Ces groupes armés qui font peur à l`Occident
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Ces groupes armés qui font peur à l`Occident
De nouveaux acteurs sur l’échiquier mondial Ces groupes armés qui font Sept ans de « guerre contre le terrorisme » ont entraîné la région dite du « Grand Moyen-Orient » dans le chaos et la fragmentation. La nouvelle administration américaine a affirmé sa volonté de changer de cap. En provenance du Royaume-Uni, de France, d’Espagne et d’Allemagne Tchétchénie TUNISIE ALGÉRIE LIBYE IRAN SOUDAN ÉRYTHRÉE ÉTHIOPIE du Monde diplomatique AFGHANISTAN PAKISTAN ÉMIRATS ARABES UNIS ÉGYPTE ARABIE SAOUDITE Autoroute des résistances KIRGHIZSTAN IRAK MAURITANIE 58 L’Atlas OUZBÉKISTAN TURQUIE LIBAN SYRIE PALESTINE MAROC SAHARA OCCIDENTAL l y a dix ans, l’Europe était l’épicentre de la politique étrangère américaine. Désormais, tout a changé. Le Proche-Orient occupe pour le président George W. Bush, pour la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice, et il occupera pour leurs successeurs, la place que tenait l’Europe auprès des différentes administrations durant le XXe siècle. » Cette appréciation de l’ancien soussecrétaire d’Etat américain Nicholas Burns résume le point de vue qui a dominé à Washington depuis le 11-Septembre : le « Grand Moyen-Orient », qui s’étend du Pakistan au Maroc, en passant par la Corne de l’Afrique, est devenu le terrain principal de déploiement de la puissance américaine. En raison de ses ressources pétrolières, de sa place stratégique, de la présence d’Israël, la zone a toujours figuré parmi les priorités des Etats-Unis. Désormais, elle a remplacé l’Amérique latine comme « arrière-cour immédiate » des Etats-Unis (Philippe Droz-Vincent). Le « Grand Moyen-Orient » s’est transformé en une « zone de guerres à outrance », marquée par le nombre de ses conflits sanglants et par leur simultanéité – mais également par la participation directe des armées occidentales. L’Afghanistan s’enfonce dans le chaos tandis que les troupes américaines et celles de l’Organisation OMAN YÉMEN SOMALIE Fronts de la « guerre contre le terrorisme » Autoroute de l’« Internationale insurgée » Circulation des combattants, des idées et des techniques militaires du traité de l’Atlantique nord (OTAN) s’enlisent dans le pays. L’Irak résiste à une occupation étrangère et endure dans le même temps des affrontements interconfessionnels et interethniques. Le Liban a connu, à l’été 2006, une guerre destructrice menée par Israël. En Palestine, la colonisation et la répression ont accéléré le fractionnement du territoire ainsi que le délitement de la société ; la guerre contre Gaza aussi. Et l’on pourrait évoquer la Somalie, le Darfour, les tensions et les attentats récents au Pakistan, la « menace terroriste » au Maghreb, etc. peur à l’Occident SERBIE MACÉDOINE GRÈCE LIBYE RUSSIE Novorossiisk Tchétchénie Mer d’Aral Almaty KAZAKHSTAN Abkhazie Ossétie du Sud Bichkek GÉORGIE OUZBÉKISTAN Tachkent AZERBAÏDJAN ARMÉNIE Tbilissi KIRGHIZSTAN Haut-Karabakh Erevan Istanbul Kurdistan Bakou Ankara TURKMÉNISTAN CHINE turc Douchanbé Mer Caspienne TURQUIE TADJIKISTAN Tabriz Achkhabad Ceyhan Glacier du Mazar-e-Charif Mossoul Territoires Téhéran Machhad Siachen Nicosie tribaux SYRIE Kirkouk Kurdistan Kaboul Herat CHYPRE LIBAN iranien Peshawar Qom AFGHANISTAN Beyrouth Baiji Mer Damas Cachemire Bagdad Islamabad Méditerranée IRAK Tel-Aviv IRAN Kerbala Kandahar Amman PALESTINE Lahore Jérusalem Nadjaf ISRAËL Quetta Waziristan Le Caire Koweït Sinaï JORDANIE Chiraz KOWEÏT PAKISTAN Golfe Bandar-e-Abbas Baloutchistan ARABIE BAHREÏN INDE SAOUDITE Manama ÉGYPTE QATAR Gwadar Doha Riyad Karachi Médine Mer Mascate Abou ÉMIRATS Dhabi d’Oman ARABES Mer UNIS Océan La Mecque Rouge Indien BULGARIE des états disparaissent Si les guerres sont multiples, mille et un liens se tissent désormais entre elles. Armes, hommes, techniques traversent des frontières de plus en plus poreuses, parfois dans le sillage des centaines de milliers de réfugiés poussés à l’exil par la férocité des combats. Ainsi, en Afghanistan, se répandent depuis deux ans des formes de lutte qui ont vu le jour en Irak, notamment les attentats-suicides (inconnus pendant l’occupation soviétique) – on retrouve ces mêmes méthodes en Algérie –, ou l’usage des bombes IED (improvised explosive devices, ou « engins explosifs improvisés ») contre les transports de troupes. Des milliers de combattants arabes, paki stanais ou originaires d’Asie centrale, formés en Irak, essaiment désormais, de l’Algérie à l’Afghanistan, en passant par le Liban. Dans ce contexte, les Etats de la région, déjà affaiblis par des décennies de dictature et de corruption, voient leur rôle amoindri. Dans certains cas, ils ont purement et simplement disparu, comme en Afghanistan. En Irak, la désagrégation actuelle n’est pas seulement le résultat de la guerre, mais aussi de près de treize ans d’embargo (1990-2003) qui ont vidé l’Etat de sa substance. Au Liban, la situation reste fragile. En Palestine, l’Autorité survit grâce à une aide militaire et économique étrangère et à l’appui du gouvernement israélien. Des territoires entiers, du Kurdistan irakien à Gaza, s’autonomisent, avivant d’autres aspirations indépendantistes, ROUMANIE Mer Noire Aktaou OMAN Najran TCHAD ÉRYTHRÉE Khartoum Darfour Sanaa Asmara Aden Golfe d’Aden SOUDAN Sud-Soudan YÉMEN Sanaag Socotra (Yémen) DJIBOUTI Djibouti Berbera ÉTHIOPIE Hargeisa SomalilandSool Addis-Abeba Puntland CENTRAFRIQUE SOMALIE Mogadiscio RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO OUGANDA Présence militaire américaine et britannique Bases et facilités TANZANIE des Kurdes de Turquie aux Baloutches d’Iran et du Pakistan. Jamais le rôle des groupes armés n’a été si important, rendant plus complexe toute négociation. En Afghani stan, comme en Irak ou en Somalie, ce sont eux qui mènent la danse. Au Liban, c’est le Hezbollah ; à Gaza, le Hamas est désormais maître du terrain. Ces organisations font preuve d’une efficacité redoutable. En Irak, elles mettent en échec la principale armée occidentale ; en Afghanistan, l’OTAN est incapable de les réduire ; au Liban, le Hezbollah a démontré les limites de la puissance Foyers d’instabilité Conflit majeur ouvert Conflit majeur gelé Etats désignés par les Etats-Unis comme ennemis Etats ou territoires en guerre, en voie de fragmentation, dont l’essentiel échappe au contrôle du gouvernement actuel. Actions violentes quotidiennes Risque d’extension du chaos Territoires échappant plus ou moins à l’autorité centrale ou ayant des velléités autonomistes KENYA Géographie du « chaos » Voir aussi cartes p. 124 à 135, et p. 48. Navires d’assaut et porte-avions 0 500 1 000 km Etats ayant accepté de collaborer avec les Etats-Unis dans la « guerre contre le terrorisme » Zone de haute fréquence de piraterie maritime Réserves énergétiques Exploitation de pétrole ou de gaz Passages et verrous maritimes stratégiques militaire israélienne. L’impasse politique en Palestine, la dislocation des Etats, les interventions militaires successives des Etats-Unis favorisent un désespoir suicidaire et apportent des arguments à la surenchère d’Al-Qaida. Que des groupes se réclamant d’Al-Qaida puissent se développer en Irak et en Afghanistan, essaimer dans les camps palestiniens du Liban, s’implanter au Maghreb ou en Somalie confirme la pression d’une idéologie extrémiste à l’heure où les frontières régionales se fissurent, où les « minorités » s’affirment avec plus de force. l Sur la Toile g Sur le « Grand Moyen-Orient » américain (Middle East Partnership Initiative) : http://mepi.state.gov/mepi g Just World News (Helena Cobban) : www.justworldnews.com g The Middle East Research and Information Project : www.merip.org g Gulfnews.com : www.gulfnews.com g Mideast Monitor : www.mideastmonitor.org L’Atlas du Monde diplomatique 59