Faut il Pleurer - Serignesam.com

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Huqqal Buka-u
FAUT-IL PLEURER
LES NOBLES MORTS QUI ONT ÉTÉ PLEURÉS MÊME
PAR LA TERRE ET LES CIEUX ?
écrit par CHEIKH AHMADOU BAMBA
Traduction : Serigne Sam MBAYE
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AU LECTEUR
Sous l’Egide de Cheikh Abdoul Ahad MBacké, Khalif Général
des Mourides depuis 1968,
-fidèle à sa louable perspective de vulgariser le Patrimoine Glorieux et Inestimable de son vénéré
Maître et Père KHADIMOU RASSOUL (le Serviteur du Prophète).
-soucieux de promouvoir sciences religieuses : Fiqh (Jurisprudence), Tawhîd (Science de l’Unité
Divine), Taçawwuf (Soufisme), Adab (Règles de Bonne Conduite) et de dispenser une éducation
religieuse, à la fois spirituelle, culturelle, sociale et morale,
Il assure ainsi à toutes les générations du monde musulman un Viatique suffisant, pour la confection et la sauvegarde d’une personnalité musulmane correcte.
Puisse DIEU lui disposer davantage de moyens et revigorer éternellement sa volonté dans le service
de CHEIKH AHMADOU BAMBA, pour que TOUBA, dans cette perspective, jouisse du rayonnement
culturel et religieux dont parlait déjà son fondateur en l’an 1306.H/1888 :
‘’Fais de ma demeure, la CITE BENITE de TOUBA, un Centre Académique, un lieu favorable à
l’ouverture d’esprit et à des méditations saines qui sanctifient en permanence.’’
‘’Fais de ma demeure, la CITE BENITE de TOUBA, une CITE de perfectionnement et de
redressement, un Centre d’enseignement et d’instruction approfondie.’’
‘’Fais de ma demeure, la CITE BENITE de TOUBA, un lieu de sanctification, un Temple de vérité, du
respect de l’orthodoxie et une Cité du respect des préceptes Traditionnels et un lieu de protection
contre l’hérésie’’.
LE TRADUCTEUR
SERIGNE SAM MBAYE, Docteur-ès Lettre en Arabe éminent érudit, professeur d’Université,
conférencier et aussi une spécialité des grandes questions qui interpellent l’aspirant (al murîd). Sa
formation, son itinéraire, son appartenance a l’une des familles les plus pieuses du Sénégal lui ont
valu des talent d’une rareté qui défie toute ambition.
Il est maitre d’oeuvre de la traduction.
LES COLLABORATEURS
Le cercle (Dahira) des Etudiants Mourides de l’Université de Dakar, en quête permanent de
l’Agrément de DIEU par la grâce de celui à qui ils ont prête serment d’allégeance, en l’occurrence
KHADIMOU RASSOUL, est groupe d’étudiant et d’universitaire de toutes les branches, qui n’ont
pour viatique et ambition que les prescriptions du KHALIFE GENERAL des MOURIDES.
Ils ont contribué modestement à cette œuvre.
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NOTE SUR L’AUTEUR
En introduisant la plupart de ses ouvrages sur les Sciences Religieuses, l’auteur, en l’occurrence
CHEIKH AHMADOU BAMBA, s’annonce en ces termes : ‘’Ahmad, l’indigent spirituel, fils de Ahmad…’’ ou ‘’Ahmad, descendant de Habîballâh de la famille MBacké…’’ ou encore ‘’MOUHAMMAD,
fils de son maître spirituel MOUHAMMAD…’’
De son vrai nom MOUHAMMAD ben MOUHAMMAD ben Habîballâh, CHEIKH AHMADOU BAMBA
nous parvint de la Grâce de DIEU au mois du Muharram en l’an 1272.h, soit l’an 1855, à Mbacké,
une localité située dans le Baol du Sénégal des royaumes.
Fondé par son grand père, le village porte le nom de la famille des MBacké dont la piété très connue
leur valut une influence réligieuse particulière, un respect et une vénération pour la FACE de DIEU.
Hommes de haute culture et d’une orthodoxie stricte dans l’assimilation des valeurs culturelles
Islamiques, ils firent du village des MBacké un centre académique et une capitale spirituelle.
Le père du CHEIKH, MOUHAMMAD MBacké, appelé Momar Anta Saly, était un éminent jurisconsulte, un dévot qui enseignait le CORAN et les Sciences Religieuses ; sa mère, MARIAMA BOUSSO,
grâce à sa piété, sa vertu et son scrupule, eut le privilège de répondre au nom de ‘’Jâratu-l-Lâh’’
(voisine de DIEU) au milieu des siens.
Ses parents ont très tôt découvert en lui une perfection innée qui s’est traduite par des attitudes
et des habitudes de piété, de bonne conduite morale, de dévotion, de solitude, de méditation et un
comportement exécrant l’amusement, l’indécence et le péché.
Partout où il passa durant son cursus, après avoir parfaitement assimilé le CORAN, que ce soit pour
l’acquisition des Sciences Religieuses ou Instrumentales comme la Grammaire, la Prosodie, la Rhétorique, etc, on lui reconnut unanimement une perfection intellectuelle qui ne pouvait que résulter
d’une lumière provenant de DIEU.
Jusqu’à l’an 1300.h (1882), il assurait l’enseignement auprès de son père et sa carrure intellectuelle
lui avait permis, dans le cadre des fonctions que lui confiait, d’écrire dans certains domaines des
Sciences Religieuses et Instrumentales pour les rendre plus accessibles.
Il composa à cet effet le ‘’Jawharu-n-nafis’’ (le joyau Précieux) qui est une versification du traité de
Jurisprudence de AL AKHDARI, le ‘’Mawâhibul Quddûs’’ (les Dons du TRES-SAINT) qui est une reprise versifiée de l’ouvrage de Théologie de l’Imâm AS-SANUSI intitulé ‘’Ummul Barâhin’’( La source
des preuves), le Jadhbatou çijhâr (l’Attirance des adolescents qui est un ouvrage traitant particulièrement des articles de foi, le Moulayounnou soudour (adoucissement des cœurs qui reprend en
versification le bidaya hidaya (le commencement de la bonne direction) de L’imam Al Ghazali ;Le
Cheikh reprendra par la suite ce poème sous le titre de «Mounawirous Soudour»(L’illumination des
cœurs) c’est un ouvrage qui traite du perfectionnement spirituel .
Plus tard, il composera bien d’autres ouvrages dans les domaines de la jurisprudence, de la théologie, du soufisme ,de la bonne éducation, de l’Hagiographie, et dans d’autres branches du savoir
comme la grammaire .
C’est ainsi d’ailleurs que dans cette présente édition, un choix judicieux en deux tomes a été fait sur
les ouvrages des deux époques (C’est-à-dire avant et après 1301 H. (1883), date de la fondation du
Mouridisme), à savoir :
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•
Le ‘’ Tazawwudu-ç-çighâr ‘’ (Viatique des Adolescents)
•
Le ‘’Tazawwudu-sh-Shubbân’’ (Viatique de la Jeunesse)
•
•
•
•
•
Le ‘’ Jawharu-n- Nafîs’’ (Joyau précieux)
Le ‘’Mawâhibul Quddûs’’ (Dons du Très-Saint)
Le’’ Munawwiru-ç-çudûr’’ (Illumination des cœurs)
Le ‘’Maghâliqu-n-Nîrân wa Mafâtihul Jinân’’ (Verrous de l’Enfer et Clés du Paradis)
Le ’’Nahju Qadâ’ il Hâj’’ (Voie de la Satisfaction des Besoins).
Le rappel de son père à Dieu survenu une nuit de mardi du mois de Muharram de l’an 1300H
(1882) à Mbacké du Cayor, non seulement venait lui ôter la tutelle de celui-ci à qui il obéissait religieusement, mais allait révéler sa vraie physionomie mystique et spirituelle.
Le stade de dévotion à DIEU qu’il atteignit, malgré les hostilités que lui manifestaient les gens de
son époque, démontre sans équivoque son appartenance au cercle ‘’des hommes de DIEU’’.
Il n’était l’esclave ni des futilités du Bas-Monde, ni de l’Autorité Coloniale dominatrice, ni de celle
des chefs païens de la vieille aristocratie locale.
Cette attitude d’un homme esseulé, dénonçant l’arbitraire et la corruption d’où qu’ils viennent et ne
reconnaissant que la seule Autorité du MAITRE DES MONDES, allait marquer sa vie.
C’est ainsi qu’en réponse aux dignitaires qui, à la suite de l’oraison funèbre de son père, lui suggérèrent d’accepter d’occuper la fonction de conseiller du roi, il déclina cette offre du bénéfice de
l’obligeance des sultans et écrivit :
‘’Penche vers les portes des sultans -m‘ont-ils dits –afin d’obtenir des dons qui te suffiraient our toujours.’’
‘’DIEU me suffit –ai-je répondu –et je me contente de Lui et rien ne me satisfait si ce n’est la Religion et
la Science.’’
‘’Je ne crains que mon ROI et ne porte mes espoirs qu’en Lui ; comment disposerais-je d’ailleurs ma
destinée entre les mains de ceux-là qui sont incapables de régler leur sort ?’’
C’était là un double défi lancé à la fois aux sultans à qui le CHEIKH rappelait leur servitude vis-à-vis
de leur SEIGNEUR ALLAH et à l’élite de l’orthodoxie musulmane dont il dénonçait la complaisance.
Quant aux grands maitres de la gnose de son époque animés du dessein de l’éprouver, ils ne tardèrent pas à découvrir leurs lacunes, sans toutefois arriver à sonder les profondeurs de sa spiritualité.
Ses confrontations avec l’administration coloniale représentaient cependant l’un des aspects les
plus importants de son hagiographie.
Au début du 19ème siècle, les exigences de l’industrialisation (recherche de matières premières
et de marchés) et la volonté impérialiste de l’Europe ayant abouti à la colonisation ont dicté à la
France une politique de conquête territoriale à partir des anciens comptoirs commerciaux.
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Cette politique expansionniste rencontra au Sénégal de farouches résistances, tant du côté des
chefs musulmans que de celui des thiédos (guerriers de l’aristocratie).
Mais en 1891, la conquête territoriale fut achevée dans un constat d’échec retentissant de toute la
résistance armée au Sénégal. C’est alors que la France entreprit d’assimiler la colonie du Sénégal
aux valeurs culturelles occidentales ; et pour y réussir, elle proposa sa religion et la suppression
pure et simple ou, à défaut, la corruption du culte exclusif rendu à DIEU.
Elle mena alors un combat sans précédent, allant de l’éloignement (internement) au bannissement
et à la déportation des guides spirituels pour démobiliser les fidèles.
Son aspiration profonde à DIEU et son amour ardent en vers l’Elude DIEU furent tels que DIEU lui
révéla DIEU, selon son expression, et devant la Splendeur de sa GRANDEUR, il entreprit d’être fidèle
au Pacte Primordial de soumission (à DIEU) ; alors, DIEU lui indiqua le Prophète qui est le Guide de
la Voie de la Soumission.
Lorsqu’en 1301.h (1883) l’Elu lui parvint, il conclut avec le Pacte d’Allégeance pour la FACE de DIEU
et ce dernier lui ordonna d’engager ses disciples dans cette Voie. Le Mouridisme était né. Ce fut à
MBacké Cayor.
Ainsi le culte exclusif qu’il professait devenait public, car il commença à l’inculquer à ses disciples ,
c’est pourquoi il devint l’ennemi numéro un du pouvoir colonial.
Non seulement les foules affluaient vers lui, mais il fonda la ville de TOUBA pour mieux servir avec
elles la Cause de DIEU.
Dans son ardeur spirituelle, il voulut accéder au rang des compagnons, serviteurs du Prophète, qui
ont combattu à BEDR.
Ce ‘’degré suprême’’ (Coran S.9 V. 20) dont parle le Coran à l’endroit des compagnons est obtenu par
le sacrifice du sang versé en vue d’élever la Voix de DIEU.
Et l’abrogation de la prescription du sang versé, à cause du Pacte d’Allégeance, devait mener le
CHEIKH dans la VOIE du combat spirituel qui est celle du sacrifice de l’âme et des biens pour la
Cause de DIEU, dans le respect du sang des autres.
En 1312.H (1895), dans sa retraite spirituelle (I tikâf), le prophète lui signifia que le sang versé
était abrogé et que le prix qui fait accéder à ce rang est une somme d’épreuves trop lourdes à la
charge exclusive du postulant. Le pacte fut conclut et le Décret Divin le mit en confrontation avec
ses ennemis contemporains pendant plus de trente deux ans durant lesquels il brava les exils, les
brimades, les persécutions et les bannissements pour se raffermir dans la profession de l’Unicité de
DIEU, ne reconnaissant qu’un Seul Maitre, DIEU et DIEU exclusivement. Il en sortit auréolé de succès.
Et de ce combat, il impétra le rang de SERVITEUR PRIVILEGIE DU PROPHETE.
Autant le Pouvoir infidèle voulut, à travers l’exil au Gabon, celui en Mauritanie, les persécutions,
les résidences surveillées à Thiéyène et à Diourbel, corrompe la foi musulmane, autant le CHEIKH,
dans son mystère inviolable et son indépendance dans culte rendu à DIEU, a réhabilité l’Islam dans
sa forme la plus authentique.
Partout dans le pays, le CHEIKH a revigoré la foi musulmane, redonné aux populations, sans la contrepartie de leur sang, et leur dignité et leur personnalité. Il a de surcroît introduit le plus naturelle-
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ment dans les mœurs, la soumission exclusive à DIEU et non à une quelconque autre autorité. Ainsi,
la communauté musulmane retrouvait son âme.
Durant les trente deux ans d’épreuves, son itinéraire eut un impact sur ses œuvres, l’inspiration
étant l’expression de l’état d’âme.
A partir donc de l’année 1313.h (1895), l’étape du combat contre l’infidélité fut marquée par une
production inestimable de panégyriques envers l’Elu le Plus Pur (Al Muçtafâ), le choisi le Meilleur
(Al Mukhtâr), des écrits d’action de grâce envers DIEU et son Prophète, de sagesses, d’Hagiographie,
d’Oraisons Initiatiques, Incantatoires et Mystiques.
En 1346.h (1927), DIEU exauça ses vœux en le favorisant d’un séjour terrestre équivalent au nombre de versets de la ‘’les Groupes’’ (Sûratu-z-zumar) dont l’issue (le soixante douzième verset) est la
récompense d’une vie entièrement dévoué à DIEU :
‘’Ceux qui auront craint leur SEIGNEUR seront conduits par groupes vers le Paradis. Lorsqu’ils
seront en vue des portes, celles-ci s’ouvriront toutes grandes, les préposés leur diront : ‘’que la paix
vous suive! Vous avez été si vertueux, si purs. Entrez en cette demeure pour un séjour éternel’’. Les
voix des bienheureux s’élèveront en chœur : ‘’LOUANGE A DIEU’’
Commission Culturelle du Dahira des Etudiants Mourides de l’Université de Dakar.
TDM
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Au Nom d’ALLAH, le Clément, le Miséricordieux
“Les actions ne sont rétribuées que suivant les intentions qui les ont inspirées”
Mon intention, quant à moi, est de chercher la bénédiction de ces Seigneurs.
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1.
2.
Faut-il pleurer les nobles morts qui ont été pleurés même par la terre et les cieux ?
Je les pleure espérant de ce fait, la grâce de Celui en Qui ils se sont anéantis avec plaisir
3. O douleur! cette peine qui frappe mon âme par la perte d’éminents saints qui ont quitté ce
monde vers un Seigneur qui les a appelés aux délices !
4.
Les nuits aussi bien que les mois, les pleurent de même que le soir et le matin avec douleur
5. Ils furent des fidèles et sérieux serviteurs, obéissant à leur Maître et celui-ci Très Haut se montra
pour eux, un Seigneur Munificent et Miséricordieux
6.
Ils considéraient comme cause efficiente de catastrophes, le fait de manquer un “wird” ou de
se gaver d’aliments, fussent-ils licites aux yeux de la loi !
7.
Quand la nuit, de ses ténèbres opaques, couvrait la face du monde, ils se levaient en sursaut
pour vivifier la nuit noire.
8. Ils immolèrent toute passion et vanité à l’évocation de leur Seigneur créateur, sacrifiant leur
sommeil de nuit à l’intimité (avec ALLAH)
9.
La nuit, ils fuyaient leur lit, oubliant Salmà et “Laylà”(1) avec plaisir et satisfaction
10. La plus belle femme, apparaissait-elle dans toute sa beauté ils lui tournaient le dos pour
s’adonner, corps et âme, à leur Seigneur avec ferveur.
11. Ils oubliaient “Lylà” et “Soudà” (2) dans leurs prières se plaisant aux incantations et aux versets.
12.leurs sujets de conversation ne portaient jamais que sur la mention de L’Absolu, le Pourvoyeur
munificent. On n’entendait guère “Hind” ou “Lubnà” (3) dans leurs propos.
13. Gens qui, par les armes, vainquirent leurs ennemis et devinrent haut places, comblés de dons et
d’honneurs
14. Les principaux piliers de la maison des mystiques sont au nombre de quatre (4), servant de
fondation à l’édifice de la Sainteté (à savoir:)
15. Le silence et la faim patiemment endurée, la veillée et l’esseulement sous le guide d’un
directeur spirituel par les signes
16. Gens dont la voie préserve le disciple du mal provenant de Satan, le grand Rebelle et de toutes
sortes d’illusions
17. Leur conduite était de viser la Face d’ALLAH à l’exclusion de toute autre passion, appliquant les
principes qui éliminent les facteurs de la débauche.
18. A savoir le repentir, la crainte d’ALLAH, l’espérance, l’attrition permanente en se contentant du
strict nécessaire.
19. Le fait de tourner le dos à tout ce qui est temporel, puis, la probité et l’abandon à ALLAH ainsi
1 -noms de femmes arabes symbolisant ici la passion profane
2 -même chose que (1)
3 -même chose que (1), la passion profane : sensualité, le délicieux fùt-il licite ou nom et tout autre forme de plaisir ... etc...
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que la longanimité continuelle
20.La lutte contre l’âme charnelle, être reconnaissant envers ALLAH devant son vouloir
transcendant, être satisfait de ce qui est sa volonté et cesser de porter le regard sur l’état mondain
des créatures.
21. Le voyage des mystiques requiert dix (10) apprêts qui sont indispensables aux aspirants
déterminés:
22. La résolution qui précède le voyage, le guide qui n’est que le chef spirituel assez illuminé.
23. La ferveur pieuse qui sert de viatique, l’ablution qui tient lieu d’armes et qui élimine l’état
d’impureté
24. La répétition sans cesse du glorieux Nom d’ALLAH qui est leur lanterne, aussi un haut souci de
bonne volonté qui tient lieu de monture,
25. La conscience de son impuissance dans l’abandon à ALLAH, sert au sùfî de bâton d’appui, la
détermination qui, en réalité, est sa ceinture selon l’avis des gens de la voie
26. La “sharîa” constitue la route qu’il suit du début à la fin
27. Des frères de même but, déterminés, fidèles et sincères dans la fraternité, servant de
compagnons de route
28. Chacun de l’ensemble de ces nobles appartient à un haut rang, capable de protéger l’aspirant
contre le mal d’un rebelle pervers.
29. Chacun d’eux est un grand directeur spirituel, un érudit et un probe. Certains d’entre eux
éduquent par des incantations et des états mystiques.
30. Parmi eux, il y’en a qui élèvent leurs disciples, tout le temps, par un seul état, mais d’autres
éduquent et élèvent par des signes (efficaces)
31.Chacun est un connaisseur sagace, connaissant l’ensemble des maladies spirituelles, préservant
les aspirants (le mouride ) de diverses sortes de malheurs
32. Chacun est un noble, généreux, dévot et sage, prodiguant les plus précieux conseils à l’ensemble
des humains
33. Guérissant l’âme de tous ses vices, par sa ferveur, ayant reçu du Seigneur des sciences très
éminentes.
34. Vulgarisant les connaissances de la voie des “hommes d’ALLAH” pour tous ceux qui veulent s’y
soumettre, par des inspirations (divines)
35. Chacun a un souci très élevé par lequel il se hisse, tout le temps, vers l’Omnipotent qui confère
la force et l’illumination
36. Voyant clairement ce qui est caché, par l’oeil de son coeur4, de même qu’il scrute et discerne
4 -Le coeur est pour le soufisme, l’organe de la connaissance des mystères divins, (la science ésotérique). En effet, il existe une
“physiologie mystique” qui opère sur un corps subtil comportant des organes psycho-spirituels distincts des organes corporels,
si bien que ce qui est visé ici ce n’est pas l’organe de chair, bien qu’il existe une certaine connexion. Cet organe, comme tous les
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ce qui est dissimulé dans les ténèbres.
37. Chacun d’eux possède une lumière semblable à celle d’un soleil par laquelle il illumine toute
personne qui cherche à être éclairée.
38. Détaché de toute créature et attaché au Créateur, tenant un flambeau éblouissant et un secret
parmi les plus cachés
39. Il élimine du coeur de l’aspirant la ternissure des péchés ou la rouille des passions profanes qui
l’enveloppaient tel un laveur qui efface, du vêtement, l’immondice qui le souille.
40. Ces gens-là préservent du malheur leurs compagnons, procurant le bonheur éternel à leurs
disciples aspirants
41. Bonheur au serviteur, disciple sincère qui s’attache à eux par les services rendus, par l’amour ou
par des présents dont il les comble
42. En suivant l’exemple du Prophète élu, ils acquirent une éminence remarquable; Qu’ALLAH qui
accorde les dons, prie sur lui (le Prophète)
43. Ils obtinrent, en appliquant l’enseignement du très sûr Confident d’ALLAH (Que ma prière de
tous les temps lui soit accordée)
44. Ils obtinrent, par ce moyen des gloires et des honneurs que ni la plume par écrit, ni la langue en
verbe, ne sauraient exprimer
45. Parmi leurs mérites, on note le fait d’acquérir une forte érudition dans la “sharià” 5 comme dans
la “Haqîqa” 6 avant de s’entraîner dans la pratique du soufisme.
46. Car s’adonner à cette pratique et à la recherche de la sagesse avant l’acquisition de cette double
érudition, est compté parmi les causes d’illusion et de malheur
47. Il est de leur Sagesse de s’abstenir de parole et d’acte en toute chose, avant d’en avoir une vision
nette et des preuves irrécusables.
48. Il y est de professer, sans discontinuer, la crainte réelle d’ALLAH le Maître, à leur débuts comme
à leur fin.
49. Car à leurs débuts ils sont dominés par la crainte du péché et vers la fin (de leur vie) ils sont
préoccupés de vénérer la grandeur du Majestueux.
50. Encore de réprimer, sévèrement le désir de l’âme (charnelle) sans répit, loin de l’ostentation.
Cette âme qui détient l’art de trahir et d’abuser de la confiance.
51. Leurs critiques ne portant que sur eux mêmes et jamais sur les autres car ils se considéraient
trop petits pour mériter l’honneur ou les “charismes”.
52. Se considérant comme les plus cyniques des scélérats, indignes d’exaucement de prières.
autres, est susceptible de connaître une certaine pathologie: Si sa santé (sa possibilité de vision) est entretenue par les vertus (la
pureté), elle est cependant compromise (son aveuglement) par les vices qui entachent (les péchés).
5 -Sharia: la loi dans son aspect général et éxotérique
6 -Haqiqa: La Réalité, le sens ésotérique, la Gnose
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53. Il faut noter le fait d’être patient tout le temps, pour l’amour d’ALLAH, en transcendant
l’injustice des ennemis et les coups sévères du sort
54. Quand un malheur les frappait, ils se tournaient vers ALLAH se repentant de tous leurs péchés,
qui, à leurs yeux, sont épouvantables
55. Il fait partie de leurs belles caractéristiques -(que leur Seigneur soit satisfait d’eux)- d’être
tristes et inquiets tout le temps
56. L’exécration de l’hypocrisie constitue une de leurs caractéristiques, étant effrayés de la honte
dans la terreur du jugement dernier
57.L’humilité devant la grandeur du Maître, Dominateur Victorieux ainsi que la véridicité,
l’ascétisme et la purification des tâches
58. L’abandon total et permanent au Seigneur Clément sur Qui ils comptent pour écarter le mal et
attirer le bien, sans plaintes.
59. Chez eux, être savant est une chose traditionnelle, être sage est une coutume, loin des
prétentions et des contestations en ce qui concerne les stations mystiques
60. Je gémis dans ma douleur causée par la perte de ces nobles Seigneurs dont la voie suivie est
celle de l’Elu, la meilleure des créatures.
61.La bénédiction et le salut de l’Envoyeur, lui soient accordés avec sa Famille et ses Compagnons
qui gagnèrent le Paradis,
62. Sur Lui la plus éminente prière et la paix de son Investisseur nous mettant (nous même) hors
des périlleuses illusions
63. Sur Lui la prière et le Salut de son Créateur, sur sa Famille et ses Compagnons qui obtinrent des
dons particuliers
64. Sur Lui la plus pure prière accompagnée du Salut de son Maître, nous accordant (nous- mêmes)
l’illumination
65. Sur Lui la bénédiction et le Salut de son Bienfaiteur (Celui qui accorde la fortune) sur sa Famille
et ses Compagnons assujettis à l’obéissance à ALLAH
66. Sur Lui la plus pure prière, accompagnée du Salut de Celui qui l’honore, nous faisant obtenir des
“charismes”
67. Sur Lui le salut et la prière de Celui qui L’a rendu meilleur, Le mettant au-dessus de tous, sur sa
Famille et ses Compagnons qui obtinrent les privilèges d’ALLAH
68. Sur Lui la plus parfaite prière et le salut de Celui qui a fait de lui le plus noble Prophète, nous
accordant par Sa pure grâce la levée des “voiles”
69. Sur Lui et sur sa Famille la prière et le salut du nombre des créatures de Celui qui L’a mis en
toute évidence, au dessus de tous les humains;
70. Sur lui la plus pure prière et la bénédiction de Celui qui lui a accordé la grande éminence nous
faisant réaliser une grande élévation
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71. Je gémis sur la perte des Nobles passés qui ont disparu emportant avec eux les plus merveilleux
viatiques
72. Sur le Guide Eternel qui est leur Exemple, la paix de l’Agréeur qui les a appelés pour une
rencontre
73. Sur L’Ami préféré d’ALLAH, le fils d’Abd Allah, notre seigneur, la prière du Protecteur qui les a
protégés contre tout malheur.
74.Sur Celui qui Intercédera le jour du Rassemblement en faveur des bien heureux la bénédiction
du Sauveur qui les a délivrés des perfides pièges (tendus par Satan)
75. Sur Celui dont les avantages sont infinis, la bénédiction du DIRIGEANT qui les a mis dans le
chemin de la rectitude.
76. Sur l’Elu honorable, qui est le meilleur de toutes les créatures, la paix du Pourvoyeur
Munificent qui les a récompensés des meilleurs biens.
77. Sur Lui et sur son illustre Famille, les plus durables paix et salut, à chaque instant.
78. Sur tous les Compagnons et seigneurs, l’agrément du MAÎTRE de la terre et des cieux.
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