Edition Marocaine

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Edition Marocaine
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La Fondation du Roi Abdul Aziz Al-Saoud
pour les Etudes Islamiques et les Sciences Humaines
La Fondation du Roi Abdul-Aziz Al Saoud pour les Etudes Islamiques
et les Sciences Humaines est une institution ouverte au public depuis
le 12 juillet 1985.
En tant qu’association marocaine à but non lucratif et déclarée d’utilité
publique, la Fondation œuvre pour le développement de la recherche
en sciences sociales et humaines avec une priorité accordée à l’aire
maghrébine, considérée dans ses différentes dimensions historiques,
culturelles, géographiques et sociales. Ainsi, ses services sont-ils
destinés aux professeurs et étudiants des institutions universitaires et
instituts supérieurs spécialisés en études arabo-islamiques et sciences
humaines et sociales.
L’action de la Fondation se déploie à travers trois pôles :
Une bibliothèque spécialisée au service de la recherche avec un
fonds documentaire riche d’environ 700.000 documents en différentes
langues et supports, avec une banque de données bibliographiques
mise à la disposition du public sur le site Internet :
http://www.fondation.org.ma
Les usagers de la bibliothèque de la Fondation ont également la
possibilité d’accéder gratuitement à des banques de données
bibliographiques et textuelles internationales.
Aussi, la Fondation a-t-elle constitué une bibliothèque numérique
composée de manuscrits, lithographies, cartes postales anciennes et
archives marocaines, avec un million de pages numérisées.
Un espace d’activités scientifiques (colloques, conférences…)
de débats et d’échange scientifique et culturel entre chercheurs et
penseurs du Maroc et de l’étranger.
Edition
Marocaine
Rapport sur l'activité éditoriale marocaine
en littérature, sciences humaines et sociales
2014 – 2015
Edition
Marocaine
Rapport sur l'activité éditoriale marocaine
en littérature, sciences humaines et sociales
2014 – 2015
Directeur de rédaction
Mohamed-Sghir Janjar
Coordinateur de rédaction
Mohamed Malchouch
Comité de rédaction
Mustapha Allouh
Mohamed Kadiri
Ayoub Maghder
Samira Refai
Houcine Sahbane
Préparation de cd-rom, support des
données bibliographiques
Yassine Ahlalouch
Maquette et mise en page
Khadija Kaissoumi
Traduction française
Hammadi Safi
Dépôt légal 2016 MO 0730
ISBN 978-9954-0-3622-8
© Fondation du Roi Abdul-Aziz Al Saoud
pour les Etudes Islamiques et les Sciences Humaines, Casablanca, 2016
Rue du Corail, Ain Diab, Casablanca
Tél. : (212) 05 22 39 10 27/30 – Fax : (212) 05 22 39 10 31
[email protected] – http://www.fondation.org.ma
Présentation
Contenu
Ce premier Rapport sur l’Édition au Maroc, préparé par la
Fondation du Roi Abdul-Aziz pour les Études islamiques
et les Sciences humaines, se veut une contribution à une
meilleure perception de la réalité de l’Édition au Maroc et
de sa dynamique de la part des professionnels du livre, des
lecteurs et de tous les acteurs qui s’intéressent à la question.
Méthodologie et contenu du
Rapport................................... 4
Le Rapport participe de l’action de cette Fondation dans les
domaines de la production et de la diffusion de l’information
bibliographique ; action qu’elle mène à travers un suivi sans
discontinuer de l’activité éditoriale aux plans local, arabe et
international, tout en développant et en alimentant des banques
de données bibliographiques qu’elle met à la disposition des
chercheurs et du public le plus large des usagers.
Ce Rapport apporte des informations bibliométriques détaillées
sur les publications marocaines. Il se propose de ce fait d’aider
à dépasser les approximations que véhiculent les jugements
et commentaires, basés sur de simples impressions quant à la
réalité de l’activité éditoriale au Maroc. Ce sont ces jugements
et commentaires qui, faute d’informations fiables sur le sujet,
sont repris à une large échelle par les médias locaux comme
par certains rapports régionaux et internationaux. A cet effet,
un cd-rom, comportant une base de données détaillées de
toutes les publications recensées avec leurs couvertures à
l’appui, est joint à ce document.
En outre, le Rapport propose à la fois un texte synthétique sur
l’évolution historique, depuis la fin du XIXe siècle, de l’édition
et de l’imprimerie au Maroc, et un rappel du cadre dans
lequel a évolué l’Édition marocaine au cours de la décennie
2004–2013. Il situe, également, les grandes tendances qui
traversent la scène éditoriale dans les domaines littéraires et
des études en sciences humaines et sociales. Ces tendances
sont appréhendées par rapport, entre autres, aux indicateurs
de la langue, du domaine de la connaissance, de la traduction
et des traits caractéristiques de la carte de l’édition et de
l’imprimerie sur le territoire marocain.
Il est à espérer que ce Rapport, appelé à être édité
annuellement à l’occasion du Salon International de l’Édition
et du Livre de Casablanca, contribue à faire connaître la
production culturelle, littéraire et scientifique marocaine et à
mieux cerner la réalité et la dynamique de l’Édition marocaine.
Les publications marocaines
pendant la dernière décennie
(2004–2013)............................ 7
Bilan de l’Édition marocaine
au titre de l’année
2014/ 2015............................. 9
Répartition des publications
selon les langues..................... 9
Répartition des publications
selon les domaines littéraires et
de la connaissance................ 10
Répartition des publications
marocaines en fonction des
domaines géographiques
étudiés................................... 12
Les traductions...................... 15
Études de textes anciens et
thèses universitaires.............. 15
Les auteurs.......................... 18
Les éditions à compte
d’auteur................................. 18
Les éditeurs
professionnels..................... 19
Imprimerie et imprimeurs... 21
L’aide à l’Édition au Maroc.... 22
Prix des livres marocains...... 22
Tirages et éditions................. 22
4
Edition Marocaine
1. Méthodologie et contenu du Rapport
Pour préparer ce Rapport, on s’est basé
sur les informations bibliographiques
réunies dans la base de données de la
Fondation, laquelle est continuellement
mise à jour, à raison des acquisitions
quotidiennes des publications effectuées
par les services de l’institution sur le
marché local à travers les différentes
régions du Maroc.
Ces acquisitions portent sur toutes les
publications –ouvrages et revues– toutes
langues et spécialités confondues à
l’exception des suivantes :
•
les imprimés relatifs aux sciences
dites exactes : physique, chimie,
médecine, biologie, etc. ;
•
les livres d’enfants ;
•
les imprimés à usage général (livres
de cuisine, de décoration, livressanté, etc.) ou encore les imprimés de
vulgarisation sans portée informative
ou académique.
La banque de données de la Fondation
La mise en place de la banque de données de la Fondation a
débuté en 1986. La base de données bibliographiques qui en
est le cœur regroupe l'information bibliographique relative
à toutes sortes de supports de l'information (livres, revues,
manuscrits, lithographies...). Les données bibliographiques
renvoient à quelque 700 000 documents disponibles dans le
fonds documentaire de la bibliothèque de l'institution.
La banque de données comporte, en outre, une bibliothèque
numériique constituée de millions d'articles de revues,
rendus accessibles via les abonnements internationaux.
Les données bibliographiques relatives aux publications
marocaines contenues dans cette banque de données
couvrent 27 559 ouvrages, 791 titres de revues et des
dizaines de milliers d’articles. Les numéros de revues
sont disponibles dans le fonds de la bibliothèque de la
Fondation, dont une partie en collections complètes.
Toutefois, et malgré tous les efforts
consentis en vue d’assurer le suivi des
publications hors de l’axe CasablancaRabat, l’éclatement de la carte de
l’édition au Maroc –eu égard à l’absence
d’institutions et de réseaux de distribution
couvrant l’ensemble du territoire national–
rend difficile la recension de toutes les
publications marocaines parues durant
l’année précédant la tenue du SIEL qui
a lieu habituellement au milieu du mois
de février. C’est la raison pour laquelle le
Rapport a fait le choix de travailler sur la
production de deux années consécutives.
Ceci rend possible la description la
plus complète et la plus précise de la
dynamique éditoriale au Maroc.
Rapport sur l'activité éditoriale marocaine en littérature, sciences humaines et sociales
2014 – 2015
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Bref aperçu sur l’histoire du livre et de
l’édition au Maroc
A la veille du protectorat
Le Maroc fut l’un des derniers pays de l’aire arabo-islamique à adopter la technique de l’impression. Ce
fut l’imprimerie lithographique sous le règne de Mohamed IV, vers 1865 (à Meknès puis à Fès). Quant à la
technique typographique (imprimerie à caractères mobiles), elle fut d’abord introduite à Tanger en 1880 où
elle a servi à imprimer des journaux en langues européennes. Et ce n’est qu’en 1908 que le roi Moulay Hafid
réussit, après plusieurs tentatives, à l’installer dans la capitale du pays (Fès).
Outre le retard de son introduction dans le pays, l’imprimerie ne semble pas avoir été inscrite, à l’époque,
dans un projet de modernisation culturelle ou de renouveau éducatif. L’examen de quelque cinq cent titres
imprimés entre 1865 et la date de l’avènement du protectorat, montre, en effet, qu’à l’exception d’un texte
d’Euclide1, la quasi- totalité des ouvrages publiés étaient, soit des manuels en usage à la Qarawiyin depuis
plus de deux siècles (ouvrages de fiqh et de grammaire), soit des textes hagiographiques traditionnels ou le
produit d’opérations éditoriales prestigieuses (impression d’un Coran en 1887 ou de l’Ihya de Ghazali en
1879) destinées à illustrer la politique religieuse du sultan.
Sous le protectorat
L’usage traditionnaliste de la technique d’impression a fait que la jonction entre l’ère du manuscrit et celle
de l'imprimé ne s’est pas faite, comme en Egypte au XIXe siècle, par la nouvelle figure de l’intellectuel, mais
par le recyclage du vieux répertoire intellectuel issu de la tradition. Et il a fallu attendre les années 1930 pour
voir apparaître timidement quelques textes signés par de jeunes ‘ulémas réformateurs et nationalistes ou des
lettrés opérant comme fonctionnaires au service du Makhzen (El-Hajoui, A. El-Fassi, A. Guennoun, M.M.
Soussi...)
Selon le dernier inventaire bibliographique disponible des publications marocaines arabes éditées entre
1865 et 1956, le Maroc aurait imprimé au cours de cette période moins de 1400 titres, soit l’équivalent de sa
production annuelle à présent2. Voici comment se répartissent ces titres selon les disciplines intellectuelles
qu’on retrouve généralement dans les plans de classement des bibliothèques :
Pour ce qui est de l’édition arabophone, les 45 années du protectorat franco-espagnol ne furent pas plus
productives que les 47 années d’activité éditoriale dans la phase précoloniale. Celle-ci (1865–1912) nous a
légué quelque 550 titres, tandis que l’ensemble des publications arabophones de la période du protectorat n’a
pas dépassé les 800 titres, soit une moyenne de 17 titres par an. Par ailleurs, cette production s’inscrivait dans
une continuité avec les traditions intellectuelles du Maroc précolonial. Aussi les trois champs des savoirs
classiques (religion, historiographie traditionnelle et langue/littérature) constituaient-ils quelque 71% de la
production imprimée de cette période. Par contre, excepté quelques travaux d’auteurs étrangers édités au
Maroc, on ne connaît pas à l’époque de publications portant sur les nouveaux domaines du savoir (économie,
sociologie, anthropologie, linguistique, philosophie, etc.), sinon quelques manuels, guides ou des brochures
administratives. Quant au droit, il n’avait pas encore acquis son autonomie par rapport au fiqh, et constituait,
par conséquent, une partie intégrante des sciences religieuses classiques. Par ailleurs, une grande partie des
textes littéraires imprimés à cette époque se composait de poèmes religieux (éloge du Prophète ou chants
mystiques) insérés dans des recueils ne dépassant pas souvent une dizaine de pages.
1
2
Tahrir ‘usul al-handassa, 1876.
Voir : Publications marocaines depuis l'apparition de l’imprimerie à 1956 (en langue arabe), Latifa Al-Gandouz, Rabat : Ed.du
Ministère de la Culture, 2004. L’auteur a dépouillé les catalogues de neuf des plus grandes bibliothèques marocaines et a
utilisé de nombreuses sources bibliographiques imprimées et manuscrites.
6
Edition Marocaine
Le Maroc indépendant
Durant les soixante années qui ont suivi l’indépendance, l’édition marocaine a connu une évolution en deux
temps :
L’époque des vaches maigres : 1955–1984 : Au cours des trois premières décennies qui ont suivi l’indépendance,
on peut considérer qu’en matière d’usage de l’écrit, la configuration socioculturelle du pays ne différait
pas sensiblement de celle de l’époque d’avant l’indépendance. L’imprimé continuait à ne concerner qu’une
petite minorité de lecteurs. Et jusqu’au milieu des années 1980, le champ éditorial marocain avait une activité
très limitée, et paraissait subir encore l’impact des difficiles conditions culturelles et socio-politiques de sa
genèse. L’exiguïté du marché et la concurrence de la production arabe orientale, notamment égyptienne et
libanaise, maintenaient le pays dans le statut d’importateur du livre arabe produit au Moyen-Orient, et du
livre français édité en France. Par ailleurs, nombreux sont les auteurs marocains, aussi bien arabophones
que francophones, qui avaient pris l’habitude de publier leurs ouvrages à l’étranger (France, Liban) à cette
époque.
Les carences de l’édition marocaine se reflétaient notamment dans l’étroitesse du réseau d’imprimeurs
(125 unités) et d’éditeurs (20 unités), au milieu des années 1970, regroupés principalement dans les villes
universitaires, Rabat et Casablanca. Aussi, le pays produisait-il à peine 350 à 400 titres par an, à fin de
cette période (milieu des années 1980), avec une parité arabe/français qui constituait une des principales
caractéristiques du champ éditorial marocain de ces années postindépendance.
L’amorce d’un collage de l’édition marocaine depuis 1985 : A partir du milieu des années 1980, la production
annuelle (en littérature, sciences humaines et sociales) va doubler et marquer, du même coup, le début de
la fin de l’équilibre linguistique (arabe/français) qui a marqué la production éditoriale marocaine jusque-là,
avec le recul continu du taux de la production francophone.
En effet, la production de livres va passer dans un premier temps à une moyenne de 700 titres (19851995-)
pour atteindre une moyenne de 1300 titres au début de la décennie 2010. Quant à la part de la production
arabophone, elle emprunte une voie ascendante au cours des années et suivant l’augmentation du volume
de la production éditoriale. Elle passe ainsi de 50% (les années 1980), à 70% (les années 1990) à 80% à partir
de 2010.
Il est à noter aussi que le livre en langue amazighe qui a fait son apparition au milieu des années 1980, peine
à s’affirmer. En dépit du travail réalisé par l’Institut royal de la culture amazighe (IRCAM) et la progression
de l’enseignement de la langue amazighe, la production, essentiellement littéraire (récit et poésie) ne dépasse
pas encore 1,5% de l’ensemble des titres publiés chaque année.
Outre les mutations socioculturelles que connaît le pays à partir des années 1980 (urbanisation, transition
démographique, multiplication des universités et augmentation de la population estudiantine avec son
corollaire en diplômés, etc.), le nombre des imprimeurs a explosé, tandis que celui des éditeurs actifs qui était
très restreint dans les années 1980, a atteint 375 éditeurs (2014–2015) dont seulement une trentaine arrive à
publier plus de 10 tires par an. Leur réseau a, par ailleurs, débordé le traditionnel axe Casablanca-Rabat, pour
s’étendre aux autres grandes villes du pays (Tanger, Marrakech, Fès, Oujda, Agadir, etc.).
Mohamed-Sghir Janjar
Diagramme 1 : Evolution de l'arabe et du français
entre 1960 et 2015
Rapport sur l'activité éditoriale marocaine en littérature, sciences humaines et sociales
2014 – 2015
2. Les publications marocaines pendant la dernière décennie
(2004–2013)
Il ressort du bilan de l’activité éditoriale
marocaine durant la dernière décennie
que la production moyenne annuelle
en livres, dans les champs des Lettres,
des sciences humaines et sociales, est
passée de 1000 titres, au milieu de la
décennie 2000, à 1300 titres aux débuts
de la décennie actuelle.
Un tel niveau de production éditoriale
paraîtrait maigre si on venait à le
comparer avec celui de la production de
pays occidentaux comme la France, par
exemple, qui a à son actif un volume
moyen annuel de 60000 titres, ou
encore de pays arabes comme l’Égypte,
créditée de plus de 10000 titres. Force
est de constater, toutefois, que ce chiffre
équivaut au nombre de titres publiés au
Maroc entre 1865, année à laquelle la
lithographie fut introduite dans le pays, et
1956, date de son indépendance.
Et comme le montre l’aperçu sur l’évolution
historique de l’édition au Maroc tout au
long d’un siècle, la fin du XXe siècle et le
début du XXIe représentent un tournant
dans le processus d’évolution de l’Édition
dans le pays, et ce à plusieurs niveaux,
dont on peut retenir :
•
Le fort taux d’arabisation du secteur
de l’édition qui passe de 77% vers la
fin du siècle dernier à 82% au milieu de
l’actuelle décennie (2015). Ceci étant,
il importe de rappeler que le volume
de l’édition en langue française
représentait 42% de l’ensemble des
titres d’ouvrages imprimés au Maroc
durant les trois premières décennies
de l’après indépendance (1960–
1980).
•
La lente amorce de l’activité éditoriale
marocaine en langue amazighe qui
passe de 6 titres en 2004 à 33 titres
en 2013.
•
La montée en puissance accélérée de
l’activité éditoriale dans les domaines
de la connaissance correspondant
aux disciplines universitaires dont
l’enseignement a été arabisé tels les
Lettres, le Droit, l’Histoire, les Études
sociales et islamiques. Ces domaines
à eux seuls impactent quelque 81%
de la production éditoriale marocaine.
La part relative de cette production
éditoriale revenant aux domaines de
la connaissance liées aux disciplines
universitaires non encore arabisées
est en net recul, comme c’est le cas
de l’Économie (2%) ou la Gestion
(0,5%).
•
La production littéraire –la nouvelle,
le roman, la poésie, le théâtre–
occupe la première place (25%)
dans la production éditoriale annuelle
marocaine ; l’édition en matière de
création littéraire se fait à 82,5% dans
la langue arabe.
•
La maigre part réservée en matière
éditoriale à des domaines déterminés
tels que l’Éducation (4%), ou encore
la Philosophie (3%), l’Économie (2%),
la Gestion (0,5%), la Psychologie
(0,3%), la Géographie (0,3%), les
Études des autres Religions (autres
que l’Islam) (0,2%). Un tel état des
choses pourrait s’expliquer à la fois
par l’absence de spécialités aux
niveaux de la formation et de la
recherche scientifique et par la faible
demande institutionnelle et sociétale
sur ces types de connaissances.
7
8
Edition Marocaine
Discipline
Nombre de titres
%
œuvres littéraires
2624
23,5%
Droit
1764
16%
Société
1150
10%
Histoire
968
8,5%
Etudes littéraires
925
8,5%
Etudes islamiques
900
8%
Politique
809
7%
Education
444
4%
Arts
345
3%
Philosophie
302
3%
Langue
289
2,2%
Economie
245
2%
Généralités
188
2%
Sciences
82
1%
Management
55
0,5%
Psychologie
30
0,3%
Géographie
28
0,3%
Autres religions
25
0,2%
Tableau 1 : Disciplines 2004–2013
Rapport sur l'activité éditoriale marocaine en littérature, sciences humaines et sociales
2014 – 2015
9
3. Bilan de l’Édition marocaine au titre de l'année 2014/ 2015
Le bilan de l’activité éditoriale marocaine,
au titre de l’année 2014/ 2015, porte sur
une production de 2448 titres d’ouvrages
et de 144 titres de revues ayant édité
328 numéros ; certains de ces derniers
comportent des dossiers portant sur des
thématiques détérminées.
Répartition des publications selon les
langues
La
distribution
des
publications
marocaines, selon les langues, semble
attester que le processus d’arabisation du
secteur de l’édition, dans les domaines de
la connaissance retenus par ce Rapport,
qui a débuté vers le milieu des années 80
du siècle dernier, était en passe d’aboutir.
Les éditions en arabe, qui occupaient
une part de 58% de la production au
milieu de ces années quatre-vingts, se
situent dorénavant à 82%, c’est-à-dire en
2014/ 2015.
Les éditions marocaines en langue
française accusent, par contre, un
net recul relatif. Avec 384 titres édités
annuellement, les publications dans cette
langue couvrent seulement 15,5% du
volume retenu de l’Édition marocaine.
Diagramme 2 : Répartition par langues 2014–
2015
La part occupée par les publications
marocaines dans la seconde langue
officielle du pays, l’amazigh, stagne autour
de 1,1% durant les dernières années.
L’édition dans les autres langues
étrangères n’occupe qu’une infime part
du volume de la production éditoriale du
pays avec 0,8% pour l’espagnol et 0,6%
pour l’anglais.
On peut ainsi noter, à la lecture du
graphique ci-après, à quel point la langue
arabe n’a pas cessé de se faire une place
prépondérante dans le champ éditorial
marocain depuis le milieu des années
80 du XXe siècle. Une telle tendance
n’a pas manqué de s’affirmer en rapport
avec l’élargissement relatif de la base de
la population lettrée, d’une part, et avec
l’accroissement du nombre d’étudiants
accueillis par les universités dans les
branches littéraires et en sciences
humaines et sociales, dont on sait que
l’enseignement universitaire y a été
arabisé depuis le milieu des années 70
du siècle dernier.
Les revues marocaines
Les
revues
marocaines
recensées
au
titre
de
l'année 2014 /2015 sont des
publications
académiques
éditées par des établissements
universitaires, des centres
de recherche et des instances
privées. Certaines de ces revues
ont les caractéristiques des
revues généralistes à contenu
intellectuel et culturel général.
Ne sont pas prises dans cette
recension les revues illustrées (hebdomadaires ou
mensuelles), qu'elles soient spécialisées ou généralistes,
10
Edition Marocaine
comme « Aujourd'hui le Maroc » et « Gestion ».
Le nombre des revues ainsi recensées est de 144 titres,
parues en 328 numéros. La répartition de ces numéros
par langues se présente ainsi : 192 numéros en arabe,
soit 58,5% de l'ensemble ; 99 numéros bilingues (arabefrançais), soit 30% ; 35 numéros en français (10,5%), les
autres langues occupant 1%.
S'agissant des champs de la connaissance couverts par
les différents numéros, les revues juridiques arrivent en
tête avec 83 numéros, représentant 25% de l'ensemble.
Elles sont suivies par les revues traitant d'histoire et
de géographie avec 52 numéros (16%), puis par celles
s'occupant des études littéraires qui totalisent 35
numéros, soit 11% de l'ensemble, et enfin les études
islamiques avec 9% de l'ensemble (29 numéros).
Sur l'ensemble de la collection de revues, un certain
nombre de numéros (128), représentant 39% de
l'ensemble, sont le fait d'initiatives individuelles, alors
que 81 numéros, soit 25% de l'ensemble, sont édités
de la part d'institutions et de centres publiques (les
établissements universitaires ou les ministères).
Il importe de relever que 35 de ces revues paraissent
pour la première fois ; elles portent à 43% du volume
sur des thèmes juridiques (15 numéros).
Si l'on en croit la périodicité déclarée des revues
(mensuelle, trimestrielle, annuelle), les parutions
attendues pour la période retenue dans ce rapport
(2014 / 2015) seraient de 656 numéros. Or, les éditions
effectives ne dépassent guère les 328 numéros, soit 50%
du volume escompté. Ce constat renvoie au problème
structurel des revues marocaines, à savoir leur faible
régularité et les arrêts incessants qui entachent de
leurs parutions. A titre d'illustration, on peut citer la
revue « Recherches », éditée par la Faculté des Lettres
et des Sciences humaines de Mohamedia, qui a cessé
de paraître en 2008, pour reprendre en 2014 avec le
numéro 16, ou encore « La revue des études lexicales »,
réapparue en 2014 après une absence de cinq ans.
Répartition des publications selon les
domaines littéraires et de la connaissance
Il ressort des statistiques relatives à
la production éditoriale marocaine de
l’année 2014/ 2015 que les travaux
littéraires occupent 24% de l’ensemble
avec 589 titres. La part du lion (81,5%)
de cette production revient aux sept
domaines littéraires et de la connaissance
que sont : les Travaux littéraires, le Droit,
la Sociologie, les Études islamiques,
l’Histoire, les Études littéraires, et les
Études politiques.
On peut noter que l’activité éditoriale
s’est développée de manière notoire
dans le domaine des études islamiques
sous l’impulsion d’un certain nombre
d’éditeurs institutionnels tels que Rabita
Mohammadia des Oulémas et le ministère
des Habous et des Affaires islamiques ; ce
qui pourrait l’expression de la volonté de
produire un discours religieux qui doit se
faire sa place dans les débats intellectuels
et idéologiques qui se déroulent aux
plans régional et international et dont les
thématiques sont caractéristiques de ce
genre de publications.
Discipline
Arabe
Amazigh
Littérature
664
27
Droit
292
Société
219
Etudes
islamiques
Françsis Autres
109
16
–
39
1
–
71
–
232
–
7
–
Histoire
181
–
43
1
Politique
122
–
21
3
Arts
65
–
32
2
Langue
55
–
3
6
Philosophie
58
–
2
–
Education
42
–
6
1
Généralités
25
–
11
0
Economie
14
–
20
1
Sciences
12
–
10
–
Psychologie
9
–
1
–
Management
2
–
8
–
Autres
religions
9
–
0
–
Géographie
5
–
1
–
Total
2006
27
384
31
%
82
1,1
15,5
1٫4
Tableau 2 : Par disciplines et par langues 2014–2015
Rapport sur l'activité éditoriale marocaine en littérature, sciences humaines et sociales
2014 – 2015
11
Les publications marocaines en langue
amazighe
Un
ensemble
de
27
publications,
écrites
en
langue amazighe, est venu
enrichir
la
production
éditoriale
marocaine
de
l'année 20142015-.
Dans l'ensemble, les travaux
édités sont des créations
participant de la poésie ou de
la narration et ne comptent
pas de volets théoriques. La
collection est faite de recueils
de poèmes (15 titres), de recueils de nouvelles (7), un
roman, trois pièces de théâtre, dont une traduction
d'une pièce étrangère, en plus d'un livre où plus d'un
genre littéraire cohabitent (poèmes, histoires très
courtes).
Par rapport aux idiomes, la collection comporte 24
publications écrites dans l'amazigh de Souss Massa
Daraa (tashalhit) et 3 dans l'amazigh du Rif (tarifit).
Il n'y a pas de publications écrites dans le tamazight
du Moyen-Atlas. La distribution des publications en
fonction des caractères d'écriture se présente comme
suit : Trois publications en caractères latins, une en
caractères arabes, deux en caractères tifinagh, 17
écrits en caractères latins et tifinagh, deux en arabe et
tifinagh, un en arabe et latin et un écrit en trois types
de caractères : arabe, latin, et tifinagh.
A part deux livres édités par la maison d'édition
Marsam de Rabat, deux autres par Dar er-Rif à
Nador et un seul par les Editions de la Revue Tawsna
de Casablanca, les autres ouvrages ont été publiés
à compte d'auteur. les imprimeurs d'Agadir et de
sa région ont imprimé 14 titres, ceux de Rabat ont
assuré 6 et un titre a été imprimé à Casablanca.
On ne peut que constater que le volume des
publications en amazighe reste très maigre, en dépit
de l'inscription de l'amazigh langue officielle dans le
corps de la Constitution du Maroc, du lancement du
processus de son enseignement, de la constitution
de la l'Institut royal de la culture amazighe et la
multiplication des associations et institutions qui ont
pris sur elles d'encourager la production et l'édition
en amazigh. En effet, ce volume ne représente que 1%
de l'ensemble de la production éditoriale marocaine
de l'année. Un tel niveau d'activité éditoriale prolonge
en fait celui des dix dernières années (2004–2013).
Les publications marocaines en langue
espagnole
La composante écrite en langue
espagnole représente une part
infime des 2448 ouvrages
parus au titre de la période
retenue par ce Rapport, soit 18
titres (0,74% de l'ensemble).
La part la plus importante de
cette collection (12 ouvrages)
est constituée de publications
académiques, éditées par des
universités et des instituts
d'étude et de recherche ; elles
sont l’œuvre d'enseignants chercheurs exerçant dans
des universités marocaines, espagnoles et d'Amérique
du Sud. Il importe de noter à cet égard que huit
ouvrages ont été édités par le Centre Mohammed VI
pour le dialogue des civilisations de Coquimbo au
Chili et que les quatre autres l'ont été par l’Institut
des études hispaniques et lusophones de Rabat. Ces
douze ouvrages ont traité de thématiques diverses
relatives aux relations internationales (3 ouvrages
sur la question du Sahara marocain) et à l'histoire,
la politique, la langue, la littérature, le voyage et la
traduction.
Les 6 ouvrages restant de la collection ont été
publiés à compte d'auteur par des Marocains et des
Espagnols. Ils portent sur des sujets ayant trait aux
dynamiques sociales, à la littérature et à l'histoire.
12
Edition Marocaine
Les publications marocaines en langue
anglaise
Les publications marocaines en
anglais, recensées au titre de
l'année retenue ici est de 13 titres
de livres. Il portent sur plusieurs
domaines de la connaissance en
matière de Lettres, de sciences
humaines et sociales.
Dans le champ de la linguistique,
on a comptabilisé 5 titres, dont
trois sur l'enseignement de l'arabe,
les deux autres portant sur la
langue amazighe et sur les idiomes
au Maroc.
La création littéraire s'est illustrée dans un recueil de
poèmes édité par la Faculté des Lettres et des sciences
humaines de Rabat et un texte narratif édité par les
Éditions Safrioui. On compte également deux ouvrages
dans le domaine de la photographie : l'un porte sur
le Maroc dans son ensemble et l'autre sur la ville de
Tanger.
Dans le domaine du politique, deux publications, sous
forme de rapports, ont été recensées, l'un édité par le
Ministère chargé des Relations avec le Parlement et la
société civile et préparé par le « Comité de dialogue
national sur la société civile et les nouveaux rôles
constitutionnels », et l'autre publié par l'Association
marocaine des droits de l'Homme sur l'état des droits
des immigrés et des demandeurs de l'asile politique au
Maroc.
D'autres thèmes sont traités par deux ouvrages. Le
premier, qui est une traduction anglaise du texte
source en français, aborde la question du thé dans les
traditions du Sahara marocain. Les éditions anglaise
et française sont sorties au même moment (2014). Le
second livre, théorique et académique, s'interroge sur
la pensée critique dans les domaines de l'enseignement,
de la formation et de la recherche scientifique. Il s'agit
de la publication des actes du colloque international
tenu en 2011 et initié par le groupe de recherche « La
philosophie au service de la société » de la Faculté des
Lettres et des sciences humaines de Rabat.
Répartition des publications marocaines
en fonction des domaines géographiques
étudiés
Le tableau ci-après détaille la répartition
des publications marocaines (livres)
selon l’espace géographique étudié.
Il en ressort que 1811 titres (soit 70%
de l’ensemble), y compris les créations
littéraires, portent sur l’espace national.
L’espace maghrébin ne figure comme
objet d’étude que dans un nombre limité
de publications marocaines (3%) : 53
titres traitent de l’espace maghrébin dans
son ensemble et 25 autres titres portent
sur l’Algérie. Le reste de l’espace arabe
n’y est abordé que marginalement avec
40 titres, soit 1,5% de l’ensemble.
L’enseignement que l’on peut tirer de
ces données va dans le sens de celui
développé par Mohamed Cherkaoui
dans une étude relative à la production
scientifique des enseignants chercheurs
marocains en sciences humaines et
sociales, et pour qui les travaux de ceuxci restent centrés sur l’environnement
et les questions locaux et s’occupent
peu des domaines d’intérêt régionaux
(l’Afrique ou le monde arabo-musulman)
et internationaux.
Pays
Nombre de
titres
Maroc
%
1811
74%
Europe
99
4%
Maghreb
53
2%
Al Andalus
46
2%
Monde arabe
28
1%
France
25
1%
Algérie
25
1%
Egypte
12
0,5%
Turquie
2
0,08%
Etats-Unis
2
0,08%
Etudes théoriques
Total
345
2448
14%
100%
Tableau 3 : Les aires d'étude 2014–2015
Rapport sur l'activité éditoriale marocaine en littérature, sciences humaines et sociales
2014 – 2015
13
Les publications dans le domaines des
Études islamiques
Par « études islamiques » on entend ici l'ensemble des
œuvres éditées à propos de l'islam, c'est à dire les études
ayant trait au Coran, au Hadith, à la Sîra du Prophète,
au fiqh (jurisprudence islamique), aux doctrines et
écoles, ainsi que la production intellectuelle générale
et les exégèses des textes fondamentaux. L'émergence
du champ des Études islamiques est un fait récent au
Maroc. Elle est largement liée aux conditions locales des
contextes culturels, religieux et politiques des années
80 du siècle dernier. Ceci ne veut pas dire que la pensée
islamique n'était pas produite au Maroc auparavant.
Ce qu'il y a eu de nouveau c'est la conscience de
l'importance de la production de « la connaissance »
en étroite relation avec la religion et en rapport avec les
traits caractéristiques de la société marocaine, tout en
ayant présentes à l'esprit deux nécessités. La première
nécessité est celle de satisfaire les besoins intérieurs en
matière de consommation de la « culture islamique »,
dès lors que les institutions officielles n'étaient plus à
même d'assurer cette mission. La seconde nécessité
est celle de se positionner en concurrent des autres
composantes du champ universitaire marocain,
avec ce que cela implique comme aiguisement des
conflits sociaux et idéologiques avec les différents
courants concurrents. Une troisième nécessité a pris
corps au regard des nouveaux développements géostratégiques, il s'agit de disposer d'un « produit
intellectuel islamique marocain » qui devrait être
conforme aux traits de la « personnalité culturelle »
des Marocains ; ce qui devrait, par la force des choses,
réduire la dépendance totale vis-à-vis de certains
aspects de la production orientale en la matière.
Le plus intéressant dans cette affaire est que cette
exacerbation de la sensibilité culturelle marocaine visà-vis de son homologue orientale a été paradoxalement
le produit de l'interaction de courants idéologiques et
universitaires différents ou opposés.
Les données chiffrées rapportées par ce Rapport,
relatives aux Études islamiques, et concernant
notamment sur la décennie 2004–2013, montrent
que cette rubrique ne représente pas plus que 8% de
l'ensemble des publications marocaines durant cette
période. Autrement-dit sur dix ans, les publications
en études islamiques ont été de l'ordre de 900 titres
avec une moyenne annuelle de 90 ouvrages ; moyenne
relativement modeste comparée à celle de 2014/ 2015
durant laquelle 232 titres ont été publiés en deux ans
soit une moyenne annuelle de 116 titres.
Ce bilan se répartit par thèmes comme suit : Soufisme :
48 titres ; Études coraniques : 48 ; Études générales :
43 ; Fiqh et ses sources (Jurisprudence islamique) :
39 ; Sîra : 21 ; Théologie et écoles théologiques : 21 ;
Études du hadith : 10 ; Réformisme et renouvellement
religieux : 2 titres.
Le lecteur peut appréhender
les éléments de la nouvelle
politique
religieuse
au
Maroc à travers l'analyse
des principaux thèmes qui
travaillent les publications
recensées plus haut. Le
volume des publications
se rapportant au soufisme
reflète bien l'importance du
pari sur cette composante
religieuse en vue d'élaborer
une interprétation modérée
de l'islam, en symbiose avec
les données de l'histoire du Maroc et des éléments à
l'appui de la « légitimité politique » dans le pays. A cela,
il faut ajouter les livres qui présentent les traditions
orales des Marocains en matière de lecture marocaine
du Coran et des méthodes de sa mémorisation. Il sont
au nombre 13 ouvrages sur 46 entrant dans le domaine
des Études coraniques qui se répartissent comme suit :
le Tafsir (exégèse coranique) avec 12 titres ; études
thématiques du Coran avec 11 livres ; la langue du
Coran avec 3 titres ; histoires coraniques avec 2 titres.
En trouve, en outre, parmi les ouvrages entrant dans la
rubrique du fiqh, une présence remarquable de livres
sur le fiqh malékite en Occident musulman en général
et au Maroc en particulier (34 titres sur 39 en études
du Fiqh et de ses sources). Ces livres enseignent la
méthode de ce fiqh malékite, son histoire, ses auteurs
et ses textes, dont les codes jurisprudentiels et fatawi
(quelque 8 titres). Enfin, on note la publication de 15
ouvrages sur la « doctrine ash'arite », sur un ensemble
de 21 livres entrant dans la rubrique « Doctrines et
écoles doctrinales ».
Ceci-dit, l’écriture en matière d'études islamiques est
dominée par la langue arabe. Seuls 7 ouvrages l'ont
été en langue étrangère, ici le français. Le contenu de
ces sept ouvrages est centré sur deux thématiques. La
première est celle de l’écriture soufie avec 4 ouvrages,
dont trois sont des traductions d'éditions arabes
annotées de textes anciens. La seconde thématique est
celle de « l'économie islamique » (3 titres). Il importe
de noter l'édition d'une traduction espagnole d'un
texte écrit à l'origine en français et qui participe des
« études coraniques ».
S’agissant de l'activité des éditeurs concernés par les
publications en « études islamiques » pour la période
retenue ici, on peut les répartir en deux groupes.
Le premier est fonctionnellement concerné par la
production du discours religieux. Le second est un
groupe de maisons d'édition à caractère commercial,
dont les plus importantes sont Dar Al Amane qui a
à son actif 39 titres, le Centre culturel arabe (17), Dar
14
Edition Marocaine
Errachad El Hadita (11), Afrique Orient (6). Le premier
groupe mérite une attention particulière ; on remarque
que Rabita Mohammadia des Oulémas consolide
son statut d'éditeur diffuseur du discours islamique
en ayant produit 41 ouvrages, dont onze dans le
domaine du fiqh malékite, alors que la participation
du Ministère des Habous et des Affaires islamiques
s'est réduite à ce titre à 8 ouvrages. Quant aux entités
locales du Conseil Supérieur des Oulémas, réparties
sur tout le territoire national, elles n'ont édité en 2014–
2015 que deux livres.
La contribution féminine aux écrits en matière
d'études islamiques reste modeste. Seuls 19 ouvrages
ont été signés par des femmes. A noter à ce propos
la symbolique de la publication d'un exemplaire du
« Moshaf Mohammadi version Warch selon Nafi' »
à la copie de laquelle ont contribué 75 000 femmes
ayant bénéficié du programme de lutte contre
l’analphabétisme dans les mosquées.
Les publications marocaines en philosophie
L'édition philosophique marocaine s'est enrichie en
2014 /2015 d'une soixantaine de titres d'ouvrages. On
peut les répartir selon quatre axes en fonction de leurs
objet et centres d'intérêt comme suit : l'axe des thèmes
et questions philosophiques classiques universels
(32 titres), l'axe des thèmes de la philosophie arabe
et islamique classique et contemporaine et de ses
questions (18 ouvrages dont un traduit de l'italien),
l'axe de la culture philosophique générale (6 titres)
et enfin l'axe des instruments méthodologiques de
l'exercice de la philosophie (4 titres).
Ces livres, ainsi classés, se caractérisent quant à
leur nature et à l'identité de leurs auteurs par ce qui
suit : 8 titres ont été édités dans le cadre d'une série
spécialisée dans un domaine déterminé et 3 autres
sont des traductions ; tous les auteurs sont du genre
masculin, en majorité des Marocains de l'intérieur, l'un
d'entre eux est un universitaire résidant à l'étranger ;
six auteurs sont des étrangers arabes (d'Algérie, de
Tunisie et de Syrie), un éditeur marocain ayant passé
contrat de coédition avec son homologue d'Orient,
et enfin l'un des auteurs est un résident français du
Maroc.
On peut aussi relever que 58 titres sur les soixantes
que compte cette collection sont écrits en arabe et
que si des ouvrages de cette collection pourraient
participer des champs classiques de la philosophie
(l'ontologie, l'axiologie, l’épistémologie), d'autres
appartiennent aux nouveaux champs de la philosophie
contemporaine (philosophie du sujet, critique de
l'idéologie, déconstructionnisme).
Quand on aborde cette collection sous l'angle des
approches et des contenus, ce qui permet de se faire
une idée du public visé par les ouvrages, on constate
que des ouvrages, particulièrement ceux du premier
axe, ont été écrits dans une perspective d'enseignement
ou de recherche académique organisée, et ce au regard
de la manière de poser les questions philosophiques
théoriques et de les résoudre. Cette catégorie
comprend 27 publications ; huit de ces publications
se sont attelées à exposer une théorie ou une doctrine
philosophique ou encore à les expliquer et à les
vulgariser. La tendance remarquée dans d'autres
publications (16 ouvrages) a été celle de la critique
idéologique, notamment sur des questions relatives
au concept de la modernité dans la pensée occidentale
et la pensée arabe contemporaines. D'autres ouvrages
(5 en tout) se sont intéressés à de grands philosophes
tels que Ibn Rushd, Platon, Nietzsche et Gilles
Deleuze dans une perspective biographique. Une
autre série d'ouvrages faite de 4 titres se sont voulus
plus pédagogiques et didactiques en proposant les
instruments et les méthodes d'apprentissage de la
philosophie et d'exercice à la pratique philosophique.
Enfin, quatre ouvrages de la collection sont de libres
réflexions et pensées philosophiques à propos de
l'expérience existentielle personnelle et sur la vie
contemporaine et les questions qui s'y rattachent.
La création littéraire marocaine
La création littéraire représente 24% des publications
marocaines de l'année 2014–2015. Les titres concernés
se répartissent en cinq langues : l’amazigh, l’arabe, le
français, l’espagnol et l’anglais.
La littérature arabe représente à elle seule 80% (470
titres), suivie de la littérature française 15% (89 titres),
la littérature amazighe 4,5% (27 titres) et la littérature
anglaise 0,3% (2 titres). Quant à la littérature espagnole,
elle représente 0,2% (avec un seul titre traduit de la
littérature arabe).
En ce qui concerne les genres littéraires, la fiction est la
plus présentée parmi les œuvres littéraires de l'année
en question avec 50,5% (299 titres), suivie de la poésie
42,5% (251 titres) et les textes dramatiques avec 4% (25
titres). Les autres formes littéraires ne représentent
que 3% (14 titres).
Rapport sur l'activité éditoriale marocaine en littérature, sciences humaines et sociales
2014 – 2015
Les traductions
Avec 119 titres parus au cours de
2014 / 2015, les traductions représentent
une composante relativement importante
de l’ensemble des ouvrages édités au
Maroc. Il s’agit d’un chiffre important
comparé au volume des traductions
éditées pendant les décennies 80 et 90
du siècle dernier, lorsque les éditions de
traductions au Maroc ne dépassaient
guère les 30 titres annuellement.
Toutefois, ce volume reste limité au regard
des besoins du pays dans les domaines
scientifiques et en matière d’éducation et
d’enseignement, plus particulièrement par
rapport aux domaines de la connaissance
dont l’enseignement a été totalement
arabisé pendant les dernières décennies.
Les langues sources des traductions
marocaines sont le français avec 68 titres
(70%), l’espagnol avec 13 titres (14%) et
l’anglais avec 6 titres (6%). La traduction
à partir des autres langues européennes
reste marginale et ne produit pas plus
d’un seul titre par an.
Pour ce qui est des langues cibles, la
distribution traductions marocaines se
présente comme suit : la langue arabe
occupe la première place avec 97 titres
(81,5%), suivie par le français avec 17
titres (14%) et puis l’amazigh avec un tire
(1%).
S’agissant de la nature des textes traduits,
les créations narratives en plus des études
littéraires représentent une composante
substantielle de ces traductions (35%).
Viennent ensuite les écrits à caractère
historique (20%), social (10%) ou encore
politique (8%).
Études de textes anciens et thèses
universitaires
•
Textes anciens
L’intérêt éditorial porté aux textes anciens
et patrimoniaux s’est traduit au Maroc par
la publication de 77 livres représentant
3% du volume de l’activité éditoriale,
dont une partie est constituée de thèses
universitaires (6 titres). Les textes en
question sont pour la plupart d’entre eux
des textes religieux (fiqh et soufisme) ou à
connotation historique ou linguistique.
•
Livres – Thèses universitaires
Les informations disponibles sur un
ensemble d’ouvrages (17 titres) montrent
que ces publications sont à l’origine de
thèses universitaires. Il s’agit de travaux
universitaires en Études religieuses
(études de textes anciens), en Histoire ou
en Sciences de l’Éducation. On y trouve
des travaux soutenus, tout récemment,
comme celui sur la « gouvernance
territoriale participative », sujet d’une
thèse soutenue en 2013, ou à une date
encore plus ancienne, avant même les
années 2000. L’une des éditions les
plus anciennes est le livre « Al Ansas alquraania » (Méthode de mémoration du
Coran), qui a été à l’origine une thèse
universitaire soutenue en 1990 à Dar
al-Hadith al-Hassania. Il a été publié à
compte d’auteur.
Les traductions
On entend ici par traduction
le sens général du terme qui
renvoie au fait de faire passer
un texte rédigé dans une langue
dans un texte rédigé dans une
autre. Il n'est pas réduit au
processus d'arabisation qui n'en
est qu'un aspect. Le champ de la
traduction, ainsi défini, occupe
une place modeste parmi les
publications marocaines au titre
de l'année 2014–2015, avec un
volume de 119 traductions.
15
16
Edition Marocaine
La traduction à l'arabe
Le nombre de livres traduits à l'arabe est de 97 titres. Le français est la première
langue source des traducteurs. En effet, 68 ouvrages écrits à l'origine en français ont
été directement traduits à l'arabe, sans compter les traductions où la langue française
a été la langue intermédiaire, utilisée par le traducteur sans le déclarer comme
l'exigent les règles de la documentation reconnues internationalement. La langue
espagnole occupe la deuxième place en tant que langue source avec 13 titres, suivie
de l'anglais (6 titres), du néerlandais (3 titres), du russe avec deux ouvrages dont l'un
est l’œuvre d'une traductrice marocaine et l'autre une traduction jordanienne déjà
parue en 2006.
Il semble, d'après les données de la période retenue 2014–2015, que la traduction
reste une activité masculine dans la mesure où le nombre de femmes traductrices ne
dépasse pas sept.
Les traductions se répartissent sur les champs de la connaissance suivants par ordre décroissant du volume :
littérature : 34 livres ; histoire : 19 ; société : 10 ; politique : 8 ; langue : 7 ; philosophie : 6 ; arts : 3 ; études
islamiques : 2 ; psychologie : 2 ; économie : 2 ; géographie : 2 : droit : 1
Le lecteur pourrait être en droit de s'interroger sur la fonction cognitive et sociale de la traduction dans
les domaines sus-mentionnés. Une telle traduction répond-elle à un besoin de la société ou ne satisfait-elle
qu'aux priorités que se fixe le traducteur ou l'éditeur, quand ce ne sont pas les deux à la fois ? Et ce, quel
sens donner à l'intérêt porté aux traductions littéraires, par exemple, et que signifie le faible volume des
traductions en études islamiques ?
Il importe également d'indiquer que deux éditeurs occupent le devant de la scène en matière d'édition des
traductions ; il s'agit d'Afrique Orient (12 titres) et le Centre Culturel Arabe (9 titres). La part dans l'activité de
l'édition des traductions qui revient aux autres éditeurs varie entre un seul titre et trois. Le fait que les deux
premiers éditeurs s'appuient sur un large réseau de distribution à l'étranger … pourrait être un facteur qui
expliquerait leur avance par rapport aux autres éditeurs en matière d’édition de traductions arabes.
La traduction de l'arabe
Les textes traduits de l'arabe au français sont au nombre de douze. Parmi ces traductions on compte trois
des ouvrages suivants entrant dans le domaine des études islamiques : Dalâil al-Khayrat (Les voies d'accès
aux bienfaits) d'el-Jazouli (1404–1465) ; Al-inba bi Nousshi al-Abna (Les clés du bonheur) de Sheikh Ahmed
bin Ayachi Skerej Tijani (1878–1944) ; Mira'at al'Isâba fi ad-dhabbi an as-sahâba (Les propos des clairvoyants
pour défendre les Compagnons) de Hassan bin Mohammad al-Ghasal al-Fassi (1866–1939). Ont également
été traduits deux ouvrages en arabe sur la vie politique au Maroc, deux recueils de poèmes d'auteurs
marocains contemporains et deux ouvrages biographiques, l'un concernant un Résistant membre de l'Armée
de libération Nationale au Maroc et l'autre sur un musicien malvoyant. Il faut aussi indiquer la réimpression
de la traduction française du livre de al-Andalusy Ali Ben Abderrahman Ben Hudhayl, Halyat al-Forsan wa
Shiâr al-Shujân (La parure des cavaliers et l'insigne des preux), traduction effectuée par Louis Mercier ; un
autre ouvrage sur les chorfas de Ragraga et un troisième sur les femmes travaillant dans l’artisanat au Maroc.
La traduction et vers l'amazigh
Le bilan de la traduction par rapport à la langue amazighe est très mince (deux livres seulement). Un texte
narratif a ainsi été traduit en français tout comme a été traduite, du français à l'amazigh du Souss, la pièce
de théâtre « En attendant Godot » de l'auteur irlandais Samuel Beckett. Les deux traductions sont l’œuvre de
deux traducteurs marocains.
Les traduction de et à d'autres langues
• La traduction vers la langue française
Trois ouvrages traduits de l'anglais vers le français ont été publiés en 2014–2015 : un ouvrage en linguistique
traduit par une Marocaine ; les deux autres sont de Edward Said et de Noam Chomsky, dont la traduction fut
assurée par un groupe de traducteurs étrangers et l'édition réalisée par les soins d'un éditeur marocain. Un
Rapport sur l'activité éditoriale marocaine en littérature, sciences humaines et sociales
2014 – 2015
17
traducteur marocain a assuré la traduction d'un autre ouvrage sur les oiseaux du Maroc de l’espagnol vers
le français.
• La traduction vers la langue espagnole
Trois textes d'auteurs marocains ont été traduits du français vers l'espagnol par des traducteurs étrangers. Il
s'agit de deux textes littéraires, écrits à l'origine en arabe, traduits dans un premier temps vers le français, et
à partir de cette version française vers l'espagnol. La troisième traduction est celle d'un ouvrage en études
coraniques d'un auteur marocain qui écrit en français.
• La traduction vers la langue anglaise
Une partie d'un ouvrage sur le thé et son rituel au Sahara marocain a été traduite du français vers l'anglais.
Publication des textes manuscrits
Il semble que le nombre
de textes patrimoniaux
édités en 2014–2015 reste
insignifiant par rapport
au nombre total de livres
publiés (77 livres sur 2448).
Il
s'agit
d'éditions
annotées de textes du
patrimoine
marocoandalous.
Ceci
laisse
penser que cette activité
serait comme l'expression
d'une préoccupation grandissante par rapport à la
construction d'une personnalité culturelle inscrite
dans son aspect historique. Cette préoccupation peut
trouver son sens dans le besoin en général pour une
société de se distinguer culturellement au sein de
son environnement ; elle peut tout aussi bien être
le produit d'une politique officielle systématique
visant à élaborer une version nationale de synthèse
articulant les « attributs de la géographie », « les
spécificités de la religiosité » et les fondements du
régime politique de l’État. La preuve en serait le fait
que les plus grands éditeurs d'éditions annotées de
textes anciens au cours de la période couverte par
le présent Rapport sont deux institutions officielles :
Rabita Mohammadia des Oulémas, et le Ministère des
Habous et des Affaires islamiques. C'est aussi dans
ce contexte que l'on peut comprendre que la majorité
des éditions annotées de ces textes appartiennent
au champ des études islamiques en général, et du
soufisme en particulier (17 livres), devant le fiqh
et les études y afférentes (14 livres), l'histoire et les
voyages (10 ouvrages).
Il semble que la participation des femmes au domaine
de l'étude et de l'annotation des textes est encore à
ses balbutiements. Seuls 6 textes sont comptés à leur
actif contre 71 à celui de leurs homologues du genre
masculin.
La plupart des éditions annotées de textes anciens
appartiennent aux domaines classiques de la
connaissance. Toutefois certains textes se démarquent
par leur singularité. Ainsi en est il de deux textes ;
le premier traite des épidémies et des fléaux à alAndalus et au Maroc, et le second est un dictionnaire
amazigh-arabe du 18e siècle, le travail ayant été
préparé à partir d'une copie unique en son genre.
Certaines éditions annotées de textes anciens (6 en
tout) sont à l'origine des thèses approuvées par les
universités marocaines.
Les textes édités diffèrent pour ce qui est du nombre
de pages. A part quelques éditions dont le volume
ne dépasse pas 100 pages, le reste des publications
comptent chacune un volume qui se situe entre 200
et 1700 pages.
18
Edition Marocaine
4. Les auteurs
Le graphique représentant la répartition
des auteurs, par rapport au genre,
montre que l’écriture et la publication
continuent d’être conjuguée au masculin
dans 86,5% des cas. Les 2116 titres
d’ouvrages publiés en 2014/ 2015 sont
écrits par des hommes, alors que 325
titres seulement sont signés par des
auteures, soit 13,5% des publications, et
ce malgré l’accès progressif des filles à
l’enseignement universitaire, notamment
dans les domaines de la connaissance
objet de ce rapport, en l’occurrence les
études littéraires, linguistiques, humaines
et sociales.
Graphique 3 : Auteurs marocains selon le genre
2014–2015
L’analyse des 325 ouvrages écrits par des
Marocaines durant la période retenue par
ce Rapport, montre que l’écriture féminine
est davantage portée sur la littérature
(55,5%) et se fait dans la langue arabe ;
elle est presque inexistante dans des
domaines déterminés de spécialisation
comme la politique, l’économie, la
philosophie, l’histoire, la géographie...
Lorsque l’on s’intéresse à la nationalité
des auteurs, on constate que le champ
éditorial marocain accorde sa préférence
aux textes des auteurs marocains (81%
des publications), lesquels sont suivis
par les auteurs français (3,5%). Viennent
ensuite les Espagnols, les Tunisiens et
les Mauritaniens avec 17 titres édités
pendant l’année retenue par ce Rapport.
Les éditions à compte d'auteur
Un autre trait caractéristique du champ
éditorial marocain est le fait qu’une
composante importante des publications,
représentant plus 35,5% de la production
imprimée, se fait à l’initiative des auteurs
et à leurs frais. Un ensemble de 870 titres
sont publiés pendant l’année de référence
dans ces conditions, ce qui hypothèque
les chances, pour une partie au moins
de ces publications, de les voir diffusées
hors des limites de la ville de l’auteur ou
du cercle de ses connaissances.
Il n’y a pas de doute que l’amateurisme
qui entache ainsi fortement le domaine
de l’édition et de l’impression montre à
quel point le processus de structuration
du secteur de l’Édition au Maroc est tout
sauf avoir abouti. A cela, il faut ajouter
les questions que soulèvent les pratiques
d’amateurs en matière de préparation et
de mise en page des textes des ouvrages
publiés et leur conformité aux standards
professionnels connus.
Rapport sur l'activité éditoriale marocaine en littérature, sciences humaines et sociales
2014 – 2015
5. Les éditeurs professionnels
Jusqu’aux années 80 du siècle dernier,
le nombre d’éditeurs professionnels ne
dépassait pas la dizaine. Ils étaient répartis
entre les villes de Rabat et de Casablanca.
Ce nombre a depuis largement augmenté
puisqu’on en recense 398 au titre de
l’année 2014 /2015, avec un volume édité
constitué de 1578 titres, soit 64,5% des
publications annuelles.
L’axe Rabat – Casablanca continue
d’accueillir une forte concentration de
maisons d’édition (78%). Néanmoins,
un
mouvement
embryonnaire
de
diffusion de l’activité éditoriale dans tout
territoire national est en train de prendre
progressivement forme. En attestent les
données du tableau ci-dessous. Toutefois
ce mouvement est plus marqué au niveau
de la région du nord du pays (Tanger,
Tétouan, Al Houceima) qui accueille 7%
d’éditeurs dynamiques, alors que l’activité
éditoriale professionnelle n’est qu’à ses
débuts dans les autres régions.
Les institutions ayant fait de l’édition,
totalement
ou
partiellement,
leur
secteur d’activité, se sont relativement
développées. Force cependant est de
constater que la plupart d’entre elles
n’éditent que quelques titres par an. Le
tableau ci-après répertorie les éditeurs
ayant publié plus de dix titres par an ;
ils sont au nombre de 32. Autrement-dit,
seuls 7,5% des éditeurs marocains sont
en mesure d’éditer dix titres ou plus par
an. Il importe de remarquer que parmi
ces 32 d’éditeurs professionnels qui ont
publié 10 titres au moins en 2014/ 2015,
figurent 12 institutions publiques ou
civiles comme les facultés des Lettres, le
ministère de la Culture, le ministère des
Habous et des Affaires islamiques, Rabita
Mohammadia des Oulémas, ou encore
l’Union des Écrivains du Maroc et le Haut
Commissariat des Anciens Résistants et
Membres de l’Armée de libération.
Parallèlement à l’affirmation de la tendance
générale de l’édition en arabe, on relève
que le milieu de l’édition au Maroc compte
plus que trois éditeurs spécialisés dans
l’édition en langue française (Carrefour,
Marsem, les Editions Lefenec) ; le
seul éditeur en langue espagnole (Le
Centre Mohammed VI du dialogue des
civilisations) étant domicilié au Chili.
Graphique 4 : Editeurs marocains par région
19
20
Edition Marocaine
Editeur
Arabe
Autres
langues
Total
Afrique Orient
85
23
108
Dar Al Aman
79
7
86
La Croisée des chemins
11
56
67
Centre cutlurel arabe
61
0
61
Faculté des lettres et des sciences humaines de Rabat
43
16
59
Rabita Mohammadia des Oulémas
55
1
56
Marsam
14
29
43
Ed. Azzamen
34
1
35
Editions Slaiki Akhawayne
25
4
29
Dal Al Watan
26
1
27
Les éditions Toubkal
26
0
26
Librairie Errachad
26
0
26
Centre des études sahariennes
18
8
26
Union des écrivains du Maroc
23
0
23
Maison de la poésie au Maroc
23
0
23
Librairie Salma
20
0
20
Dar Attaouhidi
19
1
20
Dar nachr al Maârifa
19
1
20
Revue marocaine d'administration locale et de
développement
12
5
17
Etablissmement Affaq (Marrakech)
16
0
16
Fondation de la Mosquée Hassen II
10
5
15
Le Fennec
4
11
15
Bouregreg
10
4
14
Ministère des habous et des affaires islamiques
14
0
14
Haut-commisssariat aux anciens résistants et anciens
membres de l'Armée de libération
13
0
13
Ministère de la culture
12
1
13
4
8
12
Dar Errachad El-Hadita
12
0
12
Faculté des lettres et sciences humaines - Dhar el
Mehraz
12
0
12
Dar Affaq al-maghribia (Casablanca)
11
0
11
Bab al-Hikma
11
0
11
2
8
10
Centre Mohammed VI pour le dialogue des
civilisations à Coquimbo (Chili)
Faculté des lettres et sciences humaines Agadir
Tableau 4 : Classement des éditeurs marocains de 10 titres et plus (2014 / 2015)
21
Rapport sur l'activité éditoriale marocaine en littérature, sciences humaines et sociales
2014 – 2015
6. Imprimerie et imprimeurs
Où sont imprimés les ouvrages publiés
par les éditeurs ? La réponse à cette
question suppose accessibles les
informations relatives à l’identité de
l’imprimeur et au lieu d’impression. Or si,
sur les lithographies marocaines parues
entre 1865 et 1912, on a pris le soin de
mentionner le nom de l’imprimeur et la ville
où il exerce, les publications marocaines
récentes n’accordent que peu d’intérêt
aux indications relatives à l’impression.
Ainsi, sur 2448 livres publiés en 2014/
2015, seuls 1771 titres (72%) comportent
des informations s’y attachant.
Les données disponibles sur les
imprimeurs permettent de dire que, sur
l’axe Casablanca-Rabat, la concentration
des imprimeurs se fait relativement moins
forte (67%) que celle des éditeurs (78%) ;
les imprimeurs ayant confectionné 33%
des publications parues au titre de l’année
2014/ 2015 se répartissent sur toutes les
régions du territoire national à l’est et à
l’ouest, comme au nord et au sud.
Imprimeur
Arabe
Atures
langues
Imprimerie Najah El Jadida
195
23
218
Imprimerie Maàrif Al Jadida
138
45
183
Bouregreg
108
49
157
Afrique Orient
90
24
114
Imprimerie Rabat Net
94
16
110
104
1
105
Imprimerie papeterie El
Watanya
74
9
83
Dar Al Aman
62
6
68
Editions Slaiki Akhawayne
52
4
56
Centre culturel arabe
52
0
52
Imprimerie Oumnia
Tableau 5 : Classement des imprimeurs (plus de 50 titres/an)
Le graphique qui suit donne la répartition
des imprimeries sur le territoire national.
A part l’Imprimerie Slaiki Akhawayne,
située à Tanger, les imprimeurs qui
produisent 50 titres ou plus se concentrent
dans l’axe Casablanca-Rabat.
L’impression de livres à l’étranger porte
sur un volume limité de publications. Il
s’agit surtout de livres d’art qui demandent
une grande qualité d’impression. Font
exception à cette règle les publications
assurées par l’éditeur maroco-libanais,
al-Markaz al-taqafi al-arabi (Le Centre
culturel arabe). Ledit éditeur a l’habitude
d’imprimer ses publications et ceux de
ses associés (comme Mominoun Without
Borders au Liban).
Total
Graphique 5 : Imprimeurs marocains par région
22
Edition Marocaine
L’aide à l’Édition au Maroc
Prix des livres marocains
Il est difficile de déterminer avec précision
les parties qui apportent leur soutien à
l’Édition au Maroc dans les domaines
des Lettres et des sciences humaines et
sociales ainsi que la nature et le volume
de ce soutien. La raison en est le peu
de données disponibles à ce sujet. Les
éléments d’information s’y rapportant,
recueillis sur une partie limitée des
publications, laissent penser que le
ministère de la Culture représenterait le
principal soutien à cette activité éditoriale
à hauteur de 67% du volume de l’aide
constatée. Il est suivi en cela par les
institutions publiques marocaines (23%)
puis par les institutions étrangères à
hauteur de 10%.
Le prix moyen d’un livre marocain paru en
2014/ 2015 s’établit à 62 dh. Il est de 34%
moins cher que celui du livre algérien qui
s’élève pour la même période à 94 dh et
de 35,4% moins cher que le prix moyen
public du livre tunisien (96 dh).
Tirages et éditions
Les tirages moyens du livre marocain en
Lettres, sciences humaines et sociales
varient entre 1000 et 2000 exemplaires.
Seules les publications à caractère
scolaire échappent à cette règle. La scène
culturelle marocaine ne connaît pas le
phénomène des best sellers à grands
tirages, en littérature ou dans d’autres
domaines.
Côté éditions, le plus gros des livres
marocains (95% d’entre eux) sont
publiés en une seule édition. Seuls 2,5%
des ouvrages parus en 2014/ 2015 ont
été réédités une seule fois. Les rares
rééditions multiples de livres –dans les
domaines du droit et de la gestion–
se produisent quand la publication se
transforme en support de cours destiné
aux étudiants universitaires.
Graphique 6 : Sources de soutien apporté à
l'édition marocaine
Rapport sur l'activité éditoriale marocaine en littérature, sciences humaines et sociales
2014 – 2015
23
L’édition électronique au Maroc
Les informations relatives à l’édition électronique
marocaine sont rares. Ce qui est le cas pour la plupart
des pays de la rive sud de la Méditerranée, même si les
technologies de l’information et de la communication
y sont de plus en plus sont accessibles.
Un inventaire rapide de l’offre éditoriale numérique
marocaine sur le web, montre que les acteurs
concernés sont souvent des institutions publiques,
et leurs publications sont globalement des rapports
ou des actes de colloque. C’est le cas notamment de
l’Institut Royal des Etudes Stratégiques (IRES) qui
a publié sur son site « le rapport stratégique 2015 :
panorama du Maroc dans le monde : les transitions
majeurs » en trois langues : l’arabe, le français et
l’anglais. De son côté, le Conseil National des Droits
de l’Homme (CNDH) a publié aussi des rapports
annuels et thématiques sur les droits de l’homme au
Maroc.
La plupart des publications sont au format PDF
téléchargeable. Cependant, le Centre Jacques Berque
pour les études en sciences humaines et sociales au
Maroc, édite ses publications en format HTML, et les
commercialise sous différents formats, dans le cadre
de la plateforme « Open Edition » spécialisée dans
les sciences humaines et sociales.
Quant aux revues scientifiques, leur nombre est très
limité. Il faut citer celle intitulée « Droit et stratégies
des affaires au Maroc » publiée par l’éditeur français
‘LexisNexis’ dont le siège social est basé au Maroc
sous le nom de ‘LexisMaroc’. Elle est publiée en format
papier et électronique depuis 2014. Par ailleurs, la
revue électronique « Ribat Al-Kutub » joue le rôle de
revue culturelle des livres. La Fondation ‘Mominoun
Without Borders’ (Rabat) publie une série de revues
littéraires et de pensée critique (Yatafkkarun, Albab
et Daouat)
Autre initiative pilotée cette fois-ci par l’Institut
Marocain de l’Information Scientifique et Technique
(IMIST), en partenariat avec le Centre Nationale de la
Recherche Scientifique et Technique (CNRT), a pour
nom : l’Edition électronique des revues scientifiques
marocaines. Elle permet aux éditeurs des revues
marocaines d’éditer ou bien de numériser leurs revues
en vue de rendre la production scientifique marocaine
visible à l’échelle nationale et internationale.
Ayoub Maghder
24
Edition Marocaine
L'éditeur
Statut
Types de
publications
Langue de
publication
Site web
L'institut Royal des Etudes
Stratégiques
Etablissement
public
Rapports
Actes de colloque
Arabe, Anglais,
Français
www.ires.ma
Conseil National des Droits de
l'Homme
Etablissement
public
Rapports annuels
et thématiques
Actes de colloques
Etudes
Monographies et
manuels
Arabe, Anglais,
Français,
Espagnol
www.cndh.ma
Centre Jacques Berque pour les
Etudes Humaines et Sociales au
Maroc
Etablissement
académique
étranger
Monographies et
manuels
Français
www.cjb.ma
Haut Commissariat au Plan
Etablissement
public
Rapports annuels
Statistiques
régionales
Allocutions
Arabe, Anglais,
Français
www.hcp.ma
Ribat Al Koutoub
Revue
électronique
Articles
Arabe
ribatalkoutoub.com
Mominoun without borders
Fondation privée
Revues et
monographies
Arabe
www.mominoun.com
L'Organisation Islamique pour
l'Education, les Sciences et la
Culture (ISESCO)
Organisation
islamique
Revues et
monographies
Arabe, Anglais,
Français
www.isesco.org.ma
L'Institut Royal de la Culture
Amazighe
Etablissement
public
Revues et
monographies
Arabe, Amazighe, www.ircam.ma
Français
Secrétariat Général du
Gouvernement
Secteur
gouvernemental
Bulletin officiel
Série de la
documentation
juridique
marocaine
Arabe, Anglais,
Français
www.sgg.gov.ma
L'Office Marocain de la Propriété
Industruelle et Commerciale
Etablissement
public
Rapports Annuels
Guides et études
Arabe, Anglais,
Français
www.ompic.org.ma
Direction des Douanes et Impôts
indirectes
Administration
publique
Rapports d'activité
Français
www.douane.gov.ma
Fondation du Roi Abdul-Aziz
Al Saoud pour les Etudes
Islamiques et les Sciences
Humaines
Fondation
académique
privée
Revues,
Bibliographies
Monographies
Etudes
Arabe, Français
www.fondation.org.ma
Institut Marocain de l'Information
Scientifique et Technique
Etablissement
public
Revues
scientifiques
Arabe, Français
http://revues.imist.ma
Tableau 6 : Quelques éditeurs marocains utilisant les techniques de l'édition électronique
Rapport sur l'activité éditoriale marocaine en littérature, sciences humaines et sociales
2014 – 2015
25
La classification des champs de la
connaissance utilisée
Le présent Rapport a adopté le système de
classification décimale Dewey pour classifier les
livres inventoriés dans ce Rapport ; il est le système
le plus répandu dans les bibliothèques à travers le
monde. Il revient à l'Américain Melvil Dewey d'avoir
élaboré ce système dont il publie la première édition
en 1876. Les éditions de plus en plus développées et
étendues se sont succédé jusqu'à la 23e, parue en 2011
sous formats papier et électronique.
Le numéro de classement adéquat d'un livre est fixé
selon le thème principal du livre. Les champs de la
connaissance sont divisés en 10 grandes disciplines
fondamentales, lesquelles se répartissent en dix
classes dont chacune comporte 10 subdivisions.
Cette méthode est appelée système de classification
décimale de la
connaissance.
A titre d'exemple,
le classement d'un
livre qui traite
du thème de « la
famille du temps
des Idrissides » se fera selon le thème « famille » à
l'intérieur du domaine des études sociales et non dans
celui des études historiques. Ceci permet de réunir
toutes les publications relatives à « la famille » sous
le même numéro de classement, malgré la diversité
des approches et des domaines (histoire, sociologie,
éducation, philosophie, etc.)
Message du bibliothécaire à l'attention de
l'éditeur marocain
Les
enseignements
tirées
des
expériences
internationales dans le domaine de l'édition
attestent que l'utilisation de certaines spécifications
internationales a contribué à la diffusion de
l'information autour des publications ; elle a
également facilité les opérations de catalogage et
d'identification de ces publications. Certaines de ces
spécifications méritent de se voir généralisées dans
le secteur de l'édition marocaine. On peut en citer :
• Le numéro international normalisé du livre,
ISBN. Ce numéro se compose de plusieurs
segments, dont l'un indique l’État ou la zone
géographique d'appartenance de l'éditeur. Cette
indication permet au livre marocain de disposer
d'une identité nationale en dehors des frontières
du pays.
• Le numéro du dépôt légal.
• La mention de la langue d'origine d'une
traduction publiée ainsi que le titre original de
l'ouvrage traduit et les informations relatives à
son édition.
• Mention d'un résumé biographique de l'auteur
sur le dos du livre qui doit comporter sa date
de naissance (et celle du décès dans le cas d'un
auteur décédé), car ces dates constituent un
critère essentiel permettant de distinguer les
noms homonymes d'auteurs.
• Mention des indications relatives à la thèse
universitaire quand elle est le texte de base de la
publication. Ces indications doivent comporter la
spécialisation scientifique, la date de soutenance
et l'institution universitaire l'ayant validée.
• Le catalogage avant publication, également
connu sous le sigle CIP pour l'anglais cataloging
in publication : Il est proposé ici que les éditeurs
marocains fassent comme leurs homologues
en Égypte, en Arabie Saoudite et ailleurs
qui ont commencé à insérer les données du
« Catalogage avant publication » au verso de la
page de titre, comme on en trouve sur certaines
publications étrangères et plus particulièrement
anglo-saxonnes. Ces données englobent des
données succinctes de catalogage et d'indexation
(description et sujet) avec le numéro de
classement Dewey. De telles indications facilitent
l’accès rapide à l'objet du live et les procédures de
commande et d'achat auprès des éditeurs et des
distributeurs de livres. Elles permettent, en outre,
d'unifier les activités bibliothéconomiques en
matière de catalogage, singulièrement au niveau
des petites bibliothèques qui ne disposent pas de
systèmes intégrés de gestion de bibliothèques.
à
n
blicatio
de la pu
n
o
i
s
a
c
c
l'o
Conférence – débat
avec la participation de
Daniel Nordman, Directeur de recherches au CNRS
Hassan Elboudrari, Maître de conférences à l'EHESS
Jamaa Baida, Directeur des Archives du Maroc
Administration et société au Maghreb
perspectives historiques : du XVIe s. au XXe s.
le 20 mai 2016 à 16h
au siège de la Fondation du Roi Abdul-Aziz Al Saoud
pour les Etudes Islamiques et les Sciences Humaines à Casablanca
à
n
blicatio
de la pu
n
o
i
s
a
c
c
l'o
Conférence – débat
avec la participation de
Baudouin Dupret, Directeur de recherche au CNRS
Jean-Noël Ferrié, Directeur de recherche au CNRS
Zakaria Rhani, Professeur à l'Université
Mohammed V (IURS)
Assia Boutaleb, Maîtresse de conférences à
l'Université Paris 8
Le Maroc au présent
une société en mutation
le 3 juin 2016 à 16h
au siège de la Fondation du Roi Abdul-Aziz Al Saoud
pour les Etudes Islamiques et les Sciences Humaines à Casablanca
Edition
Marocaine
Rapport sur l'activité éditoriale marocaine
en littérature, sciences humaines et sociales
2014 – 2015
Un CD-Rom facile à utiliser, et qui permet :
• des recherches bibliographiques par titre, auteur, thème,
éditeur…
• une visualisation des couvertures de livres et de revues
• la sauvegarde et l’impression des résultats de la
recherche
Large inventaire de ce qu’a été publié par les Marocains au Maroc et
ailleurs, depuis l’adoption de l’imprimerie en 1865 à nos jours ;
Cet inventaire bibliographique concerne 18.549 auteurs et 87.561
documents (livres et articles) ;
La base de données est consultable selon une multitude de clés de
recherches.