Jamais plus nous ne verrons cela, jamais plus nous ne l`oublierons
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Jamais plus nous ne verrons cela, jamais plus nous ne l`oublierons
C olette & autres nourritures Colette en Normandie L Le 29 mai 1935, Colette se rend au Havre dans l’euphorie de la traversée inaugurale du paquebot Normandie. Missionnée par le quotidien Le Journal, elle doit effectuer un reportage sur la traversée depuis les salons et cabines de première classe. Durant les cinq jours de la traversée, elle observe les autres, contemple le ciel et la mer. Finalement à l’issue de la dernière soirée passée à bord, juste avant d’aller se coucher, Colette commence à rédiger son reportage. Seule, elle parcourt le paquebot désert, traverse ses vastes espaces, dans une aube et une pénombre qui révèlent le bateau dans ses volumes et sa décoration. Son récit qu’elle communique, le 3 juin, par téléphone, depuis New-York, est enthousiaste. Avec euphorie, il relate la première arrivée du célèbre paquebot dans le port de New York : (… ) Jamais plus nous ne reverrons cela, jamais plus nous ne l’oublierons. Nous sommes encore à la quarantaine, mais d’un élan la ville impatiente est venue au-devant de nous. Un vol d’avions multicolores, d’autogires nous environne, nous fête, nous couvre de pétales de papier. La mer autour de nous balance autant de coques qu’elle a de vagues. La foule humaine, chargeant les ponts, et les sirènes, mêlent leurs cris, des lambeaux de Marseillaise palpitent dans le vent, cueillis au passage par nos cœurs, salués par nos voix qui s’enrouent, car nous goûtons la joie, tous, d’être simples, de nous sentir jeunes et émus, éblouis et reconnaissants d’un accueil qui passe en chaleur ce que nous imaginions. Derrière une brume bleue, le groupe de géants se lève, grandit peu à peu, crève de la tête la brume, offre au soleil des fronts dont aucun édifice humain n’égala la hardiesse. Dans deux heures, nous serons à leurs pieds. (…) “ Jamais plus nous ne verrons cela, jamais plus nous ne l’oublierons... ” © B d J. Colette est accompagnée de Maurice Goudeket qu’elle vient d’épouser, afin d’être en règle avec la législation des hôtels américains. Blaise Cendrars est également à bord pour couvrir la traversée. Mandaté par Pierre Lazareff et Paris-Soir. Il a choisi, lui, de suivre la traversée depuis la salle des machines. Philippe Normand. Colette découvre New York à bord du Normandie. 14 Le frisson esthétique › N°6 © B d J. Colette et Maurice Goudeket en 1935, sur l’Empire State Building. e l l i v u a rs à De Séjou Royal Hotel Deauville 23 juillet 1953. enant 1923 passe l’été à Deauvilqleue » de profil se prom « cro Colette te Sem la is r enant u t a ic au, prom e Le car p a h c ge. nt en sur la pla existe la montra o ot ches. Une ph les plan r u s n ie son ch ha, sein Pac s u H y 1952 est invitée par Ihame. tembr Colette au 2 sep t le il ju du 24 et et de Goudek e ic r u a 1953 accompagnée de Msandier, séjourne au e Tis Colette, e Paulin t n a let. n r e t sur les u 31 juil a sa gouv 3 2 u il roulan d u e 954. t l e u t a f o e en 3 août 1 c le la Royal H , p s é è d r n an ap , elle se raîtra, u Affaiblie a p is d e s. Ell planche L’odeur de la mer, que j’avais oubliée, passe pour venir nous toucher, par-dessus de longues prairies qui la bordent. Colette, Lettres à sa fille, © Gallimard. 2003. Le frisson esthétique › N°6 15