Morts accidentelles de chauves

NOTE
Morts accidentelles de chauves-souris en Bourgogne
Alexandre CARTIER*, Nicolas VARANGUIN*, Stéphane G. ROUÉ*, Samy MEZANI** & Daniel SIRUGUE***
* Société d’histoire naturelle d’Autun - Maison du Parc - 58230 SAINT-BRISSON - [email protected]
** Association Ornithologique et Mammalogique de Saône-et-Loire
Pôle associatif Langevin - 2 rue Alphonse Daudet - 71100 CHALON-SUR-SAÔNE - [email protected]
*** Parc naturel régional du Morvan - Maison du Parc - 58230 SAINT-BRISSON - [email protected]
Nous avons rassemblé ici différents cas,
inédits ou déjà publiés, de morts accidentelles de
chauves-souris rencontrés en Bourgogne, ainsi
que le sauvetage d’une chauve-souris.
Le 5 novembre 2008, lors d’un suivi de site
dans une église du sud Morvan, un Oreillard indéterminé Plecotus sp. a été retrouvé mort, coincé
entre deux fils de fer suspendus dans le grenier
(la détermination spécifique n’a pu être réalisée
car le cadavre a été laissé en place). A savoir
que ce bâtiment accueille en période estivale trois
colonies de mise bas : Oreillard gris Plecotus austriacus dans les bas-côtés et Grand murin Myotis
myotis et Sérotine commune Eptesicus serotinus
dans le grenier. Lors du suivi des colonies de l’été
2008, l’individu n’était pas présent.
Un cas similaire d’un Grand murin avait été
noté le 2 mars 2003 par Nicolas VARANGUIN dans
un hangar de l’Yonne avec des fils de fer accrochés au plafond.
Alexandre CARTIER
Morts étranglés
Plecotus sp. découvert en 2008 dans une église.
Nicolas VARANGUIN
Samy MEZANI
Un simple fil peut s’avérer être un piège.
À Rancy(71), le 21 juillet 2010, Samy Mezani
a trouvé une Pipistrelle indéterminée Pipistrellus
sp. étranglée par un fil de pêche au pont de
Chevreuse sur la Seille.
Myotis myotis dans un hangar en 2003.
Pipistrelle indéterminée étranglée par un fil de pêche en 2010.
Rev. sci. Bourgogne-Nature - 13-2011, 59-61
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Daniel SIRUGUE
Morts dans un seau
En juin 1997, lors d’un inventaire chauvessouris dans les combles d’un château de la vallée
de la Cure dans l’Yonne, nous avons découvert la
présence de restes osseux de chiroptères dans un
seau. De dimensions modestes (diamètre du fond :
15 cm, hauteur : 24 cm), ce récipient a été fatal pour
4 Pipistrelles communes (Pipistrellus pipistrellus)
adultes qui n’ont pas pu s’envoler et sont mortes,
sans doute d’épuisement.
SIRUGUE D. & ARTHUR L. 1999. Morts dans un seau ! In : Actes des 7e Rencontres Nationales «Chauves-souris», Bourges, les 29 & 30 novembre
1997. S.F.E.P.M., Paris: 84-85.
Une Pipistrelle commune sauvée des cendres
Fin août 2000, lors d’un nettoyage de la chaudière à bois de la Maison du Parc naturel régional du
Morvan à Saint-Brisson (58), des agents techniques
ont découvert une chauve-souris dans un bac à
cendres (extrémité de la chaudière). Encore en vie,
la Pipistrelle commune a été nettoyée et relâchée le
soir même. Elle n’a pu accéder au bac qu’en passant
par la cheminée tubée de la chaudière. Parfois utilisée
pour accéder à un gîte, une cheminée peut s’avérer
être un piège mortel quand elle ne débouche pas.
Mais pour cette fois, grâce aux agents sensibilisés
à ces petites bêtes, c’est une miraculée... espérons
qu’elle a toujours la dent dure contre les insectes !
Cadavres de Pipistrelle commune au fond d’un seau
dans les combles d’un château.
Publié dans l’Envol des chiros n°2, p. 8
Daniel SIRUGUE
Martyre d’une bardane
Loïc Gasser, de l’Association Ornithologique
et Mammalogique de Saône-et-Loire (AOMSL), a
découvert par hasard dans le village de Saint-Cyr
(Saône-et-Loire) en juillet 2001, une Pipistrelle indéterminée morte, accrochée à des fruits de bardane
(ou « pignolots »).
Publié dans la Feuille de Neomys n°4,5 et 6, p.5
La colle qui scotche la Pipistrelle
En octobre 2001, une chauve-souris a été
découverte collée à un ruban adhésif orange fluo
dans un bureau en cours de travaux de peinture
à Mâcon (Saône-et-Loire) par Arlette Develay de
l’AOMSL. Malgré les efforts entrepris pour la décoller avec succès à l’aide d’un produit « naturel » à
base d’orange acheté en pharmacie, elle n’a pas
survécu. Elle a été identifiée par Samy Mezani et
s’est révélée être un mâle de Pipistrelle de Nathusius
(Pipistrellus nathusii).
Des cas similaires ont déjà été observés en
France avec du papier tue-mouches.
Publié dans la Feuille de Neomys n°4,5 et 6, p.5
Mort par électrocution
Le 4 juillet 2003, lors d’une campagne de prospection estivale à la recherche des chauves-souris,
Cédric Guillaume et Thomas Poirot ont découvert
un Oreillard électrocuté dans un tableau électrique
d’une église en Côte-d’Or.
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Alexandre CARTIER et al.
Pipistrelle prisonnière d’un fruit de bardane.
Rev. sci. Bourgogne-Nature - 13-2011, 59-61
Daniel SIRUGUE
Martyre d’un collant à mouches
En septembre 2003, une habitante du Morvan nous a
apporté cette Pipistrelle commune engluée dans un collant à
mouches. La bête a dû être euthanasiée. Cette constatation
fréquente de prise involontaire doit amener tout piégeur à
réfléchir sur l’endroit de pose du piège pour l’espèce qu’il
veut piéger ! Dans ce cas, un piège « écologique » c’est avéré
fatal pour une espèce protégée !
Publié dans la Feuille de Neomys n°8, p.4
Martyre d’un hameçon !
Georges BEDRINES
Pipistrelle commune attrapée par un papier tue-mouches.
L’Homme laisse inopinément de nombreux pièges pour
les animaux sur son passage. Les cannettes de bière sont de
véritables fosses pour les musaraignes et autres micro-mammifères. De même qu’un récipient vide dans un grenier peut
devenir un ossuaire à chauves-souris ! M. Georges Bedrines
a observé un Vespertilion (probablement un Vespertilion de
Daubenton Myotis daubentoni) pris à un hameçon qui pendait
au bout d’un fil de pêche emmêlé dans un arbre au-dessus
de l’Ignon en août 2001 à Villecomte (Côte-d’Or).
De nombreux moucheurs ont déjà eu la surprise d’attraper
des chauves-souris en pêchant à la mouche au « coup du
soir » (BEDRINES, comm. pers.; SIRUGUE, comm. pers.).
Publié dans la Feuille de Neomys n°8, p.4
Mort par noyade
Un habitant de La Grande Verrière (71) nous a contacté
en 2008 après avoir retrouvé des chauves-souris mortes dans
un récupérateur d’eau de pluie. Il s’agissait de 8 cadavres de
Pipistrelle indéterminée dont la colonie était installée sous
la toiture et les animaux se sont noyés en passant entre la
gouttière et le couvercle du réservoir.
Chocs nocturnes avec une voiture
En septembre 2001, Loïc Delagneau nous a transmis un
cadavre d’Oreillard gris Plecotus austriacus retrouvé empalé
sur une antenne de voiture après avoir parcouru la D113 à
Santenay (21).
Un vespertilion accroché à un hameçon.
Dans la nuit du 29 août 2005 à Savianges (71), sur la D42
vers les Pignerets, un mâle de Petit rhinolophe Rhinolophus
hipposideros a été percuté par le parebrise de la voiture de
Samy Mezani roulant entre 50 et 60 km/h. Le Petit rhinolophe
est mort sur la route quelques dizaines de secondes plus tard.
D’autres cas
Il n’est pas rare que la Société d’histoire naturelle d’Autun recoivent des appels téléphoniques de particuliers nous informant qu’une chauve-souris est rentrée dans leur maison par la cheminée ou bien qu’ils ont
retrouvé une chauve-souris morte dans leur insert de cheminée.
Les gaines d’aération, cheminées, tuyaux, seaux peuvent être de véritables pièges pour les chauves-souris.
En effet, elles peuvent se laisser tomber dedans par curiosité et être incapables d’en sortir (parois lisses, étroitesse). Un simple fil barbelé ou un hameçon peut également devenir un piège mortel pour les chauves-souris.
La noyade est un accident possible pour les chauves-souris lorsqu’elles survolent des surfaces en eau pour
s’abreuver (plusieurs cas constatés en France dans des piscines ou citernes). Elles peuvent encore trouver
la mort suite à un choc lié au trafic routier et ferroviaire (voire aérien). De plus, il a été mis en évidence que
les éoliennes ont occasionné la mort de chauves-souris (soit par un choc contre les pâles, soit par l’effet de
dépression à proximité des pales).
En conclusion, nos activités et infrastructures humaines se révèlent parfois de réels dangers pour l’équilibre
de la faune qui nous entoure.
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