Les traitements du syndrome naviculaire - Geneva Congress
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Les traitements du syndrome naviculaire - Geneva Congress
Close this window to return to IVIS www.ivis.org 10e Congrès de médecine et chirurgie équine 10. Kongress für Pferdemedizin und –chirurgie 10th Congress on Equine Medicine and Surgery Dec. 11-13, 2007 - Geneva, Switzerland La pathologie du pied et son imagerie médicale Hufpathologie und Deren Bildgebende Verfahren Hoof Pathology and Medical Imaging Reprinted in the IVIS website with the permission of the organizers mise_2007.qxp 21.11.2007 15:07 Page 192 Close window to return to IVIS www.ivis.org 10th Geneva Congress of Equine Medicine and Surgery (Organization : Pierre A. Chuit, Founex; Dr Stephane Montavon, Avenches), Geneva (CH), 11-13 December 2007 LES TRAITEMENTS DU SYNDROME NAVICULAIRE Francis Desbrosse, Saint Lambert des Bois, France INTRODUCTION L’os sésamoïde distal (OSD) est aussi appelé os naviculaire en raison de sa forme. Lorsqu’une boiterie peut lui être imputée, on parle de maladie naviculaire. Cependant, les ligaments et tendon, qui l’entourent apparaissent comme des causes possibles de boiterie, d’où le nom de syndrome naviculaire. Nos confrères germaniques préférant une définition plus fonctionnelle parlent de syndrome podotrochléaire (SPT). Considérant la multiplicité des causes de boiteries, et le manque de spécificité dans la localisation, les cliniciens parlent de douleur postérieure du pied. Actuellement, avec le développement de l’imagerie médicale, on parle de douleur postérieure du pied et de syndrome podotrochléaire. Cette grande confusion dans la terminologie se retrouve dans les traitements. En effet ces derniers ont évolué, on peut dire tous azimuts, en fonction des époques. Il y a un siècle (1), on parlait de maladie naviculaire, arthrite naviculaire, podotrochléite chronique, synovite podosésamoïdienne. Le pronostic était considéré comme mauvais, sans traitement spécifique; en maréchalerie le relevé de pince était déjà préconisé, et les traitements locaux correspondaient à ceux que l’on préconise maintenant pour le podophylle. Dans les années 1970, on s’intéresse à la vascularisation de l’os naviculaire et des traitements à base d’anti-coagulants (10) sont utilisés. Dans les années 1980, la conception biomécanique aboutit au fer egg-bar shoe (2). A cette époque, les traitements vasculaires ne sont pas abandonnés mais évoluent. Les traitements anticoagulants sont progressivement abandonnés au profit des traitements vasodilatateurs, et actifs sur la rhéologie. Dans les années 1990, (3), le syndrome podotrochléaire est décomposé en formes articulaire, tendineuse, ligamentaire, sclérosante, kystiqueostéolytique, composite, et enfin traumatique comprenant les fractures, de la maladie. Il s’ensuit des traitements ciblés, adaptés à la forme dominante (4). Durant cette même période, avec les progrès faits en biochimie, apparaissent des substances actives sur la régulation de l’inflammation au niveau des structures osseuses, cartilagineuses, ligamentaires et tendineuses. 192 Cela s’accompagne par des techniques d’injection locales dans la bourse podotrochléaire de ces substances. Enfin dans les années 2000, l’utilisation de plusieurs techniques d’imagerie médicale combinées telles que la radiologie, l’échographie, la scintigraphie, le scanner et enfin l’IRM (5) (6) recentrent le sujet sur le fléchisseur profond, le fibrocartilage et l’os trabéculaire de l’os naviculaire, ce qui ouvre de nouvelles perspectives chirurgicales avec la ténoscopie et les forages osseux de l’OSD. L’objectif de cette présentation est donc de décrire les traitements de ce syndrome et leur évolution. TRAITEMENT BASE BIOMECANIQUE SUR UNE CONCEPTION La ferrure correctrice du syndrome podotrochléaire fait l’objet d’une présentation à ce Congrès. Nous ne rentrerons donc pas dans les détails, retenons simplement les grandes lignes. Dans le plan axial, une ferrure avec une pince courte et relevée est systématiquement recherchée. Cette ferrure diminue les performances sur le cheval bien portant, mais elle soulage l’appareil podotrochléaire, et de ce fait, améliore les performances du cheval atteint de SPT. En région postérieure du pied, les ferrures varient en fonction de la situat(ion. Si l’on cherche à soulager le fléchisseur profond durant la phase de propulsion sur sol meuble, c’est le fer ovale (type egg bar shoe qui correspond). Si l’on cherche à soulager l’appareil ostéo-articulaire sésamoïdo-phalangien, il convient d’utiliser un fer ouvert, en aluminium , pour bénéficier de l’amortissement généré par le jeu vertical des talons, qui est particulièrement efficace dans les courbes. Dans le plan frontal, on joue sur l’enfoncement asymétrique du pied dans le sol meuble ou sur la hauteur des quartiers sur sol ferme, pour soulager les structures ligamentaires du côté ou le pied s’enfonce le moins, et les structures osseuses et cartilagineuses du côté où le pied s’enfonce le plus sur sol meuble, ce qui correspond sur sol ferme à un soulagement du côté où le quartier est le plus haut pour les structures ligamentaires, et du côté où le quartier est plus bas, pour les structures Congrès de médecine et de chirurgie équine, Genève 2007 Published in the IVIS Website with the permission of the organizers. mise_2007.qxp 21.11.2007 15:07 Page 193 Close window to return to IVIS www.ivis.org cartilagineuses et osseuses. Le maréchal-ferrant peut intervenir au niveau du parage et de la géométrie du fer. La ferrure a un effet sur le podophylle, cet effet est décrit dans une autre présentation du Congrès. Au niveau de la maréchalerie c’est la répartition des pressions, le choix des clous et le mode de brochage, l’utilisation des plaques et résines amortissantes, et le contrôle de la mobilité du sabot qui soulage le podophylle. Ces deux conceptions de la maréchalerie d’une part, axée sur la biomécanique et la géométrie du fer, et d’autre part, sur le confort du pied, peuvent, à certains moments, s’opposer. Le choix est alors guidé par les informations cliniques comme il est précisé dans la présentation sur le podophylle. Ce sont les examens avec palpation-pression du pied, et l’observation comparée de la locomotion sur sol ferme et meuble, en ligne droite, et sur le cercle (aux deux mains), ferré, puis déferré, qui nous fournissent les informations. Il est fréquent que l’on soit amené à combiner les deux conceptions grâce à un échange avec le maréchal-ferrant du cheval en question. Lors de cet échange, le vétérinaire met habituellement en avant sa conception biomécanique, et le maréchal : le confort du pied. Pour juger de l’efficacité d’une ferrure, il faut plusieurs examens et certaines conditions. En pratique, cela se passe de la façon suivante : le jour de la ferrure, le maréchal-ferrant observe la locomotion du cheval avant la déferrure, une fois déferré, puis avec la nouvelle ferrure. Les observations recueillies concernent alors essentiellement le podophylle. A ce stade on évite d’utiliser les anti-inflammatoires pour qu’il n’y ait pas de biais sur l’évaluation de l’effet de la ferrure. Huit jours après la ferrure un nouvel examen est pratiqué par le vétérinaire, les informations recueillies à ce stade concernent plus l’appareil ostéo-articulaire. C’est à ce moment là que les traitements sont mis en place. Si nécessaire, le cheval est revu cinq semaines après le ferrage, soit peu avant la nouvelle ferrure. A ce moment là, ce sont les défauts de la boite cornée qui ressortent et, il se peut que l’on soit amené à modifier les prescriptions, dans ce cas, on repart pour un nouveau cycle d’observations. TRAITEMENT BASE SUR LES OBSERVATIONS CLINIQUES ET SUR LA PRISE EN COMPTE DE LA DOULEUR Le sol souple, sur un plan biomécanique, convient bien aux chevaux atteints de SPT. Cependant l’examen clinique peut nous réserver des surprises, et il est prudent de ne donner un conseil quant au choix du sol qu’après avoir observé la locomotion sur différents types de sol, et éventuellement observé des vidéos en compétition sur différents types de terrain. A l’entraînement, pour un cheval de courses, au travail pour un cheval de sport, ou à la promenade pour un cheval de loisirs, on peut choisir le sol qui économise le mieux le cheval atteint de SPT. Si une compétition est envisagée, il faut comparer les qualités du terrain de la compétition avec celui du sol de l’entraînement. Si les sols sont très différents, il convient de tester la tolérance du cheval au sol de compétition par plusieurs séances de préparation sur un sol identique. Si la tolérance n’est pas bonne, il vaut mieux renoncer à la compétition. L’exercice fait partie du traitement du SPT. Cependant, il ne faut pas perdre de vue que le pronostic est de réservé à défavorable, et qu’il faut s’attendre à une limite de performances et parfois à une réforme. Le repos seul, même prolongé, n’apporte pas la guérison (7). Mais il peut être nécessaire en cas de crise aigue, surtout si une atteinte ligamentaire est suspectée, ou en accompagnement d’une thérapeutique chirurgicale, par exemple. La mise au repos ne doit pas occulter l’importance de la maréchalerie. Au box, un cheval qui souffre de SPT a des postures antalgiques qui déforment les pieds, il se déplace sur des courbes qui sollicitent les articulations interphalangiennes. Il convient donc que la ferrure soit confortable, et qu’elle ait un effet roller sur une litière, dans notre expérience la ferrure PG shoe convient bien pour cela (8). La mise à l’exercice d’un cheval atteint de SPT demande un échauffement plus long que pour un cheval sain. Le choix de l’allure est d’abord le pas, puis en fin d’échauffement cela dépend. Habituellement l’allure choisie est le trot, mais chez un cheval qui présente une dorsalgie, le galop de détente peut être une allure plus bénéfique. Au travail, l’apprentissage du geste améliore la tolérance à l’affection. Les mécanismes de compensation par la locomotion permettent aussi d’améliorer cette tolérance, cela dépend de l’habileté du cavalier. La mise au pré favorise aussi les mécanismes de compensation, mais cela dépend du comportement du cheval. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont largement utilisés dans l’espèce équine. On dispose d’une vingtaine de spécialités, ce qui correspond à une dizaine de produits actifs. Les critères de choix se basent, en pratique, sur la valence anti-inflammatoire dominante, ou sur la valence antalgique (les AINS qui passent la barrière hémato-méningée ont une valence antalgique dominante), sur la voie d’administration, et sur les délais d’élimination, dans le cadre des contrôles médico-sportifs. La phénylbutazone demeure le produit de référence. On l’utilise dans le SPT, pour ses valences anti-inflammatoires et antalgiques, en cure courte de huit jours, lors de crise aigue. ou en post-opératoire. La phénylbutazone est parfois utilisée en cure prolongée, pour sa valence antalgique, chez des chevaux de loisirs. La posologie de la Phénylbutazone est de 2 à 4 mg/kg par administration, en utilisant des doses décroissantes. Ainsi, pour une cure de neuf jours, le protocole, pour un cheval de 500 kg, peut être le suivant : 2 g, matin et soir, le premier jour ; puis 1 g, matin et soir, les quatre jours suivants; puis 1 g, une fois par jour, les quatre derniers jours. Pour une cure longue, le protocole est différent. La douleur est gérée en utilisant deux antalgiques administrés alternativement, un jour sur deux, un jour avec 1 à 2 g de Phénylbutazone, et un autre jour, avec 10 g d’Aspirine, mais ce traitement est rarement utilisé. La Phénylbutazone ne doit pas être administrée aux animaux destinés à la consommation humaine. Les spécialités qui la contiennent ont l’AMM équine. Les effets secondaires sont liés au défaut de production des prostaglandines (les bonnes) Congrès de médecine et de chirurgie équine, Genève 2007 Published in the IVIS Website with the permission of the organizers. 193 mise_2007.qxp 21.11.2007 15:07 Page 194 Close window to return to IVIS www.ivis.org responsables de l’homéostasie. Comme dans les autres espèces, les cibles sont le tractus digestif, les reins, le foie, la coagulation sanguine. Cependant, chaque espèce a sa spécificité. Chez le cheval, les reins sont une cible moins sensible que chez les carnivores par exemple. Par contre, il y a une sensibilité de la muqueuse digestive, qui est sujette aux ulcérations chez le cheval. A cela, vient s’ajouter un phénomène de fixation de la phénylbutazone dans le colon droit. Ceci a deux conséquences : d’une part, une accumulation de la phénylbutazone dans le colon droit avec relarguage retardé au cours du temps; ce phénomène prolonge de façon aléatoire la durée d’élimination du produit, ce qui le rend difficilement utilisable sur les chevaux de sport; d’autre part, l’atteinte de la muqueuse intestinale au niveau du colon droit favorise les ulcères et diminue la synthèse des protéines, très importantes à ce niveau du tube digestif. En pratique, les traitements de courte durée sont très bien tolérés. Les traitements de longue durée demandent un suivi. Au niveau biochimique, le premier signe d’intoxication à la phénylbutazone est la chute des protéines. Une première évaluation se fait en fonction du total protéine. Cependant, en cas d’inflammation et d’intoxication chronique à la phénylbutazone conjointes, le total des protéines peut se maintenir, dans ce cas, on compare le total protéines, l’albumine et le fibrinogène pour faire le point. Le dosage des phosphatases alcalines et intestinales sert d’indicateur de présomption d’ulcère digestif. Un rapport phosphatases intestinales sur phosphatases alcalines supérieur à 0.25 peut être un motif à interrompre une cure de phénylbutazone. L’augmentation de l’urée et de la créatinine est tardive. Les biphosphonates ont une action antalgique sur le métabolisme osseux, en inhibant la résorption osseuse. Ils ont aussi une action antalgique osseuse reconnue mais non expliquée. Le biphosphonate utilisé chez le cheval est l’acide tiludronique*. L’efficacité du Tildren dans le SPT a été démontrée (9). La voie d’administration est la voie veineuse, soit par intraveineuse lente, à une posologie de 0,1 milligrammes par kilo, par jour, pendant dix jours (ce mode d’administration correspond à l’AMM), soit par une perfusion unique de 1 milligramme par kilo, avec un temps d’injection d’une heure environ (ce mode d’administration est le plus couramment utilisé). Dans les trois heures qui suivent chaque injection ou la perfusion, le cheval est à observer. En effet, les biphosphonates ont une action hypocalcémiante, des tremblements musculaires et des coliques peuvent survenir dans les trois heures qui suivent l’injection. Il est rarement nécessaire d’intervenir, en cas de coliques l’injection intraveineuse de Dipyrone suffit, l’injection intraveineuse de gluconate de calcium est théoriquement indiquée, mais en pratique on ne l’utilise pas. L’action du tiludronate est assez rapide, sous huit jours et elle est rémanente plus de six mois. Ce produit agit à une dose seuil et, si le résultat obtenu n’est pas suffisant, on peut être amené à renouveler l’injection après un ou deux mois. Le temps d’élimination pour le contrôle antidoping est de quinze jours après la dernière injection. L’injection 194 loco-régionale, sous garrot, d’acide tiludronique est une pratique récente. La technique est la suivante : après pose d’un garrot au boulet, on aborde la veine digitée latérale au paturon, à l’aide d’un microperfuseur muni d’une aiguille papillon G 23, 17 millimètres, d’une tubulure de 7 centimètres, avec un volume mort de 0,05 millilitres, et un bouchon à membrane. On réalise une injection de 150 milligrammes d’acide tiludronique (soit environ 1/3 de la dose totale, lorsqu’elle est administrée par voie générale), enfin le garrot est enlevé après vingt minutes. De par son mode d’action, l’acide tiludronique est indiqué dans la forme ostéolytique du SPT, mais en pratique son utilisation est beaucoup plus large. La névrectomie est une intervention palliative, en théorie analgésique, nous l’envisagerons plus loin avec les traitements chirurgicaux. TRAITEMENT BASE SUR L’ETIOPATHOGENIE L’acide tiludronique, dont nous avons parlé cidessus, en est un exemple. L’histoire des anti coagulants est intéressante. Dans les années 1980, la maladie naviculaire était l’objet de nombreuses recherches, et la théorie vasculaire prévalait. Il est assez curieux de voir ici qu’une erreur d’interprétation radiographique a motivé ces recherches sur la vascularisation de l’OSD. En effet, à l’époque le diagnostic radiographique de la maladie naviculaire portait en grande partie sur l’examen du bord distal ou les fossettes synoviales étaient interprétées comme des canaux vasculaires. Les anomalies du bord distal de l’OSD ont donc été interprétées comme des modifications des canaux vasculaires pouvant engendrer des thrombus. Suivant cette logique il a été mis en place une thérapeutique anti-coagulant à base de Coumadine (10). Force a été de constater que ce type de traitement était efficace, dans de nombreux cas la boiterie disparaissait sous traitement et réapparaissait à l’arrêt du traitement. Avec la Coumadine, les accidents ont été nombreux et souvent fatals. En effet, il est très difficile d’obtenir et de contrôler un équilibre entre la prévention de la thrombose et un allongement excessif du temps de coagulation qui peut aboutir à des hématomes ou à des hémorragies. Un protocole rigoureux a été mis en place avec technique de prélèvement standardisé, contrôle du temps de Quick, deux fois à huit jours d’intervalle, avant le traitement, puis un apport progressif de la Coumadine à posologie faible de 10 mg, par jour, puis augmentée de 5 mg, par jour, par semaine en fonction de l’évolution du temps de Quick jusqu’à une augmentation de 3 à 4 secondes maximum, avec contrôle de l’apport alimentaire et des interactions médicamenteuses, certaines substances pouvant potentialiser la Coumadine et d’autres l’inhiber, rien n’y a fait. Chez certains chevaux, les résultats de labo étaient cohérents avec les posologies mises en place, alors que chez certains autres, on était dans l’incohérence totale. Une des raisons qui peut Congrès de médecine et de chirurgie équine, Genève 2007 Published in the IVIS Website with the permission of the organizers. mise_2007.qxp 21.11.2007 15:07 Page 195 Close window to return to IVIS www.ivis.org être évoquée est que le test de mesure du temps de Quick n’est pas absolument fiable, il est manipulateurdépendant, il utilise de la thromboplastine qui a une spécificité d’espèce ; il faudrait disposer de thromboplastine équine qui n’est pas disponible dans le commerce, seule la thromboplastine de lapin l’est. Le traitement à la Coumadine a donc été abandonné. D’autres substances ayant une action sur la circulation sanguine ont été utilisées. Des substances actives sur la rhéologie sanguine comme la propentofylline (11), mais les résultats ont été décevants. Un vaso-dilatateur périphérique : l’Isoxsuprine a été très largement utilisé. Cette substance béta-agoniste n’a pas d’effet cardio-vasculaire notable, elle a en plus un effet légèrement anti-inflammatoire et une action sur la rhéologie sanguine. Une étude faite en double aveugle (12) démontrait son efficacité, mais ces résultats sont remis en question (13) car la biodisponibilité de cette molécule n’est pas prouvée. Quoiqu’il en soit ce n’est pas un problème d’efficacité qui a été à l’origine de l’arrêt de l’utilisation de ce produit, mais des problèmes de temps d’élimination imprévisible avec des contrôles anti-doping positifs, de façon intermittente sur le même cheval. C’est-à-dire que après l’arrêt du traitement, un cheval pouvait passer de positif à négatif pour redevenir positif longtemps après. Les glycosaminoglycans polysulfatés (GAGPS) font partie de la panoplie thérapeutique des ostéoarthrites**. L’injection de 500 mg, intramusculaire, tous les 4 jours, 7 injections, améliore cliniquement les chevaux atteints d’ostéo-arthrite, mais cela reste à prouver pour les chevaux atteints de SPT. Il est à noter que chez les chevaux de courses, l’injection trop rapprochée d’une compétition peut provoquer une hémorragie pulmonaire induite par l’exercice (HPIE). L’utilisation d’aliments thérapeutiques actifs sur l’ostéo-arthrite est très en vogue. Il est difficile de se faire une idée sur leur efficacité, sur l’ostéo-arthrite en général, et le SPT en particulier. L’efficacité d’une combinaison d’extrait d’avocat, de soja, de glycosamine et de chondroïtine sulfate est actuellement en cours d’évaluation (14). INJECTIONS INTRA-THECALES DANS LA BOURSE PODOTROCHLEAIRE (PT) L’injection de la bourse podo-trochléaire est utilisée aussi bien dans le cadre de l’anesthésie sémiologique, que dans celui d’une intervention thérapeutique. La procédure est ancienne, mais elle a évolué et continuera à évoluer, tant sur le plan de la technique, que sur le choix des produits utilisés. C’est une intervention relativement courante mais qui nécessite une procédure rigoureuse, cela vaut donc la peine que nous la décrivions ici. La procédure d’injection de la bourse (PT) a pour objectif de répondre à trois points clefs : être au bon endroit, injecter un faible volume, et dans de bonnes conditions d’asepsie. Cinq techniques d’injection ont été décrites et testées (15), une seule donne réellement satisfaction, c’est celle ci que nous décrirons ici. (16). En général, on dispose d’un cliché radiographique de profil du pied concerné, cela facilite les repères. La conformation du pied a une influence sur l’orientation de l’aiguille qui est dépendante de la hauteur des talons. La flexion du doigt du cheval permet de «décoller» le tendon fléchisseur profond du faciès flexoria de l’OSD et favorise ainsi la ponction de la bourse (PT). L’immobilisation du pied doit être garantie sinon il y a des risques de faute d’asepsie et de lésion iatrogène de la faciès flexoria de l’OSD. Pour cela, il y a deux techniques : soit le pied est positionné sur une cale radio (figure n°1), soit le pied est levé, tenu au niveau du boulet, la sole étant orientée verticalement (figure n°2). L’injection sous-cutanée de 1 millilitre d’anesthésique local sur le site de ponction, et l’utilisation du tord-nez sont recommandées. L’aiguille utilisée pour un petit pied est une aiguille 21 G 50 mm ; celle pour un grand pied est une aiguille spinale 19 G 88 mm. Un repérage au feutre, par exemple, est effectué sur le sabot de la façon suivante. En couronne, on repère la mi-distance entre la pince et le talon externe. La projection de l’OSD se situe un centimètre sous le bourrelet périoplique, à mi-distance pince, talon. C’est cet endroit que l’on repère. Le site d’implantation de l’aiguille se trouve à mi-chemin entre les talons, immédiatement proximal au bord coronaire (jonction entre la peau et la couronne). L’implantation de l’aiguille est dans le plan sagittal du doigt, orientée en direction du repère de la projection de l’OSD. Cela correspond à un angle de dix degrés par rapport à la sole, si le cheval a les talons hauts, et à un angle de zéro degrés, si les talons sont bas. Si le pied est encastelé avec une lacune médiane de la fourchette profonde, il est prudent, pour des raisons d’asepsie, d’utiliser un site d’implantation plus proximal qui se trouve à mi-distance entre le creux du paturon et le bord coronaire des talons. Le positionnement de l’aiguille est alors plus difficile car son orientation fait alors un angle plus fermé avec la faciès flexoria de l’OSD. La pénétration se fait sur une profondeur de 50 à 55 millimètres, en traversant la peau, le coussinet digital, le tendon fléchisseur profond du doigt, jusqu’au contact de la faciès flexoria de l’ OSD. Il est utile d’avoir prévu une seringue chargée d’air stérile de 3 millilitres (la technique consiste à aspirer lentement l’air de l’emballage de la seringue au moment de l’ouverture) pour tester le positionnement de l’aiguille. L’air est injecté lentement, on doit ressentir une résistance, puis en fin d’injection de l’air, le piston revient à mi-distance et l’on peut effectuer ainsi des allers et retours qui permettent d’enregistrer la sensation et d’observer quelques bulles de liquide synovial. Si l’injection de l’air s’est faite sans aucune résistance, et permet d’aspirer facilement de la synovie, c’est que l’on se trouve dans l’articulation inter-phalangienne distale. Si la résistance à l’injection de l’air est importante et ne permet pas de réaspiration, c’est que l’on se trouve dans le fléchisseur profond. Lorsqu’on dispose d’un contrôle radiographique, il est utile d’associer au produit injecté 0,5 millilitres de Ioxaglate de méglumine*** 320 mg par millilitre. On obtient ainsi une radiographie à double contraste (air + le produit Congrès de médecine et de chirurgie équine, Genève 2007 Published in the IVIS Website with the permission of the organizers. 195 mise_2007.qxp 21.11.2007 15:07 Page 196 Close window to return to IVIS www.ivis.org de contraste) qui permet de vérifier que l’injection a été faite au bon endroit sur le cliché pris en incidence latéro-médiale, et de compléter la sémiologie radiologique avec une visualisation du cartilage de la faciès flexoria sur le cliché, pris en incidence proximodistale. Lorsque l’on ne dispose pas du contrôle radiographique en clientèle, par exemple, que l’on manque d’expérience, et que le pied présente une fourchette large, régulière, souple, il est possible d’effectuer cette injection avec une technique échoguidée (17). La procédure est alors en tous points semblable sauf pour les étapes suivantes : la fourchette est préparée, parée régulière et ramollie à l’eau chaude, l’injection se fait pied levé, semi-fléchi, sole verticale. L’implantation de l’aiguille est identique, la visualisation se fait grâce à la sonde échographique placée sur la fourchette. L’image obtenue nous montre superficiellement le coussinet plantaire, puis plus profondément et en avant l’extrémité du fléchisseur profond, puis une zone hypoéchogène dans laquelle on visualise l’aiguille, puis la faciès flexoria. Il faut que la sonde soit assez puissante pour que la visualisation soit bonne. Le volume injecté a son importance, il convient de ne pas dépasser 2 millilitres et de désaccoupler la seringue de l’aiguille avant le retrait de cette dernière pour que les surpressions puissent s’évacuer spontanément. En effet, une surpression peut réactiver la synovite, engendrer un syndrome de compartiment et de douleur régionale complète (du type de l’algodystrophie réflexe (24)) qui apparaît rapidement après l’injection et qui peut durer des semaines et que l’on a parfois du mal à différencier d’une infection. L’injection intrathécale de stéroïdes est utilisée depuis de nombreuses années. Les corticoïdes habituellement utilisés sont l’acétonide de triamcinolone, ou la méthylprednisolone. Cette pratique est contreversée. Les résultats sont rapides, une étude (18) donne 60 % de résultats dans les mois qui suivent l’injection, mais seuls 11 % des chevaux sont toujours en activité un an après. Le renouvellement du traitement est en général moins efficace que le premier, avec des effets secondaires plus marqués. Dans les effets secondaires, on peut constater l’aggravation de la boiterie, la calcification du fléchisseur profond. L’imagerie médicale permet de prévenir ces effets secondaires, notamment grâce à l’échographie. En effet, il convient de ne pas injecter de corticoïdes dans les synovites fibreuses. On réservera donc cette thérapeutique au cas où la bourse est dilatée et remplie d’un liquide anéchogène. L’IRAP**** - Ce sigle signifie «interleukine I réceptor antagonist protein». Cet antagoniste est extrait à partir de la fabrication d’un sérum autologue conditionné (SAC). Le SAC améliore significativement les boiteries tant sur un plan clinique que histologique au niveau de la membrane synoviale des chevaux sur lesquels on induit expérimentalement des ostéo-arthrites (19) (20). Il n’y a pas d’effet secondaire. La technique est utilisable en intraarticulaire pour le traitement des ostéo-arthrites et des synovites, en intrathécale pour le traitement des ténosynovites, en intralésionnelles dans les tendinopathies, et en périneurale dans le traitement des dorsalgies. Le sang est prélevé à la jugulaire du cheval. Ce prélèvement se fait dans des conditions d’asepsie optimale, en utilisant la seringue spécifique IRAP qui contient des billes de verre recouvertes d’un réactif. Ce système induit une réaction avec les hématies lors de la phase d’incubation qui aboutit à la production de «interleukine I réceptor antagonist protein». Il est placé dans un incubateur pendant 24 heures, à 37 ° C. Il est centrifugé à 3750 tours/minutes pendant dix minutes ; le sérum est alors séparé du sang total, puis filtré à l’aide d’un filtre à bactéries et placé dans une seringue de 5 millilitres. Le SAC est utilisé soit aussitôt, soit congelé à moins 18 °C ; il peut être alors stocké un an. Le SAC est utilisable en intrathécale dans la bourse des chevaux atteints de SPT, le traitement peut être renouvelé à partir du stock congelé, il n’y a pas jusqu’à ce jour d’effet secondaire, les résultats sont prometteurs (21). Une étude comparative des effets des produits actifs sur l’ostéoarthrite utilisés soit par voie intrathécale dans la bourse, soit par voie intra-articulaire interphalangienne distale a montré que des résultats deux fois moins avec l’intra-articulaire de l’interphalangienne distale (22). TRAITEMENTS PHYSIQUES Le chaud, le froid, l’enveloppement humide sont des traitements adjuvants, actifs sur le podophylle et sont décrits dans la présentation qui s’y rapporte. Les ondes de choc sont utilisées dans le SPT, l’émetteur est placé dans le creux du paturon orienté comme pour une injection intrathécale, les résultats restent à documenter. TRAITEMENTS CHIRURGICAUX L’injection intrathécale d’acide hyaluronique est déconseillée. D’abord parce que l’action de l’acide hyarulonique dans les ténosynovites n’est pas évidente, et que d’autre part, l’appareil faciès flexoria/fléchisseur profond subit des fortes charges et un faible débattement, alors que l’acide hyaluronique est surtout actif sur les articulations à faible charge et à grand débattement. Mais la réserve majeure vient de ce que l’acide hyaluronique, surtout s’il est de haut poids moléculaire, peut induire un syndrome de compartiment. 196 La névrectomie était déjà pratiquée par les Anciens (1) qui annonçait 50 % de résultats positifs, et considérait que dans ces 50 %, on pouvait exclure bon nombre de diagnostiques erronés. Les choses n’ont que faiblement évolué depuis, et les résultats annoncés varient d’un auteur à l’autre, dans une fourchette de 40 à 60 % (23). Il faut ajouter à cela l’aspect réglementaire de la Fédération Equestre Internationale et du Code des Courses de plusieurs pays Européens qui interdisent aux chevaux névrectomisés de participer aux épreuves officielles. Enfin, il y a des Congrès de médecine et de chirurgie équine, Genève 2007 Published in the IVIS Website with the permission of the organizers. mise_2007.qxp 21.11.2007 15:07 Page 197 Close window to return to IVIS www.ivis.org risques de complications. Tout ceci fait que cette chirurgie palliative n’est plus guère pratiquée, et quand elle l’est, c’est uniquement au niveau du paturon. Les écueils de cette chirurgie sont de six types : neurome, régénération nerveuse, branche accessoire du nerf courcircuitant la névrectomie, troubles trophiques des territoires innervés, ténosynovite du fléchisseur profond qui associe les troubles trophiques à une remise en charge non contrôlée d’une structure lésée, et enfin le phénomène de désafférentation (24) correspondant à la douleur des amputés. Différentes techniques ont été mises en œuvre pour éviter ces écueils : recouvrement de l’about nerveux par la gaine, section du nerf au laser, traitement de l’about nerveux o par la cryochirurgie, o par l’alcool absolu, enfouissement du nerf dans un canal osseux. Aucune de ces techniques n’a donné de résultats satisfaisants. Finalement la technique qui marche le moins mal est la section du nerf par la technique de la guillotine (25) associée à une résection d’une portion longue d’environ trois centimètres de nerf sans ouverture cutanée sur cette portion. Cela se pratique de la façon suivante : une petite ouverture proximale sous le boulet est réalisée en regard du nerf, et une autre distale, toujours en regard du nerf, est faite au niveau du cartilage complémentaire. La section du nerf est d’abord proximale, effectuée par la technique de la guillotine qui utilise une planchette de bois stérile, type abaisse-langue, et une lame tranchante, type lame de rasoir, avec une section rapide, sur un nerf tendu. Dans ces conditions la section est atraumatique sans effilochage des fibres nerveuses. On pratique de la même façon en région distale. La portion de nerf sectionnée est alors chargée sur une pince placée au niveau de l’ouverture proximale et extirpée par enroulement sur cette pince. Pour prévenir la ténosynovite du fléchisseur profond qui est la complication la plus fréquente, on sélectionne les cas en excluant ceux qui présentent une forme sévère de forme tendineuse de maladie naviculaire, ou qui ont reçu des injections intrathécales de corticoïdes répétées. Pour ceux qui ont été sélectionnés et opérés, on dose l’exercice en fonction des signes de ténosynovite qui peuvent apparaître au paturon. La desmotomie des ligaments sésamoidiens collatéraux a été mise au point dans les années 1980 (26). Les premières publications datent de 1986 (27) et (28). Cette chirurgie est basée sur un concept biomécanique de diminuer les contraintes sur les ligaments sésamoïdiens collatéraux, et de permettre la descente de l’OSD durant la phase de propulsion. La technique chirurgicale consiste à aborder ces ligaments par une incision longitudinale au-dessous de leur attache proximale sur la deuxième phalange, latéralement et médialement et de les sectionner en évitant d’atteindre la capsule articulaire interphalangienne distale. Les résultats sont contreversés, il semblerait que cette technique soit réservée aux formes ligamentaires avec enthésopathies au niveau des angles de l’OSD. La bursoscopie est une technique chirurgicale diagnostique et thérapeutique qui a évolué ces huit dernières années, la technique d’origine (29) a été modifiée (30) (31). Cette nouvelle technique est décrite dans les manuels d’arthroscopie (32), l’abord se fait proximalement au cartilage unguéal, sur la marge abaxiale du fléchisseur profond, palmairement au faisceau neuro-vasculaire, le guide mousse de l’arthroscope est avancé distalement et axialement, dorsalement au fléchisseur profond pour rentrer dans la bourse approximativement au milieu de la deuxième phalange. En ce qui nous concerne, nous utilisons un guidage fluoroscopique qui facilite grandement cette voie d’abord. Nous utilisons aussi un guide de fabrication maison dont une extrémité est mousse et l’autre reste libre au lieu d’avoir un système d’obturation, ce qui fait que l’on peut positionner le guide sans la canule de l’arthroscope, puis une fois le guide correctement positionné, la canule de l’arthroscope peut être introduite dans un deuxième temps, ceci évite de traumatiser inutilement les tissus notamment le cartilage de la faciès flexoria. Le guide est avancé jusqu’à pénétration de la bourse podotrochléaire, ce qui se traduit par une perte de la résistance à l’avancement du guide, la canule est alors positionnée sur le guide, puis l’arthroscope, un artroscope de 4 millimètres à lentille oblique de 30 degrés convient bien. Un abord similaire est effectué du côté opposé pour l’entrée des instruments. Pour cette deuxième entrée, on établit la trajectoire à l’aide d’une aiguille spinale 19 G 88 millimètres. Une meilleure visualisation est obtenue en utilisant un abord différent par la gaine du fléchisseur profond, au niveau du cul de sac distal de cette gaine, on ouvre le ligament qui se trouve entre les deux ligaments collatéraux de l’OSD (T-ligament). Cette dernière technique (30), (31), (32) a trois avantages : un meilleur positionnement de l’arthroscope qui est plus libre de mouvement, et donc une inspection plus large, un effet de décompression de la bourse podotrochléaire, et un relâchement relatif des ligaments sésamoïdiens collatéraux. Il est possible de visualiser et d’inspecter la faciès flexoria de l’OSD, la face dorsale du fléchisseur profond, les villosités qui recouvrent le ligament impair, et l’enthèse des ligaments collatéraux, ainsi que l’aspect palmaire du bord dorsal de l’OSD. Des interventions thérapeutiques sont possibles au niveau des lésions du fléchisseur profond. De la même façon que cela est réalisé dans la gaine digitale au niveau du boulet. Le traitement de la fibrillation et fissures tendineuses du fléchisseur profond est communément décrit avec l’utilisation du «shaver». En ce qui nous concerne nous avons définitivement abandonné cet instrument au profit de la technique de la coblation. De même les lésions du fibrocartilage classiquement traitées par la technique de «débridement curetage» peut être remplacée par, ou associée avec la technique de coblation. Les résultats obtenus (33) sont de loin supérieurs au seul repos Congrès de médecine et de chirurgie équine, Genève 2007 Published in the IVIS Website with the permission of the organizers. 197 mise_2007.qxp 21.11.2007 15:07 Page 198 Close window to return to IVIS www.ivis.org prolongé (7). Nous manquons de documentation sur les injections intralésionnelles de mœlle osseuse et/ou d’IRAP sous endoscopie, combinées à la coblation. Forage-décompression de l’os trabéculaire de l’os naviculaire. Une étude expérimentale récente (34) a montré que le SPT était associé avec une hypertension et une stase veineuse intra osseuse. S’inspirant du traitement des décompressions par forage osseux chez l’homme, une technique de forages osseux du bord proximal de l’OSD, sous arthroscopie, a été mise au point chez le cheval. Ainsi 3 forages de diamètre 2,7 mm sont réalisés depuis le bord proximal de l’OSD jusqu’au milieu de l’os trabéculaire. L’indication est l’œdème osseux, décelable par IRM, avant qu’il n’évolue vers l’ostéosclérose, décelable par le scanner. Il s’agit donc d’une indication précoce. L’étude expérimentale d’abord in vitro, puis in vivo, a montré que le forage osseux ne fragilisait pas le naviculaire. Les chevaux d’un des lots témoins des chevaux non boiteux et recevant des forages osseux, ne boitaient pas cinq jours après l’intervention. Le forage osseux réduit significativement la réponse au test de surpression intra-osseuse déclenchée par l’injection de 3 ml de sérum physiologique, la pression intra-osseuse est indépendante des pressions artérielles, veineuses et intra-articulaires. L’histologie effectuée douze semaines après l’intervention montre un comblement des puits de forage, un remodelage néovascularisation est détecté au niveau des sites chirurgicaux. L’étude conclut que cette technique de décompression est sûre, qu’elle diminue significativement la pression intraosseuse lors des tests de surpression, que les effets en sont rapides et que la néovascularisation induite peut en prolonger les effets, que cette technique peut être proposée pour le traitement du SPT mais que son efficacité reste à démontrer. CONCLUSION Le traitement du syndrome podotrochléaire reste complexe. Le sujet avait été abordé dans ce même congrès il y a huit ans, en 1999 (4); depuis certaines choses sont restées en l’état, d’autres ont évolué. L’évolution vient de l’imagerie médicale qui nous permet, notamment, de mieux comprendre l’étiopathogénie de cette affection. Sur le plan thérapeutique, on remarque : la confirmation de l’utilisation du tiludronate, l’apparition d’un inhibiteur des médiateurs de l’inflammation obtenu à partir du sérum autologue du cheval qui relance l’intérêt de l’injection intrathécale de la bourse podotrochléaire, l’utilisation de la bursoscopie pour le diagnostic et le traitement des lésions du fléchisseur profond et de la faciès flexoria, le forage osseux pour décompression centrale de l’os naviculaire sous endoscopie. Si nous voulons encore progresser, il va être nécessaire de suivre la démarche de la médecine factuelle (Evidence-based Veterinary Medicine), (36), à savoir : formuler la question clinique, rechercher la meilleure preuve, évaluer de façon critique les études, appliquer les éléments de preuve au patient, évaluer l’efficacité du processus. Cette démarche s’applique à tous les niveaux : pour le praticien, comment documenter un cas clinique, comment lire une publication, et pour le chercheur, quel type d’étude choisir, il y a en effet un long chemin à parcourir entre l’étude d’expert et celle contrôlée, randomisée en double aveugle et avec placebo. TRAITEMENT DES DORSALGIES Il existe des relations entre les boiteries et les dorsalgies. Ces relations sont complexes (35). Dans le cas du syndrome podotrochléaire SPT, il s’agit de boiterie chronique, bilatérale, invalidante; l’appareil podotrochléaire étant sollicité surtout pendant la phase de propulsion, mais aussi pendant la phase de soutien, ainsi que pendant la phase d’extension en fin de protraction du membre. Les limites de compensation axiales sont vites atteintes et le cheval atteint de SPT présente dorsalgie et boiterie, il convient d’en tenir compte dans notre attitude thérapeutique. Le traitement du SPT seul sans tenir compte de la dorsalgie peut modifier les allures, souvent en en augmentant l’amplitude, et peut, ainsi, réactiver la dorsalgie, ce qui peut rendre le cheval apparemment plus inconfortable qu’avant le traitement. A l’inverse, le traitement de la dorsalgie seule, sans prendre en compte le SPT, améliore la locomotion, mais est rapidement suivie d’une récidive de la dorsalgie. Il convient donc de prendre en compte les deux pathologies dans le traitement. 198 * Tildren, CEVA Santé-Animale, zone industrielle de la Ballastière – BP 126 -33501 Libourne Cedex, tel 05 57 55 40 40. ** Adéquan, Laboratoire Janssen Santé-Animale, 92787 Issy les Moulineaux - Cedex 9 – tel 01 55 00 42 00. *** Hexabrix, Guerbet BP 57400 Roissy CDG Cedex, **** IRAP : «interleukine I réceptor antagonist protein», - OPTOMED, 91974 Les Ulis Cedex - tel 01 69 29 01 98. MOTS CLEFS : cheval, boiterie, naviculaire, syndrome podotrochléaire, bourse podotrochélaire, traitemens. Congrès de médecine et de chirurgie équine, Genève 2007 Published in the IVIS Website with the permission of the organizers. mise_2007.qxp 21.11.2007 15:07 Page 199 Close window to return to IVIS www.ivis.org BIBLIOGRAPHIE 1. CADIOT P. J. ET J. ALMY (1924) – Traité de thérapeutique chirurgicale des Animaux Domestiques – (Troisième édition) Tome second : Maladie naviculaire (p 1071 à 1079) 2. OSTBLOM L., LUND C., MELSEN F. (1984) – Navicular bone disease. Results of treatment using egg-bar shoeing technique. Eq. Vet. J. 16 : 203 3. DENOIX J. M., DESBROSSE F. (1992) – Pathologie du pied – Sémiologie et traitement. Polycopié Enseignement post-universitaire, Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort, 4. 5. 6. DESBROSSE F. (1999) – Le syndrome naviculaire – tour d’horizon de la panoplie thérapeutique – 6ème congrès de médecine et chirurgie équine Genève 12/14 septembre, (pages 122 à 127) DYSON S., MURRAY R. 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