MICHÈLLE MÉTAIL [FRANKRIJK]

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MICHÈLLE MÉTAIL [FRANKRIJK]
MICHÈLLE MÉTAIL [FRANKRIJK]
A l'attention des traducteurs / traductrices : le texte de présentation ci-dessous ne figure
pas dans l'édition française du livre "Toponyme : Berlin", mais seulement dans l'édition
allemande "Gehen und Schreiben". Je le joins aux poèmes à titre d'information, il n'est pas
destiné à être traduit. Il explique les raisons de la forme fixe adoptée dans les poèmes : 10 vers
de 15 lettres chacun. Si les traducteurs pouvaient reprendre cette forme, ce serait idéal. Si les
difficultés sont trop grandes, il est essentiel de rendre l'effet de fragmentation, de brisure de la
syntaxe. Par avance merci !
Le marronnier de Storkwinkel
En prenant possession de l'appartement que m'avait réservé le DAAD au quatrième étage
d'un immeuble de Storkwinkel à Berlin, une image s'est imposée à moi dès les premiers
instants : celle d'un arbre encore dénudé, qui ne pouvait plus contenir dans ses bourgeons
gonflés, la poussée de l' éclosion . Je vis toute l'année à la campagne et j'ai l'habitude
d'observer les arbres, mais plutôt au niveau du sol . Ici j'emménageai dans la canopée, j'étais
au bout des branches, fascinée .
Je pris d'abord une photo, puis une autre le lendemain - l'arbre s'était déjà transformé .
Cinq jours plus tard, je décidai d'écrire un poème sur le marronnier de l'arrière-cour, afin d'en
fixer les contours dans ma mémoire, afin de noter ce qui peut-être n'apparaîtrait pas sur les
photos .
Ecrire un poème ? Mon idée était encore trop vague et j'ai passé la journée à griffonner
sans être satisfaite du résultat . En cadrant de nouveau l'arbre sur l'image de l'éclosion, j'ai
compris qu'il fallait aussi un cadre à mon poème . J'ai songé alors à lui donner les dimensions
de la photo : 10x15, soit dix vers de quinze lettres chacun . C'était en quelque sorte un poème
" Format - photo " .
Je venais à Berlin avec l'idée de me laisser porter par le lieu . Je ne voulais pas rester
enfermée et travailler comme si j'étais n'importe où ailleurs . Le lieu justement était
unique .J'ai donc entrepris de marcher dans la ville, d'aiguiser la perception que j'en avais . La
question du cadre et de la ligne me fit porter une attention particulière à un motif architectural
récurrent : celui du quadrillage, surtout lorsqu'il s'allie aux parois de verre . La ville s'y reflète
en images brisées, en objets anamorphosés, fragmentés .
Or la ligne est le propre du cadastre, représentation symbolique de l'occupation du sol et le
"stikhos" du mot grec katastikhon désigne aussi bien la ligne que le vers d'un poème .
Rapprochements arbitraires et fragiles sur lesquels s'est échafaudé - au sens propre du terme le recueil cadastral : " La ville, de la ville . Plan parcellaire " . Entièrement construit sur le
format photo, il rassemble 24 photos de la ville vue à travers des reflets et 36 poèmes - dizains
- en vers de quinze lettres . L' exigence métrique engendre une syntaxe à angle aigu avec
rupture de la continuité, fragmentation là aussi, comme ces sensations si diverses que l'on
reçoit en voyageant à travers la ville, quand se succèdent les scènes de rues, les textes lus sur
les murs, les affiches, les bribes de conversation saisies au vol .
Il s'agit bien d'un voyage dans la ville où j'ai parcouru entre 2500 et 3000km à pieds dans
l'année . A travers des centaines de photos, l'image fut souvent un prélude à l'écriture, et les
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cahiers de notes remplis durant ces journées de marche m'ont servi à composer sept textes sur
Berlin . Ils sont à la fois indépendants les uns des autres et reliés tel un ensemble architectural,
avec des rappels, des renvois, des croisements, des passages réels ou imaginaires . Quatre de
ces textes sont réunis sous le titre de " Toponyme : Berlin . dédale - cadastre - jumelage panorama " . Ce premier recueil a été publié en juin 2002 aux Editions Tarabuste et il
comporte :
" Vous êtes ici " : poème en 180 vers sur la découverte de la ville, le passage du lieu inconnu
au lieu familier, symbolisés par le cercle rouge qui situe le passant sur les plans de la ville .
Accompagné de cinq collages . Le texte traduit par Elfriede Czurda fut donné en première
lecture le 8 décembre 2000 à la Literaturhaus de Berlin . Traduction anglaise "You are here"
de Holly Die sur : www.poetryinternational.org
" La ville, de la ville . Plan parcellaire " . 24 photos - 36 poèmes. Publié en allemand dans une
traduction de Elfriede Czurda dans "Gehen und Schreiben. Gedächtnis - Inventar". DAAD.
2002
" Rue Galvani Strasse " . Jumelage entre une rue de Paris et une rue de Berlin, qui portent le
même nom . Texte, photos, frottages . En "cliquant" sur un mot en caractères gras, ressurgit
un souvenir d'enfance . Publié en allemand dans "Gehen und Schreiben".
" Entre la Spree et la Havel - Le cours de la ville " relation d'un voyage à travers la ville, en
suivant chacune des berges des deux rivières qui la parcourent . Une version scénique associe
au poème la projection de diapositives noir & blanc et couleur, et la diffusion de prélèvements
sonores .
Le second recueil intitulé : " Berlin : trois vues & rues " rassemble trois textes en prose :
" Trois vues de Berlin " texte et photos . Loin des références touristiques habituelles, mes
trois " monuments " de Berlin . Paru en juin 2002 dans la revue Triages
" Rue(s) de Berlin & Allée " texte et photos. Sur les dix rues de Berlin qui paradoxalement se
nomment : Rue de Berlin . Paru en 2006. Revue Transversale. Wilhelm Fink Verlag.
" L'envers-canal" : la mémoire de la ville en suivant les berges du Landwehr Kanal . Travail
en cours.
Après l'année passée à Storkwinkel, je repense souvent au marronnier de l'arrière-cour . Le
poème format-photo ne m'a plus quittée depuis ce 12 avril 2000 . Il m'est devenu une forme
brève indispensable, dans laquelle je cadre, dans l'esprit du haiku japonais, les images qui
m'arrêtent .
Michèle Métail
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LA VILLE, DE LA VILLE
( plan parcellaire )
effeuillé d'hiver
se dresse là entre
des murs, triangle
angles sombres où
s'étagent à mi-bois
des rameaux épais
quand aux pointes
un bourgeon fendu
jour, jour suivant
éclose l'éclosion
12 avril 2000 : marronnier dans la cour
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sur l'oubli, un trou
par le creusement
creuser ce creux
l'abîme de mémoire
évidée d'évidence
et ces empreintes
que le temps trace
pour l'effacement
de mettre, omettre
au chantier, passé
20 avril 2000 : Potsdamer Platz
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occupé au cordeau
de la digue, un coin
confiné, parcelle
à la ligne alignée
se détache du vert
ombragé et massif
colonie arpentée
dans ses bordures
prises en limites
rêve clos, clôture
30 avril 2000 : Laubenkolonie,
jardins ouvriers de Spandauer Damm
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