Politique de l`économie sociale et défi du développement humain au
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Politique de l`économie sociale et défi du développement humain au
Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales Thèse de Doctorat National UFR : Développement Politique et Social Département : Droit public Politique de l’économie sociale et défi du développement humain au Maroc Thèse pour l’obtention du doctorat national en Management de développement politique et social. Elaborée par : SALIMALAHBABI Sous la direction du : PR. ABDALLAH SAAF Membres du Jury :Pr.SAIDBENNIS Pr.FAYCAL BENCHEKROUN Pr . MOHAMMEDLAHBOUS Pr. ABDERAHIM MASLOUHI ANNEE UNIVERSITAIRE : 2013 1 SOMMAIRE . INTRODUCTION GENERALE. PREMIERE PARTIE :LE CADRE JURIDIQUE ET INSTITUTIONNEL DE L’ECONOMIE SOCIALE AU MAROC CHAPITRE I : Approche théorique et historique du concept de l’économie solidaire Section 1 : Les aspects juridiques, administratifs, financiers et fiscales des Coopératives. Section 2 : Les aspects juridiques, administratifs, financiers et fiscaux des associations au Maroc. CHAPITRE II : Analyse institutionnelle et organisationnelle. Section 1 : Les institutions régissant le secteur de l’économie sociale. Section 2 : Cadre stratégique de l’économie sociale DEUXIEME PARTIELES INSUFFISANCES ET LIMITES DE L’ECONOMIE SOLIDAIRE AU MAROC. CHAPITRE I : Les dysfonctionnements juridiques et économiques du secteur de l’économie solidaire. Section 1 : Dysfonctionnements du secteur coopératif. Section 2 : Dysfonctionnements du secteur associatif et mutualiste. CHAPITRE II : Les perspectives de développement des acteurs de l’Economie Solidaire . Section 1 : Les solutions pour lever les freins au développement des acteurs. Section 2 : Quelques expériences étrangères. CONCLUSION GENERALE. BIBLIOGRAPHIE. ANNEXES. GlOSSAIRE TABLE DES MATIERES 2 Résumé. La politique de l’économie sociale et solidaire au Maroc désigne un ensemble d’initiatives économiques à finalité sociale qui participent à la construction d’une nouvelle façon de vivre et de pensée.Elle place la personne humaine au centre du développement économique et social, en privilégiant les principes d’égalité, d’équité, de solidarité et de la gestion communautaire de l’entreprise. A travers la conjonction solidaire des ressources humaines et financières, l’économie sociale et solidaire participe à la création de richesses et de l’emploi et, par conséquent, au développement économique durable.L’économie sociale est un modèle qui permet aux pouvoirs publics ainsi qu’à la société civile, dans une approche partenariale, de mobiliser les ressources nécessaires à l’intégration d’une large partie de la population dans l’économie nationale, et lutter ainsi contre la pauvreté et l’exclusion.Elle constitue, également, une solution pour un développement territorial équilibré puisqu’elle privilégie la mise en valeur des ressources locales, d’où la raison pour laquelle les pouvoirs publicsmarocains ont mis en place une stratégie nationale pour le développement de ce genre d’économie axée sur l’élaboration des plans de développement régionaux, la refonte du dispositif juridique des coopératives ainsi que l’accompagnement des acteurs de la dite économie, qu’il s’agisse des coopératives, associations ou de mutuelles. Dans ce cadre, sous la conduite du chef de l’Etat, que dieu l’assiste, le Maroc s’est engagé pleinement dans une stratégie de développement humain dont la principale composante est l’initiative nationale de développement humain, ses valeurs sont :la dignité, l'équité, la solidarité, et l’efficience.Le secteur coopératif a bien joué son rôle dans la coopération internationale, il a bénéficié de plusieurs fonds de financement, nous citons l’union européen concernant le projet Argan qui a permis la constitution deplusieurs coopératives féminines, le financement des objectifs du millénaire pour le développement à travers les institutions de partenariat et développement, ainsi le financement de la banque mondiale et les organisations non gouvernementales enfin les agences de coopération japonaises et les agences européennes.Selon l’année 2012, le secteur coopératif marocain a atteint 10.616 coopératives dont 7001 prédominantes dans le secteur agricole, 1437 coopératives dans le secteur de l’artisanat, et enfin 1084 coopératives pour le secteur de l’habitat. 3 خالصة رسزٕػت سٛبسخ االقزصبد االجزًبػ ٙيجًٕع انًجبدساد االقزصبدٚخ راد انصجغخ االجزًبػٛخ ٔ،رسبْى ف ٙرشٛٛذ يفٕٓو جذٚذ ف ٙيًبسسخ انُشبط االقزصبد٘ ،كًب ٚضغ االقزصبد االجزًبػ ٙانؼُصش انجشش٘ ف ٙصهت انزًُٛخ االقزصبدٚخ ٔاالجزًبػٛخ،يشركضا ػهٗ يجبدئ اإلَصبف ٔانزضبيٍ ٔانزذثٛش انجًبػ ٙنهًقبٔنخ . ٔيٍ خالل رضبفش اإليكبَبد انجششٚخ ٔانًبنٛخ ٚ،سبْى االقزصبد االجزًبػ ٙق ٙخهق انثشٔح ٔانشغم ٔ،ثبنزبن ٙف ٙرحقٛق انزًُٛخ االقزصبدٚخ انًسزذايخ ٔػهًٚ، ّٛكٍ اػزجبس االقزصبد االجزًبػًَٕ ٙرجب ػًهٛب ٕٚفش انٕسبئم انضشٔسٚخ نهسهطبد انؼًٕيٛخ ٔنهًجزًغ انًذَ ٙنهؼًم ف ٙإطبس رشبسك ٙػهٗ رؼجئخ اإليكبَبد انًزٕفشح إلديبج ششائح كجٛشح يٍ انًٕاطُ ٍٛفٙ يُظٕيخ االقزصبد انٕطُٔ ٙػهٗ يحبسثخ انفقش ٔانزًٓٛش . ًٔٚثم االقزصبد االجزًبػ ٙكزنك إطبسا يٕارٛب نزحقٛق رًُٛخ يجبنٛخ يزٕاصَخ ،رؼط ٙاألٔنٕٚخ نزثً ٍٛانًٕاسد انًحهٛخ، ْٔكزا سطشد انحكٕيخ انحبنٛخ إسزشارٛجٛخ نهُٕٓض ثبالقزصبد االجزًبػ ٙرزًحٕس حٕل ٔضغ يخططبد جٕٓٚخ رؼبقذٚخ نالقزصبد االجزًبع٘ ٔ،رحس ٍٛاٜنٛبد انقبََٕٛخ نهزؼبَٔٛبد ٔرقٕٚخ انقذساد انزذثٛشٚخ نفبػه ٙاالقزصبد االجزًبػ ٙسٕاء رؼهق األيش ثبنزؼبَٔٛبد أٔ انجًؼٛبد أٔ انزؼبضذٚبد . إٌ االقزصبد االجزًبػ ٙيذػٕ إنٗ سفغ رحذٚبد كجشٖٔ،االسزجبثخ الَزظبساد أسبسٛخ ٔ.فْ ٙزا اإلطبس،قشسد ثالدَب،رحذ انقٛبدح انششٛذح نجالنخ انًهك يحًذ انسبدط أٚذِ اهلل ،أٌ رُخشط ف ٙإسزشارٛجٛخ نهزًُٛخ انًسزذايخ كًب رجسذْب انًجبدسح انٕطُٛخ نهزًُٛخ انجششٚخ،قٕايٓب انكشايخ ٔانزضبيٍ ٔ انزكبفم ٔانُجبػخ . نقذ حظٛذ انزؼبَٔٛبد ثًكبَخ يزًٛضح ف ٙانزؼبٌٔ انذٔن ٙنهًغشة ،إر اسزفبدد يٍ رًٕٚم االرحبد األٔسٔث ٙنًششٔع األسكبٌ انز٘ سًح ثزكٕ ٍٚػذد يٍ انزؼبَٔٛبد انُسبئٛخ ٔ اَزظبيٓب ف ٙيجًٕػبد راد َفغ اقزصبد٘ كًب اسزفبدد يٍ رًٕٚم رحذ٘ األنفٛخ انز٘ رى رذثٛشِ ثٕاسطخ يؤسسخ انششاكخ ٔانزقذو ٔيٍ رًٕٚم انجُك انذٔنٔ ٙكزا ٔكبالد ربثؼخ نًُظًخ انٛبثبَٔٔ ٙكبالد أٔسٔثٛخ شجٓٛخ. ح األيى انًزحذح ٔ يٍ رًٕٚم يُظًبد حكٕيٛخ كٕكبنخ انزًُٛخ األيشٚكٛخ ٔٔكبنخ انزؼبٌٔ حٛث ثهغ يجًٕػٓب 10616رؼبَٔٛخ ٔارحبدا رؼبَٔٛب فَٓ ٙبٚخ سُخ ٔ2012ارذ انزؼبَٔٛبد انؼبيهخ ف ٙانقطبع انفالحٙ ف ٙانصذاسح ثًب يجًٕػّ 7001 ٔاحزهزبنزؼبَٔٛبد انؼبيهخ ف ٙقطبع انصُبػخ انزقهٛذٚخ انًشرجخ انثبَٛخ ة 1437 فًٛب جبءد رؼبَٔٛبد انسكُٗ ف ٙانًشرجخ انثبنثخ ة 1084 : 4 Mots-clefs : Politiques publiques - économie sociale – coopérative - association – mutuelle - environnement institutionnel - Activité génératrice de revenu Mourafaka- Takwia – Programmes écologiques -Observatoire National Système d’information géographique- commerce équitable - plans de développement régionaux- salons nationaux- marchés itinérants – magasins solidaires - coopération Développement humain. 5 internationale – partenariat- Liste des Abréviations. APP : Agence du partenariat pour le progrès ADS : Agence de développement social AMC : Association de micro crédit AGR : Activités génératrices de revenu ACI : Alliance coopérative internationale ASP : Accompagnement social des projets ALD :Affection de longue durée AMO : Assurance maladie obligatoire AFD : Agence française de développement AMAPEE : Association marocaine pour l’appui et la promotion de la petite entreprise AVISE : Agence de valorisation des initiatives socio-économiques ARUP : Association reconnue d’utilité publique AMPFR :Association marocaine pour la promotion de la femme rurale BDECO :Bureau de développement et de la coopération BM : Banque mondiale BCP :Banque centrale populaire. BED :Besoins essentielles en développement CNRESS : conseil national des chambres régionales de l’économie sociale CCC : conseil canadien de la coopération CCR :commission consultatif régional CEPES : confédération espagnol des entreprises de l’économie sociale COPAG : coopérative agricole CES : conseil économique et social CMB : code médicale de base CNOPS : Caisse nationale d’organisme et de prévoyance sociale CDD : Community driven development COSMANEF : Coopérative scolaire massirat nour pour éducation à la formation ESS : Economie sociale et solidaire FNAM : Fédération nationale des associations de micro crédit FNUAP: Fond des nations unies pour le développement 6 FNCI: Fédération nationale des coopératives italiennes GIE: Groupement d’intérêt économique IDH: indice de développement humain INDH: Initiative nationale de développement humain IS :Impôt sur les sociétés ISBL :Institution sans but lucratif MHU : Ministère chargé de l’habitat et de l’urbanisme MAMDA : Mutuelle agricole marocaine d’assurance MI : Ministère de l’intérieur MFP : Ministère des finances et de la privatisation MGEN : Mutuelle général d’éducation nationale MMC : Millenium challenge coopération MAGG :Ministère des affaires générales et de la gouvernance MDSFS : Ministère de développement social de la famille et de la solidarité ONG : Organisation non governmental ONGI : Organisation non gouvernemental international ODECO : Office dedéveloppement et de la coopération ONU :Organisation des nations unies ONESS :Observatoire national de l’économie sociale et solidaire ONP :Office nationale des pêches ONT :Office nationale des transports OCE :Office nationale de commercialisation et des exportations OMS : Organisation mondiale de la santé OIT : organisation international de travail PN :Promotion nationale PAGER : Programme approvisionnement groupé en eau potable des populations rurales. PAT : Pays d’accueil touristique PCD :Plans communaux de développement PERG : Programme d’électrification rurale global PASS :Programme d’ajustement structurel PNCRR :Programme national de route rural PDES : Plan de développement économique et social PDRES :Plan de développement régional de l’économie sociale 7 PDRT :Plan de développement régional territorial PDU :Projet de développement urbain PIB :Produit intérieur brut PNB :Produit national brut PNUD :Programme des nations unies pour le développement PME : Petite et moyenne Enterprise PMCE :Plate forme marocaine de commerce équitable PMV :Plan Maroc vert RAMED : Régime d’assistance médicale REMESS: Réseau marocain des entreprises del’économie sociale et solidaire SGG: Secretariat Général du Gouvernement SIGES:système d’information géographique del’économie sociale et solidaire SCOP: Société coopératives de production SCIS: Société coopératives d’intérêt collectif SPL: Système de production local SENAS :Secrétariat national de l’économie sociale TVA: Taxe sur la valeur ajoutée UMS:Union des mutuelles des secteurs semi publiques VSB: Ville sans bidonvilles. 8 Introduction générale Depuis le début du 21 éme siècle , sous l’impulsion du chef de l’Etat, le Royaume du Maroc est engagé dans une transformation profonde et accélérée dans tous les domaines, politiques, économiques, sociaux et culturels notamment avec l’ambition de construire un pays moderne, démocratique et solidaire ouvert sur le monde, qui progresse rapidement et harmonieusement, et qui ne néglige aucune des composantes du développement. Ainsi, le choix stratégique en faveur d’un développement de l’économie sociale et solidaire accéléré, effectué par le souverain au début de la présente décennie, s’inscrit au cœur du développement humain.A cet effet, la stratégie nationale de la politique d’économie sociale et solidaire vise d’harmoniser et faire converger les programmes publics en matière d’économie sociale et solidaire; faciliter l’émergence d’une économie sociale performante et structurée, ayant toutes les chances de croissance et de pérennité; renforcer la contribution du secteur dans les efforts d’emploi et dans la promotion des ressources L’ESS constitue un irremplaçable instrument d’aménagement et de développement régional, qui valorise durablement les territoires, les populations, les patrimoines diffusant ses effets bénéfiques dans les endroits les plus reculés du royaume. L’évaluation des politiques publiques en matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale menée depuis l’indépendance révèle que, malgré les énormes efforts déployés par l’Etat, les déficits demeurent encore importants1.La situation socio-économique du pays s’inspirait davantage suite à l’application du programme d’ajustement structurel encadré par le fond monétaire international et la Banque Mondiale durant les années 80 du siècle passé. La situation sociale des citoyens s’est nettement détériorée et de nombreuses couches sociales ont été touchées par le fléau de la pauvreté. 1 « Ensemble pour un développement humain »,pour une politique de développement social intégré. Ministère de développement social de la famille et de la solidarité ,écrit par Dr Abdeljalil Greft-Alami en collaboration avec Larbi jaidi et Driss Benali. Février 2005 ( P :31) 9 La place alarmante qu’occupait le Maroc à l’époque vers 1983-1992 en termes de développement humain, invitait à questionner les conditions sociales de la population et appréhender ces politiques. Qu’il s’agisse des services sociaux de base (éducation, santé, logement, adduction d’eau potable, électrification, routes) d’activités génératrices de revenus, extension du secteur informel et des activités illicites ou d’insertion socioprofessionnelle. Une refonte s’est avérée nécessaire pour plusieurs raisons : d’abord les déficits sociaux sont encore importants malgré les efforts consentis par la collectivité nationale, ensuite parce que la demande sociale, déjà importante, diversifiée, exigeante continue de croitre exerçant une pression constante sur les grands équilibres économiques et financiers tout en déstabilisant les réseaux de solidarité traditionnels et enfin parce que les pouvoirs publics sont devant une incapacité objective d’assurer à une échéance centralisée le financement simultané de tous les déficits sociaux accumulés. La dite refonte, à la fois en termes de renouveau d’approche et de la gouvernance de l’action sociale se trouve au cœur des orientations inscrites dans le discours du chef de l’Etat relatif à l’initiative nationale pour le développement humain dans le but d’offrir un cadre prospectif pour une meilleure efficacité des politiques publiques et pour l’accélération de la lutte contre la pauvreté. Ce projet de société procède d’une volonté politique affirmée, s’inscrivant dans une vision claire de ce que doit être à l’avenir toute action et programme visant à lutter efficacement et durablement contre la pauvreté et l’exclusion sociale et rentre dans le cadre d’une véritable stratégie globale de développement économique et social. La politique de l’économie sociale et solidaire désigne un ensemble d’initiatives économiques à finalité sociale qui participent à la construction d’une nouvelle façon de vivre et de penser l’économie à travers des dizaines de milliers de projets dans les pays du nord comme du sud2. Elle place la personne humaine au centre du développement économique et social. Ce dernier, a fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps, il se retrouve bien souvent au cœur des discussions, des formations, de reportages, d’articles, des séminaires, des sommets et bien sûr, des travaux de recherches. 2 éme - Rapport de synthèse de la 2 rencontre international sur la globalisation de la solidarité tenue du 09 au 12octobre 2001 « économie sociale et solidaire perspective Nord –Sud » par le groupe d’économie sociale et solidaire du Québec : Louis Favreau, René Lachapelle et jean Frédéric Lemay. 10 D’un point de vue théorique, l’économie sociale et solidaire désigne une approche multidisciplinaire de l’économie qui tient compte de l’histoire, des institutions et des normes sociales, se démarquant ainsi des approches économiques dominantes. Le concept d’ESS combine 3 termes : « Economie » renvoie à la production concrète des biens ou services ayant l’entreprise comme forme d’organisation contribuant à une augmentation nette de la richesse collective.3 « Sociale » : réfère à la rentabilité sociale, et non purement économique des activités. Cette rentabilité s’évalue par la contribution au développement démocratique, par le soutien d’une citoyenneté active, par la promotion des valeurs et d’initiatives de prise en charge individuelle et collective. Elle contribue également à l’amélioration de la qualité de vie et du bien être de la population, notamment par l’offre d’un plus grand nombre d’emploi et de services.4 Pris dans son ensemble, le domaine de l’économie sociale regroupe l’ensemble des activités et organismes, issues de l’entreprenariat collectif qui s’ordonnent autour des principes et règles de fonctionnements suivants : *Finalité des services aux membres ou la collectivité plutôt que le profit *Autonomie de gestion par rapport à l’Etat *Processus de décision démocratique. « Solidaire » : la solidarité est une valeur, au même titre que l’équité et la justice sociale, ces trois valeurs fondent l’éthique collective d’une société, elle est souvent confondue avec l’altruisme, la compassion, la générosité qui sont d’autres valeurs morales. Ces derniers sont à l’œuvre dans les interventions de la société civile en direction des pauvres, des démunis, des exclus, des enfants abandonnés, des handicapés, des femmes victimes de violence. L’Etat intervient directement en faveur de ces groupes fragiles en accordant des subventions . 3 - Chantiers de l’économie sociale 2009 :concepts et définitions .Par Nancy Neamtam :présidente directrice générale Montréal Québec canada 2009 .Organisation internationale du travail. 4 Dynamique d’économie sociale, pratique locale et rôle des aides extérieurs, une analyse à la lumière des nouvelles pratiques associatives en Afrique partie III, J. Defourny , B. kervyn, G. Weickmans; Mars 1998. L’entreprise de l’économie sociale fonde ses activités sur les principes de participation, de le prise en charge et de la responsabilité individuelle et collective plutôt que la dépendance. Ces activités répondent à des besoins socio-économiques identifiés par la communauté, font souvent appel à un financement mixte (subvention, contributions des usagers, etc..), produisent des emplois mais qui entraînent aussi une socialisation, une solidarité et une cohésion sociale, des activités dont l’offre et la demande sont définies et organisées par les usagers et personnes qu’y travaillent. 11 Le domaine de l'économie sociale et solidaire recouvre l'ensemble des mouvements coopératifs et mutualistes et celui des associations. Elle peut être développée dans tous les secteurs qui répondent aux besoins de la population et de la collectivité. Dans certains de ces secteurs, et plus particulièrement ceux qui répondent à des besoins sociaux, la viabilité découle en partie des contributions de l'État sous diverses formes (contributions directes, subventions aux usagers, ententes négociées, mesures fiscales etc). L'économie sociale et solidaire repose également, en partie, sur l'engagement bénévole des individus et des collectivités locales. Ses forces tiennent à sa capacité de détecter les nouveaux besoins et de les satisfaire, de transformer ces besoins en emplois, de mobiliser les forces et les réseaux les plus divers et les plus nombreux. Elle contribue également à assurer une meilleure utilisation des ressources financières provenant de la redistribution étatique. En s'appuyant sur l'implication des membres de la communauté, elle contribue à la démocratisation de la société et à une citoyenneté plus active Composantes de l’économie sociale et solidaire. Les coopératives sont des entreprises en copropriété formées par des personnes qui se regroupent : elles visent à répondre à un besoin. Elles reposent sur des valeurs et des principes d’éthique, notamment l’entraide mutuelle, la démocratie, l’égalité et l’engagement envers la collectivité. Elles permettent aux membres de travailler ensemble vers des objectifs communs ce qui raffermit la cohésion sociale en favorisant l’inclusion, la confiance et l’équité entre les citoyens. Le mouvement coopératif au Maroc s’inspire de la Chariâa Islamique incitant à la solidarité. Ils visent, l’organisation des métiers surtout les activités artisanales. Ces dernières se sont développées dans le cadre d’une organisation coutumière spontanée dite « corporation ». Chaque corporation de métier était régie par une organisation présidée par « l’amine » et comprend le « mataâllem » (apprenti), le «maâllem » (maître artisan), le « snaiî » (ouvrier qualifié) et le « mouhtassib» (contrôleur de l’activité économique dans les domaines du contrôle de qualité, des prix et de l’arbitrage des litiges.Au Maroc, les initiatives respectant les principes généraux de l'économie sociale ne datent pas d’aujourd’hui. Les cultures de solidarité, d’entraide et de travail collectif, qui constituent les principes de base de 12 l'économie sociale, ont toujours fait partie des traditions et des pratiques de la solidarité marocaine. Les formes de solidarité et de travail collectif constituent les piliers des relations entre les individus de la même famille et de la même tribu, entre les jeunes et les vieux, entre les riches et les pauvres. Parmi ces formes nous citerons l’exemple de la Twiza et la Jmaa dont le fonctionnement fait référence de façon très avancée aux principes de l’économie sociale dans sa définition moderne. Cette économie s’exerce à travers trois types d'organisations : la coopérative, l’association et la mutuelle. La coopérative est « un groupement de personnes physiques, qui conviennent de se réunir pour créer une entreprise chargée de fournir, pour leur satisfaction exclusive, le produit ou le service dont elles ont besoin». L’association est« la convention par laquelle deux ou plusieurs personnes physiques mettent en commun d'une façon permanente leurs connaissances ou leurs activités dans un but autre que de partager des bénéfices »3. La mutuelle est « un groupement à but non lucratif qui, au moyen des cotisations de ses membres, se propose de mener dans l’intérêt de ceux ci ou de leurs familles, une action de prévoyance, de solidarité et d’entraide tendant à la couverture des risques pouvant atteindre la personne humaine»4 Les principes de l’économie solidaire sont fondés sur la possibilité de mutualiser les efforts et de grouper les moyens de production et de commercialisation en vue de diminuer les coûts de revient et d’augmenter le rapport qualité/prix. Parmi les principes de fonctionnement de la dite économie sont les suivants : La communication participation – proximité - responsabilité- volontariat solidarité- indépendance - démocratie- transparence - partenariat.De ce fait, l’économie solidaire concrétisé par ces institutions et organisations constitue un projet politique reposant sur : la liberté d’adhésion : nul ne peut être contraint d’adhérer ou de demeurer adhérent d’une structure de l’économie sociale. Ce principe est évidemment au cœur de la vie associative. Dans le champ coopératif, il a une conséquence importante : les entreprises coopératives sont nécessairement 3 -Dahir n°1-02-206 du 12 Joumada I 1423 (23 juillet 2002) portant la promulgation de la loi n°75-00 modifiant et complétant le dahir n°1-58-376 du 3joumada I /1378 (15novembre 1958)réglementant le droit d’association. 4 -Dahir n°1.57.187, 24 Joumada II 1383 (12 novembre 1963) portant statut de la mutualité d’après le bulletin officiel n°2666 du 29 novembre 1963. 13 des sociétés à capital variable, car les salariés, qui sont également des associés, doivent pouvoir librement vendre leurs parts à la coopérative s’ils veulent la quitter. -la gestion démocratique :les décisions stratégiques se prennent en assemblée générale selon le principe « une personne = une voix ». Chaque membre compte pour une voix, quel que soit son apport (en capital dans une coopérative, ou en temps dans une association) : l’égalité (un homme/une femme=une voix), -l’impartageabilité des réserves :mixité des ressources : ces derniers sont soit privées soit mixtes. Les organismes de l’économie sociale sont indépendants des pouvoirs publics, mais ils peuvent être reconnus comme interlocuteur privilégié dans la mise en œuvre de politiques d’intérêt général (emploi, santé, développement local, citoyenneté, solidarité Nord-Sud, etc.) et avoir droit en conséquence à des subventions, des aides spécifiques à l’emploi ou des avantages fiscaux5. - la solidarité en ce sens que chacun est responsable vis à vis des autres et le collectif vis-à-vis de chacun. Elle veille à assurer la protection sanitaire et sociale des populations menacées par les famines et les épidémies et entretien la solidarité entre les populations, les générations, et les territoires qui deviennent des enjeux majeurs pour nos sociétés. Elle permet ainsi de démocratiser l’économie à partir de l’engagement citoyen et instaurer des régulations internationales et locales, elle contribue également à l’humanisation de l’économie. Le développement humain quand à lui, s’il est un phénomène que l’on continue encore d’étudier pour mieux le comprendre, il est aussi la réalité des populations qui vivent la pauvreté, l’exclusion sociale et la vulnérabilité. Les intervenants et acteurs dudéveloppement se rejoignent principalement autour de la notion ultime d’amélioration desconditions de vie de cette frange de populations marginalisées. Cet aspect du développement attire plusparticulièrement mon attention et mon intérêt. Généralement, l’économie sociale et solidaire désigne des formes d’entreprendre collectivement qui allient au quotidien la performance économique et l’utilité sociale, elle comprend quatre grandes familles : les coopératives, les associations, les mutuelles et les fondations. Ces structures 5 - La charte de l’économie sociale ,élaborée par le Comité national de liaison des activités mutualistes, coopératives et associatives, devenu le Conseil des entreprises et groupements de l’économie sociale (CEGES), ainsi que différents rapports, dont celui d’Alain Lipietz en 2000 ,il a défini l’économie sociale et solidaire selon un certain nombre de critères qui font aujourd’hui consensus : libre adhésion, lucrativité limitée, gestion démocratique et participative, utilité collective ou utilité sociale du projet, et mixité des financements entre ressources privées et publiques .Un secrétariat d’Etat à l’Economie solidaire a même été créé en 2000, disparu depuis l’arrivée du gouvernement Raffarin 14 portent des valeurs de référence comme la gestion démocratique assurant la transparence :un homme égal une voix, le principe indique une information égale de tous et un effort de déconcentration de la décision. La liberté d’adhésion et de choix garantit l’indépendance des personnes : l’entrée ou la sortie d’une organisation de l’économie sociale est un droit absolu : aucun ticket à l’entrée n’est exigé et la porte est ouverte à tous. Ainsi la mutualité accueille également tous citoyen, quel que soit son état de santé, et enfin la solidarité qui donne plus de place à l’homme qu’aux moyens financiers : les bénéfices ne sont pas partagés mais ils sont réservés au développement de l’activité commune et à l’inverse il est fait appel aux sociétaires, à travers la cotisation ou la souscription de parts sociales , dés lors qu’un investissement nouveau dépasse les capacités ordinaires de l’entreprise : les capitaux ne sont qu’un moyen6 . Les acteurs de l’économie sociale et solidaire ont une identité politique spécifique à partir de l’affirmation de leur éthique,de leurs valeurs, des principes d’action qu’ils mettent en œuvre. Ces initiatives ont également encommun d’avoir une identité socio-économique spécifique à travers la mise en place de règles defonctionnement qui découlent directement de ces préoccupations. Par exemple, privilégier l’interactionentre les individus, poursuivre cette dynamique sociale, mettre en œuvre des principes de gestion, dedécision démocratique, des circuits d’échanges courts et puis cette recherche d’hybridation des ressources qui a éténommée ainsi pour cette économie n’est pas étrangère à ce phénomène. Dans les associations, il y a laparticipation de bénévoles. Il peut y avoir de la vente de produits, par un ensemble d’acteurs qui éprouvent un besoin spécifique à un moment donné économique quise dotent d’un système de règles pour favoriser la réponse à leurs besoins économiques et sociaux. Un autre repère pour caractériser de manière un peu plus précise l’économie sociale et solidaire estde se rendre compte qu’elle cherche à travailler trois formules de base : la relation, la démocratie, le territoire. Ces initiatives donnent la primauté à la relation et à la transaction entre lesindividus. La relation humaine intervient comme condition d’efficacité économique7. Elle tend àtravailler la démocratie, et cherche à 6 - L’économie sociale et solidaire « Pole éthique de la mondialisation » par Louis Favreau Professeur de sociologie à l’université du Québec en Outaouais , Canada secteur des sciences sociales et humaines, Année 2007.P :35 7 - Economie sociale et solidaire : un moteur de l’action sur les territoires de la politique de la ville- Séminaire 15 favoriser la gestion par différentes parties prenantes. Les sociétés de personnes, et en particulier les coopératives et les mutuelles sont gérées pardes sociétaires plutôt que par des actionnaires, ce qui est différent. Elles cherchent aussi à travailler surles besoins collectifs, à organiser la co-production de l’offre en conséquence. De ce fait, à travers ces initiatives, l’organisation démocratique devient elle même une conditiond’efficacité économique. Elle va s’appuyer sur les interactions des acteurs dans le territoire. Elle vise un développement social et économique territorialisé8 et cela, avec deux caractéristiques. Pour les coopératives, par principe, Il s’agit de la propriété collective des acteurs d’un territoire.Le deuxième élément caractéristique des économies solidaires est tout un développement de ce quel’on appelle les services de proximité qui sont des initiatives qui s’attachent à répondre, en particulierà des besoins d’acteurs très localisés. A travers les valeurs qu’elles véhiculent et les principes sur lesquelles elles fondent leur fonctionnement, les coopératives sont devenues, depuis le milieu du 19 éme siècle, des entreprises collectives ayant des particularités organisationnelles et managériales au point de développer un modèle économique prometteur. Ainsi les premières coopératives modernes avaient pour finalité de venir à bout de l’exploitation imposé par les capitalistes aussi bien aux travailleurs qu’aux consommateurs via l’asymétrie de l’information qu’ils exercent sur les marchés. Aujourd’hui, les coopératives, les associations entant que composante de l’économie sociale et solidaire sont à l’origine d’un nouveau paradigme basé sur l’homme-situs-altruiste animé par le partage, la solidarité, et le bien être individuel et collectif sur un territoire délimité et sur une répartition équitable de la valeur produite ou commercialisée éthiquement9.Les coopératives et associations sont en passe d’occuper une place importante dans la vie économique, sociale, et culturelle du pays. Elles constituent également un corps intermédiaire essentiel à l’exercice de la démocratie et des libertés. La concertation renforce l’efficacité de l’action publique. Animé par Agostino Durissini et Michel Vincent. Centre de ressources de la politique e la ville Paca France vendredi 2 juillet 2004. 8 -« Spécificités du management des coopératives » par Hicham ATTOUCH enseignant chercheur, université Mohamed V souissi rabat, président du forum des économistes marocains, revue marocaine des coopératives n°3 édité par l’office du développement et de la coopération ODECO. Année 2011, P :35 9 - « L’aménagement du territoire au Maroc, survol des politiques urbanistiques et environnementales, ressources naturelles protection du patrimoine » par Cédric Prolux, Université de Montréal Chaire UNESCO . Année 2010(P :13) 16 Par leur fonction de veille, d’innovation et d’animation des territoires et en tant que partenaires des pouvoirs publics, elles contribuent à la prise en compte de l’intérêt général. Les entreprises coopératives sont des moyens économiques qui ont des buts sociaux, elles constituaient depuis une longue date, des réactions à des situations de pauvreté, d’exclusion et d’exploitation, en valorisant le monde coopératif, la reconnaissance du rôle de ces institutions a été prouvée par leurs capacités à mobiliser et développer des ressources dans des situations parfois difficile, et doivent de ce fait trouver toute la place qu’elles méritent dans les stratégies des politiques économiques. Elles cherchent également le respect et la dignité du citoyen en passant de l’assistance ponctuelle à un traitement productif pérenne de l’action sociale à travers l’organisation des activités dans des institutions économiques capables de réaliser son autopromotion économique passerelle incontournable de sa promotion sociale. Ces structures sont ainsi capables d’encadrer les couches les plus démunies qui souffrent d’une certaine carence financière, de fédérer leurs efforts et d’unifier leurs visions autour d’un projet communautaire qui répond favorablement à leurs aspirations. De façon générale, la plupart des associations crées durant la dernière décennie considèrent que les politiques appliquées par l’Etat depuis l’indépendance sont responsables des problèmes économiques et sociaux du pays. Depuis la fin des années 80 du 20émesiècle, le secteur de l’économie sociale représente une préoccupation majeure pour les pouvoirs publics. Depuis lors, les programmes de développementéconomiques et sociaux ont mis en exergue le rôle stratégique de l’économie sociale comme secteur complémentaire aux actions de l’Etat et du privé en ce qui concerne la création des richesses et l’absorption du chômage. Dans ce cadre, le plan d’orientation 1988-199210a proposé, en raison des opportunités non négligeables de création d’emplois que peut offrir l’économie sociale, le développement de ce secteur par la mise en œuvre de mesures adéquates visant la restructuration et l’encouragement du mouvement coopératif et associatif, la décentralisation et l’extension du système mutualiste. 10 -Plan d’orientation pour le développement économique et social 19888-1992 Ministère délégué auprès du premier ministre chargé du Plan , Direction de la planification, direction de la statistique 1988. 17 Le plan a particulièrement suggéré la création des coopératives de production susceptibles d’intégrer les lauréats des centres de qualification professionnelle. Pendant longtemps, les coopératives et associations se sont confrontées aux problèmes de la méconnaissance des principes et valeurs de l’économie solidaire et de manque de compétence, faiblesse des capitaux engagés, d’autofinancements, et de l’accès aux financement institutionnels, mauvaise gestion concernant la tenue de la comptabilité et la conformité aux règlements, non reconnaissance de l’impact économique des entreprises d’économie solidaire, le financement qui leur a été accordé fut essentiellement basé sur les aspects sociaux des projets . Aujourd’hui, l’économie sociale et solidaire s’est affirmée comme une voie alternative à l’économie privée et publique classique. Cette dernière se veut une nouvelle manière d’entreprendre et d’agir en société11.Les organisations de l’économie sociale sont ainsi présentes dans tous les domaines longtemps réservés à l’Etat, tel que la création et l’accompagnement des projets locaux de développement, la micro finance, l’alphabétisation, la santé, l’habitat,l’infrastructure locale et les équipements de base. Leurs populations cibles sont la femme, en particulier en milieu rural, les jeunes, les enfants, les personnes âgées, les personnes handicapées et toutes les catégories de la population jugées dans des situations précaires. Dans leur action, les dites organisations adoptent une véritable politique de proximité et une démarche participative impliquant directement les populations bénéficiaires en investissant leur force qui réside dans leur proximité de la population, leur parfaite connaissance du terrain et leur mode de fonctionnement souple leur permettant d’intervenir rapidement et de façon efficace, pour cela elles ont pu répondre à plusieurs besoins des populations au niveau le plus fin du territoire qui ne peut être atteint que difficilement par les actions de l’état.Par ailleurs, les pouvoirs publics ont adopté progressivement une politique de partenariat avec ces organisations dans le but de rendre plus efficace l’action publique en matière du développement social, notamment au niveau local. Dans ce sens des appuis techniques et financiers leurs ont été accordés, bien qu’ils demeurent insuffisants, 11 - Economie solidaire et développement territorial, Hicham ATTOUCH professeur à la faculté des sciences juridiques économique et sociale souissi Rabat. Revue marocaine des coopératives, Année 2007 (P :69) 18 aussi bien dans le cadre du budget de l’état que dans le cadre de programme de coopération internationale. Sur le plan institutionnel, l’Etat a procédé à la mise en place de nouvelles entités ministérielles dédiées à matérialiser la volonté des pouvoirs publics de promouvoir l’économie sociale à travers les coopératives, les associations et les mutuelles, il s’agit du département de l’Economie sociale. Le secteur est appelé à apporter des réponses pertinentes à l'accroissement de la pauvreté et de l'exclusion qui s'est accentué à la fin du siècle dernier et au début de ce siècle, et à laquelle l'économie du marché ne paraît pas capable, selon les promoteurs de cette alternative économique, d'apporter des réponses à la dimension de l'ampleur du phénomène.L'économie solidaire dispose une triple originalité12 : une organisation interne de type associatif, une finalité sociale et une hybridation de ses ressources (recettes marchandes, aides publiques et contribution du bénévolat). Les activités relevant de l'économie solidaire articulent des principes qui tiennent à la fois de la réciprocité, de la redistribution du marché, et même parfois des relations domestiques. Elle peut porter sur la solidarité entre les territoires et au sein de ceuxci, le partage des risques et des richesses entre groupes sociaux, la solidarité entre générations présentes et la solidarité avec les générations anciennes. Toutes ces définitions désignent en fait un ensemble d’activités économiques et sociales exercées par des organisations relevant de la société civile et parfois de type coopératif. L’apparition de ces organisations reflète bien d’une part la quête de nouvelles relations avec l’état et le marché et d’autre part une tendance vers une approche ascendante et autonome de développement socio-économique. Ce type d’organisations s’est développé partout dans le monde, dans des pays aussi bien développés qu’en développement, et apporte une contribution non négligeable aux économies nationales13.Dans tous ces domaines, lesorganisations de l’économie sociale, accomplissent un travail formidable, reconnu aussi bien par les pouvoirs publics, les populations que par les organisations internationales. La force des entreprises del’économie sociale réside principalement dans leur proximité 12 - Articles publié dans l’ouvrage « Origines et contours de l’économie sociale au Nord et au Sud » édition de Boeck, Bruxelles, (P : 25-50) Jacques Defourny et Patrik Develtere Hiva Kuleuven. 1999 13 - Alliance Coopérative Internationale 1996 cité par J.F.Drapery in livret pédagogique rédigé par Jean-François Draperi, Directeur du Centre d’économie sociale (Cestes) au Cnam 19 des populations, leur parfaite connaissance du terrain et leur mode de fonctionnement souple qui leur permet d’intervenir rapidement et efficacement dans divers situations14.Au Maghreb,l’économie sociale rime avec le développement local, création d’entreprise, prestation de services sociaux de base ou insertion des personnes en situation d’exclusion sociale15. En effet, la crise économique et l’augmentation des déficits publics, l’ouverture des marchés et l’incidence de la mondialisation, l’avènement de l’économie du savoir ont favorisé un profond réexamen du rôle de l’état dans la plupart des pays du monde. l’Etat semble aujourd’hui incapable de faire face seul aux défis étroitement liés à la persistance du chômage, aux nouvelles formes de pauvreté, à la dégradation de l’environnement,cette situation a par ailleurs favorisé l’émergence d’un autre secteur, autre que l’état et le secteur privé, essayant d’apporter une contribution à la résolution de plusieurs problèmes sociaux en plaçant l’Homme au centre du processus du développement économique et social, Il s’agit du troisième secteur , ou économie sociale. Dés lors, l’économie sociale, notamment sa composante coopérative ; bien qu’elles restent toujours concentrées dans les trois secteurs traditionnels, à savoir l’habitat, l’agriculture et l’artisanat, aujourd’hui elles embrassent de nouveaux secteurs d’activité. Quant aux mutuelles, elles dépassent leur caractère national ou sectoriel, il s’agit de l’émergence des mutuelles communautaires16. De leur coté, les associations ont connu un essor et un dynamisme sans précédent en attirant de plus en plus d’individus, de communautés et d’organismes. Cette forte progression quantitative des organisations de l’économie sociale s’est accompagnée d’un élargissement et d’une diversification de leurs domaines d’intervention. Aux associations sportives, culturelles et de bienfaisance qui régnait auparavant, s’est ajoutée aujourd’hui une nouvelle catégorie d’associations, en l’occurrence les associations de développement. Les organisations de l’économie sociale sont ainsi présentes dans tous les domaines longtemps réservés à l’Etat, tels que la création et l’accompagnement des 14 www.entreprises.coop/ - Economie sociale au Maghreb, situation au Maroc et en Tunisie en collaboration avec UNCAM-UNAM-ODCO rapport publié le 01/01/2008 16 -« Mutuelles communautaires : une initiative d’appui à la couverture médicale de base », rapport élaboré par ministère de l’intérieur, direction générale des collectivités locales en concertation avec Ministère de la santé. 2012. 15 20 projets locaux de développement, la micro finance, l’alphabétisation, la santé, l’habitat, l’infrastructure locale et les équipements de base. Leurs populations cibles sont la femme, en particulier en milieu rural, les jeunes, les enfants, les personnes âgées, les personnes handicapées et toutes les catégories de la population jugées dans des situations précaires. Dans leur action, les dites organisations adoptent une véritable politique de proximité et une démarche participative impliquant directement les populations bénéficiaires en investissant leur force qui réside dans leur proximité de la population, leur parfaite connaissance du terrain et leur mode de fonctionnement souple leur permettant d’intervenir rapidement et de façon efficace, pour cela elles ont pu répondre à plusieurs besoins des populations au niveau le plus fin du territoire qui ne peut être atteint que difficilement par les actions de l’état17. Par ailleurs, les pouvoirs publics ont adopté progressivement une politique de partenariat avec ces organisations dans le but de rendre plus efficace l’action publique en matière du développement social, notamment au niveau local. Dans ce sens des appuis techniques et financiers leurs ont été accordés, bien qu’ils demeurent insuffisants, aussi bien dans le cadre du budget de l’état que dans le cadre de programme de coopération internationale. Malgré tous ces efforts, les organisations de l’économie sociale subissent une multitude de contraintes depuis 1973 jusqu’à nos jours qui continuent à limiter la portée de leurs interventions et à réduire fortement l’efficacité et l’efficience de leurs actions. La présente recherche tente d’établir l’état des lieux de l’économie sociale depuis sa contribution à la lutte contre la pauvreté en tant qu’acteur générateur de richesse et de capital social dans les régions à faibles ressources ;que cela soit dans les zones rurales ou les zones urbaines déstructurées, et sur son développement futur, ainsi de comprendre son rôle dans le développement économique et social du pays. En premier lieu il s’agit de définir l’économie sociale selon les différentes appellations qui ont cours à l’époque contemporaine ainsi que les principales conditions qui ont favorisé son émergence au Maroc, ensuite son organisation moderne en identifiant ses composantes actuelles ; ainsi que les principales actions entreprises par l’état pour la promotion du secteur, puis il sera judicieux d’établir les 17 -Séminaire de Sensibilisation aux valeurs et aux principes de l’Économie Sociale et Solidaire Boulemane, le 12 décembre 2009 par Faycal Benchekroun : Professeur de l’institut agronomique et vétérinaire de Rabat. 21 contraintes auxquelles le secteur est confronté, et les perspectives de son développement. Enfin une analyse s’avère nécessaire de quelques expériences étrangère qui paraissent réussies de ladite économie. Au Maroc,le secteur jouit de la reconnaissance politique et sociale basée sur le fait que l’économie solidaire est un acteur exécutif des politiques publiques du pays et possède un département public au sein de l’administration marocaine chargé de doter de cohérence la politique nationale de développement de l’économie Sociale. Les entreprises et organismes de ladite économie sont généralement de petite taille. Ils agissent à l’échelle locale, ce qui les empêche de disposer des ressources humaines, techniques, et financières d’une part pour pouvoir s’organiser afin de rendre visible leur contribution au développement de leur pays, et d’autre part pour promouvoir des mesures concrètes répondant aux besoins réels de cet acteur économique et social encore méconnu. En effet, la politique publique en matière de promotion de l’économie sociale peut être appréhendée au moins à trois niveaux : sur le plan institutionnel, sur le plan législatif, et sur le plan stratégique. Durant les dix dernières années, les pouvoirs publics marocains ont accordé un intérêt particulier aux coopératives, aux associations, et aux mutuelles qui constituent les trois principales composantes de l’économie sociale. Les différents discours de la plus haute autorité du pays ainsi que les programmes des différents gouvernements ont toujours souligné l’importance du rôle que peuvent jouer ces agents. Leurs actions sont toujours mises en évidence dans la dynamisation des territoires, dans leur développement durable, dans l’accompagnement des actions menées par les différents départements ministériels, dans l’application des recommandations et plans d’actions des différentes conférences internationales.L’intérêt de l’engagement politique, est bien souligné au plus haut niveau de l’Etat,en faveur du développement du secteur de l’économie sociale, afin de lui rendre ses lettres de noblesse. A ce titre, lors de son discours du Trône du 30 juillet 2000, le chef de l’Etat déclarait « Nous saluons le rôle efficient joué par la société civile qui s’est impliquée de manière efficiente dans la lutte contre la pauvreté, la pollution et l’analphabétisme »18. 18 er - Discours du Chef de l’état I à l’occasion du 1 anniversaire de l’intronisation du souverain (Rabat le 30 juillet 2000) 22 Ce qui nous incite à appeler les autorités publiques, les collectivités locales et l’ensemble des organismes publics et privés à établir avec cette société civile toutes les formes de partenariat et à lui fournir toutes sortes d’aides. Nous sommes fiers de voir l’élite de la société civile s’intéresser à la chose publique et à l’action associative et s’impliquer dans des domaines relevant jusque-là exclusivement de l’État, ce qui dénote de la maturité du peuple et de ses forces vives19. «Partout, les organisations non gouvernementales, les associations professionnelles et les coopératives sont appelées à jouer un rôle important dans le cadre du partenariat et de la mobilisation requise pour faire face aux défis de la bataille du développement »20. Le Maroc connaît depuis déjà quelques années des mutations sociales importantes (transition démographique,changements culturels, …) qui ont favorisé l’émergence de nouveaux besoins tels que la prise en charge despersonnes âgées, des personnes handicapés, des enfants abandonnés, un domaine prisé par l’économiesociale et solidaire fondée sur les valeurs d’entraide, de solidarité et de l’innovation sociale.Le secteur de l’économie sociale contribue efficacement à l’organisation des activités informelles, quiconstituent une part non négligeable mais invisible du tissu économique, et qui engendre de multiplesproblèmes à caractères économique et social : emploi des enfants, occupation illicites des lieux publics,concurrence déloyale, fraude fiscale, etc.Conscient de ces enjeux, le Gouvernement de Abass el Fassi21 s’est engagé pour la promotion et le développement de l’économiesociale et solidaire en tant qu’économie de proximité à travers la création et le développement d’activitésgénératrices de revenus sur les territoires. Il considère cette économie comme un domaine pouvant servir de base à la création de nouveaux postes d’emploi. L’approche fonde également la politique du gouvernement en matière de soutien et de promotion des jeunes entreprises à travers laquelle nous poursuivons un double objectif : économique, celui de contribuer à garantir une croissance forte et 19 - Discours du Chef de l’Etat I le 30/07/2000 20 - Discours de SM le Roi Mohammed VI à l’occasion de la fête du trône Tanger, 30/07/2005 21 - Abbas El-Fassi est le secrétaire général du parti de l'Istiqlal, arrivé en tête aux législatives de septembre 2007. Il a été nommé Premier ministre le 19 septembre 2007. La coalition gouvernementale reposait sur l'alliance de quatre partis : Istiqlal RNI (centre droit) - USFP (socialiste) - PPS (gauche, anciens communistes ralliés de longue date à la monarchie). Néanmoins, au sein du gouvernement, les hommes du roi pèsent d'un poids beaucoup plus lourd que celui des représentants des partis. 23 durable et favoriser la création de multiples opportunités d’emplois, social, celui d’aider à l’accompagnement d’une génération de jeunes entrepreneurs pouvant fournir de nouveaux modèles sociaux en rupture avec des valeurs ou le fonctionnariat est présenté comme la seule source de prestige et de sécurité, il s’agit de l’entreprenariat social22qui se trouve aujourd’hui au cœur du développement humain. Il donne des perspectives sur l’avenir, favorise l’expression du potentiel des personnes et ouvre des espaces de liberté insoupçonnés de progrès, l’acte d’entreprendre est vital dans la mesure où il constitue une formidable voie de réalisation de soi, favorise un mouvement plus collectif de création de richesses économiques ou sociales et améliore le bien être collectif. La diversité des initiatives entrepreneuriales participe à une adaptation plus fine de l’économie aux besoins de la société en matière d’emploi, de santé, d’environnement ou encore de la lutte contre les exclusions ou les inégalités sociales.Créateur de richesses, l’entrepreneur est en effet un acteur de justice sociale dans ses efforts de réconciliation de l’économique, du social et de l’environnemental. En plus il positionne son projet dans une perspective plus généreuse23, plus altruiste procure un véritable élan vital au projet et fonde l’engagement des parties prenantes, ses caractéristiques restent toutefois dépendantes de l’environnement, au Maroc d’aujourd’hui on assiste à une intensification extrême de la concurrence des firmes multinationales, à la mondialisation, à la globalisation, et à un degré d’incertitude avec un rythme de changement environnemental inéluctable. Placé dans ce contexte les entrepreneurs marocains, principaux acteurs de la dynamique territoriale sont amenés à relever plusieurs challenges mais aussi à saisir les opportunités qui émanent de ce nouvel environnement24. L’entrepreneuriat est avant tout un choix stratégique, plutôt une obligation il est un projet de société dans la mesure de sa contribution à son développement économique et social Aujourd’hui, au Maroc il apparaît nécessaire de promouvoir de manière pédagogique et coordonnée la culture de l’apprentissage entrepreneurial et cela en favorisant l’émergence de nouvelles générations d’entrepreneurs animés par la passion d’entreprendre et motivés par une culture d’innovation ainsi que le développement et la valorisation de la culture entrepreneuriale et de toutes aptitudes 22 - Driss GUERRAOUI, L’élite économique marocaine, Etude sur la nouvelle génération d’entrepreneur, Edition L’harmattan 2009 23 - Driss FERHANE, Vers une francophonie entreprenariale Colloque international, 3 et 4 Mars 2008 24 - Michel Coster, Entreprenariat , Edition Pearson, Education , France. Août 2008 24 de responsabilité et de créativité et par le développement de toute ambition personnelle et collective. Au terme de cette étude, il serait bien prétentieux de répondre par l’affirmative tant les réalités de l’entreprenariat au Maroc sont d’une grande importance, néanmoins, nous pouvant tracer les tendances essentielles du profil de l’entrepreneur marocain ; notamment celui évoluant dans le système productif national structuré et moderne. Son profil présente les caractéristiques suivantes: la maitrise de la culture entrepreneuriale, la création de son entreprise est, principalement, liée à la recherche de l’indépendance et de la liberté d’action, la conviction qu’on ne peut pas devenir entrepreneur par hasard, la conception lucide et ouverte de la mondialisation, Enfin, la croyance à l’émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs et d’entreprises et corrélativement qu’une nouvelle élite économique est en cours de constitution, dotée à la fois d’une perception précise des défis que doit affronter le Maroc et d’une vision concrète de ce que devraient être les stratégies publiques lui permettant une meilleur préparation de l’avenir25. Les formes d’organisation coopérative, mutualiste et associative, s’appuient sur unensemble de principes et de règles données, notamment la liberté d’adhésion et la gestion démocratique de l’organisation. Il y a, en outre, le principe de doublequalité d’adhérents et d’usagers de l’organisation ou de l’entreprise, le principe d’uneéducation permanente des membres de la coopérative, de la mutuelle ou de l’association. Le mode de fonctionnement est sous-tendu par un ensemble de valeurs quimettent l’accent sur l’autosuffisance, la démocratie, l’égalité, l’équité, sur la solidarité ainsique sur l’honnêteté et la responsabilité sociale de tous, ensemble de valeurs qui offrent unesolidité interne à ces entreprises et organisations sociales. l’économie sociale, sous sa forme coopérative en particulier, est perçue commeune excellente école d’apprentissage de la démocratie, dans la mesure où les membres, àtravers l’exploitation de leurs entreprises ou le fonctionnement de l’organisation, apprennentà se comporter par concertation à l’aide des règles et des principes propres à leur organisation,qu’ils s’emploient par ailleurs à intérioriser. Elles constituent aussi un vivier normal de laformation des ressources humaines, acquises à l’exercice des responsabilités au service desautres. Le Canada, en particulier le 25 - Exposé sous le thème : « l’entreprenariat social au Maroc » encadré par Mme Noufissa El Moujaddidi préparé par Nezha AMARA et Zahra RAMADAN 25 Québec, sont des pays où la démocratie est solidement implantée etvécue de façon dynamique, dans ce cadre les Objectifs du Millénaire pour le Développement sont le fruit des différentes recommandations qui découlent de la conférence des Nations Unies, tenues à New York, en septembre 2000. Au nombre de huit, ces objectifs sont proclamés à travers la déclaration du millénaire des nations unies adoptés par 191 pays dont 147 étaient représentés par leur chef d’Etat ou gouvernement 26.À miparcours de l’échéance de 2015, le bilan des objectifs du Millénaire pourle développement s’avère inégal en matière de développement. Bien que bon nombre de pays endéveloppement soient en bonne voie d’atteindre certains des objectifs, il subsiste defortes disparités entre pays au niveau national. Si les tendances actuelles sepoursuivent, il est probable qu’aucun pays africain ne réalisera tous les objectifs.Dans les pays à revenu intermédiaire, qui ont progressé leplus vite dans la réalisation des objectifs, la persistance dedisparités signifie que des millions de personnes vivent encore dans la misère. La situation appelle une action efficace et immédiate des gouvernements, de la communauté internationale, Ce sentiment d’urgence est encorerenforcé par la flambée récente des prix des produits alimentaires et des carburants,à cela s’ajoute le problème de plus en plus préoccupant des changementsclimatiques, notamment pour les pays en développement. Les dirigeants du mondeentier examineront les engagements pris et renouvelés et les moyens de les traduirerapidement en actions pour que tous les pays puissent réaliser les objectifs du millénaire,les gouvernements sont prêts et déterminés à renforcer lepartenariat mondial pour le développement à l’appui des objectifs du Millénairepour le développement et des autres objectifs de développement adoptés au niveauinternational.25La présenteinformation contient une analyse détaillée des domainescritiques dans lesquels il faut agir pour que les objectifs du Millénaire pour ledéveloppement puissent être réalisés d’ici à 2015. Elle fait le point des défisfondamentaux à relever dans chaque domaine et décrit un certain nombred’interventions prioritaires autour desquelles des engagements volontaires puissent être ralliés pour relancer les efforts en vue de la réalisation des objectifs. 26 - Rapport sur les objectifs du Millénaire pour le développement, Le rapport est coordonné et publié par la Division des statistiques du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies. 2005-2015 26 La réalisation desobjectifs représente un enjeu mondial qui requiert la collaboration de toutes lesnations à l’élaboration et la mise en œuvre d’une stratégie commune pour assurer undéveloppement économique et social durable qui profite à tous. La présente recherche incorpore les éléments d’une stratégie commune qui a été formulée dans les textes issus des conférences et réunions au sommet organisées parles Nations Unies et élaborée plus avant et traduite en termes opérationnels dans lesstratégies nationales de développement27. En outre, le Groupe de pilotage pour laréalisation des objectifs du Millénaire pour le développement en Afrique arécemment réuni un groupe représentatif d’organisations multilatérales qui sontparvenues à une entente historique sur un vaste ensemble de recommandations opérationnelles en vue de la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement en Afrique, dans le cadre des engagements pris en matière deressources. De ce fait, près de 50% des coopératives crées depuis 1962 ont en effet disparu. Ceci montre les limites d’une politique d’assistance administrative, qui éclaire l’approche novatrice des nouvelles institutions du gouvernement dans leur politique de restructuration et de dynamisation de ces acteurs. Aujourd’hui et malgré le foisonnement d’écrits sur le secteur associatif marocain, la multiplicité de ses intervenants, la diversité de ses actions, les logiques en œuvre dans ses relations avec ses partenaires etc, il est quasi impossible de trouver des données chiffrées officielles, sur sa taille, sa dimension et sa répartition géographique, les domaines investis, les ressources effectives publiques et privées, internes et internationales qu’il arrive à mobiliser, son impact sur la réduction de la pauvreté et la création des richesses . Dans ce contexte le gouvernement à travers le Ministère délégué auprès du premier ministre chargée des affaires générales et de la gouvernance 28a élaboré une stratégie gouvernementale visant une meilleure implication des différents acteurs régionaux et locaux, en particulier, les collectivités locales (régions, provinces et communes) et les diverses composantes de la société civile dont les coopératives et les associations de développement, ainsi l’élaboration et la mise en 27 - www.pnud.org.ma, le PNUD au Maroc travaille actuellement avec les équipes de pays des Nations Unies afin de soutenir le Gouvernement marocain dans son effort à éliminer les obstacles qui s'opposent à la réalisation des OMD et à créer un développement porteur de gains à long terme. 28 - www.Ministère des affaires générales et de la gouvernnace.gov.ma 27 œuvre des programmes de développement, de lutte contre la pauvreté et l’exclusion et de création de l’emploi et des richesses. Les objectifs liés à cette stratégie s’articulent autour des axes suivants : Approfondir la connaissance du secteur coopératif et associatif au Maroc aussi bien sur le plan quantitatif que qualitatif ; à travers la projection des 3 projets de lois relatives aux coopératives, projet loi sur le commerce équitable, et le projet loi sur l’économie sociale. L’appui aux coopératives à travers le Programme d’accompagnement Mourafaka et les programmes écologiques dont l’objectif est la contribution à l’élimination des sacs en plastique, mise en place d’un système d’information géographique de l’économie sociale intégrant toutes les régions du royaume, et la mise en place de l’observatoire national. Assurer le partenariat avec les organismes publics : notamment les agences de développement, l’entraide nationale, l’office national des aéroports, office de commercialisation et d’exportation, ainsi qu’avec le secteur privé à savoir les grandes surfaces Aswak salam, Marjane, label vie pour la commercialisation des produits de l’économie sociale et solidaire, ainsi la commercialisation se fait également à travers des salons nationaux, régionaux , les marchés itinérants, les magazins solidaires et équitables. -Assurer le partenariat avec les universités : cadi Ayad et hassan I de settat . -Renforcement des capacités de l’office de développement et de la coopération -les Plans régionaux de développement de l’économie sociale -Profiter des expériences vécues par certains pays étrangers tels que la France, le Canada, l’Espagne, l’Italie et la Turquie, à travers une démarche comparative. Partie intégrante du tissu économique national, les secteurs coopératifs et associatifs occupent une place importante dans la politique de développement économique et social décliné par les pouvoirs publics,L’économie sociale constitue un élément incontournable du développement socio-économique au Maroc et représente l’idéal d’une économie qui même elle est aujourd’hui mondialisé elle serait respectueuse de la personne humaine et contribuerait à plus de solidarité entre les citoyens. Elle est caractérisée par une absence de reconnaissance, un mal financement et sous financement chronique. De plus, elle est trop souvent soumise à un encadrement bureaucratique contre productif. Elle constitue un puissant facteur 28 de démocratisation de la société marocaine puisqu’elle permet à la communauté et à ses membres de prendre en main une partie de leurs conditions de vie et de mieux contrôler leur avenir. Elle représente, pour les personnes qui y participent une expérience démocratique directe au sein de leur organisme et de leur communauté, elle favorise une citoyenneté active. L’économie solidaire permet de satisfaire de nombreux besoins sociaux, économiques et politiques, tout en engendrant une activité économique réelle qui contribue à la lutte contre l’exclusion. Elle fait partie intégrante du développement de la société. Comme le sont aussi le secteur privé à but lucratif et le secteur étatique, ces trois secteurs entretiennent entre eux des liens nombreux et dynamiques. L’arrivée au pouvoir des gouvernements Abass El Fassi le 19 septembre 2007 et de Abdelilah Benkirane29 le 29 novembre 2011a permis à cette économie d’acquérir ses lettres de noblesses étant une politique publique de proximité et aussi une expérience de transformation économique, sociale et culturelle. L’économie sociale et solidaire se veut un nouveau domaine pouvant servir de base à la création de nouveaux postes d’emploi, faisant du capital humain un facteur principal du développement et une fin en améliorant ses conditions de vie, dans la mesure où il est basé sur les valeurs de la solidarité, de la participation, de l’égalité, de la démocratie et de la responsabilité. L’économie sociale au Maroc est un lieu par excellence où s’inventent de nouvelles manières d’agir et d’être sur la base d’un principe de réciprocité entre personnes reliées par des finalités sociales. Sa résurgence à la fin des années 80 permet d’affirmer son vaste potentiel de création de valeur ajoutée sociale parce qu’elle permet d’ouvrir de nouvelles perspectives pour la société, de corriger les défaillances du marché et les externalités négatives sur le bien être sociale engendrés par le secteur privé traditionnel à but lucratif, de constituer un espace régulateur du système visant à atteindre un modèle de développement plus solidaire, équitable, et humain lui-même imbriqué dans une notion plus globale du développement durable. L’économie sociale, émerge d’abord spontanément par la volonté intrinsèque des populations de se prendre en charge et, ensuite avec l’implication de l’Etat dans 29 - Abdelilah Benkirane (PJD) est le chef du gouvernement depuis le 29 novembre 2011. Il remplace Abbas Al-Fassi en poste depuis 2007. Il est à la tête d'un gouvernement nommé le 3 janvier 2012, composé majoritairement de ministres issus du Parti de la justice et du développement (PJD, islamiste) vainqueur du scrutin législatif de novembre, de l’Istiqlal, du Parti du progrès et du socialisme et du Mouvement populaire 29 la lutte contre la pauvreté, devenue l’une des préoccupations majeures des pouvoirs publics dans la perspective de la stabilité et de la paix sociale notamment devant la montée des courants intégristes qui recrutent dans les milieux les plus défavorisés. Les efforts menés en faveur du développement de l’économie sociale au Maroc ont pour but de réorganiser les solidarités sociales par l’investissement permanent dans les dimensions du développement humain, à savoir le capital humain et social. Bien, que le rôle de l’Etat reste incontournable étant donné sa responsabilité majeure dans la stratégie globale de lutte contre la pauvreté30.Diverses entités structures gouvernementales et non gouvernementales œuvrant en faveur de l’économie sociale, mais restent cependant dispersées, causant aux efforts d’appui aux composantes de l’économie sociale des dysfonctionnements, et les expose à un manque de coordination. Aujourd’hui, la reconnaissance réelle des pouvoirs publics de l’apport de l’économie sociale et solidaire dans les domaines de l’emploi, de la cohésion sociale et de la démocratie participative est indispensable à son épanouissement à long terme. Une réglementation, notamment une réforme du secteur coopératif ainsi qu’une restructuration et une nouvelle communication autour du secteur sont à l’ordre du jour pour améliorer l’image et les effets positifs de l’économie sociale au Maroc31. Il s’agit des expériences pilotes des plans régionaux de développement de l’économie sociale visant la promotion des initiatives de l’économie sociale dans le cadre d’une approche territoriale globale intégrée. Il s’agit, d’exploiter les potentialités de la région, de promouvoir les très petites entreprises, defavoriser l’accès au financement, de promouvoir les actions sociales de solidarité (promotion de l’alphabétisation fonctionnelle, et le développement d’acteurs de référence, de soutenir la communication, les études ; le suivi et l’évaluation.) Ces plans constituent un pas en avant dans la restructuration de la nature des rapports que l’économie sociale entretient avec l’état, et le secteur privé.En effet, en concertation avec ces derniers l’économie sociale peut assurer un développement inclusif essentiellement basé sur l’approche local, consolider le rôle du capital humain par le développement de l’éducation et de la formation, renforcer le rôle du capital social grâce à la valorisation des liens sociaux, et la solidarité. 30 - Http://against-poverty.over-blog.com/article-developpement-humain, janvier 2010 - :« Expérience du Maroc en matière de lutte contre la pauvreté, Forces, limites et options stratégiques « Par Lahcen ACHY Economiste principal, centre Carnegie du moyen orient Septembre 2010 31 30 La présente recherche se veut une investigation sur la tendance prédominante de l’évolution de la nouvelle économie et sa consolidation dans la société en tant que pole d’utilité sociale et secteur émergent, car elle apporte une réponse adaptée aux nouveaux défis de l’économie nationale et de la société marocaine.Ces défis nourrissent l’intérêt croissant pour le rôle que peut jouer la dite économie dans la société du bien-être. En s’articulant aux dimensions humaines du développement, elle implique des comportements solidaires dans un objectif de développement humain durable. Au Maroc, ce but est entravé par l’environnement institutionnel des entreprises de l’économie sociale, qui reste encore complexe de par la multiplicité des institutions dont les missions se chevauchent, que par le manque de coordination et l’absence d’intégration de leurs différents programmes.En effet, réglementation, restructura0tion et nouvelle communication autour du secteur conditionnent les effets positifs de l’économie sociale. L'économie solidaire commence à se faire une place au Maroc en disposant d'une assise de structures disparates, cette forme d'économie qui se propose d'instaurer l'équité dans les activités de production, de consommation et de distribution est appelée à prendre forme comme un secteur aux contours précis. Ceci a été manifesté par trois éditions des salons nationauxà Casablanca et 6 à 10 éditions des salons régionaux de l’économie sociale et solidaire notamment les villes du sud ; El jadida, Fes-boulmane, à titre d’exemple le salon de Laayoune32 événements de grande envergure, mobilisant tous les acteurs du secteur pour jeter la lumière sur les actions de développement durable33 ; valoriser les mouvements coopératifs, mutuels et associatifs ; promouvoir la créationd’activités génératrices de revenus et inciter à la consommation responsable,son objectif est de rallier les différents acteurs autour d’une identité fédératrice afin d’inciter le citoyen de toutes catégories sociales à redécouvrir le concept de l’économie solidaire pour imposer ce dernier comme réponse adaptée aux challenges et défis de notre société,Ils mettront en avant les réalisations et projets de chaque région en terme de création d’unités de l’économie solidaire pour le développement durable, le 32 - Foire internationale sous le thème : «Promouvoir l’encadrement et le financement des organismes de l’économie sociale». Organisée par le ministère des Affaires économiques et générales, manifestation a tenu, plus de 200.000 visiteurs, s’inscrit dans la droite ligne de «la stratégie de promotion de l’économie sociale et solidaire lancée par le gouvernement conformément aux objectifs et enjeux de l’Initiative nationale de développement humain». 33 - Premier forum de l’économie sociale et solidaire dans le sud du royaume région Laayoune-boujdour-sakia el hamra 2011. 31 commerce équitable, la création d’activités génératrices de revenus, la lutte contre l’exclusion et la précarité…afin de sensibiliser les différents publics à intégrer l’équité dans les activités de production, de consommation et de distribution. Les salons nationaux et régionaux, visent, à inciter à repenser collectivement les modes de partage des richesses, à faire valoir les expériences issues de l'entreprenariat collectif, à convaincre le citoyen à développer des habitudes d'achat auprès des organismes de l'économie sociale, tout en invitant les professionnels à adhérer au concept de l'économie sociale et les convaincre de ses retombées positives sur leur rentabilité. Dans ce cadre plusieurs conventions entre le ministère des affaires générales et de la gouvernance et les partenaires publics et privés sur l'encadrement et l'accompagnement des cadres dirigeants des associations, mutuelles et coopératives sur la commercialisation des produits des coopératives dans les grandes surfaces ont été signées. L’économie sociale constitue aujourd’hui une réalité économique intéressante et un enjeu stratégique important, qu’il s’agisse du développement de nouvelles activités économiques, de la création ou du maintien de l’emploi, de la prévention de l’exclusion sociale, de l’aide aux personnes ou encore de l’apprentissage et du renforcement de la démocratie économique et de la citoyenneté active. Aussi bien l’importance de ce secteur se traduit par sa capacité de favoriser l’entreprenariat collectif, le développement humain, la prise en charge d’un milieu par lui-même, la solidarité et le développement durable34. Dans la pratique, le concept de l’économie sociale correspond à des types d’organisations avec des statuts juridiques précis, à savoir : les Associations, les Coopératives, les Mutuelles et les Fondations, elles opèrent dans presque toutes les branches de l’économie : l’artisanat, le tourisme, l’agriculture, la santé et la protection sociale, la production des biens manufacturés, le commerce, les services intellectuels, les services sociaux, culturels et éducatifs, etc..Mais il connait bien des problèmes : Il reste non structuré, et manque aux aspects stratégiques capables d’organiser et de piloter l’orientation de son développement. 34 - « Dynamique régional et développement territorial » thèse de doctorat en urbanisme par Rachid El Ansari, Docteur en urbanisme, communication du colloque international Mai 2009 ,(P :5) 32 A titre d’exemple le secteur coopératif nécessite un mouvement dynamique et performant permettant l’émergence de coopératives horizontales qui répondent à la complémentarité et à l’articulation.La volonté de l’Etat pour promouvoir et structurer le secteur au Maroc, se matérialise par la création du Département de l’économie sociale comme partie intégrante d’une entité ministérielle, rattachée actuellement au Ministère Déléguée auprès du premier Ministre chargée des Affaires générales et de la gouvernance, afin d’élaborer des programmes de développement, de favoriser toutes les formes d’organisation des secteurs concernés à travers différents types de réseaux afin de fédérer et de mutualiser leurs moyens en vue d’améliorer leur compétitivité et d’assurer leur pérennité, promouvoir l’animation, le suivi et l’évaluation de l’action des partenaires intervenant dans la promotion du secteur de l’économie sociale et enfin la préparation des études de portée générale relative aux domaines d’activité de l’économie sociale.Dans ce cadre, la régionalisation avancée a été consacrée dans le texte de la nouvelle constitution, adoptée par une large majorité de la population marocaine le 1erjuillet 2011 Décentralisation, déconcentration sont autant de processus d’organisation territoriale que le Maroc s’est investi, depuis le début des années 1990, à mettre en œuvre35. Néanmoins, elle constitue un processus intégré et novateur dans la mesure où elle institue la notion d’économie régionale comme mode de développement socioéconomique local. Elle constitue un facteur important dont dépend l’évolution de l’économie nationale, tout autant que le développement socio-économique dans le pays. Force est de constater que, le secteur de l’économie sociale joue un rôle économique moteur. Les instances visent à favoriser l’échange d’informations et l’adoption de mesures collectives ou de programmes communs en matière économique et à encourager l’émergence de groupes d’entreprises. Il s’agit d’une nouvelle relation contractuelle de partenariat entre les secteurs, public et privé, au niveau régional, qui servira de base à l’élaboration de plans régionaux d’investissement et de développement local. La CCR a proposé en ce sens d’accélérer le programme de réhabilitation prioritaire des zones industrielles, initié par le gouvernement, et d’engager une réflexion approfondie autour de la complexité du statut actuel du foncier. En outre, la Commission a appelé à définir une nouvelle 35 - La Commission Consultative sur la Régionalisation (CCR), instituée par le roi Mohammed VI le 3 janvier 2010, a présenté ses propositions sur la nouvelle configuration territoriale du royaume. En effet, ce sont ces propositions qui constitueraient le socle de l’organisation administrative et territoriale à venir au Maroc. Mars 2011 « Régionalisation avancée : levier de développement de l’économie sociale . 33 politique nationale foncière et à adopter, au niveau local, les mêmes mécanismes de gestion de patrimoine définis et suivis par l’Etat au niveau national. La régionalisation avancée envisagée au Maroc repose sur une nouvelle philosophie dont l’objectif principal est d’asseoir les bases d’une véritable territorialisation équilibrée du développement socio-économique. Si la nouvelle configuration territoriale laisse au pouvoir central ses prérogatives régaliennes, il n’en demeure pas moins vrai que les autorités locales, qui seront issues du suffrage universel direct, bénéficieront de larges compétences,notamment en ce qui concerne les pouvoirs décisionnels et exécutifs. Ainsi, il convient de préciser qu’avec ce grand chantier de réforme territoriale,les futurs responsables des régions auront une large marge de manœuvre pour faire preuve de créativité en vue d’assurer à leurs régions la plus grande attractivité des capitaux.Surtout que les régions seront habilitées à définir et à élaborer leurs propres programmes d’action et d’équipement en vue de promouvoir les investissements. En collaboration avec l’administration centrale et les autres collectivités locales, les conseils régionaux devraient renforcer l’attractivité de la région en matière d’investissements à travers, notamment, la réalisation des travaux d’infrastructures et d’équipements nécessaires pour l’implantation des unités de production sur leurs territoires, dans un cadre de transparence et de bonne gouvernance. Sur un autre registre, si les auteurs du projet sur la régionalisation avancée ont appelé les régions à se concentrer sur leurs missions de base qui consistent en l’élaboration et le suivi des projets qu’elles mettent en place, il n’en demeure pas moins qu’ils ont préconisé une externalisation de la gestion des services locaux. Autrement dit, il s’agit d’adopter la technique de la gestion déléguée de certains services publics. Ladite technique constitue, selon le rapport de la CCR, un instrument à même de renforcer les capacités de gestion des régions en matière de développement socioéconomique. Cette modalité de gestion des services publics permettra non seulement d’éviter les éventuels dysfonctionnements mais d’atteindre une optimisation de l’allocation des ressources octroyées par l’Etat. Pour concrétiser ce grand projet de régionalisation, la Commission a recommandé qu’un effort financier doive être fourni par l’Etat. Cet effort financier alimentera progressivement un Fond de mise à niveau régionale dont l’objectif est 34 deréduire lesdisparités entre les régions. Il ne s’agit pas d’un programme d’assistanat mais d’un programme permettant aux régions de faire face à leur déficit. En effet, La régionalisation avancée constitue un processus qui émane d’une volonté royale délibérée et d’un engagement libre de l’Etat. Il ne s’agit nullement d’un quelconque accommodement avec les spécificités ethniques ou culturelles qui caractérisent la société marocaine. Ce processus s’inscrit dans le cadre de la politique graduelle de décentralisation et de la promotion des valeurs de la démocratie locale. Ce grand chantier de réforme territoriale prend en considération les potentialités économiques que présentent les régions et offre un modèle marocain d’organisation territoriale et de développement local.Démocratie, modernisation de l’état, fonctionnalités économiques, pôles de développement intégré, solidarité entre les régions voisines et interaction entre les populations. Autant de critères sur lesquels s’est basée la commission consultative sur la régionalisation pour le découpage régional36. A travers la nouvelle configuration des régions, dont le nombre est passé de 16 à 12, les régions seront désormais des entités territoriales fonctionnelles et institutionnelles. Le découpage régional a eu pour principale visée de réduire le faussé qui sépare des régions relativement riches de régions extrêmement pauvres. En d’autres termes, le découpage a été fait de manière à garantir un certain équilibre entre les régions et à créer des synergies. Le projet s’inscrit pleinement dans une logique de consolidation démocratique. Cela devrait se traduire par une déconcentration de l’état voire une décentralisation progressive. Ce qui implique, probablement à plus long terme, une profonde réforme des structures étatiques. En attendant, les présidents des conseils régionaux verront leurs pouvoirs étendus. Ces derniers seront directement élus au suffrage universel et ne seront plus sous la tutelle des gouverneurs et des walis. Les présidents des conseils régionaux bénéficieront ainsi d’une plus grande autonomie et d’une plus grande marge de manœuvre. Et l’exécutif des assemblées régionales leur reviendra de plein droit. Le projet de régionalisation avancée s’inscrit dans une logique de contrôle de légalité que dans une logique de tutelle, exception faite cependant de certains cas où le walis serait amené à constater certaines irrégularités dans la 36 - Extrait du résumé du rapport sur la régionalisation avancée au Maroc, découpage administratif, composition du conseil régional (p :3-4) 35 gestion locale. Celui-ci pourra ainsi saisir le juge. Pour l’heure, cette disposition n’est toujours pas entrée en vigueur. La région comme échelon de la démocratie, s’ajoutela région comme intégrateur des politiques de développement. En effet le projet de régionalisation avancée37est également destiné à favoriser un développement intégré et durable en matière économique, sociale, culturelle et environnementale. Et humain, l’importance accordée à la région réside dans la volonté d’en faire un échelon capable d’assurer une meilleure coordination entre les autres collectivités territoriales et une meilleure harmonie entre les politiques de développement de ces dernières. La présente recherchesur « la politique de l’économie sociale et défi du développement humain » impose d’aborder le cadre juridique des coopératives, associations et mutuelles au Maroc, ensuite d’identifier les aspects administratifs, financiers, fiscaux, et comptables, ainsi les institutions régissant le secteur puis, traiter les insuffisances et dysfonctionnements qui entravent le développement du secteur. Enfin, relever les pistes d’articulation entre le développement humain et l’économie sociale en termes de convergence, et d’impact. En premier lieu la présentation générale du tissu coopératif et associatif s’avère nécessaire afin d’apprécier la tendance de l’économie sociale à s’articuler au concept du développement humain ses mécanismes de fonctionnement, ses perspectives, et dans un second lieu , traiter les anomalies et défaillances comme limites du secteur afin de dégager les articulations existantes et démontrer l’intérêt du gouvernement dans l’orientation de cette économie via les stratégies de développement et les réformes d’accompagnement pour une meilleure visibilité et compréhension de l’économie sociale ainsi d’orienter la recherche sur les véritables enjeux politiques. 37 - Régionalisation avancée et développement social intégré « Pour une gouvernance régional efficiente par une approche partenariale », écrit par Oualalou Abdelhafid : Président du forum euro-méditerranéen de l’institut marocain des relations internationales . Journal Al bayane 2011 36 QUESTIONS DE RECHERCHE . Les objectifs de l’étude se rapportant à l’économie sociale s’inscrivent dans la stratégie de l’action gouvernementale actuelle en matière de développement politique régional et d’aménagement du territoire. Les mécanismes de fonctionnement propres à l’économie sociale contribueront à une meilleure implication des acteurs régionaux et locaux pour une plus grande participation aux plans et programmes d’action pour le développement, en particulier les collectivités locales et les diverses composantes de la société civile, notamment les associations et coopératives. Comme cela a été le cas dans plusieurs pays, la mise en œuvre de l’économie sociale au Maroc devrait contribuer efficacement à la lutte contre la pauvreté et l’exclusion, à la création d’emploi mais aussi à la promotion du secteur informel qui constitue une part importante mais invisible de notre tissu productif, sous cet angle qui parait essentiel et au moment ou le Maroc se prépare à l’entrée en vigueur de l’accord de libre échange avec l’union européenne, afin d’intégrer cette économie dans les politiques de coopération euro méditerranéen, il devient nécessaire voir urgent de mobiliser l’ensemble des potentialités de notre pays afin de permettre à toutes les capacités de s’exprimer et de prendre part aux effort de développement. Ces perspectives s’inscrivent également dans le cadre des objectifs et des cibles du millénaire pour le développement tels qu’ils ont été définis et adopté par les Etats membres des Nations Unies. A ces divers égards, la promotion et la relance du secteur d’économie sociale avec ses divers acteurs notamment les coopératives, les associations et les mutuelles constituent au Maroc une composante de taille, elles touchent divers secteurs économiques, dans notre pays et constitue une voie salutaire et certainement incontournable. Cependant, plusieurs questions méritent d’être posées afin de mieux cerner la problématique de notre recherche. -Pourquoi le Maroc n’a pas réussi en 50 ans à vaincre la pauvreté, l’exclusion et à endiguer la fracture sociale ? -Pourquoi malgré la mise en place depuis l’indépendance d’un arsenal d’institutions, d’instruments et de mécanismes de lutte contre la pauvreté et 37 l’exclusion sociale , la Maroc n’ a pas réussi à enclencher à coté de l’état et de la société civile une dynamique intégratrice et mobilisatrice des acteurs politiques et syndicaux ainsi que des élites économiques et administratives dans la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale ? Le champ de l’économie sociale et solidaire au Maroc est articulé autour d’un dispositif institutionnel marqué par l’existence d’une multitude d’acteurs dont l’organisation et les interactions peinent à résorber un déficit social grandissant. A cet égard, la multitude d’acteurs ne constitue- t –elle pas un amplificateur des discordances et une source de divergence dilapidatrice des ressources souvent limitées et des efforts toujours précieux ? La réadaptation et le réaménagement du dispositif institutionnel sur de nouvelles bases pour une convergence des visions stratégiques opérationnelles ne représente-t-elle pas un gage d’efficacité et et de performance ? La nature de la problématique exigeant le recours au diagnostic et à l’analyse du dispositif institutionnel conduit à l’identification des forces et des faiblesses de ce dispositif. L’outil « SWOT » répond au mieux à cette fin. Ces questions interpellent également tous les acteurs de la société marocaine et les invitent à agir dans le sens d’une refonte de l’approche et de la gouvernance des politiques sociales.Cette refonte s’avère nécessaire pour plusieurs raisons. D’abord parce que les déficits sociaux sont encore importants malgré les efforts consentis par la collectivité nationale, ensuite parce que la demande sociale déjà importante, diversifiée et exigeante continue de croître exerçant une pression constante sur les grands équilibres économiques et financiers tout en déstabilisant les réseaux de solidarité traditionnels et enfin parce que les pouvoirs publics sont devant une incapacité objective d’assurer à une échelle centralisée le financement simultanée de tous les déficits sociaux accumulés. En effet, le retard du Maroc en matière du développement sociale ne pourra s’expliquer que par l’incapacité objective, de surcroît aggravée par une gouvernance publique de l’action sociale marquée par une absence de coordination entre les intervenants , une absence réelle de toutes formes de capitalisation des expériences pilotes réussies, la non prise en compte de la nécessaire pérennisation des projets 38 de développement social engagés et l’absence effective des procédures d’évaluation, de contrôle et suivi . Or, cette refonte à la fois en terme de renouveau et d’approche de la gouvernance de l’action sociale se trouve au cœur des orientations inscrites dans le discours de chef de l’Etat du 18 mai 2005 relatif à l’INDH . Compte tenu de son importance stratégique et politique et de la portée profonde de ses dimensions gestionnaires et prospective, elle doit être le guide essentiel pour toutes les composantes de la Nation dans toute action de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Hypothèses à vérifier : Pour répondre à notre problématique, la vérification des hypothèses, ci-après, s’avère alors, une nécessité : -les administrations qui encadrent les coopératives ont vraiment les moyens suffisants et font de leur mieux pour l’expansion du mouvement coopératif -lesditescoopératives participent activement à la formation et à l’emploi dans la région. -les coopératives en question n’ont pas de difficultés en ce qui concerne l’écoulement de leurs produits et services. -Elles disposent d’autres ressources financières autres que leurs capitaux propres, souvent faibles. -Les Coopératives objet de l’étude sont régies par une ou plusieurs lois adéquates, qu’elles respectent et qui leur permettent de s’épanouir. -Leurs résultats financiers sont au niveau des aspirations de l’état. Si ces conditions sont satisfaites, les coopératives et associations objet de l’étude peuvent être considérées en mesure de participer au développement économique et social dans notre pays. 39 Méthodologie de travail : Pour toucher les différents aspects permettant de répondre à la problématique, la consultation bibliographique de plusieurs textes juridiques et réglementaires, documents ministériels, guides, études, travaux de recherche universitaires, actes de colloques et tables rondes sur le secteur, articles de journaux et sites Web s’avèrera nécessaire pour l’enrichissement de la présente thèse. La multitude des documents abordera la question des coopératives et associations essentiellement sous l’angle politique, et social plaçant l’être humain au centre de développement dans le cadre d’une réflexion sur la société civile marocaine en général. Pour appréhender la problématique, une approche consultative des différentes personnes ressources a été adoptée. Dans ce cadre, plusieurs séances de travail ont été organisées avec le chef de division, chargé des études et du système d’information de l’économie sociale. Au cours de ces rencontres, ce responsable a tracé d’une manière générale, les grandes lignes et le contour de la dite économie La nature de la problématique a exigé également d’aller à la rencontre de l’Adjoint du gouverneur chargé de la coordination nationale de l’INDH, qui a donné un aperçu sur le pilotage de l’état d’avancement des projets initiés dans le cadre de L’INDH. Ce responsable nous a orienté vers le chef de la division de l’action sociale au sein de la Wilaya de rabat, qui a insisté sur l’importance du renforcement des mécanismes de coordination des actions des différents acteurs pour l’optimisation des performances. L’utilisation de la base de données sur les coopératives développée par l’office de développement de la coopération, en partenariat avec le ministère des affaires générales et de la gouvernance et les associations par le ministère du développement social, de la famille et de la solidarité permettra d’alimenter la présente recherche en termes d’information qualitative et quantitative afin de mieux éclaircir la répartition géographique de ces acteurs de l’économie sociale et solidaire œuvrant pour le développement humain. 40 L’approche méthodologique s’avèrera une approche participative avec une démarche de concertation avec l’ensemble des acteurs locaux concernés par la question de développement de l’économie sociale et solidaire. Des entretiens ciblés ont été effectués dans le cadre de l’étude (wilaya, Agences de développement, Ministère des affaires générales et de la gouvernance, les bureaux d’études notamment Masnaoui Management consulting, Ucotra et khibra Mahalia chargé de l’étude du tissu associatif et coopératif dans différentes régions. Ainsi, nous avons effectué un questionnaire lors de la 3 éme édition du salon national de l’économie sociale et solidaire organisé sous le patronage du chef de l’état à Casablanca, par le MAGG à partir de l’année 2008, il présente un événement spécifique, car il assure la continuité des salons nationaux et régionaux, il traduit et concrétise la stratégie nationale de la promotion de l’économie sociale ainsi la réalisation de la convergence des stratégies en parallèle avec les objectifs de l’initiative nationale de développement humain, en cette occasion nous avons procédé à l’évaluation des résultats de la manifestation à travers une étude sur terrain basée sur la distribution des questionnaires sur les participants au salon :les uns concernent les coopératives et associations exposantes en les considérant la population commercialisant les produits et services de l’économie sociale et solidaire afin de promouvoir le commerce de proximité , et les autres concernent les visiteurs en les considérant la population cible en tant une force acheteuse des produits et services de l’économie solidaire. (Voir les deux modèles de l’enquête en annexe) . De ce fait, la présente thèse sera agencée en deux parties :La première donnera une image du secteur coopératif et associatif marocain et du contexte dans lequel il évolue. Elle donnera, une idée sur le droit juridique régissant les acteurs de l’économie sociale, leurs poids économique en terme de ressources générées, emplois créés, ressources mobilisées, etc.…) les institutions, et la fiscalisation. Quand à la deuxième partie se penchera, de traiter les défaillances du secteur, le rôle du gouvernement pour l’orientation et la redynamisation de la dite économie tout en se référant sur de nouvelles lois, programmes de développement locaux et régionaux, INDH à travers les stratégies sectorielles ainsi l’appui sur quelques expériences étrangères. 41 L’ intérêt du sujet : L’économie sociale et solidaire constitue un projet politique en établissant des réseaux d’échange et de savoir aussi bien au niveau national qu’international afin de permettre aux personnes exclus de s’intégrer en leur procurant des emplois permanents afin de retrouver leur dignité, elle offre plusieurs avantages à savoir le développement de l’employabilité des individus et des collectivités, le Soutien du développement durable et équitable sur le plan économique, social, politique et environnemental, la contribution à la revitalisation des quartiers et des collectivités locales, laMobilisation des populations marginalisées ou avec des incapacités, Valorisation des conditions sociales, politiques, économiques et environnementales des communautés, développement local , apport d’un cadre analytique s'adaptant aux activités des organismes communautaires, transformation et renouvellement des politiques publiques ;Innovation sociale, Renforcement de la solidarité locale, régionale, nationale et internationale, elle assure une meilleure articulation démocratique entre le développement social et le développement économique . A cet effet, le sujet constitue un socle fondamental de réflexion gouvernementale et sociétale afin de faire connaître la nouvelle économie, à travers la mise en place des mécanismes d’information et de communication, assurer et élargir ses horizons, impulser ses activités au niveau des régions, la dite stratégie gouvernementale se veut une meilleure approche d’analyse des actions à mener dans le cadre de l’économie sociale pour la gestion du processus de développement cette approche considère les phénomènes qui impliquent profondément l’homme comme étant d’une nature tridimensionnelle à savoir les actions technicoéconomiques visant à accroître la production, améliorer la qualité, réduire les coûts et les délais, commercialiser les produits et services. Les actions socio organisationnelles favorisant le développement humain en particulier la suppression des obstacles qui entravent le fonctionnement de cette économie. Et enfin les actions culturelles pour assurer une continuité dans le temps et garantir l’autonomie de fonctionnement, il met l’accent sur les valeurs, et la raison d’être. Vu les avantages qu’elle génère cette économie par la valorisation des hommes et des femmes et son poids dans le tissu économique et social du pays, nous voulons s’approfondir dans le sujet afin d’apporter de nouveau sur l’action gouvernementale en la matière et 42 analyser sa doctrine juridique, ses institutions, et évaluer son impact sur l’être humain. Le choix du cas Marocain se justifie par : la lenteur du rythme auquel les choses changent dans le pays, les procédures politique, administratifs qui sont complexes, la méconnaissance de « l’institution coopérative » par la quasi-totalité des coopérateurs due au premier lieu à leur faible niveau de scolarisation et en second lieu à l’administration qui initie la création de la coopérative. Cette dernière se fait souvent sans étude préalable (ni étude économique ni étude de faisabilité). Le rôle de l’ODECO est limité à des contrôles d’ordre juridique: les coopératives ignorent ses missions. De nombreux facteurs entravent la croissance et l’efficacité des associations et mutualité :Manque de clarté quant à l’identité, aux objectifs et espace d’intervention. Faible niveau de scolarisation des membres des associations et des mutualités. Faible participation des populations cibles.Absence d’ouverture des espaces associatifs les uns sur les autres, absence des mécanismes de concertation, de coordination et de partenariat, bilatéraux et multilatéraux. L’économie sociale vise donc à renforcer la participation de la société civile au développement durable et la création d’un réseau national de solidarité qui viendrait sans nul de renforcer l’édifice de cette participation à la construction du Maroc d’aujourd’hui et de demain. 43 LE CADRE JURIDIQUE ET INSTITUTIONNEL DE L' ECONOMIE SOCIALE AU MAROC PREMIERE PARTIE: 44 Depuis quelques années, un peu partout dans le monde, et au moment où les mutations politique, économique et social imposent à la société la recherche d’un dépassement des limites rencontrées par les secteurs privé et public, de nombreuses expériences pour faire de l’économie autrement se développent dans tous les pays. Ces expériences se caractérisent par la volonté de concilier initiative et solidarité, peuvent être regroupées sous des vocables divers : économie solidaire, volontaire, communautaire tiers secteur38 En plus, l’économie solidaire peut être définie par les valeurs sur lesquelles elle se base la citoyenneté et la solidarité. L’originalité de l’économie solidaire est d’apporter des réponses précises et concrètes aux difficultés de liaison entre des actions locales et la possibilité d’une large démocratisation de l’économie. Elle s’est en effet progressivement définie à partir de pratiques qui ont émergé au sein d’actions individuelles et collectives puis se sont confrontées à la réalité du terrain.Ce sont à la fois :des habitants, usagers ou professionnels prenant en charge la conception des services qu’ils estiment nécessaires, des entrepreneurs voulant contribuer à l’intégration par l’économique des populations en difficulté, des consommateurs qui s’organisent pour vérifier la qualité des produits qu’ils achètent, des épargnants utilisant différemment leur argent...la diversité des démarches explique que les actions dans une perspective d’économie solidaire ne se laissent pas enfermer dans un statut juridique. Par contre leur actualité se révèle des différents contextes au Nord (recomposition et renouvellement associatifs dans l’ensemble de l’Europe, nouvelles coopératives de solidarité sociale, développement économique solidaire dans les pays anglo-saxons, groupes d’auto-assistance en Allemagne), et au Sud (structuration d’un mouvement parti de l’économie souterraine de survie pour aboutir à des organisations 38 - Economie sociale et solidaire un système et des principes en regain d’intérêt, Revue marocaine des coopérative n°1 Directeur Abdelkader Alami (P :61) 45 économiques génératrices de statuts et revenus stables que ce soit en Afrique, en Asie ou en Amérique Latine)39. Dans ce cadre, il serait judicieux de montrer la démarche de l’économie sociale dans les pays du Nord comme dans celle des pays du sud . Dans la plupart des pays du Nord, de nombreuses activités socio-économiques locales surgissent et entrent en relation de façon conflictuelle, avec des programmes publics : la dynamique et l’expérience de la nouvelle économie sociale issue principalement de mobilisations sur l’emploi et sur le développement de nouveaux services collectifs de proximité. Parfois même, ces initiatives ont procédé à contribuer à faire connaître les nouvelles politiques de la part des pouvoirs publics De manière générale, ces initiatives jouent un rôle important dans la mise en œuvre des nouvelles politiques publiques, Au cours des deux dernières décennies, l’économie sociale et solidaire au Nord comme au Sud est devenue le lieu d’un enjeu crucial celui du renouvellement des formes de l’intervention collective pour faire face aux nouveaux besoins des communautés locales. La mobilisation sociale à laquelle elle a donné naissance a donc été particulièrement forte depuis le début des années 1980. Elle s’est réalisée autour de types différenciés d’initiatives parmi lesquels nous retrouvons : des initiatives de formation à l’emploi à partir d’associations à visée pédagogique favorisant des apprentissages divers liés au marché du travail ou des entreprises d’insertion socioprofessionnelle, à l’intérieur desquelles se font, la plupart du temps. Des initiatives de développement de services de proximité de type services de garde, restauration populaire, aide à domicile, logement social ; des initiatives territorialisées de revitalisation économique et sociale croisant, à l’intérieur d’un processus d’intervention multi-activités, des acteurs divers engagés sur le territoire dans la mise sur pied et le soutien mais non exclusivement d’entreprise d’économie 39 - L'Observatoire Régional de l'Economie Sociale et Solidaire : mesurer le poids de l'économie sociale et solidaire en région du nord pas- de –Calais. 2011 46 sociale40.Qu’il s’agisse « des entreprises communautaires »41 au Royaume- Uni et au canada, « Des sociétés d’emploi et de qualification » en Allemagne, « des entreprises de formation par le travail « en Belgique, des « régies de quartier » françaises ou des « coopératives sociales » en Italie42, en Suède au Royaume-Uni ou au Canada , ces expériences récentes de l’économie sociale au Nord sont le produit d’une rencontre de l’association et de la coopération , la politique sociale est plus ou moins proche selon les cas des composantes « historiques » de l’économie sociale car elle dispose pour l’essentiel des mêmes grands traits distinctifs parrapport à l’entreprise privée des finalités qui ne sont pas de servir les intérêts de détenteurs de capitaux mais de remplir des fonctions sociales, au sens ou l’activité vise à assurer conjointement et explicitement viabilité économique et utilité sociale.des acteurs qui s’associent pour créer des entreprises qui répondent aux besoins de base d’un groupe ou d’une collectivité locale, des structures et des règles orientées vers la participation démocratique et qui ne répartissent pas le pouvoir en fonction du capital détenu, des activités collectives de caractère entrepreneurial au sens ou la production de biens ou de services se développe sur les marchés à partir d’un travail de coopération entre associés d’une même entreprise. Tel est le sens premier et fondamental attribué à l’économie sociale et solidaire aujourd’hui , plusieurs variantes de cette définition de base sont possibles les unes insistant plus sur la dynamique organisationnelle et sur le modèle coopératif, d’autres sur la dimension politique et de transformation sociale par des pratiques solidaires liées au développement de différents services de proximité, d’autres encore sur sa contribution économique et socio-institutionnelle ou sa contribution socioéconomique au développement. Il est aussi permis, dans un deuxième temps, de pousser un peu plus loin la réflexion sur l’économie sociale dans les pays du Sud étant un développement dans le creuset de l’économie populaire.Au cours des dernières décennies, avec 40 -l’Observatoire en économie sociale et en développement régional. Qu’est-ce que l’économie sociale? Synthèse introductive Par Louis Favreau est sociologue et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en développement des collectivités (CRDC) de l’Université du Québec en Outaouais (UQO). Il est chercheur au Centre de recherche sur les innovations sociales dans l’économie, les entreprises et les syndicats (CRISES) et au Centre de recherche sur le développement territorial (CRDT).Mars 2005 41 - Conceptualisation de l’économie sociale à partir de l’expérience des pays du Nord : Par louis Favreau, lipietz 1996 et laville 1994 . 42 Dès les années 60 ont lieu en Italie des expériences d’utilisation de la forme coopérative pour des activités de solidarité dans le domaine des services aux personnes. Mais c’est au cours des années 70 que le phénomène prendra son essor, avant d’exploser dans les années 80 et de se consolider dans les années 90. Par Enzo Pezzini conférence sur les coopératives en Italie Alternatives économique Poche 22 janvier 2006. 47 l’aggravation de la crise économique et la mise en œuvre des réformes économiques des programmes d’ajustement structurel dans la plupart des pays d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie, les phénomènes de pauvreté et d’exclusion sociale ont pris une ampleur considérable43. La restructuration obligée des Etats et la contraction induite des dépenses publiques ont conduit les pouvoirs publics à diminuer la part des budgets nationaux consacrée aux services sociaux de base, de sorte que des secteurs essentiels au développement à long terme tels que l’alimentation, la santé, et la sécurité sociale, l’éducation et l’habitat se sont vus fortement menacés. Une partie croissante de la population a basculé dans les activités informelles qui forment aujourd’hui dans la plupart des pays du sud de 50 à 80% de l’économie et s’est trouvée de ce fait quasiment exclue des circuits économiques et sociaux formels qui, il n’ya pas si longtemps, produisaient dans le cadre des Etats, des services collectifs de base. La marge de manœuvre des Etats des pays du sud dans leur fonction de redistribution a été réduite à sa plus faible expression. Les populations de ces pays se sont ainsi retrouvées plus que jamais contraintes de développer elles-mêmes de nouvelles formes de solidarité et d’entraide, économiques et sociales tout à la fois, afin de résoudre les problèmes les plus cruciaux auxquels elles étaient confrontées. D’où la raison pour laquelle depuis plus ou moins deux décennies, nous assistons à un véritable foisonnement d’organisations économiques populaires dans le sillage des mouvements paysans et ouvriers, des mouvements de développement local et communautaire, souvent dans le creuset des activités de l’économie dite informelle. Ces organisations sont dites populaires parce qu’elles sont réalisées par les populations elles mêmes indépendamment des aides extérieurs notamment les ONG, gouvernements nationaux, coopération internationale. Sur la base de ces initiatives, une multitude d’organisations (coopératives, associations et mutuelles) cherchent à se construire un réel pouvoir économique et une influence plus marquante dans la vie publique. Dans ce sens on parle volontiers à l’heure actuelle de l’émergence d’une « économie populaire » sociale ou solidaire dans les pays du Sud laquelle, à bien des égards, s’apparente à l’économie sociale 43 - De l’économie informelle à l’économie populaire solidaire : Concepts et pratiques Odile Castel CREM, Faculté des Sciences Economiques. Université de Rennes 1 L’économie informelle est une réalité massive à l’échelle du monde. « Malgré les difficultés à la mesurer, on estime qu’elle emploie 60 à 70% de la population active en Afrique, 50% en Asie, autour de 35% en Amérique latine, 20 à 30% en Europe de l’Est et 5 à 10% en Europe occidentale et en Amérique du Nord. » (Lautier, 2006). 48 des pays du Nord.Dans cette mouvance générale d’une économie populaire en pleine expansion que les mouvements sociaux ont commencé à occuper un espace d’innovation sociale au cœur de cette crise, en matière de développement. Toutes ces pratiques, malgré la diversité des situations, se retrouvent autour de caractéristiques communes : elles mettent l’entraide mutuelle et la réciprocité au cœur de l’action économique : des personnes s’associent librement pour mener en commun des actions qui contribuent à la création d’activités économiques et d’emplois tout en renforçant la cohésion sociale par de nouveaux rapports sociaux de solidarité. La volonté individuelle et collective d’entreprendre dont font preuve les acteurs qui s’y impliquent ne peut pas s’expliquer par le seul intérêt matériel. Le risque pris par les entrepreneurs s’explique par l’existence d’un projet partagé visant à démocratiser l’économie. Ces expériences s’organisent dans une dynamique citoyenne en favorisant la mise en place d’espaces publics de proximité", cela veut dire au juste des lieux permettant aux personnes de prendre la parole, de débattre, de décider, d’élaborer et de mettre en œuvre des projets économiques adaptés aux contextes dans lesquels ils émergent. En cela, elles trouvent un large écho auprès de réseaux de la société civile qui, par leur engagement, contribuent aussi, tant à la production de biens et de services qu’à l’approfondissement de la démocratie 44. Au Maroc, comme dans les autres pays du monde, les pratiques de l’économie solidaire ont des racines plus profondes dans la tradition économique et sociale connue à travers la longue histoire sociale et religieuse des pays. Toutefois, le concept d’économie solidaire est considéré comme une nouvelle mouvance du concept de l’économie sociale, ce dernier est considéré à son tour comme « le frère ainé » de l’économie solidaire. Les questions se posent à ce propos : A quel point peut on parler de l’existence d’une économie solidaire ? Quels sont ses origines ? Quels sont ses objectifs ? Quelle évolution a connu ses acteurs ? En parallèle avec l’évolution géopolitique décrite au cours de la même période un nouveau concept de développement s’est inscrit en rupture par rapport aux opposition des théories classiques du développement (capital physique vers le capital humain) fondé sur une approche humaniste, et intègre des orientations, des objectifs des politiques et des mesures visant l’épanouissement global et durable de l’être humain, ce qui suppose 44 Castel, Odile. La dynamique institutionnelle de l'économie populaire solidaire dans les pays duSud.Chaire de recherche du Canada en développement des collectivités, Série Comparaisons internationales, no.4, Université du Québec en Outaouais, pages : 21 Année 2003. 49 une bonne gouvernance des affaires publiques et une meilleure intégration des initiatives de développement socio-économiques opérées par les différents partenaires :Etat, collectivités locales, secteur privé, société civile. Le concept de développement humain est devenu un élément clé des politiques d’investissement dans le capital humain.L’étude de l’évolution historique de l’économie sociale et solidaire permet de distinguer deux périodes différentes avant la colonisation et pendant l’ère coloniale. CHAPITRE I : APROCHE THEORIQUE ET HISTORIQUE DU CONCEPT DE L’ECONOMIE SOLIDAIRE AU MAROC L’économie solidaire au Maroc trouve ses racines dans la société marocaine depuis toujours. Elle existe au sein la société marocaine depuis bien longtemps car elle émane d’abord de la religion musulmane et de l’esprit de la solidarité, aussi bien dans les familles que dans les tribus, surtout à la campagne. Ainsi, deux périodes différentes ont marqué la mise en pratique de cette économie. Avant la colonisation : Avant le XIX éme siècle, des associations autochtones tel que des groupes tribaux ou des conglomérations de grandes familles, ont joué un rôle éminent dans la structure sociale ainsi que dans la vie quotidienne : la mission collective, la solution des conflits sociaux, les foires commerciales ont été organisées sur une base commune et solidaire45. Pendant cette période et jusqu’à présent, le système social à la campagne s’est basé à travers le Maroc sur la tribu, solidaire en toutes les circonstances, même en cas d’affrontements : litiges de terres, crimes … Du point de vue religieux, il est dit dans le Coran des versets « soyez solidaires » Aidez vos proches, les pauvres, les nécessiteux. « Donnez la Zakat et Lachour ». Pour la Zakat, les riches aident les pauvres au mois de Achoura selon des critères déterminé par la religion musulmane et qui se basent sur le gain ou la fortune de chacun. La base de la dite fortune se fait soit en argent, soit sur le nombre 45 l’économie solidaire au Maroc : histoire et évolution, par Hachmi BENTAHAR et yahya YAHYAOUI Professeur d’enseignement supérieur à la faculté des SJES d’Oujda « Origine et pratiques de l’économie solidaire au Maroc, extrait de la revue marocaine des coopératives édition 2011.(P :65) 50 de bêtes (ovins, bovins, dromadaires), soit sur la quantité récoltée en blé, orge ou mais. Du point de vue social, la Touiza est souvent pratiquée à la campagne, elle est employée aussi pour les constructions de moissons, bergeries, creusement de puits, elle est utilisée notamment par les gens qui n’ont pas de moyens financiers pour faire face aux frais de main d’œuvre. La Touiza46 est aussi utilisée pour le bien, sans contrepartie, au bénéfice des nécessiteux. Cette forme de solidarité était aussi ordonnée par les caïds et chefs de tribus pour l’aménagement de pistes, la construction de canaux d’irrigation pour le partage de l’eau dans les terres irriguées. A cet effet, une collecte était faite par les gens aisés pour l’achat de matériaux, pour le bien collectif. Grâce à cela, l’infrastructure économique voit le jour et permet un certain développement. La campagne a été délaissée avant l’indépendance du Maroc. Dans les familles aisées, on vient en aide aux proches pour leur entretien, pour les nécessiteux pour les mariages, funérailles ou toute autre occasion. Dans les familles, les plus âgés et ceux qui travaillent hébergent leurs frères et sœurs, soit jeunes, soit en chômage, ou les deux, dans une famille marocaine quand le père décède, ou qu’il touche un revenu insuffisant pour faire face aux besoins de sa famille, l’aîné de ses enfants travaille et prend en charge toute la famille, il se sacrifie pour elle, surtout pour permettre à ses frères et sœurs de poursuivre leurs études.Grâce à cette solidarité que les gens survivent. Les formes de solidarité au Maroc sont nombreuses et essentielles dans les relations humaines, Outre la Touiza, il existe d’autres associations autochtones comme la « Jemaa », « Agadir » « la Moucharaka » ou encore « la Mouzara^a » qui étaient fondés sur la loi islamique ou les coutumes berbères. Ces associations bénéficiaient au niveau du financement, de donations privées ou de fondations religieuses dans les zones urbaines et rurales. Face à la détérioration continue du pouvoir d’achat d’un certain nombre de groupes sociaux, l’entraide familiale demeure assez vivace. sous la pression d’une conjoncture socioéconomique défavorable, les familles pauvres cherchent une solidarité active pour satisfaire leurs besoins spécifiques. Elles développent en conséquences des 46 - La tradition Touiza ancrée dans la pratique solidaire du Maroc a été lancée en 1957 par le père de la Nation, feu S.M. Mohammed V. 51 stratégies de subsistances qui leurs permettent de faire face aux conditions auxquelles elles sont soumises. Sur le plan des activités génératrices de revenus, la précarité qui caractérise les conditions de vie des familles pauvres fait en sorte que ces dernières mobilisent tous les membres partageant l’espace commun afin de multiplier les sources de revenu, aussi irrégulières et dérisoires soient-elles. Le travail de tous devient partie intégrante d’une stratégie familiale de survie, lui permettant d’acquérir une certaine autonomie financière, et de satisfaire les besoins fondamentaux. Cette mobilisation générale de la force de travail est d’autant plus possible que la législation en matière d’emploi est défaillante, il n’y a pas en effet, de contrôle du marché de travail, celui-ci faisant encore largement appel aux enfants. L’aide de réseaux familial pour l’accès au logement apparut également indispensable. Elle peut prendre trois formes essentielles: accueil, hébergement et cohabitation familiale, soutien matériel, formes qui sont parfois complémentaires mais dont l’importance varie selon la famille par la solidarité qu’il procure, le réseau familial constitue une ressource souple, adapté à la demande et qui intervient rapidement tout en permettant d’offrir une aide à long termes à ses membres. Sa présence active constitue un gage et une garantie de sécurité, d’assurance et de stabilité. Dans l’état actuel des choses la disparition des réseaux de solidarités 47 familiales risque d’entraîner des situations de crise grave, Si les rapports de solidarités se tissent d’une manière spontanée autour de la pauvreté il existe également d’autres formes de solidarité entre les populations pauvres qui les mobilisent en matière d’actions sociales le voisinage, le groupe ethnique et la communauté religieuse. D’oùle rôle joué par les mosquées comme lieu de rencontre. Les actions sociales menées à partir des mosquées se rapportent à l’assistance de l’ensemble des groupes vulnérables. Pendant l’ère coloniale : la notion moderne d’association ou d’organisation non gouvernementale a été introduite au Maroc pendant la période du protectorat français (1912-1956) par le dahir de 1941. Seuls les Français et autres étrangers avaient l’autorisation juridique de créer des organisations. Cependant, depuis 1923 plusieurs associations, œuvrant dans le domaine de la musique, du théâtre et des 47 - Le réseau familial de solidarité : modèle marocain de l’économie sociale extrait du rapport général sur le développement humain 2005-2006. 52 différents sports ont vu le jour dans toutes les grandes villes marocaines notamment: Tanger, Casablanca, Rabat ; Fès, et Marrakech. Après la colonisation, le mouvement coopératif marocain a connu une amélioration très sensible, notamment par la création du BDCO « bureau de développement et de la coopération « en 1962, et la promulgation des textes relatifs aux secteurs réforme agraire, habitat, mine, commerçants détaillants, pèche Cette étape peut être classée comme une étape classique du mouvement coopératif marocain. Une autre étape qu’on peut nommer l’étape moderne, est caractérisée par deux grands événements :la restructuration du BDCO et sa transformation en office en 1975 et la promulgation de la loi 24-83 en 1983. Ces deux événements sont considérés comme des actes qui traduisent l’intérêt accordé par les pouvoirs publics aux coopératives, en tant qu’instruments d e développement local, de part leurs rôles et leurs objectifs économiques, sociaux et éducatifs.les institutions coopératives se sont imposées en tant qu’organismes aptes et efficaces, pour jouer un rôle pertinent dans la sécurité alimentaire(coopérative agricole marocaine, l’autosuffisance alimentaire.. En effet,L'évolution des acteurs de l'économie solidaire au Maroc a connu trois phases distinctes48 : -Une période de libéralisation : 1958 – 1973. Le droit d'association a été institué, en premier lieu, par le dahir Royal du 15 novembre 1958 et continue d'être garanti par la constitution marocaine. Ce texte spécifie la manière d'exercer ce droit constitutionnel, en se basant sur des notions modernes et sur les traditions séculaires du Maroc. Ses dispositions offrent un cadre juridique pour toute activité associative, comme action collective, peut être institutionnalisée. Cette période a été marquée par la création de plusieurs associations dans toutes les régions du Maroc, situation qui va être limitée après par des aménagements apportés par le Dahir de 10 Avril 1973. 48 - Yahya YAHAYAOUI et Hachmi BENTAHAR, revue marocaine des coopératives (P : 66-67) édition ODECO « Evolution historique de l’économie sociale et solidaire au Maroc » Directeur de la « Revue marocaine d'audit et de développement » REMA. Année 2003 53 -Une nouvelle période de contrainte : 1973 – 1984 : Le dahir du 10 avril 1973 a restreint la liberté d'association de façon plus significative. Ses dispositions sont relatives au statut juridique des associations (l'obligation de l'autorisation administrative), elles accordent aux autorités une plus grande discrétion de décision quant à la légalisation de l'ONG (la dissolution de l'association est désormais du ressort des autorités administratives après qu'elle a été à la discrétion du tribunal provincial). Malgré cet ensemble de restrictions juridiques imposées aux associations depuis 1973, un grand nombre d'association ont vu le jour, la vie associative a continué de jouer un rôle important dans le développement de la vie sociale et culturelle du pays. -La période de renaissance : 1984 à nos jours : Parmi les changements importants qui sont survenus au Maroc et qui ont contribué à l'émergence des associations, principales composantes de la société civile, la crise financière du milieu des années 80 et le programme d'ajustement structurel lancé par le gouvernement en 1983, en entraînant un déclin du niveau de vie de large couche de la population marocaine. De façon générale, la plupart des associations créées durant la dernière décennie considèrent que les politiques appliquées par l'Etat depuis l'indépendance sont responsables des problèmes économiques et sociaux du pays. Actuellement, conscientes que l'Etat seul ne peut pas tout faire, les associations ont opté et choisi de s'attaquer à la résolution de ces problèmes. Tout en gardant un plus grand degré d'autonomie afin de sauvegarder une certaine légitimité vis-à-vis de la population qu'elles représentent et garantissent une plus grande efficacité. Contrairement aux anciennes associations, la seconde génération d'ONG49 se considère comme faisant partie d'un mouvement international plus vaste qui se développe grâce à la consolidation de la société civile sur le plan national. 49 - ONG: ce terme désigne des organisations qui ne relèvent pas directement ou structurellement d'un gouvernement. Elles doivent être sans but lucratif. Le Conseil économique et social de l'Organisation des Nations unies en donne la définition suivante: «Sera considérée comme organisation gouvernementale toute organisation dont la constitution ne résulte pas d'un accord intergouvernemental y compris les organisations qui acceptent des membres désignés par les autorités gouvernementales, pourvu que de tels membres ne nuisent pas à la libre expression des organisations.» 54 Les activités des deux générations d'ONG différent également dans leur contenu. La première génération cherche à s'engager dans des activités caritatives et étroitement concentrées sur le culturel et le social. La seconde s'engage normalement dans un nouveau type d'activité, tel que le développement communautaire, la santé, la protection de l'environnement, la promotion des petites et moyennes entreprises … Ensemble, elles constituent un secteur dynamique capable d'améliorer la vie du citoyen marocain et d'accélérer le rythme du développement du pays. L’économie sociale au Maroc, trouve ses racines dans les pratiques ancestrales et coutumières en matière de gestion collective de la chose publique locale. Au Maroc, ces pratiques sont riches d’enseignement mais leur consignation écrite n’est pas souvent faite. Elle se considère un univers où cohabitent toutes les formes sociologiques de coopération et d’entraide entre les membres de la société. Certaines de ces formes sont écrites, légiférées et officialisées d’autres par contre restent locales, informelles, orales et se transmettent par traditions. L’organisation sociale sur des bases coutumières constitue un des ciments de la société marocaine, le concept « d’Agadir » dans les différentes régions du royaume est une forme de stockage collectif des céréales et légumineuses dans un espace compartimenté en greniers individuels. Le mode de répartition de l’eau d’irrigation dans les oasis de l’oriental (Ain chair, Figuig, Bouaanan) ou dans celles du sud, (Ouarzazate, Tinghir, kalaat magouna, Tazarine, Taliouine, Zagora) est un exemple d’organisation coutumière tacite de gestion de manière sage et consensuelle d’un domaine fortement générateur de conflits. Les modes d’attribution des droits d’exploitation des mines de sel des régions de Ouarzazate, qui relevaient des attributions de la Jmaa avant l’entrée en fonction du code minier, est une démonstration de l’avance qu’ont eu les sociétés traditionnelles en matière de transparence et de bonne gouvernance locale, par rapport au système centralisateur de la société moderne actuelle. En effet, l’attribution du droit d’exploitation de ces mines s’attribuait sur la base d’une annonce publique par l’intermédiaire d’un « crieur » qui diffuse l’information dans tous les souks et douars de la région. D’où un début des appels d’offres publics actuels. Le conseil de la « Jmaa » décide du bénéficiaire de l’exploitation de ces gisements sur la base de l’offre présentée et qui 55 permet d’employer le plus de personnes et de créer le plus de valeur ajoutée pour la communauté locale50. En zone rurale, les modes coutumiers d’organisation dominent. Les personnages autour desquels se répartissent les pouvoirs sont : le Cheikh, le fkih, les notables, le caïd, le président de la commune, mais les vrais pouvoirs peuvent être résumés dans le schéma à trois axes donné ci après51 : Cheikh Pouvoir administratif Pouvoir économique et sociologique Président de la commune communecommuner Caid Pouvoir religieux Fkih La répartition du pouvoir en zone rurale, semble alors se répartir entre les trois groupes suivants : 1- Le groupe du Caïd : comporte également, leprésident de la commune, le directeur de l’école, l’infirmier, et tous les représentants de l’administration. 2-Le groupe du cheikh : bien qu’auxiliaire de l’autorité, le cheikh fédère la communauté et gravitent autour de lui les représentants de la Jmaa, les notables locaux et les naibs des terres collectives. 50 - Les organisations coutumières de l’économie sociale, EDESA « Etudes démographiques, économiques, et statistiques appliquées »rapport final, Département de l’artisanat et de l’économie sociale. Les organisations coutumières sont une source d’inspiration pour enrichir les pratiques de l’économie sociale au Maroc au niveau local. Il s’avère que l’organisation sociale de la population marocaine dans différentes régions du royaume montre une forte démarcation de la vie en milieu rural par rapport à l’urbain. (P :55-56) 51 - Les organisations coutumières de l’économie sociale, EDESA « Etudes démographiques, économiques, et statistiques appliquées »rapport final, Département de l’artisanat et de l’économie sociale (P :58) 56 3-Le groupe du Fkih : comprend les talebs, les adouls et les guérisseurs traditionnels. Toutefois, au sein des communautés traditionnelles, le pouvoir sociologique semble de plus en plus se répartir entre deux composantes de plus en plus actives et présentes dans le façonnage du paysage de L’économie sociale au Maroc. Il s’agit des jeunes et des femmes. Toutefois, au sein des communautés traditionnelles, le pouvoir sociologiques semble de plus en plus se répartir entre deux composantes de plus en plus actives et présentes dans le façonnage du paysage de l’économie sociale au Maroc, il s’agit des jeunes et des femmes. Ainsi, le génie marocain dans le domaine de l’économie sociale, se concrétisera davantage, par la prise en compte des us et coutumes du pays et des structures informelles d’organisation et de mobilisation sociales. D’où une ressource que l’on qualifierait de ressource de structure. A titre d’illustration nous donnons l’exemple de Taakidt du Ksar d’EL Gara et la réglementation des terres collectives52 comme source d’inspiration sur le potentiel organisationnel dont dispose la société marocaine et pouvant aider à mieux structurer l’économie sociale dans le pays. Au Maroc, les terres collectives constituent un réservoir foncier important car elles représentent le tiers du territoire ayant une valeur agro-sylo-pastorale et concernent 4 631 collectivités ethniques, soit près du quart de la population totale du pays53. La collectivité ethnique est une sorte d’association sans formalisation écrite, à laquelle l’adhésion se fait systématiquement par appartenance tribale. Elle est gérée par le biais des règles traditionnelles des terres collectives54. Section 1 : Le cadre juridique, l’aspect administratif, financier et fiscale des coopératives, au Maroc. 52 - Les terres collectives du Maroc dans de la première période du protectorat (1912-1930) par Négib Bouderbala (P 145,146). 53 - Etude sur le statut juridique des terres collectives au Maroc et les institutions coutumières et locales dans le versant Sud au haut atlas par Mohamed El Alaoui Enseignant chercheur à l’école nationale d’Agriculture de Méknés Année 2002. 54 - Extrait du portail de la société civile au Magrheb Joussour 2011. 57 Avant de traiter le cadre juridique, financier et fiscale des coopératives, il est important de présenter un éclairage historique sur le mouvement coopératif au Maroc. Le mouvement coopératif marocain, prend de plus en plus une grande ampleur ces derniers temps, et réalise des performances relativement considérables, mais contestables. Il a vécu durant son historique des transformations importantes relatives aux diverses mutations que le Maroc a connu sur tous les plans : économiques, sociaux et politiques. Il est évident qu’on ne saurait comprendre et analyser le mouvement coopératif marocain, ses atouts et ses perspectives sans une connaissance de son historique, ses étapes, ses points forts et ses faiblesses. Le Maroc a connu de vieilles pratiques coopératives d’une façon spontanée, sous différentes formes, pour faire face aux multiples difficultés qu’ils rencontrent dans la vie. Ces pratiques ancestrales sont différentes dans leurs objectifs, leurs manières et leurs mécanismes. Celles-ci ont vu le jour principalement dans le monde rural, ce qui est une évidence puisque l’agriculture, les travaux agricoles, l’élevage étaient des activités dominantes et qui jouaient un rôle sociale et économique important. La venue de l’ère coloniale qui a introduit au Maroc la notion de la coopérative en tant qu’instrument conventionnel : Ces coopératives implantées dans le secteur de la consommation (1922), d’agriculture (1937-1938) et d’artisanat (1938), étaient orientées pour jouer un rôle spécial au profit du colonisateur de la métropole55. Après l’indépendance, le mouvement coopératif marocain a connu une amélioration sensible, notamment par la création du bureau de développement de la coopération en 1962, et la promulgation des textes relatifs aux secteurs : réforme agraire, habitat, mine, commerçants détaillants, pêche…..cette étape peu être classée comme une étape classique du mouvement coopératif marocain. La seconde étape est caractérisée par deux grands événements : La restructuration du BDCO et sa transformation en office en 1975, et la promulgation de la loi n°24-83 en 1983. 55 - Annuaire statistique des coopératives et union des coopératives. Publication de l’Office de développement et de la coopération Edition 2005. 58 Ces deux évènements sont considérés comme des actes qui traduisent l’intérêt accordé par les pouvoirs publics aux coopératives, en tant qu’instruments de développement local, de par leurs rôles et leurs objectifs économiques, sociaux et éducatifs. Les institutions coopératives se sont imposées en tant qu’organismes aptes et efficaces pour jouer un rôle pertinent dans la sécurité alimentaire, l’autosuffisance alimentaire, et à la création de l’emploi Actuellement le secteur coopératif est en train de vivre ces cinq dernières années une période de foisonnement sans précédent. Une véritable dynamique et un regain d’intérêt et de confirmation comme outil d’intégration et de mobilisation des catégories qui vivent en marge du processus de développement déclenché par les pouvoirs publics en ce début du siècle . Longtemps considéré comme un secteur d’amortissement de crises socioéconomiques dont les performances sont incapables de dépasser le seuil de subsistance, le secteur a démontré qu’il est en mesure d’abriter des entreprises aussi performantes que celles du secteur privé et faire face aux aléas du marché national et international56. Le secteur a prouvé sa capacité de développer des AGR et de mobiliser les petits épargnes permettant l’amélioration des conditions de vie des couches moins défavorisées ou en état de fragilité économique et sociale. Il a aussi fait preuve de grandes qualités d’adaptation aux différents environnements socioculturels surmontant, parfois même, les barrières sociologiques tout en imposant une dynamique démographique érigée en force motrice d’un développement local durable. Pour toutes ces considérations le secteur a bénéficié et continue de bénéficier d’une attention particulière de la part des pouvoirs publics et a acquis un accueil favorable chez les différentes catégories de producteurs de biens et de services ainsi que les porteurs de projets, notamment les jeunes diplômés et la femme rurale57. Dans le même cadre les pouvoirs publics expriment leur conviction du rôle pertinent des coopératives dans la mobilisation de l’action solidaire et dans 56 - Mémoire de licence « Economie sociale : secteur associatif et mutualiste, 2000-2001, Faculté des science juridiques, économiques et sociales. Méknès 2006 57 - Ahmed fathallah , fathahmed et Mustapha bouchfra , [email protected] Revue marocaine des coopératives N°1 (P : 11) 59 l’organisation des activités des populations autour des projets de développement, de plusieurs façons. L’expression de volonté au plus niveau de l’état manifeste aussi bien au niveau des discours, des lettres, et des déclarations qu’au niveau de l’acte. Les coopératives ont franchi plusieurs étapes dans leur évolution historique. Les coopératives sous le protectorat : Les premières coopératives remontaient à 1919, celles-ci étaient utilisées par l’autorité coloniale pour favoriser l’occupation et l’exploitation des terres privées. Le premier texte relatif à l’organisation des coopératives fut le dahir de 1922autorisant la création des coopératives de consommation entre les colons, suivi en 1935 par un dahir relatif au crédit mutuel de la coopération agricole pour la constitution des coopératives agricoles58,. L’avant 1937 est imprégné surtout par une réglementation en faveur des étrangers, une inexistence de liens entre les textes et les pratiques en vigueur et l’absence de liens entre les secteurs du fait que l’autorité coloniale considère la coopérative uniquement comme le moyen ponctuel de satisfaire des besoins spécifiques comme l’approvisionnement en matières premières ou le financement. A coté de cela, la législation en vigueur portait un intérêt pour l’adhérent européen dans l’objectif de créer les mêmes conditions de travail similaires à celles offertes aux autres européens dans les pays d’origine. Pour les Marocains, ce qui caractérise davantage le travail coopératif dans cette période, est la prédominance des usages et coutumes dans l’organisation et la gestion ainsi que la spontanéité dans l’adhésion. En 1937 le terme « coopératives » était attribué aux organismes fondés par eux même. Les premières coopératives s’intéressaient à la commercialisation des céréales en prévision de la deuxième guerre mondiale59. Elles étaient placées sous le contrôle d’un office spécialement fondé pour assurer la collecte, le stockage et la vente des céréales et légumineuses. 58 - Dahir du 15 janvier fixant le statut des caisses locales de crédit agricole mutuel - Etape d’implantation des coopératives par les autorités du protectorat pour des raisons politiques elles ont été implantées parmi les producteurs marocains et par les autorités du protectorat pour des raisons politiques. 62 coopératives ont été fonctionnelles à la veille de l’Indépendance dont la majorité sont des coopératives agricoles et artisanales, des coopératives céréalières et laitières dont certaines existent encore de nos jours. 59 60 En 1938, l’apparition du dahir du 8 juin offre aux artisans marocains la possibilité de créer des coopératives dont il a fixé un statut et ensuite le texte de 1939 pour les coopératives agricoles et artisanales60. Les autres secteurs devaient attendre l’ère postcoloniale pour connaître des textes de lois ou des décrets autorisant et organisant la constitution des coopératives : il s’agit des banques populaires régionales (1961), le commerce en détail (1963), la pêche artisanale et l’’habitat (1968) et la réforme agraire de (1966 et 1972). Les coopératives depuis l’indépendance: Depuis 1956, l’Etat marocain indépendant utilisait les coopératives comme l’un des instruments des réformes économiques et sociales engagées. Déclaré déjà les différentes formations politiques et syndicales de l’époque. Dans ce premier temps, le législateur a accordé une importance particulière à certains secteurs comme l’habitat, le commerce de détail et les mines reflétant le manque d’une politique globale intégrant l’ensemble des secteurs dans un cadre législatif unifié. L’état accordait différents avantages (Fiscaux, subventions, crédit à taux réduits….) visant l’extension du mouvement coopératif. A ce stade, les coopératives ont étaient considérées comme des établissements publics à part entière. Exemple des sociétés coopératives agricoles marocaines qui remplaçaient les sociétés de crédit Agricole et de prévoyance crées sous le Protectorat. Dans un deuxième temps, la publication de la loi 24-83 marque le passage à une étape nouvelle caractérisée par un cadre législatif unifié et en transformant ces groupements à de véritables coopératives avec le désengagement de l’Etat. Sous l’effet de la mondialisation et de l’ouverture progressive de l’économie marocaine sur les marchés internationaux, 1956 : Etape d’intervention de l’état dans la gestion des coopératives et la promulgation de plusieurs textes juridiques, tels que le texte autorisant la constitutionde coopératives minières, de coopératives d’habitations, de coopératives 60 - Dahir du 9 rebia II 1357(8 juin1938) autorisant la constitution des coopératives artisanales au Maroc. 61 agricoles La création de l’ODECO en 1962 pour appuyer les coopératives en terme de formation; d’information ; de coordination… -La mise à la disposition des coopératives des agents d’encadrement technique, par conséquence, les départements ministériels concernés. Le nombre de coopératives a connu un accroissement rapide passant de 62 coopératives en 1957 à environ 2000 en 1983. Les subventions octroyées par l’Etat ont contribué à l’apparition de coopératives dépendantes présentant ainsi l’image de structures paraétatiques avec des coopérateurs incapables de développer un véritable projet coopératif. Tous les textes, promulgués, soit dans la période coloniale ou post coloniale présentaient un aspect restrictif, limitatif et défaillant à plusieurs niveaux car ils ne permettaient pas la création de coopératives dans d’autres secteurs, ni la structuration des activités au sein du même secteur, ni la précision des liens et des rapports entre les différents intervenants administratifs et la coopérative. Autant de limites pour voir émerger un mouvement coopératif intégré, cohérent et ouvert capable de répondre aux attentes des différentes catégories de la société et plus particulièrement à celles aux moyens très limités. Ayant pris conscience de ces lacunes et ces limites, le législateur marocain a promulgué une loi cadre et organique pour un secteur coopératif ouvert sur toutes les activités humaines et intégrant toutes les catégories de la société. Il s’agit de la loi 24-83 fixant le statut général des coopératives et les missions de l’ODECO promulguée en Octobre 1984 , malgré le retard de sa mise en application elle a ouvert au secteur de large perspectives et lui a offert une dynamique d’action , la dite loi a permis également au secteur de se positionner au sein du tissu socio-économique du pays avec un nombre de création en croissance soutenue, une percée remarquable des coopératives féminines (12.5%) et l’émergence des coopératives de grande performance61. Nous allons dans les limites des connaissances et des expériences vécues de présenter les articles de la loi 24-83 ainsi les imperfections découvertes pendant une quinzaine d’années de mise en pratique de la dite loi. A/Lois et textes juridiques régissant les coopératives au Maroc. 61 - Par Ahmed Meskine , 12 février 2008 , extrait du site internet www.jeunes du maroc.com 62 Le Maroc a opté depuis son indépendance pour le soutien du secteurcoopératif et parié sur l'esprit coopératif fédérateur des efforts desproducteurs dans un cadre de solidarité, en vue de moderniser et dedévelopper un ensemble d'activités économiques, principalement l'agriculture,l'artisanat, l'habitat et autres secteurs d'activités.Conscient du potentiel du secteur de l'économie sociale en matière decréation d'emploi, le gouvernement a entrepris d'importantes mesures dedéveloppement du secteur et de promotion de l'activité des coopératives. Dansce cadre,le mouvement coopératif au Maroc est régi par les textes juridiques suivants : La loi marocainen° 24- 83 du 5-10-1984 fixant le statut général des coopératives et les missions de l’office de développement de la coopération, tel qu’il a été modifiée par dahir portant loi n°1-93-166 du 22 rebia I 1414 (10sept 1993).La dite loi abroge toutes les anciennes dispositions relatives aux coopératives62. Fixant, notamment, l'objet des coopératives visées, leur mode de constitution, les obligations de leurs membres, leur mode de comptabilité et les exonérations auxquelles elles ont droit.Les coopératives de la réforme agraire restent régies par le dahir portant loi n°1-72-278 du 22 Dou Al keeda 1392 (29 décembre 1972) et les textes pris pour son application63.Egalement le dahir portant loi n° 1-73654 du 11 rabii II, relatif à l’office de développement de la coopération tel qu’il est complété , quand au dahir portant loi n° 1-83-226 du 9 Moharram 1405 portant promulgation de la loi 24-83 il fixe le statut général des coopératives et les missions de l’office de développement de la coopération -Dahir portant loi n° 1-93-166 du 22 rabii I 1414 (10septembre 1993) . Le Décret n°2-91-454 du 5 rabii II 1414 (22 septembre 1993) pris pour l’application de la loi 24-83. Enfin l’arrêté des Ministères de l’économie, des finances, et du tourisme n°441-01 du 2 Del hija 1421 (26février 2001) relatif au plan comptable applicable aux coopératives. I/Statut juridique de la coopérative selon la loi n° 24- 83 a- les articles de loi24-83 L’article 1 du code juridique des coopératives et associations définit la coopérative comme suit : « la coopérative est un groupement de personnes physiques qui conviennent de se réunir pour créer une entreprise chargée de fournir, 62 -Office du développement de la coopération, Maroc, (P : 38-43) - Dahir portant loi no 1-72-278 du 29 décembre 1972 relatif aux coopératives agricoles d'attributaires de lots domaniaux ou d'attributaires de lots constitués sur d'anciens immeubles collectifs.Bulletin officiel, 1973-09-26, no 3178, (p. 1634). 63 63 pour leur satisfaction exclusive, le produit ou le service dont elles ont besoin et pour la faire fonctionner et la gérer en appliquant les principes fondamentaux dont le but est d’améliorer la situation socio-économique de ses membres »64.Également des personnes morales remplissant les conditions prévues par la loi qui peuvent devenir membres d’une coopérative. En signalant que toute coopérative doit comprendre au moins sept membres au moment de sa constitution que pendant toute sa vie. L’Article 2 du même code: stipule que « le membre d’une coopérative n’est pas seulement un associé apporteur de capitaux, mais un coopérateur en ce sens que sa participation aux activités de sa coopérative se manifeste sous forme d’apports, de cessions de biens ou de service ou de travail »65. En vertu de ce postulat, il apparaît que la coopérative est fondée sur cinq postulats à savoir: la solidarité, l’équité, la gestion des services, l’égalité, l’éducation et la formation. La solidarité : les salariés qui supportent la plus grande part des responsabilités quotidiennes n’ont qu’une faible part dans la répartition des résultats. L’équité : des coopérateurs envers le personnel salarié qu’ils emploient, la comptabilité de la coopérative doit faire la distinction entre la masse salariale versée au personnel non coopérateur, et celle versée au personnel coopérateur. La gestion des services : mesure la capacité de la coopérative à répondre aux besoins de ses adhérents et des autres partenaires. L’égalité : l’égalité entre les membres est un postulat fondamental sur lequel repose la gestion de toute coopérative. Selon le même article : »tout coopérateur, quelque soit le nombre de parts qu’il possède, dispose de droits égaux et a, en conséquence, une voix dans les assemblés générales de la coopérative ». L’éducation –formation : la formation est à la fois un postulat et un principe coopératif En effet, la formation des coopérateurs est facteur clés de réussite des coopératives. L’affirmation est confirmée par l’obligation des coopératives de constituer un fonds d’éducation et de formation des coopérateurs. 64 65 - Code juridique des coopératives et associations au Maroc Edition 2005(P :12). -Ibidem P :13 64 L’article 4 de la loi n° 24- 83définit le statut juridique des coopératives (modifié par l’article 1 du dahir portant loi n°1-93-166 du 10 septembre 1993-22 rebia I 1414) ainsi :Les coopératives sont des personnes morales jouissant de la pleine capacité juridique et de l’autonomie financière. Elles sont régies, pour leur constitution, leur administration, leur fonctionnement et leur dissolution, par les dispositions de la présente loi et des textes réglementaires pris pour son application ainsi que par leurs statuts qui doivent être établis en conformité avec la présente loi et ses textes d’application66 . Ce même article stipule que les coopératives ne peuvent acquérir que les biens meubles et immeubles nécessaires à leur objet. Cette dernière disposition trouve son fondement dans la spécificité des coopératives en tant qu’organisation non capitalistique, dont l’objectif est d’optimiser le service rendu à ses adhérents et non son propre profit ou le rendement du capital investi. Ainsi, la coopérative ne peut pas se permettre d’avoir une activité spéculative. Dans le même cadrel’article 6 de la même loi stipule que : »les coopératives de services ne peuvent traiter d’opérations qu’avec leurs membres » Principes de l’exclusivisme. -Les coopératives de service ne peuvent traiter d’opérations qu’avec leurs membres. -Les coopératives de production et de commercialisation ne peuvent commercialiser que les produits provenant de leurs membres, sauf dérogation administrative temporaire accordée lorsque des circonstances économiques exceptionnelles sont susceptibles de diminuer de manière importante leur capacité normale. -Pour des raisons technologiques les coopératives peuvent être autorisées, pour la transformation de leurs produits et dans les limites prévues par l’administration, b- Lacunes et limites de la loi 24-83 : 66 - Ibidem (p :18) 65 Depuis les premières années de sa mise en application, certaines dispositions de la loi 24-83 et de son texte d’application ont présenté des aspects lacunaires d’ordre procédural qui ont été à l’origine de beaucoup de blocages et de problèmes entre les membres et les dirigeants au sujet de l’évolution des coopératives. Des lacunes juridique, ont freiné la dynamique au secteur coopératif et amenuisé le rôle qu’il devait jouer en faveur des petits producteurs, des porteurs de projets générateurs de revenus et des couches les plus démunies de la société. Aussi,d’autres dispositions présentaient des limites de gouvernance liées à l’absence de sanctions dissuasives contre le non respect de la loi. Ce qui a favorisé beaucoup de dérives et a suscité un bon nombre de tentions à l’intérieur des coopératives condamnant ainsi leur croissance et la réalisation de l’objectif pour lequel elles ont été crées. A cela s’ajoutent des dispositions qui sont devenues vétustes et inadaptées au nouvel environnement coopératif et aux nouvelles attentes des porteurs de projets. Nous nous arrêtons sur les défaillances les plus apparentes permettant l’épanouissement et le développement du secteur coopératif 67. II/ Critiques du cadre juridique des coopératives au Maroc L’article premier du texte d’application de la loi 24-83 fixe à l’ODECO le délai de trente jours à partir de la date de réception de la déclaration de création prévu par l’article 7 de la loi, pour qu’il transmette, pour avis, cette déclaration au gouverneur de la province ou préfecture concernée et à l’autorité gouvernementale responsable du secteur d’activité de la coopérative, mais de retour il ne fixe aucun délai à ces autorités pour donner leurs avis sur la constitution projetée. Ce mutisme laisse à celles-ci notamment aux autorités territoriales la liberté de choisir la période d’émettre leurs avis. Un avis qui exprime, beaucoup plus, un jugement de comportement qu’une opinion sur la viabilité du projet. Et l’expérience démontré que cette période put durer selon les cas entre un et dix mois et parfois plus. Plusieurs projets de création de coopératives n’ont pas pu se concrétiser car l’attente injustifiée pousse beaucoup de porteurs de projets, découragés et frustrés au renoncement. Ce dernier entraine la disparition plus de la moitié des projets 67 - REMACCOP n°2 (P :8-9) Office de développement et de la coopération . Edition 2012 66 coopératifs chaque année68. L’article 9 de la loi fixe un délai de 30 jours après la date de la tenue de l’assemblée constitutive pour que le conseil d’administration de la coopérative adresse à l’ODECO pour agrément le dossier constitutif. Mais il reste muet sur la décision à prendre si ce délai n’a pas été respecté.la décision d’acceptation ou de rejet est laissé au choix et à la volonté de la personne en charge de la réception des dossiers en question. -L’article 10de la loi,relatif au dépôt obligatoire ne répond pas à certaines situations liées au délai dépassé (trente jours après la publication de la décision d’agrément au Bulletin Officiel), Il n’y a aucune indication sur le registre du tribunal ou les coopératives sont consignées, s’agit-il de celui des associations ou du commerce ? Car certaines coopératives sont admises à participer aux marchés publics tandis que d’autres ne le sont pas, par défaut d’enregistrement au registre de commerce69. a-Au niveau d’activité et profession : Tous les articles faisant mention de l’activité de la coopérative ou de la profession des adhérents (9, 10, 13, 16,17) ne clarifie pas tellement les liens possibles ou exigibles entre l’activité de la coopérative et la profession de l’adhérent comme c’est le cas dans les coopératives agricole de lait, de production de miel et d’autres ou cohabitent des agriculteurs avec des médecins, des enseignants, des avocats…. Egalement ces articles ne se prononcent aucunement a propos des cas ou les membres sont des diplômés n’ayant jamais exercé et qui se trouvent amenés à créer une coopérative dans un secteur ne correspondant pas aux spécialités ou aux qualifications obtenues, (coopératives agricoles, ou artisanales avec des diplômés en droit, en lettres ou en philosophie…) Au niveau d’admission de personnesmorales : -L’article 13autorise l’adhésion, justifiée, de personnes morales à une coopérative mais avec l’accord et à titre exceptionnel de l’administration. Tandis que la logique c’est que du ressort de l’assemblée générale extraordinaire si elle y voit l’intérêt, d’en décider. Comme il est tout à fait logique de voir se créer une 68 - Revue marocaine des coopératives, REMACCOP n°2 Edition 2012, (P :8) Imprimerie El maarif Al jadida , Directeur Abdelkader el Alami. 69 - IBIDEM ( P :9) 67 coopérative de personnes morales. Le cas des unions coopératives ou des groupements d’intérêt économiques constitués de coopératives en est bien l’exemple70. b- Au niveau de la création des unions : prévue par l’article 92, la création des unions doivent avoir un avis favorable de la part des autorités territoriales et techniques sachant que les membres ont déjà bénéficié de cet avis. Cette procédure est à l’origine du blocage de la structuration du secteur coopératif, soit au niveau sectoriel ou au niveau des filières à l’intérieur du même secteur. c- Au niveau de l’exclusion des membres : l’article 20 de la loi très contesté car moins précis dans les raisons et les motifs de suspension des activités d’un membre ou de son exclusion de la coopérative, offre au conseil d’administration le moyen de se débarrasser en toute facilité, des opposants .comme il n’est pas assez clair sur la participation du membre suspendu, au vote dans l’assemblée générale statuant sur son cas et encore sur laquelle des assemblées : annuelle ou ordinaire tenue à n’importe quelle période de l’année71. Dans plusieurs cas d’exclusion, les membres exclus ne récupèrent pas facilement leurs parts du capital de la coopérative. L’article 21 relatif au remboursement laisse au conseil d’administration l’appréciation du moment de ce remboursement. Evoquant une insuffisance de capitaux, ce remboursement est, le plus souvent repoussé aux extrêmes du délai prévu par la loi (cinq ans) , ce délai jugé trop long n’arrange pas les ayants droit, qui une fois exclus et privés des services de la coopérative, cherchent ces services ailleurs pour continuer à travailler et gagner leur vie ou profiter des opportunités du marché en cas des coopératives d’habitat. c- Au niveau de dérogation ou principe de l’exclusivisme : L’article 6de la loi permet, dans des conditions exceptionnelles et afin d’éviter certains cas préjudiciables, aux coopératives de demander une dérogation pour traiter avec des personnes tierces. Cette permission est donnée mais sans fixation 70 - loi 24-83 Fixant le statut général des coopératives et les missions de l’ODECO qui a été promulguée par le dahir n°1-83-226 du 5 octobre 1984,cette loi est de nature à instaurer un partenariat effectif entre le gouvernement et le mouvement coopératif et permettra de promouvoir et d’appliquer une meilleur législation à même de soutenir les actions coopératives, de favoriser la formation, la recherche, l’échange de bonnes pratiques et la mise en valeur des ressources humaines 71 - Cabinet SEDDIK « les coopératives au Maroc » Admission des personnes morales (p : 12) .2010 68 d’un délai. La durée de ce délai est entre les mains de la commission en charge de l’instruction de la demande. Il arrive des cas ou des coopératives ne reçoivent la dérogation demandée qu’après le moment opportun et se trouvent en perte d’occasion attendue. Le cas des coopératives céréalières et huilières en période de récolte72. e- Au niveau de la responsabilité limitée : L’article 31 limitant la responsabilité des membres au montant des parts qu’ils souscrivent n’encourage pas l’évolution du capital propre de la coopérative et la prive de plusieurs avantages et des possibilités d’accéder aux services des banques. f- Au niveau de l’assemblée des sections : L’article 47 relatif aux assemblées des sections concernant les coopératives de grandes tailles étendues sur plusieurs provinces, confrontées aux difficultés de réunion du quorum, n’est pas précis sur le nombre de sections par rapport au nombre des membres du conseil d’administration et sur la représentativité des sections au bureau des représentants qui tient lieu de l’assemblée générale. Souvent les conseils d’administration de ces grandes coopératives choisissent le nombre de sections qui correspond au nombre des membres du conseil afin d’éviter la présence de contestataires au bureau des représentants73. g-Au niveau de la nomination du directeur : elle est prévue par l’article 65 de la loi, elle reste facultative pour toutes les coopératives quelque soit leur taille ou leur chiffre d’affaires au moment ou il a fallu la rendre obligatoire pour celles dont ce dernier dépassent un seuil donné. Beaucoup de coopératives de tailles appréciables réalisent un chiffre d’affaire important au niveau du marché ou elles opèrent, n’ont pas de directeur et se contentent de la gestion du conseil d’administration, tout en indemnisant ses 72 73 - Ibidem (P :11-12) -Ibidem (P :11-12) 69 membres de manière systématique comme il s’agit de salariés. Ce qui est contraire aux dispositions de l’article 49 de la loi relatif à la gratuité des fonctions. B/ Réforme du cadre juridique des coopératives au Maroc. En tenant compte de toutes ces considérations et de l’urgence d’accorder au secteur coopératif marocain un cadre juridique lui permettant de se mettre au niveau des mutations en cours, le Ministère en charge du secteur a présenté le 07 septembre 2011, au conseil du gouvernement74 qui l’a adopté, le projet de loi n°0211 portant modification de la loi n°24-83 fixant le statut général des coopératives et les missions de l’ODECO. Ce projet de loi a apporté d’importants amendements susceptibles de déclencher une grande dynamique du secteur coopératif tout en mettant à la disposition des coopératives des mécanismes juridiques et réglementaires efficaces pour contribuer à l’amélioration de leurs rendements en tant qu’unités productives au niveau de l’encadrement et de l’organisation des petits producteurs. Le but est de renforcer ses structures et combler les lacunes qui entravent son développement. Le projet de loi 02-11 a modifié intégralement les clauses de la loi24-83. Le nouveau projet de loi qui sera soumis à l’approbation du parlement apporte plusieurs nouveautés significatives. Il s’agit de la simplification des procédures de création des coopératives, la facilitation des conditions de leur intégration et la mise en place des mécanismes susceptibles d’améliorer leur rendement et leur efficacité économique. L’Office de développement de la coopération table sur ce nouveau texte pour dynamiser davantage le mouvement coopératif. Le projet de loi vise à porter le pourcentage de la population active travaillant dans le secteur coopératif à 7 % en 2012 et à 10 % à l’horizon 2020. L’objectif est ambitieux. Mais vu la progression soutenue du secteur, il semble tout à 74 - Le conseil de gouvernement, a adopté le projet de loi 02-11 relatif aux coopératives et à la modification des attributions de l'Office de développement de la coopération). Ce texte, présenté par le ministre délégué chargé des affaires générales et de la gouvernance, vise à modifier la loi n 24-83 relative au statut général des coopératives et aux attributions de l'ODCO, dans l'optique de la réorganisation des structures coopératives selon une nouvelle vision permettant à celles-ci de s'inscrire dans la dynamique des changements qui s'opèrent dans l'environnement économique national et international, a indiqué Khalid Naciri, ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement. Dans une déclaration à la presse à l'issue de ce conseil, il a précisé que l'objet de ce projet porte essentiellement sur une définition précise des coopératives, la simplification des procédures de leur création, la suppression de l'autorisation préalable pour l'exercice de leurs activités et le renforcement de la transparence et de la gouvernance, à travers la création d'un registre central et de registres locaux de coopératives ayant force légale et garantissant la fiabilité de ces documents ainsi que des inscriptions et des radiations qui y sont contenues. 70 fait atteignable pour peu que les clauses de la nouvelle loi soient mises en œuvre à bon escient. Les principaux amendements du nouveau projet de loi ont concerné essentiellement les dispositions suivantes75 :la constitution des coopératives ainsi que la réduction du délai au maximum, le nombre des adhérents et les documents préconisés : la suppression de l’agrément préalable à l’exercice via l’immatriculation au registre des coopératives auprès du tribunal de première instance, le nombre des pièces du dossier constitutif limité de 10 à 6 documents . Le projet de loi octroie aux coopératives le droit de réaliser des opérations avec des tiers d’une valeur de 30%. (Le principe d’exclusivisme) L’institution d’un registre local des coopératives tenu par le secrétariat-greffe au tribunal de première instance qui a le pouvoir juridique et exécutif conférant aux coopératives la possibilité de soumissionner aux marchés publics. Le capital de la coopérative a été fixé d’un minimum de 1000 dirhams, constitué de parts nominatives indivisibles d’une valeur nominale minimale de 100 dirhams pour chacune des parts, libérées lors de la souscription au moins du quart de leur valeur nominative76. Au niveau de la gestion, la coopérative est gérée par un ou plusieurs gérants ou par un conseil d’administration, il est obligatoire pour les coopératives dont le chiffre d’affaire annuel dépasse 5 millions de dirhams dans deux exercices successifs. Au niveau de la commission de contrôle : elle est composée de 3 à 5 membres élus par l’assemblée générale pour deux ans, elle est appelée à faire des diagnostics, des contrôles et donner son opinion sur la gestion à travers un rapport. Autres amendements au niveau de la transformation de la coopérative en société, la liquidation, et enfin sur les dispositions pénales de l’union des coopératives. Ces amendements ouvrent aussi la voie à l'adhésion des personnalités morales en tant que membres coopérants lors de la phase de création des coopératives, afin 75 - Revue « Attaoun » spécialisée dans le domaine des coopératives éditée par l’ODECO , numéro 101 Année internationale des coopératives 2012. 76 - Le secteur coopératif au Maroc par Mustapha Bouchfra. Année international des coopératives. 2012 71 de conférer plus de dynamique au secteur et de permettre une révision des modes de fonctionnement de ces structures de sorte à les rendre plus efficientes, à mieux définir les responsabilités des organes de gestion et à mettre en place une procédure de conciliation et de règlement des contentieux. I/Aspects administratifs au niveau des coopératives. Au cours de la vie coopérative, plusieurs autorisations sont prévues pour des situations spéciales. Quand une coopérative de production et de commercialisation est confrontée à des circonstances économiques exceptionnelles, une autorisation est obligatoire pour lui permettre d’utiliser des produits ne provenant pas de ses membres selon l’article 6 de la loi 24-83. Par ailleurs, ce même article prévoit que les coopératives ne peuvent échanger entre elles les services qu’après autorisation de l’administration. De même que l’adhésion d’une personne morale à une coopérative est soumise à une autorisation préalable de l’administration. Ces autorisations dont les délais de réponse ne sont pas prévus par la loi représentent des restrictions notoires qui peuvent freiner l’exécution des projets des coopératives concernés77.L’omniprésence des représentants de l’administration auprès des coopératives est observée au niveau du texte. L’article 8 oblige les fondateurs d’une coopérative à convoquer à l’assemblée constitutive des représentants de toutes les administrations concernées. En effet, Les coopératives et leurs unions, sont tenues de rendre compte aux différents représentants de l’administration, et doivent prévoir la nomination de commissaires de gouvernement auprès des unions. Le décret d’application de la loi précise que les administrations concernées sont : le ministère des finances, l’autorité gouvernementale chargée du secteur d’activité de la coopérative, le ministère délégué auprès du premier ministre chargée des affaires générales et de la gouvernance et l’ODECO. L’article 49 de la loi sur les coopératives stipule que les fonctions d’administrateur sont gratuites et seul le remboursement des frais de déplacement est autorisé. Ce principe coopératif n’insiste pas les membres de la coopérative à assumer les fonctions de 77 - code juridique des coopératives et associations au Maroc. 2001 72 responsabilité à titre volontaire parce qu’elles nécessitent dévouement et disponibilité, et risquent parfois d’entraîner lassitude et défection. Par ailleurs, les règles appliquées dans le processus d’instruction des demandes et de délivrance des autorisations sont rigides, ce qui constitue une contrainte à la création des coopératives. Ainsi, des déperditions surviennent entre les déclarations d’intention de création de coopératives et l’aboutissement à la décision d’agrément. La demande d’agrément nécessite un certain temps pour aboutir, les dossiers envoyés avec avis du comité permanent et l’avis de l’ODECO aux services du Ministère de tutelle de l’ODECO78 pour décision peuvent, pour une raison ou une autre, être ajournés, surtout si le rapport du comité permanent comporte des avis différents ou réserves des représentants des ministères membres. Elles s’effectuent au niveau de plusieurs étapes : Au commencement, l’envoi de la déclaration d’intention par les initiateurs à l’ODECO qui transmet à son tour au Wali et au gouverneur et le service provincial de l’administration supervisant techniquement le secteur dans lequel la coopérative sera crée, prend énormément de temps. Les réponses ne se font pas dans les délais raisonnables. D’ailleurs aucun délai n’est imposé à ces administrateurs pour formuler leur réponse. Il s’agit pour le wali ou le gouverneur d’effectuer une enquête sur les signataires de la demande d’intention pour s’assurer de leur bonne moralité et de transmettre un avis à l’ODECO sous couvert du Ministère de l’intérieur. Pour sa part, le service provincial de l’administration technique réalise une étude sur la faisabilité du projet de coopérative ou d’union de coopérative. Les coopératives font partie des entreprises issues d’inspirations des préceptes de l’Islam et des traditions enracinées du peuple marocain, d’où l’intérêt accordé à l’activité coopérative, au sens moderne du terme, depuis l’aube de l’Indépendance .Le mouvement coopératif au Maroc a connu une évolution appréciable avec une croissance de l’effectif des coopératives et des leurs adhérents d’un taux de 37 % en 2011 par rapport à 2010. Il a, également, enregistré une diversité remarquable au niveau des domaines d’activité qui sont devenus l’une des formes d’auto-emploi les plus en vue et les plus efficaces pour l’intégration de la femme et des jeunes dans le 78 - l’Office du Développement de la Coopération fut créé en 1962 et chargé de la vulgarisation de la culture coopérative et de l’incitation à la création de coopératives ainsi que leur appui. Il a été restructuré, selon le Dahir du 23 Avril 1975 pour devenir l’outil gouvernemental de terrain pour l’encadrement, l’accompagnement et la mise à niveau des coopératives, selon les textes en vigueur, en matière de gouvernance, de bonne gestion et de commercialisation. 73 domaine du travail productif et générateur de revenus. Les coopératives se sont vues assigner un rôle incontournable dans le traitement des problèmes socioéconomiques avec une participation, via des projets, au développement économique et social du pays. Elles constituent au Maroc un secteur-clé de l’économie sociale, en forte croissance depuis le lancement des politiques de développement économique et social. Mais, cette croissance n’a été significative que dans le domaine agricole. En effet, le tissu coopératif marocain est constitué de plusieurs familles de structures coopératives : il s’agit des coopératives agricoles, des coopératives artisanales, des coopératives du secteur de la forêt, du secteur de la pêche, du secteur de l’habitat et autres coopératives. a- les coopératives des différents secteurs. -Les coopératives agricoles : la plupart des coopératives agricoles fonctionnent sur le mode de l’association d’agriculteurs indépendants qui livrent leur production à la coopérative. Celle–ci est chargée d’en optimiser les ventes avec ou sans transformation et conditionnement et d’en répartir les résultats entre les adhérents. Le mouvement compte également des unions de coopératives, des coopératives d’approvisionnement, des coopératives de pompage, des coopératives de transport de produits agroalimentaires, de l’arganier…Nous citerons les coopératives d’aragne79 qui ont connu un grand succès, vu que l’arganier arbre endémique constituant la deuxième essence forestière du pays, après le chêne vert et thuya, vivant jusqu’a 200ans, et résistant aux conditions sèches et arides dans la région du sud atlantique marocain, l’arganier présente un grand intérêt économique grâce à ses usages multiples. Les premières coopératives d’argan commençaient à se constituer à partir des années 90 dans le cadre de la loi 24-83. Les coopératives d’aragne sont en majorité féminines et travaillent sur la production de l’huile d’aragne et de ses dérivées. Elles ont eu le mérité de créer et développer des activités autour de l’arganeraie dans un cadre structuré, ce qui a permis aux adhérents de disposer le meilleur des circonstances, d’une entreprise économique, sociale et culturelle ou elles y apprennent à produire, commercialiser, lutter contre leur analphabétisme de manière collective. La concentration de ces coopératives est essentiellement dans les régions 79 Etude de capitalisation et d’évaluation du projet arganier : programme d’appui à l’amélioration de la situation de l’emploi de la femme rurale et gestion durable de l’arganeraie dans le sud ouest du Maroc. Mai 2010 74 de Souss-Massa Draa et de Marrakech Tensift el Haouz, qui sont les fiefs des forêts d’arganier dans notre pays80. -Les coopératives d’habitat : les coopératives d’habitation représentent une solution idéale et pratique pour une large population, qui cherche un logement de plus grande qualité, de meilleur confort répondant aux exigences qualitatives et quantitatives. La coopérative d’habitation est régie par la loi 24-83 mais aussi par le décret royal du 17 décembre 1968 relatif au crédit foncier, au crédit à la construction et au crédit à l’hostellerie. Le nombre des coopératives d’habitation a enregistré une régression durant la dernière décennie à cause de la crainte d’être victime d’une arnaque, l’inquiétude concernant la réalisation du projet, la peur d’exclure les héritiers d e l’adhérent en cas de décès, puisque certaines coopératives d’habitation les privent de leur droit au logement alors que le marché de l’immobilier offre une multitude de choix de produit fini, dans des emplacements satisfaisantes et adéquates comme pour le lieu de travail, les écoles des enfants, de plus le ménage est plutôt rassurer que le logement ira en cas de décès aux héritiers grâce à l’assurance vie contracté lors de l’obtention du crédit. Les avantages économiques qu’elle offrent résident dans la diminution du prix de revient du logement, l’accès au financement par un crédit bancaire le cas échéant, des dons , contribution effective des adhérents dans le choix, à, moindre cout et à une meilleure qualité, de l’emplacement, des plans, des matériaux de construction81. Quand aux avantages fiscaux se présentent ainsi : les coopératives d’habitation jouissent en plus des exonérations des opérations de crédit foncier et de crédit à la construction se rapportant au logement économique, exonération des opérations de construction des logements réalisés par les coopératives d’habitation pour le compte de leurs adhérents. Enfin des avantages sociaux : ces coopératives offrent aux ménages d’être propriétaire de leur propre logement, conjugué de l’instauration du bon voisinage ; la gestion et l’exploitation des espaces collectifs. Les coopératives artisanales : Elles regroupent des artisans au nombre de 968 et forment environ 12% du mouvement coopératif. Elles fonctionnent sur le même principe que les coopératives agricoles. Les adhérents sont des producteurs 80 - 20 ans de recherche-action pour faire de l’arganeraie un levier de développement durable en milieu rural marocain, Pr zoubida charrouf . Année internationale des coopératives. 2012 81 - les coopératives d’habitation au Maroc en quête d’un appui en béton par Slimane lhajji REMACCOP (p : 34) 2003 75 indépendants qui s’associent pour commercialiser leur production. Ily a environ 600coopératives artisanales (dont 360actives)regroupant 16000artisans appartenant à une quarantaine de métiers. Les filières les plus ciblées par les artisans (62%de l’effectif total et 61 des adhérents) dans un cadre coopératif sont les suivantes : Textile et tapis, bâtiment et gros œuvre, tailleurs confection, couture et broderie, menuiserie, poterie et céramique. Les coopératives du secteur de la forêt : ces coopératives sont au nombre de 195,intégrant un effectif de 6400 adhérents selon le haut commissariat aux eaux et forets et la lutte contre la désertification ,elles constituent 2% du mouvement coopératif, elles sont concentrées dans les filières : Madrieurs, Boucheron et charbon, reboisement, plantation ; instauration des sentiers, surveillance, ….elles évoluent actuellement en groupement d’intérêt économique(GIE) Les coopératives du secteur de la pêche :le secteur des pèches maritimes est un secteur capital pour le développement économique et social du royaume, cependant la richesse générée par ce secteur se trouve concentrée dans les zones urbaines dotées d’infrastructures portuaires, cette richesse est essentiellement produite par les segments de la pêche industrielle, de la pêché côtière qui sont relativement bien organisés bénéficiant d’un encadrement de l’état durant les dernières décennies »Le segment artisanal, quant à lui minoritaire, malgré les efforts déployés dans la cadre du plan d’aménagement du littoral qui marque la volonté politique de développer le secteur ou dans le cadre de la coopération marocojaponaise pour la construction et l’aménagement des villages de pêche. Les aménagements ont eu des impacts positifs sur l’organisation des pêcheurs en coopératives dont le nombre ne cesse d’augmenter pour atteindre plus de 55 unités. L’activité de pêche artisanale82 génère près de 100.000 emplois en 2010.Elle est exercée sur tout le littoral marocain en dehors des zones urbaines et dont la production est débarquée sur les plages ou au niveau des abris naturels. La réalisation des infrastructures encouragera les pêcheurs à se regrouper dans le 82 Présentation du projet pêche « politique de l’ONP en matière de pêche « 20 avril 2011 La dite politique a donné des résultats satisfaisants par la construction et l’aménagement d’une trentaine de point de débarquement et la mise à niveau d’un certain nombre de port. 76 cadre d’une coopérative mais le démarrage restera tributaire non de la bonne volonté des adhérents, mais de la clarification des rapports avec la multitude d’intervenants Le projet de artisanale83 pêche ouvre de nouvelle potentialités de développement des coopératives dans le secteur d e la pêche artisanale longtemps désorganisés et pressé entre l’enclume des conditions climatiques, géographiques et le marteau des intermédiaires qui ne pensent qu’à leurs intérêts. b- Les autres coopératives : sont en nombre de 357, selon le haut commissariat au plan , elles opèrent dans 16 secteurs d’activité économique différents notamment les plantes médicinales, les denrées alimentaires, les mines, le tourisme, l’art et culture, les télécommunications, le commerce électronique, le traitement des déchets, l’imprimerie, papeterie, l’exploitation carrières, centre de gestion . II/Aspects financiers et fiscaux des coopératives : Le secteur coopératif joue un rôle prédominant dans le développement durable. Il occupe une place considérable dans les programmes de développement économique et social. Une place qui s’est renforcé par l’INDH lancée par Sa majesté le roi Mohamed VI ce qui s’est traduit par l’évolution de l’effectif des coopératives d’un taux de 19.2% entre 2006 et 2008. Un effectif qui est passé de 5276 coopératives en 2006 à 6286 en 2008 . a- Répartition sectorielle des coopératives et leurs unions par secteur en 2008:84 Secteur Coopératives Unions Effectif Taux en % Effectif Taux en % Agriculture 3876 62.05% 27 69.23% Habitat 964 15.43% 3 7.69% Artisanat 773 12.37 3 7.69 Forêt 155 2.48 3 7.69 Argane 142 2.27 2 5.13 Pêche 78 1.25 1 2.56 83 - « le projet pêche artisanale nouvelles opportunités pour les coopératives marocaines : déclaration du département des pêches, agence des ports, l’ONP écrit par Benouicha Mostafa.2011 92 - Annuaire statistique des coopératives au Maroc Edition 2009, Publication de l’ODECO , (P :28) 77 Transport 54 0.86 ---- --- Alphabétisation 42 0.67 --- --- Commerce de détail 38 0.61 --- -- Plantes médicinales 37 59 Consommation 27 0.43 Denrées alimentaires 26 0.42 Exploitation des carrières 11 0.18 Centres de gestion 7 0.11 Main d’oeuvre 6 0.10 Traitement des déchets 3 0.05 ---- ---- --- - --- --- --- -- --- ------------ ---------------- ----- ------------ - ------- ------------ Mines 2 0.03 Tourisme 2 0.03 --------- Commerce électronique 1 0.02 ---------- ---------- Télécommunication 1 0.02 - ------- ---------- Imprimerie papeterie 1 0.02 -------- ---------- Art et culture 1 0.02 ------------ --------- 6247 100% 39 100 Total ----------- Le secteur agricole prédomine le tissu coopératif avec 62.1%, avec ses 6030 coopératives, le secteur agricole a enregistré un accroissement important, le secteur de l’habitat vient le seconder avec un taux de 15.4% . Les coopératives artisanales au Maroc sont actuellement de l’ordre de 1290 et représentent 13% de l’ensemble des coopératives agrées jusqu’à fin 2012, occupant ainsi la deuxième place après les coopératives agricoles qui s’élèvent à 6030 et les coopératives d’habitat (1065), le nombre d’adhérents s’élève à 25180mais l’ensemble des emplois crées est beaucoup plus important on incluant les ouvriers et salariés. Elles sont pratiquement présentes dans toutes les régions du Maroc aussi bien en milieu rural qu’urbain et péri-urbain et ont la particularité d’embrasser prés de La totalité des branches du secteur avec la prédominance des activités traditionnelles : textiles, tapis, travaux bâtiments, couture broderie et les métiers liés au bois, au cuir, et maroquinerie, poterie et céramique chaud et plâtre, boulangerie, mais la dernière décennie a vu l’émergence de coopératives dans de nouvelles activités comme l’art, la décoration, la ferronnerie et bijoux. Les coopératives artisanales de femmes s’élèvent à 523 soit près de 41% de l’ensemble des coopératives artisanales et englobent 9103 femmes. Elles sont généralement de petite taille, on compte en moyenne 20 adhérents par coopérative et un capital moyen de 100.000 dh par coopérative. Ils connaissent un essor 78 remarquable sur le plan quantitatif : accroissement de leurs effectifs avec un rythme de création annuel de l’ordre de 206 coopératives en 2011, soit un taux d’accroissement de 150%85. Les autres secteurs tels que la forêt, la pêche, le transport, l’alphabétisation ne constituent ensemble que 7.9% du tissu coopératif marocain86. Les coopératives de femmes par secteur d’activité en 200887 Secteur d’activité et ses Effectif Taux en % Agriculture 307 41.06 Artisanat 255 34.55 Argane 136 18.43 Denrées alimentaires 23 3.12 Plantes médicinales et 5 0.68 Collecte de coquillages 5 0.68 Alphabétisation 4 0.54 branches aromatiques La répartition sectorielle des coopératives féminine montre une forte concentration des deux secteurs traditionnels : l’agriculture, l’artisanat et récemment le secteur de l’argan. Près de 40% de l’effectif total, le secteur agricole se pointe en place de choix avec 388 coopératives pratiquant en majorité des activités liées au petit élevage. Près de 36% des coopératives de femmes sont artisanales, et 80%entre elles pratiquent le textile, la broderie, et la couture traditionnelle et moderne. Cet engouement vient du fait que ces activités ne nécessitent aucune formation préalable, du moment que la maitrise pour les femmes de l’art et la 85 - «la coopérative : levier de promotion de l’artisanat marocain » par Rachida El Ghiat (P : 37)les coopératives artisanales évolution mitigée 86 -Annuaire statistique des coopératives au Maroc Edition 2009, Publication de l’ODECO , (P :30) 87 - Annuaire statistique des coopératives au Maroc Edition 2009, Publication de l’ODECO , (P :30) 79 manière sont des outils de base de cette activité. 170 coopératives opèrent dans la production d’huile d’argan et ses dérivées en différents produits cosmétiques, ces coopératives ont joué un rôle primordial en permettant aux femmes de valoriser le travail extrêmement pénible qui est l’extraction d’huile d’argan et sa 88 commercialisation à un meilleur prix que celui pratiqué sur le marché . Les autres coopératives viennent d’être émergées donnant aux femmes l’occasion de tirer profit des opportunités offertes, il s’agit d’activités liées aux plantes médicinales et aromatiques, la collecte du mollusque et l’alphabétisation. b-L’aspect fiscal des coopératives : La loi de finance 2008 stipule dans l’article 6 du code général des impôts, à propos de l’exonération permanente de l’impôt sur les sociétés, que : « les coopératives et leurs unions légalement constituées dont les statuts, le fonctionnement et les opérations sont reconnus conformes à la législation et à la réglementation en vigueur régissant la catégorie à laquelle elles appartiennent »89. Cette disposition est complémentée par l’article 7-1 qui précise que les conditions d’application de la dite exonération concernent les activités se limitant à la collecte de matières premières auprès des adhérents et à leur commercialisation, et lorsque le chiffre d’affaires annuel est inférieur à cinq millions de dirhams hors taxe sur la valeur ajoutée, si elles exercent une activité de transformation de matières premières collectées auprès de leur adhérents ou d’intrants à l’aide d’équipements matériels et autres moyens de production similaires à ceux utilisés par les entreprises industrielles soumises à l’impôt sur les sociétés et de commercialisation des produits qu’elles ont transformés. En ce qui concerne la TVA, l’exonération s’applique aux laits et crèmes de lait frais conservés, ainsi aux laits spéciaux pour nourrisson, enfin pour le beurre de fabrication artisanale non conditionné, à l’exclusion des autres produits dérivés du lait ». L’Article 87du code juridique : stipule également les exonérations fiscales suivantes : 88 -Bilan de l’action des coopératives féminines au Maroc 31/12/10 répartition sectorielle .ODECO (P :36-37) - Etude de la fiscalité des coopératives au Maroc rapport de la troisième phase, Direction de l’économie sociale .MAGG. Février 2009 (P : 89/95) Appel d’offres N° 01/2007 89 80 *impôts directs : les coopératives sont exonérées de l’impôt des patentes et de l’impôt sur les bénéfices professionnels, Les intérêts alloués aux parts des coopératives sont exempts de tous impôts et taxes.Les coopératives sont exonérées de la taxe urbaine Les terrains ou exploitations apportés aux coopératives dont la mise en valeur ou l’exploitation a été confiée à une coopérative agricole sont exempts de l’impôt agricole pour autant que leur revenu imposable, par coopérateur, ne dépasse pas le double de la fraction de revenu imposable tenue pour nulle90. Les effets de la fiscalité sur la compétitivité des coopératives. Le facteur prix restant un élément prépondérant pour les consommateurs, il est nécessaire pour les producteurs laitiers de maintenir leur prix à un certain seuil. Ce prix se doit d’être non seulement à la portée des consommateurs mais aussi compétitif vis-à-vis des produits proposés par les sociétés du secteur. La TVA qui greffe le prix de vente des produits laitiers désigné par la fiscalité, est une donnée à prendre en compte par les producteurs s’agissant de la détermination d’un prix compétitif. En effet, il est question pour les acteurs économiques d’assurer la pérennité et le développement de leur activité grâce à une marge sur le prix de vente tout en jouant leur rôle intermédiaire en ce qui concerne la collecte de la taxe sur la consommation. L’effet d’une réforme fiscale visant à alléger le poids de la TVA sur la politique commercialeet celui de l’IS sur la rentabilité de l’activité des coopératives peut être résumé à travers leratio de marge nette. L’évolution de cet indicateur met en valeur la tendance du résultat netteet celle du chiffre d’affaires à chaque fois qu’une nouvelle réforme fiscale est simulée. Selon le carde juridique qui défini les coopératives, notamment à travers le principed’exclusivisme, les coopératives sont tenues de n’effectuer des opérations qu’avec leursmembres sauf dérogation administrative temporaire. En ce qui concerne les coopérativeslaitières, elles sont sensées acheter le lait crue exclusivement avec leurs membres. 90 - Code juridique des coopératives et associations au Maroc, Article 87 . 81 Ainsi, lasimulation du scénario de réforme fiscale qui suppose qu’un pourcentage de 80 % del’excédent réalisé avec les membres n’est pas à encourager même si cette situation favorisel’augmentation de la rentabilité. Ainsi, en tenant compte du cadre juridique des coopératives, la proposition à soutenir est labaisse du taux de TVA appliquée aux produits laitiers vendus par les coopératives,accompagnée d’une réforme sur l’impôt sur les sociétés visant à inciter au respect duprincipe d’exclusivisme. La réforme sur l’IS permettrait aux coopératives de bénéficier d’uneépargne de l’IS au prorata des opérations réalisées avec les membres91. Au niveau de l’Etat Les différentes réformes fiscales proposées à l’attention des coopératives laitières ont poureffet d’influencer les revenus perçus par l’état sur les coopératives en tant que contribuables. Se divisant en deux grandes catégories à savoir, les taxes fiscales (la TVA, les impôts ettaxes divers et de l’impôt sur les bénéfices) et la taxe perçue par l’ODCO. Les comptes de l’ODECO L’allègement de la fiscalité appliquée aux coopératives produit un effet bénéfique pour l’officedu développement de la coopération. En effet, il entraîne une augmentation des recettes deladite institution du moment où une réduction du poids de la fiscalité entraîne uneamélioration de la rentabilité dégagée par les entités concernées92. L’augmentation qui se répercute sur les recettes perçues par l’office de développement de lacoopération est à son maximum lorsque l’on applique au secteur une réforme fiscale étantde nature à appliquer un taux de TVA réduit et l’exonération complète de l’impôt sur lesbénéfices. En ce qui concerne l’imposition du bénéfice au prorata des opérations réaliséesavec les tiers, les effets positifs pour 91 92 -Rapport du dispositif d’incitation fiscale, Direction général des impôts, service communication 2009 - La réforme fiscale au Maroc et le système fiscal actuel . 82 les coopératives sont d’autant plus importants lorsqueles coopératives respectent le principe d’exclusivisme. En appliquant une imposition des bénéfices au prorata de l’excédent dégagé à partir desopérations réalisées avec les tiers, on peut remarquer que les coopératives qui dérogeraientau principe d’exclusivisme sont touchées dans une mesure plus importante par la fiscalité. Atitre d’exemple, quand on se positionne sur un taux de TVA de 10% accompagné del’imposition des bénéfices au prorata à raison de 20% du résultat avant impôt, on observeune baisse de 34% des sommes globales versées à l’Etat. Dans la situation inverse, nous enregistrons une baisse de 31% des recettes totales perçu pas l’Etat sur les coopératives93. L’application d’une imposition sur les bénéfices qui tient compte du respect du principed’exclusivisme représente bien une mesure qui pourrait permettre d’assurer le respect du cadre juridique dans ladite corporation. b- L’aspect comptable et du contrôle au niveau des coopératives . La comptabilité de la coopérative doit être tenue soit par le directeur soit, si l’importance de celle-ci le justifie, par un comptable pris soit parmi les membres de la coopérative mais ne faisant pas partie du conseil d’administration, soit en dehors des membres.La comptabilité doit être tenue conformément aux prescriptions du code du commerce et selon un plan comptable ou des instructions déterminées par voie réglementaire94. Les coopératives sont soumises au contrôle de l’état, elles doivent respecter les dispositions de la loi 24-83, mais aussi des statues et règlements en vigueur, dans ce sens les organismes de gestion et d’administration des coopératives soumises au contrôle financier de l’état par l’intermédiaire d’un commissaire du gouvernement nommé à cet effet, l’ODECO est également habilité à assurer le contrôle des coopératives, ces dernières sont donc tenues de communiquer tout document et informations demandés par les organismes de contrôle afin de prouver qu’elles fonctionnent dans le respect des dispositifs légales suite au contrôle de la coopérative, l’organisme chargé du contrôle doit élaborer un rapport et le soumettre à l’ODECO, si ce dernier juge que la gestion de la coopérative démontre l’inaptitude 93 - Etudes et documents : « économie politique de la réforme fiscale » par Jean François Burn, Gérard chambras, Martial Laurent ; 01 juin 2007. 94 - l’article 71 de la loi 24-83 du code juridique sur les coopératives, publications de la revue marocaine de droit des affaires et des entreprises, série « textes législatifs et réglementaires ».2éme édition n°58 83 de ses administrateurs ou si le rapport fait ressortir des infractions et violations des dispositions législatives, il doit provoquer dans un délai de trente jours suivant le dépôt du rapport, la réunion de l’assemblée générale pour prendre les mesures de nature à rétablir la situation de la coopérative95. Section2 : Les aspects juridiques administratifs, financiers, et fiscaux des associations. Depuis le début du troisième millénaire le Maroc connaît une période de croissance relativementstable, où les formes des rapports sociaux sont en compatibilité entre elles et avec le régimepolitique ainsi le mode d’accumulation économique centrée au niveau national sur l’investissementdans le développement économique et sociale. Une forte volonté politique interpelle les associationsau démarrage de l’INDH en 2005. L’acceptation nouvelle du développement participatif, place lesassociations parmi les acteurs incontournables du développement local, elles accèdent, dans cecadre, au rang de partenaire formel privilégié pour fonder de nouveaux rapports avec l’Etat dans lalutte contre la pauvreté et la précarité96. Cette forte demande engendre une dynamique importante au niveau du mouvement associatif.La création de nouvelles associations prend alors plusieurs formes : la démultiplication desassociations existantes au niveau central et territorial, la professionnalisation de certainesassociations soutenues par des donateurs étrangers et des fondations nationales, la créationd’antennes locales de grandes associations, la création par impulsion de l’Etat en vue de combler unengagement associatif local très faible, le démarrage spontané de micro-associations émanant de labase sociale au niveau local, etc.Ces multiples formes de création vont perturber la culture et les symboles historiques dumouvement associatif et amener une pluralité de visions et de mode de participation citoyenne.Avec ces changements le mouvement associatif est à la recherche de nouveaux référentssymboliques 95 - Article 78de la loi 24-83 du code juridique sur les coopératives, publications de la revue marocaine de droit des affaires et des entreprises, série « textes législatifs et réglementaires ». éme 2 édition n°58, bureau d’étude SEDDIK (P :17) 96 - Etude sur les associations marocaines de développement Diagnostic, Analyse et perspectives Rapport de synthèse 2006. 84 Depuis 1973 l’Etat contrôlait ainsi la création des associations. Le Dahir du 23 juillet 2002, portantpromulgation de la loi n° 75-0097, exige de l’administration la délivrance immédiate d’un récépisséprovisoire aux associations en, attendant le définitif dans un délai de soixante jours. Sur ce pointprécis, les associations ont salué l’ouverture accordée par le législateur à la création des associations. Depuis cette date, le champ associatif s’est enrichi régulièrement de plusieurs textesRéglementaires et de procédures : Loi n° 07-09,98 relative à l’appel à générosité publique, circulairerelative à la procédure de reconnaissance d’utilité publique, et les décrets s’y rapportant, circulaire n°7/2003 réglementant lepartenariat avec l’Etat et les associations. Par ailleurs, plusieurs départements publics, les fondationset l’INDH ont produit des manuels de procédures spécifiques d’échange et de partenariat avec lesassociations. Tout cet effort de réglementation ramène les associations à une dépendance vis-à-visdes structures de l’Etat. L’évolution des associations est plus rapide que la réforme du texte juridique qui encadre cesecteur. Le dispositif réglementaire mis en place de manière unilatérale par l’Etat pour délimiter lesbornes et contours du champ associatif induit automatiquement une obligation d’adaptation desassociations. Les multiples changements dans le texte introduisent une déréglementation dans lapratique, dans les habitudes de travail de la société civile en général et des associatifs en particulier. Certaines dispositions des textes en vigueur cadrent judicieusement avec les logiques du travailadministratif, mais se trouvent en contradiction avec la logique même du travail associatif (à but nonlucratif).Dans la pratique la difficulté d’accès, de connaissance, de compréhension et d’application destextes législatifs et réglementaires, constitue une réelle pression sur le travail associatif, et nécessitede la part des associations une réactivité continue et une adaptation régulière … quitte à y perdre sesidéaux et symboles.Certes les défaillances relevées par l’étude dans l’organisation de travail des associations et leurmode de fonctionnement sont 97 - Le texte intégral du Dahir N°1.58.376du 3 joumada I 1378 (15 novembre 1958) relatif au droit d’association tel qu’il a été modifiée et complété par suite et notamment par la nouvelle loi N° 75-00 tel qu’il a été complété et modifié. Guide pratique d’informations des associations textes juridiques (P :148). 98 - La loi n° 07-09 modifiant et complétant l'article 5 du dahir du 15 novembre 1958 réglementant le droit d'association vient d'être publiée au Bulletin officiel n° 5714 du 5 mars 2009. Bien qu'en apparence, la modification introduite par cette loi est minime, dans la mesure où elle se réduit à la suppression d'une phrase et l'ajout d'un alinéa, il n'en demeure pas moins que sur le fond, l'apport de cette loi sera considérable sur l'assouplissement de la procédure de constitution des associations et par voie de conséquence, sur l'élargissement des libertés publiques. 85 perçues comme impactant négativement sur leur capacité de réactionpour répondre rationnellement aux exigences de qualité et d’efficacité de leur environnement. Le travail associatif comme forme d’engagement sociétal, fondé sur des principes d’actionscollectives s’articulant autour du projet ne peut être appréhendé à l’aide des principes de méthodesmanagériales classiques des entreprises privées et de l’administration publique. Au sein desassociations il s’agit plus de confrontation de logique d’action dominante et de logique d’actionminoritaire pour impulser l’action collective, aussi bien pour s’organiser que dans le mode d’agir. Lesrègles de jeu et les pratiques changent avec le changement de logique dominante.La question reste cependant posée, est-ce que le système d'organisation de travail et decoordination des associations permet d'inventer des formes de réactions rapides en fonction dessituations qui se présentent et surtout de les concilier avec les formes d'organisation rationnelles ? Il faut reconnaître que l’un des traits distinctifs du système organisationnel et de fonctionnementdes associations réside dans leur capacité d’action adaptée aux exigences situationnelles et à leurpropension à l’innovation et à la mise en place de solutions originales. Les pratiques produites pource faire, dans le contexte associatif, sont difficilement assimilables par les critères d’évaluationclassique faisant référence à la rationalité d’action et aux exigences de forme99. Il n’en demeure pas moins que le système de production associatif, si l’on se permet de lequalifier ainsi, brave des difficultés majeures qui affaiblissent sa réactivité à l’environnement et sarapidité d’action.Les difficultés matérielles et les compétences des ressources humaines impactent sur laréactivité et le rendement des associations. On relève notamment que les techniques de travailrudimentaires et les défaillances fonctionnelles que vivent les associations empêchent la mise enplace de formes d’organisations et de coordination de travail adaptées au champ associatif et parconséquent sa capacité d’action et de réaction : le diagnostic lorsqu’il est réalisé, il se fait surtoutde manière informelle et sur la base de données peu fiables, la priorisation des actions se fait enfonction de la commande publique, parfois en contradiction avec les objectifs de l’association, laprogrammation est à très court terme, la majorité des associations 99 - Le secteur associatif dans le monde arabe entre les contraintes des systèmes politiques et les demandes sociétales par Sarah Ben Néfissa (P :1) Année1998. 86 naviguent sans baromètre, doncavec une visibilité très réduite, deux tiers des associations éprouvent des difficultés decommunication avec la population . Quand à la force du secteur associatif marocain réside dans son indépendance et sa capacité de mettre au profit de la collectivité ses ressources et son potentiel humain. Grâce à un don de la banque mondiale, 360 associations de développement local ont pu bénéficier des sessions de formation dispensées par des formateurs associatifs et organisés dans divers régions du pays. Le Ministère de développement social en tant qu’une institution d’encadrement est entrain d’appuyer des associations pour la création d’un réseau national d’associations de développement dont l’objet sera de dispenser l’assistance, le conseil et la formation à ses membres par ses membres. Par ailleurs, elle a organisé en collaboration avec la Fondation Mohammed V pour la solidarité une action nationale coordonnée visant à renforcer la visibilité et la transparence de l’action associative. Les objectifs de ce réseau se résume comme suit : diffusion des valeurs et l’éthique associatives dans la société marocaine et lever les entraves à l’efficacité de l’action associative au Maroc, encouragement de la communication sur le rôle que joue le secteur associatif dans le développement durable, mise en place d’un partenariat avec l’état, les bailleurs de fonds et les collectivités locales et renforcement de la coopération et de la coordination entre les membres du réseau, développement des capacités de gestion et des structures des membres dans leurs démarches de mobilisation des ressources et d’amélioration de leurs rendements, mise en place d’un cadre d’échange d’information, de communication et d’expertise entre les associations marocaines à travers la mise en place d’un système d’information approprié, participation effective dans la mise en place des plans et programmes de développement économique au Maroc100. La vie associative classique et traditionnelle a vu émerger une nouvelle génération d’acteurs non gouvernementaux capables de contribuer de façon concrète à la démocratisation, au développement humain et au développement durable. 100 - Système d’information et panel de ménages ONDH pour l’évaluation des politique publiques de développement humain élaboré par Mohamed Mouline et Mohamed Benkassmi Partie I, (P :1-2) 2005 87 Une prise de conscience croissante des enjeux et des impératifs du développement solidaire a vu le jour au sein de notre société, favorisant un processus participatif et partenarial dans la prise de décision et d’initiative.Cette prise de conscience a favorisé l’émergence d’un sentiment profond et authentique de coresponsabilité sociale face aux déficits sociaux et aux nouveaux risques sociaux. L’attitude de responsabilité partagée confère désormais aux associations un rôle particulier : celui de nouvelles institutions du service collectif à la nation. Ce capital social inestimable prend encore une place plus importante avec l’initiative nationale de développement humain lancée par le chef de l’Etat que dieu l’assiste. Dans ce contexte particulier, il est utile de rappeler que le développement humain est l’affaire de tous. L’inclusion et la cohésion sociale ne sont pas la seule affaire de l’état : elle implique que la société civile dans toutes ses composantes se mobilise pour créer les conditions propices à la réussite d’un développement humain durable,dans ce cadre l’INDH qui est l’exemple type dune politique publique volontariste, nécessite dans sa mise en œuvre la mobilisation d’une véritable intelligence sociale. Les associations ont plusieurs finalités propres ; D’abord développer la démocratie, la capacité d’autogestion de la population, la conscientisation, la citoyenneté….etc.Aussi parce que les associations présentent en principe un caractère altruiste et désintéressé, il a souvent été admis comme allant de soi qu’elles n’avaient que faire des techniques comptables et financières dont le but essentiel est d’obtenir la meilleure rentabilité possible pour les capitaux des sociétés. Certes, les associations doivent agir autrement que les sociétés et les administrations, mais elles n’ont pas droit d’échapper aux disciplines qui ont fait leurs preuves dans les entreprises. Le fait de proposer des techniques comptables et financiers ne doit pas être interprété comme une tentative pour détourner les associations de leurs objectifs premiers en les orientant vers un but lucratif. Ce qu’il faut cependant, c’est adapter ces techniques à la réalité des associations. Le présent chapitre va essayer de répondre à ce souhait en présentant aux associations une comptabilité simplifiée, des techniques d’analyse et prévisions financières adaptées à leur spécificité. 88 I/Le cadre juridiquedesassociations au Maroc. Le droit d’association au Maroc, trouve son fondement juridique et philosophique dans :La déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1948 qui consacre ce droit dans son article 20 : « Toute personne a droit à la liberté de réunion et d’association pacifiques, Nul ne peut être obligé de faire partie d’une association « Article 14 et 78 de la charte communale101visant àharmoniser avec les dispositions de la nouvelle constitution en ajoutant des spécifiques conformément à l’article 33 de la constitution sur la participation des jeunes dans le développement et l’article 139 relatif à la création des conseils régionaux et des conseils communaux d’instances consultatives avec les organisations de la société civile et l’article 179 relatif à la création du conseil consultatif des jeunes et de l’action associative ; Amendement du Décret n° 2.04.969 relatif à la procédure de l’obtention de l’utilité publique en vu de sa simplification pour les associations en tant qu’organisations qui mènent des actions à utilité publique ; dans le même décret, amender les articles 1 et 3 à 10 considérant que le conseil de la jeunesse et de l’action associative est partie prenante dans le traitement des demandes de l’utilité publique ; -La constitution qui garantit à tous les citoyens l’exercice des principales libertés publiques dont la liberté d’association (article 9). Il ne peut être apporté de limitation à cette liberté que par la loi. Le droit d’association est régi par le dahir n° 1-58-376 du 15 novembre 1958, modifié et complété à deux reprises en 1973 par le dahir portant loi n° 1-73-283 du 10 avril 1973 et en 2002 par la loi n° 75-00 promulguée par le dahir n° 1-02-206 du 23 juillet 2002. Le premier amendement de 1973 a constitué un obstacle au développement du secteur associatif par les restrictions apportées à la liberté d’association. La loi n°75-00, entrée en vigueur le 10 octobre 2002, se caractérise d’abord par un retour vers le régime libéral et par la suppression de toutes les restrictions de 1973 : Elle introduit, de nouvelles dispositions qui permettront de favoriser le développement du mouvement associatif en renforçant sa capacité juridique surtout 101 - Synthèse de l’étude sur le cadre juridique des associations au Maroc, Etude analytique et pistes de plaidoyer réalisé par A. Arehmouch AMSED avec Appui de l’USAID et projet SANAD , FEVRIER 2012. 89 sur le plan du financement, afin de lui permettre de renforcer son rôle en tant que partenaire de l’Etat dans l’effort de développement économique et social. Associations ayant un statut particulier Il est à noter qu’il existe en plus du régime général institué par le dahir du 15 novembre 1958, un régime dérogatoire accordé à certaines associations en ce qui concerne l’adhésion, le retrait, les règles de fonctionnement et le patrimoine, ce régime comprend notamment :les associations d’usagers des eaux agricoles crées par la loi 02-84 promulguée par le dahir du 21/12/1990 et relevant pour certaines dispositions du dahir de 1958. Les associations de micro- crédit régies par le dahir du 15/11/1958 et la loi 1897 relative au micro crédit du 05/02/1999, complétée par la loi 58-03 du 06/05/2004 Les associations sportives crées en vertu de la loi 06-87, relative à l’éducation physique et aux sports et promulguée par le dahir du 19/5/1989102. L’association professionnelle des établissements bancaires marocains dénommée GPBM régie par le dahir de 1958 et la loi 34-03 relative aux établissements de crédit et organismes assimilés promulguée par le dahir n°1-05178 du 14/2/2005. A-Définition de l’association En vertu de l’article 1er du Dahir du 15-11-1958, trois éléments caractérisent une association : « Une convention entre deux ou plusieurs personnes, qui peuvent être physiques ou morales. Ce contrat est régi quant à sa validité par les principes fondamentaux de droit applicables aux contrats et obligations » ; -Une durée : l’association se caractérise par sa permanence, elle est formée pour une certaine durée fixée par les statuts ; -Un but non lucratif : les membres de l’association mettent en commun leurs connaissances ou leur activité pour un objectif déterminé, la satisfaction d’un intérêt général.Selon le code juridique des associations : « L’association est la convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun d’une façon 102 - Le projet de loi relatif à l'éducation physique et aux sports, adopté en Conseil des ministres présidé par le chef de l’état, confie à l'Etat la responsabilité de veiller à l'enseignement de l'éducation physique et des sports dans les différents cycles de formation. Il intervient en application des hautes directives royales visant à promouvoir le secteur des sports sur les bases de la bonne gouvernance et du professionnalisme et à encourager l'investissement privé dans ce domaine. 90 permanente leurs connaissances ou leurs activité dans un but autre que de partager des bénéfices. Elle est régie, quant à sa validité, par les principes généraux du droit applicable aux contrats et obligations. » Les associations marocaines sont présentes dans un grand nombre de secteurs : l’alphabétisation, l’environnement, la santé, l’appui à la petite entreprise, le développement rural, les droits de l’homme, les activités génératrices de revenu, les infrastructures sociales de base, le social, l’humain, le durable, local, urbain, régional, infrastructure de base, famille, femmes, enfants, personnes âgées, environnement, jeunesse, sports et activités socioculturelles, , scolarisation, éducation, formation, culture, autres actions sociales …103 Article 2 : (modifié et complété par le dahir du 10 avril 1973) Les associations de personnes peuvent se former librement sans autorisation sous réserve des dispositions de l’article 5104. Article 3 : (modifié et complété par la loi n°75.00) Toute association fondée sur une cause ou en vue d’un objet illicite,contraire aux lois,aux bonnes mœurs ou qui a pour but de porter atteinte à la religion islamique, à l’intégrité du territoire national, au régime monarchique ou de faire appel à la discrimination est nulle105. Quels critères pour l’association à caractère économique ? Les politiques économiques poursuivies par les pouvoirs publics depuis plusieurs années au Maroc, ont suscité le déploiement de l’action des associations sur le terrain de l’emploi, de l’aménagement, de l’environnement, du développement local, et par conséquent, leur intervention accrue dans la sphère économique. Cette intervention s’est, également, développée de façon autonome, pour combler l’absence de l’action publique dans certains secteurs, notamment, sociaux. 103 - Annuaires des associations marocaines de développement, AMAPEE , Edition OKAD octobre 2000 - Code juridique des associations , publication de la revue marocaine de droit des affaires et des entreprises, série « textes législatifs et réglementaire » 2 éme édition n°58 105 - Code juridique des associations , publication de la revue marocaine de droit des affaires et des entreprises, série « textes législatifs et réglementaire » 2 éme édition n°58 104 91 Il n’existe pas de définition juridique ou réglementaire de l’association à caractère économique ou ce qu’on appelle dans d’autres pays «l’association gestionnaire ». Toutefois, l’observation empirique permet de repérer, globalement, deux grands types d’associations : des associations développant des thèmes militants pour leur action, d’une part, et des associations œuvrant sur le champ économique d’une manière directe ou indirecte, d’autre part. L’association à caractère économique106quand elle participe au circuit économique (aux flux de production de biens et services échangés sur le marché, ainsi qu’aux flux de revenus qui en sont la contrepartie) et, aussi au circuit financier par la gestion de son budget, de sa trésorerie, par ses placements financiers et ses emprunts. Mais ce qui la distingue fondamentalement, del’entreprise classique, est le principe de non lucrativité de son but, de non affectation de ses bénéfices, et le caractère désintéressé de sa gestion.Le caractère non lucratif d’une association ne signifie pas l’obligation de non réalisation de résultat ou d’excédent, mais essentiellement sa non affectation ou répartition entre les membres de l’association. Il résulte du fait qu'elle n'exerce aucune activité susceptible de concurrencer le secteur commercial ou qu'elle l'exerce dans des conditions différentes, à travers des actions visant à :couvrir des besoins non pris en compte par le marché de manière satisfaisante et d’intervenir principalement au profit de personnes en situation économique ou sociale difficile ;pratiquer des prix nettement inférieurs aux prix pratiqués par les entreprises pour des prestations comparables . - Ne pas recourir à des méthodes commerciales telles que la publicité par exemple ; mais cette obligation n’exclue pas les moyens de communication et d’information que se donne toute association pour faire connaître son objet social et ses activités à ses adhérents actuels et potentiels ou à ses usagers. D’une manière générale, Nous pouvons dire que le repérage de l’association à caractère économique, au-delà de son caractère non lucratif peut s’effectuer en tenant compte de son objet et de sa mission, de ses objectifs, et de la nature de ses projets B-Objet et mission de l’association . 106 - Le gouvernement vient de sortir un projet de loi qui vise les associations d'utilité économique. Outre le Dahir de 1958, une fois le texte adopté, celles-ci disposeraient d'un statut spécial avec des avantages spécifiques. 92 Le véritable objet de l’association n’est pas son objet statutaire qui doit être pris en considération, mais plutôt les missions humanitaires qu’elle accomplit aux populations, ses diverses modalités de fonctionnement . Le caractère économique de l’association apparaît essentiellement dans la traduction de sa mission en un ensemble d’objectifs de développement économique et social de la population cible.Ces objectifs, qui peuvent être chiffrés, doivent relever du champ économique et se traduire par un plan d’action qui fixe les projets et les activités économiques à réaliser. Activité économique et nature des projets réalisés: L’activité de l’association doit se situer dans l’un des secteurs reconnus comme économiques, en l’occurrence la production, le service et le commerce. Les projets réalisés par l’association doivent avoir un impact économique sur la population cible, principalement à travers l’augmentation des revenus et/ou la création de nouveaux emplois et la prestation de services tendant à renforcer les capacités productives des bénéficiaires. Dans ce sens l’intervention de l’association peut porter sur : Des activités génératrices de revenu (AGR) : soit en participant directement à leur réalisation, soit en les initiant et en leur assurant l’encadrement nécessaire. La création d’emplois : l’association est à caractère économique quand elle développe des projets qui débouchent sur la création d’emplois soit directement, soit indirectement par l’intermédiaire du soutien qu’elle apporte aux activités génératrices de revenus. L’assistance et l’encadrement qu’elle apporte à d’autres associations ou à des populations porteuses de projets de développement local ou de projets de formation et de renforcement des capacités. Le régime général (association ordinaire ou déclarée) est dominé par le principe de la liberté. Cette liberté permet aux fondateurs de déterminer librement et d’une manière consensuelle l’objet et l’activité de l’association, qui peut être social, culturel, humanitaire ou économique, et de fixer librement les moyens d’organisation, de fonctionnement et de gestion, définis par les statuts et le règlement intérieur (convention entre les membres fondateurs) de l’association ; ce qui n’empêche pas 93 cette dernière d’exercer des activités économiques à condition que le but poursuivi soit la satisfaction de besoins d’intérêt général et qu’elles soient menées d’une manière désintéressée. La typologie établie par le Dahir de 1958 tel que modifié et complété distingue 3 types d’associations : Association déclarée, Association reconnue d’utilité publique (ARUP) et les Association étrangère. La reconnaissance de l’utilité publique entraîne pour l’association, certaines obligations : Tenue d’une comptabilité permettant de donner une image fidèle du patrimoine de l’association, de sa situation financière et de ses résultats. -Présentation d’un rapport annuel au Secrétariat général du gouvernement comportant l’affectation des ressources obtenues pendant une année civile. Il doit être certifié par un expert comptable. Pour obtenir le statut d’ARUP, l’association doit réunir les conditions suivantes : -Etre constituée selon les dispositions du dahir de 1958 et fonctionner conformément à ses statuts ; -Posséder les capacités financières permettant de réaliser les missions d’intérêt général fixées par ses statuts ; -Avoir des statuts et un règlement intérieur garantissant à tous ses membres de participer effectivement à la gestion, la direction et d’en exercer le contrôle périodiquement ; -Poursuivre un but d’intérêt général à l’échelon local, régional ou national ; -Tenir une comptabilité ; -Respecter les obligations d’information et s’astreindre au contrôle administratif. La situation diffère selon le type d’association -Pour les associations déclarées, elles peuvent en plus de l’acquisition de tout bien, de l’administration des subventions publiques, des droits d’adhésion et des cotisations des membres, recevoir l’aide du secteur privé, les aides des organisations internationales, les locaux et matériels destinés à leur administration et les immeubles nécessaires à l’exercice de leurs activités et à la réalisation de leurs objectifs.Pour les ARUP, en plus des droits accordés aux associations déclarées, 94 elles peuvent posséder les biens meubles ou immeubles nécessaires au but qu’elle poursuit ou à l’accomplissement de l’œuvre qu’elle se propose dans les limitesfixées par le décret de reconnaissance. Elles peuvent en outre faire appel à la générosité publique une fois par an. Article 4 : stipule queTout membre d’une association qui n’est pas formée107 pour un temps déterminé peut s’en retirer en tout temps, après paiement de ses cotisations échues et de l’année courante nonobstant toute clause contraire. 113 Ainsi l’article 5 :Oblige que toute association devra faire l’objet d’une déclaration au siège de l’autorité administrative locale dans le ressort duquel se trouve le siège de l’association, directement ou par l’intermédiaire d’un huissier de justice. Il en sera donné récépissé provisoire cacheté et daté sur le champ. Un exemplaire de cette déclaration ainsi que des pièces qui lui sont annexées, visées au troisième alinéa ci-dessous, sont adressées par cette autorité locale au parquet du tribunal de première instance compétant afin de lui permettre de formuler, le cas échéant, un avis sur la demande108. Article 6 : (modifié et complété par la loi n°75.00) Toute association régulièrement déclarée peut rester en justice, acquérir à titre onéreux, posséder et administrer : 1-les subventions publiques 2-les droits d’adhésion de ses membres 3-les cotisations annuelles de ses membres 4-l’aide du secteur privé L’Article 7: (modifié et complété par la loi n°75.00) concernela compétencedu tribunal de première instance pour connaître des demandes de déclaration de nullité de l’association prévue à l’article 3.Il est également compétent pour connaître des demandes de dissolution de l’association si cette dernière est en situation nonconforme à la loi, à la demande de toute personne concernée ou à l’initiative du ministère public ; Le tribunal peut ordonner à titre de mesure conservatoire, et 107 - Article 5-6-7 du Code juridique sur les coopératives, publications de la revue marocaine de droit des affaires éme et des entreprises, série « textes législatifs et réglementaires ».2 édition n°58 108 - Ibidem (P : 151-152) du Code juridique sur les coopératives, publications de la revue marocaine de droit des éme affaires et des entreprises, série « textes législatifs et réglementaires ».2 édition n°58 . 95 nonobstant toute voie de recours, la fermeture des locaux et l’interdiction de toute réunion des membres de l’association. II/Les aspects administratifs, financiers des associations. Les aspects administratifs, financiers des associations nous permet d’aborder leurs ressources humaines, leurs sources de financement ainsi leur mode de gestion et de gouvernance. A-Ressources humaines D’une manière générale, le fonctionnement des associations fait intervenir quatre sortes d’acteurs : les dirigeants, les adhérents, les salariés, et les bénévoles : -Les dirigeants sont constitués du président et du comité directeur. -Les adhérents des associations sont de, manière générale, constitués de population jeune. Ce sont de plus en plus des militants ayant des niveaux de compétence élevée qui mettent à la disposition de l’activité associative leur savoir faire de façon bénévole et parfois contre rémunération. -Les salariés sont peu sollicités à cause des problèmes de financement rencontrés par les associations. -Les bénévoles opérant dans les associations marocaines est le fait soit de bénévoles marocains ou de volontaires internationaux. Le bénévolat national est de loin le plus important en termes d’effectifs, de compétences et d’expertises apportées, mais malgré tout, insuffisamment valorisé. L’intervention des volontaires internationaux s’opère dans plusieurs cadres : des programmes de coopération intergouvernementale et non gouvernementale, au sein des organisations internationales et dans les services de coopération de certaines ambassades. -Le volontariat international s’exerce dans un cadre juridique, défini qui confère au volontaire un statut lui reconnaissant des droits (indemnité de vie, protection sociale, formation…) et des obligations (engagement pour une durée déterminée… B-Modes de gouvernance. 96 Le Dahir de 1958 a laissé aux membres fondateurs la liberté de déterminer dans les statuts, le nombre de dirigeants, leurs pouvoirs et le mode de leur désignation. La seule obligation est de déclarer à l’autorité administrative locale dont relève le siège de ladite association les noms, âge, adresse, copie du casier judiciaire, situation professionnelle et nationalité de ceux qui à quelque titre que ce soit, sont chargés de l’administration ou de la gestion de l’association. Il n’y a donc aucune contrainte qui est imposée par le cadre juridique. Toutefois, Deux actions sont menées par le Ministère du Développement Social, de la famille et de la Solidarité dans ce domaine. Il s’agit de : l’élaboration d’une charte d’éthique qui a été signée par plus de 500 associations. Le lancement d’un chantier de qualification de plusieurs associations en vue de renforcer les capacités managériales et de gouvernance des associations, leurs aptitudes et compétences professionnelles notamment en matière de montage et de conduite des projets de développement. La qualification des associations est appelée, sans conteste, à constituer un référentiel pour les opérations de partenariat entre les associations et toutes les autres parties prenantes (Etat, collectivités locales donateurs internationaux secteur privé, personnels bénévoles et salariés) et contribuera certainement à favoriser la confiance entre ces parties dans la mesure où :les moyens d'une bonne gouvernance seraient mis en place pour permettre à lafois, une bonne prise de décisions et un pilotage convenable des activités ; -les précautions seraient prises pour éviter les dérives et des appropriations, matérielles ou symboliques, personnelles ou non -la transparence serait effective ; les droits, des donateurs publics et privés, des bénéficiaires, des bénévoles et des salariés seraient respectés. Ilexiste deux types de sources de financement : Chaque association a besoin de fonds pour fonctionner, Cependant nous distinguons les sources directes et les sources indirectes de financements : Les sources directes de financement :Elles sont constituées par les droits d’adhésion des membres, les cotisations annuelles des membres.Les subventions publiques,les aides du secteur privé,les aides de parties étrangères ou d’organisations internationales non politiques etles donations et legs de biens 97 meubles ou immeubles provenant des membres ou de parties tiers.Dans le cas des ARUP, les financements résultent d’appels à la générosité publique. Les sources indirectes de financement : Elles résultent des différentes exonérations fiscales prévues par la loi :Exonération de l’IS pour les opérations conformes à l’objet défini dans les statuts de l’associationet l’Exonération de la TVA à l’importation et sur les biens d’équipement pour les associations qui s’occupent des handicapés. Au sein du mouvement associatif, l’ampleur des ressources disponibles au niveau de Chaque association permet de qualifier et de stratifier en deuxième position les associations dedéveloppement au Maroc. Sur la base des biens propres les associations se divisent en 20 % / 80 %. Un cinquième desassociations disposent de bien propres constitués de dons à titres onéreux et de biens immobiliersqui génèrent des revenus réguliers (ou dispensent les associations de dépenses diverses) permettantaux associations d’assurer une pérennité d’action et une continuité du projet. De l’autre côté,l’absence de biens propres chez 80 % des associations fragilise leur assise financière ; elles restentdépendantes des dons et des subventions conjoncturelles. L’absence de subventions signifie pour lamajorité écrasante des associations l’arrêt momentané de l’activité ou sa cessation complètelorsqu’elle est en phase de démarrage.Concernant « les recettes », les associations réalisent des rentrées en provenance des cotisations des membres (83,5 %), des financements publics (75,9 %), des actions d’autofinancement (42 %), desbienfaiteurs privés (37,7%), des entreprises (12 %), et des financements internationaux (10 %). Onobserve qu’en première position les associations comptent sur leurs propres membres, tout ensoulignant que les cotisations restent très en deçà des besoins en financement des associations. Endeuxième position on trouve l’« Etat » qui est en fait, en termes de volume, le principal financier de80 % des associations ce qui renforce la thèse de l’implication de l’Etat dans la dynamique queconnait depuis quelques années le mouvement associatif.Au regard du chiffre d’affaires global brassé par les associations, en ne prenant en considération que les chiffres de base qui résultent de déclarations spontanées des associations, on relève uneréelle inégalité entre les budgets des associations, et une très importante irrégularité des 98 budgets dans le temps. Une association sur deux pratiquement survie avec un chiffre d’affaires annuelmoyen inférieur à 25 000,00 DH.Et un tiers des associations seulementdispose d’un chiffre d’affaires annuel moyen supérieur à 100 000,00 DH.Cette distribution en 50 % très bas, 20 % bas et 30 % moyen et élevé permet d’apprécier lafragilité de l’assise financière des associations marocaines qui à l’instar de toutes les associations,partout dans le monde, recherchent les moyens de leurs actions à titre non lucratif dans la sphèreéconomique et auprès de l’Etat. La particularité du contexte marocain vient du modèle deconcentrationautour de l’Etat dont dépend la survie de près de 80 % des associations.Cette fragilité financière ne manque pas d’impacter sur les domaines et champs couverts par l’activité associative. Les associations concentrent leurs efforts sur des domaines transversaux peubudgétivores et développent moins d’actions dans lesdomaines spécifiques relevant de secteurs à forte demande de financement commel’environnement, la santé, la gestion d’établissement de population à besoins spécifiques109. L’aspect fiscal et comptable des associations. La fiscalité revêt une importance particulière dans un pays tel que le Maroc qui ne dispose pas de ressources naturelles et où les charges de l'Etat sont financées quasi exclusivement par l'Impôt. Ce dernier est défini comme un prélèvement pécuniaire obligatoire effectué par voie d'autorité à titre définitif sans contrepartie déterminée en vue de financer les charges de l'Etat, des établissements publics et des collectivités locales. Cependant, l'IS est unImpôt direct, impôt sur les revenus qui frappe l'ensemble des bénéfices ou revenus des sociétés, des établissements publics et autres personnes morales ; l'IS a été institué au Maroc en 1986 et mis en application en 1987110. Fiscalité des associations déclarées111 Type d’impôt Impôt sur les Sociétés Dispositions particulières aux associations Exonération pour les seules opérations conformes à l’objet défini dans les statuts. 109 - L’origine de ce financement n’est pas homogène. Il provient des niveaux central, décentralisé et déconcentré ; des budgets spéciaux de l’INDH et des Fondations (Mohammed V, Hassan II, Mohammed VI, etc.) des budgets Agences ; de celui de certains établissements publics, etc 110 - La fiscalité au Maroc par Hadad Aziz Faculté des sciences juridiques Hassan II Economie et finance 2009. 111 - Fiscalité du Maroc Mémoire de recherche par l’enseignant Mr LAKMIRI Module science économique et juridique .2009 99 Taxe sur la Valeur Ajoutée Exonération de la TVA qui ne bénéficie qu’aux associations philanthropiques, à celles s’occupant des personnes handicapées et aux associations de micro-crédit. En plus des avantages fiscaux consentis aux associations déclarées, les ARUP se voient accorder d’autres exonérations, notamment une déduction des dons octroyés de l’impôt sur les sociétés.Une déduction du montant des dons du revenu global imposable et Une exonération de la TVA pour les biens, marchandises, travaux et prestations de services destinés à être livrés à titre de don par des personnes physiques ou morales marocaines ou étrangères aux ARUP s’occupant des conditions sociales et sanitaires des personnes handicapées ou en situation précaire.Les biens, marchandises, travaux et prestations fournis à ces associations à titre de don, dans le cadre de la coopération internationale aux ARUP, par les gouvernements étrangers ou par les organisations internationales. -Une exonération de la taxe d’habitation. -Une exonération de la taxe sur les services communaux. Régime comptable des associations : Il n’existe pas actuellement de plan comptable spécifique appliqué aux associations. Il existe par contre un projet de plan élaboré par la commission technique spécialisée qui émane de la VIème assemblée plénière du conseil nationale de la comptabilité. Son objectif est de mettre à la disposition des associations un cadre de référence adapté à leurs besoins et leur contexte, et les inciter à adhérer aux règles de transparence des informations financières, seul moyen de rassurer leurs partenaires, notamment leurs sociétaires et leurs donateurs, et, par conséquent, faciliter l’accès au financement .La bonne gestion d’une association dépend la plupart du temps de la bonne organisation de sa comptabilité112. L’association comme tout organisme ayant une vie propre a une activité qui implique une circulation d’argent. Elle encaisse des cotisations, facture des services aux tiers, paie des salaires….etc. Toutes ces opérations doivent être enregistrées et contrôlées. Ses fonctions sont multiples : les associations qui reçoivent périodiquement des subventions publiques sont obligées de fournir leur budget et 112 - « Gestion comptable et financière d’une association », Guide pratique d’information des associations, par AMSED/ AMAPEE, Février 2005 (p :2) 100 leurs comptes aux ministères qui leur accordent les dites subventions (art.32 du dahir du 15 novembre 1958 réglementant le droit d’association au Maroc). Il en est de même pour les associations d’utilité publique (loi 75-00 modifiant le dahir du 15 novembre 1958 précité). Elles doivent justifier les fonds qu’elles reçoivent de l’Etat, des collectivités locales ou de leurs partenaires. Elles ne seront en mesure de la faire que si la comptabilité est bien tenue pour être crédible.Les états de synthèses et pièces justificatives des écritures comptables et livres comptables des associations d’utilité publique doivent être conservés pendant une période de cinq ans113.119 Contrôle des associations : Les associations sont fortement contrôlées, d’où les revendications incessantes d’une plus grande liberté et d’un allégement du contrôle existant. Trois types de contrôles sont exercés : Le contrôle administratif :Il est exercé par :Les autorités administratives du Ministère de l’Intérieur au moment de la création de l’association ou lors de la demande du statut d’Associations reconnus d’utilité publique et dans les cas de modification des statuts ou de changement dans l’administration ou la direction de l’association. Le contrôle financier : concernant lesassociations déclarées Le contrôle est exercé par le ministère des finances. Il se base sur :Le programme d’investissement et l’état prévisionnel des dépenses et des recettes de fonctionnement avant le début de chaque exercice et les comptes annuels dans les 6 mois suivant la clôture de l’exercice114. Le Secrétariat général du gouvernement de son côté contrôle le montant et l’origine des aides de provenance étrangère. Enfin, les associations sont contrôlées par les organismes de l’Etat qui leurs fournissent des subventions supérieures à 10 000 dirhams. -Les ARUP : Associations reconnus d’utilité publique . 113 - Conseil national de la comptabilité, réuni en Assemblée Plénière le 17 décembre 1998 extrait du plan comptable des associations Janvier 2001. AVIS N°98-12 du 17 décembre 1998 relatif au plan comptable des associations et fondations. 114 - Etude sur les associations marocaines de développement : Diagnostic, Analyse et perspectives Rapport III (p :48). 101 Le contrôle est plus contraignant : Les ARUP doivent tenir une comptabilité dans les conditions fixées par voie réglementaire, permettant de donner une image fidèle de leur patrimoine, de leur situation financière et de leurs résultats, les états de synthèse, les pièces justificatives des écritures comptables et les livres doivent être conservés pendant une durée de 5 ans. Elles sont tenues par ailleurs, de soumettre un rapport annuel au SGG comportant l’affectation des ressources qu’elles ont obtenues pendant une année civile115. Contrôle juridictionnel Ce contrôle est organisé par la loi 26-99 formant codes des juridictions financières. Ilvise à s’assurer que l’emploi des fonds publics reçus est conforme aux objectifs visés par la participation ou le concours. Les organismes en question doivent produire à la cour des comptes l’emploi des fonds et autres concours publics reçus. En outre sur requête du Premier Ministre, la cour procède au contrôle des comptes relatifs à l’emploi des ressources collectées par les associations qui font appel à la générosité publique, en vue de s’assurer que l’emploi de ces ressources est conforme aux objectifs visés par l’appel à la générosité publique. Par ailleurs, les associations bénéficiant d’une participation au capital ou d’un concours quel que soit sa forme d’une collectivité locale ou d’un établissement placé sous sa tutelle, sont soumises au contrôle de la cour régionale des comptes. Projets et activités développées par les associations L’examen des projets et activités menées par les associations peut être appréhendé à travers les programmes nationaux réalisés dans le cadre du partenariat avec l’Etat, les collectivités locales, les organisations internationales et les bailleurs de fond : il s’agit du programme de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale . le Programme de l’éducation non formelle, le Programme de lutte contre l’analphabétisme, l’Entraide Nationale, le Programme de l’Agence de Développement 115 - Les associations reconnues d’utilité publique sont l’objet du titre II de la loi du 1er juillet 1901 modifiée. Deux articles les régissent : Article 10 (loi n° 87-571 du 23 juillet 1987, article 17) – « Les associations peuvent être reconnues d’utilité publique par décret en Conseil d’État à l’issue d’une période probatoire de fonctionnement d’une durée au moins égale à trois ans. Rapport d’étude public adoptée le 25 octobre 2000 Paris n°51 (P :7) 102 Social et de l’oriental .Enfin, le Programme d’appui aux associations de micro crédit ainsi l’Initiative Nationale pour le Développement Humain. S’inscrit, dans le cadre de la lettre Royale du 14 février 2002, la circulaire du premier ministre n° 7/2003 du 27 juin 2003, ayant pour objet « de baliser la voie vers la définition d’une nouvelle politique de partenariat ». Le partenariat est ainsi défini comme « l’ensemble des relations d’association, de mise en commun de ressources humaines, matérielles ou financières, en vue de l’exécution de prestations sociales, de la réalisation de projet de développement ou de la prise en charge de services d’intérêt collectif ». Elle met en place un nouveau cadre et fixe les secteurs prioritaires de l’action gouvernementale concernés par les opérations de partenariat. La circulaire précise par ailleurs, les modalités de financement, le cadre conventionnel du partenariat ainsi que la procédure d’éligibilité des projets associatifs.En vue d’atteindre les objectifs du partenariat et renforcer les capacités financières des associations, la circulaire édicte des mesures dans le but d’alléger les procédures d’accès aux ressources publiques. Il est à signaler que pour le suivi et l’évaluation de la politique de partenariat, les ministères concernés sont tenus de transmettre au Premier Ministre ainsi qu’au ministère des finances, un rapport sur le bilan de l’exécution des programmes de partenariat (bilan physique, financier et comptable). Enfin, il est à rappeler que les associations bénéficiant de subventions de l’Etat, des établissements publics et des collectivités locales, sont soumises au contrôle des juridictions financières ainsi qu’aux dispositions des articles 32 et 32 du Dahir du 15 novembre 1958. Partenariat avec les organisations internationales et les bailleurs de fonds. Le secteur associatif marocain se trouve encouragé et soutenu par un environnement international actuellement porté par une volonté affichée de lutter contre la pauvreté et l’exclusion et de contribuer à la maîtrise de la mondialisation en vue de préserver les droits économiques, sociaux et culturels des personnes. Cette volonté s’inscrit de plus en plus dans le cadre de la coopération bilatérale et celles des organismes internationaux en faveur des acteurs non gouvernementaux et des ONG en particulier. 103 L’aide au renforcement des ONG et des capacités locales est aujourd’hui devenue un enjeu crucial pour toute politique de développement et de lutte contre la pauvreté. Cette évolution s’est trouvée confortée par l’émergence de nouveaux acteurs et de nouvelles pratiques cherchant à combler les lacunes du système global tel qu’il s’est toujours présenté. Il s’agit des ONGI (organisations non gouvernementales internationales), qui prennent la relève en devenant des acteurs du développement.Parmi les ONGI les plus actives sur la scène, nous retrouvons les organisations de coopération internationale, qui sont des ONG des pays du Nord travaillant avec leurs semblables au Sud116. Elles s'engagent dans deux types de projets : Des projets d'animation de populations locales défavorisées avec la participation directe de ces communautés et le développement d'un partenariat qui comprend le soutien financier, l'association avec des organisations du milieu, des jumelages Nord-Sud d'associations, de coopératives, d'écoles, de mouvements ou de municipalités; Des projets d'accompagnement, qui se matérialisent par la mise à contribution d'une expertise spécifique (agents de développement, économistes, agronomes, etc.). Aussi les ONG de développement,étrangères, nationales ou internationales, affichent une implication croissante dans des mouvements sociaux aussi bien dans le Nord que dans le Sud. Leurs secteurs privilégiés sont l’éducation et l’organisation communautaire, mais les interventions ont de plus en plus tendance à appuyer les projets générateurs de revenus ou de commerce équitable. III-Le droit juridique régissant la Mutuelle au Maroc . La mutualisation est un système de solidarité sociale assurance prévoyance fondésur l’entraide mutuelle des membres cotisants groupés au sein d’une même société à butnon lucratif. Le mutualisme est apparu en Europe dès le début du 19 ème siècle comme unsystème organisé ; puis il s’est propagé dans le monde. En effet, pendant près d'un sièclevont se développer des systèmes de prise en charge économique des conséquences desrisques qualifiés de sociaux. La santé reste le 116 - Analyse du partenariat associatif entre ONG du Nord et organisation du Sud .2001 104 domaine de prédilection le plus couvert par lemutualisme. Mais d’autres domaines à risque seront par la suite concernés, notamment auxniveaux industriel et agricole. Le système mutualiste au Maroc n’est apparu qu’avec le Protectorat. Les premièresmutuelles ont été créées pour satisfaire les besoins du personnel de la nouvelle administrationdu Protectorat français.A l’indépendance, les agriculteurs marocains des caisses régionales marocaines se constituèrent pour fédérer au sein de la MAMDA, et la MCMA, afin de prendre en charge des risques non agricoles des paysans117 ; A- Aperçu historique sur la mutuelle au Maroc. En plus des associations et des coopératives, l’ensemble des mutuelles, qui sont apparues avec le Protectorat constitue l’un des principaux acteurs de l’économie sociale au Maroc en égard à la population couverte, aux volumes des prestations servies et des fonds collectés. Selon le dahir n° 1-57-187 du 24 Joumada II 1383 (12 novembre 1963) portant statut de la mutualité, les sociétés mutualistes sont des groupements à but non lucratif qui, au moyen de cotisation de leurs membres, se proposent de mener dans l’intérêt de ceux-ci ou de leur famille, une action de prévoyance, de solidarité et d’entraide tendant à la couverture des risques pouvant atteindre la personne humaine. Leur constitution est basée sur les principes de l’adhésion facultative et de l’élection démocratique de ses organes de gestion. Selon la définition donnée par le Code de la Mutualité118, la mutuelle est un groupement ayant la capacité civile, dont la création est soumise à déclaration. Le statut de la mutuelle relève du principe de l’autogestion. Elle poursuit un but non lucratif menant dans l’intérêt de ses membres, moyennant le versement d’une cotisation, à des actions de prévoyance, de solidarité et d’entraide. A l’exception des cas où elles participent, en qualité d’organisme social, à la gestion d’un régime obligatoire de sécurité sociale, les mutuelles font partie de ce qui est convenu d’appeler “le droit de la sécurité sociale complémentaire. Elles sont alors 117 - Mémoire de recherche portant sur le statut juridique des travailleurs agricoles par juristoo Zakaria Université Moulay Ismail Meknès Droit et science politique Février 2006. 118 - Projet de loi n° 18.10 portant code de la mutualité, Ministère de l’emploi et la formation professionnelle . 105 gouvernées par le principe de l’adhésion contractuelle individuelle ou collective, et contrairement aux mutuelles qui gèrent un régime obligatoire, les difficultés relatives à leur fonctionnement comme celles qui naissent de leurs rapports avec leurs adhérents restent de la compétence des juridictions de droit commun et non de la compétence des tribunaux des affaires de sécurité sociale. Les mutuelles les plus connues sont celles de la santé et les sociétés de caution mutuelle (sociétés commerciales). Les sociétés d’entraide ou mutuelles sont un pilier historique de l’économie sociale. Au Maroc, les premières mutuelles se sont des mutuelles d’assurance agricole crées pour les colons. Elles relevaient la caisse centrale d’Alger et garantissent surtout la mortalité du bétail. A l’indépendance, les agriculteurs marocains ont constitué des caisses régionales qui se sont fédérées en 62 au sein de la MAMDA, Mutuelle Agricole Marocaine d’Assurance. Très tôt, sont nées aussi les mutuelles de santé pour les fonctionnaires (Mutuelle de la police en 1919) ces mutuelles qui ont pris leur essor après l’indépendance, sont regroupées aujourd’hui au sein de la CNOPS119 affiliée à l’association internationale des mutuelles (AIM). Au lendemain de l’indépendance, d’autres nouvelles mutuelles sont créées; a-Droit juridique régissant la mutuelle au Maroc. Quarante années se sont écoulées jusqu’à présent sur le dahir du 12 novembre 1963 portant charte de la mutualité, beaucoup de dispositions contenues dans ce dahir sont dépassées. La nécessité de les réviser semble de plus en plus s’imposer avec urgence. La révision doit toucher aussi bien la définition de la mutuelle que son domaine d’intervention qui doit être étendu pour couvrir l’ensemble des intérêts des membres adhérents tels que les assurances de toutes sortes et les logements. La révision devient également nécessaire pour harmoniser le statut de la mutualité avec les dispositions de l’assurance maladie obligatoire. L’article premier du dahir du 12 novembre portant le statut de la mutualité définit les sociétés mutualistesen tant des groupements à but non lucratif qui, au moyen de cotisation de leurs membres, se proposent de mener dans l’intérêt de 119 - Séminaire organisé par la Cnops sous thème :nouvelle gouvernance au sein des sociétés mutualistes par Driss Dadi, Directeur de la protection sociale des travailleurs INPTS, 25 janvier 2008, Ministère de l’emploi et la formation professionnel , Direction de la protection sociale des travailleurs. 106 ceux-ci ou de leur famille, une action de prévoyance, de solidarité et d’entraide tendant à la couverture des risques pouvant atteindre la personne humaine. Quand à l’article 3 du même dahir met l’accent sur la composition des sociétés mutualistes comme suit : elles peuvent être composées de membres participants et de membres honoraires. Sont membres participants les personnes qui, par le versement d’une cotisation, acquièrent personnellement ou font acquérir aux membres de leur famille, vocation aux avantages sociaux.Sont membres honoraires les membres qui paient une cotisation, font des dons ou ont rendu à la société des services équivalents sans bénéficier des avantages sociaux. Les personnes morales peuvent être membres honoraires. Les sociétés mutualistes ne peuvent instituer des avantages particuliers en faveur de certains membres participants s’ils ne sont pas justifiés, notamment, par les risques supportés, les cotisations fournies ou la situation de famille des intéressés. L’article 4 et 5 du même dahir porte sur l’approbation des status mutualiste comme suit :Les statuts adoptés par l’assemblée constitutive doivent être déposés, contre récépissé, au ministère du travail et des affaires sociales et au ministère des finances, accompagnés d’un plan financier de trois ans.L’approbation ou le refus d’approbation fait l’objet d’un arrêté conjoint du ministre délégué au travail et aux affaires sociales et du ministre des finances, cet arrêté doit intervenir dans le délai de trois mois à compter de la date du dépôt des statuts. En effet les statuts déterminent : le siège social qui doit être situé au Maroc ; l’objet de la société ;les conditions et les modes d’admission, de radiation et d’exclusion des membresParticipants et des membres honoraires ; la composition du conseil d’administration, le mode d’élection de ses membres, la nature et la durée de leurs pouvoirs, les conditions du vote à l’assemblée générale et du droit pour les membres de s’y faire représenter ;ainsi les obligations et les avantages des membres participants ou de leur famille ; les modes de placement et de retrait des fonds ;les conditions de la dissolution volontaire de la société et de sa liquidation et enfin, Un arrêté conjoint du ministre délégué au travail et aux affaires sociales et du ministre des finances, pris après avis du conseil supérieur de la mutualité, institué 107 par l’article 45 du présent dahir, établira des statuts-type et déterminera les dispositions de ces statuts-type qui ont un caractère obligatoire. La constitution des mutuelles est basée sur les principes de l'adhésion facultative et de l'élection démocratique de ses organes de gestion. La tutelle sur les mutuelles est exercée à la fois par le ministère chargé de l'Emploi et le ministère chargé des Finances. Les sociétés mutualistes peuvent être reconnues d’utilité publique par dahir pris après avis du conseil supérieur de la mutualité120. Ce dahir peut être abrogé dans les mêmes formes si l’administration ou la gestion de la société motive une telle sanction. L’article 10prévoit que les membres honoraires et participants de la société se réunissent en assemblée générale au moins une fois par an, à l’effet, de se prononcer sur le compte rendu de la gestion morale et financière du conseil d’administration et de procéder à l’élection, au bulletin secret, des administrateurs et des membres de la commission de contrôle prévue à l’article 14 ci-après, dans les conditions fixées par les statuts.L’assemblée générale est obligatoirement appelée à se prononcer sur les modifications aux statuts, sur la dissolution de la société ainsi que sur la fusion avec une autre société. L’article 11stipule le rôle d’orientation dévolu au conseil supérieur de la mutualité qui donne son avis sur les questions intéressant la mutualité; et recueilli notamment :la reconnaissance de l’utilité publique ;les règles comptables ;le retrait d’approbation des statuts d’une mutuelle ou d’une caisse autonome .Prend toute mesure pour encourager l’action mutualiste; et favoriser la création des mutuelles et des œuvres sociales mutualistes. L’administration d’une société mutualiste ne peut être confiée qu’à des Marocains âgés de 21ans au moins, non déchus de leurs droits civils et civiques. Les administrateurs ne peuvent être élus que parmi les membres participants ou honoraires.Le Conseil d’Administration doit être composé, pour les deux tiers au moins, de membres participants. Il est renouvelé par fractions, dans un délai 120 - Le Conseil supérieur de la mutualité a été créé sous le titre de « Conseil supérieur des sociétés de secours mutuel » par la loi de 1898, dite Charte de la mutualité*. Aujourd’hui présidé par le ministre chargé de la mutualité (en 2006, le ministre de la Santé), le Conseil supérieur de la mutualité est composé de représentants de mutuelles, d’unions et de fédérations de mutuelles de santé et de protection sociale. 108 maximum de six ans, dans les conditions fixées par les statuts conformément à l’article 5 du présent dahir.Le Conseil d’Administration peut déléguer sous sa responsabilité, partie de ses pouvoirs, soit au président, soit à une ou plusieurs commissions temporaires ou permanentes de gestion, dont les membres sont choisis parmi les administrateurs.Le législateur marocain a consacré le rôle de la mutualité dans le nouveau régime de l’assurance maladie obligatoire121. La politique de développement sociale prônée par le chef de l’Etat, que dieu l’assiste, repose fondamentalement sur la solidarité et la cohésion sociale.Dans ce cadre, la présente loi portant code de la couverture médicale122 de base institue : assurance maladie obligatoire de base (AMO) fondée sur les principes et les techniques de l’assurance sociale au profit des personnes exerçant une activité lucrative, des titulaires de pension, des anciens résistants et membres de l’armée de libération et des étudiants ; et un régime d’assistance médicale (RAMED)123 fondée sur les principes de l’assistance sociale et de la solidarité nationale au profit de la population démunie. Ce code constitue le fondement de la protection sociale en matière de santé. D’autres dispositifs et mesures d’accompagnement, y compris les décrets d’application de la présente loi, seront soumis aux partenaires sociaux et aux parties concernés avant leur édiction. L’amélioration du niveau de santé constitue une des composantes essentielles de cette politique qui vise à garantir la pleine participation des citoyens au développement durable du pays. A cet effet, l’une des priorités de l’Etat en matière de santé est d’assurer à toute la population l’égalité et l’équité dans l’accès aux soins. Cette priorité fait l’objet d’un consensus national qui s’inscrit dans la mouvance internationale car elle représente un instrument efficace de justice sociale et de lutte contre les intégralités. La protection de la santé implique pour l’Etat, l’engagement d’assurer gratuitement les prestations de santé préventive à l’ensemble des citoyens à titre individuel et 121 - Rôle et perspective d’évolution de la mutualité marocaine à l’heure de l’assurance maladie, Ministère des finances et de la privatisation, Direction des assurances et de la prévoyance sociale le 26 Mars 2007 (P :5). 122 -loi 65-00 du code de la couverture médicale Dahir 1-02-96 du 25 rejeb 1423 (3Octobre 2002). 123 -le projet social, lancé en 2008, est basé sur la gratuité totale ou partielle des prestations médicales dans les hôpitaux publics. Selon la ministre marocaine de la Santé, Mme Yasmina Baddou, ces services seront pris en charge par l'Etat marocain et les collectivités locales au profit de 8,5 millions de personnes vivant sous le seuil de la pauvreté ou souffrant de précarité sociale, dont 4,5 millions vivant en état de pauvreté relative, et 4 millions en état de pauvreté absolue. Ce quireprésente 28% de la population marocaine. Parmi les bénéficiaires se trouvent 100.000 détenus, orphelins et sans-abri. La tenue de la réunion du comité chargée de la gestion et du suivi du RAMED, présidée par l’ex chef du gouvernement marocain, Abbas El Fassi, a été l'occasion de procéder à la création de trois comités techniques chargés de veiller au déroulement des travaux préparatoires pour la généralisation du RAMED. 109 collectif, l’organisation d’une offre de soins de qualité répartie harmonieusement sur le territoire et de garantir l’accès aux soins à toutes les couches sociales de la population grâce à la prise en charge collective et solidaire des dépenses de santé. L’Etat doit prendre les mesures nécessaires pour obliger le promoteur de recherche à prendre en charge les soins des personnes qui se prêtent à des recherches scientifiques. Bref, Le secteur de la mutualité au Maroc est animé par 52 organisations réparties, selon leurs fonctions, entre trois grandes catégories à savoir : b-Les mutuelles de couverture sanitaire et sociale : Cette catégorie comprend 26 mutuelles dont 9 publiques, en plus de la caisse Nationale des Organismes de Prévoyance Sociale (CNOPS) chargée de l’organisation des mutuelles du secteur public. Le nombre de bénéficiaires des prestations de la CNOPS en 1997 s’est élevé à plus de 3millions de personnes, soit 11.4% de la population. Le montant des cotisations s’est chiffré à 814 millions de dh. Les prestations fournies, quant à elles ont atteint un milliard de dh124. c-Les mutuelles d’assurance : Elles sont au nombre de trois, et fournissent les différentes catégories de services d’assurance et de réassurance : -la Mutuelle agricole marocaine d’assurance (MAMDA), destinée à couvrir uniquement les risques liés à des activités agricoles. -la Mutuelle Centrale Marocaine d’assurance (MCMA), généraliste en ce sens qu’elle couvre l’ensemble des risques classiques liés à tous les secteurs. -la Mutuelle d’assurances des Transports Unis (MATU), spécialisée exclusivement dans le domaine de l’assurance des transports publics de voyageurs. La MAMDA et la MCMA, qui forment un groupe, drainent ensemble environ 70.000 adhérents à travers le pays. Dans un souci de proximité, elles utilisent un réseau national de distribution composé de 28 bureaux régionaux et emploient 260 personnes. Leur chiffre d’affaire global commun a été d’environ 460 millions de dh125. 124 -Tableau de bord social, Direction de la politique économique Générale, Ministère des Finances et de la privatisation. Année 2001. 125 - La MAMDA et la MCMA sont les deux principales et plus anciennes mutuelles d'assurance marocaines La MAMDA a une vocation rurale tandis que la MCMA est plus généraliste. Juridiquement indépendantes, elles 110 3-Sociétés de cautionnement Mutuel : Cette catégorie de mutuelle est composée de 22 institutions réparties comme suit :11sociétés dans le secteur de l’artisanat, regroupant 8840 artisans, 6 sociétés dans le secteur de transport, avec 8979 exploitants des voitures de transport, 3 sociétés dans le secteur de la pêche avec 675 pêcheurs et 2 sociétés dans le secteur des petites et moyennes entreprises, qui regroupent 517 commerçants et jeunes promoteurs126. Afin de concrétiser l’engagement de l’Etat, qui consacre le principe du droit à la santé tel que prévu par les conventions internationales, la présente loi constitue le parachèvement de l’expérience du Maroc en matière de couverture médicale et consolide les droits acquis par les citoyens marocains bénéficiant d’une assurance maladie. Cette assurance sera progressivement étendue à l’ensemble des citoyens, toutes catégories sociales confondues. A cette fin, un système obligatoire de couverture médicale de base sera mis en place en vue d’atteindre l’accès universel aux soins; l’Etat devant veiller à l’équilibre financier à travers l’encadrement permanent du système de couverture. En effet, l’article premier du code juridique de la couverture médicale de base met l’accent sur le fiancent des prestations de soins de l’AMO et du RAMED comme suit : Le financement des prestations de soins de santé est fondé sur les principes de la solidarité et de l’équité, afin de garantir à l’ensemble de la population du Royaume l’accès auxdites prestations. A cette fin, il est institué un système de couverture médicale de base comprenant l’assurance maladie obligatoire de base (AMO) et le régime d’assistance médicale (RAMED).Assurance maladie obligatoire de base est fondée sur le principe contributif et sur celui de la mutualisation des risques. Le régime d’assistance médicale est fondé sur le principe de la solidarité nationale au profit de la population démunie. Les personnes assurées dans ce cadre et les bénéficiaires doivent être couverts sans discrimination aucune due à l’âge, au sexe, à la nature de l’activité, au niveau et à la nature de leur revenu, à leurs antécédents pathologiques ou à leurs zones de résidence. partagent les mêmes valeurs de l'économie sociale: solidarité, justice et performance financière. Historiquement =liées par une étroite collaboration technique, humaine et commerciale, elles ont reçu l'autorisation de la Direction des assurances de se constituer en Union de sociétés d'assurances mutuelles (SAM) susceptible d'abriter d'autres corps professionnels. Fédérées par la future Union, les SAM conserveront, entre autre, leur autonomie commerciale. 126 - Extrait du guide sur les sociétés de cautionnement mutualistes, ODECO 2005. 111 Quand à l’article 2 et 5 du même code s’applique aux bénéficiaires qui sont : -les fonctionnaires et agents de l’Etat, des collectivités locales, des établissements publics et des personnes morales de droit public ; aux personnes assujetties au régime de sécurité sociale en vigueur dans le secteur privé ; aux titulaires de pension des deux secteurs public et privé ; aux travailleurs indépendants, aux personnes exerçant une profession libérale et à toutes autres personnes exerçant une activité non salariée. L’assurance maladie obligatoire127de base s’applique également aux anciens résistants et membres de l’armée de libération et aux étudiants de l’enseignement supérieur public et privé dans la mesure où ils n’en bénéficient pas en vertu de l’article 5 comme suit :Outre la personne assujettie à l’obligation d’assurance maladie de base au titre du régime dont elle relève, l’assurance maladie obligatoire de base couvre les membres de sa famille qui sont à sa charge, à condition qu’ils ne soient pas bénéficiaires à titre personnel d’une assurance de même nature. Sont considérés comme membres de la famille à charge : le(s) conjoint(s) de l’assuré ; les enfants à la charge de l’assuré, âgés de 21 ans au plus, sous réserve des dispositions du dernier, les enfants pris en charge conformément à la législation en vigueur. Toutefois, cette limite d’âge est prorogée jusqu’à 26 ans pour les enfants non mariés poursuivant des études supérieures, à condition d’en apporter la justification. Sont considérés comme personnes à charge sans limite d’âge, les enfants de l’assuré atteints d’un handicap physique ou mental et les enfants pris en charge et qui sont dans l’impossibilité totale, permanente et définitive de se livrer à une activité rémunérée. L’assuré peut demander l’extension du bénéfice du régime d’assurance maladie obligatoire de base dont il relève à son père et à sa mère, à condition de prendre en charge la cotisation les concernant. La cotisation des parents est fixée par décret. Lorsque les parents sont l’un et l’autre assurés en vertu des dispositions de la présente loi, les enfants sont déclarés à l’organisme assureur du père. En cas de dissolution du mariage, la déclaration doit être faite auprès de l’organisme assureur de l’ex-conjoint auquel la garde des enfants est confiée. 127 - La nouvelle loi a tranché avec pragmatisme le devenir des couvertures médicales existantes et le choix du gestionnaire de l'assurance-maladie En effet, la loi a tranché la question en permettant à ces derniers de conserver la couverture maladie existante auprès de leur assureur pendant cinq ans renouvelables. Le cas échéant, ils pouvaient intégrer la couverture publique et souscrire éventuellement une couverture complémentaire. 112 Si la garde des enfants est confiée à une personne autre que la mère ou le père, les enfants conservent le bénéfice du régime d’assurance maladie obligatoire de base de l’un des parents assurés. Lorsque seul l’un des parents est assuré et en cas de dissolution du mariage, la déclaration est faite auprès de l’organisme assureur de l’ex-conjoint. Enfin les prestations garantis dans l’article 7 du code de la mutualité garantissent pour les assurés et les membres de leur famille à charge, quel que soit le régime dont ils relèvent, la couverture des risques et frais de soins de santé inhérents à la maladie ou l’accident, à la maternité et à la réhabilitation physique et fonctionnelle. Les risques liés aux accidents du travail et maladies professionnelles demeurent régis par la législation et la réglementation les concernant. L’assurance maladie obligatoire de base donne droit, dans les conditions et selon les modalités fixées par voie réglementaire, au remboursement et éventuellement à la prise en charge directe des frais de soins curatifs, préventifs et de réhabilitation médicalement requis par l’état de santé du bénéficiaire et afférents aux prestations suivantes : soins préventifs et curatifs liés aux programmes prioritaires entrant dans le cadre de la politique sanitaire de l’Etat ; les actes de médecine générale et de spécialités médicales et chirurgicales ; les soins relatifs au suivi de la grossesse, à l’accouchement et ses suites ; les soins liés à l’hospitalisation et aux interventions chirurgicales y compris les actes de chirurgie réparatrice ; analyses de biologie médicale; radiologie et imagerie médicale ; explorations fonctionnelles; médicaments admis au remboursement ; les poches de sang humain et dérivés sanguins ; dispositifs médicaux et implants nécessaires aux différents actes médicaux et chirurgicaux compte tenu de la nature de la maladie ou de l’accident et du type de dispositifs ou d’implants ; appareils de prothèse et d’orthèse médicales admis au remboursement ; lunetterie médicale ; les soins buccodentaires ; orthodontie pour les enfants ; actes de rééducation fonctionnelle et de kinésithérapie ; ainsi que les actes paramédicaux128. 128 - la loi portant code de la couverture médicale de base institue: une assurance maladie obligatoire de base (AMO) fondée sur les principes et les techniques de l'assurance sociale au profit des personnes exerçant une activité lucrative, des titulaires de pension, des anciens résistants et membres de l'armée de libération et des étudiants; un régime d'assistance médicale (RAMED) fondée sur les principes de l'assistance sociale et de la solidarité nationale au profit de la population démunie 113 Impacts de l’AMO sur la gestion des mutuelles se manifeste dans : Lemaintien de l’application des dispositions du Dahir du 12 novembre 1963 et de ses textes d’application sous réserve des dispositions de la loi 65.00 ;Institution d’une nouvelle gouvernance au sein de l’union des SM (CNOPS) :La nouvelle composition du chiffre d’affaire (Participation de l’Etat et des syndicats);La Séparation des pouvoirs de décisions et des pouvoirs de gestion (Nomination d’un directeur par décret qui veille à l’exécution des décisions du CA) ;L’Institution d’un contrôle financier, comptable et technique; l’Incompatibilité entre la fonction d’assureur et de producteur de soins et le choix du mode de gestion des œuvres sociales dans un délai maximum de 3 ans. B-Les aspects administratifs, financiers et fiscaux des mutuelles: a-Au niveau administratif. Le statut actuel de la mutualité donne la gestion administrative au conseil d’administration. Or les membres du conseil sont des personnes élues donc bénévoles. La continuité ainsi que la spécialisation dans la gestion, requérant des compétences précises, imposent une séparation entre les fonctions administratives d’exécution et les fonctions électorales d’orientation, de décision et de contrôle. De nouvelles dispositions doivent prévoir pour les mutuelles qui dépassent un certain chiffre d’affaire la nomination d’un directeur imputable capable de rendre des comptes vis-à-vis des élus et des instances de contrôle. Dans un souci d’efficacité et de transparence, il serait judicieux de faire revivre le conseil supérieur de la Mutualité. Ce conseil, organisme unique à compétences multiples et à présidence tournante, aurait pour missions essentielles :d’amorcer un nouveau tournant dans la vie du secteur mutualiste avec de nouvelles orientations, de faire procéder à la rédaction des status-types adaptés aux spécificités des activités diverses et possibles des mutuelles préconisés plus haut, de concevoir des outils et des manuels de procédures facilitant et encadrant la gestion, de mettre en place un plan comptable dédié au secteur mutualiste avec ses différentes variantes ,de se substituer, ou d’alléger la tutelle administrative bicéphale (ministère de l’emploi et ministère des finances), en accordant lui-même les autorisations de création des mutuelles et en s’érigeant en arbitre en cas de problème, d’investir au maximum 114 dans l’information, la sensibilisation, l’orientation et la formation, et enfin, d’être l’interlocuteur unique des partenaires locaux et étrangers. Sur le planorganisationnel : Les mutuelles nationales doivent s’éclater en mutuelles locales pour s’approcher au mieux de leurs adhérents. Les mutuelles qui dépasseraient un certain seuil d’adhérents doivent s’organiser d’une manière décentralisée en sens de créer des entités locales élues au niveau local (régional ou provincial), il faut également encourager la création de mutuelles catégorielles pour homogénéiser les prestations servies et harmoniser les prélèvements. Ainsi, pourraient être crées des mutuelles pour cadres, ingénieurs, artisans, commerçants, et pour le personnel des collectivités locales, les cotisations seraient supportées d’une façon équitable et les prestations profiteraient à la majorité des adhérents. Agir sur l’organisation repose sur le changement des cinq points fondamentaux à savoir : les structures et choisir entre la décentralisation et la déconcentration et la sectorisation. Les ressources humaines dans le sens de réviser les postes et des métiers pour améliorer la productivité et diminuer les charges de fonctionnement pour les orienter vers la satisfaction des besoins de l’adhérent exclusivement ;la technologie : l’utilisation de l’outil informatique pour maîtriser les fichiers des adhérents, d’améliorer les conditions de recouvrement des cotisations et contrôler les dépenses et les remboursements. L’information : disposer d’un système intégré de gestion en introduisant l’outil statistique et documentaire pour assurer une fluidité des données et partager les expériences, puis conduire éventuellement des enquêtes d’image pour cadrer avec les besoins des adhérents. la culture mutualiste : en encourageant la création de petites mutuelles. b-Au niveau financieret fiscal. Etant donné leur caractère spécifique, les mutuelles disposent d’un code comptable propre, en effet la comptabilité décrite dans le statut de la mutualité en vigueur est très rudimentaire. Beaucoup, de mutuelles adoptent des systèmes comptables qui n’ont aucun fondement juridique dans la mesure ou l’arrêté prévoyant un système comptable spécifique article 23 du statut de mutualité n’a jamais vu le jour. 115 Par ailleurs, les articles 19 et 20 du statut de la mutualité imposent aux mutuelles de déposer ou de placer leurs fonds exclusivement auprès d’organismes publics. Maintenant que le privé devient prépondérant l’élimination de ces dispositions restrictives serait de nature à rentabiliser davantage les finances des mutuelles. Le lieu de dépôt des fonds serait à choisir par la mutuelle, uniquement sur la base de considérations de sécurité et de rentabilité. Notons, qu’un fonds a été crée par prélèvement d’un pourcentage sur les recettes des mutuelles pour financer l’acquisition par les adhérents de ces mutuelles de leur habitation principale. Ce fonds commun, à l’instar de la fondation Mohamed VI des œuvres sociales de l’enseignement, accorderait des prêts à des taux préférentiels ou même sans aucun intérêt pour tous les adhérents qui n’ont pas de logement. Il peut même fixer des conditions différentielles pour octroyer les prêts comme par exemple accorder des prêts sans intérêt pour les acquéreurs de logements économiques et avec des intérêts symboliques pour les autres. Après cette présentation des états des lieux du secteur mutualiste au Maroc, il est primordial de présenter quelques éléments chiffrés sur les mutuelles de la CNOPS, afin de mesurer leurs performances, surtout dans la période étalée entre 2005, date de l’entrée en vigueur de l’AMO, et 2007. Données sur la population assurée par la CNOPS La CNOPS a accueilli au titre de l'AMO, environ 249 000 assurés, soit environ 700 000 bénéficiaires, ce qui porte la population couverte par la CNOPS à 3.200 000 personnes. Population couverte avant et après l’entrée en vigueur de l’AMO Tableau n°1 Etats Bénéficiaires Régime Facultatif Adhésions AMO Régime AMO Actifs Retraités Assurés Ayants droit Bénéficiaires 773 753 148 359 922 112 1 577 888 2 500 000 139 000 110 000 249 000 451 000 700 000 912 753 258 359 1 171 112 2 028 888 3 200 000 taux de variation entre les deux régimes 18% 74% 27% 29% 28% Source : Par chakib tazi Directeur de l’agence nationale d’assurance maladie . 116 www.assurance maladie.ma Le bilan de l’assurance maladie obligatoire révèle une bonne évolution du régime de couverture médicale, cinq ans a pris son démarrage effectif, les deux caisses gestionnaires :CNSS pour les salariés du secteur privé et CNOPS pour les salariés du secteur public s’inscrivant en hausse, cependant les deux caisses enregistrent une évolution de la population couverte. A la CNSS, les bénéficiaires de la couverture médicale de base ont atteint 3.2millions contre 2.7millions en 2010 soit une hausse de 18.5% qui est due à plusieurs facteurs à savoir le maintien du droit à la couverture pour les veufs et les ayants droits qui la perdaient systématiquement suite au décès de l’assuré, cette mesure décidée est mise en place a concerné plus de 60.000 personnes mais aussi et surtout l’augmentation de la population couverte est égal due au basculement d’entrepris privées vers l’AMO. A la CNOPS, la population couverte est passé de 2.6 millions de personnes en 2010 à 2.7%millions en 2011 dont 26% sont des pensionnées. Répartition des assurés par mutuelle Les assurés de la CNOPS se répartissent au niveau des mutuelles qui gèrent leurs dossiers d’immatriculation et au niveau desquelles les assurés déposent les dossiers ambulatoires. Trois mutuelles (MGEN, MGPAP et OMFAM) se taillent 81% de cette population129. Graphique n°1 : Répartition des assurés par différentes mutuelles 129 - CNOPS en chiffre , La CNOPS et les mutuelles sont soumis au contrôle financier de l' Etat prévu par la législation en vigueur, sauf pour ce qui concerne les actes liés au remboursement ou à la prise en charge des frais des prestations garanties (Article 53 de la loi.65-00). 117 MGPAP 33% MGEN 30% OMFAM Mutuelles MFA 18% 9% Police 6% PTT 3% Douane 1% MODEP 1% Source : CNOP S Année 2011 Graphique n°2 : Répartition des assurés par tranche d’âge La tranche d’âge entre 41 et 50 ans arrivent en tête. La population dont l’âge est indéfini est une population qui nécessite une vérification d’âge130. Indéfini 9% Tranches d'âges > 80 ans 2% [71-80] 5% [61-70] 10% [51-60] 21% [41-50] 30% [31-40] 17% [21-30] < 20 ans 7% 0% Source : CNOPS Le nombre de bénéficiaires pour l'an 2008 s'élève à 113 155 sur une population couverte avecdroits ouverts de 2,25 millions de bénéficiaires, soit un taux de 5%. On remarque des taux de sinistralité relativement moins faibles pour les populations prises encharge pour l’ambulatoire : Les enfants de moins de 12 ans et particulièrement les plus jeunes parmi eux. Les femmes en âge de procréation, Les personnes âgées à partir de 55 ans, reflétant la prévalence des affections delongue durée. 130 - Rapport du conseil d’administration sur l’agence national d’assurance maladie (ANAM) Bilan de la sixième session. (P : 15) Année 2008 www.assurancemaladie.ma 118 c- Au niveau fiscal : L’impôt est considéré comme un sous-produit de la croissance. Son influence, comme variable explicative, sur la croissance était laissée quelque peu dans l’ombre. « Très peu de modèles de croissance accordent une place importante à la variable fiscale, et le rôle de l’impôt sur la détermination du taux de croissance » Aujourd’hui, dans les sociétés évoluées, les exigences économiques sont telles que la politique économique dépende, en partie, de la fiscalité, de sorte que c’est la recette possible qui agit sur les dépenses envisageables. La fiscalité économique, plus qu’une technique traduit un véritable activisme financier des recettes fiscales qui ne sont plus neutres à l’égard des mécanismes et des circuits économiques. Dépassant la simple technique de couverture des dépenses publiques, la fiscalité économique devient un puissant instrument de politique économique capable de tendre vers l’optimum économique si elle est correctement conçue. Dans le cas contraire, elle risque d’entraîner des pertes nettes de production, de productivité et d’utilité sociale. La fiscalité économique peut entrainer diverses distorsions dans le comportement des agents économiques. Ces distorsions économiques d’origine fiscale peuvent se définir par le fait que, sous la pression de la fiscalité agissant comme facteur causal, se produisent des changements dans les comportements des agents économiques tels qu’ils ne seraient observés en son absence. Les avantages fiscaux octroyés par la loi, actuellement, aux sociétés mutualistes reconnues d’utilité publique sont exonérées de l’impôt sur les sociétés, des droits de timbre et d’enregistrement et de la TVA. L’aspect fiscal des mutuelles est un corollaire de l’aspect comptable. Quand le champ d’intervention des mutuelles sera étendu, il serait logique de soumettre les activités mutualistes qui ont une connotation commerciale aux mêmes dispositions réglementaires du secteur d’intervention. Par exemple, si la mutuelle œuvre dans le 119 secteur des assurances elle sera imposée au même titre que les autres assurances131. En somme, le secteur de la mutualité marocaine est en pleine mutation suite à la volonté politique visant la généralisation de la couverture sociale; la croissance des bénéficiaires; l’augmentation des coûts de soins; l’entrée en vigueur de l’assurance maladie obligatoire de base,l’implication des organes d’orientation, de décisions et de gestion dans l’exercice de leurs missions;Amélioration des fonctions de contrôle (à priori et à posteriori). L’approche s’appui sur une démarche participative et consensuelle et sera à la base des futures négociations (avec les mutuelles) relatives à la fixation des nouvelles règles de gestion administrative et financière devant régir le secteur;et l’implication des différents intervenants dans le secteur conditionne la réussite de la réforme préconisée CHAPITRE II CADRE INSTITUTIONNEL ET ORGANISATIONNEL DE L’ECONOMIE SOCIALE L’environnement institutionnel des entreprises de l’économie sociale au Maroc est complexe. Il se compose d’une multiplicité d’institutions dont les missions se chevauchent et sont sans grande coordination entre elles. Chacune d’entre elles mène des actions pour atteindre des objectifs particuliers créant des dysfonctionnements au niveau de l’appui aux différentes composantes de l’économie sociale, les coopératives et les associations en particulier. Cet état de choses limite l’impact de l’action publique en faveur du secteur, ainsi que l’absence d’intégration des différents programmes de ces départements entrave le développement durable de la dite économie. Le Maroc a opté depuis son indépendance pour le soutien du secteurcoopératif et parié sur l'esprit coopératif fédérateur des efforts desproducteurs dans un cadre de solidarité, en vue de moderniser et dedévelopper un ensemble d'activités 131 - Les enjeux de la modernisation du secteur mutualiste à l’heure de l’AMO, Rencontre Franco-marocaine organisée par la CNOPS , présentation par Mr Driss DADSI ,Directeur de la protection sociale des travailleurs, Ministère de l’emploi et la formation Professionnelle à SKhirat 26-27 Mars 2007 . 120 économiques, principalement l'agriculture,l'artisanat, l'habitat et autres secteurs d'activités.Conscient du potentiel du secteur de l'économie sociale en matière decréation d'emploi, le gouvernement a entrepris d'importantes mesures dedéveloppement du secteur et de promotion de l'activité des coopératives, L'Initiative nationale du développement Humain, lancé par le chef de l’Etat, en vue de consolider une société marocaine solidaire, aégalement mis l'accent sur le rôle dévolu au secteur coopératif, en tant quelevier de la croissance et du développement, de lutte contre la pauvreté et lechômage, et ce par l'intégration des petits et moyens producteurs dans desprojets de développement local.Dans cette perspective, le présent projet de loi a été élaboré encollaboration avec les différents intervenants et acteurs concernés par lesecteur coopératif, en vue de réorganiser les organismes coopératifs suivantune nouvelle vision, permettant de les inscrire dans la dynamique desmutations du contexte économique national et international. Ceci a conduit àla refonte des dispositions de la loi n° 24-83 relative aux statuts descoopératives et des missions de l'office de développement de la coopération,en vue d'en dépasser les défaillances, telles:La complication de la procédure de constitution et d'agrément desprojets de coopératives;La multitude des intervenants dans le secteur coopératif et lechevauchement de leurs attributions Le gouvernement a prévu une amélioration du cadre institutionnel et juridique du secteur de l’économie sociale marocain, en procédant à la simplification des procédures de création des coopératives et à la valorisation de leurs produits en mettant à leur disposition de nouveaux mécanismes de financement car l’originalité de la voie marocaine du développement repose sur la place déterminante du secteur coopératif, considéré comme le levier privilégié pour la création d’emplois, Les modalités de simplification de la création se précisent puisqu’après l’adoption définitive et l’entrée en vigueur de la nouvelle loi 02-11, il sera possible de créer une coopérative en procédant à une simple déclarationauprès du tribunal de première instance de la région concernée, remplaçant l’autorisation actuelle qui doit être donnée par une commission. La coopérative pourra être créée par 5 personnes, au lieu de 7 comme dans le texte actuel, et commencera à exercer sur simple quitus. Le nouveau texte assouplit également la gouvernance des coopératives en renforçant les pouvoirs du directeur. Celui-ci disposera des prérogatives nécessaires pour trancher certaines questions liées à la gestion, sans avoir besoin de recourir à 121 une décision collective, seules les grandes décisions engageant la coopérative restant prises de manière collégiale.Ce secteur coopératif a une grande importance économique au Maroc, puisqu’à fin juillet 2012, le nombre de coopératives s’élève à 10 616(dont 1.213 créées par des femmes). Elles regroupent près de 410.000 membres. Le présent projet de loi s'inspire des meilleurs standards au niveau international dans le respect des principes coopératifs universels, en vued'arrimer le mouvement coopératif marocain au processus d'évolutioninternational, à travers les opportunités de coopération, d'échange d'expertiseet d'intérêts entre les coopératives marocaines et leurs homologues dansd'autres pays. En égard à ces considérations, le projet de loi introduit notamment : 1- Une définition précise de l'activité coopérative ; 2-La simplification de la procédure de constitution des coopératives et lasuppression de l'agrément préalable à l'exercice ; 3- Le renforcement de la transparence et la promotion de la bonnegouvernance par l'institution d'un registre national et de registres locaux d'immatriculation des coopératives, de transcriptions des événementsimportants de leur évolution, en vue également de crédibiliser celles-ci àl'égard des tiers ; 4- La possibilité pour les personnes morales d'adhérer aux coopératives afin de dynamiser le secteur coopératif dans son ensemble ; 5- La fixation du seuil minimum du capital à 1.000 dhs en vue dematérialiser la volonté de faire ensemble des coopérateurs ; Dans le présent chapitre, nous analyserons le cadre stratégique de la politique de l’ESS ainsi la contribution des différents départements sectoriels à la dite économie tout en recourant à l’outil « SWOT » déterminant les forces, faiblesses, opportunités et menaces ainsi les points de ressemblances et de dissemblances. 122 Section 1- Les institutions régissant le secteur de l’économie sociale au Maroc S’agissant des institutions qui relèvent de l’état, deux types de structures peuvent être distingués. Il s’agit des départements ministériels sectoriels et des institutions trans-sectorielles, ensuite les organismes publics tel l’ODECO, l’ADS et enfin les institutions gouvernementales tel les fédérations nationales des coopératives et associations ect…132 I-Etats des lieux : Après l’accession du Maroc à l’indépendance, les pouvoirs publics ont opté pour une monarchie constitutionnelle, démocratique, libérale et sociale. La tendance sociale s’est manifesté dès 1955 par l’institution du premier gouvernement dont lequel les questions sociales ont été rattachées au ministère du travail sous la dénomination « Ministère du Travail et des questions sociales ». Ce n’est qu’en 1977 que la question sociale a été érigée en Ministère, en l’occurrence « le Ministère des Affaires sociales et de l’artisanat »133.Mais déjà en 1957 feu Mohamed V a institué 132 Stratégie nationale de l’économie sociale et solidaire 2010-2020, Rapport d’étude élaboré par le MAGG .Novembre 2011. MAGG .( P : 36-37) 133 - Voir en annexe sur l’évolution institutionnelle de la question sociale. 123 par Dahir, l’entraide nationale en tant qu’établissement privé et spécialisé à caractère social et que le défunt souverain a bien voulu la rattaché directement sous l’autorité royale. Vue l’importance capitale accordée au secteur de l’économie sociale. L’année 1961 a vu la création de la promotion nationale qui était connue au début sous le vocable « la promotion rurale » pour développer le monde rural par le biais du travail en intégrant les pauvres et les personnes en situation de sous emploi par l’édification d’infrastructures à faible technicité. La contrepartie est représentée par un salaire dérisoire certes, mais qui soulage cette catégorie de la population. La création de ces entités spécialisées ne peut en aucun cas occulter les démarches sectorielles entreprises par les autres départements ministérielles. Mais déjà, nous pouvons constater que le déficit social au Maroc durant les premières décennies post indépendance, n’a fait que s’accentuer ce qui remet en cause les méthodes et les mécanismes utilisés. L’année 1983 a été marquée par le lancement du plan d’ajustement structurel qui a sacrifié les secteurs sociaux dits « improductifs » au profit du maintien des grands équilibres macroéconomiques. Cette période est marquée par le désengagement de l’état dans le domaine social engendrant l’aggravation des déficits sociaux. Ce n’est qu’à partir de 1993 que la véritable première stratégie du développement social 134 a vu le jour comme résultat de la prise en conscience du facteur social comme levier du développement. Parallèlement, cette période a été marquée par l’éclosion de plusieurs institutions opérant dans ce domaine et surtout le lancement de l’INDH , qui constitue une répétition grandeur nature de toutes les réformes engagées sous le règne du chef de l’Etat et de la nouvelle ingénierie sociale. A- Analyse et évaluation. L’analyse des objectifs et des missions des intervenants en matière d’économie sociale et solidaire au Maroc, illustré dans le tableau en annexe 10, nous permet de faire les constatations suivantes :D’abord, ces intervenants ont pour objectif, soit la lutte contre la pauvreté, l’exclusion sociale, soit le soutien aux catégories les plus démunies de la société et le renforcement de l’esprit de solidarité, soit la promotion et le développement des activités génératrices de revenu et créatrices d’emploi, soit 134 La question sociale au Maroc : nécessité sécuritaire ou stratégie de développement, revue marocaine des politiques publiques, numéro 2-2008 124 enfin, l’amélioration de l’accès aux services sociaux de base. Contrairement aux autres départements ministériels, tel que le ministère de la santé, de l’éducation, de l’habitat, de l’agriculture, et de l’emploi, qui visent un seul objectif spécifique à leur département, le Ministère de développement sociale, de la famille, et de la solidarité cible autant d’objectifs tels que, la conception, l’élaboration et la mise en œuvre de la politique de développement social, la coordination des programmes du développement social, la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, l’amélioration des conditions de vie, l’inclusion sociale et l’intégration socioprofessionnelle des citoyens en situation difficiles aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural. Quand à l’ADS135, qui est placée sous tutelle du Ministère du développent social, elle contribue à la lutte contre la pauvreté et la vulnérabilité au niveau urbain, périurbain et rural. Elle vise aussi, la promotion et le développent des AGR, l’amélioration des conditions de vie des populations ciblées et le renforcement des capacités des acteurs de développent. L’ADS est dotée donc, d’une vision plus ou moins globale qui lui permet de prétendre jouer le rôle du leader dans la conduite de la politique du développent social. Mais à coté de cette agence à vocation nationale qui dépend du Ministère du développent social, nous trouvons trois agences de développement à caractère régionel.il s’agit des agences de la promotion et du développement des régions du sud, du nord, et de l’oriental qui dépend de la primature. Visant le développement des régions concernées, le champ d’action de ces agences se croise avec celui de l’ADS dans la mesure où leur intervention engendre une incidence directe sur les objectifs de celle. Dans le même esprit, les régions sont aussi impliquées dans la promotion et le développement économique et social de leurs territoires. Cette situation nous invite à s’interroger sur les mécanismes institutionnels mis en œuvre pour garantir la cohésion de l’ensemble de leurs actions. D’autre part, l’entraide nationale136et la Fondation Mohammed V ont une tendance essentiellement à caractère solidaire et charitable. Etant donné, que l’entraide nationale a été créée en premier en 1957, nous pouvons se demander dans ce cadre, sur l’intérêt derrière la création de la fondation Mohammed V pour la solidarité, puisque les deux entités sont investies presque des mêmes objectifs. 135 - www.social.gov.ma L’Entraide Nationale est chargée de dispenser l’aide et l’assistance sous toutes ses formes aux populations démunies et de concourir à la promotion familial et sociale. www.entraide.ma 136 125 B-Points de ressemblances et de dissemblances. L’analyse des missions des objectifs révèle que les objectifs des intervenants sont aussi bien variés que différents. Cela signifie que chacun de ces intervenants vise des objectifs qu’il s’est approprié. En effet, certains acteurs visent un seul objectif prioritaire. Il s’agit en l’occurrence des départements ministériels, tels que le ministère de santé, de l’éducation, de l’habitat, et de l’emploi. Ces départements ministériels ont donc une vision sectorielle. D’autres intervenants disposent d’une vision plus ou moins globale et transversale, le cas du MDSFS. Ce que nous pouvons déduire de ces comparaisons est que l’entraide nationale et la fondation Mohamed V pour la solidarité ciblent presque les mêmes objectifs, à savoir la solidarité, l’assistance familiale, l’entraide, la charité, la lutte contre la pauvreté, et l’amélioration d’accès aux services sociaux de base, notamment l’adduction en eau potable, l’éducation, l’alphabétisation et les soins de santé. En ce qui concerne l’INDH137 sa conception et sa mise en œuvre ont insisté sur l’objectif qui consiste à dépasser et à opérer une rupture définitive avec les visions sectorielles et centralisées. Cela n’est plus possible que par la présence d’une coordination aussi bien au niveau central qu’au niveau local. La fonction de mise en synergie des actions qui rentrent dans le cadre de l’INDH, sont l’œuvre de la coordination nationale de développement humain. En effet, la majorité des intervenants visent à la fois la même préoccupation, à savoir la lutte contre la pauvreté, l’exclusion, et la précarité. Mais cette vision ne donne pas lieu à une concertation et à une coordination des actions, puisque chacun a tendance à entreprendre ses actions de façon autonome sans pour autant impliquer les autres acteurs. De même, les collectivités locales ne placent pas la lutte contre la pauvreté parmi leurs priorités dans le cadre du plan économique et social. Elles se focalisent cependant, sur le renforcement de l’accès aux services sociaux de base. Ce n’est qu’avec le lancement de l’INDH que les collectivités locales ont commencé à s’impliquer dans des programmes de lutte contre la pauvreté. En effet, le cadre institutionnel et réglementaire est arrêté par un ensemble de textes d’application générale ou spécifiques précisant les rôles des différents acteurs 137 -www.indh.org.ma 126 institutionnels ainsi que les modalités de création et de fonctionnement des entités de l’économie sociale et solidaire. Parmi ces textes nous citons : La nouvelle constitution qui renforce le rôle des associations dans le cadre de la démocratie participative (implication des programmes de développement, instauration du conseil consultatif de la jeunesse et de l’action associative) ainsi le décret n°2-02-638 du 9 rajeb 1323 (17septembre 2002) fixant les attributions et l’organisation du Ministère de l’économie sociale, des petites et moyennes entreprises et de l’artisanat. La note du Premier ministre n°7 du 27 juin 2003 définissant la politique de partenariat entre l’Etat et les associations, les dahirs et décrets relatifs aux attributions et à l’organisation des départements ministériels, collectivités locales et organismes et établissements publics. Le Dahir n° 1-58-376 du 3 Joumada I 1378 (15novembre 1958) réglementant le droit d’association tel qu’il a été modifié et complété ainsi que les textes applicables à des associations particulières :Micro crédit :Une institution de micro finance peut avoir différents statuts (projet, association/ONG, mutuelle/ coopératives, société anonyme, institution publique). Le choix du statut sera déterminant pour le type d'organisation. Pour les modalités de prise de décision et donc pour la gouvernance de l'institution. Les statuts principalement rencontrés sont caractérisés par un niveau de formalisation plus ou moins important (du projet à la banque, allant du champ du public au privé, en passant par l'associatif et le coopératif). Pour les association/ONG/ fondation : organisation à but non lucratif. Ce type d'institution ne peut pas collecter d'épargne. Dans le cas où la collecte existe, c'est une tolérance en l'absence de cadre juridique pour la micro finance138, quand à la Mutuelle / coopérative : institution détenue par les membres qui sont bénéficiaires directs des services d'épargne et de crédit proposés. Sans oublier le dahir n°1-57-187 du 24 Joumada II 1383 (12novembre1963) portant statut de la mutualité tel qu’il a été modifié et complété et le dahir n°1-83-228 du 9 moharrem 1405 (5octobre 1984) portant promulgation de loi n°24-83 fixant le 138 - le secteur du micro crédit au Maroc : évaluation et étude de cas par Mohamed Faska , section 3 les institutions de la micro finance tendance et viabilité . Université Moulay Ismail Meknès 2006 127 statut général des coopératives et les missions de l’office de développement de la coopération telle qu’elle a été complétée et modifiée. De même, les textes réglementant la gestion financière de l’Etat ainsi que le contrôle des organismes bénéficiant du concours de l’Etat ou des collectivités locales, les textes d’application générale (réglementaires régissant l’utilisation de la main d’œuvre et la sécurité sociale, code des impôts…)et enfin, les conventions passées dans le cadre de la coopération internationale. II/Les départements Ministériels : Le Ministère Délégué auprès du premier Ministre chargé des affaires Générales et de la gouvernance ayant pour mission l’élaboration et la mise en œuvre de la politique du gouvernement dans le secteur l’économie sociale. Les attributions de ce département visent à harmoniser et faire converger les programmes publics en matière d’économie sociale et solidaire, faciliter l’émergence d’une économie performante et structurée ayant toutes les chances de croissance et de pérennité , renforcer la contribution du secteur dans les efforts d’emploi et dans la promotion des ressources et des savoirs faire locaux. La réalisation de ces objectifs ne peut se faire qu’à travers les mesures suivantes :la valorisation et la promotion des produits solidaire , la réalisation des études, l’adaptation du cadre législatif et réglementaire, encourager et accompagner les initiatives locales, faciliter l’accès des acteurs coopératif, la sécurité sociale, et la couverture médicale , développer les outils de suivi et d’évaluation. Parmi les chantiers de ce département139 : l’adoption du nouveau projet loi pour les coopératives, un autre projet de loi encadrant le commerce équitable, le renforcement des capacités de l’ODECO , le suivi des PDRES , l’élaboration des programmes d’accompagnements des nouvelles coopératives. 139 - www.ministère des affaires générales et de la gouvernance.com 128 La contribution de ces dernières au programme d’élimination des sacs en plastique ainsi la mise en place d’un observatoire et des systèmes d’information géographiques, l’ouverture des branches pour la formation académique enfin, l’élaboration du partenariat avec les organismes publics : ODECO, Agences de développement, entraide nationale, office national des aéroports, office de commercialisation et d’exportation, sans oublier le partenariat avec le secteur privé :les grandes surfaces marjane, label vie, Aswak essalam, centre des jeunes entrepreneurs ainsi le partenariat avec les univérsités :de cadi Ayyad de marrakech et Hassan premier de Settat. Les autres départements ministériels sectoriels concerne : les collectivités locales et établissements publics ayant pour mission l’élaboration et la mise en œuvre des politiques et des programmes de développement concernant leurs domaines respectifs d’intervention. Bref, les départements ministériels ayant des attributions réglementaires :le département de l’emploi, le Ministère de l’économie et des finances, le Ministère de l’intérieur, le Ministère de la justice , le Secrétariat général du gouvernement , Les conseils prévus par la constitution et les textes réglementaires ayant un rôle consultatif, les fédérations professionnelles dont la création est prévue par les textes réglementaires et enfin la coopération internationale Les attributions de ces intervenants sont présentées ci-après : pour les organismes publics :Il s’agit de l’office de développement de la coopération et des institutions non gouvernementales. L’O.D.EC.O140 fût crée en 1975 en vertu du Dahir portant loi du 23 Novembre de la même année. Il était sous tutelle du secrétariat d’Etat au plan et au développement régional et a gardé les mêmes caractéristiques juridiques que le B.D.CO. Signalons que l’O.D.EC.O est régi par la loi n°24-83 au même titre que les coopératives. L’office de développement et de la coopération est également habilité à s’assurer que les coopératives et leurs unions sont gérées conformément aux dispositions des lois et textes les régissant. 140 - O.D.CO « guide des organismes d’appui aux coopératives au Maroc », page 16, Année 2005 129 Cet établissement, doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière, est placé sous la tutelle administrative du Premier Ministre ou l’autorité gouvernementale déléguée par lui à cet effet. Toute enquête sur les coopératives et associations doit donner lieu à l’établissement d’un rapport qui doit être déposé auprès de l’office du développement de la coopération141. Lorsque le rapport de l’enquête fait apparaître l’inaptitude des administrateurs, la violation des dispositions statutaires ou des dispositions législatives ou réglementaires en matière de coopération ou une méconnaissance grave des intérêts de la coopérative, l’office du développement de la coopération doit provoquer, dans les 30 jours qui suivent le dépôt du rapport, la réunion de l’assemblée générale extraordinaire de la coopérative à l’effet de prendre les mesures nécessaires pour le rétablissement de la situation. Si, dans les six mois qui suivent la date de la réunion de l’assemblée générale extraordinaire, les mesures prises apparaissent inopérantes, l’ODECO doit proposer, à la demande de l’administration intéressée ou de sa propre initiative, le retrait d’agrément. A- Les missions assignées à ce nouvel établissement L’O.D.E.C.O est chargé de : la centralisation et l’instruction des demandes de constitution des coopératives et de leurs unions et leur transmission pour décision, avec son avis, au ministre de tutelle. -Prêter son concours aux coopératives et leurs unions dans les domaines de la formation, de l’information et de l’assistance juridique, -Centraliser et diffuser la documentation de l’information relative à la coopération, -Etudier et proposer toutes les réformes législatives ou réglementaires et toutes mesures à caractère particulier relatives à la création et au développement des coopératives, -Financer des compagnes de vulgarisation et de formation, 141 - www.odco.gov.ma 130 -Assister les institutions coopératives dans le domaine de la gestion en réglant, à l’amiable, les différends éventuels entres coopérateurs et en s’assurant que ces coopératives et leurs unions sont gérées conformément à la législation en vigueur. -Veiller à la réalisation d’œuvres sociales au profit des coopérateurs. B/ Structures et ressources financières de cet Office L’O.D.E.C.O est administré par un conseil d’administration et géré par un directeur. Ledit conseil est présidé par l’autorité gouvernementale déléguée parle premier ministre. Il se compose de trois catégories d’administrateurs, à savoir : -14 représentants des ministères chargés de l’agriculture, l’artisanat, le commerce, l’industrie, les mines, la marine marchande, l’enseignement primaireet supérieur, l’intérieur, les finances, l’habitat, le tourisme, le travail, et les affaires sociales. -7 directeurs d’organismes publics suivants : la caisse nationale du crédit agricole (C.N.C.A), Interprofessionnel la des Banque Centrale Populaire Céréales et légumineuses (B.C.P), l’Office (O.N.CL), Nationale l’Office de la Commercialisation et d’exportation (O.C.E), - l’Office National des Pêches (O.N.P), l’Office National des Transports (O.N.T) et la Promotion Nationale (P.N). -20 représentants des catégories de coopératives : Céréalières, laitières, agrumicoles, maraîchères, d’élevage, forestières, de l’habitat, de consommation, de commerce de détail, de pêches, minières, artisanales, de transport, etc. chaque nouvelle catégorie de coopératives sera représentée. Notons que ce conseil administratif se réunit deux fois par an. Cette organisation de l’O.D.E.C.O est conçue pour lui permettre de s’acquitter des missions qui lui sont confiées. En outre, l’office adopte une stratégie partenariale et de coopération avec différents acteurs économiques et sociaux aussi bien publics que privés, gouvernementaux et non gouvernementaux, nationaux et étrangers. Il a signé des conventions avec les chambres professionnelles, les institutions de formation, des associations et ONG de développement, des départements ministériels et organismes publics. Le but étant, alors, d’assainir et appuyer les coopératives et leurs unions pour devenir authentiques, autonomes, indépendantes, 131 performantes et compétitives. De même, il vise à travers cette stratégie, la structuration du mouvement coopératif moyennant le renforcement des unions de coopératives existantes et la création d’autres. En outre, l’O.D.C.O vise d’entreprendre des actions de sensibilisation, d’information et de formation concertées pour l’instauration d’une culture de solidarité à performance économique, et l’émergence de l’économie populaire en entreprises participatives structurées. Il faut alors des ressources financières pour que cet office assume ses responsabilités qui semblent susciter des efforts de longue haleine. Les ressources financières de l’O.D.E.C.O : Le budget de cet office est alimenté par 6 ressources qui peuvent être énumérées de la manière suivante :Les produits et bénéfices correspondant à la prestation des services rendus, le produit des taxes parafiscales instituées à son profit ainsi que le solde de liquidation des coopératives et leurs unions objets de dissolution. - Les subventions qui lui sont accordées par l’Etat et les subventions et prêts accordés par des organismes étrangers concourant audéveloppement de la coopération, les emprunts et avances autorisés par le Ministre des finances. - Les revenus des biens meubles et immeubles que l’O.D.EC.O est en mesure de posséder , enfin les subventions, dons, legs et produits divers. III-L’organisation institutionnelle : Nous résumons l’organisation institutionnelle dans le schéma suivant : 132 Source : Extrait d’un rapport de stage sur la « Réflexion sur le dispositif institutionnel pour réussir la stratégie de l’économie sociale et solidaire au marc », Ministère des affaires générales et de la gouvernance 2012. Les autres intervenants Institutionnels : Il s’agit des institutions non gouvernementales tels : les fédérations nationales des coopératives et associations ainsi que les départements des secteurs productifs notamment les départements sectoriels (Agriculture, Artisanat, Pêche, Tourisme, Eaux et Forêts, Transport, Energie et Mines, Intérieur…) ainsi que les établissements publics sous leurs tutelle sont pour attributions la proposition, la mise en œuvre ainsi que le suivi des politiques et des stratégies gouvernementales de promotion et de développement de leurs secteurs respectifs. Ces politiques et stratégies font recours, en partie, aux entités de l’ESS pour le ciblage, la promotion et la réalisation des projets territoriaux et de valorisation des potentialités locales au profit des populations cibles. 133 Source : ibidem A/Contributions des départements sociaux: Les départements sociaux ainsi que les organismes sous leur tutelle jouent un rôle particulier vis à vis del’économie sociale et solidaire. Il s’agit du Ministère du développement social, de la famille et de la solidarité et du Ministère de la jeunesse et des sports. Le MDSFS envisage dans le cadre du projet de qualification des associations , la création d’un conseil national des associations dont l’objectif sera de contribuer au renforcement du mouvement associatif national afin de contribuer efficacement au développement global du pays ,elle est chargé de la conception et de la mise en œuvre de la politique gouvernementale de développement social :promotion de la famille, et de la lutte contre la pauvreté, l’exclusion sociale et la vulnérabilité (femmes, enfants, et handicapés). Le Ministère de la jeunesse et des sports a pour mission d’élaborer et de mettre en œuvre la politique gouvernementale dans les domaines de la jeunesse et de la. 134 Les établissements publics : ayant un rôle significatif au niveau del’économie sociale et solidaire sont les suivants : Entraide nationale et l’Agence de Développement social puis les agences territoriales de développement. L’entraide Nationale ayant pour mission d’apporter de l’aide et de l’assistance aux populations en situation précaire et de concourir à la promotion familiale et sociale. Quand aux agences territoriales de développement ont pour mission le développement économique et social intégré dans leurs zones d’intervention, notamment à travers :La proposition, aux autorités compétentes des programmes intégrés, la recherche, la contribution et la mobilisation des ressources financières au profit des régions, la mise en œuvre et le suivi pour le compte de l’état des programmes intégrés ou des politiques sectorielles, la participation à l’aménagement et à l’équipement des zones dans le cadre d’un partenariat avec l’état ou les collectivités locales :(14 régions, 75 provinces et environ 1400 communes) ont pour mission entre autres, la proposition et la mise en œuvre des programmes locaux de développement économique et social), dans ce cadre les régions assurent, par ailleurs, la promotion et la coordination de la mise en œuvre des programmes régionaux de développement de l’économie sociale et solidaire. -Haut Commissariat au plan : est un département d’études et de recherche, il est notamment chargé de la production de l’information statistique économique, démographique et sociale, de la centralisation et exploitation des données statistiques ayant des sources administratives diverses, de l’harmonisation du système statistique national :normalisation des concepts, méthodologie…, de l’élaboration de la comptabilité nationale, de l’élaboration des comptes satellites : tourisme, ISBL (en cours), de la réalisation des études de conjoncture, de cadrage macro-économique et de prospective : conditions de vie des ménages, recherches démographiques…. Le département de l’emploi est chargé de l’élaboration, de la mise en œuvre, du suivi et de l’évaluation de la politique du gouvernement concernant la protection et la prévoyance sociales des travailleurs notamment, au niveau de la promotion de l’action sociale en faveur des travailleurs. En outre, La CNSS, sous tutelle du département de l’emploi est chargée de la gestion des prestations de prévoyance en 135 faveur des travailleurs du secteur privé y inclus les salariés des associations, mutuelles et coopératives. Dans le cadre de ses attributions en relation avec l’économie sociale, le Ministère de l’intérieur est chargée de la réalisation des enquêtes préalables lors du dépôt des déclarations de création des associations ou de demande d’agrément des coopératives, du contrôle du respect de la réglementation par les associations, de la réception des déclarations d’appel à la générosité publique ou de dons étrangers aux associations. Quand au Ministère de l’économie et des finances : les inspecteurs des finances exercent le contrôle de la comptabilité des associations recevant des subventions d’une collectivité publique ainsi que celle des associations recevant des aides étrangères (budget, fiscalité, subventions…) Le secrétariat général du gouvernement : Au niveau de l’économie sociale, il est chargé :du contrôle de l’application de la réglementation par les associations, de la mise en place d’un système national d’information des associations en coordination avec les départements ministériels, de l’instruction des demandes des associations pour la reconnaissance d’utilité publique, de la réception et instruction des déclarations d’appel à la générosité publique par les associations, ainsi que les dons étrangers aux associations. Au niveau de l’économie sociale, le Ministère de la justice est chargé de la réalisation des enquêtes préalables par le requet auprès des tribunaux de première instance lors de la réception des déclarations de création des associations. Ministère de tourisme : à travers sa stratégie visela mise en place de pays d’accueil touristiques (PAT) animés par des organisations de l’économie sociale. Ministère de l’industrie du commerce et des nouvelles technologies : pour le programme Rawaj A coté de la grande et moyenne distribution, le programme accorde une importance particulière au développement du commerce de proximité. Les délégations provinciales et régionales de l’artisanat, de l’agriculture, du tourisme Et la fondation Mohamed VI pour la solidarité sont tous des partenaires contribuant dans l’économie sociale, sans oublier l’office de développement et de la coopération : ayant pour mission l’Accompagnement et l’encadrement des coopératives œuvrant dans les divers secteurséconomiques, ainsi leCentre Régional 136 d’investissement pour certaines régions tel Tanger-Tetouan ; Les Wilayas et les Divisions de l’action Sociale en charge de l’INDH ;Les conseils consultatifs : les attributions des conseils consultatifs en relation avec l’ESS sont les suivants : le Conseil Economique et Social, chargé notamment, de la formulation des avis sur les orientations générales et des propositions, des analyses des conjonctures et du suivi des politiques économiques et sociales. Le Conseil consultatif de la jeunesse et de l’espace associatif : chargé de la promotion de la vie associative et de l’intégration des jeunes dans la vie sociale et économique. Le conseil Supérieur de la Mutualité : chargé de la formulation des avis et des propositions concernant le fonctionnement et le développement du secteur mutualiste. Le Conseil consultatif du Micro crédit :chargé dela formulation des avis et despropositions concernant la création et le fonctionnement des associations du micro crédit. -Les Universités et leurs rôles :l’économie sociale au Maroc, contrairement à celle d’autres pays, reste le parent pauvre de la recherche scientifique de la formation universitaire. Des initiatives ont été mises en place par des universités, mais elles restent encore dépendante des potentialités offertes dans ce cadre. Parmi ces initiatives, nous pouvons citer les suivantes :Université Mohammed V Agdal rabat qui vient d’instaurer un master sur le développement social, l’université Ibn Zohr d’Agadir visant l’instauration d’une licence professionnelle sur le thème de « valorisation des produits de terroir et de savoir-faire locaux dans le sud marocain »et l’Université Hassan II de Settat visant l’instauration d’un master en économie sociale et solidaire, Réalisation des études et recherches concernant l’approche participative dans le cadre de l’INDH et des plans communaux de développement, Organisation de colloques : ESS théorie et pratique, fiscalité solidaire, participation à l’élaboration de la stratégie de la lutte contre la précarité dans la région. L’Université Cadi Ayad Marrakech : instauration de deux licences professionnelles : Assistant socioculturel et agent de développement social, 137 constitution d’un groupe de recherche en partenariat avec les acteurs locaux de l’économie sociale. Les Agences de coopération internationales : elles apportent une aide financière ou sous forme d’une assistance technique PNUD, USAID, BM, UE, ACI, FAO, AFD, ONUDI,FNUAP : Ces agences interviennent, en générale selon les deux modalités suivantes :soit dans le cadre des programmes de développement économique et social faisant l’objet des conventions avec l’état marocain et en partenariat avec les départements ministériels ou les organismes publiques, soit sous forme de soutien direct aux associations marocaines ou aux ONG étrangères partenaires des associations locales porteuses de projets. Dans ce cas, un bilan est transmis annuellement au gouvernement marocain. -L’ORESS (Observatoire Régional de l’Economie Sociale et Solidaire) -Les Organisations non Gouvernementales (ONG) de développement. -Les associations professionnelles et fédérations -Acteurs de la société civile : les porteurs de projets (Activités génératrices de revenu). Dans un contexte caractérisé par une prise de conscience de l’ensemble des acteurs nationaux et régionaux de l’importance du secteur de l’économie sociale dans la création de la valeur ajoutée et de l’emploi, et fruit d’une approche participative, la stratégie nationale de l’économie sociale et solidaire trace une feuille de route pour une action publique concertée et harmonieuse, favorisant la synergie et la complémentarité entre les actions des différents acteurs publics. Dans le but de disposer d’outils de pilotage de ses actions et surtout les outils d’évaluation de la politique publique en matière d’économie sociale et de la contribution du secteur au développement économique et social du pays ou des territoires, le Ministère concerné envisage, de mettre en place un observatoire de l’économie sociale et solidaire.L’étude vise la mise en place de ce dernier et d’établir un mode opératoire pour son fonctionnement, sur la base d’un diagnostic de l’existant et des besoins en information et d’une analyse des expériences internationales réussies en la matière. B-Etude de mise en place de l’observatoire nationale de l’économie sociale. 138 Le projet de l’observatoire de l’économie socialedoit constituer un outil de pilotage des actions, et surtout un outil d’évaluation de la politique publique contribuant au développement économique et social du pays ou des territoires. Il doit représenter un espace multidisciplinaire avec plusieurs objectifs notamment : la collecte, centralisation des données sur le secteur de l’économie solidaire, structuration, mise en forme, publication et diffusion des informations ;analyse des données collectées, suivi et évaluation des politiques publiques ;évaluation de la contribution du secteur au développement économique et social du pays, évaluation de l’impact du secteur sur les conditions de vie des populations, animation d’un réseau de réflexion et de recherche développement sur le secteur A cet effet, l’observatoire doit assurer de façon systématique le suivi d’un ensemble d’indicateurs significatifs, issus en partie de la stratégie nationale du développement de l’économie solidaire et des stratégies sectorielles territoriales et la centralisation des données disponibles permettant d’apprécier l’activité du secteur et de son impact, de mesurer l’emploi , les innovations, et les expériences réussies, l’observatoire doit passer des conventions de partenariat et de coopération avec des administrations publiques et d’autres entités éventuellement étrangères. L’approche méthodologique adoptée pour la conduite de cette étude est composée de trois phases essentielles : Phase 1 : cadrage méthodologique : le but attendu de cette phase est de créer les conditions nécessaires pour la réussite de l’intervention, de mener des investigations auprès des acteurs en relation avec l’ESS, les outils à utiliser, informer sur les moyens matériels et humains à mobiliser. Phase 2 : Diagnostic de l’existant :donnera un aperçu sur le secteur de l’économie sociale, décrira l’environnement d’évolution du secteur, formalisera et a analysera les stratégies d’interventions des pouvoirs publics, présentera et analysera des expériences étrangères, donnera une cartographie des systèmes d’informations sur le secteur, élaborera un recensement et structuration des besoins à satisfaire et des attentes vis-à-vis de l’OESS (fonctions et activités à développer, nature des informations à collecter, à analyser…), élaboration des conclusions 139 finales et proposition des orientations à retenir pour la dernière phase de conception142. Phase 3 : conception de l’observatoire : sur la base des résultats de la phase précédente, cette phase a pour objet de proposer des scénarii en matière de développement et de mise en place du futur observatoire de l’économie sociale en vue d’effectuer des choix et d confirmer les orientations. b-1Statut juridique. L’ONESS constitue une unité organisationnelle intégrée dans la structure du conseil national des chambres régionales de l’économie sociale. Ce conseil composé des différentes chambres régionales de l’économie sociale dispose d’un statut d’association conformément à la loi 1901. Le plan d’action et les activités développées par l’observatoire sont arrêtés par un comité de pilotage, des publications régulières et axes d’étude sont ainsi programmés. L’ONESS, peut être sollicité par les acteurs pour la conduite d’études entrant dans le champ de l’économie solidaire. L’observatoire a développé des relations de partenariat, notamment, pour l’échange d’informations, avec les différents acteurs régionaux et nationaux de l’ES. La plupart des partenaires sont représentés dans les instances de l’observatoire, ce dernier b-2-Le mode de fonctionnement de l’observatoire : Il consiste à réaliser des enquêtes spécifiques : enquête nationale auprès des dirigeants de l’ESS pour évaluer les taux de renouvellement des postes, les métiers les plus touchés et les besoins des dirigeants pour y faire face. Enquête auprès des établissements employeurs de l’économie sociale pour l’identification de leurs besoins en emploi lies aux départs en retraite d’une part importante des effectifs salariés. Enquête sur les pratiques de la gouvernance au sein des associations. Analyse du fonctionnement des organisations de l’économie sociale, évaluation d’impact. 142 - Ministère des affaires générales et de la gouvernance. Etude pour la mise en place d’un observatoire de l’économie sociale et solidaire Phase de diagnostic. Manal Management, Rapport final de diagnostic (P : 72/119) 140 Bref, l’observatoire collecte, traite et diffuse de l’information après sa publication dans le site internet, à travers l’organisation des événements tel le mois de l’économie sociale, séminaires et conférences, rencontres pour présenter les résultats d’études et enquêtes143. Financement :Le financement provient des différents partenaires du Conseil National des Chambres régionales de l’économie sociale, telle que :L’association des régions de France, les banques, Mutuelles et Assurances appartenant à l’ESS, les conseils régionaux, ainsi les recettes générées par des commandes d’études144. Section2 :Cadre stratégique de l’économie sociale et solidaire L’analyse de l’ensemble des stratégies des différents intervenants nous permet de dégager les dysfonctionnements et les anomalies sectorielles, Dans le même sens, nous remarquons que chaque intervenant essaie d’élaborer sa propre stratégie conformément aux objectifs qu’il se fixe selon sa propre hiérarchisation des priorités. Ceci témoigne de l’absence d’une stratégie globale, concertée et intégrée du développement social au Maroc. Cette situation est corroborée par les déclarations des responsables approchés dans le cadre de la présente étude. Chaque intervenant s’ingénie à défendre et à protéger son domaine de compétence, tout en se contenant d’utiliser les moyens mis à sa disposition ce qui handicape sérieusement l’action d’ensemble. Cette manière d’agir permet à l’organisme en outre, d’assurer son existence sur l’échiquier institutionnel et de conforter sa position. Cet état de fait, engendre une concurrence extrêmement forte entre ces intervenants, mais elle ne se répercute pas hélas, toujours positivement sur le développement social. Cette situation engendre souvent des financements croisés des projets de même nature dans un même territoire. Elle entraine également, une dispersion des efforts et une perte de temps, ce qui se répercute négativement sur l’inclusion sociale des populations ciblées. L’analyse des stratégies, nous permet de les décomposer selon leur priorité en trois formes. D’abord celle qui vise la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale, ensuite les stratégies ayant comme principale priorité, la solidarité, le soutien et l’assistance. 143 144 Ibidem (P : 76/119) www.affaires-generales.gov.ma 141 Enfin, les stratégies qui visent la promotion et le développement des AGR entrainant l’amélioration du niveau de vie des bénéficiaires. A propos de la participation et du partenariat, certains intervenants préconisent la participation de tous les acteurs concernés par le développement social par le renforcement des mécanismes de partenariat. Cependant, cette tendance se heurte à des difficultés au niveau de la mise en œuvre des stratégies. Cela veut dire que sur le terrain, chaque acteur conduit sa stratégie d’une manière autonome et isolée sans faire appel aux autres acteurs sociaux. De même, les coopératives et les associations ne travaillent pas généralement en réseau et la culture de coopération et de collaboration entre ces organisations est souvent absente dans les faits. Or le travail en réseau est l’un des moyens qui permet de renforcer et d’améliorer leurs performances et même d’assurer leur pérennité. Cette réalité traduit et incarne un manque ou une insuffisance de coordination et de convergence des programmes, ce qui nuit aux performances de l’output social. Cette situation peut contrecarrer la bonne conduite et la réussite de la stratégie de l’économie sociale et solidaire dans sa globalité. D’où l’intérêt d’identifier les causes du déficit institutionnel à travers l’outil « SWOT » qui répond au mieux à la nature et à l’exigence de la problématique. SWOT :Mot anglais, abréviation de (Strengths- Weaknesses- Opportunities- Threats) et qui veut dire (forces-faiblesses-opportunités-menaces) Tableau n°2 Résumé du cadre institutionnel de l’ESS . 142 Forces Faiblesses -Quadrillage du champ de l’ESS par les acteurs institutionnels. -Manque /insuffisance des mécanismes de coordination entre les différents acteurs. -Architecture institutionnelle diversifiée (multitudes d’acteurs et de programmes) -Coordination peu développée entre les différents niveaux de la gouvernance. -le ciblage des milieux urbains, périurbains et ruraux. -Déconcentration et décentralisation limitée (initiatives des services déconcentrés et des collectivités locales freinées par la hiérarchie et la tutelle) - une ingénierie sociale très peu développée -Faiblesse de la culture locale chez les acteurs. -Insuffisance de l’ancrage des institutions dans leur environnement. Opportunités Menaces -Nouvelle charte communale. -Instabilité sociale -Nouvelle approche budgétaire axée sur le résultat -Dégradation du classement du Maroc en termes d’indicateurs du développement humain. -Nouvelle philosophie instaurée par l’INDH -Aggravation des inégalités sociales, spatiales et de genre. -Cadre législatif favorisant la création des associations. -Insatisfaction des populations par rapport aux services rendus par l’administration publique. -Projet de régionalisation avancée. -La régulation des coopératives par l’ODECO -Nouvelle réglementation des marchés publics. -Moralisation de l’action publique (mise en place de l’instance centrale de lutte et de prévention de la corruption) En somme, il s’avère que le cadre institutionnel145, rencontre une multitude de contraintes, parmi lesquelles, nous pouvons indiquer ce qui suit : 1-Identification de certaines causes de la défaillance institutionnelle. Le déficit social accumulé couplé à l’effritement du dispositif institutionnel encadrant l’économie solidaire, place les premiers jalons sur la voie de l’identification de certains motifs de cette défaillance. A cet égard, les recherches documentaires effectuées basées sur l’analyse comparative ont permis de toucher certains éléments de base conditionnant la cohérence et l’efficacité des structures institutionnelles. 145 - Réflexion sur le dispositif institutionnel de l’économie solidaire au Maroc (P :12) réalisés par Hajraoui Abdelouahid et Laagouzi loukmane . Institut supérieur d’administration. Novembre 2010 143 Partant de là, leur confrontation avec l’existant a permis de dégager certaines raisons qui témoignent de l’imperfection du dispositif adopté. Il s’agit d’abord, de l’insuffisance du degré d’enracinement des institutions dans leur environnement. Ensuite, de la faiblesse de l’appréhension de la dimension locale et enfin, des limites du dispositif de convergence initié dans le cadre de l’INDH. L’économie sociale et solidaire n’est plus perçue comme une alternative conjoncturelle ou une mesure éphémère réparatrice des ratés de l’état et des carences du marché. Elle est considérée bien au contraire comme un vrai levier du développement et une prévalue indéniable créatrice de richesses. Cette donne devient perceptible lorsqu’on interroge les institutions non pas en tant qu’organisation de structures mais en tant qu’entité qui réagit avec son environnement dans sa dimension globale. En effet, l’infrastructure institutionnelle ne peut être révélatrice d’enseignements dignes d’intérêt que si elle est appréhendée dans sa relation la plus étroite possible avec les interactions entre les individus et les relations qu’ils tissent avec leur milieu. C’est l’un des fondements de base de l’approche institutionnaliste 146 qui associe l’interprétation du développement des économies à l’évolution des institutions et les changements qu’elles subissent. A cet égard, les constats et conclusions tirés de l’étude du dispositif institutionnel et sa contribution dans les performances ou sa responsabilité dans les déficits enregistrés, ne s’avèrent significatifs que si tous les secrets relatifs aux motivations et au contexte de leur création sont percés. Cela revient à dire que les considérations objectives mais aussi parfois subjectives liées à chaque création sont censées être dévoilées. Il reste donc à évaluer la capacité de cette dynamique créatrice de structures à tenir compte de l’impératif de traduire fidèlement lesrelations entre les individus et refléter objectivement leurs préoccupations mais aussi leur identité. Les individus vers qui toute politique publique doit être tournée, exigent à priori, que ses instruments institutionnels soient le miroir de leurs inspirations et le reflet de 146 Oana Ailenei : le rôle de l’économie sociale dans les dynamiques socioéconomiques locales, constitution d’un modèle d’analyse et de comparaison intra-européen. Université des sciences et technologies de Lille, faculté des sciences économiques et sociales Lilles 1, 2007 144 leur identité. Ceci conditionne dans une large mesure le succès ou l’échec de cette politique. Or les constats tirés de la section précédente montrent que les institutions instaurées ne répondent pas à cette logique. Elles ne constituent pas de ce fait, le fruit d’une dynamique sociale incluant toutes les composantes de l’équation sociale dans ses infimes détails et ses aspects les plus nuancés. Les individus dans leurs relations mais aussi les groupes dans leurs attentes, ne se voient pas représentés par ce dispositif qui éprouve toutes les difficultés pour les exprimer. Il s’est limité par conséquent à un rôle mécanique loin de toute approche interactive. Et les résultats corroborent cette tendance puisque le déficit social a atteint des proportions alarmantes. Car les approches managériales malgré leur efficacité confirmée, restent insuffisantes si elles ne s’appuient pas sur des institutions en parfaite adéquation avec leur environnement. D’où l’urgence de développer l’économie par la compréhension des phénomènes sociologiques à la base de la création des institutions. Aucun grand intérêt ne sera tiré d’une recommandation allant vers la dissolution d’une entité, la fusion entre d’autres ou même le recours à un département incarnant l’économie sociale et solidaire dans tous ses aspects, sans passer d’abord par l’approche institutionnaliste. Cette démarche procure la légitimité nécessaire au changement et permet de dissuader les réticences et les blocages. L’heure est à l’intégration politique par les rapprochements économiques qui constitue un gage de sécurité et un signe de force. De ce fait, nous voyons mal comment le champ institutionnel de l’économie sociale et solidaire au Maroc pourrait résister à cette dynamique. En définitif, la prédominance centraliste du système de gouvernance de cette économie ne conforte guère l’émergence des institutions à partir de leur environnement. A ce propos, l’adéquation entre le processus d’édification institutionnelle et l’évolution sociologique est le meilleur gage de la performance de la politique sociale. Aussi, l’amélioration des résultats est largement tributaire de la valorisation de l’approche locale. L’économie socialeet solidaire est étroitement liée à la dimension locale laissant croire à leur fusion. Ils se confondent jusqu’à voir leurs destins se croiser. En fait, les 145 fondements et les principes de base de cette discipline s’abreuvent des spécificités locales, sans lesquelles elle ne peut ni survivre ni perdurer. La culture de solidarité, d’entraide, de complémentarité et d’assistance mutuelle en quête d’un objectif commun, ne peut s’affirmer d’abord que dans la commune ou le quartier qui constituent la cellule de base à partir de laquelle sont servis les autres niveaux de l’organisation territoriale. Car la commune ou le quartier ne peuvent en aucun cas être considérés comme des lieux d’exercice des activités routinières ou de loisirs, mais bien au delà de cet aspect superficiel, un espace d’échange d’opinions, d’expressions de besoins, de concertation, de prise en conscience de l’identité et du raffermissement de l’esprit de solidarité. De ce fait, l’aspect institutionnel ouvrant pour la performance est appelé à obéir aux impératifs et à la volonté de la dimension locale. La prise en compte du contexte local en termes de déficit, de temps, de lieu et des spécificités situationnelles afin d’élaborer des solutions pratiques, reste le meilleur moyen pour résoudre la problématique liée à la mise en œuvre des politiques publiques. De surcroit, cet espace constitue un champ propice pour l’observation et un vrai laboratoire d’expérimentation des idées ingénieuses qui incarnent les coutumes et structures locales. Il offre en outre, les meilleures garanties pour assainir les relations sociales, instaurer un système de valeurs moralisant les échanges et libérant les initiatives au service de la collectivité. Dans ce contexte, l’artisanat147donne les meilleurs exemples de l’application, de la patience, de la créativité mais surtout de la fidélité et de l’amour de cette activité qui constitue plus qu’un métier mais une réelle passion. De même l’attachement de l’agriculteur à sa terre dépasse de loin le cadre d’une simple activité génératrice de revenu, mais une vraie raison d’être. Toutes ces vertus sont censées enrichir le quartier ou la commune car l’économie peut être stimulée par une bonne compréhension des phénomènes et des interactions sociologiques débouchant sur de forts liens de solidarité, de concertation et de démarches participatives. Toutefois, à cause de la dérégulation du système de valeur due à des ruptures exogènes et des facteurs endogènes, le paysan n’hésite pas à fuir sa terre avec les 147 - Bernard Zarca : une légitimité remise en question. L’artisanat et ses valeurs 14 novembre 1986. 146 signes de la première sécheresse et l’artisan a maintenant plus la tendance à privilégier le profit avant toute autre considération de même, par perte de confiance , absence de modèles et manque de repères , la solution individuelle prend le dessus et devient fortement préférée à la solution collective renforçant ainsi l’égoïsme et le manque de scrupule qui ébranlent l’esprit d’entreprendre répartissant pauvreté et exclusion. Par ailleurs, un regard comparatif sur l’évolution institutionnelle opérée dans notre pays avec des situations analogues dans d’autres pays développés dans ce domaine sont révélatrices d’enseignements. Elle dévoile à première vue la rupture dans la compréhension et le développement des structures locales révélant une grande disparité entre le centre et la périphérie sujette à toutes les formes d’exclusion. En effet, durant la période coloniale148les structures locales n’ont été approchées que par souci sécuritaire loin de toute vision de développement. Cette situation est à la base de la rupture du processus évolutif de ces entités et même de leur déformation, ce qui ne les a pas qualifiés à jouer le rôle central qui leur est dévolu. En plus, la dynamique de développement initiée après l’indépendance n’a pas connu un grand succès par défaut d’adaptation aux réalités locales. Alors que la trajectoire de l’évolution des concepts de l’économie sociale et solidaire dans un pays comme le Canada, a poursuivi son évolution sans rupture selon le même rythme imprégné à la construction institutionnelle, en mettant l’accent naturellement sur le développement des territoires149. De ce fait, l’émergence d’une gouvernance locale forte capable de piloter les projets, mais surtout de continuer à favoriser la consolidation de l’esprit de solidarité, a permis à cet espace de devenir une réelle locomotive de développement. Ainsi dans l’esprit des citoyens de ce pays par exemple, mais aussi de son élite, le renforcement de la dimension locale est un acquis des plus naturels qu’ils ne cherchent pas à démontrer ou à justifier mais qu’ils vivent et pratiquent. Par une approche participative, ils ont édifié un espace largement homogène et dynamique ou le tissu associatif, véritable pilier de l’économie sociale et solidaire est profondément ancré et dans lequel l’élu est issu de la conscience solidaire qu’il cherche à consolider étant imprégné de ses vertus. Cet élan qui impose son ascendance sur le système institutionnel qu’il instaure et non le contraire, est à la 148 -Georges Balandier : la situation coloniale : approche théorique. (P/192), 2001. Lors de la conférence animée par Jean Paul L’allier, le 16 septembre 2010 à l’ISA sur le thème : « Gestion d’une métropole et la régionalisation ». 149 147 base de la création de ses institutions. Car l’alternative économique portée par l’économie sociale de base sur l’innovation sociale qui suppose la recherche du nouveau dans la satisfaction des besoins, mais aussi par l’innovation dans les relations sociales. Elle signifie encore l’élargissement de l’approche participative qu’il s’avère pratique de la promouvoir grâce notamment, aux comités de quartier ou les modes ancestraux enracinés dans le milieu rural. Toutefois, et en dépit de la tendance amorcée par l’INDH ; visant la revalorisation de la dimension locale pour un meilleur ciblage de l’action sociale, celle-ci présente encore plusieurs limites. 2-Le dispositif de convergence de l’INDH :Approche novatrice appelée à dépasser ses limites. La dynamique initiée par l’INDH s’est basée sur une nouvelle forme de gouvernance qui s’inscrit dans l’abandon de la hiérarchie public-privé et renforce le passage de la verticalité de l’exercice de l’autorité politique à son horizontalité. Elle met aussi l’accent sur l’approche participative puisqu’elle convie les acteurs à des mécanismes permanents de dialogue, de négociations, de consultation et d’ajustement. L’impulsion qui peut être imprégnée de point de vue « gouvernance » se base sur le renforcement des relations entre les intervenants. De ce fait, l’approche initiée par INDH privilégie la participation et la coordination au détriment de la hiérarchie et de la domination. Aussi, l’abandon définitif des modèles stériles qui érigent l’état en acteur unique de son côté, a contribué largement à la valorisation des autres intervenants pour développer de nouveaux modes d’opérationnalisation des stratégies. Toutefois, et en dépit de l’instauration de certains principes et procédures pour concrétiser cette approche, la conduite de la convergence dans le cadre de l’INDH reste une œuvre particulièrement complexe et présente certaines limites150. A cet égard, la multitude des acteurs dans le domaine de l’économie solidaire constitue un facteur de dispersion des efforts et des moyens mitigeant ainsi les 150 www.indh.ma Année 2008 Rapport sur le développement humain 2008 de l’ONDH Rapport de synthèse élaboré par le groupe d etravail IGAT/IGF ,JUIN 2010. 148 réalisations sur le terrain. Ce constat a imposé à l’INDH d’instaurer des mécanismes pour assurer la synergie et la cohésion des cations entreprises pour atteindre les objectifs assignés tant au niveau des politiques sectorielles que transversales, mais aussi sur le plan local, territorial et central. Mais, la conduite réussie de la convergence ou au moins sa facilitation passe pratiquement par l’accumulation des conditions signalées dans les sections pré cédantes .il s’agit de l’ancrage des institutions dans leur environnement à partir duquel, elles puisent leur légitimité et leur efficacité .de même que le développement de la culture locale et l’attachement à la communauté. Cette démarche combinée, couplée au renforcement de la subsidiarité et l’esprit d’initiative va permettre aux acteurs à tous les niveaux d’accomplir leurs tâches avec plus de confiance contribuant à la réduction de la pauvreté, de la précarité et de l’exclusion par l’intégration réussie des personnes vulnérables et donc, au succès du processus dans sa globalité. Le dispositif de la convergence mis en place dans le cadre de l’INDH inclus les trois niveaux de la gouvernance : le niveau central, local, et territorial et ce, en incluant tous les acteurs institutionnels. (voir annexe 9 qui montre l’organisation et les mission de chaque composante). Le premier niveau de convergence le central : l’INDH a adopté une approche spatiale qui s’articule autour de la commune en milieu rural avec des programmes de lutte contre la pauvreté et le quartier en milieu urbain, à travers la lutte contre l’exclusion. Il s’agit donc du niveau de proximité ou les équipes d’animation communale et de quartier assistent les populations ciblées dans le choix et la conduite de leurs projets, en tant que spécialistes du développement. Le deuxième niveau de convergence est le niveau territorial qui vise la mise en cohérence des services extérieurs des ministères et des établissements publics. il correspond à une échelle administrative de la dimension d’une commune au minimum. Les services déconcentrés font profiter de leur expertise technique en matière d’accompagnement des projets. A l’échelon territorial, le Wali ou le gouverneur dont la personnalité et le charisme pèsent sur l’enracinement des principes de l’INDH, assure la coordination pour échapper à la vision sectorielle en donnant à l’inter ministérialité tout son contenu. Toutefois cet objectif est handicapé du fait de sa dépendance de la 149 personnalité du Gouverneur et par la prédominance de la tendance verticale incarnée par la forte subordination des services extérieurs aux ministères, au détriment de la priorité territoriale. Cet état de fait n’est en réalité que le reflet des problèmes de coordination au niveau central.La convergence au niveau territorial, est aussi assurée par le comité provincial du développement humain dont la composition est tripartite (élus, société civile, fonctionnaires). Mais, cette composition n’est en fait équilibrée que théoriquement et présente l’inconvénient de son application sur le terrain. Ce comité coordonne151 ses actions avec la division de l’action sociale de la province afin d’atteindre les mêmes objectifs de développement. Or, cette division qui joue un rôle axial dans ce domaine, souffre notamment de l’insuffisance des moyens humains. Cette situation se répercute négativement sur sa capacité à assurer le suivi des projets. De même, le comité provincial du développement humain assure parmi ses missions le montage du comité local du développement humain. Mais pour donner un nouveau souffle à la convergence, un comité de suivi a été institué vers la fin de 2007. Il est mandaté pour élaborer entre autre, un projet « convergence » en insistant notamment, sur l’opérationnalisation d’une base de données comportant les projets sectoriels pour éviter une éventuelle reprogrammation. Le dispositif de la convergence dans le cadre de l’INDH n’aurait pas assumé son statut sans la mise sur pied d’un organe central de pilotage incarné par la coordination nationale de cette initiative. En effet, le ministère de développement social est chargé du pilotage et de la coordination intersectorielle en vertu des textes, grâce au comité permanent composé des services de la primature, des ministères de l’intérieur, d e l’économie et des finances, de l’habitat et de l’aménagement de l’espace. Toutefois, cette mission est assurée dans les faits par la coordination nationale implantée au ministère de l’intérieur. Cette situation peut être révélatrice de l’opposition des compétences et de l’écart entre les textes et les faits, et donc de la défaillance du dispositif institutionnel. 151 - Coordination de l’INDH par l’administration centrale, Ministère de l’intérieur Mme Nadira Guermai. Présidente. OANA Ailenei : le rôle de l’économie sociale dans les dynamiques socioéconomiques locales, constitution d’un modèle d’analyse et de comparaison intra-européen. Université des sciences et technologies de lille, faculté des sciences économiques et sociales Lille, 2007. 150 Mais, elle permet d’assurer la liaison verticale avec les Walis et les gouverneurs pour constituer une base de données indispensable à la réalisation de la convergence. Ce dispositif a le mérite de favoriser l’approche participative par l’implication croissante de la population, du tissu associatif et des élus dans le choix et la conduite des projets. Il met en outre un terme à l’illusion qui considère l’état comme le seul acteur en favorisant le partenariat public-privé. De même, il valorise la dimension locale en mettant le quartier et la commune comme pilier du développement local mais aussi territorial et national par l’effet de la tache d’huile. Toutefois, ce dispositif présente certaines carences qui ne peuvent qu’affecter les réalisations. Les entraves qui gênent l’effectivité de la convergence. Certaines lacunes dues à la détermination de la frontière entre urgence et précipitation ont causés quelques désagréments. D’abord, la vitesse d’exécution a privé les services des ministères concernés de la phase de préparation et donc des délais suffisants pour suivre l’élan de cette initiative. Ensuite, le rythme et la portée de la décentralisation et de la déconcentration conditionnent dans une large mesure la réussite de cette œuvre qui se veut surtout locale et territoriale. Ils contribuent entre autre, largement à la résorption des défaillances institutionnelles. Enfin, par défaut d’appréhension de cette initiative, beaucoup d’intervenants réduisent sa portée à la stricte fonction de financement et non à son rôle primordial d’intégration par le travail et la promotion des valeurs de solidarité. En somme, le succès et la pérennisation des projets comme gage de l’intégration réussie des personnes vulnérables, ne doivent pas se focaliser uniquement sur les résultats matériels. Ils sont censés par contre, se tourner vers l’infrastructure institutionnelle et les effets autres que matériels en terme (d’identité, de culture, et savoir faire) qui garantissent réellement la réussite de ces projets. De même l’efficacité d’un dispositif institutionnel n’est pas mesurée par le nombre et la diversité de ses organes, mais surtout par leur coordination et leur cohésion dont l’effectivité est tributaire des liens profonds que tisse le dispositif avec son environnement naturel. CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE : 151 L’économie sociale et solidaire est le fruit d’une vaste mouvance qui s’efforce depuis deux siècles de concilier l’activité économique à la justice sociale. Elle puise ses racines dans les confréries du moyen âge et n’a connu un véritable essor que dans la première moitié du XIX éme siècle face à la brutalité de l’industrialisation. Elle vise La concrétisation du rêve d’une économie à dimension humaine basée sur la réciprocité et les principes de justice et d’égalité. Cette forme d’économie s’est imposée comme troisième alternative, notamment après l’échec du modèle socialiste totalitaire et les défaillances du marché aggravant les inégalités sociales. L’économie sociale et solidaire s’articule autour de cinq principes fondamentaux, il s’agit de la liberté d’adhésion, la non-lucrativité individuelle, la gestion démocratique, l’utilité collectivité et la mixité des ressources. Mais cette apparente communion entre ces deux formes d’économie cache la difficulté de définir chacune des deux composantes. En effet, l’économie sociale s’intéresse davantage à la façon dont elle agit, tandis que l’économie solidaire prête surtout attention à ce qu’elle fait. De même, la manière d’appréhender cette discipline varie en fonction de la tendance culturelle des états pionniers. Au Maroc, l’économie sociale et solidaire a été récemment institutionnalisée pour faire face à un déficit social grandissant matérialisé par l’aggravation de la pauvreté, de la précarité et de l’exclusion. Cette situation s’explique notamment, par les effets pervers du désengagement de l’état manifesté par la réduction drastique des dépenses publiques à caractère social suite aux exigences du programme d’ajustement structurel. De ce fait, et en dépit de nombreuses réformes engagées par les pouvoirs publics, les indicateurs du développement humain ne sont guère encourageants, ce qui exige une forme novatrice d’ingénierie sociale et surtout, une nouvelle approche pour repenser le dispositif institutionnel. 152 Dans ce sens, le déficit social au Maroc n’est guère conforté par le déficit du dispositif institutionnel qui souffre de son côté d’une pluralité largement hétérogène. Cette pluralité a donné des signes de son incapacité à traduire la diversité en atout fédérateur des volontés et des énergies. De ce fait, les mécanismes de convergence mis en place jusqu’à l’heure, ne sont pas loin de tout reproche même si le système de gouvernance prévoit la fonction de coordination et l’attribut au premier ministre. Il l’assure en sa qualité de chef de l’exécutif et président du conseil d’administration des établissements publics. Or, l’accumulation du déficit social pendant plusieurs décennies atteste l’incapacité des stratégies lorsqu’elles existent à le contenir, mais surtout de l’inadaptation du dispositif institutionnel à la complexité du déficit social et ses exigences. L’évolution de l’infrastructure institutionnelle de l’économie sociale et solidaire dans note pays a suivi son cours sans grande interaction avec l’environnement qu’elle est censée encadrée. Elle a porté de ce fait, les éléments révélateurs de ses contradictions et donc de ses limites. A cet égard, la performance économique manifestée par la réussite des projets, leur pérennisation ainsi que l’intégration des personnes ciblées, reste tributaire de la capacité des structures à présenter le meilleur cadre possible pour permettre aux individus de s’exprimer, de se comprendre, se rapprocher pour mieux entreprendre. Cette condition impose le retour aux structures sociales de base et leur réhabilitation pour en puiser les éléments permettant d’édifier un dispositif institutionnel en parfaite adéquation avec son milieu et en totale harmonie avec l’esprit de l’économie sociale et solidaire. Notre patrimoine est riche en matière à développer pour nous doter d’un modèle pionnier dans ce domaine. D’où l’urgence d’agir selon une approche sociologique afin d’ouvrir le chantier de la réforme du dispositif institutionnel de l’économie sociale pour assurer son efficacité sur la voie de la résorption du déficit social. Le tissu coopératif couvre l’ensemble du territoire national sans exception. Néanmoins, ce tissu étant dominé par les coopératives agricoles, sa répartition sur le territoire national se trouve être légèrement en faveur des régions à vocation agricoleSouss-Massa Drâa, Doukkala Abda, l’Orientale et Meknès Tafilalet. 153 En termes d’adhérents, Marrakech Tensift Al Haouz se hisse en premier rang avec 15%, et Tadla Azilal en cinquième avec 10%. Le secteur connaît Une présence significative de la femme :826 coopératives composées exclusivement de femmes, soit 12% du tissu coopératif national, regroupant un peu moins de 20.000 adhérentes (5% du total national).Ces coopératives opèrent essentiellement dans l’agriculture (40%), l’artisanat (35%) la collecte et la transformation d’argan (18%). Quand à l’action associative, initiée par l’Etat à la fin des années 80 du 20 éme siècle en mettant l’accent sur le rôle que peut jouer ce secteur dans le plan quinquennal 1988-1992 en lançant des corporations de développement communautaires locales et régionales, formés par des notables et présidés par des personnalités issues des hautes sphères de l’état. Dans les deux cas l’état cherchait à combler un vide social survenu suite à la mise en œuvre des programmes d’ajustement structurel édictés par le FMI après la crise financière et économique des années 80 du siècle dernier, qui ont imposé des mesures draconiennes pour maitriser les déficits publics et mettre fin au rééchelonnement de la dette extérieur. Ces mesures mal maitrisées par une administration mal préparée pour changer de cap et agir autrement, ont généré une crise sociale sans précédent ayant provoqué des explosions en 1981, 1984, et 1990. la tentative de l’état de combler le vide par des outils associatifs, préfabriqués, a fini par produire l’effet inverse. Ils ont, plutôt accentué les tensions et la contestation. C’est au début des années 90 que les premières initiatives associatives indépendantes, appartenant à une nouvelle génération, ont commencé à voir le jour dans les provinces marginalisées, comme khénifra. L’assistance internationale a contribué, de façon déterminante au développement d’un tissu associatif dédié au développement et à la lute contre la pauvreté y compris les associations opérant dans le domaine du microcrédit . 154 DEUXIEME PARTIE: Insuffisances , limites et perspectives de développement de l'économie sociale au Maroc 155 156 L’économie sociale et solidaire, telle qu’elle a été reprise et conçue pendant les années 80 et 90 du siècle dernier, après avoir été rangée aux oubliettes durant plusieurs décennies, est aujourd’hui présentée par les uns, surtout des groupes alter mondialistes, comme alternative à la faillite social du système capitaliste, la faillite, tout court, des systèmes communistes basés sur le léninisme, et aux limites des expériences menées par les sociaux démocrates rattrapées par les malédictions du capitalisme. Elle est présentée par d’autres comme un tiers secteur, entre privé et public, pouvant participer à la recomposition du système capitaliste en introduisant un nouvel équilibre entre l’économie et la société favorisant l’émergence de nouveaux espaces de solidarité et surtout, à créer des emplois permettant aux exclus de générer des revenus leur garantissant des chances de vivre décemment. Au Maroc, comme dans d’autres pays en développement, l’introduction du terme économie sociale et des pratiques nouvelles de l’économie sociale et solidaire y compris l’action associative, coopérative et mutualiste a été contrairement à ce qu’avancent certains activistes, initié par l’état à la fin des années 80 du 20 éme siècle en mettant l’accent sur le rôle que peut jouer ce secteur dans le plan quinquennal 1988-1992 et en lançant des corporations de développement communautaire locales et régionales, formés par des notables et présidés par des personnalités issues des hautes sphères de l’état. Dans les deux cas, l’état cherchait à combler un vide social survenu suite à la mise en œuvre des programmes d’ajustement structurel édictés par le FMI, après la crise financière et économique des années 80 du siècle dernier, qui ont imposé des mesures draconiennes pour maitriser les déficits publics et mettre fin au rééchelonnement de la dette extérieure. Ces mesures, mal maitrisées par une administration mal préparée pour changer de cap et agir autrement, ont généré une crise sociale sans précédent ayant provoqué des explosions en 1981, 1984 ; et 1990 à partir de cette date les premières initiatives associatives indépendantes, appartenant à une nouvelle génération, ont commencé à voir le jour dans les provinces marginalisées, comme khénifra. Le développement de ce tissu, hétérogène et empreint des caractéristiques découlant de son environnement socioculturel et politique, a atteint sa vitesse de croisière durant la dernière décennie, surtout après le lancement de l’INDH. Cette vitesse a reflété une prise de conscience d’une large tranche de la population des devoirs de citoyenneté et une volonté d’agir en commun dans le champ public et 157 contribuer dans le cadre du volontariat, au développement humain, devenu un enjeu majeur sur la scène internationale et nationale après la publication du premier rapport du PNUD sur le développement humain en 1990, mais elle a également, reflété une action de l’état et des autorités locales visant à donner une impulsion à un tissu associatif qui soit en mesure de participer à la mise en œuvre de sa vision de la lutte contre la pauvreté et le développement humain, caractérisée par une volonté de ne pas poser le problème majeur des disparités et la décentralisation des coûts de ce développement , même en l’absence de filets sociaux capables d’amortir certains retraits programmés de l’état, et la mobilisation des ressources locales et internationales, non conventionnels, surtout les dons. L’effectif total des associations marocaines est estimé à 40.000 d’après le haut commissariat au plan selon le dernier recensement en 2011 dont un grand pourcentage est inactif. Le secteur des mutuelles, quand à lui, a stagné durant cette période et a continué d’être dominé par les mutuelles de couverture médicale pour les fonctionnaires et les employés du secteur public, après la décision de la banque populaire de mettre fin à son soutien à plusieurs sociétés de cautionnement mutuel, crées sur son initiative pour faciliter l’accès des artisans au financement bancaire, suite aux problèmes de gestion et de recouvrement. Ce secteur qui a connu la plus grande opération de restructuration au début de la décennie 1970 avec la création du CNOPS, n’a connu depuis qu’une seule opération d’envergure ces dernières années, à savoir la fusion de la MAMDA et du MCMA. Entre temps ce secteur a connu des problèmes de gouvernance dont le dossier de la mutuelle générale des fonctionnaires traité par la justice actuellement est l’un des manifestations. En effet, le gouvernement marocain en collaboration avec le FAO a procédé à la réalisation d’une étude sur le secteur coopératif à la fin des années 1990 en vue d’élaborer une stratégie de développement, l’administration s’est montré méfiante et peu coopérative ce qui a aboutit à une perte d’argent et de temps et à mettre fin à un processus qui a produit des documents ayant été rangées dans les terroirs. A partir de l’année 2000, le gouvernement de l’alternance consensuelle a commencé à penser à l’utilisation du potentiel de l’économie sociale en général, et des coopératives en particulier , pour atteindre les objectifs de développement économique et social arrêtés, et surtout pour créer des emplois et lutter contre la pauvreté et l’exclusion, mais il a tardé à concrétiser cette volonté affiché dans un 158 document stratégique sectoriel détaillant les objectifs et les mesures adéquates pour son application, ce qui n’a pas amené à la dynamisation et la restructuration des composantes de l’économie sociale et solidaire et à rompre avec la routine administrative. Mais il faut reconnaître qu’une idée nouvelle a commencé à prendre son chemin et à marquer une présence dans le débat public depuis ce temps. La période a été caractérisée également par le lancement du projet arganier, financé par l’union européenne, et la création de l’agence de développement social qui est devenu un acteur public principal dans le domaine coopératif, à coté de l’ODECO qui reste l’établissement public chargé de mise en œuvre de la politique gouvernementale dans le secteur coopératif. Elle a été caractérisée aussi par le lancement d’autres programmes novateurs soutenu par des fonds internationaux, dont celui des plantes médicinales et aromatiques appuyé par l’USAID . Il a fallu attendre les dernières années pour voir émerger une volonté de sortir du flou stratégique et des discours de bonnes volontés sans lendemains et d’encadrer le développement d’un secteur naissant et fragile à travers la détermination d’objectifs et d’outils d’action appropriés, même si cette volonté a été perturbé au départ, par la décision du ministère des finances en 2005 de fiscaliser une partie du chiffre d’affaire des grandes coopératives qui opèrent dans le domaine de la transformation (TVA et IS) , et surtout les coopératives laitières, après des années de lobbying e leur concurrent principal. Cette fiscalisation a été accentuée dans la nouvelle loi sur la fiscalité locale qui a soumis les coopératives à la nouvelle taxe professionnelle à partir d’un chiffre d’affaire de 2 millions de dirhams. L’approche a été privilégiée pour l’élaboration des PDRES en partenariat avec les autorités locales et les conseils régionaux. Cette approche a été dictée non seulement par le choix public de décentraliser, de déconcentrer et rendre la région élevé au rang de collectivité locale, un espace de planification et de décision mais aussi par les caractéristiques et les spécificités des composantes de l’économie sociale et solidaire, surtout les coopératives qui sont par définition des acteurs de proximité et solidarité communautaire se référant à des valeurs de participation, d’égalité, et de démocratie directe. L’implication des acteurs publics dans la mise en place de ces plans visait à acquérir leur adhésion et à les responsabiliser , ce qui est essentiel, afin de combler le vide stratégique en la matière le gouvernement est passé par la suite à la mise en place d’une stratégie nationale 2010-2020 pour le 159 développement del’économie sociale et solidaire qui se veut une feuille de route pour tous les acteurs intervenant dans ce secteur et un moyen pour assurer la convergence de leur action. Cette stratégie, qui s’insère dans le cadre des stratégies sectorielles élaborées ces dernières années et qui couvrent des secteurs comme le tourisme, l’artisanat, l’industrie, le commerce, l’énergie, le numérique, l’agriculture et la pèche maritime vise également à positionner ce secteur dans la carte des secteurs stratégiques et prioritaires du développement pendant les années à venir et permettre son émergence. Les objectifs quantitatifs et qualitatifs arrêtes par cette stratégie dans sa version actuelle, non définitive et loin d’être fermée, prouvent qu’il agisse, pour le moment d’un document de plaidoyer pour convaincre les différents décideurs de la faisabilité et la pertinence de parier sur les capacités du secteur de l’économie solidaire de créer la richesse, l’emploi d’assurer la redistribution des revenus et de contribuer au développement local et humain et de les renforcer, mais le problème qui se pose aujourd’hui dans notre pays est celui d’assurer une certaine convergence entre les stratégies sectorielles et les programmes complémentaires en arrêtant des objectifs d’ensemble permettant à tout le monde de voir les objectifs du développement global du pays de façon claire, de savoir avec clarté également, qui est chargé de quoi et quelles sont les réformes institutionnelles à mettre en application pour atteindre les résultats escomptés, car en définitive, il faut passer à une culture de résultats qui soit conforme à un choix élaboré de bâtir une société qui se réfère aux valeurs et aux normes démocratiques de façon claire et irréversible. Dans ce cadre, le gouvernement actuel veillera à l’amélioration de la gouvernance du cadre institutionnel et juridique de l’économie sociale et solidaire à travers le projet loi 112-12 adopté par le conseil du gouvernement le 07 septembre 2011 afin l’assouplissement de la création des coopératives, la valorisation de leurs produits et la recherche de nouveaux mécanismes de financement à travers le microcrédit, le gouvernement procèdera aussi à l’appui des capacités des institutions de la dite économie en facilitant la participation des coopératives aux marchés publics, l’amélioration de l’accès de ces institutions à la couverture sanitaire, leurs accompagnement par des programmes notamment Mourafaka, récemment constituées par l’encadrement , la formation et l’élargissement du produit solidaire sur tout le territoire national et l’appui de son accès aux marchés internationaux. 160 La réflexion au niveau national sur l’économie sociale prend tout son sens, dans le but de dégager les complémentarités et les alternatives appropriées en vue d’intégrer la population marginalisée à travers le développement des activités génératrices de revenus et la promotion du mouvement coopératif et associatif ainsi l’encouragement de la petite entreprise et son intégration au marché. La deuxième partie de thèse propose d’étudier les dysfonctionnements du secteur à travers ses acteurs privilégiés : les coopératifs, associations et mutuelles dans le but d’articuler l’état des lieux aux perspectives d’avenir en se basant sur des exemples , quelques expériences des pays étrangers et sur les résultats de l’enquête effectuée lors de la troisième édition du salon national de l’ECOSS organisé par le Ministère des affaires générales et de la gouvernance à Casablanca à partir de l’année 2008 , le questionnaire présente un événement spécifique car il assure la continuité des salons nationaux et régionaux, il traduit et concrétise la stratégie nationale de promotion de l’ES ainsi la réalisation de la convergence des stratégie en parallèle avec les objectifs de l’INDH , en cette occasion nous avons procéder à l’évaluation des résultats de la manifestation à travers une étude sur terrain basée sur la distribution des questionnaires sur les participants au salon : les uns concernent les exposants des coopératives et associations en les considérant la population commercialisant les produits et services de la dite économie afin de promouvoir le commerce de proximité, et les autres concernent les visiteurs en les considérant la population cible en tant une force acheteuse des produits et services de l’économie solidaire. Les résultats seront présentés dans le deuxième chapitre de la présente partie quand aux deux modèles de l’enquête seront présentés en annexe. 161 CHAPITRE I : ETAT DES LIEUX DES ACTEURS DE L’ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE Le secteur coopératif fait partie du paysage socio-économique du Royaume depuis plus d’un demi-siècle.Selon l’année 2012, le secteur coopératif marocain a atteint 10.616 coopératives dont 7001 prédominantes dans le secteur agricole, 1437 coopératives dans le secteur de l’artisanat, et enfin 1084 coopératives pour le secteur de l’habitat. Le secteur génère un chiffre d’affaires dépassant 12 milliards de Les coopératives sont en majorité de petites tailles.En termes de capital mobilisé, l’habitat est le secteur le plus capitalistiqueavec 75% du capital global. Les coopératives de transformation représentent environ 12,2%, quand aux autres domaines d’activités restent très peu représentés. Le secteur de la pêche artisanale, malgré le potentiel dont dispose notre pays, reste encore peu organisé et comprend 84 coopératives.A part le transport qui compte 54 coopératives, les différents types de services (artisanat de service, services à la personne, services aux entreprises,) sont encore inexploités. Les coopératives de jeunes diplômés sont au nombre de 211 soit à peine 6% du tissu coopératif national coopérativesd’éducation.exercés dont actuellement la d’une majorité manière sont des informelle, ses services constituent un vivier important pour l’économie sociale et solidaire, mais elles souffrent d’un certains nombres de problèmes qui sont essentiellement : d’ordre juridique et organisationnel, d’ordre matériel ayant trait à l’insuffisance des moyens financiers dont elles disposent. Parmi leur contraintes juridiques : difficultés de création des coopératives de jeunes caractérisées par l’accomplissement de plusieurs formalités auprès des différents intervenants dans la procédure de création d’une coopérative : autorités locales, délégation du ministère, ODECO. Des efforts louables ont été entrepris par les autorités concernées en vue de faciliter et surtout d’accélérer le processus de création des coopératives de jeunes à été ramené moins de trois mois. Par ailleurs, la quasi-totalité des coopératives de jeunes souffrent de faiblesses et de défaillances patentes d’origines diverses en matière d’organisation. Ces 162 insuffisances peuvent être regroupées comme suit : faiblesse de formation des dirigeants et des adhérents en matière d’organisation et de gestion, la quasiimpossibilité pour elles de recruter des employés expérimentés en raison de leur couts très élevé par rapport aux moyens dont elles disposent, le manque de rigueur dans la tenue et le suivi du dossier juridique : pas de tenue régulière des réunions du conseil d’administration, pas de tenu régulière des assemblées générales, absence de sanction à l’égard des dirigeants qui ignorent les dispositions légales. Absence d’organigramme et l’inexistence de tout règlement intérieur ou manuel e procédure, l’absence d’une comptabilité régulière et l’inexistence de journaux et de livres légaux, la confection et la présélection de bilans et de situations ne reflète nullement pas la réalité des opérations de la coopérative et de son patrimoine. Au niveau de l’organisation commerciale152 : Les jeunes qui procèdent à la création des coopératives, disposent le plus souvent une formation technique et font souvent preuve d’une méconnaissance totale des techniques de vente et de marketing. Leurs efforts en la matière se limitent à des contacts à l’échelle du marché local dont les potentialités sont souvent très limitées. Aussi, leur gestion commerciale souffre le plus souvent de : l’absence de toute stratégie commerciale avec une politique et des objectifs bien définis, à court, moyen et long terme. Par ailleurs, la structure financière des coopératives de jeunes153, qui ont pu démarrer leur activité reste caractérisée par : la faiblesse des capitaux propres, l’insuffisance de la capacité d’autofinancent, la faiblesse du fonds de roulement, difficultés d’accéder aux crédits bancaires en raison de l’absence ou de l’insuffisance des garanties par rapport aux exigences du système bancaire, l’absence de gestion prévisionnelle des ressources, emplois et de la trésorerie, enfin la restitution matérielle précaire des adhérents qui les oblige à puiser une rémunération sur les recettes de la coopérative.. Uneréflexion profonde, sérieuse et efficace doit être engagée entre les différents partenaires concernés par la promotion et le développement des coopératives de jeunes, pour trouver les solutions appropriés au financement des projets porteurs. Parmi les défaillances également du secteur de l’économie sociale et solidaire : la non disponibilité des études basées sur une étude 152 - Les coopératives de jeunes au Maroc : Etat des lieux : Etudes coopératives n°10 , Ministère de l’économie sociale des PME et de l’artisanat chargé des affaires générales du gouvernement en collaboration avec l’ODECO . Avril 2002 (P :35-36). 153 - Les coopératives des jeunes diplômés : une expérience d’auto emploi qui s’affirme par Hayat Zouhir. Revue marocaine des coopératives (P :35) 163 approfondie du marché, Un environnement institutionnel complexe et non favorable: une multiplicité des institutions dont certaines missions et actions se chevauchent et un manque de coordination entre eux, déficit en matière d’outils de suivi et de pilotage. Des défaillances dans les mécanismes d’appui : peu de communication sur les démarches d'accès à l'appui, un rôle des autorités et des instances locales jugé trop administratif et peu axé sur l'orientation et l’encadrement notamment en terme d'assistance et de conseil sur le choix des activités et sur le montage et la gestion de projets . Faiblesse de la documentation portant sur les composantes de l’économie sociale, Des initiatives de formation et de renforcement de compétences des acteurs du secteur insuffisantes et disparates, Inadaptation du système financier aux besoins et aux spécificités des coopératives (conditions d’accès au crédit, garantie, ), l’insuffisance et l’irrégularité des ressources financières ce qui réduit sensiblement les projets et rend difficile la planification des actions, Faiblesse quantitative et qualitative des ressources humaines. Non organisation d’une manière permanente des caravanes, foires, salons et manifestations pour faire connaître les particularités des produits de l’économie solidaire, les avantages qu’elle présente et les principes sur la base desquels fonctionne au niveau de chaque région, problèmes de qualité et de certification des produits pour leur valorisation, non organisation des trophées annuels pour les meilleurs projets, manque des programmes d’alphabétisation fonctionnelle. Le secteur associatif à son tour présente plusieurs faiblesses qui risquent de limiter l’ampleur et l’efficacité de son action en tant qu’accompagnateur du développement local, parmi ses faiblesses : des associations qui se créent souvent sans objectifs de développement précis, à la recherche des projets en fonction des financements disponibles, faibles compétences managériales : manque de professionnalisme par rapport à la gestion des associations à cause d’un manque en matière de profils dédiés au travail associatif, des conditions de travail défavorables : peu d’associations sont propriétaires d’un siège et d’un local avec des équipements nécessaire pour accomplir leurs missions dans les bonnes conditions, insuffisance et irrégularité des ressources financières ce qui handicape sensiblement leurs projets et rend difficile la planification de leurs actions. 164 Manque en matière de mobilisation du travail bénévole, absence de synergie avec le secteur coopératif : exercice des activités lucratives direct avec des individus souvent dans l’informel, quand au secteur mutualiste il est dominé par les mutuelles publiques , animé par une cinquantaine d’institutions, la moitié de celles ci sont des mutuelles de couverture sanitaire dont 8 publiques regroupées dans la CNOPS . Les associations présentent un profil spécifique d’acteurs responsables, différent des autresinstances politiques ou économiques et des organisations traditionnelles. Premièrement la présence féminine est importante, la part des femmes dans l’encadrement associatif atteint 23 %; soit 222 associations présidées par des femmes. Cetteparticipation n’atteint pas cependant l’égalité du genre, et l’on note par ailleurs que la part desfemmes dans l’encadrement associatif diminue avec l’élévation du poste de responsabilité.Deuxièmement, les trois quarts des membres de bureau ont moins de 45 ans, ce qui illustre à la fois le renouvellement et continuité par rapport aux associationscréées sous le protectorat ; cependant les jeunes de moins de 25 ans ne sont représentés que par 8% au sein de l’encadrement associatif, sans rapport avec leur poids démographique réel du pays. Troisièmement, près d’un responsable sur deux est universitaire, ce qui distingue l’encadrementassociatif et en fait un secteur qui concentre en importance des compétences estimables en nombre et en qualité154. Quatrièmement, le mouvement associatif reflète une distribution en classes et catégories socialesquasi parfaite et identique à la composition de la société marocaine. La moitié des associatifs se recrute dans la catégorie des cadres moyens L’association n’est plus cet espace, arrière base ou tranchée, pour s’opposer à l’Etat. Lesmotivations actuelles relèvent plus d’une opportunité de participation à l’effort de construction duMaroc, en même temps qu’elles représentent une occasion d’exercer ses compétences et d’exprimerses attentes et prétentions sociales. Ce qui n’enlève rien à l’esprit militant de l’acteur associatif, l’effort de construction implique une implication forte dans la réalisation duprojet qui prend le pas sur la lutte et le conflit. L’objectif du nouveau associatif va vers l’action orientée vers le succès et la coordination d’intérêts motivésrationnellement en finalité.Les pratiques des acteurs associatifs se caractérisent par la fermeture des associations aurecrutement très 154 - Etude sur les associations marocaines de développement : Diagnostic, analyse et perspectives, Rapport III synthèse et recommandations (P :29) 165 rapidement après sa création. Pour adhérer à une association, il vaut mieux seprésenter à la création, les trois quarts des acteurs ont intégré leur association dès sa création, ils ontété rejoints par le quart restant au cours de l’année suivante. Ce qui veut dire que très peu, sinon rares sont les associations qui continuent à recevoir de nouveaux membres après une année de leurexistence. Deuxièmement, le mouvement connaît une pratique particulièrement fréquente de changementd’association. Ce qui pose le problème du positionnement et de l’investissement au sein des associations155. Troisièmement, les associatifs appartiennent aussi à plus d’une association en même temps. Lesanciens membres créent avec des nouveaux arrivants de nouvelles associations indépendantes, sansattaches avec l’association et sans quitter pour autant l’association d’appartenance première. Les associations de développement sont reliées à travers leurs acteurs aux autres associations politiques et professionnelles. Un tiers des acteurs associatifs a une appartenance politique ou syndicale. 19% des acteurs appartiennent à un parti politique et 17 % font partie d’une organisation syndicale. L’association de développement figure ainsi comme un espace de formation à la participation civique et à la représentation sociale.L’implication et la participation du citoyen, soit individuellement, soit par l’intermédiaired’associations est une étape obligée sur le chemin de la démocratie156. La démocratie participativedemande donc l’action des citoyens mais également un tissu associatif démocratique à l’écoute del’intérêt des populations et capable de constituer vis-à-vis des collectivités, une force de pression etde proposition. D’un autre côté, le secteur associatif reconnaît explicitement l’utilisation de l’associatif pour amorcer une carrière politique ; les frontières perméables entre l’associatif et le politique entraîne la dépendance de certaines associations et limite leurs actions157. 155 - M. Ahmed LAHLIMI ALAMI, Haut Commissaire au Plan, « Les classes moyennes marocaines, caractéristiques, évolution et facteurs d’élargissement » ; le 6 mai 2009, Rabat. Membres des corps législatifs, élus locaux, responsables hiérarchiques de la fonction publique, directeurs et cadres de direction d’entreprises ; les cadres supérieurs et membres des professions libérales. 156 -45 % des acteurs sont actuellement membres de plusieurs associations. 45 % autres acteurs appartenaient à d’autres associations avant d’intégrer celle au niveau de laquelle ils sont enquêtés. 157 - Quelle contribution associative à la réduction du déficit de la démocratie locale ; Table ronde 2002 166 Les associations au Maroc sont régies par le cadre juridique du Dahir du 15 novembre 1958.L’articlepremier de ce Dahir réglementant le droit d’associationdéfinit cette dernière comme « laconvention par laquelle deux ou plusieurs personnes physiques mettent en commun d’une façonpermanente leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que de partager des bénéfices ». L’évolution du cadre juridique en relation avec le contexte sociopolitique du pays permet derelever trois dates essentielles : 1958, 1973 et 2002. Actuellement l’appel à participation desassociations se déroule toujours dans le cadre des imperfections relevées de cette loi, Il seraittemps de revoir la législation organisant l’association pour permettre une meilleure expression deslibertés publiques et des libertés d’associations, dans le respect notamment d’un code spécifique desassociations. Les récents changements politiques, l’évolution positive des échanges avec l’Etat, la liberté d’action des associations et l’amélioration des accessibilités des espaces pauvres et vulnérables sont perçues comme les principales opportunités favorables au développement du mouvement associatif. Les associations disposent d’atouts non négligeables consistant dans l’importance des compétences de proximité et dans la souplesse et l’adaptabilité de la réponse aux attentes de la population. L’implication des associations dans l’élaboration des stratégies locales de développement est leplus souvent confrontée à la résistance des institutions locales La majorité (80 %) des associations prennent leurs décisions en touteindépendance et autonomie. Le travail associatif comme forme d’engagement sociétal, fondé sur des principes d’actionscollectives s’articulant autour du projet ne peut être appréhendé à l’aide des principes de méthodesmanagériales classiques des entreprises privées et de l’administration publique. Au sein desassociations il s’agit plus de confrontation de logique d’action dominante et de logique d’actionminoritaire pour impulser l’action collective, aussi bien pour s’organiser que dans le mode d’agir. Lesrègles de jeu et les pratiques changent avec le changement de logique dominante. Une mutuelle est un groupe de personnes qui s’organise pour faire face, au moyen de leurs seules cotisations, à un risque qui les menace ainsi que leurs familles. Dans 167 certaines régions, comme en Afrique de l’Ouest, ou encore en Asie du Sud, cet instrument est un mécanisme courant de prépaiement des frais de santé. Au Maroc, quelques expériences ont été mises en place depuis 2002. Ces expériences n’ont pas été initiées dans un cadre unifié, elles ne sont pas menées dans une démarche stratégique de réponse aux besoins des populations en matière de financement de la santé. Il s’agit de tentatives ponctuelles de répondre localement à un besoin qui a principalement trait au médicament158. Depuis les années 60 la mutualité a joué un rôle important dans la couverture des salariés, notamment du public, dans un cadre facultatif :70% bénéficient des prestations de la CNOPS ; 4,5 millions de bénéficiaires (1,5 millions adhérents) : la mutuelle des forces armés royal représente MFAR (24%), la mutuelle de gestion du personnel d’administration public représente MGPAP (21%),et la mutuel de gestion d’éducation nationale représente MGEN (20%) , Quand au secteur privé représente (2%). Le secteur mutualiste est confronté à plusieurs difficultés qui trouvent leur origine dans l’Imprécision du Dahir de 1963 (règles de gestion et de contrôle)dispersion sur plusieurs activités nécessitant des techniques et des compétences différentes, Confusion entre les organes élus et les organes exécutifs, Difficultés pratiques dans l’exercice du contrôle de l’Etat, Sanctions inadéquates aux infractions et dérogations commises, Absence de vision claire concernant le secteur, ceci nécessite une réforme institutionnelle axée sur les points suivants : Définition et objet des mutuelles, Clarification des rôles des organes de décision et de gestion, Reformulation plus explicite de l’exercice de la tutelle et du contrôle de l’Etat, Instauration de certaines exigences pour la création et la continuité d’activité des mutuelles, Institution de sanctions adéquates aux infractions commises aux dispositions légales et réglementaire, Institution d’un contrôle interne et d’un contrôle externe, Fixation de règles comptables, techniques et prudentielles d’où la nécessité d’une réforme institutionnelle axé sur la Clarification des rôles des organes de décision et de gestion. 158 - Extrait de la coopération Maroc-France dans le domaine de la couverture médicale de base séminaire sur « bilan et perspectives 12et 13 octobre 2009 ». Atelier réforme de la mutualité par Amal Regyay chargée de mission auprès du secrétaire général Ministère de l’emploi et la formation professionnel 2013 (p :4) 168 Quand aux mutuelles communautaires, la présente étude propose de donner l’exemple concret de deux mutuelles communautaires les plus connus : il s’agit de ZOUMI situé dans lé région de chefchaoun et de TABANT situé dans la région d’Azilal. Les mutuelles communautaires pourraient être un élément de réponse à de nombreuses questions qui se posent dans le cadre de la mise en place de l’AMO et du RAMED. En effet, il est certain qu’au moins de manière temporaire, ces deux mécanismes, constituent une avancée indéniable pour le Maroc, n’arriveront toutefois pas, à eux seuls, à la couvrir la totalité de la population marocaine. Pour le moment, les trois composantes (coopératives, associations et mutuelles) de l'ESS sont régies par des textes juridiques qui doivent être révisés pour donner une âme à ce mode de développement économique selon le principe de redistribution des richesses. Les coopératives dépendent de l'Office de développement et de la coopération Les associations dépendent du secrétariat général du gouvernement Quant aux mutuelles, elles sont éparpillées entre les différents départements ministériels.Bref, Tous les acteurs de l'économie sociale au Maroc soufrent d'un manque de gouvernance. Ce déficit transforme souvent ces structures en coquilles vides dont l'intérêt principal reste focalisé sur des intérêts familiaux au détriment des populations locales en difficulté. Section 1 : Difficultés et faiblesses du secteur coopératif. Malgré toutes les réalisations enregistrées par le secteur coopératif comme il a été déjà écrit dans la première partie de ce travail, que ce soit au niveau de la diversités de secteurs et de branches d’activités embrassés par l’entreprise coopérative ou au niveau de son ancrage territorial et malgré l’appui multidimensionnel dont le mouvement coopératif marocain bénéficie, ce dernier souffre encore d’handicaps et de contraintes qui l’empêchent d’atteindre le seuil de décollage coopératif. Un seuil de représentation de plus de 6% de la population active occupée et de participation au PIB d’un taux de plus de 3%. Avec une structure humaine et financière particulièrement faible et un environnement extrêmement difficile et en perpétuel changement dans toutes ses composantes physiques et immatérielles, la majorité des coopératives sont 169 confrontées à une multitude de contraintes dont voici les plus apparentes tant au niveau interne qu’au niveau externe . I/ Faiblesses au niveau interne : Faible niveau scolaire voire analphabétisme élevé des membres, ce qui représente un handicap majeur qui retarde le développement du secteur coopératif marocain, le secteur ne bénéficie pas d’un programme d’alphabétisation qui lui est spécialement dédié.Il est bien ressenti au sein des coopératives159 féminines en milieu rural ; manque de la formation continue pour les membres, les dirigeants et les cadres des coopératives et leurs unions ne permet pas d’améliorer la gestion de ces unités. Faiblesse du capital : les ressources financières des coopératives régionales sont insuffisantes et quasi exclusivement constituées par des primes et des subventions. La difficulté d’accès au financement, aussi bien pour pallier au besoin important de fonds de roulement que pour l’équipement en outils de production, constitue un handicap pour l’amélioration de leur productivité et leur compétitivité. Les montants du micro crédit sont estimés par les coopérants de la région en déca de leurs besoins. Elles ne peuvent nullement engager des opérations d’investissement à moyen ou à long terme ou participer à des actions engendrant de bonnes retombées commerciales et économiques. Défaut de bonne gouvernance : un nombre considérable de coopératives de différentes tailles sont mal gérées et présentent des bilans en déca des attentes d e leurs membres et de leur partenaires, Certaines fonctionnent sans plan prévisionnel ou stratégie malgré la présence des possibilités financières. D’autres ne respectent pas les statuts en ce qui concerne les réunions de leurs instances dirigeantes sans parler du manque de compétences et de ressources humaines qualifiées. Un très grand nombre de conseils d’administration de coopératives font des transactions commerciales avec des tierces personnes soit pour leurs propre comptes, ou pour le compte de la coopérative, cela se fait souvent sans que les membres de la coopérative ne le sachent, Les acteurs respectent peu, les principes de gouvernance coopérative. Selon la réglementation en vigueur, les coopératives ne disposent pas de registre de commerce ce qui handicape la soumission aux marchés publics et privés, mais aussi, et surtout l’impossibilité pour les coopératives 159 - « les coopératives et le tissu coopératif » publication de l’agence de développement social , département des activités génératrices de revenu. 2010 insertions sociales par l’économique. 170 d’engager leur fonds de commerce et leur matériel en vue d’obtenir des crédits auprès des organismes financiers. En dépit des recommandations et instructions données à ce jour, la plupart des secrétaires greffiers des tribunaux continuent à refuser l’inscription des coopératives au registre de commerce. D’autres dispositions présentaient des limites de gouvernance liées à l’absence de sanctions dissuasives contre le non respect de la loi 24-83, ce qui a favorisé beaucoup de dérives et a suscité un bon nombre de tentions à l’intérieur des coopératives condamnant ainsi leur croissance et la réalisation de l’objectif pour lequel elles ont été crées. il y a également d’autres dispositions qui sont devenues vétustes et complètement inadaptées au nouvel environnement coopératif et aux nouvelles attentes des porteurs de projets. L’enquête nationale des coopératives réalisée par la FAO160 en 2000, dans le cadre du projet de restructuration du mouvement coopératif, a exposé les problèmes suivants : 40% des coopératives ne tiennent pas leurs assemblées générales d’une façon régulière, rare sont les coopératives disposant d’un manuel de procédure, le degré de structuration des coopératives dans le cadre des unions de coopératives et groupement d’intérêt économique est faible161. II/ Faiblesses au niveau externe : Contraintes du marché : la plupart des petites coopératives aux possibilités limitées sont incapables de faire face aux aléas du marché et à ses exigences en terme de qualité et de quantité indissociablement liées :aux difficultés d’accès au financement externe à défaut de présence de garantie ou d’organismes de cautionnement mutuel ou coopératif, beaucoup decoopératives n’accèdent pas aux crédits bancaires . De même, le secteur coopératif enregistre des insuffisances juridique et organisationnel inadéquat: les dispositions de la loi 24-83 et de son texte d’application qui ont présenté des aspects lacunaires d’ordre procédural qui ont été à l’origine de beaucoup de blocage à la création des problèmes entre les membres et les dirigeants à travers l’évolution de la coopérative. Des lacunes qui ont effectivement freiné la dynamique du secteur coopératif et amenuisé le rôle qu’il devait jouer en faveur des petits producteurs, des porteurs de projets générateurs de revenus et des couches les plus démunies de la société. 160 161 - Organisations des nations unies pour le développement des coopératives agricole 2000. - Le secteur coopératif au Maroc 2012 Année internationale des coopératives REMACOOP (P/14) 171 Inadaptation au nouvel environnement : le nouvel environnement du secteur coopératif a été depuis 2005, marqué par l’émergence d’une vague de mesures et de projets de grande importance Ainsi , depuis 2005 années de l’assujettissement des coopératives à l’impôt et au lancement de l’INDH , une ère nouvelle s’imposait au secteur coopératif, en effet, les grandes qui opèrent dans la transformation à une échelle avancée dégagent une valeur ajoutée industrielle et une plus value capitalistique similaires à ce qui se fait au niveau des entreprises privées, autrement dit, ces coopératives doivent revoir leurs structures, leurs système de fonctionnement et leur rapports internes avec les différentes composantes du marché, de l’amont à l’aval. Actuellement, les grandes coopératives comme la coopérative laitière COPAG162 sont soumises aux mêmes impôts que les sociétés privées et supportent des charges d’où il est impérativement nécessaire de revoir les textes en vigueur pour une équité fiscale. D’autre part, le lancement de l’INDH en tant un projet de société d’importance majeure pour une mise à niveau de l’action sociale et solidaire contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion a déclenché une dynamique sans précédent au niveau du secteur coopératif163. La dynamique et l’engouement des porteurs de projets pour la constitution des coopératives aussi bien dans les secteurs classiques que dans de nouveaux créneaux ont malheureusement été ralentis pour ne pas dire bloqués par la lourdeur de la procédure de la multiplicité d’intervenants à ce niveau. L’entrave est concrétisée par le nombre des déclarations de création adressées à l’ODECO entre 2005 et 2010 qui est de 7597 contre un total des créations effectives à la même période qui est de 3220. Ceci explique, bien clairement, l’inadaptation de toutes les dispositions juridiques relatives à la procédure de création des coopératives. D’où la nécessité d’un projet de loi modificatif la loi 24-83. Le secteur connaît également des violations des dispositions légales au niveau de l’organisation, de la gestion et du respect des principes coopératifs. Ainsi, les coopératives ne respectant pas la législation en vigueur représentent 79% de l’ensemble des coopératives actives actuellement d’ou la réforme de la loi 24-83. Manque de coopératives horizontales destinés à fournir des services aux autres composantes du secteur dans les 162 - COPAG : Taroudant, L'un des principaux employeurs, qui salarie aujourd'hui près de 2000 personnes dont 700 femmes, est également l'une des plus emblématiques coopératives en terme de réussite économique, après une entrée discrète sur le marché en 1987 - une fois la libéralisation des agrumes adoptée. 163 - Le mouvement coopératif marocain bilan et perspectives. Ministère du tourisme, de l’artisanat et de l’économie sociale, Département de l’artisanat. Octobre 2004 (P : 23) 172 domaines de la comptabilité, la communication, l’épargne, le financement, la garantie, le social, la gestion :les unions coopératives ne couvrent pas tous les secteurs d’activités jusqu’à présent, ce qui a des incidences négatives sur la représentation, l’organisation et l’encadrement des coopératives opérant dans plusieurs secteurs sans aucun soutien. Absence de créativité et d’innovation et propension à la duplication des activités déjà existantes, Faibles compétences en matière de montage de projets (établissement des objectifs, élaboration de plans d’affaires) Une faible ouverture des acteurs au partage, à la mutualisation et au partenariat ;Une gouvernance pas toujours respectueuse des valeurs et principes fondateurs de l’économie sociale et solidaire. Compétences faibles voire inexistantes pour les activités de gestion généralement limitées au savoir faire du métier de base, le sous équipement techniques de production souvent rudimentaires.Déficit en matière de conception de conditionnement et d’emballage, inexistence de politique marketing ; Difficultés d’accès aux circuits de commercialisation, au système de financement classique et absence de mécanisme de financement plus adéquats. La non tenue d’une comptabilité correcte et conforme aux règles et procédures légales, et la faiblesse du contrôle interne, Le Cadre juridique contraignant et concurrence du privée, Absence d’aides et subventions, Manque d’infrastructure, marché limité. L’adhésion des personnes physiques et morales aux coopératives est faible, l’indiscipline des membres des coopératives affaiblit le tissu coopératif et le rend vulnérable.Manque de personnel qualifié ; Cherté des matières premières. Des contraintes climatiques défavorables: Méconnaissance des procédures administratives, contraintes et manque d’encadrement : 98% des coopératives n’ont pas de directeurs et comptent beaucoup sur l’assistance des services administratifs et techniques (agriculture, artisanat, eaux et forêts, pêche maritime….), cette assistance a eu un impact catastrophique sur plusieurs coopératives dont les audits ont montré l’ampleur, les causes et les coûts. Le manque de stratégies de fusion, de partenariat avec les autres acteurs socio-économiques, et d’ouverture sur la coopération internationale minimise les chances du secteur coopératif de s’insérer dans le processus de restructuration et de mise à niveau de l’économie marocaine et de profiter des fonds alloués à ce processus, et des mesures visant à inciter les différents acteurs à s’y insérer. 173 La multiplication des intervenants publics dans le secteur coopératif, les manières avec lesquelles s’effectuent leurs interventions, et le manque de coordination entre les administrations ayant la tutelle sur le secteur, voire leurs conflits de compétences, perturbent son développement et renforcent la tendance à s’intégrer dans sa gestion164. Non investissement des excédents : beaucoup de coopératives décident, lors de leurs assemblées de répartir les excédents réalisés au lieu de les réinvestir, Cela est fait soit par inconscience et manque de visibilité, ou par besoin de récupérer de l’argent en fin d’exercice considéré comme fruit ou récompense de l’effort fourni ou bien uniquement par manque de confiance au dirigeant de la coopérative , manque d’intégration des fonctions, une faible valeur ajoutée crée et un déficit en matière de valorisation des produits réalisés ont été observés aussi bien auprès des coopératives agricoles et d’élevage centré sur la collecte et la commercialisation qu’auprès des coopératives artisanales centrées sur la production. Pour ce qui est des facteurs exogènes explicitant les problèmes vécus par les coopératives au niveau régional, ceux-ci se ramènent à : la limitation des canaux de distribution pour l’écoulement des produits, principalement pour les provinces de Boulemane et Séfrou. Absence des fédérations nationales ou régionales des coopératives pour favoriser l’émergence des circuits de commercialisation structurés. Le faible potentiel productif de la coopérative, en l’absence de telles fédérations, se trouve dans l’incapacité de répondre aux grandes commandes, principalement celles émanant de donneurs d’ordre étrangers, la faible intégration de toutes les provinces de la région dans le cadre des visions de développement sectoriel. Le tissu coopératif des autres provinces n’a pas été directement impliqué dans la dynamique de développement crée à travers les plans de développement. La forte dépendance des coopératives envers un seul ou un groupement de clients à l’échelle locale ou régionale, le faible niveau de coordination entre les acteurs locaux (Délégations provinciales de l’agriculture, division de l’action sociale relevant des différentes provinces de la région, antennes de l’entraide Nationale) pour le développement du tissu coopératif. La multiplicité des intervenants et le manque de communication sur les mécanismes et dispositifs de soutien de 164 - Revue marocaine des coopératives» Remacoop » n°1 édité par l’ODECO ». Edition Okad 2011 (P :17 ) 174 l’économie sociale contribuent à exacerber les porteurs des activités coopératives. Toutefois, le nouveau chantier de l’INDH165 a commencé à favoriser la convergence entre les différents intervenants institutionnels, l’absence des initiatives de formation susceptibles de pallier aux défaillances des acteurs concernés. Enfin, le secteur public et les associations jouent un rôle limité en matière de renforcement des capacités intellectuelles et de gestion des coopératives. Cette situation entrave l’accès à certains circuits de commercialisation dont notamment la soumission aux appels d’offres publics. Les coopératives de services (plâtre, construction, et bâtiment, électricité…) sont les plus concernées par cet handicap. Faiblesse d’infrastructures : l’absence d’infrastructure routière et de moyens de communication et de désenclavement de plusieurs zones pose des difficultés couteuses au niveau de l’approvisionnement et l’acheminement de la production, ce qui condamne beaucoup de coopératives de ces zones à la stagnation et à l’inactivité. III/Quelques cas pratiques des coopératives en difficultés. A/ Limites des coopératives de jeunes : la quasi-totalité souffre de défaillances patentes d’origines diverses en matière d’organisation elles peuvent être regroupées ainsi : faiblesse de la formation des dirigeants et des adhérents en matière d’organisation et de gestion, la quasi- impossibilité pour elles de recruter des employés expérimentés en raison de leur cout très élevé par rapport aux moyens dont elles disposent166. Manque de rigueur dans la tenue et le suivi du dossier juridique, à savoir pas de tenue régulière des réunions du conseil d’administration, pas de tenue régulière des assemblées générales, absence de sanctions à l’égard des dirigeants qui ignorent ou ne respectent pas les dispositions légales, absence d’un organigramme et inexistence de tout règlement intérieur ou manuel de procédures, inexistence de journaux et de livres légaux, la confection et la présentation de bilans et de situations qui ne reflètent nullement la réalité des opérations de la coopérative et de son patrimoine, l’absence de toute police d’assurance contre les risque divers auxquels 165 - Plate forme INDH extrait du site du Ministère de la solidarité, de la femme, de la famille et du développement social. Mars 2007 166 - Les coopératives de jeunes au Maroc : Etat des lieux, étude coopérative. Ouvrage édité par l’ODECO. Avril 2002. 175 est exposé la coopérative, l’absence de rigueur dans le classement et la gestion des archives, à cela s’ajoute l’absence de toute stratégie commerciale avec une politique et des objectifs bien définis, à ct et long terme, l’inexistence des moyens pour recruter des commerciaux au profil adéquat, l’insuffisance devant la concurrence des entités et sociétés structurées opérant dans les mêmes secteurs. Des actions urgentes doivent être engagées par les autorités de tutelle, notamment l’ODECO pour pallier ces insuffisances et cela ne peut se faire qu’à travers l’organisation de séminaires de formation et de sensibilisation des dirigeants et des adhérents des coopératives de jeunes. B/ Limites des coopératives artisanales : leurs difficultés sont d’origines internes et externes liées dans l’ensemble aux problèmes du secteur artisanal et du secteur coopératif dans leur globalité. Ces difficultés ont trait au manque de définition juridique de l’activité de l’artisanat et des métiers, l’inefficacité du système de formation artisanal qui n’inclut pas la créativité, l’innovation et le marketing, ainsi la dégradation des conditions sociales des artisans, à cela s’ajoutent les problèmes liés à : l’analphabétisme des artisans et absence d’esprit d’initiative, ce qui se répercute sur la mauvaise gestion et administration, faiblesse des capacités financières des coopératives et difficultés d’accès au crédit bancaires. La mono fonctionnalité et la non ouverture de ces coopératives sur leur environnement. Difficultés pour certaines coopératives artisanales d’accéder aux transactions de l’état faute de leur non enregistrement au registre de commerce. C/ Limites des coopératives d’alphabétisation pour l’éducation et la formation : Ces coopératives ont rencontré certains problèmes particulièrement d’ordre externe, dont les principaux sont : problèmes financiers liés aux fonds nécessaires au démarrage du projet, l’accès à un local dans les grandes villes en général suppose largement de fonds en termes de valeur locative, des problèmes de départ des adhérents par manque d’esprit entrepreneurial et d’expérience puisqu’il s’agit de leur premier emploi indépendant ou à cause de déménagement ou arrêt de travail après le mariage des coopérateurs femmes., problèmes promotionnels : Méconnaissance de ce type de coopératives par la majorité du public par manque de publicité et par la nature de leurs prestations, absence d’esprit 176 entreprenarial pour les porteurs de ses projets et d’études environnementales qui conduira à une stabilité ou pérennité de leurs entités. D/ Limites des coopératives d’habitat : malgré la pertinencedes coopératives d’habitation dans la production des logements, et la réussite exemplaire d’un grand nombre parmi elles, elles souffrent des problèmes d’orde internes et externes : Au niveau interne : elles sont seules responsables du dysfonctionnement de leurs projets, elles encaissent l’entière responsabilité. Les principales causes résident généralement dans les points suivants : la mauvaise foi d’un ou plusieurs dirigeants de la coopérative, cette dernière est la source des litiges pour la plus grande majorité les dirigeant usent de leurs pouvoirs pour leur propre compte, en l’absence des adhérents conscients de leurs droits167. Abus de confiance de quelques dirigeants par des pratiques frauduleuses lors de l’exécution de certaines opérations concernant l’achat du terrain, le choix des entrepreneurs, acquisition des matériaux de construction, Aussi certains dirigeants font acheter le terrain par un ou plusieurs de leurs proches, pour augmenter le prix d’achat, alors que d’autres créent à l’occasion des sociétés de construction ou attribuent illicitement les œuvres de construction à des particuliers sans soumission ni cahier des charges. Le manque de transparence dans la gestion du projet, et l’absence totale de communication ou de contrôle dans l’avancement du projet, certaines coopératives d’habitation ne convoquent pas leurs assemblées générales annuelles à la fin de chaque exercice pour se prononcer valablement sur toutes les questions en relation avec la gestion de la coopérative, et pour statuer sur les comptes de son exercice. La méconnaissance des droits et des obligations des adhérents au sein de la coopérative, nombreux ont été victime des actes de certains dirigeants malhonnêtes, et ont été démunis de leurs droits au logement. Le défaut d’expérience de certains conseils d’administration dans les domaines foncier et immobilier, surtout lors de la constitution. Le perfectionnement des connaissances ne s’établit qu’au bout de l’exécution du projet, puisque à son terme, 167 - « Les coopératives d’habitation au Maroc : en quête d’un appui en béton »par Hayat Zouhir, Ahmed Fath Allah, et Slimane lHajji Remacoop 2 Edition ODECO 13 , Rue Dayat Aoua Agdal, RABAT .2012 :Année internationale des coopératives. (P :40-41) 177 quelques présidents ont quitté leurs fonctions pour se convertir en prometteurs immobiliers, le non respect de la législation en vigueur, essentiellement les dispositions relatives à la fréquence et la régularité de la tenue des assemblées générales annuelles, et la désignation du commissaire aux comptes…,l’incidence d’une telle situation sur l’avenir de la coopérative est irrévocablement néfaste et désastreuse, L’irrégularité des apports périodiques ou exceptionnels, par les adhérents due principalement au manque de confiance ou d’irresponsabilité, ce qui implique un alourdissement des charges financières de la coopérative, surtout si la coopérative a demandé un crédit ou si elle a des obligations financières envers autrui. L’engagement de la coopérative à fournir divers types de logement à leurs adhérents, ce qui fait surgir des complications dans la gestion du projet, en relation avec les charges correspondantes à chaque type de logement, ou de représentativité au sein des organes internes de la coopérative. Le nombre très élevé des adhérents, d’où la formation des tranches lorsque la superficie du terrain acquise, ne peut suffire aux engagements de la coopérative envers ses adhérents .le calcul aventureux lors de l’acquisition du terrain, condamne le démarrage du projet, lorsque le terrain se situe hors périmètre urbain, ou ne convient pas à la réalisation du type de logement projeté par les adhérents. Absence de dispositions liées au mode d’affectation des logements génère d’énormes problèmes entre les adhérents lorsque l’attribution se fait subjectivement. L’irrespect des conditions d’adhésion, lorsque le conseil d’administration n’exige pas des attestations de non propriété pour les nouveaux adhérents, qui favorise l’expansion de l’esprit de la spéculation immobilière et en contrepartie une baisse d e l’esprit de l’appartenance à la coopérative, puisque quelques adhérents ont déjà leur propre habitat et ne se sentent pas concernés directement par les soucis qu’en cours la coopérative, à la différence des varis coopérateurs dont le principale souci réside dans l’accès au logement dans les plus brefs délais. La déconfiture d’un ou de plusieurs adhérents affecte la coopérative, puisque tous les adhérents sont solidairement responsables du remboursement de prêts envers l’institution de crédit ; la jouissance du cessionnaire du logement seulement et non des locaux commerciaux. 178 Problèmes externes : il s’agit des facteurs environnants des coopératives d’habitation, qui influencent négativement leur bon fonctionnement. Ces éléments sont aussi bien d’ordre foncier, financier, fiscal, réglementaire qu’administratif 168. Niveau foncier : le foncier représente l’élément capital pour toutes les coopératives d’habitation, il hante ces dernières par : la montée de la spéculation foncière, et le renchérissement du prix des terrains, des valeurs foncières et de l’aménagement foncier ; l’insuffisance des lots équipés constructibles et le manque d’assiettes foncières aménagées, des problèmes liés à la nature de l’état du foncier acquis par les coopératives d’habitation, à causes des litiges entre héritiers, occupation du terrain par autrui, emplacement du terrain hors périmètre urbain, cette situation contraint certaines coopératives d’habitation à bloquer ou à renoncer à leur projet, et l’apparition des différents entre coopérateurs Au niveau financier : persistance de difficultés d’accès au financement car les crédits sont déterminés par tranche de revenu, difficulté d’accès aux crédits pour une large population à faible revenu. Au niveau fiscal : la fiscalité immobilière est considérée comme un levier d’encouragement et d’incitation à l’investissement dans le foncier par la diminution des charges financières. Néanmoins pour les coopératives d’habitation cette fiscalité se caractérise par : l’ambigüité sur l’exonération des coopératives d’habitation, l’existence de plus d’interprétation des dites exonérations, l’inadéquation des mesures incitatives qui restent en dessous des espérances, en regard avec l’objet et les valeurs nobles des coopératives d’habitation. Au niveau réglementaire : les coopératives d’habitation subissent elles aussi la complexité et la diversité des textes réglementaires régissant le foncier au Maroc . Au niveau administratif : les coopératives d’habitation se plaignent de la lourdeur et le retard administratif en matière d’octroi et de délivrance d’autorisations de lotir, de morceler, de construire, de modifier, délivrer les permis d’habitation. Section 2 :Difficultés et faiblesses du secteur Associatif et Mutualiste. 168 - Guide des coopératives d’habitat : Ministère chargé de l’habitat et l’urbanisme, Direction des établissements publics, du partenariat et de l’action associative, service de la promotion des coopératives d’habitat par Mme Zahra yajoud juin 2005 (P : 15-16) 179 L’association est abordée comme une forme d’organisation, « ayant des frontières identifiables » constituant une unité de décision élémentaire, dotée de ressources et moyens qui lui permettent d’atteindre des objectifs partagés par ses membres, fonctionnant de façon relativement continue dans un environnement sociopolitique et institutionnel plus ou moins contraignant.Le fonctionnement des associations est abordé comme celui d’une microsociété qui connaît unesituation sociale complexe dont la dynamique se fait sentir quotidiennement dans toutes sesactivités et rejaillit sur ses résultats. La performance de l’association passe par la découverte de samanière sociale particulière de mobiliser, fédérer et associer ses membres dans une série d’effortscollectifs dont dépend, en fin de compte, sa capacité d’adaptation et sa réactivité sociale. Par ailleurs, il est nécessaire de prendre en compte tous les associatifs pour penser l'organisationdu travail au sein de l’association, en considérant à la fois leurs capacités objectifs et leurs affectsdont la reconnaissance est susceptible de déterminer la performance de l’association. Les associatifsvivent l’association comme un lieu de culture et de socialisation qui les conduit parfois à substituerdes conduites stratégiques par des conduites centrées sur la construction d'un lien social, avec lesautres acteurs et surtout avec les partenaires publics et privés ; ils investissent ainsi dans les rapportshumains à la quête de la reconnaissance sociale169. Le tissu associatif au Maroc témoigne une expansion significative. Il a contribué à la réalisation de plusieurs exploits en matière de la vie économique, sociale et politique. En revanche, il fait face à plusieurs défis et obstacles qui entravent sa mission et handicapent sa contribution au développement durable. Tout au long de ce chapitre, on va essayer d’identifier les différentes particularités du tissu associatif au Maroc, ainsi que les problèmes qu’il rencontre, les ambitions de futur et les plans d’avenir en matière de son développement. Il présente plusieurs faiblesses qui risquent de limiter l’ampleur et l’efficacité de son action en tant qu’accompagnateur du développement local. Parmi ses contraintes nous citerons ce qui suit : 169 - Le tissu associatif marocain : mémoire Saritta 1990, 24 Aout 2011.Etude sur les associations marocaines de développement : Diagnostic, analyse et perspective rapport III (P :7) 180 I/ Limites du secteur associatif . Le cadre juridique des associations n’est plus adapté aux situations économique et sociale actuelle du pays et à l’évolution moderne : Depuis 1973 l’Etat contrôlait ainsi la création des associations. Le Dahir du 23 juillet 2002, portantpromulgation de la loi n° 75-00, exige de l’administration la délivrance immédiate d’un récépissé provisoire aux associations en, attendant le définitif dans un délai de soixante jours. Sur ce pointprécis, les associations ont salué l’ouverture accordée par le législateur à la création des associations. Depuis cette date, le champ associatif s’est enrichi régulièrement de plusieurs textesréglementaires et de procédures : Loi n° 07-09, loi relative à l’appel à générosité publique, les fondationset l’INDH ont produit des manuels de procédures spécifiques d’échange et de partenariat avec lesassociations. Tout cet effort de réglementation ramène les associations à une dépendance vis-à-visdes structures de l’Etat. L’évolution des associations est plus rapide que la réforme du texte juridique qui encadre cesecteur. Le dispositif réglementaire mis en place de manière unilatérale par l’Etat pour délimiter lesbornes et contours du champ associatif induit automatiquement une obligation d’adaptation desassociations. Les multiples changements dans le texte introduisent une déréglementation dans lapratique, dans les habitudes de travail de la société civile en général et des associatifs en particulier.Certaines dispositions des textes en vigueur cadrent judicieusement avec les logiques du travailadministratif, mais se trouvent en contradiction avec la logique même du travail associatif (à but nonlucratif)170. Dans la pratique la difficulté d’accès, de connaissance, de compréhension et d’application destextes législatifs et réglementaires, constitue une réelle pression sur le travail associatif, et nécessite de la part des associations une réactivité continue et une adaptation régulière quitte à y perdre ses idéaux et symboles. L’écrasante majorité des associations trouve les textes de lois et de réglementations fiscalesapplicables aux associations très difficiles d'accès et incompréhensibles. La quasi-totalité desassociations estime que le système fiscal applicable aux associations n’avantage pas leur essor etjugent les obligations 170 - Etude sur les associations marocaines de développement, diagnostic, analyse et perspectives Rapport III, synthèse et recommandations. (P :29) 181 fiscales que supportent les associations marocaines pas avantageuses parrapport à d'autres pays. Par conséquent, les associations sont en attente d’une loi pour clarifier leursituation comptable, fiscale et la responsabilité des gestionnaires. a/ Cas de l’association marocaine pour la promotion de la femme rurale : « AMPFR » (ONG), apolitique et à but non lucratif ;Statut: Ordinaire et réglementé elle dispose d'un règlement interne qui arrête les dispositions auxquelles doivent se conformer le Bureau National, les Bureaux Provinciaux et Locaux ; Ses secteurs d’intervention sont :L’agriculture et l’élevage, l’aide d’urgence, le développement rural, les droits de la femme rurale, l’éducation, l’environnement, la santé, la formation, les technologies appropriées, la conception et la mise en œuvre des projets générateurs de revenus.Ses objectifs :Lutte contre l'analphabétisme, Encouragement de la scolarisation de la petite fille rurale, Renforcement du respect des droits de l'Homme chez les femmes et les filles, Elaboration des projets générateurs de revenus pour la femme et la jeune fille rurale, Sensibiliser la femme rurale sur l’amélioration de ses conditions de vie et du travail ;Promouvoir toute action sociale, économique et culturelle au profit de la femme rurale ;Faciliter l’insertion de la femme rurale dans des métiers adaptés à son environnement socioéconomique ,Soutenir la femme rurale à s’organiser en coopératives, associations ou autres;Représenter la femme rurale auprès des pouvoirs publics et des organisations publiques et privées nationales ou internationales elle souffre des dysfonctionnement au niveau des ressources humaines, au mode de gestion et au management171, rares sont les associations qui appliquent des techniques de planification stratégique ou qui font appel aux services de spécialiste en matière de gestion ou de comptabilité. Les difficultés matérielles et les compétences des ressources humaines impactent sur laréactivité et le rendement des associations. Nous relevonsnotamment que les techniques de travailrudimentaires et les défaillances fonctionnelles que vivent ce genre d’associations empêchent la mise enplace de formes d’organisations et de coordination de travail adaptées au champ associatif et par conséquent sa capacité d’action et de réaction : le diagnostic lorsqu’il est réalisé, 171 - Association marocaine pour la promotion de la femme rurale « AMPER » date de création le 19 Avril 1995, siège social : résidence Ichrak secter 13 hay riad rabat [email protected] 182 il se fait surtoutde manière informelle et sur la base de données peu fiables, la priorisation des actions se fait enfonction de la commande publique, parfois en contradiction avec les objectifs de l’association, laprogrammation est à très court terme, la majorité des associations naviguent sans baromètre, doncavec une visibilité très réduite. Problèmes au niveau des aspects financiers : face aux besoins sans cesse croissant, les moyens de financement dont disposent les associations sont très limités. Ils proviennent particulièrement de dons et de subventions d’organismes nationaux et internationaux. La majorité des associations ont un budget très modeste. Ce dernier est dépensé principalementou en totalité pour couvrir les frais de gestion de l’association (loyer, eau, électricité, téléphone,achats de fournitures, déplacements, etc). Par ailleurs, elles emploient très peu de salariés, les troisquart (75 %) des associations consacrent moins de 25 % de leur budget à la masse salariale. Les associations déclarent consacre la plus grande partie de ce budget au profit des bénéficiaires.Les pratiques comptables des associations laissent apparaître plusieurs défaillances le plussouvent dues à la méconnaissance de la réglementation et des procédures comptables applicables ausecteur associatif. Cependant très peu nombreuses des associations, confient leur comptabilité à desprofessionnels, preuve qu’elles sont conscientes de l’obligation de rendre des comptes.Des associations créées souvent sans objectifs de développement précis, à la recherche de projets en fonction des financements disponibles.Faibles compétences managériales : manque de professionnalisme par rapport à la gestion des associations à cause d’un manque en matière de profils dédiés au travail associatif. Des conditions de travail défavorables : peu d'associations sont propriétaires d'un siège et d'un local avec des équipements nécessaires pour accomplir leurs missions dans de bonnes conditions.Manque en matière de mobilisation du travail bénévole.Absence de synergies avec le secteur coopératif : exercice des activités lucratives directement avec des individus souvent dans l'informel.Les associations ne disposent pas de structures reconnues de représentation ou de coordination locales ou nationales, hormis la fédération nationale des micro- crédits. Cependant, des espaces et groupements d’associations régionaux ou par domaine d’activité commencent à se développer à savoir Espace Associatif, Réseau maillage- Maroc) sous forme d’instances de coordination, de 183 fédérations, de groupement, de réseaux ou de maillage. Certains de ces réseaux associatifs ouvrent à l’échelle nationale alors que d’autres se limitent à l’échelle régionale ou même provinciale172. Le poids et le degré de représentation de ces espaces et réseaux regroupant parfois jusqu’à cinquante associations, restent limités. Incohérence des rapports état -associations de développement : Différents départements publics, ont des rapports de « partenariat » technique et financiersavec des associations spécifiques. Chacun de ces départements, veille à ce que les associationss’inscrivent dans la stratégie qu’il s’est donnée. Les départements publics coordonnent rarementleurs rapports avec les associations et plusieurs associations sont inscrites dans les actions deplusieurs départements. Les rapports entre les deux parties manquent de cohérence globale et devisibilité interministérielle.D’autre part, le mouvement associatif souffre d’une absence d’unité173. Il perd énormément enreconnaissance et en représentativité. Les tentatives multiples et variées impulsées par l’Etat etcertaines associations arrivent difficilement à prendre racine en l’absence de dénominateurscommuns et d’éléments symboliques fédérateurs. Les associations de développement n’intègrent formellement aucune structure de décision. Etpour cause, dans une table ronde organisée par les associatifs, ces derniers soulignent quel’implication et la participation du citoyen, soit individuellement, soit par l’intermédiaired’associations est une étape obligée sur le chemin de la démocratie. Cette dernière demande donc l’action des citoyens mais également un tissu associatif démocratique à l’écoute del’intérêt des populations capable de constituer vis-à-vis des collectivités, une force de pression et deproposition. Cette implication trouve ses limites dans les rapports de forces et l’attitude négative desacteurs locaux vis-à-vis des associations locales. Manque de communication impactant la réactivité des associations : 172 - La promotion des actions du mouvement associatif au Maroc, des réalisations et appréciations à évaluer » par AOMAR IBOURK et FATIHA SAHLI. Chapitre IV les attitudes et les problèmes du mouvement associatif (P : 259) 173 -Compréhension du système associatif marocain, Rapport de synthèse et de recommandation de l’étude sur les associations (p :36).Année 2006 184 La communication des associations avec l’environnement extérieur est peu structurée, disparate et fragmentée. Elle se distingue par l’intermédiation des médias et par conséquent prend une charge médiatique (intervention des journalistes) qui déforme parfois le message et son intention. L’échange très réduit ou médiatisé des associations avec leur environnement extérieur limite les chances de succès des projets associatifs et restreint les possibilités d’ajustements réactifs des associations. Cas pratique des associations de protection de l'environnement dans le Maroc du Nord groupées autour de Écolo Plateforme Maroc du Nord, dénoncent les graves atteintes portées à l'égard des patrimoines écologiques et paysagers au nom du développement économique et de la promotion touristique et au détriment du développement durable. Pour ces associations de protection de l'environnement, l'attitude et la pression exercées par les lobbies financiers (promoteurs immobiliers, spéculateurs du foncier,..) envers les représentants de l'Etat et les élus locaux est inacceptable et n’a pour but que de leur donner l’occasion de s'approprier tous les terrains domaniaux y compris dans les zones sensibles d'intérêt mondial. L'aire protégée de la Moulouya (Saïdia) en est l'exemple frappant174. Les Département de l'Environnement et des Eaux et Forêts semblent plongés dans un silence inhérent, et ne sont pas, semble en mesure d'accomplir consciencieusement la mission qui leur est assignée qui consiste à protéger l'environnement et à la sauvegarde des ressources naturelles. «Ces organismes étatiques ne font qu'entretenir l'illusion d'une protection superficielle qui, dans ces circonstances, risque uniquement de servir "d'alibi" aux politiques entravant l'application des droits de l'environnement et du littoral » commente les ONG dans leur communiqué. «Nous rendons responsables le gouvernement marocain de toutes les conséquences que leur politique irrationnelle du développement puisse avoir sur les écosystèmes et sur les conditions de survie des générations à venir». Ces associations de protection de l'environnement marocaines exigent l'arrêt immédiat de la réalisation des trois terrains de golf à Saidia qui selon elles auront des impacts catastrophiques sur les apports d'eau. Elles demandent d’une part au premier ministre de mettre tous les moyens en œuvre pour la réalisation pleine et entière de 174 -Association Homme et Environnement (AHE), Berkane, Espace de Solidarité et de Coopération de l'Oriental (ESCO), Oujda, Association Amis de l’Environnement (AAE), Oujda, Association AZIR, Al Hoceima, Association Thissaghnasse pour la Culture et le Développement (ASTICUDE), Nador, Association Mobadara pour le Développement Durable et le Tourisme. Année 2012 185 son mandat de protection et de tirer les conséquences des événements climatiques survenus à Georgia aux USA et en Indonésie, et au gouvernement marocain de respecter les textes nationaux et internationaux ratifiés par le Maroc et l'arrêt immédiat de toutes actions conditionnées par les pressions d’une élite qui ne cherche que l'intérêt personnel. Pour terminer, les associations de protection de l'environnement marocaines appellent les partis politiques et le tissu associatif à prendre conscience de la situation et à prendre les mesures nécessaires afin de préserver notre patrimoine écologique et barrer le chemin aux profits élitistes et personnels. Elles appellent aussi le parlement marocain à travers ses deux chambres à stopper toutes mesures et projets destinés à détruire notre environnement et exposer la population à la pauvreté perpétuelle. b/ dysfonctionnements internes du partenariat associatif : En face, la majorité des associations ne dispose pas d’une stratégie de partenariat.Elles sont par conséquent 80 % des associations à trouver des difficultés pour conclure despartenariats. On relève un manque d’expérience important chez les associatifs dans le domaine dupartenariat, c’est pourquoi les associations arrivent difficilement à répondre avec succès aux appels à projets des partenaires. Les principales difficultés des associations, résident dans la difficulté à satisfaire les exigences techniques et humaines des cahiers des charges. La majorité des partenaires dispose de diagnostics sérieusement construits, couvrant leur secteurd’intervention dévoilant les attentes et besoins des populations et les opportunités en matière departenariat et disposent par conséquent de plans d’orientations stratégiques et de plan d’actionficelés. Ils sont motivés par les projets originaux que présentent les associations en premier. Ilssouhaitent, chacun dans le cadre de son programme sectoriel, renforcer les compétences locales,soutenir la population et appuyer le développement du pays. Il n’est pas exclu que certainspartenaires soient en attente d’un retour de notoriété de leur coopération avec le secteur associatif.Contraintes liées aux infrastructures et aux équipements.Les pratiques des acteurs associatifs se caractérisent par la fermeture des associations au recrutement très rapidement après sa création. Pour être dans 186 une association, il vaut mieux se présenter à la création, les trois quarts des acteurs ont intégré leur association dès sa création, ils ont été rejoints par le quart restant au cours de l’année suivante175. Ce qui veut dire que très peu, sinon rares sont les associations qui continuent à recevoir de nouveaux membres après une année de leur existence.Deuxièmement, le mouvement connaît une pratique particulièrement fréquente de changement d’association. Ce qui pose le problème du positionnement et de l’investissement au sein des associations. Troisièmement, Les associatifs appartiennent aussi à plus d’une association en même temps. Les anciens membres créent avec des nouveaux arrivants de nouvelles associations indépendantes, sans attaches avec l’association et sans quitter pour autant l’association d’appartenance première. Cas de l’association médecine du sport :Son objectif d’évaluer la place de la médecine du sport dans nos fédérations sportives Marocaines, déterminer l’état des lieux en matière de la médicalisation des fédérations, Définir le profil médecins fédéraux ;Déterminer la part des médecins spécialistes en médecine du sport par rapport à l’ensemble des médecins fédéraux, Déterminer le besoin réel en médecins du sport, Parmi ses contraintes :Contacter les fédérations, Trouver les interlocuteurs. Lenteurs des procédures, Absence chez certaines fédérations de vision précise sur le sujet d’où les problèmes de partenariat d’où l’absence de partenariat avec les autres associations médicales.Chaque année, l'Association Régionale de Médecine du sport, Rabat, Salé, Zemmour, Zaer, Organise des journées médicales sous différents thèmes. Elles s’intéressent à la réalité, aux conditions de pratique et aux perspectives d’avenir pour cette discipline incontournable pour le développement du sport dans notre pays. Ces journées sont aussi un point de rencontre des médecins du sport, de la région et d'autres, et les différents acteurs de la scène sportive et médicale du pays176. Variation de l’environnement sociopolitique : Les changements de l’environnement : alternance politique, nouveau concept d’autorité, appel àla participation civique, la priorité au développement local économique et social, … la participationdes associations au niveau des conseils de 175 -Ouvrage : contribution associative à la réduction du déficit de la démocratie locale ; Stiftung – Espace Associatif / 2003 176 - Publication des Associations régionales du médecine de sport au Maroc, par Dr khalid Hassoune 2012. 187 gestion de l’INDH, à la mise en place des politiquessectoriels, etc. ne manque pas d’amener chez les associations une réappréciation des relations avecles autorités publiques et une adaptation rapide aux nouvelles exigences du travail associatif. Certes, le passif conflictuel des associations « de gauche » avec le pouvoir, les craintes encoreprésentes des associatifs à cause de certaines résistances aux changements, les obstaclesadministratifs persistants, la différence de perception du travail associatif au niveau local (autorités,organisations sociales traditionnelles, population, etc.) ne facilitent pas les nouveaux rapports avecl’Etat. L’effort d’adaptation des associations se manifeste dans la présence importante des associationsau niveau territoriale et dans la prise en charge et la participation aux programmes desdépartements sectoriels. Nombreuses associations s’inscrivent directement dans les domainesprioritaires de développement local.Cependant, la fragilité de cet équilibre, fait que toute variation de l’environnement Sociopolitique appelle de la part des associations une adaptation et un ajustement interactif pouraméliorer leur réactivité. Les mouvements des responsables au niveau territorial rompent un équilibretrès fragile construit sur des relations personnelles. Le changement des responsables à la tête decertains départements publics à vocation social amène dans son sillage de nouvelles règles de jeu etimplique une adaptation rapide des associations et une réactivité. La dynamique associative actuelle, provient du niveau local, l’effort d’adaptation des associations locales excentrées, aux règles dejeux en continuelle transformation et en évolution constante, impacte sur leur activité voire sur leursurvie177. Le poids économique ne reflète pas la réalité hétérogène des budgets et limite laréactivité des associations : Il n’existe aucune donnée statistique fiable et incontestable sur le financement public desassociations. De même qu’il n’existe aucune source crédible pour situer les avoirs et budgets desassociations. En l’état actuel des choses, le financement des associations présente une véritableopacité. Les données collectées par l’enquête n’ont qu’une valeur indicative. Elles permettent dequalifier en termes de grandeurs l’assise financière et budgétaire 177 - M. Ahmed LAHLIMI ALAMI, Haut Commissaire au Plan, « Les classes moyennes marocaines, caractéristiques, évolution et facteurs d’élargissement » ; le 6 mai 2009, Rabat. 188 des associations et révèlent sansprétention d’extrapolation, l’importance de la participation du mouvement associatif comme acteuréconomique à part entière178. Deux principaux constats s’imposent : 21 % des associations disposent de patrimoine mobilier etimmobilier ; le poids économique des associations, en très forte progression depuis quelques années,est de plus en plus important (quatre cents millions de dirhams, pour la dernière action desassociations enquêtées). Ainsi, le secteur associatif ne peut plus être appréhendé comme une entitése situant en dehors du système productif.Cependant ce poids économique ne reflète que très peu la très grande disparité des budgetsgérés par les associations : 40 % ont un chiffre d’affaires annuel moyen inférieur à 25 000,00 DH. Il est aussi peu probable qu’un classement des associations en grandes, moyennes et petites, enfonction de leurs ressources et budgets soit réaliste et durable. Les données de l’étude montrent que d’une année à l’autre, La majorité des associations se caractérise par une faible capacité d’autofinancement. Cas de l’association Anaruz : une ONG qui œuvre dans lesdomaines culturels,développement durable et à la conservation del'environnement. Son exécutif se compose de sept membres et deplusieurs personnes actives dans des commutés: artistique théâtre,musique, peinture...,sociales ;cours de soutient aux élèves du primaireet secondaires,compagnes médicales et sensibilisation est ce en organisant desactivités intégrées avec des partenaires nationaux ou internationaux Le financement principale de notre association se composeprincipalement par les cotisation de nos adhérents qui frôle les 650, lesbourses de la municipalité et les retombées des expositions artistiques, ses missions :promouvoir les droits linguistiques, culturels, socio-économiques, la reconsidération de l’identité, la langue et la culture Amazigh via le tissu culturel national, encourager les différentes formes de production et de créativité, promouvoir l’insertion de la langue, la culture, et la civilisation dans les médias, contribuer au développement local179 . Sur le plan économique, socioculturel et solidarité au sein de la population, diffuser l’esprit de coopération, aider et encourager la fille rural dans la poursuite de ses études,Contribuer à l’éducation, à la formation et à l’animation culturelle,S’intéresser au secteur sportif et œuvrer à la découverte desl’organisation 178 - Etude sur les associations marocaines de développement, diagnostic, analyse et perspectives Rapport III, synthèse et recommandations. (P :36). 179 - [email protected] 189 de compétitions et tournois.149son poids économique ne reflète pas sa réalité, elle souffre énormément des sources de financement ce qui handicape ses activités et leurs extension sur tout le territoire national. II/Limites du secteur mutualiste marocain. Le système de santé marocain est confronté à une multitude de problèmes liés essentiellement à la double transition démographique et sanitaire, à l’insuffisance de la dotation du secteur et à l’inquiété dans le financement des soins. Ce dernier ne concerne que 41% des dépenses globales de santé. Seuls cinq millions de Marocains bénéficient d’une couverture médicale alors que le reste de la population se base sur le certificat d’indigence et ce malgré un système de couverture social mis en place depuis 40 ans. La couverture médicale de base a pris corps, au niveau législatif en novembre 2002, mais avait alimenté de fécondes réflexions tout au long des années 90. En effet, après l’épreuve du plan d’ajustement structurel et dans le sillage du désengagement de l’état,le secteur de la santé s’est trouvé sous équipé sous financé et capable de contenir la pression sociale de la population sur le secteur.151 La couverture médicale de base est parmi les réponses au déficit des indicateurs sociaux dans le domaine de la santé. Elle a pour objectif d’élargir l’accès des populations défavorisés aux soins de santé de base et le renforcement de la protection sociale par la mise en place d’un régime d’assistance médicale aux personnes économiquement faible (RAMED) et d’un régimed’assurance maladie obligatoire (AMO). Le secteur est dominé par les mutuelles du secteur public, il est animé par une cinquantaine d’institutions, la moitié de celles-ci sont des mutuelles de couverture sanitaire, dont 8 publiques regroupées dans la CNOPS. 43% sont des sociétés de cautionnement mutuel qui opèrent dans les secteurs de l’artisanat, du transport, de la pêche, de la PME et trois mutuelles d’assurances il s’agit de la MAMDA, MATU, et la mutuelle d’assurance sur les accidents de route et de travail180. 180 - Rôle et perspective d’évolution de la mutualité marocaine à l’heure de l’assurance maladie 1présentation fait par Ministère des finances, direction des assurances et de la prévoyance sociale . 26 mars 2007. 190 Les contraintes des mutuelles peuvent se résumer comme suit : la difficulté de recouvrement des cotisations (auprès des collectivités locales) et leur irrégularité dans l’ensemble. Les bénéficiaires engagent au total 2. 904. 819 milliers de dhs en soins de santé, ils ne sont remboursés que sur 1. 456. 683 milliers de DHS soit 50.15%181. La part relative des médicaments est excessivement élevée avec un pourcentage de 81% des dépenses, Quelques médicaments non admis,Décalage entre les tarifs de responsabilité et les prix réellement appliqués sur le marché, Non respect des dispositions législatives et réglementaires du dahir;Difficultés dans l’exercice du contrôle du secteur ;Absence de règles comptables relatives à la gestion des sociétés mutualistes. Dispersion des mutuelles sur plusieurs activités nécessitant des techniques et des compétences différentes : gestion des risques (maladie, décès, vieillesse, invalidité), gestion des œuvres sociales.Retard de remboursement par les mutuelles des soins dont bénéficient leurs adhérents;Mise en place de systèmes d’informations ne facilitant pas l’intégration. Les mutuelles et les sociétés de cautionnement mutuel ne disposent pas de structures uniques reconnues de représentation Les mutuelles de santé ont constitué deux unions : L’USM : Union des sociétés mutualistes publiques du secteur public et L’UMS : Union des mutuelles des salariés des secteurs semi-public et privé. Contrôle médical inapproprié voire inexistant, Faible performance des établissements de soins publics, qui tient à plusieurs facteurs, notamment : les carences en ressources humaines, une obsolescence des infrastructures et des équipements, l’insuffisance et la mauvaise gestion des ressources financières, l’irrégularité dans l’approvisionnement en médicaments et en consommables, et des comportements individuels peu compatibles avec les intérêts des usagers ainsi le maintien d’un niveau minimal d’hygiène, ce qui implique une certaine iniquité dans l’accès à des soins de qualité; Absence de complémentarité entre l’offre publique et l’offre privée de soins. En effet, faute de carte sanitaire et de cadre réglementaire, l’offre de soins privée est de niveaux hétérogènes et ne correspond pas toujours aux besoins prioritaires des populations ; Faiblesses en matière de régulation, avec notamment l’absence de carte sanitaire ainsi que des déficiences en termes de gouvernance aussi bien dans le secteur public que privé, ce qui implique de grandes disparités entre les milieux urbain et rural, entre les régions. 181 - L’économie sociale au Maroc : Etat des lieux et perspectives d’avenir, Touhami Abdelhalek. (P :147) 191 Système de soins connaissant des cloisonnements d’ordre fonctionnel et technique entre les niveaux ambulatoire et hospitalier et une insuffisance notoire en personnel de santé particulièrement les médecins, les sages-femmes et les infirmiers insuffisance en terme de capacité de formation et de recrutement par rapport aux besoins ; Besoins pressants dans certaines spécialités médicales et mauvaise répartition spatiale de la plupart d’entre elles. - Le Ministère de la Santé : dont les missions n'ont pas été redéfinies à l'occasion de la mise en place de l’AMO, continue à jouer un rôle central en matière d’offre de soins, et en particulier pour les plus démunis. Par contre il s’est insuffisamment consacré à l’élaboration, l’adoption et la mise en œuvre des outils de régulation nécessaires à l’utilisation optimale des ressources. L’absence de régulation entrave la maîtrise des dépenses de santé et l’adéquation de l’offre de soins aux besoins de santé de la population 182. La structure de financement des soins de santé globalement inéquitable, en particulier vis-à-vis des populations les plus démunies est aggravée par une insuffisance des financements publics, ce qui contribue amplement à expliquer les difficultés d’accès aux soins en particulier pour ces populations : le paiement direct des ménages intervient pour 52% alors que les ressources fiscales (nationale ou locale) ne représentaient que 28% et l’assurance maladie 16%. De plus, la « socialisation » du financement des dépenses de santé concerne majoritairement les populations les plus favorisées et celles vivant en zone urbaine. La mise en œuvre de la CMB (AMO/INAYA/RAMED) constituerait une opportunité pour augmenter le financement collectif des soins de santé et en particulier dans le secteur public du fait des encouragements et obligations apportés par les réglementations régissant ces couvertures, d’un recours renforcé aux services publics hospitaliers. La couverture médicale de base est une démarche non intégrée due d’une part à l’application de la progressivité dans la mise en œuvre de cette couverture au profit des différentes catégories de la population : L’assurance maladie obligatoire de base (AMO) instaurée au profit des salariés des secteurs public et privé (près de 34% de la population marocaine) est entrée en vigueur en 2006 . 182 - Etude sur le financement des soins de santé au Maroc, Rapport final élaboré par Mmes Fatiha kherbach et Asmae El alami Fellousse .Novembre 2007, Organisation mondiale de santé. (P : 88-89). 192 Le régime d’assistance médicale (RAMED) : conçu au profit des personnes démunies (près de 30% de la population marocaine) est en cours de finalisation ; et l’assurance maladie obligatoire de base au profit des travailleurs indépendants et des aides artisans (Inaya) qui concerne près de 30% de la population marocaine et qui est en cours de mise en place dans le cadre de contrats d’assurance ou de mutuelles. Et d’autre part au fait de la décision que cette couverture utilise les structures existantes, ce qui a engendré des contraintes quant à la sauvegarde des droits acquis par les personnes bénéficiant d’une couverture dans le cadre de ces structures, avant l’avènement de la loi 65-00, ce qui a eu pour conséquences des couvertures de différents niveaux dont certaines n’englobent pas la totalité des soins de santé et portent essentiellement sur les gros risques (hospitalisations médicales et chirurgicales )et suivi des affections longue durée (ALD) et des affections longues durée coûteuses Ces contraintes ont généré la fragmentation de la population couverte et la multiplicité des régimes d’assurance avec différents niveaux de couverture (taux de couverture et panier de soins). Ainsi, si la création de systèmes spécifiques de couverture médicale pour chaque catégorie de personnes permet de prendre en considération leurs caractéristiques et notamment leur capacité contributive et facilite l’extension de cette couverture, elle a aussi abouti à un système à plusieurs vitesses et a rendu difficile toute solidarité entre les catégories d’assurés. La pérennité du système est confrontée à différentes contraintes consécutives notamment : au vieillissement de la population, impliquant l’augmentation des maladies liées à l’âge ; à la hausse de la demande de soins engendrée par l’amélioration de l’espérance de vie , au renchérissement du coût des soins de santé dû aux progrès techniques et à l’amélioration de l’accès aux soins de santé ; à la faible croissance des cotisations qui dépend de l’évolution des revenus ; à la croissance du coût des prestations de soins toujours supérieure à celle des revenus ; à la limite de la révision à la hausse des taux de contribution qui doivent rester compatibles avec la capacité contributive des opérateurs économiques tout en maintenant le niveau de couverture actuel183. Quand aux mutuelles communautaires l’étude propose d’étudier deux cas concret : 183 - Secteur mutualiste marocain face au défi de la couverture sociale composante et financement. 2010 193 A/ L'expérience de mutuelle communautaire à Zoumi est la première expérience de mutuelle communautaire jamais menée au Maroc. Elle a donc joué le rôle d'expérience pilote. Les réussites, mais aussi les difficultés qu'elle a éprouvées, seront donc utilement utilisées, non seulement par l'UNICEF qui a décidé d'étendre l'expérience à 18 autres communes marocaines, mais aussi par les autres structures d'appui, dont l'OMS, qui désirent s'engager plus avant dans le domaine des mutuelles communautaires184. D'autre part, la mutuelle a permis de changer la nature du dialogue entre les autorités et la population. Il est vrai qu'avant le projet, une grande méfiance semblait régner de la part des habitants envers l'administration, qu'elle soit provinciale ou nationale. Le principal problème que semble rencontrer la mutuelle est celui de la baisse du nombre de ses adhérents : aujourd'hui, avec une moyenne de 6 personnes par foyer, environ 2000 personnes sont couvertes par la mutuelle, ce qui représente 3,5% de la population de la commune. La manière de remédier à ce problème serait de changer la manière dont est vue la sensibilisation par les responsables de l’association. Un autre problème semble se poser : les membres du bureau ne connaissent pas véritablement leurs adhérents. En effet, il leur est impossible, par exemple, de donner le nombre exact de personnes bénéficiant actuellement de la couverture maladie : bien qu'ils sachent le nombre de personnes cotisantes, ils ne tiennent pas un décompte du nombre de personnes inscrites sur la carte. Il est alors impossible, à l'heure actuelle, de connaître des indicateurs qui pourraient être utiles à l'amélioration de la qualité du service rendu par la mutuelle : qui sont les adhérents (sexe, âge), qui sont ceux qui utilisent leur carte de manière intensive, qui sont ceux qui ne l'utilisent pas, pour quels types de services . B/La mutuelle de Tabant située dans la province d’Azilal a débuté ses activités depuis le mois d’avril 2005. Elle a été créée dans le cadre du programme des Besoins Essentiels de Développement mené par le Ministère de la Santé, qui se donne pour objectif d’améliorer l’état de santé des populations en améliorant la qualité de vie des populations, et donc en jouant sur les déterminants sociaux de la santé. 184 - Organisation Mondiale de la Santé – Bureau du Représentant au Maroc. Les principales expériences de mutuelles communautaires au Maroc mars 2006.par Adrien Renaud Economiste de la santé . 194 Comme dans la province de Zoumi, la mutuelle est donc une initiative des autorités, et non une initiative des populations. La mutuelle a été lancée après la réunion d’une assemblée générale, où deux personnes par douar étaient représentées. Cette assemblée a élu un bureau de 13 personnes, auquel le médecin et le pharmacien étaient associés, sans en faire formellement partie. Des séances de sensibilisation ont été menées par les représentants à partir du mois d’octobre 2004 dans chaque douar. En janvier 2005, les cotisations ont commencé à être récoltées, et le service a commencé à fonctionner le 20 avril 2005. La cotisation est fixée à 200 DH par famille et par an. La garantie comprend, comme demandé par les autorités lors de la réunion où elles avaient incité les habitants de Tabant à se doter d’une mutuelle communautaire, les médicaments non fournis par le centre de santé ainsi que les transferts en ambulance jusqu’à l’hôpital de Chefchaouen. On peut dès à présent noter que, tout comme pour le cas de la mutuelle de Zoumi, le contenu de la garantie n’a pas fait l’objet d’une réelle participation communautaire. La mutuelle compte aujourd’hui 478 adhérents, ce qui représente environ un quart des ménages de la commune. Parmi ses atouts : La mutuelle a bien démarré. En 10 mois d’exercice, elle a réussi à faire adhérer environ un quart de la population, et elle a réussi à roder des procédures qui lui permettent de fonctionner en routine. Elle pourra servir d’exemple aux mutuelles qui vont être crées sous peu dans la province. Elle a d’ailleurs déjà reçu la visite d’une équipe de la province de Chichaoua, où un programme de création de mutuelles communautaires est en cours. La mutuelle de Tabant185 bénéficie d’autre part de soutiens de la part de la commune, qui met à sa disposition l’une de ses fonctionnaires pour assurer la réception des adhérents, pour viser les ordonnances ; Elle bénéficie également du soutien de la délégation provinciale de la santé, ainsi que de deux organismes internationaux : l’OMS et le FNUAP. Parmi ses contraintes : problème de manque d’attractivité de la garantie qui vient d’être présenté, trois problèmes principaux se posent à la mutuelle communautaire de 185 - Centre de santé de Tabant est situé à 1800 mètres d’altitude, dans la vallée des Aït Bouguemez, dans le Haut Atlas Central au Maroc, et couvre une population d’environ 30 000 habitants. Il se trouve à plus de deux heures de routes de la ville la plus proche, Azilal. En 2008, son équipe y exerçait une médecine préventive et curative dans des conditions d’isolement important et avec peu de matériel et de ressources. Les soins suivaient les directives des programmes sanitaires mis en place par le gouvernement marocain. 195 Tabant: la disponibilité des médicaments au dépôt pharmaceutique, la sensibilisation, et l’existence, parmi la population, d’un courant «anti-mutuelle», auquel quelques membres de la commune ne sont pas étrangers. Des problèmes de rupture de stock de certains médicaments au dépôt pharmaceutique privé de Tabant, partenaire principal de la mutuelle, ont été rapportés. Ces problèmes sont très inquiétants, puisque avec le transfert en ambulance à l’hôpital d’Azilal, les médicaments fournis par le dépôt pharmaceutique sont l’unique garantie offerte par la mutuelle. Après investigation auprès du propriétaire du dépôt pharmaceutique, il s’est avéré que ces ruptures ne concernaient que des médicaments ne figurant pas sur la liste des médicaments que la mutuelle doit rembourser. Ceci trahit un important problème concernant l’application des conventions signées par la mutuelle : il est important pour éviter les risques de dérives, que les conventions soient appliquées à la lettre. Si ces dernières posent des difficultés, il est urgent de les rediscuter, et donc, dans ce cas, de définir une nouvelle liste de médicaments à laquelle toutes les parties prenantes doivent se tenir. Le problème de la sensibilisation est celui qui semble poser la menace la plus immédiate pour la mutuelle. En effet, dans deux mois, les cartes d’adhérents qui ont été délivrées au début de l’activité de la mutuelle arriveront à échéance, et il faudra donc convaincre les mutualistes de renouveler leur adhésion. Or il n’existe pour l’instant pas de réelle stratégie de sensibilisation, les relais dont dispose la mutuelle (deux personnes par douar) n’ont jamais été réunis, et aucune campagne de sensibilisation n’est pour l’instant programmée. La sensibilisation de la part de l’association se fait auprès des personnes venant au centre de santé, ce qui a pour effet pervers de ne recruter que des personnes ayant de fortes chances de tomber malades, et donc de limiter la diversification des risques. Le personnel du centre de santé, qui a le sentiment d’être le seul acteur à faire des efforts pour la sensibilisation, craint que le taux de renouvellement des adhésions soit très faible. Le troisième problème est d’ordre politique, Il est ressorti des entretiens menés avec les responsables de la mutuelle, ainsi qu’avec les responsables du centre de santé, que les élus (deux parlementaires et les élus de la commune) ne sont pas très favorables à la mutuelle, car ils y voient une initiative dont les bénéfices politiques leur échappent. Il existe donc un courant anti-mutuelle dans la population, si bien que certaines localités entièrement acquises aux élus de la commune n’ont aucun 196 adhérent à la mutuelle, Ce problème politique pourrait être l’un des principaux obstacles à une sensibilisation de grande ampleur. Après avoir présenté ces quelques expériences de mutuelles communautaires au Maroc, il est possible de tirer certains enseignements qui peuvent être utiles pour la suite qui sera donnée à ce mécanisme de financement des soins de santé. On peut tout d’abord constater qu’il existe un défaut dans la définition de ce que l’on attend des mutuelles communautaires. Le caractère largement improvisé, ou plutôt faiblement coordonné, des expériences qui ont été mises en place dans le pays est pour beaucoup. On ressent par exemple cette faiblesse dans la définition de la fonction des mutuelles dans la déception qui est ressentie par les adhérents des diverses communes quant au bénéfice qu’ils retirent de leur adhésion. En effet, beaucoup estiment qu’ils n’ont « pas bénéficié assez » (comme cela a notamment été décrit pour l’expérience de Tabant), et que leur carte d’adhérent a été « inutile ». On se rend donc compte qu’ils avaient compris qu’ils allaient recevoir des soins gratuits d’une valeur supérieure au montant de leur cotisation. Parmi les causes de cette mauvaise compréhension figurent certainement une sensibilisation qui n’a pas su faire passer le message de partage des risques de la mutuelle communautaire, qui prend elle-même ses racines dans l’incertitude des décideurs quant à ce qu’ils attendent de cet outil. On peut également voir un symptôme de cette incertitude dans le choix des sites où sont implantées des mutuelles : certaines d’entre elles sont ou seront en effet situées dans des zones très difficiles,Ceci conduit à admettre la nécessité d’une définition claire de ce que doivent apporter les mutuelles au financement des soins de santé. Cette définition doit porter sur : La nature du mécanisme choisi : opte-t-on pour un mécanisme de solidarité, où chacun adhère pour le bien de la communauté, ou pour un mécanisme d’assurance, où chacun adhère puisque tel est son intérêt ? Les prestations couvertes : les mutuelles se bornent-elles à faciliter l’accès au médicament ou doivent-elles se fixer des objectifs plus ambitieux ? Quelles sont les populations pour lesquelles une mutuelle est un outil adéquat de financement ? Certaines de ces questions, et notamment la dernière d’entre elles, nécessitent des compléments d’informations. 197 En effet, la cible et la garantie exacte des mutuelles ne peuvent être définies que si les outils de la Couverture Médicale de Base (CMB) le sont également, ce qui n’est pour l’instant pas le cas pour le Régime d’Assistance Médicale (RAMED), qui doit prendre en charge les soins délivrés aux plus démunis. Une réflexion intégrée sur le financement de la santé doit être menée dans ce cadre. Une fois la question de la définition de la cible et de la fonction des mutuelles communautaires réglées, il sera plus facile d’élaborer des procédures communes aux mutuelles qui pourraient être créées CHAPITRE II LES PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT DES COOPERATIVES , ASSOCIATIONS ET MUTUELLES AU MAROC. Les coopératives, les associations sont en passe d’occuper une place importante dans la vie économique, sociale et culturelle du pays. Elles constituent également un corps intermédiaire essentiel à l’exercice de la démocratie et des libertés. En donnant sa place à l’expertise des coopératives et des associations, la concertation renforce l’efficacité de l’action publique. Par leur fonction de veille, 198 d’innovation et d’animation des territoires et tant que partenaires des pouvoirs publics, elles contribuent à la prise en compte de l’intérêt général. Malgré les contraintes mentionnées dans le chapitre précédant, qui font l’objet d’interventions des pouvoirs publics et d’autres partenaires nationaux et internationaux, le secteur de l’économie sociale et solidaire marocain dispose de plusieurs opportunités et moyens pour les surmonter. Il bénéficie de larges perspectives pour progresser et se faire une position appréciable au sein du contexte socio-économique du pays. En plus des grands chantiers et projets mis en place notamment :(INDH, Plan Maroc vert pour l’agriculture, vision 2015 de l’artisanat, vision 2020 du émergence/Maroc tourisme, Plan numérique, Halieutis 2020 les programmes de de la pêche 186, le plan développement des infrastructures et de la logistique, la stratégie de l’énergie, les programmes de l’emploi et de la protection sociale, la stratégie de la formation professionnelle, la stratégie de l’enseignement supérieur, les programmes de l’éducation nationale,les programmes de la santé,les programmes du logement social, la stratégie de la culture, les programmes destinés aux jeunes, le partenariat avec la société civile) à cela s’ajoute des actions engagées pour l’assainissement de l’environnement coopératif au niveau juridique et l’amélioration des outils de soutien au niveau du marché, dans ce cadre, le Maroc commence à tracer un nouveau cadre de l’action publique et formuler les orientations nécessaires pour une meilleure hiérarchisation des priorités en optant pour une large concertation avec les acteurs du développement dans tous les secteurs et les territoires. L’objectif est d’atteindre une plus grande efficacité dans l’exécution des politiques publiques et des actions programmées, et de relever les défis de l’incertitude croissante qui règne sur un environnement international façonné par la mondialisation et les progrès technologiques et scientifiques croissant. Au niveau juridique, un projet de loi 112-12 fixant le statut des coopératives et les missions de l’ODECO réformant la loi 24-83 a été déposé au secrétariat général du gouvernement pour promulgation le 7septembre 2011 ; Le projet texte qui a modifié le texte en vigueur dans sa quasi-totalité et permettra aux porteurs de projets de surmonter le problème de lenteur de la procédure de création des coopératives 186 - Plan Halieutis : une nouvelle stratégie pour le secteur de la pêche maritime au Maroc, bulletin d’information technologique. Aout 2010 199 en remplaçant l’agrément par un simple enregistrement au registre des coopératives au tribunal de première instance. Ce projet de loi a apporté d’importants amendements susceptibles de déclencher une grande dynamique du secteur coopératif tout en mettant à la disposition des coopératives des mécanismes juridiques et réglementaires efficaces pour contribuer à l’amélioration de leurs rendements en tant qu’unités productives au niveau de l’encadrement et de l’organisation des petits producteurs. Les principaux amendements du nouveau projet de loi ont concerné essentiellement les dispositions suivantes : la constitution, le capital, le registre local, l’assemblée générale annuelle, la gestion, la commission du contrôle, en effet, la coopérative sera ainsi, crée dans 15 jours au maximum au lieu de deux ou trois mois. Actuellement, Ce projet imposera à la coopérative d’être plus transparente au niveau de l’organisation ; de la gestion et la comptabilité, gage de la bonne gouvernance, ce qui est fondamental pour partenaires financiers et commerciaux et permettra en l’occurrence, à la coopérative d’avoir la confiance et les moyens pour assurer sa croissance et sa pérennité187. En plus le Ministère tuteur du secteur a lancé ces derniers mois un projet ambitieux d’accompagnement des coopératives nouvellement crées Mourafaka, Il s’agit d’un accompagnement, exécuté par l’ODECO qui s’étale sur deux ans pour assurer aux coopératives élues un décollage sans risque. Il y a également, un projet de loi en préparation sur le commerce équitable qui constitue, un moyen approprié pour l’écoulement des produits des coopératives dans les meilleures conditions, Ce projet vient en couronnement de l’étude lancé par le Ministère des affaires générales et de la gouvernance visant la mise en place d’une plate-forme nationale du commerce équitable dotée de tout le dispositif législatif et règlementaire à même de créer les conditions favorables pour l’implantation et le développement de ce secteur au Maroc. Parmi les objectifs essentiels de ce projet de loi:Organiser et réglementer le secteur de l’économie sociale et solidaire a fin de bénéficier des opportunités offertes au niveau international au profit des petits producteurs ; Mettre en place des labels du commerce équitable et des techniques 187 - Pour une réforme du cadre juridique des coopératives au Maroc par Mustapha Bouchfra pk la réforme ? Projet de loi 2-11 relatif aux coopératives adopté par le conseil de gouvernement le 7 septembre 2011.REMACOOP (P/6). 200 de certification des produits ou des organisations;Création de l’organisme administratif en charge de l’appui, l’accompagnement et le contrôle du secteur du Commerce Equitable ; Amélioration du niveau de vie et des conditions de travail des petits producteurs en adoptant les normes du commerce équitable (création d’opportunité aux producteurs défavorisés, transparence et traçabilité, payement du prix équitable, limites au travail des enfants, interdiction du travail forcé, égalité homme femme, formation, protection de l’environnement). Le projet de loi a fait l’objet de nombreuses concertations et consultations auprès des professionnelles et des départements concernés notamment à l’occasion de la tenue des salons nationaux et régionaux de l’économie Sociale, Il est actuellement introduit dans la procédure d’adoption au niveau du Secrétariat Général du Gouvernement188. Le secteur coopératif marocain est entrain de vivre ces cinq dernières années une période de foisonnement sans précédent, une véritable dynamique et un regain d’intérêt et de confirmation comme outil d’intégration et de mobilisation des catégories qui vivent en marge du processus de développement déclenché par les pouvoirs publics en ce début du siècle189. Longtemps considéré comme un secteur d’amortissement de crises socioéconomiques dont les performances sont incapables de dépasser le seuil de subsistance, le secteur coopératif a démontré qu’il est en mesure d’abriter des entreprises aussi performantes que celles du secteur privé et faire face aux aléas du marché national et international. Il a prouvé, également, sa capacité de développer des activités génératrices de revenus190, le développement de ces AGR constitue un objectif partagé entre de nombreux acteurs de développement. Plusieurs départements ministériels ont mis en place des programmes spécifiques inspirés de cette démarche, à l’instar du pilier II du Plan Maroc Vert, destiné au développement de l’agriculture sociale et des 188 - Commerce équitable au Maroc : Projet de loi, Direction de l’économie sociale et solidaire 2013. - Plate forme marocaine pour un commerce équitable. La PMCE est une association à but non lucratif ayant pour objectif de développer les filières du commerce équitable au Maroc, Ecrit par Mustapha Bouchafra , [email protected] Aout 2004 190 - Séminaire sur les Activités génératrices de revenu, données du centre national de la documentation. Les AGR constituent un instrument puissant d’intégration des populations défavorisées. Publication du haut commissariat 4 février 2011 189 201 produits du terroir et des stratégies en vigueur dans les secteurs notamment de l’artisanat et de l’économie sociale. Bénéficiant de la dynamique de l’INDH et soutenu par les agences sociales spécialisées, le tissu associatif et coopératif a montré à ce titre des capacités importantes de mobilisation. Ainsi, en dehors de certaines externalités négatives sur les ressources naturelles et de la difficulté à pérenniser les projets, le développement des AGR s’est révélé un instrument puissant d’aide à l’intégration des populations défavorisées aux circuits économiques et d’amélioration de leur condition sociale. Le secteur a fait preuve également de mobiliser les petites épargnes permettant l’amélioration des conditions de vie des couches moins défavorisés ou en état de fragilité économique et sociale.Il a aussi fait preuve de grandes qualités d’adaptation aux différents environnements socioculturels surmontant, parfois même, les barrières sociologiques tout en imposant une dynamique démographique érigée en force motrice d’un développement local durable. En raison de toutes ces considérations le secteur coopératif a bénéficié et continue de bénéficier d’une attention particulière de la part des pouvoirs publics et a acquis un accueil favorable chez les différentes catégories de producteurs de biens et de services ainsi que les porteurs de projets, notamment les jeunes diplômés et la femme rural. Un accueil particulier lui a été réservé par le tissu associatif en charge de réalisation de projets générateurs de revenus ou d’ action de développement local soutenu soit par l’état ou les bailleurs de fonds étrangers. Avec cet engouement considérable, le secteur coopératif a en retour, le devoir de remplir les taches prescrites et de répondre aux attentes. Les résultats réalisés ces dernières années donnent de l’espoir, pourvu que cela puisse s’inscrire dans la continuité et la persévérance. Les pouvoirs publics exprimaient leur conviction du rôle des coopératives dans la mobilisation de l’action solidaire et dans l’organisation des activités des populations autour de projets de développement, de plusieurs façons. Quand aux associations, elles jouent un rôle important dans la reproduction des solidarités sociales existantes. 202 Elles se positionnent comme structures institutionnalisées de réajustement des inégalités sociales au sein du douar ou quartier de la commune et même de la province. Elles s’inscrivent parfaitement dans un champ de régulation sociale, économique et culturelle. L’avènement de l’INDH et des programmes de renforcement des capacités et des acteurs associatifs semble constituer un stimulant important pour la création de nouvelles associations. L’INDH est une vision pour le développement du Maroc: elle constitue un excellent instrument pour la réalisation d’un développement humain durable à tous les niveaux si elle est bien soutenue et mise en œuvre efficacement. Néanmoins, une intervention de renforcement des capacités des tissus associatifs, s’avère nécessaire pour mieux relever les nouveaux défis du développement économique, sociale du pays. A cet effet, l’A.D.S en étroite collaboration avec le Fond des nations unies pour la population et le CPDH a entrepris le programme TAKWIA pour renforcer les capacités des associations de développement local qui vise à accompagner la dynamique des associations selon leurs différends niveaux d’intervention, la diversité de leur champ et leur degré de développement191. Le programme s’est reposé sur un diagnostic organisationnel des associations actives sur le territoire de plusieurs provinces dont fait partie les provinces de khénifra, Sidi kacem et Marrakech. Ce dernier débouche sur l’élaboration des plans provinciaux de renforcement des capacités aux profits des associations. Le programme de qualification des Associations/Takwia a pourobjectif global la qualification des associations à travers lerenforcement de leurs capacités afférentes, en priorité, audéveloppement local. Ses objectifs opérationnels, reposent sur quatre axesen l’occurrence, l’appui à la gouvernance locale des associations,la conduite et la gestion des projets de développement, lacoordination avec les acteurs et le réseautage ainsi que l’appuiaux associations locales. Il bénéficiera au tissu associatif d’unemanière générale, aux réseaux des associations sectorielles etterritoriales, aux comités et forums de concertation et de dialogueentre les associations et les autres 191 -Le programme (TAKWIA), porté par la coordination régionale de l’Agence de Développement Social (ADS) et le comité provinciale de l’INDH de Guelmim, poursuit ses sessions de formation sur le management associatif au profit d’un ensemble des membres des organisations locales 203 acteurs locaux et parconséquent aux populations locales bénéficiaires des projets etinitiatives associatifs. Considéré comme un moyen pour assurer un développement soutenu au niveau économique et social, le style coopératif et associatif ainsi mutualiste a ouvert divers horizons pour la constitution de projets économiques et sociaux qui contribuent de manière effective à la création de projets générateurs de revenus, la contribution à l’organisation des secteurs informels et l’intégration des petits producteurs au sein du marché. L’effectif des cooptatives et associations au Maroc ont connu un élan non négligeable dans le tissu socio-économique national, dans la mesure où il joue un rôle prédominant dans le développement durable. En effet, le nombre des coopératives a atteint 9046 unités réparties entre divers secteurs et régions avec 399.558 adhérents192 Le Plan Maroc vert est basé sur une analyse approfondie des contraintes de l’agriculture marocaine qui met en évidence la faible disponibilité de l’eau agricole, accentuée par les changements climatiques, la faible productivité de l’agriculture, liée principalement au morcellement, à la monoculture des céréales, et au faible lien développé avec le marché. L’agriculture du Maroc possède aussi des avantages liés à sa situation géographique, ses coûts compétitifs, et le développement d’un marché intérieur. Le Plan Maroc Vert, adopté par le Gouvernement en 2008, a pour objectif de faire de l’agriculture un moteur de la croissance économique et de la lutte contre la pauvreté. Il développe tout un arsenal de réformes destinées à augmenter la part de l’agriculture dans le PIB du pays, à moderniser le secteur tout en préservant les ressources en eau et les terroirs. Il implique une profonde mutation institutionnelle, une réforme du rôle des acteurs, notamment du secteur privé, et d’importants investissements. Il s’inscrit en cohérence avec la mise en œuvre de la Stratégie nationale sur l’eau (2009-2015) qui cible une meilleure gestion de la demande et de l’offre en eau agricole, à travers plusieurs réformes dont la gestion déléguée des périmètres agricoles, et le renforcement du rôle des acteurs dont les Associations d’usagers de l’Eau Agricole193. 192 - Appui aux projets coopératifs : pilier de l’auto emploi par Mohamed DARDORY (P :75) - Ministère de l’agriculture et la pêche maritime « plan Maroc vert » première perspectives de la stratégie agricole Méknès ,Avril 2008 193 204 Le programmeMaroc vert est un programme environnemental à la base par ses actions de reconversion collective à l’irrigation localisée, la promotion d’une gestion intégrée des nappes souterraines194, la valorisation de l’eau et des produits de terroir, la promotion de l’économie énergétique et des énergies renouvelables en irrigation, la promotion du genre et le renforcement des capacités des acteurs. Les enjeux environnementaux et sociaux du programme découlent du risque d’intensification liée à la valorisation, l’aménagement de nouvelles superficies, le développement des agropoles et l’accessibilité des groupes vulnérables aux ressources du programme. le plan, vise également à améliorer la gouvernance environnementale du programme PMV, Il inclut le développement des outils d’évaluation environnementale, des outils de gestion des impacts dans les parcelles, des mesures environnementales et sociales . Dans cette perspective, les coopératives agricoles ont dépassé les objectifs monofonctionnels vers ceux multifonctionnels, et ce sont lancées en de nouveaux créneaux. Elles sont réparties sur l’ensemble du territoire marocain jusqu’aux zones les plus reculées, étant donné que l’agriculture était et demeure une activité séculaire, exercée par une très grande majorité de la population marocaine, qu’il s’agisse d’hommes, de femmes ou de jeunes. Quand au secteur de l’artisanat, la vision 2015 considérée comme cadre de développement, elle se fixe essentiellement un double perspectif195 : La première est l’émergence d’acteurs producteurs de référence soit par leur création soit par la mise à niveau d’acteurs producteurs habilités à des productions en volume et en quantité suffisante. Pour cela, les efforts doivent se concentrer sur la mise à niveau des réseaux de distribution qui approvisionnent la clientèle notamment moderne et ce en identifiant les produits les plus prisés . Dans le but, d’assurer des débouchés de vente des produits artisanaux marocains, et les adapter aux gouts de la clientèle, l’état appuierait la production et la commercialisation en liant les réseaux de distribution et les acteurs par contrats. La deuxième perspective : concerne l’amélioration des conditions de vie des mono-artisans urbains et ruraux par l’élévation de leurs revenus196. 194 - Larbi Toumi, la nouvelle stratégie agricole au Maroc (Plan Maroc Vert) : les clés de la réussite,. Ministère de l'Agriculture et de la Pêche Maritime (Maroc), Avril 2008, Op.cit. 195 - Extrait de la synthèse de la stratégie de l’artisanat 2015 élaboré par le secrétariat d’état chargé de l’artisanat.WWW.artisanat.gov.ma 205 Pour la mise en œuvre de cette stratégie d’autres mesures transversales sont prévues et ont trait à la promotion (création d’un label national, foires et expositions professionnelles, promotion du secteur du tourisme)et la formation par apprentissage en partenariat avec les chambres d’artisanat. A l’horizon 2015, les objectifs chiffrés de la vision de l’artisanat prévoient atteindre : La réalisation d’un chiffre d’affaires global du secteur de l’ordre de 24 milliards de dh, l’augmentation des exportations du secteur à 7 milliards de dh, la création de 37.200 postes d’emploi dans les très grandes entreprises, autant de postes dans les PME et atteindre ainsi le seuil de 331.500 de mono-artisans. La vision 2015de l’artisanat , constitue un rempart pour les coopératives artisanales qui doivent trouver pleinement leurs places dans cette stratégie et bénéficier largement des moyens alloués à sa mise en place, ces coopératives ont toujours joué un rôle primordial dans l’encadrement collectif des artisans au sein d’unités productives ou de service, leur approvisionnement en matières premières, l’amélioration de la qualité des produits par la création et l’innovation : elles sont en effet, des espaces de création et innovation en design, de production en grandes quantités. Elles ont aussi participé à la création de l’emploi par l’embauche d’ouvriers et salariés. Elles disposent d’atouts majeurs pour s’organiser et s’incruster dans les rouages de la vision.la vision est également un atout pour alléger les problèmes de ces coopératives sur plusieurs plans : en intégrant des réseaux de distribution elles n’auront plus de problèmes en quantité suffisante pour des productions en masse ni de difficultés de commercialisation ni d’intermédiaires. Mais, elles ont également besoin d’appui dont parle la vision surtout en matière de financement des crédits et la couverture sociale des artisans, de cette manière on peut aider les petits artisans adhérents à ces coopératives à augmenter leurs revenus197. En effet, le lancement de l’indh en 2005 a marqué l’orientation politique de donner de l’ampleur au domaine social avec la programmation des ressources financières nécessaires, et a donné lieu pour la première fois au Maroc à la mise en place d’une politique gouvernementale en matière d’économie sociale, notamment 196 197 - ibidem p :44 - 2012 Année internationale des coopératives , Extrait de la revue marocaine des coopératives N°3 rédigé par Hakima khaless, Abdelwahed laabid, Mustapha ben Ouaicha, Rachida elghiat, Hayat Zouhir, Slimane lhajji (p :44) 206 en faveur des coopératives. La philosophie de cette initiative royale est en convergence avec les principes coopératifs, l’assistance financière de l’indh intervient au niveau de la coopérative dans un cadre partenarial pour asseoir sa bonne gouvernance et améliorer les revenus de ses adhérents. L’indh a donné le coup de pouce à la création des coopératives de manière générale, les coopératives artisanales ont connu un taux de croissance appréciable passant de 592unités en 2005 à 1173 en 2011. Depuis 2005, de nombreuses coopératives artisanales ont bénéficié de l’appui de l’initiative à travers toutes les régions du pays, en effet, des financements ont été accordés aux structures qui ont manifesté leur besoin en équipement et autres qui se répercuteraient positivement sur l’amélioration des revenus des adhérents et la pérennisation de leur projet coopératif. Dans cette perspective, le Millenium challenge coopération (MMC198) : a conclu un accord avec notre pays pour le financement de cinq volets dont un concernant l’artisanat, il s’agit du projet relatif au développement de l’artisanat et la mise à niveau de la médina de fez avec une enveloppe de 111.9millions de dollars, ce programme intégré vise à fructifier les liens qui existent entre le secteur de l’artisanat, du tourisme et la mise en valeur du patrimoine historique et architecturel de Fès. les coopératives artisanales dans cette ville bénéficient de manière directe et indirecte de ce programme dont les principaux objectifs concernent :l’alphabétisation fonctionnelle et la formation professionnelle en faveur des artisans de la ville dont les femmes, les jeunes, le soutien à la production artisanale des potiers de Fez en vue de l’amélioration de la qualité de la poterie qui connaît une grande demande, ceci par l’investissement dans les nouvelles techniques et les équipements modernes, la restauration des sites historiques dans la médina de Fès pour l’attraction des touristes et l’augmentation des ventes de l’artisanat de la ville, la promotion artisanale par des campagnes de marketing en vue de mettre en valeur les produits artisanaux et la création artisanale de la ville avec l’introduction des circuits touristiques ;on peur rappeler à ce titre un des programmes qui a connu une grande 198 -MMC (Organisme gouvernemental américain qui travaille avec les pays en voie de développement dans le but d’y réduire la pauvreté par la croissance économique durable) . 207 réussite à travers différents pays, il s’agit du projet d’assistance aux systèmes productifs locaux initié par l’organisation des nations unies pour le développement industriel et inspiré de l’expérience italienne, justement dans ce cadre cet organisme(système de production local) a mené conjointement avec le ministère de l’artisanat en faveur des coopératives de marqueterie à Essaouira et celles de la poterie à Safi. Les SPL s’avèrent être l’espace idéal au sein duquel les coopératives artisanales en profitant de leurs proximités peuvent améliorer leur rentabilité en se partageant leurs charges fixes. Cette analyse est d’une grande importance car elle renseigne sur les besoins des artisans notamment sur leur savoir faire, la qualité de leurs produits, l’efficacité de leur système de production, les relations qu’ils entretiennent entre eux même et avec les institutions publiques et privées. Une fois ce stade atteint, les coopératives devraient se regrouper au sein d’unions pour bénéficier ensemble de :la formation des artisans en matière de nouvelles techniques de design, label reconnues, l’approvisionnement en matières premières, la promotion commerciale par la participation aux foires et salons surtout à l’échelle internationale et par la recherche de réseaux de partenaires. Ces systèmes ont montré leurs capacités à consolider les bases de tant d’entreprises dont les coopératives, et leurs manières convergent dans les procédures de la vision 2015 de l’artisanat199. Quand à l’avenir des coopératives et associations d’alphabétisation sont considérée comme une obligation sociale de l’état à travers le deuxième levier de la charte nationale d’éducation et de la formation, le chantier reste ouvert à plusieurs instances institutionnelles, la société civile également, en effet, L’INDH de son coté aspire à assurer l’accès aux services et infrastructures de base, entre autre l’éducation. D’autres projets appuyés par des ONG tel l’agence du partenariat pour le progrès (APP) qui vise l’amélioration des revenus des artisans, des pêcheurs et des agriculteurs à travers le soutien de leurs capacités de base et qualification professionnelles. 199 - Ouvrage « l’artisanat du Maroc, un gisement inexploitée projet de développement des systèmes productifs locaux de la marqueterie à Essaouira et de la poterie de Safi par ONUD (Organisation des nations unies pour le développement industriel) .12 février 2009 (P :50) 208 Le nombre des élèves est en perpétuelle augmentation, en parallèle avec le fourmillement des établissements scolaires, primaires, ou secondaires. Les élèves succèdent d’une année à l’autre sans interruption, cette régularité offre une quasi stabilité des ressources pour les coopératives. Quant aux procédures, de soumission et d’attribution des marchés auprès des associations des parents d’élèves, elles ne sont pas assujetties à des actes administratifs lourds et complexes, surtout ceux se rapportant au contrôle de la réalisation des prestations et au paiement des échéances. Désormais ces coopératives peuvent offrir une pléiade d’opportunités étant donné qu’elles disposent : d’un marché potentiellement suffisant, composé d’un grand nombre d’adhérents des coopératives essentiellement agricoles, ou le taux d’analphabétisme est au plus au moins élevé, d’une volonté affirmée des pouvoirs publics pour éradiquer l’analphabétisme, d’une forte détermination de certains départements, associations pour pallier au fléau d’analphabétisme, des fonds appréciables alloués à la formation par les coopératives et leurs unions, des fonds consacré aux différents programmes d’analphabétisation et de l’éducation informelle, budgétisés au sein celui de l’état, de jeunes diplômés en quête d’emploi. Bref,les coopératives et associations d’alphabétisation pour l’éducation et la formation méritent d’être encouragées, leurs membres doivent être considérés comme des pionniers entreprenants. Mieux encore, ces entités disposent plusieurs organes de gestion et de contrôle obéissant à certaines obligations, ce qui supposera une bonne gouvernance de ces entités à titre d’exemple nous citerons « la coopérative scolaire Massirat Nour pour l’éducation à la formation à salé. »200COSMANEF. Pour coopératives et associations du secteur sanitaire ,le gouvernement continue sa réforme pour permettre l’accès des populations défavorisées aux infrastructures sanitaires de base et de promouvoir la qualité des services de soins, afin de résorber le déficit des ressources humaines de santé pour dépasser le seuil critique et atteindre un niveau d’offre de personnels s’élevant à 3 pour 1000 habitants à l’horizon 2020. 200 - COSMANEF : crée en 2003, par son adhésion à plusieurs programmes d’alphabétisation et de formation, a marqué le quartier de HAY Errahma ,ses activités concernaient l’alphabétisation, l’andragogie, cours de soutien, de langue, d’informatique. 209 La politique de l’état solidaire vise à développer des dispositifs de solidarité qui vont en parallèle avec l’émergence de la société civile qui a étendu ses actions à la plupart des champs économiques, sociaux et culturels, d’encourager des institutions telles que les composantes de l’économie sociale et solidaire et surtout les coopératives pour jouer un rôle de catalyseur et répondre aux attentes croissantes de la société en matière de soins de santé ou faciliter en tant que canal organisé le contact et l’insertion des adhérents des coopératives et leurs membres de la famille en situation de pauvreté au RAMED pa rticulièrement en milieux éloignés et peu dotés en infrastructures publiques, également une démarche adaptée et identifiée comme manœuvre efficace pour des activités de solidarité dans le domaine des services aux personnes comme l’assistance à domicile en faveur des enfants ou personnes âgées, handicapées, enceintes, ou malades :il s’agit des coopératives de soins de santé201. Section 1 : Les solutions pour lever les freins au développement des coopératives, associations et mutuelles. Pour surmonter les obstacles dont souffrent le secteur de l’économie sociale, et en vue de renforcer et harmoniser l’action publique en matière de l’économie sociale et solidaire, le Ministère des affaires générales et de la gouvernance a élaboré en concertation avec l’ensemble des départements et acteurs concernés, une stratégie nationale pour le développement des initiatives de l’économie sociale et solidaire qui constitue une véritable feuille de route pour l’ensemble des intervenants dans ce domaine d’ici 2020, elle a fait de la politique de la commercialisation des produits du secteur un des axes essentiels de son programme d’action . Entre autres, la stratégie nationale de l’économie sociale et solidaire, vise l’accompagnement et l’encadrement des organisations de l’économie sociale en particulier les coopératives, dans l’objectif d’améliorer leur mode de management, de moderniser leurs outils de production à travers la mise en œuvre des programmes 201 - Rôle des coopératives dans la prestation des soins de santé par Laabid Abdelouhed : nouvelles formes de protection sociale (P :82-83) publication REMACCOP n°3 ODECO. Année 2012 210 tel: Mourafaka. 202 La dite stratégie nationale est fondée sur sept principaux axes stratégiques suivants: Valorisation et promotion des produits et services de l’ESS. Favorisation de l’accès des produits de l’ES aux marchés en multipliant les canaux de commercialisation des produits de l’ESS par l’organisation des salons et des marchés itinérants, l’encouragement du commerce équitable, renforcement et organisation des acteurs . Mise en place d’un dispositif d’accompagnement et d’encadrement notamment par un accompagnement pré création et un accompagnement post-création tout en identifiant les relais d’accompagnement, Suc citation l’émergence d’acteurs de référence en économie sociale et solidaire en favorisant l’émergence d’acteurs de référence, ainsi l’encouragement du groupement des coopératives en unions de coopératives en réseaux régionaux de l’économie solidaire , Mise en place d’un environnement favorable au développement des initiatives de l’ESS en vue : d’améliorer le cadre juridique des coopératives par la mise en place d’un cadre juridique attractif, de mettre en place un cadre institutionnel efficace, et développer des outils de financement par la création des outils de capitalisation et de financement adaptés. Favorisation de l’émergence des initiatives de l’ESS sur les territoires en : menant des diagnostics territoriaux participatifs par l’élaboration des cartes des potentialités territoriales, ainsi en élaborant des plans d’action territoriaux intégrés. Facilitation de l’accès à la couverture médicale et la sécurité sociale par la facilitation d’accès des membres des entreprises de l’ESS et leurs familles à la couverture sanitaire. Développement des outils de suivi et d’évaluation, de veille stratégique, de communication et de partenariat ce qui revient à :développer l’innovation et amélioration de la connaissance de l’économie sociale par la mise en place d’un observatoire de l’ESS. Vulgariser et promouvoir les pratiques et les valeurs de cette économie par le développement de la communication institutionnelle. Développement de la coopération dans le domaine l’ESS par le développement du partenariat au niveau national et international203. 202 - Extrait de la stratégie nationale de l’économie sociale et solidaire 2010-2020 élaborée par le Ministère des affaires générales et de la Gouvernance. Mourafaka est édité par l’ODECO et le ministère de tutelle. 211 Dans ce contexte, et en vue de réduire le taux d’échec des coopératives et associations et favoriser leur pérennisation, plusieurs programmes ont été élaborés afin de remédier au problème, nous citerons « Mourafaka »qui vise le renforcement des acteurs de l’ESS, spécialement les coopératives, le programme régional, le programme territorialisé et le programme Takwia pour les associations dont l’intérêt de les présenter comme suit : 1-Présentation des Programmes d’accompagnement et de soutien du secteur coopératif: Mourafaka, programme régional, programme territorialisé,Takwia Programme Mourafaka. Le programme Mourafaka est un programme d’appui post-création des coopératives. Nouvellement crées (ayant moins de deux années d’existence juridique et au moins une année d’activité) qui sont généralement le plus confrontées au problèmes de démarrage de leur activité et sa pérennisation, ce programme d’une durée de cinq ans(2011-2015)concernera 2000 coopératives tous secteurs confondus à raison de 500 par an, propose des services en matière de diagnostic stratégique de formation groupées des gestionnaires en matière de gouvernance des coopératives et de coaching individuel. Il a pour objectif l’accompagnement des coopératives nouvellement crées qui peuvent rencontrer des difficultés tout au long de leur chaîne de valeur. Il est au bénéfice de celles qui portent des projets économiquement rentables et socialement responsables répondant à des besoins collectifs, créant de l’emploi et de la richesse tout en réduisant l’impact sur l’environnement. Il permet la mise en place des conditions favorables pour la pérennisation de l’activité économique des coopératives nouvellement crées en les aidant à améliorer leur gestion, leur productivité et leurs accès à la technologie, aux compétences. Le dit programme204 s’inscrit dans le cadre de l’importance accordée par le gouvernement à la promotion du secteur coopératif en tant que secteur pouvant 203 -Les rencontres de coopération économie sociale dans le cadre du partenariat entre les régions Provenance Alpes cote azur et Tanger –Tétouan par Philipe Chesneau et Abdelhadi Benallal . Année 2007-2008 204 -Manuel des procédures « Programme Mourafaka », Etude faite par la Direction des Etudes, de la coopération et de la législation, Ministère des affaires générales et de la gouvernance . Novembre 2010 (P : 5), 212 jouer un rôle primordial et important dans la promotion et le développement des activités génératrices de revenus et de l’emploi au niveau territorial et dans l’amélioration des conditions de vie des populations. Plusieurs initiatives ont été menées dans la perspective de faire de ce secteur un des moteurs déterminants de développement et un moyen pour lutter contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale particulièrement au niveau local. Ce programme vient renforcer ces initiatives en donnant plus de dynamisme au mouvement coopératif en vue de remplir pleinement son rôle dans la création et le maintien de l’emploi ainsi que l’amélioration du bien être de la population. Pour atteindre ses objectifs, Le programme Mourafaka est fondé sur une approche stratégique axée sur les dimensions sous mentionnées : L’innovation : le programme met l’accent sur des projets novateurs visant la création de nouvelle génération de coopératives, ayant pour but de relever les défis en matière de création d’emploi et de réponses aux nouveaux besoins collectifs. L’approche territoriale : le programme favorise les projets ayant un ancrage territorial qui tiennent compte des potentialités et des spécificités territoriales. L’approche participative et l’appropriation des projets : favorise les projets qui tiennent compte de l’implication des bénéficiaires dans le choix et la mise en œuvre de leurs activités. Cette implication des bénéficiaires dans toutes les étapes de leurs projets, constitue un moyen efficace pour la poursuite et la pérennisation des projets et par la même occasion elle permet de responsabiliser les bénéficiaires en tant qu’acteurs de leur propre développement condition nécessaire pour un véritable développement durable. L’approche genre : Le programme Mourafaka favorise les projets qui donnent plus d’opportunités à l’implication de la femme dans la vie active par l’exercice d’une activité génératrice de revenus. L’exercice d’une activité économique rémunérée permet, à la femme de sortir de l’espace familial traditionnel, d’aspirer à un nouveau mode de vie, de disposer une indépendance financière et par conséquent un pouvoir décisionnel au sein de sa famille. La convergence avec les autres programmes de financement : Ce programme s’inscrit dans le cadre de la convergence des différents programmes 213 d’accompagnement des coopératives. Il s’agit particulièrement de l’INDH, le micro crédit, les programmes développés par l’A.D.S (caisses solidaires de développement, Fonds de développement local, Initiatives individuels etc.) La dimension environnementale : ce programme favorise les projets qui garantie un meilleur équilibre entre le développement économique et social et la préservation des ressources naturelles et de l’écosystème. La dimension suivi et évaluation : Prévoitla mise en place d’un système d’information au sein de la coopérative permettant, au cas du besoin, d’entreprendre des réactions et des réajustements adaptés205. Le programme Mourafaka couvre toutes les coopératives nouvellement crées opérantes dans les activités de production de biens et services de tous les secteurs sauf ceux de l’habitat, de la consommation et de l’approvisionnement qui vont bénéficier d’un traitement particulier. Il s’adresse aux coopératives nouvellement crées ayant moins de deux ans d’existence pendant la mise en œuvre du programme. Chaque coopérative éligible bénéficiera pendant deux ans d’accompagnement très rapproché. Les bénéficiaires de ce programme sont toutes les personnes ayant opté pour l’entreprenariat collectif fondé sur différentes formes de mutualisation et de partage de risque (mutualisation d’intrants, de moyens, de compétences, d’infrastructure, de réseau de distribution, de diffusion, de commercialisation) il s’agit plus précisément des coopératives nouvellement crées. Le programme est fondé sur l’accompagnement de la coopérative depuis sa création et ceci pendant 24 mois. L’accompagnement est fondé sur le fait que la coopérative demeure l’actrice principale de son propre devenir. Le programme en question se limite à mettre à sa disposition un dispositif d’accompagnement qui lui permettra d’améliorer sa gouvernance, sa gestion, ses outils de production, sa performance économique, etc…206 Tenant compte des différentes phases de la vie d’une coopérative, les bénéficiaires peuvent profiter des services du programme d’appui post création en 205 -Contribution des systèmes d’information à la gouvernance des coopératives. Avril 2011 .www.tanmia.ma . - Journée de sensibilisation sur le programme Mourafaka pour une coopérative performante en partenariat avec l’office de développement et de la coopération, « diagnostic stratégique, formation, aide technique, et commercialisation », Mardi 13 juin 2011. 206 214 matière notamment de diagnostic stratégique et d’élaboration du plan de développement ;du conseil, et d’expertise de formations, générale et spécifique , de coaching individuel , d’assistance technique, de promotion commerciale. Le programme Mourafaka se propose d’organiser des sessions de formation groupée aux niveaux des différentes régions du Royaume. Ces formations permettront aux gestionnaires des coopératives d’acquérir une formation pertinente à la réalisation de leur activité. Le programme d’appui post création soutient les projets destinés à améliorer la commercialisation des produits des coopératives. Il s’agit notamment de l’appui au marketing du produit (design, conditionnement, emballage, communication, .etc) Le programme dans son fonctionnement passe par la: Sélection des coopératives. Cette phase se base sur le répertoire national des coopératives de l’O.D.C.O. Elle consiste à l’élaboration d’une liste des coopératives nouvellement créées par région, en vue de constituer des groupes homogènes. Ces derniers vont bénéficiés d’une formation de base qui a pour principal objectif l’identification des éléments de diagnostic permettant d’avoir une vision globale sur l’état des lieux de ces coopératives. A l’issue de ces éléments de diagnostic, des critères de sélections des coopératives sont identifiés afin de déterminer les coopératives éligibles. Il est au bénéfice de celles qui portent des projets économiquement rentables et socialement responsables répondant à des besoins collectifs, créant de l’emploi et de la richesse tout en réduisant l’impact sur l’environnement. La sélection des coopératives se base sur les critères suivants : une liste de présélection et une liste définitive des coopératives bénéficiaires qui sera arrêté à travers un commun accord entre le ministère, l’ODECO, et les départements techniques. Procédure pour la préparation du répertoire des coopératives. Il s’agit d’établir une liste des coopératives nouvellement crées, qui vont bénéficier d’une journée de formation ; afin de retenir celles qui sont éligibles aux prestations du programme. Cette procédure s’applique aux coopératives ayant obtenu l’agrément. La procédure comprend deux étapes : 215 -La première étapeest un planning des journées de formation de base, a cet effet un calendrier des journées de formation de base est établi, pour permettre leu préparation au niveau local. -La deuxième étapeconsiste dans l’animation des journées de formation de base. Pratiquement 96 coopératives artisanales ont bénéficié de cet appui en 2011.Ces coopératives étaient considérées comme éligibles au programme Mourafaka, car elles répondaient aux critères de sélection des bénéficiaires notamment les projets valorisant les ressources locales, s’inscrivant dans le développement d’une filière porteuse, portés par des jeunes diplômés et des femmes, bénéficiant d’un financement accordé dans le cadre des programmes nationaux comme l’INDH et l’ADS et programmes sectoriels à l’image de la vision 2015 de l’artisanat. Le programme régional : Il vise essentiellement : la sensibilisation sur les apports du PDR pour le développement économique, la promotion des principe de l’économie sociale et la sensibilisation sur l’esprit d’entreprenariat collectif et l’auto emploi207 Le programme territorialisé : Il vise à sensibiliser la population cible quant aux potentialités de la région et à promouvoir les activités porteuses dans ce sens. Le programme s’oriente d’avantage vers la promotion des activités forestières, agricoles et d’élevage selon les régions par exemple au niveau de la préfecture de Rabat et Salé le programme visera essentiellement la promotion des activités artisanales avec des déclinaisons par métier et localité. Le programme écologique : Programme pilote de production et d’utilisation du sac écologique en toile Ce programme a pour objectif de renforcer le rôle de l’économie sociale et solidaire dans la protection et la valorisation des ressources naturelles ; de contribuer à l’encouragement de la production et de l’utilisation de sacs écologiques comme alternative aux sacs en plastique; ainsi de contribuer à la création de nouveaux postes d'emploi et l’amélioration des revenus et des conditions de vie des petits producteurs membres de coopératives de couture;de 207 - Plan de développement régional et les programmes des collectivités locales, direction de la programmation, Ministère de la prévision économique et du plan 2000-2004. 216 même contribuer au renforcement des capacités des coopératives de couture et des associations locales de protection de l’environnement ;sensibiliser la population aux impacts négatifs des sacs en plastique sur l’environnement et la santé du citoyen. Le programme vise laproduction des sacs écologiques en toile par les coopératives de couture ;la distribution de ces sacs gratuitement, et sensibilisation des citoyens par les associations locales d’environnement, au niveau de 26 centres urbains cibles : Béni Mellal, Settat, Khouribga, Ifrane, M’diq, Laayoune, Fès, Meknès, Marrakech, Benguerir, Kalaa des Sraghna, Agadir, Benslimane, Tanger, Dakhla, Taza, Houceima, Kenitra, Casablanca, Safi, El Jadida, Ouarzazate, Oujda, Rabat, Salé et Guelmim ;ainsi l’organisation d’une compagne de communication et d’information sur le programme. Cependant, le programme est constitué de : 1-Comité de suivi central : composé, en plus des représentants des partenaires financiers du programme, des représentants du Ministère de l’Economie et des Finances et du Ministère de l’Intérieur, et chargé de Pilotage, suivi et évaluation du programme, en coordination avec les comités régionaux ;approbation de la liste des coopératives et associations bénéficiaires et des conventions spécifiques y afférentes ; et ce conformément au manuel de procédures dudit programme. 2-Comités régionaux :Ils sont crées au niveau régional sous la présidence des représentants des walis et composé des représentants : - Des provinces et préfectures concernées ; - des services régionaux du Département de l’Environnement ; - des Délégations Régionales de l’Office du Développement de la Coopération. 3-Sélection des bénéficiaires : Le processus de sélection des coopératives et des associations bénéficiaires est fondé sur le principe de transparence et d’égalité de chances. En effet, il sera procédé au lancement de deux appels à manifestation d’intérêt, un destiné aux coopératives de couture en activité au niveau de toutes les régions du Royaume et l’autre aux associations de protection de l’environnement au niveau des centres urbains cibles, précisant les engagements des candidats et les conditions et critères d’éligibilité au programme. 217 4-Budget du programme : Une enveloppe budgétaire de 70 MDH est allouée au programme, dont la contribution du Ministère des affaires générales et de la gouvernance qui est de 50 MDH. Pour les associations, vu leurs rôles importants dans la reproduction des solidarités sociales ; Elles se positionnent comme structures institutionnalisées de réajustement des inégalités sociales au sein des douars ou quartiers de la commune et même de la province208. Présentation du programme de renforcement des associations : TAKWIA Le programme vise le renforcement du tissu associatif dans les domaines de l’organisation, la planification, la gestion, la gouvernance interne des associations, ainsi que les domaines de coordination et de partenariat afin de créer des pôles de compétences régionaux dans le domaine du renforcement des capacités d’appui technique et institutionnel. Les associations sont des acteurs incontournables dans les nouvelles orientations du développement local au Maroc vu leur habilité à réaliser des actions de proximité et à mobiliser les populations autours des projets de développement. Cependant, malgré la dynamique associative à l’échelle de notre pays, les associations manquent souvent de compétences et de professionnalisme pour constituer de véritables forces de proposition, des relais influents dans le 208 - Signature d’une convention sur le financement de la production de trois millions de sacs en tissu, entre les ministères de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement et le ministère des Affaires générales et de la Gouvernance d'une part, et des coopératives travaillant dans le domaine de la couture. La convention, s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du programme national pilote d'appui à la production et la distribution des sacs en tissu, a nécessité une enveloppe budgétaire de 70 millions de dirhams financés conjointement par le ministère chargé des Affaires générales (50 millions de dirhams) et le ministère de l'énergie (20 millions de dirhams). L'accord bénéficiera à près de 150 coopératives à travers l'amélioration des revenus de quelque 3.000 personnes, essentiellement des femmes et des jeunes, et permettra à ces coopératives, entre autres, d'augmenter leurs chiffres d'affaires et de moderniser leurs outils de production. Le programme national pilote d'appui à la production et la distribution des sacs en tissu vise également à encourager les établissements opérant dans le domaine de l'économie sociale et solidaire à s'engager dans l'action gouvernementale =concernant la protection de l'environnement, notamment le programme national d'élimination des sacs en plastique. Le programme permettra de mobiliser des associations locales dans la distribution gratuite des sacs en tissu aux familles dans 26 villes du Maroc, et de sensibiliser ces ménages sur l'utilisation durable de ces sacs. De son côté, Najib Boulif, a indiqué que cette convention, à double effet environnemental et socioéconomique, vise à réduire l'impact néfaste des sacs en plastique sur l'environnement tout en permettant aux coopératives d'être à la pointe du développement, et aux femmes de ces coopératives de mettre leur savoir-faire au profit de l'environnement. Journée d’étude le 28-03-2013 au centre d’aceuil et de conférence Hay Riad rabat. Réseau des territoires pour une économie solidaire, économie publique, sociale et coopérative au service de l’intérêt général. 12 septembre 2012 218 développement local, des entités qui peuvent faire des lectures, des analyses critiques et de proposer des démarches et des approches stratégiques209. Dans le cadre du renforcement des capacités des acteurs associatifs, l’ADS a développé en partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP), le programme « Takwia» qui vise le renforcement des capacités locales du tissu associatif et la promotion du capital humain par l’appui aux initiatives communautaires dans les domaines de la santé, de l’éducation, la promotion des droits des jeunes et des femmes. Ce programme a été fusionné en 2009 avec le programme « Qualification » déjà lancé par le MDSFS. Le nouveau programme est intitulé « Takwia pour la qualification des associations ». Il se réfère à l’Initiative Nationale pour le Développement Humain dont il épouse la philosophie et les principes d’action. Au regard du rôle important que jouent les associations dans l’INDH et de la politique de l’Etat en matière de promotion du partenariat avec la société civile, le programme TAKWIA pour la qualification des associations vise à appuyer ces associations pour qu’elles développent leurs capacités dans trois principaux domaines:La gouvernance interne; Le partenariat et le réseautage ;La planification des actions de développement. La mise en œuvre de ce programme passe par cinq grandes étapes essentielles représentées dans le schéma ci-dessous : Les étapes de la mise en œuvre du programme Takwia210 209 -Rapport d’activité sur le programme pour la qualification des associations 30 septembre 2011 Rapport réalisé en partenariat par l’agence de développement social, le fond des nations unies pour la population et le Ministère . de développement sociale chargé de la famille 210 -www.ADS.ma .Programme Takwia pour la qualification des associations du royaume. 219 Etape1 : il s’agit d’une définition de l’état des lieux : l’élaboration des bases de données des associations et la réalisation des diagnostics de leurs capacités en matière de gestion, gouvernance, planification, partenariat et communication ; Etape 2 : Identification des besoins en matière de renforcement des capacités des associations locales ; Etape 3 : Élaboration des plans provinciaux de renforcement des capacités ; Etape 4 : Mise en œuvre des plans de renforcement des capacités ; Etape 5 : Suivi et évaluation de la réalisation des plans de renforcement211. Les autres étapes sont complémentaires, de ce fait le programme démarre par la réalisation d’un recensement provincial des associations légalement constituées et le diagnostic organisationnel d’un échantillon représentatif. Sur la base des conclusions de ce diagnostic, un plan provincial de renforcement des capacités est préparé et mis en œuvre. Le schéma montre queTakwia est une opportunité pour que les différents acteurs de la société civile puissent ancrer leur réflexion et leur perception sur le programme et passer à l’action en réponse à l’expression des différents besoins des associations , identification des différentes expériences pouvant être développés, la 211 - Rapport relatif à l’atelier de lancement du programme Takwia pour la qualification des associations au niveau de la province el haouz , 30 septembre 2011 220 coordination avec l’ODECO, l’adhésion restreinte des associations à l’INDH, l’évaluation de l’expérience de certaines associations notamment celles d’el Haouz, la création de l’espace associatif212 des communes, des cercles et des provinces, collaboration entre les comités des associations et les bureaux d’étude. 2-L’économie sociale et défi du développement humain . Dans le cadre de l’action politique pour le développement du secteur de l’économie sociale et la promotion des activités génératrices de revenus, dans notre pays , Les décideurs publiques ont fait de la problématique de la commercialisation des produits de l’économie solidaire l’un des axes majeurs de leurs programme d’action, A cet effet, ils ont entrepris la signature des conventions de partenariat avec les grandes chaînes de distribution à savoir « Marjane », « Label vie », et « Aswak Es Salam » en vue de faciliter l’accès des produits des coopératives à leurs rayons, ainsi l’organisation des salons régionaux et nationaux, et l’organisation des marchés itinérants pour faciliter l’accès des produits de terroir et des savoir faire locaux. (voir en annexes). Avant cette démarche la commercialisation des produits des coopératives souffraient des problèmes logistiques dus à l’enclavement des lieux de production et leur éloignement des centres commerciaux. Les producteurs sont dispersés dans des zones rurales enclavées, dépourvus des moyens logistiques nécessaires et n’ont aucune marge de négociation vis-à-vis d’intermédiaires, qui représentent le seul canal pour l’écoulement de leurs produits213. La mise en place de cet acteur intermédiaire MAGG regroupant ces petits producteurs a permis de renforcer leur pouvoir de négociation, assurer la pérennité de l’approvisionnement des marchés et à conquérir les canaux de commercialisation et par conséquent un impact positif sur la population bénéficiaire en améliorant les sources de revenu et leur qualité de vie , 212 -L’Espace associatif est constitué d’une soixantaine d’associations et de personnes physiques et a pour objectifs: le renforcement institutionnel des associations; l’amélioration des capacités des cadres des associations; la promotion de mécanismes de concertations entre associations; le lobbying sur les institutions nationales et internationales en vue de la promotion d’un environnement favorable au travail associatif. www.espace-associatif.ma 213 -Etude pour la valorisation et l’amélioration de l’accès au marché des produits des entreprises de l’économie solidaire, Rapport d’étude phase 5 Diagnostic- Marketing, par UCOTRA CONSULTING –DECL-MAGG, Novembre 2009 221 Selon le programme gouvernemental Rawaj, le Maroc comptera en 2020 près de 600 grandes et moyennes surfaces dont 50 hypermarchés, le programme vise également à mettre enplace les dispositifs nécessaires pour accompagner le petit commerce et lepréserver en tant que commerce de proximité ainsi de proposer commeprincipe de base un rééquilibrage des forces entre le commerce de proximité et ladistribution moderne. Il sous-tend au développement du commerce de proximité la réorganisation de ses structures et la modernisation de ses modes de gestion Pour ce faire, le programme RAWAJ214vision 2020 prévoit la mise en place d’un mécanisme de financement dédié, notamment, la création d’un fonds de développement du commerce qui permettra de : - financement des projets initiés par les collectivités locales dans le but d’organiser les espaces commerciaux, moderniser les espaces publics et aménager des sites pour la sédentarisation des commerçants ambulants, l’appui à la diffusion et à la promotion des techniques modernes de gestion, l’accompagnement et la modernisation du commerce deproximité en milieu rural, notamment en matière de réhabilitation des souks et des marchés ruraux. L’économie solidaire constitue un vrai pilier pour le développement humain de notre pays via le commerce équitable son fort potentiel pour un secteur en phase de structuration, vise à rééquilibrer le rapport entre producteur et consommateur parfois malmené. L’objectif de base de l’économie solidaire est de recréer du lien social dans leséchanges économiques pour replacer l’être humain au cœur des préoccupations del’économie. Ce projet socio-économique s’est construit en réaction à la dépersonnalisation des neuf échanges marchands et à l’incapacité de l’économie de marché à réduire les inégalités derichesses et à répondre aux besoins des plus pauvres, que ce soit au niveau national ouinternational. Nous retiendrons ici deux principes de base de l’économie solidaire : recréer dulien social dans les échanges marchands, en introduisant notamment des rapports deréciprocité entre les individus, et agir pour le développement local dans une logique deproximité entre les individus, les organisations privés et les organismes publics. 214 -Plan de développement du secteur commercial, RAWAJ vision 2020 par Ministère de l’industrie, du commerce, et des nouvelles technologies. Ahmed Reda Chami plan d’action 2008-2012 222 Ces deuxprincipes de création de lien social et de proximité se retrouvent réunis dans la démarche ducommerce équitable autour de la notion d’équité dans l’échange marchand. L’économiesolidaire comprend aussi l’insertion par l’activité économique, et là encore un desobjectifs fondamentaux du commerce équitable : permettre à des populations de s’insérer àl’économie de marché en obtenant une rémunération juste pour un travail de qualité. Nous retenons la définition du commerce équitable établie en 2001 par les quatregrandes structures internationales réunies au sein du réseau FINE : «Le commerce équitable est un partenariat commercial fondé sur le dialogue, la transparence et le respect, dont l’objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial. Il contribue au développement durable en offrant de meilleures conditions commerciales et en garantissant les droits des producteurs et des travailleurs marginalisés, tout particulièrement au Sud de la planète. Les organisations du Commerce Equitable215(soutenues par les consommateurs)s’engagent activement à soutenir les producteurs, à sensibiliser l’opinion et à mener campagne en faveur de changements dans les règles et pratiques du commerce international conventionnel. » Nous ajoutons à cette définition générale les principes autourdesquels se réunissent les organisations membres de la Plateforme Française du CommerceEquitable : « assurer une juste rémunération du travail des producteurs et artisans les plusdéfavorisés, leur permettant de satisfaire leurs besoins élémentaires,garantir le respect des droits fondamentaux des personnes,instaurer des relations durables entre partenaires économiques,favoriser la préservation de l’environnement,proposer aux consommateurs des produits de qualité». Au-delà des divergences de vues et des pratiques diverses dans ce domaine. Il nous semble également intéressant d’élargir notre sujet à l’ensemble despratiques commerciales visant à introduire de la solidarité et de l’équité dans les échangesmarchands. En effet, les migrants font souvent de l’économie solidaire ou 215 - Etude « Commerce équitable et migrants » Pistes de réflexion pour une meilleure articulation entre les acteurs concernés sous direction de Nadia Bentaleb. Novembre 2007. (P : 8 -9 ) 223 du commerceéquitable sans le savoir et il est intéressant de confronter leurs pratiques solidaires auxprincipes de base du commerce équitable. Pratiqué majoritairement aujourd’hui dans les rapports entre pays du Nord et pays du Sud, le commerce équitable prône une juste rémunération du producteur pour son travail et un juste prix pour le consommateur. Des intermédiaires existent, à l’instar du commerce classique, comme les boutiques qui importent des produits équitables ou des entreprises qui s’engagent à respecter le travail du producteur. Les grandes et moyennes surfaces sont aussi utilisées pour le commerce équitable mais il est important qu’un lobby soit formé pour ne pas que le pouvoir soit inégalement réparti. De nombreuses institutions se chargent ainsi de fédérer les acteurs du commerce équitable pour unir leurs forces. Certaines ont également un rôle d’évaluation et de garantie de qualités à travers des labels. Face aux dérives du commerce classique, des organisations se mettent en place régionalement. Ces systèmes permettent aussi de meilleures prises en considération des intérêts des producteurs et des consommateurs. Au Maroc, le secteur du commerce équitable est un secteur émergent et encoreembryonnaire sur plusieurs aspects. Tout d’abord, il n’existe pas de labellisation sérieuse parun organisme certificateur indépendant et crédible. Cela rend difficile la traçabilité desproduits issus des petites coopératives qui disent faire du commerce équitable. Plusieurs abusont été relevés dans les pratiques commerciales de ces petites coopératives, où desintermédiaires cherchent à profiter des circuits de distribution des produits dits CommerceEquitable, pour réaliser un profit en achetant des produits à bas prix à des petits producteursafin de les revendre à un prix élevé avec l’étiquette « commerce équitable»216. Pour faireface à cette absence de mécanisme de certification transparent que le Réseau Marocaind’Economie Sociale et Solidaire a créé le label « Maroc Solidaire », qui n’est cependant pasencore appliqué. Dans la même logique, la Plateforme Marocaine du Commerce Equitable(PMCE) est actuellement en train de former une équipe d’auditeurs éthiques pour avancerdans le mécanisme de certification des produits des petites 216 -Commerce équitable-renforcement des coopératives par la commercialisation équitable des produits de terroir, Associations collectifs des solidarités 2000 . 224 coopératives de commerceéquitable217. De son côté, Alter Eco réalise un audit annuel des coopératives qu’elle appuie, surdes critères sociaux et environnementaux, afin de commercialiser leurs produits au sein de lagamme Alter Eco. Mais au-delà de ces initiatives récentes, il n’existe encore pas de labelcrédible pour les produits du Commerce Equitable au Maroc.Le secteur du commerce équitable au Maroc se caractérise également par la diversitédes acteurs existants, à la fois dans leurs pratiques et dans leurs visions. Section 2 : Les Orientations générales de l’action publique à mener à l’égard du secteur de l’économie sociale et solidaire. En convergence avec les objectifs de l’INDH et en cohérence avec la politique du gouvernement, dans le domaine du développement de l’économie sociale et solidaire, le gouvernement marocain veillera à l’amélioration de la gouvernance et du cadre institutionnel et juridique de la dite économie et ce par l’épanouissement de la création des coopératives, la valorisation de leurs produits et la recherche de nouveaux mécanismes de financement des institutions de l’économie solidaire dans le cadre du financement solidaire tel le microcrédit, le gouvernement procèdera aussi à l’appui des capacités des institutions de la dite économie en facilitant la participation des coopératives aux marchés publics, L’amélioration de l’accès des institutions de l’économie sociale à la couverture sanitaire, l’accompagnement de ces institutions, notamment les coopératives, récemment constituées, par l’encadrement, la formation et l’élargissement du produit solidaire sur tout le territoire national ainsi l’appui de son accès aux marchés internationaux. A cet effet, L’INDH a permis d’accélérer les transformations sociales au niveau des territoires cibles, de garantir les conditions d’une vie digne aux populations et de renforcer leur confiance dans l’avenir. Certes, l’initiative Nationale pour le développement humain est une initiative novatrice au Maroc pour réduire la pauvreté, l’exclusion sociale et la précarité à travers des projets d’appui aux infrastructures de base, des projets de formation et de renforcement des capacités, des projets d’animation sociale, économique culturelle et sportive à travers les 217 - Développement des produits de terroir au Maroc, les indicateurs géographiques et développement local durable IAV Hassan II RABAT. 225 activités génératrices de revenus, elle s’inscrit dans une vision globale du développement social et humain pour le pays. Bien évidement, l’INDH218 est un programme de développement communautaire participatif, un programme d’appui aux AGR visant 360 communes rurales ayant un taux de pauvreté de plus de 30% et 250 quartiers urbains ou les conditions d’exclusion sociale sont aigues. Les activités de l’INDH en milieu rural ont pour objectif de réduire la pauvreté et l’exclusion des citoyens ruraux. Les objectifs en milieu urbain visent à renforcer l’insertion, la cohésion sociale et l’amélioration des conditions et de la qualité de vie des populations. Les actions prévues peuvent être regroupées sous quatre volets : soutien à l’accès aux infrastructures de base, aux services de proximité et aux équipements sociaux urbains de base dynamisation du tissu économique local par des AGR, soutien à l’action et à l’animation sociale, culturelle et sportive, renforcement de la gouvernance et des capacités locales. Par ailleurs le principe directeur de l’indh fonde ses interventions sur une dynamique institutionnelle qui doit prendre appui sur des partenariats locaux et nationaux entre les acteurs publics et la société civile en faveur des plus démunis et ce à une échelle décentralisée et déconcentrée. L’initiative se veut une nouvelle approche dans la politique du développement humain, elle est présentée comme une nouvelle approche et un nouveau mode de gouvernance et pas comme un simple programme de lutte contre la pauvreté219. Elle constituerait un cadre prospectif de réorganisation des solidarités sociales et territoriales et une garantie d’efficacité des politiques publiques de développement social. Dans cet esprit le développement humain que nous envisageons dans notre recherche occupe aujourd’hui, une place stratégique aussi bien au niveau des pays développés que des pays en voie de développement, cette importance découle de l’impact de développement humain sur le développement économique et social, il repose sur la création d’un environnement au sein duquel les gens peuvent développer pleinement leur potentiel et mener des vies productives et créatives en accord avec leurs besoins et leurs intérêts. Les gens sont la vraie richesse des 218 - www.indh.gov.ma promotion des activités de l’INDH .2009 -Mémoire sur la lutte contre l’exclusion sociale au Maroc par Amine Dafir, Université Mohamed VI Souissi licence 2006. 219 226 nations. Le développement humain vise à élargir les choix qui s’offrent aux personnes pour leur permettre de mener des vies qui leur sont précieuses. Il est aussi et avant tout une dimension territoriale impliquant appropriation et pilotage communautaires, il suppose l’intégration et la participation des différentes catégories de la population. A ce stade de réflexion nous pouvons se poser la question suivante : quel contribution l’INDH a porté pour le développement coopératif et associatif marocain et par conséquent pour le développement humain ? La dynamique coopérative et associative actuelle considérée comme très favorable pour un essor coopératif positif qui traduit les efforts considérables des acteurs concernés et l’apport des grands chantiers qui appui effectivement ce mouvement. L’entreprise coopérative en tant que structure de production chargée de fournir à ses membres, le produit ou le service constitue l’un des piliers à coté des associations et des mutuelles. Ce type de partenariat, en s’intégrant dans une économie plurielle, cherche à préserver un certain équilibre entre l’efficacité économique et le développement social à travers une gestion démocratique, solidaire et sociale. Le mouvement coopératif apparaît comme le mieux placé pour garantir l’attachement de l’économie au territoire et par conséquent favorise le développement humain. Il constitue un outil pour promouvoir l’apprentissage d’une culture partenariale entre l’économie sociale et l’environnement global. Il est perçu comme un partenaire potentiel avec qui les collectivités territoriales peuvent s’associer pour poursuivre et satisfaire les objectifs d’intérêt général, que ce soit pour favoriser la cohésion sociale, l’insertion de personne en situation d’exclusion et de pauvreté ou le maintien d’un tissu socio-économique dans les territoires aussi bien urbain que ruraux. Les coopératives contribuent de façon importante à l’économie, à la mobilisation des ressources ainsi qu’à la stimulation de l’investissement en même temps qu’elles promeuvent la plus complète participation au développement économique et social de toute la population. Donc, en tant que forme puissante de solidarité humaine, les coopératives favorisent d’une part la création de richesses et leur répartition plus équitable, ce qui bénéficie leurs membres et leur communauté, 227 d’autre part, les coopératives sont des espaces d’insertion sociale pour les membres. Cette capacité des coopératives d’imbriquer l’économique dans le social est reconnue pour tous les pays, quel que soit leur niveau de développement220. 1-Dynamique de l’économie sociale. Constituant ainsi la principale composante d’une économie qui s’appuie sur des entreprises à propriété collective, les coopératives sont ainsi reconnues comme faisant partie d’une sphère de l’économie plurielle, au même rang que l’économie publique et l’économie privée. Une sphère de l’économie ou les biens et les services produits servent à augmenter le bien être des membres et dont le paramètre de définition de la valeur est la contribution à la réalisation des objectifs de l’organisation. Les dernières expériences aux niveaux national et international 221, ont montré que la coopérative dispose le moyen le plus approprié pour favoriser la création des AGR, elle trace désormais la dimension humaine du développement puisqu’elle se base sur les valeurs de participation, de solidarité et de démocratie. A cet égard, force est de constater que ces principes prônés par l’indh, s’inscrivent en parfaite harmonie avec ceux des institutions de l’économie sociale, notamment les coopératives qui véhiculent la même philosophie, partagent les mêmes valeurs et surtout animées beaucoup plus par la valorisation de l’homme et son épanouissement. L’INDH constitue la base de l’ancrage de la nouvelle culture, axée autour des valeurs et des principes fondamentaux de participation, de dignité, de confiance, de proximité, de solidarité et de partenariat en mettant en œuvre des réalisations concrètes porteuses d’une nouvelle volonté de lutte contre la pauvreté en vue de promouvoir le développement humain. L’adéquation entre les principes, les valeurs, les règles et les pratiques passe par la mise en cohérence de leurs applications dans les domaines de la gestion. Ces derniers sont inextricablement liés, et en ce sens constitue bel et bien un système avec ses interdépendances, ses synergies et ce sont précisément ces interférences multiples des principes et règles dans divers domaines 220 dans une formation -L’Organisation internationale du Travail est l’institution chargée au niveau mondial d’élaborer et de superviser les normes internationales du travail. C’est la seule agence des Nations Unies dotée d’une structure tripartite qui rassemble des représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs, pour élaborer ensemble des politiques et des programmes et promouvoir le travail décent pour tous. Cette spécificité confère à l’OIT un avantage pour intégrer les connaissances du «terrain» sur le travail et l’emploi 221 -Recma : Revue internationale de l’économie solidaire .24 rue du Rocher, 75008 Paris . Revue internationale de l'économie sociale n°304, MAI 2007. 228 spécifique des entrepreneurs sociaux. En revanche, le développement d’activités économiques génératrices de revenus est reconnu par tous comme étant la clé de la relance des zones rurales du pays. En effet, les expériences au Maroc ont donné de très bons résultats. D’une part, elles ont permis de déclencher un dynamisme et un processus de développement au niveau des localités concernées par ces actions, d’autre part elles ont été un moyen de stimulation de la motivation et de l’intégration de la population dans les projets de développement du secteur. L’INDH a apporté une gouvernance nouvelle partant des projets identifiés par les populations jusqu’à leur réalisation. Aujourd’hui, s’il y a eu une évolution constante et dynamique du secteur coopératif, le constat est de dire que cela se traduit a travers les efforts de faire naître des AGR des projets de type coopératif et des activités de lutte contre la pauvreté qui permettront de développer une ascension sociale . Aussi L’INDH a donné une dynamique très importante à l’économie solidaire en nous permettant de mettre le doigt sur la problématique de la lutte contre la pauvreté, la également des efforts se multiplient tels que le projet en cours de révision de la loi sur les coopératives pour bien permettre à ce secteur à se développer de manière notable. Nous trouvons aussi l’accompagnement des coopératives à travers le programme Mourafaka tel qu’il a été détaillé auparavant. A ce stade nous citerons le premier forum international sur le développement humain à AGADIR222 qui a fait le bilan de manière solennelle de l’INDH et a sorti avec des recommandations qui contribueront à affiner les axes et les choix stratégiques de la deuxième phase 2011-2015. Il a accueilli plus de 1500 participants marocains et étrangers, de divers horizons, et 138 intervenants, venus du monde entier, économistes, décideurs politiques, ministres, patrons d’organisations internationales, représentants de la société civile et d’ONG renommées Sont venus pour s’inspirer de l’expérience marocaine, unique en son genre en matière de l’INDH. La réponse à notre problématique s’avère une réponse positive dans la mesure où l’initiative nationale de développement humain a permis d’offrir un cadre 222 -L’Initiative Nationale de Développement Humain (INDH) a été au cœur du débat lors du Forum international du développement humain organisé à Agadir le 1et 2 novembre 2010. Quelque 1700 participants, dont près de 300 personnalités étrangères venues d’Europe, d’Afrique, d’Asie et d’Amérique, ont débattu pendant deux jours de la croissance partagée à travers le monde et fait le bilan des cinq années d’existence de l’Initiative Nationale de Développement Humain (INDH). 229 prospectif pour une efficacité des politiques publiques et par l’accélération de la lutte contre la pauvreté dans le cadre du programme de développement des Activités génératrices de revenus, elle conforte la place des coopératives et associations en tant corps intermédiaire et moyen d’action dans la vie économique et social. Pour les acteurs comme pour l’indh, l’objectif principal est le développement intégrale de l’homme, les principes prônés par l’initiative s’inscrivent en parfaite harmonie avec les institutions qui véhiculent la même philosophie, partagent les mêmes valeurs et surtout animées beaucoup plus par la valorisation de l’homme et son épanouissement. A travers la coalition de ces efforts et de ses moyens, l’homme reste maitre de son destin et réalise son auto promotion. Au regard de cette culture, La promotion du développement humain repose sur la valorisation de l’élément humain placé au centre de cette initiative. Avec les coopératives ce qui est recherché c’est le respect et la dignité du citoyen en passant de l’assistance ponctuelle à un traitement productif pérenne de l’action sociale à travers l’organisation des activités dans des institutions économiques capables de réaliser son autopromotion.les structures encadre les couches le plus démunies qui souffrent d’une certaine carence financière, elle fédèrent leu efforts et unifient leur vision autour d’un projet communautaire répondant favorablement à leur aspirations. Bref,nous schématisons les orientations de l’action publique vis à vis du secteur comme suit :En premier lieu de favoriser une meilleure visibilité et une meilleure reconnaissance du secteur de l’ESS, Mieux connaître, mieux observer, mieux évaluer, mieux reconnaître et mieux faire reconnaître. La deuxième orientation consiste de promouvoir une politique active et renouvelée d’aide et d’accompagnement du secteur en facilitant l’accès à certains dispositifs de droit commun : ceci dit mieux répondre aux besoins de financement de l’ESS en activant certains outils existants , Faciliter l’accès de l’ESS à d’autres dispositifs existants. La troisième orientation consiste d’adopter diverses mesures spécifiques pour mieux répondre aux besoins de financement, d’adopter diverses autres mesures pour soutenir l’ESS, d’adapter certaines dispositions des statuts utilisés par l’ESS. La quatrième orientation cible à mieux insérer le secteur de l’ESS au sein des politiques publiques, tout en faisant émerger une nouvelle dynamique en sa faveur, d’assurer une meilleure prise en compte du secteur au sein des structures de l’Etat et celles des territoires. 230 Concernant les orientations du nouveau projet de loi sur les coopératives, il s’agit de refondre le statut de l’ODECO pour en faire un organisme ou les coopératives, leurs associations, leurs groupements et leur fédération nationale sont les acteurs principaux dans le processus de prise de décision et de programmation des activités. Simplifier les procédures administratives de création et d’administration des coopératives en remplaçant l’autorisation administrative, exigée actuellement, par un simple enrôlement au registre de commerce et en normalisant les procédures- de contrôle avec celles auxquelles sont assujetties les autres formes d’entreprise. Respecter les principes universels de la coopération afin de tracer une nette frontière entre l’entreprise coopérative et l’entreprise capitalistique dont les objectifs diffèrent fortement de réseaux d’appui et de conseil aux coopératives et œuvrera pour la mise en place des mesures d’accompagnement nécessaires à la mise à niveau des coopératives et de leurs institutions223. Concernant les orientations du secteur associatif : nous recommandons la mise en place d’un mécanisme efficient de collecte de l’information statistique et économique concernant le secteur associatif. Elaboration d’une charte de l’éthique associative favorisant la promotion de la démocratie et de la transparence dans l’action associative. Simplification des procédures fiscales et administratives des associations. Inscrire le financement des associations dans le cadre de la visibilité et de la transparence. Pour améliorer l’efficacité des entreprises de l’économie sociale au Maroc, plusieurs actions seraient à entreprendre : Etudier les structures de base de l’organisation sociale afin de revaloriser le patrimoine local, et ce par l’institution de comités d’experts pluridisciplinaires avec précision des aspects à traiter selon un mandat prédéfini. Revivifier les modes traditionnels de la solidarité sociale : les conclusions du comité d’étude permettront d’identifier les grandes lignes liées à l’identité, les fondements et les points saillants des structures traditionnelles qui garantissent la solidarité et la participation. D’où la nécessité de réhabiliter les anciennes formes de 223 Pour une réforme du cadre juridique des coopératives au Maroc. Remacoop P :6 . 2012 Année internationale des coopératives par Mustapha Bouchefra . 231 gouvernance enracinées dans les territoires, tels que « Jemaa », « Twiza », « Agadir » et l’«Ouzia »224. Puiser dans la référence islamique pour dégager les fondements et les mécanismes de la solidarité : la religion islamique constitue l’un des ciments de la société marocaine puisqu’elle alimente la dynamique des lieux sociaux. Elle constitue, une source indéniable d’où nous pouvons puiser les principes de l’entraide, permettant entre autre, de renforcer les réseaux familiaux de la solidarité. Dans cet esprit, il serait opportun d’institutionnaliser les concepts de base qui tendent vers la consolidation de la cohésion sociale. D’autant plus, que la « Chariaa » a placé les jalons d’une société solidaire, juste et équitable. Le concept d’ « AZAKAT »répond au mieux à ce besoin et l’encadrement religieux à la charge du Ministère des Habous et des Affaires Islamiques, combiné aux contributions des économistes permettront d’atteindre cet objectif. -Renforcer le tissu associatif : le réseau associatif constitue l’une des composantes principales de la société civile. Sa dynamique représente un indicateur fiable de l’évolution de la société. A cet effet, il convient de mettre en place une structure chargée de l’orientation des organisations de l’économie sociale et solidaire vers la promotion du partenariat et le renforcement de l’esprit de bénévolat. Dans le même ordre d’idées, prévoir l’appui financier et technique en agissant sur l’outil juridique. Promouvoir les initiatives locales initiées par des femmes, notamment dans le monde rural : cette action s’explique par la position centrale qu’occupe la femme dans le processus de production dans les compagnes exerçant des activités diversifiées dans les domaines de l’agriculture, de l’élevage, et les activités artisanales, sans pour autant être reconnues. Mettre en œuvre des mesures d’encadrement portant sur l’assistance technique, financière, de gestion et de commercialisation afin d’orienter cette activité féminine vers les coopératives. 224 - Ouvrage « économie et gestion » , modèle marocain de l’économie sociale, les formes de solidarités et de développement local, réseaux traditionnels de solidarité. Avril 2011. 232 Elargir la portée de la décentralisation et de la déconcentration : il s’agit d’un axe stratégique dont l’amélioration en termes d’élargissement des pouvoirs et de compétences, entrainera des incidences directes sur les modes de gouvernance et la configuration du dispositif institutionnel dans sa globalité. La réussite de cette démarche conditionne dans une large mesure la performance de la réforme annoncé. Elle renforcera en outre, la participation de la population au processus de prise de décision. A Cet égard, il serait souhaitable de limiter la tutelle et la hiérarchie par des mesures juridiques et encourager dans les faits, l’esprit d’initiative par le biais de la motivation. Consolider l’esprit de la bonne gouvernance : Instaurer des structures chargées de la promotion de la culture de l’obligation des résultats et la reddition des comptes grâce aux mécanismes d’évaluation, de suivi et de contrôle appropriés225. Insérer, soit dans les organigrammes de chaque institution, des structures de coordination et de convergence en assurant leur effectivité grâce à des procédures efficientes soit, instituer un organisme de portée nationale, chargé de cette fonction. Parallèlement cet organisme est tenu de disposer d’une base de données rassemblant toutes les informations relatives aux projets inscrits dans les différents programmes aussi bien sectoriels que transversaux afin d’éviter le chauve chaument et la redondance. Résoudre, ou du moins atténuer sensiblement, la contrainte financière des organisations de l'économie sociale. Renforcer leurs ressources humaines, tant sur le plan quantitatif que qualitatif, par la mise en place des programmes de formations et d’encadrements en leur faveur. Améliorer leurs conditions de travail en les aidant à acquérir les équipements nécessaires à l'accomplissement de leurs missions dans de bonnes conditions. Mettre en place une plate forme interministérielle pour coordonner les actions des différents intervenants dans le domaine de l'économie sociale.Encourager la mise en réseau des entreprises de l'économie sociale.Procéder à la réforme du cadre juridique régissant les organisations de l'économie sociale. 225 Réflexion sur le dispositif institutionnel de l’économie sociale et solidaire au Maroc (P : 45) Etude faite par Ministère des affaires générales et de la gouvernance. 233 Initier et promouvoir la culture de l'économie sociale par le biais de campagnes de sensibilisation de proximité sur les vertus de l’esprit coopératif et associatif, sur la culture du partage, de l’entraide et de la solidarité. Promotion et appui à la création de nouvelles activités économiques relevant du secteur. Appui à l’organisation et à la professionnalisation des activités de service. Promotion sociale des actions sociales auprès des porteurs de projets, Soutien à la structuration du tissu de l’économie sociale. Veille stratégique évaluation et observation statistique226. Toutes ces actions et recommandations permettront d’assainir le dispositif institutionnel de l’économie sociale et solidaire au Maroc, pour permettre aux politiques engagées de résorber le déficit social. Toutefois, leur concrétisation est conditionnée par la mise en œuvre de mesures d’accompagnement relatives à la formation, la sensibilisation et la communication. A cela s’ajoute la fameuse mise en œuvre du projet de la régionalisation avancée qui est marquée par sa progressivité et sa gradualité. Comme l’a indiqué Sa Majesté le roi dans son discours elle est conduite par un pilotage de haut niveau, le processus est accompagné d’une évaluation continue qui soit de lui imprimer le rythme optimal, tout en apportant au projet les ajustements appropriés à tout moment, au vu de l’expérience pratique. Cette progressivité s’appliquera notamment sur les aspects suivants : Sur le plan institutionnel, bien que certaines propositions du projet impliquent des révisions constitutionnelles, la régionalisation avancée pourrait être amorcée en réaménageant conséquemment les dispositifs législatifs et réglementaires actuels. Sur le plan des compétences des nouvelles régions et en particulier, de leurs conseils élus, le présent projet leur ouvre une large perspective d’intervention dans tous les domaines du développement économique, social, culturel et environnemental. Il prévoit un socle de compétences propres et de ressources accrues des conseils régionaux, ainsi que des mécanismes de solidarité qui ouvrent d’emblée à ces conseils un vaste champ d’initiative leur permettant de démarrer immédiatement leur action. Il prévoit aussi le transfert graduel, négocié et 226 - Journée d’étude sur le thème « le mangement associatif » organisé en partenariat avec le monde associatif le 14-15 février 2002 au centre d’accueil et de conférences Hay Riad Rabat. 234 contractualisé entre le gouvernement et les conseils régionaux, de compétences de plus en plus étendues et des ressources y afférentes. L’assouplissement du contrôle et de la régulation étatiques sera également graduel et arrimé au développement des capacités de gestion régionale et aux indicateurs pertinents de transparence et de performance de cette gestion. De façon générale, la régionalisation avancéefait partie intégrante de la démocratisation du pays, au niveau national, régional, et local. Plusieurs facteurs concourront à en déterminer la crédibilité, le succès et partant, l’approfondissement continu : une participation de plus en plus large des populations à la vie et aux consultations démocratiques, des dispositifs et des processus électoraux de plus en plus marqués par la compétition loyale, l’honnêteté et la transparence , l’émergence d’élites régionales et locales hautement qualifiées, dévouées à l’intérêt public, préparées à la bonne gouvernance et sujettes à la reddition des comptes. Un gage de succès demeure l’adhésion spontanée et immédiate de l’ensemble des forces vives de la nation à l’idée de la régionalisation avancée telle que le chef de l’Etat l’a lancée et en a défini les axes fondamentaux. En particulier les partis politiques nationaux ont contribué comme a été signalé plus haut, à la conception de ce modèle marocain par des avis diligents et consistants. Ils ont exprimé la pleine conscience de leur rôle et de leur responsabilité dans la réussite de ce projet national. Conformément à la mission que leur confère la constitution du pays, ils proclament leur engagement à : apporter leur contribution conséquente à la mise en place de la régionalisation, à son animation dans la pratique politique, institutionnelle et de gestion et, partant à son succès 227. Développer et mettre à niveau, notamment dans les régions, leurs structures, leurs programmes et leurs modes d’action, afin d’y intéresser et d’y impliquer largement les populations. contribuer à l’assainissement de tous les aspects de la vie politique et de la compétition démocratique, appuyer l’émergence de nouvelles élites régionales et locales, notamment en formant et en mettant en avant des cadres, des candidats et des élus à la hauteur des ambitions du projet, assurer une veille responsable et innovante pour le bon fonctionnement et pour le perfectionnement 227 - Commission consultative de la régionalisation, Rapport sur la régionalisation avancée soumis à la haute attention de sa majesté le roi Mohamed VI le livre I (P :10) Rapport général de la régionalisation avancée . 235 continu du nouveau dispositif institutionnel des régions et des autres collectivités territoriales. En effet, parmi les propositions de la régionalisation avancée la création du fonds de mise à niveau sociale des régions qui intégrera les programmes engagés par les principaux départements ministériels visant à accélérer la résorption des déficits majeurs dans les secteurs socio-économique tel l’économie sociale en lien direct avec le développement humain et recoupant largement les domaines de compétence des régions dans le cadre de cette réforme à savoir : la généralisation de l’accès à l’eau potable et à l’électricité et l’éradication des bidonvilles et de l’habitat insalubre, ainsi de faciliter l’accès de santé pour tous228. L’évaluation financière de cet effort se situerait entre 128 à 215 milliards de DH, ce montant alimentera progressivement ce fond de mise à niveau régionale dont les tranches seront inscrites dans les lois de finances, afin de permettre une programmation pluriannuelle et un suivi adéquat Quand au fonds public de solidarité interrégionale, le projet de régionalisation avancée a pour mission de consacrer le principe de solidarité entre les régions, afin d’atténuer les inégalités liées à la concentration de la richesse, à l’inégal développement des territoires et aux disparités géographiques et démographiques entre les régions229. De ce fait, nous présentons les différents résultats issus de l’étude sur terrain (enquête) lors de la 3 éme édition du salon national de l’économie sociale et solidaire comme suit : Concernant les résultats des coopératives et associations exposantes : Nous avons procédé dans la présentation des résultats sur un échantillon de 140 exposants appartenant aux coopératives et associations, il atteint le moyen de chaque 24 adhérents, ainsi l’étude montre que 42% des coopératives sont locatrices des lieux ou elles exercent leur activités, 22% parmi elles exercent ses activités dans des locations d’entraide et 18% d’entre elles exploitent des locations dont l’un de ses membres est propriétaire . De ce fait, les objectifs de la majorité des exposants de la manifestation se base sur les axes suivants : 228 - Ibidem (P :13 ) - Stratégie nationale de l’économie sociale et solidaire 2010-2020, Conception et réalisation créative team (P :30-31) 229 236 -87% des exposants ont vendu leurs produits et ont commercialisé leurs services -81% des exposants identifie leurs institutions -61% sont à la recherche des partenaires -55 % sont à la recherche des sources de financement Enfin 9 % des exposants ont déclarés qu’ils ont, atteint leurs objectifs d’une manière très satisfaisante, 41% parmi eux ont réalisé leurs objectifs d’une façon satisfaisante et 32% d’entre eux ont très peu réalisé leurs objectifs. En ce qui concerne la catégorie des visiteurs ciblé de la part des exposants nous citons que : 44% des exposants ont ciblé toute catégorie. 16% parmi eux ont ciblé juste la catégorie consommatrice d’un produit spécifique. 12% d’entre eux ont ciblé juste la catégorie exerçant la même activité 10% d’entre eux ont ciblé les visiteurs locales. En ce qui concerne la répartition des exposants selon le pourcentage des ventes effectuées du total de la quantité exposantes lors de la manifestation est présenté comme suit :Graphique n°3 Distribution des exposants selon le pourcentage des ventes effectués lors de la manifestation 4% 4% 8% moins de 10% 8% de 10% à 20% de 20% à 30% de 30% à 40% 13% 63% 237 de 40% à 50% Plus de 50% En ce qui concerne la répartition des exposants selon le pourcentage de la marge bénéficiaire est présenté sous la forme suivante : Graphique n°4 Distribution des exposants selon la marge bénéficiaires lors de la manifestation 26% 30% n'existe pas faible très faible Assez bien 22% 22% Concernant l’évaluation globale de la manifestation : -88% des exposants ont considéré que la luminosité était parfaite. -78% des exposants ont considéré l’accueil était parfait -89 % des exposants ont considéré le transport au niveau. -98%des exposants ont considéré la sécurité au niveau -90%des exposants ont considéré la propreté au niveau -26%des exposants ont était satisfait de la campagne publicitaire ainsi 40% parmi eux était satisfait de la qualité du logement. Concernant la date et la durée du salon : 27% des exposants ont déclaré que la date était compatible et 33% parmi eux ont déclaré que la durée était suffisante. 90% des interviewés ont déclaré et montré leurs volonté de participer dans les prochaines édition de l’économie solidaire , enfin ils ont déclaré des propositions pour l’amélioration de la rentabilité des salons sur les ventes comme suit : -prolongement de la durée de l’exposition -le choix du temps convenable pour l’organisation du salon -Assurer le transport hors de la ville de l’exposition 238 -le choix d’un lieu stratégique de l’exposition. -l’égalité entre les exposants sur tous les niveaux -assurer la bonne résidence, la multiplicité des partenaires, promouvoir des prix pour les meilleurs stands, l’organisation des salons au niveau international -contrôle de la qualité des produits vendus par les coopérateurs. Présentation des résultats concernant les visiteurs : Nous avons procédé dans la présentation des résultats sur un échantillon issu de 100 visiteurs, leurs objectifs lors de la manifestation se présente comme suit : -51% des visiteurs qui ont acheté des produits de coopératives. -17% des visiteurs qui cherchent des partenaires -3% des visiteurs cherchent de l’emploi -46% des visiteurs cherchent de l’information -7% des visiteurs présentent des services -28% soutiennent les acteurs de l’économie sociale et solidaire -27% des visiteurs sont des parasites De ce fait, 36% des visiteurs qui ont réalisé d’une manière satisfaisante leurs objectifs, par contre 48% parmi eux ont réalisé juste un peu leurs objectifs. En ce qui concerne le pourcentage de connaissance des visiteurs de l’ecoss ,51% parmi eux la connaissent très bien, 29% dispose d’une moyenne connaissance et 7 % la connaissent d’une façon très faible et enfin, 13%ne la connaissent pas. En ce qui concerne la perception des visiteurs sur les prix des produits exposés par les coopératives et associations se présentent comme suit : -19% des visiteurs les considèrent très cher -72%des visiteurs les considèrent au niveau -9% des visiteurs les considèrent qu’il n’est pas cher du tout Leur perception sur la qualité des produits était comme suit : 26% très satisfaisante, 58% satisfaisante, 14% un peu, et 14% pas du tout satisfaisante En conclusion , 58% des visiteurs ont montré leur forte volonté de participer dans les futurs éditions du salon de l’ecoss, 11% parmi eux ont montré un peu leur participation dans ces institutions, et 19% qui ont déclaré la non participation, à cela 239 s’ajoute la moyenne d’achat de chaque visiteurs qui s’élève à 537 dh des produits exposés. Pour les produits qui ont été attiré le plus par les visiteurs dont les acheteurs sont : Le miel, les dattes, les huiles, le couscous, les gâteaux, le cactus, les produits de beauté, les plantes médicinales, les vêtements traditionnels, les produits de bois, les tapis et les bijoux en argent. Enfin, en ce qui concerne l’évaluation finale des visiteurs lors de la manifestation, ils ont mis un point de 1à10 concernant les éléments suivants : Campagne publicitaire :5 conférence :7 Luminosité :7 la sécurité :8 Accueil :9 la propreté :6 Parmi les propositions des visiteurs : la promotion d’une campagne publicitaire plus condensé via la télé et la radio, le choix d’un moment convenable de déroulement de la manifestation, le prolongement de la durée de l’exposition, l’accord plus d’importance aux produits locales dans les salons, montrer le rôle éducatrice des coopératives du coran dans les salons. 2-Quelques expériences étrangères : l’économie sociale dans quelques pays du monde. Les coopératives sont reconnues internationalement comme forme d’entreprise capable de produire de la richesse et de promouvoir le développement économique et social de toute la population, et pas seulement une croissance économique qui profite à quelques-uns. Une richesse qui tend à offrir de meilleurs salaires et de meilleurs conditions de travail aux travailleurs membres, de meilleur prix et des produits de meilleur qualité aux consommateurs membres, de meilleurs bénéfices et de meilleurs conditions d’écoulement de la production aux producteurs-membres, des relations plus équitables pour tous les partenaires de l’activité économique, des retombées solides et directes pour les communautés. 240 Les coopératives sont reconnues internationalement par leur capacité de production d’une richesse favorable aux pauvres, contribuant au développement basé sur l’inclusion sociale230. L’analyse des expériences en matière d’observation de l’économie sociale et solidaire concerne les cinq pays suivant : L’Espagne (45 millions d’habitants avec 30639 dollars/habitant) la France (62millions d’habitants, avec 41019dollars/habitant) l’Italie (59.6millions d’habitants, avec 23917 dollards /habitant) La Malaisie (28.3 millions d’habitants) Le brésil (195 millions d’habitants, avec 10816 dollars/ habitant) Le canada (34millions d’habitants avec 46215 dollars/habitant) Aussi bien la population que le niveau de développement économique de ces six pays présente des différences par rapport au Maroc (32 millions d’habitants avec 3249 dollars/habitant) Chaque cas sera analysé dans la présente section en fonction du secteur de l’économie sociale du pays, le cadre institutionnel et ses acteurs. L’économie sociale existe dans tous les pays du monde, avec des appellations différentes pour désigner un contenu plus ou moins similaire. En Espagne : l’approbation par le parlement espagnol de la loi 5/2011 d’économie sociale constitue un avancement231, l’Espagne est le premier état membre de l’union Européenne qui dispose d’un texte législatif qui reconnaît et règle un cadre commun à l’ensemble des entreprises de l’économie sociale. Cette loi évite l’indétermination juridique qui portait préjudice sur la visibilité de l’économie sociale. Ainsi, elle est définie par l’ensemble des activités économiques et commerciales réalisées par des entités qui, dans le secteur privé, poursuivent l’intérêt commun de leurs membres, l’intérêt général économique ou social ou l’ensemble de ces intérêts, conformément aux principes suivants :prééminence des personnes et de la finalité sociale sur le capital , qui se traduit par une gestion autonome et transparente, 230 - Proclamation des nations unies que l’année 2012 est l’année internationale des coopératives au niveau mondial .CICOPA. 231 - Loi pionnière dans la reconnaissance juridique de l’économie sociale en Espagne par Carlos Lozano coordinateur des relations internationales à la confédération espagnol des entreprises de l’économie sociale et coordinateur réseau Euro-méditerranéen de l’économie sociale (ESMED).REMACOOP. (P :107) 241 démocratique et participative, impliquant de privilégier davantage l’adoption des décisions en fonction des personnes et de leurs apports en travail et services prêtes à l’entité ou en fonction de la finalité sociale qu’en fonction de leurs apports au capital social. En Espagne, les formes d’économiesociale qui accomplissent ces principes sont les quatre familles traditionnelles : les coopératives, les mutualités, les fondations, les associations qui mènent à bien des activités économiques. A cela s’ajoute autres formes spécifiques espagnoles d’ES aussi encadrés par la loi : Sociétés de travailleurs : dans ces entreprises la majorité du capital appartient aux membres travailleurs. Entreprises d’insertion : ce sont des entreprises qui développent des activités économiques dont l’objet social est d’intégrer socio-professionnellement des personnes en situation d’exclusion sociale. Centres spéciaux d’emploi des personnes handicapées : se sont des entreprises productives dans le marché dont le but est d’assurer l’emploi et la prestation de services aux travailleurs ayant des besoins spéciaux. Confréries de pêcheurs : ce sont des corporations de droit public, sans but lucratif, représentatives d’intérêts économiques de pêcheurs qui agissent comme organes de consultation et de collaboration avec le administrations compétentes en matière de pêche maritime et d’aménagement du secteur de la pêche dont la législation est développée afin de satisfaire les besoins et les intérêts des membres, avec les compromis de contribuer au développement local et à la cohésion sociale. La loi ouvre aussi la porte à d’autres organismes crées selon des normes spécifiques, qui sont régies par les principes de l’économie sociale. La loi établit un cadre juridique commun à toutes ces familles de l’économie sociale, en respectant la législation spécifique de chacune. Toutefois, la valeur ajoutée de la loi est celle de donner un mandat aux pouvoirs publics de favoriser ces entreprises et leurs organisations représentatives, pour leur contribution à la création d’emploi, avec l’esprit d’entreprises et l’insertion des groupes en exclusion. L’expérience démontrée à ce propos à l’économie sociale pendant les dernières années a fait qu’il existait un consensus de toutes les tendances politiques en faveur de la loi pour donner un mandat aux pouvoirs publics afin de développer des mesures à savoir : l’élimination 242 des obstacles à la mise en œuvre et au développement d’une activité économique des entités de l’économie sociale. A cet égard, une attention particulière sera attaché à la simplification des démarches administratives de création des entités de l’économie sociale, faciliter les diverses initiatives de la dite économie, créer un environnement encourageant le développement des initiatives économiques et sociales, introduire des références à l’économie sociale dans les programmes d’études des différents degrés d’enseignement, un autre aspect significatif est celui de l’importance des pouvoirs publics de construire des mécanismes de dialogue avec les entreprises d’économie sociale en Espagne ce rôle est joué par la CEPES, qui rassemble 29 membres organisations représentatives avec plus de 200 structures d’appui dans toute l’Espagne. Cette structure associative fait de la CEPES le porte parole unique et fédérateur de toutes les organisations confédérées et en définitive de l’ensemble de l’économie sociale espagnole qui représente presque 45000 entreprises, 2.350.000 emplois, 90.000 millions d’euros ce qui suppose 10% du PIB et presque 12.000.000 des personnes associées aux entités de l’économie sociale232. De toute façon, la loi espagnole inclut une série de conditions pour qu’une organisation de niveau étatique soit représentative de l’économie sociale : elle regroupe au moins la majorité des catégories d’entités prévues par la loi, et représente au moins, vingt cinq pour cent de la totalité des entreprises ou entités associées directement par le biais d’organisations intermédiaires vis-à-vis des confédérations intersectorielles participant à la procédure de représentativité. L’économie sociale est ainsi un acteur économique à part entière, diffèrent du modèle d’entreprise traditionnelle dirigée à maximiser la rentabilité économique à court terme. C’est la primauté de rentabilité sociale qui fait des entreprises d’économie sociale un levier pour surmonter la crise économique dont souffre l’Espagne. Bien que ces entreprises ont été aussi frappées par la situation économique, elles démontrent une plus grande résistance et une plus grande capacité d’adaptation à cette situation. Le parlement européen a montré dans son rapport sur l’économie sociale l’important rôle de cette dernière face à la crise, 232 - Centre internationale, de recherche et d’information sur l’économie publique, sociale et coopérative « Brèves »n°35 Septembre 2010 Par Marcel Caballero vice président du CIREC France. 243 spécialement par sa capacité de rectifier trois déséquilibres du marché du travail : chômage, instabilité dans l’emploi, et l’exclusion des chômeurs. La loi 5/2011 met en évidence l’intérêt pour l’économie sociale comme un acteur clé de la solution à la situation économique. Plusieurs gouvernements, organisations internationales comme OIT, les nations unies, les prix Nobel stiglitz ou Ostrom ou les institutions européennes, ont déjà adopté des nombreux documents qui mettent en évidence la nécessité de parier sur ce modèle d’entreprise 233. A coté de l’Espagne, le Mexique dispose depuis le mois de septembre 2011 d’une loi similaire. En outre, le secteur de l’économie sociale de la France, organisé autour du conseil des entreprises, employeurs et groupements de l’économie sociale analyse aussi la possibilité de lancer une initiative pour établir une loi française de l’économie social. En effet, la méditerranée est une des régions prioritaires du travail au niveau international. La CEPES, coordonne le réseau euro-méditerranéen de l’économie sociale dont l’ODCO et l’UNCAM représentent le Maroc à coté des représentants de l’Italie, la France, le Portugal, l’Algérie et la Tunisie dans le but de faire de l’économie sociale un acteur qui contribue à la coopération politique, économique et sociale parmi les pays du sud et du nord de la méditerranée. La proclamation par les nations unies de 2012 comme l’année internationale des coopératives offre une grande occasion de mettre en marche un agenda international pour l’économie sociale et pour donner une plus grande visibilité au niveau mondial aux coopératives et aux autres formes d’entreprise de l’économie sociale. L’économie sociale espagnole y sera toujours à la disposition des partenaires d’autres pays dans ce sens234. En France : Comme dans la plupart des pays européens, un réseau d’organisations préfigurant l’économie sociale s’est constituée dès le Moyen-âge : organisations charitables et éducatives à l’initiative des ordres mouvements des citoyens des villes libres, corporations, confréries à l’initiative des professions. Mais ce réseau diversifié sera démantelé par la Révolution qui va créer une rupture dans l’histoire de la France, sans équivalent en Europe, et construire les traditions jacobine et laïque qui marquent profondément l’État et la société en France. Selon la 233 - 197 :http://www.coopseurope.coo,breuxelles. http://www.2012.coop/ 234 - http://social.un.org/coopsyear 244 pensée jacobine, l’État a le monopole du bien public, car tous les corps intermédiaires entre l’individu et l’État créent une fracture dans l’unité de la Nation. Les corporations, considérées comme des entraves au commerce et à la libre entreprise sont interdites en 1791, ainsi que les confréries, leurs annexes sociales ; les hôpitaux et autres fondations religieuses sont nationalisés ou leurs biens sont vendus à la bourgeoisie235. Face à ce démantèlement, l'État affirme la responsabilité sociale du gouvernement mais n’a pas les moyens d’instaurer un système public de protection sociale. Ces grands bouleversements ne pouvaient faire totalement table rase de toute une tradition associative.Malgré l'interdiction des coalitions, la classe ouvrière s'organise peu à peu, en France comme dans tous les pays européens qui connaissent la révolution industrielle et son corollaire, la paupérisation urbaine. Tout au long du dix-neuvième siècle, des phases de tolérance alternent avec des phases de répression. Sous l’influence du mouvement ouvrier émergent, des expériences pionnières britanniques et de plusieurs courants de pensée prônant l’associationnisme, les sociétés de secours mutuels et les associations coopératives, ouvrières et paysannes, naissent et se développent jusqu'à trouver leur consécration juridique à la fin du siècle. Plusieurs lois vont en effet permettre la reconnaissance définitive des organisations de l’économie sociale, notamment la charte de la mutualité en 1898, puis la loi de 1901 sur les associations, toujours en vigueur. Lors de l’Exposition universelle de 1900, la France compte plus de 45 000 associations, selon une typologie large qui inclut coopératives, mutuelles et syndicats. Aperçu sur le secteur de l’économie sociale en France. Chaque pays a institutionnalisé l’économie sociale et solidaire en fonction de son contexte politique et sociale en adoptant une délimitation plus ou moins précise concernant les types d’organisations économiques la composant (coopératives, associations et mutuelle) et les secteurs d’activité concernés, pour le cas français l’économie sociale est composée notamment des coopératives, mutuelles, 235 - la longue marche vers un compte satellite de l’économie sociale bilan à partir de l’expérience française par Edith Archambault et Philipe Kaminski Professeur émérite à l’université Paris 1, centre d’économie de la Sorbonne. (P : 42) 245 fondations et « les associations dont l’activité de production les assimilent à ces organismes et employant des salariés » avec l’exclusion des activités développées par les associations. Ci après, quelques chiffres clés sur l’économie sociale en France tels que publié en 2010 par l’observatoire français dans sa publication intitulée « panorama de l’économie sociale en France et dans les régions »236 215.000 établissements employeurs qui représentent 9% des établissements employeurs en France (25413 coopératives, 6672 mutuelles, 181732 associations et 1177 fondations) 9.9% de l’emploi français (dont 78,2% sont assurés par les associations ; 13.7% par les coopératives, 5,3% par les mutuelles et 2,8% par les fondations)237 L’Italie : le mouvement coopératif en Italie compte environ 75.000 coopératives, leur apport à l’économie italienne représente environ 7% du produit intérieur brut Aujourd’hui, le mouvement coopératif italien est globalement dans une phase de croissance et d’innovation, comme en témoigne, entre autres, l’extraordinaire essor des coopératives sociales italiennes. Le monde associatif est plus connu en Italie sous le terme de non profit ou terzo settore (tiers secteur). Il est constitué des organisations de volontariat, des associations, des organisations non lucratives d’utilité sociale, des coopératives sociales et autres formes juridiques qui poursuivent des objectifs sociaux en intégrant, complétant ou remplaçant parfois le secteur lucratif. Selon une définition assez vague, toutes les structures sociétaires qui ont une stabilité d’organisation, qui ne sont pas publiques et qui ne distribuent pas de profits en font partie. L’institut national de statistiques italien a réalisé une photographie du secteur non profit italien. En 2003, parmi les 235000 organisations non-profit, les formes juridiques prédominantes étaient les associations de fait (66%), les associations déclarées (26%), les coopératives sociales de type A et B (3%) les fondations (2%) et d’autres formes (3%). Le chiffre d’affaires engendré par le secteur s’élève à environ 38 milliards d’euros, ce qui représente une contribution de 2.7%du PIB national.60% des recettes totales se concentrent dans les services sociaux, la santé, la culture, le sport, et les loisirs. Le non-profit mobilise 4millions de personnes. Les 236 - Réseau pour l’économie publique et l’économie sociale « BREVES » n°35,par Marcel Caballero « enfin, une loi sur l’économie sociale en Espagne » Travaux du Cierc septembre 2010. 237 - « Quelques chiffres clés de l’économie sociale pour tout le territoire français » Atelier, centre des ressources régionales de l’économie sociale en ile de France. Année 2010 246 travailleurs rétribués sont au nombre d’environ 700 000 dont 67% sont des femmes. La représentation politique du secteur et la coordination de ses acteurs est assurée par le forum permanent du tiers secteur .il s’est officiellement constitué le 19juin 1997 et plus de 100 des principales organisations du monde du volontariat, des associations, de la coopération sociale, de la solidarité internationale et de la mutualité complémentaire volontaire y adhèrent. C’est un réseau multiforme d’expériences et d’activités dans lequel sont impliqués 14 millions de citoyens (usagers, salariés, et bénévoles)238. Le mutualisme est l’une des plus anciennes racines de l’économie sociale, mais il n’a pas connu en Italie le même développement que dans d’autres pays européens. Cependant, au cours de ces dernières années, suite à la crise du système de protection sociale publique, on a assisté à la naissance de quelques dizaines de nouvelles expériences mutualistes dans le secteur de la santé. Au cours de l’année 2011 qui vient de s’écouler parmi les nombreux événements qui ont intéressé le mouvement coopératif italien : la création de l’alliance des coopératives italiennes : (association générale des coopératives italiennes), regroupant 8000 coopératives dont 350000 membres, emploi 80000 et réalise 8 milliards d’euros en terme de chiffre d’affaires239. La confcooperative : regroupe 21000 coopératives dont 3.000.000 membres, emplois 520 000 et réalise 62 milliards d’euros en terme de chiffre d’affaires. Et le legacoop qui ont donné vie à une coordination stable de trois organisations: elle regroupe 14.500 coopératives dont 8 500 000 membres et réalise 56.6 milliards d’euro en terme de chiffre d’affaires. Cet ensemble d’entreprises contribuent au PIB pour 7.3 %.Elles représentent pour le pays la moitié de l’agroalimentaire, un tiers de la grande distribution commerciale, 12.9% des guichets bancaires et 90% de la coopération engagée dans le secteur social. Le mouvement coopératif italien trouve ses origines dans la moitié du 19 238 éme siècle - les principaux événements pour les coopératives italiennes en 2011 par Enzo Pezzini directeur d’études du bureau de Bruxelles de confcoopérative..Revue internationale des coopératives RECMA Numéro .323 (P/9) 239 - Ibidem,(p :95) 247 La première coopérative est identifiée à Turin en 1854, la coopérative de consommation promue par l’association générale des ouvriers de Turin. En quelques années, le nombre grandit et en 1986à Milan fut constituée la fédération nationale des coopératives italiennes (FNCI). Elle devint la ligue nationale des coopératives italienne en 1983. Instance unitaire qui rassemble les différentes mouvances inspiratrices : libéraux, socialistes, catholiques, qui arrivèrent à faire la synthèse des différentes sensibilités et conceptions de la coopération. Les caractéristiques originales du mouvement coopératif italien réside dans :La référence aux cultures et traditions idéologiques qui est particulière dans le contexte coopératif international. L’organisation en centrales coopératives regroupant en leur sein des coopératives de secteurs différents (agriculture, crédit, consommation, production,) à la différence des organisations des autres pays d’Europe qui regroupent généralement un seul type de coopératives. La coopération italienne bénéficie d’une attention législative, qui repose sur l’article 45 de la constitution » la république reconnaît la fonction sociale de la coopération à caractère de mutualité et sans fins de spéculation privée. La loi en promeut et en favorise l’accroissement avec les moyens les plus appropriés et en assure, avec les opportuns contrôles, le caractère et les finalités. Les centrales coopératives italiennes font enfin l’objet d’une reconnaissance de leur utilité publique240 qui leur délègue l’exercice du contrôle périodique des organisations associées la révision coopérative. Du point de vue entrepreneurial, l’espoir est que les coopératives pourront tirer d’un meilleur climat associatif une impulsion à promouvoir des projets dans les territoires et dans les filières productives capables d’améliorer leurs activités. Le deuxième événement il s’agit de l’arrêt de la cour de justice de l’union européenne du 8 septembre 2011 : il a reconnu la spécificité de la coopération et a légitimé les politiques qui lui sont expressément dédiées, dans la mesure où les 240 - Article 4 du décret législatif du chef provisoire de l’état du 14 décembre 1947, n°1577.ITALIE 248 entreprises coopératives sont en cohérence avec les éléments de diversité qui les caractérisent241. Eléments qui dans la jurisprudence européenne se trouve dans le règlement relatif au statut de la coopérative européenne de 2003 et à la communication de la commission européenne sur la promotion242. C’est avec une grande satisfaction que l’arrêt a été accueilli par les coopératives italiennes mais aussi par l’ensemble du mouvement coopératif européen. La célébration du vingtième anniversaire de la loi sur les coopérative sociales :il s’agit d’une nouvelle forme des coopératives qui a vu le jour en Italie dans la deuxième moitié des années 1970 : elles sont une tentative de donner des réponses innovatrices aux anciens et nouveaux besoins sociaux (handicap, toxicomanie, soins des personnes âgées, maladie mentale, jeunes en difficulté) une telle formule s’est révélé particulièrement apte pour ceux qui désiraient s’engager au service de personnes défavorisées ou en difficulté, dans des organisations qui garantissent une gestion démocratique et une responsabilisation de tous les sujets impliqués.cet ensemble d’exigences a trouvé synthèse dans la formule coopérative, interprétée en clé solidaire, que l’on peut également voir comme une conséquence d’un processus de renforcement de la dimension productive du monde associatif et des organisations de bénévolat et de l’engagement des organisations coopératives dans le domaine des services sociaux. Selon la loi n°381, les coopératives sociales ont comme objectif l’intérêt général de la communauté pour la promotion humaine et l’intégration sociale des citoyens à travers : la gestion des services sociaux, sanitaires et éducatifs243. Le déroulement d’activités diverses, agricoles, industrielles, commerciales, ou de services ayant pour but l’insertion dans le monde du travail de personnes défavorisées »244. L’expérience italienne a inspiré les coopérateurs dans plusieurs autres pays. Nous avons assisté à un renouveau législatif pour consolider ou 241 - Règlement du conseil 22 juillet 203, relatif au statut de la société coopérative européenne. -Communication du 23 février 2004 au conseil au parlement européen, au comité économique et sociale européen et au comité des régions sur la promotion des sociétés coopératives en Europa 2004 243 - « L’évolution récente de la coopérative sociale en Italie » Recma n°266 BORZAGA 1998. l’impressionnant développement des coopératives sociales par Defour , Favreau, la ville. 244 - « La coopérative sociale en Italie entre consolidation et transformation » Recma 286 par Pezzini février 2008. 242 249 stimuler des nouveaux champs d’activité pour les coopératives dans une vaste gamme d’initiatives normalement en lien avec l’insertion professionnelle et les services aux personnes, en appliquant des modalités de fonctionnement qui prévoient des formes de multi sociétariat. L’Italie compte 11.808 coopérativessociales en 2011, elles regroupent 212000 membres et emploient plus de 21.0000 personnes. Le chiffre d’affaires total atteint plus de 5.4millions d’euros. Les coopératives sont répandues sur tout le territoire italien, il y a 9.1 entreprises pour 100.000 habitants.au niveau territorial, elles sont regroupées dans 256 consortiums. La Malaisie : Le mouvement coopératif malaisien remonte au 19 éme siècle. Ainsi, en 1884, des coopératives d’épargne et de crédits ont été crées essentiellement dans le secteur agricole et ce dans le but de faire face aux intermédiaires qui profitaient des faibles capacités de financement des agriculteurs. Mais, les coopératives de l’ère moderne remontent à 1922, la Malaisie fut encore sous colonisation anglaise. Depuis, des coopératives ont été crées dans plusieurs secteurs avec particulièrement la création de la première coopérative d’épargne et de crédit en 1951et le lancement de l’expérience des coopératives scolaires en 1969 .ces dernières jouissent d’une importance primordiale de la part du gouvernement malaisien car elles inculquent aux élèves la formation coopérative, l’esprit de l’épargne et la prise de décisions. L’évolution du système coopératif a conquis d’autres secteurs, comme le secteur bancaire, le transport, l’habitat, la consommation, les services industriels. Actuellement les coopératives en Malaisie sont crées dans 9 secteurs suivants : banque, crédit et financement, plantation, logement, industrie, consommation, construction, transport et services. Ces coopératives ont la spécificité d’avoir un nombre d’adhérents qui se chiffre en millions. Ainsi, en 2009 : 6.678.000 de 250 personnes étaient membres aux coopératives Malaisiennes, soit 27% de la population245. En effet, la répartition des coopératives par secteur illustre la prédominance des coopératives de consommation avec 60%, suivies des coopératives de services avec 10% et les coopératives de crédits et celles de transport avoisinants les 9%. L’essor économique qu’a connu la Malaisie durant les dernières décennies a concouru au développement de plusieurs secteurs dont le secteur coopératif. Ce dernier a drainé une bonne manne des capitaux issus des salaires appartenant aux couches démunies et par la suite son injection dans l’économie sous forme d’investissement, prêts et consommation. A titre d’exemple, le secteur des crédits qui a connu un grand succès en Malaisie, les membres des coopératives ont bénéficié de 25% de l’ensemble des crédits octroyés par les institutions financières du pays. Les coopératives en Malaisie ont été régies par une pléthore de lois jusqu’à 1993, date de promulgation d’une loi unifiée qui est composée de 96 articles. L’esprit de la loi œuvre dans sa finalité à l’encouragement et la consolidation des coopératives par la création des coopératives indépendantes et la formation de dirigeants sur les techniques adéquates de gestion. Cette loi a connu des amendements qui ont tous contribué à la promotion de la bonne gouvernance des coopératives et l’amélioration de la responsabilisation des membres. Mais, elle a également prévu des peines de prison et des amendes en cas de fraudes et d’infraction à la loi. Les principales caractéristiques de ce cadre juridique s’illustrent comme suit : la création d’un tribunal spécifique aux coopératives en 1998 pour statuer dans les conflits que connaissent les coopératives. Ce tribunal se trouve dans le local de l’administration du développement des coopératives et il est supervisé par le directeur général de cet établissement. La limitation du nombre minimum d’adhérents à 100 par coopératives, la possibilité de traiter avec les non adhérents, l’exonération des coopératives des impôts pendant les cinq premières années de leurs exercices, a terme de ce délai, 245 Eme -3 forum asiatique sur l’économie solidaire regroupant 350 participants en provenance de 33 pays dont 17 de l’Asie et le reste de la Malaisie à Manille. Novembre 2013.Eclairage sur les coopératives en Malaisie par Rachida Elghiat Remaccop (P : 101-102) 251 les coopératives dont le capital est inférieur ou égal à 500.000ringits restent exonérées. La possibilité pour les coopératives d’investir une partie de leurs excédents dans différents secteurs (foncier, constructions), la certification des comptes des coopératives incombe au comité de contrôle interne élu par les membres. La rémunération des taches effectuées par les membres des conseils d’administration et les contrôleurs internes. La tenue des assemblées générales dans un délai qui ne peut dépasser 6 mois de la clôture de l’exercice, les dons, aides, subventions qui sont accordées aux coopératives doivent avoir l’aval de la direction du développement des coopératives Bref, Les coopératives en Malaisie constituent le troisième moteur de croissance du pays après les secteurs public et privé. Etant ainsi, l’état a de tout temps œuvré pour la promotion de ce secteur par des mesures comme l’allégement fiscal ou l’exonération fiscale, l’inscription gratuite, la présence des coopératives dans les différents plans et programmes de l’état il s’agit : de la direction de développement des coopératives, le collège Malaisien coopératif, la direction des organisations agricoles, la direction du développement des pêches246. La direction de développement des coopératives : coiffe tous, elle relève du ministère des terres et a pour objectif principal l’octroi ou le retrait de l’agrément, l’organisation, l’appui et l’aide aux coopératives, la vulgarisation et la supervision de ces dernières en s’assurant qu’elles respectent la législation en vigueur, comme elle joue le rôle de consultant auprès du ministre de tutelle. Elle aide des structures à pallier aux problèmes de financement dont elles souffrent, notamment dans le monde rural à travers l’accord de crédits. Cette direction relève du ministère de l’agriculture. Le collège coopératif malaisien : a été crée en 1956 est devenu un organisme semi public en 1968 il relève du ministère des terres et développement des coopératives. Il est le premier institut de ce genre constitué dans la région d’Asie océan pacifique il est le 3 éme organisme malaisien qui supervise les coopératives avec la direction de développement des coopératives et l’union nationale des coopératives. 246 ibidem (p :106) 252 Ce collège est devenu membre de l’alliance internationale des coopératives en 2003. La direction des organisations agricoles : relève du ministère de l’agriculture et a pour attribution : d’encourager, améliorer et inculquer le développement économique et social des organisations agricoles, agréer, contrôler et superviser ces organisations, veiller à la concordance des procédures affectées à ces organismes avec les orientations gouvernementales. Enfin, la direction du développement des pêches : relève également du ministère de l’agriculture et s’occupe des coopératives et associations de pêche maritime, ses attributions sont allouées aux organisations maritimes dont les coopératives de pêche à savoir la formation au sein de ces structures, développement des systèmes de gestion dans les techniques de commercialisation des produits halieutiques ainsi que la supervision des opérations de crédits affectées à ces structures. Les coopératives en Malaisie sont structurées dans un cadre organisé, elles sont intégrées au sein de trois grandes unions : ANGKASA-NEKMAT-NAFAS Union : ANGKSA est l’union des coopératives Malaisiennes qui a été crée n 1971 et qui comptait en 2002 plus de 2653 coopératives dont les coopératives scolaires, et l’adhésion de plus de 3 millions membres coopérateurs, ses principales attributions ont trait à l’organisation des campagnes de formation au profit des adhérents des coopératives membres à l’union dans les domaines juridiques, comptable contrôle interne. Union NEKMAT : des coopératives de pêches offre divers services à ses membres dont : l’approvisionnement en matières premières, l’organisation de la commercialisation du poisson et son transport. Union NAFAS : dont les principales attributions est l’importation d’engins agricoles au profit des coopératives et la production des fertilisants. Au Brésil, L’économie sociale et solidaire au brésil avec toutes ses composantes contribue ainsi à hauteur de 11.5% à l’emploi salarié , les coopératives comptaient 5.762.718 membres et 182.026 employés responsables d’un volume de transactions économiques équivalent à 6% du produit intérieur brut brésilien. 253 Au brésil l’économie sociale et solidaire est désignée par « l’économie solidaire » sans utilisation du terme « sociale ». Les grandes coopératives agroindustrielles et mutuelles de santé ne sont pas considérées comme faisant partie de l’économie solidaire. Cette dernière est composée par : l’ensemble des activités économiques organisées et réalisées de façon solidaire et sous forme d’autogestion (coopératives, entreprises autogérées, groupes solidaire) : production des biens et services, finance solidaires, commerce équitable, développement durable, ainsi par des associations et groupes informels des petits producteurs qui réalisent en commun les achats, la production ou la commercialisation. L’autogestion et la solidarité palliative à la non disponibilité des capitaux des membres, constituent les caractéristiques principales de l’économie solidaire brésilienne247. L’évolution politique du brésil à partir de 1988 a donné lieu à un processus d’institutionnalisation et de renforcement de la société civile avec la dynamisation du mouvement associatif en tant qu’acteur en partenariat avec l’état du développement économique et social : mise en œuvre de plusieurs programmes d’appui à l’économie solidaire, reconnaissance légale des associations de la société civile à caractère public (OSCIP).cers dernières exercent en subvention de l’état dans le cadre de partenariat public-privé. A travers le développement de l’économie solidaire, les pouvoirs publics brésiliens cherchent l’intégration de l’informel et la résolution des problèmes socioéconomiques, notamment à travers l’amélioration des conditions de vie des petits agriculteurs, l’absorption des favels, la valorisation du travail et l’intégration sociale. Actuellement, le secteur compte plus de 22 000 entités recensées au niveau des 2950 localités, ces entités exercent principalement dans la pêche (41%), l’alimentation (17%), l’artisanat (17%), et le textile (10%). Quand au mouvement associatif est composé d’environ de 500.000 associations et fondations. Les institutions les plus représentatives de l’économie solidaire au brésil sont les suivantes : Ministère du travail et de l’emploi coiffant le 247 -l’économie sociale au brésil : histoire, courants théoriques dominants, acteurs et rapport à l’état Carolina Andion, Mauricio serva, Aruc-ES, cahier c-10-2006 décembre 2006, rapport présentant les transformations qui remèdent l’économie sociale brésilienne en lui donnant de nouveaux contours et en suscitant de nouveaux dilemmes et de nouveaux défis 254 secrétariat national de l’économie solidaire et le système nationale du commerce équitable et solidaire. -Le secrétariat national de l’économie solidaire (SENAES) est composé de deux départements : le département du développement de l’économie solidaire et le département des études et de diffusion. -Le forum brésilien de l’économie solidaire comme instance de concertation avec l’état et permet la proposition des initiatives de développement de l’économie solidaire248 -le réseau des gestionnaires des politiques publiques de développement de l’économie solidaire enfin, les réseaux d’appui aux entités de l’économie solidaire : dont le rôle consiste à adapter l’entreprise à son environnement d’aide à la création, organisation du travail, ressources humaines, financement et commercialisation de ses produits. Au canada :La Chaire de recherche du Canada en économie sociale étudie l’innovation sociale produite dans l’économie sociale, afin de mieux comprendre son rôle dans les transformations sociales. L’économie sociale désigne une forme particulière d’entreprises : coopératives, associations ou organismes à but non lucratif, mutuelles. Elles fonctionnent selon un certain nombre de valeurs, de principes et de règles qui particularisent les processus de décision, les finalités, la répartition des surplus, le sociétariat, le financement, etc. Établissant des passerelles entre le développement économique et le développement social, l’économie sociale cherche à servir la collectivité plutôt qu’à engendrer des profits pour les actionnaires. Du fait de leur nature, de leur origine et de leur mission, les entreprises d'économie sociale offrent des conditions propices à l'innovation sociale. Face aux transformations du marché et de l’État, les demandes sociales affluent et suscitent le besoin d’inventer de nouvelles façons de faire. Le mode participatif de l’économie sociale est riche d’innovations sociales, rapprochant le consommateur du producteur, le bénéficiaire du prestataire, les besoins des individus de ceux des collectivités. Ce faisant, l’économie sociale peut contribuer à la transformation du secteur public (réseaux de politiques publiques, développement durable) et du secteur privé (gestion participative, responsabilité sociale corporative, bilan social). En ce sens, 248 - la politique publique d’économie solidaire au Brésil par Ana Dubeux professeur à l’université fédérale de Pernabouc du brésil. 255 l’économie sociale est un véritable laboratoire d’expérimentation d’une société en mutation249. Les travaux de la Chaire se concentrent sur deux principaux terrains d’étude, soit celui des services de proximité (logement communautaire, aide domestique, cuisines collectives, centres de la petite enfance, etc.) et celui des services collectifs, notamment les services de soutien au développement (institutions financières, fonds de développement, corporations de développement économique communautaire, groupes de ressources techniques, etc.). Les recherches s’articulent autour de trois principaux chantiers. Le premier est celui de la gouvernance, afin de comprendre comment les instances plurielles et les partenariats favorisent la prise en compte d’objectifs relevant à la fois du marché et de l’intérêt général. Le deuxième chantier est celui des modes de développement et de financement, dans un univers où le capital n’est pas rémunéré par les profits. 215 Le troisième chantier est celui des méthodes d’évaluationspécifiques à une double mission économique et sociale. Les coopératives jouent aussi un rôle essentiel dans le développement économique de nombreuses collectivités autochtones. Le modèle coopératif fut adopté dans plusieurs communautés car il est conforme au mode de vie traditionnel des Autochtones17. Les coopératives occupent notamment une place stratégique dans la mise en marché de l’artisanat autochtone, ce qui permet à ce secteur d’activité de mieux naviguer les soubresauts économiques : Malheureusement, le commerce de l’art suit les fluctuations économiques: lorsque l’économie va bien, le commerce va bien; lorsque l’économie ralentit, le marché ralentitaussi. Par contre, grâce aux coopératives, nous avons réussi à procurer de la stabilité aumarché. Sans elles, nous ne savons pas dans quelle situation se trouverait aujourd'hui. Les coopératives naissent du désir d’un groupe d’individus de répondre à un besoincollectif. Pour y parvenir, ils regroupent leurs ressources et leurs compétences. Ils sedotent ainsi de moyens et d’expertises auxquels ils 249 - Mémoire de recherche sur « Les repères territoriaux de l’économie sociale et solidaire au canada « :par Marie Jean bouchard professeur de l’université du Québec à Montréal, titulaire de la chaire de recherche au canada en économie sociale, membre du centre de recherche sur les innovations sociales et coresponsable du chantier logement communautaire. 256 n’auraient pas eu accès sans cetteassociation. Historiquement, au Canada, cette pratique a constitué un des fondementsdes communautés francophones, notamment des communautés de langue officielle ensituation minoritaire250. Les coopératives ont donc comme rôle stratégique de procurer des biens et des services et de répondre aux besoins de la population d’une région donnée, dans des secteurs où l’apport des gouvernements et des corporations privées fait défaut. Cela est notamment le cas dans des domaines d’activité où le gouvernement juge que l’initiative privée est le meilleur moyen pour fournir les biens et les services demandés par la population, mais où les entreprises privées traditionnelles manquent justement à l’appel en raison du manque de rentabilité commerciale anticipée. Dans cette optique, les coopératives peuvent donc être vues comme une force alternative de développement économique. Le cas des coopératives gazières de l’Alberta, qui gèrent aujourd’hui plus de 100 000 km de gazoduc, constitue un exemple probant d’une situation où le mouvement coopératif a créé de la richesse dans une sphère d’activité où les entreprises privées étaient absentes en raison de la faible rentabilité financière potentielle des projets. Les coopératives sont également plus stables grâce à leur structure. Elles ont plus de loyauté et d'enracinement dans la communauté, mais elles ont plus de difficulté à avoirun accès rapide à du capital, puisqu'elles ne peuvent pas émettre d'actions. Elles gardentdonc souvent un coussin supplémentaire251. Après avoir décrit l’importance stratégique du mouvement coopératif pour l’économie canadienne, il est opportun d’examiner certainesdonnées concernant la santé financière actuelle des coopératives au Canada. L’Enquête annuelle sur les coopératives non financières canadiennes permet de donner un aperçu de cette question. Cette enquête décrit les 50 plus importantes coopératives non financières au Canada selon les revenus. En 2010, les 50 plus importantes coopératives généraient des revenus de 24,8 milliards de dollars, et comptaient 38 700 employés. 250 Thèse sur la situation des coopératives au canada rapport du comité spécial sur les coopératives par Bake Richard, service d’information et de recherche parlementaire. Septembre 2012 251 - Bernard Brun, directeur, Relations gouvernementales, Mouvement des caisses Desjardins, Témoignages, réunion no 5, 1re session, 41e législature, Ottawa, 25 juillet 2012. 257 Elles représentaient 4,8 millions de membres et géraient 10,9 milliards de dollars d’actif252. Les 50 plus importantes coopératives non financières étaient constituées de26 commerces de gros et de détail, 23 entreprises agricoles et d’une coopérative deservices. Les coopératives agricoles affichaient les revenus les plus élevés (12,8 milliards de dollars), ce qui représente plus de 51 % des revenus totaux des coopératives sondées. Les coopératives d’habitation représentent beaucoup plus qu’un simple endroit où vivre. Elles sont des associations légales formées dans le but de fournir des logements permanents à leurs membres en tenant compte des principes coopératifs. Au Canada, environ 250 000 personnes vivent dans des coopératives d’habitation. Au niveau de l’impôt253 : Les coopératives sont assujetties au même régime d’imposition que toutes les autres sociétés. La Loi de l’impôt sur le revenu fédérale prévoit des mesures spéciales afin d’aider les petites entreprises, comme l’amortissement accéléré et des taux d’imposition moins élevés. Ces mesures s’étendent aussi aux coopératives. Crédit Union Central of Canada indique dans un mémoire écrit soumis au Comité que les banques laissent entendre que les caisses de crédit bénéficient de règles fiscalesavantageuses en raison de leur caractère coopératif. Afin de répondre à cette fausse perception, Credit Union Central of Canada mentionne que les coopératives paient autant d’impôt que toutes autres formes d’entreprises. D’autres témoins ont abondé en ce sens en affirmant que les coopératives ne jouissent d’aucune faveur fiscale et sont assujetties aux mêmes règles fiscales que les autres types d’entreprises . Quelques témoins ont signalé que les coopératives sont davantage taxées que les sociétés par actions. D’après une étude effectuée par la firme Mallette, les résultats démontrent qu’il existe une disparité importante au niveau fiscal entre les coopératives et les entreprises traditionnelles. En effet, l’étude révèle que la majorité 252 - Sécrétariat aux affaires rurales et aux coopératives, Unité des statistiques, Les 50 plus importantes coopératives non financières au Canada en 2010. 253 - Thèse sur la situation des coopératives au canada rapport du comité spécial sur les coopératives par Bake Richard, service d’information et de recherche parlementaire. Septembre 2012 p :55 258 des coopératives porte une charge fiscale plus grande que l’entreprise à capitalactions. Sur le plan politique : dans différents pays du monde, nombreux sont les gouvernements nationaux et régionaux ayant développé des politiques publiques qui font explicitement référence à l’économie sociale, que ce soit dans son ensemble ou dans telle ou telle de ses composantes. Par ces initiatives politiques en faveur des entreprises de l’ESS, celles-ci contribuent à la réalisation de : politiques actives d’emploi à travers les coopératives de travailleurs et les entreprises d’insertion, initiatives concernant les services sociaux, dans lesquelles les associations , fondations et autres organisations à but non lucratif ont joué un rôle-clé, actions touchant aux politiques sectorielles et au développement rural, mutuelles de prévoyance sociale dans le cadre des systèmes de sécurité sociale.254 Selon les formes des politiques publiques en matière de l’économie sociale mais également selon des instruments utilisés, nous distinguons 4 types de politiques : -Politiques institutionnelles : ces politiques confèrent aux organisations de l’économie sociale une place dans le système institutionnel en vigueur, en les reconnaissant comme parties prenante de l’économie et du dialogue social. Dans ce cadre, ces organisations sont considérées comme des acteurs du processus d’élaboration et de mise en œuvre des différentes politiques publiques. Elles sont représentées dans différents organes institutionnalisés de participation et de dialogue social. -Politiques de promotion de formation et de recherche : ces politiques ont pour objectif de donner de la visibilité à l’économie sociale et de développer des compétences en matière de formation et de recherche au profit du secteur. Ce sont généralement les universités et les centres spécialisés qui assument ces missions. En matière de recherche nous pouvons citer : université Johns hopkins, réseau Allemand des coopératives, réseau interuniversitaire français de l’économie sociale réseau espagnol de chercheurs en économie sociale , en matière d’enseignement, 254 :Les outils et mécanismes de financement de l’économie sociale, coopération Nord/sud et développement par louis Favreau et Lucie Fréchette. Université Québec Automne 1999. 259 nombreuses sont les universités qui ont mis en place des diplômes de troisième cycle en économie solidaire -Politiques de financement : les pouvoirs publics recourent à des instruments financiers pour assurer la promotion et le développement de l’économie solidaire par le biais du financement des porteurs de projets. -Politiques d’aide par des services concrets : ces politiques visent à offrir de l’économie solidaire un éventail de prestations pratiques. Nous constatons de l’analyse étrangère que l’économie solidaire est présente partout dans le monde selon des appellations différentes mais avec un contenu plus ou moins similaire, le secteur jouie d’une reconnaissance sociale et politique de la réalité institutionnelle, sa visibilité, et l’image qu’il renvoie à la société et aux concepteurs des actions politiques en rapport avec le rôle qu’il joue dans le développement multidimensionnel d’une société donnée. Une institutionnalisation qui se fait tant au niveau des acteurs qu’au niveau des pouvoirs publics aux échelons local et national. Une diversification des statuts des organisations de l’ESS qui joue un rôle fort important dans le développement du secteur. Des politiques territoriales pour promouvoir la dite économie en impliquant diverses forces sociales et économiques qui cohabitent sur le territoire, une diversification des moyens de financement, les institutions financières communautaires sont le plus important véhicule d’accès au capital pour les ESS. Cependant, le secteur demeure tributaire du financement gouvernemental, principalement sous forme de subventions, une contribution assez importante de ce secteur à la création de l’emploi et de la richesse avec des pourcentages pouvant aller jusqu’à 14% pour l’emploi et 10% pour le PIB, enfin le champ d’activité est très vaste.Les plus grands groupes coopératifs et mutualistes du monde sont : -le groupe Mondragon (1956), qui dispose des activités de production, de crédit, d’enseignement et de recherche, situé dans le pays basque espagnol. Elle produit en particulier de l’électroménager sous la marque Fagor. -le groupe Raiffeisen, d’origine allemande, implanté largement en Allemagne, Autriche, Benelux, Suisse et maintenant en Europe de l’Est. Son activité concerne 260 notamment l’agriculture et la banque et les sociétaires sont essentiellement les utilisateurs. -le crédit agricole regroupant 33.200 administrateurs, constitue la plus grande organisation coopérative en France. -les coopératives Migros (1925) et coopératives les plus grands distributeurs suisses dans le commerce de détail. - Edeka Zentrale (1898) en Allemagne. Ainsi, en tant que forme puissante de solidarité humaine, les coopératives favorisent d’une part la création de richesses et leur répartition plus équitable, ce qui bénéficie à leurs membres et à leur communauté. Par ailleurs, les coopératives deviennent des espaces d’insertion sociale pour les membres. Cette capacité d’imbriquer l’économique dans le social est reconnue pour tous les pays, quel que soit leur niveau de développement, elles sont reconnues internationalement comme une forme d’entreprise capable de produire de la richesse et de promouvoir le développement économique et social de toute la population, et pas seulement une croissance économique qui profite à quelques-uns. Une richesse qui tend à offrir de meilleurs salaires et de meilleurs conditions de travail aux travailleurs membres, de meilleurs prix et des produits de meilleur qualité aux consommateurs membres, de meilleurs bénéfices et de meilleurs conditions d’écoulement de la production aux producteurs membres des relations plus équitables pour tous les partenaires de l’activité économique, des retombées solides et directs pour les communautés. 261 Conclusion de la deuxième partie. 262 263 264 CONCLUSION GENERALE. A la lumière de ce qui précède, nous constatons que l’économie solidaire au niveau du Maroc n’est pas récente, elle remonte à un passé plus ancien. Aussi, nous pouvons dire que l’évolution historique de l’économie solidaire est liée à celle de ses acteurs. Le mouvement coopératif Marocain a connu un développement substantiel aussi bien sur le plan qualitatif que quantitatif, vu leurs nombres croissants, ce rebondissement s’explique par leurs exploits dans divers domaines économiques, social, éducatif, culturel et environnemental. L’institution coopérative tout en étant une entreprise, a constitué un modèle d’entreprise sociale, de par les principes et les valeurs qui la régissent. Ainsi loin du but purement lucratif et de la prédominance de l’apport en capital, il s’est avéré que seule la solidarité se fait prévaloir et non son capital de plus les impacts économiques se font sentir sous divers angles à savoir : Sur le plan économique : Génération de revenu, par un travail décent, pour chaque coopérateur, qui par son adhésion devient salarié et patron. Elle est aux premières loges dans les programmes de l’initiative nationale pour le développement humain. Pérennisation des projets économiques, engagés par des associations, dont certaines parmi elles se sont carrément converties en coopératives, nous citerons l’exemple des associations de production d’huile d’olive dans la région TangerTétouan qui se sont toutes converties en coopératives dans l’attente de se restructurer en union dans un proche avenir. Contribution dans la production des biens et des services. les coopératives alimentent de leur part, le marché national voir celui international d’une variété de produits et de services ; Amélioration de la qualité des biens et des services, par la combinaison des efforts, des ajouts et la recherche de la perfection par les coopérateurs dans l’exécution de leurs œuvres ; Diminution du prix de revient, des biens et services acquis ou vendus par la réduction du nombre des intermédiaires et l’établissement du contact direct des coopérateurs avec les fournisseurs ou les clients ; Formalisation et organisation de 265 certaines activités, et des systèmes productifs informels. Aide à l’accès aux biens et services et à leur commercialisation, en répondant aux besoins de ces adhérents. Un producteur laitier ne peut arriver seul à écouler aisément sa production journalière, de même un artisan maçon, plombier ou peintre coopérateur ne peut soumissionner aux marchés facilement. La coopérative dresse un pont vers les débouchés et cherche les opportunités de travail. Soutien à l’intégration au service du commerce équitable. Il assure aux producteurs coopérateurs un salaire juste pour leur travail. Les coopératives féminines travaillent des produits de manière artisanale qui sont variées et originales, ils rivalisent avec d’autres produits sur le marché, mais restent distingués et valent plus par leur intégration au système de commerce équitable. Dans la région de l’arganeraie, la femme est un principal opérateur économique et joue un rôle primordial dans l’exploitation de l’arganeraie, cette implication par le biais des coopératives , lui a permis une intégration sensible dans le développement Economique et social local. Grâce aux projets qui ont été réalisés par les différents intervenants en faveur de l’arganeraie, la création des coopératives de femmes de production d’huile d’argane a eu des impacts positifs tant sur les femmes que sur leur environnement : la professionnalisation du secteur coopératif notamment par l’accroissement du nombre et de la taille des coopératives, le renforcement de leurs compétences techniques et commerciales avec l’alphabétisation des femmes et par l’amélioration de leur statut économique, et la structuration de la filière par la création d’unions, groupement d’intérêt économique et associations. En effet, les activités coopératives et associatives ont connu une amélioration remarquable : augmentation de la production de l’huile d’argan qui a eu un impact positif sur les chiffres d’affaires réalisés, elles contribuent à la préservation de l’écosystème par l’exploitation rationnelle de l’arganier. Conscientes que l’arganier est une source de leurs revenus, elles éloignent le troupeau des arbres, ne prennent que du bois mort et procèdent au reboisement ce qui lutte contre la désertification. L’autonomie financière offre aux femmes la possibilité de faire des économies et subvenir à leurs besoins, ce qui s’est répercuté sur l’amélioration de leur niveau de vie et celui de leurs familles sur le plan de la scolarisation des enfants, la santé…. 266 De même, l’organisation de la production et la commercialisation de l’huile d’argan dans le cadre coopératif à permis l’accès aux marchés de l’exportation (japon, EtatsUnis, Europe, canada…) qui sont plus rémunérateurs que le marché local. La contribution progressive des coopératives au développement de leur commune grâce à l’afflue des touristes qui y font des escales tant pour apprécier le paysage que pour se procurer par l’occasion des produits arganiers et leurs dérivées cosmétiques, ce qui favorise la promotion du tourisme régional comme c’est le cas de la commune de Tamanar. Cependant, la nouvelle loi sur la nouvelle société coopérative, qui sera incessamment promulguée, doit renforcer la perspective de promotion d’emploi pour combiner les caractéristiques de la société de personnes, les éléments de la société de capitaux et les spécificités de la société coopérative en termes de finalités. Il s’agit d’un renouveau coopératif qui vise à éviter le risque de tomber dans les traves des pratiques coopératives de la première génération. Sur le plan social : les coopératives et associations contribuent amplement, à l’amélioration des conditions de vie de ses adhérents et de leur famille. Par le lancement de l’INDH, les acteurs de l’économie sociale participent à l’amélioration de bien être de la population coopérative par :la promotion sociale, le changement de mentalité et de comportement des coopérateurs, la réduction des inégalités , le renforcement d’esprit de solidarité entre les adhérents. Sue le plan éducatif et culturel : ils participent à l’alphabétisation des coopérateurs et les membres de leur familles, ils participent à la prise de décision, ils renforcent les capacités pour faire face aux exigences de concurrence et aux lois du marché, par des cycles de formation spécifiques. Ils contribuent également à la diffusion du savoir à travers les coopératives d’alphabétisation et de formation. En outre, les coopératives contribuent à la préservation du patrimoine culturel national, par les produits artisanaux, les produits de terroir et autres produits typiquement marocains.Non seulement les coopératives se sont implantées dans toutes les régions du royaume, mais en outre, elles sont présentes dans les points les plus reculés. 267 Elles influencent sérieusement, de leur part la progression de tous les nouveaux indicateurs de développement. . La tradition associative est aussi ancienne au Maroc : des éléments nouveaux ont marqué le mouvement associatif marocain au cours des dernières décennies le faisant proliférer autour des besoins, des centres d’intérêt de la société en particulier dans le domaine de la culture et de la défense des droits de l’homme. La société civile ne peut trouver application dans le monde arabe ou arabomusulman sauf si l’entendre comme l’un des groupements d’individus concrets, reliés entre eux par des structures familiales, des relations d’appropriation de l’échange marchand. En conclusion l’économie sociale a pour visé essentielle le réencastrement del’économie dans un projet social, les principes sur lesquelles elle se fonde font potentiellement un nouveau type de développement local qui se traduit par la prolifération de nouvelles formes de vie économique, et attestent une sorte de régulation économique populaire, centrée sur des services essentiels pour la collectivité permettant à ces populations vulnérables de sortir de la pauvreté, de la privatisation et de l’insécurité et d’avoir un impact majeur sur l’intégration sociale et le développement humain. Ces initiatives prennent des formes diverses parmi lesquelles les coopératives artisanales, les groupements villageois, les associations villageoises, les associations de développement, les organisations de gestion des infrastructures communautaires. Les approches participatives de l’économie sociale s’intègrent parfaitement dans le processus de développement durable qui est avant tout un principe de hiérarchisation des objectifs de l’action : donner la préférence au long terme sur le court terme, aux générations présente, mais aussi aux besoins fondamentaux non satisfaits aux populations ou aux régions les plus vulnérables. 268 La réflexion menés lors de la présente thèse interpelle sur la question de l’adéquation entre les notions de l’économie sociale et le développement humain qui a priori, se rejoignent parce qu’elles : -S’appuient sur des principes semblables cela veut dire un développement centré sur la satisfaction des besoins, la solidarité, la démocratie, l’équité, les liens sociaux etc. -suggèrent des modes alternatifs, s’interrogent en profondeur sur le bien être social, plus généralement, à travers leur arrimage à l’intérêt général quel’économie sociale Et le développement humain trouvent particulièrement à s’articuler Dans la même perspective, l’économie sociale devient une mobilisation sociale qui s’exprime outre dans le champ institutionnel, du social mais aussi dans le domaine étranger de l’économie (finance solidaire, commerce équitable). Les deux notions font le même constat des biais que la rationalité économique justifie entre les acteurs sociaux. Ils appellent une prise en compte des conséquences ou des incidences humaines et sociales des acteurs économiques. A cet égard, le développement humain est l’aboutissement de l’action d’un ensemble d’acteurs extrêmement variés visant un processus de changement dans un objectif de développement durable. L’économie sociale et le développement humain durable interagissent l’une sur l’autre, elle ne peut être considérée comme la seule condition nécessaire au développement humain. Enfin, La tendance prédominante dans l’évolution récente de la dite économie et sa consolidation dans la société en tant un pole d’utilité sociale et secteur émergent, elle apporte une réponse adaptée aux nouveaux défis de l’économie de la société mondiale, replacées dans les objectifs du millénaire pour le développement. Ces défis nourrissent l’intérêt croissant pour le rôle que peut jouer la politique de L’économie sociale dans la société du bien être, en s’articulant aux dimensions humaines, l’ECOSS implique des comportements solidaires dans un objectif de développement humain durable. 269 Au Maroc, le but est entravé par l’environnement institutionnel qui reste très complexe depar la multiplicité des institutions dont les missions se chevauchent, de par le manque de coordination et l’absence d’intégration de leurs différents programmes, c’est pourquoi réglementation, restructuration et nouvelle communication autour du secteur conditionnent des effets positifs de l’ECOSS. De ce fait, tous les acteurs doivent s’employer à mettre en place des stratégies leur permettre de devenir des instruments utiles pour le bien être de leur membres et le renforcement de la cohésion sociale à titre d’exemple : -La mise en place des réseaux d’alliances des entreprises de l’ECOSS. -La recherche de nouveaux moyens de financement -L’innovation en matière des produits -La stimulation de politique de formation et de développement des connaissances. 270 BIBLIOGRAPHIE 271 BIBLIOGRAPHIE. Ouvrages, Articles et Rapports. -Attouch H. 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L’ECONOMIE SOCIALE et SOLIDAIRE = « Un puissant levier de développement et de progrès pour le Maroc et ses régions » « Un secteur porteur au Maroc dont le développement contribue efficacement à la lutte contre la pauvreté et l’exclusion, et à créer de nouveaux emplois et à la restructuration du secteur informel. » 278 Tables des matières Introduction Générale……………………………………………………….9Questions de recherches………………………………………………………………….37 Méthodologie ……………………………………………………………….40 Première partie ……………………………………………………………..44 Chapitre I :Approche théorique et historique du concept de 50 l’économie sociale au Maroc Section 1 : Le cadre juridique, l’aspect administratif, financier et fiscale des coopératives 57 Section 2 :Les aspects juridiques administratifs, financiers et fiscaux des associations ………………………………………………. 83 Chapitre II : Cadre institutionnel et organisationnel de l’Economie sociale ……………………………………………………………………..120 Section 1 : Les institutions régissant le secteur de l’ES ………. 123 Section 2 : Cadre stratégique de l’économie sociale et solidaire 140 Conclusion de la première partie …………………………………… 151 Deuxième partie Insuffisances, limites et perspectives de développement du secteur de l’ES ................................................. 154 Chapitre I :Etat des lieux des acteurs de l’ES et solidaire ……….160 Section1 : Difficultés et faiblesses du secteur coopératif ……….167 Section 2 : Difficultés et faiblesses du secteur associatif et mutualiste ………………………………………………………………….178 Chapitre II : Les perspectives de développement des coopératives, associations et mutuelles ……………………………………………. .197 Section 1 : Les solutions pour lever les freins au développement Des coopératives, associations et mutuelles ……… 208 279 Section 2 : Les orientations générales de l’action publique à mener à l’égard du secteur de l’ES …………………………………………….223 Conclusion de la deuxième partie………………………………… 260 CONCLUSION GENERALE……………………………………………..263 BIBLIOGRAPHIE ………………………………………………………. 269 ANNEXES…………………………………………………………………..275 GOLOSSAIRE……………………………………………………………..276 TABLE DES MATIERES…………………………………………………277 280 281 282