Forêt et mythologie : les oracles

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Forêt et mythologie : les oracles
La forêt et la
mythologie
Les oracles
Le chêne et les oracles
Le chêne sacré de Dodone est le plus ancien des oracles grecs, antérieur à celui de Delphes.
Les Selles, mangeurs de glands, y vivent. Consacré à Zeus, des femmes en sont les
prophétesses. Le consultants s’approchent du chêne, l’arbre s’agite un instant, après quoi les
femmes prennent la parole en disant : « Zeus annonce telle ou telle chose ». De fait, le bruit
évoque le tonnerre qui est le présage le plus grand puisqu’il émane de Zeus, le porteur de la
foudre. D’autres arbres oraculaires ont existé en Grèce, mais aucun n’a connu de carrière
aussi longue.
L’histoire suivante résume assez bien les relations des grecs avec les dieux par l’intermédiaire
des arbres. Tous les quatre ans, les habitants de Platée, en Béotie, célébraient une fête appelée
les « petites dédalies » en l’honneur de Dédale, le constructeur du labyrinthe. Le premier jour
de la fête, les platéens se rendaient dans une vieille forêt aux troncs gigantesques et
déposaient à leurs pieds des morceaux de viande bouille, puis observaient les oiseaux qu’ils
attiraient. Quand on voyait une corneille en emporter un et se percher sur un chêne, on le
suivait et on abattait l’arbre ainsi désigné. En effet, Coronis (la Corneille), mère d’Esculape et
sœur d’Ixion (ixia veut dire gui) est une demi-déesse qui guérit en utilisant le gui du chêne.
Une statue en était tirée puis, après la cérémonie, était mise de côté et brûlée lors des grandes
dédalies. Ainsi, le chêne, arbre gigantesque et pratiquement immortel, est capable de
déclencher l’averse (la combustion du chêne entraînant la formation de nuages) et peut aussi
l’arrêter.
Il est habité par les dryades (ou sortes de nymphes) qui peuvent le quitter. D’autres nymphes,
les hamadryades sont prisonnières du cœur des arbres ; elles naissent et meurent avec eux.
Elles font entendre des plaintes menaçantes quand on tente d’abattre le chêne où elles
habitent. Quelquefois, des dieux ou déesses viennent à leur secours. Ce thème a été repris par
Pierre de Ronsard dans « Les bûcherons de la forêt de Gattine ».
De plus, les gros chênes sont habités par une foule d’animaux sont certains d’origine divine :
c’est le cas des cigales symboles de l’Antiquité et de la noblesse, des abeilles qui représentent
les âmes descendues au royaume des ombres et se préparant à revenir sur la terre, et le pic
noir qui est un oiseau prophète. Le chêne est source de bienfaits ; les glands auraient été la
première nourriture de l’homme, l’écorce servant pour la teinture, l’encre et le tannage des
peaux.
La forêt et la mythologie – les oracles – 22/01/2011
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Dans la tradition celtique, l’arbre était un intermédiaire entre la terre où il plonge ses racines,
et la voûte du ciel qu’il rejoint de sa cime. L’image de l’équivalent de Zeus serait le chêne. Le
gui qui y pousse a des vertus magiques. Remède universel, il ouvre le monde souterrain,
éloigne les démons et confère l’immortalité. De ce fait, il faut commencer par arracher le gui
avant de brûler l’arbre sacré, sinon il reste invulnérable.
Le bois sacré
Les bois sont habités ; ils ont une âme dans les conceptions traditionnelles. Dans certains cas,
ils sont sacrés car ils sont habités par une divinité connue et non par des êtres anonymes.
Au lieu d’un seul arbre, on peut avoir un bois entier, comme le bois sacré de Nemi, à Aricie
près de Rome, occupé par la nymphe Egérie, consultée par Numa Pompilius, le second roi
légendaire de Rome. Il était consacré à la déesse Diane, la divinité de la chasse. Le nom de
Nemi vient du latin nemus qui signifiait forêt contenant des pâturages, bois et aussi bois
consacré à une divinité. Il semble qu’il y en ait eu en Germanie à la même époque.
Il est donc logique que ces bois constituent les plus anciens sanctuaires, bien avant la
construction des temples. Ce sont les nemeton gaulois –ou temples druidiques- u lieu sacré de
réunion entouré d’arbres et protégé par eux. Il s’agissait des centres du rituel religieux, et leur
destruction était vue avec la même horreur qu’aurait provoqué la mise à feu d’un temple ou
d’une église aujourd’hui. On avait aussi le lucus romain ( bois sacré, forêt, bois, bois
travaillé).
Ils existent encore de nos jours que ce soient chez les Berbères, ou en Chine et au Japon avec
les bois sacrés entourant des temples.
Voir aussi :
- Forêt et mythologie : l’arbre cosmique
- Forêt et mythologie : le mysticisme
- Forêt et mythologie : la forêt
Retour vers les généralités.
La forêt et la mythologie – les oracles – 22/01/2011
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