Saint- Barthélémy Bonfils Saint

Transcription

Saint- Barthélémy Bonfils Saint
N°29 – Janvier 2014
Saint-Martin
SaintBarthélémy
Bonfils
Insolites
Saba
Culture
Le mot de l'éditrice
E
Antigua depuis l'avion pour St-Martin
n pleine épidémie de dengue et chikungunya, nous avons dû nous exiler pour des
raisons sanitaires ! Le début de l'année a été marqué par la découverte de Saint­Martin
et Saba, à l'occasion de l'anniversaire d'Ernest Kiwi. De son côté, l'Homme Poisson s'est
rendu à Saint­Barthélémy, le célèbre paradis fiscal réservé aux grandes fortunes, dans le
cadre de son travail (et pour repérer le terrain, qui sait ?) Il nous livrera ses impressions.
Pour ma part, je viens d'atterrir en Métropole, et commence cette Gazette en plein décalage
horaire, aussi il ne faudra pas s'étonner s'il reste quelques petites erreurs !…
B
onne lecture à tous !
Saint­Martin
Saba
2
Saint Martin
Quelques jours avant l'anniversaire d'Ernest
Kiwi (qui a survécu à l'âge maudit de 27 ans !),
nous avons pris l'avion pour Saint­Martin.
C'est une île au nord de la Guadeloupe (voir la
carte), au statut particulier, puisqu'elle est
coupée en deux. La partie nord est française,
et le sud hollandais. Pour se comprendre, les
habitants parlent Anglais, avec cet accent
inimitable de la Caraïbe. Les deux cultures
cohabitent pour le meilleur : il y a des
pâtisseries françaises ET du bacon anglo­
saxon, de quoi proposer le petit déjeuner
parfait.
C'était bien sûr un mauvais présage. Nous
nous rendons au gîte à Marigot, la capitale, où
une surprise nous attend : les clefs de
l'appartement réservé depuis la Guadeloupe
ne fonctionnent pas !… Nous errons dans le
couloir comme des âmes en peine, en
essayant de joindre le propriétaire. Il finit par
répondre et nous expédie vers l'agence
immobilière la plus proche ; quelques heures
plus tard, tout est rentré dans l'ordre, et nous
pouvons poser nos bagages. Malgré la jolie
vue, il est temps de partir explorer l'ile.
Le couloir de l'angoisse avant...
Le trajet en avion est magnifique, nous
survolons Antigua, Montserrat, Saint Kitts et
Nevis, et Saint Eustache. A peine débarqués,
nous louons une voiture pour aller prendre le
petit déjeuner dans un café rock en bord de
mer, où a été prise la photo de couverture.
Ernest Kiwi me convainc d'y rentrer parce qu'il
y a des affiches des Kinks et de Bob Dylan,
mais à peine a­t­il commandé son café que le
serveur lance un disque du rappeur Kanye
West en entier… Vous avez dit publicité
mensongère ?
... la vue depuis la chambre !
Gangsta Kiwi
3
Maho Beach
C'est l'une des attractions principales de Saint­
Martin, d'ailleurs nous l'avons visitée plusieurs
fois ! L'aéroport Juliana, dans la partie
hollandaise, voit sa piste d'atterrissage aboutir
directement sur… la mer ! Il est donc possible
de regarder les avions décoller ou atterrir de
très près. Ce sont bien évidemment les gros
porteurs qui retiennent l'attention. Quand ils
arrivent, on ne voit d'abord qu'un petit point à
l'horizon, puis ce point devient de plus en plus
gros, on voit enfin le Boeing se diriger droit
vers la plage et se poser de justesse sur la
piste, au dessus des baigneurs ! Le décollage
est tout aussi impressionnant : face à nous,
l'avion est à l'arrêt, soudain les réacteurs se
mettent en marche et alors un souffle
surpuissant vient balayer le sable et les
vagues. Certains inconscients s'accrochent au
grillage de l'aéroport pour "profiter" du souffle,
mais comme il y a eu plusieurs accidents, la
prudence est de mise pour qui ne veut pas finir
en poulet rôti (il y a déjà bien assez de coups
de soleil !) Le site est tellement populaire que
les horaires d'arrivées des avions sont
indiqués sur un panneau devant le bar
"officiel" de la piste. En vrais ruminants des
temps modernes, nous prenons plaisir à
regarder les avions passer pendant des
heures.
Ceci n'est pas un montage !
Le fuseau horaire...
Grand Case
Si la partie hollandaise est réputée pour ses
casinos et hôtels de luxe, ce village
francophone est devenu célèbre grâce à… la
gastronomie ! Comme quoi, même sous les
tropiques… Grand Case est traversé par une
longue rue dans laquelle on trouve pas loin
d'une trentaine de restaurants, pour la plupart
spécialisés dans la gastronomie française.
Quand on mange plus ou moins créole depuis
deux ans, c'est très étrange de se retrouver
dans des brasseries avec une cuisine
métropolitaine, au milieu de touristes
américains étourdis par "le frisson de Paris",
et il faut avouer que les plats étaient bien
préparés… C'est un plaisir de se balader dans
cette rue, et de lire tous les menus pour se
mettre l'eau à la bouche. Vous connaissez
j'imagine les bassins à langoustes dans les
restaurants, ces aquariums rongés par l'eau
salée où les crustacés s'entassent comme des
mikados. Ici, ils peuvent barboter dans de
véritables baignoires en faïence avec pignon
sur rue. J'imagine qu'à Saint­Barthélémy, ils
patogent dans des bols en or massif…
4
Butterfly Farm
Perdue au milieu de la campagne se trouve la
Ferme aux Papillons. Dans une grande serre
grillagée, des centaines de papillons des
quatre coins du monde se promènent entre les
branches, au son d'un concerto de Vivaldi, et
n'attendent qu'une occasion pour se poser sur
la tête, l'épaule, ou la tendre main de votre
rédactrice!
Un gentil guide (un autre Thomas) nous
explique que le fondateur du lieu est un marin
Anglais qui est tombé amoureux de Saint­
Martin, et s'y est établi pour partager sa
passion des coléoptères. Le guide nous
montre des espèces inattendues : le Morpho,
dont le bleu métallique des ailes a inspiré un
procédé de lutte contre les faux billets, ou le
papillon hibou, appelé ainsi pour des raisons
évidentes:
Les arbres et buissons du jardin sont remplis
de chenilles, on trouve aussi des cabanes
envahies par les chrysalides suspendues au
toit comme des chauve­souris multicolores, et
un détail amusant : le bar à papillons ! C'est à
dire, des fruits en décomposition placés sur
une table. Avec la maturité ils contiennent de
l'alcool, dont raffolent les petites bêtes. Ce qui
explique peut­être pourquoi la plupart ne
vivent que deux ou trois semaines…
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Les Ilets
Au nord, nous avons passé une journée sur
l'îlet Pinel, un endroit réputé pour son calme et
ses eaux pleines de poisson… En vérité, l'eau
était trouble et déserte, alors que l'îlet, lui, est
très peuplé ! Constellé de transats sur lesquels
viennent paresser les clients repus entre deux
restaurants. C'est un bel endroit, mais trop
aménagé sûrement pour ne pas perdre un peu
de son charme, surtout que plus loin l'îlet
Tintamarre lui fait face, complètement désert, à
l'exception, paraît­il, d'une colonie de tortues
(!) Si nous l'avions su plus tôt, nous aurions
demandé aux pêcheurs de nous emmener là­
bas, loin du colonialisme américain, mais cela
donne une bonne excuse pour revenir.
Sur la côte est, il y a aussi de minuscules îlets
qui font face à l'Altlantique. Leur agencement
forme un lac naturel à l'abri du courant. Ernest
Kiwi, le jour de son anniversaire, s'est
empressé de trouver un passage à gué pour
marcher sur l'eau (l'un de ses vieux
fantasmes) et rejoindre un rocher pour
affronter l'océan. Un endroit irréel, sur lequel le
regard pourrait se perdre pendant des
heures...
Le fameux "lac" face aux vagues
Tintamarre, l'île aux tortues !!...
Vue depuis l'ilet Pinel
Traversée de la Mer Rouge
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Saba
Dans la fameuse rue des restaurants de
Grand Case, nous sommes tombés sur une
offre pour découvrir l'île de Saba en une
journée. C'est un tout petit volcan perdu dans
la mer des Caraïbes, une dépendance des
Pays­Bas avec une école de médecine qui
augmente la population de 30% la moitié de
l'année ! C'est une île sauvage, difficilement
accessible, avec peu de visiteurs. Nous
hésitons : l'idéal serait d'y passer plusieurs
jours pour tout faire à pied et découvrir les
fonds marins, mais le temps manque : va pour
l'aperçu d'une journée ! L'homme de l'agence
nous dit que la traversée en ferry est "facile" :
en réalité, elle dure une heure et demi sur une
mer déchaînée, la moitié des passagers est
malade, ça n'en finit plus… Mais par avion, ce
n'est pas mieux : Saba dispose de la plus
petite piste commerciale au monde, il faut tout
un entraînement pour atterrir sur une distance
aussi courte… Bref, c'est une île qui se mérite!
Mais quand on voit son cône émerger à
l'horizon, et qu'on approche des falaises
escarpées du volcan, on se dit que ça valait la
peine de supporter le mal de mer.
Il n'y a que trois village sur Saba, tous en
altitude. Un bus nous y conduit depuis le port,
sur une pente à 50% (environ.) C'est une
route historique. Les habitants l'appellent "la
route qui ne pouvait pas être construite", elle
relie les trois villages sur un relief très
accidenté. Elle est l'oeuvre de Joseph
Lambert Hassel, qui s'est opposé au début du
XXeme siècle à tous les ingénieurs hollandais
prétendant qu'une telle route ne pouvait pas
être construite de main humaine. Il ne les a
pas écoutés, et il a eu raison : sa route est
praticable, même s'il ne faut pas avoir peur du
vide…
Je vais être honnête : de tous les endroits que
nous avons pu voir dans les Caraïbes, Saba
est peut­être le plus beau… Où qu'on se
trouve, on voit le sommet du volcan d'un côté,
avec sa végétation touffue, et la Mer des
Caraïbes de l'autre, rendue immense par
l'altitude.
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Il y a partout cette impression de hauteur, de
majesté. Les villages sont reposants : un code
très strict oblige les habitants à peindre les
maisons en blanc (les murs) rouge (les toits)
et vert (les volets) ; seules les très vieilles
maisons échappent à la règle, personne ne
voulant effacer le passé.
Sans protection naturelle, l'ile est très exposée
aux ouragans : çà et là on peut voir des ruines
de restaurants balayés, jamais reconstruits
("le propriétaire a jeté l'éponge.")
Même un jour "normal" comme celui de la
visite, la météo est capricieuse : la lumière sur
la mer est aveuglante, tout est lumineux, et en
quelques minutes, les nuages recouvrent le
volcan, l'atmosphère devient grise, humide, on
ne voit plus rien, on a l'impression que les
falaises tombent dans le vide, que l'ile va
s'envoler…
Vite, à l'abri !
S'il vous reste quelques frites, je suis preneur...
Parmi les détails marquants, il y a cette église
dont le plafond a été réalisé par un peintre
local, et où les anges ont les têtes d'enfants
du village ! Ou cette "colline de la baleine", qui
a une forme de… baleine à bosse, en effet.
Ou encore ce chien errant, qui vient nous
souhaiter bon appétit… Il est 16h, déjà temps
de repartir pour une horrible traversée. L'ile
s'éloigne derrière nous et déjà, nous nous
demandons si nous ne l'avons pas rêvée…
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Bonfils
Nouvelle randonnée aquatique proposée par
les Poissons… Nouvelle ? Pas si nouvelle que
ça, car arrivés au point de départ, nous nous
sommes rendus compte que nous l'avions
déjà faite, avec Bwa Lansan, mais sous un
autre nom… vous en rappellerez­vous ? Un
indice, vous la trouverez dans une des
premières Gazettes.
Cette fois­ci, nous sommes seuls au pied de la
cascade. L'occasion pour Kawann, la jeune
chienne, de se prendre pour un dauphin !
Phase 1 : Et si j'allais
prendre un bain ?...
Phase 2 : Au secours,
elle est trop froide !
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SaintBarthélémy
Une devinette pour nos amis historiens : quelle
est la seule religion qu'on ne trouve pas à
Saint­Barthélémy ? L'Homme Poisson nous a
fait croire qu'il partait sur cette ile pour
travailler, mais nous savons de source presque
sûre qu'il espérait y croiser Johnny, Zlatan, ou
tous ces gens qui ont la chance de posséder
un prénom et une villa. Il nous livre ses
impressions.
*
L'Aéroport
avec
l'unique
piste
d'atterrissage. Plan de vol : faire un
piqué après avoir passé la colline pour
redresser juste avant la piste. Mieux
vaut ne pas se louper lors du passage
de la colline, sinon c'est collision
avion/voiture direct. Le bout de la piste,
c'est la plage. Atterrissage trop long =
une épave en plus à visiter pour les
plongeurs.
L'arrivée à Saint Barth, halte obligée
des marins fauchés...ou pas
Et pour finir, une foule de maisons
accrochées aux falaises avec
piscines à débordement face à la
mer, à 5000€ le m² de terrain non
construit, faut avoir les moyens.
C'est aussi une ile écolo, du genre : avant
d'aller à la plage, fumez ici et mettez vos
mégots dans les canettes
*
Pas de trace de Johnny, donc. :­(
10
Culture
Community ­ Saisons 1, 2, et 3
Emil Cioran : Oeuvres
Emil Cioran était un philosophe qui voulait
mourir jeune et a vécu très vieux. Sous forme
d'aphorismes, son oeuvre austère en
apparence est une aide de tous les instants.
Le plus désespéré, le plus drôle des écrivains.
Une relecture, et un nouvel enchantement.
Ernest Kiwi est tombé amoureux de cette
série, et sur ses ordres, j'ai tout regardé. Avec
des apparences potaches, et après un début
difficile (les premiers épisodes sont plaisants
sans plus, et servent surtout à introduire les
personnages), la série prend une nouvelle
dimension à la fin de la saison 1 avec des
épisodes très inventifs, souvent hilarants, et
partant dans des directions inattendues.
Toujours d'après mon compagnon, "c'est une
série inégale, mais c'est aussi la seule qui
propose de vrais moments d'émerveillement,
avec un mélange très maîtrisé entre parodie,
invention, et amour des personnages." Dont
acte.
Philip K. Dick : Radio Libre Albemuth
Roman écrit en deux semaines (pour 300
pages), fruit de réflexions amphétaminées sur
Dieu, le totalitarisme, l'espérance, il a été
rejeté par son éditeur à l'époque, et mis de
côté avant d'inspirer la fameuse Trilogie
Divine. Malgré sa réputation de livre bâclé, il
se lit bien, est parcouru de fulgurances, je suis
impatiente d'entamer la trilogie en question !
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Insolites
T-Shirt de survivant
Deux bus qui se font la cour
Les jumeaux diaboliques
Mot de la fin
Une belle image et un pincement au coeur au
moment de dire au revoir... Nous ne savons pas si
nous pourrons rester dans les Caraïbes à partir
de cet été. Beaucoup de tracas professionnels
viennent s'opposer à nos projets. Alors nous
profitons du temps qui nous reste pour apprécier
la Guadeloupe, en essayant de faire le maximum
pour remplir les prochaines Gazettes du Gosier !