Blanche Neige - Théâtre des Salins

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Blanche Neige - Théâtre des Salins
REVUE DE PRESSE
BLANCHE NEIGE
Angelin Preljocaj
27 septembre 2008
Danse ** Preljocaj et Gaultier relookent «Blanche-Neige» à la Biennale de Lyon.
Aneelin l'enchanteur
chorégraphie pour 26 danseurs
dANGELÏN PRELJOCAJ
dans le cadre de la Biennale de b
danse de Lyon Kaison de la danse
8 rue Jean Mermoz 69008
jusqu au 4 octobre
Rere, 0472781800
Puis a Paris du 10 au 25 octobre
au "Tieâtre national de Chailtot
omme si l'on atten
dall une méchante
averse, on pressentait
le retour du meri veilleux sur k scene
chorégraphique, en
craignant que cela ne dure
quèlques années Angelin
Preljocaj, directeur du Centre
chorégraphique national d'Aix
en-Provence, démarre la séné
en créant Blanche Neige sur la
musique de Gustav Mahler
Pièce imaginée pour 26 danseurs ce spectacle est un véritable enchantement Sans
doute guide par la main délicate d'une fée bienfaitrice, le
chorégraphe a visiblement pris
plaisir a raconter une histoire,
apres avoir signe deux pieces
tres abstraites, Empty Maves
pins Eldorado
Couche-culotte. Sa Blanche
Neige dans les décors féeriques
de Thierry Leproust est un ravissement , surtout son inquiétante forêt et son miroir noir
comme un gouffre Tout est
parfaitement agence, les rôles
bien distribues, les symboles
justement marnes et la danse
respire jusque dans des pas de
deux amoureux ou mortels
«C'est un risque que f ai eu envie
de prendre, dit Angehn Preljocaj celui de creer un grand boîlet
Nagisa Shirai (au centre) dans la creation d Angelin Preljocaj sur une musique de Mahler PHOTO VINCENT DARGENT CITEN SCENE
contemporain et romantique »
Objectif atteint avec pomme et
miroir, nains (sexuellement timides, si l'on s en réfère aux
détournements pornographiques du conte), cerf gamba
dant, lutins maléfiques, Tout
est la sans que cela vire au
Disneyland Jean Paul Gaultier
qui signe les costumes, a évite
les notes trop enfantines
Seul le shp de Blanche-Neige,
entre la couche-culotte et le
drape du sumo, laisse perplexe
Cela n'est peut-être pas si innocent, car les créateurs ne semblent pas trop attires par la
princesse des freres Gnmm Ils
préfèrent la marâtre, Domina
gainée de noir majestueuse
D'ailleurs, c'est elle qui clôt le
ballet avec un solo furieux qui
ne laisse guère de chance a la
tendre Blanche-Neige plutôt
dans le registre de l'evanescence ou de l'évanouissement
-même si le prince en habit de
torero de salon vient prendre
sa defense
Glace. Cette version du conte
cette mise en ballet est réfléchie, bien tournée, on passe un
bon moment Et l'on se sou-
vient que quèlques jours avant
on a vu Next qfKm du chorégraphe finlandais Tera Saannen
une autre féerie, cette fois au
pays de la glace, de Murnau et
de Fritz Lang Un ballet gothique superbement éclaire et
obscurci par Mikki Kunttu
N'est-ce pas merveilleux
Envoyée speciale à Lyon
» MARIE CHRISTINE VERNAY
28-29 septembre 2008
Le décolleté de Blanche-Neige
Angelin Preljocaj et Jean Paul Gaultier bousculent le mythe à la Biennale de la danse
Danse
Lyon
Envoyée spéciale
B
esoin d'une histoire d'un
soir ? Blanche-Neige, pourquoi pas ! Envie d'un
grand ballet narratif? BlancheNeige, encore une fois. Le BlancheNeige chorégraphié par Angelin
Preljocaj et costume par Jean
Paul Gaultier est le phénomène
de la rentrée, très attendu, trop
même. A l'affiche de la Biennale
de' la danse de Lyon, qui se clôt
mardi 30 septembre, ce spectacle
d'une heure cinquante, limpide,
rassembleur, a sagement emballé
le public de la Maison de la danse
jeudi 25 septembre.
Depuis son fameux Roméo et
Juliette (1990) sur la musique de
Serge Prokofiev, on sait que le
directeur du Centre chorégraphique national d'Aix-en-Provence
connaît la chanson. Livret découpe au millimètre, illustration presque littérale d'une histoire, troupe
de choc (vingt-six danseurs),
décor et décorum. Preljocaj apprécie cet exercice de haute école
pour sa précision.
Conçu avec Erùa Bilal, Roméo
et Juliette a conquis la planète.
Cousu main Gaultier, BlancheNeige possède les mêmes atouts et
bien des points communs : emportée par le lyrisme appuyé du compositeur Gustav Mahler, la scène
du Prince enlaçant sa BlancheNeige empoisonnée par la pomme rappelle celle de Roméo et de
sa Juliette inanimée.
Pour cette histoire trop rarement chorégraphiée - une version a été signée par Serge Lifar
en 1951 -, Angelin Preljocaj a bien
relu le conte des frères Grimm,
mais aussi La Psychanalyse des
contes de fées, de Bruno Bettelheim. Le déroulé du spectacle, à
ranger derrière les classiques comme La Belle au bois dormant,
enchaîne scène de bal, tableaux
Nagisa Shirai (Blanche-Neige) et Sergio Diaz (le Prince) sur la scène dè la Maison dè la danse, à Lyon. JEAN CLAUDE CARBONNE/ARTCOMART
d'ensemble et pas de deux - toujours des pics d'excellence chez
Preljocaj.
Le chorégraphe a envie de tout
dire au risque d'une certaine lenteur démonstrative. Volontairement naïf, il s'offre le bonheur
enfantin d'une histoire et vérifie,
après nombre de pièces abstraites, qu'il peut toujours la raconter
avec sa danse. Son livre d'images
recèle des séquences éclatantes de
beauté. La ronde des nains (des
moines-mineurs de fond) et de
Blanche-Neige sautant sur leurs
fesses en claquant des mains fait
sourire. Le duo entre la jeune fille
et sa marâtre - elle lui enfonce la
pomme dans la bouche en la faisant danser - est parfait dans sa
sadique volupté.
Sans complexe
L'écriture de Preljocaj, toujours taillée en biais, fait dans la
citation classique sans complexe.
La partition toute en sauts vifs,
fentes sèches, moulinets des bras
et changements multiples de
direction, s'émaille de tours, de
piqués et autres pas académiques.
Jamais, en revanche, on a vu une
Blanche-Neige aussi échancrée !
Si Jean Paul Gaultier a somptueu-
sement réussi à se faire (presque)
oublier dans les costumes, il ose
une Blanche-Neige en string. La
peau transparente de l'héroïne,
jambes dénudées jusqu'en haut
des fesses par un drapé savant,
attirent l'œil.
Ce « décolleté » rappelle que la
sexualité est au cœur du conte.
Plus que sa beauté, la méchante
reine sait qu'elle va perdre son
attrait sexuel. Elle doit accepter
de vieillir. A l'heure du lifting qui
joue la confusion des âges, des
générations et des saisons, ce
conte rappelle tout bonnement
que le temps est inéluctable, que
la fille remplace la mère, fût-elle
sa belle-mère, ainsi va la vie, aussi
implacable soit-elle. Manque
peut-être chez Preljocaj une dose
de cruauté, de cette terreur palpable qui fait la saveur violente de
Blanche-Neige. Un conte n'est
pas une tragédie. Quoique. •
ROSITA BOISSEAU
Blanche-Neige, d'Angelm Prel|0caj.
Biennale delà danse. Maison de la danse
Lyon-8 Jusqu'au 4 octobre. 20 h 30.
Tél 04-72263801 De 26 € à 35 €
Puis, du lu au 25 octobre, Theâtre de
Chaillot place du Trocadero Pans-16'
Tél 01-53-65-30-00 De 12 € à 27 50 €
28 septembre - 04 octobre 2008
Danse. Le ballet erotique
de Preljocaj et Gaultier
Blanche, mais pas
comme neige
Lyon
Envoyée spéciale
^ Amateurs de la version aseptisée de Disney, abstenez-vous. Fans
de danse pointue, passez votre
chemin. La Blanche-Neige, que réinventent à la Biennale de Lyon le
chorégraphe Angelin Preljocaj et
le couturier Jean-Paul Gaultier,
est un grand ballet populaire
comme on n'en a pas vu depuis
Béjart. Preljocaj réussit, avec les
26 danseurs de sa compagnie, un
ballet romantique moderne, ll se
débarrasse de toute féerie sucrée
et analyse en profondeur, à la lumiêre du psychanalyste Bruno
Bettelheim, le conte des frères
Grimm. Entre les trois chasseurs
et les sept nains, notre BlancheNeige, habillée-déshabillée par
Gaultier, serait plutôt une vraie
coquine, un brin délurée. Ce n'est
pas tous les jours qu'on voit une
Blanche-Neige erotique ! La danseuse asiatique (Nagisa Shirai) irradie d'une beauté austère, puissante, décalée, qui obsède et dérange. Techniquement magnifique, elle subjugue dans plusieurs
pas de deux.
On craignait qu'avec les sym-
phonies de Manier et surtout le célèbre Adagietto de la 5", le chorégraphe ne nous fasse larmoyer. Il
reste dans une émotion contenue.
Le ton relève d'une sorte de magie
noire : les décors sombres présentent quèlques trouvailles comme
le mur d'escalade percé de trous
troglodytiques, d'où jaillissent les
sept nains gymnastes autant que
danseurs et baraqués. Et l'on comprend Blanche-Neige ! Evidemment, il y a la marâtre, autour de
laquelle tourne l'essentiel: la chorégraphie en tension que lui a
écrite Preljocaj est saisissante
dans l'interrogation du miroir
(« Mon beau miroir... ») et plus encore dans le désespoir hystérique.
En cuissardes et cravache dignes
d'une BD, Céline Galli met de l'esprit dans son corps. Jusqu'à la frénésie. Un conte en forme de rêve
enchanté-désenchanté, peut-être
promis - avec quèlques coupes au
début - à un bel avenir. Il se déploiera encore mieux sur l'immense scène de Chaillot, à partir
du 10 octobre.
Nicole Duault
Blanche-Neige. Compagnie
Preljocaj. Maison dè la Danse à
Lyon. Jusqu'au 4octobre.
Tél. :04 72263801. Chaillot. Du W
au 25 octobre. Tél. : Ol53653000.
10 octobre 2008
DANSE • Blanche Neige, au Théâtre national de Chaillot
Une héroïne violente et sombre
breàlafois Les sept nains font également leur apparition Ils s'illustrent au
cours d'une chorégraphie spectaculaire, mêlant danse et escalade
Usa Gougué
Créée dans le cadre de la
Biennale de la danse de
Lyon, Blanche Neige
enchante Paris, avant
d'entamer une carrière
européenne.
L'histoire de Blanche Neige peut
paraître dépassée L'innocence de la
plus belle du royaume, l'hospitalité
des sept nains et le recours à la
pomme empoisonnée par la marâtre
jalouse semblent appartenir à des
temps bien lointains
Pourtant, Angelm Preljocaj a su
donner un coup déjeune au tonte des
freres Gimm Le chorégraphe a composé unballet fidèle ald version originale, enrichi de quèlques variations
personnelles Le résultat savant mélange de symboles universels et de
danse contemporaine, peut ainsi
convemratous les publics
Aucun episode de l'histoire de
Blanche Neige n est epargne Bien
souvent, la belle-mère est au cœur de
l'action Sans cesse flanquée de deux
chats souples et agiles, interprètes par
deux danseuses menues d'une grâce
feline, elle apparaît sublime et som-
Vingt-six danseurs
Sur scene, vmgt-sixdanseurs font
vivre les costumes créés par Jean-Paul
Gaultier Le révolutionnaire de la
mode a imaginé pour l'occasion des
tenues intemporelles La robe-toge de
Blanche Neige et autres créations
d'inspiration guerrière valent à elles
seules le déplacement Les décors de
Thierry Leproust servent le déroulement de l'histoire sans être trop présents L'immense miroir reflet de la
beaute de Blanche Neige, reste emgmauque
Mois que la danse contemporaine tend souvent vers l'abstrait,
Blanche Neige d'Angelm Preljocaj
aborde sanarrationpar le visuel La
musique de Gustav Manier fait pencher le spectacle vers le classique La
participation de Jean-Paul Gaultier
et le traitement d'un mythe universel rendent le ballet contemporain
accessible à un large public D'autant
plus que, maigre la noirceur, e est
l'aspect romantique et féerique qui
l'emporte
•
Ayo Jackson, Céline Galli,Lorena O'Neill.
Photo J G Cartonne
Jusqu'au 25 octobre au Théatre
national de Chaillot Tarifs
12 a 27,50 euros Res Ol 53 65 30 00
13 octobre 2008
Blanche-Neige eternelle
DANSE • Angel in Preljocaj s'attaque au conte de Grimm.
Les costumes sont de Jean-Paul Gaultier.
ngelm Preljocaj présente Blanche-Neige à
Chaillot (I) II s'attaque au conte universellement célèbre de Grimm avec
sa troupe de vingt-six danseurs au complet Le chorégraphe a choisi la musique
des symphonies de Gustav
Mahler Jean-Paul Gaultier
signe les costumes Le travail
du couturier donne d'ailleurs
un grand relief à cette création inspirée qui semble passer comme un rêve II y a de
pittoresques danses de
groupe et des duos lyriques
pieds nus
• Blanche-Neige est jouée et
dansée par une jeune asiatique au teint clair et aux cheveux d'ébène, vêtue d'une petite robe blanche juvénile
Elle lui donne un peu l'allure
d'une danseuse de butô Une
part de l'étoffe légère s'enroulant autour de son fessier
n est pas toujours du meilleur
effet Dommage car les autres
A
costumes sont parfaitement
réussis La méchante Reine
est en cuir et cuissardes Une
cape rouge et noire cache à
peine cette panoplie sado-masochiste Elle danse peu Elle
marche de long en large en
agitant ses bras
Tout ravit l'œil dans ce
conte franchement mis au
goût du jour. Il y a la forêt où
Blanche-Neige se perd avec
ces arbres au fût immense,
pourvoyeurs d'ombres effrayantes dans le clair-obscur
du plateau Avec leur lampe
au front, les nains ressemblent à des mineurs de fond
Leur maison, qui occupe le
mur en fond de scène, ressemble à ces gîtes troglodytes
creusés à même la roche,
comme dans l'Or du Rhin.
l'opéra de Wagner Ils y circulent du haut en bas, la taille
prise dans un film Le drame
féerique culmine lorsque la
Reine, jalouse de la beauté de
l'héroïne, la contraint à man-
ger la pomme rouge empoisonnée Elle la lui met en
bouche et l'y maintient en
gestes lents, implacables
L'ensemble tient du cinéma expressionniste et la séquence est plus mimée que
dansée Angelme Preljocaj a
opté pour l'adagietto de la
Cinquième symphonie de
Mahler quand le prince découvre Blanche-Neige étendue morte dans son cercueil
de verre II met à profit cette
visite du conte pour feuilleter
quèlques pages de l'histoire
de la danse Ainsi le prince
adopte la posture du FauneNijinski prosterné sur le mouchoir de la nymphe
Muriel Steinmetz
(I) Au théâtre national de
Chaillot jusqu'au 25 octobre,
à 20 h 30 Salle Jean- Vilar
Di m anche à 15 heures
Relâche lundi
Renseignements
au Ol 53 65 30 00
16 octobre 2008
Blanche-Neige
selon Preljocaj
DANSE
BLANCHE-NEIGE
A Pans, Théâtre de Chaillot,
jusqu au 25 octobre (complet)
Puis en tournée a Rouen, SamtQuentm-en-Yvelmes, Aixen-Provence, Arcachon, Sceaux,
Montpellier, Grenoble, Dijon,
Annecy, Valence, Créteil,
AAaubeuge, Blagnac, Metz,
Clermont-Ferrand, La Rochelle,
Caen.
ROMÉO ET JULIETTE
Opéra de Lyon,
du 6 au 15 novembre,
www preljocaj.org.
Angelin Preljocaj signe une
fresque chorégraphique d'ampleur qui n'oublie jamais le merveilleux.
En s'attaquant au conte des frères
Grimm dévoyé par Walt Disney,
Angehn Preljocaj confirme son
statut de choiégraphe prodigue
Le public ne s'y est pas ti ompé qui
tait un triomphe à ce ballet pour
Dans une scène, très galets -posés sur scène - et galipettes - cholégiapluques -, le ciioiégiaphe
étale son talent entre ronde el
corps lovés II nous prédisait une
Reine dc feu • dommage que sous
ses atours tres Domina, le personnage, flanqué de deux «catvvomen » à ses ordres, soit caricatural
Dut ant cette heure cinquante sans
entracte, vont défiler un paysage
de forêt, un mu oil géant avec effet
de doubles intel pi êtes ou une paroi vertigineuse. Les sept nains du
conte ont cédé la place à d'étranges
mineurs qui n'hésitent pas à courtiser l'héi cine.
Musique, Gustav Mahler
Angehn Preljocaj a imaginé une
danse aérienne, les interprètes accroches à des films. On aura droit à
la pomme empoisonnée et au baiser salvateur Blanche-Neige peut
dormir tranquille. Ou se réveiller,
c'est selon Quant aux costumes
signes Jean Paul Gaultier, dc belle
facture, ils manquent juste d'une
touche de tohe Saluons en revanche la musicalité de Pieljocaj
La Reine de feu, sous ses atours très Domina, danse avec une de ses
deux « catwomen ».
2fi danseurs Le chorégraphe rcpiend l'histoire de « BlancheNeige », optant poui une lectuie
plus qu'une relectuie. Sa gestuelle
est essentiellement néoclassique,
sans esbroufe, à défaut d'éblouir
On sait depuis « Le Paic » ou « Casanova » pour le Ballet de l'Opéra
de Pans que Pieljocaj excelle dans
le genre Pourtant, sa « BlancheNeige » cherche un peu son rythme
dans un décor stylisé dc Thierry
Leproust Plus que les ensembles,
brouillons, ce sont les duos iiicainant les émois amouieux qui enchantent. Mouvement comme lalenti, détail d'un pied qui joint une
main dans un duo entre danseuses,
tout est ici dans le détail
qui accentue l'émotion dégagée
pai sa danse en choisissant Gustav
Mahler Non sans audace
Nagisa Shirai, une des deux
Blanche-Neige en alternance avec
Viigmie Caussin, est magnifique
Au début des années 1990, Angelin Prel)ocaj avait croqué uneautre
héroïne, Juliette, et son Roméo
Ce ballet, où le politique pienait le
pas sur le romantique dans une
scénograjihie a p o c a l y p t i q u e
d'Enki Bnal, est une de ses plus
belles réussites Le Ballet de
l'Opéia de Lyon le lepiend.
Comme un automne chorégraphiqucsclon Prcl|ocaj sous Ic signe
des amours contrariées
PHILIPPE NOISETTE
06-12 septembre 2008
Preljocaj refait son conte
Le chorégraphe propose une relecture prometteuse de "Blanche-Neige". La surprise dè la Biennale de Lyon ?
BIENNALE DE LA DANSE DE LYON
BLANCHE-NEIGE
D'ANGELIN PRELJOCAJ
AVEC LE BALLET PRELJOCAJ
Sur ce point du moins, Paris
n'est pas la capitale du monde.
Treizième édition donc pour
une manifestation dédiée à
l'amour de la danse et du spectacle, absolument seule en son genre et parfaitement installée dans le paysage. Cette fois
encore, et dans le droit fil de ses origines,
la Biennale de la danse de Lyon associe
plus qu'elle ne sépare les esthétiques et
les publics. Depuis quèlques années certes, on l'aimerait plus aventureuse, quelquefois plus guerrière, mais c'est sans
doute lui demander ce qu'elle n'a jamais
prétendu donner.
Un mois durant, les Maguy Marin succéderont aux Montalvo-Hervieu, les Forsythe aux Kader Attou, les Keersmaeker aux
Kubilai Khan, ou encore les Wayne McGregor aux Carolyn Carlson... Tous artistes
fort respectables, auxquels s'ajouteront
notamment Angelin Preljocaj et les vingtsix danseurs du Centre chorégraphique
national d'Aix-en-Provence qu'il dirige
pour la création d'une Blanche-Neige très
prometteuse (I). A première vue, même
accolé à Jean Paul Gautier (pour les costumes), ou à Gustav Mahler (pour la musique), le projet surprend. Il agacera certainement les ultracontemporains de la
danse. Raison de plus pour en comprendre
le sens et les enjeux. Tout se passe comme
si Preljocaj, un artiste toujours orphelin de
la pièce qu'il n'a pas encore écrite, un cho-
régraphe également partage entre l'abstraction et la narration, cherchait le pendant exact d'Empty Moves, un travail
chorégraphique au long cours qu'il a engagé en 2004 autour de l'héritage du minimalisme. Cette même dialectique, qui le
fait aller du cérébral au charnel, ou de
l'Amérique à la vieille Europe, traverse la
construction de son œuvre.
A l'autre bout du spectre, Blanche-Neige ?
En tout cas, un conte philosophique pour
maintenant qui parle de grandissement et
de mortalité alors que nous n'en voulons
rien savoir. Au-delà de ça ? Deux autres
choses des plus intéressantes. D'abord, une
manière de forcer, avec une production inhabituellement lourde, l'économie de la
danse, que l'on sait fragile et timide, et de la
contraindre à repenser ses ambitions, et
donc ses contenus : elle en a besoin. Ensuite, à travers l'étrange association des frères
Grimm, les deux auteurs de Blanche-Neige,
et de Gustav Mahler, le désir d'articuler le
romantisme des premiers à la modernité
du second : ce pourrait être un programme
pour aujourd'hui. DANIEL CONROD
(I) D'après les répétitions auxquelles nous avons
pu assister
Du 25 septembre au 4 octobre a Lyon (Biennale
de la danse, 04-72-26-38-01), du 10 au 25 octobre
a Paris (Chaillot), les 30 et 31 a Rouen (76), du 6
au 9 novembre a Saint-Quentin-en-Yvehnes (78)
BIENNALE DE LA DANSE DE LYON
BLUE LADY
DE CAROLYN CARLSON
PAR TERO SAARINEN
Que reste-t-il quand on a tout
oublié (ou presque) ? Que reste-t-il par exemple de Blue Lady, chorégraphié et dansé en
solo par Carolyn Carlson (1983), et devenu
la signature d'une artiste ? L'image d'une
femme qui se met à découvert, quitte à
s'enlaidir avec un affreux chapeau. Une
femme très seule qui s'écrit en majuscule
une danse pour elle, rien qu'à elle, une
danse qui lui tient chaud partout. Il reste
des sensations de danger, de douleur,
l'idée même d'une guerre intime qui Icn-
18-24 octobre 2008
LES
RENCONTRES
La parenthèse féerique
d'Angelin Preljocaj
:
S
I ur le plateau nu de Chaillot, Angelin Preljocaj sak voure le triomphe qu'on vient de réserver à son derN_Jr' nier bailet - il revendique ce terme -, Blanche-Neige.
Il aurait aimé quèlques rectifications et un peu plus de précision, mais il est heureux et comblé par sa compagnie, g
II nous a raconte une histoire, et c'est ce qu'il voulait « Vous f
êtes finalement très romantique et vous l'assumez id ? » « Oui, lj
je n'ai pas hésité, je ne voulais pas de scénographie mais des
lieux, laforêt, les rochers... et j'ai osé la musique de Mahler ! » Angelin
en sourit comme s'il ne parvenait pas à croire que lui, le chorégraphe des grandes pièces abstraites, avec parfois la dureté du silex,
puisse cette fois ouvrir une parenthèse féerique. Et c'est tellement
réussi : merveilleux pas de deux avec Blanche-Neige endormie, nains
spéléologues qui multiplient les figures acrobatiques, comme des élastonautes, et costumes de Jean Paul Gaultier dessinés un à un sur les
danseurs en mouvement, pour mieux évoquer encore l'univers élégiaque et violent des contes de Grimm.
L'inquiétude furieuse et tendre
de Julie Depardieu
C
DE CLAIRE CHAZAL
L'énergie créatrice
de l'infatigable Pierre Arditi
I y a du Louis de Funès et du Jean Poiret en lui.
C'est simple, l'autre soir, au Théâtre Edouard-Vil,
Pierre Arditi nous a tous emballés ! Il en riait, en
sortant de scène, de nous avoir pris au piège de Guitry, de ses bluettes et de ses grosses ficelles. Tous ses
amis parisiens avaient marché. Faisons un rêve est la
quintessence du vaudeville, mécanique brillante,
portes qui claquent et amants dans le placard. Délirant
jusqu'à l'absurde. C'est pourquoi Arditi y va, frôlant la démesure,
la folie. Il emporte sa partenaire, Clotilde Courau, parfaite dans
ses gloussements de fausse femme du monde et qui ne cache pas
son bonheur d'apprendre à ses côtés. Car Pierre Arditi ne méprise
aucun rôle. Pourvu que le public soit là, content, diverti, il lui en
donne sans compter, qu'il interprète Beckett, Molière ou Beaumarchais. Il n'a peur de rien et surtout pas de ce monologue éblouissant dont on est sortis rincés mais épatés. Ce soir, il était sur les
planches. Dans la journée, il avait tourné un film. Un comédien
infatigable. Un amoureux du jeu.
I;
William Christie
ou la révolution baroque permanente
'était un jour gris sur Bucarest. Josée Dayan tournait Les Rois
maudits dans un studio roumain. Grande aventure dans la'illiam Christie est peut-être l'Américain (d'origine) qui
quelle toute la famille Depardieu était embarquée. Mais ce
aime le plus la France et, quand je lui parle de nos doumercredi, Guillaume manquait à l'appel. Il était attendu le soir, de retes, de nos inquiétudes, il répond avec son accent détour de Paris et il était injoignable. Sa soeur Julie avait appelé déses- licieux : « Mais c'est un bonheur d'être ici, la culture y conserve une telle
pérément tous ses amis. Nous étions autour d'elle. Elle, tendre, at- place ! (...) Et puis, je ne laisserais pour rien au monde ma maison en Vententive, tellement inquiète, furieuse aussi de le voir s'extraire ainsi dée et son jardin qui est mon œuvre. » II faut dire que ce claveciniste
du monde, s'échapper de ceux qui l'aimaient envers et contre tout. chef d'orchestre à la tête des Arts Florissants incarne au mieux le
Etre solaire et unique, beau, souffrant. Nous avions tout imagine. raffinement musical et l'art de vivre. Il goûte notre langue. Et c'est
Avait-il encore eu un accident ? Avait-il suivi ses démons familiers un peu pour cela qu'il a choisi de nous faire découvrir le compoet destructeurs ? Refusait-il de s'accepter en
siteur Jean-Baptiste Lully : « Un courtisan malin, me dit-il, mais surcomédien doué ? Le tournage avait
tout un génie du théâtre et le musicien qui a su tirer le meilleur parti du
pourtant bien commencé. Josée
Julie texte et des mots. » William Christie avait dirigé Atys en 1987 et ce fut
Dayan et Jeanne Moreau m'avaient
Depardieu, une révolution. L'explosion du baroque. Aujourd'hui, il nous prodit leur admiration pour lui. A
au nom pose Armide, au Théâtre des Champs-Elysées, avec son complice,
force de persuasion et d'amour
du frère. le metteur en scène Robert Carsen. Et tous deux ont ciselé l'opéra :
autour de Guillaume, O avait
« Nous nous sommes beaucoup amusés car la musique de Lully est l'une
repris son rôle magnifiquedes rares à laisser une totale liberté d'improvisation étonne s'en est pas
ment. Josée m'avait dit alors :
privés ! », conclut William Christie d'un sourire gourmand.
«Je me suis tellement attachée à lui, si senPierre Arditi,
sible et mmpassionnel, maisjesavaisquej'auun comédien
rais mal avec lui el que je le perdrais un jour. »
aimant frôler
la démesure,
la folie.
Rendez-vous avec Claire Chazal
Tous les vendredis de IS h à 18 h 30
A Paris sur 101.1 Toutes les fréquences sur
www.radiodassique.fr
06 octobre 2008 (1/2)
Classique
« Blanche Neige », parle Ballet Preljocaj
Fantasmatique
fications pour la rendre plus lisible
par le biais de la danse et touche
avec une précision chirurgicale à
des sujets d'aussi brûlante actualité
que la préoccupation de vivre toujours plus longtemps, toujours plus
beau, ainsi que la rivalité compétitive entre parents et enfants, aujourd'hui sans cesse rendue plus forte
dans les nouveaux schémas familiaux émergents.
Ces contes, issus d'un patrimoine
LA TRÈS BONNE nouvelle est le re- populaire et archaïque, ont étés coltour d'Angelin Preljocaj au narratif ligés par les premiers romantiques
qui marqua ses débuts de grand cho- germaniques comme von Arnim ou
régraphe avec des chefs d'œuvre Grimm, lesquels ont inspiré le rocomme « l'Anoure » (1995) et « Ro- mantisme tardif des premières symméo et Juliette » (1990). Sa création phonies de Gustav Mahler, créateur
2008, présentée en première mon- d'espaces sonores infinis, évocateur
diale à la Maison de la danse, aura idéal de forêts profondes. Ainsi s'est
été l'événement de cette édition du imposé le choix musical, rehaussé
vingt-cinquième anniversaire de la d'un soupçon de musique électronique, pour le plus grand bonheur
Biennale dè la danse à Lyon.
Il revient aux sources mêmes de ce d'une chorégraphie qui respire le
conte passé à l'état de mythe, même bonheur de danser et dè raconter.
et surtout si sa lecture s'est faite au
prisme de celle du psychanalyste Des costumes et un décor specautrichien Bruno Bettelheim, qui en taculaires. Le récit s'appuie sur
a souligné le caractère éminem- quèlques images fortes, dans lesment œdipien. Quand s'ouvre dans quelles entre en scène Jean Paul
une semi-pénombre cette pièce Gaultier. H a imagine quèlques cospour vingt-six danseurs qui dure tumes forts en signifiant fantasmaprès de deux heures, on est au plus tique, comme la robe de Blanche
près de la fable et de son extraordi- Neige, dont un pan ramené en arnaire concision : « Un jour, c'était rière qui lui donne un aspect d'enau beau milieu de l'hiver et les flo- fant langé, souligne l'état initiatique
cons de neige tombaient du ciel qu'elle vit dans le conte. La marâtre
comme un duvet, une reine était reine est spectaculaire en femme
assise auprès d'une fenêtre en- dominatrice où prédomine le très
castrée d'ébène noir, et cousait ». sexuel rouge avec deux cat women
Preh'ocaj donne à voir et introduit noires rampantes à son service.
dans le fil de l'histoire de rares modi- Le décor de Thierry Leproust est
Angelin Preljocaj,
Jean-Paul Gaultier et
Gustav Mahler, un trio choc pour
faire revivre « Blanche Neige »,
conte phare des Frères Grimm !
Le résultat est à la hauteur
de l'espoir, loin de l'édulcoration de
Disney mais au plus proche de ses
sources romantiques. Un grand
et fort ballet qui s'apprête à faire
le tour de France et du monde.
spectaculaire et réserve quèlques
surprises de taille. Et le travail de
Preljocaj est proprement stupéfiant,
tant sur le plan des idées chorégraphiques que de leur réalisation technique. Le duo entre Blanche Neige
et son salvateur prince sur l'Adagietto pour cordes et harpe de la
Cinquième, un moment de pure
grâce en apesanteur.
Et, puisque c'est elle qui est au
centre de ce conflit oedipien qui se
résout pour le mieux à son grand
désavantage, Preh'ocaj réserve à la
méchante reine, magistralement interprétée par Céline Gall, les scènes
les plus spectaculaires. Les interrogations au miroir, quasi-cinématographiques, un solo d'une sensualité bestiale, le duo de la pomme
empoisonnée et la scène finale de
la mort dans des mules d'acier
chauffées sur des charbons ardents
(image fort peu anodine dans l'imaginaire d'un danseur), sont les clous
d'un spectacle dont la plus grande
vertu est d'embarquer le spectateur
de la première image jusqu'à ce dénouement heureux dans un voyage
à la fois magnifique pour les sens et
initiatique pour l'esprit.
> OLIVIER BRUNEL
Theâtre iie Chaillct (Ol 53 65 30 00 et
www théâtre-chariot fr) du 10 au 25 octobre
Tournee en France Rouen (30-31 10),
Saint-Quentin en Yvelines (6 au 9 ll), Aixen-Provence (12 au 16 ll), Arcachon (6-712),
Sceaux (ll au 14 ll), Montpellier (17-18 lê),
Grenoble (7 au 9 I), Dijon (15-161), Annecy
(20-211), Valence (24-251), Créteil (291 au
I'2), Maubeuge (5-6 2), Blagnac (27 2 au
I" 3), Metz (6-73), Clermont-Ferrand
(ll au 13 3), Caen (16 au 2012)
06 octobre 2008 (2/2)
La marâtre reine (Céline Gali) et une cat woman à son service
Blanche-Neige et son prince : un moment de pure grâce en apesanteur
14-20 août 2008 (1/3)
Angelin
PRELJOCAJ
.
fcrm
C
Princes charmants pour
conte de fées
mm:
I .e choré
an sur une
muSïqdetlc Mahler.
Fl c'est le couturier
qui habille les
26 danseurs du
spectacle. Rencontre
entre deux légendes
dc la création
.—
contemporaine.
PHOTOS
•*
HUBERT FANTHOMME
ST.
14-20 août 2008 (2/3)
Ci-contre. Blanche
Neige et sa robe de bal
a crinoline Ci dessous
une courtisane «cmet a
I épreuve «son
costume
Ce sera l'un des événements de la Biennale de
la danse de Lyon en septembre. Angelin Preljocaj a inventé la chorégraphie, Jean Paul Gaultier les costumes, de «Blanche-Neige», le célèbre conte de fées des frères Gnmm, devenu
conte moderne entre leurs mains. Ces enfants
de la banlieue - l'un est né à Sucy-en-Brie et
l'autre à Arcueil - ont séduit Paris puis le
monde entier. Preljocaj est l'un des chorégraphes actuels les plus importants et l'un des
plus prolifiques. Outre les pièces pour sa compagnie, montee
en 1985, il produit pour les plus grands lieux de danse de la
planète. Son oeuvre, qui chamboule les bases habituelles et
les codes contemporains, entre au répertoire de l'Opéra de
Paris au début des années 90. Gaultier, « lenfant terrible de la
mode », s'inspire de l'univers urbain. Il coud, découd, mélange
les styles. En 1978, sa première collection casse l'image trop
sage de la mode Les années 80 verront l'arrivée des « classiques» du couturier: la manmère, les jupes pour hommes et
la robe-corset Interview en miroir de ces deux provocateurs
qui ont donné naissance à la Blanche-Neige du XXIe siècle.
Paris Match. Pourquoi avez-vous choisi Jean Paul Gaultier '
Angelin Preljocaj. Avec 'Blanche-Neige", je voulais faire un
spectacle leenque, magique, fantastique Pourmoi,lccoutunerqm incarne le plus la fantaisie et le fantasme c'est lm Jean
Paul Gaultier devait faire les costumes, c'était une évidence '
Vous aimez que d'autres artistes influencent votre danse avec leur
univers. Comment vouliez-vous qu'il nourrisse votre inspiration ?
Chacune de ses créations a la capacite de raconter une
histoire. Ce ne sont pas uniquement une robe ou un pull Ce
sont des personnages Je voulais donc laisser un maximum
d'espace à son imagination et essayer ses propositions
jusqu'au bout
Concrètement, comment s'est déroulée votre association ?
La première séance, je lui ai dévoilé "mon" histoire de
Blanche-Neige Je lui ai montré les décors, le palais, la forêt,la
mine et je lui ai décrit comment mes personnages allaient interagir entre eux. Quand nous nous sommes revus, il avait des
croquis qui étaient une réponse a notre première conversation Ce qu'il avait imagine révélait qu'il était à l'écoute de
mon univers et généreux envers les danseurs. Les costumes
sont pensés pour assurer la fluidité du mouvement Cependant, j'aimerais qu'il soit fier du résultat et
qu'il ne se soit pas bndé dans sa créativité.
Avez-vous rejeté certaines de ses propositions ?
Non, j'ai pu faire évoluer certains
personnages Par exemple, la méchante
reine avait une connotation un peu
cabaret, selon moi Je la voulais plus
"manga" Elle est à mi-chemin
Comment qualifienez-vous rapport de Gaultier?
Ce qui m'intéresse, c'est de voir comment les costumes
vont pouvoir prolonger les mouvements et comment ds vont
les suggérer dans une dynamique esthetique. L'habit va forcément influencer la gestuelle
Jean Paul Gaultier vous a-t-il surpris7
Dans ma pièce, il y a un jardin des amoureux Les couples s'y retrouvent et s'adonnent a des rituels de séduction.
Je voulais quelque chose de très charnel et de très dénudé.
ENTRETIENS
FLORENCE
Jean Paul a conçu des costumes avec de la lingerie apparente.
Le sous-vêtement est subluné, rêve, presque onirique c'est
très poétique ct très sensuel en même temps
Quelle est votre interprétation de Blanche-Neige ?
C'est un personnage de tragédie et non une jeune fille de
conte. L'histoire est plus noire, sexuellement plus ambiguë et
psychanalytiquement plus complexe, presque un thriller. La
problématique est très actuelle. Les femmes sont de plus en
plus belles et paraissent de plus en plus jeunes, plus longtemps. Il existe une rivalité entre mères et filles, liée à la séduction ct au fait qu'une mère ne veut pas être réduite à
cette simple fonction ; elle ne veut pas renoncer à son statut
d'amante C'est le conflit intérieur d'une mère qui, voyant
grandir sa fille, a peur de perdre sa place dans la société.!
\
ANGELIN PRELJOCAJ
Blanche-Neige est
un personnage sexuellement
ambigu
14-20 août 2008 (3/3)
Paris Match. Pourquoi avez-vous accepté de collaborer avec Angelin
Preljocai?
Jean Paul Gaultier. J'avais subi un choc, il y a quèlques années,
en voyant sa pièce "Helikopter" au Festival d'Avignon La sensibilité, le regard, la gestuelle, la sensualité qui se dégagent de
ses créations font sa force et sa modernité Travailler sur
"Blanche Neige" me semblait d'autant plus intéressant que
c'est à l'opposé de mon univers. Cela devenait tres excitant '
Vous a-t-il imposé des contraintes ?
Angehn ne m'a rien imposé ' J'ai même ressenti une plus
grande liberte que lorsque je cree pour une collection ou je
suis limité par les diktats de la mode et de l'industrie de la
haute couture ou du prêt-à-porter
Comment Angelm Preljocaj a-t-il orienté votre travail?
Nous avions des échanges denses et précis. Il m'a d'abord
donné sa lecture de "Blanche-Neige" et des personnages II
voit la méchante reine en femme sexy et forte II m'a parlé
d'une scene de bal Je devais donc imaginer des courtisans
dans des costumes qui suggèrent le côté Historique J'ai pensé
à des manches bouffantes pour qu'ils
soient gorgés de suffisance Et leurs vêtements portent des traces de brûlures,
comme endommages par le temps, ce qui
donne un côté vintage, customisé
La chorégraphie a-t-elle influence votre réflexion ?
Pour la robe de la mère de BlancheNeige, c'est véritablement la danseuse
qui, parce qu elle jouait son rôle dans
une ébauche de costume, a imposé la forme, la matière et la
ligne définitive de sa tenue. J'étais parti sur une idée qui était
une erreur, et la chorégraphie nous a amenés a faire parler le
vêtement C'est très jouissif de m'offrir ce luxe de pouvoir
changer les choses Rien n'est arrêté ni définitif.
A votre tour, pensez-vous avoir altère, par votre univers, le travail du
chorégraphe7
Mon rôle n'est pas d'induire la chorégraphie Je n'ai pas
cette prétention Je reste a ma place Je devais coller à ses
attentes et à ses besoins pour son spectacle, son "bébé" Je
devais être a son écoute et le servir.
Vous a-t-il refuse un vêtement?
Pour la scene du bal,j'avais pensé à des crinolines pour les
femmes. L'idée l'a effrayé II avait peur que les danseuses ne
puissent pas bouger Je lui ai dit qu'il ne fallait pas voir ça
comme une armature rigide J'ai insisté dans cette direction,
maîs dans une mesure raisonnable II a ete convaincu
Que vous a apporte cette expérience ?
Je suis tres influence par le corps et la morphologie Les
tenues des danseurs sont tres inspirantes ils roulent leurs
vêtements, remontent leurs manches ou
leurs bas de pantalons, ils mélangent les
matières et les couleurs, font dcs superpositions. Je suis nourri par l'observation
du mouvement et de la vie Je me suis
noum de les regarder évoluer
Quelle est votre interprétation du personnage
de "Blanche-Neige"?
Cette collaboration m'a réconcilié
avec les contes de fées. Je n'aime pas ce qui relevé dc l'irréel
ou de la science-fiction. Cette Blanche-Neige est charnelle et
s'inscrit dans notre réalité d'aujourd'hui, moderne et vraisemblable La méchante reine est une femme confrontée au
problème de l'âge, de la beauté qui se fane, ct a la nouvelle
géneration qui met en péril son pouvoir de séduction II faudrait faire une suite avec des hommes qui, eux aussi, commencent à connaître la méchante reine qui est en eux. •
Biennale dè la [lame A. B au 30 sep'aiwe Renseignements sw mv biennale * lyon org
JEAN PAUL GAULTIER
Ce travail
m'a réconcilié avec les
contes de fées 2, ^
Au début de I ete pres
d Aix er Provence au
Pavillon noir le centre
de répétition de la
compagnie de
Preljocai essayages et
dernieres retouches
sur les costumes en
presence du couturier
En ht deux félines
gargouilles
Ajustements a mëme
les danseuses manche
de la courtisane
(ci-dessus) et robe de la
reine mere (a g )
25 septembre - 01 octobre 2008 (1/3)
A R T S
E
T
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P
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C
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A
C
L
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Méchante reine SM
« Avec Preljocaj, j'entre dans une autre histoireque la mienne,expliquejean Paul Gaultier. Les repères sont différents. Travailler
pour lascène me permet de rebondirdans
un autre univers. Sans doute en resterat-il quelquechosedans mes prochaines collections. » Comme cette splendide tenue
de dominatrice SM, imaginée pour la méchante reinexorsetdecuirsouple, manches
ballon et col façon cage, le tout surmonté
d'une haute couronne de cheveux noirs.
S
25 septembre - 01 octobre 2008 (2/3)
Preljocaj
réveille Blanche'Neige
llétaitunefoisunchorégraphequiavaitenviedes'amuser...Lesorcierd'Aix
livre une version décapante du conte de Grimm, rythmée par Manier
et relOOkée par Gaultier. Répétitions. «LAURENCELIBAN/PHOTOS:JCCARBONNE
n jour, le bruit courut
qu'Aiigelin Preljocaj allait créer un nouveau
ballet, intitulé BlancheNeige. La mythique princesse des frères Grimm
allait-elle vraiment prendre sa place
à la suite de Cendrillon au répertoire
de la danse universelle ? C'était une
drôle de nouvelle, assez déstabilisante,
il faut le dire, au regard du palmarès
preljocajien, pas spécialement porte
sur la bluette. Mais le bruit se fit évidence lorsqu'on annonça que les
costumes seraient signés Jean Paul
Gaultier. Là, c'était le pompon !
Blanche-Neige en pull marin avec des
seins pointus comme des missiles ? Il
fallait en avoir le cœur net. On fit donc
le voyage à Aix-en-Provence par un
jour de canicule où le Pavillon-Noir,
siège de la compagnie du maître, tremblait dans l'air surchauffé.
Un-deux-trois / Deux-deux-trois
De loin comme de près, le PavillonNoir ressemble au palais de la méchante reine. Sombre comme une caverne, caparaçonné de vitres fumées
et bardé de poutrelles métalliques, il
domine de sa froide beauté les toits
roses de la ville. Une fois la porte poussée, deux volées de marches conduisent au saint des saints, autrement dit
au studio, d'où s'échappent des lambeaux de musique aux couleurs fortes
et au rythme puissant. Auraient-ils
embringué le compositeur Gustav
Mahler dans l'affaire ? Ces gens-là
sont capables de tout.
Sur chaque marche, un nom est imprimé en noir sur le béton gris. Il s'agit
de la liste des danseurs appartenant,
ou ayant appartenu, à la compagnie.
Une ultime porte et nous voilà dans
la place, en pleine lumière. Assis sur
une chaise, arborant un survêtement
bleu à bandes blanches et une barbe
de deux jours, un homme compte tout
haut : « Un-deux-trois / Deux-deuxtrois... Un-deux-trois / Deux-deuxtrois... Ça change, les comptes, mais
c'est le même mouvement », lancet-il aux danseurs essoufflés. Preljocaj
- car c'est bien lui - gagne le centre
de la scène. Faisant passer ses bras en
arceau au-dessus de sa tête en commençant par l'arrière, il cherche un
enchaînement avec les gestes précédents. Tout le monde se met à l'imiter. « C'est clair ? Si oui, vous avez de
la chance, car moi, je n'y suis pas. Il
faut que je dorme plus. Vous êtes capables de faire ça ? » Ils le sont.
Yakati-yakatam-pa-pa
Pris entre deux portes à la pause, le
Franco-Albanais avoue : « J'avais envie de réenchanter ma danse. » Elégante façon de dire qu'il souhaitait ••«
Mahler mène la danse
\
Pour la danse des chasseurs, Preljocaj a
choisi une séquence cadencée, utilisée en
leitmotiv.» Intuitivement, je mesuis tourne
vers Gustav Mahler, dont la musique est
porteuse d'un imaginaire fort. Mais il faut
veiller à ne pas se laisser emporter par la
ligne mélodique en contrant le côté mielleux decertains passages. «Patchwork d'extraits d'une dizaine de symphonies, la partition a été enregistrée par l'Orchestre de
l'Opéra de Berlin,où le ballet est programme.
25 septembre - 01 octobre 2008 (3/3)
La princesse et le chorégraphe
,r
Interprétée ici par NagisaShirai, BlancheNeige gambade sous le regard du chorégraphe. Cest la première fois que les
26 danseurs delà compagnie sont mobilisés pour un seul ballet. Ilssont, la plupartdu temps,en tournéeaveclesspectacles du répertoire, tels Eldorado, Noces,
EmptyMoves, Les 4 Saisons, etc.
Tenues de chasse signées JPG
Cuissardes, harnais, I u nettes d'aviateur...
les chasseurs découvrentavec ravissement la panoplie imaginée parGaultier
et com plétée par l'éq u i pe de costu m iers
et couturiers du Pavillon-Noir, pas en
reste d'imasi nation.
Prince ou torero ?
Première séance d'essayage, un jour
de juillet, juste avant le départ en vacances des danseu rs. Ici, l'habit d u Pri nee
(Sergio Diaz sur la photo) trahit des influences tau romachiques.Gaultiera pu,
jusqu'à la fin du mois d'août, retravailler ses patrons, 63 au total.
••• s'amuser un peu, offrir un plaisir
simple a sa compagnie D'ailleurs, au
dejeuner, les filles confirment « Pour
une fois, quand des copains nous de
mandent ce qu'on fait, ils situent tout
de suite le truc Ça permet de discuter »
A la reprise de 15 heures, les garçons
répètent la scène des chasseurs tan
dis que Manier met la gomme, boumboum-boum, musique superefficace
qui vous vrille le cerveau Taillée au
carre, la séquence est amusante a regarder Et haute en couleur tee shirts
multicolores, avec ou sans manches,
shorts courts et pantalons a une jambe
dévoilant des mollets ronds ou longs
Toutes les morphologies sont permises ici - on n est pas a I Opera de
Paris On jurerait une equipe de rugby
fantaisiste Comme le sport, la danse
est l'un des rares métiers d'équipe
aussi physiques Sauf que la, il n'y a
pas de violence seulement la joie palpable de creer quelque chose ensemble « Yakati-yakatam pa-pa on
le refait en musique ? » demande le
chorégraphe
Hahi-haho
Avant de partir on furète un peu Et
on tombe sur une sorte de mur d'escalade de 10 metres de hauteur Dans
ce mur sont ménagées des cavités
d ou jaillissent les sept nains de retour dè la mme hahi-haho ' Harnaches comme des grimpeurs en mon
tagne, les garçons s'exercent a sortir
de leurs trous pour arpenter la verti-
cale, se propulsant d'un coup au som
met de la paroi, redescendant aussi
vite, effectuant d'aériennes roulades
et autres precieuses gracieusetés Enfin pas vraiment Pour le moment, ils
ont tendance a se cogner les uns aux
autres Pourtant, reconnaît l'un d'eux,
« quelqu'un de l'école du cirque de
Châlons [ en Champagne] est venu
nous donner des cours » Maîs lou
jours pas de Blanche Neige ni de ma
ratte a l'horizon
Début septembre on décide de re
tourner a Aix pour une descente sur
prise au Pavillon Et là, on tombe dans
le mille, en plein filage La méchante
reine (elles sont deux , d ailleurs,
presque tous les rôles sont doubles)
se livre a une danse d'un erotisme lor
ride II faut dire que Gaultier a mis la
gomme et que les danseuses sont superbes Elles ne feront qu'une bouchée de la gamme revêtue, elle d une
simple robe blanche Alors le cerf fait
son entree confiant puis affole Les
chasseurs lui arracheront le cœur afin
de le rapporter a la reine comme
preuve de la mort de Blanche-Neige
« C'est une histoire tragique », re
connaît Preljocaj « Une histoire de
sexe », assurait le psychanalyste Bruno
Bettelheim De toute façon, elle est
trop méchante la méchante
reine ' • L. L.
Biennale de /a danse de Lyon, Maison
de la danse Du 25 septembre au 4 octobre
Theâtre national de Chai I lot, Paris (XVIe)
Du 10 au 25 octobre
22 septembre 2008 (1/2)
leauideculturBH
Quand le plus inventif des chorégraphes,
Angelin Prel|oca|, et le plus facétieux des
couturiers, Jean Paul Gaultier, s'allient pour
reinventer un conte de fées, cela donne un
« Blanche-Neige » aussi détonant qu'enchanté
« Réenchanter ma danse », c'est ce que dit immédiatement
Angelin Preljoca| de « Blanche-Neige », ta nouvelle création.
« Après quèlques spectacles plus abstraits, fai ressenti le besoin
de raconter simplement une histoire, de puer avec la machinerie,
les illusions du theâtre, et de revenir aux fondements de ma
danse » Bizarre, comme si Prel|oca| s'était perdu de vue, alors
mème qu'il signait encore dernièrement un « Empty Moves »
magnifique sur une conference de John Cage, et que le cinéaste
Olivier Assayas filmait sa pièce « Eldorado » sur la musique
magistrale de Karlhemz Stockhausen En Fait, c'est peut-être bien
la qu'il faut chercher la raison de ce « Blanche-Neige » magnifié
par les symphonies postromantiques de Gustav Mahler Prel|oca| veut se focaliser sur sa danse, sur sa gestuelle, sans qu'elles
doivent repondre a desmusiquesexpenmentales «Reenchanter
la danse », c'est alors choisir de raconter une histoire magique,
connue de tous pour toucher chacun, a fortiori un conte passe
entre les mains de Walt Disney Et le défi n'est pas absent, car
comment s'approprier un univers que le dessin anime a définitivement fixe dans nos memoires et trouver la possibilité d'un nouveau ballet classique ' « ll faut travailler l'intemporel, repond le
chorégraphe De la même manière que les freres Gnmm n'ont
pas voulu faire de la litterature, maîs qu'ils ont choisi d'écrire la
langue la plus simple et directe qui soit, sans figures de style, c'est
en travaillant l'épure qu'on touche à l'essentiel »
« Epure » certes, maîs, comme toujours, Angelin Prel(oca) s'est
arrange pour trouver un contre-pouvoir. D'où le choix ébouriffant de Jean Paul Gaultier pour les costumes Celui qu'on a dé|à
connu délirant dans ses dix annees de collaboration avec une
autre chorégraphe, Régine Chopmot, se lâche ici tout en suivant
précisément les directives du maître à danser « Dans mes der
meres collections, il y avait des Peau d'Ane, des princesses
qui étaient des princes, des petites sirènes Bref, le conte de
fées était partout present Alors, bien sûr, on verra des allers
retours avec mon travail, mes obsessions la reine mère en dominatrice SM, les courtisans tout en boursouflures, et des tas de crinolines en cage J'ai beaucoup "encagé", normal quand le
chorégraphe s'appelle Prel|oca| I Maîs fai aussi compris son
souci de s'éloigner de l'univers Technicolor de Disney, et même
d'aller vers quelque chose de plus sombre Par exemple, rompre
avec le pittoresque burlesque des nains, et en faire des personne
ges inquiétants, comme les membres d'une secte troglodyte » Le
conte danse se pare alors d'une dimension fantastique qui n'est
pas sans rappeler le supplice final de la méchante reine inventée
par les frères Gnmm, évacue par Disney une reine en mules de
Fer chauffées a blanc condamnée à « danser jusqu'à ce que mort
s'ensuive » I Et on se dit que Prel|oca| retrouve là ce qu'il travaille
depuis des annees, depuis « Paysage apres la bataille » en passant par « N » la violence et la cruauté, qui sont aussi le cœur
des contes de fées
LAURENT GOUMARRE
• « Blanche-Neige », d'Angelin Preijoca) Du 25 septembre au
4 octobre, Biennale de la danse, Lyon 10-25 octobre, Theâtre national
de Chaillot, Pans-1 à*. 30 et 31 octobre. Opera de Rouen.
22 septembre 2008 (2/2)
Le chorégraphe Preljocaj et
les merveilleux costumes de
Gaultier : la marâtre SM et
son roi ténébreux.
Septembre 2008 (1/2)
Parenthèse féerique dans l'œuvre d Angelm Preljocaj, cette Blanche Neige créée à la Biennale,
est un ballet narratif, avec une histoire fidèle jusqu'au bout à la version des frères Gnmm Et les
costumes de Jean-Paul Gaultier en décuplent l'atmosphère fantastique.
Par Laurent Goumarre
Une Blanche Neige
très noire
Septembre 2008 (2/2)
« Je voulais revenir a la narration »,
déclare Angelm Preljocaj pour expliquer le
choix de Blanche Neige, sa creation pour
la Biennale de Lyon Apres les Quatre
Saisons, Empty Moves, Eldorado, il fallait
donc operer un retour Ces changements
de cap définissent suffisamment le parcours du chorégraphe en aller et retour entre
pieces abstraites et formes narratives —
Questions à
Jean-Paul Gaultier
Comment travailler les costumes de Blanche Neige quand ils ont eté fixes dans l'imaginaire collectif par le dessin animé de Malt Disney?
J.-P. G C est incontestable, on a tous en tête les robes de Blanche-Neige, de la
d'une collaboration avec le Ballet de
Méchante Reine, ete Mon travail a ete de ne pas me laisser déborder par ça, maîs d'en
jouer parfois et de savoir m'en éloigner aussi Par exemple, Angelm ne voulait pas que
l'Opéra de Paris, dernier exemple en date
le Songe de Medee (2004) — pour qu'on ait
tes, rien de burlesque Pour la Cour, j'ai pu travailler des costumes boursoufles qui
a y revenir Maîs s'appuyer sur un conte,
donnent l'idée de fanfaronnade Le nom "Blanche Neige ' est déjà en soi un programme
une des formes matricielles de la littera-
de costume qui éloigne du jaune et bleu de la robe de Disney Le costume quej'ai
adore faire reste celui de la Méchante Reine qui est, jusque dans la danse que lui a
ecrite Angelm, un vrai personnage avec une belle ntensite dramatique La, j'ai pu lais-
notamment travaillées
dans
le
cadre
ture, signifie peut-être autre chose qu'un
simple retour au récit Travailler Blanche
Neige, soit un conte peu danse (1) contrai-
les nains rappellent Disney ll les voyait plutôt comme une secte d'étranges troglody-
ser aller des fantasmes de dominatrice dans un costume de maîtresse SM
rement aux versions de ta Belle au bois
dormant, de Casse Noisette et autre
Cendnllon, ce serait pour Preljocaj cher-
Vous aviez déjà réalisé des costumes pour la danse : dix ans de collaboration avec
cher d'une part a élaborer ce que pourrait
être un nouveau 'classique', d'autre part
Avec Karole Armitage, il n'y pas vraiment eu de collaboration, on disait amen à tout ce
a retravailler les fondements de sa propre
danse £t c'est dans ce sens qu'on com
sionnant Au depart, j'avais tente de coller aux quèlques directions qu elle me don-
prendra son désir d'opérer, je cite, « un
reenchantement de ma danse », une for
mule étrange qui pourrait être entendue,
en sous-texte, comme le constat d'une
danse désenchantée
Régine Chopinot, une fois avec Karole Armitage pour Pinocchio ..
queje faisais, ça n'avait pas grand interêt Avec Régine, ce fut autrement plus pas
nait, tres vite, j'ai compris quej avais une totale liberte et qu'elle était suffisamment
forte pourfaire avec ce queje lui proposais et d enjouer, même quand les costumes
pouvaient a priori empêcher la danse Je pense au Défile, ou le rapport costumes/
danse s'était inverse Avec Angelm, I histoire est différente il y a un conte un univers,
des d rect ves et le plus réjouissant, c'est que cela est venu croiser ce que je tra
vaillais de mon côte pour la mode une petite sirène, des princesses qui sont des prin
ces, Peau d'Ane Bref l'univers de conte de fées était IQ, ne manquait plus que le
Danser jusqu'à ce que
mort s'ensuive
passage a la scene Comme avec Régine, on pourra retrouver des elements de ce
ll y aurait donc la le souci de vouloir retrou-
Une derniere chose par rapport a Angelm son nom "Preljocaj" m'a particulièrement
ver un plaisir premier a la danse, qui n'est
pas sons évoquer les dernieres prises de
positon d'autres chorégraphes, on pense
dans un autre registre a Mathilde Monmer
qui, depuis sa pièce "rock" Publique jusque
dans sa "comedie musicale" 2008 Vallee
avec Philippe Katenne, pointe ce désir du
prmc pe de plaisir deculpab lise dont elle
inspire, j'ai beaucoup ' encage' ça donne des crinolines à ma façon, en forme de cage,
ce sont des volumes qui ne sont pas encombrants que le regard traverse Quand vous
trouvez l'idée de vêtements dans le nom même du chorégraphe, c'est magique
quej ai é l a b o r e pour la danse dans mes prochaines collections, notamment la, en
septembre
et pas seulement de bal de Cour, maîs de
cette ultime danse de mort sur laquelle
souliers qui mènent la danse au risque de
la mort, voila une dimension violente qui
s'était peut-être ela gnee
s'achève cruellement l'histoire — ce qui
explique peut-être que les chorégraphes
fait de ce conte le récit d'un rapport personnel a la danse entre principe de plaisir
Travailler le conte c'est aussi réfléchir sur
s'en soient méfiés, du moins qu'ils l'aient
et pulsion de mort
le parcours d'une écriture qu'on veut faire
évoluer vers une épure « Pour rester
maintenue lom de leur travail comme une
intemporel, analyse Preljocaj, le conte
Méchante Reine que se termine le conte,
doit
l'image chorégraphique de la Marâtre
chaussee de mules de fer chauffées a
malédiction Car c'est sur la torture de la
*
(I) A/ D i R Citons la version de Serge Lt f or sur la par
titton de Serge Prokofiev créée en 1951 a I Opera de
Gnmm n'avaient surtout pas l'ambition de
faire de la litterature » Ce rapport a l'intemporel témoigne bien de cette volonté
de trouver les bases d'un nouveau classi-
blanc, qui devra « danser jusqu'à ce que
le lien avec celle d'un autre conte, les
Paris avec Liane Dayde dans le rôle titre et Nina Vyrou
bova dans celui de la Reine une SHOW White de Paul
Taylor (1983) sur une mus que de Donald York ainsi
qu une version de 2005 de Ricardo Cue sur une créât on
musicale d Cmilio Aragon avec Tamara ROJO dans le
rôle titre et le Ballet du Theatre Arnaga de Bilbao que
I on peut trouver en DVD chez Deutsch Gramophon
(?) H D L R Maîs souvenons nous que le terme dan
ser a longtemps ete synonyme de souffrir sous la for
que A ce niveau, le choix de faire danser
Chaussons rouges de Nans Christian
Andersen, a l'origine d'un 'classique" du
film de danse signe Michael Powell Les
ture ou de contraindre qtietqu un a esqu ver des coups
et que mettre les brodequins est le nom d un supplice
célèbre qu consista t a serrer entre deux planches de
bois les jambes d un condamne soumis a la question
passer
par
une
langue
précise,
dépouillée, sans effet de style Les Freres
Blanche Neige n'est pas innocent, car il
est bien question de danse dans ce conte,
mort s'ensuive » (2) Or, cette danse menée
pas les souliers chez les Frères Gnmm fait
Novembre 2008
CARNET CRITIQUE
Dansez,
maintenant
par Paul Hilarïon
a peau blanche comme
la neige, les levres rouges
'mme le sang, les yeux
et les cheveux noirs comme
l'ebene On pourrait ajouter
a la description de Gnmm
gracile comme une gazelle,
légère comme une ballerine
Au theâtre de Chaillot a Pans,
fin octobre, Blanche Neige est
apparue plus vraie que nature,
a moitié dénudée dans un
drape immacule conçu par
Jean-Paul Gaultier (les nains
n'étaient pas indifférents),
incarnation magique de
l'innocence et de la sexualité
mêlées En s'attaquant a ce
conte celebnssime, Angelin
Preljocaj aurait pu tomber
dans la mièvrerie ou la
vulgarité Une bonne fée l'a
inspire Le chorégraphe a eu
l'intelligence de coller au plus
pres a l'histoire, et d'en
restituer ainsi toute la richesse
symbolique l'omniprésence
du désir, la fuite du temps
qui altère, la jalousie meurtrière
La gestuelle est inventive,
magnifiquement interprétée
par la troupe de Preljocaj, et
la mise en scene, bourrée de
belles idees ainsi, le passage
a l'âge adulte de l'héroïne qui
grandit en quèlques secondes
grâce a d'habiles substitutions
d'interprètes, l'envol de
la belle-mère, métaphore
de la mort qui emporte
sa proie, les evolutions
acrobatiques des troglodytes
nains qui virevoltent a la
verticale avec une légèreté
inouïe, et le duo désespère du
prince avec le corps inerte de
sa belle Tout est réussi dans
ce bailet les costumes d'un
Gautier inspire (la terrible bellemère juchée sur ses talons
hauts est sexy en diable), les
décors superbes de Thierry
Leproust qui jouent eux auss
avec les symboles, I utilisation
des symphonies de Mahler
qui semblent écrites pour
le drame Apres une rentree
chorégraphique abondante
(le spectacle Jerome Robbins
du ballet de I Opera de Pans a
Garnier était sublime), Blanche
Neige ressuscitee par Preljocaj
est une perle scintillante,
un spectacle enchante,
qui célèbre la réconciliation
de la creation contemporaine
avec la narration, l'esthétique,
et surtout le sens N'est ce pas
ce que nous attendons de
la danse qu elle nous raconte
une histoire, et réveille en nous
des sentiments profonds que
les mots sont impuissants a
dire' Nul doute que ce beau
ballet romantique (qui entame
une longue tournee en France
et en Europe) ne devienne
tres vite un classique
BALLET PRELJOCAJ
CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL
1985 : la naissance d’une compagnie
Créée en décembre 1984, la Compagnie Preljocaj devient Centre Chorégraphique National de
Champigny-sur-Marne et du Val-de-Marne en 1989.
En 1996, elle est accueillie à la Cité du Livre à Aix-en-Provence et devient Ballet Preljocaj - Centre
Chorégraphique National de la Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, du Département des Bouchesdu-Rhône, de la Communauté du Pays d’Aix, de la Ville d’Aix-en-Provence.
Une renommée internationale
Le Ballet Preljocaj est aujourd’hui constitué de 26 danseurs permanents, plus de 100 représentations
par an sont effectuées en France comme à l’étranger. Depuis la création de sa compagnie, Angelin
Preljocaj a créé 46 chorégraphies, du solo aux grandes formes.
Angelin Preljocaj s’associe volontiers avec d’autres artistes parmi lesquels Enki Bilal (Roméo et
Juliette, 1990), Goran Vejvoda (Paysage après la bataille, 1997), Air (Near Life Experience, 2003),
Granular Synthesis (« N », 2004) et Fabrice Hyber (Les 4 saisons…, 2005), Jean Paul Gaultier
(Blanche Neige, 2008), Constance Guisset (Le funambule, 2009), ), Claude Lévêque (Siddharta,
2010), Laurent Garnier et Subodh Gupta (Suivront mille ans de calme, 2010).
Ses créations sont reprises au répertoire de nombreuses compagnies, dont il reçoit également des
commandes. C’est le cas notamment de La Scala de Milan, du New York City Ballet, du Staatsoper
de Berlin et du Ballet de l’Opéra national de Paris.
Une implantation locale
Outre la diffusion de ses pièces dans le monde entier, le Ballet Preljocaj multiplie les actions de
proximité à Aix-en-Provence et dans la région afin de faire découvrir la danse au plus grand
nombre : lectures, vidéodanse, répétitions publiques, stages et ateliers de pratique, interventions
dansées dans l’espace urbain… un dispositif complet a été mis en place pour permettre au public de
voir la danse autrement.
2006 : l’ouverture d’un lieu pour la danse à Aix-en-Provence
En octobre 2006, le Ballet Preljocaj a investi son nouveau lieu conçu par l’architecte Rudy Ricciotti :
le Pavillon Noir est le premier centre de production construit pour l’activité qu’il abrite où les artistes
peuvent mener leur processus de création en intégralité, du travail en studio à la représentation sur
scène. Dans son Théâtre et ses quatre studios, des rencontres et des spectacles de danse sont
proposés toute l’année : ceux d’Angelin Preljocaj et de compagnies invitées.
www.preljocaj.org
BLANCHE NEIGE
ANGELIN PRELJOCAJ
CRÉATION 2008
N
Nagisa Shirai © Jean-Claude Carbonne
CONTACTS
Direction ⎟ Nicole Saïd, [email protected]
Production / diffusion ⎟ Emmanuelle Mandel, [email protected]
Alice Dumas, [email protected]
Communication ⎟ Sophie Paul, [email protected]
Tél : + 33 (0)4 42 93 48 00 - Fax : + 33 (0)4 42 93 48 01
26/03/14
BLANCHE NEIGE
CRÉATION 2008
À la Biennale de la danse de Lyon
Pièce pour 25 danseurs
Chorégraphie Angelin Preljocaj
Costumes Jean Paul Gaultier
Musique Gustav Mahler
Musique additionnelle 79 D
Décors Thierry Leproust
Lumières Patrick Riou assisté de Cécile Giovansili-Vissière et Sébastien Dué
Assistant, adjoint à la direction artistique Youri Van den Bosch
Assistante répétitrice Natalia Naidich
Choréologue Dany Lévêque
Conseiller acrobaties verticales Alexandre del Perugia
Danseurs (distribution à confirmer)
Réalisation décors Atelier Atento
Réalisation costumes Les Ateliers du Costume
Spectacle créé en résidence au Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence
Coproduction
Biennale de la danse de Lyon / Conseil Général du Rhône, Théâtre National de Chaillot
(Paris), Grand Théâtre de Provence (Aix-en-Provence), Staatsballet Berlin (Allemagne)
Remerciement à Jean Paul Gaultier
Chorégraphie primée aux Globes de Cristal 2009
Le Ballet Preljocaj, Centre Chorégraphique National, est subventionné par le Ministère de la
culture et de la communication – DRAC PACA, la Région Provence-Alpes-Côte dʼAzur, le
Département des Bouches-du-Rhône, la Communauté du Pays dʼAix et la Ville dʼAix-enProvence. Il bénéficie du soutien du Groupe Partouche - Casino Municipal dʼAix-Thermal, de la
Fondation dʼentreprise Total, des entreprises membres du Carré des mécènes, des individus et
entreprises membres du Cercle des mécènes, pour le développement de ses projets.
BLANCHE NEIGE
Pourquoi Blanche Neige ?
Jʼavais très envie de raconter une histoire. Avant cela, avec Empty moves puis Eldorado
(Sonntags Abschied), jʼai conçu des pièces très abstraites et, comme souvent, jʼavais le désir
de prendre le contre-pied, dʼécrire quelque chose de très concret et dʼouvrir une parenthèse
féerique et enchantée. Pour ne pas tomber dans mes propres ornières sans doute. Et aussi
parce que, comme tout le monde, jʼadore les histoires.
Un ballet narratif
Blanche Neige est un ballet narratif, avec une dramaturgie. Les lieux sont représentés par les
décors de Thierry Leproust. Les danseurs incarnent les personnages dans des costumes de
Jean Paul Gaultier.
Ce nʼest pas Le mythe ou La légende de Blanche Neige mais bel et bien Blanche Neige. Cʼest
vraiment son histoire…
Raconter une histoire avec la danse
Cʼest délicat et cʼest cela qui est passionnant. Comment faire comprendre lʼhistoire ?
Dans LʼAnoure, jʼavais choisi de faire entendre le texte de Pascal Quignard dans la bande-son.
Mais avec Blanche Neige, je me repose sur un argument que tout le monde connaît, ce qui me
permet de me concentrer sur ce que disent les corps, les énergies, lʼespace et sur ce que les
personnages ressentent et éprouvent afin de donner à voir la seule transcendance des corps.
Et puis Blanche Neige contient des objets merveilleux pour lʼimaginaire dʼun chorégraphe.
Les symboles du conte
Je suis fidèle à la version des frères Grimm, à quelques variations personnelles près, fondées
sur mon analyse des symboles du conte. Bettelheim décrit Blanche Neige comme le lieu dʼun
Œdipe inversé. La marâtre est sans doute le personnage central du conte. Cʼest elle aussi que
jʼinterroge à travers sa volonté narcissique de ne pas renoncer à la séduction et à sa place de
femme, quitte à sacrifier sa belle-fille.
Lʼintelligence des symboles appartient aux adultes autant quʼaux enfants, elle parle à tous et
cʼest pour cela que jʼaime les contes.
Un ballet contemporain et romantique
Ce ballet revêt une importance particulière pour moi - et je revendique le terme de « ballet » puisquʼil réunit tous les danseurs de la compagnie. Ils dansent sur les symphonies de Mahler
dont les débordements magnifiques sont dʼessence romantique. Historiquement, les contes de
Grimm le sont aussi, même si leur style épuré nous ramène à une forme de contemporanéité.
Cʼest une entreprise délicate que de chercher à émouvoir. La musique de Mahler est à
manipuler avec une immense précaution mais cʼest un risque que jʼai envie de prendre.
Angelin Preljocaj
Entretien avec Agnès Freschel
Mars 2008
ANGELIN PRELJOCAJ
CHORÉGRAPHIE
Né en France en 1957, de parents albanais, Angelin Preljocaj
débute des études de danse classique avant de se tourner vers
la danse contemporaine auprès de Karin Waehner.
En 1980, il part pour New York afin de travailler avec Zena
Rommett et Merce Cunningham, puis continue ses études en
France auprès de la chorégraphe américaine Viola Farber et du
français Quentin Rouillier.
Il rejoint ensuite Dominique Bagouet jusquʼà la création de sa
propre compagnie en décembre 1984. Il a chorégraphié depuis
46 pièces, du solo aux grandes formes.
Angelin Preljocaj sʼassocie régulièrement avec dʼautres artistes
parmi lesquels Enki Bilal (Roméo et Juliette, 1990), Goran
Vejvoda (Paysage après la bataille, 1997), Air (Near Life
Experience, 2003), Granular Synthesis (« N », 2004), Fabrice
Hyber (Les 4 saisons…, 2005), Karlheinz Stockhausen (Eldorado - Sonntags Abschied, 2007),
Jean Paul Gaultier (Blanche Neige, 2008), Constance Guisset (Le funambule, 2009), Claude
Lévêque (Siddharta, 2010), Laurent Garnier et Subodh Gupta (Suivront mille ans de calme,
2010)…
Ses créations sont reprises au répertoire de nombreuses compagnies, dont il reçoit également
des commandes, cʼest le cas notamment de La Scala de Milan, du New York City Ballet et du
Ballet de lʼOpéra national de Paris.
Il a réalisé des courts-métrages (Le postier, Idées noires en 1991) et plusieurs films, notamment
Un trait dʼunion et Annonciation (1992 et 2003) pour lesquels il a reçu, entre autres, le « Grand
Prix du Film d'Art » en 2003, le « Premier prix Vidéo-danse » en 1992 et celui du Festival de
Vidéo de Prague en 1993. En 2009, il réalise le film Blanche Neige et en 2011 il signe, pour Air
France, le film publicitaire LʼEnvol, qui reprend la chorégraphie du Parc.
Il a également collaboré à plusieurs réalisations cinématographiques mettant en scène ses
chorégraphies : Les Raboteurs avec Cyril Collard dʼaprès lʼœuvre de Gustave Caillebotte en
1988, Pavillon Noir avec Pierre Coulibeuf en 2006 et Eldorado / Preljocaj avec Olivier Assayas
en 2007.
Plusieurs ouvrages ont été édités autour de son travail, notamment Angelin Preljocaj en 2003,
Pavillon Noir en 2006, Angelin Preljocaj, Topologie de lʼinvisible en 2008 et Angelin Preljocaj,
de la création à la mémoire de la danse en 2011.
Au cours de sa carrière, il a reçu plusieurs reconnaissances parmi lesquelles le « Grand Prix
National de la danse » décerné par le Ministère de la culture en 1992, le « Benois de la danse »
pour Le Parc en 1995, le « Bessie Award » pour Annonciation en 1997, « Les Victoires de la
musique » pour Roméo et Juliette en 1997, le « Globe de Cristal » pour Blanche Neige en 2009.
Il est Officier des Arts et des Lettres, Chevalier de la Légion dʼhonneur et a été nommé Officier
de lʼordre du Mérite en mai 2006.
Aujourdʼhui composé de 26 danseurs permanents, le Ballet Preljocaj est installé depuis octobre
2006 au Pavillon Noir à Aix-en-Provence, un lieu entièrement dédié à la danse dont Angelin
Preljocaj est le directeur artistique.
Photo © Lucas Marquand-Perrier
JEAN PAUL GAULTIER
COSTUMES
Né à Arcueil en 1952.
Cʼest enfant déjà quʼil fait ses premiers dessins de modèles haute
couture, puisant son inspiration dans l'univers urbain qui l'entoure. La
mode se révèle être une véritable passion.
Dès 18 ans, il rejoint l'équipe de Pierre Cardin, passe chez Jacques
Esterel puis chez Jean Patou, pour finalement revenir chez Cardin en
1974.
Il lui faut attendre 1976 pour voir ses idées se concrétiser. Sa
première collection de vêtements fait une entrée fracassante dans
l'univers de la mode. Le style Gaultier est né.
Le créateur aime étonner et mélanger les styles. Son propre look (pull marin, kilt et coupe
brosse blond platine) fait de lui un personnage culte.
Celui que l'on appelle "l'enfant terrible de la mode française" révolutionne sans cesse cette
dernière, avec en 1980 la récupération de la mode : cuirs de voitures et boîtes de conserve
deviennent vêtements et bijoux, la Robe Corset en 1983, suivis de la jupe pour homme deux
ans plus tard.
Son succès triomphal lui permet d'affirmer son combat contre les barrières raciales et
géographiques, contre l'intolérance. Les thèmes de ses collections illustrent bien sa volonté de
mélanger les genres et de rompre les codes : La concierge est dans lʼescalier, Les Rock-Stars,
Une garde-robe pour 2, Black Beauties, Barbes...
Devenu le « chouchou » du show-business, il a collaboré avec plusieurs vedettes, dont
Madonna pour qui il a créé le fameux corset aux bouts coniques.
Il réalise aussi des costumes pour des longs-métrages tels que Le Cinquième Elément de Luc
Besson, et d'autres pour la chorégraphe Régine Chopinot.
Après la mode, les accessoires et les costumes de scène, il crée le parfum qui garde sa place
parmi les best-sellers depuis plus dʼune décennie.
En 1997 il réalise son rêve dʼenfance avec la présentation de son premier défilé haute couture
et la fondation de sa maison Haute Couture Gaultier Paris.
www.jeanpaulgaultier.com
Photo © DR
THIERRY LEPROUST
DÉCORS
Né en 1948 dans la Nièvre, Thierry Leproust sʼest formé à lʼEcole
Boulle en architecture intérieure, design et sculpture. Il vit et travaille à
Paris.
Parallèlement à son activité de plasticien, il mène depuis 1983 une
carrière de scénographe pour lʼopéra, le théâtre, la danse et de chef
décorateur au cinéma.
Depuis 1975, il expose régulièrement son travail de plasticien en
France et à lʼétranger. Ses oeuvres figurent dans plusieurs collections
publiques et privées.
Il a déjà réalisé les décors de plusieurs créations dʼAngelin Preljocaj : Amer America (1990), La
Peau du Monde (1992), Le Parc (1994), LʼAnoure et LʼOiseau de feu (1995), Casanova (1998),
Le Sacre du printemps (2001), Le Songe de Médée (2004). Il a également collaboré avec les
chorégraphes Nadine Hernu, Blanca Li et Patrick Salliot.
Au théâtre, il a créé des décors pour Roger Planchon : Ionesco (TNP), Le triomphe de LʼAmour,
LʼAvare (Théâtre de Berlin), Le Radeau de la Méduse (TNP), La Dame de chez Maxime (Opéra
Comique) et Jacques Rosner : Le Mariage de Gombrowicz (Comédie-Française), Ivanov de
Tchékhov (Théâtre 14 Paris) et Gorki (Moscou). Il a également travaillé pour Garance, Marie
Hermès et Simone Amouyal (Théâtre de la Criée, Marseille).
Pour lʼopéra, il a signé les décors pour Christian Gangneron, dans les productions de Don
Giovanni et Cosi fan tutte de Mozart, Orfeo de Monteverdi, Carmen de Bizet (Opéra de
Lisbonne), Pia de Tolomei de Donizetti (Fenice de Venise), Riders to the Sea (Opéra de Reims)
jusquʼà sa dernière création, Les Sacrifiées (Maison de la Musique, Nanterre).
Au cinéma, il a signé les décors de 7 films de Michel Deville dont La Lectrice et Le Paltoquet
ainsi que Dandin de Roger Planchon. Il a également travaillé pour Roger Coggio, Eric Heumann
et Marion Hansel dont il a créé les décors de 4 réalisations, la dernière étant Si le vent soulève
les sables en 2006.
Photo © DR
PATRICK RIOU
LUMIÈRES
Après plusieurs années dʼétudes au Conservatoire de Musique de Toulon et de formation en
lutherie, Patrick Riou débute sa carrière dans le monde du spectacle aux côtés du chorégraphe
François Verret. Il se découvre alors une passion pour la danse auprès de grands éclairagistes
tels que Rémy Nicolas, Jacques Chatelet, Pierre Colomère…
Ces expériences lui permettent de travailler dans les univers variés des chorégraphies de
Joseph Nadj, François Raffinot, Karine Saporta, Kubilaï Khan Investigation, Catherine
Berbessous, Philippe Genty et Angelin Preljocaj, pour qui il signe les lumières de Personne
nʼépouse les méduses (1999), Portraits in Corpore (2000), Helikopter et MC 14/22 - Ceci est
mon corps (2001), Near Life Experience (2003).
ASSISTÉ DE CÉCILE GIOVANSILI-VISSIÈRE ET SÉBASTIEN DUÉ
Après avoir travaillé avec Hans Peter Cloos, Peter Brook ou Alexis Moati, Cécile GiovansiliVissière rejoint le Ballet Preljocaj en 2001. Elle participe aux créations dʼAngelin Preljocaj et
signe les lumières de Eldorado (Sonntags Abschied) et Haka en 2007, Suivront mille ans de
calme en 2010, Royaume Uni et Ce que jʼappelle oubli en 2012, Les Nuits en 2013.
Après des études de musicologie, Sébastien Dué rejoint le Ballet Preljocaj comme régisseur
lumière. En tant quʼéclairagiste, il a signé les lumières des créations de Samir Elyamni.
EXTRAITS DE PRESSE
Angelin lʼenchanteur
Preljocaj et Gaultier relookent « Blanche Neige » à la Biennale de Lyon.
Sa Blanche Neige dans les décors féeriques de Thierry Leproust est un ravissement : surtout
son inquiétante forêt et son miroir noir comme un gouffre. Tout est parfaitement agencé, les
rôles bien distribués, les symboles justement maniés, et la danse respire jusque dans des pas
de deux amoureux ou mortels. « Cʼest un risque que jʼai eu envie de prendre, dit Angelin
Preljocaj, celui de créer un grand ballet contemporain… et romantique ».
Objectif atteint avec pomme et miroir, nains (sexuellement timides, si lʼon se réfère aux
détournements pornographiques du conte), cerf gambadant, lutins maléfiques… Tout est là
sans que cela vire au Disneyland. Jean Paul Gaultier qui signe les costumes, a évité les notes
trop enfantines. (…) Les créateurs ne semblent pas trop attirés par la princesse des frères
Grimm. Ils préfèrent la marâtre, Domina gainée de noire, majestueuse. Dʼailleurs, cʼest elle qui
clôt le ballet avec un solo furieux qui ne laisse guère de chance à la tendre Blanche Neige plutôt
dans le registre de lʼévanescence ou de lʼévanouissement – même si le prince en habit de
torero de salon vient prendre sa défense. Cette version du conte, cette mise en ballet est
réfléchie, bien tournée, on passe un bon moment.
Marie-Christine Vernay
Libération, 27 septembre 2008
Le décolleté de Blanche Neige
Angelin Preljocaj et Jean Paul Gaultier bousculent le mythe à la Biennale de la danse.
Son livre dʼimages recèle des séquences éclatantes de beauté. La ronde des nains (des
moines-mineurs de fond) et de Blanche Neige sautant sur leurs fesses en claquant des mains
fait sourire. Le duo entre la jeune fille et sa marâtre - elle lui enfonce la pomme dans la bouche
en la faisant danser -est parfait dans sa sadique volupté. (…)
Lʼécriture de Preljocaj, toujours taillée en biais, fait dans la citation classique sans complexe. La
partition toute en sauts vifs, fentes sèches, moulinets des bras et changements multiples de
direction, sʼémaille de tours, de piqués et autres pas académiques. Jamais, en revanche, on a
vu une Blanche Neige aussi échancrée ! Si Jean Paul Gaultier a somptueusement réussi à se
faire (presque) oublier dans les costumes, il ose une Blanche Neige en string. La peau
transparente de lʼhéroïne, jambes dénudées jusquʼen haut des fesses par un drapé savant,
attire lʼoeil.
Ce « décolleté » rappelle que la sexualité est au coeur du conte. Plus que sa beauté, la
méchante reine sait quʼelle va perdre son attrait sexuel. Elle doit accepter de vieillir. à lʼheure du
lifting qui joue la confusion des âges, des générations et des saisons, ce conte rappelle tout
bonnement que le temps est inéluctable, que la fille remplace la mère, fût-elle sa belle-mère,
ainsi va la vie, aussi implacable soit-elle.
Rosita Boisseau
Le Monde, 28/29 septembre 2008
Blanche, mais pas comme neige
Le ballet érotique de Preljocaj et Gaultier
La Blanche Neige, que réinventent le chorégraphe Angelin Preljocaj et le couturier Jean Paul
Gaultier, est un grand ballet populaire comme on nʼen a pas vu depuis Béjart. Preljocaj réussit,
avec les 26 danseurs de sa compagnie, un ballet romantique moderne. Il se débarrasse de
toute féerie sucrée et analyse en profondeur, à la lumière du psychanalyste Bruno Bettelheim,
le conte des frères Grimm. Entre les trois chasseurs et les sept nains, notre Blanche Neige,
habillée-déshabillée par Gaultier, serait plutôt une vraie coquine, un brin délurée. (…)
Techniquement magnifique, elle subjugue dans plusieurs pas de deux. (…)
Le ton relève dʼune sorte de magie noire : les décors sombres présentent quelques trouvailles
comme le mur dʼescalade percé de trous troglodytiques, dʼoù jaillissent les sept nains
gymnastes autant que danseurs et baraqués. (…) Évidemment il y a la marâtre, autour de
laquelle tourne lʼessentiel : la chorégraphie en tension que lui a écrite Preljocaj est saisissante
dans lʼinterrogation du miroir (« Mon beau miroir… ») et plus encore dans le désespoir
hystérique.
Nicole Duault
Le Journal du Dimanche, 28 septembre/4 octobre 2008
Une héroïne violente et sombre
Créée dans le cadre de la Biennale de la danse de Lyon, Blanche Neige enchante Paris,
avant dʼentamer une carrière européenne.
Aucun épisode de lʼhistoire de Blanche Neige nʼest épargné. Bien souvent, la belle-mère est au
cœur de lʼaction. Sans cesse flanquée de deux chats souples et agiles, interprétés par deux
danseuses menues dʼune grâce féline, elle apparaît sublime et sombre à la fois. Les sept nains
font également leur apparition. Ils sʼillustrent au cours dʼune chorégraphie spectaculaire, mêlant
danse et escalade.
Sur scène, vingt-six danseurs font vivre les costumes créés par Jean Paul Gaultier. Le
révolutionnaire de la mode a imaginé pour lʼoccasion des tenues intemporelles. La robe-toge de
Blanche Neige et autres créations dʼinspiration guerrière valent à elles seules le déplacement.
Les décors de Thierry Leproust servent le déroulement de lʼhistoire sans être trop présents.
Lʼimmense miroir reflet de la beauté de Blanche Neige, reste énigmatique.
Alors que la danse contemporaine tend souvent vers lʼabstrait, Blanche Neige dʼAngelin
Preljocaj aborde sa narration par le visuel. La musique de Gustav Mahler fait pencher le
spectacle vers le classique. La participation de Jean Paul Gaultier et le traitement dʼun mythe
universel rendent le ballet contemporain accessible à un large public. Dʼautant plus que malgré
la noirceur, cʼest lʼaspect romantique et féerique qui lʼemporte.
Lisa Gougué
France soir, 10 octobre 2008
Blanche Neige éternelle
Angelin sʼattaque au conte de Grimm. Les costumes sont de Jean Paul Gaultier.
Tout ravit lʼoeil dans ce conte franchement mis au goût du jour. Il y a la forêt où Blanche Neige
se perd avec ces arbres au fût immense, pourvoyeurs dʼombres effrayantes dans le clair-obscur
du plateau. Avec leur lampe au front, les nains ressemblent à des mineurs de fond. Leur
maison, qui occupe le mur en fond de scène, ressemble à ces gîtes troglodytes creusés à
même la roche, comme dans lʼOr du Rhin, lʼopéra de Wagner. Ils y circulent du haut en bas, la
taille prise dans un filin. Le drame féerique culmine lorsque la Reine, jalouse de la beauté de
lʼhéroïne, la contraint à manger la pomme rouge empoisonnée. Elle la lui met en bouche et lʼy
maintient en gestes lents, implacables. Lʼensemble tient du cinéma expressionniste et la
séquence est plus mimée que dansée. Angelin Preljocaj a opté pour lʼadagietto de la Cinquième
symphonie de Mahler, quand le prince découvre Blanche Neige étendue morte dans son
cercueil de verre. Il met à profit cette visite du conte pour feuilleter quelques pages de lʼhistoire
de la danse. Ainsi le prince adopte la posture du Faune Nijinski prosterné sur le mouchoir de la
nymphe…
Muriel Steinmetz
LʼHumanité, 13 octobre 2008
Dansons, maintenant
Le chorégraphe a eu lʼintelligence de coller au plus près à lʼhistoire, et dʼen restituer ainsi toute
la richesse symbolique : lʼomniprésence du désir, la fuite du temps qui altère, la jalousie
meurtrière. La gestuelle est inventive, magnifiquement interprétée par la troupe de Preljocaj, et
la mise en scène, bourrée de belles idées : ainsi, le passage à lʼâge adulte de lʼhéroïne qui
grandit en quelques secondes grâce à dʼhabiles substitutions dʼinterprètes, lʼenvol de la bellemère, métaphore de la mort, qui emporte sa proie, les évolutions acrobatiques des nains
troglodytes qui virevoltent à la verticale avec une légèreté inouïe, et le duo désespéré du prince
avec le corps inerte de sa belle… Tout est réussi dans ce ballet : les costumes dʼun Gautier
inspiré (la terrible belle-mère juchée sur ses talons hauts est sexy en diable), les décors
superbes de Thierry Leproust qui jouent eux aussi avec les symboles, lʼutilisation des
symphonies de Mahler qui semblent écrites pour le drame. (…) Blanche Neige ressuscitée par
Preljocaj est une perle scintillante, un spectacle enchanté, qui célèbre la réconciliation de la
création contemporaine avec la narration, lʼesthétique, et surtout le sens. Nʼest-ce pas ce que
nous attendons de la danse : quʼelle nous raconte une histoire, et réveille en nous des
sentiments profonds que les mots sont impuissants à dire ? Nul doute que ce beau ballet
romantique (qui entame une longue tournée en France et en Europe) ne devienne très vite un
classique.
Paul Hilarion
Classica répertoire, décembre 2008
La parenthèse féérique de Preljocaj
Cʼest tellement réussi : merveilleux pas de deux avec Blanche Neige endormie, nains
spéléologues qui multiplient les figures acrobatiques, comme des élastonautes, et costumes de
Jean Paul Gaultier dessinés un à un sur les danseurs en mouvement, pour mieux évoquer
encore lʼunivers élégiaque et violent des contes de Grimm.
Claire Chazal
Figaro Magazine, 18/24 octobre 2008
PARTENAIRES
Le Ballet Preljocaj,
Centre Chorégraphique National,
est subventionné par
le Ministère de la Culture et de la Communication – DRAC PACA,
la région Provence-Alpes-Côte dʼAzur,
le département des Bouches-du-Rhône,
la Communauté du Pays dʼAix,
et la ville dʼAix-en-Provence
et bénéficie du soutien
du Groupe Partouche – Casino Municipal dʼAix-Thermal,
de la Fondation dʼentreprise Total,
des entreprises membres du Carré des mécènes,
des individus et entreprises membres du Cercle des mécènes,
pour le développement de ses projets.
BALLET PRELJOCAJ – PAVILLON NOIR
Centre Chorégraphique National
530 avenue Mozart CS 30824
13627 Aix-en-Provence cedex 1 - France
Tel: +33 (0)4 42 93 48 00 - Fax: +33 (0)4 42 93 48 01
www.preljocaj.org

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