Cari Padri e Madri

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Cari Padri e Madri
 Cours de Formation Monastique – Cours pour nouveaux Supérieurs O. Cist. Chers Pères et Mères Chers Frères et Sœurs, Je réunis en une seule lettre mon message accompagnant l’invitation à deux temps de ren‐
contre et de formation qui se succèderont à la Maison Généralice de l’Ordre Cistercien : le dé‐
sormais traditionnel et très précieux Cours de Formation Monastique, qui s’adresse surtout aux jeunes de nos communautés monastiques, et le Cours de Formation pour Nouveaux Supé‐
rieurs de l’Ordre Cistercien qui, sur mandat du Chapitre Général, se déroulera cette année pour la première fois. Ces deux temps se distinguent en ce qui concerne les destinataires, la durée, les sujets traités, mais ils sont unis par une intention commune qui est celle de nous aider tous à nous former et à vivre notre vocation. Un Ordre ne vit pas seulement s’il assure une organisation commune, mais s’il est capable de se renouveler continuellement dans sa vitalité, s’il devient lui‐même instrument de vie nouvelle. C’est pourquoi la fécondité d’une Famille religieuse passe en grande partie par la formation qu’elle réussit à assurer et à transmettre. Si dans nos Commu‐
nautés et Congrégations, et dans notre Ordre, comme dans toute l’Eglise, vient à se perdre la volonté et la capacité d’éduquer, de former, alors notre vocation, qui est une forme de vie, de‐
vient stérile. Saint Benoît utilise l’expression ʺDominici schola servitiiʺ pour définir la communauté qu’il veut créer et favoriser avec les instructions de sa Règle (RB, Prol. 45). Il veut donc que le monastère, que la communauté, soit une école, un lieu donc de formation et d’éducation permanentes. La Règle bénédictine veut former un lieu de formation, un lieu donc où la vie à la suite du Christ et de l’Evangile soit constamment engendrée. La communauté monastique doit être toujours capable de se former et de former si elle veut être elle‐même. C’est alors une question que nous devons toujours nous poser à nous‐mêmes, à nos commu‐
nautés et Congrégations, à notre Ordre : sommes‐nous un lieu de formation ? Sommes‐nous une dynamique constante de formation ? C’est‐à‐dire : demeurons‐nous conscients que nous ne sommes jamais arrivés, jamais parfaits, jamais accomplis sur le chemin de plénitude de vie et de connaissance de la vérité auxquelles Dieu nous appelle et vers lesquelles Il nos conduit ? Croire que notre formation soit accomplie signifie réduire notre vocation à une mesure qui dé‐
pende de nous et non de Celui qui est venu nous révéler et nous donner en sa Personne la Vé
rité toute entière qui sera toujours infinie. Si un critère de vocation monastique authentique est, depuis le début, que le moine « cherche vraiment Dieu » (RB 58, 7), alors, quand la recher‐
che s’arrête, la vocation aussi s’éteint, et elle ne pourra irradier sa lumière dans l’Eglise et dans le monde. C’est pourquoi nous avons tous et toujours besoin de recommencer humblement à nous for‐
mer, et nous avons besoin de nous entraider en cela, nous stimulant les uns les autres, ou plu‐
tôt nous attirant les uns les autres vers la Vérité et la Beauté pour lesquelles notre cœur est créé et que nous ne pouvons goûter pleinement qu’en Dieu seul. En cela les Supérieurs sont les premiers responsables envers eux‐mêmes et envers leurs frères ou sœurs. L’Abbé, pour saint Benoît, est une figure de formateur, d’éducateur, qui constam‐
ment et à travers toutes les circonstances de la vie est appelé à animer dans les cœurs et en communauté le désir d’une vérité intégrale qui rende toujours plus vraie, bonne et belle la vie de chacun. Mais s’il ne commence pas par lui‐même, comment pourra‐t‐il attirer les autres ? L’important n’est pas que les Supérieurs montrent qu’ils sont déjà arrivés au but. L’important est qu’ils soient les premiers à le désirer toujours, et à le chercher avec leurs frères et sœurs. C’est pour cela que je trouve particulièrement significatif que cette année les deux Cours de formation, pour les plus jeunes et pour les Supérieurs, se suivent l’un l’autre, comme se pas‐
sant le relais de la grande course vers le but que chacun continuera ensuite à vivre dans les dif‐
férentes communautés. Le fait de se trouver ensemble à la Maison Généralice pour ces moments de formation est une grande opportunité pour comprendre et vivre la vraie nature de la formation chrétienne. Il ne s’agit pas de former seulement l’intelligence ou les capacités pratiques, et pas non plus seule‐
ment la vie spirituelle. Il s’agit de faire une expérience qui permette de réaliser combien la fra‐
ternité en soi et l’amitié sont instrument et moyen de formation véritable et intégrale. Parce que la Vérité que nous cherchons coïncide avec l’Amour, et l’Esprit Saint nous révèle en Lui‐
même que la vraie Sagesse est Communion. Les jeunes qui durant ces dernières années ont suivi les Cours de Formation Monastique sont unanimes à nous témoigner que la communion fraternelle est le don le plus lumineux et le plus fécond de cette expérience, et qu’elle aide à apprendre et à grandir. Et plus je rencontre nos communautés, plus je me convainc que les Supérieurs, nouveaux ou pas, ont les premiers un grand besoin de cette expérience, de cette amitié, pour être des pas‐
teurs non seulement plus savants, mais aussi plus joyeux. Qui entre dans le cloître de la Maison Généralice est aussitôt accueilli par la grande inscrip‐
tion : “DOMINICI SCHOLA SERVITII”. Et qui s’avance au fond de l’église, dans le lieu le plus intime et le plus caché, trouvera la même citation dans une fresque de Claudio Pastro. Comme pour nous rappeler que la Maison Généralice, par la parole et le silence, doit servir cette voca‐
tion et mission que saint Benoît et les Fondateurs de Cîteaux ont transmis à toutes nos com‐
munautés. C’est pourquoi je serai heureux de vous accueillir nombreux à ces rencontres pour me former avec vous dans une amitié fraternelle. Comme je dois partir demain pour un long voyage qui me conduira pendant presque deux mois à visiter nos communautés au Brésil, en Bolivie et au Chili, je vous souhaite cordialement dès maintenant un Carême profond et une Pâque lumineuse. Merci encore à tous ceux qui m’ont envoyé des messages de vœux pour Noël et pour ma fête ! Je tâcherai d’écrire plus lon‐
guement pour la Pentecôte. Que le Seigneur ressuscité soit le cœur de nos communautés et nous accompagne tous sur le chemin de la plénitude de la vie et de la vérité ! Rome, 22 février 2011 Fête de la Chaire de Saint Pierre Fr. Mauro‐Giuseppe Lepori Abbé Général O. Cist.