Enfants, adolescents maltraités, maltraitants, comment peuvent

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Enfants, adolescents maltraités, maltraitants, comment peuvent
Synthèse de l’ouvrage
« Enfants, adolescents maltraités, maltraitants, comment
peuvent-ils s’en sortir ? »
de et par B. TISON
Ed. Chronique sociale, 2011.
Seuls les humains, dans le règne animal, frappent encore leurs enfants pour les faire
obtempérer ou leur enseigner un comportement. Ce comportement se serait développé
avec l'évolution et la nécessité de discipliner les enfants vivant en société. Jusqu'à
aujourd'hui, certains adultes continuent de frapper les enfants même si la rudesse des
coups s'est adoucie au fil du temps au sein de la majorité des familles.
L'on est passé du statut de méthode efficace d'éducation à celui de "mal nécessaire".
Qui n'a pas entendu autour de lui, même dans les institutions, certains s'exclamer "une
bonne fessée, cela n'a jamais fait de mal à personne"!
La question qu'on est en droit de se poser est bien celle de se demander si "ce mal si
nécessaire" qu'on ne puisse s'en passer est si anodin que cela ? S'il ne relève pas de la
maltraitance? Et dans ce cas, pourquoi ne pas légiférer?
Les coups ne sont pas sans incidence, y compris la fessée et cette dernière peut être
considérée comme une maltraitance pour plusieurs raisons.
Les conséquences des fessées ou des gifles ou de toutes tapes dites "éducatives"
peuvent d'abord être physiques. Sous l'effet de la colère, un adulte peut difficilement
mesurer la force de ses coups qui, trop forts, peuvent provoquer des lésions, du simple
hématome pour une fessée mal mesurée à un traumatisme crânien si le coup entraîne
une chute sur un meuble par exemple. L'Organisation mondiale de la santé dit que "des
châtiments corporels sévères pour punir des enfants sont prédicateurs importants de la
violence pendant l'adolescence et les premières années de l'âge adulte". Mais comment
faire la différence entre la plus ou moins grande sévérité d'un coup ? Dans la mesure où
l'on ne peut pas toujours contrôler sa force surtout lorsque l'on est à bout?
Une réponse simple et directe : il vaut mieux éviter ce genre de châtiment.
Pour O. Maurel (qui a beaucoup travaillé la question de la fessée), il peut y avoir des
retentissements possibles au niveau sexuel, la fessée s'effectuant à proximité des
organes génitaux de l'enfant, ce qui pourrait lui laisser penser que cette zone est
utilisable par les adultes selon leur bon vouloir. On rencontre aussi certains adultes
souffrant de masochisme et dénonçant les fessées reçues dans leur enfance comme
responsables de leur état. Rousseau en est un exemple.
En 1995, Cornet, fondatrice de l'Association "ni claques, ni fessées" a mené une enquête
auprès de 300 jeunes accidentés de la route âgés de 18 à 35 ans. Cette étude basée sur
plus de 100 critères socio-éducatifs a montré statistiquement une nette augmentation du
nombre et de la gravité des accidents de la route chez les jeunes adultes qui avaient le
plus fréquemment et le plus fortement été frappés dans leur enfance mais aussi une
nette différence entre ceux qui n'avaient reçu que des coups légers et rares et ceux qui
n'en avaient jamais reçus. C'est le seul des critères qui soit significatif pour expliquer le
plus ou moins grand nombre à avoir des accidents à l'âge adulte.
Les jeunes les plus frappés se disent aussi les plus provocateurs et sont les plus violents,
ce que confirme la corrélation entre la propension à la violence à l'âge adulte et les coups
reçus pendant l'enfance. De plus, même les individus ayant reçu de nombreux coups les
estimaient généralement mérités et les considéraient comme "bons". Ils étaient disposés
à reproduire le même comportement sur leurs enfants, ne voyant pas la nécessité de
remettre en question l'éducation reçue. En effet, il est très difficile d'admettre que nos
parents n'ont pas toujours eu raison d'agir comme ils l'ont fait.
La propension à souffrir de maladies chroniques ou graves (asthme, diabète, cancer...)
serait également accentuée par les coups reçus pendant l'enfance. L'hormone du stress,
le cortisol, diminuerait en effet les défenses immunitaires.
Maurel affirme que les connexions neuronales des enfants qui reçoivent des corrections
corporelles peuvent être modifiées par ces coups, que le cerveau développe
préférentiellement les zones détectant les dangers potentiels au détriment des zones de
l'empathie, du partage des sentiments avec autrui, de la sensibilité aux autres.
Cela étant, la fessée a bien une efficacité immédiate. Elle n'empêchera pas néanmoins la
récidive de l'enfant qui fera alors ses bêtises en cachette. Ce qui pourra donner lieu à des
mensonges de sa part. La fessée est donc aussi source de conséquences psychologiques.
Elle entraîne une humiliation bien plus qu'un soulagement de l'enfant, du ressentiment,
voire une surenchère avec une rébellion progressive de l'enfant concerné qui finira par
dire "même pas mal" par provocation. Ce qui amènera des coups qui eux feront vraiment
mal physiquement et psychologiquement. Cela entraînera le comportement d'opposition
de l'enfant, la volonté du parent de le soumettre et aura pour conséquence une éducation
basée sur un rapport de forces.
Autrement dit, une éducation basée sur la violence physique mais aussi morale a des
répercussions négatives tant sur le comportement de l'enfant que sur son
développement. Même donner une fessée doit être banni !
Des méthodes sans violences sont efficaces à plus long terme et permettent de rester à
l'écoute de l'enfant, d'essayer de le comprendre et d'entretenir le dialogue même lorsqu'il
devient adolescent.
Si celui-ci n'a connu que les fessées en réponse à ses attentes, à ses demandes
d'attention, à ses oppositions, de quoi disposeront ses parents pour faire face à la
période de l'adolescence source de grands bouleversements physiques et psychiques ?
Nos voisins ont légiféré sur la question. Nous savons bien que dans notre pays sans
règles ou lois adéquates, les choses ne changeront que très lentement. Pourquoi ne pas
s'aligner sur les autres pays européens ?
Bibliographie : O.Maurel La fessée Ed La Plage, 2007

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