Deuxième bataille d`Ypres : la guerre chimique est déclarée

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Deuxième bataille d`Ypres : la guerre chimique est déclarée
Pas-de-Calais le Département
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d’Ypres : la guerre chimique est déclarée - Le 30 septembre 2016 - 23h35
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Deuxième bataille d’Ypres : la guerre chimique est déclarée
En novembre 1914, la première bataille d’Ypres se solde par un échec de l’offensive allemande et un immobilisme des deux camps aux
portes de la ville. Le Kaiser ne renonce pas pour autant à la prise de cette enclave stratégique qui demeure le théâtre de sanglants combats
jusqu’en 1918.
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Une nouvelle arme létale massive
À la mi-avril 1915, les activités militaires connaissent une recrudescence dans cette région. Ainsi le 17, les Anglais prennent pied devant la Côte
60 (au sud-est d’Ypres).
Dans le plus grand secret, les Allemands ont, quant à eux, installé un dispositif devant Langemark dès le 11 avril, et attendent les conditions
climatiques idéales pour déclencher une opération d’un nouveau genre.
L’ordre d’attaque est donné le 22 avril à 5 h 45, mais le dispositif ne se met en place qu’à 18 h, heure à laquelle le sens du vent garantit le succès
de l’opération.
Sur un front de six kilomètres, à Steenstraat (hameau au nord d’Ypres), le XVe (quinzième) corps du général von Deimling ouvre les vannes
de 5 730 cylindres pressurisés, contenant 150 tonnes de chlore, entraînant la mort par étouffement de milliers de soldats pris de panique.
L’utilisation de ce gaz asphyxiant est loin de remporter l’unanimité dans les rangs des officiers de l’état-major allemand. Autorisé par
Falkenhayn, il est mis au point par un chimiste du Kaiser Wilhem Institute de Berlin, Fritz Haber (prix Nobel de chimie en 1918 pour ses
travaux sur la synthèse de l’ammoniac), et par le conglomérat de trois compagnies chimiques allemandes, BASF, Hoechst et Bayer (qui aboutira
en 1925 à la création de la firme IG Farben).
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Un vent propice qui sème la panique
De leurs tranchées situées sur le saillant nord d’Ypres, les Français des 87e (quatre-vingt-septième) DI et 45e (quarante-cinquième) DIT voient le
vent porter vers eux des nuages opaques qui sèment rapidement l’épouvante dans leurs rangs et provoquent une gigantesque débandade.
Les Allemands, équipés de tampons respiratoires, avancent sans peine dans la large brèche provoquée par la fuite des Français. Steenstraat,
Het Sas et Pilkem tombent ainsi aux mains de l’ennemi en l’espace de quelques heures.
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Mais les troupes du Kaiser n’avait pas prévu une efficacité si grande de leur nouvelle arme, si bien qu’elles hésitent et marquent une pause, le
temps de rassembler les ressources nécessaires au lancement d’une grande offensive.
Cette indécision joue en faveur des Alliés qui organisent leurs renforts. Bien que le gazage se poursuive encore deux jours durant, on ne constate
aucune avancée allemande spectaculaire. Le 24 avril, ils se trouvent même confrontés à une résistance ferme des troupes canadiennes.
Le 27, ils sont arrêtés aux portes de Boesinghe. Le 1er (premier) mai, ils tentent une attaque contre la Côte 60 en secteur britannique, suivie
d’autres les 6 et 10 mai, sans grands résultats.
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Vers des produits toujours plus sophistiqués
Les soldats, épouvantés par cette mort lente et douloureuse, tentent de mettre au point des moyens de protection : au lendemain des premières
émissions de gaz, des bâillons-tampons faits de compresses de flanelle imbibées d’hyposulfite de soude qui décompose le chlore font leur
apparition dans les tranchées.
À partir de ce jour, chaque camp cherche à développer des produits de plus en plus sophistiqués, tant au niveau des gaz d’attaque (sujet que nous
traiterons dans un article postérieur) que dans les équipements de protection des troupes. Il faut néanmoins attendre 1916 pour voir apparaître
des modèles satisfaisants de masques à gaz.
De formules de plus en plus complexes vont se succéder, jusqu’au célèbre "gaz moutarde" ou ypérite (sulfure d’éthyle dichloré entraînant une
brûlure interne progressive), employé en 1917 lors de la troisième bataille d’Ypres.
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Pour un résultat mitigé
À l’heure du bilan, les avis sont partagés et l’enthousiasme loin d’être total côté allemand. Cette première utilisation de gaz chimique comme
arme d’attaque n’a pas permis de faire basculer l’avantage militaire dans leur camp.
Pire que cela, le résultat est désastreux en termes d’image. La propagande alliée ne tarde à s’emparer du fait pour dénoncer au monde entier
l’ignominie allemande et la bassesse de leurs méthodes.
Remis du choc de l’agression, les Français et les Britanniques crient à la violation des conventions internationales, ce qui ne les empêchera pas
d’utiliser à leur tour le gaz lors d’attaques ultérieures. La généralisation de cette arme est à cet instant actée dans les deux camps.
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Bibliographie
Henri BOURGEOIS, "La guerre chimique en Flandre et en Artois (1915-1918)", Mémoires de la Société d'histoire de Comines-Warneton
et de la région, t. XV, p. 361-383, 1985. Archives départementales du Pas-de-Calais, PB 239/13.
Yves LE MANER, La Grande guerre dans le Nord-Pas-de-Calais (1914-1918), éditions La Voix, 2014. Archives départementales du
Pas-de-Calais, BHD 1190.
"1914-1918 France du Nord-Belgique", numéro spécial de Nord-Éclair, 1988-1989. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHD
718.
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