dip interview TR 10-2010
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dip interview TR 10-2010
du téléfilm "Les Amants du Flore", rendez-vous avec l'acteur prodige... Bonjour Tatiana de Rosnay Votre roman « Elle s’appelait Sarah » s’est vendu à plus de 2 millions d’exemplaires, a été publié dans 33 pays et se classe depuis des mois dans les meilleures ventes du New York Times et pourtant vous restez accessible et généreuse pour nous accorder une interview, nous vous en remercions. Sabine Salmon : « Vous avez déjà une énorme communauté de fans germanophones, vous présentez vos livres à Berlin, Heidelberg, Dresde. Aujourd’hui nous sommes là pour parler de votre livre « Elle s’appelait Sarah » qui traite de l’épisode le plus lourd de l’histoire franco-allemande: le nazisme. Mais cette fois-ci ce sont les responsabilités françaises qui sont passées au crible. Néanmoins, le travail et les recherches sur « Elle s’appelait sur Sarah » ont-t-ils changé votre regard sur l’Allemagne ? » Tatjana de Rosnay : « J’ai toujours eu un regard très positif sur l’Allemagne et j’ai beaucoup d’amis allemands. Mon grand-père était diplomate, d’où mon ouverture d’esprit à d’autres nationalités. C’est plutôt mon regard sur les Français qui a changé. Je suis à moitié française et avec « Elle s’appelait Sarah » je n’ai pas voulu juger mon pays, mais dévoiler une vérité qu’on a longtemps tue. » Sabine Salmon : « Plusieurs films sont aujourd’hui à l’affiche sur le thème de la rafle du Vélodrome d’Hiver (Vel d'Hiv) et les comportements et responsabilités du gouvernement français. Beaucoup de critiques s’accordent d’ailleurs à dire que « Elle s'appelait Sarah » est le mieux réussi. Y-a-t-il une nouvelle prise de conscience en France sur ce thème ? Tatjana de Rosnay : « Non. Je pense que les Français savent. L’intérêt vient de la part des Jeunes. Le film « La Rafle » de Roselyne Bosch est par ailleurs montré dans les écoles et mon livre est proposé aux élèves de la 3ème. J'interviens beaucoup dans les collèges pour présenter ce livre. Il y a une soif de la part de la jeunesse d’en savoir plus, un grand intérêt et un besoin de savoir ce qui s’est passé en 42. » Sabine Salmon: « Votre livre « Elle s’appelait Sarah », éponyme de ce film, est bouleversant. Un auteur est rarement satisfait de l’adaptation de son œuvre au grand écran. Trouvez-vous que l’adaptation du livre est globalement réussie ? » Tatjana de Rosnay : « Il s’agit d’une belle adaptation de Gilles Paquet-Brenner. Le film est très bien fait et fidèle au livre. Il a par ailleurs reçu un très bon accueil du public. » Sabine Salmon : « Le rôle de Julia est interprété par la splendide Kristin Scott Thomas, vous vous connaissiez déjà ? » Tatjana de Rosnay : « Non, je la connaissais en tant qu'actrice mais nous nous sommes rencontrées sur le tournage et je trouve que c’est une femme remarquable. Et je pense que nous nous reverrons. » Sabine Salmon : « Avez-vous quelques points communs avec la Julia du livre? » Tatjana de Rosnay : « Les gens sont toujours très déçus quand on leur dit que non. Julia est blonde, américaine, je suis française aux cheveux gris argent et je n’ai pas ce mari terrible, Dieu merci. Ce que nous avons en commun, c’est notre métier de journaliste. Via Julia j’ai voulu transmettre toute l’horreur que j'ai ressentie pour la rafle de ses 4000 enfants juifs nés pour la plupart en France. » Sabine Salmon : « Beaucoup de nos lecteurs sont dans la plupart multilingues et expatriés à Paris ou résident depuis plusieurs décennies à Paris et s’identifient certainement un peu à Julia, la journaliste américaine qui malgré son mariage avec un Parisien restera « l’Américaine ». Les » concierges arrogantes, les vendeuses pimbêches, les standardistes blasés et les médecins pompeux » dont vous parlez dans votre livre, sont-ils réels en 2010 ? Impossible de s’intégrer pour un non-Parisien ? Tatjana de Rosnay : « Je suis moi-même Parisienne, mais je me suis inspirée de mes amies américaines qui vivent en France depuis 30 ans pour dresser cette page un peu caricaturale. Mais je crois que les choses ont déjà énormément évolué, peut-être également à cause de l’Europe. Je vous rappelle que je parle de Julia dans les années 80 . Les Parisiens sont plus sympathiques et plus chaleureux aujourd’hui et c’est tant mieux. » Sabine Salmon : « On vous voit sur l’écran comme belle cliente dans un café à Paris derrière Kristin Scott Thomas. Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire vous-même de la figuration ? Bizarre de passer de l’autre côté du miroir ? » Tatjana de Rosnay : « Mettez vous à ma place, votre roman devient un film. Vous ne seriez pas tentée ? Je ne suis pas comédienne, mais j’y ai pris goût. J’étais très impressionnée par tout ce qui fait un film, la lumière, le son, les costumes, comment toutes les équipent opèrent. C’est très intéressant. » Sabine Salmon : « La petite Mélusine Mayance est sans doute le meilleur choix du casteur dans le film. Elle est est très touchante et joue merveilleusement bien. Pas trop dur pour une petite fille de 10 ans d’assumer un tel rôle ? » Tatjana de Rosnay : « J’ai passé beaucoup de temps avec Mélusine, elle est très bien encadrée et des psychiatres accompagnent un tel tournage pour faire la part des choses entre le cinéma et la vie. Elle est une petite fille normale et délicieuse, mais également une grande actrice. Elle sait qu’elle joue un rôle très difficile, mais n’a logiquement pas encore toute sa maturité (11 ans), c’est à l’adolescence qu’elle prendra conscience de ce qu’elle a fait. Elle va devenir une star. » Sabine Salmon : « Quel était le moment le plus émouvant pour vous sur le tournage ? » Tatjana de Rosnay : « J’ai été très émue par les scènes du Vel d’Hiv. Mais une plus particulièrement par sa justesse m'a touchée: lorsque le papa se fait frapper par les policiers. J’en avais les larmes aux yeux et Mélusine a pleuré véritablement. » Sabine Salmon : « Nous avons appris que les droits sont en train d’être achetés par des réalisateurs pour 4 de vos livres: Moka, Boomerang, Le voisin et Spirale. Quel sera le prochain tournage? » Tatjana de Rosnay : « Je viens de signer pour Moka, mais j’ai des rendez-vous imminents avec des réalisateurs pour Boomerang, Le voisin et Spirale. » Sabine Salmon : « Merci de nous avoir accordé cette interview et très bonne continuation. »