le magazine des spécialistes des mouvements et des

Transcription

le magazine des spécialistes des mouvements et des
OPÉRATION DAMAN
AU LIBAN POUR LE
RÉGIMENT DE SOUTIEN
DU COMBATTANT
PAGES 22 ET 23
3e FÊTE DU TRAIN
À BOURGES
PAGES 30 À 33
L’ODYSSÉE
DE LA 101e COMPAGNIE
AUTO À BIR HAKEIM
PAGES 52 À 57
LE MAGAZINE DES SPÉCIALISTES DES MOUVEMENTS ET DES RAVITAILLEMENTS DE L’ARMÉE DE TERRE
PAGES 4 À 21
UNE PUBLICATION DE L’ÉCOLE DU TRAIN DES ÉCOLES MILITAIRES DE BOURGES
École du Train
Écoles militaires de Bourges
Communication
Avenue Carnot - BP 50709
18016 Bourges CEDEX
Directeur de publication
Général de brigade Patrick Étienne
Rédacteur en chef
Lieutenant-colonel Jean-Pierre Giraud, officier culture d’arme
Chef de projet
Lieutenant Capucine Ganz, officier communication information
Conception graphique & réalisation
GSBdD Bourges-Avord / Point de reprographie-PAO
Impression
EDIACAT-St Etienne
ISSN N° 1778-0055. Dépôt légal à parution.
© TRAIN MAGAZINE 2012. Photos : © EMB, SIRPA TERRE.
PAR LE GBR PATRICK ÉTIENNE,
COMMANDANT L’ÉCOLE DU TRAIN
“
ous les efforts finissent par payer et cette édition du deuxième semestre 2012
de notre magazine en est la parfaite illustration. Il a fallu digérer l’installation
de notre école dans sa nouvelle garnison, intégrer notre politique de communication dans la programmation des
écoles militaires de Bourges, faire face à
la mise en place de la base de défense et œuvrer
pour que tous les acteurs y trouvent leur compte.
Je remercie tous ceux qui ont participé à la rédaction de Train Magazine et plus particulièrement
le Lcl Giraud (ESR), véritable colonne vertébrale
de nos publications, le Ltn (F) Ganz et M. Million,
de la cellule communication des EMB et la cellule infographie du groupement de soutien de
la base de défense, M. Feuillette et Mme Cyprès
qui nous fournissent des travaux de très grande
qualité, innovants, dans les délais impartis.
Mais Train Magazine n’existerait pas sans le travail
de rédaction qui est fourni par les forces. Une communauté est faite de partage et celui de l’information en est une des facettes. Communiquer sur ses
expériences permet d’enrichir notre monde militaire d’active et de réserve et de partager les joies
et les peines des uns et des autres. Ce magazine est
le vôtre ; ses pages sont à votre disposition.
Nous venons de perdre le 517e régiment du Train
qui n’apparaît plus à l’ordre de bataille de l’armée
de Terre. La cérémonie de roulage de l’étendard a
été émouvante et digne. Nous sommes nombreux
à nous être associés à cette commémoration et
tout particulièrement les chefs de corps de la 1re
brigade logistique avec leurs étendards. Mais
soyez en sûrs, l’esprit et les traditions du régiment
du Million d’Éléphants perdureront au musée de
l’Arme à Bourges, comme aux 503e et 511e régi-
Une communauté est
faite de partage et celui
de l’information en est
une des facettes.”
ments du Train, formations qui accueillent deux
escadrons de transport de blindés et un peloton
de circulation en provenance du 517e RT.
Dans notre magazine, ce trimestre, nous avons
choisi de vous parler du régiment médical, car si
son étendard n’est pas de l’Arme, de nombreux
tringlots y servent et entretiennent un savoir-faire, en particulier de transport sanitaire. Ce dossier permettra à chacun d’entre nous de plonger
dans le passé et de mesurer la coopération qui
existe entre le Train et le service de Santé.
Enfin, l’actualité c’est aussi celle de votre école et
de votre musée. L’école a réuni cette année pour
sa fête d’arme sa famille agrandie au 519e groupe
de transit maritime et au régiment de soutien du
combattant. Nous étions nombreux à partager
ces moments de convivialité, à évoquer le passé
et à réfléchir à notre avenir au cours du séminaire
de réflexion et des assises. Je vous attends encore
plus nombreux l’an prochain, le 22 mars 2013.
Le présent, c’est aussi le départ des lieutenants
pour leurs régiments, le Staff Ride monté cette
année autour de la journée du souvenir au monument du Train de « Moulin Brûlé », les études
de la DEP toujours plus nombreuses, le stage des
chefs de corps qui vient de se terminer, l’achat
d’uniforme et de vitraux pour le musée, les passations de commandement dans les régiments et
les CIEC, la coopération encore plus étroite avec
la 1re brigade logistique et le CFT…
Notre arme bouge, faites le savoir.
« Et par l’Empereur, vive le Train »
Train magazine / n°16 / décembre 2012
10
04 /
06 / Présentation générale du RMED.
14 / Portrait d’un sous-officier.
10 / OPEX et MCD au RMED.
15 / Exercice CLEAN CARE
à La Valbonne.
11 / Poids des tringlots au sein du
RMED.
16
12 / Portrait du commandant d’unité.
13 / Portrait d’un chef de section.
16 / Lieutenant Rouquette-Lefort et
les ambulancières à la conquête de
l’Île d’Elbe.
21 / Le général Frotte, un pionnier
des EVASAN par HM.
24
22 /
22 / Opération DAMAN au Liban
pour le RSC.
26 / Le 2e ER du 516 sous les
tropiques.
24 / 516e RT, Batlog « Voie Sacrée » :
une longue préparation ;
La circulation en Afghanistan.
28 / 519e GTM, Exercice GULF 2012.
30
26
30 /
30 / Fête du Train à Bourges.
34 / Le Père de l’Arme dans les
Forces et les associations.
38
36 / EMB, Journée des officiers
traditions des armes du Train et du
Matériel.
37 / La circulation du 515 à l’exercice
NAWAS 2012.
38 / OCI BL1, EEB à La Courtine.
40 / 121e RT, Le CMO/MVT à l’EEB.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
41 / 121e RT, Exercice CITADEL
GUIBERT.
42 / Arrivée de l’équipe Enduro de
l’ADT au 503.
44 / 515e RT, Combat Log en zone
urbaine.
45 / 503e RT, Mission Vigipirate Paris.
46 / Cérémonie de roulage
de l’Étendard du 517.
49 /
52 /
52 / Il y a 70 ans, la 101e Cie du Train
à Bir Hakeim.
58 / Le conducteur Lebon, héros de
Bir Hakeim.
60 /
60 / AG de la FNT au 1er RTP ;
La FNT à l’école.
62 / La FNT au mémorial de
la Voie Sacrée.
64 / Brèves.
65 / Un ex-tringlot hors du commun.
71 / Que reste-t-il du devoir de
mémoire initié par J-B Marchiani.
72 / « Ils ont fait le Train »
Général Pagni.
40
74 / « Ils ont fait le Train »
Général Michot.
76 / Publication du 121e RT.
77 / Bon de commande.
65
62
Train magazine / n°16 / décembre 2012
PAR LE LIEUTENANT-COLONEL GIRAUD,
OFFICIER CULTURE D’ARME DE L’ÉCOLE DU TRAIN
Train magazine / n°16 / décembre 2012
Cette année commémore
le bicentenaire de la
campagne de Russie,
gravée dans les plis de
notre Étendard, qui a vu
la création par l’Empereur du
18e bataillon du Train
des Équipages,
chargé « comme une de
ses plus belles tâches »
de l’enlèvement des blessés
du champ de bataille,
préfigurant ainsi la mission
future des unités modernes
de transport sanitaire.
Il nous a donc paru opportun
de nous intéresser
aux tringlots qui ont œuvré
ou œuvrent encore au profit
de nos blessés dans les
formations chargées
des évacuations sanitaires.
Parmi eux, figurent en
bonne place les héros de la
101e compagnie auto
qui sont parvenus à extraire
de la fournaise de Bir Hakeim,
les blessés de la 1re BFL.
Plus modestement
aujourd’hui, de nombreux
tringlots agissent, souvent à
des postes de responsabilité
et hors des feux des
projecteurs de l’Arme,
au sein du régiment médical
de La Valbonne,
régiment numériquement le
plus important de
l’armée de Terre et
qui mérite d’être mieux
connu. Il est bon d’écouter
leur témoignage et de leur
faire une place dans
nos publications.
Bonne lecture.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
“
Pouvoir mettre
en œuvre les unités médicales opérationnelles (UMO)
du service de santé
des armées.
réé officiellement le 1er juillet 2011
au camp de La Valbonne, le régiment
médical (RMED) est issu de la fusion
des 2e et 3e régiments médicaux de
La Valbonne avec le 1er régiment médical et
le centre d’instruction santé de l’armée de
Terre (CISAT) auparavant implantés à Metz.
Il a été mis à l’honneur lors d’une cérémonie de création qui a eu lieu le 4 juillet 2011,
en présence du chef d’état-major de l’armée
de Terre et du directeur central du service de
santé des armées (SSA).
Drapeau
Le général d’armée Elrick Irastorza a ordonné que le nouveau régiment dispose d’un
emblème à son nom propre. Le régiment
médical n’étant titulaire en propre d’aucune
citation ou décoration, il a donc demandé,
lors de sa création, l’établissement d’une
Train magazine / n°16 / décembre 2012
Traditions et attributs
filiation avec ses prédécesseurs (1er, 2e et 3e
RMED) afin d’inscrire leurs campagnes respectives au revers de son nouveau drapeau :
« Italie 1943-1944 », car le 1er régiment médical a hérité des traditions des bataillons médicaux du corps expéditionnaire français en
Italie ; « France 1944-1945 » et « Allemagne
1945 », car le 2e régiment médical a repris le
patrimoine des formations de santé de la 1re
Armée française ainsi que les armes de la ville de Colmar ; « Indochine 1945-1954 », car le
3e régiment médical s’est vu attribuer le patrimoine des unités du service de santé qui
ont servi en Indochine entre 1945 et 1954.
Le nouveau régiment médical ayant conservé
la même vocation opérationnelle, les missions,
le patrimoine et les traditions de ces unités
devancières, sa requête lui a été accordée par
décision ministérielle du 9 mai 2012, à la plus
grande et légitime fierté de tous ses membres.
Héritant des traditions des 1er, 2e et 3e régiments médicaux, le nouveau régiment médical s’est doté de nouveaux attributs.
Son insigne, sous forme d’écu sur fond amarante (couleur du service de santé des armées)
entouré d’or comprend : un glaive inversé,
montrant que le régiment est un régiment
de soutien ; le miroir de la connaissance et le
serpent ; un taureau ailé en filigrane doré,
symbole de Saint-Luc, saint patron du service
de santé des armées et des professions médicales ; un véhicule blindé sanitaire ; la devise
« servire pro salvare » (servir pour sauver).
Son losange de manche, également sur fond
amarante comprend le glaive inversé ainsi
que le miroir et le serpent brodés au milieu
du losange.
Le régiment médical est commandé depuis
sa création à l’été 2011 par le médecin en
chef Sylvie Paul.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
Le régiment aujourd’hui
Organisation - articulation
Le régiment, plus important de l’armée de
Terre par ses effectifs (1550 hommes et femmes) est composé de la manière suivante :
- un état-major et 8 unités élémentaires stationnés à La Valbonne ;
- une unité élémentaire (compagnie de ravitaillement sanitaire – CRS) stationnée à Orléans ;
- 9 sections hospitalières (1 par hôpital d’instruction des armées) ;
- 6 antennes chirurgicales (AC).
Il compte également le CISAT dans ses effectifs. Les sections hospitalières et les antennes
chirurgicales sont chacune rattachées à une
unité élémentaire. Les 9 unités élémentaires
sont les suivantes :
- une CCL, compagnie de commandement et
de logistique
- 4 compagnies médico-chirurgicales (CMC),
Train magazine / n°16 / décembre 2012
- 1 hôpital médico-chirurgical (HMC),
- 2 compagnies de décontamination médicale NRBC,
- 1 compagnie de ravitaillement sanitaire.
Les CMC ainsi que l’HMC comportent chacun au
minimum une des 9 sections hospitalières (Lyon,
Bordeaux, Metz, Marseille, Brest, Toulon, Val
de Grâce, Clamart-Percy, Bégin) ainsi qu’une ou
deux des 6 ACA ou ACP (antenne chirurgicale
aérotransportable ou parachutable). Chaque
AC comprend 12 personnels (médecins, infirmiers, aides-soignants) tous affectés en hôpital,
sauf un secrétaire administratif resté au RMED
et qui sert de point de contact pour le reste de
l’antenne dans le cadre de la préparation administrative des départs en opération.
Subordination
Le RMED a la particularité d’avoir une double subordination : une subordination de
commandement - Brigade Logistique de
Montlhéry ; une subordination technique Direction Centrale du SSA de Paris.
Missions
La mission du régiment médical est de pouvoir
mettre en œuvre les unités médicales opérationnelles (UMO) du service de santé des armées.
Pour cela, le régiment dispose d’une antenne
chirurgicale, d’une unité médicale de décontamination des armées (UMDA), d’un groupement
hospitalier (GH) de 50 lits, de 3 postes médicaux
(PM) et de véhicules de l’avant blindé sanitaire
(VAB SAN) permettant l’évacuation des blessés
sur les théâtres d’opérations extérieures.
Le régiment doit armer ces UMO en personnel péri-médical entraîné et aguerri. Ainsi, les
personnels santé du RMED suivent à la fois des
formations d’adaptation au sein des hôpitaux
militaires et à la fois des formations de mise
en condition opérationnelle dispensées sur le
site de la base de défense de La Valbonne.
Les soldats du RMED participent par ailleurs
d’une part aux activités de préparation opérationnelle : exercices internationaux de l’OTAN
(voir plus loin l’exercice Clean Care dans le
domaine NRBC), espaces d’entraînement brigade (EEB), mises en conditions opérationnelles au CENZUB, au CENTAC et au CEB.
Enfin, comme tous les soldats de l’armée de
Terre, les militaires de régiment médical s’entraînent aux missions communes de l’armée
de Terre en vue de participer pleinement aux
missions intérieures (VIGIPIRATE, HEPHAISTOS-feux de forêt, POLMAR ) ainsi qu’aux
détachements PROTERRE projetés outre-mer
dans le cadre de missions de courte durée.
Matériels majeurs
Pour son fonctionnement courant, le RMED
possède les mêmes matériels que l’ensemble
des régiments de l’armée de Terre. En revanche, de par ses spécificités, le régiment détient un certain nombre de matériels spécifiques au domaine de la santé. Parmi ceux-ci
on peut compter les matériels NRBC (AP2C,
DOM 309, dosimètres SOR 480), les véhicules
de transport de blessés (type J5 RQB ou PSM,
des VAB SAN) et des structures de soins (un
groupe hospitalier de 25 lits, 2 unités médicales de décontamination des armées, 1 poste de secours 05 et une antenne chirurgicale
aérotransportable). Tous ces matériels permettent aux personnels du régiment d’évacuer et de traiter les blessés sur le terrain.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
n règle générale, les auxiliaires sanitaires, brancardiers-secouristes et
personnel administratif « santé » du
régiment sont détachés pour 6 mois
en individuels au HMC (hôpital médico-chirurgical) KAIA*, le RMED entretenant dans
cette structure un détachement permanent
d’environ 60 hommes et femmes. Le personnel médecin et infirmier de cette grosse
structure est bien évidemment fourni par les
différents hôpitaux des armées.
D’autres personnels « santé » sont affectés
directement auprès des groupements tactiques interarmes (GTIA) dans les secteurs
opérationnels, en particulier ceux qui sont
qualifiés SC2 (secourisme au combat 2e niveau). En effet, ce stage de secourisme de
haut niveau permet à ceux qui en sont détenteurs d’être intégrés au sein des unités
d’infanterie et d’assurer leur soutien médical de l’avant au cours de leurs activités de
présence dans les villages.
En règle générale également, le personnel du
Train effectue plutôt des missions de courte
durée (MCD) auprès des forces de présence
outre-mer, au sein de compagnies de marche
rassemblant les personnels de plusieurs compagnies médico-chirurgicales.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
Ainsi, tous types d’engagement confondus
et pour l’année 2012, 626 départs en mission
intérieure et à l’étranger sont par exemple
programmés:
- Mission VIGIPIRATE à Paris, Lille, Marseille
et autres : 331 personnels,
- MCD en Nouvelle Calédonie, Djibouti,
Guyane, Martinique, Réunion, Mayotte,
Guadeloupe : 171 personnels,
- OPEX au Sénégal, Liban, République de
Côte d’Ivoire, Kosovo et surtout Afghanistan : 124 personnels.
* Kaboul international airport
’ai été reçu chaleureusement par
l’OSA, le chef d’escadron Pasdeloup*, plus ancien dans le grade
le plus élevé des tringlots du RMED
et son adjoint chargé de la communication
le lieutenant (F) Lombardi.
seuls 4 officiers sont des médecins : le chef
de corps et son second, le chef du BOI et son
adjoint. Les autres officiers, dont une majorité de tringlots (55,8 % des officiers dont 2/3
des commandants d’unité**), sont soit des
CTA-Santé, soit des officiers des armes.
Le RMED est tout d’abord le régiment de l’armée de Terre dont le taux d’encadrement est
le plus faible. Par conséquent, les cadres issus
de l’arme du Train, dont le pourcentage est
très élevé, en particulier parmi les officiers,
y tiennent nombre de postes-clé. En effet,
Le corps des sous-officiers comportant de
nombreux spécialistes, le poids des tringlots
y est moins important (17,3 %), essentiellement dans des fonctions d’encadrement des
compagnies médico-chirurgicales (CMC) et à
la section ravitaillement-transport (SRT).
Officiers du Train
Grade
Effectif % du total
CEN
1
CNE
18
LTN
9
SLT
1
Total
29
55,8 %
Sous-officiers du Train
Grade
Effectif % du total
ADC
5
ADJ
10
MCH
26
MDL
8
Total
49
17,3 %
*Ancien du 2e RCS, de l’EAT et du 601e RCR
**De toutes origines de recrutement.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
e capitaine Eouzan est marié et père
de 3 enfants. ESOA de la 176e promotion (1998-99), spécialiste management des systèmes d’information, il
sert d’abord à la DIRMAT/RTNE où il déploie
SIMAT dans les unités. Ayant réussi l’EMIA
(promotion Gal de Lanlay 2003-2005), il change d’arme et choisit l’Arme du Train. À l’issue
de son année d’application, il choisit le 503e
RT où il sert en tant que chef de peloton VTL
puis officier-adjoint et effectue une MCD en
Guadeloupe (2008) et deux OPEX (Côte d’Ivoire en 2009 et Afghanistan en 2010). Au transfert du 503 à Nîmes à l’été 2011, il est muté
au RMED (son premier choix) pour y commander une compagnie, et pas des moindres. Ce
sera la CCL, à sa grande satisfaction. C’est en
effet un magnifique commandement et un
beau challenge. Si l’on inclut les 33 personnels
du CISAT, cette unité chargée du soutien des
1550 hommes du régiment compte en effet
dans ses rangs pas moins de 392 personnes,
avec en particulier et pour simplifier : 120 personnels au BOI en incluant les 40 membres de
la section TRANS(1) et les 20 instructeurs-secouristes du groupement d’instruction secourisme santé (GISS) ; 160 au bureau maintenance logistique (BML), incluant les 40 personnels
de la section ravitaillement-transport (SRT)
pour l’essentiel des tringlots et les 20 personnels chargés du suivi et de l’entretien du parc
de soutien permanent (PSP)(2) ; le peloton de
commandement et de logistique de la CCL, la
section état-major, etc... Le capitaine Eouzan,
qui est amené ainsi à noter pas moins de 117
sous-officiers et 220 militaires du rang, consacre ainsi 60 % de son temps au suivi « ressources humaines » de son personnel, 15 % à leur
préparation opérationnelle et 25 % à la gestion du quotidien. Un seul regret : la structure
commandement du RMED n’est pas projetaTrain magazine / n°16 / décembre 2012
ble. Il ne pourra donc pas partir en OPEX à la
tête de ses hommes et devra patienter jusqu’à
la fin de son temps de commandement pour
espérer un départ individuel.
(1) les groupes TRS des unités ont été regroupés à l’ECL
(2) dans le cadre de la nouvelle politique d’emploi et de gestion des parcs (PEGP), les régiments ne disposent plus en permanence que de la moitié de leurs matériels pour le soutien
permanent et l’entraînement jusqu’au niveau escadron. Ces
matériels ont été regroupés au niveau régimentaire.
e lieutenant (F) Vahé-Pujadas est
mariée à un lieutenant du 2e REI et
attend un heureux évènement pour
le mois de novembre. Officier sous
contrat (OSC), titulaire d’une maîtrise logistique de l’IUT d’Aix-en-Provence, elle a suivi
le stage d’application à Tours en 2008-2009.
Ayant choisi le RMED, elle y est affectée à
l’été 2009 au poste de chef de section de ramassage à la 2e compagnie. Souffrant d’un
taux d’encadrement très faible, le régiment
a décidé d’articuler ses compagnies en 2 sections au lieu de 3. C’est ainsi que le lieutenant Vahé-Pujadas commande une section
de 52 personnels (1/4/47). 3 de ses sous-officiers sont des tringlots (dont le SOA) et le 4e
un sous-officier du SSA. Les militaires du rang
quant à eux sont pour partie des auxiliaires
sanitaires et pour l’autre partie des tringlots
(REG-RAV). Contrairement à ce que l’on
pourrait penser dans une telle formation,
seul un sous-officier et 6 Mdr de la section
sont des jeunes femmes. Leur chef de section
a eu la chance d’effectuer à la tête d’une partie d’entre eux (essentiellement les tringlots)
une mission de courte durée (MCD) en Guadeloupe de septembre 2011 à janvier 2012.
En effet, la mise sur pied d’une unité PROTERRE nécessite la création d’une compagnie
de marche à partir des personnels non SSA de
plusieurs compagnies. Les personnels santé,
quant à eux, partent le plus souvent en OPEX
dans le cadre de petits détachements Santé
(voir le paragraphe OPEX de ce dossier). Côté
matériels, conformément à la PEGP, tous les
VAB SAN sont regroupés au niveau du parc
de soutien permanent (PSP) du régiment. Le
lieutenant Vahé-Pujadas a suivi à l’été 2012
son mari muté au 3e REI en Guyane.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
e maréchal des logis-chef Bedos est
marié et père d’une petite fille. Engagé volontaire au 503e RT à Souges
en 2000, il y sert au poste de conducteur de camion citerne tactique (CCT) et effectue 2 OPEX au Kosovo en 2001 et 2003.
Volontaire pour une carrière de sous-officier,
il est affecté à l’ENSOA en 2003 au sein de
la 215e promotion. En 2004, il rejoint le 503
comme chef d’escouade de CCT. Après un séjour en Afghanistan en 2006 en tant que SOA
d’une section de transport au Batlog KAIA, il
est muté au RMED en 2007. Affecté à la section ravitaillement-transport (SRT) à l’ECL, il
y sert d’abord comme SOA avant d’occuper
le poste de sous-officier transit-carburantmunitions du régiment. Le Mch Bedos est en
effet qualifié SILCENT, déclarant douanes,
transport matières dangereuses par voie terrestre et aérienne (IATA). C’est donc lui qui
Train magazine / n°16 / décembre 2012
gère le fret des nombreux détachements du
régiment qui partent et reviennent d’OPEX,
en particulier par voie aérienne. La SRT, repaire de tringlots, est forte de 5 sous-officiers
et 45 EVAT. Son chef de section appartient
par contre à l’Arme du Génie et est qualifié
SEVF(1). Avec la disparition en cours de l’ordre de bataille du 517e RT, la SRT du RMED
participe depuis début 2012, en renfort des
régiments du Train, aux transports de surface interarmées (TSIA) à hauteur de 8 personnels en permanence sur la route. Son apport
est également indispensable lorsqu’il s’agit
de transporter sur le terrain l’unité médicale
de décontamination des armées (UMDA),
mise en œuvre par les 2 compagnies NBC du
RMED.
(1) Spécialiste embarquement par voie ferrée, formation
dispensée à l’école du Train.
PAR LE LIEUTENANT CAMILLE LEROY,
ADJOINT OFFICIER EMPLOI DU RÉGIMENT MÉDICAL
undi 6 novembre 2011, 08h00 : 500
personnels de 16 nationalités différentes se rassemblent sur la place
d’armes du RMED. L’exercice « clean
care » peut commencer.
“
Les différentes
unités participantes
ont ainsi pu se
confronter aux
savoir-faire des
autres délégations
Cet exercice organisé par le CRSNBC (chemical biological radiological nuclear training
group), s’est tenu sur le camp de La Valbonne
du 6 au 10 novembre 2011. Les différentes
unités participantes ont ainsi pu se confronter aux savoir-faire des autres délégations
dans le domaine NRBC en jouant divers scenarii tels qu’une attaque chimique ou une
explosion dans une usine de pesticides.
Les blessés ont été relevés sur la zone de l’accident par une équipe anglaise. Ils ont alors été
acheminés et pris en compte par un « role 1 »
français armé par le RMED. Une compagnie de
ramassage du RMED les a ensuite transportés
vers les unités médicales de décontamination
françaises, néerlandaises et belges pour les personnels non valides. Celles-ci ont décontaminé
les blessés, assuré leur remise en condition et
les ont évacués vers le « role 2 » français.
Deux centres de reconditionnement du personnel (CERPE) français (2e régiment de Dragons NBC et armée de l’Air) ont, quant à
eux, pris en charge les blessés valides pour
une décontamination et une remise en
condition. La décontamination des véhicules
a également été jouée par la délégation allemande et les équipes du 2e RD.
Des observateurs ont pu suivre tout le déroulé de l’exercice et ainsi profiter de la séance
de debriefing avec les chefs d’unités joueuses pour poser de nouvelles bases de travail
dans le domaine NRBC.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
La section Rouquette
Mme Suzanne Rouquette-Lefort, veuve du général de corps d’armée Lefort et marraine de la promotion OAEA 2004-2005, revendique aujourd’hui 99 printemps. Ex-lieutenant du Train, chef de section
de conductrices-ambulancières, elle s’est illustrée durant la campagne de Tunisie (1943), la conquête
de l’île d’Elbe, le débarquement en Provence et la campagne de France durant laquelle elle fut grièvement blessée en portant secours à des blessés et amputée d’une jambe. Commandeur de la Légion
d’Honneur, Grand Croix de l’Ordre National du Mérite, Croix de guerre 1939-1945 avec 2 palmes et une
étoile d’argent, elle incarne parfaitement le courage et le dévouement des tringlots des formations de
transport sanitaires. Elle a écrit un livre « Des ambulancières dans les combats de la libération », réédité
en 2005 aux éditions L’Harmattan à l’occasion de son parrainage de la promotion OAEA. Nous allons la
suivre à la tête de sa section durant les préparatifs puis les combats de la prise de l’île d’Elbe.
ngagée volontaire fin 1942 au 27e
escadron du Train d’Alger, Suzanne
Rouquette participe dès la fin de sa
formation d’ambulancière en février
1943 aux durs combats de la campagne de
Tunisie, avec des moyens et des tenues très
hétéroclites. En mai 1943, la Tunisie est enfin libérée, elle n’aspire alors qu’à participer
aux opérations du Corps Expéditionnaire
Français en Italie. En raison de sa forte personnalité et de son aptitude manifeste au
commandement, Suzanne Rouquette se voit
alors confier le commandement de la section
sanitaire territoriale du 27e Train. Promue aspirant, sous-lieutenant puis lieutenant, elle
organise et instruit sa section et assure pendant 6 mois, d’octobre 43 à avril 44, les évacuations sanitaires de ce vaste département.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
Affectation au 25e bataillon médical
de la 9e DIC :
En avril 44, l’affectation tant attendue de sa
section au bataillon médical de la 9e division
d’infanterie coloniale (9e DIC) arrive enfin.
Mais contrairement aux autres divisions du
Corps Expéditionnaire Français engagé en
Italie, la 9e DIC ronge toujours son frein sur le
littoral algérien. Ayant perçu des ambulances
Dodges flambant neuves remplaçant avantageusement les vieilles Renault, la section
d’ambulancières se transforme en section
de ramassage de blessés. Le Ltn Rouquette
est ainsi à la tête d’une section composée
de 15 ambulances rutilantes de propreté, réparties en 2 groupes aux ordres chacun d’un
sous-lieutenant. Le chef de section dispose
en outre d’un groupe de commandement
composé d’une jeep et d’un command-car
qui lui permettront d’effectuer les reconnaissances préalables au déplacement et au
déploiement de ses troupes. 30 jeunes femmes originaires de tous les milieux et de toutes les religions composent cette section. La
plupart sont catholiques mais l’une est musulmane et une autre juive. Un tiers d’entre
elles sont mariées, les âges variant de 18 à
40 ans avec une moyenne d’âge de 22 ans.
Un tiers d’entre elles sortent à peine de formation et ont très peu de conduite sur route
à leur actif.
La section est reçue avec beaucoup de réticences par le général Magnan, commandant
la 9e DIC qui craint des « débordements »
avec ces 30 jeunes femmes qu’il préférerait
nettement voir ailleurs plutôt qu’au milieu
de ses 10 000 hommes. Forte du travail de
la section en Tunisie et de la conduite de ses
camarades en Italie (l’une d’entre elle vient
d’être tuée et citée pour son courage), le
lieutenant Rouquette décide de ne pas se
laisser impressionner. Commandant sa section d’une main de fer, elle ne veut pas laisser prise à la moindre critique : discipline,
tenue militaire stricte sans la moindre fantaisie, entretien impeccable des véhicules.
Le temps est mis à profit pour poursuivre
l’instruction sans relâche : perfectionnement
Le Cne Lefort et le Ltn Rouquette
automobile, cours de topographie appliquée, séances de culture physique matinale
qui émerveillent les hommes du bataillon
et leur offrent la considération de leur très
sportif commandant. Des brancardiers sénégalais viennent compléter l’effectif. En effet,
l’effort physique demandé à ces jeunes femmes est considérable : les blessés munis de
leurs équipements sont très lourds à porter
et les brancards bien difficiles à hisser sur les
deux couchettes supérieures de la sanitaire.
Tunisie, des tenues hétéroclites
Train magazine / n°16 / décembre 2012
Les ambulances Dodge
Le 12 avril 1944, l’ordre d’embarquement
arrive enfin. Mais lors du chargement du bateau sur le port d’Oran, le lieutenant Rouquette doit refuser catégoriquement de laisser manœuvrer les ambulances par d’autres
que les conductrices titulaires. Le sergent
américain responsable de l’embarquement
est bien obligé d’obtempérer et de reconnaître les qualités manœuvrières des jeunes
femmes qui embarquent en marche arrière.
Mai 1944 : mouvement vers la Corse
Le débarquement à Ajaccio le 5 mai donne
un tel avant-goût de la Provence qu’une joie
intense cache toutes les désillusions du personnel de la section Rouquette. Le 7 mai, le
Les ambulances Renault du 27° ET
commandant du Train de la 9e DIC vient inspecter le matériel et ne peut que constater
le parfait état des ambulances et les bonnes
connaissances des ambulancières en matière
de mécanique et d’entretien. Par contre, et
dans l’attente d’opérations à venir, le chef de
section dispense des cours de topographie
intensifs car, selon ses dires, « notre absence
de sens de l’orientation tient de l’infirmité ».
Le général Magnan la convoque alors. Avant
d’engager les ambulancières, il veut encore
s’assurer qu’il peut compter sur elles. Le lieutenant Rouquette le convainc de l’aptitude
de son personnel à la conduite, au dépannage sommaire des véhicules, à la participation aux soins des blessés (certaines sont infirmières, les autres ont reçu une formation
d’auxiliaire sanitaire). Leur moral est de plus
très élevé. Quelque chose se prépare donc...
Peu après, la section est convoquée sur la
place de Porticcio pour y apprendre à « water proofer » les véhicules, c’est-à-dire les imperméabiliser pour les rendre aptes à rouler
dans 1,20 m d’eau maximum avec l’aide et les
conseils de quelques techniciens américains.
Consternation chez les ambulancières : seule
la moitié du bataillon médical participera à
l’opération à venir. C’est donc seulement la
moitié de la section qui rejoint Porto-Vecchio le 9 juin. 8 ambulances embarquent
sur 4 LCT (Landing Craft Tanks, péniches
Train magazine / n°16 / décembre 2012
de débarquement). 4 d’entre elles, aux ordres de l’adjointe section, le sous-lieutenant
Mohring, débarqueront avec la première vague. Le reste de la demi-section, aux ordres
de son chef, suivra peu après.
Conquête de l’Île d’Elbe (juin 1944) :
3000 Allemands et 500 Italiens ont fortifié
l’île et miné l’accès aux plages. Pour les troupes qui débarquent en 1er échelon, dont le
1er bataillon auquel appartient le capitaine
Lefort, les pertes sont élevées. Le 17 juin à
l’aube, la côte approche pour le LCT dans
lequel a pris place le lieutenant Rouquette.
Enfermées dans leur véhicule, pied sur l’accélérateur, frein à main serré, les ambulancières guettent au milieu des explosions,
l’ouverture de la porte avant.
Sitôt débarquées, le PC médical de Marina Di
Campo expédie les ambulances sur les nids
de blessés. Dans l’un de ces derniers, Suzanne Rouquette découvre le capitaine Lefort,
déjà rencontré à Alger, grièvement blessé
au bras dès la première nuit et qui souffre
beaucoup. Sans répit, pendant quatre jours
et quatre nuits, du 18 au 23 juin, la demisection brancarde, soigne, transporte, sur les
routes étroites et sinueuses sur lesquelles il
faut croiser périlleusement les convois montant en ligne, parfois sous le feu de l’artillerie ennemie. Les ambulancières n’hésitent
pas, si nécessaire à aller chercher des blessés jusqu’à la ligne de contact, les brancardant parfois au travers de champ de mines.
Luttant contre l’assoupissement, mangeant
des rations américaines tout en roulant, les
ambulancières ont les yeux exorbités d’avoir
trop roulé sans phares ni black-out. Dans de
telles conditions, tout devient cauchemar :
chaque taillis cache une embuscade, le chemin se rétrécit, le fossé se creuse… L’obscurité profonde oblige parfois, dans les passages
difficiles, le lieutenant Rouquette à marcher
devant les ambulances avec un mouchoir
blanc fixé dans le dos.
Un seul objectif galvanise les énergies : tenir
jusqu’au bout, chaque minute gagnée pouvant sauver un blessé. Sans coéquipière pendant quelques jours, le CDS doit ici s’arrêter
pendant un des transports pour confisquer le
coupe-coupe d’un sénégalais blessé qui voulait couper les oreilles des 3 blessés allemands
convoyés avec lui. Ailleurs, la baraka est avec
elle lorsqu’elle doit aller chercher des blessés
par-delà l’incendie d’un dépôt de munitions
que traverse la route, ou encore lorsque la di-
Combats pour l’île d’Elbe
Train magazine / n°16 / décembre 2012
rection de la sanitaire casse et qu’elle circule
sur une route en corniche, paroi d’une falaise
d’un côté et précipice de l’autre. Ce n’est que
le 6e jour que le dernier blessé évacué, les ambulancières pourront se reposer, prendre une
bonne douche et le chef de section dresser un
bilan de ces rudes journées. Les 8 sanitaires
ont transporté 690 blessés en effectuant 2332
km sur une île qui n’a que 30 km de long.
Fier de ses filles, le général Magnan les félicite chaleureusement et leur remet le calot bleu marine agraphé de l’ancre d’or des
troupes de marine, que seul un colonial digne de ce nom est autorisé à porter. De plus,
le lieutenant Mohring, l’aspirant Texeire et
sa coéquipière l’ambulancière Souvy sont citées à l’ordre de la division.
Le lieutenant Rouquette a trouvé, malgré
tout, le temps de rendre une rapide visite
au capitaine Lefort qui a perdu beaucoup
de sang mais est heureusement maintenant
hors de danger. Débute ensuite une nouvelle période d’attente en Corse. Après ce
baptême du feu, les ambulancières ont du
mal à s’atteler aux brancards de la routine et
piaffent d’impatience en attendant le grand
jour qui les verra débarquer leurs ambulances sur le sol de Provence.
Dans le LCT vers l’île d’Elbe
Train magazine / n°16 / décembre 2012
Maîtrisant parfaitement le combat interarmes, logisticien de
haut niveau, Jean Frotte nous a quittés le 16 décembre 2011.
Héros des évacuations sanitaires par voie aérienne, titulaire
de la Médaille d’honneur du Service de Santé, son parcours
méritait de figurer dans ce dossier.
é le 8 janvier 1927 à Chaumont, Jean
Frotte s’engage en 1947 à l’École Spéciale Militaire Interarmes en qualité de
St-Cyrien. À l’issue de son stage d’application à Tours, il rejoint en octobre
1950 le GCR 602 où il sert en tant que chef de
peloton. Promu lieutenant un an plus tard, il
se porte volontaire pour servir en Indochine. Il
rejoint en avril 1952 le 3e Bataillon Thaï au sein
duquel il occupe les fonctions de chef de section
puis commandant d’unité. Entraîneur d’hommes
au sens tactique développé, sa brillante conduite
au feu lui vaut d’être cité trois fois et nommé
chevalier de la Légion d’honneur à titre exceptionnel. Blessé au combat, il est rapatrié sanitaire
fin 1953. Rétabli, il rejoint la 222e CCR à Auxonne
où il sert jusqu’en 1958. Il quitte alors une 2e fois
l’Arme pour rejoindre l’ALAT. Breveté pilote d’hélicoptère, promu capitaine, il rejoint l’Algérie en
1958 où il s’illustre au sein de diverses formations
de l’ALAT. Il y fait preuve d’une maîtrise exceptionnelle, se posant aux commandes de son hélicoptère BELL au milieu des troupes au contact
des rebelles, évacuant à plusieurs reprises sous
le feu de l’ennemi et dans des conditions météo
parfois très mauvaises de très nombreux blessés.
Il rejoint la métropole en août 1962, sa brillante
conduite au feu lui permettant de totaliser 8 titres de guerre : une blessure, 2 citations à l’ordre
de la brigade, 2 à l’ordre de la division, 2 à l’ordre
du corps d’armée et une à l’ordre de l’armée. Il
s’est en outre vu décerner la Médaille d’Honneur
du service de santé. Affecté à l’état-major de la
7e brigade motorisée en tant que chef du 4e bureau, il y est promu chef d’escadron le 1er juillet
1964. Il regagne son arme d’origine en 1966 au
521e groupe de transport, où il occupe la fonction de commandant en second. En 1969, il prend
le commandement du GT 508 à Chaumont, mettant particulièrement en valeur dans ce poste ses
grandes qualités humaines, son sens du service
et celui de l’intérêt général. Affecté en septembre 1971 au centre d’instruction du Train (CIT)
151 (120e régiment du Train) à Fontainebleau, il y
exerce les fonctions de directeur de l’instruction.
Nommé lieutenant-colonel en janvier 1973, il rejoint en septembre 1974 le 1er commandement
de logistique opérationnelle à Metz. Il y révèle
à nouveau ses excellentes qualités de pédagogue et compte rapidement parmi les meilleurs
logisticiens du moment. Il occupe successivement
les postes d’adjoint puis de directeur du centre
d’information et d’enseignement logistiques et
enfin de directeur des études. Promu colonel en
1978, il termine sa brillante carrière en tant que
commandant en second du 1er COMLOG. Atteint
par la limite d’âge de son grade, il est nommé
en 1984 au grade de général de brigade dans la
2e section du cadre des officiers généraux. Jean
Frotte était Commandeur de la Légion d’Honneur, titulaire de la Croix de Guerre TOE et de la
Croix de la Valeur Militaire avec 7 citations.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
PAR LE CNE NATHALIE ENFRIN,
CHEF DU DETSC/DAMAN 17
e détachement de soutien du combattant (DETSC) 17e mandat participe
depuis le 20 mars à l’opération DAMAN au sein de la Force Intérimaire
des Nations Unies au Liban (FINUL). Situé
sur la position UN 9.1, proche du village de
Dayr Kifa au Sud Liban, le DETSC appartient
à l’unité multifonctions logistiques (UML) rattaché au soutien national France (SNF). Ce détachement est composé de 24 personnels du
régiment de soutien du combattant situé à
Toulouse, d’un personnel du GSBdD de Metz
et d’un personnel du GSBdD de Gap. Il a pour
mission de soutenir l’ensemble des forces
françaises stationnées au Sud Liban.
Comme sur la plupart des théâtres d’opération, le détachement est soumis à une double subordination : subordination organique
(chaîne commandement) auprès du capitaine commandant l’unité multifonctions logistiques dans les domaines de l’administration
(notation, discipline, effectif, trésorerie...),
de la vie courante et de l’opérationnel ;
Train magazine / n°16 / décembre 2012
subordination fonctionnelle auprès du J4/
SH (soutien de l’homme) du PC SNF dans le
domaine de l’emploi du détachement. Pour
exécuter ses missions, le DETSC est divisé en
4 cellules : la cellule commandement, la section approvisionnement, l’atelier technique
chaud et froid (ATCF) et le service du matériel du commissariat (SMCA).
La cellule commandement (1/1/0)
Le chef de détachement, en plus d’assurer
le commandement de son détachement, est
le détenteur-dépositaire et comptable des
matériels du commissariat présents sur le
théâtre. Il est chargé de la vérification des
stocks et du respect du suivi comptable. Officier semi-direct, il est issu du corps technique
et administratif. Le sous-officier pupitreur
SILOCA a pour mission le suivi de l’exécution des mouvements sur le logiciel SIRIUS,
la tenue des écritures et l’édition des procès
verbaux, entre autre ceux concernant la réforme. Au Liban, il est aussi l’adjoint du J4/
SH et effectue l’édition des ordres de prêts
et de reversements. Sous-officier BSTAT GAP
(gestion des approvisionnements), il est l’interlocuteur du centre interarmées de coordination de la logistique des opérations (CICLO) et du Centre d’expertise du soutien du
combattant et des forces (CESCOF).
L’atelier technique chaud et froid (0/3/5)
Les électromécaniciens frigoristes (EMF) doivent assurer la maintenance des matériels
du commissariat mis à disposition des unités.
L’atelier effectue une visite systématique
et préventive chaque année des différents
points de restauration du théâtre (Naqoura,
9.10, 9.1 et 6.41). Lors de son début de mandat, cette cellule a eu, entre autres, pour
mission le démontage de l’ELC 500 (élément
lourd de cuisson 500 rationnaires) sur le camp
UN 2.45, puis sa remise en condition pendant
5 semaines avant de pouvoir de nouveau le
mettre en service sur la position UN 9.1.
La section approvisionnements (1/3/10)
Le chef de section approvisionnement, officier du corps technique et administratif,
commande deux groupes de 6 gestionnaires
approvisionnement (GAP).
Le groupe eau (0/1/5) assure le ravitaillement quotidien en eau sanitaire destinée à
la consommation humaine via les citernes
du commissariat, au profit de 3 positions UN
françaises. Il livre en moyenne 200 M3 par se-
maine et dispose de 3 TRM 10000 plateau et
de 3 VTL pour assurer cette mission. Le groupe eau doit aussi nettoyer et hyper chlorer
les cuves FINUL en place dans les sites isolés
une fois par semestre.
Le groupe MATSCA (0/1/5) assure le stockage, la réception, le reconditionnement et
la distribution des matériels de campagne,
des effets spécifiques, des rations de combat au profit des unités. Sa mission principale, en début de mandat, a été de procéder
au nivellement des matériels dans le cadre
du passage de la force de 1900 à 900 personnels. Le groupe a préparé 12 containers
retour France ainsi que 8 matériels majeurs
pour le premier affrété OUT, soit environ 2
millions d’euros de matériels. De plus, suite
au démontage de l’emprise française du site
UN 2.45, il a procédé à la réforme par destruction, sous le contrôle de la DIRCOM, de
500 000 euros de matériels en grande partie
achetés sur le théâtre les années précédentes. Pour le prochain affrété du mois d’août,
sa mission est de renvoyer en France 500 gilets pare-balles et 500 casques composites.
Le service du matériel
du commissariat (0/2/0)
Interlocuteur privilégié des adjudants d’unité des compagnies,
l’officier du matériel et son adjoint sont présents pour chaque
prêt et reversement de matériels
au groupe MATSCA. Au vu des
effectifs restreints, le groupe
MATSCA et le SMCA travaillent
ensemble dans le but d’avoir
une comptabilité des matériels
saine. Ils suivent sur GEMACAT
les matériels en prêts dans les
unités mais s’occupent aussi des
échanges de couchages et de la
distribution des produits d’hygiène et d’entretien.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
PAR LE CNE (R) VICTOR ANGELONI,
OSA DU 516e RT
i-septembre 2011, le 516e régiment du Train, corps leader du
BATLOG PAMIR 9e mandat, a organisé la séquence initiale de sa
mise en condition avant projection (MCP).
Baptisé Key leaders Training, ce premier rendez-vous allait constituer le lancement officiel
de la préparation la plus longue de toutes les
opérations extérieures. Tringlots du 516e RT,
maintenanciers du 3e régiment du Matériel,
pétroliers du service des essences des armées
(SEA), ravitailleurs du régiment de soutien
du combattant (RSC) et brancardiers du régiment médical ont appris à se connaître et
à s’estimer, avant l’étape suivante : le camp
intermédiaire de la Courtine en novembre.
Plus de 450 logisticiens ont été déployés durant
ce camp où, cette fois au complet, le bataillon
« Voie Sacrée » a eu à cœur de valider sa jeune
devise « Ne pas subir ». Au programme : améliorer la connaissance et la cohésion mutuelle
des unités, délivrer les informations spécifiques, clôturer le pack vital, poursuivre l’instruction C-IED, acquérir les savoir-faire interarmes
(convoi, fonctionnement du CO), effectuer les
tirs spécifiques et développer la rusticité. Le bilan de ce camp s’est révélé très positif selon le
chef de corps du bataillon logistique, le lieuTrain magazine / n°16 / décembre 2012
tenant-colonel Lecubain ; les objectifs atteints
ont été au-delà de ceux escomptés.
Le parcours logistique au centre d’entraînement des blindés au camp de Mourmelon en
semaine 49 et 50 fut ensuite un rendez-vous
majeur pour les protagonistes. Dans des conditions climatiques particulièrement difficiles et
contraignantes, l’organisation de convois dans
des situations des plus réalistes a fait prendre
conscience à chacun de la nécessité de maîtriser les procédures et les savoir-faire. Là aussi
les résultats se sont montrés très probants.
Le BATLOG a enfin achevé sa préparation collective au détachement d’assistance opérationnelle (DAO) de Canjuers le 9 février 2012.
Cette dernière étape de la préparation fut le
point culminant de la mise en condition opérationnelle (MCO). 27 VAB, 23 VTL dont certains
blindés et 14 véhicules de transport et de distribution de carburant permirent aux soldats
logisticiens de s’entraîner dans un environnement qui correspond au théâtre afghan.
L’ultime phase de la préparation s’est déroulée
à Mailly, en février dernier, dans le cadre de
l’exercice préparatoire pour l’Afghanistan. Elle
consistait à la vérification avant projection de
venaient compléter le dispositif sur le théâtre afghan le samedi 14 avril.
l’état-major du BATLOG. De nombreux exercices de rédaction d’ordres et de résolution d’incidents multiples attendaient les cadres chargés
d’armer le CO. Le bilan de ce dernier camp fut
très positif au dire du chef de corps du BATLOG.
Les objectifs atteints se situèrent également
au-delà de ceux attendus. La préparation du
bataillon ayant été validée, il restait à organiser le départ. La cellule projection fut chargée
de cette mission ; l’allégement du personnel
et l’armement, soit près de 33 tonnes, furent
conditionnés puis expédiés vers Kaboul.
Le jour même, l’offensive du « printemps
afghan » venait rappeler à tous, si besoin
était, la dure réalité de cette mission exaltante. Au cours de ce qui pour tous était un
baptême du feu, les gestes et postures longuement répétés lors des séances de drill ont
démontré leur efficacité. Chacun a appliqué
les consignes et l’opération menée par les
Talibans a été sans conséquences. Peut être
certains se sont à ce moment-là rappelé le
vieil adage : « À entraînement difficile,… ».
Fin mars, les 178 militaires du 516 ont rejoint
le théâtre afghan pour une mission aussi longue que la préparation, mission qui a réellement débuté le 5 avril lors de l’émouvante
cérémonie de transfert d’autorité entre le
bataillon « Taillefer » et le bataillon « Voie
Sacrée ». Les derniers éléments de circulation
Sur le théâtre afghan, la mission de la circulation routière pourrait se résumer en un
seul concept : escorter. Derrière ce mot se
cache une diversité de convois, à commencer par les liaisons quotidiennes à escorter
dans Kaboul : récupérations de personnels
arrivant par voie aérienne militaire (VAM) à
Kaboul international airport (KAIA), convois
de taille restreinte de huit véhicules maximum, à destination de KAIA, camp Phoenix
et du dépôt de munitions de Pol-e-Sharki. La
quasi-totalité des mouvements des éléments
du BATLOG se fait sous la protection des anges gardiens de la circulation. De plus, deux
Quick Réaction Force sont activées en permanence. Mais les circulateurs ne restent pas
uniquement dans la capitale. Ils mènent les
convois majeurs dans le Parwan (Bagram),
en Kapisa (Nijrab et Tagab) et en Surobi. Les
missions vers Bagram sont du même acabit
qu’à Kaboul avec une intensité d’environ
deux convois par semaine. En revanche le
dispositif mis en place sur les axes plus dangereux, Vermont principalement, qui relie
Kaboul à la forward operating base (FOB)
Tagab, ou certaines portions de l’Highway 7
vers la Surobi, nécessite une escorte montée
par un peloton complet et s’inscrit dans de
réelles opérations interarmes et interalliées
mobilisant des centaines d’hommes, faisant
plus que jamais de l’escadron de circulation
et de transport une unité combattante.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
PAR LE CNE INGRID AUGENDRE,
COMMANDANT LE 2e ESCADRON DU 516e RT
e 2e escadron (escadron de ravitaillement) a mis entre parenthèses
sa mission majeure, le temps d’une
projection dans le cadre des missions communes de l’armée de Terre (MICAT).
Constituée majoritairement du 2e escadron, la
compagnie PROTERRE commandée par le capitaine Augendre s’est envolée en juillet 2011,
après une préparation de 6 mois dans le toulois, vers le soleil polynésien pour y séjourner
jusqu’en novembre. Mais contrairement à ce
que beaucoup pourraient penser, l’escadron
n’était pas en vacances sous les tropiques !
Quittant les brumes lorraines, c’est début
juillet 2011 qu’une partie du 2e escadron du
516e RT est arrivée sur le Fenua, qui signifie
« Rocher » en polynésien, pour former la 2e
compagnie PROTERRE du RIMaP-P, avec pour
ambition de mener à bien toutes les missions
de soutien, dont la participation à la défense de l’île de Tahiti et de ses archipels. Cette
mission a pour objectif de manifester la souveraineté française sous forme de détachements de présence constante, notamment
sur l’île de Mururoa.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
Dès leur arrivée, les marsouins du Train des
équipages ont été mis à rude épreuve. La
compagnie a été rapidement mise en situation lors du module d’adaptation au centre
d’instruction en jungle polynésienne (CIJP).
Ce stage a permis de découvrir les rudiments
de la vie en jungle et certaines spécificités
traditionnelles tahitiennes, comme le jus du
« fameux » Fafarou (têtes de poissons marinées dans de l’eau de mer) qui ont laissé à
certains des souvenirs indélébiles, notamment sur les papilles gustatives... Le moral de
la compagnie n’a pas été entaché malgré le
rythme soutenu des gardes et des missions,
pas toujours gratifiantes, mais exécutées
avec motivation, dynamisme et application
et ce sur les nombreuses emprises militaires
que compte la Polynésie (Mariani, dépôt de
munitions de Papeari, Taravao...).
Ce séjour a également permis de participer
aux cérémonies de Bazeilles au sein du RIMaP-P et aux fameux « jeux de Bazeilles »
dans une ambiance bon enfant. Les jeux
étaient essentiellement basés sur la force et
l’agilité. La course avec des jerricans sur la
plage de la Pointe Vénus, les « régates » de
pirogues ont démontré la volonté des « métros » de faire aussi bien que les « colos » et
les résultats honorables en témoignent.
La compagnie a eu l’opportunité de participer à la mission MATA’RAA sur l’atoll de Mururoa situé à 5 heures d’avion de Papeete.
Dans des conditions plus précaires, les sections y ont assuré les missions permanentes
de surveillance et d’entretien du site. Les
bras se souviendront longtemps de l’arbre
de fer « l’aïto » ; une section a participé à
une campagne d’abattage (à faire pâlir des
bûcherons canadiens) car certains arbres menaçaient le réseau routier et étaient jugés
dangereux. Cette tâche aura été bénéfique
car elle a permis d’entretenir physiquement
et d’aguerrir les marsouins avant le stage au
centre d’aguerrissement à l’outre mer et de
l’étranger.
Composé de 2 modules (école du franchissement et école du lagon), chacun a pu faire
un bilan de ses capacités physiques et mentales, révéler sa vraie valeur et pour la plupart se dépasser. L’ensemble des savoir-faire
acquis durant ces modules a pu être restitué
lors d’un éprouvant raid synthèse de 48 heures pendant lequel les épreuves se sont succédées : marche, descente en rappel, prise à
partie, réaction aux embuscades, infiltration
sur l’île de Mooréa.
Les esprits resteront longtemps marqués par
la progression durant toute une nuit de la
compagnie sur des embarcations « 6 hommes » ! Malgré le stress et la fatigue, les
bruits et cris inquiétants, la mission de reconnaissance a été remplie avec succès.
La mission de la 2e compagnie PROTERRE fut
riche et dense, les activités et services nombreux et ce sous des auspices favorables puisque l’ensemble de la projection du 2e esca-
“
chacun a pu faire
un bilan de ses
capacités physiques
et mentales,
révéler sa vraie
valeur et pour
la plupart se
dépasser.
dron s’est déroulé pendant « l’hiver tahitien »
(25 à 29° C). La compagnie n’a pas eu à subir
de tempête tropicale durant son mandat mais
a tout de même participé à un exercice « CYCLONEX » trois semaines avant son départ où
elle a été mise en situation. Un exercice régimentaire est en effet organisé une fois par an
pour permettre de mesurer les difficultés que
peuvent engendrer le passage d’un cyclone,
de contrôler l’acquisition des bons réflexes du
personnel et vérifier le matériel à déployer
comme les motopompes.
Enfin, un nombre important de personnels
a eu l’opportunité de pratiquer, dans le cadre d’activités sportives, le « va’a », pirogue
traditionnelle polynésienne équipée d’un
balancier ou encore de s’adonner aux joies
de la plongée sous-marine. Les cadres et les
militaires du rang du 2e escadron du 516e RT
sont rentrés fatigués en métropole mais enrichis d’une expérience nouvelle, la tête pleine
d’images et de souvenirs et ont rapidement
repris les routes de France pour assurer leurs
missions de logisticiens.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
PAR LE LCL DUVAL,
CHEF BOI DU 519e GTM
u 1er avril au 10 mai 2012, le 519e
GTM a participé à l’exercice Gulf
2012 aux Émirats Arabes Unis
(EAU). Cet exercice conjointement organisé par la France et les EAU
a réuni près de 1800 militaires dont 1100
déployés depuis la France.
En réalité, pour le 519, l’exercice a commencé dès le début du mois de mars car
un district de transit interarmées maritime (DiTIM) a été activé à Toulon pour
accueillir le matériel prévu pour être embarqué sur l’ARK FORWARDER, navire affrété pour l’occasion. Quatre TSM (train
spécial militaire) ont été nécessaires pour
acheminer les quelques 200 véhicules et
60 conteneurs jusqu’à la plate-forme de
projection de Toulon.
Les 19 et 20 mars, le navire a été chargé de ces matériels avec notamment, 26
chars Leclerc, 3 chars de dépannage, 2
VPC (VBCI en version PC) avant de rejoindre Djibouti où de nouveaux matériels
ont complété ce chargement le 1er avril.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
“
Cet exercice
a permis au 519
de déployer pour
la première fois
depuis 2006
sa structure
de PC SPOD.
Cet exercice a permis au 519 de déployer
pour la première fois depuis 2006 sa
structure de PC SPOD. En effet, l’une des
missions majeures du régiment consiste à
assurer le commandement et l’armement
d’un SPOD dans le cadre d’une entrée en
premier dans un contexte national ou
multinational.
présenter aux autorités militaires présentes les missions spécifiques du 519 dans le
cadre d’une entrée en premier. Le navire
affrété a été déchargé les 7 et 8 avril à
Abu Dhabi où un détachement de transit
interarmées maritime (DéTIM) aux ordres
du PC SPOD a été activé, puis rechargé les
7 et 8 mai après la fin de l’exercice.
Ainsi, en s’appuyant sur le thème de Gulf
2012, un PC SPOD a été activé à Abu
Dhabi. Même si la structure de ce PC était
extrêmement réduite, l’exercice a permis
au régiment de s’entraîner dans un environnement interarmées réaliste et de
Le navire affrété était de retour à Toulon pour y être déchargé les 27 et 28 mai.
Pourtant, l’exercice s’est réellement terminé pour le 519e GTM le 8 juin 2012 avec
le départ du dernier TSM transportant le
matériel ayant participé à l’exercice.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
1
“
Se souvenir,
mettre à l’honneur,
mais aussi innover
et surprendre :
tels ont été les
maîtres-mots qui
ont présidé à la
préparation et
au déroulement
des festivités
de commémoration
du 205e anniversaire
de la création
de notre Arme.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
PAR LE LCL GIRAUD,
OFFICIER CULTURE D’ARME
Cette année, le général Etienne,
nouveau Père de l’Arme, avait tout
d’abord tenu à rassembler le maximum de tringlots autour de l’Étendard de
l’Arme et lancé par conséquent des invitations
vers tous ceux qui servent ici et là en dehors
de nos formations. Nombreux furent ceux qui
ont répondu à cet appel. La participation active de l’état-major et des personnels de la 1re
brigade logistique, pourtant en Espace d’Entraînement Brigade à la Courtine, a de plus
assuré le succès de ces journées qui ont débuté par les assises du Train et l’information
des officiers généraux (2 S) (photos 2 et 3).
Première nouveauté 2012
Au soir du 22 mars, le traditionnel concert,
offert par la musique du 1er RTP au profit de
la CABAT, s’est déroulé en ville, dans la prestigieuse et monumentale salle « Duc Jean »
aimablement prêtée par le conseil général
du Cher (photo 4).
Le lendemain, la non moins traditionnelle
cérémonie du souvenir au monument aux
morts du Train était l’occasion, parmi nos
morts de tous les conflits, de rendre un hommage particulier d’une part à nos très grands
anciens de la Grande Armée, qui ont pour
beaucoup péri dans l’hiver russe de 1812 au
service de leurs camarades, et d’autre part à
2
3
4
nos anciens de la 101e compagnie du Train
qui se sont illustrés il y a 70 ans en soutien de
la 1re BFL à Bir Hakeim (photo 5).
Une arrivée en force du RSC
au sein de l’Arme
Pour se faire connaître et marquer de belle façon sa première participation à la fête
de l’Arme, le régiment de soutien du combattant (RSC) nous avait fait l’amitié de déployer un certain nombre de ses matériels :
remorque-douche, remorque de soutien section, tente de démonstration « protection
contre les effets balistiques » et surtout une
unité mobile de boulangerie de campagne
(UMBC). Cette dernière, armée par la sympathique équipe de l’adjudant-chef Bileulou,
a œuvré la nuit du 22 au 23 mars pour fabriquer les petits pains du repas de cohésion
et, assisté du personnel du cercle, offrir aux
participants à la cérémonie du souvenir un
délicieux café-brioche (photos 6 et 7).
5
Train magazine / n°16 / décembre 2012
6 7
Une prise d’armes pleine de rigueur
Le général Etienne, commandant l’école du
Train, présidait cette cérémonie, accompagné du général de division Houdinet, adjoint
soutien du général commandant les forces
terrestres, du général de division Rivault,
chef d’état-major de l’état-major interallié
stationné à Madrid, du général Coqueblin,
commandant les EMB et l’école du Matériel,
du général Jacquement commandant la 1re
Brigade Logistique, du général de division
(2S) Rémondin, président de la FNT, et du
général de brigade aérienne Boussard, commandant le Centre Multimodal des Transports. Malgré la disparition de l’ordre de bataille de nos bases et bataillons de soutien,
les troupes aux ordres du colonel Chauffour
et renforcées par le RSC ont eu à cœur de se
présenter au public de belle manière et ont
clos la cérémonie en défilant de manière irréprochable (photos 1,8 et 9).
9
ritime (519e GTM). Il a enfin évoqué le lâche
assassinat, quelques jours plus tôt, de notre
camarade du 1er RTP : le maréchal des logischef Ibn Ziaten Imad (photo 10).
10
8
L’Ordre du Jour du Père de l’Arme
Après avoir mis en exergue le dévouement
et les sacrifices de nos anciens durant plus
de deux siècles, le général Etienne a ensuite
salué la compétence et le courage de tous
ceux qui ont servi le 517e RT, qui a roulé son
étendard en mai dernier. Il a ensuite accueilli
dans nos rangs le régiment de soutien du
combattant et le 519e groupe de transit maTrain magazine / n°16 / décembre 2012
1112
Mise à l’honneur du 519e GTM
Pour marquer solennellement l’arrivée de sa
nouvelle unité au sein de l’Arme, le colonel
Gilistro a souhaité que cinq de ses personnels
soient décorés sur le front des troupes de la
médaille commémorative française, agraphe
« Lybie » (photo 11).
Dernière présence du 517 à la fête de l’Arme
Un TRM 700-100 chargé d’un VBCI trônait en
fond de tableau au milieu de la place d’armes, rappelant aux participants que « le régiment du million d’éléphants » roulerait très
prochainement son Étendard (photo 12).
Participation remarquée du 1er RTP
Cette année encore, le 1er RTP a contribué
pour une bonne part à la réussite de la fête
d’Arme. C’est d’abord sa musique qui, outre
le concert de la veille, a non seulement assuré
l’animation de la prise d’armes, mais surtout
régalé les spectateurs à l’issue en présentant une animation musicale de haute volée.
C’est ensuite une équipe de parachutistes
qui a effectué sur le fond de ciel bleu azur
d’une météo particulièrement clémente, un
saut de précision sur la place d’armes (photos
13 et 14).
Les lieutenants de la DA
particulièrement actifs
La division d’application, non contente de
trouver dans ses rangs l’émérite cavalier pour
tenir le rôle de l’Empereur, a pris l’initiative
à l’issue de la prise d’armes de faire une magnifique haie d’honneur aux autorités et à
tous les participants, en costumes Train du
second Empire (photos 15 et 16).
Ravivage de la flamme à l’arc de Triomphe
Le 26 mars au soir, c’est en plus petit comité
que la DA, le général Etienne et des délégations de cadres de nos formations accompagnaient les anciens de la FNT pour la
traditionnelle cérémonie de ravivage de la
flamme (photos 17 et 18).
13
14
15
16
17
18
Train magazine / n°16 / décembre 2012
PAR LE LCL GIRAUD,
OFFICIER CULTURE D’ARME
lors que s’achèvent à l’été 2012 les
dernières mesures de réorganisation, le général Patrick Etienne,
commandant l’école du Train, a entamé une
première série de visites dans les régiments,
dans les CIEC placés directement sous sa responsabilité, mais aussi auprès de nos associations d’anciens.
C’est donc en Père de l’Arme qu’il s’est rendu
successivement dans les CIEC de Sissonne et
Mourmelon le 6 décembre 2011, au CIEC de
Montlhéry et au 121e régiment du Train les
10 et 11 janvier 2012.
Les 15 et 16 janvier, c’est le régiment de soutien du combattant (RSC), fraîchement intégré dans l’Arme, qui recevait sa visite à Toulouse, visite prolongée chez le doyen de nos
officiers généraux, le Gal (2S) Bruch, avec qui
il a pu échanger son expérience de commandant de l’école du Train(1).
Ce seront ensuite les 30 et 31 janvier le 503e
régiment du Train fraîchement installé à Nîmes-Garons, puis le 517e régiment du Train
et le CIEC de Châteauroux qui recevront le
Père de l’Arme le 7 février 2012.
Dans la foulée, les 8 et 9 février, le général
Etienne profitait du fait que le 1er régiment
du Train parachutiste de Cugnaux recevait
l’assemblée générale de la FNT pour le visiter et rencontrer le bureau de la FNT.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
En visite au RSC
Les 15 et 16 février suivants, le général poussait jusqu’à Toulon pour rencontrer le personnel du 519e groupe de transit maritime
(GTM), récemment redéployé sur la base navale de Toulon.
À l’issue de la fête du Train à Bourges, le
Père de l’Arme répondait à l’invitation de la
dynamique amicale du Train de la Meuse de
participer à son AG les 30 et 31 mars.
Le 9 mai, le général avait le plaisir de constater au 511e RT d’Auxonne comment avait
évolué le régiment qu’il a commandé il y a
quelques années, avant de visiter le lendemain le dernier des 5 CIEC, celui de La Valbonne.
Le 1er juin, le Père de l’Arme accompagnait à
Châteauroux les hommes et femmes du régiment du « Million d’Éléphants » qui assistaient au roulage de leur Étendard.
Chez son Grand Ancien, le général (2S) Bruch
Le général clôturait enfin ce semestre de déplacements vers les femmes et les hommes
du Train en effectuant deux séjours auprès
de ses lieutenants présents au camp interarmes des divisions d’application (CIADA).
L’ensemble de ces visites a d’abord permis de
resserrer les liens, d’une part avec les associations d’anciens, d’autre part entre les formations du Train et leur école, de mieux cibler
ensuite les besoins en formation des unités.
Les visites dans les CIEC ont enfin permis de
démontrer au personnel de ces derniers,
malgré l’éloignement de la portion centrale, l’intérêt porté par le général aux métiers
de la conduite et aux formations dispensées
dans les centres.
Le général Etienne préside la prise d’armes
rassemblant au 1er RTP les participants
à l’AG de la FNT
Au 519e GTM
(1) Le général (2S) Gaston Bruch est l’un de ses illustres prédécesseurs, ancien directeur de l’instruction de l’EAT à Tours,
puis commandant en second de 1957 à 1960 avant de prendre le commandement de l’école de 1965 à 1967. Admis en
deuxième section en mars 1969, il s’est retiré à Cugnaux près
de Toulouse. Né le 21 mars 1911, il a fêté ses 101 ans juste
avant la dernière fête du Train.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
PAR LE LCL GIRAUD,
OFFICIER CULTURE D’ARME
e 12 avril dernier, comme tous les
ans, les EMB ont rassemblé les officiers traditions des unités du Train et
du Matériel pour une journée d’information.
Cette activité s’est cette fois-ci déroulée en
ville dans le cadre plus prestigieux de la salle
du 95e de ligne, dans les locaux de la Délégation Militaire Départementale du Cher, où
ils ont été accueillis par le général Etienne,
Père de l’Arme.
Le commandant Récamier, conservateur du
musée du Matériel, a ensuite rappelé à l’as-
sistance l’organisation de la chaîne « traditions » et les fondamentaux du « métier » de
responsable des traditions et du patrimoine
d’un corps.
À l’issue d’un sympathique buffet-debout riche en échange d’expériences, chaque Arme
a déroulé en décentralisé des activités équivalentes:
présentation de l’association des Amis du
Musée et de l’Arme du Train par son président, le général (2s) Bourgin ;
présentation de la Fédération Nationale
du Train par son président, le Gdi (2s) Rémondin, qui a en particulier exposé les actions envisagées par son association dans le
cadre des commémorations à venir du centenaire de la Grande Guerre et en particulier
celui de la Voie Sacrée ;
présentation des dossiers Patrimoine-Traditions en cours par l’officier culture d’arme.
Après le mot de clôture prononcé par le
général Coqueblin, commandant les EMB,
les participants ont pu visiter notre musée
et nouer avec le major Jeanselme, conservateur-adjoint pour le musée du Train, les
contacts nécessaires concernant leurs activités traditions en cours.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
PAR LE LTN NOWAKOWSKI,
CHEF DU PCR 2, ECR 515e RT
e 2e peloton de circulation routière
du 515e régiment du Train a pris part
à la phase dynamique de l’exercice
NAWAS 2012 entre les 17 et 24 mars derniers.
Cet exercice interalliés consistait en la mise
en œuvre dynamique d’un groupement tactique de l’artillerie sol-air (GTASA) entre la
région toulousaine et le camp de Biscarosse.
Le fuseau de plus de 250 kilomètres de long
et 150 de large offrait un terrain de manœuvre approprié au déploiement du dispositif.
Sous les ordres du 54e régiment d’Artillerie,
le GT était renforcé de batteries ou de sections SATCP (Sol-Air Très Courte Portée, MISTRAL) du 35e RAP, du 68e RAA, du 3e RAMA
ou encore de l’armée belge, et surtout, pour
la première fois, de deux sections SAMP/T
(sol-air moyenne portée terrestre) de la composante défense sol-air de l’armée de l’Air.
Le peloton en PVP a été placé sous les ordres
du LCC (Land Component Command-Commandant de la Composante Terrestre), qui l’a
détaché sous TACON (Tactical Control, détachement pour emploi) du chef du GTASA. Les
missions des circulateurs se sont principalement concentrées sur la reconnaissance tactique et technique de points d’implantation à
priori difficiles, sur les bascules quotidiennes
des postes de commandement régimentaire
et surtout sur celles des sections SAMP/T. Les
procédés d’action principalement retenus
ont été une combinaison entre dispositif dynamique et statique. Les rames aux dimensions les plus contraignantes bénéficiaient
d’un accompagnement par des éléments de
circulation et passaient sur les itinéraires dont
les points les plus problématiques étaient tenus par du personnel habilité du peloton.
Ces procédés ont permis, et ce malgré des
élongations pouvant atteindre plus de 80 kilomètres et des détachements de plus de 50
véhicules, d’acheminer les éléments en toute
sécurité et dans les délais les plus brefs, leur
permettant ainsi d’assurer la sûreté anti-aérienne sur la zone de responsabilité.
Enfin, le peloton a appuyé l’accès au camp de
Biscarosse de plus de 250 véhicules du dispositif et les a accompagné sur leurs positions
de tir. Les artilleurs ont ainsi pu mener une
campagne de tirs réels, marquée par la passation de compétence « moyenne portée »
entre les Hawks du 402e RA, qui ont tiré pour
la dernière fois et leurs successeurs SAMP/T
de la BA de Mont-de-Marsan, passation donc
entre terriens et aviateurs.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
PAR LE LTN POTTIER,
OFFICIER COMMUNICATION 1re BL
u 12 mars au 6 avril 2012 s’est déroulé sur le camp de La Courtine l’espace d’entraînement brigade (EEB) de
la 1re BL. Près de 3000 militaires de la brigade
et plus de 750 véhicules étaient présents pour
cette manœuvre annuelle d’envergure.
Pour le général Jacquement, commandant la
brigade, l’engagement opérationnel constitue la finalité du métier de soldat. Les EEB
sont donc pour lui une occasion privilégiée
d’aller à la rencontre des formations de la
brigade et d’en évaluer le niveau de préparation opérationnelle. La 1re brigade logistique s’impose naturellement comme intégrateur de la préparation opérationnelle des
différentes composantes du soutien et de la
logistique opérationnelle, en ambiance interarmes, interarmées, interservices et multinationale. Ainsi ont participé à cet EEB, une
unité du 2e régiment de dragons NBC, une
unité de la base pétrolière interarmées de
Chalons sur Saône ainsi que les écoles militaires de Bourges dans le cadre des actions
de partenariat.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
L’EEB 2012 a regroupé trois grandes familles
d’activités.
La première famille a renforcé la capacité
« Command and Control » (C2) de la brigade
au travers des exercices de déploiement de PC
qui permettent de poursuivre l’effort en matière de numérisation de l’espace de bataille
(NEB): GSD (groupement de soutien divisionnaire) pédagogique le 21 mars , évaluation de
PC régimentaire (ANTARES) du 515e RT, évaluations NEB du régiment de soutien du combattant et du régiment médical, certification
NEB du 121e RT. La cellule EVAC INFO (cellule
« évacuation information » d’enregistrement
des ressortissants) du CRER (centre de regroupement et d’évacuation de ressortissants) a
été déployée à l’arrivée au camp pour la phase d’« in processing », comme on le fait sur un
théâtre d’opérations. Un état-major tactique
appui mouvement et des pelotons de circulation ont été déployés pour faciliter les déplacements aller-retour des convois.
La seconde famille d’activités a permis de
poursuivre les efforts en matière d’instruction spécialisée : stages de secourisme au
combat, moniteurs de tir, TIOR (techniques
d’intervention opérationnelles rapprochées),
MATSH (matériel soutien de l’homme), rallye
motocyclistes, exercice de balisage, exercice
NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et
chimique) et rallye MICAT (missions communes de l’armée de Terre).
La dernière famille a permis de renforcer la
cohésion de la brigade par le biais de challenges sportifs (parcours de tirs, raid orientation, parcours combat en localité, cross brigade, sans oublier la fête du Train).
L’EEB 2012, temps fort de préparation opérationnelle de la 1re brigade logistique s’est
inscrit dans la logique « capacité d’entrée en
premier de la 1re BL sur un théâtre d’opérations ». C’est le fil conducteur de l’année 2012
qui s’achève avec le contrôle opérationnel
du PC de la brigade en octobre lors de l’exercice Citadel Guibert. À cette occasion, l’étatmajor, qui n’a pas été évalué depuis 2004,
est déployé en configuration GSIAT (groupement de soutien interarmées de théâtre).
Train magazine / n°16 / décembre 2012
PAR LE CNE DEMOLLE,
BUREAU OPÉRATIONS INSTRUCTION DU 121e RT
groupement de circulation routière placé
sous les ordres du CRR-FR. Il était chargé plus
particulièrement de faciliter les mouvements
de la force entre les plots de débarquement
(APOD, SPOD) et la zone de déploiement.
Co-localisé avec le MTCC (mouvement transport coordination center) du G4 du CRR-FR,
cet exercice a notamment permis de montrer
toute l’importance et l’utilité de disposer de
moyens de circulation routière dans ce type
d’opération.
lacé aux ordres du lieutenant-colonel Depré, chef du BOI du 121e RT,
le CMO/MVT (centre de mise en œuvre mouvement) a participé à l’exercice Citadel Guibert 2011 qui s’est déroulé du 27
novembre au 9 décembre 2011 au Training
Center de Sennelager (Allemagne). Basé sur
le thème de l’entrée en premier d’une force
d’interposition dans un pays d’Afrique, cet
exercice avait notamment pour objectifs
l’entraînement du corps de réaction rapideFrance (CRR-FR) et l’évaluation opérationnelle de l’état-major des forces (EMF1). Le
CMO/MVT y a joué son rôle d’état-major d’un
Train magazine / n°16 / décembre 2012
En dépit de quelques problèmes techniques
qui n’ont pas permis de pouvoir utiliser tout
le potentiel des moyens SIC, le personnel armant le CMO/MVT a pu se familiariser avec
un environnement multinational et parfaire
ses connaissances linguistiques notamment
grâce à des relations étroites et cordiales
avec leurs homologues du CRR-FR.
S’occupant principalement jusqu’à présent
de la montée en puissance et de la gestion
des mouvements dans le cadre de l’opération « 14 Juillet », ce premier exercice pour
le CMO a permis de démontrer toute l’étendue de ses capacités et augure d’une participation active aux exercices nationaux et
multinationaux à venir.
PAR LE CNE DEMOLLE,
CHEF DE CELLULE EMT/CIRCU, 121e RT
e CMO (centre de mise en œuvre)
mouvement (MVT) du 121e RT a été
désigné par la 1re brigade logistique
(BL) pour armer un EMT (état-major tactique)
dont la mission était d’appuyer les mouvements des unités au cours de l’espace d’entraînement brigade du 12 mars au 5 avril 2012.
Après un déploiement en avance de phase
afin de préparer l’arrivée des troupes en
liaison étroite avec l’UVL (unité vie logistique), les circulateurs ont accueilli les formations et les quelques 600 véhicules entre le
12 et le 15 mars, les ont dirigé vers la zone
des pleins et leur ont indiqué leur parking
respectif. Le dispositif (fléchage et renseignement entre Ussel, Aubusson et La Courtine) mis en place au nord et au sud du camp
permettait d’assurer le respect des itinéraires et des crédits de mouvements.
Par la suite l’EMT et ses pelotons ont réalisé
un exercice balisage de nuit de 6 km où près
de 200 véhicules et 500 personnels ont pu
tester la conduite de nuit en « black out ».
De mémoire de circulateur, cela faisait bien
longtemps qu’un balisage de cette ampleur
n’avait pas été réalisé. Après diverses missions confiées par l’EM de la BL (dont des
contrôles radar aux résultats heureusement
négatifs), les circulateurs ont commencé à
préparer le départ de l’ensemble des unités.
À compter du 2 avril, les unités ont pu regagner leur garnison en bon ordre et dans
les délais impartis, dans le strict respect du
TQMT (tableau quotidien des mouvements
et transports).
En conclusion, cet EEB a été un excellent
moyen de faire travailler les fondamentaux
« métier » des circulateurs et les usagers ont
été unanimes quant à la qualité du travail
accompli. Les circulateurs travaillent souvent
dans l’ombre, notamment dans les coulisses
du défilé du 14 juillet. Mais à La Courtine, ils
ont été vus et leur travail reconnu.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
PAR Mme SANDRA CALDERON,
ADJOINT COMMUNICATION DU 503e RT
Le 17 janvier 2012, le 503e RT a accueilli les premiers éléments, matériel et personnel, de l’équipe Enduro
de l’armée de Terre-Fédération française de
motocyclisme (EEAT-FFM). Cette équipe de renommée internationale, composée de sportifs
de haut niveau de la Défense, a été définitivement intégrée au 503 dès le 6 février 2012.
L’enduro est une compétition de motocyclisme particulièrement exigeante, épreuve d’endurance et de régularité en terrain varié.
L’escadron de circulation routière (ECR) a
tenu à participer particulièrement à l’accueil
des « motards », en plaçant leurs véhicules
-PVP et motos CAGIVA- de chaque côté du
camion de démonstration de l’EEAT-FFM et
en échangeant des discussions techniques
entres pilotes motocyclistes passionnés, admiratifs des belles mécaniques Enduro.
L’EEAT-FFM, créée en 1995, est composée
d’une équipe d’encadrement de 4 personnes
dont l’entraîneur national FFM, de 5 mécaniciens et de 4 pilotes. Ces militaires, volontaires
ou engagés de l’armée de Terre, se sont disTrain magazine / n°16 / décembre 2012
tingués tout au long de l’année en étant sur
de nombreux podiums français et internationaux. Ainsi, deux de ces pilotes ont représenté
l’équipe de France et ont permis à l’EEAT-FFM
de ramener en 2011, en Finlande, son sixième
titre de champion du monde par équipe.
L’installation effective de l’équipe a donc eu
lieu courant février. Engagée en permanence à l’étranger sur différentes compétitions,
telles que le Chili et l’Argentine en mars-avril
2012, son point de chute se situe au camp
militaire des Garrigues où elle dispose d’une
installation adaptée et réglementée.
Pour marquer l’arrivée de l’équipe Enduro
de l’armée de Terre au sein du régiment, une
cérémonie a eu lieu le lundi 27 février 2012,
durant laquelle l’armée de Terre, la Fédération française de motocyclisme et le 503e régiment du Train ont présenté officiellement
l’équipe aux nombreuses autorités civiles et
militaires ainsi qu’aux personnalités régionales et nationales du monde sportif. Les
maires des communes avoisinantes, les élus
délégués aux sports, le général Windeck,
commandant la 6e brigade légère blindée,
les présidents de ligues et clubs motocyclistes
de la région, d’anciens pilotes de l’EEAT-FFM
ont assisté à une démonstration des pilotes
ainsi qu’à une mise en situation « en réel » de
l’intervention des mécaniciens.
La matinée a continué par la coupe symbolique du ruban, par le général Jacquement,
commandant la 1re brigade logistique, représentant le chef d’état-major de l’armée de Terre, avec Monsieur Bolle, président de la Fédération française de motocyclisme et le colonel
Santoni, chef de corps du 503e RT, marquant
ainsi l’intégration de l’EEAT-FFM au régiment.
À l’issue des discours, l’adjudant-chef Pineau,
chef de l’équipe, s’est vu remettre une lettre
de félicitation du chef d’état-major de l’armée de Terre, saluant les excellents résultats
obtenus lors de ces douze années de service
au sein de cette équipe. En outre, le conducteur de 1re classe Queyreyre a reçu la médaille
de la défense nationale échelon bronze, à
titre exceptionnel, pour son palmarès 2011
avec l’acquisition de son titre de champion
du monde remporté avec l’équipe junior de
la sélection France, lors de la 88e édition de
l’International 6 days Enduro.
La cérémonie s’est achevée par la signature
de la convention entre l’armée de Terre et la
fédération française de motocyclisme.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
PAR LE CNE DE CHASTELLUX,
OFFICIER TRAITANT BOI / 515e RT
0% de la population mondiale vivra
en ville en 2030. Après la fermeture du
théâtre afghan d’ici 2 ans, des déploiements du volume d’un groupement tactique
interarmes (GTIA) autonome sur un théâtre
d’engagement outre-mer pourraient devenir
monnaie courante. Ces deux éléments militent
pour le passage des escadrons de RTRS au centre d’entraînement au combat en zone urbaine
(CENZUB), articulés en sous-groupement logistique et travaillant au profit d’un GTIA.
Dans cet esprit-là, le 2e escadron du 515e RT
a effectué une rotation à Sissonne en coordination avec le 35e régiment d’Infanterie. De
nombreux enseignements (ré)apparaissent
à la fin d’une telle activité. Le document de
référence, rédigé par feu la 2e brigade logistique mérite d’être revu, complété et validé
par le centre de doctrine d’emploi des forces
(CDEF). Le sous-groupement logistique doit en
effet être autonome en ce qui concerne la sûreté de ses installations et de ses convois face
à une menace de niveau 2. Par voie de conséquence, le renforcement par deux sections
Proterre, un détachement cynotechnique et
un élément d’appui Génie pour l’organisation
du terrain semblent un minimum. Deux pelotons de circulation routière permettraient en
outre d’assurer toutes les escortes : convois
planifiés, missions urgentes inopinées (VIP,
EVASAN) et bascules d’implantations.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
Au cours de cet exercice, des adaptations innovantes ont permis de faire face aux différentes menaces, comme par exemple inclure
un ou deux groupes Proterre dans des VAB
pour donner, si nécessaire, une capacité de
réaction face à une foule hostile ou un obstacle. Les facteurs de réussite d’un tel exercice
sont notamment la bonne gestion du « battle
rythm » par le binôme CDU/OA et la mise en
œuvre par les chefs de section de l’agressivité
strictement nécessaire face à une menace non
conventionnelle. Dans cet environnement
hostile, l’aguerrissement moral et physique
est bien plus qu’un concept. S’affranchir de
la météo, déceler les forces adverses (FORAD)
en pleine nuit, négocier face à une foule hostile ou désemparée ne s’improvise pas.
Ce passage au CENZUB a été rendu réellement pédagogique par l’excellence du binôme FORAD/analyse après action. Bien loin
des à-priori initiaux, les « 3 ALPHA » enrichies
de vidéos pertinentes ont permis de voir progresser l’escadron durant l’exercice synthèse.
Ces rotations logistiques doivent non seulement perdurer mais être encore plus intégrées dans le jeu d’un CO de GTIA avec appropriation de procédures communes.
PAR LE LCL HUGON,
COMMANDANT EN SECOND DU 503e RT
epuis les attentats du 11 septembre
2001, la guerre contre le terrorisme
ne cesse de présider aux destinées des
unités du 503e régiment du Train. Mais en cette fin d’année 2011, il n’est plus question de
« warning shot » ou de « convoi logistique vers
les FOB ». Il s’agit, dans le cadre de la mission
Vigipirate, de surveiller, d’une part des sites renommés dans Paris et d’autre part les lieux les
plus exposés sur l’aéroport Roissy-Charles de
Gaulle. Chargé d’armer le groupement Rouge, le détachement du 503e RT était composé
de deux compagnies Proterre (l’escadron de
ravitaillement à deux sections et l’escadron de
transport à trois sections) et d’un état-major
tactique. Tous les Tringlots de Nîmes ont pris
la route de Paris le 31 octobre 2011. Durant
la semaine qui a précédé à cet engagement,
le personnel du régiment a suivi une préparation intensive, comprenant principalement
des séances de TIOR et de tir à l’arme de dotation. Par ailleurs, chacun s’est imprégné au
mieux des subtilités de la légitime défense
et de son cadre juridique en métropole. Déployés sur les sites sensibles parisiens et plus
particulièrement dans les lieux de « grand passage » comme les gares, les stations de métro,
la Tour Eiffel ou l’aéroport de Roissy, les hommes et les femmes du « fier 503 » ont abordé
cette MISSINT avec un réel dynamisme et une
farouche détermination. Le particularisme
des sites surveillés nécessite une attention
permanente et une
impérieuse concentration du personnel
lors des patrouilles. Les uns doivent contrôler
l’embarquement des passagers des compagnies israéliennes El Al et Arkia. Les autres,
recherchent les bagages abandonnés et renforcent la police aux frontières afin d’éloigner
les voyageurs en attendant que les démineurs
fassent exploser les colis les plus suspects. Chaque escadron a effectué plus de 6000 km de
patrouilles à pied et côtoyé quelques 10 millions de personnes, visiteurs ou voyageurs.
Vigipirate a également permis à de vrais provinciaux d’approfondir leur connaissance de
Paris, de se divertir en profitant des spectacles proposés, aussi bien le temps d’un match
de football au stade de France, que d’un tour
à Eurodisney ou de la participation à l’enregistrement d’une émission TV. Par ailleurs, la
participation d’une section à la cérémonie de
ravivage de la flamme sur la tombe du soldat
inconnu est considérée comme une mission
annexe. Cependant, le recueillement et le caractère solennel d’une telle activité associée
au souvenir, ont constitué un moment émotionnel très fort, notamment pour les plus
jeunes d’entre nous. Rigueur, concentration
et enthousiasme ont prévalu tout au long de
cette quinzaine durant laquelle les soldats du
« fier 503 » ont démontré de belles qualités
humaines et professionnelles.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
PAR LE LCL GIRAUD,
OFFICIER CULTURE D’ARME
e mercredi 23 mai 2012 à Déols, à
quelques kilomètres de Châteauroux, se sont déroulés la prise d’armes de dissolution et le roulage de l’Étendard du 517e régiment du Train.
C’est la fin d’une énième époque pour le 517e
RT. L’histoire de cette unité aux traditions
prestigieuses est riche de nombreuses dissolutions et transferts de garnisons. Il a déjà
été dissous plusieurs fois : à la Libération, en
Indochine et au Maroc. Recréé à Laon-Couvron, il a ensuite été transféré à Vernon et
enfin à Châteauroux, garnison dans laquelle
il comptait déjà 14 années d’existence.
Cette cérémonie, qui a vu le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Ract Madoux prononcer l’ordre du jour de dissolution du régiment, a été l’occasion de décorer
de la croix de la Valeur Militaire l’adjudant
Lagouche, le maréchal des logis-chef Smis et
le brigadier-chef Jouhanneau qui se sont distingués en Afghanistan.
En effet, sous l’impulsion du colonel Méhu,
son chef de corps depuis deux ans, le régiment a conservé jusqu’au bout sa capacité
opérationnelle en participant aux engageTrain magazine / n°16 / décembre 2012
Train magazine / n°16 / décembre 2012
ments extérieurs et en formant le personnel
des deux escadrons de transport de blindés
destinés respectivement au 503e RT de Nîmes
et au 511e RT d’Auxonne, en vue d’y transférer
des compétences professionnelles intactes.
Roulé pour la dernière fois par le colonel
Méhu, l’Étendard est maintenant transféré
aux Invalides. Son patrimoine le plus prestigieux, comportant en particulier le fameux
« Million d’Éléphants » et les souvenirs du
maréchal des logis-chef Diop tué en Afghanistan le 13 janvier 2010, a été transféré au
musée du Train où il figure en bonne place.
Cette cérémonie de dissolution a enfin été
l’occasion pour le chef de corps de remettre
un chèque de 16 294 euros au général d’armée
Thorette, président de l’association Terre-Fraternité. Ces fonds avaient été récoltés à l’occasion d’un concert interprété par la musique
principale des troupes de marine le 26 mars
2012. Ils sont destinés à soutenir les actions
conduites par Terre-Fraternité en complément
de celles déjà menées par la cellule d’aide aux
blessés de l’armée de Terre (CABAT) au profit
de nos blessés et de leurs familles.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
516e RT / nouvel hommage
au général Bigeard
Ses « petits gars », tringlots du 516, se sont retrouvés tout naturellement en première ligne lors du décès du général Bigeard le 18 juin
2010. Le régiment a depuis poursuivi sa mission, commencée en 1991,
en accompagnant Gaby, sa femme, décédée le 4 juillet 2011 et sa fille
Marie-France. La société d’entraide des membres de la Légion d’Honneur (SEMLH) a organisé au quartier Fabvier le 8 novembre dernier,
la remise du prix « Honneur et Patrie » à cette dernière, en récompense du dernier ouvrage écrit par son père Ma vie pour la France, en
présence du GCA Gobillard et du Professeur Larcan, décédé lui-même
en 2012. Le 516e RT s’est enfin occupé de l’ensemble des souvenirs
militaires du général, en assurant leur transfert vers le Musée des Armées et le Service historique de la défense. En remerciement de son
accompagnement fidèle, le régiment s’est lui-même vu remettre par
Marie-France Bigeard, quelques souvenirs du général.
EMB / « Il n’est jamais trop tard pour
bien faire » : un personnel civil des
EMB à l’honneur
Le 25 mai dernier, M. Patrick Million, adjoint à l’officier communication des EMB, s’est vu remettre par le général Etienne, au nom du
Ministre de l’Intérieur, la médaille de bronze d’honneur pour acte de
courage et de dévouement. Les faits remontent en effet 35 ans en
arrière. Le 8 juillet 1977, au cours des inondations du Gers, le brigadier-chef (Train) Million, alors en service au 420e bataillon parachutiste de commandement et de soutien, s’est spontanément porté au
secours de sinistrés en compagnie de camarades, à l’aide de canots
pneumatiques et de cordages trouvés sur place. Il a ainsi participé au
sauvetage périlleux de sept personnes et a par ailleurs permis l’évacuation d’une quinzaine de véhicules. La rédaction adresse ses plus
sincères félicitations à ce sympathique et dévoué collaborateur.
1er RTP / remise de décorations
par le CEMAT
Le 21 mai 2012, au 1er RTP, le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général d’armée Ract- Madoux a présidé la cérémonie de remise de décorations à plusieurs
étendards, drapeaux et militaires de la 11e brigade
parachutiste. Pour leur participation à l’opération Harmattan en Libye en juin 2011, au cours de laquelle ils
ont réalisé des missions de largage de nuit, sous menace sol-air omniprésente, huit sous-officiers et militaires
du rang du 1er RTP ont reçu la croix de la valeur militaire : l’adjudant-chef Philippe Lamouroux, les adjudants
Jimmy Ferry et Jérôme Lecoquierre, les brigadiers-chefs
Stéphane Bastin, Cyrille Clausse, Jérôme Lamoly, JeanChristophe Tardivel et le brigadier Guillaume Lesieur.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
503e RT /
Prise de commandement
de la 2e compagnie
du 33e RIMa
Le 19 janvier 2012, l’escadron de ravitaillement du
503e régiment du Train, commandé par le capitaine
Breynaert, a eu l’honneur et le privilège de se voir
confier, pour quatre mois, par le Colonel Poisbeau,
chef de corps du 33e Régiment d’Infanterie de Marine, le fanion de la 2e Compagnie (les Serpents) du
régiment.
Ces quatre mois sont passés à vitesse « grand V », puisque
la compagnie a immédiatement enchaîné les évaluations initiales combat MICAT, une mission de souveraineté sur l’île de Marie-Galante, le CAOME, et participé
fin mars à un échange bilatéral avec La Barbade.
Les deux sections, commandées respectivement par le
lieutenant Gonzalez et l’adjudant Bruel, ont donc eu
l’occasion de parfaire leur maîtrise du combat MICAT,
mais aussi de profiter des multiples moyens mis à leur
disposition (PUMA, BATRAL, parcours nautiques et
jungle…). Nul doute que ce séjour dans la couronne
des Antilles a été très profitable à l’escadron !
Stage commando CAOME au 33e RIMa en Martinique :
ROUGE 2 en impose !
Voilà maintenant cinq semaines (du 27 février au
7 mars 2012) que la 2e section de la 2e compagnie
(Rouge 2) a foulé les terres de l’île aux fleurs. Mais
au matin de ce lundi 27 février, c’était une toute
autre terre que Rouge 2 a foulé. En effet, le stage commando débute. La première semaine s’est
déroulée sur la côte atlantique, avec toutes les
activités en milieu aquatique qu’offre la commune de Le François. De nombreux parcours, aussi
bien individuels qu’en groupe, ont agrémenté
les journées comme les nuits. Nous avons pu goûter aux joies du kayak, du zodiac, mais surtout au
plaisir des bains de boue dans la mangrove. Après
un cours week-end de récupération, les pistes
d’audace du fort Desaix mais surtout la forêt de
Bouliki nous ont ouvert leurs portes. Les activités
telles que brancardage, embuscade, surveillance,
infiltration, exfiltration, douche en rivière et vie
en forêt ont rempli largement cette seconde semaine. Après une dernière marche vers Colson
et un vol en Puma, Rouge 2 en a terminé avec
le stage d’aguerrissement outre-mer. La section
a démontré toute sa force et sa détermination à
faire face aux épreuves les plus difficiles, en obtenant 96 % de stagiaires brevetés.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
519e GTM / Les soldats de
la Jonque sur la Promenade
des Anglais
À l’occasion de la célébration de la Fête Nationale, le 519e groupe de transit maritime a participé
à la cérémonie organisée par la ville de Nice. Présent pour la première fois dans la métropole niçoise, un peloton portuaire du
519, aux ordres de l’adjudant
Messmer a défilé sur la Promenade des Anglais, aux côtés
d’autres unités de l’armée de
Terre telles que le 3e RAMA
et l’EAALAT. Implanté depuis
le 1er juillet 2011 dans le sudest de la France, le 519e GTM
a ainsi affirmé, par sa participation, son attachement à la
région Provence Alpes Côted’Azur et a permis aux Niçois
de découvrir une unité unique
dans les armées.
Capitaine TOLME Benoît
Officier Supérieur Adjoint
du 519e Groupe
de Transit Maritime.
1er RTP / Une saison de
compétitions sportives pour
la garnison de Toulouse
Le personnel de la garnison du Toulouse et
du 1er régiment du train parachutiste aura
laissé sa trace dans plusieurs compétitions de
la saison 2011-2012. Au football tout d’abord
où l’équipe garnison de Toulouse a remporté
le championnat Promotion Honneur Football
Entreprise de la ligue Midi-Pyrénées. Sur les
26 rencontres de la compétition, l’équipe a
remporté 17 matchs contre deux défaites et
sept matchs nuls. Au rugby l’équipe garnison
de Toulouse, s’est classée 2e du championnat
de France militaire. Enfin, le maréchal des logis Morgane Lohézic a été sacrée championne
de France militaire de judo. De quoi encourager nos sportifs qui ne comptent pas en rester
là. L’équipe de football va entamer l’entrée
en Division Honneur, le plus haut niveau régional du football entreprise. Quant au MDL
Lohézic, une autre compétition a eu lieu en
Slovaquie pour un tournoi international militaire de judo en août et septembre 2012.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
Nos armées ont commémoré le 8 mai dernier le 70e anniversaire des combats de Bir Hakeim
à l’occasion desquels la 101e compagnie automobile, unité de soutien de la 1re BFL s’est
particulièrement illustrée. Cette unité a été formée en juin 1940 en Angleterre sous la
dénomination de 1re compagnie du Train. Quelques cadres et conducteurs vétérans du corps
expéditionnaire de Norvège et de jeunes évadés de France, dont le plus jeune avait 16 ans
et le plus âgé 20, la composent. Ils seront engagés après une instruction théorique sur le
bateau vers l’Afrique et une formation IEC hâtive au Cameroun et sur les pistes du désert
soudanais. À la formation de la 1re BFL en Palestine, elle prend la dénomination de 101e
compagnie Auto. Elle va participer en soutien de cette division à tous les combats de la
libération jusqu’au 8 mai 1945. Bir Hakeim est son fait d’arme le plus prestigieux.
PAR LE LCL GIRAUD,
OFFICIER CULTURE D’ARME
Les « jeunes » de la 101e Cie Auto
Train magazine / n°16 / décembre 2012
e 27 mai 1942, la compagnie a déchargé à Bir Hakeim les impedimenta et munitions de la brigade et stationne avec l’échelon arrière sur la piste de
Tobrouk, à une trentaine de kilomètres au
nord-est du camp retranché, sous l’autorité
du 4e bureau. Elle compte 4 officiers (capitaine Dulau, commandant la compagnie ; lieutenant Hochapfel, ancien sous-officier vétéran de Norvège ; sous-lieutenant Béziade,
rallié en Syrie ; aspirant Renault, frère du Col
Rémy), 25 sous-officiers et 335 hommes de
troupe provenant pour une bonne part d’Indochine, d’Afrique noire, de Syrie et du Liban et 125 Français de métropole. Parmi ces
derniers : les 80 jeunes évadés de France. Dispersés dans toutes les sections, ils sont l’âme
de cette unité dont le rapport ne nécessitait
Chevrolet 2 ponts de la 101e
pas moins de 5 interprètes. Pour canaliser le
noble élan de ces jeunes impétueux, le commandement, chaque fois que possible, lors
des grands engagements, forme avec eux
provisoirement un ou deux groupes de combat qui s’en vont prêter main forte à leurs
camarades fantassins.
La compagnie a perdu ses vieux Bedford à
bout de souffle au profit de camions Dodge
et Chevrolet. Elle est largement équipée de
moyens de défense antiaérienne et antichar.
Les travaux de défense de Bir Hakeim étant
terminés, la compagnie ravitaille la place
forte « à la demande » en ce qui concerne la
majorité des approvisionnements et quotidiennement en eau. La ration quotidienne,
puisée dans l’unique puits de Tobrouk, a été
fixée par le commandement britannique à 5
litres par homme et par jour. À cet effet, les
Français ont récupéré dans les villes détruites de la côte et sur des épaves abandonnées
dans le désert 7 cuves qui ont été installées
par l’atelier sur les camions de l’unité. Les
tailles et formes très diverses de ces cuves
“
Général Koenig,
sachez et dites
à vos troupes
que toute la France
vous regarde et que
vous êtes
son orgueil »
Charles De Gaulle
Train magazine / n°16 / décembre 2012
Départ en convoi de la 101e
ché. À 7h, lorsque les derniers véhicules du
dispositif logistique quittent in extremis la
zone de bivouac, les chars allemands sont en
vue… À 9h, la compagnie se réinstalle à Bir
El Gobi, 70 km au sud-est de son ancienne
position.
Ce même jour, les forces de l’axe anéantissent deux brigades anglaises dont la 3e brigade indienne. Ne pouvant alimenter en vivres et en eau les 620 prisonniers de cette
dernière, ils seront abandonnés dans le désert et se présenteront à Bir Hakeim épuisés
et mourant de soif. Accueillis à bras ouverts,
ils seront alimentés sur les mêmes bases que
les hommes de la brigade, tout comme les
prisonniers italo-allemands. Cela hypothéquera cependant grandement les réserves
d’eau de la garnison. Mais la division blindée italienne ARIETE a été mise en déroute
par la 1re BFL (35 chars détruits) au prix de…
3 blessés légers.
donnèrent à la compagnie l’opportunité
d’effectuer des perceptions abusives d’eau
malgré la surveillance tatillonne du puits par
les MP anglais.
Le 27 à 6h, l’aspirant Renault revient en toute hâte d’une mission de fléchage d’un itinéraire de repli éventuel de Bir Hakeim vers Tobrouk, distante de 90 km. Il alerte la base sur
la présence à quelques kilomètres de blindés
de l’axe qui ont contourné le camp retran-
Dans la nuit du 30 au 31 mai, un convoi de
50 camions de la 101e compagnie (dont la
1re section commandée par le maréchal des
logis Le Gourierec), escorté par des moyens
antichars de la compagnie et des automitrailleuses anglaises, parvient à franchir les
lignes ennemies pour ravitailler le camp retranché. Il transporte 6000 coups de 75, des
milliers d’obus de DCA pour les canons Bofors, 2 jours de vivres et 5000 litres d’eau. La
La bataille de Bir Hakeim
Train magazine / n°16 / décembre 2012
Base logistique de la 1re BFL : stock de carburant
nuit suivante, le convoi parvient à quitter Bir
Hakeim, chargé des premiers blessés, des 620
hindous de la 3e brigade et de 240 prisonniers
allemands et italiens, mais peine à retrouver
la compagnie dans le désert. Ayant rejoint
cette dernière, les véhicules sont envoyés recharger des munitions d’artillerie.
Dans la nuit du 7 au 8 juin, alors que la garnison tient toujours, une colonne de la 101e Cie,
forte de 80 véhicules aux ordres du lieutenant
Hochapfel, rôde à une trentaine de kilomètres
au sud-ouest de Bir Hakeim pour tenter de
trouver un passage. En vain. Son chef espérait
faire passer à travers les mailles du filet des escouades isolées (deux camions de munitions,
deux de vivres et un d’eau) avec une petite escorte. Les conducteurs sont tous volontaires.
C’est alors que le lieutenant Bellec parvient
à se faufiler hors de la position encerclée
et rejoint la colonne de la 101e. Il pense ne
pouvoir faire le trajet inverse qu’avec 30 véhicules. Il manque à la position surtout du
75, mais aussi du ravitaillement et de l’eau.
À 3h du matin, la colonne est formée, lieutenant Bellec et maréchal des logis Le Gou-
rierec en tête. Les camions de la section de
ce dernier, chargés en particulier d’obus de
75 et conduits entre autres, par Lebon et
Fournier de la Barre, constituent la majorité
du détachement. En franchissant les lignes
allemandes, tous feux éteints, le convoi est
mitraillé, des pneus crevés. Mais grâce à
l’obscurité et à l’effet de surprise, la colonne
parvient à 4h au complet dans Bir Hakeim
où ne subsistaient plus qu’une journée de vivres et d’eau. Les approvisionnements sont
déchargés avant 7h. Personne ne parviendra
plus à forcer le blocus.
Deux camions-citernes permettront d’alimenter la brigade en eau jusqu’au 11 juin avec 2
litres par homme et par jour dont un devra
être donné aux « cuisines ». Ce rationnement
s’avère particulièrement pénible pour des
hommes qui combattent sans répit en plein
soleil dans la chaleur étouffante du désert
en été. Il va également falloir économiser les
munitions puisqu’au lieu des 80 camions attendus, 30 seulement ont pu passer.
Les journées suivantes, les tringlots de la 101e
bloqués à Bir Hakeim et soumis comme tous
Train magazine / n°16 / décembre 2012
Les rescapés du camp retranché après leur sortie de vive force
dans la forteresse à de violents bombardements aériens et tirs d’artillerie, seront amenés à approvisionner les unités sur position.
L’aviation anglaise tente un ravitaillement
par air de nuit mais seulement 70 obus et
170 litres d’eau parviennent aux défenseurs.
Le 10 juin, la situation est critique. Les 3600
hommes de la brigade sont à bout de forces. Contre deux divisions italo-allemandes,
ils devaient tenir 10 jours et en ont tenu 15,
jusqu’à épuisement de leur eau, de leurs vivres et de leurs munitions. Il ne leur restera
en effet, à la fin des combats et en tout et
pour tout, que 22 coups de 75, alors que la
garnison en tirait près de 3000 chaque jour.
Mais ces 15 jours de résistance vont permettre aux britanniques de reconstituer un front
devant lequel, à court d’essence et de munitions, Rommel sera stoppé.
Le général Koenig prend donc la décision
qui s’impose : la sortie de vive force. Dans la
nuit du 10 au 11 juin, les éléments de la 101e
Cie présents dans le camp retranché y participent. Azimut 213 degrés, les camions de la
1re section transportant 200 blessés doivent
sortir en tête des éléments motorisés de la
garnison, sur cinq files de front à travers un
champ de mines de 7 kilomètres, déminé en
principe sur 200 m de large. Mais à minuit,
lorsque les fantassins s’élancent à l’assaut
des lignes ennemies, le Génie n’a pu dégager qu’une étroite bande permettant le passage d’une seule file de véhicules. Toutes les
armes ennemies déclenchent sur elle un feu
d’enfer. Des camions doublent pour tenter
de se frayer un passage plus rapide, sautent
sur des mines, flambent et éclairent dangeTrain magazine / n°16 / décembre 2012
reusement la colonne, déjà illuminée par
la lueur des fusées éclairantes et des balles
traçantes. Contre un triple barrage d’armes
automatiques ennemies, une section de Bren
Carriers de la Légion charge héroïquement
jusqu’à la mort, dégageant un passage. Derrière elle, les camions de la 1re section de la
101e s’engouffrent dans la brèche, sous le feu
ennemi. Leur chef sera tué à sa tête mais ils
parviendront malgré tout à rejoindre à 11km
de là, le point de recueil fixé par la 7e brigade
blindée anglaise, où les attendent 50 véhicules de la 101e. Au cours de cette bataille, la
1re section aura payé son dévouement au prix
de 14 hommes tués ou blessés sur 20 et 9 camions détruits sur 14. Mais l’ultime convoi est
passé, coûte que coûte et les blessés ont pu
être confiés aux ambulances britanniques.
À 5h, après de violents combats, les deux
tiers des effectifs de la brigade sont parvenus à s’exfiltrer. Le 11 juin, 15 camions de la
101e patrouilleront dans le désert et sauveront 192 Français libres égarés.
Au cours de cette bataille, la compagnie
aura perdu un dixième de ses effectifs, tués
ou prisonniers. Quatre de ses braves en particulier ont mérité par leur héroïsme d’être
faits compagnons de la libération :
- le capitaine Dulau, qui a conduit sans relâche durant 4 ans la 101e compagnie de
transport puis le Train de la 1re DFL, depuis
la Grande-Bretagne jusqu’à Strasbourg,
en passant par tous les théâtres d’engagement d’Afrique, du Moyen-Orient, d’Italie
et de France ;
- le maréchal des logis Le Gourierec, tué à
Bir Hakeim dans la nuit du 10 au 11 juin
pendant l’évacuation du camp retranché
alors qu’il guidait hors de la position ses
camions chargés de blessés ;
- le conducteur Fournier de la Barre, qui
s’est distingué lors de cette sortie de vive
force, en extrayant plusieurs blessés dans
des véhicules en flammes et en les chargeant dans son propre véhicule ;
- le conducteur Bouvier, engagé volontaire
à 17 ans, déjà blessé en Syrie et qui, pendant un ravitaillement sur position à Bir
Hakeim, s’est précipité sous un violent
bombardement d’avions en piqué, pour
éteindre le feu de son camion ; grièvement
blessé lors de cette action, il a été amputé
du bras droit sur le champ de bataille(2).
Nulle unité plus que la 101e n’avait mieux démontré qu’un moral élevé est à la base des
grandes réalisations humaines, en particulier
celui de ses 80 jeunes évadés de France. Répartis dans toutes les sections, ils portaient
à bout de bras le moral de l’ensemble de
l’unité, suppléant ainsi largement le manque d’instruction technique et de possibilités physiques. Aux dires du capitaine Dulau,
leur chef : « Ils n’avaient pour tout bagage
militaire que leur bonne volonté et la foi des
hommes jeunes et purs. Ils donnaient une
telle impression de jeunesse et de faiblesse
que le général De Gaulle avait failli les renvoyer en Angleterre. En Erythrée, les vieux
légionnaires chevronnés se demandaient
comment ces gamins français avaient pu tenir le coup. »
Le Col Dulau
(1) Jean-Pierre Dulau participera par la suite à toutes les campagnes de la 1re DFL dont il commandera le train à partir de
1943. Il terminera sa carrière militaire en 1958 avec le grade
de colonel avant d’effectuer une seconde carrière dans le civil. Dernier de nos Compagnons de la Libération, il est décédé
à Vichy en décembre 2009.
(2) Léon Bouvier terminera la guerre comme lieutenant puis
effectuera une belle carrière diplomatique (ambassadeur de
France au Paraguay, au Chili et au Danemark). Grand Croix de
la Légion d’Honneur, Compagnon de la Libération, Médaillé
Militaire, il est décédé en 2005.
Le fanion de la 101e Cie Auto
Train magazine / n°16 / décembre 2012
PAR LE LCL GIRAUD,
OFFICIER CULTURE D’ARME
Non moins héroïque
et particulièrement
bouleversant est le cas
du conducteur Yves Lebon,
tué à Bir Hakheim.
À son sujet,
le général Bourillot
déclarait alors aux EOR
de la Promotion
dans son Ordre du Jour :
« Vous honorez la mémoire
d’un combattant exceptionnel.
Promis à un brillant avenir
et possédant à l’évidence
l’étoffe d’un officier
qu’il aurait dû devenir,
il s’est trouvé entraîné
dans la tourmente
avec une poignée
d’humbles soldats.
Ensemble, ils ont réussi
à rendre son honneur
à la France. »
Train magazine / n°16 / décembre 2012
é à Paris en 1921, Yves Lebon, ancien élève du lycée Louis Le Grand,
est en classe préparatoire aux grandes écoles et suit parallèlement les cours de
la préparation militaire supérieure lorsque
survient la défaite de 1940. Il réussit in extremis à s’embarquer à St-Jean-de-Luz sur un
navire polonais en route pour l’Angleterre.
Parmi les tous premiers à signer un engagement dans les Forces françaises libres (FFL), il
est affecté à la 1re compagnie du Train, prend
part aux opérations menées devant Dakar
puis participe aux campagnes de Somalie,
Erythrée, Syrie. C’est en décembre 1941 qu’il
rejoint la 101e Compagnie Auto, traverse la
Palestine, l’Égypte puis prend part aux opérations de Cyrénaïque et Libye.
À Bir Hakheim, il appartenait à la 1re section
du maréchal des logis Le Gourierec. Durant
les nuits du 30 au 31 mai et du 7 au 8 juin, il
est un des héros, tous volontaires, des deux
convois qui parviennent in extremis à s’infiltrer à travers le dispositif ennemi pour ravitailler la position encerclée.
Le 8 juin, après avoir déchargé son camion
plein d’obus de 75, il se terre dans des trous
pour se protéger des raids de 60 à 130 bombardiers lourds ou stukas qui, 3 à 4 fois par
jour, bombardent le camp retranché.
La 101e avant Bir Hakeim : Yves Lebon est le 6e à partir de la droite
Le 9 juin, vers 13H00, le maréchal des logis Le
Gourierec demande des volontaires pour ravitailler en eau et munitions une batterie de
75 isolée. Sans hésiter, Lebon s’offre avec son
camarade Nury. Au volant de son camion, il
parvient au prix de 3 rotations, à ravitailler
4 des pièces. La 5e se trouve à contre-pente
en pleine vue ennemie. Arrivés à 200 m en
arrière de la pièce, l’explosion d’un obus de
88 à proximité du camion blesse grièvement
Lebon à plusieurs endroits. Nury, indemne,
le retire de son volant et le dépose à terre,
à l’abri dans une tranchée car les tirs allemands redoublent.
Étant parvenu à ravitailler la pièce, le
conducteur Nury retourne au dépôt et revient avec un adjudant porter secours à son
camarade évanoui. Ils le transportent à l’antenne chirurgicale du camp retranché, creusée dans le sable et recouverte d’une toile à
croix rouge. Malgré un diagnostic très pessimiste, le médecin-commandant Durbac tente tout de même une opération dans l’aprèsmidi, en vain.
tués. Les corps étant parfois difficiles à identifier, les victimes de ce raid sont inhumées
dans une tombe commune du cimetière de
Bir Hakeim. Yves Lebon figure parmi eux.
Il n’avait pas encore 21 ans. Excellent musicien, dessinateur et peintre talentueux, il
avait artistiquement peint sur sa camionnette Bedford une carte de France surmontée
d’une croix de Lorraine. En plein désert, il
avait organisé le « Thélème Club » pour gonfler le moral de ses camarades.
Yves Lebon a reçu à titre posthume la Médaille Militaire, la Croix de Guerre 39-45 et
la Médaille de la Résistance.
Stèle commémorative du bombardement du 9 juin
Le 10 au coucher du soleil, les Junker 88
bombardent l’hôpital, pourtant bien visible
et délimité par 4 drapeaux à Croix Rouge.
Une bombe tombe sur le camion-salle d’opération et une autre sur une tente où se trouvaient 20 grands blessés. Une partie du personnel médical et 19 des 20 hospitalisés sont
Train magazine / n°16 / décembre 2012
Les cinq porte-drapeaux présents
PAR LE GAL MALLET,
VICE-PRÉSIDENT DE LA FNT
L’assemblée générale (AG) de la Fédération Nationale du Train s’est
tenue le jeudi 9 février 2012 au 1er
Régiment du Train Parachutiste à Toulouse.
Malgré une température glaciale (-11°), la
soixantaine de participants, venant d’un peu
partout en France, a été accueillie dès 08h00
au foyer « transit » du régiment.
La prise d’armes, présidée par le général
Etienne, commandant l’école du Train à
Bourges et « père de l’Arme », a été l’occasion pour le colonel Fauche, chef de corps du
1er RTP, d’une part de lire un ordre du jour
rappelant la création de l’arme du Train le 26
mars 1807 à Osterode ; d’autre part avec le
général (2S) Rémondin et le représentant de
l’amicale du 1er RTP, de déposer une gerbe
au pied du monument aux morts. Cinq porte-drapeaux étaient présents.
L’AG elle-même s’est déroulée dans le cinéma
du régiment avec tout d’abord un point de situation du général Etienne, sur la restructuration des armées, celle de l’armée de Terre, la
place du Train aujourd’hui et les perspectives
d’avenir. Le président Rémondin présenta ensuite son plan d’action incluant les activités passées, celles à venir et les défis à relever, parmi
Train magazine / n°16 / décembre 2012
lesquels la commémoration du centenaire de
la guerre 14-18, ainsi que l’éventualité d’une
fusion de la FNT et de l’AMAT (association du
musée de l’arme du Train). Puis le secrétaire
général et le trésorier ont présenté les rapports
moral et financier, approuvés à l’unanimité, et
les quitus donnés. Claude Ridor, représentant
le président M. Gambert, présenta enfin un
exposé sur l’influence de la FNAM (fédération
nationale André Maginot) dans le monde des
anciens combattants et les avantages que peuvent en retirer les groupements.
Après l’excellent déjeuner préparé par le GSBdD
Toulouse/Castres et servi par son annexe restauration au 1er RTP, les participants ont pu appréPrise d’armes présidée par le Gal Etienne
Présentation des savoir-faire du 1erer RTP
cier en salle, puis sur le terrain, dans les hangars et les magasins, les savoir-faire spécifiques
et uniques de ce régiment dans ses méthodes
de colisage et de livraison par air, aujourd’hui
presqu’essentiellement tourné vers l’aéronef
de la nouvelle génération, l’A400M. La journée s’est terminée par un cocktail offert par
le colonel Fauche, par l’échange de cadeaux
et par la signature du livre d’or du régiment
par le général (2S) Rémondin.
Le président Rémondin remercie le Col Fauche,
chef de corps du 1erer RTP
De l’avis général des participants, ce fut véritablement une bien belle journée, excellemment
organisée et particulièrement intéressante.
Notre amicale était bien représentée avec quasiment tous les membres du bureau, président
en tête. La prochaine AG pourrait avoir lieu au
503e RT à Nîmes (à confirmer naturellement).
Merci encore au 1er RTP et à son chef, le colonel Fauche.
e 14 décembre 2011, le bureau de la
Fédération Nationale du Train avait
rendez-vous avec les stagiaires lieutenants et capitaines de l’école du Train de
Bourges. À cette occasion, son président, le
général de division (2S) Rémondin, en présence du général Etienne, a présenté sa fédération, ses buts et son action.
Il a souligné que les valeurs démontrées par
les Anciens étaient identiques à celles détenues par les Tringlots d’aujourd’hui et qu’il
fallait, tout en faisant face à l’avenir, ne pas
se couper radicalement des racines et de
l’histoire de l’Arme.
Devant une assistance attentive et conquise
par autant de foi, de sincérité et même d’éloquence, il a renouvelé son entière confiance
en ces jeunes pour que Vive le Train de demain.
En témoignage d’accueil dans l’Arme, il a
enfin remis au président de la division d’application un peu de la terre d’Osterode, afin
de symboliser l’union et le maintien de la
chaîne du Train.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
PAR LE GAL MALLET,
VICE-PRÉSIDENT DE LA FNT
a fédération nationale du Train et
l’école du Train ont célébré leur journée annuelle du souvenir sur la Voie
Sacrée au monument du Train situé au lieudit « Moulin Brûlé » le 3 juillet 2012. Comme
chaque année, cette cérémonie se situait à
la fin de la période de formation des jeunes
lieutenants de l’arme du Train. Leur présence,
avec l’étendard, a rappelé l’attachement de
l’Arme aux valeurs de dévouement et d’abnégation que symbolise la Voie Sacrée. Organisée avec le soutien généreux et efficace
de l’amicale du Train de Verdun et surtout
celui des colonels (H) Mangenot et (R) Noël,
la journée s’est déroulée en quatre temps :
un office religieux à 10h en mémoire de nos
morts en l’église de Blercourt qui, une fois n’est
pas coutume, s’est révélée trop petite étant
donné le nombre des personnes présentes ;
une cérémonie militaire avec dépôt de
gerbes au monument du Train à 11h30 ;
un repas de l’amitié sous forme de buffet
froid précédé d’un vin d’honneur à 12h45 au
cercle mixte de la gendarmerie à Verdun, avec
là encore une participation record de plus de
130 personnes ; le GDI (2S) Rémondin, président de la FNT, en a profité pour remercier
chaleureusement tous les acteurs, dont le général Étienne, commandant l’école du Train
et père de l’Arme, la division d’application,
tous les participants et les organisateurs ;
Train magazine / n°16 / décembre 2012
enfin vers 15h00, un dépôt de gerbe et un
instant intense de recueillement à l’intérieur
de l’ossuaire de Douaumont, où deux plaques marquent la présence de notre Arme,
l’une de la FNT, l’autre inaugurée par la DA
2006/2007 lors du bicentenaire de l’Arme.
De nombreuses autorités et délégations honoraient de leur présence cette cérémonie. À
côté des généraux Rémondin et Étienne, les
principales personnalités présentes étaient :
M. Pelletier, représentant du préfet ; M. Nahan, vice-président du conseil général de la
Meuse ; le général Henry, président départemental de la SEMLH et représentant le maire
de Verdun ; Mme Habart, maire de Souilly ;
le colonel Artisson, délégué militaire départemental ; M. Perello, directeur départemental de l’ONAC... Le BCS/BFA avec son chef de
corps, le colonel Morlet, le 516e RT avec son
commandant en second, les 121e RT, 503e RT
et 519e GTM ainsi qu’une délégation de la
1re BL étaient aussi présents. Les associations
patriotiques du Meusois étaient également
là : médaillés militaires, ONM, amicales locales, dont celle du 516... Avec leurs portedrapeaux et ceux du 1er Train et de la FNT. Le
bureau FNT était là, quasiment au complet.
Au cours de la cérémonie, le GDI (2S) Rémondin a prononcé l’allocution suivante dont
voici les extraits les plus marquants :
« Nous sommes bien aujourd’hui au pied de
ce mémorial du Train de la Voie Sacrée pour
rendre hommage et témoigner de notre
respect à tous ceux qui nous ont précédés
et affirmer notre confiance dans l’avenir. Il
est en effet écrit au cœur de la fresque: « Le
Train à ses Anciens, à tous ceux de la Voie
Sacrée ». Les savoir être, faire et durer de
l’Arme ne sauraient pas mieux s’exprimer.
Le Train : cette Arme voulue par l’empereur
Napoléon dans son froid PC d’Osterode en
Prusse orientale, pour donner à son armée
la mobilité logistique et la vitesse opérationnelle dont il avait besoin et qu’elle méritait.
Les Anciens : tous ceux qui nous ont précédés depuis 1807 et qui ont œuvré pour que
vive, combatte notre armée et que soient ramassés ses blessés sur tous les théâtres et les
champs de bataille. Ceux de la Voie Sacrée :
devant nous, il y a Verdun. Du 21 février au
18 décembre 1916, une bataille gigantesque
avait pour but, pour les Allemands, de « saigner à blanc » l’armée française. Arrosés d’un
déluge de feux, la cité, ses forts et ses défenseurs n’ont eu qu’une seule consigne : TENIR. TENIR, oui, avec un T majuscule comme
Triomphe. L’héroïsme sans faille des hommes
des tranchées l’a permis mais aussi cette Voie
Sacrée qui serpente à nos pieds. Cette route
mythique est en effet un triomphe de l’intelligence, de la volonté et du courage. Triomphe
de l’intelligence tout d’abord. Le concept des
ravitaillements par voie routière à une telle
ampleur n’existait pas ou peu. Il a fallu pour
nos Anciens imaginer, innover, concevoir et
mettre en œuvre. Triomphe de la volonté ensuite. Combien d’hommes ont conduit leurs
véhicules en repoussant sans cesse les limites
de la fatigue ? Combien de pelles de gravier
ont-elles été lancées sur la route par des territoriaux, qui, ne portant pas leurs armes en
raison de leur âge, ont donné inlassablement
“
ET PAR L’EMPEREUR,
VIVE LE TRAIN ! ˮ
leurs bras avec énergie ? Combien d’heures
les mécaniciens ont-ils passé pour maintenir
la flotte des véhicules ? Combien de jours
et de nuits les régulateurs de la circulation
ont-ils passé à leurs carrefours pour que les
convois restent fluides ? Combien? Combien?
Combien? … Les chiffres sont inimaginables.
Triomphe du courage enfin. Quelle somme
d’abnégation, de dévouement, d’amitié, de
fraternité même il fallait pour retourner sans
cesse en enfer vers les camarades et leur tendre la main ? Les convois sont donc passés et
repassés. La maîtrise des acheminements et
des évacuations ont été les premiers pas vers
la victoire. Ils ont soulagé nos frères des premières lignes en leur assurant qu’ils seraient
soutenus en tout temps et en tout lieu. Et
aujourd’hui, qu’en est-il ? Indépendamment
des évolutions dues à des causes et des facteurs divers, rien n’a cependant fondamentalement changé sur le fond. Ce qui importe
c’est vous : vous nos jeunes de la division
d’application et vous nos compagnons des
régiments du Train. Vous la nouvelle génération du feu. Vous prenez la relève de ceux de
l’Empire et de la République, de ceux de 1418 et de 39-45, de ceux d’Indochine et d’Algérie, de ceux de tous les conflits jusqu’à nos
jours. Nous, vos Anciens de l’Arme, sommes
fiers de vous et sommes résolument à vos côtés. Nous savons que vous serez toujours à
la hauteur de la situation en tant qu’hommes, soldats, militaires et Tringlots. La Voie
Sacrée à nos pieds et le monument devant
vous témoignent des valeurs fondamentales
de notre Arme. Mon intime conviction est
que vous les possédez au plus profond de
vous-mêmes. En ce jour, je m’incline avec respect devant notre étendard. J’ai une pensée
émue pour tous ceux qui nous ont quittés
ou qui ont été touché dans leur chair dans
l’accomplissement de leur devoir. Je n’oublie
pas leurs familles qui doivent vivre avec des
souvenirs terribles. Que le temps puisse leur
apporter un peu de sérénité. Pour perpétuer
leur souvenir et rendre les honneurs dus à
leur engagement assumé jusqu’au bout au
service des armes de la France, il est de notre, de votre dignité de faire en sorte que
la Voie Sacrée serpente toujours et partout
où les forces françaises et nos frères d’arme
seront engagés. Vos convois la parcourront
inlassablement. Vous composerez avec elle,
vous l’aimerez et vous la respecterez. Avec
elle il y aura toujours, certes, l’angoisse de
l’inconnu, le poids des responsabilités, mais
surtout le désir du surpassement, le plaisir de
la victoire, la satisfaction du devoir accompli,
la fierté lue dans le regard de vos hommes et
la fraternité au quotidien des compagnons
d’armes. Pour un soldat du Train, il en est et
en sera toujours ainsi.
Par l’Empereur, Vive le Train. »
Train magazine / n°16 / décembre 2012
Le président Rémondin visite le RSC et le doyen de l’Arme
Le général de division (2S) Rémondin a mis à profit la tenue
Le lieutenant-colonel Charpentier,
de l’AG à Toulouse le 9 février 2012 pour aller rendre visite chef de corps du RSC
le lendemain matin, à Pradère, au régiment de soutien du
combattant (RSC), nouveau régiment du Train. Une présentation efficace et très intéressante, effectuée par le chef de
corps, le lieutenant-colonel (TA) Charpentier, a été suivie
par une brève visite des installations. Cette matinée s’est
très agréablement terminée par un déjeuner, de plaisir et
de travail, avec les principaux adjoints. Le président s’est ensuite rendu, en début d’après midi, à Cugnaux, où demeure
le doyen des officiers généraux du Train, le général Gaston
Bruch. Celui-ci l’attendait avec impatience et grande joie
pour à la fois faire connaissance, confronter leurs souvenirs
de commandant d’école du Train et apprécier l’évolution
de l’Arme depuis plus d’un demi-siècle. Que d’anecdotes,
de photos jaunies et de sourires ont été échangés. Ému et entouré des siens, notamment de sa fille et de son
gendre, il a reçu officiellement des mains du président le calot de tradition de l’Arme.
Général Denis Mallet
Vice-président de la FNT
Passation des pouvoirs
au Grand 14
Les 101 ans du doyen
Des représentants de la Fédération Nationale du
Train et de l’amicale du Train et des formations
de soutien de Midi Pyrénées ont rendu visite le 31
mai 2012 au général Gaston Bruch, doyen des officiers généraux du Train. Désormais âgé de 101 ans
révolus, il a à nouveau souligné sa joie, au travers
de la délégation, de se retremper dans le milieu
militaire et de faire resurgir des souvenirs bien
rangés mais non oubliés. Toujours vif d’esprit, il
a apprécié la coupe de champagne, les petits gâteaux, les orangettes et la température estivale.
Le dimanche 3 juin 2012, à Toulouse-Balma, lors de
l’Assemblée Générale de l’Amicale du Grand 14, le
colonel (H) Charlie Mazingue, président sortant, a
passé le flambeau à son vice-président, le commandant (H) Pierre-Jean Rodier. Charlie Mazingue a effectué trois mandats successifs, autant que le permettaient les statuts, à la tête de l’amicale, où il n’a laissé
que des bons souvenirs, dans sa façon de gérer son
association, dans son art des relations humaines et
dans sa gentillesse toute simple. La Fédération Nationale du Train le remercie vivement pour ces années
passées principalement au service de cette amicale,
mais aussi, ipso facto, à celui de l’arme du Train. La
FNT félicite son successeur pour son élection, l’assure
dès à présent de son entière confiance et lui souhaite
bonne chance pour ce premier mandat.
Général Denis Mallet
Vice-président de la FNT
Train magazine / n°16 / décembre 2012
De la gauche vers la droite, le gendre et la fille du général
Bruch, le général Le Goff, le doyen, le président Mazingue et
le général Mallet.
J.B Marciani au 7° Cuirassiers
Dans le département du Rhône, à
Chasselay, petite ville au nord-ouest
de Lyon, s’élève le célèbre « Tata »
qui, au Sénégal, signifie « enceinte de
terre sacrée où sont inhumés les guerriers morts pour leur pays ». Or, si dans
la région lyonnaise on connaît l’origine et l’histoire du « Tata », rares sont
ceux qui savent que celui qui en est
- presque tout seul - à l’origine, a servi
comme adjudant-chef du Train pendant la Grande guerre. Le parcours de
cet homme, hors du commun, mérite
d’être tiré de l’oubli et connu.
PAR LE LCL (H) RAOUL PIOLI,
ean-Baptiste Marchiani naît en 1884
à Olmeta di Tuda, canton d’Oletta,
en Corse. Son père, François Mathieu
(1837-1903), est originaire de Saint-André de
Bozio, canton de Sermano où est toujours bien
enraciné le patronyme Marchiani. Il est gendarme à la brigade locale tandis que son épouse, Marie (1853-1894), est institutrice. Au hasard des affectations, le couple aura un autre
enfant, Pierre-Paul, qui voit le jour en 1889 à
Nonza. En 1894, l’épouse du gendarme Marchiani décède prématurément, contraignant
le sous-officier à prendre des dispositions pour
assurer l’éducation de ses deux garçons.
C’est ainsi qu’à l’âge de treize ans en 1897, le
jeune Jean-Baptiste est admis à l’École militaire
préparatoire de Cavalerie à Autun (Saône et
Loire). Son frère cadet rejoindra le même établissement à la rentrée scolaire d’octobre 1902.
Cette école reçoit les enfants des cavaliers militaires et des gendarmes. Pendant cinq ans, ils y
reçoivent une solide instruction générale.
Le 1er mars 1902, date anniversaire de ses
18 ans, Jean-Baptiste signe un contrat d’engagement volontaire. La règle exige alors
qu’en contrepartie des études offertes par
l’État, le bénéficiaire souscrive un contrat de
5 ans dans les armées, ou bien rembourse la
totalité des frais de scolarité. Son choix se
porte sur le 7e régiment de Cuirassiers, tenant garnison à Lyon.
Très rapidement, il va accéder aux premiers
grades de sous-officier de Cavalerie : maréTrain magazine / n°16 / décembre 2012
chal des logis (novembre 1904), maréchal des
logis-chef (juillet 1907). Il se marie en 1908
à Bastia, avec Marie Alberti, veuve et mère
d’un petit garçon de sept ans que Jean-Baptiste Marchiani adopte officiellement.
Le 21 septembre 1913, il est nommé adjudant,
mais la guerre ne va pas tarder à éclater.
Le 2 août 1914, Marchiani part en campagne
avec le 7e Cuirassiers. Le 8 août, il obtient
une citation à l’ordre de la 5e brigade de Cavalerie : « L’adjudant Marchiani, du 7e Cuirassiers, a secondé activement son officier dans
une reconnaissance le 8 août 1914. Est resté
une nuit entière dans les lignes ennemies
et a, en lui ouvrant la chasse, empêché une
patrouille ennemie d’accomplir sa mission ».
Cette belle citation accompagne la croix de
guerre (créée le 8 avril 1915) qui lui est attribuée le 11 mai 1915.
Le 22 août 1914, à la Côte d’Essey (Vosges),
l’escadron auquel appartient l’adjudant Marchiani est soumis pendant plusieurs heures
à un bombardement d’obus de gros calibre,
dont un explose à quelques mètres du groupe
dont fait partie Marchiani. Ce dernier, déjà at-
teint de troubles auditifs depuis plusieurs années, est très sérieusement traumatisé et doit
être évacué et hospitalisé. Cette blessure de
guerre rend l’intrépide sous-officier « inapte
au service armé ». En attendant les conclusions
d’une commission de réforme, il est temporairement classé « service auxiliaire ».
Contraint de quitter la Cavalerie, il choisit
de servir dans le Train et est alors affecté
en octobre 1914 au 17e escadron du Train.
Stationnée à Montauban, cette formation
a déployé des unités en arrière du front. Ce
changement d’Arme pour raisons de santé,
n’empêche pas Marchiani d’être promu adjudant-chef le 1er novembre 1914. À cette
époque, atteindre le grade terminal de sousofficier à douze ans de service, constitue un
excellent déroulement de carrière.
Volontaire pour retourner au front, il obtient
une affectation à la compagnie de Convois
Auxiliaires n° 27, implantée dans la région
de Verdun et chargée des approvisionnements de la base arrière de la place forte.
Entre temps, la citation à l’ordre de la brigade obtenue le 8 août 1914 est reconsidé-
Le Tata sénégalais de Chasselay
Train magazine / n°16 / décembre 2012
Cérémonie du 24 septembre 1944/ les Tirailleurs sénégalais
rée. D’autres éléments ayant été portés à la
connaissance du commandement, elle est reformulée en une élogieuse « action d’éclat »
ainsi libellée : « Pendant une reconnaissance,
le 8 août 1914, après avoir passé une nuit
entière dans les lignes ennemies, a fait preuve de courage, de sang-froid et d’audace en
chargeant impétueusement avec six cavaliers,
une patrouille ennemie deux fois supérieure
en nombre. L’a mise en fuite et, après une
poursuite acharnée dans un terrain coupé
et difficile, ne pouvant l’atteindre à l’arme
blanche, a fait usage de sa carabine et, par
son feu, a mis hors de combat une dizaine
de cavaliers. A ramené cinq chevaux, dont
un d’officier, et des armes abandonnées par
l’ennemi. »
Ce texte, équivalent à une citation à l’ordre
de l’Armée, accompagne la Médaille militaire qui lui est conférée « pour faits de guerre »
le 1er mai 1916.
En septembre 1917, la commission de réforme de Bar-le-Duc le classe définitivement « service auxiliaire ». L’adjudant-chef
Marchiani est alors affecté à l’arrière, au 14e
escadron du Train à Lyon. Il y exerce les fonctions d’officier du matériel et de membre du
conseil d’administration du corps jusqu’au
28 juin 1918.
Le 30 juin 1918, Marchiani est placé, sur sa
demande, en position de retraite, après 16
ans et 4 mois de service actif. Il a alors 34
ans, est invalide de guerre et remplit ainsi
toutes les conditions requises pour postuler
à un emploi réservé.
Brillamment reçu à un concours passé auprès
du Doyen de la Faculté de Droit de Lyon, il
est nommé à l’emploi, hors catégorie, de
« secrétaire général de l’office départemental du Rhône des mutilés, anciens combattants et victimes de guerre ». Il occupe ce
poste pendant trente ans, de juillet 1918 à
juin 1948. La fonction est assimilée au grade
de lieutenant-colonel, ce qui constitue une
très belle revanche, pour l’ancien enfant de
troupe dont les perspectives de carrière dans
l’armée se sont brutalement interrompues,
par suite d’une blessure de guerre.
Cette seconde carrière va lui permettre de
donner la pleine mesure de toutes ses capacités. À Lyon, son action auprès du monde
combattant et des victimes de guerre, civiles
et militaires, est remarquablement appréciée. Si bien que Jean-Baptiste Marchiani est
nommé chevalier de la Légion d’Honneur le
9 août 1930, « pour faits de guerre » relatifs
au premier conflit mondial. Mais pour la postérité, le couronnement de son action reste
Train magazine / n°16 / décembre 2012
Défilé de la Nouba des Tirailleurs marocains
la création dès 1940, et l’inauguration en
1942 dans une France en guerre, du « Tata »
des Tirailleurs Sénégalais de Chasselay dans
le Rhône. Lui-même relate, dans une petite
brochure éditée après la Libération, l’histoire
du « Tata » qui est reprise ici, non seulement
pour la tirer de l’oubli, mais aussi et surtout,
pour rendre hommage à ce véritable précurseur du « devoir de mémoire ».
Le 19 juin 1940, les colonnes blindées allemandes atteignent les avancées de Lyon.
Face à elles, seulement 4 canons de 75 du
405e RA et la 3e compagnie du 25e régiment
de tirailleurs sénégalais. À 10h30 apparaît
un officier allemand criant « Rendez-vous,
l’Armistice est signé ». Ce n’est pas exact car
il ne sera signé officiellement que le 22 juin,
mais le maréchal Pétain, dans son discours
du 17 juin, avait déjà déclaré : « Il faut cesser le combat ». Fidèles à la consigne qui
leur avait été donnée, de se battre sur place,
coûte que coûte, nos braves tirailleurs engagent le combat autour du château de Montluzin. La lutte est âpre. Malgré leurs faibles
moyens, les sénégalais bloquent l’avance
d’un ennemi pourtant très largement supérieur en nombre et en matériel. Le 20 juin,
ils sont encore une soixantaine, retranchés
dans Chasselay, à continuer le combat. Ce
n’est que lorsqu’ils ont épuisé tous leurs
Train magazine / n°16 / décembre 2012
moyens de résistance que les courageux tirailleurs sont capturés. Emmenés au lieu-dit
« Vide Sac », ils reçoivent l’ordre de se disperser dans les champs. Postés en lisière, des
chars ennemis ouvrent le feu à la mitrailleuse sur ces hommes exténués et désarmés.
Parachevant le massacre au canon, les chars
poursuivent ensuite les survivants, écrasant
au passage de leurs chenilles les malheureux blessés gisant dans le pré. C’est à cet
endroit précis, deux jours après les combats,
que la municipalité de Chasselay rassemble
les corps dispersés sur le terrain et les fait
inhumer temporairement.
Au total, 188 corps sont regroupés, dont
les victimes du massacre cité plus haut. En
cette année 1940, Jean Baptiste Marchiani
est alors secrétaire général de l’Office des
anciens combattants du Rhône. Il acquiert le
terrain à titre privé et, seul avec son épouse,
s’attache à identifier tous les corps. Cela fait,
il fait ériger, en partie à ses frais, un cimetière de type sénégalais, un « Tata ». Ce dernier se présente sous la forme d’un rectangle
entouré d’épaisses murailles de près de trois
mètres de haut, colorées en ocre rouge assez
vif, surmontées de pyramides à quatre pans,
sur lesquels sont plantés des pieux. Les 188
tombes sont composées de stèles très sobres,
de style militaire, portant les noms et pré-
noms des soldats, le numéro du régiment,
mais parfois aussi la mention « Inconnu ».
Situé fort heureusement en zone libre, le
« Tata » est officiellement inauguré le 8 novembre 1942, trois jours avant l’invasion de
la zone libre par l’occupant. Deux années
après, le 4 septembre 1944, Lyon est libérée par les troupes du général De Lattre de
Tassigny. Dès le 24 septembre, Jean-Baptiste
Marchiani organise une très grande cérémonie au « Tata » avec la participation de deux
régiments de Tirailleurs : un de Sénégalais,
l’autre de Marocains ; ce dernier avec sa
« nouba », la traditionnelle musique militaire
précédée du bélier. L’année suivante, il récidive et en organise deux autres de la même
envergure, les 28 avril et 30 juin 1945.
À la Libération, en qualité de « créateur et
conservateur du Tata », il n’aura qu’une seule
et tenace ambition : honorer la mémoire de
ses chers Tirailleurs. Cela à travers de grandes
cérémonies, avec la participation de troupes et de hautes autorités civiles, militaires
et religieuses de toutes confessions. Cette
implication personnelle, tout comme son
comportement pendant l’occupation, sont
récompensés par une promotion au grade
d’officier de la Légion d’Honneur, le 28 juillet
1947, pour « services rendus lors du conflit de
1939-1945 ». Les services dont il est question,
concernent l’aide apportée aux mouvements
de résistance et son action personnelle pour
cacher, protéger et évacuer en lieu sûr les
personnes recherchées par l’occupant.
Le 11 novembre 1953 à Bastia, lors du 35e
anniversaire de la Victoire de 1918, cinq ans
après s’être définitivement retiré de la vie
active - tout en conservant les fonctions de
conservateur du « Tata Sénégalais » de Chasselay – Jean-Baptiste Marchiani est élevé au
grade de Commandeur de la Légion d’honneur. Cette suprême distinction, marque à la
fois la consécration de la vie d’un grand serviteur de son pays, et constitue une juste récompense pour le plus ardent défenseur de
la mémoire de ses frères d’armes Africains.
Au crépuscule d’une vie bien remplie, un total impressionnant de vingt-quatre croix, médailles, et ordres divers, tant nationaux que
propres à nos anciens territoires d’Outre-mer,
voire étrangers, orne la poitrine du grand
Patriote qu’il n’a jamais cessé d’être.
Cérémonie au Tata en 1957
Train magazine / n°16 / décembre 2012
En 1945, M. Maurice Guérin, député du Rhône, dans une lettre adressée au Président de
la République écrit à son sujet:
« …Un homme dans l’âme exceptionnelle de
qui brille, d’un éclat inégalable, la flamme
d’un patriotisme qui semble dépasser celui
de la plupart de nos contemporains, une sorte de héros de légende, un « type » de Français tel qu’on n’en rencontre plus guère de
nos jours… »
Le 3 janvier 1969, âgé de 85 ans, Jean-Baptiste Marchiani s’éteint au milieu des siens. Il
est inhumé dans le caveau familial, au cimetière communal de Bastia.
J.B Marchiani
Commandeur de la Légion d’Honneur
Pourquoi les combats de Chasselay ?
Le 25e RTS a reçu l’ordre d’arrêter les troupes allemandes au nord de Lyon entre Tarare et la Saône,
face à la division SS Totenkopf qui n’a pas rencontré de résistance depuis Dijon. La 3e compagnie
tient l’extrémité est du front autour de Chasselay face au régiment Grossdeutschland qui arrive en
pointe de la 10e division de Panzers. Le 19 juin, lorsque les combats s’engagent, les ordres sont de
tenir coûte que coûte. Ce n’est que le 19 au soir que le régiment a connaissance du fait que Lyon
est déclarée « ville ouverte ». Mais à l’image de ce qu’ont réalisé nos anciens sur les ponts de Gennes-Saumur, le capitaine Gouzy, commandant la 3e compagnie, est décidé à mener un dernier « baroud d’honneur » et demande des volontaires. Tous les cadres et tirailleurs survivants autour de lui
répondent présent et se battront jusqu’au bout, ce qui conduira les Sénégalais à leur funeste sort.
Au total, les combats menés par le 25e RTS feront 226 morts dans ses rangs (40 français et 186 sénégalais). Parmi eux, 114 tirailleurs prisonniers ont été froidement exécutés
avec deux de leurs officiers, coupables
d’avoir mené au combat des troupes
indigènes. Outre des victimes civiles
des combats, deux agriculteurs coupables d’avoir caché des tirailleurs
sont également assassinés et leur
ferme incendiée. En face, les unités
allemandes comptent 242 tués dont
14 officiers. Une centaine est tombée
à Chasselay devant la 3e compagnie.
Cette résistance héroïque pourrait en
partie expliquer les raisons du massacre qu’il faut surtout chercher dans
les directives du chef d’état-major du
général Gudérian : « Envers les soldats
indigènes, toute bienveillance serait
une erreur. Ils sont à traiter avec la
plus grande rigueur. »
Train magazine / n°16 / décembre 2012
PAR LE LCL GIRAUD,
OFFICIER CULTURE D’ARME
l est tout d’abord intéressant de constater que le capitaine Gouzy et ses tirailleurs sont tombés le même jour que
le Lieutenant Roimarmier à la tête de ses
élèves aspirants de réserve (EAR) du Train sur
les ponts de Gennes-Saumur. Ce même esprit
de sacrifice « pour l’honneur » méritait d’être
perpétué. Le souvenir des héroïques combats
de Chasselay et du massacre qui a suivi sont
toujours vivaces. En témoigne la cérémonie
commémorative annuelle qui s’est tenue le
17 juin dernier et à laquelle votre dévoué rédacteur en chef s’est rendu en voisin.
Cette commémoration est bien évidemment
un fief de nos camarades des Troupes de Marine qui font vivre l’association de soutien
à ce magnifique monument parfaitement
entretenu. L’accueil des membres de cette
association pour leur camarade du Train a
été très amical. Tous ignoraient la qualité
d’ancien sous-officier tringlot de J.B Marchiani. Faisant suite à une messe en l’église
de Chasselay dite par deux anciens prêtres
des missions africaines, une belle cérémonie
se déroulait sur le site du Tata, présidée par
le président de l’association, le colonel (ER/
TDM) de Montgolfier, en présence de Mme
Bathily représentant le consul général du Sénégal. Chaque tombe de tirailleur était fleurie d’une rose. La plupart des tirailleurs étant
de confession musulmane, une émouvante
prière des morts clôturait cette cérémonie.
Mais notre Arme était tout de même présente lors de ces commémorations. En effet,
en cherchant bien parmi les nombreux porte-drapeaux d’associations, deux d’entre eux
étaient tringlots, anciens d’Algérie et tout
aussi ignorants du fait que J.B Marchiani était
un de leurs anciens : Aldo Moro, ancien du
GT 507, porte-drapeau des médaillés militaires du Rhône et René Johier, ancien de la 70e
compagnie de QG, porte-drapeau des anciens
combattants de Charbonnières (Rhône).
À leur plus modeste niveau, ils font, tout
comme leur grand ancien, vivre le devoir de
mémoire. Dans ce cadre, récemment, une demi-journée a rassemblé sur le site symbolique
du Tata 300 collégiens de classes de 3e, pilotés
par leurs enseignants, et des membres de l’association, dignes successeurs de ce « héros »
du devoir de mémoire que fut Jean-Baptiste
Marchiani.
Jean-Baptiste Marchiani, l’Arme du Train est
fière de vous avoir compté dans ses rangs.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
Fantassin troupes de marine (TDM) d’origine, Jean-Paul Pagni a effectué
une brillante deuxième partie de carrière dans le Train aéroporté. Expert
reconnu des techniques aéroportées, il est également un des acteurs à l’origine de l’aventure de l’ULM dans l’arme du Train. Il nous a quittés le 16 février 2012 des suites d’un cancer. Le 1er RTP pleure un des anciens présidents
de son amicale qui a fait l’admiration de tous, aussi bien pour son courage
au feu qu’au cours de son long et dernier combat contre la maladie. Lors
des différents éloges prononcés à l’occasion de ses obsèques, quelques expressions fortes ressortent particulièrement : « sa personnalité atypique et
son charisme » (général Peter), « poète autant que scientifique » (général
Bertin), « ce bloc d’un seul tenant, authentique héros » (général Cann).
PAR LE LCL (CR) GIRAUD, OFFICIER CULTURE D’ARME
é en Algérie le 12 novembre 1937,
Jean-Paul Pagni s’engage en octobre 1956 à l’école spéciale militaire
interarmes en qualité de St-Cyrien. Fantassin
TDM, il choisit le 3e RPIMa à l’issue de son
stage d’application et rejoint son unité en
opérations en Algérie.
Il effectue alors une première et brillante partie de carrière au sein des Troupes de Marine.
Il est d’abord un des meilleurs chefs de section
du 3e RPIMa, cité à plusieurs reprises pour sa
brillante conduite au feu, en particulier lors
de l’opération de Bizerte en juillet 1961 au
cours de laquelle il est blessé une première
fois et décoré de la Légion d’Honneur à titre
exceptionnel. Il est ensuite un excellent commandant de compagnie en 1967 au 6e RPIMa,
très exigeant envers lui-même et ses subordonnés, s’imposant aisément grâce à son sens
tactique très développé. En parallèle, officier
complet à la forte personnalité et à l’intelligence vive, il est désigné par deux fois pour
assurer la formation des plus jeunes, d’abord
comme jeune capitaine en 1965 à l’ESM de
Saint-Cyr, puis à l’issue de son temps de commandement en 1972 en tant que brigadier au
groupement d’application de l’école d’application de l’infanterie (EAI).
C’est à l’issue de son séjour à l’EAI en 1974
qu’il rejoint le Train et la base opérationnelle
mobile aéroportée (BOMAP) pour y occuper
le poste d’officier adjoint. Rigoureux intellectuellement, son sens du commandement et
Train magazine / n°16 / décembre 2012
son esprit de coopération lui permettent d’orchestrer avec une pleine efficacité les activités du corps. Il est promu chef de bataillon en
1976. Après un séjour en assistance militaire
technique au Tchad, au cours duquel il s’illustre à nouveau et est grièvement blessé en opérations, il rejoint son régiment en 1978 pour y
prendre les fonctions de chef du BOI. Particulièrement apprécié par les régiments avec lesquels il est appelé à travailler, doté d’un sens
de l’organisation et d’une puissance de travail
hors pair, il se place incontestablement parmi
les postulants à un temps de commandement
et est nommé lieutenant-colonel en 1980.
En 1981, il est commandant en second de la
BOMAP, enchaînant successivement jusqu’en
1984 des séjours au Cameroun puis 2 ans en
assistance militaire technique (AMT) au Zaïre
comme chef d’état-major de la 31e brigade de
parachutiste zaïroise et enfin comme chef du
détachement logistique de Douala, en soutien
de l’opération Manta. Il y donne pleinement
satisfaction, grâce à sa grande expérience de
l’Afrique et de ses problèmes logistiques.
En 1986, il prend le commandement de la
BOMAP. Maîtrisant parfaitement les techniques du soutien aéroporté, le haut niveau
d’aptitude opérationnelle de ses unités est
un facteur déterminant des engagements
du moment de la 11e DP au Tchad et en République centrafricaine (RCA). Il s’attache en
particulier à développer les relations avec
l’armée de l’Air en vue d’obtenir le meilleur
rendement d’un potentiel aérien souvent limité. Il est promu colonel en 1987.
En 1988, il est nommé adjoint militaire au directeur du centre aéroporté de la direction
des armements terrestres (DAT). Apportant
des conseils particulièrement avisés aux ingénieurs, il participe activement au développement de la technique du largage à très faible
hauteur et entretient, par ses actions opportunes, un climat de confiance entre l’établissement et les unités utilisatrices des matériels.
En 1991, il prend le commandement du groupement aéroporté de la section technique des
armements terrestres (STAT). Ferme et attentif, il s’attache à améliorer les processus et à
canaliser les énergies vers le plus utile. Au-delà des techniques aéroportées excellemment
maîtrisées, il étend avec réalisme et rigueur
son domaine de compétence à des techniques
nouvelles comme l’ULM et le parapente.
En 1993, après 3 ans passés à la tête du groupement, il est nommé au grade de général
de brigade dans la 2e section du cadre des
officiers généraux. Le général Pagni était
le seul Grand Croix de la Légion d’Honneur
de sa promotion (Général Laperrine). Blessé
deux fois, il était titulaire de la croix de la
Valeur Militaire avec 5 citations.
Pour terminer, laissons ce « fils d’immigré rital » comme il se qualifiait lui-même modestement, dresser lui-même, dans les adieux qu’il
a rédigés avant sa mort, le plus bel hommage
qu’un chef puisse faire à une de nos unités du
Train : « La BOMAP, une révélation. J’y suis arrivé bardé de condescendance, je l’ai quittée
en pleurant. 13 ans de bonheur. Pour avoir la
BOMAP, j’ai quitté la colo. Je ne regrette rien.
Le Train « kéro », c’est une bien belle arme et
la BOMAP vaut bien une ancre. »
Train magazine / n°16 / décembre 2012
PAR LE LCL (CR) GIRAUD, OFFICIER CULTURE D’ARME
Hasard malheureux,
alors que nous
rendons compte
des exploits de nos
anciens à Bir Hakeim
un de nos officiers
généraux,
Saint-Cyrien d’origine
dont la promotion
porte le nom
de cette illustre
bataille, nous quitte.
Le général Michot
est décédé
le 17 juin dernier
des suites d’une
longue maladie.
Ceux qui ont eu
l’honneur de servir
sous ses ordres
se souviendront
particulièrement
de ce circulateur
de grande classe,
sportif, qui rayonnait
sur ses subordonnés
et sur les nombreuses
divisions d’élèves
qu’il a formées
au cours de
ses séjours
à la maison-mère.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
ean-Claude Michot est né en 1939 à
Epieds (Maine et Loire). Ancien enfant de troupe, Saint-Cyrien de la
promotion Bir Hakeim (1962-64), il choisit
à sa sortie d’application le 602e régiment de
circulation routière (RCR) stationné à Vincennes qu’il rejoint en septembre 1965.
Adjoint au commandant du groupement
d’instruction puis chef de peloton de circulation, ses excellents résultats le font très vite
désigner pour former les jeunes cadres de
l’arme. Il rejoint donc l’école d’application
du Train (EAT) en 1968 pour y commander
une brigade d’élèves sous-officiers d’active
(ESOA) puis une brigade d’officiers-élèves.
Dans la foulée de son stage des capitaines, il
prépare le concours de l’école d’état-major
qu’il réussit brillamment. C’est ainsi qu’en
août 1972, déjà diplômé, il prend le commandement du 254e escadron de circulation (futur 84e EC), stationné à Montmédy.
Ayant obtenu d’excellents résultats dans son
commandement, il rejoint l’EAT en 1975 au
cours de formation générale où il prépare
le concours d’entrée à l’École Supérieure de
Guerre (ESG).
puis directeur de l’instruction, transmettant
à tous l’image d’un chef humain, exemplaire, organisateur infatigable.
Nommé chef d’escadron et reçu à l’ESG (91e
promotion) en 1977, il sera naturellement
muté en administration centrale à l’issue de
son stage et rejoindra l’état-major de l’armée de Terre (EMAT) en 1979. Officier complet, d’esprit ouvert et méthodique, doté
d’une grande puissance de travail, il donne
pleinement satisfaction dans son emploi de
rédacteur au bureau effectifs-personnels et
est promu lieutenant-colonel en 1981.
C’est dans la voie état-major qu’il atteindra
les plus hauts niveaux de responsabilité en
exerçant tout d’abord en 1991 les fonctions
de commandant du Train et directeur des
transports de la 3e région militaire à Rennes,
puis à compter de 1992 au sein de la circonscription militaire de Défense (CMD) de Rennes, les fonctions de sous-chef d’état-major
emploi puis de chef d’état-major en 1993.
Là encore, ses qualités personnelles, son expérience et sa connaissance des dossiers lui
permettent de prendre très rapidement la
mesure de cette fonction particulièrement
exigeante. La courtoisie qu’il apporte dans
ses contacts aussi bien avec ses supérieurs
qu’avec ses subordonnés permet de créer au
sein de son état-major une excellente ambiance, propice à un travail de qualité.
En 1982, il rejoint le 601e RCR stationné à
Achern en Allemagne pour y occuper pendant deux ans le poste de commandant en
second, avant de prendre le commandement de cette unité prestigieuse dans l’arme
en 1984. Grâce à son sens aigu des rapports
humains, fondé sur des contacts simples et
directs, il s’impose à tous par sa prestance et
ses compétences professionnelles. Malgré un
parc automobile d’un autre âge, il maintient
son régiment à un haut niveau de capacité
opérationnelle. Nommé colonel en 1986, il
est alors considéré comme l’un des meilleurs
chefs de corps d’une arme qui à l’époque
compte encore une trentaine de formations.
Ses qualités foncières et humaines lui permettent alors d’exercer des responsabilités
de haut niveau aussi bien dans la voie commandement qu’en état-major ou en école.
Ce sera à nouveau l’EAT qu’il rejoint en 1987
pour occuper successivement les postes de
directeur des études tactiques et logistiques,
Nommé général de brigade en 1994, son
expérience dans le travail des états-majors
territoriaux le destine naturellement à prendre le poste de général-adjoint à la CMD de
Rennes.
Il est admis dans la 2e section des officiers généraux en 1996 et se retire rue Hélène Boucher, derrière le quartier Beaumont, où nombre d’entre nous ont eu le plaisir d’échanger
avec lui un amical bonjour. Il débute alors
une retraite active centrée sur le bénévolat
associatif auprès de la banque alimentaire et
l’Hospitalité Notre Dame de Tours.
Train magazine / n°16 / décembre 2012
Train magazine / n°16 / décembre 2012
ÉCOLE DU TRAIN

Documents pareils