RACINES200 - oct09
Transcription
RACINES200 - oct09
Magazine Racines, le temps de vivre près de chez vous Par Yvelise Richard Des radios locales près de leurs auditeurs On les écoute au saut du lit. En voiture, elles nous informent sur l'actualité de la région. Les radios locales nous accompagnent tout au long de la journée, nous parlent de nous et de la vie d'ici. Du côté des Deux-Sèvres Collines FM, associative mais commerciale ollines, une radio qui vous ressemble !” Ce matin, c'est David Puaud qui est aux manettes de l'émission “Faites comme chez vous”. Entre deux disques de “variétés-pop” et deux annonces publicitaires, l'animateur glisse à l'antenne quelques infos pratiques, propose un jeu, égrène les petites annonces et les autres rendez-vous associatifs : “Il est 10 h 20. C'est la météo sur Collines FM !“ Depuis 1993, au cœur du Bocage deux-sévrien, la radio que l'on écoute, c'est Collines FM. Elle émet autour de Cerizay et Bressuire, dans le Mauléonnais, vers Montcoutant et jusqu'à Argenton-les-Vallées, touchant au pas- “C sage les communes limitrophes de Vendée, à l'Ouest, et du Maine-etLoire, au Nord. “Nos auditeurs se répartissent équitablement entre les différentes générations : à parts égales entre les plus de 35 ans et les moins de 35 ans “, observe Jacqueline Pinon, journaliste et responsable de la rédaction qui compte deux autres journalistes (Patrice Bémanangy et Fabien Gazeau). “Les locaux, situés à Cerizay, audessus de la crèche, en centre ville, la station dispose aussi d'un second studio à Bocapole, la salle de spectacle de Bressuire où sont notamment enregistrées les rencontres des artistes avec la presse(1). Collines FM est une radio RACINES 16 qui parle aux gens, résolument tournée vers l'information locale. Les émissions sont réalisées par des animateurs salariés et des bénévoles du cru (surtout des retraités), des lycéens, des enseignants…,” précise Jacqueline Pinon. Les rendez-vous de la semaine, réguliers, sont entrecoupés par des flashes d'informations régionales et nationales à 7 h, 8 h, 12 h et 18 h, alimentés par le travail de la rédaction et par la banque de l'information radiophonique des Deux-Sèvres (Birds). Des séquences magazine (“C'est nous qui le disons“, avec des élèves du primaire) ou des rubriques régulières (“Alcide et Célestin“, “l'Album de la octobre 2009 La reproduction ou l'utilisation sous quelque forme que ce soit de nos articles informations et photos est interdite sans l'accord du magazine Magazine Racines, le temps de vivre près de chez vous En Vendée semaine“) s'intercalent entre les plages musicales. Le lundi, de 21 h à 22 h, Boss et Slide, deux bénévoles vendéens, s'enthousiasment pour la musique américaine folk dans “Country Collines“, tandis que le mercredi, c'est une “Electric Session“ qu'organise Richard Guérin. Comme dans de nombreuses radios de pays, la variété des programmes s'affiche surtout le week-end. On y trouve du sport, avec le direct des rencontres à domicile des matches du Cholet Basket le samedi soir, et les annonces et les résultats des rencontres sportives dimanche, matin et soir. Des émissions sur l'accordéon, sur la cuisine, sur la religion et une revue de presse avec les journalistes de la presse écrite complètent la grille des programmes. Disposant de quatre émetteurs sur le département(2), Collines FM se veut d'abord une radio associative de catégorie A (c’est-à-dire “accomplissant une mission de communication sociale de proximité“), comptant une quarantaine de bénévoles (et 280 associations adhérentes !), avec un bureau et un président. Elle est aussi habilitée à recevoir des subventions (entre 20 et 30 % du budget) des communautés de communes du Bocage qui ont encouragé son développement. Mais c'est aussi une radio commerciale, où la publicité finance presque 20 % du budget de fonctionnement (un seuil maximal lié à son statut), et qui fait partie du groupe d'intérêts économiques des Indépendants : “ceci nous permet de diffuser de la publicité nationale et a accru notre crédibilité face à nos interlocuteurs, quand nous sommes sur le terrain“, précise la rédactrice en chef. 1) Enregistrements visibles sur la télévision sur internet www.enbocage.tv . 2) Collines FM peut être capté sur les fréquences suivantes : 92,4 ; 96 ; 101,2 ; 107,5 et sur le site www.collinesfm.net. Neptune FM : “Ici, l'île d'Yeu !“ ur l'île d'Yeu, Neptune FM donne le ton dès le matin. La radio, basée désormais au cœur de l'île, au Fort Pierre-Levée, annonce aux Islais tout ce qui leur sera utile pour la journée. “Dans l'émission "Bonjour", de 9 h 30 à 11 h, les auditeurs sont informés de la météo marine, de la vacation-pêche, très spécifique à l'île d'Yeu (localisation des bateaux en mer ou à terre) et de tous les rendez-vous administratifs du jour, explique Gérard Château, qui, à 62 ans, est désormais président d'honneur de la radio de l'île qu’il a gérée les douze premières années. “Avec les petites annonces, présentées deux fois dans la matinée, on est quasiment au courant de tout ce qui se passe dans l'île“, confirme Joëlle, Islaise et auditrice de longue date. “D'autant que l'on rappelle les différentes manifestations des associations (entre 100 à 120 pour près de 5 000 habitants), les championnats sportifs. On joue notre rôle de radio sociale de proximité,“ renchérit le président. S De 10 à 75 ans Née au moment de l'explosion des radios libres en 1983, Neptune FM, qui émet dans un rayon de trente kilomètres autour de l'île(1), a tracé sa route. Changeant de statut (associatif, commercial, puis de nouveau associatif) au gré des circonstances, elle rassemble aujourd'hui une grosse vingtaine de bénévoles et deux salariés permanents : Roland et Philippe. Ces derniers ont été recrutés pour programmer l'ordinateur de la radio et assurer ainsi une diffusion 24 h sur 24 des programmes. Grâce à Internet, la petite radio est écoutée à Orléans, à Nantes, à Paris, d'où leur sont envoyés des petits mots de sympathie et d'encouragement. “C'est probablement l'avenir de la radio,“ remarque Yves Cadiou, l'un des bénévoles. Lui aussi fait partie de la bande des anciens. Installé aux commandes de “Un cheveu sur la RACINES 17 octobre 2009 langue, un poil dans la main“, consacré aux chansons francophones, Yves est fier de dire qu'il fait connaître “des chansons qu'on n'entend pas souvent ailleurs ou Yves Cadou, fan de qu'on n'entend plus. la chanson francophone. Avec des artistes qui ne font pas de show-bizz.“ Signe manifeste d'échanges et d'ouverture, le mélange des genres et des âges. Parmi les émissions les plus écoutées, “Chansons d'hier et d'au jourd'hui“ fait un vrai tabac chez les aînés tous les mercredis dès 15 h. Dans le studio, Charline, Christiane, Simone et Roger laissent la parole, ou plutôt le micro, aux auditeurs, qui dans une sorte de radio-crochet en direct, interprètent les chansons de leurs vingt ans. L'interactivité frappe à vos oreilles ! Le lundi, Huguette avec “Nostalgies“ (la variété d'avant 1980), le dimanche, Guy et ses “Accords d'accordéon“ tempèrent de leur sagesse la fougue des plus jeunes qui ont aussi voix au chapitre. Le lundi soir, Lolly présente son “Asian Bubble“ sur les nouveautés de la culture au Japon – musique, mangas (bandes dessinées), films – tandis que la jeune Zoé (10 ans) bat le rappel le dimanche aprèsmidi avec sa “Radio Zinzin“. Les ados prennent l'antenne le week-end, avec Axel pour les nouvelles tendances musicales (“Hip-hop Connexion”) et Louis qui, dans “A Donf“, répond aux demandes de chansons des auditeurs. Dernière marque d'ouverture sur le monde, la convention passée avec Radio France internationale (RFI), qui permet aux auditeurs de Neptune FM de savoir “ce qui se passe un peu plus loin que chez eux“, conclut Gérard Château. (1) On peut entendre Neptune FM par les ondes (91,9) jusqu'à Noirmoutier, à Saint-Gilles-Croixde-Vie… En revanche, mieux vaut l'écouter par Internet sur son site www.neptunefr.com, si l'on est à plus de 30 km de l'île d'Yeu. La reproduction ou l'utilisation sous quelque forme que ce soit de nos articles informations et photos est interdite sans l'accord du magazine Magazine Racines, le temps de vivre près de chez vous Dans le Maine-et-Loire À Saumur, Ouest FM s'exporte chez les voisins Jean Chapron est arrivé en 1986 aux commandes de Saumur Radio, un peu brouillonne dans son fonctionnement à l’époque. Il se souvient… Comment a été créée Ouest FM à Saumur ? Ouest FM est née en 1982 sous le nom de Saumur Radio. Il y avait à l'époque plus de 80 bénévoles et la Mairie était partenaire. Elle a été rebaptisée en 1986 Radio Saumur : mais j'avais prévenu à l'époque que ce ne serait “ni radio RPR, ni radio Hugot (maire de Saumur de 1983 à 2001) !” On donnait la parole à tous, majorité et opposition confondues, sans oublier la population. La radio était totalement impliquée dans la vie locale, avec des flashes d'info et des reportages locaux. Il y avait de la créativité dans nos émissions. Les studios étaient situés au centre ville. La radio a de nouveau changé de patronyme en 1998, pour s'appeler Ouest-FM. Elle a élargi sa zone de diffusion, sur Angers et sur Cholet, avec l'installation de nos deux émetteurs(1). Elle est alors passée dans la catégorie B(2), gardant cependant un statut associatif. Mais les bénévoles ont été progressivement remerciés. La municipalité de Saumur s'est reti- rée du conseil d'administration et je suis devenu président de la radio. Comment a évolué la radio par la suite ? Lors du dernier renouvellement de fréquence, en 2004-2005 : nous avons changé de statut. En devenant Société anonyme simplifiée, nous avons trouvé de nouveaux partenaires financiers, notamment le groupe Start qui détient environ une quinzaine de radios locales en France. Nous avions déjà précédemment adhéré au groupement d'intérêts économique (GIE) des Indépendants, qui regroupe 115 radios dans le pays et compte 7,5 millions d'auditeurs par jour. Cette appartenance garantit des contrats publicitaires solides ainsi qu'un plan de formation pour les salariés. Si on a gagné en auditeurs, on a peut-être perdu en spontanéité. Ouest FM est une radio formatée (adulte) avec des chansons, françaises et internationales, des années 1970 jusqu'à nos jours. Il n'y a plus de place pour l'inédit ou l'originalité. Mais c'est aussi ce que demande le public. Un public que nous avons d'ailleurs formaté en leur proposant des infos courtes (toujours plus condensées), qu'elles soient régionales ou nationales (avec l'AFP), présentées dans le même journal : Les autres radios de chez nous En Vendée, sont implantées des radios à vocation locale ou régionale : Neptune FM (91.9) à l'île d'Yeu ; Alouette FM aux Herbiers (88,9) ; France Bleue Loire Océan (93.2), Graffiti FM (88.6), RCF (104.5) et Virgin 17 (101.1) à La Roche-sur-Yon. En Deux-Sèvres, quatre radios du cru se partagent le territoire : Radio Gâtine (88.6) à Parthenay; D4B (90.4) à Melle ; Radio Val d'Or (95.2) à Airvault et Collines FM (101.2) à Cerizay. Dans le Maine-et-Loire, on peut écouter les radios de proximité suivantes : Radio Haute-Angevine (103.3) à Segré ; Radio Campus (103) ; Radio G (105.5) et RCF (88.1) à Angers et Ouest FM (95.8) à Saumur. Dans notre région, la Vendée, la Sarthe et la Loire-Atlantique sont les départements tests pour la future radio numérique. D'ici 2010 à fin 2011, il sera en effet possible d'écouter les radios locales en son numérique. Durant cinq à vingt ans, le système actuel (ondes hertziennes) cohabitera avec la nouveauté numérique. Le temps que les ménages s'équipent en appareils récepteurs spécifiquement dédiés. RACINES 18 octobre 2009 La journaliste Annie Guinhut prépare son interview du jour. c'est cela qui différencie les stations de même format. Combien de personnes y travaillent aujourd'hui ? Huit salariés : deux journalistes, un directeur d'antenne et son adjoint, deux commerciaux, une secrétaire, et moi comme directeur. Restent les six animateurs (sous contrat) qui présentent les tranches musicales en semaine et le week-end. Avec l’arrivée de la radio numérique, comment voyez-vous l'avenir de Ouest FM ? Aujourd'hui la volonté délibérée du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) est d'écrémer les radios FM en éliminant 60 à 70 % des radios en place. Pour moi, la radio numérique est un vaste chantier technologique dont on ne connaît rien et dont les premiers essais de son ne sont pas concluants. Ce que l'on sait en revanche, c'est qu'il faudra être présents (nous présentons un dossier au CSA), que cela coûtera cher (40 000€ par an sur cinq ans). Nous devrons nous rassembler avec d'autres radios pour être diffusés par des émetteurs numériques, d’où une perte d'indépendance qui ne me satisfait pas. 1) Ouest FM diffuse aussi sur l'Indre-et-Loire, la Vienne, les Deux-Sèvres, la Vendée et la Loire-Atlantique. 2) Les services locaux ou régionaux indépendants se caractérisent par un programme d'intérêt local d'au moins quatre heures par jour, hors publicités, diffusées entre 6 h et 22 h. La reproduction ou l'utilisation sous quelque forme que ce soit de nos articles informations et photos est interdite sans l'accord du magazine