VBCI : Programme majeur de l`armée française

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VBCI : Programme majeur de l`armée française
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PROGRAMME MAJEUR DE L’ARMÉE FRANÇAISE
LE PROGRAMME VBCI DE L’ARMÉE DE TERRE FRANÇAISE A MAINTENANT ATTEINT UN STADE ACTIF D’ÉVOLUTION AVEC L’ANNONCE,
EN NOVEMBRE DERNIER PAR LE MINISTÈRE DE LA DÉFENSE, DE L’ATTRIBUTION DU MARCHÉ À GIAT INDUSTRIES ET RENAULT VI. AVEC
LE VBCI, C’EST LE CONCEPT DES VÉHICULES BLINDÉS À ROUES DANS SON ENSEMBLE QUI FRANCHIT UNE NOUVELLE ÉTAPE MAJEURE.
ans remonter au char FT 17 de la
Première Guerre mondiale, dont
l’architecture est pourtant toujours
en vigueur aujourd’hui, la France
s’est régulièrement trouvée à la pointe des
technologies dans la conception et la fabrication des véhicules blindés. C’est ainsi,
par exemple, qu’au moment de la création
de la Bundeswehr dans les années 1950,
la République fédérale allemande s’est
tournée vers l’industrie française pour s’équiper de chenillettes de reconnaissance
et lancer son premier programme national
de char de bataille qui débouchera, finalement, sur le Leopard.
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Les débuts des VCI
Au début des années 1950, l’armée de
terre française, dans le cadre du programme AMX 13, est l’une des premières armées
au monde à adopter un véhicule de combat
d’infanterie entièrement chenillé, l’AMX 13
VTT. Auparavant, en particulier pendant la
Seconde Guerre mondiale, Allemands et
Américains avaient en effet retenu la solution du véhicule semi-chenillé pour transporter l’infanterie des divisions blindées.
Vingt années plus tard, dans les années
1970, l’AMX 10 P succède à l’AMX 13 VTT.
Lui aussi chenillé, l’AMX 10 P se distingue
de son prédécesseur par son blindage en
alliage d’aluminium (au lieu de l’acier) et la
puissance de son armement, un canon de
20 mm ayant remplacé la simple mitrailleuse initiale. À la même époque, confiante
dans l’intérêt de la roue, l’armée de terre
française adopte l’AMX 10 RC, engin 6x6
armé d’un canon de 105 mm, pour équiper
ses unités de reconnaissance, et du VAB
pour son infanterie de deuxième échelon.
Ce dernier programme est sans doute l’un
des grands succès des dernières décen-
nies avec la mise en service de quelque
5 000 véhicules – dont un millier à l’exportation – appartenant à plusieurs dizaines de
versions différentes.
La préférence va à la roue
Amenée aujourd’hui à trouver un successeur à l’AMX 10 P, la France vient de choisir
le VBCI 8x8. C’est ainsi un véritable véhicule de combat d’infanterie à roues, modulaire, dont la protection peut être adaptée
à la menace, qui va être produit et diffusé
en grande série. Rendue possible par les
progrès accomplis par le mode de propulsion sur roues, cette solution apparaît particulièrement intéressante dans le contexte
actuel, caractérisé par la multiplication des
missions d’intervention lointaine.
Plus mobiles et confortables dans les déplacements à grandes distances, ils sont
moins coûteux à l’acquisition, consomment
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© Giat Industries
Engin chenillé,
l’AMX 10 P est entré en
service dans les années
1970. Il transporte
11 hommes, dispose
d’un blindage en
aluminium et son
armement est basé sur
un canon de 20 mm.
Son successeur, le VBCI,
est un véhicule à 8 roues
motrices, conçu pour
les projections lointaines et dont la protection est modulaire.
Au total, 700 VBCI dans
les versions combat
d’infanterie et poste
de commandement
devraient être commandés par la France.
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© Béchennec
COOPÉRATION INDUSTRIELLE
Sur le plan industriel, le programme VBCI a généré une
étroite collaboration entre Giat Industries et Renault VI.
Ces deux groupes se sont rapprochés pour créer
la société commune Satory Military Vehicles, implantée
sur le site de Versailles-Satory et se partager la
construction des véhicules :
● Satory Military Vehicles agit comme maître d’œuvre
industriel du programme VBCI et assurera la commercialisation des blindés à roues ;
● Renault VI fournira les organes de mobilité (moteur,
boîte de vitesses, suspensions et train de roulement), le
circuit électrique et le poste de conduite ;
● Giat Industries sera responsable de la caisse blindée,
de la protection, de l’aménagement intérieur, des
moyens de vision et de transmissions, ainsi que de la
fonction “feu”, cette dernière comprenant, en particulier, la tourelle Dragar avec l’armement de 25 mm des
VCI. Le groupe se chargera aussi du montage et de
l’intégration finale des véhicules.
moins de carburant, et se révèlent plus
faciles à entretenir et à dépanner.
Leur faiblesse passée en matière de mobilité en terrain très accidenté s’est, elle
aussi, considérablement atténuée avec
l’adoption d’une propulsion à huit roues
motrices. Par ailleurs, ils peuvent recevoir
aujourd’hui les mêmes protection et armement qu’un engin chenillé.
Du VBM au VBCI
Le VBCI (véhicule blindé de combat d’infanterie) tire son origine du programme de véhicules blindés modulaires (VBM) lancé au
début des années 1990, d’abord dans
un cadre purement national, avant de se
poursuivre sur une base binationale (avec
l’Allemagne : programme VBM/GTK), puis
trinationale (France/Allemagne/Grande-Bretagne : programme VBM/GTK/MRAV), en vain.
En mars et novembre 1999, la délégation
générale pour l’armement a alors lancé
deux consultations en vue de commander,
d’une part 450 véhicules de combat d’infanterie nécessaires à l’armée de terre
française, d’autre part des véhicules postes de commandement. Pour ces derniers,
l’objectif initial était de les commander
dans le cadre du projet trinational, mais les
accords industriels qui auraient permis la
participation de la France n’ont pas pu être
obtenus. Pour cette raison, la DGA a lancé,
en mars 2000, une nouvelle consultation
regroupant un plus grand nombre de véhicules de combat d’infanterie et les véhicules postes de commandement. C’est
cette consultation qui vient de connaître
son aboutissement.
Un programme de 700 VBCI
Le marché notifié à Giat Industries et
Renault VI le 6 novembre dernier porte,
pour sa tranche ferme, sur les études, le
développement et l’industrialisation des
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de combat d’infanterie (VBCI/VCI) et 150
véhicules postes de commandement
(VBCI/VPC).
D’une masse en ordre de combat de
25,5 tonnes, les VCI équiperont les sections d’infanterie mécanisée et les pelotons
d’appui direct des unités de chars Leclerc.
Dans leur version de base, ils embarqueront un groupe de 9 combattants, en plus
du tireur et du conducteur. Leur armement
reposera sur une tourelle Dragar dotée
d’un canon de 25 mm et d’une mitrailleuse
de 7,62 mm, avec conduite de tir intégrant
un télémètre laser et une caméra thermique. Les VCI recevront le système d’information terminal (SIT) de Giat Industries,
récemment adopté par la France.
Les VPC, pour leur part, seront destinés,
après équipement en système d’information régimentaire (VBCI/VPC/SIR), à
l’accueil, au transport et à la protection des
atteignant 750 km. L’adoption de composants dérivés des gammes commerciales
va contribuer à réduire les coûts du matériel et à en faciliter la logistique et la maintenance. D’une manière plus générale,
une démarche de recherche de sous-ensembles et de composants (optronique,
tourelleau du VCI...) déjà développés en
Europe et dans le monde sera favorisée. La
caisse du VBCI est formée d’une structure
en alliage d’aluminium, sur laquelle viennent se fixer des modules de blindage dont
la nature correspond au niveau de protection que l’on cherche à atteindre. Sa masse
autorise son emport par le futur avion de
transport militaire européen ATF-FLA, dont
les spécifications imposent que l’objet
transporté pèse moins de 32 tonnes. Par
ailleurs, ses dimensions respectent les
normes en vigueur en matière de gabarit
ferroviaire ou routier. Une attention particu-
VBCI
CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES DU VBCI
Équipage
11 hommes (VCI)
9 hommes (VPC)
Hauteur hors tout
3,06 m (VCI)
2,93 m (VPC)
Masse à vide
17,7 t
Vitesse maximale
> 100 km/h
Masse en ordre de combat
25,6 t (VCI)
23,3 t (VPC)
Autonomie sur route
> 750 km
Moteur
Diesel de 550 ch
Longueur de la caisse
7,60 m
Boîte de vitesses
Automatique
Largeur de la caisse
2,98 m
Suspension
Oléopneumatique
Hauteur au toit de la caisse
2,20 m
Train de roulement
8x8
Protection
Modulaire
© Giat Industries
moyens de commandement des mêmes
unités. Ils transporteront 7 personnes et
disposeront, pour leur autodéfense, d’un
tourelleau armé d’une mitrailleuse de 12,7
mm. Le VBCI pourra aussi servir de base
au développement d’autres versions spécialisées.
véhicules, ainsi que sur la production et le
soutien des 65 premiers VBCI de série.
Le marché comprend, en outre, plusieurs
tranches conditionnelles qui portent à 700
le nombre total des véhicules livrés à
l’armée de terre française dans les deux
versions de base suivantes : 550 véhicules
Simplicité de conception et hautes
performances
Le VBCI, tel qu’il a été imaginé à sa base,
se présente comme une plate-forme à
8 roues motrices à suspension oléopneumatique, propulsée par un moteur diesel
de 550 ch couplé à une boîte de vitesses
automatiques. Cet ensemble propulse le
véhicule sur route à des vitesses supérieures à 100 km/h, sur des distances
lière est portée pour améliorer la sécurité
des personnels transportés face aux mines
et à la projection d’éclats à l’intérieur de
l’habitacle, ainsi que pour réduire la signature (infrarouge, électromagnétique...) du
véhicule. Les études et le développement
du programme VBCI doivent s’étendre de
2000 à 2005 avec, en 2004, la réalisation
des prototypes. Lancée à la fin 2004 ou au
début 2005, la production en série de la
première tranche de 65 matériels s’achèvera au cours du second semestre 2006.
En attendant, un plateau technique a été
créé à Satory pour réunir les industriels
concernés par le programme, ainsi que les
représentants de l’état-major de l’armée
de terre et de la délégation générale
pour l’armement.
Les véhicules chenillés
de la célèbre famille
AMX 13 ont été
produits à plus de
7 700 exemplaires.
L’AMX-VTT peut être
considéré comme l’un
des précurseurs des
véhicules blindés de
combat d’infanterie.
Avec près de 5 000
véhicules vendus, le
VAB est l’un des blindés
à roues les plus
répandus au monde.
Giat Industries et
Renault VI coopèrent
déjà dans la fabrication
des nombreuses
version de ce véhicule
polyvalent.
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