Qui veut noyer son chien, l`accuse de la rage…

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Qui veut noyer son chien, l`accuse de la rage…
Qui veut noyer son chien, l’accuse de la rage…
Je continue à répondre aux accusations du BN. Le plus sereinement possible malgré la colère que je
ressens comme beaucoup d’adhérents.
Vous avez appris hier que « le Bureau national a décidé, après consultation d'avocats,
d'informer Monsieur le Procureur de la République.» Saisir le Procureur de la République, et le faire
savoir sur tous les réseaux sociaux, c’est une décision très grave.
Avant de réagir, j’ai demandé à lire le résultat des « consultations d’avocats ». Il apparaît en fait
qu’un seul avocat a rédigé quelque chose. Non pas un rapport très fouillé mais un mail de 16 lignes
qui prouve qu’il n’a RIEN COMPRIS AU DOSSIER.
Maitre T (je ne sais pas si j’ai le droit d’écrire son nom), écrit à Nathalie Cayet que
« Les membres du bureau national doivent vous donner mandat d'informer le
procureur de la république afin que toute la lumière puisse être faite sur l'utilisation
des fonds dans la mesure où il convient de rappeler qu'une somme de 350 000 € a
été prêtée et que les factures faisant l'objet du protocole d'accord représentent
140.000 € soit moins de la moitié de ladite somme. »
L’avocat laisse entendre que 190.000 euros ont disparu et le BN se jette sur l’occasion pour saisir la
justice… Je ne sais si ce monsieur a été payé par le Bureau ou s’il a écrit ce mail sous la dictée d’un
de ses amis qui nous veut du mal1, mais visiblement, il confond 2 choses radicalement différentes :
-
d’un côté le prêt de 350.000 euros qui a permis de payer les factures qui devaient absolument
être payées avant le dépôt des comptes des européennes,
-
de l’autre, le protocole d’accord qui nous permet d’étaler le paiement d’autres factures, que
nous avions le droit de ne PAS régler tout de suite et qu’on va payer sur plusieurs années, soit
140.000 euros.
L’avocat n’a rien compris et il est totalement scandaleux que Nathalie Cayet ait transmis ce mail à
tout le bureau et organisé une réunion en urgence (en moins d’une heure !) pour trancher une
question aussi lourde de conséquences sur la base d’un rapport erroné.
J’AI HONTE.
J’ai honte de l’image que les 9 membres du bureau donnent de notre mouvement.
Si tel ou tel avait des doutes sur les finances (c’est légitime), il fallait attendre dimanche matin où ce
point était à l’ordre du jour du BN. Il fallait poser des questions aux Trésoriers qui ont géré ces
dossiers, aux Commissaires aux Comptes qui ont engagé leurs signatures, à l’imprimeur.
Si les réponses n’étaient pas suffisantes, on pouvait évidemment commander un audit, mais sans le
crier sur les toits.
Si l’audit montrait des choses inquiétantes, il fallait en parler aux adhérents et réfléchir aux sanctions
possibles. Si l’audit montrait des délits, il fallait saisir le Procureur... Evidemment !
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« je fais écrire ce que je veux à un avocat » se vantait l’un des membres du BN dimanche.
Mais commencer par exclure le principal porte-parole et le claironner partout, puis saisir le Procureur
et mettre mon honneur et l’honneur de Nouvelle Donne sur la place publique sur la base d’une
« consultation d’avocats » qui n’ont rien compris à notre dossier, c’est une honte.
Samedi déjà, avant mon exclusion, j’ai du répondre à de nombreuses critiques sur des questions
financières : « j’ai été très déçue quand j’ai appris que tu n’avais pas fait tes reversements quand tu
étais élu à la Région Ile de France» disait une membre du BN. Pas de chance ! J’ai fait un don par
virement de 2.400 euros au début 2015. J’étais parfaitement à jour de mes reversements à la fin de
mon mandat.
Et je trouve « un peu limite » de venir me chercher des poux dans la tête sur les questions
financières : je n’ai plus aucun mandat (le non-cumul dans le temps, j’y crois et j’étais l’un de ceux
qui poussaient à ce qu’on n’aille pas aux régionales en Ile de France, même quand les écolos nous
proposaient une tête de liste).
Tout ce que je fais à Nouvelle Donne est bénévole. Je n’ai plus aucun revenu régulier. Moi qui étais
un des cadres les mieux payés d’Accenture, j’ai été licencié à cause de mes idées en matière sociale
et j’ai, depuis, totalement renoncé à faire carrière pour avoir du temps pour « faire bouger les
choses ». On peut dire que je suis un utopiste mais pas un pourri.
Ma femme est professeure, nous ne sommes donc pas à la rue, mais j’ai du vendre ma maison de
famille dans les Pyrénées cet été parce que je n’avais plus les moyens de participer à son entretien…
Venir m’attaquer sur les questions financières et diffuser des rumeurs sur « tu n’as pas payé tes
reversements » me semble donc totalement mensonger, peu fraternel et peu compatible avec notre
Charte éthique.
En vérité, quelles que soient les erreurs qui ont pu être faites (il y en a eu ! Il semble bien que 3
factures auraient dû être dans les comptes 2014 et ont été oubliées. Une de nos Commissaires aux
Comptes vient de me dire que ça ne prête pas à conséquence et que je n’ai aucune responsabilité sur
cette erreur, mais l’erreur est indéniable. Et j’ai aussi fait des erreurs dans ma façon de travailler avec
les autres membres du BN), j’ai de plus en plus l’impression que, pour certains, la question
financière est un alibi, un prétexte. Qui veut tuer son chien, l’accuse de la rage…
« Il faut le détruire » disait l’un des membres du BN dimanche matin en parlant de moi. « Il faut
l’empêcher d’aller à la Présidentielle, quel que soit le choix que feront les adhérents sur la stratégie »
appuyaient deux autres.
Certains membres du BN sont de bonne foi mais paniquent à cause de la dette. J’ai montré hier que
notre dette est un vrai sujet mais n’a pas atteint un niveau dangereux : si, aux législatives, nous
faisons le même score qu’aux européennes, nous recevrons 950.000 euros par an pendant 5 ans, soit
4,6 millions, soit 10 fois notre dette… J’ai proposé plusieurs fois à Nathalie de redevenir le
responsable légal qui porte la dette.
Mais pour certains, la dette n’est qu’un prétexte. Certains membres du BN n’ont toujours pas accepté
que les adhérents m’aient désigné comme porte-parole de notre mouvement. C’est pour cela que,
dans le mail envoyé pour expliquer mon exclusion, ils affirment que j’ai utilisé la publication de mon
livre pour peser sur le vote de désignation.
On pourrait en rire puisque le lancement du livre publié avec Dominique MEDA (la matinale de
France Inter) date du 22 juin alors que le vote des adhérents était fini depuis le 18 juin. L’attaque est
donc assez injuste, mais elle prouve que, au sein du Bureau, certains n’ont pas digéré le choix des
adhérents.
*****
« Il faut le détruire ».
Quand on arrive à ce niveau de violence, on devrait dire « STOP ! Prenons deux jours pour souffler.
Laissons refroidir les esprits avant de prendre une quelconque décision. » Mais non, les 9 du BN
accélèrent et mettent tous les jours de l’huile sur le feu…
Je reçois très régulièrement des messages de soutien par texto, par tweeter, par mail ou par un appel
amical venant de telle ou telle région : « Tiens bon, on est avec toi ! ». Je voudrais vous rassurer : je
suis totalement serein.
Passé le choc du BN et le choc quand mes enfants et ma femme ont appris la nouvelle, je suis furieux
du gâchis provoqué par une poignée de nos « responsables » mais totalement déterminé à agir avec
tous ceux qui refusent la destruction de notre mouvement. Je suis persuadé que, très vite, nous serons
de nouveau en ordre de bataille.
Vu l’absurdité des attaques et l’illégalité de mon exclusion du mouvement, les choses vont très vite
se décanter. Je fais tout pour trouver une solution constructive avec les médiateurs, des avocats
membres de ND et des adhérents motivés. Je ne peux pas tout dire ce soir mais vous tiendrai au
courant au fur et à mesure.
Quel que soit la violence des échanges de cette semaine, je suis persuadé que nous pouvons sortir
plus fort de cette crise, et devenir le parti le plus transparent sur ses finances. Oui, c’est difficile de
créer une nouvelle force politique dans ce pays. L’UMP et le PS ont tout fait pour verrouiller l’accès
aux financements, comme l’accès aux médias !
C’est difficile mais nous y sommes arrivés, grâce aux dons et à toute l’énergie de nos adhérents. Et
au lieu d’avoir peur ou honte de nos difficultés, nous devrions faire une force de tout ce que nous
avons fait ensemble depuis moins de trois ans.
J’espère vraiment que, très vite, nous allons retrouver notre sérénité et nous remettre au travail. Il
nous faudra décider tous ensemble de notre stratégie (primaires ou pas primaires ? Il faut en débattre
et décider démocratiquement avant la mi-octobre), finaliser le projet, former des équipes soudées et
nous remettre en campagne.
Nous ne laisserons pas Montebourg ou Macron être les seuls à porter une « alternative ». En 2017,
nous voulons faire gagner nos idées. Je l’ai écrit en janvier dans les débats sur la stratégie. J’y crois
toujours.
Bien amicalement
Pierre LARROUTUROU