 1891, il représente la Province au cinquième congrès international de géologie, à Washington, tandis que six ans plus tard, on lui demande de représenter le Dominion au congrès de géologie, à SaintPétersbourg. On eut également recours à son expertise pour analyser une catastrophe régionale, lřéboulis de Saint-Alban, survenu le 27 avril 1894 : « À la suite de cet éboulis, le gouvernement provincial institua une Commission dřenquête, dont la direction fut confiée à Mgr Laflamme45 ». En 1898, à la suite des éboulis de Saint-Thuribe et de Saint-Luc-de-Vincennes, survenus respectivement le 7 mai et le 21 septembre, J.-C.K. Laflamme présente deux rapports au Ministre de la Colonisation et des Mines, Adélard Turgeon. Enfin, en 1905, la Commission internationale des voies dřeaux limitrophes (section canadienne) le consulte en tant que « géologue de renom sur la question du recul des chutes Niagara et du partage éventuel, pour fins hydrauliques ou autres, des eaux du Niagara. » On lui demande « de trouver une solution à ce problème dřordre international46 ». Après un voyage à Niagara, à la fin dřoctobre, J.-C.-K. Laflamme présente son rapport deux mois plus tard47. Afin dřaccroître la légitimité de ses services, lřÉtat a recours à des spécialistes pour occuper divers postes au sein de lřappareil étatique. Sur le plan provincial, le Service des mines est confié à J. Obalski, ingénieur minier formé à lřÉcole des mines de Paris. Les analyses dřéchantillons au Service des Mines sont toutefois confiées à un chimiste, plus en 45 Bureau, loc. cit. (« Monseigneur Joseph-Clovis-Kemner Laflamme, géologue »), p. 208. Ibid., p. 213. 47 Ibid., p. 214. 46 206 mesure dřeffectuer ce genre de manipulations. On fait également appel à des chimistes pour effectuer les analyses de produits laitiers, des engrais, etc.., au Laboratoire officiel de la province de Québec. De même, en 1916, lřentomologiste provincial, V.-A. Huard, est remplacé par lřingénieur forestier et professeur à lřÉcole de foresterie et de géodésie de lřUniversité Laval: Georges Maheux. Ce dernier semblait probablement un candidat plus crédible pour occuper ce poste. La nomination dřun naturaliste à un poste convoité ou comme membre dřune société savante pouvait provoquer des conflits entre les naturalistes francophones et les anglophones. Nous avons déjà traité des cas du remplacement de E. Billings au poste de paléontologiste à la C.G.C., en 1875, et de la nomination du frère Marie-Victorin à la section scientifique de la S.R.C., en 1924. Un autre exemple saisissant concerne les relations du directeur de la C.G.C., A.R.C. Selwyn, avec les Canadiens, et particulièrement les francophones. En 1884, un comité de la Chambre des communes se penche sur le fonctionnement de la Commission. R. Bell, géologue pour lřorganisme, propose ses suggestions au comité, comme il lřécrit à lřabbé J.-C.-K. Laflamme. Il lui explique les relations de A.R.C. Selwyn avec les scientifiques canadiens et, plus particulièrement les francophones : When I was asked for suggestions to improve the Survey by a former Minister of the Interior, the two points I insisted on, were, more attention to the mines and that a fair proportion of French Canadians should be employed. Selwyn, who hates Canadians of all kinds, is particularly severe on French Canadians. I have a most efficient French assistant, Mr E. Coste [?], educated at the École des Mines of Paris, whom Selwyn dismissed in the most arbitrary manner other way, but was obliged to take him back48. J.-C.-K. Laflamme lui répond que « Mr Selwyn a toujours été assez bienveillant à mon égard, je nřai aucune raison personnelle de lui en vouloir, au contraire. » Il souhaite néanmoins que R. Bell lřinforme du déroulement de lřaffaire : « Mais vous comprenez, que des difficultés de ce genre ont pour les gens de métier un intérêt quřelles nřont pas pour les 48 Lettre de R. Bell à lřabbé J.-C.-K. Laflamme, 16 mars 1884, Université 60/39, Fonds Séminaire de Québec, Musée de la Civilisation. 207 autres. Je vous serais donc bien obligé si vous mřenvoyez encore quelques extraits de journaux relatant les témoignages rendus devant le Comité de la Chambre49 ». La situation ne semble pas sřêtre améliorée avec le temps. Quelques années plus tard, A.R.C. Selwyn et J.F. Whiteaves, paléontologue (spécialiste des fossiles de lřouest du Canada et des invertébrés) et assistant-directeur de la C.G.C., dédaignent encore les Canadiens français, selon un de leur employé. Celui-ci, H.-M. Ami, assistant de J.F. Whiteaves, se plaint de sa situation à lřabbé J.-C.-K. Laflamme, car on ne lui ferait pas confiance en tant que spécialiste de la faune paléontologique de lřest du Canada : Jřai des notes paléontologiques sur la partie Est du Canada en masse. M. Whiteaves depuis six ans ne me traite plus du tout comme son assistant de la paléontologie. Jřai fait des travaux indépendants. Jřai écrit des rapports depuis 1883, pour la commission, déterminé des milliers de fossiles, examiné la faune ancienne et paléozoïque de Québec, de lřOntario, de la NouvelleÉcosse, du Nouveau-Brunswick, et voilà que M. Whiteaves qui me fait toujours la guerre, lui travaille dans les roches de lřouest surtout. Il en a plus quřil peut. M. Walcott et géologue des États-Unis Dr Revenow [?], Dr Fairchild, Prof Emerson & dřautres voudraient savoir pourquoi je nřai pas la charge des fossiles de lřEst du Canada. Pourquoi ne fais-je pas mes rapports directement au Dr Selwyn et que je sois nommé paléontologiste de cette région est à laquelle 50 Billings a tant déjà fait et où il y a encore tellement à faire et surtout à présent . Dans une autre lettre, il avance une explication : J.F. Whiteaves et A.R.C. Selwyn, tous deux dřorigine anglaise et formés en Angleterre, nřaimeraient pas les Canadiens : Quelle opposition acharnée de la part de MM. Whiteaves et Selwyn. On ne le croirait pas. Si jřétais anglais, tout droit dřAngleterre comme eux-deux Ŕ ils nřont pas plus le cœur au Canada Ŕ et à bas les Canadiens, mais, comme je lřai une fois seulement lorsquřils parlaient des Canadiens. « Ça pris un Canadien pour nous remettre où elles étaient ces formations ! » Mais ce nřest pas une question de nationalité pour moi, cřest lřhistoire des temps, la suite géologique la succession des couches dans lřhistoire de lřécorce terrestre, lřacquisition des terrains dans le système 51 cambro-silurien . J.F. Whiteaves récidive quelques années plus tard. En 1904, un paléontologue de la Commission, Lawrence M. Lambe, sřaccorde le titre de « vertebrate palaeontologist52 ». J.F. 49 Lettre de lřabbé J.-C.-K. Laflamme à R. Bell, 22 mars 1884, Fonds Robert Bell, MG29-B15, vol. 23 no 61, Archives Canada. 50 Lettre de H.-M. Ami à lřabbé J.-C.-K. Laflamme, 3 février 1891, Université 60/14, Fonds Séminaire de Québec, Musée de la Civilisation. 51 Lettre de H.-M. Ami à lřabbé J.-C.-K. Laflamme, 7 février 1891, Université 60/15, Fonds Séminaire de Québec, Musée de la Civilisation. 52 Il se spécialisait dans lřétude des dinosaures. 208 Whiteaves, offusqué, demande des explications au directeur supplant de la C.G.C., R. Bell : « The responsibility for the work done in the Palæontological branch rests solely on myself, (...). I should like to know, (...), if this particular office has been created and when, or if Mr Lambe has official authority for assuming such a title? In the event of the absence of such authority, I hope that you will at once take the necessary steps to have a proper correction made in the Summary Report now going through the Press53 ». La supposée coquille ne fut pas corrigée, car dans le Compte rendu sommaire des travaux de la Commission géologique durant l’année 1904, le nom de L.M. Lambe est suivi du titre « paléontologue des vertébrés54 », tandis que le nom de J.F. Whiteaves nřest suivi dřaucun titre55. Ces incidents nous indiquent que certains changements surviennent dans le milieu scientifique de cette époque et de la place des scientifiques dans le champ politique. Une nouvelle structuration apparaît : le plus souvent, le naturaliste dont la reconnaissance sociale est la plus forte est celui qui possède une formation spécialisée, un poste institutionnel et qui appartient à une ou plusieurs sociétés savantes prestigieuses, tandis que celui dont la reconnaissance est plutôt mince, du fait de lřabsence dřune formation spécialisée et de lřabsence de titre professionnel, a de la difficulté à prendre place dans le milieu. À la fin de la période, même si la pratique nřest pas généralisée, les naturalistes qui influencent durablement le milieu sont ceux dont la légitimité scientifique est bien établie et qui possèdent des relations dans le champ politique. 5.2 La dynamique de l’espace de sociabilité scientifique : les controverses locales True science is always humble, for it knows itself to be surrounded by mysteriesŕ mysteries which only widen as the sphere of its knowledge extend. - J.W. Dawson, « Review of Darwin of the Origin of Species by means of Natural Selection », The Canadian Naturalist & Geologist, vol. V. no 2 (April 1860), p.100. 53 Lettre de J.F. Whiteaves à R. Bell, 7 mai 1904, Fonds Robert Bell, MG29-B15, vol. 36, dossier 98, Archives Canada. 54 L.M. Lambe, « Paléontologie des vertébrés », Compte rendu sommaire des travaux de la Commission géologique durant l’année 1904, Ottawa, S.E. Dawson, Imprimeur de sa très excellente majesté le roi, 1905, p. 368-377. 55 J.F. Whiteaves, « Paléontologie et zoologie », Compte rendu sommaire des travaux de la Commission géologique durant l’année 1904, Ottawa, S.E. Dawson, Imprimeur de sa très excellente majesté le roi, 1905, p. 361-368. 209 Les mystères, tant dans lřordre surnaturel que dans lřordre naturel, ne sont ni des énigmes ni des impossibilités. Ils représentent seulement la limite extrême que notre intelligence peut atteindre. - L. Provancher, « Le darwinisme », Le Naturaliste canadien, vol. XVI, no 9 (mars 1887), p. 142. Les quelques exemples de débats et de controverses scientifiques présentés ici ont pour but dřexposer la dynamique du milieu scientifique. Certains naturalistes passent à travers les controverses sans trop de dommage, tandis que dřautres nřont pas vraiment dřinfluence dans celles-ci ou en ressortent avec une réputation plus ou moins entachée. 5.2.1 Le darwinisme La publication de lřouvrage On the Origin of species de C. Darwin, en 1859, ne provoque pas de forts remous au Québec. Comme le mentionne E. David dans son mémoire, « rares sont les Canadiens français qui sont à même dřapprécier et même de discuter des récentes avancées de la science évolutionniste.56 » Deux naturalistes québécois, lřabbé L. Provancher et J.W. Dawson, affichent ouvertement leur opposition aux thèses des transformistes et leur anti-darwinisme. J.W. Dawson se lance dans le débat en 1860, tandis quřil faut attendre la fin des années 1880 pour voir les premières sorties publiques de L. Provancher contre les idées évolutionnistes. La position adoptée par L. Provancher dans le débat darwinien constitue une sorte de compromis entre la position des catastrophistes, qui postulaient quř« une immense quantité dřêtres vivants, primitivement créés, ont été détruits totalement ou partiellement, par des cataclysmes soudains et généraux, puis créés une seconde fois, détruits à nouveau, et ainsi de suite; (…)57 » et celle des transformistes, qui avançaient que « toutes les espèces animales et végétales, qui ont existé ou qui existent encore, sont le résultat du développement graduel et successif de plusieurs ou même, par analogie, d’un seul organisme primordial extrêmement simple58 ». Ces derniers présumaient que « ce résultat étant le produit par lřaction de causes naturelles, qui ont agi dřune manière lente et 56 David, op. cit., p. 17. L. Provancher, « Le darwinisme », Le Naturaliste canadien, vol. XVI, no 8 (février 1887), p. 120. 58 Ibid. Les italiques sont de Provancher. 57 210 continue59, pendant une très longue série de siècles60 ». L. Provancher, qui reproche aux transformistes de ne pas expliquer lřorigine de cet organisme primitif ou de le faire surgir du néant Ŕ « du néant rien ne peut surgir61 » Ŕ, penche plutôt pour une autre hypothèse, un peu à lřécart du récit biblique originel, mais se fondant tout de même sur lřaction divine. Dieu nřa pas opéré la création de tous les êtres dřun seul coup et tout à la fois; il nřa pas non plus détruit ses créations de temps à autres pour les remplacer par dřautres; mais à mesure que par lřaction des lois naturelles imposées à la matière lřatmosphère sřépurât davantage, que la terre se dégageât des eaux et sřaffermît plus solidement, il créa de nouvelles existences organisées pour lřétat où se trouvait alors la terre, les anciennes persistant plus ou moins longtemps dans la nouvelle situation qui leur était faite, ou périssant dans des cataclysmes que la consolidation du globe amenait 62 naturellement . Pour L. Provancher, lřimportant « est de reconnaître que Dieu est le créateur de toutes choses; tant quřau modus operandi, les opinions peuvent varier, puisque Dieu nřa pas jugé à propos de nous lřapprendre de manière à écarter tout doute63 ». Selon lui, son hypothèse sřaccordait à la fois avec les écritures saintes et les exigences de la science64. Si L. Provancher laisse la place à lřapparition de nouvelles espèces quand les conditions deviennent favorables, il est tout de même en désaccord avec lřidée de la transformation des variétés en de nouvelles espèces. Horticulteur depuis ses années de collège, L. Provancher affirme que les espèces sont variables dans certaines limites, mais quřelles ne sont pas mutables. Il en donne pour preuve la création de variétés ou de « races parmi les animaux65 ». Il reproche à C. Darwin de ne pas avoir vu « les limites de cette variabilité, (…)66 ». Il réfute aussi la personnification de la nature dans son discours et refuse à la nature la possibilité de produire « ces variétés, résultat des soins de lřhomme; car la nature suit ses lois sans jamais en dévier que par force majeure. Et cřest si bien le cas, quřabandonnées à elles-mêmes, ces races artificielles dues aux soins de lřhomme, 59 Cřest la théorie de lřuniformitarisme, présentée par C. Lyell dans ses Elements of Geology, publiés de 1831 à 1833. 60 Ibid., p. 121. 61 Ibid., p. 123. 62 Ibid., p. 124. 63 Ibid., p. 125. 64 Ibid. 65 L. Provancher, « Le darwinisme », Le Naturaliste canadien, vol. XVI, no 11 (mai 1887), p. 172. 66 Ibid., p. 170. 211 reviennent en fort peu de temps à leur état primitif67 ». Dans lřétat des connaissances de cette époque, il ne pouvait aller plus loin dans son explication. La position de L. Provancher nřest pas surprenante compte tenu du fait que les membres du clergé canadienfrançais se sont majoritairement opposés au darwinisme dans les dernières décennies du XIXe siècle68. Tout au long de sa vie, J.W. Dawson nřa pas manqué dřargumenter abondamment contre la théorie de C. Darwin, particulièrement lřhypothèse de la sélection naturelle69. J.W. Dawson, qui souhaite réconcilier la science et la religion70, diffuse ses convictions dans diverses publications : Archaia (1857), The Story of the Earth and Man (1874)71, The Dawn of Life (1875), The Origin of the World According to Religion and Science (1877) et Modern Ideas of Evolution (1890). Paléontologue de réputation internationale, J.W. Dawson sřappuie dřabord sur des arguments géologiques pour montrer lřimpossibilité de lřévolution par la sélection naturelle72. Ainsi, il nřexisterait pas de fossiles de formes intermédiaires entre les espèces anciennes et les espèces modernes. Quant à eux, les évolutionnistes en convenaient, mais croyaient plutôt que ces espèces nřavaient pas encore été découvertes. J.W. Dawson ajoute que lřEozoon canadense, première forme de vie au Canada, représente une espèce ancienne plus organisée que dřautres beaucoup plus récentes, ce qui invalidait, selon lui, la théorie de la mutabilité des espèces. À mesure que les partisans de lřévolution des espèces augmentent en nombre, J.W. Dawson a recours à des arguments philosophiques et théologiques73, comme il le fit durant 67 Ibid., p. 172. David, op. cit., p. 16. 69 J.W. Dawson, « Review of Darwin on the Origin of Species by means of Natural Selection », Canadian Naturalist and Geologist, vol. V (1860), p. 100-120. 70 Chartrand, Duchesne et Gingras, op. cit. (2008), p. 166. 71 Il sřagit dřune réplique de deux ouvrages de C. Darwin, The Origin of Species et The Descent of Man. Clifford Holland, « First Canadian Critics of Darwin », Queen’s Quarterly, vol. 88, no 1 (Spring 1981), p. 103. 72 Chartrand, Duchesne et Gingras, op. cit., p. 163. 73 « After 1860 his career as the leading anti-Darwinist and scientific controversialist was motivated by more than purely scientific considerations; he became psychologically involved on a personal, emotional level. His later works are apologia for the creationist viewpoint rather than scientific investigations in their own right. » Holland, op. cit., p. 103. 68 212 la controverse de lřEozoon canadense74. Pour lui, « lřidée dřune évolution guidée par la sélection naturelle est incompatible avec lřadaptation parfaite des êtres à leur milieu, adaptation qui, selon lui, prouve que la nature suit un plan, le Ŗplan de la créationŗ75 ». De plus, « he found the idea of natural selection repugnant, for it reduced nature to an automaton and removed the benign influence of the Supreme Being76 ». Plus tard, il considère que « la modification des espèces nřétait pas incompatible avec lřidée dřun Ŗplan divin de la créationŗ77 », puisque les espèces évolueraient dans des limites préétablies par Dieu78, une idée pas si éloignée de celle exposée par L. Provancher. Le sort différent réservé à la position prise par lřun et lřautre dans la controverse darwinienne peut sřexpliquer par la place occupée par chacun dans le milieu scientifique. À son époque, J.W. Dawson pouvait afficher son anti-darwinisme et cela sans être rejeté par quelques-uns de ses pairs qui défendent plutôt la théorie de lřévolution par voie de sélection naturelle. Cette situation sřexplique principalement par sa renommée internationale acquise avec la publication de ses travaux en géologie et en paléobotanique. Ainsi, la place enviable quřil occupe dans le milieu scientifique international lui assure le respect de ses opinions scientifiques, même si certaines sont déjà contestées de son vivant et se sont avérées fausses par la suite79. Tout au plus mentionne-t-on, dans sa notice nécrologique publiée dans la revue Science, comme pour lřexcuser, que son opposition à la théorie de lřévolution « was, after all, but the weakness of a strong man. It did not, however, enhanced his reputation among men of science, who are commonly willing to let truth work out its own results, knowing that apparent contradictions are merely indications that the whole truth has not been discovered80 ». 74 Charles OřBrien, « Eozoon canadense. The Dawn Animal of Canada », Isis, vol. 61, no 2 (Summer 1970), p. 206-223. 75 Chartrand, Duchesne et Gingras, op. cit. (2008), p. 167. 76 Holland, op. cit., p. 102. 77 Ibid., p. 169. 78 J.W. Dawson exprime cette idée dans son compte rendu du livre The Origin of Species : « It is not nature that gives the variations, but external circonstances; while nature only gives a certain capacity to vary, the extend of which is the point in question. » J.W. Dawson, loc. cit. (« Review of ŖDarwin on the Origin of Species by means of Natural Selectionŗ »), p. 110. 79 Nous pensons ici à lřEozoon canadense. 80 Adams, loc. cit. (« Sir William Dawson »), p. 910. 213 Du côté de L. Provancher, sa position comme religieux ultramontain ne lui permettait pas de participer à la controverse évolutionniste sans se mêler dřapologétique. De toutes les façons, il ne jugeait pas pertinent de le faire, à cause, selon lui, de lřabsurdité évidente de la théorie de C. Darwin. Il reproche à Darwin de ne pas définir la notion dřespèce alors quřil lřutilise comme fondement de sa théorie81. Lřarticle quřil fit paraître dans plusieurs numéros du Naturaliste canadien, de janvier 1887 à mars 1888, nřa dřailleurs pas provoqué de réaction après leur publication, ni dans le milieu scientifique dřici ou dans le milieu scientifique international. 5.2.2 Le venin de crapaud Un certain débat scientifique local se déroule dans les pages du Naturaliste canadien, en 1870 et au début de 1871. Les protagonistes sont les docteurs J.-A. Crevier, JeanBaptiste Meilleur, Michael-Joseph Ahern et lřabbé L. Provancher, le rédacteur de la revue. En juin 1870, le Naturaliste canadien commence la publication dřun article de J.-A. Crevier82. Lřauteur présente une série dřexpériences quřil effectua avec le supposé venin de crapaud, provenant des pustules sur le dos de lřanimal, afin de vérifier son effet toxique sur des grenouilles, des souris et des poissons83. J.-A. Crevier en conclut que la substance sécrétée par les pustules du crapaud pouvait causer la mort de ces animaux lorsque introduite dans une plaie. Dès juillet, J.-B. Meilleur remet en cause les conclusions de J.-A. Crevier. Il avance comme argument « lřopinion de plusieurs naturalistes distingués que cette substance nřest pas vénéneuse, (…)84 » et donne aussi comme exemple le fait que les humains qui y touchaient ne ressentaient aucun effet. Il exprime lřhypothèse que lřincision pratiquée par J.-A. Crevier pour introduire le « venin » était la cause des perturbations du système nerveux et de la mort de certains sujets de lřexpérience. J.-B. Meilleur revient à la charge et 81 L. Provancher, « Le darwinisme », Le Naturaliste canadien, vol. XVI, no (mai 1887), p. 167. J.-A. Crevier, « Étude sur le venin de crapaud. Bufo americana, Leconte », Le Naturaliste canadien, vol. II, no 7 (juin 1870), p. 207-210; vol. II, no 8 (juillet 1870), p. 230-236. 83 Ibid., p. 208. 84 J.-B. Meilleur, « Le venin du crapaud », Le Naturaliste canadien, vol. II, no 8 (juillet 1870), p. 239-241. 82 214 met en doute une autre conclusion de J.-A. Crevier, à savoir que la strychnine aurait une vertu antidotique contre le venin de crapaud85. Le mois suivant, J.-A. Crevier réplique aux deux lettres de J.-B. Meilleur. Il se base sur ses observations, lors des autopsies, des différents dommages causés par des incisions ou un empoisonnement par le venin. Il conteste la réputation dřun savant cité par J.-B. Meilleur par rapport à deux autres et argumente sur les propos de J.-B. Meilleur. Il affirme, de plus, quřil avait isolé la substance la plus active dans le venin, quřil nomme bufoïne86. À la suite de la réponse de J.-A. Crevier, on trouve une lettre du docteur M. J. Ahern qui remet en cause les conclusions de Meilleur et affirme la preuve de la toxicité de la substance sécrétée par les glandes du crapaud87. J.-B. Meilleur répondit par un long article dans le numéro suivant88. Il revient sur son opinion et affirme quřil « ne nit pas absolument la nature vénéneuse de la substance des pustules du crapaud dans certains circonstances (…)89 ». Il réitère sa première opinion à savoir de ne pas croire « à la nature absolument toxique de la substance quřon appelle le venin du crapaud, ni à la vertu antidotique de la strychnine pour en empêcher lřeffet délétère90 ». Il met les contradictions de J.-A. Crevier en lumière et explique ses textes de juillet et août, en appuyant aussi ses dires sur lřépistémologie et la méthode expérimentale91. 85 J.-B. Meilleur, « Encore le venin du crapaud », Le Naturaliste canadien, vol. II, no 9 (août 1870), p. 268270. 86 J.-A. Crevier, « Réponse à la critique de Mr. le Docteur Meilleur, concernant le venin du crapaud canadien », Le Naturaliste canadien, vol. II, no 10 (septembre 1870), p. 309-313. 87 M.-J. Ahern, sans titre, Le Naturaliste canadien, vol. II, no 10 (septembre 1870), p. 313-314. 88 J.-B. Meilleur, « Encore le venin du crapaud », Le Naturaliste canadien, vol. II, no 11 (octobre 1870), p. 329-340. 89 Ibid., p. 329. 90 Ibid., p. 330. 91 « Or, les expériences de Mr. le Dr. Crevier, prises une à une et ensemble, nřont pas prouvé la vérité de son assertion. Nous pouvons donc légitimement arriver à une conclusion diamétralement contraire et opposée à celle à laquelle il aurait aimé nous conduire. »; « (…) je ne puis souscrire sans réserve à ses conclusions, parce que, comme je lřai déjà dit, la vérité de ses assertions nřest pas prouvée et que les faits du dehors semblent sřy opposer formellement. (…) Cependant, il doit paraître clair aux lecteurs que je ne suis pas particulièrement opposé à la conclusion de Mr. le Dr. Ahern; savoir que la substance provenant des pustules du crapaud Ŗ est un poison sui generis, quand elle est introduite sous la peau ou appliquées, à une plaie ŗ, mais je prétends que les expériences du Dr. Crevier ne lřont pas prouvé. En attendant de meilleures preuves, 215 Enfin, au début de 1871, lřabbé L. Provancher met un point final au débat dans une introduction à la dernière réponse de J.-A. Crevier92 et à son rapport de recherche sur les caractéristiques du venin93. Lřabbé donne un résumé de la controverse et fait remarquer que les deux protagonistes sont dřaccord sur le fond de lřaffaire. Il affirme, avec raison, « que vouloir prolonger cette discussion, ce serait ennuyer nos lecteurs94 ». Le débat est clos et ne dépassa pas les limites de la revue. L. Provancher nřexplique pas pourquoi il mettait un terme aux échanges entre les protagonistes. On peut supposer prosaïquement quřil avait besoin dřespace pour publier ses recensions de la faune canadienne et que lřarrêt du débat lui libérait de précieuses pages dans sa revue. 5.2.3 Les tremblements de terre et les éclipses Le débat sur le venin de crapaud nřest pas la première confrontation de J.-A. Crevier avec dřautres naturalistes. En janvier 1871, L. Provancher commente un article de J.-A. Crevier paru le 20 décembre 1870 dans le Courrier de Saint-Hyacinthe95. Dans cet article, J.-A. Crevier avertissait le public « de prendre ses précautions contre le terrible tremblement de terre qui doit être la conséquence de lřéclipse de ce jour96 ». J.-A. Crevier en donne pour preuve la position des planètes lors de cette éclipse de soleil prévue pour le 22 décembre suivant : Or, dit le Dr., si lřaction du Soleil et de la Lune, venait se joindre encore celle de Vénus et de Saturne, comme cřétait le cas le 22 décembre, renforcée de lřaction puissante de la voie lactée et de diverses autres étoiles, lřocéan Atlantique serait puissamment soulevé, lřatmosphère participerait à ce soulèvement… la croûte terrestre pourrait facilement se soulever et se briser… et de là le tremblement de terre, inondations, etc., etc. Mais le Dr. a-t-il oublié que la force dřattraction est en raison inverse du carré des 97 distances ? je nie hautement quřelle ait aucune propriété toxique lorsquřelle est introduite dans le système soit par la bouche ou par le contact avec aucune paretie du corps à lřétat normal, (…). » Ibid., p. 335 et 337. 92 L. Provancher, « Le venin du crapaud », Le Naturaliste canadien, vol. III, no 2 (janvier 1871), p. 47-49. 93 J.-A. Crevier, « Des caractères physiques et chimiques du venin du crapaud (Bufo americana) », Le Naturaliste canadien, vol. III, no 2 (janvier 1871), p. 49-51. 94 L. Provancher, loc. cit., (« Le venin du crapaud »), p. 47. 95 J.-A. Crevier, « Lřéclipse et le tremblement de terre du 22 décembre prochain », Courrier de SaintHyacinthe, 20 décembre 1870, p. 3. 96 L. Provancher, « Les tremblements de terre et les éclipses », Le Naturaliste canadien, vol. III, no 2 (janvier 1871), p. 40. 97 Ibid., p. 44. Les italiques sont de Provancher. 216 Dans une réplique à lřarticle de J.-A. Crevier, L. Provancher sřempresse de rappeler que « la journée du 22 décembre, 1870, a été une des plus belles quřon puisse voir à Québec; (…)98 ». Il est très surpris par les erreurs scientifiques contenues dans lřarticle de J.-A. Crevier et affirme avoir « droit de sřétonner quřun homme de la science du Dr. Crevier, les [tremblements de terre et les éclipses] y fasse intervenir99 ». À la fin de janvier 1871, J.-A. Crevier exprime à L. Provancher son étonnement face à sa réplique au sujet des liens supposés entre les éclipses et les tremblements de terre : « Jřai lu avec surprise lřarticle que vous avez publié contre ma correspondance à lřégard de lřéclipse et du tremblement de terre, qui était possible au 22 de Décembre dernier, vu les circonstances, dans lequel se trouvait les astres pendant lřéclipse. Je nřai pas dit que la chose arriverait, mais quřil était possible quřelle put arriver; comme elle peut arriver sans éclipse, (…)100 ». J.-A. Crevier nřa certainement pas apprécié la critique de L. Provancher à lřidée que le 22 décembre 1870, lors dřune éclipse, lřalignement des astres auraient pu provoquer un tremblement de terre. L. Provancher ne pouvait certainement pas montrer son accord avec cette idée dans les pages du Naturaliste, a fortiori quand J.-A. Crevier affirme que « la chose pourrait arriver, quand il y a un concours de circonstances, qui favorisent cette chose101 ». L. Provancher permet tout de même à son ami de publier une réplique dans Le Naturaliste canadien. J.-A. Crevier se lance alors dans un long article traitant à la fois de la réputation du « savant rédacteur » du Naturaliste canadien, des conditions qui causeraient ou empêcheraient les tremblements de terre, de son interprétation de la loi de gravité de Newton et de lřinfluence de la voie lactée sur la gravité terrestre. Tout ingénument, J.-A. Crevier explique que son erreur consistait à « soutenir que la Lune, le Soleil et les planètes, et même les étoiles avaient une action sur la production des tremblements de terre !... (…) 98 Ibid. Ibid., p. 42. 100 Lettre de J.-A. Crevier à lřabbé L. Provancher, 26 janvier 1871, ASC 8, Fonds Provancher, C-5. 101 Ibid. 99 217 Le savant rédacteur du Naturaliste canadien nie positivement lřinfluence des planètes et du Soleil sur la production des tremblements de terre, (…)102 ». J.-A. Crevier se montre très surpris de ce quřil qualifiait dřhérésie scientifique de la part de L. Provancher : Ignorer que les planètes ont une influence notable sur les tremblements de terre, c’est vraiment à n’en pas croire ses yeux. Je nřaurais jamais cru que mon savant ami et collaborateur aurait soutenu une pareille hérésie scientifique, qui nřest partagé par aucun astronome moderne, et de tous les savants, mon illustre ami se trouve être le seul de cette opinion erronée; (…). (…) Il aurait pu consulter quelques auteurs modernes sur cette matière, et ainsi éviter lřerreur quřil a commise en soutenant une chose insoutenable, par le cours actuel de la 103 science . J.-A. Crevier termine par une longue digression concernant les distances interstellaires et lřinfluence de la voie lactée sur le système solaire104. L. Provancher répond à la réplique de suite en réitérant son opinion : « Nous nions cette action des éclipses sur les tremblements de terre, par les faits qui la contredisent. (…) Le Dr. joint aux planètes les étoiles et surtout la voie lactée. Nous nions leur action pour produire de tels effets sur les tremblements de terre, parce que lřhistoire est encore là pour dire le contraire, et que dřailleurs lřimmense distance qui sépare ces corps de notre planète ne leur permet pas une telle action105 ». Sagement, il laisse le soin aux lecteurs de juger lřargumentaire de J.-A. Crevier, afin de ne pas allonger indûment cette discussion qui avait déjà occupé beaucoup de place dans la revue. Dans cet épisode, J.-A. Crevier constate que lřopinion négative dřun naturaliste comme L. Provancher, qui commençait à être reconnu dans le milieu scientifique canadien, pourrait compromettre sa réputation de naturaliste : « Je vous enverrai à la fin du mois la réponse à votre savante critique sur les éclipses et tremblements de terre, que je vous pris, de vouloir bien publier dans le Naturaliste Canadien, afin de me disculper des insinuations fausses que vous portez contre moi (votre ami intime & sincère)106 ». 102 J.-A. Crevier, « Les tremblements de terre et les éclipses », Le Naturaliste canadien, vol. III, no 4 (mars 1871), p. 121. Les italiques sont de Crevier. 103 Ibid., p. 122. 104 Ibid., p. 127. 105 L. Provancher, sans titre, Le Naturaliste canadien, vol. III, no 4 (mars 1871), p. 132. 106 Lettre de J.-A. Crevier à L. Provancher, 20 février 1871, ASC 11, Fonds Provancher, C-5. 218 Les deux derniers débats, même sřils sont mineurs, nous éclairent sur la dynamique dans le milieu scientifique dřalors. Un individu se réclamant de la démarche scientifique, comme J.-A. Crevier, ne peut pas publier de théories fantaisistes qui entrent en contradiction avec les canons de la science sans se faire critiquer. Les théories présentées doivent toujours sřappuyer sur des faits véridiques et vérifiables, suivant le positivisme en vogue à cette époque. De plus, les expériences devraient suivre un protocole expérimental reproductible. Enfin, les résultats de ces expériences ne peuvent en aucun cas servir à étayer des conclusions trop extensives. Le respect de ces critères assurerait lřacceptation du naturaliste dans le milieu, règle que, visiblement, J.-A. Crevier ne respecte pas. J.-B. Meilleur le rappelle dřailleurs au docteur J.-A. Crevier qui voulait faire dire aux résultats de ses expériences ce quřelles ne montraient pas, tout comme L. Provancher quand il écrivait quř« au lieu de formuler une argumentation basée sur les connaissances quřil peut avoir, pour combattre nos avancées, il se contente de crier à lřhérésie scientifique, et de répéter que nous sommes seul de notre opinion; (…)107 ». De tels manquements aux nouvelles pratiques en vigueur dans le milieu scientifique ne passent certes pas inaperçues lors du choix du remplaçant dřE. Billings au poste de paléontologue de la Commission géologique du Canada, en 1876. Des scientifiques comme J.W. Dawson, T.S. Hunt ou W. Couper ne pouvaient tolérer quřun individu se réclamant de la science, mais refusant visiblement de suivre les règles en vigueur dans le milieu scientifique, obtienne cette position importante. Un naturaliste dont lřinfluence ne dépassait pas le milieu local, comme J.-A. Crevier, ne possédait certes pas les compétences requises pour ce poste. 5.3 L’autonomie de l’espace de sociabilité scientifique Aux yeux des universitaires Ŕ rejoint par certains amateurs très motivés et très compétents Ŕ la masse des amateurs apparaît à la fois comme une force de travail qui rend possible la collecte de données spatialement dispersées, et comme un poids mort qui fait obstacle aux innovations méthodologiques. -Jean-Marc Drouin, L’écologie et son histoire, Flammarion, 1993, p. 66. Comme le mentionne M. Fournier dans un article traitant de lřinstitutionnalisation des sciences sociales au Québec, au milieu du XXe siècle, « (...) le degré dřautonomie dřun 107 Provancher, loc. cit. (sans titre), p. 132. 219 champ ou dřun des sous-systèmes de production savante se mesure à son pouvoir de définir lui-même les normes de sa production et les critères dřévaluation de ses produits108 ». Nous verrons, dans la prochaine partie, que lřautonomie du milieu scientifique dépend aussi, au Québec, de la capacité des naturalistes à imposer leurs pratiques et de passer outre les obstacles au développement des sciences. 5.3.1 Les amateurs et les professionnels Dans lřhistoire des sciences naturelles, on a lřhabitude, faute de mieux, de séparer les naturalistes en deux catégories : les amateurs et les professionnels. Lřamateur est celui qui consacre une partie de son temps à faire des recherches, mais qui nřoccupe pas de position dans une institution et qui ne tire pas de revenu de sa pratique. Cřest aussi celui qui le fait par vocation. Il dispose dřun temps limité par son occupation ou ses fonctions. Au cours des dernières décennies du XIXe siècle, le passage du naturaliste pratiquant la science par ses propres moyens au professionnel payé pour pratiquer une activité scientifique marque un changement important dans la dynamique du milieu. En quelques décennies, le nombre de naturalistes payés et engagés dans des institutions académiques ou étatiques augmente suffisamment pour constituer un groupe important de scientifiques pratiquant la science, ce qui induit une division entre les professionnels et ceux que lřon considérait désormais comme des amateurs. Ces derniers sont de plus en plus considérés comme des naturalistes de second niveau par les professionnels109. Une autre conséquence de lřapparition de ce groupe de naturalistes payés, couplée au développement fulgurant de la science occidentale, est la multiplication des sujets de recherche et la spécialisation : « the rapid growth of knowledge made mastery of a range of topics difficult, and scientists came increasingly to be classified in terms of the particular specialism in which they worked110 ». Cette spécialisation devient la marque distinctive du professionnel par rapport à lřamateur au début du XXe siècle. Si lřamateur, du fait de son absence de formation universitaire spécialisée, « typically concentrated on some area of 108 Marcel Fournier, « Lřinstitutionnalisation des sciences sociales au Québec », Sociologie et Sociétés, vol. V, no 1 (mai 1973), p. 27. 109 Ibid., p. 170. 110 Meadows, op. cit., p. 170. 220 observational science, particularly on collecting and classifying »111, ce qui faisait de lui un taxinomiste et constituaient les activités consacrées du naturaliste, le professionnel se spécialise plutôt dans lřexplication analytique des phénomènes naturels. Ainsi, la division amateur/professionnel sřen trouve accrue du fait de lřabandon de certains sujets par les professionnels112. La multiplication du nombre de professionnels dans le milieu scientifique ne signifie pas la disparition des amateurs, dřautant plus que certaines disciplines, comme les sciences biologiques, utilisent toujours des observations et des spécimens recueillis sur le terrain pour construire leurs connaissances113. Ces observations, très longues à accumuler, proviennent à la fois des amateurs et des professionnels. Dans plusieurs pays, même au début du XXe siècle, « it was not possible to rely on experts alone or even to form the closed society or self-conscious professionals that was the disciplinary ideal114 ». Ce fut particulièrement le cas du Québec, du Canada et de lřAustralie, « where there were few professionals or resources for research115 ». Au Canada, et particulièrement au Québec, tout comme en Grande-Bretagne, « le règne de lřamateurisme éclairé, illustré à la génération précédente par la vie rentière de Darwin, se maintien très longtemps116 ». À la fin du XIXe siècle, et encore dans la deuxième décennie du XXe, plusieurs amateurs sont recrutés pour occuper des postes de botanistes et dřentomologistes. Par exemple, la biologie canadienne recrutait ses adeptes presque uniquement parmi des amateurs formés dans des disciplines sans rapport avec la biologie, mais qui poursuivaient des études dans ce domaine pour satisfaire leur curiosité intellectuelle. Parmi ceux-ci figurent James Fletcher dřOttawa, comptable de formation intéressé aux insectes, aux plantes et à leurs maladies; (…) enfin, William Saunders, pharmacien, co-fondateur avec [C.J.S.] Bethune de la Société entomologique du Canada en 1862 et futur directeur, à Ottawa, du Réseau des fermes expérimentales. (…) Les 111 Ibid., p. 171. Ibid. 113 Steven Shapin, The Scientific Life. A moral history of a late modern vocation, Chicago, The University of Chicago Press, 2008, p. 41. 114 Thomas R. Dunlap, « National nature, 1880-1920 », dans Dunlap, Nature and the English Diaspora. Environment and History in the United States, Canada, Australia, and New Zealand, Cambridge, M.A., Cambridge University Press, 1999, p. 110. 115 Ibid., p. 110. 116 Charle, op. cit. (Les intellectuels en Europe au XIXe siècle. Essai d’histoire comparée), p. 317. 112 221 premiers biologistes professionnels du ministère de lřAgriculture, successeurs de Fletcher, ont été engagés en 1909. (…) Pourtant, des non-professionnels étaient encore recrutés, car en 1911, P.A. Taverner, un architecte de formation, a été nommé responsable des vertébrés au Musée 117 national devenant même plus tard un ornithologue renommé . Le recours à des amateurs pour combler certains postes au sein de lřÉtat fédéral sřexpliquerait par le manque de zoologistes professionnels au Canada118. Quelques années après son embauche, Percy A. Taverner constatait « an apparent failure to produce any ornithologists of marked ability in spite of the teaching of natural history in every public school in Canada119 ». Au début du XXe siècle, lřabbé V.-A. Huard avait aussi remarqué quřau Québec, la formation primaire et secondaire, cřest-à-dire au collège classique, présentait une lacune importante : lřabsence de la zoologie. Cette discipline nřentra dans le cursus quřen 1911. Cette situation ne signifie pas nécessairement que les naturalistes professionnels connaissent des difficultés à intégrer des institutions. La pratique de plusieurs disciplines scientifiques, comme celles nécessitant un équipement coûteux Ŕ physique, chimie, … Ŕ, requérait un bagage de connaissances et de pratiques que lřon ne pouvait acquérir que par le biais dřétudes universitaires graduées. Certes, les amateurs continuèrent dřaccumuler des observations parfois utiles pour des disciplines comme la biologie, mais ils ne pouvaient intégrer les réseaux en construction que les professionnels investissaient dès leurs études universitaires, de même que des disciplines demandant des équipements coûteux. Ces nouveaux réseaux (revues, universités, laboratoires) deviennent de plus en plus opaques aux amateurs jusquřà les exclure totalement. 5.3.2 Les obstacles au développement du milieu scientifique Quelques naturalistes ont discuté des obstacles qui rendaient difficiles le développement des sciences au Québec. Lřabbé L. Provancher est probablement celui qui a 117 William J. Cody, Douglas B. O. Savile et Michael J. Sarazin, La Recherche en systématique à Agriculture Canada. Ottawa. 1886-1986, Ottawa, Centre de recherche en biosystématique, Agriculture Canada, 1986, p. 2. 118 John L. Cranmer-Byrd, « A Life with Birds : Percy A. Taverner, Canadian Ornithologist, 1875-1947 », The Canadian Field-Naturalist (special issue), vol. 110, no 1 (January-March 1996), p. 65. 119 Ibid. 222 le plus écrit sur le sujet, dans divers articles parus dans Le Naturaliste canadien. Selon lui, un de ces obstacles serait les déficiences du système dřéducation face à lřenseignement des sciences. Disons aussi que le journal [Le Naturaliste canadien] nřest pas lřécole, que sřil nous incombe dřactiver, dřalimenter, de favoriser lřaction du feu sacré, ce nřest pas à nous quřil appartient de lřallumer; que si nous devons diriger des élèves, ce nřest pas à nous à les former; que cette dernière tâche est particulièrement du ressort des collèges et surtout des universités, et bien plus de ces dernières que des premiers; (…). Mais disons le aussi, jusquřà ce jour nos universités en Canada nřont pas accordé à cette branche des sciences lřattention quřelle 120 méritait . Lřinsuffisance de la diffusion dřun enseignement scientifique universitaire au Québec, particulièrement chez les francophones, perdure jusquřà 1920, année de la création de la Faculté des sciences à lřUniversité de Montréal. L. Provancher pointe du doigt dřautres obstacles pour lřétude des sciences au Québec. Le premier, selon lui, est que « lřamour de lřétude (…) fait généralement défaut parmi nos gens instruits. (…) En second lieu lřindépendance de la fortune nous manque. Les soins matériels de la vie, le souci de lřavenir, doivent avant tout occuper lřattention du jeune homme, et absorbent, le plus souvent, le temps si complètement, quřon ne peut quřincidemment se livrer aux études sérieuses121 ». Le problème du manque de ressources ne doit pas étonner car, à la fin du XIXe siècle, lřÉtat provincial ne sřimplique que très peu dans lřenseignement universitaire, ou dans le développement de métiers nécessitant une formation scientifique et technique. Ce nřest que dans la première décennie du XXe siècle que lřÉtat participe à la formation scientifique en donnant des bourses pour des études à lřétranger122, en accordant des subventions pour la création dřécoles techniques (comme lřÉcole de foresterie de lřUniversité Laval, en 1910), et en engageant du personnel spécialisé pour occuper différents postes au sein de ministères (principalement en agriculture et aux terres et forêts). 120 L. Provancher, « Notre cinquième volume », Le Naturaliste canadien, vol. V, no 1 (janvier 1873), p. 3. Provancher, loc. cit. (« Lřétude des sciences »), p. 7. 122 Par exemple, « en 1905, deux jeunes québécois, Avila Bédard et G.-C. Piché sont envoyés à lřécole de génie forestier de lřUniversité Yale. Cřest sur leur recommandation que le Service forestier est créé en 1909. » Jammes Iain Gow, Histoire de l’administration publique québécoise 1867-1970, Les Presses de lřUniversité de Montréal, 1986, p. 95. 121 223 Culturel celui-là, lřautre obstacle mis de lřavant par L. Provancher dans lřétude de la science « vient de la société au milieu de laquelle nous vivons. À lřexemple de nos voisins les Américains, nous voulons dřun bond parvenir au but, sans nous assujettir aux labeurs de la route. (…) Quřil est regrettable que pour des raisons quřil ne nous convient pas de juger ici, cette institution [lřUniversité Laval] se trouve privée du patronage quřelle serait en lieu dřattendre de notre population !123 » Ce vœu exprimé par lřabbé naturaliste ne se réalisa jamais, pas plus que du temps de lřabbé V.-A. Huard ou de celui du frère MarieVictorin. La responsabilité de financer le développement scientifique incomba plus tard à lřÉtat, par le biais des subventions accordées aux universités. On peut tenter dřévaluer dans quelle mesure lřon a passé outre (ou non) ces obstacles. Si lřon se fie à un témoignage de lřabbé L. Provancher, la situation ne sřaméliore par vraiment : le Québec a besoin de plus de naturalistes. Quřil est regrettable quřil nřy ait pas un plus grand nombre de naturalistes pratiques en divers endroits de notre territoire. Si du moins il sřy trouvait des amateurs collectionneurs, ou simplement des chasseurs qui nous mettraient au fait de leurs captures; (…). (…) loin de voir le nombre de nos adeptes augmenter, nous avons peine à le sauver de la diminution, car la soustraction à ces études, pour des devoirs dřétat plus importants, de partisans dévoués ou de chasseurs heureux, vient souvent faire équilibre aux quelques recrues que nous pouvons obtenir 124 de temps à autre . L. Provancher nřest pas le seul à dépeindre cette situation. En 1877, lřabbé V.-A. Huard lřexprime en parlant de la représentation des Canadiens français dans le tout nouveau Naturalists’ Directory, ouvrage répertoriant les naturalistes : « En parcourant ce Naturalists’ Directory, il faut se dire : quelle nombreuse armée lutte contre lřignorance ! quelle foule de pionniers marche à la découverte! Je regrette avec vous que les Canadiens soient en si petit nombre dans le Directory : on dirait que lřhistoire naturelle est chose inconnue, chez nous125 ». A. Lechevallier, naturaliste français arrivé à Montréal en 1869, fait le même constat : il vend peu, à Montréal, les spécimens naturalisés quřil chasse. Le plus souvent, ses 123 Ibid., p. 7-8. L. Provancher, « Notre treizième volume », Le Naturaliste canadien, vol. XII, no 1 (janvier 1882), p. 2. 125 Lettre de lřabbé V.-A. Huard à lřabbé L. Provancher, 8 mars 1877, ASC 69, Fonds Provancher, C-5. 124 224 acheteurs sont des institutions dřenseignement, parfois des particuliers. Cependant, le marché pour la vente de ses spécimens au Québec se sature rapidement : « Jřai beaucoup dřouvrage, mais rien pour les collèges, cette année, à lřexception cependant, du Cabinet de lecture paroissiale et le Couvent dřHochelaga, (…). Ainsi que lřÉcole Normale J.-Cartier, qui mřa fait demander quelque chose tout dernièrement. Cřest donc les particuliers, et quelques familles anglaises, qui cette année mřont fait le plus travaillé 126 ». En 1873, obligé de déménager en Floride à cause de la mauvaise santé de sa fille et de sa femme, il cherche à vendre son magasin de Montréal à un naturaliste intéressé à poursuivre son œuvre, mais personne ne se manifeste même si, selon lui, sa clientèle était bonne. En 1883, il met en vente ses collections Ŕ surtout des oiseaux et des œufs de partout dans le monde Ŕ et demande à L. Provancher de trouver quelquřun pour sřen occuper : « Si vous ne pouvez vous en occuper ayez la bonté de voir pour cela au dřécrire à Mr [C.-E.] Dionne (…) et au Dr [J.-A.] Crevier (…) ainsi que Mgr [T.-E.] Hamel de lřUniversité127 ». Malheureusement pour lui, C.-E. Dionne ne pense pas pouvoir vendre ses spécimens à Québec, comme il lřécrit à L. Provancher : « Il nřest pas beaucoup possible pour moi de me charger de la vente de ses effets, il nřy a pas assez dřécoulement dans notre bonne ville de Québec car les naturalistes sont bien rares, (…)128 ». Comme aucun volontaire ne se manifeste, ni pour les vendre ni pour les acheter, il ferme les portes de son magasin. A. Lechevallier, dégoûté de ne pas trouver de débouchés pour ses spécimens au Canada, en conclut quřon y voyait « cette science comme la boue des rues129 ». Ces différents témoignages nous donnent quelques indices sur la place de la science dans la société. Les naturalistes amateurs sont peu nombreux au Québec dans la seconde moitié du XIXe siècle, tandis que les professionnels lřétaient encore moins. Même sřils commencent à définir les normes régissant les pratiques, les naturalistes du Québec ne sont pas encore organisés en communauté. Ils se retrouvent souvent isolés dans les institutions dřenseignement ou dans leur pratique autodidacte et ne peuvent donc ni intégrer ni exercer une influence dans le milieu scientifique international. 126 Lettre de A. Lechevallier à L. Provancher, 24 février 1873, ASC 27, Fonds Provancher, C-5. Lettre de A. Lechevallier à L. Provancher, 10 mars 1883, ASC 56, Fonds Provancher, C-5. 128 Lettre de C.-E. Dionne à L. Provancher, 27 mars 1883, ASC 67, Fonds Provancher, C-5. 129 Lettre de A. Lechevallier à L. Provancher, 10 juin 1883, ASC 115, Fonds Provancher, C-5. 127 225 *** La structuration dřun milieu scientifique passe par ses acteurs. Les divisions qui apparaissent dans le milieu scientifique en développement dépendent de leur formation spécialisée, de leur poste et de leur appartenance à des sociétés savantes. Pour notre période, les compétences accumulées dépendent aussi de plus en plus de lřacquisition de diplômes universitaires (surtout de maîtrises et de doctorats) et de lřadoption des pratiques acceptées dans le milieu. La place des acteurs dans ce milieu repose sur la reconnaissance de ces compétences. Seuls les naturalistes qui détiennent des compétences particulières sont sollicités pour occuper différents postes ou pour sřacquitter de diverses missions. Désormais, ce ne sont plus seulement les réalisations des naturalistes qui définissent leur place dans le milieu scientifique, mais surtout leur formation, leurs titres professionnels et leur appartenance institutionnelle. Cette nécessité de suivre les pratiques nous renseigne sur la dynamique du milieu scientifique. Le dénouement des controverses locales nous informe sur le niveau de reconnaissance dřun naturaliste dans le milieu. Ceux qui ne disposent que dřune réputation limitée ne se trouvent pas par hasard dans cette situation. Leur non-acceptation des pratiques scientifiques, visible par leur comportement lors dřune controverse scientifique, contribuent à leur position moins enviable dans le milieu scientifique. Sřils persistaient sur la voie de la résistance, leur légitimité scientifique était irrémédiablement entachée. Au Québec, le milieu scientifique commence à définir les normes de production et les critères de scientificité à la fin du XIXe siècle. La différenciation croissante des amateurs versus les professionnels témoigne, en partie, de ce changement, tout comme la levée progressive des obstacles au développement des sciences. Certes, le manque de ressources et dřintérêt face à la science limitent la portée des actions des naturalistes, mais les changements dans le milieu scientifique Ŕ tel la constitution dřinstitutions permettant de 226 participer aux activités de ce milieu scientifique Ŕ nous montrent que la science acquiert progressivement une place grandissante dans la société canadienne-français. 227 On ne connaît pas complètement une science tant quřon nřen sait pas lřhistoire. - Auguste Comte Nous ne cesserons pas dřexplorer, et à la fin de toutes nos explorations, nous arriverons à lřendroit où nous avons commencé, et nous le connaîtrons pour la première fois. - T. S. Eliot 228 CONCLUSION En 1881 paraît un texte que lřabbé J.-C.-K. Laflamme avait préparé pour la fête nationale des Canadiens français de lřannée précédente. Dans son « Rapport de M. lřabbé Laflamme sur lřétat actuel des sciences en Canada et sur les moyens de les faire progresser », il expose les progrès des sciences et les effets de leurs applications dans la vie de tous les jours. Comme il le mentionne, « leur importance est tellement considérable, elle est tellement ressentie partout, quřil nřest plus permis à personne de les ignorer1 ». Leur influence se fait sentir à la fois dans lřenseignement et les professions. Après cette entrée en matière, J.-C.-K. Laflamme se penche sur la place des sciences dans la société de son époque. Le constat quřil fait nous indique que le nombre de scientifiques canadiens-français de la science était alors très bas : « Car, il faut bien lřavouer, où sont les ingénieurs canadiens-français; où sont les chimistes, où sont les architectes surtout réellement dignes de ce nom? Hélas! lřon fait trop souvent venir dřoutre-mer les spécialistes dont on a besoin. Il faudrait diriger de ce côté le plus de jeunes gens possibles, de ceux-là qui feraient plus tard des déclassés2 ». Pour pallier ce manque, il suggère aux responsables étatiques de financer les études de quelques « jeunes gens de talents, (…), et les envoyer se former à lřécole des spécialistes européens ?3 », mesure qui ne vit le jour au Québec au début du XXe siècle avec le gouvernement Lomer Gouin. Il compte également sur la fondation de sociétés savantes, « dont le but serait de vulgariser, par des conférences ou autrement, lřétude des sciences et dřinviter en même temps les quelques spécialistes que nous avons à continuer avec ardeur leurs études4 ». Là encore, à part ses propres conférences grand public, pratiquement aucun des spécialistes ne sřimplique de ce côté. Il fallut attendre les années 1920, avec la création de lřA.C.F.A.S. en 1923, et les années 1930, avec des émissions radiophoniques comme Radio-Collège, pour voir une implication de professionnels dans la vulgarisation à grande échelle des connaissances scientifiques. 1 J.-C.-K. Laflamme, « Rapport de M. lřabbé Laflamme sur lřétat actuel des sciences en Canada et sur les moyens de les faire progresser », dans Fête nationale des Canadiens français célébrée à Québec en 1880, Volume I, Québec, 1881, p. 420. 2 Ibid., p. 426. 3 Ibid. 4 Ibid., p. 428. 229 Ces extraits Ŕ sorte dřinstantané de lřétat des sciences au Québec en 1881 Ŕ nous renseignent sur la place assez peu importante de la science dans la société canadiennefrançaise. À partir de 1850 particulièrement, le milieu scientifique commence à se développer. Les principaux indicateurs de ce développement sont lřaugmentation du nombre de naturalistes, la diversification de lřoffre de cours de sciences dans les collèges classiques et lřaugmentation des publications de monographies et de manuels de sciences spécifiques au Québec. Les années 1850 à 1890 représentent lřâge dřor des naturalistes, qui ne font pas profession de leur activité scientifique. Leur situation est similaire à celle de nombreux naturalistes britanniques de la science, à la même période. Quřil suffise de mentionner Charles Lyell ou Charles Darwin pour comprendre que les principaux naturalistes sont alors des autodidactes. Quelques naturalistes occupent des emplois de professionnels ou de techniciens, mais leur nombre reste peu élevé. Cependant, dans les dernières décennies du XIXe siècle, le statut des acteurs est alors en voie de changement. Les amateurs, dont le nombre est encore important, côtoient de plus en plus les professionnels. Formés à lřuniversité, ces derniers se présentent comme les seuls spécialistes véritables et sřattendent à ce quřon tienne compte de leur formation et de leur appartenance institutionnelle Ŕ sřil y a lieu Ŕ dans lřévaluation de leurs compétences scientifiques. Par exemple, il ne serait pas venu à lřidée de J.W. Dawson dřengager des amateurs pour occuper les postes de professeurs de minéralogie et de paléontologie à lřUniversité McGill. Dès la fin du XIXe siècle, les professionnels prennent une place plus importante dans les institutions dřéducation, particulièrement chez les anglophones du Québec. Du côté des scientifiques dřorigine canadienne-française, lřembauche de professeurs de sciences diplômés à lřUniversité Laval et à lřUniversité de Montréal Ŕ sauf exception Ŕ ne survient que dans les années 1920 et 1930. Le frère Marie-Victorin est probablement un des derniers amateurs à avoir obtenu un poste dans une université sans formation universitaire préalable, tout comme P.A. Taverner constitue un exemple des dernières embauches dřamateurs dans les instances fédérales. La production scientifique de cette période est certes tributaire de ce contexte particulier, mais également des pratiques scientifiques adoptées par les acteurs. Lřadoption 230 et lřuniformisation des pratiques scientifiques caractérisent en partie le développement scientifique au XIXe siècle, en Occident. Des pratiques telles que la récolte et la conservation de spécimens, la constitution dřune collection de référence, lřidentification des espèces et leur classification, de même que leur description Ŕ dans le cas dřespèces nouvelles Ŕ constituent les étapes essentielles que le naturaliste suit dans son étude de la faune et de la flore de sa région. Quelques pratiques permirent aux naturalistes dřélargir leur visibilité dans le milieu scientifique et même dans la société de leur époque. Sřil voulait sřinsérer dans des réseaux scientifiques, le naturaliste devait développer une vaste correspondance. Lřenvoi de lettres, mais également les échanges de spécimens et de documents, constituaient le moyen le plus simple et le plus efficace pour intégrer les réseaux scientifiques les plus pertinents pour sa pratique scientifique. La publication de ses découvertes sous forme dřarticles scientifiques et de monographies assurait une certaine diffusion de ses travaux parmi ses pairs, tandis que la vulgarisation, même si elle nřinfluençait pas directement sa place dans le milieu scientifique, lui garantissait une diffusion des connaissances scientifiques dans la société de son temps. Dřautres pratiques, comme celles du perfectionnement et de la multiplication des disciplines Ŕ qui menaient à la spécialisation Ŕ, témoignent des changements survenus dans le milieu scientifique. Ainsi, comme nous lřavons vu, le portrait des naturalistes se transforme : les autodidactes laissent de plus en plus de place à des spécialistes qui eux ont suivi une formation universitaire leur garantissant une compétence reconnue par leurs pairs. Les naturalistes qui ne se conformaient pas aux nouveaux usages étaient exclus de facto du milieu scientifique. La spécialisation de la recherche a également influencé la place des naturalistes dans le milieu scientifique. Ainsi, le naturaliste devait se spécialiser dans une discipline ou une sous-discipline sřil voulait que sa contribution soit remarquée. La spécialisation, tout comme lřadoption de pratiques scientifiques communes, témoignent des changements que les naturalistes durent intégrer sřils voulaient être reconnus dans le milieu scientifique. 231 Les naturalistes entretiennent différents types de relations avec lřÉtat. Quřil sřagisse de demandes dřaide financière, de susciter un intérêt ou de recevoir une caution morale pour un projet ou de demandes de services auprès des spécialistes en fonction de leur champ dřexpertise, ces relations sont souvent ambiguës et individualisées. Ainsi, lřÉtat ne répond pas toujours positivement à leurs demandes. Quelques naturalistes reçoivent des contrats, mais presque aucun nřobtient de poste permanent au sein dřinstances étatiques, une situation qui sřexplique principalement par le manque de ressources financières. Tout au plus les besoins très spécifiques des uns et des autres sont comblés, mais ils ne sřattendent généralement pas à une répétition de cette aide. Les réseaux informels, ceux que les naturalistes établissent entre eux, sont plus solides et plus diversifiées. Les relations se tissent certes sur le plan des disciplines, mais également au niveau social avec des rapports dřappartenance, de proximité, dřintérêt, de services et de hiérarchie. Les échanges se déroulent principalement au Québec, mais aussi avec le reste du Canada, les États-Unis et lřEurope. Pour sřassurer de la validité de leurs recherches et de leurs découvertes, les naturalistes se sont inscrits dans des réseaux scientifiques déjà existants en Europe et aux États-Unis dans leurs disciplines respectives, et en ont développé à mesure que leur nombre augmentait au Québec. Ces réseaux assurent la continuité des pratiques scientifiques tout en permettant aux naturalistes de rester en contact avec lřactualité de la recherche au niveau nord-américain et européen. Pour contrer leur éloignement des grands centres de production de la science occidentale, les naturalistes canadiens-français employaient divers moyens comme la correspondance et les échanges, lřadhésion à une ou à quelques sociétés savantes et la participation à des congrès. La correspondance constitue le véhicule de communication privilégié à cette époque. Les relations pourraient se déployer dans les espaces privé et public. Les liens dřéchanges et de don se développent entre individus, entre un individu et une institution Ŕ société savante, musée de sciences, revue Ŕ ou entre deux institutions. Par contre, au Québec, les naturalistes nřavaient pas accès à des institutions solidement établies 232 ni à des congrès nationaux, ce qui les empêchaient de se rencontrer. Certains ont contourné cet inconvénient en participant à des congrès internationaux, mais ils constituent des cas dřexception. En définitive, les réseaux informels nřétaient pas très développés, tandis que la plupart des liens avec lřétranger étaient de courtes durées et de peu dřeffets. Lřintégration des naturalistes du Québec aux réseaux internationaux nous montre quřils nřétaient pas très liés aux milieux scientifiques internationaux. Comme conséquence, lřactivité scientifique au Québec était pratiquée principalement par des amateurs qui ne dépassaient que rarement les limites du local ou du provincial. La structuration du milieu scientifique sřobserve par la nouvelle place occupée par les naturalistes. Ainsi, ce sont de plus en plus leur formation spécialisée, leur occupation et leur appartenance institutionnelle qui déterminent leur place dans le milieu scientifique. La reconnaissance de leurs compétences dépend désormais de critères objectifs qui deviennent de plus en plus la norme à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Cřest ce que lřon constate quand on examine le dénouement particulier des controverses scientifiques : le statut des naturalistes subit des changements lents mais significatifs. Ceux qui nřadoptent pas les pratiques en vigueur dans une discipline et ceux qui ne possèdent pas les critères montrant leurs compétences sont plus ou moins mis de côté. Leur légitimité scientifique et la possibilité quřils ont de participer à la dynamique du milieu scientifique sřen trouvaient entachées. Lřécart entre les amateurs et professionnels sřaccroît avec le temps, se manifestant par lřembauche quasi systématique des professionnels dans les universités et les instances étatiques. La conséquence logique en est que lřintégration des amateurs dans le milieu scientifique devient laborieuse. 233 L’état du développement des sciences au Québec en 1920 À la fin de ce parcours à travers lřhistoire des sciences au Québec sur une période de 70 ans, nous avons atteint les objectifs généraux de la recherche, cřest-à-dire de cerner le rôle et la place des naturalistes dans la genèse du milieu scientifique du Québec, dřéclaircir le développement de leurs pratiques scientifiques et de clarifier le déploiement de leurs réseaux. Lřhistoire de lřémergence du milieu scientifique et de la culture scientifique au Québec passe nécessairement par la reconnaissance du rôle des acteurs engagés dans le milieu. La figure du scientifique, au XIXe siècle et même occasionnellement jusquřau début du XXe siècle, nřest pas celle que lřon connaît aujourdřhui, ce qui a eu pour effet de donner lřimpression que la science nřa commencé à se développer dans la société québécoise quřà partir de 1920, et même de 1960. Cřest ainsi que le naturaliste, au XIXe siècle, que ce soit en Royaume-Uni ou au Canada, est bien plus souvent un amateur, pratiquant la science dans un but personnel, quřun professionnel engagé dans diverses institutions. Si lřon tient compte de ces deux groupes, on constate que la science était relativement bien présente au Québec au XIXe siècle, et encore plus au début du siècle suivant. Les naturalistes adoptent les pratiques scientifiques en vigueur dans leur discipline, ils intègrent comme ils le peuvent des réseaux scientifiques et participent activement à la structuration du milieu. La levée progressive des obstacles au développement scientifique montre que le milieu scientifique acquiert lentement une place dans la société québécoise. En 1920 survient un événement qui modifie la trajectoire des sciences dans la province : lřUniversité de Montréal, qui était jusquřalors une succursale de lřUniversité Laval, acquiert son autonomie et fonde une Faculté des sciences. La même année, MarieVictorin, frère enseignant et botaniste amateur, obtient le poste de professeur de botanique à cette même faculté et ouvre un laboratoire de botanique. Entouré de quelques disciples venus se former à la botanique, le frère Marie-Victorin sřinvestit dans la formation, la recherche et la vulgarisation. Il est en voie dřanimer le développement dřun mouvement scientifique. Cette activité nřaurait pu se développer sans la présence de conditions 234 initiales comme des locaux dans une institution qui accorde une place importante aux sciences, pour ses activités de formation et de recherche et la presse à grand tirage Ŕ Le Devoir dans son cas Ŕ où il exposa ses vues sur lřurgence dřétendre la pratique des sciences parmi les Canadiens français et de former des jeunes dans les universités. Dans les années 1930, la propagation rapide de la radio lui permit dřatteindre, comme à dřautres, le grand public et un certain public scolaire par le biais de la vulgarisation. Avant les années 1920, de tels moyens nřexistaient pas, ce qui pourrait expliquer, en partie, que les Canadiens français ne faisaient pas bonne figure dans le milieu scientifique canadien. Tout au plus pouvaient-ils pratiquer la science en amateur, même si certains se sont élevés au rang de spécialiste de leur discipline. Si certains avaient lřimpression de presque repartir à zéro, vers 1920, cřest quřil nřy avait pas vraiment de relève dans le milieu scientifique de cette époque. Les naturalistes principalement actifs à la fin du XIX e siècle assurent une certaine continuité dans la formation, la recherche et la vulgarisation, mais ils sont en fin de parcours : lřabbé J.-C.-K. Laflamme meurt en 1910, lřabbé H. Simard, en 1927 et lřabbé V.-A. Huard, en 1929. Parmi les Canadiens français, contrairement aux anglophones regroupés autour de lřUniversité McGill, peu de professionnels étaient formés à lřuniversité et détenaient des postes institutionnels. Et même McGill, en fait, importait la plupart de ses professeurs directement dřAngleterre. Perspectives de recherche en histoire des sciences Aux termes de cette enquête historique, plusieurs questions restent en suspens, qui pourraient orienter des recherches ultérieures en histoire des sciences au Québec. Quelques avenues de recherche sont apparues lors de la préparation de la thèse. Comment la science sřest-elle diffusée dans dřautres sphères dřactivités ? Comment la société globale intègre-telle la pensée scientifique et les pratiques scientifiques dans ses institutions ? Quelle place la science et la vulgarisation scientifique acquièrent-elles dans la culture au XXe siècle ? Il y a encore beaucoup à faire en ce domaine. 235 Dřautres chantiers pourront être entamés, comme des biographies de naturalistes. À part quelques biographies publiées depuis les années 19705, nous ne disposons dřaucune biographie récente des naturalistes les plus actifs au XIXe siècle comme les abbés J. Demers, L.-O. Brunet, J.-C.-K. Laflamme, L. Provancher ni de T.S. Hunt ou de D.P. Penhallow, sans parler des naturalistes ayant vécus plus récemment6 comme le frère Marie-Victorin, Jacques Rousseau7, Jules Brunel ou Armand Frappier. Les historiens, même sřils ne connaissent pas tous les tenants et les aboutissants de la recherche scientifique, peuvent sřattaquer à de tels chantiers. La science, élément appartenant à la culture, constitue un objet de recherche qui peut éclairer une société tout autant que les autres champs de lřhistoire. À eux de penser à des questions originales qui nous apporteraient des précisions sur le rôle des scientifiques dans la production et la diffusion de la science et nous éclaireraient sur sa place dans la culture et la société québécoise. 5 Pauline L. Boileau, La Côte-Nord contre vents et marées. Biographie romancée de Napoléon-Alexandre Comeau (1848-1923), Sillery, Septentrion, 1998, 390 p.; Éveline Bossé, Jean-Charles Taché (1820-1894). Un grand représentant de l’élite canadienne-française, Québec, Éditions Garneau, 1974, 324 p.; Victor Gaboriault, c.s.v. Charles-Eusèbe Dionne. Naturaliste, La Pocatière, La Société historique de la Côte-duSud, 1974, 143 p. (Cahiers dřhistoire No. 9); Roger Le Moine, Un Québécois bien tranquille, S.l., Les Éditions La Liberté, 1985, 187 p.; Hélène Sabourin, À l’école de P.-J.-O. Chauveau. Éducation et culture au XIXe siècle, Montréal, Leméac Éditeur Inc., 2003, 230 p.; Marjolaine Saint-Pierre, Joseph-Elzéar Bernier. Capitaine et coureur des mers 1850-1934, Sillery, Septentrion, 2005, 366 p.; Susan Sheets-Pyenson, John William Dawson. Faith, Hope, and Science, Montreal & Kingston, McGill-Queenřs University Press, 1996, 274 p. 6 Danielle Ouellet a publié deux biographies de scientifiques du XXe siècle : Adrien Pouliot. Un homme en avance sur son temps, Montréal, Les Éditions du Boréal Express, 1986, 211 p. et D. Ouellet (avec la collaboration de René Bureau), Franco Rasetti, physicien et naturaliste (il a dit non à la bombe), Guérin, éditeur ltée, 2000, 204 p. 7 Il existe certes une bio-bibliographie de Jacques Rousseau (op. cit.), mais cet ouvrage ne saurait faire office de biographie complète. Les auteurs souhaitent dřailleurs quřun historien sřattaque un jour à écrire la vie et lřœuvre de J. Rousseau. 236 ANNEXE 1. LISTE ET BIOGRAPHIES DES NATURALISTES Nous présentons ici les notices biographiques des 70 naturalistes. Ces notices nous semblent très utiles puisque le tiers des naturalistes retenus nřapparaissent pas dans le D.B.C. 6 sont décédés après 19301 Ŕ le dernier volume du D.B.C. sřarrête à 1930 Ŕ, les autres sont sans notice dans le D.B.C.2 - Ami, Henri-Marc (1858-1931), géologue et naturaliste. Né en France, Henri-Marc Ami fait des études en sciences à McGill. Dawson fut son directeur de thèse de doctorat. Géologue, paléontologue et préhistorien, il joint les rangs de la Commission géologique du Canada en 1882 et y reste employé jusquřen 1911. Membre de la Société royale du Canada (1900) et de la Société géologique de Londres (1905), il reçoit de cette dernière société la médaille Bigsby. Après son départ de la Commission, Ami fait des recherches en préhistoire et fonde lřÉcole canadienne de préhistoire. (Raymond Duchesne, « Ami, Henri-Marc », L’encyclopédie canadienne en ligne, http://www.canadianencyclopedia.ca/PrinterFriendly.cfm?Params=F1ARTF0000184, site consulté le 13 décembre 2004.) - Arnaud, Charles-A., o.m.i. (1826-1914), prêtre missionnaire et naturaliste. Originaire de France (Vaucluse), Charles Arnaud est envoyé au Canada avant dřavoir terminé ses études théologiques. Ordonné prêtre en 1849, il devient missionnaire auprès des Amérindiens. Il passe trois ans à Grande-Baie, au Saguenay, mais est ensuite envoyé à la mission montagnaise des Escoumins. En 1862, le père Arnaud sřinstalle dans la nouvelle réserve de Betsiamites, sur la Côte-Nord. À partir de Betsiamites, le père Arnaud tente de fonder plusieurs missions dans le nord du Québec. Il se rend à la baie dřHudson, en 1872 et 1873. Son journal de voyage recueille ses observations sur la nature nordique. Naturaliste et taxidermiste, il monta un musée de sciences naturelles à Betsiamites, avec lřaide dřAlfred Lechevallier. Arnaud sřest également intéressé à la langue montagnaise et rédigea un dictionnaire français-montagnais, resté à lřétat de manuscrit. (Romuald Boucher, « ARNAUD, Charles », D.B.C. Vol. XIV De 1911 à 1920, Québec, P.U.L., 1998, p. 26-28; Victor-Alphonse Huard, « Feu le Révd Père AndréCharles Arnaud, o.m.i. », Bulletin de la Société de Géographie de Québec, vol. 8, no1 (janvier-février 1914), p. 200-207.) - Ashe, Edward-David (1813-1895), officier de marine, astronome et fonctionnaire. Edward David Ashe intègre la marine britannique en 1830. Promu lieutenant en 1842, il sert sur comme officier sur différents navires. À la suite dřun accident qui le rendit invalide, on lui offre de diriger le nouvel observatoire astronomique à Québec. Il entre en fonction en 1851 avec pour mission de donner lřheure exacte par le biais dřun signal horaire. Il arrivait à ses fins à lřaide de lřobservation du passage dřétoiles avec une 1 H.-M. Ami, G. Beaulieu, G. Chagnon, C.-P. Choquette, C.M. Derick et A.F. Winn. F.-X. Burque, J.-C. Carrier, J.-C.Chapais, J.-E. Desrochers, T.W. Fyles, G. Laroque, N. Leclerc, P. Lemay, H.H. Lyman, L.-D. Mignault, E. Roy, S. Sturton, H. Simard, A. Lechevallier, J. Barnston, W. Marsden. 2 237 lunette méridienne. Il détermina également les longitudes de plusieurs villes canadiennes, à la demande du directeur de la C.G.C., W.E. Logan. Ashe observait le soleil afin dřétudier les taches solaires et participa à quelques expéditions pour observer des éclipses de soleil. Pionnier mondial de lřastrophotographie, il prit des photographies du soleil très appréciés des astronomes anglais. En 1882, on le chargea de la préparation de lřobservation du transit de Vénus devant le soleil. Ashe fut un membre actif de la Literary and Historical Society of Quebec, occupant le poste de vice-président en 1854, puis celui de président en 1866, 1867 et 1873. Il publia plusieurs articles dans les Transactions de la société et y présenta des conférences. Ashe fit aussi paraître des articles dans les Monthly Notices de la Royal Astronomical Society, à Londres et dans le Canadian Journal of Industry, Science, and Art, à Toronto. (Richard A. Jarrell, « ASHE, Edward David », D.B.C. Vol. XII De 1891 à 1900, Québec, P.U.L., 1990, p. 45-46; Paulette Smith-Roy, L’observatoire astronomique de Québec 1850-1936, Québec, Commission des champs de bataille nationaux, 1983, 69 p.) Aubin, Napoléon (1812-1890), journaliste, éditeur et vulgarisateur dřorigine suisse. À 16 ans, en août 1829, Napoléon Aubin part pour les États-Unis et y séjourne jusquřen 1835. Il contribue alors à la Minerve de Montréal, publie des poésies et des contes (1834-1839) et se fait inventeur. Désabusé de la vie américaine, il déménage à Montréal la même année, puis il sřinstalle à Québec. Il sřoriente vers le journaliste de combat, dans le but de défendre les intérêts des Canadiens français, en collaborant à lřAmi du peuple (…) et au Canadien, de 1847 à 1849. Il fonde plusieurs revues éphémères, telles le Télégraphe (1837), le Fantasque (qui paraît irrégulièrement de 1837 à 1849), le Standard (1842), le Castor. Journal politique et littéraire des arts, de l’Agriculture et du Commerce (1843-1845), le Canadien indépendant. Journal de l’Esprit public, politique, commercial, industriel, agricole, scientifique et littéraire (1849), la Sentinelle du peuple. Journal du progrès politique, commercial, industriel et scientifique (1850). Il repart pour les États-Unis entre 1853 et 1863. De retour à Québec, il collabore à la Tribune en 1863-1864, fonde Les Veillées du père Bonsens (1865-1866 et 1873) et sřétablit finalement à Montréal, en 1866. On le nomme rédacteur en chef du Pays, en 1849, et au National de Montréal, de 1872 à 1874. Lřannée suivante, il devient inspecteur du gaz de la ville de Montréal. Lors de son second séjour aux États-Unis, il met au point un nouveau procédé dřéclairage au gaz. Il donne également des cours populaires et des conférences de vulgarisation scientifique. À partir de 1848, on le charge de lřenseignement de la chimie à lřÉcole de médecine de Québec, établissement fondé en 1845. Il publie deux manuels : La Chimie agricole mise à la portée de tout le monde …, en 1847, et Cours de Chimie, en 1850. Après la venue du philanthrope français Alexandre Vattemare à Québec, en 1840, Aubin tente, sans succès, de fonder un institut scientifique. Son intérêt particulier pour les sciences se manifeste aussi par sa participation à la fondation, en octobre 1843, de la Société canadienne dřétudes littéraires et scientifiques, aux côtés de Joseph-Charles Taché (président) dont il est nommé secrétaire. Il fut également membre-fondateur de lřInstitut canadien de Québec, en 1848, et président de lřInstitut canadien de Montréal, en 1869. (Serge Gagnon, « AUBIN, Napoléon », D.B.C. Vol. XI De 1881 à 1890, Québec, P.U.L., 1982, p. 38-41; Jean-Paul - 238 Tremblay, Aimé-Napoléon Aubin, sa vie et son œuvre, D.E.S. Université Laval, 1961, xiv-180 p.) - Babel, Louis-François (1826-1912), prêtre missionnaire et explorateur. Le jeune Louis Babel, suisse dřorigine, est recruté par le père Léonard en 1847. Après des études théologiques suivies à Marseille et en Angleterre, il est ordonné prêtre à Ottawa au cours de lřété 1851. Dřabord envoyé à Grande-Baie, au Saguenay, Babel se rend par la suite à la mission algonquine de Maniwaki puis, en 1866, se retrouve à Betsiamites, aux côtés du père Arnaud où il sřoccupe de lřévangélisation des Montagnais. En 1866, 1867 et 1868, il se rend chez les Naskapis, à la baie des Esquimaux. Il écrivait des observations géographiques et météorologiques dans un journal de voyage. Le père Babel parcourut des milliers de kilomètres dans le nord du Québec et sur la côte nord du Saint-Laurent. Il est lřauteur dřun dictionnaire français-montagnais qui resta à lřétat de manuscrit. (Romuald Boucher, « BABEL, Louis », D.B.C. Vol. XIV De 1911 à 1920, Québec, P.U.L., 1998, p. 30-32.) - Baillargé, Charles (1826-1906), architecte et arpenteur. Après des études au petit séminaire de Québec, en 1843, Baillairgé devient apprenti chez un cousin de son père et reçoit, en 1846, un certificat de compétence. En 1848, Baillairgé est nommé arpenteur des terres de la province. Il continue dřétudier, en autodidacte, le génie civil. Par la suite, il pratique lřarchitecture à Québec : des églises, des magasins, lřAcadémie de musique de Québec, le pensionnat et le pavillon principal de lřUniversité Laval sont ses principales réalisations pour la fin des années 1840 et les années 1850. On le retrouve ensuite à lřemploi du département des Travaux publics. En 1858 et 1859, il conçoit les plans des parlements de Québec et dřOttawa. En 1860, on le choisit comme architecte de la prison de Québec, mais il ne put terminer les travaux par manque dřargent. En 1863, il travaille à la construction du parlement dřOttawa mais dans ce contrat également, il ne put terminer les travaux; il fut congédié en mai 1865. De retour à Québec, on lui confie la construction de la nouvelle chapelle pour le couvent des Sœurs du Bon-Pasteur. En 1866, Baillairgé est nommé surintendant des travaux de la corporation de Québec, fonction quřil assume jusquřen 1898; en 1878, il prend dřailleurs le titre dřingénieur de la cité. Il construit alors des marchés, des égouts, des escaliers de fer entre la Haute et la Basse-ville et on lui confia divers travaux sur la terrasse Dufferin (kiosques). Lřintérêt de Baillairgé pour lřapplication des sciences et techniques à lřarchitecture et à la construction fut constant dans sa carrière. Il prononça des conférences publiques sur les mathématiques et la physique et publias plusieurs traités de géométrie et de trigonométrie (Nouveau traité de géométrie et de trigonométrie rectiligne et sphérique suivi du toisé des surfaces et volumes, 1866) et du toisé (Clef synoptique ou abrégé du Tableau stéréométrique de Baillairgé, ou, Nouveau Système de mesurer tous les corps, segments, troncs et angles de ces corps par une seule et même règle, 1874; Clef du tableau stéréométrique Baillargé. Nouveau système de toiser tous les corps-segments, troncs et onglets de ces corps par une seule et même règle, à l’usage des architectes, ingénieurs, arpenteurs, professeurs de dessins, (…), 1874). Sa contribution scientifique principale consiste en le développement dřune méthode de calcul de certains prismes. Il publia plusieurs volumes à ce sujet, tels Clef synoptique ou abrégé du Tableau stéréométrique de Baillairgé, 1874 et Le stéréométricon, 1884, ce qui lui valut des prix et 239 des honneurs dans diverses sociétés savantes. En 1874, il reçut la médaille de bronze de la Société de vulgarisation pour lřenseignement du peuple (France) et la médaille Philippe de Girard (France). Baillairgé fut membre de plusieurs sociétés savantes et occupa certaines fonctions : en 1861, il est nommé vice-président de lřAssociation des arpenteurs provinciaux et instituts des ingénieurs civils et architectes, puis président de la Société des arpenteurs du Québec, en 1882. La même année, il est un des membresfondateurs de la Société royale du Canada. Il participa également à la fondation de la Société canadienne des ingénieurs civils, en 1887 ; il fut actif dans cette société, publiant une trentaine dřarticles pour leur revue, le Canadian Engineer (Toronto). Il publia aussi une quarantaine dřarticles dans le Canadian Architect and Builder (Toronto). En 1894, il est élu président de lřAssociation des architectes de la province de Québec. (Christina Cameron, « BAILLAIRGÉ, Charles », D.B.C. Vol. XIII De 1901 à 1910, Québec, P.U.L., 1994, p. 30-35 ; V.-A. Huard, « Nécrologie. Charles Baillairgé », Le Naturaliste canadien, vol. XXXIII, no 6 (juin 1906), p. 84 ; Léon Lortie et E. La Selve, Biographie de Charles Baillairgé par E. La Selve, Paris, 1889 avec addenda jusqu’à ce jour par Léon Lortie, Québec, 1897, Québec, Imprimerie L.-J. Demers & Frère, 1897. 15 p.) - Barnard, Édouard-André (1835-1898), avocat, agriculteur, conférencier agricole et auteur. En 1851, alors quřil poursuit des études classiques au Séminaire de Nicolet, Édouard-André Barnard doit les interrompre pour aider sa famille financièrement. De 1862 à 1867, il complète des études de droit. À partir de 1868, Barnard consacre beaucoup de temps à lřagriculture. Correspondant de La Semaine agricole (illustrée), revue fondée par le Conseil dřagriculture et lřécole dřagriculture de LřAssomption, depuis 1869, il en devient le rédacteur en chef lřannée suivante. Il prononce également des causeries agricoles, ce qui attira lřattention du commissaire de lřAgriculture et des Travaux publics de la province de Québec. On lřenvoie, lřannée suivante, comme agent dřimmigration afin de recruter des agriculteurs francophones et catholiques européens. En 1872, il obtient le poste dřagent de colonisation, avec le mandat de suivre les progrès des sociétés de colonisation et de donner des conférences aux cultivateurs. Il encourage également la création de cercles agricoles qui amèneront la modernisation de lřagriculture dans la province. En 1876, Barnard devient rédacteur en chef de la nouvelle revue Le Journal d’agriculture, en même temps quřon le nomme directeur de lřagriculture dans le département de lřAgriculture et des Travaux publics. Sa fonction est alors de conseiller le commissaire du département sur le développement agricole du Québec. En 1877, il remporte le premier prix dřun concours de lřInstitut canadien de Québec pour son texte « Éloge de lřagriculture », qui sera publié deux ans plus tard dans lřAnnuaire de lřInstitut. Dans les années 1880, il contribue aussi au développement de lřindustrie laitière en encourageant les cultivateurs à se tourner vers la production beurrière et fromagère lors de ses conférences dans les cercles agricoles. En 1888, le gouvernement dřH. Mercier crée un département de lřAgriculture et de la Colonisation. Le premier ministre en devient directeur, secondé par le curé François-Xavier-Antoine Labelle au poste de souscommissaire. Barnard perd donc son poste, mais on le nomme secrétaire du Conseil dřagriculture, organisation dont il critiquait les méthodes. Dans cette position, quřil occupe jusquřà sa mort, Barnard aide néanmoins lřÉglise catholique à mettre en place des missionnaires agricoles, qui réclameront la création dřune formation universitaire en 240 agronomie, effective à partir de 1913. Il fut également, tout au long de sa vie, un agriculteur soucieux dřexpérimenter différentes techniques de culture, montrant son intérêt marqué pour lřagronomie. En 1890, il participe à la fondation du concours du mérite agricole et en élabore les règlements. En 1895, il publie un Manuel d’agriculture, « lřun des premiers véritables ouvrages dřagronomie québécoise » (D.B.C. Vol. XII De 1891 à 1900, P.U.L., 1990, p. 62) et, en 1897, un autre ouvrage, La Colonisation bien faite. À sa mort, il travaillait à la deuxième édition de son Manuel d’agriculture, qui ne fut pas publiée. (Bruno Jean, « BARNARD, Édouard-André », D.B.C. Vol. XII De 1891 à 1900, Québec, P.U.L., 1990, p. 62-66; Jean-Charles Chapais, Notes biographiques sur Ed. A. Barnard (Extraites du Journal d’Agriculture), Québec, s.é., 1920, 10 p. et Marc-A. Perron, Un grand éducateur agricole, Édouard-A. Barnard. 1835-1898 Étude historique sur l’agriculture de 1760 à 1900, Marc-A. Perron, s.é., 1955, 355 p.) - Barnston, George (1800-1883), marchand de fourrures et naturaliste. George Barnston suivit une formation en arpentage et en génie militaire. En 1820, il devient apprenti commis à la North West Company, qui fusionna, lřannée suivante, avec la Compagnie de la Baie dřHudsoné. Il démissionne en 1831, mais est réengagé en 1832. Barnston passa dix ans dans le district dřAlbany, en Ontario. En 1834, on le nomme chef de poste du fort dřAlbany. Dix ans plus tard, Barnston est envoyé à Tadoussac et, en 1847, y devient lřagent principal. Au cours des années 1850, il se retrouve au Manitoba, il prend un congé dřun an (1858-1859), puis il dirige le poste de Michipicoton, en Ontario. Au cours de sa carrière, tout comme à sa retraite, Barnston sřadonna à la botanique et à lřentomologie. Il publia les résultats de ses recherches dans le Canadian Naturalist and Geologist. Il fut membre de la Natural History Society of Montreal, société savante dont il fut président en 1872-1873, et également de la Société royale du Canada, dès sa fondation. Il fit don de sa collection dřinsectes au British Museum, tandis quřil donna des spécimens de son herbier à la Smithsonian Institution, au McGill College et à une autre institution en Écosse. (Jennifer S.H. Brown et Sylvia M. Van Kirk, « BARNSTON, George », D.B.C. Vol. XI De 1881 à 1890, Québec, P.U.L., 1982, p. 57-58.) - Barnston, James (1831-1858), médecin, botaniste et professeur de botanique. Après avoir passé son enfance au Canada, James Barnston suivit des études médicales à lřUniversity of Edinburg, de 1847 à 1852. Il passa ensuite une année à Paris et à Vienne pour perfectionner sa pratique médicale. En 1853, Barnston sřinstalle à Montréal. Tout en pratiquant sa profession de médecin, il commence un herbier. En 1857, il est nommé professeur de botanique à McGill, le premier à occuper cette fonction au sein de lřinstitution. Très actif dans la Natural History Society of Montreal, il y prononça des conférences, il écrivit des articles, il occupa les fonctions de conservateur du musée et de bibliothécaire et fut membre du comité éditorial du Canadian Naturalist and Geologist. Il meurt en 1858 dřune maladie, à lřâge de 27 ans. (Suzanne E. Zeller et John H. Noble, « BARNSTON, James », D.B.C. Vol. VIII 1851 to 1860, Toronto, University of Toronto Press, 1985, p. 61-62.) - Beaulieu, Germain (1870-1944), avocat, écrivain (poésie, théâtre, journaux) et entomologiste amateur spécialisé dans les Coléoptères. 241 Natif de Rivière-Blanche, il est adopté par une famille de Montréal. Il étudie à lřÉcole Normale de Montréal (1886-1890), au Lycée Brumath-Bonin (1890-1891) et à la Faculté de Droit (1891-1894). Beaulieu fut très actif sur la scène culturelle de scientifique. Il participa à la fondation de lřÉcole littéraire de Montréal (1896), des cercles dřétudes et de naturalistes de Montréal, Québec et Ottawa, de lřACFAS et de la Société canadienne dřhistoire naturelle (1923), la Société linnéenne (1929) et autres. En 1912, on le charge dřorganiser une campagne de répression des sauterelles dans la province de Québec. De 1912 à 1919, il organisa la collection entomologique du Canada à Ottawa. Mais des problèmes de vue lřempêchent de continuer. De 1919 à 1921, il suit un apprentissage de la procédure légale. Il sera aviseur légal en matière agricole, jusquřà sa retraite, survenue en 1943, et conseiller juridique de la Commission dřindustrie laitière. Il publia des articles sur quelques familles cet ordre dřinsectes (Cicindelidæ, Scarabeidæ et Melasidæ) dans Le Naturaliste canadien (1894-1932). En collaboration avec lřentomologiste Georges Maheux, il est lřauteur de Les insectes nuisibles de la province de Québec, Québec, Imprimerie Charrier & Dugal, Limitée, 1929, 244 p. (Georges Maheux, « Germain Beaulieu (1870-1944) », Le Naturaliste canadien, vol. LXXII, nos 9-10 (septembre-octobre 1945), p. 229-234; Jean-Marie Perron, « Germain Beaulieu (1870-1944) un autoportrait », Antennae, vol. 6, no 1 (hiver 1999), p. 12-14.) - Bélanger, François-Xavier (1833-1882), taxidermiste, naturaliste et conservateur dřun musée de sciences. Après son passage au petit séminaire de Québec de 1846 à 1853, François-Xavier Bélanger oriente sa carrière vers lřenseignement à la campagne. Il revient assez rapidement à Québec et devient correcteur dřépreuves et rédacteur adjoint au Courrier du Canada. En 1869, fort de son expérience dřentomologiste amateur et de ses contacts auprès des abbés Provancher et Hamel, Bélanger est nommé conservateur du musée zoologique de lřUniversité Laval. Il doit arranger les spécimens reçus et veiller à augmenter les collections du musée, par des échanges et, surtout, par des chasses dans la région de Québec. Lřentomologie attire particulièrement son attention, tout comme celle de lřabbé Hamel. De 1874 à 1876, les collections entomologiques augmentent considérablement par le biais dřéchanges avec lřEurope. En 1876, il prépare, en compagnie de lřabbé Hamel, une collection de spécimens du musée pour lřExposition internationale du centenaire de Philadelphie. Il rédigea des articles sur lřentomologie dans le Courrier du Canada et dans Le Naturaliste canadien. Il était également habile dessinateur et produisit des gravures dřanimaux pour Le Naturaliste canadien. (Raymond Duchesne, « BÉLANGER, François-Xavier », D.B.C. Vol. XI De 1881 à 1890, Québec, P.U.L., 1982, p. 71-72; Provancher, « M. F.-X. Bélanger », Le Naturaliste canadien, vol. XIII, no 145 (janvier 1882), p. 26-28.) - Billings, Elkanah (1820-1876), avocat, journaliste et paléontologue. Elkanah Billings suivit ses études à la Saint Lawrence Academy, à Potsdam (NY) et, à partir de 1839, à la Law Society of Upper Canada. Il commence à exercer comme avocat à lřautomne 1844 et pratique jusquřen 1852, année au cours de laquelle il est nommé rédacteur du Ottawa Citizen. Dans ses temps libres, il sřattaque à la paléontologie. En 1854, alors quřil vient dřêtre nommé membre du Canadian Institute de Toronto, il publie dans le journal de la société savante un premier article scientifique. 242 Deux ans plus tard, il fonde The Canadian Naturalist and Geologist, revue qui devient par la suite lřorgane officiel de la Natural History Society of Montreal. Billings y publia de nombreux articles de géologie. William E. Logan, alors directeur de la C.G.C., remarque le travail de Billings et le fait nommer paléontologue officiel de la Commission, en 1856. Billings sřattela à la tâche de décrire les fossiles du musée de la Commission et ceux qui sřy ajoutaient au fil des expéditions à travers le Canada. Il se spécialisadans les fossiles paléozoïques de lřest du Canada, décrivant plusieurs centaines de nouvelles espèces et quelques dizaines de nouveaux genres. Il rédigea plusieurs rapports de la Commission faisant état de ses travaux. Il contribua aussi à lřouvrage de Logan, Géologie du Canada, en 1863. Billings fut membre de la Geological Society of London, à partir de 1858, il reçut des médailles de lřInternational Exhibition of London (1862), de la Natural History Society of Montreal (1867) et de lřExposition universelle de Paris (1867). (Andrée Désilets et Yvon Pageau, « BILLINGS, Elkanah », D.B.C. en ligne, http://www.biographi.ca/009004-119.01f.php?&id_nbr=4835&interval=25&&PHPSES..., site consulté le 22 septembre 2008; T.H. Clark, « Elkanah Billings (1820-1876)—Canadařs first paleontologist ». The geological association of Canada — Proceedings, Volume 23 (1971), p. 11-14.) - Bowles, George John (1837-1887), administrateur et entomologiste amateur spécialisé dans lřétude des Lépidoptères et des espèces nuisibles en agriculture. Il participa à la fondation des filiales de Québec (1864) et de Montréal (1873) de lřEntomological Society of Ontario, en remplacement, en 1871, de lřEntomological Society of Canada. Ses articles se trouvent principalement dans The Canadian Entomologist (1869-1887), dans les rapports annuels de la Société dřhorticulture de Montréal et de la Société pomologique et fruitière de la province de Québec. (Raymond Duchesne, « BOWLES, George John », D.B.C. en ligne, http://www.biographi.ca/FR/ShowBio.asp?BioId=39510&query=bowles, site consulté le 29 mai 2008.) - Brunet, Louis-Ovide, abbé (1826-1876), prêtre, botaniste et professeur de sciences à lřUniversité Laval. Son oncle, le notaire Édouard Glackmeyer, botaniste amateur, initie son neveu à cette science. Après des études classiques au séminaire de Québec, Louis-Ovide Brunet entre au grand séminaire, en 1844, et est ordonné prêtre en octobre 1848. Au cours des dix années suivantes, Brunet sera vicaire (1848-1851, 1853-1854), missionnaire à la Grosse-Île (1851-1852) et curé de Saint-Lambert-de-Lévis (1854-1858). Cette année-là, on le choisit pour remplacer lřabbé Edward John Horan, jusquřalors chargé de lřenseignement des sciences à lřUniversité Laval. De 1858 à 1861, il donne le cours de botanique puis, après le départ du minéralogiste Thomas Sterry Hunt, il obtient la chaire dřhistoire naturelle quřil garde de 1863 à 1871. Outre son enseignement des sciences (botanique, zoologie et minéralogie), Brunet sřoccupe dřun cours de dessin, de la Petite retraite des jeunes élèves. Brunet sřimplique également dans le projet de jardin botanique à Québec, qui restera cependant lettre-morte. En 1861-1862, il part suivre des cours de botanique à la Sorbonne et au Jardin des Plantes et fait aussi une grande tournée des jardins botaniques européens. De retour au Québec, il continue son enseignement et visite divers coins de la province de Québec et du Haut-Canada afin dřaugmenter lřherbier de 243 son musée botanique, qui contenait 10 000 spécimens à son départ. Ses observations sont consignées dans des journaux dřherborisation et de voyage et dans divers manuscrits qui constituent plutôt une géographie floristique quřune flore proprement dite, comme le botaniste Asa Gray attendait de lui. Il publia néanmoins, en 1870, un manuel, les Éléments de botanique et de physiologie végétale, suivis d’une petite flore simple et facile pour aider à découvrir les noms des plantes les plus communes au Canada. En 1871, atteint de rhumatismes sévères, Brunet se retire chez sa mère et sa sœur. Au cours de la décennie 1860, Brunet publia plusieurs courts textes sur les plantes canadiennes et sur le voyage du botaniste français André Michaux au lac Mistassini, en 1792. (Anonyne, « Lřabbé Louis-Ovide Brunet », Annuaire de l’Université Laval pour l’année académique 1877-1878. Numéro 21, Québec, Augustin Côté et Cie, 1877, p. 44-46; Arthur Maheux, « Lřabbé Ovide Brunet, botaniste (1826-1876) », Mémoires de la Société royale du Canada, tome LIV, troisième série, première section (juin 1960), p. 53-63; Jacques Rousseau, D.B.C. Vol. X De 1871 à 1880, Québec, P.U.L., 1972, p. 114-116.) - Burque, François-Xavier, abbé (1851-1923), prêtre, professeur de sciences et de philosophie. François-Xavier Burque suit ses études classiques au Séminaire de SaintHyacinthe. Encore étudiant, il remplace le professeur de philosophie du Séminaire. En octobre 1874, il est ordonné prêtre et est ensuite nommé professeur de philosophie et de mathématiques dans la même institution. « Disciple » de lřabbé Provancher, lřabbé Burque suit le conseil de son mentor et commence la classification et la description des Hémiptères du Québec. De 1876 à 1880, il fait paraître deux articles dans plusieurs livraisons du Naturaliste canadien : « Adam, le premier et le plus profond des savants » et « Le chien et ses principales races ». En 1882, lřabbé Burque quitte brusquement le Canada et, après un vicariat à Saint-Jude, est nommé curé à Fort-Kent, dans le Maine, poste quřil conserve jusquřen 1904. Burque cessa complètement ses activités de naturaliste après son départ du Québec. Tout au plus envoya-t-il des spécimens dřinsectes et de plantes rares à son ami, lřabbé Huard. En 1898, lřabbé Burque publie une étude philosophico-scientifique : Pluralité des mondes habités considérée au point de vue négatif. En 1904, lřabbé Burque sřinstalle à Québec. Dans les dernières années de sa vie, lřabbé Burque se livre à la poésie. Élévations poétiques paraît en deux volumes en 1906 et 1907, de même quřun recueil de chansons (Nouveau Chansonnier canadien-français, recueil de chansons populaires. Chansons nouvelles et chansons restaurées), en 1921. (V.-A. Huard, « Feu lřabbé Burque », Le Naturaliste canadien, vol. L, no 5 (novembre 1923), p. 97-105.) - Carrier, Joseph-Célestin, abbé (1833-1904), professeur et naturaliste. À lřâge de 18 ans, J.-C. Carrier est nommé professeur de sciences au collège classique dans lequel il termina ses études. En 1854, alors quřil a 21 ans, il devient membre de la congrégation Sainte-Croix, à lřuniversité Notre-Dame, en Indiana, aux États-Unis. Il y enseigna les langues anciennes (latin et grec) et les sciences. Envoyé au collège Saint-Laurent (Montréal), en 1877, il y demeura jusquřà sa mort, enseignant les sciences naturelles et organisant le musée de sciences de lřinstitution. Il publia quelques articles dans Le Naturaliste canadien, de même quřune liste de plantes de lřîle de Montréal dans le Bulletin de l’Académie de Géographie botanique de Le Mans, en 244 France. Il est également lřauteur de lřHistoire chimique et physiologique d’une bouchée de pain (1890) et Histoire physiologique et chimique de l’air qu’on respire (s.d.). (V.-A. Huard, « Feu le R.P. J.C. Carrier, c.s.c », Le Naturaliste canadien, vol. XXXI, no 12 (décembre 1904), p. 133-137.) - Cauchon, Joseph-Édouard (1816-1885), journaliste, maire et député. Pendant quřil fait son droit, en 1841, Joseph-Édouard Cauchon publie un manuel de physique, le premier du genre au Québec : les Notions élémentaires de physique, avec planches, à l’usage des maisons d’éducation. Lřannée suivante, il débute une longue carrière de rédacteur au Journal de Québec et ce jusquřen 1875. Il fut également propriétaire du journal de 1842 à 1862. À partir de 1844, il est député du comté de Montmorency et le sera périodiquement jusquřà la fin de sa carrière politique. En 1855, on le nomme commissaire des Terres de la couronne pour le Bas-Canada, poste quřil quitte en 1857, à la suite de la question du chemin de fer de la rive nord du Saint-Laurent. En 1861-1862, il occupe le poste de ministre des Travaux publics et, de 1865 à 1867, celui de maire de Québec. Lřannée de la Confédération, Cauchon est pressenti pour le poste de premier ministre de la province de Québec, mais son projet de gouvernement échoue. En novembre 1867, il est nommé président du Sénat et y resta jusquřen mai 1869. Il démissionne du Sénat en juin 1872 et prend, deux mois plus tard, une place à la chambre des Communes comme député de Québec-Centre, poste quřil résigne en décembre de la même année. Il est réélu député de Montmorency de lřAssemblée législative du Québec, jusquřen juin 1874. Cauchon, conservateur depuis le début de sa carrière politique, passe aux rangs des libéraux, à la fin de 1873. Le premier ministre du Canada, Alexander Mackenzie, le nomme à la présidence du Conseil privé du Canada, en décembre et lui confie le ministère du Revenu de lřintérieur, en juin 1877. Toutefois, à la suite de désaccords avec lui, le premier ministre le renvoie de son cabinet. En compensation, Cauchon devient lieutenant-gouverneur du Manitoba, en décembre 1877. Il se fait le défenseur du français dans cette province. Il quitte ce poste en décembre 1882. Ruiné par le krach de 1882, Cauchon abandonne sa vie de pacha, mais demeure à Winnipeg. Quelques mois plus tard, il se retire dans la vallée de la QuřAppelle, pour y mourir en février 1885. (Andrée Désilets, « CAUCHON, Joseph-Édouard », D.B.C. Vol. XI De 1881 à 1890, Québec, P.U.L., 1982, p. 175-182; Alain Couillard, « Joseph Cauchon et le goût des sciences », Cap-aux-Diamants, no 92 [2008], p. 21-24.) - Chagnon, Gustave (1871-1966), comptable et entomologiste. Gustave Chagnon poursuivit des études à Saint-Jean-sur-Richelieu et au Collège Notre-Dame à Montréal. Dès son enfance, il sřintéresse aux sciences naturelles, mais cřest au collège quřil commence à pratiquer lřentomologie. Alors quřil est à lřemploi de la Banque nationale de Winnipeg, de 1895 à 1899, il monte une collection de Coléoptères du Manitoba. À partir de 1899, et jusquřen 1930, Gustave Chagnon occupe diverses fonctions au sein de la Montreal Light, Heat and Power. Il consacre tous ses loisirs à lřentomologie. Sa contribution dans cette discipline regroupe plusieurs collections et des publications sur les Coléoptères dřAmérique du Nord et du monde. Il se spécialisa dans lřétude de quelques familles comme les Buprestides, les Longicornes et les Cétoines. Il sřintéressa également à dřautres groupes tels les Syrphidæ, une famille de lřordre des Diptères, les Lépidoptères et les Hémiptères. De 1935 à 1950, il occupe le poste de chef 245 du Service dřentomologie à lřUniversité de Montréal. Ses fonctions consistent à enseigner au certificat dřentomologie, programme principalement destié aux enseignants et aux naturalistes, dřidentifier des insectes et dřentretenir la Collection Ouellet-Robert dont il contribua à fonder. Gustave Chagnon publia de nombreux articles scientifiques dans Le Naturaliste canadien (1890-1948), The Canadian Entomologist (1905-1947), les Contributions à l’Institut biologique de l’Université de Montréal (1933-1939, 1951) et les Annales de l’A.C.F.A.S. (1935-1949). Il ne négligea pas la vulgarisation : en 1953 et 1954, il publia une série dřarticles pour la revue Science et Aventure et contribua également à la Bibliothèque des jeunes naturalistes. Ses principales monographies sont les suivantes : « A preliminary list of the insects of the province of Quebec, Part III Coleoptera » (supplément au rapport annuel de la Société de protection des plantes du Québec, 1917), Contribution à l’étude des Orthoptères et des Dermaptères du Québec (1944), Contribution à l’étude des Hémiptères aquatiques de la province de Québec (avec Ovila Fournier, 1945) et, en collaboration avec le frère Adrien Robert, Principaux Coléoptères de la province de Québec (1962). Il sřimpliqua dans plusieurs sociétés savantes comme la filiale de Montréal de lřEntomological Society of Ontario, société dont il fut le vice-président de 1913 à 1918 et le président de 1919 à 1922, la Société de protection des plantes du Québec (il fut membre au conseil dřadministration de 1908 à 1932) et la Société dřentomologie du Québec. (Ovila Fournier, J.-I. Beaulnes et J.-B. Maltais, « Notice nécrologique : Gustave Chagnon, 1871-1966 », Annales de la Société entomologique de Québec, vol. 14 (1967), p. 42-46; Christine Jean, « Gustave Chagnon (1871-1966) : une carrière tardive en entomologie », Antennae, vol. 16, no 3 (2009), p. 10-12.) - Chapais, Jean-Charles fils (1850-1926), avocat, conférencier agricole et sylviculteur. Après des études à lřÉcole dřagriculture de Sainte-Anne-de-la-Pocatière et à lřUniversité Laval, Chapais est admis au barreau, en 1875. Il sřinstalle à Kamouraska et y pratique le droit jusquřen 1879. Cette année-là, il est nommé assistant-rédacteur du Journal d’agriculture. Édouard-A. Barnard, son beau-frère, en est le rédacteur en chef. Vers la même époque, Chapais est également conférencier agricole. Il sřimplique beaucoup dans la Société dřindustrie laitière, fondée en 1882. En 1883, il publie le Guide du sylviculteur canadien, ouvrage qui sera réédité en 1890 et 1891 et qui parut également en anglais, en 1885 et en 1891. Il sřagit dřun premier manuel consacré à la sylviculture au Canada. Chapais sřoccupa aussi de la ferme familiale, à Saint-Denis, après la mort de son père, survenue en 1885. Il entreprit diverses expériences dřacclimatation dřarbres fruitiers, dans son verger. En 1890, il devient assistant-commissaire de lřindustrie laitière au sein du ministère de lřAgriculture et conserve ce poste jusquřen 1913. Par la suite, il est nommé assistant-commissaire de lřenseignement agricole du Canada. En 1916, on lui décerne un doctorat honoris causa en sciences agricoles. En 1892, Chapais, en compagnie de Barnard, Philippe Landry, Joseph-Alphonse Couture et Théophile Montminy, participe à la création du Syndicat des cultivateurs de la province de Québec. (Jacques SaintPierre, « Jean-Charles Chapais, pionnier de lřagronomie au Québec », Encyclobec, www.encyclobec.ca/main.php?docid=245, site consulté le 15 juillet 2008; Anonyme, « R.I.P. Ŕ MM. J.C. Chapais et Hadelin Nagant Ŕ R.I.P. », Le Journal d’agriculture, vol. 30, no 2 (25 août 1926), p. 17.) 246 - Choquette, Charles-Philippe, abbé (1856-1947), prêtre, professeur de sciences, chimiste et astronome. En 1870, Charles-Philippe Choquette débute des études classiques au Séminaire de Saint-Hyacinthe. Ordonné prêtre en 1880, il devient professeur de sciences au même Séminaire, fonction quřil occupe jusquřen 1904. À Paris, en 1885, il est appariteur dans les laboratoires du Collège de France. Il suit des cours à la Sorbonne avec Berthelot, Mascart, Lipmann et à lřInstitut catholique avec Branly et Lapparent. En 1890, lřabbé Choquette est le représentant du Canada lors des Congrès scientifiques nationaux, à lřExposition universelle de Paris. En octobre 1896, le Conseil universitaire le nomme professeur titulaire de physique, à lřUniversité Laval à Montréal. Entre 1895 et 1902, il est analyste (chimiste) au Laboratoire officiel de la province de Québec. De 1904 à 1913, lřabbé Choquette occupe la fonction de supérieur du Séminaire de Saint-Hyacinthe puis, de 1913 à 1934, celle de vice-supérieur. Cřest le 30 août 1905 quřil observe une éclipse totale de soleil au lac Melville, sur les côtes du Labrador, en compagnie dřastronomes anglais et canadiens. Il en publie le récit en 1908 sous le titre À la poursuite de l’éclipse de 1905. Dans les années 1910, il fait partie de la Commission de conservation du Canada et du bureau dřexamen des chimistes officiels du gouvernement fédéral. En 1927, le gouvernement provincial le charge dřune mission astronomique en Norvège pour observer lřéclipse du 29 juin. Il en en profita pour visiter la Hollande, les pays scandinaves et lřEspagne. Le récit de ce voyage a été publié en 1928 (Une mission astronomique en Norvège. Lettres à un ami). Lřabbé Choquette publia principalement des articles de vulgarisation sur lřénergie hydroélectrique, lřastronomie et lřélectricité dans plusieurs journaux et revues comme le Courrier de Saint-Hyacinthe (1883-1927), La Minerve (1893), La Presse (1907-1923), Le Canada (1907-1923), La Patrie (1907), la Revue canadienne (1910-1913) et Le Devoir (1917-1923). Entre autres honneurs, on le nomme vice-président de la Société royale dřastronomie du Canada, président honoraire de lřAssociation des astronomes, prélat domestique (1911), chanoine honoraire (1914) et membre de la Société astronomique de France. Il reçut deux doctorats honorifiques : le premier en droit, de lřUniversité dřOttawa, en 1910, le second ès sciences, de lřUniversité de Montréal, en 1943. (Roch Héroux, Bio-bibliographie de Mgr Charles-Philippe Choquette, P.D., M.A., LL.D., D. ès-sc., supérieur du Collège de Saint-Hyacinthe (19041913). Président honoraire de la Société royale d’astronomie du Canada, Montréal, École de Bibliothécaires, 1949. xx-40 p.) - Cloutier, Jean-Baptiste (1831-1920), éducateur et rédacteur. En 1849, Cloutier débute comme instituteur à Saint-Nicolat. En 1852, il obtient un diplôme pour enseigner dans les écoles élémentaires. À lřété 1858, après un an passé à lřécole normale Laval de Québec, qui vient dřouvrir ses portes, Cloutier obtient le premier diplôme de cette école : un brevet pour écoles modèles. À la rentrée 1858, Cloutier devient directeur de lřécole modèle de Saint-Nicolat. Lřannée suivante, on le nomme professeur à lřécole normale Laval, poste quřil occupe jusquřen juin 1891. Tout en étant professeur, Cloutier fonde un journal pédagogique, en janvier 1880 : L’École primaire. Lřannée suivante, la revue change de nom pour L’Enseignement primaire. En 1897, Cloutier cède la direction de sa revue à son gendre, C.-J. Magnan. Si ce nřavait été du rachat de la revue par Magnan, elle serait disparue à la suite de lřarrêt de son 247 financement par lřÉtat provincial. Cloutier est lřauteur de nombreux articles dans sa revue et de quelques manuels scolaires : Éléments de la grammaire française de Lhomord, en 1873, Devoirs grammaticaux gradués en rapport avec la grammaire de Lhomord, (…), en 1874, le Premier Livre des enfants ou Méthode rationnelle de lecture, en 1875 et, en 1885, le Recueil de leçons de choses : à l’usage des écoles primaires, modèles et académiques, des collèges, couvents, etc., ouvrage qui traite des règnes de la nature et qui expose diverses connaissances scientifiques. Cloutier sřoccupa de botanique; il produisit un herbier de plusieurs centaines de spécimens et fut membre de la Société dřhistoire naturelle de Québec. (Thérèse Hamel, « CLOUTIER, Jean-Baptiste », D.B.C. Vol. XIV De 1911 à 1920, Québec, P.U.L., 1998, p. 242-244; C.-J. Magnan, « J.B. Cloutier », L’Enseignement primaire, 41e année, no 7 (mars 1920), p. 386-387.) - Comeau, Napoléon-Alexandre (1848-1923), garde-pêche, guide de chasse, trappeur et naturaliste. Après une année dřétudes à lřAcadémie française et anglaise de G.W. Lawler, à Trois-Rivières, Napoléon-Alexandre Comeau obtient le poste de gardien de la rivière Godbout, sur la Côte-Nord, quřil occupe de 1860 à 1920. Pendant la décennie 1860, il servait dřintermédiaire auprès des Montagnais et de la Compagnie de la baie dřHudson. La décennie suivante, il remplit plusieurs fonctions, comme celles de maître de poste, agent des pêcheries, agent du télégraphe, infirmier et « sage-homme ». Naturaliste convaincu, il sřintéressait à lřornithologie et à la zoologie, publiant des articles dans le Bulletin du Nuttall Ornithological Club, Forest and Stream, The Auk et The Field Naturalist. En 1909, il publie un récit naturaliste, Life and Sport of the North Shore of the Lower St.Lawrence and Gulf. (Pierre Frenette, « COMEAU, Napoléon-Alexandre », D.B.C. Vol. XV De 1921 à 1930, Québec, P.U.L., 2005, p. 244-245; Victor-Alphonse Huard, « Feu N.-A. Comeau », Le Naturaliste canadien, vol. L, no 7 (janvier 1924), p. 146-151.) - Couper William (1843-1890 au Québec), taxidermiste, naturaliste et entomologiste spécialisé dans les Coléoptères. Arrivé au Canada en 1843, William Couper occupe dřabord un emploi de typographe à Toronto. De 1860 à 1869, il habite Québec. Dans cette ville, il participa à la fondation de la section de Québec de lřEntomological Society of Ontario, en 1864. Il y fut vice-président et conservateur de la collection dřinsectes. Naturaliste accompli, Couper sřintéresse à plusieurs branches de lřhistoire naturelle, telles lřornithologie, la botanique, lřichtyologie et, particulièrement, lřentomologie. Dès 1852, il présesnte une collection dřinsectes remarquée lors de lřexposition provinciale à Toronto. Il reçut également un prix pour ses montages, en 1856. À Ottawa, en 1869 et 1870, puis à Montréal, de 1874 à 1881, Couper est également actif dans cette ville. Il fut dřailleurs un des membres fondateurs de la section de Montréal de lřEntomological Society of Ontario, en 1873. Quelques années plus tard, il fonde la revue The Canadian Sportsman and Naturalist, publication qui dure jusquřen 1883. Couper publia aussi de nombreux articles dans le Canadian Entomologist, le Canadian Naturalist and Geologist, les Proceedings of the Entomological Society of Philadelphia et les Transactions de la Literary and Historical Society of Quebec. En 1867, 1872 et 1873, il fait des expéditions sur la Côte-Nord dans le but de récolter des oiseaux et des œufs, des mammifères, des 248 poissons et des insectes. En 1878, il visite Napoléon-Alexandre Comeau et récolte des insectes à cette occasion. Couper fut lřun des membres fondateurs de lřAmerican Ornithologistsř Union, en 1883, en tant quřoriginal associate. En 1884, Couper déménage dans lřÉtat de New York. On croit quřil est décédé à la résidence de son fils à Troy (NY), en 1890. Plusieurs de ses collections ont été achetées par de grandes institutions comme lřUniversité McGill (Coléoptères et poissons), la Buffalo Society of Natural Sciences (2400 spécimens Lépidoptères dřAnticosti), la Natural History Society of Montreal (papillon nocturnes de la Nouvelle-Angleterre) et le musée de zoologie de lřUniversité Laval (3000 spécimens dřinsectes, dřœufs et dřoiseaux, de mammifères, de poissons et de reptiles). (James L. Baillie Jr., « William CouperŕA pionner canadian naturalist », The Canadian Field-Naturalist, vol. XLIII, no 8 (November, 1929), p. 169-176; Baillie, « Further notes on William Couper », The Canadian Field-Naturalist, vol. LI, (April, 1937), p. 56-57; R.O. Paradis, « Étude biographique et bibliographique de William Couper, membre fondateur et premier président de la Société entomologique du Québec », Annales de la Société entomologique de Québec, vol. 19, nos 1-2 (janvier-mai 1974), p. 4-15; R.O. Paradis, « COUPER, William », D.B.C. Vol. XI De 1881 à 1890, Québec, P.U.L., 1982, p. 225.) - Crevier, Joseph-Alexandre (1824-1889), médecin et naturaliste. Joseph-Alexandre Crevier poursuit ses études classiques au collège de Chambly et au séminaire de Saint-Hyacinthe. Il sřinscrit ensuite à lřécole de médecine et de chirurgie de Montréal. En 1849, il commence à pratiquer la médecine, à Saint-Hyacinthe puis, de 1861 à 1872, à Saint-Césaire. Il sřintéresse à la géologie, lřastronomie, la chimie et la microscopie. Il publie, en 1866, une Étude sur le choléra asiatique suivit, en 1876, en collaboration avec Auguste Achinte, L’Île Sainte-Hélène : son passé, présent et avenir; géologie, paléontologie, flore et faune. En 1872, Crevier sřinstalle à Montréal et donne des cours à lřécole de médecine sur les agents pathogènes. Crevier était conscient que les bactéries présentes dans lřeau causaient des maladies épidémiques dans les viles, ce qui lřincita à défendre des mesures dřhygiène publique. En 1877, il participe à la préparation de lřexamen dřentrée à la nouvelle chaire dřhistologie et de microscopie de lřécole de médecine. Sa dernière publication, parue en 1885, a pour titre Le choléra, son histoire, son origine, sa nature (…). (Léon Lortie, « CREVIER, Joseph-Alexandre », D.B.C. Volume XI De 1881 à 1890, Québec, P.U.L., 1982, p. 238-239; Jacques Rousseau, « Le docteur J.-A. Crevier. Médecin et naturaliste (1824-1889). Étude biographique et bibliographique », Annales de l’A.C.F.A.S., vol. 6 (1940), p. 177-265.) - Dalaire, Omer-Edmond (1856-1919), instituteur, conférencier agricole et auteur. Instituteur de 1881 à 1891, Omer-Edmond Dalaire est invité par Barnard, en 1884, à donner des causeries agricoles. Il agit aussi comme secrétaire du Mérite agricole, de 1890 à 1901. Fort de ces expériences, Dalaire devient le premier conférencier agricole permanent de la province de Québec, en 1891. Il fait la tournée des cercles agricoles, des écoles normales et des collèges classiques et contribue à la fondation de centaines dřautres cercles dans la province de même que de sociétés dřagriculture. À partir de 1904, il sřinvestit dans le projet de création des jardins scolaires. Au début du XXe siècle, les conférenciers agricoles sont progressivement remplacés par des agronomes. En 1907, Dalaire devient directeur de lřécole de laiterie de Saint-Hyacinthe et est également 249 nommé secrétaire de la Société dřindustrie laitière de la province de Québec, poste quřil occupa jusquřen 1919, année de sa retraite. Lřécole de laiterie formera des « expertsessayeurs, des diplômes de fabricants de beurre et de fromage, ainsi que des diplômes dřinspecteurs de beurre et de fromage. » (Thibault, p. 287.) Tout au long de sa carrière, Dalaire signe des articles dans le Journal d’agriculture illustré et publie, à partir du début du XXe siècle, quelques traités agricoles comme Les Mauvaises Herbes dans la province de Québec et différents moyens de les détruire (1904), L’Égouttement du sol : le drainage (1905), Comptabilité agricole et domestique à l’usage des écoles primaires et des cultivateurs (1906), Le Drainage superficiel et souterrain, Les Insectes utiles et les Insectes nuisibles, Les Jardins scolaires. (Régis Thibault, « DALAIRE, Omer-Edmond », D.B.C. Vol. XIV De 1911 à 1920, Québec, P.U.L, 1998, p. 286-288.) - Dawson, John William (1820-1899), géologue, paléobotaniste, professeur de sciences naturelles et principal de lřUniversité McGill. John William Dawson suivit une formation à la Pictou Academy (NouvelleÉcosse). Il assouvit son intérêt pour lřhistoire naturelle en lisant des livres, en effectuant des excursions, au cours desquelles il récolte des minéraux, des fossiles, des coquillages, …, et en faisant des échanges avec dřautres naturalistes de sa province. En 1840, il entame des cours de géologie et de taxidermie à lřUniversity of Edinburgh. Il revient à Pictou quelques mois plus tard du fait de difficultés financières de sa famille. En 1842, Dawson devient le guide du géologue anglais Charles Lyell venu visiter les dépôts houillers près de Pictou. Lyell devient son mentor et un ami qui lřencouragea à explorer la Nouvelle-Écosse et à diffuser les résultats de ses recherches sous formes de publications et de communications. À lřhiver et au printemps 1847, Dawson est de retour à lřUniversity of Edinburgh; il y suit les cours de chimie appliquée, ce qui lui permet de devenir un géologue dřexploration. En 1848, il reçoit des contrats du gouvernement provincial et enseigne lřhistoire naturelle à la Pictou Academy et, en 1850, au Dalhousie College. Cette même année, Dawson est nommé surintendant de lřéducation de la Nouvelle-Écosse. Il réalise une enquête à travers la province sur lřinstruction et fonde, en 1851, le Journal of Education for Nova Scotia. Il démissionne de son poste en 1852; Lyell revient et ensemble, ils font des excursions paléontologiques. Au cours des années suivantes, Dawson publie quelques manuels, comme Scientific contributions towards the improvement of agriculture in Nova Scotia (1853), Practical hints to the farmers of Nova-Scotia [...] (1854). Ces deux manuels sont fusionnés et publiés, en 1864, sous le titre de First lessons in scientific agriculture : for schools and private instruction [...]. En 1854, Dawson est élu membre de la Geological Society of London (G.S.L.). Il publie également son Acadian geology [...] qui lui vaud une grande renommée tout au long de sa vie (une 4e édition est parue en 1891). Dawson essaie également, mais sans succès malgré des appuis de taille, dřaccéder à la chaire dřhistoire naturelle à lřUniversity of Edinburgh. Un tournant important dans la vie de Dawson est sa nomination, en 1855, à la direction du McGill College, à Montréal qui deviendra plus tard la McGill University. Dawson accepte le poste et déménage avec toute sa famille. Il donna une impulsion nouvelle au développement de McGill. LřUniversity of Edinburgh lui décerne une maîtrise ès arts en 1856. En 1857, il fonde également la McGill Normal School et y devient directeur tout en y étant professeur de sciences. Au McGill College, il assume 250 une foule de tâches dont celles de directeur et de professeur de chimie, dřagriculture et dřhistoire naturelle (géologie, zoologie et botanique). Il poursuit également ses recherches sur la paléobotanique et la glaciation dans la province du Québec. En 1857, lřAmerican Association for the Advancement of Science tient son congrès à Montréal. Dawson participe activement à sa préparation. Il est également élu, pour la première fois, président de la Natural History Society of Montreal. En 1868, Dawson postule au rectorat de lřUniversity of Edinburgh en espérant se libérer du temps pour ses recherches, mais sans succès. En 1870, il cesse dřêtre principal du McGill Normal School tandis quřen 1871, la création du département des sciences appliquées au McGill College le console du refus dřEdinburgh. Dans les décennies 1860 et 1870, il sřimplique dans le développement de lřenseignement protestant au Québec. En 1881, la G.S.L. lui décerne la médaille Lyell pour sa contribution au développement de la discipline géologique. En 1882, Dawson vit la réalisation dřun rêve : la création du Peter Redpath Museum, un musée en sciences naturelles. Il sera inauguré lors de la deuxième réunion de lřA.A.A.S. à Montréal. La même année, Dawson participe activement à la fondation de la Société royale du Canada. Il sřimplique dans la tenue du congrès de la British Association for the Advancement of Science, en 1884 et en devient président, en 1886. En septembre 1884, il reçoit un second honneur de son alma mater : un doctorat en droit de la University of Edinburgh. En 1892, à la suite de problèmes de santé, il prend sa retraite. Il continue de sřimpliquer dans le développement de la géologie, car il est nommé, en 1893, président de la Geological Society of America. Au cours de sa longue carrière, Dawson prononça plusieurs communications et publia enfin de nombreux textes scientifiques : 350 en tout, dont 200 sur la paléobotanique. Tout ce travail de recherche lui valu une réputation internationale et inscrivit la McGill University dans le groupe sélect des universités nord-américaines réputées. (Peter R. Eakins et Jean Sinnamon Eakins, « DAWSON, sir William Dawson », D.B.C. Vol. XII De 1891 à 1900, Québec, P.U.L., 1990, p. 250-258; anonyme, « Decease of Members. Sir John William Dawson », Proceedings and Transactions of the Royal Society of Canada. Second series—Volume VI. Meeting of May, 1900, Ottawa, James Hope & Son, 1900, p. XV-XX; T. H. Clark, « Sir John William Dawson, 1820-1899 », dans G. F. G. Stanley (éd.), Pionniers de la science canadienne, Toronto, University of Toronto Press, 1966, p. 101-113; T. H. Clark, « Sir John William Dawson (1820-1899) —Paleontologist », The geological association of Canada — Proceedings, Volume 24, Number 2, 1972, p. 1-4; Susan Sheets-Pyenson, John William Dawson. Faith, Hope, and Science, Montreal & Kingston, McGill-Queenřs University Press, 1996, 274 p.) - Dawson, George Mercer (1849-1901), géologue, explorateur et directeur de la C.G.C. George Mercer Dawson est né à Pictou, en Nouvelle-Écosse. En 1855, son père devient directeur du McGill College. Formé à McGill et à la Royal School of Mines de Londres, il revient au Canada en 1872 avec de multiples prix et honneurs. Naturaliste, géologue et paléontologue, il est recruté par Alfred Richard Cecil Selwyn (1824-1902), directeur de la Commission géologique du Canada. À partir de 1875, George Mercer effectue de nombreux voyages dřexploration géologique dans les Prairies et en Colombie-Britannique, pour le compte de la Commission. Nommé directeur-adjoint de la Commission, en 1883, il remplace Selwyn au poste de directeur, en 1895. Affecté par un 251 handicap depuis son adolescence, George Mercer meurt en fonction, en 1901. « En 1891, Dawson devint membre de la Royal Society of London et reçut la médaille Bigsby de la Geological Society of London. (…) Membre de la Société royale du Canada depuis 1882, il en fut élu président à lřunanimité en 1893. » (Suzanne Zeller et Gale Avrith-Wakeam, « DAWSON, George Mercer », D.B.C. en ligne) Il reçut un nombre important dřhonneurs et de distinctions : un doctorat honorifique ès-sciences de lřuniversité Princeton (1877), un LL.D. de Queenřs university (1890), de McGill (1891) et de la Toronto University (1891). La même année, il reçut la médaille dřor Bigsby de la Geological Society of London et fut élu à la Société royale du Canada, société dont il devient le président en 1893. En 1897, il est nommé président de la section de géologie de la B.A.A.S., tout en recevant la médaille dřor de la Royal Geographical Society. En 1901, il est président de la Geological Society of America. Il fut également reçu Companion of the Ordre of St.Michael and St.George (C.M.G.). (Suzanne Zeller et Gale Avrith-Wakeam, « DAWSON, George Mercer », D.B.C. en ligne, http://www.biographi.ca/FR/ShowBioPrintable.asp?BioId=40789, site consulté le 27 juillet 2007.) - De Lisle, Augustin (1802-1865), notaire et botaniste. Augustin De Lisle poursuivit ses études classiques au collège de Montréal, entre 1813 et 1822. Il est reçu notaire en 1827 et exerce ensuite sa profession dans différentes villes, à Boucherville (1827-1844), Montréal (1845-1847), Saint-Henri-de-Mascouche (1847-1854), puis de nouveau à Montréal (1854-1858). De Lisle est ensuite nommé conservateur de la bibliothèque du Barreau, à Montréal, poste quřil conserve jusquřen 1865. En 1825, De Lisle commença un herbier. Il produisit quelques manuscrits comme Essai, arbres, arbrisseaux et arbustes du Canada dont le bois de service, les gommes, ont été présentés à l’Exposition de Paris (1855), Petite pharmacie végétale … (1857), Phytographie et taxonomie, catalogue de plantes du Canada, cueillies et classées par la comtesse Dalhousie, présentées en 1827 à la Société historique de Québec, avec remarques et notes par A.D. … (1856) et Entretiens de deux jeunes botanistes canadiens dans l’isle de Montréal et quelques paroisses environnantes (inachevé). (Léon Lortie, « DE LISLE (Delisle), Augustin », D.B.C. Vol. IX De 1861 à 1870, Québec, P.U.L., 1977, p. 220-221; Lortie, « Deux Notaires Amateurs de science : Jean De Lisle et son fils Augustin-Stanislas De Lisle », Mémoires de la Société Royale du Canada, tome LV, troisième série (juin 1961), p. 39-47.) - Derick, Carrie Matilda (1862-1941), botaniste, généticienne, professeure de botanique et auteure. Carrie Matilda Derick commença à enseigner à lřâge de 15 ans à la Clarenceville Academy. Elle suivit un cours au McGill Normal School et retourna à Clarenceville où elle obtint le poste de principal de lřAcademy, en 1881. Deux ans plus tard, elle revient à Montréal pour enseigner dans une école privée pour filles. En 1887, Derick entreprend des études à McGill; elle reçoit son B.A. en 1890 et récolta une foule de prix en humanités, en zoologie et en botanique. Elle obtint également la Logan Gold Medal en sciences naturelles. Après une année passée comme assistante de recherche du botaniste David P. Penhallow, elle est nommée demonstrator en botanique à temps partiel. Elle continuait à enseigner au Trafalgar Institute et poursuivit ses études, obtenant un M.A. en 252 1896. Elle est ensuite nommée lecturer et demonstrator, postes quřelle conserva pendant huit ans. En 1904, Derick est promue au poste dřassistante-professeure. Au fil des ans, elle continue à se perfectionner en passant plusieurs étés à Harvard, la Station biologique Woodřs Hole (MA.), le Royal College of Science (London) et à lřuniversité de Bonn. En 1909, elle remplace D.P. Penhallow à la direction du département de botanique. Elle sřattendait à être nommée directrice mais, en 1912, McGill choisit Francis E. Lloyd pour occuper ce poste. En compensation, on la nomme professeure à temps plein en morphologie botanique et en génétique, fonction quřelle conserve jusquřen 1928. Derick fut membre de plusieurs sociétés savantes comme lřA.A.A.S., la Botanical Society of America, lřAmerican Genetics Association et le Canadian Public Health Association. Elle écrivit de nombreux articles scientifiques et de vulgarisation sur la vie des plantes. Plusieurs de ses articles furent réunis en volumes (Flowers of the Field and Forest, Canadian Plant Lore, Variation, Heredity and Environment). Elle donna aussi fréquemment des conférences sur différents sujets tels lřévolution et la biologie et sřimpliqua activement dans divers mouvements réformistes concernant le droit de vote des femmes, lřéducation, la déficience mentale ou la délinquance juvénile. (Marianne G. Ainley (ed.), « Carrie Matilda Derick (1862-1941) and the chair of botany at McGill », dans Ainley, Despite the odds. Essays on Canadian Women and Science, Montréal, Vehicule Press, 1990, p. 74-87; anonyme, « Carrie Matilda Derick (1862-1941) Botanist », site de Canadian Women in Science, www.collectionscanada.ca/women/002026-403-e.html, site consulté le 11 décembre 2007). - Desrochers, Joseph-Edmond, c.s.v. (18 -1911), prêtre, professeur de collège et naturaliste. À la suite de ses études au Séminaire de Québec, Joseph-Edmond Desrochers est ordonné prêtre, en 1882. Deux années plus tard, il intègre la congrégation des clers de Saint-Viateur. Il enseigne dans différents collèges des c.s.v., entre autres à Joliette, à Rigaud et à Saint-Joseph-de-Lévis. Ses articles publiés dans Le Naturaliste canadien traitent dřentomologie, dřichtyologie et de botanique. (Victor-Alphonse Huard, « Feu le R.P. Desrochers, c.s.v. », Le Naturaliste canadien, vol. XXXVIII, no 5 (novembre 1911), p. 6-9.) - Dionne, Charles-Eusèbe (1845-1925), taxinomiste, conservateur de musée de sciences et naturaliste. Enfant, Charles-Eusèbe Dionne est attiré par la nature, mais le milieu modeste dans lequel il baigne lřempêche dřavoir accès à la documentation appropriée. En 1865, Dionne est à lřemploi du séminaire de Québec, comme homme à tout faire. On le remarque et lřannée suivante, il est nommé appariteur à la faculté de droit de lřUniversité Laval. Il peut dès lors emprunter les livres dřhistoire naturelle dont il a besoin, tout en se formant par des cours du soir. Autodidacte, il apprend lřanglais, le latin et la taxidermie, ce qui lui permet de monter une collection importante de spécimens naturalisés. En 1882, il devient conservateur du Musée zoologique de lřUniversité Laval. Ses principaux intérêts sont lřentomologie et, plus particulièrement, lřornithologie. En 1883 paraît Les Oiseaux du Canada, puis, en 1889, un Catalogue des oiseaux de la province de Québec avec des notes sur leur distribution géographique. Ses articles dans la revue Auk de 253 lřAmerican Ornithologistsř Union le font remarquer. En 1893, il est nommé elective member de cette société savante. En 1906, Dionne publie Les oiseaux de la province de Québec, un ouvrage de synthèse fruit dřannées de documentation et dřobservations colligées sur la distribution géographique des espèces du Québec. En 1902, lřUniversité Laval lui décerne une maîtrise ès arts et, en 1925, un doctorat honorifique en sciences. (Victor Gaboriault, Charles-Eusèbe Dionne Naturaliste, La Pocatière, La Société historique de la Côte-du-Sud, 1974, 143 p. (Cahiers dřhistoire No. 9) et Henri Ouelllet, « DIONNE, Charles-Eusèbe », D.B.C. en ligne www.biographi.ca/FR/ShowBioPrintable.asp?BioID=42243, site consulté le 6 août 2007). - Fyles, Thomas W., rev. (1831-1921), prêtre anglican, professeur de sciences naturelles et entomologiste. Thomas W. Fyles est ordonné prêtre anglican en 1862, après des études suivies à Londres, en Angleterre. Peu de détails sont connus de sa vie, si ce nřest quřil fut aumônier protestant des immigrants de Québec et professeur dřhistoire naturelle au Morrin College, à Québec. Entomologiste amateur, réputé lépidoptériste, il est un des membres fondateurs des filiales de Québec (1864) et de Montréal (1873) de lřEntomological Society of Ontario. Sa collection de 2300 spécimens de papillons (représentant 580 espèces) est acquise, en 1909, par le musée de lřInstruction publique. (Victor-Alphonse Huard, « The late Dr. Fyles », Le Naturaliste canadien, vol. XLVIII, no 4 (octobre 1921), p. 78.) - Girdwood, Gilbert Prout (1832-1917), médecin, officier, professeur de médecine et de chimie, auteur. Gilbert Prout Girdwood sřinscrivit à lřUniversity College de Londres, en 1851, puis poursuivit à la Saint.Georgeřs Hospital Medical School, jusquřřen 1854. Il est alors admis au Royal College of Surgeons of England. La même année, il joint lřarmée en tant quřadjoint au chirurgien dřun régiment. Il passa les années 1861 à 1864 au Canada dans son bataillon. À la fin de lřannée 1864, Girdwood quitte son poste dans lřarmée et vint sřinstaller à Montréal, où il pratique la médecine. En 1865, un diplôme du McGill College en main, il est nommé chirurgien de la prison militaire de Montréal et, en 1866, chirurgien du 3e Battalion of Rifles. La même année, la ville de Montréal lui offre le poste dřofficier de santé. Au début des années 1870, il commence à enseigner la chimie médicale à des étudiants en médecine du McGill College. De 1872 à 1879, il est maître de conférences en chimie pratique à McGill, pour ensuite obtenir le poste de professeur titulaire de la chaire de chimie. Très au fait des nouvelles technologies, Girdwood devient directeur du département de radiologie et dřélectrologie médicale de lřhôpital Royal Victoria, en 1901. On le consulte aussi pour son expertise médico-légale. Il publia dřailleurs plusieurs articles sur le sujet dans le Lancet, le Montreal Medical Journal, L’Union médicale du Canada et les Mémoires et comptes rendus de la Société royale du Canada. Girdwood était également très impliqué dans la promotion du développement scientifique au Québec en tant que membre de la L.H.S.Q., de la N.H.S.M. et de la Montreal Microscopical Society (organisme dont il fut le président en 1892) et membre de ces autres sociétés savantes : A.A.A.S, B.A.A.S., membre-fondateur de la Société royale du Canada, Chemical Society de Londres, Society of Chemical Industry (dont il 254 assure la vice-présidence), lřInstitute of Chemistry of Great Britain et président de la Roentgen Society of America. (Denis Goulet, « GIRDWOOD, Gilbert Prout », D.B.C. Vol. XIV De 1911 à 1920, Québec, P.U.L., 1998, p. 445-446 ; Anonyme, « Gilbert Prout Girdwood », Proceedings and Transactions of the Royal Society of Canada. Third Series. Vol. XII, Ottawa, Jas. Hope & Son, 1919, p. VII-X.) - Hall, Archibald (1812-1868), médecin, maître de conferences et naturaliste. Après des études à la Royal Grammar School of Montreal, Archibald Hall commença son apprentissage de la médecine. De 1829 à 1832, il étudie à la faculté de médecine du McGill College. Deux ans plus tard, il reçoit son doctorat en médecine de lřUniversity of Edinburgh. Dans sa thèse, il traita de la fonction respiratoire des plantes. En 1835, il pratique la médecine à Montréal et commence à enseigner la médecine, la chimie, lřobstétrique, les maladies féminines et infantiles. Obstétricien, il est membre du personnel du Montreal General Hospital et de lřUniversity Lying-In Hospital. Hall sřimpliqua activement dans sa profession, devenant vice-président et président du Collège des médecins et chirurgiens du Bas-Canada, respectivement en 1856 et 1859. En 1845, il fonda la revue British America Journal of Medicine and Physical Science, avec Robert Lea MacDonnell, revue qui parut jusquřen 1852, puis il occupa aussi la fonction de rédacteur en chef du British America Journal, de 1860 à 1862. Il fut également un des membres fondateurs de la N.H.S.M. et publia, en 1839, un « Mémoire sur les oiseaux et les mammifères du district de Montréal » dans The Canadian Naturalist and Geologist. Ce travail valut à Hall la médaille dřargent de la Société. (E.H. Bensley, « HALL, Archibald », D.B.C. en ligne www.biographi.ca/FR/ShowBioPrintable.asp?BioID=38598, site consulté le 28 septembre 2004). - Harrington, Bernard James (1848-1907), minéralogiste et professeur de sciences. En 1865, Bernard James Harrington débute un baccalauréat ès sciences naturelles au McGill College, études quřil termine en 1869. Il obtient un doctorat en minéralogie, en 1871, de la Sheffield Scientific School du Yale Collage, à New Haven, Connecticut. De retour au Québec, il travaille aux côtés du géologue John W. Dawson, à lřÎle-du-PrinceÉdouard, à la recherche du charbon. Harrington est ensuite nommé professeur de minéralogie et de métallurgie à McGill. En 1872, tout en continuant son enseignement, il est nommé chimiste et minéralogiste à la C.G.C., en remplacement de Thomas S. Hunt. Il démissionnera de la C.G.C. en 1879. En 1883, Harrington devient professeur de chimie et minéralogie à McGill, tout en continuant son enseignement de la métallurgie. Il cesse dřenseigner la minéralogie et la métallurgie, en 1891. Harrington est reconnu pour son travail en pétrologie. Au cours de sa carrière, il obtint quelques distinctions, telles président de la Natural History Society of Montreal, président de la section III (chimie et physique) de la Société royale du Canada, en 1890, vice-président de la section de chimie de la B.A.A.S. lors du congrès de 1897, à Toronto. Il est lřauteur dřune biographie de William E. Logan, publiée en 1883. (Danielle Ouellet, « HARRINGTON, Bernard James », D.B.C. Vol. XIII De 1901 à 1910, Québec, P.U.L., 1994, p. 483-484; Anonyme, « Deceased members. Bernard James Harrington », Proceedings and Transactions of the Royal Society of Canada Third Series—Vol. II. Meeting of 1908. Ottawa, 1908, p. XXIV- 255 XXVI; Frank D. Adams, « Bernard J. Harrington », The American Journal of Science, vol. XXV (January 1908), 2 p.) - Hayr Jack, Annie Linda (1839-1912), horticultrice, chroniqueuse horticole et naturaliste. Originaire dřAngleterre, Annie Linda Hayr immigre aux États-Unis et sui tune formation au Troy Female Seminary à Troy (NY), à partir de 1852. Elle est ensuite nommée institutrice à Châteauguay, près de Montréal. En 1860, elle marie Robert Jack; ils sřinstallent dans une ferme, propriété de son mari. Annie Linda Jack y cultive un bout de terrain; elle plante de nombreux arbres fruitiers, des arbustes, de la vigne, des pommiers. Dans les années 1890, elle vendait des pommes en Angleterre. Annie Linda Jack est également chroniqueuse horticole. De 1877 à 1890, elle écrit plusieurs articles pour la Montreal Horticultural Society and Fruit GrowersŘ Association of the Province of Quebec. Dans les années 1880 et 1890, elle contribua au Montreal Witness (sous le pseudonyme de Loyal Janet), au Waverly Magazine de Boston, au Harper’s Young People de New York et au Good Cheer de Greenfield (MA). De 1898 à 1903, elle produisit une chronique hebdomadaire dřhorticulture dans le Montreal Daily Witness (les « Garden Talks »). Elle continua également à rédiger des articles plus spécialisés dans le Canadian Horticultural Magazine (de 1897 à 1899) et le Canadian Horticultutist (de 1901 à 1910). En 1903 paraît un ouvrage regroupant ses « Garden Talks »), The Canadian Garden, qui fut réédité en 1910. (Paulette M. Chiasson,« HAYR, Annie Linda (Jack) », D.B.C. Vol. XIV De 1911 à 1920, Québec, P.U.L., 1998, p. 501-503.) - Holmes, Andrew Fernando (1797-1860), médecin, professeur de sciences, directeur de collège et botaniste. Né en Espagne, à la suite de la capture, par une frégate française, du navire britannique sur lequel étaient ses parents. Ces derniers arrivent à Québec en 1801, puis sřinstallent à Montréal. En 1811, Andrew Fernando Holmes débute des études de médecine sous la supervision du Dr Daniel Arnoldi. Il est reçu médecin cinq ans plus tard. Il part ensuite étudier au Royal College of Surgeons of Edinburgh et reçoit son diplôme en 1818, puis, en 1819, son M.D. De retour à Montréal, Holmes pratique la médecine aux côtés du Dr Arnoldi, pendant cinq ans. En 1822, il entre comme médecin à lřHôpital général de Montréal et y pratiqua jusquřà sa mort, en 1860, tout en agissant à titre de médecin privé. Cette même année 1822, Holmes donne un cours de chimie à lřécole dřAlexandre Skakel où il avait fait des études de « preliminary education ». En 1823, la Montreal Medical Institution ouvre ses portes. Holmes y enseigna la chimie, la pharmacie et la botanique. En 1829, la Montreal Medical Institution est greffée au McGill College, devenant la McGill College Medical Faculty. Holmes fut dřailleurs un des membres fondateurs de cette faculté. Après avoir été libéré de ses charges comme professeur de chimie (1829-1842) et de botanique (1829-1845), il devient professeur de médecine, en 1845. Holmes est également un des membres fondateurs du Montreal Medico-Chirurgical Society dont il deviendra son premier président. En 1853, on le nomme président du conseil des gouverneurs du collège des médecins et des chirurgiens du Bas-Canada, fonction quřil conserva pendant trois ans. En 1854, Holmes est nommé doyen (dean), tout en continuant à enseigner la médecine et à sřoccuper de la bibliothèque. 256 Holmes sřintéresse à la flore de la région de Montréal, quřil explore de 1820 à 1825 principalement. Sa collection minéralogique est achetée par McGill en 1856 et Holmes lui cède, la même année, son herbier. Il est un des membres fondateurs, en 1827, de la Natural History Society of Montréal. Il occupera plusieurs fonctions au sein de cet organisme : conservateur du musée de sciences naturelles, secrétaire correspondant (1827-1836) et président (1836-1841). Au fil des ans, Holmes publie divers articles dans des revues comme les Transactions of the Medico-Chirurgical Society of Edinburgh, le New York Medical and Physical Journal, le Boston Medical and Surgical Journal, la Montreal Medical Gazette, le British America Journal of Medical and Physical Science (Montreal) et le Medical Chronicle (Montreal). (Edward Horton Bensley, « HOLMES , Andrew Fernando (Fernandino) », D.B.C. Vol. VIII De 1851 à 1860, Québec, P.U.L., 1985, p. 403-405; Marcel Raymond, « Une figure méconnue de la botanique canadienne : A.-F. Holmes », Mémoires du Jardin Botanique de Montréal, no 42, extrait des Rapports et Communications du Huitième Congrès International de Botanique, Section 26, Paris, 1954, p. 210-213.) - Horan, Edward John (1817-1874), prêtre, évêque et professeur de sciences. De 1830 à 1839, Edward John Horan poursuit ses études classiques au petit séminaire de Québec. Pendant près de dix ans, il enseigne lřanglais au séminaire, de 1839 à 1848. Il est ordonné prêtre en septembre 1848. À partir de 1843, T.-E. Hamel est professeur dřhistoire naturelle. Soucieux de le perfectionner dans ce domaine, le Séminaire lřenvoie suivre des cours de géologie à la Harvard University, mais Agassiz nřy donnait pas de cours de géologie. Horan suit plutôt les cours de géologie de Benjamin Silliman, père et fils, de mars à lřautomne 1848. À son retour, il continue son enseignement scientifique pendant huit ans. Il emmenait parfois ses élèves en excursion autour de Québec (île dřOrléans) et dans Charlevoix. Au cours de ces années passées au séminaire, Horan occupe plusieurs fonctions : directeur de la ferme-modèle de SaintJoachim, directeur du petit séminaire et secrétaire du conseil de lřUniversité (1855). Il montre aussi un intérêt pour lřagriculture en visitant des fermes-modèles aux États-Unis et en achetant des instruments pour la ferme de Saint-Joachim. En 1856, il nommé principal de lřÉcole normale Laval, en 1856. De mai 1857 à avril 1858, il enseigne également lřinstruction religieuse, la physique, la chimie, lřhistoire naturelle et lřagriculture dans cette institution. En 1858, on le nomme évêque de Kingston, dans le Haut-Canada. Il ne semble pas quřil ait continué une quelconque activité scientifique. Il prend sa retraire en 1874. (M.-E. Méthot, « Monseigneur E.-J. Horan et Monsieur J.-F. Aubry », Annuaire de l’Université Laval, No 19, 1875-1876, Québec, Typographie dřAugustin Côté et Cie, 1875, p. 48-52 et 54; J. E. Rea, « HORAN, Edward John », D.B.C. Vol. X De 1871 à 1880, Québec, P.U.L., 1972, p. 394-396; Arthur Maheux, « Lřabbé Edward John Horan », Le Naturaliste canadien, vol. LXXXVI, nos 5-7 (maijuillet 1959), p. 77-92; René Bureau, « Notes et commentaires. Lřabbé Edward-John Horan, naturaliste (1817-1875) », Le Naturaliste canadien, vol. LXXIX, nos 6-7 (juinjuillet 1952), p. 231-232.) - Huard, Victor-Alphonse, abbé (1853-1929), prêtre, conservateur dřun musée de sciences et naturaliste. 257 Encore sous-diacre, Victor-Alphonse Huard (1853-1929) est envoyé comme maître de salle au Séminaire de Chicoutimi, en 1875. Il y deviendra par la suite professeur de rhétorique, de zoologie et de géographie, fonction quřil conserva jusquřen 1893. À partir de 1894, il reprend la rédaction et la publication du Naturaliste canadien, œuvre quřil continuera jusquřà sa mort. En 1901, lřabbé Huard retourne à Québec, sa ville natale, prendre la direction de la Semaine religieuse de Québec. Il ne fut jamais prêtre, un défaut de langage et la timidité le tenant loin des auditoires. En 1913, il est nommé membre de la Société royale du Canada, et devient chanoine en 1915. Il occupe, de 1893 à 1909, la fonction de conservateur du musée de lřInstruction publique de la province de Québec, puis celle dřentomologiste provincial de 1913 à 1916. Il écrivit des traités, abrégés et manuels, Traité élémentaire de zoologie et d’hygiène (1906); Abrégés de zoologie, de botanique, de minéralogie et de géologie; Manuel des sciences usuelles; Insectes nuisibles et maladies végétales (1916); Manuel théorique et pratique d’entomologie (1927); Faune entomologique de la province de Québec, volume IV, Sixième ordre. Les Lépidoptères. Diurnes (1929), de même que des récits de voyage, Labrador et Anticosti, 1897; Impression d’un passant, 1906). (Mélanie Desmeules, « HUARD, Victor-Alphonse », D.B.C., Vol. XV. De 1921 à 1930, Québec, P.U.L., 2005, p. 539-541.) - Hunt, Thomas Sterry (1826-1892), chimiste, minéralogiste et géologue, professeur de sciences. Obligé de travailler pour subvenir aux besoins de sa famille dès lřâge de douze ans, Thomas Sterry Hunt passe ses temps libres à étudier les sciences. Les Benjamin Silliman père et fils, professeurs à Yale University, le remarquent lors du congrès de lřAssociation of American Naturalists and Geologists (précurseur de lřA.A.A.S.) à New Haven, en 1845. Hunt y était venu comme correspondant dřun journal de New York. Ils lřengagent comme chimiste assistant à leur laboratoire; Hunt y demeure de 1845 à 1847. Pendant la même période, il est étudiant à Yale. En décembre 1846, Hunt est nommé chimiste et minéralogiste à la Commission géologique du Canada, dont les bureaux sont alors à Montréal. Tout en continuant ses expéditions sur le terrain et ses analyses à la C.G.C., Hunt devient professeur de chimie et de minéralogie à lřUniversité Laval, de 1856 à 1868. Durant les étés 1864 et 1865, il organise les collections du musée de minéralogie et de géologie de lřinstitution. Dans la même période, il est professeur de chimie au McGill College, poste quřil occupe jusquřen 1868. En 1872, après avoir quitté la C.G.C., il joint le Massachusetts Institute for Technology, à Cambridge, en tant que professeur de géologie et de minéralogie. Il démissionne en 1878, continue comme consultant et avance ses recherches en géochimie, sur lřextraction des minerais et en chimie théorique. Ses publications scientifiques sont très nombreuses, sřélevant à plus de 350 titres. Au nombre des monographies, on compte The geology of Canada (en collaboration avec William E. Logan, 1863), On the Chemistry of the Earth (1869), Chemical and geological essays (1875), Mineral physiology and physiography… (1886), A new basis for chemistry, a chemical chemistry (1887) et Systematic mineralogy based on a natural classification (1891). Ses autres publications se trouvent, ente autres, dans le Silliman’s Journal (American Journal of Science) et dans les rapports annuels de la C.G.C. Hunt reçut plusieurs distinctions au cours de sa carrière. En 1857, il est le premier à recevoir un doctorat ès-sciences honoris causa de lřUniversité Laval. En 1881, cřest de 258 lřUniversité Cambridge, en Angleterre, quřil reçoit un autre doctorat (LL.D.). On lui donna également la charge de préparer la collection géologique canadienne pour les expositions universelles de Paris (en collaboration avec Logan, 1855), Londres (1862) et Philadelphie (1876). Il est membre de plusieurs sociétés savantes : A.A.A.S. (comme membre fondateur, 1849, et vice-président en 1871), Royal Society of London (1859), National Academy of Sciences (1873), Institute of Mining Engineers of the United States (président en 1877), American Chemical Society (dont il fut président en 1880 et en 1888), Société royale du Canada (1882, président en 1884-1885) et un des créateurs du congrès international de géologie (le premier eut lieu à Paris, en 1878). (R. W. Boyle, « Thomas Sterry Hunt (1826-1892) Canadařs first geochemist », The Geographical Association of Canada, Proceedings Vol. 23 (1971), p. 15-18; René Bureau, « Le premier docteur ès-sciences honoris causa de lřUniversité Laval », Le Naturaliste canadien, vol. 79, nos 10-11 (octobre-novembre 1952), p. 321-323; James Douglas, « Obituary Notice of Thomas Sterry Hunt », Proceedings of the American Philosophical Society held at Philadelphia for promoting useful knowledge. Memorial Volume I, Philadelphia, The American Philosophical Society, 1900, p. 63-121; Raymond Duchesne, « HUNT, Thomas Sterry », D.B.C. Vol. XII De 1891 à 1900, Québec, P.U.L., 1990, p. 498-499 et Laflamme, « Le Docteur Thomas Sterry Hunt », Annuaire de l’Université Laval pour l’année académique 1892-1893. Numéro 36, Québec, Typographie dřAugustin Côté et Cie, 1892, p. 32-41.) - Kemp, Alexander Ferrie (1822-1884), ministre presbytérien, auteur, administrateur et naturaliste. Alexander Ferrie Kemp, formé à lřUniversity of Edinburgh et au Presbyterian College de Londres, est nommé ministre presbytérien (Église libre dřÉcosse), en 1850. Il passa les cinq prochaines années en tant quřaumônier du 26 e dřinfanterie, aux Bermudes. En 1855, on lui offre de diriger lřéglise St.Gabriel Street, à Montréal. Au cours des dix années passées à Montréal, Kemp accumula plusieurs fonctions, comme celle de secrétaire du consistoire de Montréal, rédacteur du Canadian Presbyterian en 1857-1858 (en collaboration avec le révérend Donald Fraser), président du comité du synode de lřÉglise presbytérienne du Canada et membre du conseil dřadministration de la N.H.S.M. Il publia quelques articles dans le Canadian Naturalist and Geologist, entre 1857 et 1862, au sujet de la flore littorale et des algues. En 1866, Kemp remet sa démission de son poste de ministre de lřéglise St. Gabriel. Il est nommé à lřéglise St.Andrew, à Windsor, dans le Haut-Canada. Entre 1870 et 1874, il enseigna dans deux collèges américains, puis revint en Ontario. Il devint le premier directeur du Young Ladies College à Brandford, puis on le nomma directeur de lřOttawa Ladies College, de 1878 à 1883. Kemp est lřauteur de quelques ouvrages ecclésiastiques : Digest of the minutes of the Synod of the Presbyterian Church of Canada (…) (1861) et A review of the state and progress of the Canada Presbyterian Church since the Union in 1861 (1867). Kemp reçut deux doctorats honorifiques, le premier (ès arts) de McGill, en 1863, et le second (droit) du Queenřs College de Kingston, au début des années 1870. (Elizabeth Ann Kerr McDougall, « KEMP, Alexander Ferrie », D.B.C. en ligne, http://www.biographi.ca/FR/ShowBioPrintable.asp?BioId=39743, cite consulté le 28 septembre 2004) 259 - Laflamme, Joseph-Clovis-Kemner, abbé (1849-1910), prêtre, professeur de sciences, géologue et vulgarisateur scientifique. De 1862 à 1868, Joseph-Clovis-Kemner Laflamme fait son cours classique au petit séminaire de Québec. Son baccalauréat ès arts en main, il est admis au grand séminaire où il obtiendra une licence de théologie, en 1872. En octobre de la même année, il est ordonné prêtre. Alors quřil est encore étudiant en théologie, on lui demande de remplacer le botaniste Louis-Ovide Brunet comme professeur dřhistoire naturelle, poste quřil occupa jusquřen 1900. En 1875, lřabbé Hamel le charge de lřenseignement de la physique, tandis quřil est nommé professeur titulaire du cours de minéralogie et de géologie. En 1876, il est préparateur dans le cours de chimie du docteur Hubert La Rue. Il restera professeur de physique jusquřen 1893 et professeur de minéralogie et de géologie jusquřen 1909, année où il doit considérablement restreindre ses activités. La formation scientifique de Laflamme, à part celle reçue au petit séminaire, est essentiellement autodidacte. En 1871, lřabbé Hamel, supérieur du Séminaire de Québec et recteur de lřUniversité Laval, lřamène au congrès de lřAmerican Association for the Advancement of Science à Hartford, CO. En 1877, il passe lřété à la Harvard University, à Cambridge, MA, pour se perfectionner en géologie. Dans ce domaine, il publie peu ; il sřagit, la plupart du temps, de textes de conférences prononcées devant les membres de la Société royale du Canada. Ses travaux portent sur la géologie du Saguenay et du lac Saint-Jean, les dépôts aurifères de la Beauce, les éboulements, le gaz naturel de la province de Québec, les tremblements de terre de la région de Québec. Il sřintéresse également à la météorologie de la région de Québec. Il publie, en 1881, un premier manuel : les Éléments de minéralogie et de géologie, réédité en 1885 (avec ajout de la botanique), 1898, 1907 et 1919 (édition refondue par lřabbé Alexandre Vachon et Arthur Robitaille). Un autre manuel, faisant état de son intérêt pour la physique, paraît en 1893 : Notions sur l’électricité et le magnétisme (réédité en 1896). Outre ses activités de professeur de sciences, Laflamme occupe plusieurs autres fonctions : directeur du petit séminaire (1881-1883), doyen de la faculté des arts (1891-1900), supérieur du séminaire et recteur de lřUniversité Laval (1893-1899, 1908-1909), professeur de chant (1892-1894). Il prononça également des conférences publiques très courues à lřInstitut canadien de Québec et à la Literary and Historical Society of Quebec sur les techniques de lřheure : le phonographe, lřéclairage électrique, le téléphone, les rayons X, etc. Laflamme est aussi membre de plusieurs sociétés savantes : A.A.A.S. (1874), Société géologique de France (1881-), S.R.C. (1882-), Société française de physique (1891), Société géologique dřAmérique du Nord (1891-). En 1881, il se rend en Europe pour visiter lřexposition électrique de Paris et, en 1888, pour suivre un enseignement scientifique en France. Il participa à des congrès internationaux comme ceux de la British Association for the Advancement of Science (Montréal, 1884), le Congrès international de géologie (Washington, 1891, Saint-Pétersbourg, 1897), le Congrès international des Américanistes (Québec, 1906). À la fin de sa vie, il sřintéresse vivement au sort de la forêt canadienne et appuie la formation de lřÉcole forestière de lřUniversité Laval, en 1910. (Henri Simard, « Mgr J.-C.-K. Laflamme ». Annuaire de l’Université Laval pour l’année académique 1911-1912 No 55, Québec, Imprimerie de LřÉvénement, 1911, p. 209-223 ; H. Simard, « Mgr J.-C.-K. Laflamme », Le Naturaliste canadien, vol. 38, no 2 (août 1911), p. 21-28; 33-43 ; Arthur Maheux, « Mgr Joseph-Clovis-K. Laflamme 1849-1910 », Le Naturaliste canadien, vol. 90, no 2 (février 1963), p. 51-87; no 5 (mai 1963), p. 157-176; no 10 260 (octobre 1963), p. 233-268; no 11 (novembre 1963), p. 275-309; vol. 91, no 4 (avril 1964), p. 116-125; no 5 (mai 1964), p, 133-147 ; René Bureau, « Monseigneur JosephClovis-Kemner Laflamme, géologue », Le Naturaliste canadien, vol. 77, nos 7-8 (juilletaoût 1950), p. 185-221 ; R. Bureau, « Monseigneur Clovis Laflamme et la météorologie », Le Naturaliste canadien, vol. 79, nos 8-9 (août-septembre 1952), p. 276-284 ; R. Bureau, « La physique et lřélectricité à lřUniversité Laval au temps de Monseigneur J.C.-K. Laflamme », Le Naturaliste canadien, vol. 79, no 12 (décembre 1952), p. 330-345 ; Camille Laverdière, « Mgr Laflamme : aux origines de la géologie et de la géographie physique dřici », Géographes, no 2 (novembre 1992), p. 50-52 ; Raymond Duchesme, « LAFLAMME, Joseph-Clovis-Kemner », D.B.C. Vol. XIII De 1901 à 1910, Québec, P.U.L., 1994, p. 611-613.) - Landry, Auguste-Charles-Philippe (1846-1917), agronome et homme politique. Après deux années passées chez les frères des écoles chrétiennes (cours commercial), Philippe Landry poursuit des études classiques au petit séminaire de Québec, de 1857 à 1866. Cette année, il sřinscrit à lřécole dřagriculture de Sainte-Annede-la-Pocatière et fait deux années en une. En 1868, Landry sřinstalle sur une ferme à Saint-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud. À la fin de lřannée, il devient capitaine du deuxième bataillon de milice du comté de LřIslet. La même année, il est membre de la Société de colonisation de Saint-Pierre-de-Montmagny, organisme dont il fut le président de 1878 à 1894 et de 1897 à 1905. Landry se lance en politique fédérale, mais sa victoire est remise en question et il perd son poste de député. Finalement, à lřautomne 1878, il est élu aux élections fédérales, dans Montmagny. Il fut réélu en 1882 et conserva son comté jusquřen 1887. En 1888, « Landry est nommé aide de camp extraordinaire des gouverneurs généraux du Canada » (Brassard et Hamelin, p. 636). Quatre ans plus tard, il est nommé sénateur; il accèdera à la présidence du Sénat en 1911. Landry démissionne de sa fonction de président du Sénat en 1916 à la suite de lřaffaire des écoles françaises en Ontario. Landry est lřun des membres fondateurs du Syndicat des cultivateurs de la province de Québec, en 1892, et devient également président du Conseil dřagriculture de la province de Québec, en 1896, organisme dont il était membre depuis 1874. Son intérêt pour les sciences naturelles et lřagronomie se manifesta par sa participation à lřEntomological Society of Canada (section de Québec), dans les années 1860, et par la publication, en 1873, du Traité populaire d’agriculture théorique et pratique. (Michèle Brassard et Jean Hamelin, « LANDRY, Philippe », D.B.C. Vol. XIV De 1911 à 1920, Québec, P.U.L., 1998, p. 634-638; Mgr Wilfrid Lebon, « Lřhonorable Philippe Landry (1846-1919), dans Lebon, Histoire du collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Le second demi-siècle. 1877-1927, Québec, Charrier & Dugal, Ltée, 1949, p. 469-471.) Langevin, Jean-Pierre-François (1821-1892), prêtre, directeur dřune école normale et premier évêque de Rimouski. Lřabbé J.-P.-F. Langevin publia quelques manuels dřarithmétique (Traité élémentaire de calcul différentiel et de calcul intégral, 1848; Cours d’arithmétique, 1878; Arithmétique mentale, à l’usage des écoles primaires, 1878) et un manuel dřagriculture (Réponses). - 261 Laroque, Gédéon (1837-1903), médecin, député libéral à lřAssemblée législative du Québec (1871-1875). Gédéon Laroque publia quelques manuels dřagriculture : Petit manuel d’agriculture à l’usage des écoles élémentaires (1870), Petit manuel d’agriculture à l’usage des cultivateurs (1873), Manuel d’horticulture pratique et d’arboriculture fruitière (1880) et Manuel des engrais (1896). - - La Rue, François-Alexandre-Hubert (1833-1881), médecin, médecin légiste et professeur de chimie. Hubert La Rue suivit son cours classique au Séminaire de Québec. Il poursuivit des études de médecine et fut le premier diplômé de lřhistoire de lřÉcole de médecine de Québec. Le Séminaire de Québec lřenvoya à lřuniversité de Louvain pour quřil se spécialise en chimie et en jurisprudence médicale. Déçu de la formation quřil y recevait, La Rue sřinscrivit à lřÉcole de médecine de Paris. En 1859, il soutena une thèse de doctorat sur le suicide, à Québec. Nommé professeur à lřuniversité Laval, il y enseigna la chimie, la chimie agricole, la médecine légale, lřhistologie, la toxicologie et prit le relais de Thomas Sterry Hunt pour le cours de chimie inorganique. La Rue publia plusieurs manuels de science : Éléments de chimie et de physique agricoles (1868), Petit manuel d’agriculture à l’usage des écoles élémentaires (1870), Petit manuel d’agriculture à l’usage des cultivateurs (1873), Petit manuel d’agriculture, d’horticulture et d’arboriculture (1878), Petite arithmétique très élémentaire à l’usage des jeunes enfants (1880). Il prépara également des manuels en histoire du Canada et des États-Unis et en grammaire française. Il sřintéressa à lřétat de lřenseignement dans les écoles élémentaires. La Rue écrivit aussi des récits littéraires au cours de sa vie. Il participa à la fondation des Soirées canadiennes, en 1861, et collabora au Foyer canadien. En 1879 paraissent deux volumes de ses Mélanges historiques, littéraires et d’économie politique qui regroupent des articles et des textes de conférences. Lřuniversité Laval lui décerna une maîtrise ès-arts, en 1867. (Léon Lortie, « LA RUE (Larue), François-AlexandreHubert », D.B.C. Vol. XI De 1881 à 1890, Québec, P.U.L., 1982, p. 546-548; Jean Du Sol, Docteur Hubert La Rue et l’idée canadienne-française, Québec, Le Soleil, 1912, 232 p.) - Lechevallier, Alfred (1868-1879 au Canada), naturaliste français et taxidermiste. Alfred Lechevallier est envoyé en Amérique du Nord pour acheter des spécimens dřhistoire naturelle pour des musées européens. À lřautomne 1868 et pendant lřhiver 1868, il est à Betsiamis et aide les pères Oblats à monter un musée de sciences naturelles, qui contiendra surtout des spécimens dřoiseaux. En 1873, Lechevalliers vend ses spécimens à Montréal et prépare son musée de sciences naturelles. Il voyage alors en Floride et en Louisiane pour se procurer des spécimens. Il part vivre en Floride en 1879. Durant son séjour au Québec, il récoltait de grande quantité de spécimens pour les revendre à des institutions dřenseignement ou à des particuliers. (Ginette Bernatchez, « Alfred Lechevallier », Les sciences naturelles au Québec de 1534 à 1950. Biographies annotées, Québec, Patrimoine écologique, Ministère de lřEnvironnement, 1987, p. 116117.) 262 - Leclerc, Nazaire-Alphonse, abbé (1820-1883), prêtre, horticulteur, rédacteurpropriétaire. Lřabbé Nazaire Leclerc pratiquait lřhorticulture alors quřil était curé à Lambton et expérimenta lřart de la greffe des arbres en compagnie de lřabbé Léon Provancher, curé de Saint-Victor-de-Tring. En 1861, on lui propose le poste de rédacteur de la nouvelle Gazette des campagnes, poste quřil occupa jusquřen 1868. Lřannée suivante, il publia le Catéchisme d’agriculture, ou la science agricole mise à la portée des enfants, ouvrage qui fut réédité plusieurs fois. En 1869, lřabbé Leclerc fonde La Gazette des familles canadiennes et acadiennes, journal religieux, agricole et dřéconomie sociale. Lřabbé Provancher prit la relève en 1875 alors que Leclerc voulait abandonner la publication de sa revue. Il passa les dernières années de sa vie à Cap-Rouge, la même ville où habitait son collègue lřabbé Provancher. (Gaétan Deschênes, « Lřabbé Leclerc », dans Deschênes, Histoire de l’horticulture au Québec, Saint-Laurent, Éditions du Trécarré, 1996, p. 4144.) - Lemay, Philogone, abbé (1855-1928), prêtre, missionnaire et naturaliste. Philogone Lemay poursuivit des études au Séminaire de Sainte-Thérèse de Terrebonne, de 1874 à 1880. Il passa par la suite quatre années comme professeur et maître de discipline au collège de Lévis. Ordonné prêtre en juin 1884, on le retrouve vicaire à Lotbinière. Il herborisait alors avec Thomas Bédard, notaire et botaniste amateur. De 1886 à 1888, Lemay est vicaire à Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud. Il est par la suite envoyé comme prêtre missionnaire sur la Côte-Nord, de 1888 à 1903. On le retrouve ensuite comme curé dans différentes paroisses, avec un intermède de six ans (1913-1919) alors quřil occupe la fonction dřaumônier des Sœurs de la Charité à Rimouski. Il prend sa retraite en 1928. Botaniste amateur, Lemay constitua un herbier de plus de 800 spécimens quřil légua au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Ses articles, parus dans Le Naturaliste canadien, traitent des plantes de la Côte-Nord et du Labrador. Il fut membre de la lřAcadémie internationale de géographie botanique de Le Mans (France), au moins de 1899 à 1909. (Victor-Alphonse Huard, « Feu lřabbé Ph. Lemay », Le Naturaliste canadien, vol. LV, no 5 (novembre 1928), p. 97; Anonyme, « 7 novembre », Annuaire de Collège de Lévis. Cinquième Série No. 10 Année académique 1928-1929, Lévis, Collège de Lévis, 1929, p. 96-97; Martin Dubé, « Bio-bibliographie dřun botaniste amateur : Philogone Lemay (1855-1929) », travail présenté à M. Bernard Boivin pour le cours AGB-60036, Université Laval, décembre 1980, 11 p.) - Le Moine, James Mac Pherson, sir (1825-1912), avocat, fonctionnaire, auteur et naturaliste. Après des études au séminaire de Québec, James Mac Pherson Le Moine entre au Barreau du Bas-Canada en 1850 et pratique le droit pendant huit ans. Ensuite il « se consacre entièrement à ses fonctions de receveur des contributions indirectes, quřil occupe depuis 1847, puis à celles dřinspecteur, du 12 octobre 1869 au 31 décembre 1899. » (Roger Le Moine, « LE MOINE, sir James MacPherson », D.B.C. Vol. XVI De 1911 à 1920, p. 703.) Il entreprend aussi une œuvre littéraire et historique. Ses principales publications dans ces domaines sont Quebec Past and Present a history of Quebec, 1608-1876 (1876), Picturesque Quebec : a sequel to Quebec past and present (1882) et les sept volumes des Maple leaves history, biography, legend, literature, 263 memoirs (1863-1906). Intéressé par la nature depuis son jeu âge, il oriente plus particulièrement ses recherches sur lřornithologie. En 1860 et 1861, Le Moine publie Ornithologie du Canada, en deux volumes. Il donne également des conférences à lřInstitut canadien de Québec sur le sujet. Il sřimplique aussi dans quelques sociétés savantes comme la Literary and Historical Society of Quebec, dont il fut président (1871, 1879-1882, 1896-1900, 1902-1904), conservateur du musée (1870-1879) et responsable de la bibliothèque et des collections, lřInstitut canadien de Québec (en tant quřun des membres fondateurs, en 1848), la Quebec Horticultural Society et, dans la Société royale, dont il fut le premier président de la section française. Il contribuait aussi au Canadian Naturalist and Geologist (1859), au Journal de Québec (1862-1876) et au Naturaliste canadien (1868-1903). Le Moine sřinstalle définitivement à Spencer Grange, dans Sillery, Québec, en 1860. Il en fait un lieu de rassemblement, un musée de sciences naturelles et un jardin-arboretum. (Roger Le Moine, « LE MOINE, sir James MacPherson », D.B.C. Vol. XVI De 1911 à 1920, Québec, P.U.L., 1998, p. 702-704; Roger Le Moine, Un Québécois bien tranquille, Sainte-Foy, 1985; abbé Victor-Alphonse Huard, « Feu Sir James Le Moine », Le Naturaliste canadien, vol. XXXVIII, no 9 (mars 1912), p. 129-135.) - Logan, William Edmund, sir (1798-1875), géologue et premier directeur de la Commission géologique du Canada. À 16 ans, on lřenvoie poursuivre ses études secondaires à Édinbourg. En 1816, il débute des études de médecine à la Edinburgh University mais décide, à la fin de la première année, de joindre lřentreprise dřun de ses oncles, entre autres spécialisé dans lřexploitation minière et des matériaux de construction. Il sřoccupe principalement de comptabilité. Dans ses temps libres, Logan étudie des mathématiques, le dessin et les langues. En 1831, Logan est nommé directeur de la Copper Works, à Morriston, au pays de Galles, compagnie dans laquelle son oncle possède plusieurs parts. Il conservera ce poste jusquřà la mort de son oncle, en 1838. Pour assurer lřapprovisionnement en charbon de la compagnie, Logan se rend compte que des cartes géologiques détaillées sont nécessaires. Il entreprend donc lřexploration géologique de sa région et produit ensuite des cartes très précises qui serviront longtemps de modèle aux géologues britanniques. En 1837, Logan est même élu à la Geological Society of London. Un tournant important survient dans sa vie en 1842 : il fut nommé géologue de la province du Canada. Il devient aussi directeur de la C.G.C. dont le but est de préparer des cartes et une description complète de la géologie du Canada. Pour mener à bien cette mission, Logan sřentoure dřune équipe formée dřun cartographe (Alexander Murray), dřun chimiste et minéralogique (T. S. Hunt) puis, plus tard, dřun paléontologue (Elkanah Billings) et, enfin, dřune foule dřassistants sur le terrain comme en laboratoire. Logan effectua de nombreuses expéditions à travers le Canada, à la recherche de charbon, de métaux et de minerais dřintérêt économique. En 1851, Logan prépare une collection de minéraux canadiens et une carte géologique du pays pour lřexposition internationale de Londres. Cette collection servie également lors des expositions de Paris, en 1855, et de Londres, en 1862. À Paris, sa collection lui vaut la grande médaille dřhonneur et sa nomination comme chevalier de la Légion dřhonneur. Parmi les autres honneurs quřil reçut, mentionnons, en 1851, la médaille Wollaston de la Geological Society of London, un doctorat en droit de McGill University et la médaille dřor royale de la Royal Society 264 of London. Logan prit sa retraite en 1869 ; il retourna vivre au pays de Galles. En 1871, il revient quelques mois au Canada remplacer Alfred R. C. Selwyn comme directeur de la C.G.C. À lřété 1874, Logan est de retour au pays ; il explore alors les Cantons de lřEst, au Québec. Sa publication la plus importante est sans contredit Geology of Canada, en 1863. Produit en collaboration avec Murray, Hunt et Billings, cet ouvrage est toujours considéré comme un livre de référence. En 1869, il publie une grande carte géologique du Canada. Il est enfin lřauteur de nombreux rapports pour la C.G.C., de 1844 à 1869. (C. Gordon Winder, « LOGAN, sir William Edmond », D.B.C. Vol. X De 1871 à 1880, Québec, P.U.L., 1972, p. 486-492; Suzanne E. Zeller, « Logan, sir William Edmond », L’Encyclopédie canadienne, Fondation Historica du Canada, 2004, www.canadianencyclopedia.ca/PrinterFriendly.cfm?Params=F1ARTF0004748 », site consulté le 13 décembre 2004; A. H. Lang, « Contributions of W. E. Logan and G. M. Dawson to the canadian mineral industry. Sir William Edmund Logan (1798-1875) », The Geological Association of Canada, Proceedings-Volume 23, 1971, p. 19-21; C. G. Winder, « Sir William Edmund Logan (1798-1875) Founder of Canadian geology », The Geological Association of Canada, Proceedings-Volume 24, Number 2, 1972, p. 39-41; Diane Saint-Laurent, « Logan et les premières explorations scientifiques du territoire », Géographes, no 2 (novembre 1992), p. 47-49.) - Lyman, Henry Herbert (1854-1914), homme dřaffaires et entomologiste. À lřâge de huit ans, Herbert Henry Lyman commence à récolter des papillons. Il poursuit des études au McGill University et obtient, en 1876, un B.A. et, en 1880, une M.A. Il reçut, à la fin de son B.A., la médaille Logan en géologie et en sciences naturelles. Tout en suivant ses cours, Lyman entre dans le commerce de son père (vendeur de médicaments en gros) et en devient président, en 1879. Il fait également partie du Royal Scots Regiment of Canada ; il prit sa retraite, en 1891, avec le titre de major. Lyman fut membre de plusieurs sociétés savantes, dont lřA.A.A.S., la B.A.A.S., la Natural History Society of Montreal et la section de Montréal de lřEntomological Society of Ontario (de 1875 à sa mort, survenue en 1914, à bord de lřEmpress of Ireland). Il a été nommé trois fois président et une fois vice-président de cette société entomologique. Il participa aussi à plusieurs congrès et réunions de sociétés entomologiques ailleurs au Canada et aux États-Unis. Lyman se spécialisa dans lřétude des Lépidoptères diurnes. Dans les milieux scientifiques, on le considérait dřailleurs comme un spécialiste des papillons de lřest de lřAmérique du Nord. Il publia de nombreux articles dans The Canadian Entomologist. À sa mort, sa collection dřenviron 20 000 spécimens fut léguée au Redpath Museum en plus dřune allocation pour son entretien, son agrandissement et sa conservation. (George A. Moore, « Henry Herbert Lyman, 1854-1914 », Annals of the Entomological Society of Quebec, vol. 6 (1960), p. 150-151.) - Marsden, William (1807-1885), médecin et botaniste. Natif dřAngleterre, William Marsden arrive au Canada à lřâge de cinq ans. Après ses études de médecine, complétées à Londres en 1830, il revient au Canada et choisit la ville de Québec pour sa pratique. De 1842 à 1847, Marsden habite Nicolet, puis retourne vivre à Québec. Botaniste amateur, Marsden donna des leçons publiques de botanique dans la décennie 1830 et fut parfois conférenciers. Il aurait voulu donner un cours de botanique à Québec, nécessaire à lřobtention de la licence de médecine, mais le Collège des médecins 265 et chirurgiens ne jugea pas pertinent dřéviter aux étudiants de Québec plusieurs voyages à Montréal où on offrait le cours. Marsden effectua des recherches poussées sur lřorigine du choléra. Un des membres fondateurs de lřAssociation médicale canadienne, en 1867, Marsden en fut nommé le président en 1873. (Ginette Bernatchez, « MARSDEN, William (1807-1885) », Les sciences naturelles au Québec de 1534 à 1950; biographies annotées, Direction du patrimoine écologique, ministère de lřEnvironnement du Québec, 1987, p. 138-139; Sylvio LeBlond, Médecine et médecins d’autrefois, 1986, p. 149-166.) - Meilleur, Jean-Baptiste (1796-1878), médecin, éducateur, député et naturaliste. Jean-Baptiste Meilleur sřimpliqua activement dans le développement de lřéducation au Québec, en fondant le collège de LřAssomption et en occupant le poste de premier surintendant de lřInstruction publique du Bas-Canada. Après son cours classique, suivant les conseils de John Holmes), Meilleur se rendit à la Castleton Academy of Medecine (Vermont), en 1821, et y reçut le titre de docteur en médecine, en 1825. Les cours de chimie, de botanique, de physique et de minéralogie quřil y suivit suscitèrent son intérêt pour les sciences. Dès 1826, Meilleur publia entre autres des articles dans la Minerve, la Bibliothèque canadienne et le Journal de médecine du Québec sur des sujets aussi variés que la chimie, la géologie, lřagriculture et la médecine. Son intérêt particulier pour la chimie se concrétisa par la publication, en 1833, dřun manuel de sciences, un des premiers écrits par un Canadien français, le Cours abrégé de leçons de chymie. Son intérêt pour les sciences semble sřessouffler par la suite, probablement du fait de ses multiples occupations de médecin, de député (1834-1838), de surintendant de lřInstruction publique (1843-1855), de directeur (1855-1861), dřinspecteur des postes à Montréal (1861-1862) et de registraire adjoint provincial. En 1857, cependant, il assista au congrès de lřAmerican Association for the Advancement of Science, qui sřest tenu à Montréal. Dans les années 1870, alors quřil était à sa retraite, il écrivit quelques articles de botanique dans Le Naturaliste canadien et fut président de la Société dřhistoire naturelle de Québec. (Léon Lortie, « MEILLEUR, Jean-Baptiste », D.B.C. Vol. X De 1871 à 1880, Québec, P.U.L., 1972, p. 554-558.) - Mignault, Louis-David (c1879-1881), médecin et botaniste. Louis-David Mignault fut professeur de physiologie à lřÉcole de médecine et de chirurgie de Montréal. Membre de la N.H.S.M., il sřintéressa à la botanique et publia quelques articles dans Le Naturaliste canadien (1878-1882 et 1918-1919). (Ginette Bernatchez, « MIGNAULT, Dr. L.-D.», Les sciences naturelles au Québec de 1534 à 1950. Biographies annotées, Patrimoine écologique, Série Réserves écologiques, Ministère de lřEnvironnement du Québec, 1987, p. 201.) - Moyen, Jean, abbé (1828-1899), prêtre sulpicien, professeur de sciences et naturaliste. Jean Moyen passa la plus grande partie de sa vie en France. En 1852, il est ordonné prêtre puis devient professeur de sciences au petit séminaire de Servières (18531855) et vicaire (jusquřen 1857). Lřabbé Moyen arrive à Montréal en 1858. Il enseigna la prédication au grand séminaire, puis, en 1859, il remplce le précédent professeur de sciences au collège de Montréal. Il y enseigna les mathématiques, la physique, la chimie, la zoologie, la botanique et la géologie. Il sřoccupa du musée dřhistoire naturelle et du 266 cabinet de physique de lřinstitution. De 1864 à 1872, il produisit des articles de vulgarisation scientifique pour L’Écho du cabinet de lecture paroissial, organe publié par les sulpiciens. En 1871 paraît le Cours élémentaire de botanique et Flore du Canada à l’usage des maisons d’éducation. Lřabbé Moyen retourne en France en 1874 pour y continuer son enseignement des sciences et de la philosophie. (Raymond Duchesne, « MOYEN, Jean », D.B.C. Vol. XII De 1891 à 1900, Québec, P.U.L., 1990, p. 837-838.) Obalski, Joseph-François (1850-1915), ingénieur minier, professeur à lřÉcole polytechnique de Montréal et auteur. Français dřorigine, cet ingénieur minier formé à lřÉcole nationale supérieure des mines de Paris débarque à Québec en novembre 1881. Quelques mois plus tôt, il rencontrait le premier ministre du Québec, Joseph-Adolphe Chapleau, qui lui offre le poste dřingénieur des mines de la province, fonction rendue obligatoire à la suite de lřadoption dřune loi des mines, en 1880. Joseph Obalski doit dès lors organiser un service des mines dont il devient le chef. Ses fonctions ne se limitent pas quřà lřadministration, puisquřil effectue plusieurs excursions sur le terrain, se charge de lřexamen des résultats dřanalyse dřéchantillons et produit un rapport annuel qui est joint à celui du commissaire des Terres de la couronne. À partir de lřété 1882, Obalski est nommé professeur à lřÉcole polytechnique de Montréal, poste quřil conserva jusquřen 1888. Obalski souhaitait que le Service des Mines engage des inspecteurs régionaux et des aides administratifs. Pour quelques mois, en 1891, le Services des Mines dispose dřun tel personnel, mais la défaite du gouvernement Mercier mit fin à ce régime. Obalski se retrouve seul avec la charge dřinspecteur. La situation change en 1905; il est nommé surintendant des mines et supervise une équipe formée dřun ingénieur civil, dřun secrétaire, de commis et dřun message. Obalski parcourt la province pour promouvoir le développement minier. Il prend sa retraite en 1901. Tout au long de sa carrière, Obalski produisit quelques ouvrages comme Mines et minéraux de la province de Québec (1889), Minéralogie pratique à l’usage des prospecteurs (1910) et des études sur le fer chromé (1898), lřor (1898) et le mica (1901), en plus de ses rapports annuels au commissaire des Terres de la Couronne. (Marc Vallières, « OBALSKI, Joseph-François-Jacques-Victor », D.B.C. Volume XIV De 1911 à 1920, P.U.L., 1998, p. 857-859.) - - Penhallow, David Pearce (1854-1910), botaniste, paléobotaniste et professeur. En 1873, David Pearce Penhallow sort du Massachusetts Agricultural College dřAmherst, avec un baccalauréat ès sciences (B.S.). En 1876, en compagnie de son mentor, William Smith Clark, Penhallow se rend au Japon. Il lřaide à fonder le Collège impérial dřagriculture, à Sapporo, puis devient professeur de chimie et de botanique, fonctions quřil occupe de 1876 à 1880. Il sera également directeur intérimaire du collège, en 18791880. En 1880, il revient aux États-Unis et devient assistant dřAsa Gray, à la Harvard University. En 1882, Penhallow est nommé botaniste et chimiste à la Houghton Farm Experiment, dans lřÉtat de New York. En 1883, John W. Dawson, principal du McGill College, sřadresse à A. Gray pour trouver un professeur de botanique. Penhallow, qui effectue des recherches sur la physiologie et la pathologie végétales, est le candidat tout indiqué. Il est dřabord nommé maître de conférences puis est promu professeur à la chaire de botanique, en 1885. Les travaux de Dawson lřincitent à pratiquer la paléobotanique. Penhallow publia de nombreux articles dans les Mémoires de la Société 267 royale du Canada et dans lřAmerican Naturalist, revue dont il sera co-rédacteur en chef, de 1897 à 1907. Sa contribution majeure, en paléobotanique, parut en 1907 : A manual of the North American Gymnosperms. En dehors de son professorat à McGill, Penhallow exerça plusieurs fonctions comme celles de président de la Botanical Society of America (1888-1892), de la section IV (biologie et géologie) de la Société royale du Canada (1896-1897), de la Natural History Society of Montreal (1902), de lřAssociation of American Biological Research Stations (1908-1909) et de lřAmerican Society of Naturalists (1908-1909), et celles de vice-président de la section botanique de la British Association for the Advancement of Science (1897) et de la section G de lřAmerican Association for the Advancement of Science (1908-1909). Il est également rédecteur en chef du Canadian Record of Science, de 1888 à 1900. Entre autres distinctions, Penhallow obtient une licence ès sciences de Boston University, en 1888, une licence et une maîtrise ès sciences de McGill, en 1896, et un doctorat ès sciences, en 1904, de la même institution. (Walter Deane, « David Pearce Penhallow », Rhodora, vol. 13, no 145 (January, 1911), p. 1-4; Suzanne E. Zeller, « PENHALLOW, David Pearce », D.B.C. Vol. XIII De 1901 à 1910, Québec, P.U.L., 1994, p. 898-900.) - Provancher, Léon, abbé (1820-1892), prêtre, naturaliste et entomologiste. Léon Provancher débute ses activités de naturaliste avec la botanique et lřhorticulture. Dans les années 1860, il publie le premier manuel de botanique et dřhorticulture au Québec : le Traité élémentaire de botanique… et le Verger canadien. Ses herborisations au Québec et dans le Haut-Canada et la collaboration de botanistes amateurs sont à la base de la préparation de la première flore menée à termes, en 1863, au Canada : la Flore canadienne…. En 1868, il fonde également la première revue francophone consacrée aux sciences naturelles au Québec : Le Naturaliste canadien. Aux abords de la retraite, Provancher réoriente ses recherches vers lřentomologie, tout en continuant à produire sa revue. Dans son œuvre entomologique comprenant trois volumes et quelques fascicules de corrections, La Petite faune entomologique du Canada…, il recense et décrit les insectes présents sur le territoire du Québec. Au fil des publications, qui sřéchelonnent de 1877 à 1889, il décrit environ 1100 espèces nouvelles dřinsectes, principalement dans les ordres des Hyménoptères et des Hémiptères. On le considère comme le père de lřentomologie au Québec. À la fin de sa vie, il rassemble également ses observations sur les mollusques univalves du Québec et publie Les Mollusques de la province de Québec…. La mort lřempêcha de produire le second volume sur les bivalves. (Jean-Marie Perron, « PROVANCHER, Léon », D.B.C. Vol. XII De 1891 à 1900, Québec, P.U.L., 1990, p. 946-948; Mélanie Desmeules, L’abbé Léon Provancher. Le naturaliste polyvalent, Lidec, 2004, 62 p.) - Puyjalon, Henri de (1841-1905), naturaliste, gardien de phare et auteur. Henri de Puyjalon arrive au Québec en 1872. Il sřinstalle dřabord à Montréal, puis à Québec. Son intérêt pour les sciences naturelles et la chasse se manifeste par des expéditions sur laCôte-Nord. Les connaissances quřil accumule sur le territoire visité, de même que lřexploration quřil effectue des ressources naturelles le font remarquer du gouvernement provincial. Dans les années 1880, on lui confie le mandat dřétablir le profil minéralogique et géologique de la Côte-Nord. Les résumés de ses explorations sont publiés sous forme de rapports. De 1888 à 1891, Puyjalon est gardien de phare à lřîle aux 268 Perroquets. Il continue des recherches sur la faune, la flore et la géologie de la Côte-Nord et du Labrador. En 1897, on le nomme inspecteur général des pêcheries et de la chasse de la province de Québec. Il sřintéresse alors de plus en plus à la conservation des espèces menacées et de certaines espèces commerciales, comme le homard, la morue, le saumon, le hareng et le canard eider. Il recommande la création de sanctuaires dřoiseaux, lřadoption de règlements pour assurer leur conservation et la mise en place dřélevages de renard. En 1901, Puyjalon prend sa retraite et sřétablit définitivement dans son camp de chasse à lřîle de la Chasse. Il publie plusieurs ouvrages dont Petit guide du chercheur de minéraux (1892), Guide du chasseur de pelleterie (1893), Récits du Labrador (1894) et Histoire naturelle à l’usage des chasseurs canadiens et des éleveurs d’animaux à fourrure (1900). (Isabelle Bourgeois, « PUYJALON, Henri de », D.B.C. Vol. XIII De 1901 à 1910, P.U.L., 1994, p. 925-926; Damase Potvin, Puyjalon. Le solitaire de l’Île-dela-Chasse, Québec, 1938; Yves Hébert, « Henri de Puyjalon (1814 sic-1905) et les ressources de la Côte-Nord », Cap-aux-diamants, no 76, hiver 2004, p. 22-25.) - Roy, Élias, abbé (1870-1956), prêtre, directeur de collège et naturaliste. Élias Roy suivit ses études au collège de Lévis, de 1882 à 1889. Il passa ensuite une année au Grand Séminaire, mais revint au collège de Lévis pour y enseigner les sciences et les mathématiques. Il fut ensuite directeur des ecclésiastiques, de 1904 à 1907, puis de 1917 à 1923. Lřabbé Roy est nommé supérieur directeur du collège, fonction quřil occupa à eux reprises de 1923 à 1932 et de 1945 à 1948. Lřabbé Roy publia une quinzaine dřarticles dans Le Naturaliste canadien, de 1899 à 1930, sur lřentomologie et lřherpétologie. (Élias Roy, « M. lřabbé Élias Roy, neuvième supérieur », dans É. Roy, Le collège de Lévis. Esquisse historique, Collège de Lévis, 1953, p. 171-195; Hilda La Brie, Bio-bibliographie de Mgr Élias Roy. S.l., s.n., 1954, ix-37 f. Thèse en bibliothéconomie, Université Laval.) - Saint-Cyr, Dominique-Napoléon (1826-1899), professeur, député provincial et conservateur dřun musée de sciences naturelles. À partir de 1848, Dominique-Napoléon Saint-Cyr est professeur à Sherbrooke. Trois ans plus tard, on lřengage comme professeur à Sainte-Anne-de-la-Pérade. De 1875 à 1881, il est député conservateur de la circonscription provinciale de Champlain. Déménagé à Québec en 1882, Saint-Cyr sřapplique à fonder un musée dřhistoire naturelle. Le musée de lřInstruction publique est une réalité à partir de 1883. Il regroupe une collection entomologique de lřabbé Provancher et des spécimens de plantes récoltés par Saint-Cyr lors dřexpéditions au Labrador et sur la Côte-Nord. En 1886, Saint-Cyr devient le premier conservateur du musée, poste quřil occupa jusquřen 1890. Il publie quelques rapports dans le Rapport du surintendant de l’Instruction publique de la province de Québec en 1888, 1890 et 1893. Dès les débuts du Naturaliste canadien, il envoie des textes sur les mammifères du Canada et cela jusquřen 1873. (Rolland Dumais, « La petite histoire de la botanique québécoise. Dominique-Napoléon Saint-Cyr (1827 sic-1899) », dans Botanique à l’usage des écoles secondaires et des collèges classiques, Québec, Éditions Pedagogia Inc., 1961, p. 147-148.) - Sheppard, William (1784-1867), marchand de bois et naturaliste. 269 Né en Angleterre, William Sheppard arrive à Montréal avec ses parents, en 1792. Il sřinstalle à Québec, en 1809, où il devient un riche marchand de bois. Sheppard acquiert une grande villa à Sillery. Il sřintéresse alors à lřhorticulture et monte un musée dřhistoire naturelle. Membre fondateur de la L.H.S.Q., il participa au fonctionnement de la société en tant que conférencier (botanique) et président (1833-1834, 1841, 1843 et 1847). Sheppard perd sa fortune en 1847; il doit vendre sa villa de Sillery et part sřinstaller à Drummondville dans sa résidence secondaire. Il y passa les vingt dernières années de sa vie. (Pierre Savard, « SHEPPARD, William », D.B.C. Vol. IX De 1861 à 1870, Québec, P.U.L., 1970, p. 793-794.) - Simard, Henri, abbé (1869-1927), prêtre, professeur de sciences et vulgarisateur. Après ses études classiques au petit séminaire de Québec, Henri Simard poursuit au grand séminaire et obtient un doctorat en théologie. En octobre 1891, il est ordonné prêtre. Il devient ensuite professeur de physique et dřastronomie à lřUniversité Laval. Il donne aussi des conférences publiques, à lřUniversité Laval et à lřInstitut canadien de Québec, sur des sujets tels lřavion, la voix humaine, le spectroscope, les courants marins, les rayons X, la T.S.F., le pont de Québec, etc. Au cours des ans, il publia quelques ouvrages, des manuels pour la plupart : Traité élémentaire de physique rédigé conformément au programme de l’Université Laval (1903, 5e édition en 1925), avec lřabbé Huard, le Manuel des sciences usuelles (1907, 6e édition en 1924), Cours élémentaire de cosmographie (1913, 2e édition en 1916) et un recueil dřarticles provenant de ses conférences : Propos scientifiques (1920 et 1927). (Abbé Yvanhoe Caron, « Report of the Council for the Year 1927-1928. To the Fellows of the Royal Society of Canada II. Deceased Members. Lřabbé Henri Simard », dans Proceedings and Transactions of the Royal Society of Canada Third Series—Volume XXII, Ottawa, The Royal Society of Canada, 1928, p. IV-VI.) - Smallwood, Charles (1812-1873), médecin et professeur de météorologie. Charles Smallwood arrive au Bas-Canada en 1833. Il détient alors un doctorat en médecine de lřUniversity College, de Londres. On lui permet dřexercer la médecine au Bas-Canada à partir de juillet 1834. Il sřinstalle à Saint-Martin, sur lřÎle Jésus et y pratique la médecine, entre 1835 et 1841. Cette année-là, il monte un observatoire météorologique. Il compile, trois fois par jour, des observations météorologiques, de même que des informations sur les migrations des oiseaux et des observations astronomiques, à lřaide dřune lunette méridienne. De 1851 à 1865, il fait partie du Collège des médecins et chirurgiens du Bas-Canada, en tant quřadministrateur. En 1856, Smallwood est nommé membre honoraire de la Natural History Society of Montreal ; il en fut président en 1865. La même année, il reçoit un doctorat en droit de McGill et devient professeur de météorologie dans la même institution, sans salaire. En 1863, lřobservatoire de Smallwood est déménagé sur les terrains de McGill dans un bâtiment construit pour lřoccasion. À cet observatoire, Smallwood effectue des observations météorologiques et astronomiques, afin de donner lřheure officielle. En 1864, Smallwood se voit attribuer un doctorat en droit civil de lřUniversity Bishopřs College. Le gouvernement fédéral lui octroie une subvention pour lřobservatoire, en 1871. Il fit alors partie dřun réseau dřobservatoires chargés de transmettre leurs observations, par télégraphe, à Toronto, pour le Service météorologique du Canada. En 1871, Smallwood, 270 un des promoteurs dřune faculté de médecine du Bishopřs College, à Montréal, devient professeur dřobstétrique, de gynécologie et de pédiatrie et est nommé doyen. Peu de temps après, il quitte ses fonctions pour assurer les responsabilités nouvelles à son observatoire, à la suite de la réception de sa subvention. Smallwood publia les résultats de ses travaux dans le Canadian Naturalist, sous formes dřarticles et de rapports, de 1855 à 1872. Il fut enfin membre de plusieurs sociétés savantes, principalement à lřétranger, comme la Société météorologique de France, lřObservatoire de physique centrale de Saint-Pétersbourg, lřAcadémie royale de Belgique, le National Institute of the United States et lřAcademy of Natural Sciences, de Philaderphie. (J.S. Marshall, « SMALLWOOD, Charles », D.B.C. Vol. X De 1871 à 1880, Québec, P.U.L., 1972, p. 719-721; J.S. Marshall et Nancy Bignell, « Dr. Smallwoodřs weather observatory at St. Martinřs », Le Naturaliste canadien, vol. 96, no 4 (juillet-août 1969), p. 483-490.) - Sturton, Samuel (1812-1881), chimiste-pharmacien et professeur de botanique. Originaire dřAngleterre, Samuel Sturton sřinstalla à Québec en 1856. Il fut professeur de botanique à lřAcademy of Young Ladies, de Québec. Membre de la L.H.S.Q. depuis 1857, Sturton y prononça des conférences sur la chimie et la botanique, il occupa également la fonction de responsable de la bibliothèque (1861-1862) et publia un long article dans les Transactions en 1861 (« The wild flowers of Quebec », et un autre sur la géographie botanique du Canada, en 1863. James Mac Pherson Le Moine sřinspira fortement du premier article pour un texte sur les fleurs du Québec paru dans ses Maple Leaves (1894). (Ginette Bernatchez, « STURTON, Samuel », Les sciences naturelles au Québec de 1534 à 1950. Biographies annotées, Patrimoine écologique, Série Réserves écologiques, Ministère de lřEnvironnement du Québec, 1987, p. 203.) - Taché, Joseph-Charles (1820-1894), médecin, homme politique, journaliste et fonctionnaire. En 1832, Joseph-Charles Taché entre au petit séminaire de Québec mais, en 1840, il abandonne le cours classique avant la fin de sa rhétorique. De 1841 à 1844, il poursuit des études de médecine. Il sřinstalle ensuite à Rimouski et y pratique la médecine jusquřen 1856. Pendant cette période, en 1848, il est élu député de Rimouski à lřAssemblée législative de la province du Canada, fonction quřil conserve jusquřen 1856. Il également correspondant parlementaire pour lřAmi de la religion et de la patrie, revue de Québec. Le développement des moyens de transports le préoccupe particulièrement. En 1855, Taché est commissaire de lřExposition universelle de Paris, avec la tâche de représenter le Canada. Pour lřoccasion, il est fait chevalier de la légion dřhonneur. Il publie, la même année, à Paris, le Catalogue raisonné des produits canadiens exposés à Paris, en 1855. En 1857, peu après sa démission comme député, Taché dirige le Courrier du Canada, une nouvelle revue qui paraît à partir de février. Dans ces pages, il fait la promotion de la colonisation des régions du Québec et prêche pour le remplacement de lřUnion par un projet fédératif qui regrouperait toutes les colonies anglaises dřAmérique du Nord. Le but de ce dernier projet est dřassurer la reconnaissance de lřidentité canadienne-française et de faire contre-poids à la puissance américaine en plein développement. À la fin de 1859, Taché quitte la rédaction du Courrier du Canada. On le nomme rapidement inspecteur des asiles et des prisons de la province du Canada. Cřest également dans ces années quřil sřintéresse à la littérature et quřil fait la promotion dřune 271 littérature nationale. Taché est lřun des initiateurs des Soirées canadiennes : recueil de littérature nationale, revue fondée en 1861. La valorisation du folklore canadien devient une de ses activités importantes : il publiera plusieurs légendes dans les pages de la revue et, en 1863, le récit Forestiers et voyageurs : étude de mœurs. En 1864, on le nomme sous-ministre de lřAgriculture et des Statistiques. Haut-fonctionnaire à Ottawa, pendant 24 ans, Taché sřadonne à lřétude scientifique en géographie physique et humaine, en hygiène et physiologie et en archéologie. Les règles quřil établit pour le recensement canadien de 1871 sont longtemps considérées comme un modèle dans le domaine. Il lui faudra attendre le milieu des années 1880 pour publier de nouvelles légendes. (Jean-Guy Nadeau, « TACHÉ, Joseph-Charles », D.B.C. en ligne, http://www.biographi.ca/FR/ShowBioPrintable.asp?BioId=40576, site consulté le 15 mars 2005; Éveline Bossé, Jean-Charles Taché (1820-1894). Un grand représentant de l’élite canadienne-française, Québec, Éditions Garneau, 1974. 324 p.) - Watt, David Allan Poe (1830-1917), marchand et naturaliste. Après des études dans un grammar school de Greenoch (Écosse), David Allan Poe Watt entre en apprentissage chez un de ses oncles, à Montréal, dans le but de devenir courtier et commissionnaire. En 1869, il dirige une compagnie à Montréal et, vers 1882, redevient courtier puis marchand de céréales. De 1912 à 1917, Watt dirige la section des exportations de la Compagnie des bateaux à vapeur océaniques de Montréal. Au cours de sa carrière, il occupa plusieurs fonctions dans des organismes visant la protection des marchands montréalais. En tant que naturaliste, Watt fut membre de la Natural History Society of Montreal. Il prit à sa charge quelques activités de la société, comme celle de vice-président, de directeur de la revue The Canadian Naturalist and Geologist (18621865) et de membre du comité de rédaction de la revue. Il participa également à lřorganisation de congrès de la B.A.A.S., à Montréal, en 1884. Watt sřintéressa particulièrement aux poissons et aux plantes. Sa principale contribution réside dans une étude des plantes cryptogamiques de la région de Montréal. Watt était aussi très impliqué socialement. Il supporta la cause de la protection des enfants et des femmes contre la prostitution. (Carman Miller, « WATT, David Allan Poe », D.B.C. en ligne, http://www.biographi.ca/FR/ShowBioPrintable.asp?BioId=41882, site consulté le 28 septembre 2004.) - Whiteaves, Joseph Frederich (1835-1909), paléontologue et zoologiste. Né en Angleterre, Joseph F. Whiteaves poursuit des études à Londres et à la University of Oxford. En 1862, après avoir passé un an au Bas-Canada, Whiteaves sřétablit à Montréal. Il est nommé conservateur du musée de la Natural History Society of Montreal et en devient le secrétaire-archiviste, postes quřil conserve jusquřen 1875. Entre 1867 et 1873, Whiteaves est chargé, par le département des pêcheries, de faire des études paléontologiques et zoologiques des eaux du fleuve et du golfe du Saint-Laurent. En 1875, il est engagé par la Commission géologique du Canada et, en 1876, après la mort dřElkanah Billings, Whiteaves obtient le poste de paléontologue, puis celui dřassistantdirecteur et, en 1883, celui de zoologiste. Il entreprend alors des travaux sur les fossiles et les invertébrés marins du Canada. Il contribua également à la formation des collections géologiques, paléontologiques, zoologiques, archéologiques et ethnologiques du Musée national, à Ottawa. Ses nombreuses publications parurent, entre autres, dans lřOttawa 272 Naturalist, le Canadian Naturalist, le Canadian Record of Science, lřAmerican Journal of Science et les Mémoires de la Société royale du Canada. Ses autres publications significatives consistent en un Catalogue général des invertébrés marins de l’est du Canada, en 1901, la suite des Palaeozoic fossils (Vol. III, parts 1-3), Mesozoic Fossils Vol. I, Contributions to Canadian Paleontology (Vol. I). Il décrivit plus de 450 genres, espèces et variétés de fossiles et dřinvertébrés. Enfin, il obtint plusieurs honneurs au cours de sa carrière : membre-fondateur de la SRC et premier secrétaire de la section IV (géologie et biologie), membre de lřAmerican Association for the Advancement of Science (1887) et président de la section E (géologie et géographie), en 1899, un doctorat en droit de McGill (1900), la médaille Lyell de la Geological Society of London (1907), société savante dont il était membre depuis 1859, membre honoraire de la Ashmolean Society of Oxford. (Susan Sheets-Pyenson, « WHITEAVES, Joseph Frederick », D.B.C. Vol. XIII De 1901 à 1910, Québec, P.U.L., 1994, p. 1179-1180; Anonyme, « Deceased members. J. F. Whiteaves, LL.D., F.G.S. », Proceedings and Transactions of the Royal Society of Canada Third Series—Vol. IV. Meeting of September, 1910. Ottawa, 1911, p. IV-VII; Victor-Alphonse Huard, « Whiteaves », Le Naturaliste canadien, vol. XXXVI, no 10 (octobre 1909), p. 159-160.) - Winn, Albert F. (1870-1935), entomologiste. En 1888, Albert F. Winn devient membre de la section de Montréal de lřEntomological Society of Ontario et le restera jusquřà sa mort. Au sein de cet organisme, il occupa les postes de secrétaire et de président, respectivement pendant 20 ans et 15 ans. Il y donna aussi de nombreuses conférences tout en produisant plus de 200 articles. Winn se spécialisa dans les papillons de lřest de lřAmérique du Nord dont il monta une collection de 13000 spécimens (plus de 2300 espèces), collection qui fut plus tard incorporée à la Collection Lyman. Winn est nommé conservateur de cette collection et y travaille pendant 20 ans. Il publia Insects of the province of Quebec Part 1 Lepidoptera (1912) et, en collaboration avec Germain Beaulieu, Part 2 Diptera. (George A. Moore, « Alfred F. Winn, 1870-1935 », Annals of the Entomological Society of Quebec, vol. 6 (1960), p. 151-152.) 273 ANNEXE 2. LISTE DES OUVRAGES RECENSÉS AU CHAPITRE 2 Note : pour la période 1800-1849, les monographies et manuels de tous les auteurs qui ont pu être recensés sont indiqués, tandis que pour la période 1850-1920, seules les publications des scientifiques figurant dans la liste de lřAnnexe 1 sont recensées. 1. Monographies scientifiques et brochures - Ami, Henri-Marc. Synopsis of the Geology of Montreal. Extrait du British Medical Association. Official Guide and Souvenir. Montréal, Authorřs Edition, 1897. P. 45-49. - Arnaud, Charles, o.m.i. Journal des voyages de Charles Arnaud 1872-1873. Recherche et transcription, Huguette Tremblay, Montréal, Les Presses de lřUniversité du Québec, 1977. 118 p. Série Tékouerimat 5. - Babel, Louis-François, o.m.i. Journal des voyages de Louis Babel 1866-1868. Montréal, Les Presses de lřUniversité du Québec, 1977. 161 p. Série Tékouerimat 4. - Baillairgé, Charles. Géométrie, toisé et le tableau stéréométrique. Conférences. Québec, C. Darveau, 1873. 36-24 p. - _____. Clef synoptique ou abrégé du Tableau stéréométrique de Baillairgé, ou, Nouveau Système de mesurer tous les corps, segments, troncs et angles de ces corps par une seule et même règle. Québec, Darveau, 1874. 18 p. - _____. Key to Baillairgé’s stereometrical tableau. New system of measuring all bodies, Segments, Frusta and Ungulae of these Bodies by one and the same rule. Québec, Darveau, 1876. xliv-178-51 p. - _____. Le stéréométricon. Québec, C. Darveau, 1884. 69 p. - _____. The Stereometricon. New system of measuring all bodies by one and the same rule. General application of the prismoidal formula …Tables of the Areas or Circles, Segments Zones. Québec, C. Darveau, 1884. 69 p. + 62 p. - _____. Papers Read Before the Royal Society of Canada, 1882 & 1883. (…) Biographical Sketch of the Author. Québec, C. Darveau, 1884. 43 p. - _____. The Quebec land slide of 1889. Montréal, s.é., 1893. 13 p. - _____. La Baie d’Hudson. Exploitation proposée de ses ressources de terre et de mer. Nouvelle colonie, chemin de fer pour s’y rendre. Joliette, s.é., 1893. 42 p. - _____. Hudson Bay. Proposed utilization of its land and water resources. A new colony – A railway to reach it. Read before the Literary and Historical Society of Quebec, March 7, 1895. 33 p. - _____. Divers ou les enseignements de la vie. Québec, C. Darveau, 1898. iv688 p. - Egrialliab (anagramme de Baillairgé). Divers ou les enseignements de la vie, style familier. Egrialliab, (anagramme de Baillargé), Vol. de 700 p. Oct. 1898. Québec, s.é., 1898. 29 p. - _____. La vie, l’évolution et le matérialisme. Mémoire lu par l’auteur, Chs Baillairgé, devant la Société Royale du Canada, à Ottawa, à la réunion annuelle de la société, le 23 mai 1899. S.l., Société Royale du Canada, 1899. 37 p. 274 - _____. L’Antiquité de la terre et de l’homme. Mémoire lu par l’auteur, Chs Baillairgé, devant la Société Royale du Canada, en mai 1899, à Ottawa. S.L., Société Royale du Canada, 1899. 20 p. - _____. Bibliographie de M. C. Baillairgé, etc. Québec, s.é., 1899. 15 p. - _____. Rapport de l’ex-ingénieur de la cité, des travaux sous le Maire, Hon. S. N. Parent, et le conseil de ville actuel et sous les prédécesseurs durant le dernier tiers de siècle : 1866 à 1889. Suggestions de certaines constructions à faire, propres à rendre la ville attrayante et prospère. Québec, s.é., 1899. 90 p. - _____. The human mechanism the most marvellous. Read before Section III of the Royal Society of Canada at the May meeting, Ottawa, 1901. S.l., Royal Society of Canada, 1901. 16 p. - _____. A Summary of Papers Read at Different Times Before the Royal Society of Canada, the Canadian Association of Civil Engineers and Architects, and Literary, and Scientific Societies, or Which Have Appeared Occasionally in Scientific and Other Publications. Being explanations of certain physical phenomena of an apparently paradoxial nature. The solution of mathematical, physical and engineering problems, etc. Québec, H. Chase Printing, s.d. [vers 1903]. 43 p. - _____. Rapport de l’Ingénieur de la cité pour 1890-1891. S.l., s.é., s.d. 38 p. - Barnard, Édouard-André. L’Agriculture au point de vue de l’émigration et de l’immigration. Montréal, La Minerve, 1872. 8 p. - _____. L’agriculture de la province de Québec – comment l’améliorer. SaintHyacinthe, Le Courrier de Saint-Hyacinthe, 1896. 50 p. - Beaulieu, Germain et Albert F. Winn. Insects of the Province of Quebec, Part 2, Diptera. S.d. - Billings, Elkanah. Palaeozoic fossils. Montréal, Dawson Brothers, 2 volumes, 1865 et 1874. - _____. Catalogue of the Silurian Fossils in the Island of Anticosti, with description of some new genera and species. Montréal, Dawson Brothers, 1866. 93 p. - Blanchet, François. Recherches sur la médecine, ou l’application de la chimie à la médecine. New York, Imprimerie de Parisot, 1830. 246 p. - Bouchette, Joseph. 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Nouveau traité de géométrie et de trigonométrie rectiligne et sphérique suivi du toisé des surfaces et volumes et accompagné de tables de logarithmes des nombres et sinus, etc., naturels et logarithmiques et d’autres tables utiles, ouvrage théorique et pratique illustré de plus de 600 vignettes, avec un grand nombre d’exemples et de problèmes à l’usage des Arpenteurs, Architectes, Ingénieurs, Professeurs et Élèves, etc. Québec, C. Darveau, 1866, xlvii-728-108 p. - _____. Clef du tableau stéréométrique Baillairgé. Nouveau système de toiser tous les corps-segments, troncs et onglets de ces corps par une seule et même règle, à l’usage des architectes, ingénieurs, arpenteurs, professeurs de dessins, (…). Québec, C. Darveau, 1874. xlviii, 184, 41 p. - _____. Key to the Stereometricon or application of the prismoidal formula to all solids with tables of squares & squares roots, circumferences and areas or circles to eights, tenths ans twelfths of unity. Québec, C. 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(Quatrième édition, 1913; cinquième édition, 1921) _____. Abrégé de minéralogie. Québec, Imprimerie de la Cie de lřÉvènement, 1912. 49 p. (Deuxième édition, 1915; troisième édition, 1923, quatrième édition, 1924) _____. Abrégé de botanique. Québec, Imprimerie de la Cie de lřÉvènement, 1912. 76 p. (7 éditions, 1912-1930) _____. Abrégé de géologie. Québec, Imprimerie de la Cie de lřÉvènement, 1918 (nouvelle édition de 1912). 157 p. _____ et Henri Simard. Manuel des sciences usuelles. Québec, E. Marcotte, 1907. 388 p. (sixième édition en 1924) Ladreyt, Casimir. Nouvelle arithmétique raisonnée ou Cours complet de calcul théorique et pratique à l’usage des Élèves des Collèges et des maisons d’Éducation de l’un et de l’autre sexe, suivi de quelques leçons de planimétrie et de stéréométrie, etc. Montréal, Imprimé pour le compte de lřauteur, 1836. viii-120 p. Laflamme, Joseph-Clovis-Kemner. Éléments de minéralogie, de géologie et de botanique. Québec, 1879. 428 p. _____. 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Québec, Imprimerie Laflamme et Proulx, 1916 (première édition en 1913). 198 p. 286 BIBLIOGRAPHIE A) Sources I- Manuscrites 1- Archives universitaires - Direction des archives de lřUniversité Laval Fonds Germain Beaulieu (P203) Fonds Léon Provancher (P206) Fonds Joseph-Charles Taché (P284) - Université de Montréal Fonds de lřInstitut de botanique (E118) Correspondance générale (E118/A1) Frère Marie-Victorin (E118/E1; E118/E3) Papiers Delisle (E118/E5) Fonds Jean-Baptiste Meilleur (P 157) - McGill University Archives Private Fonds, Dawson Family Papers John William Dawson (MG 1022) George Mercer Dawson (MG 1022) Bernard James Harrington (MG 1022) Gilbert Prout Girdwood (MG 1081) Robert Bell (MG 2042) Thomas Sterry Hunt (MG 2045) William Edmond Logan (MG 2046) - Université dřOttawa, Centre de recherche en civilisation canadienne-française Fonds Édouard-A. Barnard (P321) 2- Archives gouvernementales - Archives nationales du Québec à Québec Fonds Charles Baillairgé (P1000, S3) Fonds Joseph-Charles Taché (P1000, S4; P407, S3) - Archives nationales du Québec à Montréal Fonds A.-C.-P. Landry (P1000, D932) Fonds Charles Robert W. Gordonsmith (P32, S4) Fonds Carrie M. Derick (P653, S6) - Bibliothèque et Archives Canada, archives privées Fonds Robert Bell (MG29-B15) Fonds Henry James Morgan (MG29-D61; MG29-G27) Fonds Francis-Joseph Audet (MG30-D1) Fonds Louis-Philippe Audet (MG30-D134) 287 Fonds ministère des Affaires étrangères (MG5-A5) - Archives nationales du Québec à Chicoutimi, Collection de la Société historique du Saguenay Fonds François-Xavier Gosselin (P165) 3- Archives privées - Musée de la Civilisation Fonds Séminaire de Québec (SME 9; SME 13) Fonds Ch.-H. Laverdière (P11) - Service dřarchives de la Province canadienne des Pères de Sainte-Croix Fonds Joseph Célestin Carrier (QC316) - Archives du Séminaire de Chicoutimi Fonds Léon Provancher (C-5) Fonds Victor-Alphonse Huard (C-11) - Archives du Séminaire de Saint-Hyacinthe Fonds de Mgr C.-P. Choquette (CH002) II- Imprimées 1- Documents gouvernementaux a) Documents parlementaires - Canada. Documents sessionnels (1858-1865) - Québec. Documents sessionnels (1867-1920) b) Rapports annuels - Canada. Rapport du Commissaire des Terres de la Couronne du Canada (1859-1865) - _____. Rapports du ministre de l’agriculture de la province du Canada (1859-1865) - _____. Exploration géologique du Canada. Rapport de progrès (1858) - _____. Rapport annuel de Pierre Fortin, écuyer, magistrat commandant l’expédition pour la protection des pêcheries, dans le golfe St.Laurent (1860-1861; 1863-1863) - _____. Rapport annuel de Pierre Fortin, Esr., magistrat stipendiaire pour la protection des pêcheries dans le golfe St.Laurent à bord « La Canadienne » (1864-1865) - _____. Résumés des rapports sur les pêcheries (1863) - _____. Rapport du surintendant de l’éducation pour le Bas-Canada (18601863; 1865) - Québec. Rapport du Commissaire des Terres de la Couronne de la province de Québec (1868-1896) 288 - _____. Rapport du Commissaire de la Colonisation et des Mines de la province de Québec (1897-1901) - _____. Rapport général du Ministre de la Colonisation, des Mines et des Pêcheries de la province de Québec (1906-1920) - _____. Opérations minières dans la province de Québec (1899-1908) - _____. Rapport du Commissaire des Terres, Forêts et Pêcheries de la province de Québec (1897-1901) - _____. Rapport du Ministre des Terres, Forêts et Pêcheries de la province de Québec (1902-1905) - _____. Rapport du Ministre des Terres et Forêts de la province de Québec (1906-1920) - _____. Rapport général du Commissaire de l’Agriculture et des Travaux publics de la province de Québec (1868-1887) - _____. Rapport général du Commissaire de l’Agriculture et de la Colonisation de la province de Québec (1888-1896) - _____. Rapport du Commissaire de l’Agriculture de la province de Québec (1897-1900) - _____. Rapport du Ministre de l’Agriculture de la province de Québec (1901-1920) - _____. Rapport de la Société d’Industrie laitière de la province de Québec. Supplément au rapport de l’honorable Commissaire de l’Agriculture et de la Colonisation (1887-1920) - _____. Rapport du Ministre de l’Instruction publique de la province de Québec (1867-1875) - _____. Rapport du Surintendant de l’Instruction publique de la province de Québec (1875-1920) - _____. Rapport du Conservateur du Musée du Département de l’Instruction publique (1887-1889) - _____. Bureau des statistiques – Province de Québec (1914-1920) 2- Documents d’organismes privés a) Rapports annuels - Report of the Montreal Horticultural Society and Fruit Growers’ Association of the Province of Quebec, for the year ... (1877-1878) - Rapport annuel de la Société d’Horticulture de Montréal et de l’Association des horticulteurs fruitiers de la province de Québec (18901894) - Rapport annuel de la Société de pomologie et de la culture fruitière de la province de Québec (1896-97, 1899-1920) - Rapport annuel de la Société de Québec pour la Protection des Plantes contre les Insectes et les Plantes parasites (1908-1910) - Rapport annuel de la Société de Québec pour la Protection des Plantes contre les Insectes et les Maladies fongueuses (1910-1920) 289 3- Médias a) Journaux - L’Album industriel, supplément à La Presse (1894-1895) b) Revues et périodiques - Le Canada-français (1888-1891) - La Nouvelle-France (1902-1918) - La Kermesse (1892-1893) - Almanach de l’Action Sociale Catholique (1917-1926) - Le Pays Laurentien (1916-1918) - Transactions of the Literary and Historical Society of Quebec (1829-1917) - La Revue canadienne. Journal scientifique et littéraire, (…) (1844-1845; 1848) - La Semaine. Revue religieuse, pédagogique, littéraire et scientifique (1864) - L’Écho de la France. Revue étrangère de science et de littérature (18651870) - La Gazette des campagnes. Journal illustré, d’enseignement pratique et populaire d’agriculture et de colonisation (1861-1871) - Le Naturaliste canadien (1868-1891; 1894-1920) - The Canadian Naturalist and Geologist (1859-1869) - The Canadian Naturalist and Quarterly Journal of Science (1870-1883) - The Canadian Record of Science (1884-1916) - La Science populaire. Revue scientifique et industrielle illustrée dédiée aux personnes de toutes conditions (1886-1887) - Mémoires et comptes rendus de la Société Royale du Canada/Proceedings and Transactions of the Royal Society of Canada (1882-1893; 1895-1906; 1907-1920) - L’Observateur naturaliste. Bulletin de recherches et d’observations sur les 3 règnes de la nature (1904; 1907) - Revue Trimestrielle Canadienne (1915-1920) 4- Articles et monographies - - Ahern, Michael J. Sans titre. Le Naturaliste canadien, vol. II, no 10 (septembre 1870), p. 313-314. Ami, Henri M. « On the Geology of Quebec City, Canada », réimprimé à partir de Canadian Record of Science, avril 1891. _____. « Annual address of the president of the Ottawa field-naturalistsř club delivered December 11th, 1900 », réimprimé à partir du Ottawa Naturalist, vol. XIV, no 11 (février 1901). Anonyme. McGill University, Peter Redpath Museum. Guide to visitors. Montréal, s.d. 7 p. 290 - - - - - - - - - - - - _____. Selections from certificates in favour of J.W. Dawson, Esq., F.G.S., as a candidate for the Chair of Natural History in the University of Edinburgh. Hugh Paton, 1855. 16 p. _____. Proceedings at the annual meeting of the Natural History Society of Montreal, for the year ending May, 1870: (...). Montréal, Gazette Steam Printing House, 1870, p. 23-32. _____. 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Dawson, Esq., F.G.S., as a candidate for the Chair of Natural History in the University of Edimburgh. Edimburgh, Hugh Paton, 1855. 16 p. - _____. Testimonials in favour of Gilbert Prout Girdwood, M.R.S.C., Eng., Candidate for the Appointment of Physician to the Montreal General Hospital. S.l., s.é., 1872. - Crevier, Joseph-Alexandre. « Étude sur le venin de crapaud. Bufo americana, Leconte ». Le Naturaliste canadien, vol. II, no 7 (juin 1870), p. 207-210 et vol. II, no 8 (juillet 1870), p. 230-236. - _____. « Réponse à la critique de Mr. le Docteur Meilleur, concernant le venin du crapaud canadien ». Le Naturaliste canadien, vol. II, no 10 (septembre 1870), p. 309-313. - _____. « Lřéclipse et le tremblement de terre du 22 décembre prochain ». Le Courrier de Saint-Hyacinthe, 20 décembre 1870, p. 3. - _____. « Des caractères physiques et chimiques du venin du crapaud (Bufo americana) ». Le Naturaliste canadien, vol. 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