Dossier du spectacle - (france) - t2g theatre de gennevilliers centre

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Dossier du spectacle - (france) - t2g theatre de gennevilliers centre
© Wonge Bergmann
Représentations : mardi, jeudi 19h30, mercredi, vendredi, samedi 20h30, dimanche 15h
Tarifs : de 7€ à 24€
Réservation : sur place ou par téléphone au 01 41 32 26 26 / du mardi au samedi de 13h à 19h
ou [email protected] et en ligne sur : www.theatre2gennevilliers.com
Relations avec les publics :
Relations avec le public :
Sophie Bernet – 01 41 32 26 27 – [email protected]
Juliette Col – 01 41 32 26 18 – [email protected]
Stéphanie Dufour – 01 41 32 26 21 – [email protected]
Théodora Le Meur – [email protected]
texte, mise en scène, images Jan Lauwers
avec
Hans Petter Dahl
Catherine Travelletti
Benoît Gob
Anneke Bonnema
Julien Faure
Sung‐ Im Her
Yumiko Funaya
Grace Ellen Barkey
Romy Louise Lauwers
Jules Beckman
Maarten Seghers
Jan Lauwers
Elke Janssens
Kurt d’Outrive, le commissaire
Antoinette d’Outrive, la femme du commissaire
Benoît De Leersnyder, le boucher
Anneke De Leersnyder, la femme du boucher
Alfred Signoret, le plombier
Kim‐ Ho Signoret, la femme du plombier
Michèle Signoret, la fille du plombier et Kim‐ Ho
Tracy, la boulangère / Oscar, le fils de la boulangère
Pauline, la fille de la boulangère
Balayeur
Karel Tuymans & Bigleux
compositeurs, Rombout Willems (été, printemps), Maarten Seghers (automne), Hans Petter Dahl (hiver)
costumes, Lot Lemm
dramaturgie & sous-titrage, Elke Janssens
chorégraphe assistante, Misha Downey
directeur de production, Chris Vanneste
directrice technique, Marjolein Demey
son, Ditten Lerooij
lumière, Ken Hioco
créateur des marionnettes, Paul Contryn (De Maan)
introduction dramaturgique, Erwin Jans
traduction française, Anne Vanderschueren
traduction anglaise, Gregory Ball
costumière assistante, Lieve Meeussen
coach chant, Lucy Grauman
Production Needcompany
Coproduction Ruhrtriennale (Bochum), Burgtheater (Vienne), Holland Festival (Amsterdam)
avec le soutien des autorités flamandes
durée : 2h15
Place du marché 76 a été créé le 7 septembre 2012 à la Ruhrtriennale (Bochum).
Jan Lauwers a obtenu le Lion d’Or Lifetime Achievement Award, dans la catégorie théâtre, à la Biennale de
Venise 2014, pour l’ensemble de son œuvre.
Le texte en français est édité aux éditions Actes Sud-Papiers.
++
Sous les pavés d’un village, l’horreur est à l’œuvre. Printemps, été, automne,
hiver : sur la place du marché, ce qu’il restait de civilisation cède sa place au
cauchemar. Le diable habite la maison du voisin. La bête immonde est loin
d’être morte.
Place du marché 76 est une métaphore de ce qui se passe en Europe, affirme Jan Lauwers, auteur et
maître d’œuvre d’un spectacle à traverser avec lucidité. Au début, on s’extasie devant la carte postale :
voici un village, charmant, et voilà ses habitants, que soudent un drame commun. Un an plus tôt, une
explosion de gaz a décimé la population. 24 morts dont 7 enfants y ont laissé leur peau. Mais à l’heure
de sa commémoration, la tragédie n’a pas dit son dernier mot. Tandis qu’autour d’une fontaine sans
eau et bientôt trempée de sang, les survivants esquissent le fragile tracé d’une solidarité recomposée,
des catacombes remontent d’autres vérités. Jan Lauwers gratte les cicatrices et fait saigner les plaies.
Il orchestre un chaos mortifère dont l’énergie est contagieuse. Musique pop et couleur électrique,
chansons live, acteurs survoltés : le plateau est irrésistiblement joyeux quand l’histoire, elle, se révèle
monstrueuse. Une paralytique, une noyée, un pendu, un violeur, un inceste, un assassin, des victimes,
des lâches, des complices et des bourreaux, les saisons passent et la place pue de plus en plus sous
l’effet de son quotidien retourné comme un gant et exposé dans son abjecte monstruosité. C’en est fini
de la carte postale, bienvenue en enfer. Il semble avenant, il paraît chaleureux, jaune en été, blanc en
hiver. Bien tapi dans les silences, il se prélasse à l’ombre de nos aveuglements, se la coule douce dans
nos surdités. Ce conte cruel de Jan Lauwers est un cri de Cassandre hurlant sa vigilance devant les
démons qui menacent l’Europe.
© Maarten Vanden Abeele
Place du marché 76 est l'histoire la plus noire que Jan Lauwers ait écrite pour sa troupe si pleine de
vie. Tandis qu'il tient lui-même le rôle de narrateur et de chef de la fanfare locale, Needcompany chante
et danse l'histoire d'un village. Un village endeuillé par une explosion tragique sur la place du marché.
Un bateau tombé du ciel donne le coup d'envoi d'un foisonnement d'images et de musique dans
l'histoire épique des villageois.
Le deuil et le chagrin, l’inceste et l’enlèvement, la pédophilie et le suicide sont incarnés par les
performers au sein d'une communauté ardente dans laquelle survivent l’amour débordant, la joie et le
bonheur. Les questions que se pose Jan Lauwers se trouvent au cœur de la politique du XXIème siècle.
Ce qui soudait jadis une société – la tradition, la religion, l’ethnicité, la nationalité… – a perdu sa force
naturelle et contraignante. La cohabitation (im)possible est l’enjeu crucial des spectacles de Jan
Lauwers de ces dix dernières années. La chambre d’Isabella (2004), Le bazar du homard (2006) et La
maison des cerfs (2008) – qui constituent ensemble la trilogie Sad Face | Happy Face – sont autant de
récits sur les forces qui (dé)lient un groupe.
Dans Place du marché 76, Jan Lauwers présente l'histoire de la délivrance d'une communauté. Le
marché a toujours été le point de départ et d’arrivée de manifestations, expressions de la volonté du
citoyen. C’est l’endroit de la prise de parole en public. Ce qui concerne la communauté se passe sur la
place du marché et inversement : ce qui se passe sur la place du marché concerne la communauté.
Avec ce spectacle épique, Lauwers offre au village l'occasion de traverser une sorte de psychanalyse.
© Maarten Vanden Abeele
Un homme fâché, irrité par le monde alentour : c’est dans
cet état que Jan Lauwers dit avoir commencé l’écriture de
Place du marché 76. Le metteur en scène belge assume
son côté « éponge », absorbant tout ce qu’il voit et ressent
pour le passer au tamis d’une intelligence critique et
sensible. Éponge humaniste et libre penseur, se permet-on
d’ajouter, tant il se méfie des catégories et des raccourcis,
considérant les hommes avec leurs grâces et leurs
médiocrités, sans jugement ni complaisance. Pour
approcher au plus près cette poésie de l’expérience
humaine, son œuvre recourt à tous les moyens du théâtre :
ses spectacles s’apparentent ainsi le plus souvent à des
performances musicales, chorégraphiques et plastiques,
toujours tendues par une narration épique. Ici, le théâtre
montre son masque du doigt : les acteurs s’adressent au
public, ils tiennent leurs costumes dans leurs mains plus
qu’ils ne les endossent, les décors constituent un
agencement de signes plutôt
qu’ils ne figurent la réalité. Jan
Lauwers compose en effet des
espaces-temps non situés, où se
superposent des couches de réel,
de fiction et de mythologie. C’est
la marque de fabrique de la
Needcompany, troupe qu’il a
fondée en 1986 avec Grace Ellen
Barkey, caractérisée entre autres
par la multiplicité des disciplines
et des langues qu’elle utilise et
valorise.
Les situations et les
personnages sont nombreux
dans Place du marché 76 :
toute une communauté de
villageois, qui doit faire face à
des événements malheureux,
venus de l’extérieur comme de
l’intérieur. Quel a été le point de
départ de cette nouvelle
création de la Needcompany ?
J’ai commencé à écrire cette
pièce alors que j’étais quelque
peu fâché, irrité par l’état actuel
du monde qui m’entoure. Je me
suis toujours positionné comme
un artiste qui observe la société et
qui, ensuite, fait part de ses observations et interrogations.
À travers Place du marché 76, je voulais parler de cette
population que l’on désigne par l’expression «quartmonde», c’est-à-dire
les pauvres, les sans-abris, les illégaux, les réfugiés. Le
premier personnage que j’ai imaginé pour cette pièce est
un balayeur, en uniforme orange, qui connaît tout le monde
au village. Dans nos pays développés, il y a partout des
immigrés comme lui qui nettoient nos rues. Ce personnage
m’a été inspiré par un homme originaire de Mogadiscio en
Somalie, que j’ai rencontré sur les trottoirs de Bruxelles.
Dans son pays, il était médecin ; ici, il est balayeur.
Comment pouvons-nous tolérer une telle situation à une
aussi grande échelle, en particulier en Europe ? Mais si
cette pièce a, bien entendu, une visée politique, le plus
important reste assurément le théâtre. Comment fabriquet-on le théâtre aujourd’hui ? Comment peut-on, à travers
lui, communiquer avec le public sur des thèmes parfois
aussi délicats que ceux de Place du marché 76 ? Selon
moi, le théâtre est l’occasion de tendre un miroir aux
spectateurs afin qu’ils s’interrogent. Ce qui se passe entre
les villageois et les étrangers de la pièce illustre un conflit
relativement courant, dont les manifestations sont
particulièrement préoccupantes aujourd’hui.
Cherchez-vous à réveiller le public ?
Je conçois le théâtre comme un rituel qui repose sur un
échange d’énergie avec les acteurs et les spectateurs et
qui engage autant les uns que les autres. Il est indéniable
que Place du marché 76 interpelle le public sur un sujet
très sérieux, mais je ne suis pas pour autant un
prédicateur. Je me contente de montrer des situations,
sans commenter ni juger. Je cherche à poser des
questions, mais surtout pas à heurter. Le monde est
tellement choquant qu’il me paraît important, dans le
domaine de l’art, de ne pas
choquer inutilement. Le balayeur
et l’immigré sont comme tous les
autres personnages, comme nous
tous. Ni pires, ni meilleurs. Si je
suis très inquiet au sujet des
processus de criminalisation des
étrangers au sein des démocraties
européennes, en particulier des
immigrés sans papiers, c’est que
je considère qu’il n’y a pas de
différences entre les individus,
mais uniquement des différences
de situations.
Le village voit dans l’étranger
qui arrive une menace, mais ce
n’est pourtant pas lui qui met en
péril la communauté…
Il n’y a pas d’un côté les bons et
de l’autre les méchants : la réalité
est beaucoup plus compliquée. Je
veux prendre le contre-pied de nos
sociétés, où tout est présenté en
noir et blanc.
La micro-communauté de Place
du marché 76 est confrontée à
une explosion, à un suicide, à
un crime pédophile : les
malheurs semblent s’y
accumuler...
J’ai en effet imaginé un village où toutes les catastrophes
possibles adviennent en même temps. On peut considérer
que c’est peu vraisemblable, que c’est exagéré, mais, en
réalité, les evénements se déroulent ainsi. Chaque jour,
des drames différents, naturels et sociaux, intimes et
mondiaux, se superposent, se succèdent. Au moment où
je m’entretenais avec ce balayeur de Mogadiscio dans la
rue à Bruxelles, Marc Dutroux, en prison depuis dix ans,
réclamait sa libération et la Belgique était au bord de
l’implosion. Tout s’entremêle : ces différentes réalités me
surprennent dans mon quotidien, au même moment. On
peut voir le spectacle comme un hommage à l’humanité,
dont les membres persistent à survivre, avec leurs joies et
leurs peines, même lorsque les catastrophes s’enchaînent.
C’est pourquoi le ton n’est ni pessimiste, ni cynique. Quoi
qu’il arrive, les personnages de la pièce continuent
d’avancer. Comme dans la vraie vie.
Le bateau qui, à un moment de la pièce, tombe du ciel
pour secourir les habitants du village, constitue tout
de même une image assez invraisemblable ?
Pas tant que ça. Après un ouragan ou un tsunami, nous
voyons régulièrement à la télévision des bateaux dans les
arbres ou sur les toits des maisons. Je trouvais cette
image fantastique. Ce bateau est construit avec de vieux
pneus de voiture et avec des jeux d’enfants gonflables. Il
s’agit bien sûr d’une évocation des boat people.
La musique, écrite par trois compositeurs, est
extrêmement présente. Comment avez-vous travaillé
ensemble ?
Les trois compositeurs ont chacun reçu la commande
d’une partition correspondant à une des saisons qui
rythment la pièce et le quotidien des habitants du village
que nous suivons sur l’espace d’une année. Rombout
Willems a eu en charge le
printemps et l’été, Maarten
Seghers l’automne et Hans Petter
Dahl l’hiver. Je les ai laissés
complètement libres. Je voulais
trois pièces différentes mais, par
malheur ou par magie, l’ensemble
qu’ils ont constitué sans se
concerter est très homogène.
Cela m’a d’autant plus surpris que
leurs styles sont vraiment
différents : Rombout Willems est
un compositeur plutôt classique,
Hans Petter Dahl signe une
musique plus pop alors que
Maarten Seghers évolue sur des
terrains plus expérimentaux.
Étonnamment, si leurs
propositions sont singulières,
elles deviennent complémentaires
et cohérentes, notamment grâce
à leur appropriation par les
acteurs.
Comme dans toutes vos
pièces, les acteurs de Place du
marché 76 chantent et dansent
autant qu’ils jouent. Comment
parviennent-ils à une telle
polyvalence ?
Nous travaillons tous beaucoup,
en particulier pour les chansons,
composées pour une dizaine de voix. Si la danse semble à
première vue moins présente dans cette pièce que dans
les précédentes, chaque mouvement, comme chaque
élément de décor et chaque phrase ont été parfaitement
calibrés. Le tout est, en plus, très souvent interprété dans
trois ou quatre langues.
Les acteurs de la Needcompany sont capables de tout !
Blague à part, la sélection pour entrer au sein de notre
compagnie est particulièrement ardue. Il faut dire aussi que
nous nous connaissons tous extrêmement bien. La quasitotalité des artistes présents dans Place du marché 76
étaient déjà présents dans La Chambre d’Isabella, créé en
2004 au Festival d’Avignon.
Nous formons une micro-société, dont certains membres
travaillent ensemble depuis vingt-cinq ans. Travailler au
sein de la Needcompany n’a rien à voir avec une
expérience professionnelle classique : il s’agit d’un
véritable choix de vie. Nous sommes en tournée deux
cents jours par an. Il faut donc accepter les conséquences
sociales parfois cruelles d’un tel engagement.
Cette relation intime a une influence extrêmement
importante sur le travail de création. J’écris sur la peau des
acteurs, qui est, à mon sens, la peau du monde. Lorsque
j’entreprends l’écriture d’une histoire, j’ai déjà ses
protagonistes en tête. J’écris le texte seul, puis je le
présente aux acteurs qui s’en emparent. Dès cet instant, je
cesse d’être auteur pour devenir une sorte de coach, un
metteur en scène. Réalisé par Ana Brzezińska, un
documentaire récent propose un point de vue sur notre
façon de travailler et les relations que nous entretenons. Il
s’agit de I Want (NO) Reality qui sera présenté cet été,
dans le cadre des Territoires cinématographiques du
Festival d’Avignon.
Dans vos pièces, les acteurs n’incarnent pas à
proprement parler leurs
personnages. Ils sont tour à
tour, ou en même temps, des
acteurs, des personnages, des
symboles.
C’est le point de départ essentiel
de mon travail. Il y a beaucoup
d’acteurs de formation classique
qui ne peuvent pas jouer sur ces
trois niveaux de présence. Ils
produisent un jeu psychologique et
c’est tout. Pour moi, un acteur est
un performeur qui présente un
personnage tout en étant luimême. Il doit être capable d’en
donner différentes couleurs,
différentes nuances. L’un des
principes esthétiques de la
Needcompany réside dans le fait
que nous essayons de présenter
les choses, et non pas de les
représenter. Il s’agit presque d’un
autre métier. C’est parce que
j’écris sur la peau des acteurs
qu’ils peuvent présenter des
personnages, des situations, tout
en restant eux-mêmes à cent pour
cent. C’est sans doute la raison
pour laquelle les spectateurs
s’imaginent souvent que tout est
improvisé dans nos spectacles.
C’est à la fois une insulte
incroyable et un compliment fabuleux. Cela signifie que les
acteurs jouent parfaitement car, en réalité, il n’y a aucune
once d’improvisation dans le déroulement de mes pièces.
Le recours simultané au théâtre, à la danse, à la
musique et à la vidéo constitue-t-il aussi un procédé
de mise à distance ?
Il s’agit de la stratégie de l’off centre : je fais en sorte qu’il y
ait toujours simultanément différents centres, différentes
sources d’énergie sur le plateau. John Cage a été le
premier à multiplier ces centres. Pour cela, il faut recourir à
divers moyens : le jeu, la musique, la danse, le décor, etc.
Alors que dans le théâtre conventionnel, le regard se
concentre sur un point unique, je cherche, quant à moi, à
multiplier ces points d’accroche. Lorsque l’on se trouve
dans une situation, on perçoit de nombreuses informations
à la périphérie : ce qui se passe à côté, la lumière, les
bruits de fond, etc. Je veux que cela soit pareil au théâtre.
C’est, selon moi, au public qu’il appartient de se concentrer
sur tel ou tel signal. Cette relation me paraît plus saine :
chacun fait son propre focus et construit sa propre histoire.
D’autant que je n’entends pas jouer pour une masse, mais
pour chaque individu. Le lieu où l’on joue est très important
car je cherche des connexions directes avec le public. Le
Cloître des Carmes, où nous allons jouer Place du marché
76, est à cet égard idéal.
Comme nombre de vos spectacles, Place du marché 76
mêle autant les langues que les registres artistiques.
Le spectacle est bilingue. Au Festival d’Avignon, 80% du
texte sera joué en français, le reste le sera en anglais. Il
s’agit d’un choix politique. Je suis d’abord un écrivain
flamand. J’écris donc en néerlandais. Mais j’entends
rarement mes textes dans ma propre langue. Ils sont
toujours traduits en français, en anglais, en espagnol, en
allemand. Je détruis volontairement mes armes pour
devenir européen. L’Europe est pour moi la seule issue.
Ce n’est, d’ailleurs, pas un hasard si neuf nationalités sont
représentées au sein de la Needcompany.
La question de la communauté, de sa cohésion et de
sa diversité, semble vous préoccuper aussi bien dans
le quotidien de la compagnie que dans vos œuvres.
Je suis convaincu que nos sociétés occidentales ne
peuvent pas continuer dans ce repli sur elles-mêmes.
Prétendre que le multiculturalisme a causé la faillite de nos
sociétés, comme le font plusieurs de nos dirigeants
politiques, me paraît criminel. Pourquoi sommes-nous
aussi crispés face à l’expression de cultures différentes ?
En Flandre, le parti séparatiste, dont le maire d’Anvers est
président, gagne du terrain dans toute la Belgique,
notamment en alimentant cette angoisse face à l’autre,
face à la différence. Je pense qu’il appartient à chacun de
tenter de désamorcer cette peur. C’est peut-être encore
plus vrai pour les artistes que pour les autres.
Propos recueillis par Renan Benyamina pour le Festival
d'Avignon 2013
© Maarten Vanden Abeele
© Claudine Doury
Né à Anvers en 1957, plasticien de formation, Jan Lauwers est un artiste qui pratique toutes les disciplines. Il s’est surtout fait connaître
par son œuvre théâtrale pionnière forgée avec son ensemble, Needcompany, fondé à Bruxelles en 1986. Pendant tout ce temps, il a
accumulé une œuvre considérable d’art plastiques, qui a été exposée en 2007 au BOZAR à Bruxelles. En 2012, Jan Lauwers s’est vu
décerné « l’insigne d’Or du Mérite de la République d’Autriche » (2012). En 2014, il est récompensé du Lion d’Or Lifetime Achievement
Award à la Biennale de Venise. Il est le premier Belge à recevoir ce prix dans la catégorie théâtre.
Jan Lauwers a étudié la peinture à l’Académie des Beaux-Arts de Gand. Fin 1979, avec plusieurs autres artistes, il forme
l’Epigonenensemble. En 1981, cette troupe est transformée en un collectif, Epigonentheater zlv (zlv = « zonder leiding van », sous la
direction de personne), qui, en six productions, épate le paysage théâtral. Jan Lauwers s’inscrit ainsi dans le mouvement de renouveau
radical du début des années quatre-vingts en Flandre, et perce sur la scène internationale. Epigonentheater zlv fait du théâtre concret,
direct et très visuel, avec la musique et le langage pour éléments structurants. Parmi les spectacles : Reeds gewond en het is niet eens
oorlog (1981), dE demonstratie (1983), Struiskogel (1983), Background of a Story (1984) et Incident (1985). Jan Lauwers a dissous ce
collectif en 1985 pour fonder Needcompany.
Jan Lauwers needs company. Il a créé Needcompany avec Grace Ellen Barkey. À eux deux, ils sont responsables des productions
importantes de Needcompany. Depuis la création en 1986, son activité comme sa troupe de performers présentent un caractère
explicitement international. Les premières productions de Needcompany, Need to Know (1987) et ça va (1989) sont encore très
visuelles, mais dans celles qui suivent, la ligne narrative et la notion de thème central gagnent en importance, même si la construction
fragmentée est conservée.
La formation de plasticien de Jan Lauwers est déterminante dans son rapport au théâtre et résulte en un langage théâtral personnel,
novateur à plus d’un titre, qui interroge le théâtre et son sens. L’une de ses caractéristiques principales est le jeu transparent, “pensant“,
des comédiens, ainsi que le paradoxe entre “jeu“ et “performance“.
T2G - Théâtre de Gennevilliers
Fondateur Bernard Sobel
Direction Pascal Rambert
41 avenue des Grésillons
92230 Gennevilliers
Standard + 33 [0]1 41 32 26 10
www.theatre2gennevilliers.com
Réservation
sur place ou par téléphone au +33 [0]1 41 32 26 26
du mardi au samedi de 13h à 19h
télépaiement par carte bancaire
Vente en ligne sur :
www.theatre2gennevilliers.com
Revendeurs habituels :
Fnac — Carrefour 0 892 683 622 (0,34 euros/min), fnac.com,
Theatreonline.com, 0 820 811 111 (prix d’une communication locale),
Starter Plus, Billetreduc, Kiosque jeune, Crous et billetteries des Universités Paris III, VII, VIII, X,
Maison du Tourisme de Gennevilliers, Maison du Tourisme d’Asnières-sur-Seine
Accessibilité
Salles accessibles aux personnes à mobilité réduite.
Navettes retour vers Paris
Certains soirs, après la représentation, une navette gratuite vous raccompagne vers Paris.
Arrêts desservis : Place de Clichy, Saint-Lazare, Opéra, Châtelet et République.
Accès Métro
Ligne [13 ] direction Asnières-Gennevilliers, station Gabriel Péri [à 15 mn de Place de Clichy] sortie [1] puis suivre les
flèches rayées rouges et blanches de Daniel Buren
Accès Bus
Ligne [54] direction Gabriel Péri ; arrêt Place Voltaire
Accès voiture
- Depuis Paris - Porte de Clichy : Direction Clichy-centre. Tourner immédiatement à gauche après le Pont de Clichy,
direction Asnières-centre, puis la première à droite, direction Place Voltaire puis encore la première à droite, avenue
des Grésillons.
- Depuis l’A 86, sortie n° 5 direction Asnières / Gennevilliers-centre / Gennevilliers le Luth.
Parking payant gardé à proximité.
Le Food’Art
Restaurant au sein du T2G, ouvert avant et après le spectacle
Tel. + 33 [0]1 47 93 77 18
Le Théâtre de Gennevilliers est subventionné par le ministère de la Culture et de la Communication,
la Ville de Gennevilliers et le Conseil Général des Hauts-de-Seine.

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