CR du 16 06 2015 Du Nô à Mata Hari 2000 ans de théâtre

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CR du 16 06 2015 Du Nô à Mata Hari 2000 ans de théâtre
CR du du 16/06/2015 Du Nô à Mata Hari : 2 000 ans de théâtre en Asie
L'exposition est richement documentée et habilement mise en scène mêlant allègrement témoins matériels
historiques et créations modernes. Devant nos yeux se présentent des précieux objets d'art et des
curiosités tels que :gravure sur feuille de palme de Kerala, toiles peinte ou imprimé ou rehaussé d'or du
Rajasthan et d'ailleurs, des figurines en bronze de Cambodge, des bols en porcelaine, famille rose, dynastie
Qing, des bas-reliefs, des statuettes et figurines du 11°, 13°,18°, siècles, des affiches de cinéma des années
1950, les chatoyants kimonos paysage d'Itchiku Kubota, un vélo kamishibai, petit théâtre de rue japonais
des années 1930, une bande-dessinée de 2010 remarquable par son graphisme épuré, le prolifique peuple
des marionnettes à tige, à fil venant de tous les coins d'Asie, des photos, des vidéos et évidemment un
impressionnant défilé de costumes, parures et masques.
Puisant ses sources dans des rituels religieux, au fil du temps, le théâtre s'est sécularisé pour devenir
progressivement un divertissement au s'affrontent toujours et encore le Bien et le Mal. Les pièces se
déroulent dans une intersection entre ce bas monde et l'au-delà. Pour s'en sortir indemne, il faut un
rituel : un acteur du kathakali indien, du wayang indonésien, de l'opéra chinois ou du nô japonais
s'avance sous des parures, des masques et des maquillages qui le transfigurent en dieu, en démon, en
héros de légende.
En guise de comité d'accueil : le mur des masques : la déesse Kali, Bengale / Hanuman, chef de
l'armée des singes, Uttar Pradesh / Ganesha, dieu à tête d'éléphant, Himalaya / Kaishan, créateur de
l'univers, Chine / l'oiseau Jatawu, Indonésie / Ravana démon à 10 têtes, Bengale.
Premier acte : l'INDE
Le Kathakali, théâtre dansé du Kerala existe depuis le 17° siècle - langage des gestes, mime,
mouvement des yeux - interprétant les grandes épopées du Mahabharata et du Ramayana.
Les rôles des femmes jouées par des hommes. Une jupe retroussé et le geste de la main signalent :
je suis une femme. Magistralement exposées sur des estrades : les imposantes tenues des acteurs
avec leurs coiffes incroyables, des colliers pesants, des lourds bracelets en or, des ceintures
précieuses... ou chaque accessoire porte un sens restant mystérieux pour le non-initié. On se délecte
en regardant un passage du Mahabharata ( une intrigue compliquée : racontant la rivalité opposant
deux clans d'un film indien de 1957. Les 5 Pandava ont dû céder tous leurs biens et Draupadi, leur
épouse commune aux Kaurava. Un des vainqueurs essaie de lui arracher sa robe. "Alors Draupadi
implora Krishna. Krishna apparait dans les airs et la robe de Draupadi se renouvelle autant que le
vilain tirait, tirait de longueurs de tissus." Les effets spéciaux de l'époque faisaient ce qu'ils pouvaient :
une sorte de masse d'ectoplasme émane du dieu et embobine la chaste Draupadi.
Le cinéma indien s'inspire dans sa frange populaire des mêmes épopées fondatrices que le théâtre.
On pense qu'il a eu plus d'un millier d'adaptation ciné ou télé.
Acte 2 : L'influence du théâtre indien :
Le théâtre épique de l'Inde gagne le Cambodge, le Thaïlande. Lâ, le protagonistes changent de nom,
enfilent des costumes luxueux et racontent les mêmes histoires d'un monde régit par les lois du
Dharma. Nous pouvons admirer la finesse et fraîcheur d'un bas-relief d'Angkor Vat ( Ravana sur son
char, bataille de Lanka ) grâce aux moulages faites par la mission française en 1881/82. Les
originaux sont presque illisibles suite aux ravages du temps.
L'Indonésie adapte et élargit les scénarios indiens par des contes et histoires des dynasties locales. A
Java et Bali se développent depuis le 13° siècle les différentes formes du wayang réunissant conte,
acteurs, danseuses, marionnettes, chant et orchestre de gamelan ( percussions métalliques ). Bali
nous invite au grand spectacle avec - en vedette le majestueux lion céleste, le Barong. Envoûtante
incarnation du Bien, ce lion mythique, affronte la sorcière Rangda, le Mal en personne.
Troisième acte : Le théâtre des ombres :
Là où tout est possible, représentable : ces fragiles silhouettes découpées dans du cuir, peintes,
parfois articulées. sont le médium idéal pour évoquer aïeux et dieux. Présents partout en Asie,
toujours accompagnées d'un orchestre et/ou de chants. Depuis ses origines intimement lié aux
croyances, le théâtre des ombres tend à disparaître. (87% de musulmans en Indonésie ). Néanmoins,
il trouve un nouveau souffle en inspirant les films d'animation.
En Extrême-Orient ( Chine et Japon ) prévaut un théâtre sur base littéraire inspiré de contes et légendes
Acte 4 : La CHINE
En Chine, empereurs et nobles aimaient s'amuser... même outre-tombe. Déjà à l'époque des Han (
20 avant JC - 220 après JC ) ils amenaient des troupes de saltimbanques dans leurs tombes :
acrobates, jongleurs, danseuses aux manches à longueur exagérée, dites aquatiques. Il faut attendre
le 13° siècle afin que se cristallise une proto-forme de vrai théâtre qui évoluera en 'spectacle total'
mêlant chant, musique, mime, danse, acrobatie, jonglerie, jeu d'acteurs. Ce que nous connaissons en
tant que opéra chinois trouve sa forme définitive qu'au 19° siècle à l'initiative de l'impératrice Cixi (
1835 - 1908 ). Depuis, même les marionnettes ont l'air impériale. La révolution culturelle ( 1966 - 1976 )
balaie le répertoire classique dès 1966. Jiang Qing, l'épouse de Mao, impose des opéras révolutionnaires.
C'est Shi Pei Pu (1938 -2009 ) acteur célèbre pour ses rôles de femmes qui a pu cacher et apporter en 1982
en France tout un trousseau de costumes et accessoires. Sa somptueuse collection est exposée.
Acte 5 : le JAPON éternel
Le Japon compte 3 formes dramatiques classées au patrimoine culturel immatériel de l'humanité : le
nô, le kabuki et le bunraku. La forme aristocratique du nô est un long poème chanté et dansé selon un
gestuelle hautement codifié depuis le 15° siècle qui trouve son pic d'élégance à l'époque Edo (1603 1868 ). Les spectateurs lisent les motifs des costumes comme des indication scéniques : le costume
peut signifier un sentier grâce à un motif sinueux, l'automne grâce à des feuilles d'érable, une forêt à
une heure tardive grâce à la couleur de l'écorce, et par la délicatesse de ses décors suggérer un
personnage féminin.
Dès l'époque d'Edo ( 1603 - 1868 ) s'impose une nouvelle forme théâtrale plus populaire : le kabuki
qui s'installe dans des quartiers spécialisés entouré de maisons du thé, boutiques et restaurants.
L'acteur, en particulier un onnagata ( homme qui joue des rôles de femme ) meut le kimono et lui
donne sa séduction. Les artistes du Ukiyo-e immortalisent les plus célèbres acteurs dans les estampes.
Jusqu'au 6 juillet le musée Guimet montre également 'Japon : images d'acteurs - estampes du Kabuki au
18° siècle'.
Le Bunraku ( depuis le 17° siècle ) : théâtre des marionnettes de grandes tailles, mesurant entre 90 et
140 cm pesant jusqu'à 5 kg. Chaque poupée est manipulée à vue par 3 artistes vêtus d'une sorte de
bure noire. C'est seul le maître, après des longues années de pratique, qui bouge la tête et le bras
droite. Ses assistants, cachée sous une capuche, s'occupent du côté gauche et des pieds. Le but
ultime de cette maîtrise, c'est de créer l'impression que le marionnettiste ne manipule plus la poupée :
il lui donne vie, il fait naître l'émotion.
L'intrigue est raconté par un récitant et accompagné par un joueur de shamisen ( luth japonais '3
cordes parfumées').
EPILOGUE Mata Hari soleil levant en malais
En 1905 elle va défrayer la chronique parisienne en offrant dans la Rotonde du Musée Guimet une
petite représentation de danses exotiques très déshabillées. Eugène Guimet l'avait invitée pour mieux
faire connaître son musée fondé en 1889. Mata Hari s'appelle en vérité Margaretha Zelle, hollandaise,
devenue Mme Rudolph MacLeod, mariée à 18 ans à un capitaine de la marine hollandaise de 19 ans
son aîné. Elle l'accompagne à Java aux Indes néerlandaises où elle s'initie vaguement aux danses
rituelles. Elle regagne la France en 1902, divorcée. En tant que Lady McLeod elle mène une vie de
courtisane et de danseuse exotique. Elle se produit à l'Olympia, aux Folies Bergères, en Allemagne.
Ah, elle aime tant les militaires. Liaison avec l'officier allemand Alfred Kiepert 1907. Pour payer ses
dettes, elle accepte d'espionner 'sur l'oreiller' pour les Allemands. En 1917, elle est fusillé à
Vincennes à 41 ans en tant qu'espionne.

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