Thierry Cotillard : « Casino et Intermarché sont désormais numéro

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Thierry Cotillard : « Casino et Intermarché sont désormais numéro
Thierry Cotillard : « Casino
et Intermarché sont
désormais numéro un en
puissance d'achat »
PHILIPPE BERTRAND / CHEF DE SERVICE ADJOINT | LE 10/10 A 06:00
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Thierry Cotillard : « Casino et Intermarché sont désormais numéro un en puissance d'achat » - RGA/REA
Thierry Cotillard (Directeur de la centrale d'achat d'Intermarché)
A quand remonte votre projet d'alliance avec Casino dans le domaine
des achats ?
Les premiers contacts ont eu lieu il y a un mois, mais nous songions à une alliance de ce type depuis plus
longtemps. Avant l'été, nous avons élaboré un nouveau plan à trois ans, pour la période 2015-2017, et notre
président, Philippe Manzoni, a pris clairement acte du fait qu'avec 14 % de part de marché, et malgré notre
progression régulière, nous restions loin derrière Carrefour et Leclerc. Nous avons estimé que nous ne
rattraperions jamais notre retard à court terme et que, donc, une alliance dans les achats s'imposait à nous.
Nous avons réfléchi à nous rapprocher de plusieurs acteurs, comme Cora et même Leclerc, qui partage avec
nous les mêmes valeurs du commerce indépendant. Mais avec 3,5 % de part de marché, Cora ne nous
apportait pas assez de volumes. Pour Leclerc, la situation était inverse. Leurs 20 % additionnés à nos 14 %
nous auraient fait atteindre le seuil à partir duquel les autorités en charge de la concurrence estiment qu'il existe
une position dominante.
Et puis il y a eu l'alliance nouée entre Auchan et Système U…
L'annonce par Auchan et Système U de leur partenariat a évidemment précipité la réflexion car, alors, nous
descendions du podium. Nous avons donc saisi l'opportunité que nous proposait Casino. Cette alliance nous est
apparue d'autant plus réalisable que nos deux réseaux se trouvent assez rarement en situation de concurrence
frontale, ce qui n'aurait pas été le cas avec Système U par exemple. Casino exploite une centaine
d'hypermarchés et plusieurs réseaux de proximité en centre-ville. Nous sommes, nous, centrés sur les
supermarchés, plutôt en zones rurales.
Concrètement, comment va s'organiser votre partenariat avec Casino ?
D'emblée nous avons voulu un accord de parité. Philippe Manzoni et Jean-Charles Naouri [le PDG du groupe
Casino, NDLR] ont été d'accord là-dessus. Il est trop tôt pour détailler l'organisation. Nous le ferons dans un
mois environ, après avoir informé et consulté, comme il se doit, les instances représentatives du personnel. Une
chose est sûre : chaque partie conservera sa propre politique commerciale.
Quel est donc le périmètre de l'accord ?
Ce qu'il faut préciser à nouveau, c'est que l'accord ne porte que sur les grandes marques nationales et
internationales, soit les 2 % de nos fournisseurs qui assurent environ 40 % de nos volumes de vente. On parle
là de 60 à 80 dossiers pour 10 à 15 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Les produits frais et ceux produits par
les PME sont exclus du périmètre.
Quels bénéfices escomptez-vous de cette coopération avec Casino ?
Comptez-vous alimenter encore plus la guerre des prix ?
L'idée est clairement d'être en position d'obtenir les meilleures conditions puisque nous sommes désormais
numéro un en puissance d'achat devant Carrefour, Auchan-Système U et Leclerc. Je n'ai pas de chiffres à
donner pour mesurer les gains que nous pouvons espérer. Mais nous ne nous fixons aucune limite. Cependant,
nous n'envisageons pas tout à fait cette opération comme une façon d'accentuer encore la guerre des prix. Il
faut distinguer la lecture des prix publics et celle des prix d'achat. Chez Intermarché, la centrale garantit aux
magasins leur niveau de rentabilité. Nos adhérents n'étaient donc pas en difficulté. Mais notre centrale doit
pouvoir financer ses investissements. Nous allons par exemple investir à partir de cette année 1 milliard d'euros
dans l'optimisation de notre chaîne logistique en créant des bases mixtes. Cela permettra des économies de
coûts. Mais il nous faut aller plus loin.
Cette alliance est-elle durable ou simplement opportuniste et liée au
contexte de la guerre des prix ?
Nous souhaitons que cela dure le plus longtemps possible. D'ailleurs, dans le droit fil de notre alliance pour les
achats de grandes marques, nous avons convenu avec Casino qu'il soumettrait à notre outil industriel, qui
rassemble, je le rappelle, plus de 60 usines en France, tous les appels d'offres de leurs marques propres. Nous
bénéficierons d'un droit de préférence, à conditions égales bien entendu.
Philippe Bertrand, Les Echos
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