peinture - La GAD MARSEILLE
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peinture - La GAD MARSEILLE
Jean-Jacques Horvat PEINTURE “Lorsque la vie vous force à regarder une chose longtemps, il se peut que vous finissiez par mieux la comprendre.” Arturo Perez-Reverte Tas de bois huile sur toile 97X135cm 2007 Tas de terre huile sur toile 160X240cm 2007 Tas de plastique huile sur toile 160X240cm 2008 Tas de canard huile sur toile 180X216cm 2008 Tas de chiens huile sur toile 170X200cm 2007 “Je crois que la peinture est le médium le plus simple. Vous n’avez besoin que de châssis, de toiles, de peinture et de pinceaux. C’est la façon d’utiliser le minimum de moyens pour obtenir un résultat maximum.” Cette remarque de Yang Pei Ming illustre assez justement le parcours de Jean-Jacques Horvat qui est revenu à la peinture alors que ses projets d’installation devenant plus coûteux et contraignants, il avait le sentiment de perdre un peu de sa liberté. Mais l’on retrouve dans sa peinture les préoccupations que l’on trouvait déjà lorsqu’il disposait ce qui l’entourait sur des socles et des étagères dans une sorte de focalisation de ce qui fait notre environnement. Isoler pour mieux voir dans ce que Pierre Paliard appelle une “mise en ordre de la confusion”. Ainsi il peint non pas pour entretenir ou créer une confusion de plus, mais pour éclaircir, simplifier. Non pas pour faire ou inventer une image de plus, dit-il, mais pour montrer une chose déjà existante. Voilà pourquoi il n’y a ni affecte, ni mythologie personnelle, mais au contraire analyse clinique, description froide d’un monde dont la beauté intrinsèque ne nécessite ni artifice, ni maquillage. Les objets sont alors décrits pour eux-même sur fond blanc en étant soit simplement posés là, soit, seule concession à la composition, en tas, parce que c’est là la manière la plus neutre de présenter de la matière ou un ensemble d’objets. Mais que l’on ne se trompe pas sur l’apparente facilité de la chose. Pour chaque tableau l’artiste fait en moyenne un millier de prises de vues, ne voulant pas faire de choix avant d’avoir ‘épuisé’ son sujet, et l’on comprend pourquoi vu le temps passé à peindre une toile, en l’occurence de un à trois mois d’un travail quotidien. Et voilà que l’hyperréalisme de Horvat trouve tout son sens. Effectivement si l’on considère que l’importance que l’on accorde aux choses est proportionnelle au temps qu’on lui consacre, le temps passé à détailler par la peinture le monde qui l’entoure justifie à lui seul l’emploi de cette technique mise au service d’une démarche contemplative. Peindre devient ainsi plus important que le résultat lui-même. “Faire un travail minutieux, c’est passer énormément de temps sur une chose. C’est privilégier le faire plutôt que le résultat, (...) c’est de faire du processus un contenu, de faire que le processus de production artistique devienne l’art lui-même.” (Phil Glass) C’est comme si la peinture paliait à l’austérité de ce que l’on aimerait faire voir. Plutôt que de mettre un tas de terre sous les yeux d’un public qui ne prend plus la peine de s’arrêter et de le voir, se servir de la séduction de la peinture pour attraper son attention. La peinture servirait ici de pont, d’intermédiaire; un doigt pointé sur la beauté de l’ordinaire. Et l’on touche alors l’autre raison qui pousse actuellement Jean-Jacques Horvat à la peinture. C’est qu’il s’est rapidement trouvé confronté à un problème de communication. Alors qu’il aspirait à un travail qui sache trouver une résonace chez le plus grand nombre, il s’est retrouvé à devoir parler à la place de ses oeuvres, ce qui était à l’opposé de ce qu’il souhaitait pour son travail qu’il voudrait autonome, proche en cela de cette universalité que Kant ambitionnait pour l’esthétique. Un travail accessible à tout le monde et qui se passerait de l’intervention d’un discours. Plutôt que de chercher à faire l’unanimité, un travail qui chercherait donc à se mettre à la portée du jugement de chacun en dehors de toute éducation particulière, de toute connaissance spécifique et exclusive. Une esthétique qui passerait par la beauté, non pas considérée comme fin en soi mais comme moyen, lequel, plutôt que de choisir le tapage pour interpeler, opterait pour la douceur. Se tenant donc volontairement à l’écart de ce Marc Jimenez appelle “la frénésie du nouveau”, l’artiste fait ici le choix d’un médium aussi familier que la peinture à l’huile dans un hyperréalisme au pouvoir de séduction évident. Faire appel à cette esthétique désormais bien ancrée dans l’inconscient collectif est une manière de toucher certainement plus de monde que s’il faisait le choix du jeux de la trangression et de la provocation auxquels on assiste souvent. Mais ici se glisse insidieusement un de ses plus grands défis parce qu’exprimer des idées avec une méthode dont la lecture est à ce point ancrée dans les habitudes esthétiques n’est pas chose aisée car si l’on n’y prend garde, la technique et l’attrait qu’elle exerce a tôt fait d’occulter tout message. Et c’est là qu’intervient l’importance du choix des sujets qui n’est pas exempt d’un certain cynisme consistant à passer énormément de temps à représenter des choses à priori futiles ou que la société actuelle juge insignifiantes. Mais malgré tout, si Michel Onfray souligne que le Beau universel, celui qui serait au-dessus de toute culture et civilisation est une fiction, peut-être y-a-t-il plus de chance de s’en approcher dans un style hors de modes ou d’une historicité trop marquée, et quelle expression est plus universelle et éternelle que celle qui cherche à témoigner au plus près de ce que le monde a de plus beau? Il y a en tous cas un langage commun à tout le monde et c’est celui de la performance et lorsque Chuck Close affirme que la facilité est le grand ennemi de l’artiste on ne peut qu’y adhérer tant une démarche qui fait appel à une patience extrème, ou le dépassement de soi, est séduisant pour celui qui en est le témoin, force le respect, et alors l’étonnement offre une oreille plus attentive à ce qui est ainsi exprimé. A. Vorth Noeud d’herbe huile sur toile 115x165 cm 2009 Concombre de mer huile sur toile 115x165cm 2009 “La peinture est pour moi le plus magique de tous les modes d’expression. La sculpture occupe un espace réel. On tourne autour et on établi avec l’oeuvre le même type de lien spatial qu’avec une personne. Alors que la peinture transcende le fait que ce n’est que de la poussière colorée répandue sur une surface plane. Elle crée l’espace là où il n’y en avait pas.” Chuck Close Bouddha-chien huile sur toile 160X240cm 2008 Pot de fleurs huile sur toile 97X135cm 2005 Camion de pompier huile sur toile 114X165cm 2006 Robot huile sur toile 114X165cm 2005 nu accroupi et fauteuil (dyptique) huile sur toile 135X194cm 2005 Young-hee huile sur toile 71X103cm 2006 Buste aux piercings huile sur toile 71X103cm 2005 Sans titre huile sur toile 51X80cm 2008 vue de l’exposition de ‘La Chaufferie’ 321X331cm mars 2005 Le temps est certainement l’élément important dans cette peinture. C’est le temps de l’observation, le temps passé à interroger notre environnement. Le temps que l’on n’a plus et que matérialise ici une minutie descriptive qui nous plonge dans l’intimité d’une matière, d’un objet, de sujets qui ne se veulent pas spectaculaires, mais au contraire communs, ou à première vue insignifiants. Car comme le laisse entendre Jean-Jacques Horvat, fixer son attention sur quelque chose d’extraordinaire relève de l’admiration, alors que la fixer sur quelque chose d’ordinaire relève plus de l’interrogation... Il est d’ailleur à noter que c’est une peinture non narrative qui tente par ce biais de détourner le moins possible l’attention de la matière dont l’image est faite. Cette sobriété des sujets fait que l’on oublie moins que l’image n’est pas qu’une représentation mais qu’elle est aussi un assemblage de matières, une construction concrète, une sorte de sculpture à deux dimensions... Une peinture qui n’est pas prétexte à nous éloigner de la réalité mais qui témoigne au contraire de l’acuité de l’attention que l’on porte à ce qui nous entoure et qui fait de ce travail comme un témoignage, ou peut-être mieux, une mise en image de l’acte contemplatif. Marjorie Deshayes Jean-Jacques Horvat 3, rue Jaubert 13005 Marseille 06 64 80 42 23 formation et enseignement: 1993-2003: professeur de dessin et peinture, atelier des ‘Bateliers’, ateliers Graphigro, atelier privé. 1992: professeur d’arts plastiques, collège Chopin, Nancy 1991 : 4ème année, section communication, Ecole de l’Image, Epinal 1990 : diplôme national d’arts plastiques, DNAP, (félicitations du jury), école des Beaux-Arts, Epinal 1989 : certificat d’enseignement d’arts plastiques, CEAP, école des Beaux-Arts, Mulhouse expositions récentes, résidences et bourses: 2009 : exposition collective, ‘A vendre’, galerie Montgrand, Marseille 2008 : bande dessinée, projet éditorial autour d’E. A. Poe, éd. Asteure 2007 : exposition collective, ‘Etat des lieux’, Strasbourg 2006 : exposition collective, espace ‘Mérat workteam’, Strasbourg 2005 : exposition collective à ‘La Chaufferie’, Strasbourg 2010 : exposition collective, ‘A vendre’, galerie Montgrand, Marseille aide à l’équipement de la DRAC Paca 1999-2002 : résident des ateliers du CEAAC (Centre Européens d’Action Artistique Contemporaine), Strasbourg