West side story- fiches élèves

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West side story- fiches élèves
Histoire des Arts - niveau 3ème
Thématique : « Arts, créations, cultures »
Objet d’étude : « L’homme et la société »
Problématique : « Comment l’art illustre-t-il les évolutions de la société depuis 1950 ? »
Domaine artistique : Les arts du spectacle vivant
Discipline : Education Musicale
Oeuvre étudiée: West Side Story, Leonard Bernstein
Présentation de l’oeuvre:
- Titre: West Side Story
- Genre : Comédie musicale
- Paroles des chansons : Stephen Sondheim
- Musique : Leonard Bernstein
- Mise en scène : Jérôme Robbins
- Chorégraphies : Jérôme Robbins
- Date de création : le 26 septembre 1957 au théâtre de Brodway
- Adaptation cinématographique : Robert Wise et Jérôme Robbins en 1961
- Origine de l’œuvre : adaptation de Roméo et Juliette de William Shakespeare (œuvre composée vers 1595) transposée
dans le New York des années 50.
La comédie musicale
Ce genre qui mélange théâtre, musique et danse, succède au ballet, à l'opéra, à l'opéra-bouffe et à l'opérette.
Il s'est particulièrement développé aux États-Unis.
A partir des années 1910, il se différencie du genre classique en intégrant des musiques « nouvelles » comme le jazz.
Le mot «comédie» est à prendre au sens large : en effet, les thèmes de la comédie musicale peuvent être légers ou tragiques.
Ainsi West Side Story, œuvre inspirée du drame de Shakespeare Roméo et Juliette, n’est pas une pièce comique.
Les premières comédies musicales célèbres datent des années 1920, sous l’impulsion notamment du compositeur
George Gershwin qui signe Lady Be Good (1924), Funny Face (1927) et bien d’autres.
La ville de Broadway est considérée comme la capitale du genre.
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Résumé de l’œuvre :
A New York, dans les années 50, deux gangs de rue rivaux, les Jets (américains blancs d’origine polonaise) dirigés par leur chef
Riff et les Sharks (immigrés d’origine portoricaine) dirigés par leur chef Bernardo, font la loi dans le quartier de West Side.
Tony, le meilleur ami de Riff, lui-même ancien chef des Jets, s’éprend de Maria, la propre sœur de Bernardo, rencontrée au cours
d’un bal. Tony et Maria se revoient et comprennent qu’ils s’aiment. Mais les deux bandes décident de s’affronter en terrain
neutre. Tony cherche en vain à calmer les adversaires. Bernardo tue Riff. Tony s’empare de l’arme et poignarde Bernardo.
Anita, l’amie de Bernardo, est maltraitée par les Jets. Elle fait alors croire que Maria a été tuée par Chino.
Désespéré, Tony part à la recherche de Chino pour venger celle qu’il aime. Mais Chino le tue d’un coup de revolver.
Maria, folle de douleur hurle en saisissant le revolver et décide de se tuer puisque désormais elle hait le meurtrier de Tony.
Mais incapable de tirer, elle s’effondre et se jette sur le corps de Tony alors que les gangs se réconcilient.
Les Jets :
Les Sharks :
- Riff le chef
- Tony ex chef et meilleur ami de Riff
- Bernardo le chef
- Chino le meilleur ami de Bernardo et fiancé de Maria
- Maria la sœur de Bernardo
- Anita la fiancée de Bernardo et l’amie de Maria
Le cinéaste Robert Wise (1914-2005)
Robert Wise, est très attaché à la condition humaine, à l'observation et à la critique des phénomènes politiques, sociaux et
historiques auxquels il est confronté dans son existence.
Cette œuvre est en rupture avec les comédies musicales de l’époque.
Le film se veut très réaliste : tourné en décors naturels (en partie dans le West Side), montrant la pauvreté et la saleté,
la violence urbaine et le racisme.
Réalisé dans l’Amérique des années 50-60, c'est-à-dire pendant le début de la guerre froide mais également à une époque
où l’immigration portoricaine à New York est forte et, où les tensions raciales sont de plus en plus présentes aux Etats Unis.
er
Ce film a marqué les esprits en étant le 1 à aborder certains sujets (pauvreté, ….) et à critiquer la société américaine.
Origine et contexte de l’œuvre
Il s’agit d’une relecture «moderne» et musicale de Roméo et Juliette de Shakespeare.
La transposition de Roméo et Juliette au théâtre d’abord, au cinéma ensuite en West Side Story vint d’un ami de
Jérôme Robbins inscrit à un cours dramatique qui lui demanda d’écrire une pièce moderne sur ce sujet.
En 1949, Robbins suggère à Leonard Bernstein et à Arthur Laurents de monter une version musicale moderne de la pièce de
Shakespeare en prenant pour base les bas quartiers de l’East-Side et ses adolescents qu’opposent des querelles religieuses et
racistes. Après de longues discussions, la conclusion fut non pas de suivre Shakespeare à la lettre, mais simplement de reprendre
la pièce comme référent en utilisant le thème général. L’idée étant de la réadapter dans le contexte des années 50.
Léonard Bernstein va donc dans un premier temps, imaginer un affrontement entre Juifs et Irlandais catholiques.
Mais la seconde guerre mondiale est encore trop présente dans les esprits. Bernstein se réoriente donc vers un problème
d’actualité : l’immigration portoricaine et ses violences. L’arrivée en masse d’immigrés non anglo-saxons inquiète
l’administration américaine qui décide alors de mettre en place des mesures limitant l’immigration.
Mais cette politique a entrainé la xénophobie : les blancs voient alors les personnes de couleur comme des envahisseurs.
Bernstein imagine donc un conflit entre des latino-américains et des américains de souche, c'est-à-dire des irlandais, italiens
et polonais immigrés de seconde ou troisième génération.
Mais cette œuvre est également fondée sur les questions de la délinquance juvénile dans la guerre que se livrent les gangs.
Ce phénomène social est alors récent. Cette œuvre permet de s’interroger sur l’évolution actuelle de nos sociétés
multiculturelles.
A ce moment, nous sommes en pleine période «du rêve américain», le monde entier croit que n’importe quelle personne
vivant aux Etats Unis, par son courage, son travail et sa détermination, peut devenir prospère.
Le film est en fait une critique de la société américaine de l’époque.
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Une question de territoire ou l’espace comme enjeu dramatique
La ville de New York est un des personnages de cette histoire d'amour et de violence. Le film s'ouvre sur une étonnante vue
aérienne de Manhattan qui fait découvrir à la verticale les gratte-ciels du "Hell's Kitchen", un quartier de West Side.
Cette vision de la ville renforce d'autant le sentiment d'étouffement des personnages.
Pendant tout le film, on aperçoit des barrières, grillages que les garçons escaladent, franchissent. Ces barrières symbolisent
la transgression, le passage à l’âge adulte. Maria et Tony sont plus matures, ils veulent s’échapper de la pesanteur de groupe
violent et qui nie l’individu mais ils sont les seuls à vraiment transgresser les règles sociales : mixité de leur couple, parodie du
mariage dans la boutique où travaille Maria, meurtre de Tony… Leur quête d’individualité échoue, on n’est rien hors du
groupe.
Analyse d’une séquence du film: « America »
Ce titre évocateur revient sur cette fascination des migrants du monde entier pour le modèle américain.
Mais ce modèle a ses limites, lorsqu’on n’est pas de la bonne couleur de peau, l’American Dream est plus difficile à réaliser.
Cette comédie musicale critique sévèrement le mythe du Melting Pot.
Elle montre une ville où les communautés sont enfermées dans leur territoire géographique et leurs symboles.
« I like to be in America» , disent Anita et les filles immigrées de la communauté portoricaine à New York.
Elles détaillent, en chantant et en dansant ce qu’elles trouvent et apprécient sur le sol américain : liberté, machines à laver,
abondance et espace, émancipation de la femme, réussite sociale, égalité des chances, richesse.
La bande des garçons portoricains, elle, derrière son chef Bernardo, souligne les points noirs aux USA: Mal du pays,
discrimination raciale, gangstérisme, manque de logement, ségrégation, violences, ghettos. Leur île Puerto Rico leur manque.
Ils rencontrent beaucoup de difficultés à s’intégrer dans un pays où un accent trop marqué leur ferme les portes.
Les deux groupes s’opposent et à la fois s’unissent par la danse et le chant dans une séquence parmi les plus fameuses et les
plus dynamiques de toute la comédie musicale.
La musique de Leonard Bernstein combine ici des rythmes latins très caractéristiques et une orchestration riche et savante.
C’est un orchestre symphonique qui accompagne les chanteurs mais celui-ci est enrichi d’instruments peu habituels (mandoline,
guitare espagnole, claves), afin de marquer le métissage entre Amérique du Nord et Amérique du Sud.
La scène comporte deux grandes parties :
ère
- 1 partie (de 45’30 à 47’36): C’est un débat hommes/femmes sur la différence de qualité de vie entre l’Amérique et Porto Rico.
Cette partie est uniquement parlée.
Une transition (de 47’36 à 47’47) se fait sur la phrase « on reste un émigrant quand on se considère comme tel » (Anita) à
47’30, qui est l’idée directrice de la scène. En plein centre de l’image, un homme assis lance le rythme de la clave.
La clave rappelle le long voyage du peuple portoricain (la clave était jouée par les esclaves noirs dans les bateaux qui les
menaient en Amérique du sud). Le réalisateur donne une importance particulière à cet instrument puisque c’est le seul qu’on
voit à l’écran. Tous les autres sont hors champ.
Peu de temps après, intervient la harpe lorsque les femmes vantent les mérites de la nouvelle Amérique.
Cet instrument symbolise depuis toujours le rêve, la magie, auxquels les portoricains aspirent.
ème
- 2 partie (à partir de 47’48) : Les dialogues sont chantés avec dynamisme. L’orchestre devient de plus en plus présent.
Les femmes et les hommes se répondent, et exécutent des passages dansés. L’opposition est marquée par les costumes
colorés et lumineux des femmes contre ceux sobres et sombres des hommes.
Le thème est construit sur deux mesures asymétriques ce qui crée un balancement particulier. Le côté chaloupé rappelle les
musiques traditionnelles d’Amérique du Sud, les airs de mambo, de boléro et autres dansent locales.
Le mot qui revient sur toutes les mesures à 3 noires est «América» qui est ainsi grandement mis en valeur.
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Ensuite, l’orchestre prend la parole : puissant, organisé, teinté de jazz, il représente la mode et la fraicheur des Etats Unis.
Jusqu’à la fin, on entend un crescendo, l’orchestre «américain» prend de plus en plus de place. Un accelerando final propulse
à toute vitesse tous les acteurs dans le style américain, on n’entend plus la clave ni les frappes de main.
L’Amérique semble avoir conquis aussi bien le cœur des femmes que celui des hommes: sur la dernière image (à 51’56),
les hommes et les femmes dansent ensemble pour la première fois.
La Position des femmes :
un discours pour le paradis américain
La position des hommes :
une critique féroce d’un modèle inégalitaire
« A Porto Rico, toujours la tornade sévit, toujours la population grandit, l’argent
se raréfie, le soleil vous rôtit, le travail abrutit »
Une image des difficultés économiques et sociales des pays du Tiers-Monde,
terres d’émigration
« Envie de rentrer à Porto Rico. »
Le mal du pays touche de nombreux immigrants qui n’arrivent pas à se faire
au modèle américain.
« New York me ravit pour moi, c’est le paradis. »
« Je me plais bien en Amérique, tout me convient en Amérique. »
Une image du rêve américain : les Etats- Unis sont une terre promise, où chacun
peut réussir et vivre heureux. Ils attirent de nombreux immigrants.
« Quand je pense à ce que je croyais trouver ici. On est venu comme des enfants,
en confiance, le cœur ouvert ! » ; « On n’aura plus de quoi bouffer »
Les espoirs sont déçus pour de nombreux immigrants qui n’ont pas les mêmes
droits
« On jouit de la liberté. » ;
« Ici, les filles sont libres de s’amuser » ;
« La liberté est le 1er bien »
La société américaine repose sur l’égalité des chances.
Les libertés fondamentales tiennent une place de choix dans la Constitution.
« Oui, quand tu n’auras plus d’accent. » ; « Oui, mais à condition de payer... »
Les minorités ethniques ne bénéficient pas des mêmes droits que les citoyens
américains. Elles sont parfois victimes de la ségrégation raciale.
« On achète tout à crédit… Je l’aurai, ma machine à laver. » ; « Autos pour tous
en Amérique » ; « Je repartirai en Cadillac, avec l’air conditionné. Et le téléphone.
Et la télévision en couleurs ! »
Une illustration de la société d’abondance et de l’American Way of Life.
L’abondance, le confort et le gaspillage marquent la vie quotidienne. La publicité
stimule les achats à crédit, donc les affaires. Confiants dans l’avenir, les
Américains, impatients de profiter des biens matériels, n’hésitent pas à
s’endetter.
« On nous regarde et on double le prix »
« Gangsters heureux en Amérique »
« Tout est charmant… si l’on est Blanc »
En dépit de l’abondance, la pauvreté frappe de 30 à 40 millions d’Américains,
en particulier les minorités ethniques, qui ne peuvent profiter des biens
matériels, auxquels ils n’ont pas accès, faute d’argent.
« Gratte-ciel partout en Amérique » « On y construit dans tous les quartiers.
J’aurai un bel appartement » ;
« Libre de choisir son métier ».
« L’industrie monte en Amérique »
La société américaine repose sur l’égalité des chances, c’est-à-dire la liberté
d’initiative et la concurrence entre individus. Chaque Américain est persuadé
que s’il travaille durement, s’il suit une formation professionnelle, si la chance lui
sourit, il gagnera de l’argent et pourra vivre heureux.
« On vous claque la porte au nez »
« Douze dans une pièce en Amérique » ;
« Tout est crasseux en Amérique » ;
« Larbin ou cireur de souliers »
La pénurie de logements est grande, surtout dans les villes. Les populations
immigrées sont souvent parquées dans de véritables ghettos, dans des
logements de fortune et vivent dans une grande précarité. Cette situation
explosive encourage les violences urbaines, notamment les émeutes.
« Moi, je m’y sens bien en Amérique »
« Notre pays, je l’ai quitté : quand on est un immigrant, c’est pour toujours ! »
L’Amérique continue de faire rêver : de nombreux immigrants croient pouvoir y
trouver une vie meilleure. C’est le mythe du « Melting Pot »
« On ne vit pas vieux en Amérique » ;
« Il faut lutter en Amérique » ;
« Envie de rentrer à Porto Rico »
Les exclus du modèle américain sont nombreux. C’est la face cachée du rêve
américain. Les communautés ethniques sont les premières à souffrir de cette
exclusion : elles revendiquent l’égalité des droits, leur intégration et leur droit à
la différence (langue et culture propres).
En résumé :
Pour les femmes : Dans les années 1950-1960, le modèle américain fait rêver.
Le mythe d’une société d’abondance où tout le monde serait heureux attire de nombreux immigrants à la recherche
d’une vie meilleure.
Pour les hommes : Beaucoup d’exclus ne profitent pas du modèle américain, en particulier les minorités ethniques, parfois
victimes de la ségrégation. Le modèle a donc ses limites…
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