Jean-Baptiste Salvaing Jessica Schneider
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Jean-Baptiste Salvaing Jessica Schneider
2,20 € mercredi 15 juin 2016 LE FIGARO - N° 22 347 - www.lefigaro.fr - France métropolitaine uniquement Première édition lefigaro.fr « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais CASSEURS LA MANIFESTATION ANTI-LOI TRAVAIL PROVOQUE DE VIOLENTS INCIDENTS À PARIS PAGE 10 BREXIT LA PERSPECTIVE D’UNE SORTIE DU ROYAUME-UNI AFFOLE LES MARCHÉS PAGE 22 Jean-Baptiste Salvaing Jessica Schneider Secrétaire administrative au commissariat de Mantes-la-Jolie, 36 ans Victimes de la barbarie islamiste Les deux policiers ont été assassinés à leur domicile par un fanatique religieux se réclamant de Daech. PAGES 2 À 6 ET L’ÉDITORIAL Jean-Baptiste et Jessica, passionnés et généreux Le tueur, un ancien des filières afghanes, condamné en 2013 « Sidérés », les policiers réclament de nouveaux moyens juridiques Montbrial : « Se préparer à prendre et à rendre les coups » Qualifiés d’« exemplaires » par leur hiérarchie et unanimement appréciés, Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider avaient emménagé à Magnanville il y a un an et demi. Ils ont eu un fils, aujourd’hui âgé de 3 ans, seul rescapé de la tuerie. Il va devenir pupille de la nation, comme son demi-frère, issu d’une précédente union du commandant de police. Passé par les filières afghanes, condamné en 2013 pour son passé djihadiste avant d’être libéré sous conditions, repéré par l’Administration pénitentiaire pour son prosélytisme islamiste : Larossi Abballa était bien connu des autorités. Mardi, le procureur de la République de Paris a indiqué qu’il était surveillé dans le cadre d’une enquête sur une filière de départ vers la Syrie. En première ligne face à la menace depuis les attentats de 2015, les policiers sont « sidérés ». «Cet attentat rajoute à une espèce de psychose », explique le secrétaire général du Syndicat des cadres de la sécurité intérieure. Ils ont obtenu mardi soir du ministère de l’Intérieur que le port d’arme hors service reste autorisé après l’état d’urgence. Pour l’avocat Thibault de Montbrial, président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure, l’opération « Sentinelle » n’est plus adaptée. Il estime aussi qu’une réflexion doit être menée sur la création d’une réserve citoyenne autorisée à porter des armes dans les lieux publics. (Lire aussi les tribunes d’Hugues Moutouh et de Christophe de Voogd, page 18.) @ FIGARO OUI FIGARO NON Réponses à la question de mardi : Après la journée de manifestations de mardi, pensez-vous que les grèves vont s’arrêter ? OUI 28 % NON 72 % TOTAL DE VOTANTS : 24 809 Votez aujourd’hui sur lefigaro.fr État d’urgence : faut-il prendre de nouvelles mesures d’exception contre le terrorisme ? LES ATELIERS FIGARO AVEC INVENTER DEMAIN Retrouvez l’interview d’Antoine Cahuzac ÉDITORIAL par Yves Thréard [email protected] Au nom de tous les policiers J ean-Baptiste Salvaing, 42 ans, était policier. Un islamiste l’a assassiné devant chez lui lundi soir, près de Mantes-laJolie. Le fanatique a aussi tué sa femme, Jessica Schneider, 36 ans, auxiliaire de police, sous les yeux de leur enfant. Pourquoi eux, pourquoi ce policier ? On pense d’abord à leur petit garçon de 3 ans, aujourd’hui orphelin, et à son frère. On pense également à tous ses collègues, aux 150 000 policiers qui, chaque jour, avec les gendarmes et les militaires de l’opération « Sentinelle », tentent de protéger notre territoire de la menace terroriste et assurent notre sécurité. Plus que jamais, en cette période de pagaille généralisée, ces hommes et ces femmes sont appelés sur tous les fronts. Sans répit, jusqu’à l’épuisement. Hier encore, à Paris, où plusieurs centaines de casseurs encagoulés les ont provoqués dans un rituel aussi violent qu’intolérable. Il est bien loin le temps où, après les massacres de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, les forces de l’ordre étaient saluées, applaudies et célébrées pour leur fier courage. L’hommage aura été de courte durée. Depuis, le mauvais esprit et la détestation du flic ont repris du service. Des affiches d’une officine de la CGT ont comparé les policiers à des assassins. Les opposants les plus acharnés au projet de loi travail et les paumés de Nuit debout ne cessent de les insulter et de les caillasser. Des « journaleux » et intellectuels en mal de publicité les couvrent d’infamie. Honte à eux, à ces ennemis de la police qui, par leurs propos et leurs actes, alimentent la haine de ceux qui veulent frapper la France. La haine barbare Honte à ceux de ces islamistes de Mohamed qui alimentent qui, Merah à l’assassin la haine contre de Jean-Baptiste Salvaing en pasles forces sant par les frères de l’ordre Kouachi, ont tous, sans exception, été un jour arrêtés par la police. Celle-ci les a repérés, fichés, livrés à la justice avant qu’à la faveur d’une faille de notre système pénal ils se retrouvent en liberté pour commettre le pire. Là est le scandale qu’il faut dénoncer. Au nom de tous les policiers qui traquent les islamistes sans relâche. En mémoire du commandant Salvaing et de son épouse, tombés au champ d’honneur. ■ PAGE 3 et sur inventerdemain.lefigaro.fr AND : 2,40 € - BEL : 2,20 € - CH : 3,50 FS - CAN : 4,75 $C - D : 2,70 € - A : 3,20 € - ESP : 2,50 € - Canaries : 2,60 € - GB : 2 £ - GR : 2,80 € - DOM : 2,50 € - ITA : 2,60 € - LUX : 2,20 € - NL : 2,70 € - PORT.CONT : 2,50 € - MAR : 18 DH - TUN : 3,50 DT - ZONE CFA : 2.000 CFA ISSN 0182.5852 A M 00108 - 615 - F: 2,20 E 3’:HIKKLA=]UWWUX:?k@g@b@p@a"; SÉBASTIEN SORIANO/LE FIGARO TWITTER / POLICE NATIONALE - GILLES BASSIGNAC/DIVERGENCE Commandant de police au commissariat des Mureaux, 42 ans mercredi 15 juin 2016 LE FIGARO 2 L'ÉVÉNEMENT Larossi Abballa, auteur de l’assassinat du couple tué lundi soir à Magnanville. DR CARTE 10 km Un véhicule du Raid arrive sur le lieu du drame, lundi soir, à Magnanville (Yvelines). Mantes-la-Jolie Les Mureaux Magnanville Versailles Yvelines UN AMI POLICIER REND HOMMAGE AU COUPLE Éric, policier d’une BAC des Yvelines, est un proche du couple assassiné. Il a rédigé un texte pour rendre hommage à Jessica Schneider et JeanBaptiste Salvaing. Cette lettre a beaucoup circulé mardi au sein des services dans lesquels ils ont travaillé. Notre ami JB tu nous as quittés, évidemment trop tôt, la gentillesse personnifiée, ton professionnalisme, ton humour, ton amitié indéfectible. Ton flegme inébranlable, tes éclats de rire, ton regard rieur et ta coupe de kiki vont nous manquer. Sans oublier ta chérie Jess, adorable bout de femme également emportée dans la tourmente laissant derrière vous votre petite tête blonde que nous essaierons de chérir pour vous. Rien ne vous remplacera dans nos cœurs… Reposez en paix nos amis. » M. ALEXANDRE/AFP Larossi Abballa, terroriste surveillé et tueur de policiers Condamné en 2013 puis libéré, l’homme qui a assassiné lundi un couple de fonctionnaires de la police était sur écoute dans le cadre d’un autre dossier antiterroriste. JEAN-MARC LECLERC £@leclercjm « L’HORREUR absolue ! » Deux fonctionnaires de la police tués à l’arme blanche à leur domicile par un fanatique religieux de 25 ans. Le drame s’est déroulé à Magnanville, petite banlieue des Yvelines, dans la nuit de lundi à mardi. Les victimes sont un commandant de police du commissariat des Mureaux, Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, et sa compagne, Jessica Schneider, 36 ans, secrétaire administrative au commissariat de Mantes-la-Jolie, qui fut séquestrée dans sa maison, avec son fils de 3 ans, avant d’être égorgée. Seul l’enfant a survécu. Les policiers du Raid, qui ont dû abattre le terroriste, ont retrouvé l’enfant dans « un état de sidération » mais indemne, a rapporté le procureur de la République de Paris, François Molins. Le tueur, Larossi Abballa, est un ancien des filières afghanes. Ces mêmes filières de recrutement de « combattants » empruntées par un certain Mohamed Merah. La police, l’État, la République n’ont pas de mots assez forts pour qualifier ce double assassinat de Magnanville. Le commandant Salvaing et sa compagne étaient unanimement appréciés. Lors de l’agression dont il a été victime, Jean-Baptiste Salvaing a agi avec bravoure, demandant aux riverains de fuir et d’appeler ses collègues, avant que le tueur ne revienne à la charge pour lui porter les coups fatals. Ce policier s’est comporté en héros. Le gouvernement redoutait un acte terroriste lors de l’Euro 2016 de football. Il se concentrait notamment sur les fans zones. Et comme toujours, l’« ennemi » a frappé là où on ne l’attendait pas. L’État islamique a aussitôt revendiqué ces crimes, puisqu’il les a, d’une certaine manière, commandités, en appelant ses « soldats de l’ombre » à « porter le fer » sans même lui demander la permission. Larossi Abballa a affirmé « avoir prêté allégeance trois semaines plus tôt au commandeur des croyants de l’État islamique Abou Bakr al-Baghdadi et a ajouté “ Les écoutes ne suffisent pas. À un moment donné, il faut aller écouter derrière les portes ” UN COMMISSAIRE DE LA POLICE JUDICIAIRE avoir répondu à un communiqué de cet émir qui demandait de “tuer des mécréants, chez eux, avec leur famille” », a ainsi déclaré mardi le procureur de Paris François Molins. L’assassin avait donc été condamné en 2013 pour son passé djihadiste, arrêté en 2011, puis libéré sous conditions, au lendemain de son procès, après deux ans de détention provisoire. Car le juge Marc Trévidic, qui avait instruit les faits autrefois, en cosaisine avec un autre juge, avait tenu à le maintenir derrière les barreaux tout le temps de son instruction. Lui retient le profil « dur, but- té » de ce candidat au djihad qui rejetait « la justice des mécréants » et « refusait de répondre aux questions ». Le plus incroyable est que, comme Merah, comme Coulibaly, comme les frères Kouachi et bien des islamistes radicaux qui se sont illustrés dans les attentats de 2012 puis 2015 en France, le « terroriste meurtrier » Larossi Abballa a échappé à la vigilance des autorités. Il était, comme on dit de nos jours, « sorti des radars ». Et pourtant, aux dires du patron du parquet de Paris, « pendant son incarcération, Larossi Abballa s’est livré à des actes de prosélytisme d’islamisme radical qui lui avaient valu d’être remarqué pour cela par l’Administration pénitentiaire. » Selon ce magistrat, « à sa sortie de détention - puisqu’il était suivi dans le cadre d’un sursis avec mise à l’épreuve, auquel il avait été condamné, et ce jusqu’au 30 novembre 2015 -, il a été astreint à un certain nombre d’obligations et notamment des convocations de la part du service pénitentiaire d’insertion et probation. » Mais « aucun incident » notable, selon le procureur. Même ses retards étaient apparemment justifiés par le travail qu’il s’était trouvé. Pour ses voisins, ses amis, Larossi Abballa, qui se baptisait lui-même Dr Food, était un sympathique livreur de burgers, sandwichs et autres bons petits plats dans sa ville de Mantes-laJolie. Pour les autorités, il était redevenu un suspect surveillé. Le procureur Molins le reconnaît : il faisait « partie des personnes visées Photo non datée de Jean-Baptiste Salvaing, de sa compagne, Jessica Schneider, et de leur fils. Le couple a été assassiné, lundi soir, à Magnanville par Larossi Abballa. DR par des investigations actuellement conduites, sur commission rogatoire, par un magistrat instructeur antiterroriste ». Une procédure ouverte contre X, depuis le 11 février 2016, sur une filière djihadiste « de départ vers la zone syrienne ». Preuve qu’une A Retranché dans le pavillon de ses victimes, il diffuse un appel au meurtre ON REDOUTAIT un nouvel attentat au milieu d’une foule, à l’occasion de l’Euro. L’horreur a finalement frappé dans un quartier tranquille et pavillonnaire de Magnanville, dans les Yvelines. À l’entrée d’une impasse. Ce lundi 13 juin en début de soirée, peu avant 20 heures, Larossi Abballa est là, dissimulé derrière le portail du jardin du couple qu’il a pris pour cible. Presque des voisins. Le tueur habite en effet à quelques kilomètres de ses victimes, dans la ville voisine de Mantes-la-Jolie. Dans un autre décor. Celui du Val Fourré, un quartier réputé sensible, mais qui, depuis un programme de réhabilitation, a retrouvé une allure plaisante. Les tours insalubres ont été remplacées par des petits immeubles, comme celui où demeure Larossi Abballa avec ses parents qui, sur le palier de leur appartement au troisième étage, ont disposé des plantes vertes. Pour mettre à exécution son forfait préparé à l’avance, le terroriste est d’ailleurs seul chez lui depuis quelque temps. Ses parents sont retournés au Maroc au chevet de sa grand-mère, souffrante. Lors des préparatifs, il s’équipe de plusieurs armes blanches et arrive sur place où il surprend le policier, Jean-Baptiste Salvaing. Alors que ce dernier est dans le jardin, il lui porte plusieurs coups de couteau. La suite des faits est relatée dans une note de service de nuit de la sûreté départementale des Yvelines, dont Le Figaro a eu connaissance. La victime, qui veut semer le tueur, hurle autour de lui pour demander des secours et que l’on se mette aussi à l’abri. Mais son meurtrier le rattrape et le poignarde à nouveau. « Des voisins présents qui ont appelé la police ont assisté à une scène épouvantable. Des gens criaient dans la rue. Il y avait du sang partout », relate Sandrine Martins, première adjointe de Magnanville arrivée à ce moment-là dans le quartier. « Les sapeurs pompiers, rapidement mobilisés, ont essayé de réanimer le fonctionnaire dans la rue. Mais celui-ci est décédé peu après », dit-elle, en évoquant « neuf plaies » dé- nombrées sur le corps de la victime. « Les témoins venus porter assistance ont distinctement entendu le meurtrier proclamer qu’il avait tué au nom de l’État islamique (…) et qu’il avait préparé une surprise », rapporte la même note de service de police des Yvelines. Une froide exécution Pendant ce temps, Larossi Abballa s’est retranché dans le pavillon de sa victime et assassine sauvagement sa compagne. En lui tranchant la gorge, il tue Jessica, une femme de 36 ans, secrétaire administrative au commissariat de Mantes-laJolie. Une froide exécution, en présence du fils du couple, âgé de 3 ans. L’enfant est épargné par le tueur. « C’est aujourd’hui un petit orphelin », se désole le maire de la ville, Michel Lebouc, qui a passé la soirée sur place et qui reste médusé, ce mardi, quand une journaliste britannique lui demande s’il s’attendait à cette attaque. « Comment voulez-vous ! C’est un coin tellement tranquille ici », répond-il. Très rapidement et alors que le tueur est toujours dans le pavillon, le quartier est bouclé dans l’attente de l’arrivée du Raid. La suite est racontée par le procureur de Paris, François Molins, lors d’une conférence de presse, ce mardi. Durant les négociations engagées par la police avec le terroriste, celui-ci met en avant son engagement religieux. « Le tueur a indiqué être musulman pratiquant, faire le ramadan et a précisé qu’il avait prêté allégeance trois semaines plus tôt au commandeur des croyants de l’État islamique, Abou Bakr alBaghdadi », précise le magistrat en soulignant que « la qualité de policier de la victime » était parfaitement connue du meurtrier. Celui-ci « a expliqué avoir répondu à un appel du chef de l’EI, demandant de tuer des mécréants, chez eux avec leur famille », a ajouté le procureur. À minuit passé, l’assaut est donné au cours duquel le terroriste est tué. Une mise en scène odieuse sera découverte par la suite. Peu après avoir exécuté le couple, Larossi Abballa se filme en gros plan dans le pavillon de ses victimes. Sur cette vidéo de propagande de 12 minutes où il apparaît calme, souriant et lisant manifestement son texte, il indique « qu’il faut mener des attaques comme l’a demandé le cheikh Abou Mohammed alAdnani », porte-parole de l’EI. S’adressant aux musulmans vivant dans l’Hexagone, il dit : « Faites tremblez la France et leurs âmes. » Puis il désigne ceux qu’il faut prendre pour cible : des surveillants pénitentiaires, des policiers, des journalistes dont il livre des noms, des élus et des rappeurs. « Tuez-les », dit-il en boucle. Et d’annoncer : « On vous réserve d’autres surprises pour l’Euro. Nous allons faire de l’Euro un cimetière. » Via son compte Facebook et peu avant 21 heures, le tueur envoie cette longue logorrhée filmée à une centaine de contacts. En même temps, il poste des photos de ses victimes. Le policier y apparaît en tenue. Sa conjointe est photographiée tuée. Comme une preuve de son passage à l’acte adressée au chef de Daech. ■ A. N. LE FIGARO mercredi 15 juin 2016 L'ÉVÉNEMENT 3 Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a annoncé, mardi, que les drapeaux seraient en berne pendant trois jours dans tous les édifices de son ministère, en mémoire du couple de policiers assassiné lundi à Magnanville (Yvelines). Ci-contre, le commissariat de police des Mureaux où travaillait le commandant Jean-Baptiste Salvaing. THOMAS SAMSON/AFP Une femme blessée par un déséquilibré Une étudiante de 19 ans a été grièvement blessée de trois coups de couteau mardi à Rennes par un homme aux lourds antécédents psychiatriques, disant obéir à des voix lui ayant ordonné de faire un sacrifice pour le ramadan. L’homme interpellé, âgé de 32 ans, qui a réalisé plusieurs séjours en hôpital psychiatrique, a été interpellé, examiné par un médecin et hospitalisé immédiatement sous contrainte en hôpital psychiatrique. partie des réseaux qui prêtaient hier allégeance à al-Qaida n’ont aucun scrupule à se ranger sous la bannière de Daech. Le magistrat l’assure : « Dans le cadre de ce dossier, plusieurs interceptions téléphoniques et géolocalisations ont été Les Ateliers Figaro ordonnées », notamment sur « les lignes utilisées par Larossi Abballa ». Pour quels résultats ? Visiblement, les islamistes ont appris depuis longtemps à se jouer des surveillances à distance. Il faut se méfier du « fétichisme technologique », ne cesse de professer le crimi- en partenariat avec nologue Alain Bauer. « Les écoutes ne suffisent pas, renchérit un commissaire de la police judiciaire. À un moment donné, il faut aller écouter derrière les portes, se rapprocher au maximum des sources humaines. » La police s’attache aujourd’hui à remonter le film des événements pour empêcher d’autres drames. Elle a saisi à l’intérieur du pavillon de Magnanville, selon François Molins, « une liste de cibles mentionnant des personnalités ou des professions, rappeurs, journalistes, policiers ou personnalités publiques ». Ont aussi été retrouvés trois téléphones, trois couteaux, dont l’un ensanglanté. Dans son véhicule, près du pavillon : « un coran, une djellaba », des livres religieux. Aucune arme ni explosif n’a été retrouvée au domicile de l’assaillant. Mais ses comptes Internet, ses appareils numériques sont tous épluchés pour remonter ses contacts. À ce stade, trois personnes, dans son entourage, âgées de 27, 29 et 44 ans, ont été placées en garde à vue mardi. L’un de ces trois suspects figure parmi les huit membres de la filière djihadiste pakistano-afghane au sein de laquelle Abballa s’était illustré, il y a cinq ans, même s’il n’avait pu rejoindre alors les zones de combat. Lors de son procès en 2013, Larossi Abballa se présentait comme la victime d’un « effet de groupe ». Il déclarait : « J’avais besoin de reconnaissance, je ne travaillais pas et je venais de rater mon CAP. » Le procureur en 2013 estimait que « comprendre comment on passe des Mureaux au Waziristan » permettrait à la justice d’intervenir plus en amont. Pour ne plus avoir, en permanence, un coup de retard. À condition, bien sûr, de suivre sans faille les sorties de peine… ■ Jessica et Jean-Baptiste, passionnés et généreux MARIE-ESTELLE PECH ET ANGÉLIQUE NÉGRONI LEUR petit garçon dans les bras, JeanBaptiste Salvaing et sa compagne Jessica Schneider posent, souriants, sur une photo festive. L’image des jours heureux d’un couple de fonctionnaires de police qualifié « d’exemplaires » par leur hiérarchie. Ils avaient emménagé, il y a un an et demi, dans une petite maison de la commune de Magnanville (Yvelines), à proximité de leurs lieux de travail respectifs. Âgé de 42 ans, Jean-Baptiste, promu commandant, était affecté au commissariat de police des Mureaux en qualité d’adjoint au chef de la sûreté urbaine depuis 2014. Il y menait des investigations sur la petite et moyenne délinquance locale. Nommé lieutenant en 2001, après un bac + 5 et sa réussite au concours d’entrée dans la police, il aura effectué toute sa carrière dans la sécurité publique des Yvelines. Entre autres postes, il avait notamment été chef de la brigade anticriminalité de nuit de Mantes-la-Jolie. En 2005, il s’était distingué pendant les émeutes urbaines et avait reçu la médaille d’argent « pour acte de courage et de dévouement ». Il avait aussi reçu la médaille de bronze en 2008 : alors qu’il était hors service, il avait porté secours à une femme qui se faisait agresser. « Il était policier à chaque instant. Ce type de parcours, en quinze ans de carrière, n’est pas si fréquent », explique-t-on à la police nationale où l’on décline ses arrestations de proxénètes ou la résolution de tel acte de vandalisme à laquelle il avait largement contribué. Sabrina, qui l’a côtoyé dans le cadre d’un mandat syndical, décrit un « excellent policier, toujours dynamique, bon manager, irréprochable, gentil ». Il était père de deux garçons. L’aîné, âgé de 11 ans, issu d’une première union, n’était pas présent chez son père lundi. Le second, âgé de 3 ans, est le seul rescapé de la scène de crime. Jean-Baptiste Salvaing était originaire de Pézenas (Hérault) où résident encore ses parents et sa sœur. « Son grand-père et son père sont médecins, il a passé toute sa jeunesse ici avant de partir en région parisienne pour y travailler mais il reve- nait régulièrement pendant les vacances. On le voyait parfois faire visiter le centre historique à des collègues policiers », raconte l’un de ses amis d’enfance qui décrit un homme très sportif, qui jouait dans le club de basket local. Il avait ensuite appartenu au club de rugby de Pézenas dont son père était président. « C’était un homme généreux, engagé et discret », raconte-t-il. Les mêmes qualificatifs et louanges abondent au sujet de sa compagne, Jessica Schneider, 36 ans, qui était originaire de la région parisienne. « JeanBaptiste et Jessica étaient comme des jumeaux aux tempéraments engagés, généreux et sympathiques », résument leurs proches. “ C’était une professionnelle efficace et joviale d’une profonde gentillesse, à l’écoute de tous ” DES PROCHES DE JESSICA SCHNEIDER Agent administratif au commissariat de Mantes-la-Jolie depuis 2009, la jeune femme était entrée dans la police en 2005. « Extrêmement bien notée » par sa hiérarchie « avec des commentaires dithyrambiques », c’était une professionnelle efficace et joviale d’une « profonde gentillesse, à l’écoute de tous. Son bureau était toujours ouvert ». Créative, elle était passionnée par le Japon et s’intéressait vivement à la méditation et à la spiritualité orientale, au feng shui. Elle avait aussi un lien particulier avec la Martinique. Très sensible, « elle débordait d’amour » pour son fils et pour son compagnon avec qui elle était pacsée, rapportent ses collègues. Jessica participait à la vie scolaire de la commune où son fils est scolarisé en petite section de maternelle. Elle était aussi particulièrement active au sein d’une association créée pour rendre hommage à Marie-Christine Baillet, une jeune policière de 32 ans tuée en juin 1991, dans l’exercice de ses fonctions, dans un contexte de violences urbaines dans le quartier du Val Fourré (Mantes-la-Jolie). ■ présentent Inventer demain Énergies renouvelables : le Groupe EDF franchit une nouvelle étape respond aussi à une tendance de fond de notre société. Les gens veulent devenir acteurs de leur consommation pour mieux la maîtriser. On l’observe avec la mode des potagers, par exemple, mais aussi pour les déplacements, l’hébergement, etc », poursuit Antoine Cahuzac. Et en effet, 88% des Français souhaitent consommer directement l’électricité produite par leurs panneaux photovoltaïques*. C’est tout l’intérêt de l’offre « Mon Soleil & Moi » : permettre aux particuliers de produire eux-mêmes de l’électricité grâce à des panneaux photovoltaïques, et de la consommer directement sans l’injecter sur le réseau de distribution électrique. « Il convient de réfléchir dès aujourd’hui à l’impact de ce nouveau mode de consommation sur la répartition des charges et sur la facture énergétique » , ouvre A. Cahuzac. Car l’autoconsommation marque un chan- gement profond du paysage électrique : l’électricité devient « décentralisée », c’est-à-dire qu’elle n’émane plus seulement d’un producteur central qui envoie sa production sur le réseau. D’autres centres de production-consommation coexistent et dialoguent avec le producteur central. Le réseau national reste accessible bien sûr, car autoconsommation ne veut pas dire autarcie. Mais la mission d’EDF change, de façon à accompagner l’émergence de ces nouveaux écosystèmes et favoriser leurs interactions avec la production centralisée. L’impact pour le groupe EDF sera perceptible sur le long terme : une électricité renouvelable produite et consommée en local cohabitera avec une électricité bas carbone produite au global. Ou quand la transition énergétique profite à tous… * sondage Opinion Way Directeur exécutif du Pôle Énergies Renouvelables du Groupe EDF et directeur général d’EDF Énergies Nouvelles. A « L’énergie change ! Elle est de plus en plus bas carbone, numérique et surtout décentralisée », se réjouit Antoine Cahuzac, directeur exécutif du Pôle Energies Renouvelables d’EDF et directeur général d’EDF Energies Nouvelles. Déjà leader européen dans ce domaine et leader en France pour les énergies bas carbone, le groupe franchit une nouvelle étape et propose désormais une offre d’autoconsommation. « L’autoconsommation cor- Retrouvez la vidéo sur : http://inventerdemain.lefigaro.fr mercredi 15 juin 2016 LE FIGARO 4 L'ÉVÉNEMENT À gauche, l’immeuble où habitait Larossi Abballa, à Magnanville, à l’ouest de Paris. À droite, un policier dépose une rose devant le domicile du couple de policiers victime du tueur. ALAIN ROBERT/ APERCU/SIPA ; THIBAULT CAMUS/AP Choqués, les policiers veulent plus de fermeté Ils demandent une évolution des conditions de la légitime défense et des mesures administratives contre les djihadistes, y compris ceux qui ont purgé une peine de prison. STÉPHANE KOVACS £@KovacsSt ILS SONT en première position dans la longue liste des cibles de l’État islamique. « Attaquez les soldats des tyrans, leurs forces de police et de sécurité ! » martèle AlFurqan, le principal média de l’EI. Sept policiers et militaires ont perdu la vie dans des attaques islamistes en France depuis quatre ans. Mais, pour la première fois ce lundi soir, des fonctionnaires en civil ont été visés chez eux, dans leur intimité. Aujourd’hui, « on est tués », assène le secrétaire général du syndicat Unité SGPpolice FO, Yves Lefebvre, venu rendre visite à ses collègues des Mureaux, près de Paris, où travaillait Jean-Baptiste Salvaing, le commandant assassiné. Sous le choc de cette « déflagration », les syndicats de police ont été reçus mardi soir place Beauvau. Dans quel état d’esprit ? Au lendemain des assassinats de Magnanville, « les policiers sont sidérés », assure Céline Berthon, secrétaire générale adjointe du Syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN). « On est confrontés à un événement qu’on n’avait même pas imaginé dans nos pires cauchemars, poursuit-elle. Va-t-on devoir modifier nos modes de vie? Beaucoup de nos collègues ont entendu ce matin leur conjoint leur dire : “Tu prends ton arme, tu te protèges !” Mais il y a une vraie difficulté à identifier ce qui pourrait être une mesure de protection… » Même inquiétude au Syndicat des cadres de la sécurité intérieure : « Cet attentat rajoute à une fatigue ambiante une espèce de psychose, indique Jean-Marc Bailleul, son secrétaire général. On a eu beaucoup d’appels du type “Mais tout le monde sait que je suis policier dans l’école de mes enfants”… » Tous les syndicats ont mis en avant la revendication, maintes fois exprimée, du prolongement de la mesure autorisant policiers et gendarmes à être armés en permanence, y compris hors service et sur la base du volontariat. Cela leur est permis depuis l’état d’urgence ayant suivi les attentats de novembre 2015. Dans un communiqué, Alliance exige, à l’instar d’Unité-SGP- police, que « face à ces nouveaux risques, et quelles que soient les circonstances, les policiers continuent d’être armés en tout temps et tous lieux » au-delà du régime de l’état d’urgence. « Avoir des policiers armés hors service, c’est aussi multiplier la possibilité d’interrompre des attaques, au bénéfice de tout le monde, fait valoir Céline Berthon. On peut bien sûr imaginer des garde-fous… J’imagine mal que le ministre nous refuse cela maintenant. » Mardi soir, un syndicat de policiers annonçait que le port d’arme hors service resterait autorisé après l’état d’urgence. Beaucoup demandent de « nouveaux moyens juridiques » sur les conditions de la légitime défense par exemple. Et posent la « question de la sécurité des 4 091 A personnes signalées comme étant en voie de radicalisation djihadiste en France, entre avril 2014 et mai 2015 condamnations » et du « suivi des radicalisés ». « Il faut instaurer des mesures administratives, a indiqué à l’AFP Patrice Ribeiro de Synergie, deuxième syndicat d’officiers, y compris pour tous ceux qui ont déjà purgé une peine de prison » comme le terroriste Larossi Abballa. « Prioriser les missions » Au SCPN, Céline Berthon demande aussi de « prioriser les missions » sur lesquelles les policiers sont engagés. « Conflits sociaux, Euro 2016, terrorisme en plus des missions du quotidien… les policiers ne peuvent pas être présents qualitativement partout ! » souligne-t-elle. « Aujourd’hui, il y a deux ou trois hommes en armes devant chaque commissariat, pointe-t-elle encore. Pourquoi ne pas accepter de fermer les portes, et de ne les ouvrir que sur demande, ou bien de créer des sas ? Les policiers pourraient ainsi faire autre chose… » Interrogé sur la possibilité de mesures de sécurité supplémentaires, le premier ministre, Manuel Valls, a fait valoir que « des mesures ont déjà été prises pour la protection des policiers » : « Nous n’allons pas adopter à chaque fois une nouvelle mesure, a-t-il lancé. Mais nous voyons bien que nous sommes face à des modes opératoires, à des attaques de différents ordres qui incitent bien sûr à la prudence et à mettre en œuvre tous les dispositifs que nous avons déjà adoptés. » Pendant ce temps, la manifestation parisienne contre la loi travail tournait une nouvelle fois à l’affrontement. Attaqués par plusieurs centaines de jeunes encagoulés, victimes de jets de pierres arrachées des murs des immeubles ou de bâtons de bois, au moins 29 policiers ont été blessés. Et les manifestants se sont dispersés en chantant « Tout le monde déteste la police ». ■ De multiples attaques au couteau depuis 2014 ANNE JOUAN «SI VOUS NE POUVEZ PAS faire sauter une bombe ou tirer une balle, déclarait en 2014 le Syrien Abou Mohammed al-Adnani, porte-parole de l’État islamique, dans un message audio diffusé par al-Furqan, le principal média de l’organisation, débrouillez-vous pour vous retrouver seul avec un infidèle français ou américain et fracassez-lui le crâne avec une pierre, tuez-le à coups de couteau, renversez-le avec votre voiture, jetez-le d’une falaise, étranglez-le, empoisonnez-le. » Ces deux dernières années, ce commandement a été suivi à la lettre par une série d’autoradicalisés qui ont agi sans pour autant faire partie de filières organisées. 20 décembre 2014 uLe Un homme blessait trois policiers dans le commissariat de Joué-lèsTours en criant « Allah akbar ». Bertrand Nzohabonayo avait été tué par les policiers qu’il avait agressés. L’agresseur s’était converti à l’islam, affichant sur son compte Facebook le drapeau de l’État islamique. Il était déjà connu pour des petits délits. 3 février 2015 uLe Moussa Coulibaly agressait trois soldats à Nice. Il avait sorti une lame de son sac et blessé légèrement deux militaires à la joue, à la main et au bras. Il était connu depuis plus de dix ans des services de police pour des faits de petite délinquance (vol, usage de stupéfiants, outrage à agents). Il avait été remarqué par les services de renseignement pour prosélytisme. Le jour de l’agression, l’État islamique diffusait une vidéo intitulée : « Faites exploser la France. » On y voyait un homme masqué, flanqué d’une kalachnikov et entouré de ses compagnons d’armes, demandant en fran- çais à ceux qui sont « dans l’incapacité » de partir pour la Syrie à « passer à l’action ». Il disait encore : « Tuez à l’aide d’un couteau un policier (…) ou un militaire. » 26 juin 2015 uLe Yassin Salhi, chauffeur-livreur de 35 ans avait assommé, étranglé et décapité son employeur, Hervé Cornara, dont il avait fixé la tête sur le grillage d’une usine à Saint-Quentin-Fallavier (Isère). Juste à côté, il avait accroché deux drapeaux frappés de la chahada, la profession de foi musulmane. Il avait ensuite pris des photos qu’il avait envoyées à un ami parti combattre en Syrie. Le procureur de Paris avait expliqué que l’attentat correspondait « très exactement aux mots d’ordre de Daech ». Yassin Salhi s’est suicidé le 22 décembre au soir à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis. 1 janvier 2016 uLe Raouf el-Ayeb, un Français d’origier ne tunisienne, fonce au volant de sa voiture sur quatre soldats en faction devant la grande mosquée de Valence, aux cris de « Allahu akbar ». Aux secouristes, l’homme de 29 ans a dit qu’il souhaitait « tuer des militaires » parce que « des militaires tuaient des gens ». Des images de propagande djihadiste avaient été retrouvées sur l’ordinateur de l’agresseur. Selon le parquet, l’agresseur présumé aurait agi en solitaire. 7 janvier 2016 uLe Tarek Belgacem a été abattu après avoir attaqué un commissariat de police du XVIIIe arrondissement de Paris. Il avait menacé les policiers en faction avec une feuille de boucher et un engin explosif factice, avant d’être tué par les agents. Ce Tunisien de 24 ans résidait dans un foyer de demandeurs d’asile de Recklinghausen (Rhénanie-duNord-Westphalie). ■ Les Yvelines, un des bastions du « djihadisme français » DELPHINE DE MALLEVOÜE LE VAL-FOURRÉ à Mantes-la-Jolie, Trappes, Les Mureaux… Ces quartiers et villes des Yvelines, arrière-cours ou bastions du djihadisme en France depuis de nombreuses années, sont à nouveau sous les feux de l’actualité terroriste avec l’attaque de Larossi Abballa, originaire de Mantes-la-Jolie. Dans ces communes de la région parisienne, on ne compte plus les candidats au djihad, les dérives de la radicalisation, les départs pour la Syrie et l’Irak, les filières de recrutement. Notamment à Trappes qui, historiquement, selon les experts et chercheurs spécialistes des mouvements djihadistes, a vu naître les débuts du djihadisme en France avec l’implantation, à l’époque du GIA et du FIS lorsque les islamistes ont failli prendre le pouvoir en Algérie au début des années 1990 -, d’un certain nombre de militants algériens. Trappes connaît ensuite une montée forte du communautarisme. C’est encore cette ville qui abrite Ansar al-Fath (« les Partisans de la victoire »), ce réseau djihadiste aux ramifications internationales, démantelé en septembre 2005 lors d’une vaste opération policière à Trappes. Chargé d’envoyer des combattants en Irak, et projetant des attentats en France, le réseau était dirigé par une vieille connaissance des services spécialisés, Safé Bourada. Ce Français d’origine algérienne de 38 ans avait joué un rôle dans la campagne d’attentats qui a frappé la France en 1995. Un policier souligne également que «Trappes est le lieu des premières émeutes confessionnelles en France », après l’interpellation, en 2013, d’une femme portant le voile intégral. Plus récemment encore, en janvier 2015, Moussa Coulibaly, 30 ans, originaire de Trappes, attaque au couteau des militaires en faction devant le consistoire israélite de Nice. Deux ans plus tôt, Alexandre Dhaussy, un converti qui fréquentait une salle de prières de Trappes, plantait un cutter dans la gorge d’un militaire à la Défense, près de Paris… Depuis, « le phénomène s’accentue, observe un policier en responsabilité. Plus ça va et plus ça métastase aux communes voisines mais aussi partout en Ilede-France et en province ». Parmi les 4 091 personnes signalées comme étant en voie de radicalisation djihadiste en France, entre avril 2014 et mai 2015, l’Ile-de-France, aux côtés de Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Languedoc-Roussillon, NordPas-de-Calais et Midi-Pyrénées, est particulièrement touchée : 160 signale- “ Le déni d’un certain nombre d’élus relève en réalité de l’acquiescement et de la connivence intellectuelle ” PATRICE RIBEIRO, SYNERGIE-OFFICIERS ments en Seine-Saint-Denis, 156 signalements en Seine-et-Marne, 145 à Paris, 130 dans le Val-de-Marne, 128 dans les Yvelines, 125 dans le Val-d’Oise et 124 dans les Hauts-de-Seine, selon le Centre national d’assistance et de prévention de la radicalisation (CNAPR). Selon Patrice Ribeiro, secrétaire général du syndicat de police Synergieofficiers, « aucun endroit n’est épargné, le phénomène de communautarisation et d’insularité de tout un tas de quartiers s’observe partout avec l’infiltration et l’invasion dans le tissu scolaire, associatif et sportif, c’est une lame de fond de société ». Avec, déplore-t-il, « le déni d’un certain nombre d’élus » qui « relève en réalité de l’acquiescement et de la connivence intellectuelle ». Or « cet angélisme ou clientélisme cynique nous conduit à la catastrophe », martèle le policier. « C’est comme mettre un mot sur une maladie : si on ne sait pas la caractériser, aucune chance de la soigner. » ■ LE FIGARO mercredi 15 juin 2016 L'ÉVÉNEMENT 5 Jean-Jacques Urvoas, Francois Hollande et Manuel Valls après la réunion de crise de mardi à l’Élysée. À droite, Bernard Cazeneuve en conférence de presse mardi au commissariat de police des Mureaux. PHILIPPE WOJAZER/ REUTERS ; NADINE ACHOUI-LESAGE/AP Hollande et Valls appellent à une vigilance maximale FRANÇOIS HOLLANDE et Manuel Valls redoutent depuis des mois un nouvel attentat. Ils ont vu leurs craintes se concrétiser dans la nuit de lundi à mardi, au pire moment parce qu’en plein Euro de football. L’exécutif n’a jamais caché à l’opinion qu’il s’attendait à ce que les terroristes frappent à nouveau la France. Et il savait que le risque serait particulièrement élevé en cette période de ramadan. « C’est un acte incontestablement terroriste », a indiqué mardi matin le chef de l’État en évoquant « une menace terroriste de très grande importance ». « Un acte terroriste abject », selon le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve. Le président a aussi affirmé que la vigilance contre le terrorisme était « portée à son niveau maximal », déclarant avoir souhaité que « des moyens supplémentaires puissent être déployés ». François Hollande se trouvait lundi soir dans un dîner privé, hors de l’Élysée. Prévenu par ses conseillers et par Bernard Cazeneuve, il est rentré à l’Élysée et a suivi l’affaire « minute par minute », selon l’un de ses proches. À l’issue de l’assaut donné par le Raid (lire pages 2 et 3), il s’est entretenu avec le ministre de l’Intérieur. Puis, en fin de soirée, François Hollande a demandé à ses collaborateurs - le secrétaire général Jean-Pierre Jouyet et le nouveau directeur de cabinet Jean-Pierre Hugues d’organiser une réunion de crise, le lendemain matin, à l’Élysée. Y ont participé Manuel Valls, Jean-Jacques Urvoas (Justice), Bernard Cazeneuve, le général Puga (chef d’état-major particulier) et Gaspard Gantzer (communication), ainsi que la directrice de cabinet à Matignon, Véronique Bédague-Hamilius. « Un cap dans l’horreur » De son côté, le premier ministre a suivi le déroulement des opérations depuis son domicile parisien. Il avait été prévenu dès 21 heures par un appel du ministre de l’Intérieur et par le service de permanence de Matignon. « Un cap dans l’horreur a été franchi », a souligné Valls mardi aprèsmidi lors de la séance de questions au gouvernement de l’Assemblée. « C’est le domicile, l’intimité même d’une famille, d’un couple de fonctionnaires de police qui ont été pris pour cible », a-t-il poursuivi. Une nouvelle manière d’opérer, donc. Pour autant, ce ne peut être une surprise pour l’exécutif. Il y a quelques mois, un poids lourd du gouvernement affirmait s’attendre à « une multiplication des actes isolés », le niveau élevé de sécurité dans l’Hexagone rendant beaucoup plus compliquées la préparation et la mise en œuvre d’actes de grande ampleur, faisant beaucoup de victimes d’un coup. Les faits qui se sont produits à Magnanville présentent un vrai risque politique pour l’exécutif. « Que se passe-t-il en cas La droite réclame des mesures plus fortes ARTHUR BERDAH £@arthurberdah ET JUDITH WAINTRAUB £@jwaintraub RÉTENTION administrative ou bracelet électronique pour les individus repérés comme djihadistes, fermeture de lieux de culte et expulsion des imams radicaux, création d’un délit pénal de consultation régulière des sites djihadistes : depuis l’assassinat du couple de policiers à Magnanville, lundi soir, les candidats à la primaire de la droite ressortent leurs propositions pour lutter contre le terrorisme islamiste. « Dans le cadre de l’état d’urgence, notre niveau de vigilance doit être adapté sans délai », a estimé Nicolas Sarkozy dans un communiqué publié tôt mardi matin. Fin novembre, au lendemain des attentats de Paris et Saint-Denis, le président des Républicains avait réclamé que tous les fichés S soupçonnés de liens avec le djihadisme soient placés en « résidence surveillée ou assignés à résidence avec un bracelet électronique » et que « les imams qui font des prêches radicaux dans des lieux de culte salafistes soient expulsés manu militari ». Il préconise également depuis longtemps la création d’un délit pénal de consultation régulière des sites djihadistes, une proposition reprise par l’ensemble des candidats. Proche de l’ancien chef de l’État, Éric Ciotti a annoncé mardi le dépôt d’une proposition de loi demandant la création d’une rétention administrative, sur décision du ministre de l’Intérieur, des individus « représentant une grave menace pour la sécurité nationale », et d’une rétention de sûreté contre les auteurs de crime terroriste considérés comme susceptibles de récidiver. Le député des Alpes-Maritimes a aussi réclamé l’interdiction des manifestations contre la loi travail. Pour Alain Juppé, la rétention administrative ne doit s’appliquer systématiquement qu’aux Français qui reviennent de Syrie. Il souhaite que les employeurs soient informés quand un fiché S occupe un « emploi sensible » dans leur entreprise. Il est favorable aux mesures proposées par Nicolas Sarkozy contre les lieux de culte et les imams radicaux. Bruno Le Maire, lui, a voulu frapper un grand coup, l’été dernier, en demandant le rétablissement de la double peine et « l’expulsion immédiate de tous les étrangers fichés S » et de « tous les ressortissants étrangers qui ont commis des actes de terrorisme ou qui seraient sur le point d’en commettre ». Il a déposé une proposition de loi dans ce sens en octobre. « Interdiction d’entrée et de séjour » En avril, François Fillon avait lui aussi proposé plusieurs mesures pour renforcer la lutte contre le djihadisme, dont le blocage des sites Internet qui appellent au terrorisme, l’interdiction de sortie du territoire pour les Français soupçonnés de vouloir partir rejoindre les rangs de Daech et l’interdiction d’entrée et de séjour pour les étrangers qui représentent un danger. Après la tuerie de Magnanville, l’ex-premier ministre n’a pas voulu en rajouter. Selon lui, la France n’a « pas besoin de nouvelle loi ». « Qu’on applique strictement le livre IV du Code pénal, qui permet de priver de liberté des personnes qui ont des rapports établis avec une organisation terroriste », a-t-il demandé. Dans une vidéo, mardi, Marine Le Pen avait fait référence dans ce même livre IV à un article spécifiquement consacré aux individus convaincus d’« intelligence avec une puissance étrangère ». Estimant par ailleurs que les policiers devaient « se concentrer sur les deux priorités du moment, la lutte contre le terrorisme et la sécurité de l’Euro », François Fillon a appelé le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez à prouver son « sens de l’intérêt général » en arrêtant le mouvement anti-loi travail, mais aussi en « présentant des excuses pour avoir publié des affiches scandaleuses qui portent atteinte à l’honneur de la police ». Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve s’en était indigné lui aussi au cours des questions au gouvernement. ■ de nouvelle attaque terroriste ?, interrogeait il y a quelques jours un ancien conseiller du gouvernement. François Hollande reprend dix points dans les sondages ? Ou alors, au contraire, il meurt politiquement ? Personne ne sait… » L’exécutif redoute un retournement de l’opinion. L’objectif est de la désamorcer. « Nous savions que la menace terroriste était extrêmement élevée, nous l’avons toujours dit et répété, jamais caché », insiste un conseiller de l’Élysée, qui ajoute que « toutes les mesures possibles ont été prises », pour renforcer la présence des forces de sécurité et donner plus de moyens aux services de renseignement. Il rappelle que Hollande avait même été prêt, au lendemain des at- tentats de novembre, à « bousculer son camp » en proposant d’étendre la déchéance de la nationalité, à laquelle il avait finalement dû renoncer. « Aujourd’hui, tout le monde peut comprendre pourquoi (le président avait fait cette proposition, NDLR), poursuit-il. Nous avons toujours su qu’il y aurait d’autres attentats… » Au lendemain du 13 novembre, l’unanimité de la classe politique avait rapidement volé en éclats. Mardi, la droite a plaidé pour un renforcement de la lutte contre le terrorisme (lire ci-dessous). À gauche, le candidat à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon a appelé à « s’interroger sur la faiblesse du renseignement humain » en France. « Il est temps de réserver les moyens de défense et de police aux tâches qui sont nécessaires à la sécurité collective plutôt qu’à l’absurde répression du mouvement social », a-t-il indiqué. Valls, à l’Assemblée, a tenté de calmer les esprits. « Je le dis très fermement. Je n’ai envie d’aucune polémique politique », a-t-il lancé, rejetant en bloc les solutions proposées de part et d’autre, saluant l’action des forces de l’ordre et appelant les Français à être « unis et rassemblés ». « Quand on lutte contre le terrorisme, a ajouté le premier ministre, on ne dévie pas. » On ne change rien donc. Ce message risque cette fois d’avoir beaucoup de mal à passer, tant dans la classe politique que dans l’opinion. ■ C O M M U N I Q U É Lettre ouverte à Monsieur le Président de la République Monsieur le Président de la République, À l’heure où vous soulignez les atouts de l’industrie française dans la création de richesses et d’emplois, votre gouvernement se prépare à casser les liens privilégiés que les élèves ingénieurs de l’École nationale supérieure d’Arts et Métiers (ENSAM) tissent avec le monde industriel depuis plus de deux siècles ! Ce lien se noue par la médiation de l’association des Anciens : la Société des ingénieurs Arts & Métiers, depuis 1846. Pourtant, cette réussite, ce niveau d’excellence, cet engagement constant au service de notre industrie sont menacés par un projet de réforme de la gouvernance de l’ENSAM, porté par le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Le projet de décret en cours d’élaboration prévoit de modifier la composition du conseil d’administration de l’École, conduisant à une représentation très minoritaire des anciens élèves qui, pourtant, incarnent son ancrage industriel et territorial. Cette réforme aboutirait à la création d’une gouvernance « hors sol », centralisée et isolée, coupée de tout lien avec les ingénieurs diplômés et les implantations territoriales. Les Arts et Métiers regroupent 33 000 ingénieurs diplômés, dont 6 000 dirigeants d’entreprises, 6 200 étudiants accueillis sur 8 campus et présents dans le monde entier, 1 100 diplômés chaque année, 400 enseignants, des chercheurs, des actifs en formation continue. De plus, 2 000 anciens élèves, totalement bénévoles, œuvrent au quotidien pour l’ENSAM. La Société des ingénieurs Arts & Métiers finance, chaque année, des projets de recherche, des séjours à l’étranger, des logements étudiants, des bourses et des prêts aux élèves, favorisant ainsi l’ascension sociale. Les Arts et Métiers tirent leur force de leur histoire, de leur vision de l’avenir industriel, de la qualité de la formation académique de l’ENSAM et de leur constante capacité d’adaptation. L’ENSAM tire sa force du lien avec les territoires dans lesquels elle est implantée. L’ENSAM tire sa force de la collaboration entre les étudiants et les anciens élèves. Alors, Monsieur le Président de la République, pourquoi affaiblir l’un des fleurons de l’enseignement supérieur français, alors que notre pays évolue dans la compétition mondiale et a tant besoin d’ingénieurs performants et responsables ? Pourquoi vouloir éloigner les anciens élèves de la gouvernance de l’École, alors même qu’ils allient expérience industrielle et connaissance des spécificités de la formation ? Pourquoi vouloir détruire le lien fort entre les anciens élèves et les étudiants, qui garantit la transmission des savoirs et des valeurs ? Pourquoi vouloir écarter les territoires, riches de leurs complémentarités, de cette gouvernance ? Monsieur le Président de la République, il est encore temps de montrer le soutien de l’État à celles et ceux qui ont contribué, contribuent et contribueront au futur de l’industrie française. Comme il est encore temps d’arrêter une réforme qui déstabilise inutilement et menace la qualité de l’une des meilleures formations d’ingénieurs, reconnue dans le monde entier. Le décret n’étant pas encore publié, nous souhaiterions qu’un dialogue avec l’ensemble des acteurs concernés s’engage rapidement. Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre très haute considération. Société des ingénieurs Arts et Métiers 9 bis, avenue d’Iéna, 75783 Paris Cedex 16 www.arts-et-metiers.asso.fr Jacques Paccard, président de la Société des ingénieurs Arts & Métiers, pour les 33 000 ingénieurs Arts et Métiers A ANNE ROVAN £@AnneRovan ET SOLENN DE ROYER £@sderoyer mercredi 15 juin 2016 LE FIGARO 6 L'ÉVÉNEMENT À gauche : l’avocat Thibault de Montbrial fait des propositions pour réorganiser la protection des lieux publics. À droite, l’otage canadien Robert Hall (à droite), ici au côté du Norvégien Kjartan Sekkingstad, peu de temps avant sa décapitation par la branche philippine de Daech, à Jolo. ERIK DE CASTROREUTERS « Se préparer à prendre et à rendre les coups » L’avocat Thibault de Montbrial défend la création d’une réserve citoyenne autorisée à porter des armes dans les lieux publics. PROPOS RECUEILLIS PAR VINCENT TRÉMOLET DE VILLERS £@tremolet L’AVOCAT *, président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure, plaide pour la fin de l’opération « Sentinelle » et la création d’une réserve citoyenne entraînée et autorisée à porter des armes dans les lieux publics. LE FIGARO. - L’attentat de Magnanville était-il évitable ? Thibault de MONTBRIAL. - L’assassinat ciblé de policiers à leur domicile était un acte redouté par les autorités depuis longtemps. Cette sauvage agression, qui obéit au mode opératoire suggéré dans les vidéos de l’État islamique, aura un impact psychologique important : désormais, les fonctionnaires concernés ont compris la permanence du risque. Indépendamment du renseignement en amont pour empêcher l’acte, la seule solution est d’y faire face : il est donc essentiel que les fonctionnaires habilités puissent continuer à porter leur arme partout après la fin de l’état d’urgence, puisque le risque de telles attaques est pérenne. Ensuite, il leur faudra rester vigilants pour éviter d’être surpris. C’est à une véritable révolution dans l’état d’esprit qu’il va falloir, hélas, que nos forces de l’ordre s’habituent sur leur lieu de vie. Notre arsenal sécuritaire et judiciaire est-il adapté ? Beaucoup a été fait, même si on peut regretter que des décisions majeures n’aient été prises qu’après le 13 novembre, et non dès les attaques de janvier 2015. Mais on peut aller plus loin. Judiciairement, pourquoi ne pas affronter le tabou de la compétence nationale exclusive antiterroriste du parquet de Paris ? Si ce modèle a donné satisfaction depuis 1986, il est aujourd’hui objectivement dépassé par le nombre de dossiers, en particulier des retours du djihad. Des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour demander l’attribution de compétences antiterroristes régionales à deux ou trois grands parquets de province qui pourraient traiter les retours du Moyen-Orient résidant dans leur ressort, avec la double vertu de « désengorger » Paris (qui garderait le choix des dossiers) et bénéficier de la bonne connaissance du terrain des enquêteurs locaux. Question sécurité, l’opération « Sentinelle » ne paraît plus adaptée à la nature de la menace ni à sa durée, puisque les capacités de l’armée de terre à remplir ses missions naturelles sont largement affectées par cette mobilisation. Il faut au contraire renforcer la sécurité armée dans les lieux publics et les zones sensibles, notamment les “ On ne s’en sortira pas avec des fleurs et des bougies THIBAULT DE MONTBRIAL ” zones industrielles de type Seveso. Les retours d’expérience démontrent que plus tôt vient la riposte par le feu, moins les attentats à l’arme de guerre causent de victimes. L’expérience israélienne démontre à cet égard qu’un nombre significatif de personnes armées permet d’interrompre l’acte terroriste dans les trente premières secondes. Pourquoi ne pas créer une réserve citoyenne composée de citoyens volontaires soigneusement sélectionnés et entraînés, autorisés à porter des armes en civil dans les lieux publics ? Cela sera plus efficace et moins coûteux que les lourdeurs du dispositif actuel et dégagera le personnel régalien pour d’autres tâches. Enfin, il faut encore souligner et renforcer le rôle crucial du renseignement (recueil et analyse) dans la lutte antiterroriste. L’état d’urgence est prolongé de mois en mois. Est-il efficace pour démanteler les filières ? Précieux les premières semaines, l’état d’urgence apparaît plus aujourd’hui comme un outil de communication pour le gouvernement que comme un dispositif utile. Face à la menace islamiste, il faut adapter notre droit et notre mode de vie à long terme, et non pas proroger de mois en mois un état d’urgence vidé de sa substance. Euro, « manifs », état d’urgence : la police et l’armée sont épuisées… C’est une évidence. Les unités chargées du maintien de l’ordre sont exténuées par les missions aussi nombreuses qu’exigeantes et dangereuses qui leur sont confiées sans guère de repos. C’est la raison pour laquelle je pense qu’il faut réorganiser la protection des lieux publics et recourir à la sécurité privée armée d’une part, et à la réserve citoyenne armée de l’autre. Que faut-il changer dans nos mentalités pour affronter cette guerre dans la paix ? Pour tenir sur la durée, notre société doit travailler la résilience : anticiper les risques, savoir réagir lors des attaques, rebondir après. On ne s’en sortira pas avec des fleurs et des bougies. Il faut nommer les choses et se préparer à prendre et à rendre les coups. Ce ne sera possible qu’en associant et en impliquant la population, en lui expliquant la réalité sans fard, en la responsabilisant. Chaque concitoyen doit être conscient qu’il a un rôle à jouer pour traverser les épreuves qui s’annoncent. ■ * Dernier livre paru : Le Sursaut ou le chaos (Plon, 2015) CONTRE-POINT PAR GUILLAUME TABARD £@gtabard Exigence d’ordre, images dans le désordre U nité nationale ou explication politique après le meurtre de Magnanville ? Apaisement ou embrasement après les brutales manifestations contre la loi El Khomri de ce mardi ? Débordement de violence en marge des matchs ou débordement de joie grâce à l’Euro de foot ? Face à ces trois questions, le gouvernement est comme suspendu. Désireux de mettre en avant sa détermination et d’afficher son autorité ; mais prudent parce que conscient que les événements, hélas, peuvent leur échapper. Ces trois théâtres ont a priori peu en commun. D’un côté, une guerre menée aux démocraties occidentales par l’islamisme assassin qui est « l’affaire d’une génération », comme l’a justement rappelé Manuel Valls. De l’autre, une crise politico-sociale de plusieurs mois, née du choc entre des maladresses gouvernementales et des résistances syndicales et radicales, et dont nul ne discerne l’issue. Enfin, les à-côtés incontrôlés d’un événement sportif circonscrit à un mois. Trois situations différentes, mais trois cas où, malheureusement, policiers et forces de l’ordre sont pris pour cible. Cible de la haine meurtrière d’un islam fanatisé et instrumentalisé par Daech ; cible de la violence physique de militants d’une ultragauche dont certains ont bénéficié de l’indulgence de beaucoup parce qu’ils se drapaient de l’étendard de l’antifascisme ; cible de la bêtise de casseurs et de hooligans insuffisamment contrôlés, surveillés ou éloignés, et qui défient l’autorité de l’État. Oui, il fallait cette séance d’actualité à l’Assemblée où gouvernement et députés unanimes - sauf celles et ceux qui avaient préféré se faire photographier dans les cortèges parisiens contre la loi travail - ont redit leur fierté, leur reconnaissance et leur admiration à ces forces de police et de gendarmerie qui, depuis les attentats de janvier 2015, sont au maximum de leur engagement. Comme les Français l’avaient fait. Et le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a eu raison de dénoncer ceux qui par leurs tracts (la CGT), leurs tee-shirts (« notre police assassine »), leurs provocations ou leurs relais médiatiques font de la police une cible ou un ennemi. Mardi, à l’Assemblée, on sentait une volonté commune de préserver la gravité et la dignité qui sied à ce moment de drame. Même si on comprend mal pourquoi Valls a répondu à la droite en se dressant contre la peine de mort, la création de Guantanamo et les ventes d’armes que celle-ci ne songe nullement à réclamer. Et a éludé la question, pourtant réelle, des centres de rétention pour individus ayant participé à la préparation d’actes terroristes. Le gouvernement sait pourtant que c’est sur les moyens concrets de lutte contre le terrorisme qu’il sera jugé et que les déclarations d’intention ne suffiront pas. Il sait que, face à la crise sociale, il n’a pas l’opinion derrière lui et que, frappée par les images de violence, celle-ci attend du pouvoir qu’il sache restaurer l’autorité. Il sait qu’ayant fait le pari de la fête populaire autour de l’Euro, aucun débordement ne lui sera pardonné. ■ » Retrouvez Guillaume Tabard tous les matins à 8h10 sur Radio Classique Quatrième action terroriste inspirée par Daech en dix jours de ramadan GEORGES MALBRUNOT £@Malbrunot A APRÈS LES 49 MORTS de l’attentat d’Orlando, la liquidation de cinq agents du renseignement jordanien près d’Amman et la décapitation d’un otage canadien par la branche philippine de Daech à Jolo, l’attaque meurtrière de Magnanville est la quatrième action terroriste perpétrée hors du califat irako-syrien, depuis le début du ramadan, il y a exactement huit jours. Ces attentats à répétition répondent à la demande exprimée par le porteparole de Daech dans son dernier message audio en date du 21 mai. Abou Mohammed al-Adnani appelait les sympathisants djihadistes à travers le monde à en « faire partout un mois de souffrances pour les infidèles, Allah le permet ». Même si chacun des auteurs de ces attentats semble avoir été inspiré par Daech, l’État islamique n’a probablement pas commandité ces opérations. « Daech se contente de récupérer ces attentats, en les revendiquant très rapidement après », souligne un expert. Les cibles visées correspondent, en revanche, à celles qu’a clairement désignées l’organisation terroriste : des homosexuels à Orlando, des espions à la solde d’un pays engagé dans la guerre anti-Daech en Jordanie, et un couple français de fonctionnaires de police représentant d’un autre État qui bombarde ses positions en Irak et en Syrie. Pour ratisser large, Daech n’impose pas à ses sympathisants une prestation de serment (ba’ya en arabe) en bonne et due forme, comme du temps d’al-Qaida. « La ba’ya sous Oussama Ben Laden devait se faire auprès d’un des chefs de l’organisation et non pas à la va-vite comme Omar Mateen, le tueur d’Orlando, qui a prêté allégeance en passant un simple coup de téléphone au 911, le numéro d’urgence aux États-Unis », insiste l’expert. Les faux « loups solitaires » En fait, la plupart des auteurs de ces violences ne sont plus des « loups solitaires », contrairement à l’appellation qui leur est généralement imputée. Certains, comme Larossi Abballa, avaient déjà des liens avec la mouvance djihadiste. Tandis que d’autres, à l’instar d’Omar Mateen, se sont radicalisés via Internet, en écoutant les prêches d’un imam intolérant sur YouTube. Mais cette diffusion de la menace rend son combat d’autant plus difficile. Car c’est à une véritable guerre des idées djihadistes que l’Occident est confronté. Et cette guerre se prolongera longtemps après que l’organisation terroriste aura été défaite dans ses bastions irako-syriens. Fin mai, la Belgique arrêta encore quatre personnes soupçonnées de recruter pour Daech, qui n’avaient apparemment aucun lien avec les auteurs des attentats de mars à Bruxelles. D’où la crainte des autorités belges de voir des cellules dormantes, sans lien entre elles, passer du jour au lendemain à l’action après s’être discrètement infiltrées parmi la population. « Ces arrestations montrent la capacité d’enracinement de Daech en Europe », relève le think-tank américain Soufan Group. « Et cela quelle que soit la capacité opérationnelle de ces cellules dormantes », ajoutent ses membres, d’anciens agents des services de renseignements américains et britanniques. Même si les sympathisants de Daech ont désormais plus de mal à rejoindre le califat irako-syrien en raison des obstacles mis par la Turquie pour passer en Syrie, « leurs motivations risquent de s’orienter vers une recrudescence des actions terroristes là où ils se trouvent », prévient Soufan Group. ■ LE FIGARO mercredi 15 juin 2016 L'ÉVÉNEMENT LAURE MANDEVILLE £@lauremandeville ENVOYÉE SPÉCIALE À ORLANDO ÉTATS-UNIS Lundi, au collège Anselm, dans le New Hampshire, un Donald Trump qui semble bouillir intérieurement prononce un discours sur la sécurité nationale, deux jours après l’attaque terroriste islamiste, qui a frappé la communauté gay d’Orlando. A priori, cet acte dévastateur pourrait ouvrir un boulevard électoral pour le milliardaire qui se pose en rempart résolu contre le terrorisme islamiste. Ce lundi, Trump définit en effet une ligne d’approche iconoclaste, susceptible de trouver un écho dans un pays inquiet et en colère. Accusant le président Obama et la candidate Hillary Clinton de mettre « le politiquement correct au-dessus du bon sens », il appelle à une rupture majeure avec le modèle d’immigration américain actuel, présentant l’urgence d’un changement de cap comme une question de survie. Pour lui, nier le danger de l’islam radical – et refuser de prononcer le mot, comme l’a fait obstinément Barack Obama – est une faute lourde. « Beaucoup des principes de l’islam radical sont incompatibles avec notre système », dit-il – les qualifiant « d’antifemmes, anti-gay et anti-américains ». Trump propose de mettre fin au système d’immigration « dysfonctionnel » qui permet à des milliers de personnes d’entrer « sans avoir été testées ». Un président Trump utilisera ses pouvoirs pour bloquer l’entrée de populations jugées à risques, dit-il, confirmant sa faveur pour une interdiction provisoire d’entrée pour les personnes venant de pays musulmans frappés par le terrorisme. Il dénonce aussi les plans d’Obama et de Clinton prévoyant d’accueillir des milliers de réfugiés syriens. « Si nous voulons rester une société libre, nous devons contrôler nos frontières », martèle Trump, affirmant que les réfugiés pourraient devenir la plus dangereuse « version du légendaire cheval de Troie ». Soucieux de repousser les accusations d’intolérance, il affirme qu’il protégera tous les Américains – musulmans y compris – mais appelle ces derniers à coopérer pour identifier les individus radicalisés, affirmant même que les personnes qui n’informent pas les forces de l’ordre d’éventuels complots devront en porter « la responsabilité » légale ! Donald Trump exprime aussi avec émotion sa solidarité avec la communauté gay. « Vous devez vous poser la question : qui est l’ami des femmes et des gays ? Hillary avec ses mots ? Ou Trump avec des actes ? » Pour Tom Trento, journaliste conservateur de Breitbart News, ce discours permettra à Donald Trump de rallier des segments inattendus de la population. « Je suis persuadé que la Floride basculera en novembre », dit-il. Mais un autre journaliste de Breibart note que « le côté incendiaire de Trump » pourrait le faire perdre. « Je ne serais pas surpris que les républicains cherchent toujours une autre option », dit-il. Mardi, le speaker républicain Paul Ryan a critiqué la proposition d’interdiction d’entrée des musulmans sur le sol américain, révélant les désaccords entre le parti et l’équipe Trump. Le fait que le candidat, jadis fervent partisan d’une folle théorie du complot selon laquelle Obama serait né à l’étranger, et peut-être musulman, ait à nouveau mis sur le tapis à mots couverts l’idée d’un agenda caché du président, en pleine tragédie d’Orlando, provoque tollé et embarras. Trump a sous-entendu que le président était d’une certaine manière complice de l’attaque d’Orlando et de l’État islamique, parce qu’il refuse de désigner la menace de l’islam radical. « Quelque chose est en cours », a-t-il lâché mystérieux. Lors d’un récent séjour à Mar a “ Si nous voulons rester une société libre, nous devons contrôler nos frontières DONALD TRUMP ” Lago, Le Figaro avait croisé plusieurs amis du milliardaire persuadés qu’il avait été installé aux affaires « par les Saoudiens pour détruire l’Amérique ». « Le refus d’Obama de reconnaître la bataille qui se joue en islam entre radicaux et modérés nourrit ces théories », a dit l’ancien militaire Ralph Peters sur Fox News. Mais les dérapages de Trump « pourraient créer des doutes sur son tempérament », dit le New York Times. Cette polémique reflète l’empoignade qui oppose la droite et la gauche sur la réponse à apporter à l’attaque d’Orlando. Passer en revue les chaînes de télévision en dit long sur les fossés existants. Alors que la conservatrice Fox News se concentre sur la menace de l’islam radical, la chaîne progressiste MSNBC parle du contrôle des armes. Le même débat déchire le Congrès. Mardi matin, Obama a à son tour pris la parole pour répondre à Trump, défendant son refus de parler de l’islam radical, et affirmant que les mots employés ne l’avaient pas empêché d’identifier l’ennemi et de le combattre en Syrie et Irak. « Ce débat sur le terme d’islam radical est une distraction politique ! Allons nous accepter l’idée que nous nous battons avec toute une religion? Allons nous refuser de laisser immigrer des gens parce qu’ils sont musulmans, instaurer une surveillance spécifique de tout un groupe d’Américains?», a-t-il dit, parlant d’une trahison des idéaux américains. Hillary Clinton, en politicienne avisée, semble vouloir dessiner une voie médiane entre Trump et Obama, ferme mais raisonnable. Ainsi a-t-elle affirmé n’avoir aucun problème « avec le terme d’islamisme radical » et appelé l’Arabie saoudite à cesser d’exporter une version haineuse et radicale de l’islam. Mais elle a aussi plaidé en faveur d’une interdiction des armes d’assaut, comme celle passée en 1994 pendant la présidence de son mari. Surtout, Hillary a tenté de s’élever au-dessus de la mêlée, « en appelant à l’unité nationale ». Trump répond qu’il ne peut y avoir unité nationale dans les fauxsemblants du politiquement correct. Selon un sondage de NBC, Clinton serait à 49% contre 42 % à Trump. La bataille est loin d’être finie. ■ DARREN MCCOLLESTER/AFP LE ROI SALMAN D’ARABIE DÉNONCE L’ATTAQUE « HONTEUSE » D’ORLANDO Le roi Salman d’Arabie saoudite a condamné l’attaque « honteuse » commise à Orlando, réclamant des mesures pour combattre le terrorisme. Dans les pays du Golfe, les médias officiels se sont abstenus de préciser que l’attaque visait une boîte de nuit fréquentée par la communauté gay. En Arabie saoudite, les rapports homosexuels sont passibles de la peine de mort. 151 morts dans des attaques terroristes en France depuis janvier 2015 Omar Mateen, les contradictions du tueur d’Orlando aurait poussé l’audace à s’inscrire sur le site homosexuel de rencontres en ligne Jack’d. Parmi deux témoins cités par le Washington Post, l’un d’entre eux, Kevin West, un vétéran de la marine âgé de 37 ans, a confirmé avoir été « sollicité » par le meurtrier via Jack’d. MAURIN PICARD £@MaurinPicard NEW YORK TUEUR aux motivations complexes, Omar Seddique Mateen n’était peut-être pas seulement le séide fanatisé d’un mouvement terroriste sunnite opérant depuis la Syrie. À mesure que les heures passent et que les enquêteurs fouillent son appartement, ainsi qu’un téléphone cellulaire déverrouillé, les révélations se multiplient sur le passé récent du tueur d’Orlando. Remettant en cause le profil initial de « loup solitaire » classique dressé par le FBI. Censé avoir agi par homophobie, Mateen aurait été aperçu une douzaine de fois dans la discothèque Pulse. À supposer que l’homme se trouvait en repérage, il cachait bien son jeu : selon un employé du Pulse, Ty Smith, interrogé par le quotidien Orlando Sentinel, il se serait fait remarquer par une consommation excessive d’alcool et un comportement bruyant, parlant à des inconnus de son père, de sa femme et de ses enfants. Celui qui rêvait de devenir officier de police aurait approché un élève de l’académie de police et lui aurait « fait des avances », confesse le cadet anonyme dans le Palm Beach Repérage à Disney World pour un éventuel attentat Une photo d’Omar Mateen sur le réseau social MySpace. JOE RAEDLE/AFP Post. Ourdissait-il un attentat depuis des mois, voire des années, contre ceux que les djihadistes appellent le « peuple de Loth » ? Ou bien luttait-il lui-même contre une sexualité contrariée, qui eût pu expliquer ses accès de violence ? « Instable et bipolaire », selon sa première ex-femme Sitora Yusufyi aujourd’hui réfugiée dans le Colorado, Mateen L’enquête se tourne désormais essentiellement vers les proches de Mateen, ses parents et les fidèles de la mosquée de Fort Pierce, qui fuient les médias comme la peste. Avare de mots, l’imam Syed Chafiq Rahman, un petit homme barbu et replet, disait avoir remarqué combien l’individu paraissait exalté. Sans toutefois en référer aux autorités. Ce silence coupable explique l’embarras des autorités, confrontées à une communauté musulmane globalement intégrée mais passive. « La réalité est que quand un individu s’autoradicalise, il y a presque toujours quelqu’un proche de lui qui assiste à cette transformation », insiste Jeh Johnson, le secrétaire à la Sécurité intérieure (DHS, Homeland Security). Ce quelqu’un, en l’occurrence, pourrait bien être la femme de Mateen, Noor Zahi Salman, qui a avoué aux agents fédéraux avoir tenté de dissuader son époux de s’en prendre à la discothèque gay. Elle a reconnu au passage l’avoir accompagné lors de ses achats de munitions et d’un holster pour son revolver Glock, puis l’avoir déposé devant le Pulse pour un ultime repérage. Mateen s’est-il radicalisé seul sur Internet ou a-t-il été en contact avec des mentors djihadistes ? En l’état actuel de l’enquête, il semble avoir limité sa préparation à un entraînement physique régulier. Psychologiquement, le basculement se produit il y a trois ans, lorsqu’il tient à ses collègues de la firme de sécurité G4S des propos décousus sur ses liens supposés avec les deux « Boston bombers », les frères Tsarnaïev. En juillet 2014, il est interrogé pour des liens supposés avec un islamiste américain, Moner Mohammad Abusalha, qui s’est fait sauter en Syrie pour le compte du Front al-Nosra. Par deux fois, l’affaire est classée sans suite, la surveillance levée. Sans doute les enquêteurs n’auraientils rien vu de mal non plus à la sortie en famille à Disney World, le parc d’attractions d’Orlando, en avril dernier. Interrogée dimanche, sa femme Noor a pourtant confirmé qu’il s’agissait également d’un repérage pour un massacre éventuel. ■ L’EI n’a pas été en mesure de mener une offensive majeure couronnée de succès en Irak ou en Syrie depuis un an. Grâce aux efforts internationaux, le flot des combattants étrangers a chuté » BARACK OBAMA, PRÉSIDENT DES ÉTATS-UNIS A Le président américain dénonce les propos du candidat républicain sur les musulmans. S’il est élu président, Donald Trump bloquera l’entrée aux États-Unis de populations jugées à risques, a-t-il affirmé lors d’un discours sur la sécurité nationale, lundi, dans le New Hampshire. PABLO MARTINEZ MONSIVAIS/AP Obama et Trump s’affrontent sur la question de l’islam radical 7 mercredi 15 juin 2016 LE FIGARO SOCIÉTÉ MARMARA/LE FIGARO 8 JEAN-MICHEL BLANQUER DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’ESSEC Pourquoi ne pas le resserrer autour de quatre épreuves ?» À quoi sert le baccalauréat de nos jours ? Le bac reste un point de repère, une étape déterminante sur le plan pratique et symbolique. Il est le premier grade universitaire. Même si beaucoup de choses se déterminent avant, notamment pour les filières sélectives, il marque le passage d’un monde à l’autre. Il doit être conçu ni comme un point final, ni comme un point de départ, mais comme un trait d’union. Il est aussi la dernière institution nationale depuis la suppression du service militaire. Le baccalauréat doit évoluer, mais il faut éviter toute solution simpliste, telle que sa suppression… Le baccalauréat, une institution Taux de réussite proche des 90 %, consignes d’indulgence, multiplication des épreuves, CAROLINE BEYER £ £@BeyerCaroline 695 682 C’est le nombre de candidats à la session 2016 ÉDUCATION La session 2016 du baccalauréat s’ouvre ce mercredi pour 695 682 candidats. Et avec elle, son lot de questions. À quoi sert le bac en France de nos jours ? Quelle est sa valeur ? Comment le réformer ? Soumis à des objectifs de réussite chiffrés, agrémentés de consignes en conséquence en direction des jurys, le monument national, créé en 1809 – il y avait alors 39 candidats…- fait figure d’examen déprécié. Lors de la traditionnelle présentation de la session, la ministre de l’Éducation s’est employée à faire taire les critiques, alors que le think tank Terra Nova, classé à gauche, a choisi cette journée de coup d’envoi pour présenter une étude critique sur le sujet, invitant à réformer de toute urgence. Jouant de l’ironie, citant Paul Valéry, Najat Vallaud-Belkacem a rappelé que les critiques à l’égard du bac étaient anciennes. « À force de voir le niveau baisser d’année en année, je m’étonne qu’aujourd’hui on ne soit pas sous le niveau de la mer », a-t-elle lancé. Pour asseoir son propos, la ministre a tenu à lire l’énoncé d’un exercice du bac S de l’année 2015. « Notre jeunesse vaut beaucoup mieux que ce que certains laissent entendre », at-elle conclu. Sauf qu’il n’est pas ques- “ Le bac n’est plus le premier examen du supérieur, mais un certificat de fin d’études du secondaire ” PHILIPPE TOURNIER, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DES PERSONNELS DE DIRECTION À L’UNSA tion de « jeunesse » dans les critiques formulées à l’égard du baccalauréat, mais plutôt d’hypocrisie institutionnelle. Pour Philippe Tournier, secrétaire général des personnels de direction à l’Unsa Comment doit-il être réformé selon vous ? Pourquoi ne pas le resserrer autour de quatre épreuves, et imaginer pour le reste un contrôle continu ? Si les élèves étaient concentrés sur quelques épreuves, il serait possible d’avoir un niveau d’exigence supérieur, notamment sur la question de l’expression écrite. Cette question doit s’imposer comme le grand enjeu, sur l’ensemble de la chaîne scolaire, de la primaire au lycée, et pour l’ensemble des baccalauréats, du général au professionnel. Est-il possible de réformer le bac lorsqu’on est un ministre en exercice ? Oui, s’il s’agit d’un programme de début de mandat. Que représente le bac pour les étudiants que vous admettez à l’Essec ? Une étape importante. Ils ont généralement obtenu une mention bien ou très bien et ont enchaîné sur une classe préparatoire de grande qualité. Ce qui permet de mesurer que le bac a encore une valeur! Comment est perçu notre bac à l’étranger ? Les systèmes, quels qu’ils soient, ont besoin d’un standard à la fin du second degré. Le système chinois est plus sélectif que le nôtre. Vu de l’étranger, le baccalauréat français n’est pas du tout perçu comme un archaïsme. Il est critiqué pour sa lourdeur et son côté artificiel, avec son taux de réussite proche des 90 %, mais il y a des remèdes à cela. Aujourd’hui, 77 % d’une génération décroche le bac. Nous voilà donc proches du fameux objectif fixé par Jean-Pierre Chevènement dans les années 1980. Faut-il s’en féliciter ? AUDE BARIÉTY £@AudeBariety « PASSE ton bac d’abord ! » Le Il faut préciser avant toute chose qu’il n’existe pas un bac, mais des bacs. La progression de ce taux d’accès d’une génération tient essentiellement à la progression du bac professionnel (où le taux est passé de 10 % en 1995 à 22,2 % en 2015, alors qu’il stagne pour la filière générale, à 39 %, et technologique, à 15 %, NDLR). Ce taux ne signifie donc pas que le bac général est galvaudé, mais que le diplôme se diversifie. En tant que directeur général de l’enseignement scolaire (Dgesco) entre 2009 et 2012, vous avez organisé trois sessions du bac. Quel souvenir en gardez-vous ? A Cinq raisons de sauver le bac Celui d’une très grande horlogerie qui ne cesse de progresser du fait du digital. Avec près de 700 000 candidats, c’est une immense machinerie, mise chaque année à l’épreuve, sous le regard critique des médias et de tout le pays. C. B. baccalauréat, pierre d’angle du système éducatif français à laquelle les Français restent fermement attachés, suscite depuis de nombreuses années railleries, critiques et controverses. À tel point que le laboratoire d’idées de centre gauche Terra Nova présente aujourd’hui une étude intitulée « Comment sauver le bac ? » alors même que les 695 682 candidats 2016 planchent sur leur première épreuve, la philosophie. Notre baccalauréat mérite-t-il un tel traitement ? Voici cinq raisons d’(encore) y croire ! 1 Une fin… et un début Quinze ans de scolarité maternelle, primaire et secondaire. Quinze rentrées des classes… Et quatorze sorties. Comment ne pas faire de la fin de la terminale, cette ultime année scolaire, un événement exceptionnel, de ceux qu’on ne vivra qu’une seule fois dans sa vie ? D’autant plus que le bac représente aussi la porte d’entrée vers l’enseignement supérieur, le premier grade universitaire, le sésame vers une nou- velle vie étudiante. « J’ai hâte de commencer quelque chose de nouveau, mais je garderai toujours un bon souvenir de mes années de lycée ! », sourit Hermine, en terminale ES à Dijon, avant de replonger dans ses révisions. 2 Un rite de passage intergénérationnel Les probabilités d’être enfant, petit-enfant voire arrière-petit-enfant de bachelier ne cessent d’augmenter : 3 % d’une classe d’âge obtenait son baccalauréat en 1945, 25 % en 1975 et 77,2 % en 2015. Et le phénomène devrait continuer à prendre de l’ampleur dans les années à venir. Du « bachot » du grand-père au « bac » de la petite-fille, cet examen constitue une référence commune aux générations qui se succèdent sur les bancs du lycée. Et ce, malgré les importantes évolutions qu’a connues le baccalauréat au fil du temps. 3 Un examen national… voire international De Mayotte à La Réunion, de la Corse aux Hauts-de-France, de Paris à Auray, les élèves de terminale de toute la France planchent chaque année sur les mêmes épreuves. Le baccalauréat français rayonne même à l’international : sur les 17 367 candidats inscrits dans l’un des 85 pays organisateurs du bac, seuls 40 % sont de nationalité française. Loin d’être seulement circonscrit au mois de juin, le calendrier du bac s’étale de mi-avril (à Pondichéry) à fin novembre (en Amérique du Sud). 4 Un des premiers grands examens de la vie d’un jeune Après le diplôme national du brevet, en fin de troisième, le baccalauréat est l’un des premiers grands examens de la vie d’un jeune. Réviser efficacement, respecter les procédures administratives, arriver à l’heure, présenter ses papiers d’identité, apprendre à gérer son stress, composer en temps limité, se plier aux indications des examinateurs : autant de savoir-être indispensables à tout jeune, dans ses études supérieures mais aussi pour son permis de conduire, ses relations avec l’administration, son futur emploi… 5 Une épreuve non dénuée d’enjeux Le baccalauréat n’est certes pas un concours. La compétition n’en est pas pour autant totalement absente. En 2015, Najat VallaudBelkacem a ainsi généralisé le dispositif « meilleurs bacheliers », qui permet aux 10 % des meilleurs bacheliers par filière de chaque lycée de bénéficier d’un droit d’accès privilégié dans une formation sélective publique de l’enseignement supérieur. L’an dernier, sur 15 000 jeunes éligibles, 1 800 ont finalement accepté une proposition d’orientation via ce dispositif. Parmi eux, Marie, élève en bac pro à Savigny, qui n’avait reçu aucune réponse positive à ses vœux sur la plateforme Admission post-bac (APB). Grâce à son 16,5 de moyenne au bac, la jeune fille de 19 ans a intégré un DUT techniques de commercialisation. Par ailleurs, l’obtention d’une mention très bien offre la possibilité d’intégrer certaines écoles sur titre : c’est notamment le cas à Sciences Po Rennes, Aix ou encore Saint-Germain-en-Laye. De quoi motiver les candidats 2016 à « se dépasser », comme les y a encouragés la ministre de l’Éducation nationale. ■ LE FIGARO SOCIÉTÉ n en danger déconnexion avec le supérieur… Pour survivre, l’examen doit se réformer. (SNPDEN) et proviseur de Victor Duruy, il ne fait aucun doute que certaines épreuves du baccalauréat général sont « complexes et sophistiquées ». « C’est parfois totalement extravagant. Le niveau d’exigence est tellement élevé que l’on est contraint, ensuite, de fermer les yeux », ajoute-t-il, évoquant ces « devoirs notés sur 25 », qui défrayent régulièrement la chronique. Au-delà du niveau et du taux de réussite, dont rien ne semble arrêter la progression, se pose la question du rôle du baccalauréat. Historiquement, il est le premier grade universitaire. Pour Najat Vallaud-Belkacem, il ouvre clairement les portes de l’enseignement supérieur. « Ce qui me permet de rappeler, pour ceux qui en doutaient, que, de fait, la sélection à l’université existe et qu’elle porte le nom de 87% C’est le taux de réussite lors de la session 2015, soit + 10 points par rapport à 1995 baccalauréat », a expliqué la ministre, qui, en février dernier, s’en était prise vertement à l’idée même de sélection à l’université. Déclenchant l’irritation de nombre de présidents de facs réputées. Mais loin des postures idéologiques, le bac est loin d’être un examen de sélection à l’université. Il est un passeport ouvrant droit à presque toutes les filières quel que soit le bac d’origine. Pour faire des études de médecine, nul besoin d’avoir un bac scientifique. Et que dire de la situation des bacheliers professionnels qui peuvent intégrer la fac, mais s’y cassent trop souvent les dents ? « Plus de 87 % des candidats réussissent désormais le bac. Mais la moitié va ensuite échouer dans le supérieur, résume Philippe Tournier. C’est bien la preuve qu’il n’est plus le pre- mier examen du supérieur, mais un certificat de fin d’études du secondaire ». Enfin, le bac ne détermine en rienl’orientation dans le supérieur. Les jeux sont faits bien avant, dans le cadre de procédure « APB » (admission postbac) qui, pour les filières sélectives, prend en compte les dossiers scolaires depuis la classe de première. À moins de rater le bac, le résultat n’influe en rien sur l’avenir des lauréats. Difficile pour un ministre en exercice, surtout en fin de mandat, de s’attaquer à la réforme du baccalauréat. Laquelle passerait par une rationalisation du nombre d’épreuves, qui ont doublé depuis les années 1970… Le bac est « une vieille dame (…) ce qui contribue à son prestige, mais elle a su évoluer », estime Najat VallaudBelkacem. La réforme se fait « en conti- nu », explique-t-elle. En réalité, il donne surtout l’impression d’une folle machine, où s’amoncellent les épreuves et les options, chaque discipline voulant prendre part à ce grand rendez-vous national. Selon un rapport de la Cour des comptes publié à l’automne dernier, il est possible de présenter en option près de 60 langues vivantes, du chinois au persan, en passant par l’hindi, le créole et l’estonien. « Le bac est bien plus qu’un simple rite de passage », juge la ministre. Pour le secrétaire général du SNPDEN, il n’est précisément qu’« un pur rite social ». « À 1,5 milliard d’euros, ça fait cher le rite ! », poursuit Philippe Tournier, qui rappelle au passage que la lourde organisation du bac empiète toujours, malgré les annonces, sur la scolarité du mois de juin. ■ WELCOME TO OUR WORLD BIENVENUE DANS NOTRE MONDE Un candidat sur deux se présente dans la filière générale. Les candidats aux bacs technologiques et professionnels représentent respectivement 19,7 % et 28,2 % des effectifs 39 % C’est le taux d’accès d’une génération au bac général. Un taux qui stagne depuis les années 1990 30 AVENGER BANDIT ans C’est l’âge du bac professionnel, imaginé sous François Mitterrand. 85 spécialités sont aujourd’hui proposées Salle d’examen du lycée Charlemagne à Thionville, en Moselle, lors de l’épreuve de Philosophie. LA SUISSE aime les Français, mais seulement les meilleurs. Un bac S avec une mention très bien, c’est le minimum exigé par l’EPFL (École polytechnique fédérale de Lausanne), université prisée des Français qui viennent étudier après le bac dans cette université qui caracole au sommet des classements internationaux (14e à celui des meilleures universités de Shanghaï). Au niveau bachelor, à la rentrée 2015, les étudiants français représentaient plus du tiers des candidatures : 1 370 sur 3 224 ! Sur les cinq dernières années, le nombre de candidatures françaises a augmenté de 20 %. Nicolas, en terminale dans un lycée parisien, bûche de plus belle pour décrocher cette fameuse mention très bien. « Il faut qu’il ait 80 % de la note maximale au bac, c’est-à-dire 16 sur 20 », note son père. Coline y est déjà étudiante, en première année de bachelor en architecture après une scolarité à la Maison d’éducation de la Légion d’honneur de Saint-Denis (93). La jeune fille a obtenu son bac avec plus 17 de moyenne générale. Et même si elle était prise à l’École d’architecture de Marne-la-Vallée en région parisienne, elle a préféré étudier en Suisse. « Le niveau y est excellent, les professeurs sont très bons, certains enseignent à Harvard, même en première année, et, contrairement aux établissements français, l’école fait partie d’une université scientifique, ce qui ouvre des horizons » , constate Coline, qui a choisi Lausanne sur les conseils de son père architecte. Toutefois , même avec une mention très bien, les études à l’EPFL ne sont pas si faciles. « J’ai énormément de travail, je quitte rarement la salle de classe avant minuit, et certains ont fait des nuits blanches pour terminer leur projet », raconte Coline, qui ajoute : « Beaucoup abandonnent en cours d’année. » L’école exige une grosse capacité de travail et beaucoup d’autonomie. « L’an dernier, 38 % des étudiants français admis à l’EPFL et ayant obtenu entre 16 et 17 de moyenne au bac S ont réussi leur première année, soit un taux de réussite proche de celui des étudiants suisses (43 %). Ils étaient en revanche 61 % à réussir leur année du premier coup parmi ceux ayant obtenu plus de 17 de moyenne au bac », affirme Daniel Chuard, délégué général à la formation à l’EPFL. Des bruits courent selon lesquels l’EPFL pourrait augmenter sa barre d’admission à… 18 sur 20. ■ S. de. T. EN BREF B R EIT LIN G .C O M Sur l’APB anglais, les notes de notre examen comptent « EN GRANDE-BRETAGNE, le bac français est très reconnu des universités britanniques», affirme Juliette, dont les deux enfants, de 18 et 20 ans, étudient à l’Université de Warwick et de Lancaster. Pour partir étudier en Grande-Bretagne, ses enfants scolarisés au lycée Jansonde-Sailly à Paris ont postulé via le site Ucas, l’équivalent britannique d’APB. Et contrairement aux universités françaises, les universités britanniques regardent avec attention les notes obtenues au bac des candidats Français, de plus en plus nombreux. «En janvier 2016, 4650 bacheliers français s’étaient inscrits sur UCAS afin de postuler dans une université britannique contre seulement 3180 en 2012», confirme Kate, du service communication de UCAS. Une plateforme qui gère les candidatures de 593 720 candidats dans le monde (495 940 en Grande-Bretagne). La procédure en vigueur pour Ucas est la même qu’on soit anglais ou français. Les Avec leur mention TB, ils choisissent la Suisse Notre-Dame-des-Landes : la décision du Conseil d’État se fait attendre P. HECKLER/PHOTOPQR/ LE REPUBLICAIN LORRAIN SOPHIE DE TARLÉ £@sophiedetarle 9 candidats doivent faire cinq vœux au maximum, et joindre leur «personal statement», lettre de motivation, lettres de recommandation, avec les notes du bac des épreuves anticipées de première. Un professeur de lycée devra donner les «notes prédictives» du candidat au bac, puisque la procédure démarre en janvier et que les notes de l’examen ne sont pas encore tombées. Si son dossier est suffisamment bon, il fera partie des 5 % (environ) qui sont acceptés dans l’Université de manière inconditionnelle quelles que soient les notes du bac. Pour les autres, les universités vont demander des notes minimums au bac (et au A-level pour les Britanniques). « On a demandé à mes enfants d’avoir 15/20 de moyenne générale au bac, avec une note minimum de 15 en math », précise Juliette, qui regrette que les Anglais ne fassent pas de différence entre le bac ES ou le bac S. «Ils font une grande confiance en l’administration française et exigent le tampon du lycée et que la feuille officielle des résultats soit envoyée via la boîte mail de l’établissement», note la mère de famille. « Plus le dossier du candidat est bon, moins l’Université va se montrer exigeante quant aux notes du bac», ajoute Guylaine Amyot conseillère d’orientation spécialisée dans l’international, qui souligne toutefois que «les Anglais regardent surtout “ Les Anglais regardent surtout les notes du bac en maths et en anglais ” GUYLAINE AMYOT CONSEILLÈRE D’ORIENTATION les notes du bac en maths et en anglais, les autres matières ne les intéressent guère». Un système qu’elle trouve plutôt juste, «puisqu’il prend en compte à la fois le niveau de l’élève au lycée, les notes du bac, mais aussi la personnalité du candidat (expériences, bénévolat...).» Un système apprécié des Britanniques eux-mêmes. Jane Cook, originaire de Cumbria (nord de la Grande-Bretagne) et dont la fille Rosa va faire sa rentrée en septembre a une bonne image de UCAS, qu’elle trouve «simple», d’autant que«les élèves sont très aidés par les enseignants à chaque phase de la procédure», nous dit-elle. Un système qui encourage aussi les candidats à développer les expériences extrascolaires. Sa fille Rosa, fait une année de césure avant de commencer ses études, dont un séjour en France, qui sera bien vu pour postuler à l’Université d’Heriot-Watt d’Édimbourg où elle étudiera le «Français et les affaires internationales». Un séjour qui lui permettra d’améliorer son dossier, puisqu’elle n’a pas obtenu d’excellentes notes au A-level (B-B-C) aux trois matières présentées, le français, l’art, et l’histoire. «Le jour des résultats des A-level le 12 août est un jour aussi médiatisé qu’en France, avec cris de joie et des pleurs», nous dit Jane. Un système qui pourrait nous inspirer. Rappelons que la Grande Bretagne est le seul pays à tenir tête aux Américains. Oxford et Cambridge sont les deux seules universités européennes dans le top 10 du classement mondial des universités de Shanghai. ■ Le Conseil d’État, saisi en urgence par des opposants au projet de transfert de l’aéroport nantais à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) qui espèrent empêcher une consultation populaire prévue le 26 juin, rendra sa décision le 20 juin. Le Conseil d’État a été saisi sur la légalité d’un décret organisant cette consultation populaire, la première du genre en France. Ce scrutin n’a en théorie qu’une valeur consultative, mais le président Hollande a fait savoir que son résultat déciderait du sort du futur aéroport. Nouveau procès Kerviel L’ex-trader Jérôme Kerviel fera de nouveau face à la Société générale mercredi devant la cour d’appel de Versailles. La cour doit décider s’il doit verser les 4,9 milliards d’euros de dommages-intérêts que lui réclame la Société générale depuis huit ans. Apologie de crimes contre l’humanité : Alain Soral condamné L’essayiste d’extrême droite Alain Soral a été condamné mardi à 6 mois de prison avec sursis pour « apologie de crimes de guerre et contre l’humanité » pour des propos visant les époux Klarsfeld. A es, mercredi 15 juin 2016 mercredi 15 juin 2016 LE FIGARO 10 SOCIÉTÉ Loi El Khomri : nouvelle journée de manifestation ultraviolente à Paris En début de soirée, on dénombrait 40 blessés. Les casseurs s’en sont pris à l’hôpital Necker. ANNE DE GUIGNÉ £@adeguigne ET CHARLES GAUTIER £@chgautier SOCIAL Nouveau déferlement de violences pour cette neuvième journée de mobilisation contre le projet de loi El Khomri, actuellement débattu au Sénat. À l’appel de l’intersyndicale (CGT, FSU, FO, Solidaires, Unef, UNL, Fidl), 1,3 million de personnes, selon la CGT, mais 125 000 selon la Police, ont manifesté ce mardi dans une cinquantaine de villes en France. Le pic du 31 mars, avec ses 400 000 manifestants, selon le ministère de l’Intérieur, n’a donc pas été dépassé. Les syndicats espèrent toujours faire pression sur le gouvernement afin qu’il amende le texte qui prévoit notamment une décentralisation de la négociation sociale vers les entreprises. À Paris, un cortège dense, de 75 000 à 80 000 personnes, selon la préfecture (mais… 1 million selon la CGT), a quitté la place d’Italie vers 13 h 30 pour rejoindre les Invalides, à quelques mètres de la fans zone prévue pour les supporteurs de l’Euro de football. Au bout de quel- ques centaines de mètres seulement, la manifestation a tourné à l’affrontement. « Quelle tension ! Je n’ai jamais senti cela avant, si tôt », lâchait une militante du Font de gauche. Quelques instants avant, des centaines d’« autonomes » habillés de noir, cagoulés et équipés de lunettes de natation, ont provoqué les forces de l’ordre en tête de cortège en jetant des projectiles, alors que des personnes se faisaient soigner, assises sur le bord des trottoirs. En début de soirée, on dénombrait 40 blessés, dont 29 issus des forces de l’ordre. 73 personnes ont été interpellées. Utilisation des canons à eau Sur le parcours, les dégâts matériels sont impressionnants : nombreuses vitrines fracassées, Abribus incendiés, poubelles en feu, restaurants dévastés… Les casseurs s’en sont même pris à l’hôpital pour enfants malades Necker, dans le VIIe arrondissement, dont les vitres ont été défoncées à la masse. L’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (APHP) a annoncé qu’elle porterait plainte. La ministre de la Santé, Marisol Tourai- ne, a également dénoncé une « attaque insupportable ». Prises à partie par des manifestants, qui leur ont notamment lancé des palettes, les forces de l’ordre ont dû, pour la première fois depuis le début des mobilisations contre la loi travail, utiliser des canons à eau. Dans les cortèges, des mots d’ordre comme « Paris, debout, soulève-toi ! » ou encore « tout le monde déteste la police » retentissaient. De tels slogans ont fait réagir Bernard Cazeneuve. « Je ne peux plus supporter, en tant que ministre de l’Intérieur (…), ces postures, ces propos, ces affiches qui mettent en cause ceux qui portent l’uniforme, et qui, en raison de l’uniforme qu’ils portent, incarnent le droit », a-t-il déclaré, lors des questions à l’Assemblée nationale, à l’issue des manifestations et au lendemain du meurtre d’un policier et de sa compagne. Ces débordements de violence, plus importants que lors des manifestations précédentes, n’ont pas refroidi l’enthousiasme des organisateurs. « Le 14 juin démontre un net rebond de la mobilisation contre le projet de loi travail. Le gouvernement et le président de la République doivent comprendre que ce projet de loi multiminoritaire ne passe pas et qu’ils doivent sortir d’une logique politicienne », ont affirmé les syndicats dans un communiqué commun. « Si le gouvernement pense que le mouvement s’essouffle, c’est qu’il est sourd et aveugle ! a lancé Philippe Martinez, en début de manifestation. Si nous ne sommes pas écoutés, nous avons encore deux autres manifestations prévues. » La CGT et consorts réclament toujours le retrait de la loi El Khomri. « On n’est pas fatigués, on est déterminés, la mobilisation peut durer jusqu’en juillet et même au-delà, malgré les vacances, le Tour de France… », a surenchéri Éric Beynel, porte-parole de Solidaires. « Il n’y a pas de raison de calmer le jeu. Ce n’est pas un baroud d’honneur », a conclu Jean-Claude Mailly, de FO. ■ La grève touche à sa fin après le défilé LA MOBILISATION semblait donner raison à Philippe Martinez, mardi. Le leader de la CGT affirmait dans le cortège de la manifestation que la détermination des opposants à la loi travail était « intacte ». Mais, sur le terrain, au lendemain de ce baroud d’honneur social, la situation est beaucoup plus nuancée. À la SNCF, d’abord, au quatorzième jour consécutif de grève, le mouvement touche à sa fin. La participation à la grève, tombée à 4,5 % lundi, a rebondi à 7,3 % mardi, regonflée par l’appel à manifester. Petit à petit, les assemblées générales de cheminots votent la reprise du travail. C’était le cas à Nice, Marseille, dans le Languedoc-Roussillon… Surtout les cheminots n’auront plus de motif pour débrayer. La CGT-cheminots avait jus- qu’à mardi soir pour signer ou non l’accord d’entreprise sur l’organisation du temps de travail à la SNCF. Selon les bons connaisseurs de ce dossier, la CGT, en position d’arbitre pour valider le texte, hésitait encore à apposer sa signature. Ses dirigeants l’avaient clamé, quitte à déplaire à Philippe Martinez : l’accord finalisé le 6 juin à l’issue d’une ultime table ronde de dix-neuf heures entre syndicats et direction de la SNCF était un « bon accord ». Le premier syndicat de la SNCF ne peut pas prendre aujourd’hui le risque de l’anéantir, alors qu’il a contribué à l’enrichir. La CGT ne posera donc pas son veto et pourrait au pire s’abstenir de le signer, ce qui équivaut à un feu vert, puisque la CFDT et l’Unsa l’ont ratifié. « La CGT-cheminots s’est four- En début de soirée, 73 personnes avaient été interpellées par les forces de l’ordre. Un cortège dense, de 75 000 à 80 000 personnes, selon la préfecture, a défilé contre la loi travail, mardi à Paris. Plusieurs centaines d’autonomes ont attaqué les forces de l’ordre et causé des dégâts matériels sur le parcours. Les casseurs s’en sont même pris à l’hôpital pour enfants malades Necker, dans le VIIe arrondissement de Paris. PHOTOS SÉBASTIEN SORIANO/LE FIGARO dures reprend progressivement. Plusieurs usines d’incinération restent encore bloquées. Dans les raffineries, l’heure est aussi à un retour à la normale. La raffinerie Total de Normandie avait enchaîné 25 journées de grève avant la reprise du travail lundi. À Marseille, où les terminaux pétroliers sont en grève et bloqués depuis un mois, l’un des responsables de la CGTdockers estime au contraire que « le mouvement n’est pas en train de s’essouffler du tout. On ne fait pas ça en dépit du bon sens, on fait ça par conviction. » Galvanisés par la forte mobilisation de mardi, plusieurs syndicalistes espéraient que la « lutte » allait se poursuivre. « L’enjeu, pour nous, c’est de réussir à maintenir la mobilisation dans la durée », explique Éric Beynel, le porteparole de Solidaires (SUD). Deux autres journées de grèves et manifestations partout en France sont prévues les 23 et 28 juin. ■ V. C. À l’Assemblée, les frondeurs fourbissent leurs armes A SOPHIE DE RAVINEL £@S2RVNL UNE NOUVELLE guerre des gauches n’est pas inéluctable à l’Assemblée en juillet, lors du retour de la loi travail. La voie de passage est étroite. Avec la volonté de reposer sur la table les enjeux du texte, le bloc des députés socialistes, écologistes et communistes opposé au gouvernement fourbit les armes. À l’origine d’une tentative de motion de censure en première lecture à l’Assemblée, ces députés se sont lancés, à leur initiative, dans une série d’auditions de syndicalistes. Depuis mardi et jusqu’à jeudi, ils auront entendu des représentants de la CFDT, de l’UNSA et CFTC mais aussi Jean-Claude Mailly, Philippe Martinez et Bernadette Groison, respectivement à la tête de Force ouvrière, de la CGT et de la FSU. Alors même que, vendredi, un rendez-vous a enfin été posé entre la ministre du Travail Myriam El Khomri et Philippe Martinez, pour tenter une sortie de crise. « Nous avons lancé ces auditions pour vérifier la nature des positions des syndicats et ensuite, la semaine prochaine sans doute, prendre position en prévision de la nouvelle lecture », explique le chef de file de frondeurs socialistes, le député Christian Paul. Ces auditions, destinées à renouer le dialogue et à sortir du seul têteà-tête entre le gouvernement et la CGT, dépassent le cadre du groupe socialiste qui suit le travail du député Christophe Sirugue, rapporteur PS de la loi. « Nous ne sommes plus dans le vote automatique, dans une logique disciplinaire », se justifie Paul. Un euphémisme alors que la tentative de motion de censure de la gauche contre un gouvernement de gauche a déjà provoqué un séisme mi-mai… Manuel Valls avait dénoncé une « démarche aventureuse » ayant au moins le mérite de clarifier les positions entre « ceux qui s’arc-boutent sur le passé, et ceux qui préparent l’avenir ». Pour le moment, Christian Paul ne veut pas s’aventurer sur le terrain sensible d’une nouvelle motion de censure. « L’important aujourd’hui, c’est la relance du dialogue, sachant que la balle est dans le camp du premier ministre et du chef de l’État. » Un compromis doit être trouvé. Mais il faut qu’il soit « réaliste et ambitieux », prévient Paul, sans vouloir se substituer aux syndicats. Ensuite seulement, « si le gouvernement n’est disposé à rien changer, s’il décide d’échouer, le “jusqu’au-boutisme” aura changé de camp ». Et alors « tout deviendra ouvert ». Travail de conviction Sans en parler ouvertement car « ce n’est pas la séquence du moment », un député socialiste frondeur assure que les 58 députés nécessaires pour déposer une motion de censure sont cette fois-ci « largement réunis ». Mi-mai, il n’en avait manqué que deux pour la déposer. « Nous avons mené un travail de conviction individuel depuis plusieurs semaines, explique ce parlementaire. Cinq à six d’entre eux étaient tangents, ils nous ont rejoints. » Député européen socialiste et frondeur, Emmanuel Maurel a participé à ce travail de conviction en mai. Il ne souhaite pas confirmer cette information. « Nous n’en sommes pas encore là », élude-t-il comme Christian Paul. « Nous espérons vraiment ne pas en arriver à nouveau à l’usage du 49-3. » Emmanuel Maurel se dit convaincu que « tout le monde veut sortir du conflit, aussi bien à la CGT qu’au gouvernement ». Mais il ne comprend pas « l’intransigeance » du couple exécutif, « arc-bouté pour des raisons symboliques ». « La sagesse collective nous oblige pourtant, dit-il, à trouver un compromis sur la hiérarchie des normes comme sur la définition du licenciement économique ». Côté PS, le premier secrétaire JeanChristophe Cambadélis avait interrogé la haute autorité éthique de son parti sur de possibles sanctions contre les signataires socialistes de la tentative de motion. Celle-ci s’est montrée réservée étant donné l’échec de leur initiative. Mais si la motion est déposée, la ligne rouge sera clairement dépassée. ■ ZOOM Hélène Geoffroy nuance les propos de Patrick Kanner JEAN-CHRISTOPHE MARMARA/LE FIGARO voyée dans une grève qui n’avait pas de fondement cheminot », juge un syndicaliste réformateur. Sur les autres fronts, la reprise du travail se profile. Le ramassage des or- Hélène Geoffroy, secrétaire d’État à la Ville, s’est distinguée de son ministre de tutelle. Patrick Kanner avait estimé en mars qu’il existait en France « une centaine de quartiers » présentant « des similitudes potentielles avec Molenbeek ». Invitée du « Talk Le Figaro », la secrétaire d’État a déclaré : « Je ne partage pas cette formule. » « Je ne mets pas de signe égal entre les quartiers populaires et des quartiers qui seraient des foyers de terrorisme ». L’élue de Vaulxen-Velin a tenu à rappeler que la radicalisation est « l’affaire de toute la société française ». Un « combat » qui doit également « se renforcer » au niveau européen, a-t-elle affirmé. Le gouvernement, souligne-t-elle, a prévu un plan de 80 mesures pour lutter contre la radicalisation. LE FIGARO SCIENCES mercredi 15 juin 2016 11 Crise majeure à l’Agence du médicament Alors que des postes importants sont vacants, une déclaration du directeur de l’ANSM a mis le feu aux poudres. mande pourquoi les épidémiologistes Annick Alpérovitch et Mahmoud Zureik, directeur de la direction scientifique, n’ont alors pas présenté sur-le-champ leur démission. ANNE JOUAN « La caisse enregistreuse de l’industrie pharmaceutique » Le siège de l'Agence nationale de sécurité du médicament, à Saint-Denis, en région parisienne. Des essais cliniques qui tardent à être autorisés CYRILLE VANLERBERGHE £@CyrilleVan EST-CE un excès de zèle de l’Agence du médicament (ANSM) après le décès d’un volontaire sain en janvier lors d’un essai clinique mené par Biotrial à Rennes ? Est-ce le signe d’un manque de moyens ? Toujours est-il que plusieurs spécialistes évoquent des retards sur leur demande d’autorisation de nouveaux essais cliniques. À l’Institut Curie, le Dr Christophe Le Tourneau rapporte que deux demandes d’essais de phase 1 en cancérologie sont encore en attente d’une réponse de l’ANSM, l’un avec une entreprise de biotechnologie française et l’autre avec un laboratoire américain. « La date limite est déjà dépassée, mais l’Agence me dit que les dossiers sont toujours en cours d’évaluation, c’est bizarre », s’étonne le Dr Le Tourneau, responsable des essais précoces et de la médecine de précision. L’un des essais a démarré en Belgique, mais aucun patient n’a pu être intégré en France. Même son de cloche à l’Institut Gustave-Roussy. « Je ne peux affirmer que c’est une conséquence de Biotrial, mais toujours est-il que j’ai eu quelques retards surprenants, comme une demande de dossiers supplémentaires faite par l’ANSM cinq jours avant la date limite, ce qui décale tout, alors que cette demande aurait pu être faite bien avant », témoigne le Pr Jean-Charles Soria, chef du département de l’innovation thérapeutique et des essais précoces à l’Institut Gustave-Roussy. Au-delà des retards que prennent les essais, ces dossiers bloqués peuvent surtout se traduire pour les patients par une perte de chance d’avoir accès à un traitement innovant. « Grâce aux essais cliniques précoces, j’ai des patients qui profitent des immunothérapies, l’avancée majeure dans le domaine du cancer, depuis cinq ans, alors que la première immunothérapie n’est autorisée en France que depuis un an. Cela fait quatre années de gagnées pour ces personnes », explique le Pr Soria. Or au grand congrès de cancérologie clinique de l’Asco à Chicago, au début du mois, nombre de laboratoires américains s’inquiètent d’une rigidité accrue des autorités après l’accident de Biotrial, compliquant l’organisation des essais cliniques en France. « La France a encore une excellente réputation pour la qualité de sa recherche clinique, mais même si notre pays est un marché commercial intéressant, certains essais précoces risquent de partir dans d’autres pays, comme la Grande-Bretagne ou l’Australie, où tout est fait pour faciliter leur organisation », témoigne Jean-Charles Soria. ■ Essai clinique mortel de Rennes : ouverture d’une information judiciaire Le parquet de Paris a annoncé mercredi l’ouverture d’une information judiciaire pour homicide et blessures involontaires. Le 17 janvier dernier, Guillaume Molinet, 49 ans, trouvait la mort lors d’un essai thérapeutique mené par l’entreprise Biotrial pour le compte du laboratoire portugais Bial. Le parquet a livré une information intéressante : le patient était porteur « bien avant sa participation à l’essai, d’une pathologie vasculaire endocrânienne occulte, susceptible d’expliquer l’issue fatale le concernant, à la différence des autres volontaires de la cohorte ». Selon nos informations, l’autopsie a, en réalité, révélé une angiopathie amyloïde, caractérisée par la présence de dépôts dans les vaisseaux cérébraux. Or, selon le Pr Alain Privat, qui a vu toutes les images de Guillaume Molinet, « cette pathologie ne peut être invoquée pour expliquer la gravité des lésions et l’issue fatale » du 17 janvier dernier. A. J. zaine de participants, c’est le moins que l’on puisse dire. À la fin de la présentation des ressources humaines, Annick Alpérovitch, la présidente du conseil scientifique, interroge le directeur de l’agence. Elle lui demande poliment pourquoi il n’a GARO/PHANIE pas été fait mention du travail des scientifiques. Réponse de Dominique Martin, selon trois témoins : « Nous sommes une agence technico-règlementaire, nous n’avons pas besoin de scientifiques de haut niveau. » Un membre du conseil se de- L’HEURE DE L’ÉCOLE NUMÉRIQUE A SONNÉ Fabriqué en France Disponible à L’UGAP Nouveau sous Windows 10 pro RELEVEZ LE DÉFI AVEC LA SOLUTION FRANCAISE TOUT EN 1. SQOOL est la solution numérique française 100% dédiée à l’éducation. En associant tablettes 2-en-1, interfaces dédiées primaire et secondaire, hébergement sécurisé des données et accès à des ressources pédagogiques digitales, SQOOL constitue un écosystème complet et sur-mesure qui répond à toutes les attentes de l’école numérique. Un coup de Maître ! SQOOL, le numérique au service de l’éducation - www.sqool.fr A conte un membre de l’ANSM. Un autre ajoute : « La situation est catastrophique, car la vacance de tous ces postes signifie que la ministre de la Santé ne contrôle plus rien en matière de politique du médicament en France. Elle est incapable de savoir ce qui se passe sur le territoire, tant en termes de sécurité que de contrôle des médicaments disponibles. Or c’est elle, la responsable ! » S’il revient à l’Europe de donner les autorisations de mise sur le marché, l’évaluation scientifique des dossiers est encore suivie par les États membres. De son côté, Dominique Martin l’assure : « L’agence est un organisme vivant, les gens bougent, ce n’est pas étonnant. » Dans ce contexte très tendu, la phrase prononcée mercredi par le patron de l’agence lors de la journée du conseil scientifique n’a pas du tout plu à la quin- Dans les statuts de l’agence, il est pourtant bien écrit qu’elle « a pour objectif de garantir le suivi des produits de santé sur l’ensemble de leur cycle de vie, avant et après commercialisation. Elle vise à maintenir une expertise approfondie qui s’appuie sur les différents métiers (...) que sont l’inspection, le contrôle en laboratoire, l’évaluation, la surveillance, les domaines juridique et réglementaire. » Bref, de faire bien plus que seulement de l’administratif et du réglementaire. Dépité, un membre de l’agence conclut : « Nous ne sommes plus aujourd’hui que la caisse enregistreuse de l’industrie pharmaceutique. » Contacté par Le Figaro, Dominique Martin fait de la sémantique en expliquant que « dans “technico”, il y a “scientifique” ». L’agence avait vu le jour en 1993 après le scandale du sang contaminé. Pour de nombreux observateurs, elle a surtout servi à protéger les hommes politiques des éventuelles futures affaires. En février 2011, entendu par la commission du Sénat à propos du Mediator, Didier Tabuteau, premier directeur de l’agence, avait tenu à rappeler l’ambition de l’agence : « doter notre pays d’un service public de sécurité sanitaire ». ■ Intel et son logo sont des marques commerciales d'Intel Corporation aux États-Unis et/ou dans d'autres pays SANTÉ PUBLIQUE Sauf en plein cœur de la tempête Mediator, jamais l’Agence du médicament n’avait connu pareille situation. « C’est simple, l’ANSM est décimée, résume un haut responsable. Le navire prend l’eau de partout. » La nouvelle réorganisation mise en place après la crise du Mediator par Dominique Maraninchi, prédécesseur de l’actuel directeur, Dominique Martin, est très largement responsable de cet état de fait. Aujourd’hui, la liste des postes vacants donne le vertige, non seulement en raison de leur nombre, mais également à cause de leur importance. Ainsi, il n’y a actuellement plus personne au poste pourtant clé de l’évaluation. Cette spécialité permet de dire qu’une molécule chimique est un médicament, qu’elle est plus efficace que dangereuse, à la fois avant et après sa commercialisation. Ce service stratégique n’a donc ni directeur, ni adjoint. Même absence totale de direction au service de la communication. Le dernier directeur, qui venait de l’Institut Curie après avoir passé trois ans chez Novartis, n’est resté que six mois. Par ailleurs, la représentante de l’agence au Prac, le comité européen de pharmacovigilance (chargé de vérifier les effets secondaires), a elle aussi claqué la porte. Au département de la surveillance - le service qui analyse comment sont utilisés les médicaments -, l’un des deux directeurs adjoints a plié bagage au mois d’avril, et, vendredi, trois personnes de cette même direction ont annoncé en même temps qu’elles présentaient leur démission : le chef du pôle de pharmacovigilance, le référent grossesse et le référent bénéfice risque. L’un des agents de pharmacovigilance quitte l’ANSM pour rejoindre le laboratoire Pierre Fabre. La commission de déontologie de la fonction publique va devoir examiner ce passage du public au privé. « Les gens partent, car il n’y a plus aucune cohérence, plus aucun projet clair », ra- mercredi 15 juin 2016 LE FIGARO 12 SPORT Si le pays de Galles sort vainqueur face à l’Angleterre, le buteur décisif sera un héros toute sa vie » IAN RUSH, ATTAQUANT GALLOIS DANS LES ANNÉES 1980-1990. À Marseille, les Bleus veulent offrir sourires et plaisir Pour son deuxième match de l’Euro, l’équipe de France défie l’Albanie, ce mercredi soir au Stade Vélodrome. BAPTISTE DESPREZ £@Batdesprez ENVOYÉ SPÉCIAL À MARSEILLE FOOTBALL Cinq jours après une entame poussive face à la Roumanie (2-1), la troupe de Didier Deschamps espère faire mieux ce soir au Stade Vélodrome. u Redonner le sourire à la ville Il pourrait souffler comme un air de 12 juin 1998 (victoire de la France contre l’Afrique du Sud, 3-0, en ouverture du Mondial) ce soir sur la Cité phocéenne. Et le Vélodrome n’attend que ça. S’embraser, s’enflammer et vibrer pour ses Bleus. Transition idéale pour le peuple marseillais, qui se remet à peine du pas- sage dévastateur des Anglais et des Russes la semaine passée sur la Canebière. « Nous avons été débordés », reconnaissait d’ailleurs Jean-Claude Gaudin, le maire de la ville, au moment de dresser le triste bilan des derniers jours. Désormais, place à la fête avec la réception des Bleus, opposés à l’Albanie (21 h, TF1). Les joueurs piaffent d’impatience. « On connaît la ferveur du peuple marseillais et on espère voir le stade en folie, souffle Moussa Sissoko. On aura besoin de tout le monde. » Attente identique du côté du Parisien Blaise Matuidi, qui a pris soin de cajoler le public local, oubliant le temps d’une soirée son appartenance au PSG. « Il y aura une belle ambiance et les supporteurs seront derrière nous. Je joue Les joueurs de l’équipe de France arrivent au Stade Vélodrome pour une séance d’entraînement, mardi à Marseille. pour l’équipe de France et ce sera mon stade aussi. » u Poursuivre l’opération séduction Sur le plan comptable, le calcul est simple. Un succès contre l’Albanie, couplé à un résultat favorable entre la Roumanie et la Suisse, ouvrirait en grand les portes des huitièmes de finale aux Bleus. Et ce, même avant la supposée « finale » du groupe contre les Helvètes, dimanche prochain à Villeneuve-d’Ascq. « On veut mieux faire », scandent-ils en chœur depuis le match d’ouverture. Autant dire que les partenaires de Lloris ont tout intérêt à se rendre la partie facile face à l’Albanie, qui les avait battus en juin 2015 lors d’un match amical (lire ci-dessous), L’Albanie sait y faire pour enquiquiner l’équipe de France AURÉLIEN BILLOT ET VINCENT DUCHESNE £@AB_Sport24 £@VinceSport24 ENVOYÉS SPÉCIAUX À MARSEILLE SUR LE PAPIER, l’Albanie fait figure de Petit Poucet. De victime expiatoire pour enchaîner un deuxième succès consécutif après la Roumanie. L’ancienne dictature communiste, 42e au classement Fifa, est la moins bien classée des vingt-quatre nations présentes en France pour l’Euro. Elle sera, de plus, privée de son capitaine et étendard, Lorik Cana (91 sélections), suspendu après son carton rouge contre la Suisse samedi (0-1). « C’est malheureux pour lui, mais ce n’est pas une mauvaise nouvelle pour nous », glisse l’attaquant français Olivier Giroud. Une déclaration qui en dit long sur la méfiance des Bleus à l’égard des Kuq e Zinjtë (les Rouge et Noir). Personne, dans les rangs tricolores, n’a oublié la défaite humiliante de l’an dernier à Elbasan en amical (1-0). La première de l’histoire contre l’Albanie. Pour leur ultime match de la saison, les joueurs de Didier Deschamps étaient passés à côté de leur sujet. À l’image du nouveau héros Dimitri Payet, remplacé dès la mi-temps. « L’Albanie avait montré une générosité et une détermination exceptionnelles, se souvient Giroud, titulaire sur les bords du fleuve Shkumbin. Ils m’avaient L’attaquant français Antoine Griezmann tente d’échapper au défenseur albanais Elseid Hysaj, le 13 juin 2015 à Elbasan, lors d’un match amical perdu (1-0) par les Bleus. A SÉBASTIEN BOUÉ/ PRESSE SPORTS surpris. Ils avaient joué avec beaucoup de cœur et de gaz. » « On a une petite revanche à prendre », tonne le Gunner. « C’est une équipe très compacte, qui défend et manie bien le ballon en contre-attaque. Avec un couloir gauche très performant », souligne Moussa Sissoko. « Ils sont aussi très dangereux sur coups de pied arrêtés », complète Blaise Matuidi. “ On a une petite revanche à prendre ” OLIVIER GIROUD, ATTAQUANT DES BLEUS Hugo Lloris n’osera pas dire le contraire. Le gardien de Tottenham avait été transpercé par un coup franc direct de Kace le 13 juin 2015. Le capitaine français s’était également montré impuissant le 14 novembre 2014 à Rennes sur un coup de tête de Mavraj après une belle combinaison sur corner. Antoine Griezmann avait finalement évité le pire en égalisant d’un slalom génial (1-1). Mais les Albanais avaient confirmé ce soir-là leur statut de poil à gratter pour les Bleus. Didier Deschamps aussi a payé pour le savoir. En 1990, le sélectionneur, alors jeune milieu de terrain des Girondins de Bordeaux, était titulaire au sein de l’équipe de Michel Platini, victorieuse dans la douleur à Tirana (0-1) en éliminatoires de l’Euro 92. La France de Laurent Blanc avait également ramé pour s’imposer le 2 septembre 2011 (1-2) lors des qualifications pour le championnat d’Europe 2012. À peine quelques mois avant la nomination de Gianni De Biasi à la tête de la sélection du « pays des aigles ». Depuis, l’Italien a révolutionné le football albanais. Fait bouger les lignes, discipliné l’effectif un peu trop « débauché ». Et professionnalisé la Fédération. Notamment en effectuant un gros travail de fond pour rendre possible la sélection des binationaux. L’exemple le plus frappant est celui du milieu Taulant Xhaka (25 ans), international depuis septembre 2014, alors que son frère cadet Granit (23 ans) a opté pour la Suisse, où leur famille a émigré au début des années 1990. Après leur défaite inaugurale, Taulant Xhaka et ses compatriotes sont dos au mur dans ce groupe A. Même s’ils ont déjà gagné leur pari en s’invitant à la grand-messe continentale pour la première fois de leur histoire et rendu le sourire au deuxième pays le plus pauvre d’Europe, gangrené par la corruption et la criminalité (le taux de morts par armes à feu y est 1,5 fois supérieur à celui des États-Unis). « Parfois, un petit bateau peut jouer un mauvais tour à un paquebot », avertit De Biasi. Les Bleus sont prévenus… ■ et qui sera privée de son capitaine et taulier, Lorik Cana. Si les Bleus refusent de « sous-estimer » leur adversaire - car ils ont « du respect pour toutes les équipes », dixit Matuidi -, tous sont conscients d’une réalité. Un succès avec la manière leur offrirait un bol d’air avant d’entamer des étapes autrement plus délicates. les imperfections u Gommer Capacité à jouer sous pression, dé- faillance de certaines individualités censées porter les Bleus, ligne défensive en rodage, jeu approximatif et milieu de terrain en souffrance… Face à la Roumanie, les Français ont étalé au grand jour des scories qu’il faudra tenter de gommer. Le chantier est conséquent, mais YVES HERMAN/REUTERS l’adversité relative de ce groupe A - pour rester poli - est parfaite pour résoudre ces imperfections. Et l’Albanie, la proie idéale pour se (re)faire une santé. « On veut dominer plus largement le match, avance Moussa Sissoko, avant d’en dire un peu plus sur les intentions tricolores. Il faudra être plus compact et mieux manier le ballon sans trop abuser du jeu long. » Dans la semaine, les joueurs de Didier Deschamps ont échangé afin de rendre leur production plus fluide et forcément plus efficace. « Je n’ai pas peur. La pression, on connaît, et c’est normal d’avoir été un peu timorés pour l’ouverture d’un tel événement, nous raconte un cadre des Bleus. Ne vous inquiétez pas, on va monter en régime. » Le plus drôle, le plus râleur ? Matuidi dit tout QUELQUES JOURS avant le début de l’Euro 2016, Blaise Matuidi (29 ans, 45 sélections) avait accepté, pour Le Figaro, de dresser un portrait décalé de ses petits camarades. Détendu et amusé par le principe, le milieu de terrain « balance ». Dans la bonne humeur. Un moment savoureux. Le plus drôle ? « Pat’ (Evra) nous fait vraiment bien rire. Il a les meilleures blagues du groupe. C’est un chambreur exceptionnel. Il en sort souvent des bonnes. » Le plus discret ? « “NG” (N’Golo Kanté). Il est tellement calme que parfois, on ne l’entend pas pendant tout un repas. Il respire la sagesse. » les vacances, je vais bosser. Pour faire une bonne préparation pour la saison prochaine.” Il pense déjà à travailler après l’Euro. Je lui ai répondu “Calmetoi, Pat’ !”» Le plus fainéant ? « (Catégorique). Non, vraiment, il n’y en a pas. Personne ne rechigne à la tâche. » Le plus râleur ? « (Il cherche) Bacary Sagna. Il râle beaucoup (rires). » Le plus geek ? « Si on parle des jeux vidéo, c’est Antoine (Griezmann), il ne peut pas s’en passer. Il joue tout le temps, c’est incroyable. Après, au niveau des téléphones, je suis pas mal (sourire). » Le plus coquet ? « Sans hésitation Olivier Giroud. Il faut toujours qu’il ait la classe avec sa coupe de cheveux. » Le mieux habillé ? « “La Pioche” (Paul Pogba) est pas mal (sourire). C’est l’élégance pure. La classe à l’italienne. » Le moins ponctuel ? « J’aurais dit moi, mais j’ai progressé dans ce domaine. Aujourd’hui, grâce au patron (Didier Deschamps) et aux amendes (il mime le geste du coup de baguette sur les doigts), ça marche très droit. Plus personne n’est en retard. » Le moins bien ha- billé ? « (Il réfléchit) Christophe Jallet. Il est sobre, trop sobre (rires) !» Le plus gros dormeur ? « Anthony Martial, je pense. » Le plus bosseur ? « On bosse tous - c’est à souligner - mais si je devais en ressortir un seul ce serait Pat’ (Evra). Avec tout ce qu’il a gagné et démontré durant sa carrière, il a encore cette force. Il n’y a pas longtemps, il m’a dit “Pendant Le plus intelligent ? « Je ne sais pas… Comme il nous reprend souvent quand on s’exprime mal, je dirais “Jaja” (Christophe Jallet). » Blaise Matuidi. A. BIBARD/FEP/ PANORAMIC Le plus mauvais joueur ? « Personne n’aime perdre. On veut tous gagner. Il y a une grande compétition entre nous. C’est une de nos forces. Même aux entraînements ou dans les jeux un peu marrants. Mais Pat’ est un très mauvais perdant (sourire). » ■ A. B. ET V. D. mercredi 15 juin 2016 DRÔLE DE MATCH SPORT Wilmots, cible des critiques Supporteurs, médias et même ses propres joueurs, Marc Wilmots, le sélectionneur de la Belgique, très critiqué, a été accusé d’avoir failli tactiquement, après la défaite des Diables rouges contre l’Italie (0-2). 2011 RÉSULTATS GR. F AUTRICHE GR. F PORTUGAL 0-2 hier HONGRIE ISLANDE AUJOURD’HUI GR. RUSSIESLOVAQUIE GR.A ROUMANIESUISSE 15 h 18 h GR.A FRANCEALBANIE 21 h Lille Paris Marseille 13 L’année de la 4e et dernière victoire de l’équipe de France contre l’Albanie. Depuis, les Bleus ont concédé un match nul et une défaite. EMMANUEL DUNAND/AFP LE FIGARO Lille tente d’éviter que les fans russes et anglais se croisent mais c’est un problème », déclarait Fabienne Buccio, préfète du Pas-de-Calais, mardi matin. À Lens, de mercredi 6 heures du matin à vendredi 6 heures du matin, la vente d’alcool est interdite dans les commerces de la ville, aux alentours de la fans zone, dans certaines grandes surfaces et dans certaines stations-service. À Lille aussi, on craint que les esprits s’échauffent si le degré d’alcoolémie monte. Depuis mardi 18 heures et jusqu’à vendredi 6 heures du matin, la vente d’alcool à emporter est interdite dans un périmètre comprenant le centre de Lille mais aussi Villeneuve-d’Ascq, où se situe le stade Pierre-Mauroy. Les bars devront fermer à minuit mercredi et jeudi soir dans le centre de Lille. MARIE TRANCHANT £@MarieTranchant LILLE Griezmann et Pogba en question u Face à la Roumanie, certains Français sont passés à côté. Premiers visés: Antoine Griezmann et Paul Pogba, les deux joueurs stars plus qu’attendus sur cet Euro. La perspective de les faire souffler contre l’Albanie est envisagée par Deschamps et tiendrait la corde. Une option qui pourrait offrir l’opportunité à Kingsley Coman, excellent à l’entraînement, de fêter à 20 ans sa première titularisation dans un Euro, Moussa Sissoko prenant la place du Turinois dans l’entrejeu. Ces choix, s’ils étaient confirmés, prouveraient que « DD » pense déjà à la Suisse dimanche prochain et à l’éventuelle finale pour la première place du groupe. Cette fois-ci, avec ses deux protégés. ■ « ÉVITER les matchs hors des stades. » À la veille de « deux rencontres très importantes », le préfet du Nord Michel Lalande tenait mardi un point presse sur le renforcement de la sécurité autour du match qui opposera la Russie à la Slovaquie ce mercredi, à 15 heures, au Stade Pierre-Mauroy près de Lille. Plus tôt dans la journée, son homologue du Pas-de-Calais annonçait elle aussi des mesures exceptionnelles autour du match Angleterre-Pays de Galles de jeudi 15 heures au stade Bollaert à Lens. « Tout ce qui est arrivé doit nous rendre très pragmatiques et prudents », indiquait Michel Lalande. Jusqu’ici, dans le Nord, à part quelques échauffourées dans le centre de Lille dimanche, rien à signaler. Une personne a été déférée, une autre reconduite à la frontière. La « Fan Walk » des supporteurs allemands, redoutée, s’est passée sereinement, « aucun pétard et aucun fumigène » n’a été lancé dans le stade Pierre-Mauroy. « Dans ce département, comme dans le Pas-deCalais, le championnat d’Europe de foot s’est passé dans des conditions apaisées, se félicite le préfet. Mais les expériences ailleurs en France nous forcent à tirer des conséquences. » Car après les affrontements à Marseille ayant opposé hooligans russes et anglais, de nombreux observateurs estiment que certains groupes pourraient se croiser dans la région des Des supporteurs britanniques, mardi à Lille. BENOÎT TESSIER/REUTERS Hauts-de-France pour un « match retour » à Lille. Des combats que les plus virulents appellent de leurs vœux. « Nous ne restons pas inertes », assure le préfet. Des forces de police seront donc mobilisées de façon exceptionnelle : deux compagnies de CRS, 150 agents de la police départementale et deux escadrons de gendarmerie, soit 430 agents en plus des forces déjà en présence, faisant passer l’ensemble des moyens de sécurité à 4 000 personnes. À Lille comme à Lens, des forces de police seront présentes à l’intérieur des stades : policiers « en tenue sportive » prêts à intervenir et CRS seront dé- ployés dans les enceintes sportives. Les moyens de transport ne seront pas oubliés avec des contrôles renforcés aux péages et dans les trains. Michel Lalande indique aussi une coopération soutenue avec les autorités britanniques : « Nous leur demandons d’inciter les supporteurs anglais à ne pas venir à Lille. » Mais voilà, il sera difficile, malgré quelques mesures de blocage, de maîtriser complètement les flux. Mardi matin, plusieurs supporteurs russes ont été reconduits à la frontière (lire cidessous). Des mesures d’interdiction de paraître ont été prises. Reste encore une variable de taille. « L’alcool n’est pas le seul problème, “ Tout ce qui est arrivé doit nous rendre très pragmatiques et prudents ” MICHEL LALANNE, PRÉFET DU NORD Limiter la vente d’alcool. « Saturer l’espace urbain » en déployant les moyens policiers. Les deux grandes mesures dans le Nord et le Pas-de-Calais pour essayer de contenir l’envie de revanche d’une poignée des quelque 15 000 supporteurs russes attendus à Lille et de plus de 40 000 supporters britanniques attendus à Lens. « Éviter que les flux se croisent » avant tout, entre ceux qui viennent « pour mettre une vidéo sur Internet, pas pour l’amour du foot ». ■ En cas de nouvel incident, la Russie sera exclue Le gouvernement britannique a condamné les comportements « inexcusables » des hooligans anglais, mais la ministre de l’Intérieur, Theresa May, a incriminé le dispositif de sécurité des autorités françaises. « Les Français et l’UEFA vont devoir se poser les bonnes questions sur l’échec de la séparation entre supporteurs à l’intérieur du Stade Vélodrome », a-t-elle déclaré. Elle a cependant dû faire face également à des critiques de l’opposition sur les failles de la police britannique, qui n’a su empêcher 600 supporteurs anglais interdits de stade de se rendre en France. Elle a exhorté les fans anglais au calme et annoncé l’envoi de renforts de la police britannique lors du match Angleterre-Galles, jeudi à Lens, pour aider à identifier les fauteurs de troubles potentiels. F. C. (À LONDRES) EN BREF Dopage : la justice ordonne la remise de poches de sang dans l’affaire Puerto Une cour d’appel de Madrid a ordonné la remise, notamment à l’Association mondiale antidopage, de plus de 200 poches de sang saisies il y a dix ans. NBA : Cleveland entretient le suspense Cleveland, emmené par LeBron James et Kyrie Irving étincelants, s’est imposé 112 à 97 dans le match 5 de la finale NBA. Golden State ne mène plus que 3 à 2. LE JOURNAL, LA CHAÎNE, LE MAGAZINE, LE SITE. TOUTE LA COMPÉTITION DANS LES MOINDRES DÉTAILS. 1 La Grande-Bretagne incrimine la police française 51MATCHES UNE SEULE A APRÈS LES INCIDENTS, les sanctions. La Russie, pays hôte du Mondial 2018, a été suspendue avec sursis par l’UEFA mardi, en raison des violences perpétrées par les supporteurs russes samedi dernier, à Marseille, au Stade Vélodrome, lors de la rencontre entre l’Angleterre et la Russie. En cas de nouvel incident provoqué par ses supporteurs dans un stade du tournoi en France, la Russie sera exclue de l’Euro 2016. La Fédération russe a également été condamnée à payer une amende de 150 000 euros. Après l’annonce de ces sanctions, Vitali Moutko, le président de la Fédération russe, a déclaré à l’agence TAS : « La mesure disciplinaire est tombée, nous allons bientôt recevoir la notification officielle. Et nous respecterons la décision de l’UEFA, comment pourrait-il en être autrement ? » La Russie était poursuivie par l’UEFA pour des « perturbations » dans les tribunes, pour « comportement raciste », ainsi que pour usage de « fumigènes ». Le préfet des Alpes-Maritimes, Adolphe Colrat, a déclaré à l’AFP que les 43 supporteurs russes contrôlés mardi dans le sud-est de la France ont été placés en garde à vue et seront tous entendus à Marseille. Ils pourront être soit relâchés à l’issue de leur garde à vue, soit expulsés dans le cadre d’une procédure administrative, soit faire éventuellement l’objet de poursuites. Pour rappel, samedi, des centaines de hooligans russes et anglais s’étaient affrontés dans la Cité phocéenne, avec pour conséquence de nombreux blessés, dont un était toujours dans un état critique mardi. À la veille de la deuxième rencontre des Russes dans l’Euro 2016 face à la Slovaquie (mercredi à 15 heures, à Lille), Leonid Sloutski, le sélectionneur, a appelé les fans au calme : « On a parlé avec les supporteurs et on leur a déjà demandé de bien se comporter. On a besoin de leur soutien mais il doit rester dans les limites de la loi. Il faut éviter les situations dangereuses. » ■ RUSSIA = RUSSIE. THOMAS DJEZZANE [email protected] mercredi 15 juin 2016 14 LE CARNET DU JOUR Bourmont (Haute-Marne). Limoges. Saint-Etienne-de-Fursac. signatures Les annonces sont reçues avec justification Marie-Thérèse Besançon, son épouse, François FILLON d’identité Isabelle Besançon, Marie-Laure et Jean Bétolaud du Colombier, Emmanuel Besançon, Marc et Agnès Besançon, ses enfants, dédicacera son livre par téléphone 01 56 52 27 27 Faire (Albin Michel) par télécopie Caroline, Constance, Gabriel, Jeanne, Florence, Marie, Aurélie, Cyril, ses petits-enfants, ce mercredi 15 juin 2016, à 12 h 45, à la librairie du Publicisdrugstore 133, avenue des Champs-Elysées, à Paris (8e). 01 56 52 20 90 par courriel [email protected] Cameron et Juliette, ses arrière-petits-enfants, en nos bureaux organise des portes ouvertes, formations ecclésiales sur notre site : www.carnetdujour.lefigaro.fr La cérémonie religieuse sera célébrée ce mercredi 15 juin 2016, à 14 h 30, en l'église de Bourmont. Tarif de la ligne € TTC : jusqu'au vendredi 17 juin 2016, sur le campus de l'Institut Catholique, 19, rue d'Assas, Paris (6e). 24 € jusqu'à 25 lignes 22 € à partir de 26 lignes Robert BESANÇON survenu à l'âge de 91 ans. Servir l'Église et sa paroisse Du lundi au jeudi La famille remercie toutes les personnes qui prendront part à sa peine. Inscription sur www.icp.fr Vendredi ou samedi 27 € jusqu'à 25 lignes deuils 25 € à partir de 26 lignes Réduction à nos abonnés : Mme Robert du Besset, son épouse, Claire et Thierry Permezel, Guillemette et Guillaume Castellan, Anne du Besset et Cyril Perroy, Laurence et Nicolas Durieux, ses filles et gendres, La comtesse Claude de Baynast de Septfontaines, née Sabine Le Mesre de Pas, son épouse, nous consulter Les lignes comportant M. et Mme Yves Pinczon du Sel, M. et Mme Hubert Detournaÿ, le comte et la comtesse Eric de Baynast de Septfontaines, le comte et la comtesse Bruno de Baynast de Septfontaines, ses enfants, des caractères gras sont facturées sur la base de deux lignes ; les effets Edouard, Marie, Sophie, Victor, Inès, Gaspard, Martin, Eléonore, Pénélope, Suzanne, Julie, Pauline et Violette, ses petits-enfants, ses frères, sœurs, beaux-frères et belles-sœurs, ses 12 petits-enfants de composition les familles du Besset, Léotoing, d'Anjony et Jordan ont la douleur de vous faire part du rappel à Dieu du sont payants ; chaque texte ont l'immense tristesse de vous faire part du décès de comte Claude de BAYNAST de SEPTFONTAINES doit comporter un minimum de 10 lignes. Robert du BESSET muni des sacrements de l'Église Reprise des annonces sur : La cérémonie religieuse sera célébrée ce mercredi 15 juin 2016, à 15 heures, en l'église Notre-Dame-de Bon-Port, à Nantes. www.carnetdujour.lefigaro.fr www.dansnoscoeurs.fr Tél Abonnements : survenu le 12 juin 2016. La messe d'adieu aura lieu ce mercredi 15 juin, à 14 h 30, en l'église de Renage (Isère). Priez pour lui. 01 70 37 31 70 père Michel de BOISFLEURY chanoine honoraire. La cérémonie religieuse sera célébrée le vendredi 17 juin 2016, à 10 h 30, en l'église de Plombières-les-Bains (Vosges), suivie de l'inhumation dans le caveau de famille. ont la tristesse de vous faire part du décès de L'Institut Catholique de Paris 75009 Paris, vous font part du rappel à Dieu du ainsi que toute la famille portes ouvertes 14 boulevard Haussmann, M. et Mme de Boisfleury, Mme Bernard de Boisfleury, le capitaine de vaisseau et Mme François-Emmanuel Brézet, le contre-amiral et Mme Patrick Roy 8, rue Bonne-Louise, 44000 Nantes. On nous prie d'annoncer le décès du SHIRT MAKERS grand officier de la Légion d'honneur. GRANDE VENTE SPÉCIALE ÉTÉ À PARTIR DU MERCREDI 15 JUIN « More you buy, more discount you get » à -50% Chemises, cravates, pyjamas, robes de chambre, boxer shorts Ouverture exceptionnelle dimanche 19/06 - 26/06 - 03/07 252, rue de Rivoli (Place de la Concorde). Tél : 01.42.60.36.09 *Plus d’achat, plus de remises -30% La cérémonie religieuse sera célébrée en la cathédrale Saint-Louis des Invalides, Paris (7e), le jeudi 16 juin 2016, à 11 heures, suivie des honneurs militaires. L'inhumation aura lieu au nouveau cimetière d'Ajaccio, le samedi 18 juin, à 14 heures. LUNDI AU SAMEDI 10H30 / 19H30 - DIMANCHE 11H / 19H Monique et Jean-Michel Coulot, Chantal et Emery de Saint Louvent, ses enfants, Ses guides thématiques pour accompagner les événements de votre vie. Emmanuel et Charlotte, Anne-Sophie et Charles, Claire-Marie, Julie et Edouard, Alexis, Pierre et Sophie, Jean-Baptiste et Ludovic, ses petits-enfants, Timothée, Théophile et Thaïs, Philippine, Mayeul, Wandrille, Annonciade et Briac, ses arrière-petits-enfants, Catherine et Jean-François Mathoret et leurs enfants, Marie-Christine et André Chopin et leurs enfants, ses neveux et nièces, Bénédicte Helcégé Prénoms ont la tristesse de vous faire part du rappel à Dieu de Obsèques Dominique BONELLI le 11 juin 2016, muni des sacrements de l'Église. Mariage Demandez-les par courrier : Le Carnet du Jour • Le Figaro 14 boulevard Haussmann • 75009 Paris Par courriel : carnetdujour@media.figaro.fr La cérémonie religieuse sera célébrée en la cathédrale Saint-Louis des Invalides, Paris (7e), le jeudi 16 juin 2016, à 11 heures. L'inhumation aura lieu au nouveau cimetière d'Ajaccio, le samedi 18 juin, à 14 heures. Christophe et Laurence Chalot, Bénédicte et Antonis Panagopoulos-Chalot, Christine Chalot, ses enfants, Aurélien et Roxane, ses petits-enfants, ont la tristesse de vous faire part du décès de M. André CHALOT survenu à l'âge de 84 ans. La cérémonie religieuse aura lieu ce mercredi 15 juin 2016, à 14 heures, en l'église de Belgentier (Var), suivie de l'inhumation au cimetière de Belgentier. La supérieure générale, les sœurs franciscaines réparatrices de Jésus-Hostie et la famille font part du retour à Dieu de Marie-Josèphe du CREST en religion sœur Marie-Noël le 12 juin 2016, à l'âge de 89 ans, dans la 64e année de sa profession religieuse. La messe d'inhumation sera célébrée le jeudi 16 juin, à 15 heures, en l'église Saint-Jacques de Compiègne. 127, avenue de Villiers, 75017 Paris. 24, rue des Veneurs, 60200 Compiègne. Françoise Fleury-Bonvarlet, son épouse, Thierry, Gilles, Anne, Loïc, ses enfants, et toute sa famille ont l'immense chagrin de vous faire part du décès de Guy BONVARLET survenu le 10 juin 2016. La cérémonie religieuse sera célébrée le jeudi 16 juin 2016, à 14 h 30, en l'église Sainte-Pauline du Vésinet. L'inhumation aura lieu dans l'intimité familiale, au cimetière de Dunkerque, le vendredi 17 juin 2016. La Ferté-Bernard, Bonnétable (Sarthe). Sète (Hérault). Mme Henri Cheroutre, son épouse, Mme Sylvie Cheroutre-Bonneau, sa fille, M. Mathis Bonneau, son petit-fils, les familles Cheroutre et Desthieux ainsi que ses proches camarades de sa promotion de Saint-Cyr et d'autres rencontrés au cours de sa carrière ont la tristesse de vous faire part du décès du colonel (h.) Henri CHEROUTRE Mme Gitla Bursztyn, son épouse, M. et Mme Joseph Bursztyn, M. et Mme Marcel Bursztyn, ses enfants, Sébastien, Maud, Jonathan, Dimitri, Emeline, ses petits-enfants, et leurs conjoints, Léa, Jenna, Nathan, Léonis, Raphaël, ses arrière-petits-enfants, ont l'immense chagrin de vous faire part du décès de M. Mendel BURSZTYN survenu le 12 juin 2016. Les obsèques auront lieu le jeudi 16 juin, à 11 h 30, au cimetière parisien de Bagneux, 43, avenue Marx-Dormoy. chevalier de la Légion d'honneur, officier de l'ordre national du Mérite, croix de la Valeur militaire, survenu le 11 juin 2016, à l'âge de 88 ans. La cérémonie religieuse sera célébrée ce mercredi 15 juin, à 14 h 30, en l'église Saint-Sulpice de Bonnétable, suivie de l'inhumation au cimetière de Bonnétable, dans l'intimité familiale. Condoléances sur registre et sur www.dansnoscœurs.fr Cet avis tient lieu de faire-part. Jean-François Carré, son époux, Philippe, Cécile et Charles, ses enfants, Victorien, Eulalie, Clémence, Alice, Clotilde, Raphaël, ses petits-enfants, Véronique, Cyrille et Amel, ses beaux-enfants, ont la douleur de vous faire part du décès de Marie Suzanne CARRÉ née Hourmant, survenu le 12 juin 2016. La cérémonie religieuse sera célébrée le vendredi 17 juin, à 10 heures, en l'église Sainte-Eugénie 1, place de la Mairie, à Marnes-la-Coquette (Hauts-de-Seine). Cet avis tient lieu de faire-part. Le comte et la comtesse Jacques de Castries, son frère et sa belle-sœur, Alexandre, Constance, Arthur, et Augustin de Castries, ses neveux et sa nièce, la comtesse Maurice de Castries, sa mère, l'ensemble de la famille, proches et amis font part du rappel à Dieu du comte Charles de CASTRIES le 2 juin 2016, à l'âge de 51 ans. La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église Saint-Thomas-d'Aquin, à Paris (7e), le vendredi 17 juin, à 10 h 30. L'inhumation aura lieu au cimetière de La Norville, (Essonne), à 15 h 30, le même jour, dans l'intimité familiale. Cet avis tient lieu de faire-part. Ses neveux et nièces ont la tristesse de faire part du rappel à Dieu de Mlle Gillette DELERUE le 8 juin 2016, dans sa 90e année. La cérémonie religieuse sera célébrée le jeudi 16 juin, à 10 h 30, en l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Versailles. Cressanges (Allier). Le comte Mayeul de Dreuille, Mme Alix de Dreuille-Diacono, M. et Mme Jean Gradelet, Mme Marie-Odile de Dreuille, M. et Mme Etienne Guérin, M. et Mme Philippe Donneaud, ses enfants, ses dix-neuf petits-enfants, ses vingt arrière-petits-enfants ont la douleur de vous faire part du rappel à Dieu du comte de DREUILLE le 10 juin 2016, dans sa 93e année, muni des sacrements de l'Église. La cérémonie religieuse sera célébrée ce mercredi 15 juin, à 14 h 30, en l'église Saint-Julien de Cressanges. 1 bis, rue Virette, 72400 La Ferté-Bernard. M. Didier Deburaux, M. Thierry Deburaux, M. Patrick Deburaux, ses fils, Caroline, Françoise, Laurence, leurs épouses, Mme Anne Deburaux Benoist et son époux Philippe, Mme Valérie Gombert, ses belles-filles, Mme Claude Deburaux Rapport, sa nièce, et son époux Antony, Mme Claire Benoist Rodocanachi, Mme Agnès Benoist Charle, M. Romain Benoist, M. Laurent Deburaux, M. Cyril Deburaux, M. Edouard Deburaux, M. Pierre Deburaux, M. Olivier Deburaux, Mlle Anne Laure Deburaux, M. Martin Deburaux, M. Nicolas Deburaux, M. César Deburaux, Mlle Valentine Deburaux, ses petits-enfants, Jean-Emmanuel, Arnaud, Capucine, Vivienne, Julie, Anne-Sophie, Eva et Joëlle, leurs conjoints et compagnes, Noémie, Louis, Paul, Adrien, Alfred, Augustin, Charlotte, Léopold, Archibald, Lazare, Octave, Alice, Isabella, Sven, Chloé et Ulysse, ses arrière-petits-enfants, Mme Emilie Délivré, sa sœur, et ses enfants, Daniel, Martine et Françoise, ont la tristesse de vous faire part du décès de Jeannine DEBURAUX survenu le 13 juin 2016, dans sa quatre-vingt-dixième année, munie des sacrements de l'Église. Une messe sera célébrée le vendredi 17 juin, à 14 heures, en l'église Sainte-Jeanne-d'Arc, place Elisabeth-Brasseur, à Versailles, suivie de l'inhumation au cimetière des Gonards, 19, rue de la Porte-de-Buc, à Versailles. Cet avis tient lieu de faire-part. 7, boulevard Anatole-France, 92100 Boulogne. Le Conseil national des communes Compagnons de la Libération le colonel (h.) Fred Moore, délégué national, les Compagnons de la Libération et les maires des communes Compagnons de la Libération ont le regret de faire part du décès, survenu le dimanche 12 juin 2016, dans sa 95e année, de M. Charles GONARD commandeur de la Légion d'honneur, Compagnon de la Libération, croix de guerre 1939-1945, médaille de la Résistance, ancien de la Résistance intérieure. La cérémonie religieuse sera célébrée le mardi 21 juin, à 15 heures, en la cathédrale Saint-Louis des Invalides, Paris (7e). Les honneurs militaires lui seront rendus à l'issue de la cérémonie. Laxou (Meurthe-et-Moselle). Paris. M. Éric d'Halluin, son époux, Geoffrey et Amélie d'Halluin, son fils et sa belle-fille, Léopold et Henri, ses petits-fils, Agnès d'Halluin, sa belle-mère, Claudine et André Georges, Annie et Jean Leduc, Françoise et Paolo Fonti, Brigitte Charton, ses sœurs et beaux-frères, Patricia et Jean-Georges Vernet, Thierry et Sylvie d'Halluin, Pascal et Marie-France d'Halluin, Nicolas et Kelly d'Halluin, ses beaux-frères et belles-sœurs, Charlotte et Sébastien, Clémence, Céline et Vincent, Pier-Paul et Laurence, Pierre, Anne, Gonzague et Albane, Clément, Aude et Antoine, Renaud, Lorraine, Maximilian, ses neveux et nièces, ont l'immense tristesse de vous faire part du rappel à Dieu de Mme Éric d'HALLUIN née Michèle Genin, Paris (17e). Cet avis tient lieu de faire-part. capitaine Dominique BONELLI ancien du 1er régiment étranger de parachustistes, Mme Ginette Chalot, son épouse, Jeremy, son fils, a la profonde tristesse de vous faire part du décès de Mme Edith EDLER survenu le 11 juin 2016, dans sa 94e année. le 10 juin 2016, à l'âge de 65 ans. La cérémonie religieuse sera célébrée le jeudi 16 juin, a 14 h 30, en la basilique du Sacré-Cœur de Nancy, suivie de l'inhumation au cimetière de Laxou. Michèle repose à la maison funéraire 3, rue Albert-Lebrun, à Nancy. Bernard, son époux, Francis et Arnaud, ses fils, Marieke, Aurélie, ses belles-filles, Alexiane, Adeline, ses petites-filles, ont la douleur de vous faire part de la disparition du docteur Claude GANTIER née Tichauer, survenue le 12 juin 2016. Les obsèques auront lieu le jeudi 16 juin, à 14 h 45, au cimetière parisien de Bagneux. 22, sentier des Sablons, 94230 Cachan. Mme Jacques Legras, née Françoise Dubus, son épouse, Nicolas et Christine Prouvost, Marc, Hortense, Eric et Delphine Legras, Thibault, Amaury (†), Gauthier, Dominique et Bénédicte Philipon, Louis-Victor, Loïc et Virginie Bonduelle, Astrid, Edouard, Diane, ses enfants et petits-enfants, Line Chann et l'équipe soignante ont la tristesse de vous faire part du rappel à Dieu de M. Jacques LEGRAS dans sa 88e année, muni du sacrements des malades, le samedi 11 juin 2016. Elisabeth de Saint Basile, le père Luc de Saint Basile, Geneviève de Saint Basile-Chazelas et Jean Chazelas, Anne et Bertrand de Vasselot de Régné, Jean et Ghislaine de Saint Basile, ses enfants, Marion et Conan, Sophie, Camille et Benjamin, Claire, Maud, Quentin, Alix, Hortense et Nicolas, Marie, Loane, ses petits-enfants, ses 6 arrière-petits-enfants vous font part du rappel à Dieu de Pierre GAULTIER marquis de SAINT BASILE engagé volontaire à la 2e DB, croix de guerre 1944-1945, le 9 juin 2016, dans sa 96e année. La cérémonie religieuse sera célébrée ce mercredi 15 juin, à 10 h 30, en l'église Saint-Pierre-du-Gros-Caillou, 92, rue Saint-Dominique, à Paris (7e). La cérémonie religieuse sera célébrée ce mercredi 15 juin, à 10 h 30, en l'église de Mons-en-Laonnois (Aisne). Grandlup-et-Fay (Aisne). Mme Jacques Legros, née Anne-Marie Loilier, son épouse, Hélène, Philippe et Béatrice, ses enfants et sa belle-fille, Marine et Jean-Louis, Fanny, ses petits-enfants, Lou, son arrière-petite-fille, les familles Legros et Loilier ont la tristesse de vous faire part du décès de Jacques LEGROS à l'âge de 92 ans. La cérémonie religieuse aura lieu en l'église de Marle (Aisne), le jeudi 16 juin 2016, à 15 heures. Cet avis tient lieu de faire-part. mercredi 15 juin 2016 LE CARNET DU JOUR La famille Poullet fait part du rappel à Dieu de Jean de la HOGUE La cérémonie religieuse aura lieu en l'église Notre-Damede-l'Arche-d'Alliance, à Paris (15e), le vendredi 17 juin 2016, à 10 h 30. Catherine, Patricia et Jean-Charles, ses enfants, ses petits-enfants et arrière-petits-enfants ont la douleur de vous faire part du décès, le 2 juin 2016, dans sa 95e année, de Renée LE ROUX Mme Françoise Le Page, son épouse, ses beaux-frères, belles-sœurs, neveux et nièces, ses cousines et toute la famille ont la douleur de faire part du décès de M. Bernard LE PAGE Le baron et la baronne Jean-Pierre de Jamblinne de Meux, le baron (†) et la baronne Fernand de Jamblinne de Meux, le baron et la baronne Jo de Jamblinne de Meux, le baron et la baronne Olivier de Jamblinne de Meux, ses fils et belles-filles, M. et Mme Olivier Verheyen et Max, le baron et la baronne Yves de Jamblinne de Meux, le baron et la baronne Pierre-François de Jamblinne de Meux, Thérèse, Léopold et Hubert, le baron et la baronne Corentin Greindl, le baron et la baronne Christophe de Jamblinne de Meux, Chiara et Maximilien, la baronne Anne de Jamblinne de Meux, la baronne Charlotte de Jamblinne de Meux, le baron Albert de Jamblinne de Meux, le baron Loïc de Jamblinne de Meux, le baron Valérian de Jamblinne de Meux, le baron Richard de Jamblinne de Meux, la baronne Mélanie de Jamblinne de Meux, le baron Raoul de Jamblinne de Meux, le baron Jérôme de Jamblinne de Meux, le baron Théophile de Jamblinne de Meux, ses petits-enfants et arrière-petits-enfants ses frères, sœur, beaux-frères, belles-sœurs, neveux et nièces, le baron de Jamblinne de Meux, l'Association familiale Jamblinne ont la tristesse de faire part du décès du baron Pierre de JAMBLINNE de MEUX né à Bruxelles le 23 octobre 1920, décédé le 12 juin 2016, veuf de dame Anne-Marie RICHARD La messe de funérailles sera célébrée en l'église Sainte-Claire, à Jette, Bruxelles, le samedi 18 juin 2016, à 11 heures. La famille recevra les condoléances, à partir de 10 h 30, à l'église, 104, avenue Joseph-De-Heyn, à Jette. L'inhumation, dans le caveau de famille au cimetière de Jamblinne, aura lieu dans l'intimité familiale. La cérémonie religieuse sera célébrée le vendredi 17 juin, à 14 h 30, en l'église Saint-François-de-Sales, à Paris (17e), suivie de l'inhumation au cimetière du Montparnasse. 265, boulevard Saint-Denis, 92400 Courbevoie. Bérénice Maccioni, son épouse, Elie Psarologos, son beau-fils, à Paris, le 13 juin 2016, dans sa cent-huitième année. La cérémonie religieuse sera célébrée le vendredi 17 juin, à 10 h 30, en l'église protestante unie de Pentemont-Luxembourg, Paris (7e). L'inhumation aura lieu le samedi 18 juin, à 11 h 30, au cimetière de Tessé-Froulay (Orne). Souvenez-vous de Jean MONTEL Pierre-Henry et Pascal Maccioni, ses frères, M. et Mme Vincent Rouaix, M. et Mme Borde, ses cousins et cousines, et la famille Maufras ont la douleur de vous faire part du décès de M. Laurent MACCIONI survenu le 10 juin 2016, à l'âge de 59 ans. L'inhumation aura lieu ce mercredi 15 juin, à 16 heures, au cimetière du Gond de Gond-Pontouvre (Charente). Le comte et la comtesse Guy Malcor Deydier de Pierrefeu, le comte et la comtesse Thierry Malcor Deydier de Pierrefeu, Mme Jacqueline Malcor Deydier de Pierrefeu, M. et Mme Marc Olivier, ses enfants, Philippe, Camila, Christine, Cédric, Annick, Arnaud, Hélène, Etienne, Geoffroy, Edouard, Matthieu, ses petits-enfants, ont la tristesse de vous faire part du rappel à Dieu de la X 45, officier de l'ordre national du Mérite, née Camila Midence Soto, De la part de ses trois enfants, sa belle-fille, ses cinq petits-enfants et onze arrière-petits-enfants. La cérémonie religieuse sera célébrée le vendredi 17 juin, à 11 h 30, en l'église Notre-Dame-de-Beauregard, à La Celle-Saint-Cloud (Yvelines). Sa femme, ses enfants et ses proches ont la douleur de vous faire part du décès de Jean-Pierre MONVOISIN le 13 juin 2016, à Vannes. Caen (Calvados). Fondettes (Indre-et-Loire). Ses enfants, ses gendres, ses petits-enfants, ses arrière-petits-enfants Geneviève OLIVIER née Guimard, veuve de Philippe OLIVIER ancien ambassadeur de France, le 25 mai 2016, à Houston (États-Unis), à l'âge de 84 ans, munie des sacrements de l'Église. Selon sa volonté, une cérémonie religieuse aura lieu le samedi 2 juillet, à 11 heures, en l'église de Lippelo-Sint-Amands (Belgique), lors du dépôt de ses cendres. Cet avis tient lieu de faire-part. P.O. Box 3160, Tegucigalpa (Honduras). Château de Mélis, Kasteeldreef 32, 2890 Lippelo-Sint-Amands (Belgique). M. Pierre-Olivier de Maleville, son fils, M. et Mme Charles-Henry de Maleville, son fils et sa belle-fille, Aurore et Blanche, ses petites-filles, ont la douleur de vous faire part du rappel à Dieu de Marie-Claire de MALEVILLE née Bechet-Jaubert, Le présent avis tient lieu de faire-part. le 12 juin 2016, au château de Coulonge. [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] La cérémonie religieuse aura lieu le vendredi 17 juin, à 15 heures, en l'église de Rahay (Sarthe). Catherine et Erik Mutinelli-Szymanski, Françoise et Bernard (†) Krantz, Laurence et Charles-Edouard Mauger, ses enfants, Les familles Rudent, Bernard et Devanz Matthias, Fabien, Sébastien, Charlotte, Guillaume, Camille, Arthur, Constance, ses petits-enfants, La messe aura lieu le vendredi 17 juin 2016, à 10 h 30, en l'église de l'Immaculée-Conception, à Paris (12e). le docteur et Mme Pierre Jame, Mme Claudine Jame, ses frère, sœur, belle-sœur, font part du rappel à Dieu de Mme Gabriel PÉLOT née Lucienne Jame, chevalier dans l'ordre national du Mérite, le 11 juin 2016, dans sa 93e année. La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église Saint-Jean, 110, rue Saint-Jean, à Caen, le vendredi 17 juin, à 14 h 30. Cet avis tient lieu de faire-part. Mme Ariane Vanhaecke, 24, rue Paul-Toutain, 14000 Caen. Mme Bénédicte Bensaude, 3 ter, rue de Bel-Air, 37230 Fondettes. Catherine Garcin, Jean-François Roche, Anne-Marie Roche, Isabelle Laforest, ses enfants, ainsi que toute sa famille ont l'immense tristesse de vous faire part du décès de Alexandre ROCHE ancien préfet, officier de la Légion d'honneur, survenu le 10 juin 2016, à Draguignan. La cérémonie se déroulera dans l'intimité familiale. Famille Roche, 123, rue des Dames, 75017 Paris. ont la tristesse de faire part du décès de M. Jean-José RUDENT ses petits-enfants La cérémonie religieuse aura lieu le jeudi 16 juin, à 15 heures, en l'église Saint-François-Xavier, Paris (7e). ont la tristesse de vous faire part du décès de la Le docteur et Mme Pierre Jame, 22, avenue Niel, 75017 Paris. Le docteur Robert Picamoles, son époux, Olivier et Jeanne-Irène Picamoles, Philippe et Dominique Picamoles, Claire et François Malpel, ses enfants et leurs conjoints, Charlotte et Xavier Guiffard, Maud et Julien Goussard, Benjamin Picamoles et Camille Liegeois, Agathe Malpel et Julien Chapuis, Vincent et Florence Malpel, Constance Malpel et Rémi Duperoux, ses petits-enfants et leurs conjoints, Lou, Nine et Paul, Timothée, Zélie et Clovis, Lucas, ses arrière-petits-enfants, ont la tristesse de faire part du décès de Jeanne PICAMOLES née Raynaud, survenu le 9 juin 2016, à l'âge de 95 ans. Une cérémonie sera célébrée le jeudi 16 juin 2016, à 15 heures, au crématorium de Saint-Fargeau-Ponthierry (Seine-et-Marne), 395, rue du Clos-Bernard. 4, rue de Châtillon, 75014 Paris. 1, rue du 8 Mai 1945, 91000 Évry. 26, rue de la Baste, 77000 Vaux-le-Penil. Claire Schulmann, son épouse, Gigi et Rick Aron, ses enfants, Delphine, Gireg, Grégory, Julie, Jérémy, Morgane, ses petits-enfants, ses 6 arrière-petits-enfants, les familles Meiler, Libfeld, Schulmann, Scemes ont l'immense tristesse de vous faire part du décès de Léon SCHULMANN survenu le 12 juin 2016, dans sa 92e année. L'inhumation aura lieu ce mercredi 15 juin, à 14 heures, au cimetière parisien de Bagneux. Rendez-vous à l'entrée principale. Hermès donne des ailes aux artistes baronne de SCHONEN née Yolaine de La Rochefoucauld, chevalier des Arts et Lettres, survenu le 9 juin 2016. La cérémonie religieuse sera célébrée le vendredi 17 juin, à 10 heures, en l'église Saint-Pierre-de-Chaillot, 31, avenue Marceau, Paris (16e). Ses enfants, ses petits-enfants ont la tristesse de vous faire part du rappel à Dieu de Mme Jacques THOMAZI née Françoise Pontaillier, veuve du docteur Jacques Thomazi le 11 juin 2016, dans sa 92e année. La cérémonie religieuse aura lieu ce mercredi 15 juin, à 10 h 30, en l'église du Sacré-Cœur d'Angoulême. Elle sera inhumée dans l'intimité, au cimetière de Vaugirard, à Paris (15e). messes et anniversaires Une messe sera célébrée le samedi 18 juin 2016, à 18 heures, en l'église Notre-Dame du Liban, 15, rue d'Ulm, Paris (5e), pour le repos de l'âme de Ramez Gilbert CHAGOURY disparu il y a un an. Dieu est amour, et l'amour ne périt jamais. 41, rue de Seine, 77240 Seine-Port. mécénat Le baron et la baronne de Schonen, le baron et la baronne Nicolas de Schonen, M. et Mme Olivier Parodi, Mme Evangéline de Schonen, ses fils et belles-filles, le 12 juin 2016. décédé le 12 juin 2016. font part du rappel à Dieu de comtesse Geoffroy MALCOR DEYDIER de PIERREFEU Jeudi avec Le Figaro ont la tristesse de vous faire part de la disparition de Else MARTIN survenu le 12 juin 2016, à l'âge de 82 ans. L'enterrement a eu lieu dans la plus stricte intimité. Une messe en sa mémoire sera célébrée à Monaco, au mois de septembre 2016. Marie-Christine, Erik (†), Michel, Béatrix et Olivia, ses neveux, ses petits-neveux et ses arrière-petits-neveux, les familles Martin, Gauthier, Bonifacio, Denise Ricci (†) 15 souvenirs Il y a dix ans, le 15 juin 2006, Bernadette COURAU nous quittait subitement. Hubert Courau, ses enfants et petits-enfants, sa famille et ses amis vous remercient de vous unir à eux par une pensée ou une prière. Il y a dix ans, le 14 juin 2006, Jeanne DECOBERT nous quittait. Que tous ceux qui l'ont connue et aimée aient une pensée ou une prière pour elle. Il y a dix ans, le 14 juin 2006, Bernard ESDERS nous quittait. Que tous ceux qui l'ont connu et aimé aient une prière ou une pensée pour lui. Son épouse, Katia Esders. Les éditions du Figaro - En vente actuellement Monumental de Jocelyn Cottencin, l’un des spectacles au programme de New Settings de la Fondation Hermès. JOCELYN COTTENCIN ARMELLE HÉLIOT [email protected] blog.lefigaro.fr/theatre La Fondation d’entreprise de la célèbre maison soutient le spectacle vivant. Rare et osé. Des mécènes, on en trouve pour les grandes expositions d’art, on en trouve pour les festivals prestigieux, on en trouve pour la musique. Mais il est rarissime que des mécènes s’engagent pour aider le spectacle vivant. Or la Fondation d’entreprise Hermès a, dès sa création en 2008, choisi de soutenir tous les arts. En 2011, le programme New Settings (en français ce serait aussi beau et on respecterait la loi Toubon) a ouvert une voie très intéressante. Il s’agissait de soutenir des spectacles coécrits par des chorégraphes, des metteurs en scène et des musiciens d’une part et des plasticiens et designers de l’autre. La première édition a été très fructueuse, comme le rappelait mardi matin, au siège de la célèbre maison de luxe et de traditions prestigieuses, Catherine Tsekenis, directrice de la Fondation d’entreprise Hermès. Avant elle, Olivier Fournier, son président, avait souligné avec ferveur et fermeté le sens de l’engagement de cette grande maison dans laquelle il officie depuis vingt-cinq ans. Rapprochement avec des institutions Il fallait une belle audace, en 2011, pour choisir le Théâtre de la Cité internationale comme lieu premier d’éclosion des projets. Après bien des aléas, l’institution qui promeut la jeune création vient de retrouver un directeur, gage d’un avenir ouvert. Et ses représentants étaient présents, heureux d’annoncer que cet automne ils accueilleront les spectacles issus de l’appel à projets annuel que lance la Fondation Hermès. Certains des lauréats étaient d’ailleurs là et ont pris la parole, eux aussi. Ainsi Jocelyn Cottencin et son Monumental. Il est parti d’un film pour aboutir à un « spectacle » sur un plateau, un objet qui peut se revendiquer de l’architecture, du graphisme, de la vidéo, de la danse et qui est porté par une douzaine de « performeurs », dont certains sont des personnalités merveilleuses, tel Yves-Noël Genod. Autre artiste que l’on verra à la Cité, la Polonaise Ola Maciejewska, qui, avec Bombyx Mori, propose une pièce pour trois danseurs pensée dans le sillage de Loïe Fuller et de ses robes ailées. Ici, de fascinants costumes de Valentine Solé. Poussant plus loin son accompagnement d’artistes du spectacle vivant, la Fondation d’entreprise Hermès s’est rapprochée de certaines institutions. Ainsi le Festival d’Automne. Emmanuel DemarcyMota était là pour dire à quel point le soutien d’Hermès importe. Programmées, les Américaines du Wooster Group ou le chorégraphe Boris Charmatz qui donnera sa Danse de nuit dans trois lieux peu fréquentés par la chorégraphie : l’Usine Babcock de La Courneuve, la cour de l’École nationale supérieure des beaux-arts, la cour Lefuel au Louvre. Bestiaire fantastique Christian Rizzo, lui, s’installe dans la cour de l’Hôtel-Dieu avec une « création in situ » dont on ne sait encore pas grandchose… Mystère ! Une demande spéciale de Jean de Loisy ! C’est à Nanterre-Amandiers que son directeur, le metteur en scène Philippe Quesne, vous propose de le suivre pour cette Nuit des taupes. Attention, cet espiègle vous promet de vous plonger dans un monde allégorique, pas forcément très rassurant avec sa famille de taupes géantes et son bestiaire fantastique ! De nombreux autres artistes sont programmés : Kalle Nio, magicien finlandais de la vidéo, Ali Moini, compositeur et interprète venu d’Iran, artiste qui dilate toujours plus ses territoires. De leur côté Simon Tanguy, Roger Sala Reyner, Fanni Futterknecht repoussent les limites avec I Wish I Could Speak in Technicolor. Dans six lieux différents on verra Corbeaux de la danseuse marocaine Bouchra Ouizguen. Un moment bref et impressionnant avec une dizaine d’aïtas venues du Maroc, ces chanteuses de cabaret, que l’on convoque aux fêtes, aux mariages, mais que l’on traite avec distance. Une pièce créée en 2014 à Marrakech, mais développée. Bouchra Ouizguen va recruter d’autres femmes en Île-de-France pour ces Corbeaux. De fortes personnalités, encore avec Vincent Dupont et son Mettre en pièce(s) et Lili Reynaud Dewar que Memphis et sa contre-culture inspire. L’Amérique, justement : à New York, le Fiaf (French Institute Alliance française) présente, avec l’Anthology Film Archives, un déroutant feuilleton. Quand on vous dit qu’avec Hermès, les artistes ont des ailes ! ■ mercredi 15 juin 2016 LE FIGARO 16 CHAMPS LIBRES ENQUÊTE La Colonia Dignidad, appelée aujourd’hui la « colonie bavaroise», le 11 mars 2005. ROBERTO CANDIA Colonia Dignidad : l’horreur d’une secte bavaroise au Chili L Correspondant à Berlin e Dr Hartmut Hopp pensait se faire oublier. Depuis cinq ans, l’ancien médecin de la Colonia Dignidad vivait discrètement à Krefeld, dans l’ouest de son Allemagne natale. Il fréquentait parfois la « Mission populaire », une communauté évangélique ultraconservatrice qui a longtemps entretenu des liens étroits avec les « colons » dont il « s’occupait » au Chili. Mais cet homme de 72 ans n’était pas le bienvenu et les responsables du groupe lui ont tourné le dos. En 2011, Hartmut Hopp a fui la justice du Chili, où il a été condamné à cinq ans de prison pour complicité dans 16 agressions sexuelles sur mineurs. Ce ne sont qu’une infime partie des horreurs perpétrées pendant quatre décennies jusqu’à la fin des années 1990 dans le huis clos de la Colonia Dignidad. Émigrés d’Allemagne au début des années 1960 vers le Chili, quelque 300 colons aveuglés y vivaient en autarcie, cultivant la nostalgie de la Bavière, sous l’influence brutale de leur gourou, l’Allemand Paul Schäfer, un pédophile aux tendances sadiques et aux sympathies nazies, vénéré comme un émissaire de Dieu. Coupée du monde extérieur et installée sur 300 km2, la secte était aussi l’un des piliers de la dictature d’Augusto Pinochet. Loin des regards, notamment ceux des diplomates, le régime y faisait torturer ses opposants politiques et fabriquer des armes. Hartmut Hopp, numéro deux de la colonie, avait d’ailleurs portes ouvertes au siège de la police secrète, la Dina. A Viols, tortures et électrochocs « La Colonia Dignidad était un mini-camp totalitaire », raconte Winfried Hempel. Cet avocat de 38 ans défend les victimes à Santiago du Chili. Il est né dans la colonie. « Paul Schäfer avait un contrôle parfait sur les individus, comme la Stasi en aurait rêvé : nous n’avions pas un mètre carré à nous, pas le moindre espace privé. Quand un système totalitaire est si petit, il en devient plus pervers. » Il est en colère contre le pays de ses parents et de ses tortionnaires. « L’Allemagne a une responsabilité fondamentale. Elle aurait dû agir. » En 1961, Paul Schäfer faisait déjà l’objet d’une enquête pour pédophilie. C’est pour cela qu’il a fui au Chili. Mais il a fallu attendre plusieurs années après la chute de Pinochet pour qu’en 1997 la police chilienne se mette à sa poursuite. Elle a mis huit ans à le capturer après sa disparition en Argentine. Malgré sa mort en 2010 en prison à Santiago, et la condamnation d’une vingtaine d’autres responsables, la page sordide de la Colonia Dignidad n’est pas encore tournée. Les multiples crimes commis là-bas par, ou contre, des Allemands hantent encore les deux pays. À Krefeld, Hartmut Hopp se croyait à l’abri, comme quelques anciens criminels de la colonie : l’Allemagne n’extrade pas ses ressortissants. De quoi donner un haut-le-cœur aux rares victimes qui osent parler. « Il se promène comme un homme libre, comme s’il n’avait rien fait. Ce n’est pas acceptable », confie, d’une voix frêle, Gudrun Müller. Avec son mari aujourd’hui décédé, elle a fui la secte en 2005, après y avoir vécu trente-sept ans. Après dix ans en Allemagne, elle La justice allemande tente actuellement de rattraper Hartmut Hopp, l’ancien médecin de cette communauté placée sous l’influence d’un gourou pédophile aux sympathies nazies, où ont été perpétrées des atrocités pendant quatre décennies. 500 km BOL. OCÉAN PACIFIQUE CHILI PAR. BRÉSIL ARGENTINE Santiago UR. Chillán Concepción Colonia Dignidad OCÉAN ATLANTIQUE Infographie Nicolas Barotte £@NicolasBarotte vient de déménager dans un hospice autrichien. Elle se souvient parfaitement de Paul Schäfer, qui se faisait appeler « Piu », et de Hartmut Hopp, dont elle a subi les traitements. « Parfois, j’étais prête à prendre mes affaires et à partir », raconte-t-elle. Quitter cet enfer où les hommes, les femmes et les enfants vivaient strictement séparés. Où s’aimer était interdit. Où Schäfer exerçait un pouvoir sans limite, exigeant que chacun lui rapporte les faits et gestes des autres. Où il recevait presque chaque soir dans son lit un jeune garçon. « J’étais toujours rattrapée », poursuit-elle. Avec ses barbelés et son équipement de système de surveillance perfectionné, il était presque impossible de fuir le camp. « J’étais abrutie de médicaments, torturée, battue, je recevais des électrochocs. Je n’avais plus ma propre conscience. Le monde paraissait alors facile et agréable. Mais lorsque les médicaments ne faisaient plus effet, alors je voyais à nouveau la réalité. » Après des années de procédure, la justice va tenter de rattraper Hartmut Hopp. Le procureur de Krefeld a recommandé, la semaine dernière, de faire appliquer le jugement chilien en Allemagne. « Nous attendons tranquillement », réplique l’avocat de Hartmut Hopp. Celui-ci nie sa culpabilité. Il s’abrite surtout derrière la liste d’obstacles juridiques. À Berlin, Petra Schlagenhauf connaît par cœur cette argumentation. Poursuivre les crimes de la Colonia Dignidad est presque devenu impossible. « Beaucoup de faits sont prescrits », explique l’avocate berlinoise de Gudrun Müller. D’autres manquent de preuves. Et la plupart des anciens de la colonie se taisent sur ce qu’ils ont vécu. « Beaucoup ne parviennent pas à parler. En Allemagne, certains proches de la secte leur disent aussi qu’ils doivent oublier », ajoute-t-elle. « Ils ont peur qu’on leur demande ce qu’ils ont fait », complète Gudrun Müller. Coupables et victimes ne se distinguaient pas dans la colonie. Leur histoire a été longtemps négligée par la justice allemande. Une première procédure ouverte contre Schäfer par le parquet de Bonn en 1985 n’a jamais abouti. Officieusement, le gouvernement allemand s’est félicité de la décision du procureur de Krefeld. Des années après les faits, l’Allemagne commence à ouvrir les yeux sur les crimes qu’elle a laissé commettre ou qu’elle a laissés impunis. Un film, présenté lors de la dernière Berlinale et sur les écrans français en juillet, a réveillé les consciences. Si Colonia de Florian Gallenberger est construit comme un thriller, il dépeint de façon glaçante l’oppression qui régnait dans la colonie. Le réalisateur a passé plusieurs années à recueillir des témoignages pour préparer son tournage. Dans les couloirs du ministère des Affaires étrangères, on n’a pas vraiment aimé : le film insiste sur les protections dont aurait bénéficié Schäfer du côté allemand. Ce qui s’est passé pendant des années au sein de la Colonia Dignidad « n’est pas à l’honneur » du ministère des Affaires étrangères, a reconnu FrankWalter Steinmeier en avril. « Des années 1960 aux années 1980, des diplomates allemands ont fermé les yeux Des années 1960 aux années 1980, des diplomates allemands ont fermé les yeux et n’ont pas fait assez pour protéger les gens dans cette colonie FRANK-WALTER STEINMEIER, MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES » et n’ont pas fait assez pour protéger les gens dans cette colonie », a déploré le ministre qui a annoncé que le ministère allait ouvrir ses archives sur le sujet. Les dossiers datant de 1996, juste avant la disparition de Paul Schäfer, sont désormais accessibles. Un pactole toujours introuvable « Pour moi, cela ne change rien », se lamente Gudrun Müller. Comme d’autres anciens colons, elle voudrait plutôt percevoir une aide financière de l’Allemagne pour l’aider à survivre. Mais il n’en est pas question à Berlin, où le gouvernement refuse de reconnaître une responsabilité dans les crimes de Schäfer qui puisse ouvrir la voie à des dédommagements pour les quelques dizaines de personnes concernées. « Ma vie est tellement chiche. Je ne peux rien m’offrir, même pas manger une glace en été ou boire un café. J’ai passé près de quarante ans dans cette secte sans toucher un centime », raconte-t-elle. La fortune de la Colonia Dignidad, alimentée grâce à son commerce avec le régime de Pinochet, n’a jamais été retrouvée. Les ramifications étaient pourtant tentaculaires. En Allemagne, Paul Schäfer disposait notamment de relais : en 1978, Gerhard Mertins, trafiquant d’armes, ancien membre des Waffen SS devenu agent du BND (les services de renseignements allemands), y avait fondé le cercle d’amitié de la Colonia Dignidad. « La colonie bénéficiait de soutiens », explique l’historien Jan Stehle, en visant le lobbying de l’antenne de la secte installée à Siegburg, ou les liens entretenus par la CSU avec l’enclave bavaroise au Chili. « Il y avait aussi une sympathie » pour cette communauté et ce qu’elle représentait, dit-il. La colonie avait bonne réputation : elle faisait bénéficier gratuitement de son hôpital aux populations locales. Un portrait de Josef Strauss, le leader historique du parti conservateur CSU, trônait dans la colonie. Des années 1960 à aujourd’hui, ceux qui voulaient savoir avaient tous les moyens d’y parvenir. Dès le milieu des années 1960, de premiers fugitifs témoignent du fonctionnement de la secte. « Un camp nazi aurait été découvert au Chili », raconte, en 1966, un article du Figaro. En 1997, un rapport des Nations unies dénonce clairement la répression d’opposants politiques dans les souterrains de la colonie. Mais à Santiago du Chili, l’ambassadeur d’Allemagne, Erich Strätling, prend la défense de la colonie. « Il n’y a pas, ici, d’installations de torture », proclame-t-il, après avoir « visité » les lieux. Proche du régime de Pinochet, le diplomate veille aux bonnes relations entre l’Allemagne et le Chili. Le rapport est enterré. Les enjeux de la guerre froide l’emportaient sur les considérations humanitaires, se justifie-t-on aujourd’hui au sein du gouvernement allemand. Les diplomates tentent aussi de plaider la bonne foi : ils n’auraient rien vu, ni rien su. Au pire, ils auraient manqué de moyens de pression, préférant laisser le problème aux soins du Chili. Après l’arrestation de Schäfer en 2005, Berlin n’a pas souhaité que la colonie ferme, « pour ne pas devoir accueillir ces citoyens allemands traumatisés », pense Jan Stehle. La Colonia Dignidad existe encore aujourd’hui sous le nom de Colonia Baviera, la « colonie bavaroise ». Ils y sont une centaine. Quelques-uns des enfants de la secte ont pris le relais, tentent d’ouvrir les portes et de gagner un peu d’argent en développant le tourisme. Chaque année, on y célèbre encore la fête de la bière en costume traditionnel. Pas un mot, pas une plaque, ne rappelle les crimes qui ont été commis là. ■ mercredi 15 juin 2016 CHAMPS LIBRES LE FIGARO POLITIQUE 17 Quel est le bilan des 22 partielles du quinquennat de Hollande ? La gauche a perdu 4 de ses 8 députés et a été privée de second tour dans 10 circonscriptions sur 22. Le FN a progressé au 1er tour et gagné 44 % d’électeurs nouveaux au second. Guillaume Tabard £@Gtabard ÉLECTIONS La victoire de la candi- date les Républicains Stéphanie Pernod-Beaudon, dimanche, dans la 3e circonscription de l’Ain, clôt une série de vingt-deux élections législatives partielles organisées sous le quinquennat de François Hollande. Aucun scrutin ne pouvant être organisé moins d’un an avant le renouvellement général suivant, il est certain désormais qu’il n’y aura plus d’autre partielle. En perdant 5 des 9 sièges dont elle disposait, la gauche a subi un camouflet qu’aucune majorité n’avait connu jusqu’alors. gale selon les cas. Mais que le PS l’ait emporté dans le Bas-Rhin et en LoireAtlantique, dans deux des scrutins les plus récents, ne signifie pas que le mouvement de baisse se soit ralenti au fil du quinquennat. À Nantes, la candidate socialiste a ainsi perdu près de 26 points par rapport à Jean-Marc Ayrault ; c’est même là que le recul du PS est le plus fort, plus encore que dans le Lot-et-Garonne après le séisme Cahuzac. À Strasbourg, autre soulagement affiché par la majorité, le ressac est quand même de plus de 11 points. On notera que dans les trois circonscriptions situées dans les deux régions où il a été éliminé aux régionales dès le premier tour (Hauts-deFrance et Paca), le PS a chuté d’environ 20 points par rapport aux législatives 2012. Comme si sa disqualification aux régionales avait eu un effet boule de neige. EFFONDREMENT ET FRONT DU PARTI SOCIALISTE DE GAUCHE RÉSISTENT ❙ UN ❙ VERTS Les partielles depuis 1997 1997-2002 13 12 = 8 Droite Gauche 8 1997 Après les partielles Front national GAIN OU PERTES SUR LA PÉRIODE +1 -1 1 0 1997 Après les partielles 1997 Après les partielles La gauche gagne la 1re du Var sur le FN et la 3e du Pas-de-Calais sur la droite, mais perd la 13e du Nord et la 9e du Bouches-du-Rhône au profit de la droite 2002-2007 -1 14 Droite Gauche 13 2002 Après les partielles 4 2002 Après les partielles Droite Gauche 8 +1 3 2 Les partielles de 2012-2017 à la loupe RÉSULTATS DU PREMIER TOUR AUX PARTIELLES ET AUX LÉGISLATIVES DE 2012 DANS LES MÊMES CIRCONSCRIPTIONS Législatives de 2012 Partielles (2012-2017) Inscrits 1 669 481 1 676 461 Votants 862 120 488 145 11 29,1 % 7 Invalidations TOTAL : 22 scrutins 14 8 Gauche Aux partielles comme en 2012, le Front national a été présent dans vingt circonscriptions. Il ne fut absent qu’à Wallis-et-Futuna et en Polynésie. C’est le parti qui a le plus nettement progressé : 4 points gagnés en moyenne. C’est aussi celui qui a le mieux réussi à mobiliser les électeurs, puisque les 79 253 voix qu’il a recueillies représentent près des trois quarts du volume de 2012 (71,3 %) alors que le corps électoral global a fondu de près de moitié. Au premier tour, la progression du FN n’est pas uniforme. Elle approche ou dépasse les 10 points dans quatre circonscriptions avec un record dans l’Aisne, dans l’ancienne circonscription de Xavier Bertrand, où il est passé de 16,29 % à 28,78 %. Alors qu’en Ile-de-France (3 circonscriptions concernées) ou auprès de Français de l’étranger il reste proche de ses scores de 2012. Mais la vraie nouveauté pour le Front national est sa qualification au second tour. En 2012, il n’avait accédé en finale dans aucune des vingt-deux circonscriptions. Cette fois, il y est arrivé dans neuf d’entre elles ; huit fois contre la droite, une fois contre la gauche. Alors qu’on a beaucoup parlé aux régionales d’un « plafond de verre » empêchant le parti de Marine Le Pen de progresser significativement d’un tour à l’autre, on constate au contraire dans ces partielles une capacité très nette de progression. Dans ces neuf circonscriptions, il est en effet passé d’un total de 53 468 voix au premier tour à un total de 78 197 voix au second, soit une progression de près de la moitié (+ 46,3 %). Avec, là encore, de fortes disparités. C’est face à la gauche qu’il progresse le plus fortement. Dans le Doubs, il fait plus que doubler son électorat (+ 109,1 %). Mais il a également réalisé deux percées spectaculaires face à la droite dans le Lot-etGaronne (+ 82,96 %) et dans l’Oise (+ 81,95 %), ce qui traduit un apport significatif d’abstentionnistes du pre- 2 -4 2 4 2012 Après les partielles Nombre de voix Parti socialiste Europe ÉcologieLes Verts (ou soutenus au 1er tour par le PS) (sans accord de 1er tour avec le PS) La droite est la grande gagnante de ces partielles. LR (ex-UMP), UDI, DVD, elle passe en cumulé de 41,3 % à 45,1 % des suffrages exprimés. Une progression de quatre points, équivalente en moyenne à celle du FN, qui lui permet de garder quatorze circonscriptions, d’en récupérer une (6e de l’Hérault) perdue en 2012 et d’en gagner trois (1re et 8e des Français de l’étranger, 3e du Lot-et-Garonne). Dans le tableau numéro 2, nous avons distingué les candidats UMP-LR ou ceux soutenus par le parti dominant de la droite des autres candidats. Ainsi, les candidats centristes de l’UDI ne sont intégrés dans cette seconde catégorie que dans les circonscriptions où ils affrontaient un candidat « officiel » de la droite. Tout comme à gauche, pour les écologistes, nous n’avons traité à part que les candidats EELV qui affrontaient un candidat PS. C’est pourquoi, dans le Nord, l’UDI Laurent Degallaix a été totalisé dans la première catégorie. Plus compliqué, le cas du Val-de-Marne, où le député sortant UDI, Henri Plagnol, était investi par l’UMP, donc compté dans le total des voix de la droite dominante, tandis que Sylvain Berrios était considéré comme « dissident », bien que membre de l’UMP, et donc compté parmi les candidats UDI-DVD (c’est lui d’ailleurs qui a finalement été élu… et aussitôt intégré au groupe UMP). Partout où la droite affrontait le Front national au second tour, elle a largement dépassé son socle électoral, sans toutefois bénéficier pleinement d’un « front républicain » à son profit. En tout cas, bien moins que ce à quoi on a assisté aux régionales en Hauts-deFrance, en Paca et même dans le Grand Est. À noter dans ces circonscriptions une forte progression des votes blancs et nuls, passés de 4,76 % à 14,25 % dans le Lot-et-Garonne, de 2,72 % à 7,66 % dans l’Aube, ou de 1,75 % à 8,2 % dans le Doubs. ■ Entrées au gouvernement Élections au Sénat (hors accord de 1er tour avec l’UMP-LR) (ou soutenus par UMP/LR dès le 1er tour) 286 144 22 733 49 855 281 432 26 313 111 170 97 050 19 956 27 097 168 569 27 174 79 253 2012 35,4 % 4,95 % 6,4 % 34,9 % 6,4 % 13,6 % Partielles 21,6 % 7,12 % 6,15 % 37,4 % 7,7 % 17,6 % % des voix retrouvées par rapport à 2012 - - 33,9 % TYPOLOGIE DES SECONDS TOURS dans les 22 circonscriptions des partielles Législatives Partielles de 2012 (2012-2017) Duels Droite-Gauche 15 8 Droite-FN 0 8 Gauche-FN 0 1 Droite-Droite 0 2 Gauche 1er tour 2 1 Triangulaire Gauche-Droite-FN 3 0 1 1 1 1 Divers UDI/ DLF ou DVD (sans accord de 1er tour avec le PS) 2012 Suffrages exprimés Autre triangulaire Front national Front de Gauche/ UMP/ Parti communiste Les Républicains Partielles Alors qu’on a retrouvé 56,6 % des votants de 2012 Démissions 18 Droite 51,6 % MOTIFS DE LA PARTIELLE 2012-2017 2012 Après les partielles Participation 2007 Après les partielles 1re d’Eure-et-Loire passée à gauche en février 2008 et repassée à droite en décembre 2008. 10e des Yvelines restée à droite en 2009, passée à gauche en 2010 +4 2 -1 2007 Après les partielles NOUVEL ACTEUR DROITE SECOND TOUR ❙ LEDUFN, EN PROGRESSION ❙ LA +1 3 2007-2012 9 Le Parti socialiste s’effondre, mais le reste de la gauche résiste. Voilà qui confortera Jean-Luc Mélenchon ou Cécile Duflot dans leur détermination à tenir un discours d’opposition résolue à François Hollande et à son gouvernement. Loin de leur en tenir rigueur, les électeurs leur maintiennent leur fidélité. Bien sûr, comme tous les partis, ils pâtissent de l’abstention propre aux partielles, mais, en suffrages exprimés, ils maintiennent leurs positions. Dans les dix-huit circonscriptions où un candidat du Front de gauche ou soutenu par lui se présentait contre le candidat du PS, ce courant passe de 6,4 % à 6,15 % des voix. Ce qui n’empêche pas quelques fiascos comme dans la 21e du Nord, où le candidat du PC est passé de 24,33 % à 10,27 % des suffrages exprimés. Dans cette circonscription, l’ancienne de Jean-Louis Borloo, le PS avait soutenu en 2012 la Verte Sandrine Rousseau, qui avait obtenu 16,71 % des voix. Deux ans après, alors que les Verts ont quitté le gouvernement, chacun part sous ses propres couleurs. Le PS atteint péniblement 7,12 % des voix et EELV, 3,56 %. Pour mesurer l’impact de la stratégie d’autonomie des Verts, il faut comparer les scores dans les seules circonscriptions où EELV est parti sous ses propres couleurs, en 2012 comme aux partielles, et a donc affronté un candidat PS. Comparaison imparfaite dans la mesure où les treize circonscriptions concernées ne sont pas toutes les mê- mier tour, mais aussi, quoi qu’en dise le PS, des reports de voix de gauche. En revanche, dans les Alpes-Maritimes, où il a obtenu son meilleur score de premier tour (30,75 %), il n’a gagné que 504 voix nouvelles. Dans l’Ain, dimanche dernier, sa forte progression s’explique aussi par un report de voix d’un candidat UDI au premier tour qui était soutenu par l’ancien ministre Charles Millon, ancien député de la circonscription. 54,4 % NOMBRE DE CIRCONSCRIPTIONS OÙ LA GAUCHE EST PRÉSENTE AU 2ND TOUR (ou élue au 1er tour) 59,9 % 71,3 % PROGRESSION DU FRONT NATIONAL, dans les 9 circonscriptions où le FN s’est qualifié au second tour +46,3 % 21 - 11 78 197 53 468 10 2012 Après les partielles 1er tour 2e tour A 1 Le verdict est sans appel pour le Parti socialiste. Il détenait huit de ces vingtdeux circonscriptions. Il n’en a sauvé que la moitié. On considère en général que les partielles sont mauvaises pour tout parti au pouvoir. Mais la comparaison avec les trois législatures précédentes (graphique 1) montre le caractère inédit de ce revers. Il a ainsi perdu dans la 4e de l’Hérault, où il ne l’avait certes emporté en 2012 qu’avec 10 voix d’avance en triangulaire, dans les deux circonscriptions des Français de l’étranger et dans la 3e du Lot-et-Garonne, où il a payé plein pot le scandale de l’affaire Cahuzac, sortant du lieu. Mais c’est au premier tour, surtout, que l’on mesure le recul électoral du PS. Dans l’ensemble des circonscriptions concernées, il n’a retrouvé qu’un tiers de ses électeurs de 2012 : 97 050 contre 286 144. Le ressac va donc bien au-delà du seul effet d’abstention, classique pour des partielles. La participation a certes chuté de 51,6 % à 29,1 %, mais cela signifie que l’on a retrouvé globalement dans les urnes 56,6 % des votants de 2012. Le PS, lui, n’en retrouve que 33,99 %. Cela confirme que c’est bien à une grève des urnes des électeurs de gauche que l’on a assisté. En suffrages exprimés, les candidats du PS, ou ceux qu’il soutenait dès le premier tour en 2012 - dans la 21e du Nord, par exemple, la candidate EELV était investie par le PS -, sont ainsi passés de 35,4 % à 21,6 %, une chute de près de 14 points ! Cette chute est iné- mes. Mais, en cumulé, on constate qu’EELV est passé de 4,95 % à 7,12 % des voix là où il était seul. Effet NotreDame-des-Landes oblige, c’est dans la 3e de la Loire-Atlantique que sa progression est la plus nette, passant de 6,18 % à 17,05 %. Résultat, au second tour, la candidate du PS ne fait pas le plein des voix de gauche quand le candidat LR au contraire trouve près de 4 000 voix en dehors de son camp. Infographie mercredi 15 juin 2016 LE FIGARO 18 CHAMPS LIBRES DÉBATS TERRORISME ISLAMISTE ■ Deux policiers, un commandant de police et sa femme, ont été assassinés lundi soir à leur domicile à Magnanville (Yvelines) par Larossi Abballa, condamné en 2013 pour participation à une filière djihadiste entre la France et le Pakistan. En matière de terrorisme islamiste, seule une arrestation préventive des personnes dont la dangerosité est avérée peut éviter la répétition de tels meurtres, explique Hugues Moutouh, ancien conseiller spécial du a France vient une nouvelle Français, toujours destinés à devoir ministère de l’Intérieur sous fois d’être frappée par accepter la barbarie, parce que le terrorisme islamiste. nous sommes civilisés ? la précédente majorité. Ne Le pire, dans cette affreuse Derrière les faux-semblants, pas biaiser dans le choix des tragédie du double les discours guerriers et les coups mots pour nommer les atassassinat d’un officier de de menton, il y a clairement deux tentats est la première des police et de son épouse à Magnanville, catégories d’hommes politiques dans les Yvelines, est qu’elle dans notre pays : ceux qui pensent exigences, souligne Chrisne surprend personne. Ni les services qu’il faut adapter les moyens de lutte tophe de Voogd, professeur spécialisés, qui s’attendaient depuis contre le terrorisme aux règles d’histoire à Sciences Po. La rétention administrative, seule solution L longtemps à ce que des représentants de la loi se fassent enlever sur notre territoire ou assassiner, ni les Français. La vérité est triste à entendre : » Lire aussi PAGES 2 À 7 la France est en train de s’habituer progressivement à la sauvagerie. Les actes de violence extrême, de terreur font désormais partie de notre quotidien. Ils viennent rythmer les matinales des chaînes d’info, puis finissent par se noyer dans le flux continu de l’actualité du jour. Le vrai danger qui guette aujourd’hui notre démocratie n’est pas, contrairement à ce que d’aucuns pensent, qu’elle cède à la panique ou à un débordement d’hubris, contre les responsables réels ou supposés de ces actes ignobles. Le pire danger est plutôt dans la banalisation de la barbarie. Je ne parle pas de la banalisation du risque, qui est la marque du courage et de la bravoure. Je parle de cette banalisation qui est la conséquence de la faiblesse et de la lâcheté : ne rien faire et subir. Au lendemain de ce double meurtre révoltant de sauvagerie, je pose aux responsables politiques cette question que se posent des millions de citoyens français silencieux : la France est-elle éternellement condamnée à être faible, à supporter Contre le terrorisme islamiste, une logique l’insupportable, de prévention est justifiée, plaide l’ancien conseiller parce qu’elle est spécial du ministère de l’Intérieur pendant une démocratie ? Sommes-nous, la présidence de Nicolas Sarkozy *. + « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais HUGUES MOUTOUH de terroristes illuminés prêts à sacrifier leur propre vie. Le risque zéro n’existe pas et les Français en sont parfaitement conscients. En revanche, les citoyens sont en droit d’exiger de la part de ceux qui les gouvernent qu’ils aient effectivement pris toutes les mesures indispensables et nécessaires pour prévenir de tels risques. Il est encore trop tôt pour porter des jugements définitifs sur la tragédie de fonctionnement habituel de notre de Magnanville. Elle a pourtant, démocratie, et ceux qui demandent malheureusement, des airs de déjà-vu. inversement d’adapter nos lois Un meurtrier présumé plutôt jeune, et notre démocratie à ce nouveau originaire d’une cité de la banlieue danger qui nous menace. Ces deux parisienne, connu pour des faits doctrines exigent de notre part de délinquance, islamiste radicalisé sur des sacrifices, mais qui ne sont pas Internet, mais, surtout, déjà condamné égaux. Je pense que nos concitoyens, pour sa participation à une filière si le gouvernement avait la bonne idée de recrutement djihadiste à une La justice antiterroriste doit être, peine de prison à l’avenir, plus sensible au risque dérisoire : trois ans, dont six mois de remettre un terroriste dans la rue avec sursis ! qu’à celui de laisser plus longtemps L’homme, nous dit-on, n’était pas en prison un individu ayant manifesté connu pour être son soutien aux réseaux islamistes vraiment menaçant. Loin des débats de procédure pénale de leur demander leur avis, ou des querelles idéologiques, préféreraient sans hésitation le citoyen ne peut que s’étonner jeter momentanément un voile du manque de bon sens d’une justice pudique sur quelques-unes de leurs pénale qui considère que faire partie libertés individuelles pour garantir d’un réseau d’acheminement leur sûreté, plutôt que d’accepter de djihadistes vers les zones tribales le martyre au nom de la Déclaration pakistano-afghanes ou syriennes des droits de l’homme et du citoyen. ne constitue pas en soi une preuve L’État de droit n’en est pas moins de dangerosité évidente. un État. Il a des devoirs de protection Le problème actuel de la lutte à l’égard de sa communauté nationale. contre le terrorisme dans notre pays est On sait depuis Hobbes que la sécurité tout entier résumé par l’enchaînement est la finalité première de l’action des faits ayant conduit cet assassin politique. Le citoyen attend à perpétrer son crime, et le lui ayant avant tout de ses gouvernants qu’ils permis. Le constat que nous sommes lui garantissent la vie et la sécurité. obligés de faire une fois de plus Sans cela, ils perdent leur légitimité. aujourd’hui n’est pas nouveau : ceux Certes, personne ne peut prétendre qui nous gouvernent ne prennent pas empêcher le passage à l’acte « » assez au sérieux la menace terroriste. Car ce n’est ni avec des discours belliqueux, des législations d’urgence en trompe l’œil ou des dispositifs de patrouilles qui n’impressionnent que les honnêtes citoyens, que l’on parviendra à vaincre nos ennemis de l’intérieur. Si « terroriser les terroristes », comme disait Charles Pasqua voilà trente ans, n’est plus à la mode du jour, il faut se donner tous les moyens de les traquer et appliquer à l’encontre de ceux qui sont susceptibles de passer à l’acte un jour un principe de précaution. Que le lecteur se rassure : nous ne reprenons pas à notre compte le dangereux mot d’ordre de Saint-Just, « pas de liberté pour les ennemis de la liberté ». En revanche, il faut accepter de placer en rétention administrative, à titre préventif, des personnes contre lesquelles existent de simples suspicions raisonnables et non des preuves évidentes. Car la preuve ne vient souvent malheureusement qu’après le passage à l’acte. La justice antiterroriste doit être, à l’avenir, plus sensible au risque de remettre un terroriste dans la rue qu’à celui de laisser plus longtemps en prison un individu ayant manifesté son soutien aux réseaux islamistes. Visionner des vidéos de décapitation, fréquenter des sites Internet faisant l’apologie du djihad, apporter un soutien, quel qu’il soit, à l’État islamique doivent être considérés comme des actes d’une extrême gravité et punis comme tels. Les terroristes mènent contre notre pays une guerre asymétrique. Mais le faible, ici, n’est pas celui qu’on croit : c’est la démocratie libérale. Notre société doit d’abord penser à se protéger elle-même, plutôt que d’être paralysée par le respect vétilleux des libertés individuelles des personnes susceptibles de la menacer. *Avocat à la cour. D’Orlando à Magnanville : à quand la fin d’un politiquement correct mensonger ? L DESSINS DOBRITZ a réaction de nos gouvernants - à l’exception de Manuel Valls - aux deux attentats islamistes de ces derniers jours en dit long sur la prégnance d’un langage politiquement correct qu’aucune horreur ne semble disqualifier. À commencer, justement, par l’absence persistance du mot « islamiste » tant dans le discours du ministre de l’Intérieur que dans celui du président de la République. Il est vrai que c’est une constante chez ce dernier qui, sauf erreur, n’a employé qu’une seule fois ce qualificatif. Mais si la réaction du président renvoie à des préoccupations électorales évidentes, tel n’est pas le cas des commentaires de nombreux médias où une véritable idéologie inspire le plus souvent inconsciemment le discours dominant. Pour repérer cette inspiration, il suffit de faire un test simple : celui de la symétrie. Lorsque le coupable est « d’extrême droite », cette qualité n’est jamais oubliée, comme ce fut le cas lors du massacre d’Anders Breivik en Norvège. Et soyons sûrs que si l’attentat d’Orlando avait été commis par un chrétien illuminé, le fait aurait été souligné - avec raison dans tous les titres et commentaires. Pourquoi d’ailleurs parler au conditionnel ? Ne voit-on pas fleurir, à propos même d’Orlando, les accusations Une véritable idéologie dicte, le plus souvent contre les inconsciemment, le choix des mots pour qualifier « fondamentalistes la tuerie d’Orlando et le double meurtre chrétiens » ? de Magnanville, argumente le professeur Catégorie extensible à volonté d’histoire à Sciences Po*. A CHRISTOPHE DE VOOGD jusqu’à Christine Boutin, qui n’en demandait pas tant… La palme de l’ignominie intellectuelle revient sans doute à ce responsable d’Europe Écologie-Les Verts qui déclare : « La différence entre la Manif pour tous et Orlando ? Le passage à l’acte. » La stratégie de détournement ainsi mise en place a recours à deux autres procédés. La première technique consiste à psychologiser et sociologiser le cas. L’accent est mis sur le « déséquilibre » de l’auteur, son « refoulement » et sa « souffrance sociale ». D’une pierre, deux coups : le meurtrier est rendu irresponsable de son acte et sa motivation idéologique est évacuée. Seul petit problème : une telle grille d’interprétation peut aussi fonctionner parfaitement pour les adeptes du nazisme dans l’Allemagne des années 1930. Or, personne ne s’y risque. La deuxième technique est la communautarisation de la tragédie, fortement appuyée par les réseaux militants LGBT. C’est ainsi que l’axe éditorial dominant sur Orlando est désormais celui de « la tuerie homophobe ». Là encore l’islamisme est marginalisé. « Omar Mateen détestait les gays : la religion n’a rien à voir là-dedans », nous répète-on, en prenant appui sur les déclarations du père de l’assassin. Même si le père en question est un fervent soutien des talibans afghans, bien connus pour être « gay-friendly »… À la différence du double meurtre atroce de Magnanville, où les victimes sont deux fonctionnaires du ministère de l’Intérieur, peu susceptibles, hélas, de susciter l’empathie de ceux pour qui « tout le monde déteste la police », l’attentat d’Orlando pose en effet le massacre d’Orlando est un acte islamiste et homophobe. Mieux : islamiste donc homophobe. Mais voilà : les chimères ont pour elles la puissance de l’imaginaire… Et tant pis si l’on se prive d’écouter et de soutenir les débats passionnants qui ont lieu au sein de l’islam lui-même sur l’homosexualité comme sur tant d’autres sujets sensibles (voir notamment le site oumma.com). Tant pis si une telle attitude réduit au silence tant de voix musulmanes et notamment celles des gays, La palme de l’ignominie intellectuelle qui, comme les femmes revient sans doute à ce responsable (leurs conditions d’Europe Écologie-Les Verts qui déclare : sont toujours étrangement « La différence entre la Manif pour tous similaires) et Orlando ? Le passage à l’acte » sont priés de subir sans broncher l’oppression quotidienne, y compris en Le plus grave est que ce discours, France. Et les esprits critiques d’origine loin de rester confiné au petit monde musulmane sont priés de se taire : de l’islamo-gauchisme, enferme voir le traitement de Kamel Daoud le débat médiatique dans autant par nos intellectuels pétitionnaires. de faux dilemmes : « loup solitaire » Tant pis si ce déni constant alimente ou « organisation terroriste » ? toutes les théories du complot Attentats « commandités » et les sophismes d’autres extrémistes ou seulement « revendiqués » par l’État et aboutit à « l’amalgame » islamique (pardon, par Daech) ? et à la « stigmatisation » que l’on « Terrorisme islamiste » ou « tuerie prétendait justement éviter : « Puisque homophobe » ? etc. Les meurtres les terroristes sont musulmans, massifs d’homosexuels à Raca tous les musulmans sont terroristes. » ou Mossoul, les instructions données Et tant pis si ceux-là même que l’on aux « soldats du califat en Amérique prétend combattre, les populistes et en Europe » à l’occasion du ramadan de droite, sont les premiers à profiter ou encore la lecture des analyses de cette imposture intellectuelle et de Gilles Kepel sur les changements morale et à y substituer la leur propre. du paradigme terroriste, suffiraient Donald Trump l’a compris le premier. pourtant à dissiper ces chimères Marine Le Pen ne sera pas la dernière. et à dire enfin les choses comme elles * Ancien élève de l’École normale sont : les deux derniers attentats supérieure. sont des actes de terreur islamiste ; un redoutable problème aux tenants du politiquement correct, ou, pour parler français, de « la correction politique ». La non-discrimination des homosexuels est pour eux une cause aussi sacrée que la nondiscrimination des musulmans. Leur logiciel idéologique, fondé sur une lecture paresseuse et défectueuse de Marx et de Bourdieu, leur interdit donc de concevoir que des « dominés » (musulmans) puissent s’en prendre à d’autres « dominés » (homosexuels). « » mercredi 15 juin 2016 CHAMPS LIBRES LE FIGARO OPINIONS Yves de Kerdrel [email protected] La leçon de la Finlande à la France I l y a encore quelques années, les Français attendaient chaque mois avec appréhension, une éventuelle dégradation de la note de leur pays par les agences de notation. Curieusement, aujourd’hui, elles ne semblent plus s’intéresser à la France. Et cela au moment précis où la dette publique n’a jamais été aussi élevée, à plus de 2 130 milliards d’euros, sans compter les 3 000 euros de pensions dues aux fonctionnaires. Au moment précis où le gouvernement a abandonné toute notion de budget et fait des chèques à tout-va sans se demander s’il a l’argent en caisse. Au moment précis, enfin, où notre croissance va souffrir des semaines de grève que nous venons de vivre. @ Un autre pays n’a pas eu la même chance. En l’espace de quelques semaines, la Finlande, qui était l’un des derniers pays européens à afficher le magique « triple A » a été renversée de la première marche du podium à la fois par Moody’s, Fitch et Standard & Poor’s. Désormais, le Luxembourg et l’Allemagne sont les seuls pays européens à conserver la médaille d’or auprès des trois agences de notation. En France, lorsque ces agences nous ont avertis que notre économie montrait des signes de faiblesse, tous les économistes sont montés au créneau pour expliquer qu’elles ne comprenaient rien à rien et que le plus grand service à rendre aux marchés financiers serait de les supprimer. Trois jours après ENTRE GUILLEMETS 100 000 citations et proverbes sur evene.fr 15 juin 1969 : Georges Pompidou élu président de la République avec 58,2 % des voix. Georges Pompidou, 16 mai 1969 RUE DES ARCHIVES/AGIP « Françaises, Français, je suis un démocrate, je crois être humain et libéral, je crois aussi - et je le dis sans vanité, soyez-en sûrs - être capable de fermeté et l’avoir prouvé» ANALYSE Guillaume Perrault £@GuilPerrault + » Lire aussi PAGES 2 À 7 , 12 ET 13 « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais l’avertissement de Moody’s, la Finlande annonçait pour sa part un vaste plan destiné à relancer son économie et, surtout, à restaurer sa compétitivité. Il s’agit d’un pacte conclu entre le gouvernement de ce pays de 5,4 millions d’habitants et le principal syndicat, Metalli, qui rassemble l’Union des travailleurs de la métallurgie. Après des semaines de discussion et une seule grève générale, les deux parties sont tombées d’accord pour instaurer trois mesures essentielles. D’abord, les Finlandais devront travailler trois jours de plus par an pour le même salaire. Ensuite, leurs cotisations pour la retraite et l’assurance-chômage vont être augmentées, alors que celles payées par les entreprises vont diminuer. Enfin, il a été convenu que la rémunération des congés payés des fonctionnaires va baisser de 30 %. Par ailleurs les salaires dans l’ensemble du secteur privé seront gelés, au moins jusqu’à la fin de l’année prochaine. Toutes ces mesures sont d’une cohérence incontestable. Le but, c’est de restaurer la compétitivité de l’économie finlandaise. D’une part en augmentant le nombre d’heures travaillées sans faire croître le coût du travail. D’autre part en baissant les charges sociales payées par les entreprises et en attribuant le coût de l’État-providence aux salariés. Aussitôt conclu ce pacte de compétitivité, le premier ministre centriste, Juha Sipilä a eu ces mots si justes : «Aujourd’hui en Finlande nous écrivons l’histoire. Peu de pays sont capables de prendre une décision si difficile d’un commun accord. » Si l’on se fie aux études d’impact qui ont été réalisées, les mesures prises vont permettre à la Finlande de réduire le Pendant la « guerre », l’Euro et la Fête de la musique continuent « T out peut se soutenir, messieurs, excepté l’inconséquence », avait coutume de dire Mirabeau à la tribune de l’Assemblée pendant les deux premières années de la Révolution. Voilà un homme qui connaissait bien les Français. La cohérence, en effet, n’est pas notre point fort. Matin, midi et soir, François Hollande et Manuel Valls affirment que la France est en « guerre » contre le terrorisme. Mais ils ajoutent que la vie va continuer sans que notre confort et nos habitudes soient en rien modifiés. L’Euro 2016 et jusqu’à ses fans zones ont été maintenus. La sécurité des spectateurs réclame tous les soins des forces de l’ordre. Pendant ce temps, un double assassinat particulièrement odieux est perpétré contre un couple de policiers à leur domicile à Magnanville (Yvelines) par un individu déjà condamné pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. La riposte du gouvernement ne s’est pas fait attendre : la Fête de la musique aura bien lieu le 21 juin. A-t-on déjà vu une « guerre » se livrer et se gagner dans un pays qui se considère toujours en paix ? Si les Français sont bien conscients du danger que fait peser sur eux le terrorisme islamiste (le contraire serait difficile), ils refusent obstinément d’en tirer les conséquences en adoptant la discipline collective qu’imposeraient les circonstances. Certes, on ne saurait interdire toute manifestation sous prétexte que policiers et gendarmes ont d’autres chats à fouetter. Mais comment ne pas être frappé par la singulière situation que nous vivons ? L’état d’urgence a été plébiscité par nos concitoyens après les attentats de novembre, car il s’agissait d’assurer le droit à la sécurité de chacun. Or, pas question pour autant, dans l’esprit des Français, de hiérarchiser des droits contradictoires. Le seul principe de légitimité encore admis dans la société française est l’extension indéfinie des droits individuels. L’État considère donc qu’il ne peut plus poser des limites à quelque liberté que ce soit au nom de l’intérêt supérieur du pays. Tout acte d’autorité est vécu comme persécuteur. Si par miracle le gouvernement s’y risque, il a d’ailleurs de fortes chances d’être désavoué par la justice. La pensée libérale, qui voit l’État comme une menace pour les libertés et non plus comme son garant, a supplanté la tradition républicaine d’antan, qui faisait la part belle aux prérogatives de la puissance publique. Dès lors, ce principe des droits individuels, qui n’est plus équilibré par le principe d’autorité, développe toutes ses conséquences. Non seulement les manifestations contre la loi El Khomri doivent pouvoir se dérouler comme en temps ordinaire, mais les tribunaux annulent des interdictions de manifester prononcées contre des casseurs après que certains d’entre eux ont cherché à tuer des CRS. Les vingt policiers blessés hier à Paris apprécieront. Pour leur part, des bloqueurs foulent au pied la liberté du travail et la liberté d’aller et venir sans que le gouvernement les ramène à la raison. Même les événements sportifs prennent l’allure d’un droit intangible et sacré. Les remettre en cause, « ça serait donner une victoire aux terroristes », assure-t-on avec un mouvement de menton. Résultat de cette belle pétition de principe : les vandales se déchaînent à Marseille d’autant plus facilement que les CRS, concentrés en Île-de-France, ne peuvent pas être partout. Et les poses martiales de Bernard Cazeneuve devant les caméras ne rassurent plus personne. La faute en incombe autant aux inconséquences des Français qu’à la pusillanimité des responsables publics. L’opinion réclame à la fois des conditions de vie inchangées, l’infaillibilité de la police et le risque zéro pour les manifestants imprudents qui restent à proximité des casseurs. C’est humain : quel père n’aurait pas ces exigences envers les CRS s’il savait ses enfants dans un cortège, hier à Paris ? Il reste que les réactions de l’opinion font penser à celles de clients très difficiles qui considéreraient l’État sous le seul rapport d’un prestataire de services qui vous doit tout, et à qui on ne doit rien (hormis le paiement de l’impôt). Le mot de « civisme » est tombé en désuétude. L’individu est devenu un absolu. Le consommateur à œillères « a droit » à ses manifestations ou à ses matchs de football. Si on interroge un Français sur la possibilité, pour l’État, de satisfaire des attentes aussi contradictoires, il hausse les épaules et sa réponse fuse : « C’est pas mon problème. » Le « nous » a disparu. Advienne que pourra. Le client a toujours raison. + » Lire aussi PAGES 2 À 7 « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais “Sans la liberté de blâmer il n’est point d’éloge flatteur” Beaumarchais Dassault Médias 14, boulevard Haussmann 75009 Paris Président-directeur général Serge Dassault Administrateurs Nicole Dassault, Olivier Dassault, Thierry Dassault, Jean-Pierre Bechter, Olivier Costa de Beauregard, Benoît Habert, Bernard Monassier, Rudi Roussillon SOCIÉTÉ DU FIGARO SAS 14, boulevard Haussmann 75009 Paris Président Serge Dassault Directeur général, directeur de la publication Marc Feuillée Directeur des rédactions Alexis Brézet Directeur délégué des rédactions Paul-Henri du Limbert Directeurs adjoints de la rédaction Gaëtan de Capèle (Économie), Laurence de Charette (directeur de la rédaction du Figaro.fr), Anne-Sophie von Claer (Style, Art de vivre, So Figaro), Philippe Gélie (International), Anne Huet-Wuillème (Édition, Photo, Révision), Étienne de Montety (Figaro Littéraire), Bertrand de Saint-Vincent (Culture, Figaroscope, Télévision) et Yves Thréard (Enquêtes, Opérations spéciales, Sports) Directeur artistique Pierre Bayle Rédacteur en chef Frédéric Picard (Édition) Éditeur Sofia Bengana Éditeur adjoint Robert Mergui FIGAROMEDIAS 9, rue Pillet-Will, 75430 Paris Cedex 09 Tél. : 01 56 52 20 00 Fax : 01 56 52 23 07 Président-directeur général Aurore Domont Direction, administration, rédaction 14, boulevard Haussmann 75438 Paris Cedex 09 Tél. : 01 57 08 50 00 [email protected] coût du travail de 3 % en 2017, puis de 1 % supplémentaire d’ici à 2019, avec un effet important sur les exportations, dans la mesure où le pays va se retrouver dans les meilleurs standards mondiaux en termes de compétitivité-coût. Un impératif, alors que le taux de chômage culmine à plus de 9 %, que la croissance a été atone l’an passé, après trois ans de récession, et, surtout, que le coût du travail affiche une progression de 20 % depuis 2008. Il y a trois leçons à retirer de ce cas d’école finlandais. D’abord, naturellement, la maturité de leurs syndicats et l’efficacité de leur dialogue social qui a permis de déboucher sur un tel pacte de compétitivité. Un pacte qui n’a rien à voir avec celui du couple Hollande et Valls, puisqu’il n’est pas gagé par 40 milliards d’euros de dépenses publiques supplémentaires. Ensuite, il y a la réactivité de la classe politique finlandaise et de son nouveau premier ministre, en poste depuis seulement un an. Le fait que Juha Sipilä soit un ancien chef d’entreprise a joué beaucoup sur le choix des mesures de redressement de l’économie. Enfin, la dernière leçon porte sur la capacité de tout un pays à mener une forme de dévaluation interne. La Finlande faisant partie de la zone euro ne pouvait pas ajuster sa compétitivité par la monnaie. Elle l’a donc fait par les coûts salariaux comme l’Espagne l’a fait de manière magistrale avant elle. C’est un débat auquel la France n’échappera pas en 2017. Mais comme nos syndicats sont bien moins constructifs que ceux de la plupart des autres pays, il faudra encore plus de détermination de la part des politiques qui auront été élus pour redresser le pays. VOX ... ASSASSINAT DE DEUX POLICIERS - Que faisait Larossi Abballa en liberté ?, par Guillaume Jeanson, porte-parole de l’Institut pour la justice. - De l’état d’urgence à l’état de chaos, par Alexis Théas ... ATTENTAT ISLAMISTE D’ORLANDO Avantage politique à Donald Trump, par Alain Destexhe. Les rencontres du FIGARO RENCONTRE AVEC ÉRIC ZEMMOUR le 15 septembre à 20 h 00 Salle Gaveau. Réservations : 01 70 37 31 70 ou www.lefigaro.fr/ rencontres. Impression L’Imprimerie, 79, rue de Roissy 93290 Tremblay-en-France Midi Print, 30600 Gallargues-le-Montueux Imprimahd Casablanca Maroc. ISSN 0182-5852 Commission paritaire n° 0421 C 83022 Pour vous abonner Lundi au vendredi de 7 h à 18h ; sam. de 8 h à 13 h au 01 70 37 31 70. Fax : 01 55 56 70 11 . Gérez votre abonnement votre Espace Client : www.lefigaro.fr/ client Formules d’abonnement pour 1 an - France métropolitaine Club : 409 €. Semaine : 259 €. Week-end : 199 €. Ce journal se compose de : Édition nationale 1er cahier 20 pages Cahier 2 Économie 12 pages Cahier 3 Le Figaro et vous 12 pages A CHRONIQUE 19 IWC PILOT. #B_ORIGINAL . Join the conversation on #B_Original. Grande Montre d’Aviateur. Réf. 5009: Inspirée par les premiers modèles tout en étant innovante – la dernière Grande Montre d’Aviateur séduit, comme le célèbre modèle précédent, par une technique de précision et un design fonctionnel. Ainsi, le plus grand calibre de manufacture construit par IWC offre une réserve de marche de sept jours en un temps record. Quant au repère triangulaire placé sous la minuterie et aux fines divisions de 5 minutes, ils viennent encore davantage rappeler l’esthétique du cadran du modèle de 1940. C’est donc une évidence aussi bien pour cette montre que pour son propriétaire: il n’y a rien de tel que l’allure pour être IWC . CO N Ç U P O U R LE S H O M M E S . original. Mouvement de montre mécanique, Remontage automatique Pellaton, Calibre de manufacture 51111, Affichage des 7 jours de réserve de marche, Affichage de la date, Seconde au centre avec dispositif d’arrêt, Boîtier interne en fer doux assurant une protection antimagnétique, Verre avec fixation assurée en cas de dépressurisation, Gravure spéciale sur le fond (photo), Étanche 6 bars, Diamètre 46 mm, Bracelet en veau de Santoni IWC Boutique Paris | 3–5, rue de la Paix 75002 Paris | Tél. +33 1 58 18 14 98 | www.iwc.com * IWC. Etre original mercredi 15 juin 2016 LE FIGARO - N° 22 347 - Cahier N° 2 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr > FOCUS lefigaro.fr/economie AREVA APPLE PAY LE PAIEMENT SUR IPHONE ARRIVE EN FRANCE PAGE 30 économie La perspective d’un Brexit secoue les marchés L’hypothèse d’une sortie de la Grande-Bretagne de l’UE se renforce à dix jours du scrutin. Les Bourses européennes sont dans le rouge, et l’emprunt allemand à dix ans est passé en terrain négatif. PAGE 22 Total matérialise ses ambitions électriques ÉNERGIE Total, géant français du pétrole et du gaz, commence à assembler les briques de son ambition affichée depuis le printemps dans le domaine de l’électricité. Le groupe a annoncé mardi un accord pour l’acquisition de Lampiris, une société belge qui distribue électricité et gaz aux particuliers en Belgique, mais aussi depuis peu en France. Le montant de la transaction n’a pas été révélé, mais il serait, selon nos informations, de l’ordre de 180 millions d’euros. le PLUS du FIGARO ÉCO BOUYGUES Le groupe de BTP en conflit avec Generali à la Défense PAGE 27 LA SÉANCE DU MARDI 14 JUIN 2016 CAC 40 4130,33 -2,29% DOW JONES (18h) 17617,21 -0,65% ONCE D’OR 1287,15 (1280,80) PÉTROLE (lond) 49,740 (50,680) EUROSTOXX 50 2797,18 -1,97% FOOTSIE 5923,53 -2,01% NASDAQ (18h) 4819,80 -0,59% NIKKEI 15859,00 -1,00% Lampiris, qui revendique une électricité 100 % « verte » et propose aussi des services énergétiques (isolation, entretien de chaudières, etc.), comptait début 2016 un peu plus d’un million de clients au total, dont 200 000 en France et 850 000 en Belgique. Dans l’Hexagone, Lampiris s’est notamment illustré en remportant début 2015 les opérations d’achat groupé de gaz de l’association de consommateurs UFCQue choisir. L’opération a séduit Total qui poursuit ainsi sa stratégie d’intégration de la chaîne des métiers de l’énergie. Déjà présent en Belgique dans la fourniture de gaz et d’électricité aux professionnels, il s’offre une jeune société innovante pour investir le marché des particuliers. Cette acquisition s’inscrit dans la diversification du groupe, qui a créé en avril une division dédiée au gaz, à l’électricité et aux énergies renouvelables. « L’électricité est clef. Nous nous positionnons sur ce métier, non pas pour faire concurrence aux grands électriciens, mais en tant qu’industriel voulant contribuer à l’émergence du mix gaz-énergies renouvelables », expliquait le 10 mai le PDG de Total, Patrick Pouyanné, au Figaro. Le groupe venait alors de signer une opération beaucoup plus significative, celle du groupe Saft, spécialiste de la batterie et des solutions de stockage, pour près d’un milliard d’euros. B. B. À compter du 1er août, Airbnb, leader de la location d’appartements entre particuliers sur Internet, élargira la collecte de la taxe de séjour à 18 nouvelles villes de France (Aix-enProvence, Ajaccio, Annecy, Antibes, Avignon, Biarritz, Bordeaux, Cannes, Strasbourg…). « Nous nous sommes concentrés sur les plus grandes villes de France, déclare Nicolas Ferrary, directeur France d’Aibnb, qui s’apprête à quitter la société pour lancer sa propre entreprise. Ces 20 destinations accueillent plus de 50 % des voyageurs d’Airbnb en France. » Jusqu’alors, Airbnb ne collectait la taxe de séjour qu’à Paris, depuis octobre, et Chamonix-Mont-Blanc, depuis août. L’an dernier, Airbnb a ainsi collecté et reversé 1,2 million d’euros de taxe à la Ville de Paris, et 40 000 euros à Chamonix. D’autres villes suivront, Airbnb étant présent dans plus de 17 000 communes. « On espère compléter la collecte en 2017, en l’élargissant aux milliers de communes qui collectent la taxe de séjour, et communiqueront leurs informations (montant de la taxe et périodes de collecte) à l’administration », assure Nicolas Ferrary. Avec plus de 250 000 logements, dont 70 000 à Paris et sa banlieue, l’Hexagone est, après les États-Unis, le plus important marché d’Airbnb. La taxe de séjour, qui a rapporté 246 millions d’euros en 2014 aux communes, est destinée à améliorer l’offre touristique. Sa collecte est un sujet de rivalité entre les hôteliers et les sites de réservation de vacances en ligne. Si les premiers s’en acquittent, les seconds s’y mettent seulement, la loi de finances du 29 décembre 2014 (permettant aux plateformes de collecter la taxe au nom des loueurs) tardant à être appliquée. L’Euro 2016, une aubaine pour Airbnb et ses concurrents, surtout Abritel-HomeAway, sponsor national de l’UEFA Euro 2016 et fournisseur officiel d’hébergements pour les supporteurs, a ravivé la grogne des hôteliers. Deux cent cinquante mille voyageurs ont choisi Airbnb pour se loger les soirs de matchs et 36 % des hôtes ont loué pour la première fois leur appartement, lors de l’Euro 2016. MATHILDE VISSEYRIAS L'HISTOIRE L’Alpe d’Huez va investir 350 millions d’euros pour changer de dimension C ette année, le Tour de France ne passera pas par l’Alpe d’Huez. Pourtant la station de l’Oisans qui fête ses 80 ans ne manque pas de projets et veut devenir une destination phare de la montagne française été comme hiver. « Nous allons investir plus de 350 millions d’euros dans les années qui viennent » explique Jean-Yves Noyrey, le maire décidé à faire monter en gamme la station et à construire 4 600 nouveaux lits, un tiers de plus qu’aujourd’hui. Le PLU (plan local d’urbanisme) a été revu en décembre et le plan de développement a été arrêté après... dix ans de débats. Avec à la clé un investissement considérable qui recouvre à la fois la rénovation des immeubles (les toits à deux pentes remplacent peu à peu les toits plats et le bois se fait plus présent avec des aides à la rénovation pour les particuliers), mais surtout la construction de plusieurs quartiers, de parkings souterrains, un réaménagement des voieries, de nouveaux modes de transport et une extension du domaine skiable espérée de longue date grâce à une liaison avec les 2 Alpes et les Sybelles.Trois nouveaux hôtels sont prévus, dont un 5-étoiles. Comme dans toutes les stations de ski, les élus cherchent à avoir des lits « chauds » loués « de manière pérenne » afin de faire vivre les commerces et la station. Un lit chaud rapporte en effet 5 fois plus à la station qu’une résidence secondaire non louée. Moins de voitures, plus de places pour les piétons et plus de sapins, l’Alpe veut changer de visage. Quatre nouveaux sites d’urbanisation sont prévus et un premier opérateur a déjà été choisi, le groupe Vinci. Les autres doivent l’être avant la fin de l’année. ■ CAROLE PAPAZIAN Gardons l’élégance… www.eden-park.com A TOBY MELVILLE/REUTERS, JACQUES BRUNET-MANQUAT / NATURIMAGES, CHRISTIAN HARTMANN/REUTERS EXCLUSIF : LES DÉTAILS DU PLAN DE L’ÉTAT POUR SAUVER LE GROUPE NUCLÉAIRE PAGE 27 AIRBNB ÉLARGIT LA COLLECTE DE LA TAXE DE SÉJOUR mercredi 15 juin 2016 LE FIGARO L'ÉVÉNEMENT Le Brexit gagne du terrain, la tension monte sur les marchés Brexit : l'opinion britannique a basculé SONDAGE YOUGOV POUR LE TIMES*, AUPRÈS DES ÉLECTEURS BRITANNIQUES : Pour la sortie du Royaume-Uni de l’UE Le taux de l’emprunt allemand à dix ans est devenu négatif pour la première fois. FINANCE Les derniers sondages publiés mardi en Grande-Bretagne, qui donnent gagnants les partisans du Brexit lors du référendum du 23 juin, ont fait monter d’un cran la pression sur les marchés. Alors que le quotidien populaire The Sun a revendiqué à la une de son édition du jour son soutien à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, les Britanniques semblent de plus en plus nombreux à basculer dans le camp du « Leave ». Il compte désormais six points d’avance (53 %) dans les intentions de vote, selon une enquête d’opinion ICM publiée par le Guardian, et sept dans un sondage YouGov pour le Times. Incrédules il y a encore quelques semaines, les investisseurs se mettent aux abris, effrayés par la volatilité qu’un divorce entre les Anglais et le Vieux Continent susciterait sur les marchés. En achetant massivement les emprunts d’État les plus sûrs, éternelles valeurs refuge, ils ont fait tomber mardi le rendement de l’emprunt d’État allemand à dix ans en territoire négatif, pour la première fois de son histoire, à 0,033 % au plus bas de la séance de la journée et à - 0,005 % à la clôture. Un cap symbolique. Ils acceptent donc dé- sormais sur une pleine décennie de payer l’État allemand pour avoir le privilège de détenir ses obligations. Les obligations souveraines japonaises et américaines ont aussi été très recherchées. « Depuis trois semaines, les taux d’intérêt baissaient régulièrement à cause du référendum britannique, mais aussi parce que la Banque centrale européenne achète de plus en plus d’obligations, et que les marchés ne croyaient plus à une hausse de taux aux États-Unis dès le mois de juin », rappelle Maxime Alimi, chez Axa IM. « Mais depuis la fin de la semaine dernière, l’aversion au risque, face au Brexit, a accéléré le mouvement. » Mais cela ne concerne pas tous les États. L’écart se creuse désormais entre l’Allemagne et le reste de la zone euro, notamment ceux des pays périphériques, où les taux sont remontés en flèche mardi. Alors que certains observateurs redoutent qu’un Brexit n’attise des velléités d’indépendance dans les pays qui ont payé le plus lourd tribut à la crise de l’euro, « l’écart entre les taux allemands et les taux portugais à dix ans par exemple s’est creusé de 0,30 % ces huit derniers jours », relève Éric Bourguignon, directeur de la gestion, directeur de la gestion taux et crédit chez SLAM. Les emprunts d’État français à dix ans, eux aussi, ont terminé la journée en légère hausse, à 0,42 %. Emprunts d'État à 10 ans, TAUX DE RENDEMENT EN % FRANCE 0,54 0,50 0,42 Source : Bloomberg 1,5 14/06/16 A Mais la donne pourrait changer. Un article du projet de loi « Sapin II » adopté hier à l’Assemblée nationale, prévoit en effet de renforcer le pouvoir du HCSF, notamment en matière d’assurances. Cette instance, présidée par le ministre des Finances, Michel Sapin, devrait pouvoir « moduler les règles de constitution et de reprise de la provision pour participation aux bénéfices ». Aussi appelée participation pour excédent (PPE), cette réserve de sécurité est alimentée par les assureurs au fil des exercices. Ces derniers s’en sont servis les années difficiles pour doper la performance de leurs fonds en euros. Mais, à l’avenir, les règles pourraient être plus contraignantes. tanniques le votaient, les Bourses baisseraient encore, avec le risque de mouvements irrationnels », souligne Malik Haddouk, directeur de la gestion diversifiée chez CPR AM. Les gestionnaires espèrent alors une intervention concertée des banques centrales, pour contenir la volatilité. « Il serait même possible de voir la Réserve fédérale américaine, la Banque centrale européenne et la Banque du Japon agir ensemble pour rassurer les marchés », estime Maxime Alimi. Mardi, des indiscrétions ont révélé que, dans ce cas, la Banque centrale européenne (BCE) s’engagerait publiquement immédiatement à faire tout le nécessaire pour maintenir la liquidité sur les marchés, et agir avec la Banque d’Angleterre. Les deux institutions faciliteraient aussi les échanges d’euros et de sterling, en donnant de fait accès à des financements illimités dans les deux devises aux banques européennes. À l’inverse, si les Britanniques décidaient de rester dans l’Union européenne, le soulagement ferait probablement remonter les Bourses « et sans doute aussi les taux d’intérêt allemands », prévoit Malik Haddouk. Désormais, les financiers caressent aussi un autre espoir : celui que la chute des Bourses et de la livre fasse réfléchir les électeurs britanniques. ■ 15/05/16 « Si le HCSF le décide, le rendement des fonds en euros immédiatement attribué pourrait fortement baisser. Cela ne devrait pas déplaire aux assureurs qui jusqu’à présent ne voulaient pas être les seuls à prendre une telle initiative », explique Guillaume Leroy, actuaire associé chez Prim’act. Ces mesures pourraient aussi influencer le comportement des épargnants. « Cela devrait freiner la collecte sur les fonds en euros, ce qui est le but recherché », avance Cyrille Chartier-Kastler, fondateur de Facts & Figures. Les assureurs prennent en effet des risques en investissant l’épargne nouvelle et les obligations qui arrivent à échéance dans des obligations ne rapportant pratiquement plus rien. « Ces investissements pourraient engendrer des pertes à l’avenir. Les assureurs peinent à obtenir des rendements positifs hors frais de gestion ou encore de distribution », poursuit Cyrille ChartierKastler, qui table sur un rendement moyen de 1,95 % en 2016. Par ailleurs, si la loi est définitivement adoptée en l’état, le HCSF pourra prendre, en cas de nécessité, « plusieurs mesures préventives, afin de préserver la stabilité du système financier ». Celui-ci pourrait notamment et de manière temporaire « suspendre, retarder ou limiter, pour tout ou partie du portefeuille, le paiement des valeurs de rachat, la faculté d’arbitrages ou le versement d’avances sur contrat ». De telles dispositions, qui visent à protéger le secteur et les épargnants nécessiteront une modification du code monétaire et financier. ■ 46 % 4 39 % 11 N’ira pas voter Ne sait pas *publié le 14/06/2016 La livre sterling en perte de vitesse LIVRE STERLING, EN EUROS 1,36 1,34 1,26 € 1,32 1,30 1,28 1,26 25/05/16 -4,32% 14/06/16 Infographie e du 14/06/16 rné ou 1,6 0,2 0,01 -0,05 0 0 -0,01 0,15 - INCONVÉNIENTS : Les taux négatifs laminent les marges des banques, déstabilisent les assureurs et pénalisent les épargnants, qui voient la rémunération de leurs placements s’effondrer. Pour certains économistes, ils incitent aussi des entreprises peu solvables à s’endetter, ce qui est risqué. -3,7 % en un mois, Perte de l’indice Footsie de la Bourse de Londres, à Paris, le CAC40 a perdu 3,8% 0,1 Le rendement des fonds en euros sera plus encadré Baisse du rendement ALLEMAGNE 1,8 1,6 0,38 Les taux d’intérêt quasi nuls, voire négatifs, font peser de plus en plus de risques sur le secteur de l’assurance-vie. Depuis quelque temps, les régulateurs du secteur tirent la sonnette d’alarme en demandant aux assureurs de modérer les rendements des fonds en euros. Dans un secteur très concurrentiel, ces derniers ont jusqu’à présent évité de trop décevoir leurs clients. L’an dernier, ces fonds ont rapporté en moyenne 2,3 %, soit 0,25 % de moins qu’en 2014. Une baisse jugée « insuffisante au regard des circonstances macroéconomiques et financières actuelles », selon le rapport annuel du Haut Conseil de stabilité financière (HCSF). les banques centrales espèrent que les taux négatifs inciteront les entreprises et les particuliers à emprunter pour investir, ce qui soutiendrait l’économie. Ils allègent aussi le coût de la dette pour les États. Selon Bank of America Merrill Lynch, les gestionnaires ont coupé leurs investissements en actions, qui sont au plus bas depuis quatre ans. Ils se sont réfugiés sur les placements monétaires et détiennent plus de liquidités en portefeuille qu’ils n’en ont jamais eu depuis 2001. Les investisseurs se portent aussi sur les devises les plus sûres, comme le yen, remonté à son plus haut niveau depuis trois ans, ou le franc suisse, au plus haut depuis trois mois. « Ils se couvrent massivement contre le risque de voir la livre sterling s’effondrer si le Brexit était voté », indique Maxime Alimi, chez Axa IM. La devise britannique a chuté de 4 % depuis le pic du 25 mai. Mais même si l’inquiétude grandit, les marchés ne croient pas encore vraiment au Brexit. « Si les Bri- 1,7 0,42 DANIÈLE GUINOT £@danieleguinot AVANTAGES : Le yen, devise refuge ÉTATS-UNIS 0,46 15/05/16 + Même si les conséquences économiques d’un Brexit seraient, selon les stratèges, plus lourdes pour la Grande-Bretagne que pour la zone euro, les craintes des investisseurs font flancher toutes les Bourses européennes. Le CAC 40, qui a encore lâché 2,29 % hier, a perdu en cinq jours plus de 7,5 %. Mais là encore, les pays périphériques souffrent davantage, à l’image des actions italiennes en recul de près de 10 % sur cinq séances. du Royaume-Uni dans l’UE J ANNE BODESCOT [email protected] Pour le maintien Source : Bloomberg 22 0,05 0 -0,05 14/06/16 15/05/16 14/06/16 Dans l’incertitude, la Fed tentée par le statu quo PIERRE-YVES DUGUA £@PDugua CORRESPONDANT À WASHINGTON Dans le doute, abstiens-toi. Cette devise semble s’appliquer parfaitement à la Fed, la banque centrale américaine. Les investisseurs ne voient pas le comité monétaire de la banque centrale relever son taux directeur ce mercredi soir à l’issue de sa réunion de deux jours. Et pourtant, il y a un mois encore, la présidente Janet Yellen et ses collègues préparaient clairement les marchés à une nouvelle majoration de taux. La Réserve fédérale avait relevé son principal taux directeur en décembre, pour la première fois en dix ans, mettant fin à des années de taux proches de zéro, destinés à soutenir l’économie. Craintes de gros remous « La Fed ne va clairement pas relever son taux cette semaine », assure Jan Hatzius, économiste en chef de la banque Goldman Sachs. « La vraie question est : quel signal la Fed vat-elle donner sur ce qui se peut se passer en juillet, en septembre et après. Nous estimons qu’il y a 35 % de chances qu’elle agisse en juillet et 35 % en septembre », résume-t-il. La crainte de gros remous sur les marchés en cas de vote favorable à la sortie de l’Union européenne par le Royaume-Uni dans huit jours est un élément pris en compte par Janet Yellen. Mais le facteur le plus important est la performance du marché du travail américain. Les chiffres de l’embauche du mois de juin, attendus le 8 juillet, pourraient être décisifs, après les statistiques décevantes de mai. Le rythme mensuel de l’embauche depuis mars est tombé en moyenne à 116 000 postes, deux fois moins que l’année dernière. Dans le même temps, le secteur des services, qui domine l’économie, décélère. Voilà qui explique en partie la chute des taux obligataires américains. Les investisseurs se réfugient en effet vers les obligations, jugées sans risque. Le « T-Bond » à dix ans n’offre plus que 1,6 % de rendement. Du jamais-vu depuis la fin 2012. Pourtant, l’inflation, autre paramètre guetté par la Fed, se réveille, sous l’effet d’un début de manque de main-d’œuvre qualifiée et d’une forte remontée des cours de l’énergie. Ce léger rebond des prix, souhaité par Janet Yellen, ne devrait pas suffire pour qu’elle monte les taux. Mais, à mesure qu’elle attend, sa marge de manœuvre diminue. ■ La présidente de la Fed, Janet Yellen, estime que « les forces économiques positives » dépassent les mauvaises. WIN MCNAMEE/AFP Ce récent rapport sur l’emploi a été, globalement, inquiétant » JANET YELLEN, PRÉSIDENTE DE LA FED, COMMENTANT LES DERNIERS CHIFFRES, LA SEMAINE DERNIÈRE mercredi 15 juin 2016 LE FIGARO 24 ENTREPRISES D’après le scénario médian du COR, le « besoin de financement » devrait encore durer… 25 ans. GUILLAUME GUICHARD £@guillaume_gui SOCIAL La situation sur le front des régimes de retraite s’est améliorée. Mais insuffisamment et non sans douleur. D’après le projet de rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites (COR), qui doit être examiné mercredi, le déficit des retraites ne sera « que » de 0,2 point de PIB à horizon 2020, c’est-à-dire qu’il atteindra environ 4 milliards d’euros. C’est encore beaucoup, mais c’est deux fois moins que l’estimation réalisée l’année dernière par le COR. Ces nouvelles projections divisent également par deux le déficit cumulé des retraites sur les 25 prochaines années. Là où le COR tablait en 2015 sur un déficit cumulé, représentant 0,4 point de PIB durant le prochain quart de siècle, l’institution n’anticipe plus qu’un « besoin de financement » de 0,2 point. Un écart considérable en réalité qui revient à une baisse cumulée de 100 milliards d’euros du déficit des retraites les 25 prochaines années. Ces chiffres sont issus du scénario médian du COR, déjà utilisé l’an passé - ce qui permet les comparaisons. Ces hypothèses ne sont donc ni les plus pessimistes, ni les plus optimistes. Elles se fondent sur une croissance des salaires de 1,3 % par an, et d’un taux de chômage, à terme, de 7 % (contre 10 % aujourd’hui). À noter, avec une croissance des salaires de 1,5 %, les régimes seraient, sur 25 ans, presque à l’équilibre. Quoi qu’il en soit, l’amélioration enregistrée sur un an par les projections du COR est en très grande VINCENT ISORE/IP3 PRESS/MAXPPP Les régimes de retraite sont encore très loin de l’équilibre financier L’amélioration, sur un an, est en grande partie le résultat de l’accord signé en octobre par les partenaires sociaux. partie le résultat de l’accord signé en octobre par les partenaires sociaux pour sauver les retraites complémentaires. Les mesures prises dégageront en effet 6,1 milliards à horizon 2020. Des réformes à venir Mais elles produiront aussi de larges économies à long terme, que paieront au prix fort les futurs retraités du privé. La seule baisse du rendement des cotisations de retraite complémentaire, actée dans l’accord, entraînera en effet une baisse de 7 à 10 % des pensions des retraités nés en 1990, par rapport à la situation avant accord. En clair, il faudra cotiser autant pour toucher moins. Toutefois, sans accord, plus personne n’aurait plus bénéficié de retraites complémentaires, font valoir les partenaires sociaux. Les caisses des différents régimes auraient en effet fait faillite, à compter de 2017 pour celle des cadres (Agirc). Malgré ces efforts de la part des employés du privé, les retraites enregistreront donc tout de même un déficit de 0,2 % du PIB durant le prochain quart de siècle - et même au-delà, alerte le COR. Les Français n’en ont donc pas fini avec les réformes. D’abord, la situation économique pourrait être pire qu’attendue. Or les régimes de retraite, financés majoritairement par les cotisations, sont très sensibles à la conjoncture. De plus, dans ses projections, le COR « ne prend pas en compte la dette déjà accumulée par certains régimes », ni celle accumulée depuis le milieu des années 1990 au sein de la Caisse d’amortissement de la dette sociale (Cades), chargée de gérer les dizaines de milliards d’endettements de la Sécu. L’institution ne s’est pas non plus aventurée à prédire l’impact du compte pénibilité. Officiellement « faute d’un recul temporel suffisant à ce jour pour quantifier ces effets ». Le dispositif, mis en place entre le 1er janvier 2015 et le 1er juillet 2016, offre la possibilité aux salariés exposés à des conditions de travail pénibles de partir jusqu’à deux ans plus tôt à la retraite. En janvier, la ministre des Affaires sociales estimait à 500 000 le nombre de bénéficiaires du compte pénibilité, alors même que seulement quatre critères sur dix étaient entrés en vigueur. Nul ne sait donc aujourd’hui avec précision combien de salariés en bénéficiera à terme, et donc combien pourront partir plus tôt à la retraite. ■ Des départements taillent dans les aides à la dépendance Les collectivités en difficulté financière rabotent l’aide personnalisée d’autonomie. 31,5 % Part de l’État dans le financement de l’aide personnalisée à l’autonomie (APA) SOCIAL Il fallait s’y attendre… Selon la CFDT-retraités, l’aide aux personnes âgées dépendantes fait depuis peu les frais des difficultés financières des départements. Dans un communiqué, le syndicat réformiste pointe du doigt quatre collectivités - la Manche, le Gard, l’Orne et la Somme - qui « rognent sur les budgets sociaux en décidant de mesures illégales qui frappent les plus fragiles de notre société ». L’aide personnalisée à l’autonomie (APA) en ferait tout particulièrement les frais. Cette allocation est cofinancée par le département et l’État à hauteur de 31,5 %. Elle consiste en une prise en charge du salaire des aides à domicile en faveur des personnes âgées qui ne sont plus autonomes. Dans le dé- tail, les services sociaux de la collectivité établissent, avec le bénéficiaire de l’aide, le nombre d’heures requis par mois. C’est justement au nombre d’heures allouées aux personnes âgées dépendantes que certaines collectivités se sont attaquées. Le conseil départemental de la Somme a envoyé début avril un courrier aux bénéficiaires de l’APA où il explique être « contraint à des mesures de réduction de l’ensemble de ses dépenses dont celles liées à l’APA ». Concrètement, « dans ce cadre les équipes médico-sociales examineront la possibilité de diminuer d’une heure par mois votre plan d’aide ». D’autres départements préfèrent réclamer une participation supplémentaire aux assurés sociaux. La Manche demande par exemple aux allocataires de l’APA de verser 1,50 euro par heure d’aide à domicile. Le Gard a fixé pour sa part cette participation à deux euros de l’heure. Autant de mesures qui vont à l’encontre de la loi, dénonce la CFDT-retraités, qui a engagé des recours administratifs dans chacun de ces départements. « Ces pratiques sont effectivement illégales », appuie Jean-Louis Sanchez, délégué général de l’Observatoire national de l’action sociale (Odas). C’est en effet le niveau de revenu qui doit déterminer, seul, le niveau de prise en charge par la collectivité des aides à domicile. En clair, les conseils départe- mentaux ne peuvent pas réclamer une participation supplémentaire. Même en période de disette budgétaire. Tout au plus peuvent-ils discrètement passer consigne à leurs agents d’être plus restrictifs dans la distribution des heures d’aides à domicile financées par l’APA, précise un fin connaisseur du système. Recours administratifs À la décharge des départements, la participation de l’État dans le financement de l’APA n’a cessé de diminuer ces dernières années. « Certains départements peuvent avoir de grandes difficultés avec leur budget d’aides sociales, car le contexte financier est extrêmement contraint », explique-t-on à l’Association des départements de « Cars Macron » : Transdev pointe le rôle de la SNCF Le propriétaire d’Isilines accuse le groupe public de perturber ce marché en plein essor. A VALÉRIE COLLET £@V_Collet TRANSPORT « Le marché de l’autocar décolle », constate Laurence Broseta, la directrice France de Transdev, maison mère d’Isilines, la compagnie d’autocars créée il y a un an. Premier opérateur à se lancer à l’assaut de ce nouveau marché domestique, ouvert par la loi Macron, Isilines a fait ses comptes : « En un an, de mai 2015 à mai 2016, nous avons transporté 2,1 millions de passagers », rappelle la dirigeante. Ces chiffres permettent de comparer le trafic d’Isilines à celui de l’allemand Flixbus, qui annonce avoir dépassé le million de personnes transportées. Mais la filiale du groupe Transdev est loin de dresser un bilan idyllique de la loi Macron. « Jusqu’en 2014, Eurolines - qui réalisait des liaisons internationales en autocar - était profitable, rappelle Richard Dujardin, membre du comité exécutif. Nous avons commencé à perdre de l’argent lorsque la SNCF est arrivée sur ce marché. » Le groupe public a accumulé des pertes depuis 2012, l’année de la création de iDBUS, devenu Ouibus. Ce que la SNCF a justifié en évoquant les investissements nécessaires pour conquérir ce nouveau marché pour elle. Un investissement d’autant plus lourd que la SNCF a voulu endosser pleinement cette activité (achat de cars, recrutement de conducteurs…). «La SNCF perd de 40 à 50 millions par an, estime Richard Dujardin. Il faudrait que l’on nous dise un jour d’où vient cet argent. » 3,3 centimes d’euro par passager au kilomètre Pour Transdev, dont le capital est largement détenu par la Caisse des dépôts, comme pour d’autres opérateurs d’autocars, la présence du groupe public, en situation de monopole sur le ferroviaire, vient perturber un marché purement commercial où chacun espère devenir rentable rapidement. Mais la guerre des tarifs est dévastatrice. À l’heure actuelle, le prix du trajet par passager au kilomètre avoisine 3,3 centimes d’euros en auto- En une année d’activité, la compagnie de cars Isilines a transporté plus de 2,6 millions de passagers. DR car alors que, par comparaison, il tourne autour de 8 centimes d’euros au kilomètre en covoiturage et de 10 centimes d’euros en train. Des conditions qui poussent les acteurs de l’autocar à la soustraitance - environ 20 % chez Isilines-Eurolines - et à la consolidation. « Il y a un moment où l’on va cesser de perdre l’argent », rassure Laurence Broseta. Transdev s’attend toutefois à enregistrer des pertes dans les autocars ces deux prochaines années encore. Pas question pour autant de baisser les bras. En plus des 29 nouvelles lignes créées, Isilines va ouvrir cet été des liaisons saisonnières vers l’Atlantique (Royan, Saintes, La Rochelle, Bayonne, Saint-Jean-de-Luz et Hendaye), la Provence, la Côte d’Azur et le Languedoc-Roussillon ou encore les Alpes. Un partenariat avec les stations autoroutières Total devrait également offrir aux clients Isilines des interconnexions avec les différentes lignes de cars. Le groupe prépare aussi la création d’un vaste réseau paneuropéen d’autocars pour permettre aux passagers de prendre un billet « porte à porte » grâce à une future plate-forme digitale. « Cette alliance offrira plus de 2000 destinations en un clic » promet Laurence Broseta. La mise en service de ce site est prévue à l’été 2017. Enfin Transdev se félicite de pouvoir désormais commercialiser son offre isilines sur le site voyagessncf.com. Elle voisinera avec celle de Ouibus… ■ France (ADF). La Somme est effectivement l’une des collectivités qui traversent les plus grandes difficultés budgétaires. C’est dans ce contexte difficile que la nouvelle loi d’adaptation de la société au vieillissement, promulguée le 28 décembre 2015, prévoit d’allouer de nouvelles ressources aux départements… afin de financer de nouvelles dépenses ! Les collectivités doivent en effet réviser, d’ici à début 2017, l’APA des personnes les plus dépendantes pour leur proposer davantage d’heures d’aide. Et l’ADF de s’inquiéter : « Les départements craignent que les nouvelles recettes qui leur sont allouées ne suffiront pas à compenser les nouvelles dépenses. » ■ G. G. EN BREF GECINA RENFORCE SON OFFRE £ La société Gecina a annoncé mardi renforcer son offre d’achat sur Foncière de Paris. Elle y ajoute une troisième option en obligations subordonnées remboursables, avec une prime de 8 % sur celle de sa rivale Eurosic. MICHELIN INVESTIT EN CHINE £ Michelin a pris une participation dans e Dai Bo, start-up Internet chinoise proposant des services de voiturier dans tout le pays. Cet investissement s’inscrit dans la stratégie de diversification du fabricant de pneumatiques dans les services. En mai, le groupe avait indiqué qu’il n’excluait pas d’autres acquisitions dans le digital. Les termes financiers de l’opération avec e Dai Bo n’ont pas été précisés. +@ » Sanofi multiplie les applications santé » Où en est précisément la mise en œuvre de la loi Macron ? www.lefigaro.fr/economie *L’ingéniosité au service de la vie Nombreux sont ceux qui parlent de digitalisation. Pour nos clients, elle est déjà une réalité. C’est l’ingéniosité au service de la vie. Sinalytics est la nouvelle plateforme d’analyse des données industrielles de Siemens qui associe différentes technologies de maintenance prédictive, de connectivité et de cybersécurité. Elle assure aux systèmes connectés une performance accrue, des coûts d’exploitation réduits, une disponibilité des équipements élevée et des contrats de services sur mesure. Que ce soit dans l’énergie, le transport, les bâtiments ou la santé, 300 000 appareils sont déjà connectés via Sinalytics. Propulsé par Sinalytics siemens.fr/usine-du-futur mercredi 15 juin 2016 LE FIGARO 26 ENTREPRISES ROBERTO MOLINOS/AIRBUS GROUP La Clio change pour rester au sommet Lancé en 2003, le programme A 400M d’Airbus aura connu des retards, des dérapages financiers et des problèmes techniques. Enfin de bonnes nouvelles pour l’Airbus A 400M L’industriel a livré le premier appareil doté de capacités tactiques à la France. DÉFENSE L’A 400M est-il sur le point de s’affranchir de la loi de Murphy ? Pour la première fois depuis bien longtemps, les nouvelles sont bonnes. Le premier avion de transport militaire européen doté de nouvelles capacités dites « tactiques » est enfin prêt à entrer en service au sein de l’armée de l’air française. L’avion a été livré, en début de semaine, par Airbus DS à la base aérienne 123 Orléans Bricy, QG de l’A 400M Atlas, comme il a été baptisé par les armées clientes. « Il est pris en charge par l’escadron Touraine » en vue d’une mise en service en théorie dès ce mois-ci, précise l’armée de l’air. Celle-ci attendait ces nouvelles capacités tactiques, « si précieuses » sur les théâtres extérieurs, avec impatience. Les huit premiers appareils livrés par Airbus DS étaient dotés des seules capacités de transport logistique longue distance. « C’est notre neuvième Atlas mais le premier doté de capacités tactiques. Nous devons en recevoir deux autres exemplaires de ce type d’ici à la fin 2016 », souligne un porte-parole de l’armée de l’air. Au total, sur les 11 appareils entrés dans la flotte depuis 2013, six auront ces capacités. Trois des premiers A 400M livrés sont en effet en cours de « retrofit », c’est-à-dire de mise à jour aux premiers standards tactiques dans les usines d’Airbus DS. Tom Enders, PDG d’Airbus Group, aura donc réussi à tenir l’engagement pris auprès de Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, pour l’échéance 2016. « Défauts de jeunesse » D’ici à la fin de l’actuelle loi de programmation militaire (LPM) en 2019, l’armée de l’air devrait être à la tête d’une flotte de 15 A 400M Atlas « tactiques ». Certes, les premiers ne disposent pas de toutes les spécifications demandées par l’armée de l’air. « Ils ont le blindage, le premier niveau de l’auto-protection (le leurre) ainsi que les premières capacités d’aérolargage de matériels par la trappe arrière et d’ouverture automatique permettant de parachuter des hommes à partir de la porte latérale », développe un porte-parole de l’armée de l’air. Manquent l’intégralité des équipements d’auto-protection notamment contre les missiles courte portée, le ravitaillement d’hélicoptères en vol ou encore le « poser tactique » : la capacité d’atterrir sur des terrains sommaires partout dans le monde. Comme c’est le cas pour tout avion militaire, les capacités de l’A 400M évolueront et s’enrichiront tout au long de la vie du programme, ce qui implique des retours chez l’industriel pour des mises aux nouveaux standards. L’arrivée du premier Atlas tactique en France marque donc un tour- nant pour ce programme lancé en 2003, dont les retards, dérapages financiers et problèmes techniques défraient la chronique depuis des années. Jean-Yves Le Drian a marqué sa satisfaction et sa confiance dans l’avion. « L’A 400M sera, c’est ma conviction, un avion exceptionnel mais il connaît des débuts difficiles (…), il montre des défauts de jeunesse », at-il déclaré. « Mais les évolutions récentes (…) traduisent vraiment la mobilisation de l’ensemble de l’industrie derrière ce programme. » Tom Enders a à nouveau fait son mea-culpa en mai 2016, en reconnaissant « des erreurs énormes » attribuables aux industriels mais aussi aux États clients. L’A 400M a accumulé les problèmes techniques avec son moteur, un turboprop de nouvelle génération très complexe, et connu un crash mortel lors d’un vol d’essai en mai 2015. Derniers problèmes en date, l’apparition de fissures (criques) dans le fuselage et d’une usure prématurée d’une pièce de la boîte de transmission de puissance. Sur ce dernier point, les motoristes ont trouvé « une solution intermédiaire », selon le journal latribune.fr. L’objectif est de la faire certifier cet été afin d’équiper les appareils le plus rapidement possible. Cette solution permettrait d’espacer les révisions, aujourd’hui obligatoires toutes les 20 heures de vol ! Cela, dans l’attente d’une solution définitive, au mieux en 2017. ■ LES DÉCIDEURS â PATRICE VIDAL Xerox L’entreprise américaine promeut cet ingénieur informatique entré dans le groupe en 1990 directeur pays des filiales belges et luxembourgeoises. Depuis 2011, il pilotait les divisions LEO et GDO en France. â LAURENT ROUBIN Banque palatine La banque des entreprises et du patrimoine, filiale de BPCE, se dote d’un nouveau président. Membre du codir général, chargé du pôle banque commerciale et assurance et membre du directoire de BPCE, il succède à Jean-Yves Forel, nommé DG transformation et excellence opérationnelle au sein du codir général du groupe. A â FRANCIS LE CAM Oliver Wyman L’HEC de 67 ans, ex-dirigeant de Bel et expert reconnu de l’industrie de la grande consommation, rejoint le cabinet mondial de conseil aux directions générales comme senior advisor, au sein du bureau parisien. Ex Danone et Dim, il a débuté chez Procter & Gamble. L’AIRBUS A 400M CHIFFRES CLEFS 174 appareils ont été commandés ; 24 exemplaires ont été livrés 8 pays clients : Allemagne, France, Grande-Bretagne, Belgique, Luxembourg, Espagne, Turquie et Malaisie 7,7 EMMANUEL EGLOFF £@eegloff AUTOMOBILE Avec le renouvellement de la Clio, c’est un véritable best-seller qui fait sa mue. Depuis le lancement de sa toute première version, en 1991, plus de 13 millions de Renault Clio ont été commercialisées dans le monde. Des chiffres qui en font tout simplement la voiture française la plus vendue de tous les temps. Son renouvellement est forcément stratégique pour la marque au losange. Il s’agit toutefois plus d’un lifting, que d’une toute nouvelle voiture. Le constructeur met en avant une nouvelle signature lumineuse, les projecteurs LED et l’étendue de la gamme moteurs de la nouvelle Clio. En revanche, la carrosserie reste identique à la version précédente, permettant de limiter les investissements relatifs à ce lancement. Le risque d’un échec semble donc faible. Ce qui n’était pas le cas en 2012, lors du lancement de cette quatrième génération de la Clio. Il s’agissait du premier modèle dessiné par Laurens Van den Acker, le responsable du design du constructeur français. Et il avait effectué des choix forts, notamment une taille abaissée de 5 centimètres et une longueur augmentée de 3 centimètres quand les concurrents se dirigeaient plutôt dans la direction opposée. Ces choix osés n’ont pas entravé sa réussite commerciale. Depuis son lancement, cette Clio 4 est la voiture la plus vendue en France. En Europe, elle occupait le deuxième rang sur l’ensemble Richemont : Thibaut Pellegrin prend en main les montres A. Lange & Söhne Depuis son master marketing à l’Essca, le fils d’antiquaires, fan de voitures et de motos est allé vite, dopé par sa passion pour l’art et son goût du beau. S’il débute d’abord chez L’Oréal au sein de Lancôme, il n’hésite pas à céder au chant des sirènes quand se présente à lui l’opportunité de rejoindre Richemont. C’est en 2008 quand Cartier International, alors dirigé par Bernard Fornas, lance sa collection Renault et Laurens Van den Acker ont d’ailleurs largement contribué à cette évolution, avec le Captur, un SUV urbain, lancé en 2013. La concurrence n’est pas restée inactive, notamment sur ce segment des SUV urbains, avec la Peugeot 2008, l’Opel Mokka ou la Ford Ecosport. Il faut donc apprécier la performance d’une gamme plutôt que d’une voiture. Le terrain gagné par la Clio a été gagné par le Captur. Et, sur ce plan, Renault a réussi un coup de maître, sur ce segment B. En 2012, au lancement de la Clio 4, la marque au losange occupait le 5e rang sur ce segment, avec 8 % de part de marché, derrière Opel, Ford, Volkswagen et PSA, selon Jato Dynamics. Aujourd’hui, Renault occupe la première marche du podium avec 11 % de part de marché. Une progression de trois points spectaculaire sur une aussi courte période. ■ Renault présente la 5e version de son best-seller, la Clio. â L’école Cartier 11 % de part de marché milliards d’euros de surcoûts, au bas mot, par rapport au budget de 20 milliards prévu en 2003 PAR Carole Bellemare avec Corinne Caillaud La valeur n’attend pas le nombre des années… À 30 ans seulement, Thibaut Pellegrin prend du galon dans la galaxie du groupe de luxe Richemont en prenant en main les très chics montres A. Lange & Söhne pour l’Europe de l’Ouest. Pour lui, incontestablement le Graal, la plus belle marque de montres au monde, selon l’avis des experts et des collectionneurs aussi. « Je connais la maison depuis l’âge de 17 ans. J’avais commencé mes devoirs avant de la rejoindre… » Il faut dire que l’élégant et très disert jeune homme a la passion de l’horlogerie chevillée au corps. Basé à Madrid chez Richemont Iberia, il gère désormais avec la casquette de brand manager les marchés France, BeLux, Espagne et Portugal de la marque de haute horlogerie saxonne. de l’année 2015, derrière l’inoxydable Volkswagen Golf. Pour autant, le volume des ventes n’a pas été au niveau des versions précédentes. La Clio version 2, lancée en 1997, s’est écoulée à plus de 500 000 exemplaires par an. La suivante l’a été à plus de 300 000. La Clio 4 se contente pour l’instant de 260 000 ventes par an. Cette baisse s’explique par un changement de la structure du marché. Le segment B - celui de la Clio - était occupé à 90 % par des berlines tricorps au début des années 2000. Elles sont maintenant concurrencées par de nouvelles silhouettes, à commencer par les SUV, et leur part est tombée à 65 %. RENAULT VÉRONIQUE GUILLERMARD £@vguillermard Le modèle est, depuis 2012, le plus vendu en France. de haute horlogerie. Une aubaine pour celui qui fait ses preuves durant cinq ans à Paris à la division marketing international et développement produit. Puis à New York au sein de Cartier North America, en charge du marketing horlogerie. Et enfin à la direction du Watch Salon du flagship de la 5 th Avenue. Celui-ci se classe n° 2 parmi le réseau mondial de 300 boutiques… « Une très belle école au cœur de la stratégie internationale », mesure le tout juste trentenaire, qui de New York à Madrid poursuit ainsi au pas de charge son parcours sur la planète luxe. Fondée en 1845 par Ferdinand A. Lange à Dresde, Lange & Söhne a eu deux vies, une au XIXe siècle et l’autre à partir de 1990, après la chute du mur de Berlin. Richemont, qui a racheté la manufacture en 2000, a permis de renforcer ses moyens et son haut niveau de finition. « La seule marque à accorder le même soin aux montres d’entrée de gamme qu’aux montres les plus chères », souligne le jeune boss, qui avec le lancement de la montre à 15 000 euros bénéficiera désormais d’une large gamme, jusqu’à 2 millions… Mais la production de la maison dirigée depuis 2010 par Wilhelm Schmid, exBMW, reste limitée. Elle est estimée à 7 000 pièces par an. Une marque d’initiés qui constituent une vraie communauté à travers le monde. C. B. www.lefigaro.fr/decideurs â JEAN-LUC VENTURA Industrie de l’eau-UIE Le président de Degrémont France est élu à la tête de l’Union nationale des industries et entreprises de l’eau et de l’environnement. Il remplace Didier Haegel, DG de Vinci Environnement, qui assumait cette mission depuis 2012. â FLORENCE LECOUTRE Euler Hermes Jusqu’alors directrice informatique du leader mondial de l’assurance-crédit, elle devient à partir du 20 juin DRH du groupe. Elle succède à Bernd Lehmann, nommé président d’Euler Hermes Belgique. â BÉATRICE LIÈVRE-THÉRY Société générale L’HEC de 47 ans qui évolue au sein de la banque depuis onze ans, successivement responsable d’études stratégiques, banquier conseil, et depuis 2014 directrice de l’agence grandes entreprises Paris Étoile, prend la direction des activités immobilières. Cette ancienne du Crédit lyonnais et de Suez succède à Gérard Frabolot qui part à la retraite. LE FIGARO mercredi 15 juin 2016 ENTREPRISES 27 Bouygues fâché contre Generali pour la tour Saint-Gobain Le groupe de BTP poursuit devant la justice l’assureur et Hines, son prestataire, pour rupture abusive de contrat. Le montant des indemnités que Bouygues réclame devant la justice IMMOBILIER Le chantier va commencer dans quelques semaines à la Défense et devrait être achevé en 2019. Vinci a été choisi pour construire une tour de 38 étages d’une hauteur de 165 mètres. Un gratte-ciel de 45 000 m2 appartenant à l’assureur italien Generali et loué à Saint-Gobain, qui en fera son nouveau siège. Un showroom géant pour le groupe du CAC 40, leader mondial de l’habitat durable, dont beaucoup de produits (verre, isolation…) seront utilisés dans cet édifice. Bouygues, qui avait signé un précontrat pour construire ce bâtiment avant d’être évincé de l’affaire au profit de Vinci, n’a toujours pas digéré la volte-face du propriétaire, Generali. C’est qu’il s’agit d’un édifice à 150 millions d’euros. Du coup, selon nos informations, le groupe de Martin Bouygues a attaqué en justice début 2016 Generali et son assistant à maître d’ouvrage, Hines, pour rupture abusive de contrat. Il demande devant le tribunal de grande instance de Paris des dommages et intérêts de 35 millions d’euros. De quoi compenser les mois de travail du groupe de BTP et la mauvaise réputation qui résulte de cette rupture brutale. Si Generali s’est séparé de Bouygues dans la dernière ligne droite, c’est à cause du prix, selon un spécialiste du dossier : « En examinant le cahier des charges, Bouygues s’est aperçu que l’ouvrage coûterait plus cher que prévu. Et Generali ne l’a pas supporté. » La réalité est probablement plus nuancée. Et d’autres voix se font entendre pour expliquer le retournement de l’assureur. Climatisation à 16 °C Selon nos informations, en étudiant le cahier des charges remis par Generali et Hines, Bouygues a estimé que la climatisation prévue par les spécifications techniques diffuserait un air à 16 °C. Largement insuffisant pour des salariés amenés à passer au moins sept heures par jour dans leur bureau. Pour augmenter la température, il aurait fallu refaire des études techniques et modifier les structures de ce gratte-ciel (sols, plafond, isolation…). Cela nécessitait de déchiffrer le coût du bâtiment. Bouygues n’en a pas eu le temps. Generali n’a pas transformé son précontrat en contrat ferme pour bâtir cette tour de nouvelle génération dessinée par les architectes Jean Pistre et Denis Valode. À la place, il a relancé fin 2015 un appel d’offres express, consultant seulement Vinci et Eiffage, à qui il n’a laissé que quelques semaines pour remettre une offre. Finalement, c’est Vinci qui l’a emporté comme l’a indiqué début mai l’assureur italien. Avec un cahier des charges revu et corrigé qui permettra d’avoir une climatisation tout à fait dans les normes (à 19 °C). Ironie de l’histoire, Generali aurait accepté l’offre de Vinci alors qu’elle serait plus chère que celle de Bouygues. Selon nos informations, depuis que Bouygues a déposé sa plainte en justice, Generali a ouvert la porte pour trouver un arrangement financier. En clair, l’indemniser pour éviter un procès. Bouygues n’a pas répondu à ces appels du pied. Contactés, Bouygues, Hines, Generali et Saint-Gobain n’ont pas souhaité commenter la situation. ■ EN BREF Areva : les dessous d’un sauvetage périlleux AIR FRANCE : L’IMPACT DE LA GRÈVE DÉPASSE 40 MILLIONS £ L’impact financier des quatre jours de grève observés depuis samedi par les syndicats de pilotes d’Air France dépasse probablement « les 40 millions d’euros », selon le PDG d’Air France, Frédéric Gagey. Une rencontre « d’ici la fin de la semaine pour une reprise du dialogue dans un contexte qui n’est plus un contexte de grève » sera proposée aux syndicats, a-t-il ajouté, précisant que la compagnie a « réussi à tenir 80 % des vols ». L’État va négocier avec Bruxelles des mesures d’urgence supplémentaires. EXCLUSIF BERTILLE BAYART £@BertilleBayart ÉNERGIE Hors normes ! Le plan de sauvetage d’Areva est une opération inédite de déconstruction et, espèrent ses dirigeants et l’État, de reconstruction, dont la complexité est à la hauteur de la sensibilité de l’activité, nucléaire, et des pertes déjà encaissées. Le principe a été arrêté il y a un an, le 3 juin 2015, à l’Élysée. François Hollande avait tranché : le salut d’Areva passera par la cession majoritaire de toute son activité réacteurs (Areva NP) à EDF. C’est la fusion de 2001 entre les réacteurs de Framatome et l’industriel du cycle de l’uranium Cogema qui, en somme, est défaite. Mais depuis un an, les « tuiles » se multiplient pour Areva et transforment son opération de sauvetage en parcours du combattant. De quoi créer de la confusion et de l’inquiétude chez les partenaires du groupe, mais aussi chez ses créanciers. L’entreprise fera donc, ce mercredi, un point exhaustif de situation. Areva va schématiquement être divisé en trois. Areva NP, ingénieur et fabricant de réacteurs, doit être majoritairement cédé à EDF. Par ailleurs, un « nouvel Areva », provisoirement baptisé « NewCo », recentré sur le cycle de l’uranium, sera créé. Enfin, Areva SA va gérer et solder l’héritage : il conservera les actifs à céder jusqu’à leur vente effective (Canberra, Areva TA ou encore le pôle énergies renouvelables), et les passifs, notamment les litiges. C’est en particulier cette structure de défaisance qui gérera le contrat de construction du réacteur OL3 en Finlande, et portera les risques financiers de l’arbitrage en cours avec le client TVO. NewCo et Areva SA recevront chacun, vraisemblablement début 2017, une partie des 5 milliards d’euros d’augmentation de capital promis en janvier par l’État. Le partage de la somme entre les deux n’est pas arrêté. Il dépendra notamment de la répartition de la dette qui sera opérée entre les deux structures. Chez NewCo, d’autres acteurs, comme le chinois CNNC avec lequel un protocole d’accord a été signé en novembre, pourraient investir aux côtés de l’État et jusqu’à un tiers du capital. Pour Areva SA, la recapitalisation sera 100 % publique. Elle pourrait amener l’État à plus de 95 % du capital et impliquer un retrait de la Bourse. Le calendrier s’annonce très tendu. Les opérations doivent obtenir le feu vert de la Commission européenne. La transaction avec EDF est suspendue aux résultats des analyses des anomalies de la cuve du réacteur EPR de Flamanville fournie par Areva à l’électricien. Elle est également conditionnée aux résultats des investigations provoquées par la découverte récente de falsification des tests qualités des pièces forgées dans l’usine du Creusot. Le projet du sauvetage d’Areva prévoit la scission de l’entreprise en trois structures disctinctes. JACKY NAEGELEN/REUTERS lippe Knoche, directeur général d’Areva, sera dès le 1er juillet installé dans ses fonctions de patron opérationnel d’un NewCo encore à créer, tout comme Bernard Fontana dirige un Areva NP pas encore séparé de sa future ex-maison mère… La question du nom de NewCo est posée. Mais qu’elle reprenne ou non la référence à Areva, cette entité doit commencer à faire la démonstration de son avenir. Sur le plan financier, elle espère un redressement matérialisé par des indicateurs solides, proches du niveau « investment grade » dans l’échelle des agences de notation, à l’horizon 2019. Son plan d’affaires s’appuie sur un carnet de commandes de 33 milliards d’euros sur huit ans, un programme d’économies de 1 milliard d’euros bien engagé, et un répit à venir sur le front des investissements en voie d’achèvement dans ses plus grosses usines. ■ VEOLIA SE RENFORCE DANS LES PRODUITS SULFURÉS £ Veolia a acheté la division « produits sulfurés » de l’entreprise américaine Chemours, pour 325 millions de dollars (288 millions d’euros). Cette division est spécialisée dans le traitement et la régénération de l’acide sulfurique et des gaz de soufre issus des activités de raffinage. Organisation au 1er juillet Surtout, l’opération de cession d’Areva NP va devoir se réaliser selon un plan B. Le plan A supposait que le finlandais TVO accepte le transfert préalable du contrat OL3 d’ANP à Areva SA. Les négociations pour obtenir ce feu vert et au-delà, un règlement global du litige et une remise à plat des conditions d’achèvement du chantier, ont échoué. Résultat : le camp français contourne l’obstacle, avec un schéma dit de « drop down ». Ce n’est pas Areva NP qu’EDF va acheter, mais une structure miroir dans laquelle on va « descendre » chacun des actifs, sauf le contrat OL3. Un travail juridique titanesque est nécessaire. La mise en œuvre de ce plan B a pour conséquence un glissement des calendriers. La cession d’Areva NP ne devrait avoir lieu que d’ici la fin 2017. Or, la survie financière d’Areva dépend pour partie de cette opération. Le sujet devrait, selon nos informations, être abordé fin juillet lors du conseil d’administration qui arrêtera les comptes semestriels. Ce qui suppose, en droit, que la continuité d’exploitation de l’entreprise soit assurée. Dans les faits, Areva n’a aujourd’hui de certitude qu’à l’horizon du 20 janvier 2017, date à laquelle le prêt d’urgence de 1,1 milliard d’euros consenti en février par un pool bancaire vient à échéance. Il va donc falloir soit renégocier ce prêt pour en rallonger le terme, soit faire appel à l’État afin qu’il prenne de nouveaux engagements. Areva ne fait aucun commentaire, mais, de source proche du dossier, le gouvernement devrait négocier avec Bruxelles la possibilité de consentir à Areva une « aide au sauvetage », un instrument d’exception permis par la réglementation européenne à condition qu’il n’excède pas six mois. Le chemin de croix d’Areva est donc loin d’être terminé. Mais en attendant que le découpage soit effectif, l’organisation se met en place. Phi- LES CLEFS DU SAUVETAGE 5 milliards d'euros d’augmentation de capital par l’État 2,5 milliards d'euros Le spécialiste français du réaménagement commercial des entrées de ville Strasbourg Nord Ode à la mer Vendenheim Montpellier OUVERTURE 2019 OUVERTURE 2020 Valeur estimée d’Areva NP dont EDF doit prendre le contrôle 1 milliard d'euros d’économies engagées à horizon 2018 FREY mène à Strasbourg et Montpellier les deux plus grandes opérations françaises de requalification commerciale d’entrée de ville Pour toute information, contacter Grégory Samocki : [email protected] frey.fr A 35 millions d’euros EXCLUSIF JEAN-YVES GUÉRIN £@jyguerin mercredi 15 juin 2016 LE FIGARO 28 IMMOBILIER COMMERCIAL Les centres-villes font campagne pour attirer les centres commerciaux Les villes multiplient les initiatives pour revitaliser leur centre grâce au commerce. En construction, le complexe Muse, d’une surface commerciale de 37 000 m2, est situé en face du Musée Pompidou, à Metz. Le Prado (à droite) ouvrira 23 000 m2 de commerces à Marseille en 2017. AMÉNAGEMENT Du 15 au 16 juin se déroule à la Porte de Versailles à Paris la 13e édition du Siec. Organisé par le Conseil national des centres commerciaux (CNCC), ce rendezvous annuel dédié à l’immobilier commercial va attirer plus de 4 000 visiteurs, rassembler 135 exposants, 1 600 représentants d’enseignes, 1 535 promoteurs et 470 acteurs des villes et des pouvoirs publics. Cette année, le salon est placé sous le signe de l’attractivité des centres-villes. Ce sujet est d’actualité alors qu’un rapport consacré à la revitalisation du commerce en centre-ville va être remis à Martine Pinville, secrétaire d’État chargée du Commerce, de l’Artisanat et de la Consommation. Pour redynamiser un centre ancien, souvent vieillissant, le volet commercial est un levier d’action possible. « On a trop eu tendance à opposer le commerce “dans les murs” à celui de périphérie. Or l’équilibre entre ces deux secteurs est nécessaire. Ces formes de commerce sont complémentaires. On oublie qu’un centre commercial sur cinq se situe en ville », explique Julie Valode, directrice du Siec. « Une ville fonctionne si son centreville est fort et dispose d’une offre commerciale attractive », complète Philippe Journo, PDG et fondateur de la Compagnie de Phalsbourg. De plus en plus souvent installés en cœur d’agglomération et en milieu urbain dense, les nouveaux centres commerciaux se déclinent sous différents formats. Il y a ceux à ciel ouvert créés de toutes pièces qui se raccordent à la ville existante. C’est le cas d’Avaricum à Bourges et de La Promenade Sainte-Catherine à Bordeaux. « L’opération est réussie lorsque cette greffe commerciale semble avoir toujours été là », observe Julie Valode. Il y a aussi le centre commercial traditionnel autrefois excentré rattrapé par l’urbanisation de la ville. Ces derniers (Cap 3000, Rosny 2, Carré Sénart) se remettent aux goûts du jour. Pour recréer ou créer des quar- It-brands deserve it-malls* L’esprit Retail Only®, c’est évoluer aussi vite que le shopping et offrir aux clients un savant dosage de sérénité et d’émotions autour des marques. Avec ses concepts Clubstore® et Let’s Play®, Klépierre ajoute un supplément d’âme au parcours client, où shopping et plaisir se mêlent pour une expérience unique et surprenante. Klépierre, Retail Only®** A SIEC 2016 - Rendez-vous sur le stand E8-F5 a trop « euOntendance à opposer le commerce « dans les murs » à celui de périphérie. Or l’équilibre entre ces deux secteurs est nécessaire. On oublie qu’un centre commercial sur cinq se situe en ville » JULIE VALODE, DIRECTRICE DU SIEC tiers dans leur centre ou à proximité, les collectivités locales privilégient les opérations mélangeant commerces, loisirs, équipements publics, logements et bureaux. « On observe depuis quelques années un mouvement de fond. Les métropoles ont une volonté de fabriquer des morceaux de ville offrant une diversité d’usages. Le commerce s’avère la pierre angulaire de ces nouveaux quartiers », souligne Gilles Boissonnet, président du directoire d’Altarea Commerce. Un endroit où passer un bon moment « C’est normal, il faut combiner toutes les fonctions de proximité qui font l’essence de la ville et qui créent de l’animation en journée et le soir, en semaine et le week-end », affirme Thierry Cahierre, directeur général de Redevco France. Car il faut faire venir des visiteurs. « Le centre commercial doit être un endroit propice à la balade, être une destination où l’on vient passer un bon moment », précise Julie Valode. Les exemples de projets urbains mixtes *Les marques tendance méritent des centres tendance - **100% commerce M&CSaatchi Little Stories ANNA HAGÈGE en cours sont nombreux. Ainsi à Massy, Altarea Cogedim réalise la Place du Grand Ouest. Imaginé par l’architecte urbaniste Christian de Portzamparc, ce quartier neuf comptera à terme près de 850 logements, une résidence seniors, une école maternelle, un hôtel 4 étoiles, un complexe de 9 salles de cinéma, un centre des congrès, 27 commerces et 9 restaurants. À Metz, le groupe Apsys construit le complexe Muse situé en face du Musée Pompidou. « Ce site d’une surface commercial de 37 000 m2 ouvrira en 2017. On trouvera à proximité 10 000 m2 de bureaux et 400 logements. La mixité des fonctions est essentielle », précise Maurice Bansay, président fondateur d’Apsys. « Les nouveaux formats de magasins proposés en ville doivent correspondre aux besoins des enseignes nationales et internationales », commente Éric Costa, président de Citynove, la foncière immobilière des Galeries Lafayette qui ouvrira un grand magasin sur les Champs-Élysées à Paris, fin 2018. Le bon emplacement de certains sites DR « intra muros » attire autant les opérateurs. « Le centre-ville a pour le commerce beaucoup de vertus. Outre sa situation de qualité, cette localisation bénéficie souvent d’un accès facile. Si aux alentours, le cadre environnant est ancien et historique, c’est encore mieux », indique Laurent Morel, président du directoire de Klepierre. Propriétaire de la galerie commerciale de la gare SaintLazare, cette foncière développe à Marseille le Prado, 23 000 m2 de commerces, qui ouvrira en 2017. Dans ce quartier en mutation proche du Stade du Vélodrome, des immeubles d’habitations et des équipements publics sortent de terre. Si le centre-ville reste attractif pour le commerce, une mise en scène est nécessaire pour attirer des consommateurs. « On réalise à chaque fois un projet sur mesure, c’est-à-dire adapté au site et à son environnement. Même en centre-ville, un centre commercial doit créer une polarité, une urbanité et même du lien social », témoigne Jérôme Grivaux, directeur des affaires publiques chez Unibail-Rodamco. ■ Les règles du succès pour attirer les consommateurs Plus de quarante ans après leur création en France, les centres commerciaux connaissent une nouvelle jeunesse. « La crise économique de 2008 et le boom de l’ecommerce ont bouleversé les modes de consommation. Face à cet environnement différent, ces lieux de commerces ont dû se réinventer. Jusqu’alors, ils étaient encore de belles endormies. Aujourd’hui, c’est fini. L’enjeu majeur d’un centre consiste à séduire le consommateur et à l’inciter à sortir de chez lui », affirme Jean-Michel Silberstein, délégué général du Conseil national des centres commerciaux (CNCC). Pour créer de la fréquentation dans ces temples du commerce, les opérateurs redoublent d’inventivité et n’hésitent pas à jouer plusieurs cartes. Pour qu’un centre commercial soit fréquenté, son offre doit être diversifiée, disposer d’un magasin locomotive et offrir un renouvellement régulier des boutiques. « Actuellement, le marché est dynamique. De nombreuses enseignes internationales cherchent à se développer sur le marché européen », ajoute Jean-Michel Silberstein. Toutefois, ces enseignes sont de plus en plus mobiles. « Elles font régulièrement évoluer leur concept et n’hésitent pas à déménager pour des boutiques mieux placées ou aux surfaces plus adaptées », constate Thierry Bonniol, directeur France du département commerce de BNP Paribas Real Estate Transaction. « Il faut également trouver la bonne taille du centre qui soit adaptée au site », ajoute Philippe Journo, pré- sident de la Compagnie de Phalsbourg. Autre règle : ces complexes doivent aussi être des destinations de détente et de loisirs pour se promener seul, entre amis ou en famille. L’autre facteur de réussite est de composer un environnement agréable. Si certains sites sont à ciel ouvert pour reproduire une rue ou un « morceau de ville », d’autres sont couverts mais baignés de lumière et de transparence. Voiturier et conciergerie Le geste architectural participe à la création de l’identité du site et marque un repère fort dans le paysage urbain. « Une architecture spectaculaire devient l’emblème d’un centre et le transforme en un lieu iconique », soutient Jean-Michel Silberstein. Pour attirer et choyer des consommateurs à fort pouvoir d’achat, ces nouveaux lieux utilisent de plus en plus les codes de l’hôtellerie de standing. Au programme : voiturier et conciergerie, ou mise à disposition d’un espace lounge réservé à des happy few connus pour être des clients réguliers. Alors qu’il y a plus de quarante ans les premiers centres commerciaux sortaient de terre dans des champs à proximité d’une simple bretelle d’autoroute, ceux créés aujourd’hui sont tous faciles d’accès. L’utilisation et l’exploitation de données « devraient permettre à l’avenir de mieux connaître et d’anticiper les désirs des consommateurs, de comprendre leurs insatisfactions et de faire évoluer le merchandising ». Tout un programme ! ■ A. H. « leActuellement, marché est dynamique. De nombreuses enseignes internationales cherchent à se développer sur le marché européen » JEAN-MICHEL SILBERSTEIN, DÉLÉGUÉ GÉNÉRAL DU CONSEIL NATIONAL DES CENTRES COMMERCIAUX (CNCC) LE FIGARO mercredi 15 juin 2016 IMMOBILIER COMMERCIAL 29 Promenade Sainte-Catherine, à Bordeaux (à gauche). Polygone Riviera, à Cagnes-sur-Mer (à droite). Les plus beaux projets récompensés en 2016 Les Trophées du CNCC sont décernés chaque année à des projets commerciaux récemment ouverts. PALMARÈS Le Figaro Économie dévoile les lauréats de l’édition 2016. : « Création u 1d’uncatégorie centre commercial » ère Lauréat : Promenade Sainte-Catherine C’est en plein cœur de Bordeaux que la Promenade Sainte-Catherine a ouvert ses portes en octobre dernier. La fréquentation annuelle annoncée est de 10 millions de personnes. Développé par Redevco, ce projet de 19 000 m2 propose une architecture réalisée par le cabinet d’architectes Valode & Pistre. De nouvelles rues et une place végétalisée à ciel ouvert ont été créées. Résolument contemporain avec un bâtiment totem traité telle une sculpture, ce nouveau quartier commercial a réussi sa greffe avec les bâtiments anciens environnants. Érigée sur l’ancien terrain des imprimeries Sud-Ouest, cette nouvelle adresse de shopping est le fruit d’une réhabilitation urbaine d’envergure qui en plus des commerces compte une centaine de logements. Organisé sur deux niveaux de commerces, ce centre compte 38 enseignes dont 7 restaurants. d’excellence : u Prix Polygone Riviera Depuis son ouverture à Cagnes-surMer à l’automne dernier, Polygone Riviera s’est imposé comme la nouvelle « destination shopping » de la Côte d’Azur. Développé par Socri et Unibail-Rodamco, ce centre à ciel ouvert se distingue par ses quatre quartiers qui s’intègrent à un parc paysager de 5 hectares doté de plus de 1 000 arbres. Polygone Riviera propose 70 000 m2 de surfaces commerciales et 3 000 places de parking. On y trouve des rues piétonnes et des avenues commerçantes. Les 150 enseignes (dont certaines ouvrent leur première boutique en France) y sont installées avec un grand magasin (Le Printemps) de 9 000 m2. Les visiteurs peuvent aller au cinéma (10 salles), se balader dans la galerie d’art à ciel ouvert ou encore manger dans 26 restaurants et pauses gourmandes. Polygone Riviera représente un investissement de 20 millions d’euros, dix ans d’études de faisabilité et trois ans de travaux. catégorie : u «2 Création d’un parc e d’activités commerciales » Lauréat : St Max Avenue C’est le long d’une avenue piétonne de 300 m, non couverte, que s’or- ganise le nouveau parc commercial St Max Avenue. JMP Expansion, propriétaire des lieux, a choisi de reproduire dans cette zone commerciale de Creil Saint-Maximin, située en Picardie, un morceau de rue comprenant tous les codes de la ville. Sorti de terre sur une friche industrielle de 4 hectares, St Max Avenue est ouvert depuis mars 2015. Dans un style d’architecture résolument contemporain, cette nouvelle adresse compte sept bâtiments de gabarits et de hauteurs différents abritant au total 34 boutiques dont 6 restaurants, 1 100 m2 de bureaux et une crèche. 3e catégorie : « Rénovation extension d’un centre commercial » Lauréat : Rosny 2 u En 1973, Rosny 2 devenait le premier centre commercial de l’Est parisien. Près de quarantetrois ans plus tard, ce même centre demeure leader à l’échelle régionale. En vue du projet urbain du Grand Paris et notamment du prolongement de la ligne 11 du métro à Rosny-sous-Bois (2021) et de la ligne 15 (2025), Rosny 2 s’est rénové. En 2016, il a fait peau neuve au terme de 14 mois de travaux sans fermeture. D’un montant de 20 millions d’euros, sa réhabilitation d’envergure a été décidée par Unibail-Rodamco, le propriétaire, et orchestrée par Saguez & Partners. Les deux niveaux entièrement refaits sont baignés de lumière naturelle. Les sols sont en marbre blanc. Du bois de couleur miel et du Corian blanc ont été utilisés pour les habillages intérieurs. Trois grandes places aux volumétries imposantes structurent ce centre de 111 600 m2 qui attire 15,1 millions de visiteurs. 4e catégorie : « Requalification extension d’un parc d’activités commerciales » Lauréat : La Carbonnière u Dans la zone commerciale située en périphérie de Barentin, La Carbonnière a fait peau neuve. Au terme d’une restructuration d’envergure menée par Etixia, ce site de 1,5 hectare qui n’abritait qu’une seule enseigne (Kiabi) en compte désormais quatre de plus. Pour abriter ces magasins, deux bâtiments économes en énergie ont été construits, puis l’ancien devenu petit et vétuste a été détruit. La surface de vente a progressé de 71 % (3 766 m2) et celle des espaces verts a bondi de 116 % (4 650 m2). De gauche à droite : St Max Avenue, à Creil Saint-Maximin ; Rosny 2, à Rosny-sous-Bois ; La Carbonnière, à Barentin ; Marques Avenue A13, à Aubergenville ; Bois de Bersol, à Pessac. ALAIN POTIGNON, DR, ANAËL BARRIÈRE/ AGENCEAPPA.COM JF TREMEGE, GERARD TARIDE, DR : « Acteur engagé u 5surcatégorie un site en activité » e Lauréat : Marques Avenue A 13 La singularité de Marques Avenue A13, propriété du groupe Altarea Cogedim, est d’être en bois à 100 %. Près de 1 700 m2 de ce matériau noble ont été utilisés pour réaliser ce complexe commercial de l’Ouest parisien. Du bois lamellé-croisé (CLT) pour les refends entre les boutiques ; du bois lamellé-collé pour les structures les plus complexes et de l’ossature bois pour les façades. Cette conception constitue une innovation majeure et définit un nouveau standard de performance environnementale. Marques Avenue A13 est le premier village de marques de France certifié Breeam International. catégorie : u «6 Acteur engagé e sur un site en projet » Lauréat : Bois de Bersol À Pessac, le complexe Bois de Bersol a été couronné pour son action engagée, son approche citoyenne et responsable. La volonté des propriétaires, Mercialys et Union Investment, a été de réduire les impacts environnementaux. Le site est équipé d’une centrale photovoltaïque qui produit annuellement plus de 4 500 kW, soit 1,5 fois la consommation d’énergie annuelle de la galerie. Cette installation évite ainsi le rejet de plus de 12 000 tonnes de dioxyde de carbone par an. A. H. ■ mercredi 15 juin 2016 LE FIGARO 30 TECH Le service de paiement sur iPhone d’Apple arrive en France cet été Les Français vont pouvoir payer avec leur smartphone dans les prochaines semaines. ELSA BEMBARON £@elsabembaron SERVICES Deux ans après les débuts d’Apple Pay aux États-Unis, le service de paiement sur iPhone arrive en France. Son lancement a été annoncé lundi soir, lors de la conférence développeurs (WWDC) d’Apple, avec un démarrage cet été pour les premiers établissements. Apple Pay permet de régler ses achats en magasins ou en ligne depuis un iPhone, un iPad ou une Apple Watch. Plus besoin de sortir sa carte bancaire et de saisir le code. Chez un commerçant, le terminal de paiement lit directement les informations contenues dans le téléphone. La transaction, physique ou en ligne, est ensuite validée par la reconnaissance d’empreinte digitale (Touch ID) ou par la saisie d’un code sur iPhone ou sur Apple Watch. Plus besoin de saisir le numéro de sa carte bancaire pour régler un achat en ligne. « Le numéro de carte bancaire ne circule pas sur les réseaux. Il est stocké dans le téléphone de façon cryptée et à chaque fois un numéro de transaction unique est généré », explique David Deschamps, responsable paiements digitaux pour l’Europe de MasterCard. En cas de perte ou de vol du téléphone, le paiement sur Apple Pay peut être neutralisé, nul besoin de faire opposition à sa carte bancaire. Le service de paiement d’Apple était très attendu. Les paiements sans contact (NFC) par carte ont déjà commencé à décoller en France. Au cours du premier trimestre, ils ont représenté plus de 3 milliards de transactions. Ils sont acceptés par 600 000 commerçants en France, 3 millions en Europe. Leur arrivée sur smartphone devrait encore accélérer leur adoption. Apple entre toutefois par la petite porte sur le marché français, avec quelques partenaires seulement, deux banques (BPCEBanque populaire Caisse d’épargne et Carrefour Banque), Visa, MasterCard, Orange, Edenred (Ticket restaurant) et quelques grands noms de la distribution. De quoi toucher « quelques millions de clients ». Il faut à la fois être détenteur d’un iPhone ou d’un iPad récent (les modèles postérieurs aux iPhone 6 et 6 Plus et à l’iPad Air 2), être client d’une banque partenaire et disposer d’une carte Visa ou MasterCard. De nouveaux usages Le dispositif français est encore loin du « big bang » américain, qui a rassemblé dès le début la plupart des grandes banques américaines. « Au Royaume-Uni, Apple avait attendu que toutes les banques soient prêtes. En France, c’est un peu plus compliqué », glisse Gérard Nebouy, directeur exécutif de Visa Europe en France qui précise néanmoins : « Nous travaillons avec les autres établissements bancaires français. Il y a un appétit réel pour ce service. » L’extension à d’autres banques devrait se faire rapidement. « Il y a aussi une véritable attente des consommateurs pour ce type de service. Le mobile est un élément important de la relation entre le client et sa banque. Il est logique de pouvoir payer avec », ajoute JeanYves Forel, directeur général du Groupe BPCE. De nouveaux services pourront être associés. Ainsi, les titulaires d’une carte Pass Carrefour retrouveront les avantages de leur carte de fidélité dans un seul endroit, sur leur mobile. D’autres systèmes de paiement sur mobile commencent à se développer. En France, Orange avec Orange Cash a joué les précurseurs. Son service est disponible sur les terminaux récents sous Android, dotés d’une connexion NFC. Mais les transactions sont limitées à 20 euros. Ce qui n’est pas le cas d’Apple Pay. Selon les établissements, les transactions sont plafonnées à 300 euros, ou au montant associé à la carte. Utiliser Apple Pay ne coûtera pas un centime de plus aux consommateurs, ni aux commerçants. L’émetteur de carte, Visa ou MasterCard, perçoit des « frais de traitement », les banques et Apple se partagent la commission bancaire. Les détails de la répartition n’ont pas été rendus publics. ■ Tim Cook a présenté l’Apple Pay en septembre 2014, à Cupertino, en Californie. MONICA DAVEY/EPA Dans la musique, Apple revoit sa copie face à Spotify PROPOS RECUEILLIS PAR DIDIER SANZ £@sanzdidier Nous avons réorganisé la présentation pour que l’ensemble soit plus clair et plus cohérent » EDDY CUE, VICEPRÉSIDENT CHARGÉ DES LOGICIELS ET SERVICES INTERNET D’APPLE STEPHEN LAM/REUTERS Un an après la grande offensive d’Apple dans la musique par abonnement, le bilan apparaît contrasté. Le service compte 15 millions d’abonnés, soit déjà la moitié de ce que Spotify a réalisé en dix ans. Pourtant, les critiques ont fusé sur l’ergonomie de l’application, jugée trop complexe. Une nouvelle version a été présentée lundi. Le Figaro a rencontré Eddy Cue, vice-président chargé des logiciels et services Internet d’Apple, et Jimmy Iovine, producteur de musique et cofondateur de Beats by Dr Dre, récemment racheté par Apple, pour évoquer ces ajustements. LE FIGARO. – Vous vous êtes lancés dans le streaming avec Apple Music il y a un an. Vous revoyez déjà l’application en profondeur. Qu’est-ce qui n’a pas marché ? Eddy CUE. – C’est l’aboutissement d’un long processus. Nous y réfléchissions déjà l’an dernier quand la première version est sortie. Nous avons eu beaucoup de réactions sur cette version et nous avons étudié la LA SÉANCE DU MARDI 14 JUIN LE CAC JOUR %VAR. ACCOR .............................................. 35,76 ♣ AIR LIQUIDE .................................. 90,26 AIRBUS GROUP ..................................50,98 ARCELORMITTAL .................................. 4,331 AXA .............................................. 19,295 BNP PARIBAS ACT.A .................................. 42,04 BOUYGUES .............................................. 26,54 CAP GEMINI .................................. 82,65 CARREFOUR .............................................. 22,155 CREDIT AGRICOLE .................................. 7,762 DANONE ..............................................60 ENGIE .............................................. 13,61 ESSILOR INTL. ..................................110,75 KERING ..............................................146,55 KLEPIERRE .............................................. 38,995 L'OREAL ..............................................158,7 LAFARGEHOLCIM .................................. 36,37 LEGRAND ..............................................46,335 LVMH .............................................. 137,1 ♣ MICHELIN .............................................. 87,25 -2,97 -1,93 -0,57 -4,92 -1,53 -2,26 -1,94 -1,88 -1,95 -1,99 -0,78 -1,77 -2,25 -2,3 -2,57 -1,67 -1,41 -1,63 -2,42 -1,39 +HAUTJOUR 36,97 91,77 51,56 4,556 19,645 42,94 26,935 84 22,635 7,945 61,29 13,76 112,65 149,4 39,815 160,7 36,99 46,96 140,05 88,46 JOUR +BAS JOUR %CAP.ECH 31/12 35,735 90,26 50,39 4,33 19,19 41,78 26,42 82,53 22,085 7,722 59,94 13,43 110,75 146,55 38,955 158,7 36,355 46,335 137,05 86,79 0,544 0,506 0,416 1,373 0,387 0,464 0,287 0,381 0,588 0,342 0,464 0,454 0,295 0,192 0,386 0,134 0,175 0,265 0,27 0,342 -10,61 -12,92 -17,77 +11,14 -23,52 -19,51 -27,38 -3,45 -16,87 -28,66 -3,66 -16,63 -3,74 -7,22 -4,87 +2,19 -22,15 -11,24 -5,38 -0,74 NOKIA .............................................. 4,959 ORANGE ..............................................14,175 PERNOD RICARD .................................. 92,04 PEUGEOT .............................................. 12,73 ♣ 59,04 PUBLICIS GROUPE SA ............................. RENAULT .............................................. 74,32 SAFRAN ..............................................57,02 SAINT GOBAIN .................................. 36,705 SANOFI ..............................................67,3 SCHNEIDER ELECTRIC ............................. 52,71 SOCIETE GENERALE ♣ .................................. 30,75 SODEXO ..............................................90,24 SOLVAY ..............................................83,12 TECHNIP ♣ ..............................................46,49 TOTAL .............................................. 40,055 UNIBAIL-RODAMCO .................................. 227,95 VALEO .............................................. 42,71 VEOLIA ENVIRON. .................................. 19,265 ♣ VINCI .............................................. 62,18 VIVENDI ..............................................15,09 A LE CONSEIL DE ROLAND LASKINE Fait tout à fait exceptionnel, aucune valeur du CAC 40 n’est dans le vert sur les cinq dernières séances. Avec une baisse hebdomadaire de plus de 7,75 %, les valeurs françaises renouent avec leurs plus mauvaises journées du mois de février. La forte percée dans les sondages des partisans d’une sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne inquiète les inves- %VAR. -1,9 -2,91 -1,46 -2,75 -1,29 -2,39 -2,73 -2,02 -3,15 -2,37 -2,66 -1,68 -2,33 -3,05 -3,44 -2,75 -2,25 -2,41 -2,31 -3,89 +HAUTJOUR +BAS JOUR 5,081 14,535 93,43 13,04 59,52 75,56 58,1 37,185 68,85 53,6 31,6 91,47 84,53 47,75 40,98 232,4 43,38 19,72 63,11 15,675 4,89 14,175 91,54 12,655 58,89 73,42 57,02 36,675 67,15 52,69 30,675 89,64 82,99 46,465 40,025 227,95 42,71 19,205 62,18 15,09 %CAP.ECH 0,076 0,329 0,256 0,911 0,247 0,464 0,331 0,402 0,287 0,39 0,604 0,22 0,498 0,831 0,412 0,446 1,59 0,401 0,411 0,828 31/12 -24,75 -8,46 -12,51 -21,44 -3,81 -19,77 -10,02 -7,89 -14,38 +0,29 -27,77 +0,11 -15,55 +1,65 -2,93 -2,75 -70,04 -11,89 +5,14 -24,02 LES DEVISES manière dont les gens l’utilisaient. Il fallait la rendre plus simple et mieux adaptée. Alors nous avons décidé de privilégier les morceaux stockés en local sur l’appareil et les titres téléchargés, et de mettre l’accent sur les recommandations avec l’onglet « Pour vous ». Nous nous sommes aussi rendu compte que l’application ne montrait pas assez les nouveautés qui pourraient séduire les utilisateurs comme les listes de lecture personnalisées. Nous avons aussi réorganisé la présentation pour que l’ensemble soit plus clair et plus cohérent. On retrouve notamment plus facilement les émissions que l’on a ratées et qui étaient auparavant dans l’onglet « Connect ». Avec cette nouvelle version, pensez-vous rivaliser avec Spotify ? Jimmy IOVINE. – Notre démarche est très différente. Quand nous avons mis en œuvre notre service de musique en ligne il y a cinq ans, nous voulions créer un environnement au service des artistes, qui leur permettrait de mieux communiquer avec leur public. Nous avons embauché des gens très compétents et très curieux pour créer notre ra- MONNAIE AUSTRALIE ................................................................................ DOLLAR AUSTRALIEN CANADA ................................................................................ DOLLAR CANADIEN GDE BRETAGNE ................................................................................ LIVRE STERLING HONG KONG ................................................................................ DOLLAR DE HONG KONG JAPON ................................................................................ YEN SUISSE ................................................................................ FRANC SUISSE ETATS-UNIS ................................................................................ DOLLAR TUNISIE ................................................................................ DINAR TUNISIEN MAROC ................................................................................ DIHRAM TURQUIE ................................................................................ NOUVELLE LIVRE TURQUE EGYPTE ................................................................................ LIVRE EGYPTIENNE CHINE ................................................................................ YUAN INDE ................................................................................ ROUPIE ALGERIE ................................................................................ DINAR ALGERIEN SICAV ET FCP 1 EURO= 1,5207 1,44 0,7939 8,6918 118,98 1,082 1,12 2,4309 10,9034 3,2843 9,9445 7,3833 75,528 123,4993 AUD CAD GBP HKD JPY CHF USD TND MAD TRY EGP CNY INR DZD L’OR dio en ligne Beats 1. À la différence de nos concurrents, nous nous appuyons sur des spécialistes, des humains, et pas seulement sur des algorithmes, pour créer des listes de lecture qui correspondent aux goûts de chacun. Aujourd’hui encore, nous nous efforçons d’être les meilleurs pour permettre aux utilisateurs de découvrir de nouveaux artistes. Nous plaçons au-dessus de tout le respect pour la musique et les musiciens. En renforçant votre offre de streaming, n’allez-vous pas arrêter la vente de musique en téléchargement sur iTunes ? Eddy CUE. – Non. Ce serait une idiotie. Nous savons que le business d’iTunes ne va pas augmenter et que la croissance va venir du modèle d’abonnements comme nous le mettons en place avec Apple Music. Mais il y a toujours des gens qui achètent de la musique. Imaginez : 15 millions de personnes sont abonnées à notre service de musique en ligne Apple Music. Nous avons encore du chemin à parcourir pour arriver au nombre d’acheteurs de musique sur iTunes, qui représente quatre fois plus. ■ JOUR VEILLE 31/12 COTATION QUOTIDIENNE ASSURÉE PAR TESSI-CPOR www.cpordevises.com LINGOT DE 1KG ENV ..................................................... 36980 36460 +17,88 NAPOLEON ..................................................... 210,1 212 +14,06 PIECE 10 DOL USA ..................................................... 615 640 +7,89 PIECE 10 FLORINS ..................................................... 219 222 +12,89 PIECE 20 DOLLARS ..................................................... 1210 1240 +11,01 PIECE 20F TUNISIE ..................................................... 210 210 +14,75 PIECE 5 DOL US (H) ..................................................... 320 320 +4,92 PIECE 50 PESOS MEX ..................................................... 1398 1388 +17,97 PIECE FR 10 FR (H) ..................................................... 119,4 119,4 +8,74 PIECE SUISSE 20F ..................................................... 212 214 +12,35 PIECE LATINE 20F ..................................................... 213,5 216 +14,78 SOUVERAIN ..................................................... 268 271 +13,13 KRUGERRAND .....................................................1180 1180 +14,56 VALEURS LIQUIDATIVES EN EUROS (OU EN DEVISES), HORS FRAIS VALEUR DATE DE LIQUID. VALORISAT. SICAV UNI HOCHE C ................................................ 244,65 10/06/16 BETELGEUSE ................................................ 45,68 10/06/16 BELLATRIX C ................................................ 299,54 10/06/16 VICTOIRE SIRIUS ................................................ 48,80 10/06/16 RETROUVEZ SITE D’INFORMATIONS EXCLUSIVES WWW.WANSQUARE.COM [email protected] tisseurs à quelques jours du référendum du 23 juin (lire page 22), la faiblesse de la croissance mondiale et l’absence d’information sur les décisions que prendront les membres du comité monétaire de la Fed à l’issue de leur réunion mensuelle du mois de juin suffisent à expliquer l’accélération de la dégringolade des cours. À leur habitude, les investisseurs n’ont pas fait dans la nuance, sanctionnant toutes les valeurs de la cote sans grand discernement. Les banques, éreintées par la généralisation des taux négatifs en Europe, arrivent en tête des baisses hebdomadaires : Société générale (- 13,9 %), Crédit agricole (- 11,8 %) et BNP Paribas (- 10,7 %). Le titre Axa est également attaqué (- 11,9 %). Les actions Renault (- 10,3 %) et Peugeot (- 10,1 %) sont aussi massivement cédées, les investisseurs redoutant une chute des ventes dans les pays émergents. Dans le secteur pétrolier, Total (- 8,5 %) et Technip (- 8,3 %) font l’objet de prises de bénéfices appuyées après les fortes hausses de ces dernières semaines. Les plus grands groupes exportateurs, comme LVMH (- 8,2 %), Sanofi (- 7,9 %), Schneider Electric (- 7,5 %), Valeo (- 7,4 %) ou Pernod Ricard (- 6,4 %) sont évidemment très touchés. Même Danone, qui a révisé à la hausse ses perspectives de résultats pour l’exercice en cours, est sanctionné. Le titre a perdu 0,78 % mardi, ce qui porte à 5,3 % son repli sur les cinq dernières séances. ■ LE FIGARO MÉDIAS et PUBLICITÉ mercredi 15 juin 2016 31 Elizabeth Martichoux animera l’interview politique sur RTL Jean-Michel Aphatie quitte Europe 1 et laisserait la tranche du 12 h-14 h à Maxime Switek et Anne Roumanoff. ENGUÉRAND RENAULT £@erenault ET C. S. Elizabeth Martichoux dirige le service politique de RTL. FREY/PHOTOPQR/L’ALSACE RADIO Le jeu de chamboule-tout se poursuit dans les médias. À moins d’un an de la présidentielle et à quelques mois des primaires à droite, RTL revoit son dispositif pour être en ordre de bataille dès la rentrée. Les changements s’effectuent dans la continuité. La station de la rue Bayard vient d’annoncer qu’elle allait confier l’interview politique diffusée à 7 h 50 à Elizabeth Martichoux, actuelle chef du service politique de RTL, qui conserve cette fonction. Elle remplacera à ce poste Olivier Mazerolle. S’il quitte la matinale de RTL orchestrée par Yves Calvi, le journaliste âgé de 73 ans ne plie pas bagage pour autant. C’est lui qui animera dorénavant le « Grand Jury RTL », en partenariat avec Le Figaro et LCI, diffusé tous les dimanches midi. Depuis août 2015, la place était occupée par… Elizabeth Martichoux. En somme, les deux journalistes ont échangé leur fauteuil respectif. Intervieweuse pugnace, Elizabeth Martichoux aura la lourde tâche de jouer le match de la présidentielle contre Léa Salamé qui, sur France Inter à la même heure, mène également son interview politique. Actuellement, la matinale de France Inter devance celle de RTL avec en moyenne 200 000 auditeurs de plus au quart d’heure moyen. Mais, à 7 h 40, au moment de l’interview politique, Léa Salamé creuse l’écart et réunit 380 000 auditeurs de plus qu’Olivier Mazerolle. Europe 1 en chantier Du côté d’Europe 1, c’est la tranche du midi qui va être modifiée. Anne Roumanoff reviendrait sur les ondes d’Europe 1 pour une demi-heure de détente, jusqu’à 14 heures. L’historien Franck Ferrand conserve son émission « Au cœur de l’histoire » de 14 heures à 15 heures. Mais le grand chantier d’Europe 1 est de rebâtir son offre de l’après-midi. Après le départ de Cyril Hanouna, que nous avions annoncé (nos éditions du 3 juin), la station de la rue François-Ier devrait installer, à la place, un nouveau talk-show animé par Alessandra Sublet qui est en train de constituer son équipe. ■ Le duo Jean-Michel Aphatie (transfuge de RTL) et Maxime Switek a fait long feu. Selon Télérama, la case d’« Europe 1 Midi » pourrait voir sa durée réduite. Lors du mercato du printemps 2015, l’arrivée de Jean-Michel Aphatie a constitué la grosse prise d’Europe 1. Mais la greffe n’a pas suffisamment pris pour une formule mêlant information, paroles des auditeurs et actualité culturelle. Selon nos informations, Maxime Switek reprendrait seul la tranche d’information de 12 heures à 13 h 30. Puis l’humoriste Audrey Azoulay préempte une place sur la TNT pour la chaîne d’info publique septembre Date de lancement de la chaîne 175 journalistes et techniciens recrutés 4e chaîne nationale d’information gratuite lancée en France La ministre de la Culture, Audrey Azoulay. sein du multiplex R1 dévolu au service public et libérer de l’espace sur la bande passante. Mais la situation devrait être transitoire. « Le gouvernement reste attaché à la diffusion à terme de ces deux services au format haute définition, lorsque les conditions techniques pourront en être réunies », précise Audrey Azoulay. En attendant, pour faire passer la pilule, France Télévisions va investir davantage dans la production de contenus ultramarins, dont certains pourraient être coproduits directement avec les chaînes « 1ère » du groupe. À partir de la rentrée, les programmes locaux concerneront plus de 20 % de la grille de France Ô. Ils bénéficieront d’une visibilité accrue, avec une diffusion durant les avant-soirées ainsi que les aprèsmidi du week-end à partir de la rentrée. Une montée en puissance qui irriguera toute la grille. Afin de toucher le public le plus large possible, « la diffusion en outre-mer de la chaîne d’information en continu de- SQLI se spécialise dans l’expérience du client La société française de marketing vise 300 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020. ALEXANDRE DEBOUTÉ £@axel_deb 179 millions d’euros Chiffre d’affaires de SQLI en 2015 MARKETING L’ubérisation est une menace pour les entreprises qui ne prennent pas le virage numérique, et une opportunité pour de nombreux prestataires marketing qui proposent précisément de les accompagner dans la transformation de leur business. SQLI en fait partie et se distingue aujourd’hui, avec un chiffre d’affaires qui a avoisiné 180 millions d’euros l’an dernier, et l’objectif d’approcher 300 millions en 2020. C’est en tout cas l’ambition du plan stratégique à quatre ans de l’entreprise, avec un positionnement dorénavant centré sur le client. « Concernant leur digitalisation, les entreprises ne s’interrogent plus mais passent à l’action, explique Didier Fauque, directeur général de SQLI. Et elles se rendent compte que le rapport avec leurs clients connectés est devenu l’enjeu principal. » SQLI place donc désormais le pilotage de la relation client au cœur de son offre. Avec une force de frappe qui devient convaincante : 500 personnes travaillent actuellement dans ses centres clients en France, en Afrique du Sud et au Maroc. L’objectif est de doubler ce nombre d’ici à 2020 et d’ouvrir un centre en Inde. « Nous avons identifié plusieurs secteurs à haut potentiel dans la bancassurance, les biens de consommation ou le luxe », détaille Didier Fauque. SQLI travaille notamment pour L’Oréal, Nespresso, le groupe SEB ou le Crédit agricole. La société prévoit de recruter 600 personnes cette année pour faire face à la demande sur ses différents marchés (France, Belgique, Luxembourg, Royaume-Uni et Suisse). 2020 de 40 % à 70 % du chiffre d’affaires. La société mise aussi sur l’international pour maintenir une croissance de son revenu à deux chiffres dans les quatre années à venir. SQLI table sur des implantations dans les marchés du nord de l’Europe où les marges sont plus élevées. Elle devra faire la différence face à des concurrents d’horizons variés, qu’ils soient dans le conseil (Accenture, Deloitte…), intégrés à des groupes de communication (Digitas, Razorfish…) ou issus, comme SQLI, du secteur des SSII, comme Valtech. ■ Mené tambour battant Cette lettre de la ministre prouve que France Télévisions poursuit son plan tambour battant. Et ce, malgré la bronca des journalistes du service public. Les sociétés des journalistes de France Télévisions et de France Info ont dénoncé « un projet non viable ». Il reste de nombreux points à éclaircir. À commencer par celui de la numérotation. La nouvelle chaîne pourrait atterrir sur le canal 27, le premier disponible. ■ EN BREF FRANCE TV DÉVELOPPE SON PROPRE NOUVEAU FEUILLETON £ France Télévisions va produire en interne un feuilleton quotidien à Montpellier, projet qui devrait aboutir dans les dixhuit mois. Cette nouvelle série sera calquée sur le modèle de Plus belle la vie, fiction emblématique de France 3 produite par Newen, racheté par TF1 fin 2015. Essor du mobile Concrètement, SQLI élabore, met en œuvre et pilote les plateformes d’e-commerce ou de CRM (relation client). Pas moins de 500 développeurs, soit un quart de ses effectifs, planchent sur tous les aspects de cette relation « amplifiée » par les nouveaux canaux de communication, en particulier via les réseaux sociaux, et cela sur tous les supports, notamment mobiles. « Au global, notre activité de commerce connecté a progressé de 50 % en un an, mais elle a doublé de taille dans le mobile », confirme Didier Fauque. SQLI mise sur une montée en puissance de cette activité dédiée aux « clients connectés » avec l’objectif de la faire passer d’ici à PARTENAIRE DU PREMIER BIG BANG ECO DU FIGARO A 1 AUDIOVISUEL Le compte à rebours a commencé. Selon nos informations, Audrey Azoulay, la ministre de la Culture, a envoyé le 10 juin dernier une lettre à Olivier Schrameck, le président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), afin de préempter, « à titre prioritaire », un canal hertzien « en définition standard » pour la nouvelle chaîne d’information en continu du service public, à compter du 1er septembre prochain. « L’attribution de cette ressource radioélectrique à France Télévisions a pour objet de lui permettre de remplir ses missions de service public », justifie la ministre. La nouvelle chaîne d’info, qui devrait s’appeler France Info TV, ne sera pas la seule à être diffusée en « définition standard ». Dans sa lettre de deux pages, que Le Figaro a pu consulter, Audrey Azoulay demande parallèlement que France Ô, en métropole, passe aussi en basse définition à compter du 1er septembre, en raison de la rareté des ressources. En clair, pour que la chaîne d’info du service public puisse exister, il faut absolument pousser les meubles au er vra également être envisagée, annonce la ministre. J’en saisirai le Conseil le moment venu ». La ministre réaffirme que la nouvelle antenne ne disposera pas d’écrans publicitaires. « Ainsi que le relève le Conseil, l’absence de diffusion de messages publicitaires sur l’antenne de la chaîne d’information en continu est de nature à préserver l’équilibre économique des chaînes privées d’information. » Pas de quoi apaiser la concurrence. Mercredi dernier, NextRadioTV avait appelé le CSA à réaliser dans les plus brefs délais une étude d’impact, en raison des conséquences économiques de l’arrivée d’une quatrième chaîne d’information. Piaton et Associés & Chris Evans CAROLINE SALLÉ £@carolinesalle * Ne ratez pas cette opportunité ** Le digital pour tous, maintenant ! LA CHAÎNE D’INFO PUBLIQUE JEAN-CHRISTOPHE MARMARA/LE FIGARO La ministre a envoyé le 10 juin une lettre au Conseil supérieur de l’audiovisuel. SOPHIE, ENTREPRENEUR, EST TENDUE. Tendue, parce que le lancement de sa start-up ne se passe pas comme prévu. Parce qu’il lui aurait fallu une semaine de plus pour préparer sa présentation devant ces dirigeants d’entreprises. Parce que c’est ce matin que tout se joue. Pourtant, convaincue qu’elle tient l’idée du siècle, 06/2016 - Édité par Crédit Agricole, S.A., agréé en tant qu’établissement de crédit – Siège social : 12, place des États-Unis, 92127 Montrouge Cedex – Capital social : 7 917 980 871 € – 784 608 416 RCS Nanterre. ELLE N’A JAMAIS PARU AUSSI SÛRE D’ELLE. Être le partenaire des dirigeants qui innovent, c’est d’abord croire en eux. Le Crédit Agricole crée partout en France les Village by CA, des lieux d’échange innovants, où start-up et grands groupes se nourrissent mutuellement. RENDEZ-VOUS SUR W W W.LEVILL AGEBYCA .COM mercredi 15 juin 2016 LE FIGARO - N° 22 347 - Cahier N° 3 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr FORME TÉLÉVISION DEAUVILLE, DESTINATION BIEN-ÊTRE À LA POINTE L’HOMMAGE DES AMIS DE MICHEL DELPECH SIX MOIS À PEINE APRÈS SA MORT PAGE 41 PAGE 37 Le spa du Normandy ÇA C’EST... LILLE ! Olivier Nuc NEIL FOREVER YOUNG PREMIER CONCERT DE LA TOURNÉE DU CANADIEN. Le bel horizon de l’animation française La Tortue rouge, de Michael Dudok De Wit, prix spécial du jury à Un certain regard à Cannes, sur les écrans le 29 juin. NEW BR 03-94 AEROGT CHRONOGRAPH Bell & Ross France : +33 (0)1 73 73 93 00 · Boutique Paris : Le Village Royal, 25 rue Royale · e-Boutique : www.bellross.com A © Sirpa Air - Rafale - Dassault Aviation FABRICE RAMBERT, WILD BUNCH, JEAN-CHRISTOPHE MARMARA/LE FIGARO Alors que le Festival d’Annecy présente ses dernières nouveautés, plongée au cœur d’un cinéma original et créatif qui a tous les atouts pour convaincre le grand public. PAGES 34 ET 35 C e sont des tentes vertes, posées à proximité de l’entrée de la salle. Tandis que la foule patiente au bar ou au stand de souvenirs (35 euros le tee-shirt en coton bio), quelques curieux y déambulent. Ici, une souriante Américaine présente des publications spécialisées dans l’environnement. Là, de jeunes activistes d’associations locales prônent l’agriculture biologique. Organisations internationales ou militants de terrain, tous se félicitent de la tribune offerte par Neil Young en prélude à son concert. Plus qu’une tournée, c’est une véritable croisade que mène actuellement le chanteur canadien contre les OGM et la puissante firme agroalimentaire Monsanto en particulier. Pour sa première venue française depuis 2014, le septuagénaire est accompagné par un gang de trentenaires mené par les deux fils de son ami Willie Nelson, grand pourfendeur de la politique libérale américaine, lui aussi. Des rangées de plantations garnissent l’avant-scène. Bientôt, deux demoiselles en chapeau de paille viennent les arroser, semant des graines sur les planches. Dans la pénombre, Neil Young entame After the Gold Rush, manifeste écologique de 1970. Le public lillois, un des plus chaleureux de France, exulte, soulagé que l’ombrageux daigne jouer ses tubes. En solitaire, au piano, à la guitare acoustique ou à l’harmonium, il revisite son album Harvest, plus gros succès de sa carrière. Une manière de se mettre le public dans la poche avant le déluge qui s’annonce. Progressivement, à mesure de l’entrée des musiciens et de l’électrification des instruments, la soirée prend un tour moins pastoral. Trois (faux) agents de Monsanto débarquent, aspergeant la scène de (faux) pesticides, sous les huées. Young s’exprime peu mais en français. « Merci beaucoup, comment allez-vous ? » et c’est tout. Il est nettement plus éloquent à la guitare électrique, revisitant les accords saturés de Ragged Glory, un de ses disques les plus puissants. L’amour des hommes et de la nature est au cœur du répertoire, servi par un Neil Young inhabituellement souriant, galvanisé par la fraîcheur du seul groupe capable de lui permettre de concilier les tentations contradictoires d’une carrière longue de plus de cinquante ans, qui ne semble pas près de s’arrêter si l’on en juge par sa forme. Après deux heures quarante-cinq minutes de plaisir, il est toujours vert. mercredi 15 juin 2016 LE FIGARO 34 L'ÉVÉNEMENT ENQUÊTE S’ils sont de grande qualité, comme « La Tortue rouge » ou « Ma vie de courgette », les films d’animation ont encore du mal à trouver leur public. C Le destin agité des dessins animés français NATHALIE SIMON ette année, pour la première fois en cinquante-six ans d’existence du Festival international du film d’animation, la France est en majesté à Annecy. Si des œuvres comme Kirikou et Les Triplettes de Belleville, Zarafa ou Minuscule : la vallée des fourmis perdues ont contribué à lui apporter ses lettres de noblesse, les derniers films qui ont été présentés lors de ce rendez-vous en 2015 ne récoltent pas le succès escompté : Avril et le monde truqué, de Franck Ekinci et Christian Desmares d’après l’univers de Tardi, ou Tout en haut du monde, sur une jeune exploratrice au pôle Nord, de Rémi Chayé, ont été salués par la critique et les festivaliers, mais n’ont pas trouvé leur public. Les attentats de Charlie Hebdo et du Bataclan survenus au moment de leur sortie n’expliquent pas ce désintérêt. « Il y a une combinaison des facteurs, estime Marcel Jean, directeur artistique du Festival d’Annecy. Les films se cannibalisent les uns les autres, il y a beaucoup d’offres et de dates de sorties rapprochées. La production augmente considérablement et des films s’adressent à des publics différents qui ont du mal à les identifier. Adama ou Avril et le monde truqué ne sont pas destinés aux enfants. Comment les mettre en valeur sur le marché ? » « N’y a pas aussi des erreurs de Ma vie de courgette de Claude Barras sort en salle le 19 octobre. GEBEKA FILMS marketing ? », renchérit Didier Brunner, le producteur auquel on doit Ernest et Célestine (1,2 million d’entrées), qui recevra un cristal d’honneur à Annecy. Le goût des États-Unis « Formaté » par les Âges de glace et autres blockbusters hollywoodiens, le public gagnerait à être plus curieux. « Considérer ces films comme du cinéma de papa est une erreur, signale Didier Brunner dont Ernest et Célestine a été nommé aux Oscar. Avec 1,6 million d’entrées, le succès de Kirikou et la sorcière a PROPRIÉTAIRE DE 4 GRANDS CRUS CLASSÉS redonné confiance aux auteurs et aux producteurs. Cinq, six films d’animation sortent chaque année, le genre représente entre 15 et 17 % d’entrées dans les salles, dont 80 % sont des films américains, mais certains comme Le Petit Prince, avec 1,9 million d’entrées, ont battu des records d’audience. » Marcel Jean se souvient : « En 2009, quand Là-haut de Pixar a fait l’ouverture de Cannes, son directeur Gilles Jacob avait dit : “J’aime quand il y a un film d’animation, ça allège le programme.” Mais l’animation n’est pas là pour alléger. » Faute de savoir ce qui les attend sur le grand écran, les spectateurs rechignent à se déplacer. Résultat, en amont, les distributeurs qui assurent leur promotion sont frileux. « Les mentalités et les habitudes culturelles sont difficiles à changer. Les gens vont voir en priorité les films américains même s’ils sont ratés », regrette Dora Benousilio, productrice des films l’Arlequin. Actuellement, elle désespère de pouvoir monter La Traversée, une histoire écrite par l’écrivain Marie Desplechin et peinte par Florence Miailhe, une artiste pourtant multirécompensée. « Le goût du public le conduit naturellement vers des films américains spectaculaires, menés à un rythme effréné dans lesquels il y a souvent une juxtaposition de sketches et beaucoup de spectateurs sont des joueurs de jeux vidéo où l’esthétique et la 3D sont importantes », analyse Didier Brunner. CHÂTEAU PAPE CLÉMENT GRAND CRU CLASSÉ DE GRAVES Premières vendanges en 1252 CHÂTEAU LA TOUR CARNET GRAND CRU CLASSÉ EN 1855 MÉDOC Premières vendanges en 1409 CHÂTEAU FOMBRAUGE GRAND CRU CLASSÉ DE SAINT-EMILION Premières vendanges en 1599 CLOS HAUT-PEYRAGUEY 1ER GRAND CRU CLASSÉ 1855 SAUTERNES A Premières vendanges en 1618 www.bernard-magrez.com L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération. « Renforcer la compétitivité » Des codes que n’ont pas des films comme Ma vie de courgette et La Tortue rouge, deux bijoux qui ont reçu un accueil chaleureux au Festival de Cannes. « Ce sont des objets cinématographiques singuliers qui témoignent d’une ambition réelle, observe Marcel Jean. L’industrie du long-métrage d’animation est encore jeune, mais la France est en avance sur d’autres pays comme le Canada. » « Elle bénéficie d’écoles d’art et d’animation de haut niveau, une trentaine environ. Les Minions (6,6 millions d’entrées, le plus vu en 2015 d’après le CNC, NDLR) a été fabriqué dans le studio d’Illumination Mac Guff à Paris», rappelle Didier Brunner. L’aspect financier n’est pas non plus négligeable : « Les films d’animation à petits budgets s’exportent moins bien », constate Alexandre Hilaire, auteur de la série documentaire Le Cinéma d’animation en France, qui revient sur la « vitalité de la production ces dernières années ». La France est le premier producteur en Europe et le troisième dans le monde après les États-Unis et le Japon. Dora Benousilio ne se fait aucune illusion : « On n’arrivera jamais à rassembler assez de budgets pour concurrencer les gros films américains, anticipe-t-elle. Le seul budget de promotion pour Vice-Versa s’élevait à 100 millions d’euros, on ne peut 45 % C’est la proportion de films d’animation français représentés à la télévision, soit le plus haut niveau d’Europe 90 pas rivaliser. Les sommes allouées par les chaînes de télé ou les distributeurs ne permettent pas de faire des films à grosse production, à part Luc Besson qui a sorti Arthur et les Minimoys. » Toutefois, les spécialistes de l’animation gardent la foi. « Il ne faut pas se décourager, il y a quelques années, il y avait zéro film d’animation », rappelle Dora Benousilio. « La situation n’est pas irrévocable », assure Marcel Jean rejoint par Didier Brunner, qui lancera à Annecy le millions d’euros C’est le montant des recettes de l’animation française à l’exportation Malgré son audace, Tout en haut du monde, de Rémi Chayé, n’a pas connu le succès qu’il méritait. DIAPHANA Marc Bonny : « Certains films sont Coproducteur de Ma vie de courgette, de Claude Barras, et distributeur en France de Louise en hiver, le nouveau long-métrage de Jean-François Laguioni (Le Tableau), Marc Bonny avait aussi lancé Kirikou et la Sorcière, de Michel Ocelot, en 1998. Il donne sa vision de l’animation « made in France ». LE FIGARO. – Comment se porte l’animation française ? Marc BONNY. – Environ sept à huit films sont produits par an, ce qui est beaucoup par rapport à une époque où il n’y en avait pas ou peu, même si cela reste modeste par rapport aux 220 films produits par an tous genres confondus. Le mécanisme d’avance sur recettes permet à des films d’auteur d’exister. En janvier 2017, le crédit d’impôt de 30 % contribuera à retenir les productions dans l’Hexagone. Certains films arrivent à faire des carrières dans la durée grâce à une deuxième vie auprès des scolaires, comme Le Tableau, de Jean-François Laguioni, ou Princes et Princesses, de Michel Ocelot (1 million d’entrées). Pourquoi certains films comme Phantom Boy, Avril et le monde truqué ou Tout en haut du monde n’ont pas eu le succès escompté ? L’esthétique dominante actuellement est l’image de synthèse. Un film en 2D peut peut-être paraître vieillot. Les producteurs essaient donc de développer des films en images de synthèse comme les futurs Sahara, Drôles de petites bêtes ou Zombillénium. Mune, le gardien de la lune ou Le Petit Prince (1,9 million d’entrées) étaient plus tournés vers le grand public. Avec la stop motion (marionnettes animées), comme Ma vie de courgette, on est dans un vrai tournage avec du volume. C’est la qualité de l’histoire qui importe. L’accès au public passe beaucoup par les salles d’art et d’essai ainsi que par la presse. Les films européens peuvent avoir du succès dans leur pays d’origine mais ont du mal à percer ailleurs parce qu’ils ont des caractéristiques culturelles spécifiques. Ça ne préjuge en rien de leurs qualités artistiques. Les Américains ont une capacité à distribuer leurs films sans commune mesure avec les Européens, avec souvent un haut niveau de qualité technique. Peut-on parler d’un virage dans l’animation d’abord avec Kirikou et la Sorcière, de Michel Ocelot (1998), puis Persepolis, de Vincent Paronnaud d CULTURE CULTURE mercredi 15 juin 2016 35 WILD BUNCH ÇA VA CARTOONER ! « LA TORTUE ROUGE » Prix spécial du jury à Un certain regard à Cannes, ce film sans dialogues de Michael Dudok De Wit autour d’un naufragé a ouvert le Festival d’Annecy. L’auteur, qui a dessiné au fusain et à l’aquarelle, a bénéficié de coproductions différentes, Wild Bunch, Why Not Productions et le studio japonais Ghibli. Sortie le 29 juin. Après la publicité, Octave Parango (Gaspard Proust) devient scout pour une agence de mannequins. À la poursuite des poupées russes CHRONIQUE Dans « L’Idéal », entre vodka et mannequins, Frédéric Beigbeder explore avec insolence la face obscure des grandes marques de cosmétiques. LE CINÉMA Éric Neuhoff [email protected] GEBEKA FILMS C’ « LOUISE EN HIVER » Le nouveau film très attendu de Jean-François Laguionie, 76 ans, narre le quotidien d’une vieille dame (Dominique Frot) dans une station balnéaire désertée et privée d’électricité. Dessiné avec finesse par l’auteur du Tableau, il sera proposé en avant-première ce soir (mercredi) à Annecy. Sortie le 23 novembre. est l’histoire d’un petit garçon qui était réveillé le soir de Noël par le bruit que faisaient les invités de son papa. Quoi de mieux que de ne pas dormir à cause de fêtards et de Suédoises blondes ? Cela donne le goût des jolies filles et du champagne. Qu’est-il devenu ? Octave Parango a travaillé dans la publicité. Maintenant, il est scout pour une agence de mannequins. Gourmand de tout et dupe de rien, il commente en voix off ce qui lui arrive. Le goût de Beigbeder pour les aphorismes rythme les aventures de ce barbu qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau. Avec Gaspard Proust, il a trouvé son Jean-Pierre Léaud. Il aurait tort d’en changer. Dans L’Idéal, l’acteur a la malice qu’il faut, la dose d’innocence nécessaire. Il soupire parce qu’il se désole. Il voudrait tellement être quelqu’un de bien. Au lieu de ça, il cherche en Russie des demoiselles impudiques et frivoles. Elles rêvent d’Amérique. On leur propose de défiler sur des podiums, de s’afficher dans des réclames, de se montrer dans les boîtes de nuit, de se démoder en quelques mois. Quel programme ! La multinationale de cosmétiques L’Idéal est bien embêtée. Son égérie a été filmée sur une sextape, déguisée en nazie, ce qui est de très mauvais effet. Il faut la remplacer. Octave part pour Moscou dénicher la perle rare. D’un romantisme incurable Beigbeder dénonce les excès d’une industrie qu’il connaît de près. Certains épisodes s’inspirent de l’actualité. Comme Jean Yanne, il a un pied dans le système, l’autre dehors. Il y a chez lui un côté Tout le monde il est beau… Cela va vite. Cela ricane. La drogue circule. Les jets privés le sont aussi de morale. Les nouveaux milliardaires donnent des parties où un grand huit traverse le salon d’une demeure perdue dans la steppe. Le film fonctionne de même. Il fonce sans s’arrêter, néglige les liaisons, s’offre même des plages de sentiments. Audrey Fleurot, rousse et cynique, est « visual coach », métier qui a l’air aussi lucratif que provisoire. Jonathan Lambert se déguise en travesti sur talons hauts. Proust promène sa dégaine élastique, dénonce le désordre du monde. Volontiers canaille, aisément provocateur, parfois moraliste, l’auteur de 99 Francs montre un conseil d’administration, convoque un nain de jardin muni d’un Taser, célèbre les noces de la beauté et de l’argent. On voulait changer la planète. On se réveille en bâillant auprès de créatures aux mensurations parfaites dont on a oublié le prénom. C’est d’un ennui. Au fait, il reste de la vodka ? Beigbeder fait le malin. Il le fait très bien, avec décontraction et insolence. C’est parce qu’au fond il est d’un romantisme incurable. Comme il est extrêmement bien élevé, il ne l’avouera jamais et termine son film par un clin d’œil. L’amour se faufile parmi les tubes de rouge à lèvres et les séances de pose. La vie est faite pour habiter une cabane en bois au bord d’un fleuve au nom imprononçable. Voilà ce que c’est de n’avoir pas réussi à s’endormir quand on avait 10 ans et que dans le salon Susie Q passait sur la platine. ■ « L’Idéal » Comédie de Frédéric Beigbeder Avec Gaspard Proust, Audrey Fleurot, Anamaria Vartolomei, Jonathan Lambert Durée 1 h 30 ■ L’avis du Figaro : ○○¡¡ SHELLAC « work in progress » du Grand Méchant Renard et autres contes, tiré de la bande dessinée de Benjamin Renner. « Notre pays a réussi à faire revivre ce genre. Il ne faut pas donner dans la sinistrose, nous devons renforcer nos moyens de compétitivité à l’international. Nos atouts sont la créativité des auteurs et la création d’emplois dans l’industrie audiovisuelle et le cinéma. » Forte d’une « filière d’excellence » dans le domaine, Frédérique Bredin, présidente du CNC promet de soutenir les distributeurs indépendants. ■ Festival d’Annecy (74), jusqu’au 18 juin. À lire : Le Festival international du film d’animation : 50 ans d’une histoire animée, de Dominique Puthod (Ed. Université de Savoie). À voir : Le Cinéma d’animation en France (DVD chez Doriane Films). LEGENDE DISTRIBUTION « LA JEUNE FILLE SANS MAINS » et Marjane Satrapi (2007, César du premier film) ? Oui, Kirikou a lancé l’animation française. Persepolis a montré que le genre pouvait aborder des sujets qui ne sont pas destinés qu’aux enfants. Depuis Valse avec Bachir, ils ne sont pas légion. Dans le meilleur des cas, inspiré d’un conte des frères Grimm, La Jeune Fille sans mains, de Sébastien Laudenbach, touchera 100 000 spectateurs, mais n’est-ce pas intéressant qu’il existe ? Certains films sont de véritables œuvres d’art. Louise en hiver a déjà été remarqué par le Festival de San Sebastian, c’est bon signe. Aux ÉtatsUnis, l’ambition marketing prend le pas sur le reste. En France, on revendique davantage la diversité et la créativité. C’est ce qui donne des films originaux comme La Tortue rouge, de Michael Dudok de Wit. Ce film, La Jeune Fille sans mains et Ma vie de courgette ont été présentés à Cannes dans trois sections différentes, c’est exceptionnel. Le succès du premier Kirikou m’avait aidé à distribuer le deuxième volet. Il avait bénéficié d’un bouche-àoreille formidable. J’ai l’impression que c’est ce qui en train de se passer pour Ma vie de courgette. PROPOS RECUEILLIS PAR N. S. « LE GRAND MÉCHANT RENARD ET AUTRES CONTES » Actuellement en préparation, cette minisérie pour Canal + est tirée de la bande dessinée de Benjamin Renner (Delcourt), coréalisateur d’Ernest et Célestine. Le prédateur héros de ces aventures cocasses n’est pas méchant. En couvant des œufs de poules, il s’aperçoit qu’il est doué d’un instinct paternel… ROSÉ DE DURANCE L’A B U S D ’A L C O O L E S T D A N G E R E U X P O U R L A S A N T É . À C O N S O M M E R A V E C M O D É R AT I O N . A des œuvres d’art » Présenté à l’Acid, à Cannes, puis à Cabourg, ce premier film d’animation réalisé à la peinture s’inspire d’un conte des frères Grimm. Signé Sébastien Laudenbach, il est en compétition à Annecy. Anaïs Demoustier prête sa voix à une héroïne solitaire vendue au diable par son père. Sortie prévue en novembre. FOLIVARI t LE FIGARO mercredi 15 juin 2016 LE FIGARO 36 CULTURE Sous le signe du cancer CINÉMA Dans « Ma meilleure amie », une femme lutte contre la maladie. Sur un sujet grave, Catherine Hardwicke signe un film plein de verve et d’humour. apez « cinéma » plus « cancer » dans un moteur de recherche, vous verrez apparaître une liste interminable de titres. Le « film de cancer » est devenu un genre à part entière et en vogue. Il a relégué le western au rayon des antiquités. Logique, la conquête de l’Ouest n’est plus qu’un thème folklorique. La lutte contre la maladie, elle, est toujours d’une actualité dramatique. Le cancer est la maladie de notre époque, la première cause de décès avant 65 ans en France et dans bon nombre de pays. Le cinéma français a d’ailleurs été l’un des premiers à faire du « crabe » un sujet de fiction, avec le magnifique Cléo de 5 à 7 (1962) d’Agnès Varda. Plus récemment, Solveig Anspach (Haut les cœurs !), Xavier Giannoli (Les Corps impatients), François Ozon (Le Temps qui reste) ou Bertrand Blier (Le Bruit des glaçons) l’ont traité dans des registres divers, du drame à l’humour noir. Mais le cancer ne connaît pas de frontières. Le cinéma américain n’est pas en reste, du mélo Love Story (1970), mis en musique par Francis Lai, à Free Love, film militant avec Julianne Moore en policière lesbienne privée de droits. Ma meilleure amie sort d’ailleurs sur les écrans français une semaine après le sirupeux et lacrymal Ma Ma, de l’Espagnol Julio Medem. Le cancer de Milly est autrement plus rock’n’roll. Écrit par la Britannique Morwenna Banks et réalisé par l’Américaine Catherine Hardwicke (Thirteen, Twilight), ce portrait de femme Dire la vérité désagréable Milly s’est mariée avec son petit ami rockeur, Kit, et a deux beaux enfants. Jess a épousé Jago, un bon gars avec lequel elle découvre les affres de la fécondation in vitro. Un jour, Milly apprend qu’elle est atteinte d’un cancer : « Une chimiothérapie ? E.T. est chauve, pas moi. » La repartie est d’autant plus amusante qu’elle est adressée à Drew Barrymore, la gamine à couettes du film de Spielberg. Sa mère, Miranda, actrice de télévision sur le retour (Jacqueline Bisset, parfaite), la confie à « la plus grande perruquière des studios Pinewood ». La scène d’essayage de perruques est très drôle. La double mastectomie qui attend Milly, beaucoup moins. Catherine Hardwicke ne détourne pas la caméra des cicatrices qui barrent sa poitrine. La vie sexuelle du couple morfle. Milly OCEAN FILMS T ÉTIENNE SORIN [email protected] mêle une crudité audacieuse et un humour ravageur. Milly (Toni Collette) et Jess (Drew Barrymore) sont deux amies inséparables depuis l’enfance – d’où ce titre français très tarte, Ma meilleure amie, à la place de Miss You Already (« Tu me manques déjà »). Ma meilleure amie, avec Drew Barrymore et Toni Collette, dresse un beau portrait de femme. l’impression de chier un ananas. » Une dernière réplique caractéristique d’un film qui appelle un chat un chat et un nouveau-né un ananas. ■ veut encore se sentir désirée et vivante. Elle prend un amant, un beau barman qu’elle part retrouver dans les landes du Yorkshire. « Tu es une despote du cancer », dit Jess à sa meilleure amie. Pas faux. Milly est aussi tête à claques avec ou sans cheveux. Le cancer ne rend pas les gens meilleurs, il les rend morts. Pour faire passer cette vérité désagréable, Ma meilleure amie réserve donc une naissance. Milly est encore là pour encourager Jess pendant son accouchement : « Je suis sûre que tu as « Ma meilleure amie » Comédie dramatique de Catherine Hardwicke Avec Drew Barrymore, Toni Collette Durée 1 h 52 ■ L’avis du Figaro : ○○○¡ L’homme qui a vu l’ours et l’assassin CINÉMA Le réalisateur Safy Nebou prend des libertés avec le récit de Sylvain Tesson, « Dans les forêts de Sibérie ». Une adaptation qui reste un peu trop froide. ÉRIC NEUHOFF [email protected] I l y a des ours et un assassin en fuite. Il y a aussi des tempêtes. Elles règnent dans le crâne du narrateur qui plaque la vie urbaine pour s’enterrer au milieu de nulle part, c’est-à-dire au bord du lac Baïkal. Quelle mouche a piqué Teddy pour s’enfermer dans cette cabane perdue ? Un ras-le-bol soudain semble l’avoir saisi. Adieu confort. Il découvre les joies de la solitude, apprend à pêcher, à tirer à la carabine. Parfois, il pousse des cris de joie. Personne n’est là pour les entendre. Enfin, presque : un meurtrier en cavale se planque dans les parages. Les deux hommes vont sympathiser, devenir quelqu’un d’autre. Cette initiation parallèle ne figurait pas dans le récit de Sylvain Tesson dont s’inspire Safy Nebbou. On ne sait pas au juste s’il faut le regretter. Ah, les vertus de la vodka partagée au fin fond de la Russie ! Entre deux gorgées, le bobo fraternise avec le tueur. La natu- re tient la vedette dans cette version soft de The Revenant où abondent les rafales de neige. Le film contient de beaux moments. Il est porté à bout de bras par un Raphaël Personnaz emmitouflé dans des doudounes, un bonnet de laine vissé sur la tête, poussant devant sa bouche un nuage de buée. Le réalisateur s’offre des parenthèses de lyrisme assez publicitaire, le héros qui glisse en patins sur la glace ou ce camion qui roule sur le lac gelé. Pas inintéressant, l’ensemble reste un peu froid. Cette énième Les autres « Dans les forêts de Sibérie » Aventure de Safy Nebbou Avec Raphaël Personnaz, Evgueni Sidikhine Durée 1 h 45 ■ L’avis du Figaro : ○○¡¡ films ■ « TOUS LES CHATS SONT GRIS » ZOOTROPE FILMS Comédie de Savina Dellicour, 1 h 27. d’Orsay) ou télévision (Baron noir, Marseille), la fiction française n’a plus peur de la politique. Ici, malgré peu de moyens et des faiblesses, Patrick Braoudé campe un président de la République intéressant, mélange de Sarkozy pour les idées et de Hollande pour le physique, prêt É. S. à tout pour se faire réélire. ■ L’avis du Figaro : ○○¡¡ ■ « LA LOI DE LA JUNGLE » Comédie d’Antonin Peretjatko, 1 h 39. HAUT ET COURT Fille d’une mère agent immobilier et d’un gynécologue, Dorothy, 15 ans, décide retrouver son père biologique. Elle ignore que ce dernier, Paul (Bouli Lanners), détective privé, la suit déjà. Le jour où Dorothy (Manon Capelle) vient lui demander son aide, Paul ne dit rien. Pour son premier film, Savina Dellicour connaît son affaire. Elle distille savamment suspense et humour et s’appuie sur des acteurs avertis : Bouli Lanners, tout en retenue et des débutants, telle Manon Capelle qui incarne l’héroïne avec un naturel bluffant. NATHALIE SIMON ■ édition du Manuel des Castors Juniors permet de changer de climat, de connaître les rudesses de l’hiver au début de l’été. Allez, un plongeon tout nu dans l’eau glacée et après, un bon sauna. ■ L’avis du Figaro : ○○○¡ ■ « THE WITCH » Après La Fille du 14 juillet, déjà avec Vincent Macaigne et Vimala Pons, Antonin Peretjatko récidive dans l’humour un peu anar et beaucoup n’importe quoi. Certains gags font mouche, d’autres non. Rigolo au début, É. S. pénible à la longue. ■ L’avis du Figaro : ○○¡¡ UPI FRANCE JAAP BUITENDIJK/STUDIOCANAL ■ « UN TRAÎTRE IDÉAL » Espionnage de Susanna White, 1 h 48. A Horreur de Robert Eggers, 1 h 32. En Nouvelle-Angleterre, en 1930, une famille de colons très pieux s’installe à la lisière d’une forêt. Puritanisme et sorcellerie dans un premier long-métrage américain É. S. très maîtrisé. ■ L’avis du Figaro : ○○¡¡ ■ « UN HOMME D’ÉTAT » Drame de Pierre Courrège, 1 h 30. Cinéma (L’Exercice de l’État, Quai Un prof d’Oxford fait ami ami avec un riche Russe. Le début d’un récit d’espionnage dont John Le Carré a le secret mais filmé ici avec une platitude désarmante. Face à un Ewan McGregor (notre photo) transparent, Stellan Skarsgard imite très bien l’accent russe. ■ L’avis du Figaro : ○○¡¡ É. S. LE FIGARO STYLE mercredi 15 juin 2016 37 Deauville dans la course au bien-être FORME Après les fruits de mer et les concours hippiques, les graines de chia et les séances de yoga ? Sous l’impulsion du groupe Barrière, la station normande compte devenir la prochaine destination « wellness ». I ÉMILIE VEYRETOUT [email protected] ENVOYÉE SPÉCIALE À DEAUVILLE l y a les détracteurs - on ne va pas à Deauville pour s’enfermer dans un spa ! - et les enthousiastes - il manquait une offre globale wellness à quelques heures de Paris. Le groupe Barrière, qui possède déjà quasiment la ville (tout du moins le Casino, les restaurants de plage et les 5-étoiles) a décidé en 2016 de parier sur le bien-être. D’ici trois semaines, car les travaux ont pris du retard, il dévoilera son nouveau projet. Le mythique Normandy inaugurera Aerial Wellbeing for the future, un centre de remise en forme high-tech proposant acupuncture au laser, massage du dos aux infrarouges et lit relaxant conçu sur une technologie de la Nasa pour reproduire les effets de l’apesanteur. À quelques mètres, au Royal, une succursale du Tigre Yoga Club, le centre d’Élodie Garamond qui fait fureur dans les XVIe et VIe arrondissements de Paris, avec cours de yoga évidemment, mais aussi Pilates, séances de méditation et conférences. Enfin l’hôtel du Golf, situé un peu plus en retrait dans les terres, accueillera les adeptes de soins classiques, visage (avec la marque exclusive Biologique Recherche) et corps. Le casting est pointu, brillant, et le programme, dans son ensemble, innovant et ambitieux, répondant à la fois à une demande et anticipant l’avenir de l’hôtellerie. « De nos jours, une belle chambre, un bon restaurant et le bord de mer, même pour un week-end, ne suffisent plus dans des établissements comme les nôtres, affirme Cyril Casabo, directeur du Royal. Qu’il s’agisse d’étrangers ou de Français qui voyagent, nos clients ont l’habitude d’avoir un spa à leur disposition. S’offrir un massage n’a pour eux plus rien d’exceptionnel, ils désirent booker leur planning de soins aussitôt arrivés, voire au moment de la réservation de leur séjour. À deux heures et demie de Paris, Deauville et ses embruns constituent un cadre privilégié pour une cure de remise en forme. PDG stressés et parents débordés la semaine veulent pouvoir profiter de chaque minute de ces quelques jours sur place pour se détendre, le plus rapidement possible. Et puis il y a la nouvelle génération, les enfants de nos habitués, des trentenaires à la recherche d’expériences. » Des retraites pour le corps et l’esprit Les uns pourront piocher un ou deux traitements parmi les différentes cartes, circulant entre les trois hôtels grâce à des voitures mises à disposition, les autres choisiront la cure complète. Au Normandy, la formule détox, vitalité ou longévité, comprend un check-up, des protocoles toute la journée et des repas personnalisés selon les principes de la diététique chinoise (à partir de 1 040 euros les deux jours sans hébergement). Le modèle flirte avec le « spa intégratif » en vogue aux États-Unis à l’image, dans le désert d’Arizona, des ultracotés Miraval et Canyon Ranch, deux immenses resorts disposant d’une équipe d’experts multidisciplinaires qui prennent en charge votre corps et votre mental. Le New Age prospérera-t-il à l’ombre du Casino et des boutiques de luxe ? Par opposition à Trouville-sur-Mer, station balnéaire réputée - dont les emblématiques thermes ont rouvert l’an dernier avec une belle carte de thalassothérapie (Cures Marines) -, Deauville cultive depuis la fin du XIXe siècle sa réputation de ville de plaisirs. « Le futile et le subtil ne sont pas incompatibles, sourit Galya Ortega, consultante spécialisée qui a travaillé pour de nombreuses marques et, désormais, dirige les spas Diane Barrière Deauville. La ville possède une situation géographique exceptionnelle, on y trouve tous les éléments : la terre, la mer, le vent. À deux heures en train depuis Paris, on ne peut rêver meilleur endroit, énergétiquement parlant. » Plus basiquement, le climat marin est FABRICE RAMBERT, LEFRANC DAVID/ABACA connu depuis la nuit des temps comme la façon la plus naturelle de chasser les toxines accumulées (le magnésium présent dans les embruns est un puissant éliminateur de déchets) et de renouveler son niveau d’énergie. Pour Élodie Garamond, la fondatrice du Tigre Yoga Club, l’environnement constitue aussi un amplificateur de conscience de soi. « Dites à un client de s’ancrer, il comprend bien plus facilement ce que cela veut dire les pieds nus, dans le sable, que sur un tapis. Demandezlui de ressentir son souffle, il le fera plus naturellement le nez au vent, sur la plage. » Attirer une clientèle régionale Dans son annexe de l’hôtel Royal, sont prévus pour les citadins en mal de décompression des ateliers de plein air (yoga, mais aussi marche méditative et promenade à cheval en pleine conscience). Quid des « locaux » ? Deauville, encore et toujours cantonnée à son rôle de XXIe arrondissement de Paris ? « Nous avons réservé un accueil VIP pour les clients parisiens du Tigre le week-end, mais il n’était absolument pas question de privatiser ce centre : il est ouvert aux habitants des environs, non-résidents des hôtels, à des tarifs concurrentiels, précise-telle. Quatre millions de Français pratiquent le yoga, et de plus en plus en province. Les gens de la capitale n’ont pas le monopole du stress ! J’ai bien conscience que pour le plus grand nombre, le Normandy ou le Royal riment avec chic, cher, parisien ou américain. Mais nous sommes décidés à marier des ADN différents, des cultures complémentaires. Aujourd’hui, le yoga est un style de vie, qui concerne tout un chacun. » Prière tout de même de ne pas déambuler pieds nus dans les couloirs du palace normand. ■ + @ SUR LE WEB » Plus de bien-être www.lefigaro.fr/madame Les nouveaux chamanes FOCUS À Los Angeles, les « healers » (guérisseurs) en vogue surfent sur les rituels ancestraux. CATHERINE DEYDIER [email protected] A ENVOYÉE SPÉCIALE À LOS LANGELES ujourd’hui, entre deux cours de yoga et une séance de méditation, les Californiens branchés vont consulter leur guérisseur. En ville, une petite quinzaine de ces coachs, qui doivent principalement leur succès au bouche-àoreille, dispensent leurs soins et leurs conseils dans des cabinets privés, réinterprétant des rituels traditionnels amérindiens pour atteindre l’harmonie « mind, body and soul » (esprit, corps et âme) tant convoitée. Les techniques varient peu grosso modo, une alternance de visualisation, de méditation, d’hypnose et de massage - et les accessoires de relaxation utilisés sont souvent les mêmes, des huiles essentielles et des tisanes. Le but est, pour le « patient », une prise de conscience, entre mysticisme et pragmatisme, de qui il est pour, plus tard, atteindre son potentiel maximal. En quête d’harmonie Dans le quartier de West Hollywood, le spa The Now est un de ces lieux à la mode où l’on facilite la quête d’« hozho », la beauté, l’harmonie et la santé en navajo. Tout en bois brut, cactus et « capteurs de rêve », entre oasis et sanctuaire, ce temple du corps attire les it-girls Gigi Hadid et Kendall Jenner. « La nature nous nourrit, nous enveloppe, fait du bien à notre âme », explique Gara Post, l’une des fondatrices - trois amies de longue date, désireuses de proposer une approche plus terre à terre du massage. Ici, l’on croit aux vertus du silence, à la puissance du toucher, au ressenti de thérapeutes triés sur le volet. « Les gens ne devraient pas avoir à dépenser des fortunes pour vivre une expérience positive, relaxante et agréable visuellement. Nous voulions offrir une approche du bien-être au plus grand nombre. » Avec ou sans rendez-vous, on choisit la durée de son traitement (25, 50 ou 80 minutes, à partir de 35 $) ainsi que le mélange d’huiles essentielles qui l’accompagnera. La carte de The Now a été élaborée au fil des rencontres et des voyages des créatrices. En plus de l’inspiration chamanique, on y trouve des rituels issus de la médecine chinoise, de l’ayurvéda, entre autres. « Le meilleur moment pour la métamorphose, c’est maintenant », martèle Gara Post, qui n’a pas choisi le nom de cette adresse par hasard. D’ailleurs, les enfants ne sont pas oubliés puisqu’un protocole spécial leur est dédié. ■ www.thenowmassage.com L I F E I S A B O U T M O M E N T S * C E L E B R AT I N G E L E G A N C E S I N C E 1 8 3 0 ** * Les moments forts de la vie ** Célébrer l’élégance depuis 1830 CLIFTON www.baume-et-mercier.com Catalogue disponible sur demande au 01 58 18 14 39 A Harrison PARIS / Les Montres PARIS / Arnaud Chadourne PARIS / Lepage LILLE Le spa The Now, en Californie, est le spot des it-girls à la recherche « d’expériences positives ». DR mercredi 15 juin 2016 38 AUTOMOBILE NOUVEAU VOLVO V90 Bienvenue chez Audi City Paris À PARTIR DE 44 350 EUROS* LA QUINTESSENCE DU BREAK DE LUXE MODERNE POLYVALE NT, SPACI E UX ET ÉLÉGANT, LE V90 SE PI LOTE AVEC U N FRANC E NTHOUSIASM E. BAIG NÉ DE LU M IÈR E NATU R E LLE, SON DESIG N I NTÉR I E U R APAISANT S’I NSPI R E DES G RAN DS ESPACES SCAN DI NAVES ALORS QU E SA CONDUITE SOUPLE OFFRE UNE EXPÉRIENCE AUSSI AGRÉABLE QUE SOPHISTIQUÉE. Audi Bauer Paris Saint-Honoré devient Audi City Paris. Sur plus de 350 m² nichés au cœur du 1er arrondissement, ce showroom avant-gardiste est un véritable espace voué à l’innovation où vous pourrez, une fois votre configuration virtuelle réalisée, organiser un essai et, enfin, passer commande de votre nouvelle Audi et être livré au sein d’Audi City Paris. 75 PARIS 16 92 NEUILLY 92 LA GARENNE 78 PORT MARLY 78 VERSAILLES 78 MAUREPAS 78 BUCHELAY/MANTES Bauer Paris SAS - RCS Bobigny B 775 669 401. Vorsprung durch Technik = L’avance par la technologie. 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Les confidences de proches plutôt pudiques font la balance : le comédien Gérard Darmon, complice des années de « galas galères », la chanteuse Mireille Mathieu, édifiante en entonnant le re- Anthony Palou [email protected] L’émission de trop ? « Cinq à sept avec Arthur » TF1 | 17 h 00 | Lundi R 20.55 Disparu en janvier à l’âge de 69 ans, l’artiste avait connu une descente aux enfers avant de revenir sur le devant de la scène. TF1 Michel Delpech, que sa carrière était jolie Entre archives et témoignages, ce documentaire rend un hommage émouvant au chanteur. frain de Laurette avec des « r » roulés comme jamais, l’ancienne programmatrice de RTL Monique Le Marcis, qui se souvient de l’avoir vu être « aspiré par le courant » du succès, le biographe Pascal Louvier, témoin de sa « descente aux enfers » et du moment où il s’est relevé. « Comme dans la chanson de Francis Cabrel, il a fait un peu toutes les guerres », confie le chanteur Didier Barbelivien. Ce long film de deux heures fait la lumière sur la dépression qui l’a rongé durant six ans, pour mieux louer sa renaissance. En 1983, Delpech avait décidé que sa carrière était terminée. Mais un événement a bouleversé ses plans : une lettre, envoyée par une voisine. Ses mots ont fait mouche. Mieux, Delpech est tombé illico amoureux de son auteur. Geneviève n’était pas libre mais elle l’est devenue. Elle fut sa deuxième épouse, sa muse. Admirative, tout une jeune génération d’artistes lui a redonné l’envie de créer et de retrouver un public qui ne l’avait pas oublié. Cali se souvient de « la lumière dans ses yeux, énorme », lors de son dernier concert au Grand Rex, à Paris. Bénabar, pour qui Delpech était la référence, lui a permis de redevenir numéro 1 des ventes après vingt-cinq ans. Ce film est un éloge. Seule la maladie aura empêché ce phénix de chanter. ■ « Frances Ha » perdue dans Manhattan Greta Gerwig sublimée par Noah Baumbach dans un New York noir et blanc. ÉTIENNE SORIN [email protected] F Greta Gerwig incarne une des plus belles héroïnes du cinéma américain des dix dernières années. ZDF/PINE DISTRICT, LLC rances Ha est l’enfant de Noah Baumbach et de Greta Gerwig, couple à l’écran et à la ville. Une comédie dramatique diffusée sur Arte ce mercredi. Frances est une grande jeune fille de 27 ans née en 2013. Une des plus belles héroïnes du cinéma américain des dix dernières années. Elle rêve de devenir chorégraphe à Manhattan. En attendant d’intégrer une compagnie, elle donne des cours de danse à des enfants. Elle est insouciante et fantasque. Le ciel s’assombrit quand Sophie, sa meilleure amie et colocataire, déménage. L’âge adulte se rapproche de façon inéluctable et il n’a rien de très excitant à lui offrir. Elle tente une colocation avec des garçons, croise la silhouette dégingandée d’Adam Driver. L’amour est une nouvelle illusion aussitôt perdue. Tel Woody Allen L’amitié et l’art se fracassent sur le mur du réel. New York n’est plus un village bohème depuis longtemps, c’est une ville où « pour être artiste, il faut être riche ». Pour changer d’air, Frances s’offre une escapade en Europe. Paris ○○○¡ n’est pas toujours une MOT S C ROI S É S PROBLÈME N° 4127 HORIZONTALEMENT 1. Creusets de mystérieuses transmutations. - 2. Café qui donne du punch. - 3. Affermir solidement. - 4. Chance passée. Foudre pour les canons. - 5. Boucles marines. Note. - 6. Bouton en fleur. Trio royal. - 7. Papillon cuivré. - 8. Il a composé le Tombeau de Claude Debussy. Entendu derrière les clôtures. - 9. Espèce littéraire. Facile à entamer. - 10. Ils sont différents des autres. Bouteilles de rouge. - 11. A des nuances de rose… et de Grey. - 12. Assurent la liaison dans les cellules de réflexion. Par Vincent Labbé VERTICALEMENT 1. Leurs études sont toujours très fouillées. - 2. A longtemps tiré chez les Gunners (prénom et nom). - 3. Couche sous les arbres. Papier à dessin. - 4. Avec une certaine rancœur. Possessif. - 5. Cours d'Angleterre. Fut souvent la dernière demeure des hommes des cavernes. Se rend à Vientiane. - 6. Le Te Deum de Charpentier lui servait de générique. Déesse mère. Belle de Fontenay, il y a peu. - 7. Fille de joie. Fait descendre la crêpe. - 8. Bien des chatons passent entre leurs mains. 1 2 3 4 5 6 8 SOLUTION DU PROBLÈME N° 4126 VERTICALEMENT 1. Inacceptable. - 2. Mobilisation. - 3. Piller. Polit. - 4. Aral. Érine. - 5. Satan. Or. Rée. - 6. Suitées. RATP. - 7. Edo. Roide. Uo. - 8. Sens interdit. 3 4 5 6 7 8 20.55 BR I D G E 9 10 11 12 LE BUZZ TV Invitée : Estelle Denis interviewée par Nicolas Vollaire, aujourd’hui sur : Mercredi 15 juin Par Philippe Cronier www.lebridgeur.com PROBLÈME DE DÉFENSE N° 2328 : Femme libérée 1 7 HORIZONTALEMENT 1. Impasses. - 2. Noiraude. - 3. Ablation. - 4. Cillât. - 5. Clé. Néri. - 6. Eire. Éon. - 7. PS. Rosit. - 8. Tapir. Dé. - 9. Aton. RER. - 10. Bilera. - 11. Loi. Étui. - 12. Entrepôt. 2 fête. Frances y retrouve ce qu’elle a voulu fuir, les snobs et les cyniques. Sa mélancolie lui colle aux basques. Le séjour tourne au fiasco. Noah Baumbach filme la jolie blonde dans des villes en noir et blanc, à la manière de Woody Allen et des cinéastes de la Nouvelle Vague. Dans Mistress America, sorti en 2015, le cinéaste mettra en scène Greta Gerwig dans un Manhattan en couleurs. La jeune trentenaire habite désormais Times Square ; elle se veut mondaine, sophistiquée, énergique. Elle se ment à ellemême. Sa solitude et son échec sont ceux de Frances Ha. ■ oselyne Bachelot, pas fière, fait la tournée des popotes. Tenez, lundi soir, nous l’avons vue au « Cinq à sept avec Arthur » (TF1). Elle termine sa saison de chroniqueuse au « Grand 8 » (D8) qui rendra définitivement l’antenne fin juin. Oh, on ne s’inquiète pas outre mesure, l’ancienne ministre sait occuper le terrain et nous n’avons pas fini de la voir. Il faut faire avec. Au train où vont les choses, bientôt, elle fera des pubs pour Peugeot, les pâtes Barilla, la promotion d’une véranda, sera la nouvelle Cerise de Groupama, la muse d’une convention obsèques, on en passe. Roselyne Bachelot est ce qu’on appelle une bonne cliente. Elle démarre en flèche, elle pétarade, elle n’arrive même pas à nous inspirer des sentiments déplaisants. Revenons à Arthur et sa nouvelle émission. Oh, on ne va pas tirer sur une ambulance mais il faut bien avouer que ce n’est pas la meilleure entreprise de l’animateur. Elle est mollasse, trop longue, elle tâtonne, elle titube. On n’y comprend pas grand-chose, on cherche en vain un angle, il n’y en a pas. Autour de la table, si on ne se trompe pas - ces gens-là sont tellement interchangeables - : Christophe Beaugrand, Christine Bravo, Titoff, Bruno Guillon, Charlotte Namura, on s’y perd. Jérôme Ferrari qui excelle sur RTL - ses billets sont souvent assez désopilants - s’enlise ici. On sent qu’il n’est pas trop chez lui. Il fait du bricolage, a du mal à planter son clou. Toutes ces marionnettes qui ont voulu choisir l’insignifiance mine de rien s’alourdissent. Arthur met en jeu une couscoussière ou fait tourner une roue. Lundi, un téléspectateur a gagné 1 000 euros. Arthur : « Alors, vous passez une bonne soirée ? » L’auditeur : « Pas mal. » Arthur : « Pas mal plus ou pas mal moins ? » Réponse : « Il faut que je réfléchisse. » Pour nous, c’est tout réfléchi. 10 8 2 D8 V 8 6 A V 10 9 3 AR4 AV763 543 64 O N S E Contrat : Sud joue 3 Sans-Atout. La séquence (Tous vuln.) : Sud Ouest Nord Est 1SA passe 2 passe 2 passe 3SA Entame : Valet de pour le Roi de Sud (le 2 en Est). À quoi pensez-vous ? SOLUTION DU PROBLÈME N° 2327 : Ce serait trop d’honneur… Contrat : Sud joue 3 Sans-Atout. Entame : 8 de . Ce 8 peut provenir d’un « top of nothing » (8xx) ou d’un honneur troisième (H8x) ou encore de 98xx. Dans tous les cas, il est inutile d’appeler un honneur du Nord. Et ce sera parfois néfaste ! Imaginez que le 10 soit couvert de la Dame prise de l’As. Vous rejouez pour l’As d’Ouest qui insiste du 7 de . Tels que sont les jeux, la défense va empocher trois levées de . Et comme l’impasse à rate, vous allez chuter d’une, piteusement. V 10 5 4 Rien ne peut vous arriver si vous fournissez petit du mort et l’As AD9 de votre main. En main à l’As de , Ouest rejoue le 7 de pour le V 10 9 7 10 et la Dame d’Est qui contre-attaque à . Peine perdue. Il vous D6 suffira ensuite de faire l’impasse à , bien orientée, dont l’échec 8 7 3 RD96 N R 10 8 3 éventuel ne vous empêchera pas de revendiquer deux , deux , 6 5 2 O E 54 A83 trois et trois . Dix plis au lieu de huit, quelle différence ! S V982 10 7 5 Et comme le coup aurait été plus facile à jouer si vous aviez eu l’As A2 de sec en main !! V74 RD62 AR43 A u commencement, un message nous scotche net. « Fanny Minot a réalisé le montage du documentaire qui suit. Elle est décédée au Bataclan lors des attentats du 13 novembre. Fanny avait 29 ans (…). Elle avait le sens du rythme, de l’image et du propos. Les qualités de ce film lui sont dédiées. » Aussitôt deux hommages se confondent quand les premières notes du piano résonnent. L’un pour cette jeune femme qui « aimait la vie, la culture, la musique et ○○○¡ le cinéma ». L’autre pour Michel Delpech, qui s’est éteint en janvier à l’âge de 69 ans, emporté par un cancer de la gorge et de la langue. Le documentaire diffusé sur TMC ce mercredi a été réalisé pour cet artiste cher au cœur des Français, phare dans les années 1960, 1970, récemment revenu sur le devant de la scène. Au fil des images d’archives, clips, interviews et des témoignages sans tabous de ses amis artistes défile la vie d’un homme adulé du public pour savoir chanter son époque sur des rythmes, des mélodies qui captent sans forcer, mais qui lui-même doute, en proie à un profond mal-être. mercredi 15 juin 2016 mercredi 15 juin 2016 LE FIGARO 42 TÉLÉVISION MÉTÉO PAR ÉPHÉMÉRIDE St-Germaine Soleil: Lever 05h46 - Coucher 21h56 - Lune croissante 17.50 Roumanie/Suisse. Football. Euro 2016. Groupe A. 20.00 Le 20h 20.40 Loto. Jeu 18.10 Joker. Jeu 18.50 N’oubliez pas les paroles ! Jeu 20.00 20 heures 20.40 Parents mode d’emploi. Série. 20.50 20.55 20.55 Série. Comédie Football 18.10 Questions pour un champion. Jeu 19.00 19/20 20.00 Tout le sport. 20.25 Plus belle la vie. Feuilleton Magazine. Reportage 18.50 Grey’s Anatomy. Série. Avec Ellen Pompeo 20.35 VDM. Série MATIN 20.55 Prématurés : un combat pour la vie 50 Documentaire. Société. 1h45. Inédit. La naissance d’un enfant est l’un des moments les plus émouvants. C’est parfois l’un des plus délicats. 9 8 8 13 Euro 2016. Groupe A. Commentaires : G. Margotton, B. Lizarazu. En direct. Au Stade Vélodrome, à Marseille. Les Bleus affrontent leur adversaire supposé le plus faible. 22.50 Euro 2016, le mag. Magazine 23.10 Les experts : Miami Série. Policière. EU. 2010. Saison 9. (3 épisodes). Avec David Caruso Marjorie Fra. Saison 1. Le droit au bonheur. Avec Patrick Chesnais. Marjorie travaille en tant que psychologue dans une entreprise. Sa vie bascule le jour où l’un des employés de la société fait une tentative de suicide. 22.20 Dans les yeux d’Olivier Mag. Société. Prés. : O. Delacroix 0.15 Apocalypse Verdun. Documentaire Des racines et des ailes Prés. : C. Gaessler. 1h50. Passion patrimoine - Sur la Loire, entre Touraine et Anjou. Des bords de Loire aux caves troglodytes, un voyage au cœur de la Touraine et de l’Anjou. 22.50 Grand Soir/3 23.15 Avenue de l’Europe, le mag Mag. Information. 0.15 Des racines et des ailes. Mag. 2.15 Midi en France. 18.45 Le JT du Grand journal (C). 19.15 Le Grand journal (C). 20.10 Le petit journal (C). 20.50 Les Guignols. 19.00 Quand les animaux s’envolent. Série doc. À tire-d’aile 19.45 Arte journal 20.05 28 minutes. Magazine 18.35 Chasseurs d’appart’. Jeu 19.45 Le 19.45 20.25 Scènes de ménages. Série. Avec Marion Game. 20.55 20.55 21.00 Film. Comédie Film. Comédie dramatique Téléréalité 11 19.00 C à vous. 20.00 C à vous, la suite. 20.20 Enquête d’art. Série doc. 10 13 13 14 Doc. Civilisation. GB. 2013. Réal. : Chris Holt. 0h50. La ville de Pompéi, célèbre par l’éruption volcanique du Vésuve, a été ensevelie en l’an 79. 8 11 14 20.45 La cité disparue de Pompéi 8 12 12 50 9 9 10 11 11 13 10 10 11 11 22.40 Baby Boom. Téléréalité 1.20 Prématurés : un combat pour la vie. France/Albanie 8 13 16 14 16 15 16 17 30 17 APRÈS-MIDI 21.35 Les jardins suspendus de Babylone. Doc. 22.25 C dans l’air. 18 60 18 17 20 18 18 Divertissement. Prés. : Anne-Gaëlle Riccio. 1h40. Inédit. Les stars qui ont marque la télé. Des émissions mémorables mettant en scène de célèbres invités. 22.35 C’est devenu culte. 0.25 Le super bêtisier de l’année. 18 18 15 18 22 20 22 22 20 21 20 17 17 50 17 17 17 20.55 C’est devenu culte 18 16 18 18 18.55 Le Mad Mag - La suite. Magazine 19.15 Warehouse 13. Série 24 22 22 23 23 26 50 22 18.30 Alaska, la dernière frontière. Téléréalité Papa ou maman Fra. 2014. Réal. : Martin Bourboulon. 1h25. Avec Laurent Lafitte, Marina Foïs. Florence et Vincent Leroy ont tout réussi - métiers, maison, enfants - mais ils veulent divorcer. L’opération se révèle compliquée. 22.20 Le talent de mes amis Film. Comédie. Fra. 2014. Réal. : Alex Lutz. 1h40 23.55 Olive Kitteridge. Série. Frances Ha EU. 2012. Réal. : Noah Baumbach. Inédit. 1h26. Avec Greta Gerwig, Mickey Sumner. Frances, 27 ans, habite avec sa meilleure amie, Sophie, à Brooklyn. Elle se sent si proche d’elle qu’elle laisse s’éloigner son petit ami. 22.15 Le grand tour des littératures Série doc. Littéraire. 23.10 Jusqu’au bout du monde. Film. Prés. : Philippe Etchebest. 2h10. Bellegarde. Philippe Etchebest se rend à Bellegarde, où Hélène et Guy tiennent un hôtel. Voilà dix ans qu’ils ont acquis un établissement, mais leur rêve s’est transformé en cauchemar. 23.10 Cauchemar en cuisine Téléréalité. Prés. : Philippe Etchebest 3.00 Les nuits de M6. 18.50 Alerte Cobra. Série. Avec Erdogan Atalay, Vinzenz Kiefer. 18.55 Moundir et les apprentis aventuriers. Téléréalité 20.40 Soda. Série 19.00 Touche pas à mon poste ! Talk-show. Prés. : Cyril Hanouna 20.55 Michel Delpech : quand j’étais chanteur 20.55 Enquêtes criminelles : le magazine des faits divers 21.00 En quête d’actualité Doc. Musical. Fra. 2016. 1h55. Inédit. Ce documentaire retrace le parcours de ce chanteur, qui a laissé derrière lui des refrains incontournables. Mag. Société. Prés. : P. Lefèvre, N. Renoux. 2h15. Au sommaire, le meurtre de la mère d’une jeune fille et celui d’une femme noyée dans sa baignoire. 22.50 Johnny Hallyday : l’invincible. 23.10 Enquêtes criminelles : le ma0.40 Gad Elmaleh : «20 ans de scène !». gazine des faits divers. Magazine 15_06_16_Sudoku Figaro 18/05/16 14:45 Page1 Chaque jour un peu plus difficile GRILLE 1744 MOYEN 4 9 2 6 6 5 6 2 5 7 4 5 5 8 9 4 3 5 SOLUTION DU N° 1743 3 9 3 1 6 5 7 4 8 2 2 8 6 4 3 1 5 9 7 7 4 5 9 8 2 6 1 3 Magazine. Société. Prés. : Guy Lagache. 1h50. Chips et grillades : la bataille des géants de l’alimentaire. Chips, brochettes, gazpacho : tel est le hit-parade des repas en plein air. 20.50 Top Gear : rien n’est assez fou ! <-10 à 0 Magazine. Automobile. 0h55. Richard Hammond revient sur des défis spectaculaires que les animateurs ont relevé dans «Top Gear». 22/26 20/22 6/18 15/20 13/20 21/23 ALGER BARCELONE BERNE COPENHAGUE LONDRES RABAT 22.40 Vintage Garage : occaz à tous prix. Série documentaire. 18.05 Le Caméléon. Série. Avec Michael T. Weiss, Andrea Parker. JEUDI 20.55 Dans la peau d’une ronde 9/18 Film TV. Comédie dramatique. EU. 2007. Réal. : D. Barr. 1h25. Avec Kaley Cuoco. Après une blessure au genou, une lycéenne doit abandonner son rêve de devenir sportive. 13/18 5 7 9 8 1 4 2 3 6 1 2 3 5 6 9 8 7 4 ASSURE LA GESTION LYCÉENS 9 6 5 PRESSÉS À LA LAVERIE TROP LONG 9 3 1 4 1 4 5 7 6 4 6 8 7 2 3 1 5 9 6 1 7 3 4 5 9 2 8 3 5 4 2 9 8 7 6 1 8 9 2 1 7 6 3 4 5 ATHÈNES BERLIN BUDAPEST LISBONNE PRAGUE TUNIS 12/15 13/17 10/17 16/23 14/19 19/31 17/21 16/22 17/21 14/20 19/36 SAMEDI 10/19 13/18 12/18 14/23 15/20 19/24 lachainemeteo.com Tous les programmes dans TV Magazine et sur tvmag.com par téléphone : 2,99 €/appel LIVE 24/24 SUR et sur FORCE 2 CRIE EN RYTHME BALANCER RONGEA TEL UN CERTAIN ART TIENNENT EN MAIN ATONE DÛ À UN MICROBE CÔTÉS AU SOLEIL OS DES JAMBES POUFFE PYROMANE 9 13/20 18/25 11/17 12/17 14/21 19/25 11/15 13/18 PRODUIT COSMÉTIQUE 8 7 10 à 20 20 à 30 30 à >40 VENDREDI 9/18 22.35 L’amour taille XXL. Film TV. 0.20 Pour quelques kilos de trop. Film TV. 22.50 En quête d’actualité. Mag. 0.30 Langue de bois s’abstenir. Débat 0 à 10 AMSTERDAM BELGRADE BRUXELLES DUBLIN MADRID ROME 11/19 12/17 MOTS FLÉCHÉS N°1378 SU DO KU A Cauchemar à l’hôtel 27 T (en °c) ERRER Maintenant suivez le guide... FAIRE FONDRE HABITANTE DU PAYS Vous avez trouvé l’âme sœur ? CORSAGE INSTRUMENT DE CHASSE POINT D'IMAGE NUMÉRIQUE OUVRAGE ABRÉGÉ PAUSE RYTHMIQUE DES RAMES SOUS LA SEINE BÊTE À BOIS MISÈRE ! ACTEUR FRANÇAIS TYPE DE FIRME INDIEN DE L'UTAH PLACÉE EN ÉTUDE INTERJECTION PLATINE POUR LE CHIMISTE PRIS OUTILS D'ÉCOLIER A ÉTÉ À MÊME COUCHE DE BRUME CONFIRME UN OUI ÂPRE RAPIDES DROMADAIRES NOUVEAU DANS LE MONDE SYMBOLE DU TOUR RÈGLE PLATE IL SE PLANTE LOIN DU TROU DANS L'ALTERNATIVE CAUSE UN GRAVE PRÉJUDICE SOLUTION DU NUMÉRO PRÉCÉDENT A U P P C A P D D J E L L A B A R E V O L U E A T T I R A N C E AM A N T E C A R T E R O V A L I S E E C A S S I S T E R S T S P I N S S O U E E T E I N T E U C E L E R I T E C I E A N T O U E R L I S A I T N I A I S E T E E M E R E P E I G N E S I R U I N E R Demandez le carnet blanc Par courriel : mariage@media.figaro.fr Par courrier : Le Carnet du Jour • Le Figaro 14 boulevard Haussmann 75009 Paris LE FIGARO mercredi 15 juin 2016 43 Loubna Abidar, la rebelle Bio EXPRESS indépendante. Elle gagne sa vie en dansant jusqu’au coup de foudre pour un entrepreneur brésilien dont elle partage toujours la vie. De leur union naîtra Louna, en 2009. Naima Lemcher, comédienne marocaine de renom, remarque Loubna Abidar. Suivant ses conseils, Loubna prend des cours de théâtre à Marrakech pendant trois ans, se produit dans une pièce, puis des téléfilms. Elle écrit elle-même des scénarios, aussi. Une remarquable performance d’actrice Loubna Abidar « dérange » déjà en dénonçant, en 2014, les réalisateurs qui obligent les comédiennes à coucher avec eux pour être payées : « Je prends conscience peu à peu que devenir une actrice reconnue n’est pas mon objectif, plutôt un moyen pour exposer cette réalité au monde et apporter à ces femmes la voix qu’elles n’ont pas. » Sa performance dans Much Loved, film sur lequel elle a d’abord été consultante, ne fera qu’ajouter à la polémique. Son avenir « va dépendre d’elle », estime Nabil Ayouch. « Much Loved et maintenant son livre sont de beaux tremplins. Loubna a fait une remarquable performance d’actrice et a prouvé qu’elle pouvait avoir accès à de grands rôles. Plusieurs réalisateurs lui ont signifié depuis une envie forte de travailler avec elle. Il va falloir qu’elle transforme l’essai, et je pense qu’elle peut y arriver. » « C’est une fille intéressante, renchérit Dominique Besnehard, elle va prendre une place dans le monde du spectacle et du cinéma. C’est une grande actrice qui devrait faire du théâtre. Elle est la Ronit Elkabetz des planches. Elle peut être tout à la fois fatale, excentrique et très simple. » Et, dans le même temps, un porte-drapeau pour « toutes les femmes du monde musulman ». ■ UN DERNIER MOT N R IO TO T I C ÉDLLE CO [email protected] présente On a tous UNE CARTE À JOUER ! Ce petit livret vise à offrir les meilleurs casse-têtes de Bridge à tous les passionnés de tactique, qui pourront les déguster à leur rythme et découvrir immédiatement la solution proposée. 50 donnes sélectionnées par quatre auteurs champions du monde ou d’Europe : Michel Bessis, Philippe Cronier, Jean-Paul Meyer et Jean-Christophe Quantin. À vous de jouer ! 6 € ,90 EN VENTE ACTUELLEMENT en kiosque et sur www.figarostore.fr Par Étienne de Montety Mobilisation [mo-bi-li-za-sion] n. f. Défilé de syndicalistes très à la mode cette saison L a CGT organisait hier ce qu’elle appelle une journée de mobilisation. Le mot vient du verbe latin movere, bouger. C’est curieux, en France les arrêts de travail s’appellent journée d’action ou de mobilisation. Quel est le mobile de cette mobilisation ? L’opposition persistante des syndicats à la loi travail. Ils le clament depuis des semaines, allant jusqu’à appeler régulièrement Myriam El Khomri sur son mobile pour le lui signifier. Hier, l’incertitude de la journée résidait dans la mobilisation : forte ou faible ? Faible, comment la nomme-t-on ? Une mobilette ? En tout cas, ceux qui étaient vraiment mobilisés, ce sont les forces de l’ordre, notamment les gardes mobiles. Cette journée s’est accompagnée de mots rassurants : «La mobilisation n’est pas la guerre», répètent les syndicats qui se disent prêts à discuter. À voir certaines scènes de violence, on pourrait en douter. Mais il y a autre chose : pendant cette journée de mobilisation des uns, on a aussi vu les autres, la cohorte des citoyens gênés, retardés, bloqués tout au long de ce qui a ressemblé pour eux à une journée d’immobilisation forcée. ■ FIGARO-CI ... FIGARO-LÀ Des avocats français demandent la libération de deux confrères turcs Frédéric Sicard (notre photo), le bâtonnier de l’Ordre des avocats de Paris, et de nombreux bâtonniers ou anciens bâtonniers, français et étrangers, demandent la libération de deux avocats turcs, Ramazan Demir et Ayse Acinikli, emprisonnés dans leur pays pour avoir défendu des opposants au pouvoir et des journalistes. « Nous ne pouvons pas nous taire », disent-ils, dénonçant « une régression significative de l’état de droit et des libertés fondamentales » en Turquie. « Bug » au Quai d’Orsay Nucléaire : pour un débat public À la ligne « adresse » est inscrit : « Israël - Territoires palestiniens ». Cette mention a récemment fait sursauter nombre de Franco-Israéliens vivant en Israël, lorsqu’ils ont renouvelé leur passeport. La procédure, due à un « bug technique » selon le Quai d’Orsay, vient d’être corrigée après les interventions outrées du député des Français de l’étranger Meyer Habib et de l’exprésident du Crif Roger Cukierman. Trois syndicats de l’Énergie (CGT, FO, CFE-CGC) ont demandé un débat sur l’avenir de la filière nucléaire française. L’Union des démocrates et des écologistes, la nouvelle force créée par Jean-Vincent Placé et François de Rugy, répond favorablement à cette demande, pour « soustraire les décisions à l’influence des émotions du moment ». FRANÇOIS BOUCHON/LE FIGARO L oubna Abidar ne se tait pas, elle est libre », dit d’elle Roxane Arnold, directrice de la programmation chez Pyramide, le distributeur de Much Loved, de Nabil Ayouch. Bannie de son pays pour outrage aux bonnes mœurs, la jeune actrice de 31 ans persiste et signe en publiant La Dangereuse, un livre autobiographique (coécrit avec Marion Van Renterghem, éditions Stock). Elle raconte sans tabou, depuis les coups reçus par un père fou qui la violait enfant jusqu’à l’agression dont elle a été victime, quelques mois après la présentation de Much Loved à la Quinzaine des réalisateurs, au Festival de Cannes de 2015. Des cicatrices sur son visage et son corps témoignent de son parcours terrifiant. Dans Much Loved, Loubna Abidar interprète une prostituée à Marrakech. Un rôle qui lui a valu d’être couronnée par un Valois d’or au Festival du film d’Angoulême et d’être sur la liste des nominations des César mais qui a entraîné les foudres des autorités marocaines, au nom d’une « atteinte flagrante à l’image du royaume » et la condamnation sans appel du public marocain. « Le film a été un choc, il dénonce la maltraitance des femmes au Maroc », indique Dominique Besnehard, patron du Festival d’Angoulême. L’exagent des stars n’hésite pas à comparer Loubna grand-mère, Mama Hadja, avec laquelle elle reAbidar à Eva Peron : « Elle est courageuse, ça, tout garde l’émission « Le Cinéma de jeudi » et des le monde le sait, mais elle est aussi fine. Elle peut films égyptiens en noir et blanc à la télévision. « Ne partir dans des explications à la façon d’une pasiovous laissez pas tenter par ces femmes qui sont tounaria, pourtant, elle sait également écouter. Elle est tes des putes et iront direct en enfer », répète la très avide d’apprendre et de comprendre. » vieille dame. Trop tard, Loubna imite les coméLoubna Abidar - son nom vient de khatar, diennes qu’elle trouve « trop belles ». Elle s’imagi« danger » - vit actuellement en France, où elle ne danseuse. Sèche l’école pour se s’est réfugiée, son mari et sa fille étant rendre au cinéma, encouragée par restés au Maroc. Elle a « des projets de sa professeur d’arabe. Sans le satournages jusqu’en 2019 », précisaitvoir, cette fan de Dalida voit des elle au Festival du film de Cabourg, où films dans le riad d’Alain Delon. elle était jurée, sous la présidence À 16 ans, Loubna s’occupe de sa d’Emmanuelle Béart. Un film en Belgi1985 mère, de sa sœur et de son frère, que, un autre franco-marocain. Naissance à Marrakech danse dans les hôtels de Marra« La catastrophe », se souvient-elle (Maroc). kech et donne des cours. Un soir, dans son autobiographie, a commencé 2002-2006 elle tombe sous le charme d’un à sa naissance dans la médina de MarVit avec Claude Challe, célèbre homme de la nuit parirakech. Ses parents - sa mère est arabe figure de la nuit sienne, Claude Challe, la soixanet son père berbère, ce qui pose déjà un parisienne. taine. Il l’emmène à Paris, lui paie « problème » - espéraient un garçon. 2010-2013 des cours de théâtre et l’entraîne Sans ressources, ils sont logés chez la Suit des cours de théâtre dans un tourbillon de fêtes autour grand-mère maternelle de Loubna. À à la Maison de la culture du monde. « Il m’expose comme un 8 ans, la fillette vend ses gâteaux sur la de Marrakech. trophée », écrit Loubna, femme place Jemaa el-Fna. Si elle ne rapporte 2015 entretenue qui s’interroge sur le pas assez d’argent, son père - qui malJoue dans Much Loved, statut de prostituée. « Souvent, je traite aussi sa mère - la bat. présenté à Cannes, reçoit me pose la question, quelle est la Avec ses cousines, la petite Loubna le Valois de la meilleure différence entre moi, qui par ma « joue à rêver », discute avec la lune. actrice au Festival du film manière de vivre à l’époque ai droit Seuls ses grands-parents sont bons d’Angoulême. au respect et aux honneurs de ma avec elle. À 6 ans, elle reçoit une gifle Est nominée aux César. famille, et les femmes obligées de se parce qu’elle dit qu’elle veut devenir 2016 prostituer qui s’attirent insultes et « pute, comme dans les films », faire du Publie La Dangereuse mépris ? Cette hypocrisie me met en cinéma. Elle croit qu’elle sera libre avec Marion Van colère. » Son histoire avec Challe alors. Pute pour la gamine est un « mot Renterghem (éd. Stock), dure jusqu’en 2006 et renforce normal », elle ne connaît pas celui Tourne en Belgique. chez Loubna le désir de devenir d’actrice. Tout ça, c’est à cause de sa A Nathalie Simon [email protected] PJB/SIPA SUCCÈS L’actrice héroïne de « Much Loved » revient sur son parcours chaotique dans un livre confession intitulé « La Dangereuse » et s’apprête à tourner un long-métrage en Belgique. DISPONIBLE SUR DIOR.COM