Christine Oberdorff. La néo-bretonne de TV Breizh
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Christine Oberdorff. La néo-bretonne de TV Breizh
Le Télégramme : 4 Mars 2001 Christine Oberdorff. La néo-bretonne de TV Breizh « On ne naît pas Breton, on le devient » avait un jour titré, Morvan Lebesque. Devenue présentatrice-animatrice à TV Breizh au coeur de l'été 2000, Christine Oberdorff, affiche déjà avec conviction, l'ambition de lui donner raison. Cette fille de pieds-noirs, qui n'a pas connu l'Algérie, est d'origine alsacienne. Elle rêvait de prendre un jour racines, après un trépidant début de carrière professionnelle dans les DOMTOM et en Côte d'Ivoire. Elle a su forcer quelque peu le destin en faisant le pari de la Bretagne. Selon son expression, elle en fait l' « apprentissage accéléré mais, à l'envers » et se félicite d'avoir enfin trouvé « un endroit pour vivre ». Première apparition à l'antenne, de la blonde animatrice des émissions «L'Entretien» (An Diviz) avec Lionel Buhannic pour celles diffusées en breton : le 1 e r septembre 2000. Un top générique mémorable pour Christine Oberdorff, qui avait le redoutable honneur de lancer la première chaîne régionale privée. La «nostAlgérie...» Une nouvelle aventure professionnelle commençait pour elle, rendue plus passionnante encore par le véritable défi qu'elle avait décidé de relever : apprendre à aimer la Bretagne et la faire aimer. «J'ai vécu avec une absence de racines», reconnaît-elle en évoquant l'arrivée de ses grands-parents alsaciens en Algérie après la défaite contre les Prussiens en 1870. «Mon père, et ma mère d'origine espagnole, ont vécu à Biskra près d'Oran, mais c'est en métropole que j'ai grandi, n'ayant pas connu l'Algérie». La terrible rupture qu'ont éprouvée ses parents rapatriés et dont les souvenirs meublaient les conversations, ont fortement imprégné sa propre mémoire. «Au point, avoue-t-elle, d'en éprouver comme une sorte de nostAlgérie...». C'est à Paris qu'elle se prépare au métier de journaliste, avec Pierre Miquel comme professeur «Techniques et langage des médias» à la Sorbonne. 10 ans à Abidjan A 21 ans, soutenant une thèse sur les Gazettes de Hollande au XVII e siècle, elle obtient sa maîtrise d'Histoire de la Presse et s'envole pour un stage de quatre mois à La Réunion. Son choix était fait : la télé. Commençait une succession de reportages pour R.F.O. en Guyane, Tahiti, huit mois à Nouméa. «Une immense chance et un atout précieux pour la suite», souligne Christine Oberdorff, qui passera ensuite dix ans à Abidjan, capitale de la Côte d'Ivoire, comme correspondante locale d' A.I.TV (Agence Internationale de Télévison) alimentant les agences africaines. Elle y couvre l'actualité brûlante de ce pays en ébullition. La rivalité entre les deux prétendants à la succession du président Henri Conan Bédié, renversé en décembre 1999 : Laurent Gbagbo finalement vainqueur et Alassan Ouatara. Mais aussi les tragédies comme le crash d'un avion de la Kenyan Airlines, 160 morts. Ce long séjour africain aura été pour elle, «une sorte de décapage. Là-bas, on est obligé de se débarrasser de nos certitudes ». Un tournant et... «A cette époque, je n'avais pas envie de rentrer en France», mais confie-t-elle, «je m'étais dit que si je revenais, ce serait dans le Morbihan». En 1995, elle avait eu un véritable coup de coeur pour le village de Saint-Gwenaël, sur la rive droite du Blavet à Lanester, où des amis l'avaient invitée. Le hasard qui ne sourit qu'aux audacieux mais aussi, l'heureuse intuition d'un de ses hôtes lorientais, allaient lui en fournir l'opportunité. Le projet de création à Lorient d'une chaîne de TV régionale privée, n'avait pas échappé à Jean-Marie Corteville, patron d'Azimut Communication qui s'empressa d'alerter Christine Oberdorff. «Cette annonce correspondait à un douloureux tournant de ma vie. Je me retrouvais seule avec mes deux fils, Lilian et Robin, âgés aujourd'hui de 7 et 3 ans. Je devais saisir cette chance de me reconstruire». Le premier coup de fil passé d'Abidjan à Rozenn Milin, responsable du projet, avait été cocasse. «C'est pour un reportage sur TV Breizh ?» «Non, non. Je veux travailler avec vous...». Fin mai 2000 - entre-temps elle avait expédié une cassette à Lorient - Myriam, la secrétaire de Rozenn, lui annonçait par téléphone : «Vous êtes sélectionnée pour être animatrice de talk-shows (entretiens) avec cinq autres candidats». ... une date-clef Le 13 juin 2000, allait être pour elle, une date-clef : celle du casting final à Paris. Arrivée seulement la veille d'Afrique et un peu déstabilisée par le décalage horaire, Christine Oberdorff, se présentait à son rendez-vous sur le plateau du «20 heures» de TF1 avec Patrick Poivre d'Arvor. Le P-DG de la chaîne, Patrick Le Lay et Rozenn Milin, assistaient aussi à ce test crucial qui consistait en un billet d'humeur sur Erika, puis, une courte interview d'Eric Orsenna. «Ma démarche paraissait tellement illogique que je m'étais dit : vas-y. Il y a forcément quelque chose à tenter». C'est sûrement à sa solide expérience, alliée à sa farouche ambition de relever le challenge, qu'elle dut ce soir-là, d'être choisie avec Lionel Buhannic, un bretonnant à la hauteur. «Je dois beaucoup au tandem Rozenn-PPDA», avoue-t-elle. «Ils ont su me faire confiance lorsque pour eux se posait la question : réussira-t-elle à faire parler la Bretagne» ? «Parler avec mon coeur» «Je n'abdique pas facilement». A 33 ans, Christine Oberdorff, a tout d'une battante. La Bretagne est devenue un refuge, mais aussi un terrain de combat. «C'est un pays qui se mérite. J'habite, rue de la Résistance à Locmiquélic», fait-elle remarquer avec une pointe d'humour avant d'enchaîner : «La Bretagne est aussi un pays de femmes, souvent seules, et qui doivent se débrouiller...». Sa méthode pour en promouvoir les attraits, le climat, les gens, leur culture et leurs métiers : «Parler avec mon coeur». Pour mieux s'immerger dans ce pays qu'elle a adopté avec une passion qui n'a d'égale que sa hâte d'en découvrir toutes les richesses, nuances et subtilités, elle s'astreint à un patient travail personnel fait de lectures et de fréquentes rencontres. Chaque émission - en direct sur TV Breizh à 13 heures depuis le début de février, puis à 20 h et 23 heures - fait l'objet d'une préparation minutieuse avec chacun de ses invités. «Ils doivent se sentir à l'aise car, ils n'ont pas tous l'assurance d'un Gilles Servat et ils n'ont que 27 minutes pour ouvrir leur coeur et leur vie. Je trouve géniale, cette volonté des gens de parler, de communiquer leur passion». Comme Gilles Targat, le photographe du livre «Marchés de l'Ouest» ou encore Florence Kamaroff, dont TV Breizh diffusera l'entretien sur le documentaire que la réalisatrice a consacré à l'architecte naval Gilles Ollier et intitulé «Vannes, berceau des géants». Elle leur rend d'ailleurs hommage : «Je sors rarement du studio en me disant : celui-ci ou celle-là ne m'a rien apporté». Claude Lasbleiz