Les souffleurs de la verrerie commencent par cueillir une paraison
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Les souffleurs de la verrerie commencent par cueillir une paraison
La voit le jour en 1704, dans les Vosges du Nord, dans l'Est de la France. Elle produira des dizaines de millions de pièces de verre utilitaire, de gobeleterie bon marché. Entre 1867 et 1894, la verrerie sert de laboratoire à , qui y effectue des recherches techniques et artistiques sans précédent, conférant à Meisenthal le statut de . L'unité de production traverse les conflits mondiaux mais, ne faisant pas le choix de la modernisation de l'outil de production, vient s'échouer à l'aube des années 70. L'usine, qui compta jusqu'à 650 salariés, ferme ses portes le 31 décembre 1969. En 1983, le Musée du Verre de Meisenthal voit le jour et témoigne de l'aventure créative de cette verrerie, et en 1992, sur la friche, est créé et un premier four rallumé. Le , dès son premier souffle, a eu l'ambition de réinscrire la production verrière traditionnelle dans son époque. Ainsi, dans différents contextes collaboratifs, des créateurs contemporains, confirmés ou en devenir (artistes, designers, étudiants en Ecole d'Art...), travaillent de concert avec les verriers, réinterprètent les savoir-faire et enclenchent de nouvelles histoires d'objets. Le CIAV a toujours entretenu la porosité entre design et art contemporain, permis à leurs expressions de puiser autant dans la virtuosité des verriers que dans les héritages de process industriels. Au bout de 20 ans de croisements, le résultat est impressionnant. Des milliers de formes, de pièces uniques, d'essais, de prototypes, de micro-séries, de questionnements ont vu le jour... A chaque rencontre s'écrit une nouvelle histoire. Avec cette exposition au , l'ambition est de proposer aux visiteurs, dans un même espace, à la fois des objets conçus par des designers (fabriqués en série) et des œuvres (uniques, multiples ou installations) imaginées par des plasticiens. Chaque objet créé raconte alors une histoire, fait advenir une mémoire du lieu et du savoir-faire des verriers de la région. La tradition verrière dans les Vosges du Nord est ancienne. Elle remonte en effet à la fin du XVe siècle. Peu prospère, la région offre toutefois aux maîtres-verriers les matières premières nécessaires à l’exercice de leur art. L’épais manteau de grès couvrant la contrée fournit en effet la silice, élément de base pour la fabrication du verre, et les forêts abondantes apportent le combustible. Gros consommateurs d’énergie, les verriers sont en quête perpétuelle de bois de chauffage. Ils restent généralement vingt-cinq ou trente ans au même emplacement, le temps d’utiliser les bois concédés, puis reprennent leurs migrations et sollicitent de nouveaux acensements. Ce caractère semi-nomade explique la sobriété des halles et des maisons d’habitation et l’appellation verreries portatives ou volantes. Après un XVIIe siècle marqué par la guerre de Trente Ans et les guerres de Succession, le retour à la paix favorise le développement économique de la région et le secteur du verre connaît un nouvel essor. Les verreries vont se sédentariser et parmi celles fondées au siècle des Lumières certaines accéderont à la notoriété et contribueront à la renommée de ce territoire. Citons ainsi celles de Meisenthal, Goetzenbruck et Saint-Louis en Lorraine, de Wingen et du Hochberg en Alsace. Par ailleurs, l’une d’entre elle, Goetzenbruck, village voisin de Meisenthal, spécialisées dans la fabrication des verres de montre (qui ont la particularité d’être bombés) développera, à partir de 1857, la technique dite des boules. Adoptée pour sa grande rentabilité (on découpe, dans une même boule de 80 cm de diamètre, jusqu’à 500 verres bombés), cette technique de soufflage du verre est rapidement utilisée à d’autres fins (ornement intérieur, applications dans l’architecture, …). « En 1858 la nature fut avare. La grande sécheresse priva la région de fruits et le sapin de Noël n’eut donc parure qui vaille – A cette époque on décorait l’arbre de Noël avec des pommes de pin, des noix, des pommes, des noisettes... - Un souffleur de verre inspiré tenta de compenser cette injustice en soufflant quelques boules en verre. Il déclencha à lui seul une tradition qui traversa les cultures, le monde, l’humanité ». Conjuguée à l’argenture du verre (très fine couche réfléchissante obtenue par la réduction d’une solution de sels d’argent), la technique des boules permet, dès 1866, la fabrication de boules argentées de formats très divers. Ces boules trouvent rapidement quantité d’applications décoratives et fonctionnelles : en intérieur, où elles sont utilisées en éléments de lustre ou en suspension; mais aussi en extérieur, où elles ornementent parcs et monuments et composent des enseignes publicitaires géantes. La déclinaison de leur usage en tant que décoration de Noël ne se généralisera quant à elle qu’après 1871, sous l’influence croissante des pratiques traditionnelles germaniques. A la fin du 19e siècle, les boules argentées des Vosges jouissent d’une belle réputation. Dans certaines régions d’Europe de l’Est, le pouvoir réfléchissant de ces « boules panorama » est associé à des croyances populaires Connues sous le nom de « boules de sorcières », celles-ci sont placées à l’entrée ou aux abords des maisons pour surveiller les alentours et éloigner les mauvais esprits. En 1925, Théophile Brest, artiste strasbourgeois, les utilise même pour orner le toit du pavillon de l’Alsace à l’Exposition Internationale des arts décoratifs de Paris; quelques temps plus tard, il inventera « l’œil de carrefour », ancêtre de nos rétroviseurs géants destinés à la circulation urbaine. Dans les années 1950, les boules en verre soufflé des Vosges sont diffusées dans le monde entier : en Algérie et au Maroc où elles sont offertes en cadeau de mariage comme symbole d’union des époux, en Afrique du Nord, où les pêcheurs les utilisent pour repérer leurs filets, mais aussi en Asie, où elles sont importées en grandes quantités pour décorer les temples indiens et les pagodes thaïlandaises. Malgré le succès de ce produit aux multiples usages, et en raison de l’arrivée sur le marché de boules mécanisées, la verrerie de Goetzenbruck cesse son activité en 1964. Trente-quatre ans plus tard, en 1998, le s’engage dans la sauvegarde de cette tradition verrière. Cette renaissance se développe selon trois directions convergentes. Tout d’abord, le CIAV organise des séances de transmission de savoir-faire avec les derniers verriers ayant exercé à Goetzenbruck. Ensuite, il acquiert (essentiellement dans les ventes aux enchères des verreries de la région) des anciens moules et gabarits grâce auxquels il mène un important travail de réédition. Cette ligne traditionnelle compte des boules en verre soufflé ainsi que des décorations moulées en formes de pommes, de grappes de raisin, ou encore de pommes de pin. Enfin, le CIAV invite chaque année des créateurs, artistes et designers, à concevoir des sujets de Noël en verre. L’ensemble de leurs réalisations constitue la ligne contemporaine. S’y côtoient des formes figuratives et ludiques : nuage de Meindel Heit, ballon de V8 Design, ampoule de Philippe Riehling, boule de pétanque de Jasper Morrison et soucoupe d’Italo Zuffi. Dans un registre plus abstrait, la collection compte également d’Andreas Brandolini, de Michel Paysant, de François Azambourg, de Fred Rieffel et de Bernard Petry. L’ensemble des décorations acquises par le CNAP témoigne ainsi, au sein des collections nationales, de la formidable histoire de l’activité verrière des Vosges et de son art de conjuguer tradition et modernité. Les plus anciennes pièces de verre datent de l'Antiquité. Les procédés de fabrication évoluent lentement au cours des siècles. Aujourd'hui, nous utilisons le verre pour fabriquer les récipients dans lesquels nous préparons ou consommons les aliments, pour équiper nos automobiles ou notre électroménager, pour éclairer et isoler nos habitations, corriger notre vue, refléter ou modifier une image, transmettre des informations, décorer notre habitat. Destinée aux enfants à partir de 3 ans, la visite de l’exposition prend la forme de petites comptines, de ritournelles et de contes merveilleux. L’équipe d’animation culturelle de Grand-Hornu Images invite les enfants à percevoir, imaginer et créer à travers des activités adaptées selon leur âge. Le temps d’une journée, ils seront plongés dans la magie du verre et découvriront son histoire au travers d’ateliers multi-sensoriels et ludiques. A l’issue de la visite, les enfants seront sensibilisés aux jeux de transparence avec la création d’une suspension légère et poétique. Imaginer, composer, jouer avec les formes et les graphismes, s’approprier une démarche de créateur tels sont les défis que nous proposons aux petites mains expertes. Visiter de la cristallerie du Val Saint-Lambert Activités ludiques : - Du bout du doigt, faire chanter un verre de cristal. - Constituer « un xylophone » aquatique en remplissant des verres à différents niveaux. Faites-les tinter pour expérimenter les sons obtenus. - Décorer une bouteille en verre avec des techniques diverses (papier de soie colorés, acrylique, gommettes, peinture adaptée au verre). Réaliser une photothèque à l’aide de coupures dans des magazines pour illustrer les différentes applications du verre au quotidien. Etudier les mesures et calculer les récipients grâce à différents contenants en verre que les enfants auront rapportés de chez eux. Faire une recherche en bibliothèque et composer un petit exposé sur un objet en verre (vase de Emile Gallé, lunette correctrice, télescope,…) Né à Nancy en 1846, (Fils de Charles Gallé, maître verrier) est un industriel, maître verrier, ébéniste et céramiste français. Il est fondateur et premier président de l’École de Nancy en 1901. Il est l'une des figures les plus marquantes des arts appliqués à son époque et l'un des pionniers de l'Art nouveau. Naturaliste et artiste, ce créateur visait à retranscrire les formes offertes par la nature, qu'elles soient florales ou animales dans la décoration du verre, et à développer l'ornementation sur les objets de verre. Les principes de Gallé reposaient sur une étude approfondie des plantes, des arbres, des feuilles, des algues, des insectes, de leurs formes et des nuances de couleurs. S'étant essayé à différents styles avec l'utilisation de l'émail, marqués par une influence décorative médiévale, inspirée de l'héraldique, mais aussi de motifs syriens et vénitiens, il est beaucoup inspiré également par l'art japonais qu'il traduit autant dans les décorations que dans les formes.