La Liberté - Slacker.ch

LA LIBERTÉ
Un immeuble des
années 70 rénové.
MAGAZINE
MARDI 15 AVRIL 2008
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MARDI
Planquez-vous,voilà les termites!
NATURE • Les insectes mangeurs de bois ont été signalés à Grenoble et en Italie du Nord.
Et demain en Suisse? Par précaution,les désinfestateurs s’initient à la lutte antitermites.
ANNICK MONOD
Insecte ravageur, taille 4 à 10
millimètres, couleur blanche
(larve) ou noire (adulte). Vit en
colonies de plusieurs dizaines
de milliers d’individus, dévore
bois, livres, vieux papier et
autres produits à base de cellulose. Son nom: le termite (au
masculin s’il vous plaît). Signe
particulier: a déjà infesté la
moitié des départements français – et plusieurs grandes villes
d’Europe. Et demain, la Suisse?
Les professionnels de la lutte
antiparasites les y attendent de
pied ferme. Début avril, la Fédération suisse des désinfestateurs a organisé son tout premier cours de formation sur le
sujet.
Les termites, passagers
clandestins des caisses de bananes et autres importations
tropicales? Même pas! «Je suis
intervenu une seule fois pour
des termites tropicaux en Suisse. Ils étaient logés dans le
cadre en bois d’un tableau importé du Pérou», raconte le Glânois Gérard Cuendet, biologiste et président de la Fédération
suisse des désinfestateurs. Il
précise que ces termites tropi- Amateur de bois mais aussi de tous ses dérivés, comme le papier, le
caux posent peu de problèmes termite peut faire des ravages dans les locaux d’archives. DR/FCBA
lorsqu’ils arrivent par accident
sous nos latitudes, «car ils sont
incapables de proliférer en de- plus de 110 millions de francs Cuendet. La Grande-Bretagne
hors d’une pièce de bois.»
par an rien qu’en France, selon et l’Allemagne du Nord y sont
le Dr Marc Jequel, du labo spé- déjà passés. Et les cas les plus
proches sont signalés à moins
En plein centre de Paris
cialisé FCBA à Bordeaux.
Comment diable des ter- de 200 km de nos frontières, à
Le vrai problème, en Europe, ce sont les termites... euro- mites «sauvages» se retrouvent- Grenoble ou en Italie du Nord.
péens. Contrairement à leurs ils en plein centre de Paris? «Les termites seraient parfaitecousins tropicaux qui construi- «Mystère et boule de gomme», ment à l’aise dans le climat
sent des termitières, ces in- répond Gérard Cuendet. «Ce suisse», note Gérard Cuendet.
sectes du genre Reticulitermes qui est sûr, c’est qu’ils n’y sont «D’autant que la plupart des
vivent dans le sol. Ils sont pré- pas allés avec leurs six pattes: bâtiments sont chauffés.»
sents dans la nature en France les activités humaines sont un
(Sud-Ouest et Méditerranée), moyen bien plus rapide. On Galeries au kilomètre
de même qu’en Espagne, en peut déplacer des termites sans
Le plan d’assaut est parfaiItalie ou en Grèce. Le hic, c’est le savoir en transportant du tement rodé. Vivant sous terre,
que les termites souterrains bois de feu, des stocks de pa- les termites pénètrent dans les
d’Europe se sont mis à coloni- pier ou des mottes de terres in- bâtiments par le sous-sol.
ser les habitations – même en festées.» Quelques larves suffi- Comme ils fuient la lumière, ils
pleine ville. Cinquante dépar- sent pour créer une nouvelle progressent ensuite en
construisant des «cordonnets»,
tements français sont touchés, colonie.
En Suisse, aucun cas n’a été petits tunnels à base de terre et
soit quelque 10000 désinfestations par an rien qu’en métro- signalé à ce jour. «Mais le pro- de leurs déjections, qui courent
pole. Avec un coût moyen de blème est si important en Fran- le long des murs, dans l’isola5000 euros (8000 fr.) par inter- ce qu’il n’y a vraiment aucune tion ou les gaines électriques.
vention, le marché de la termite raison que ça n’arrive pas un «Ils prospectent, et s’ils trougénère un chiffre d’affaires de jour ou l’autre», prévoit Gérard vent à se nourrir, ils restent.»
INVASION,
MODE D’EMPLOI
«Les termites de
Grenoble sont d’une
espèce provenant
des Balkans»,
constate Daniel
Chérix, conservateur du Musée de
zoologie de Lausanne. «C’est un
problème tout à fait
actuel: plus il y a de
trafic, et plus le
risque de déplacer
involontairement
une espèce qui
pourra se montrer
invasive augmente.»
D’autres espèces
ont été introduites
exprès – avant
qu’on en perde le
contrôle. «C’est le
cas des coccinelles
asiatiques, importées en Belgique
pour contrôler des
parasites dans
l’agriculture.» Problème: les coccinelles ont aimé, et...
essaimé. En Suisse,
elles donnent des
cheveux blancs aux
vignerons: pressées
avec le raisin, elles
donnent un goût
détestable au vin.
Persévérants avec ça: la prospection peut durer des mois!
L’indice le plus sûr de la présence de termites? Les fameux
cordonnets, justement. En cas
d’invasion, inutile de dégainer
la bombe de spray: la colonie
reviendra toujours. Mieux vaut
faire appel à un spécialiste, qui
posera des barrières insecticides, ainsi que des appâts imbibés d’une substance qui
stoppe leur développement. Au
lieu de mourir sur place, les termites ramèneront cet aliment
mortel à leurs camarades de
colonie. Et couic! I
> www.fsd-vss.ch
Qu’en est-il du
réchauffement climatique? La température moyenne a
augmenté d’un
demi à un degré en
moyenne sur l’année au cours du
dernier demi-siècle.
«Certaines espèces
en profitent pour
s’installer plus au
nord», indique
Daniel Chérix. «Mais
c’est une colonisation lente, qui ne
dépasse guère
quelques centaines
de mètres à
quelques kilomètres
par an.» AMO
EN BREF
LE PRIX LIPP À MAGGETTI
LITTÉRATURE Daniel Maggetti a reçu hier le Prix Lipp
suisse pour «Les créatures du
bon Dieu». Ce roman raconte
la liaison d’un curé de village
avec une mécène bâloise. Né
au Tessin en 1961, Daniel Maggetti vit à Lausanne où il est
enseignant et chercheur à
l’université. Il est l’auteur de
maintes études historiques,
sociologiques et monographiques portant sur la littérature de Suisse romande. Outre
des récits, il a signé un recueil
de poèmes. Il a gagné le Prix
Dentan en 1998. ATS
UNE JOURNÉE AU LABO
GÉNÉTIQUE Que fait donc un
généticien dans son labo? Pour
le savoir, il suffit d’y aller. A l’occasion des «Journées du
gène», une vingtaine de laboratoires du pays ouvrent leurs
portes au public: accompagnez un jeune chercheur dans
son travail, assistez-le dans
ses expériences. Une soixantaine de conférences et manifestations sont prévues du
21 avril au 5 juillet, dans les
trois régions du pays. Renseignements et inscriptions sur
www.jours-du-gene.ch AMO
LE TROC DES VIEUX TRUCS
INTERNET «Echange salon
genre Louis XV contre
chambre à coucher compète.
Disques et DVD contre bouteilles de vin. A donner: terrarium à tortues.» Plutôt que de
vendre ou de jeter vos vieilles
affaires, un nouveau site internet propose de les échanger
ou de les offrir. Le Vaudois
Renato Valceschini a lancé
avec son fils l’adresse www.trocaffaire.ch. C’est gratuit. AMO
EN CAMPING AVEC PAPA
RÉCIT Tout plaquer pour faire
le tour du monde, d’accord.
Mais avec deux enfants et un
camping-car? Réalisateur de
docus, François Althabégoïty
l’a fait. Histoire de casser la
routine, «d’être enfin un bon
père de famille» – et de reconquérir l’amour de sa femme.
Huit mois d’aventure et de
coups de gueule, à quatre dans
7 m2, qu’il raconte dans «Papa
a acheté un camping-car» (Ed.
R. Laffont). Il en a aussi tiré un
film, à voir dès le 24 avril sur la
chaîne Voyages. AMO
Jouer les funambules en rase-mottes
Le slackline, c’est une sangle tendue entre deux points fixes, pas trop
loin du sol, et... beaucoup d’équilibre! SLACKER.CH
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SLACKLINE • C’est le nouveau sport qui fait fureur: la corde molle séduit le grand public.
Prenez deux points fixes, pas trop loin du idéal: pour garder l’équilibre sur une corde a eu envie de le pousser en Suisse, et de
sol, tendez-y une corde, ou plutôt une ban- molle, il faut bouger en permanence le proposer du matériel vraiment sûr, fiable
de de quelques centimètres de large, et... haut du corps», s’enthousiasme Sébastien et avec un look sympa.» Le site Web du duo
dansez! Ce jeu de funambule en rase- Fragnière, guide de montagne et patron répertorie les «spots», les bons coins pour
mottes, c’est le slackline, ou corde molle en des lieux. Peu encombrantes, faciles à le slackline, et donne les dates de démonsfrançais. Et il fait fureur. «C’est parti des mi- transporter et à monter entre deux arbres trations et cours.
lieux de l’escalade», observe Peter Gobet, ou deux rochers, ces cordes molles sont
patron de Bugaboo Sports à Fribourg. «Les aussi «très ludiques», souligne-t-il. «Parfait Sur le site de partage de vidéos www.yougrimpeurs en bricolaient avec des sangles pour des jeunes qui s’ennuient.»
tube.com, les as du slackline osent des
et des mousquetons. Et tout à coup, plubonds carrément... acrobatiques. «Il faut y
sieurs fabricants se sont mis à en faire: j’en Fou de surf, de grimpe et autres sports fun, aller doucement, quand même», prévient
vends de plus en plus. Je ne serais pas éton- le graphiste soleurois Matt Gehri vient de Peter Gobet. «En faisant des figures, c’est
né que ce soit le prochain sport à succès, créer sa propre marque de matériel, Slac- vite arrivé de se blesser.» Ce n’est pas Sécomme les raquettes à neige.» Le Club al- ker. C’est lui qui organise les cours pour le bastien Fragnière qui dira le contraire: en
pin s’y est mis et propose des cours de cor- CAS, avec son associée Patricia Heiniger, février, il s’est cassé le poignet en tentant
de molle depuis cette année.
prof de gym. «J’ai découvert le slackline un saut un peu trop risqué. «Mais je suis rel’été passé: c’est super rigolo et ça rend fou monté dessus l’après-midi même: quand
Dans la halle d’escalade Laniac à Bulle, la – je suis quasi dépendant!»», explique-t-il. on commence, difficile de s’en passer!»
slackline rouge tendue dans un coin in- «C’est vraiment un sport pour tout le monAMO
trigue les clients. «C’est un échauffement de: les familles, les enfants, les jeunes... On > www.slacker.ch