Discours du President Zine El Abidine Ben Ali a l - CARIM

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Discours du President Zine El Abidine Ben Ali a l - CARIM
Discours du Président Zine El Abidine Ben Ali à l'ouverture du premier
Sommet du dialogue 5+5 à Tunis
Tunis, le 5 decembre 2003
Il nous est particulièrement agréable de vous souhaiter la bienvenue dans notre pays en taut
qu'hôtes illustres de la Tunisie, et de vous remercier d'avoir repondu a notre invitation à participer
à ce premier sommet du dialogue 5+5. Nous voyons dans votre présence, aujourd'hui, parmi nous,
une preuve éloquente de la profondeur des relations de fraternité, d'amitié, de coopération et de
solidarité qui nous unissent, et auxquelles nous accordons une attention particulière et soutenue,
taut nous percevons l' appartenance de la Tunisie a l' espace méditerranéen comme l'une des
constantes de notre identité nationale et de notre politique extérieure.
Notre rencontre, aujourd'hui, illustre notre conviction commune quant aux vertus
du dialogue, en tant que valeur et en tant que pratique, de même qu' elle témoigne de
notre attachement a le consacrer et à en enrichir les contenus.
Tout en exprimant mes remerciements a la République française qui assure la présidence
de notre dialogue 5+5 pour l'annee en cours 2003, je tiens, en particulier, à exprimer à notre trés
cher ami, Monsieur Jacques Chirac, toute mon amitié et toute ma considération, en rendant
hommage a l'homme d'Etat et au leader humaniste qu'il est, pour son soutien ferme et permanent
aux causes de liberté, de justice et de paix. Je lui rends hommage également pour ses positions
d'avant-garde sur la scéne intenationale ainsi que pour son soutien constant à notre région
maghrébine, à tous les niveaux et, tout particuliérement, auprès de I 'Union européenne, qui est
notre partenaire naturel et stratégique.
Notre présent sommet est une occasion que nous attendions avec intérêt, s'agissant
d'approfondir l'examen de nos préoccupations communes et d'identifier les voies et moyens d'y
remédier, dans un contexte de coopération et de solidarité, de telle sorte que puissent s'ouvrir,
devant nous, de nouvelles perspectives pour une coopération plus large entre I'Union du Maghreb
arabe et I'Union européenne.
La Tunisie, qui est fière de son histoire mediterranéenne et des civilisations qui se gout
conjuguées sur son sol, a contribué a l'instauration du dialogue 5+5, depuis son lancement à
Rome, en 1990, et a préconise la tenue de ce sommet, lors de la deuxième conférence
ministérielle organisée à Alger en 1991, dans une conjoncture régionale et intenationale combien
delicate, marquée par l'apparition des premiers signes avant-coureurs des mutations à la fois
profondes et rapides auxquelles nous assistons aujourd'hui.
A la lumière de ces mutations, nous considérons, pour notre part, que la cooperation et la
solidarite representent la voie unique qui s'offre à nous et que la préservation de la paix, de la
securite et de la stabilite, dans notre espace mediterranéen est une responsabilité commune qui
nous incombe à tous.
Nul doute que nous sommes tous conscients que les facteurs qui unissent les pays du
bassin accidental de la Mediterranee, aux differents niveaux, leur donnent une dimension
strategique des plus importantes qui habilite cet espace commun a l'instauration d'un partenariat a
la fois solide et nouveau entre ses membres. En meme temps, ces facteurs nous incitent fortement
a consolider les relations entre les deux rives de la Mediterranee dont nous aspirons taus a faire
un lac de paix, de securite et de stabilite.
Nous considérons que l'instauration d'un tel partenariat impose le renforcement de la
concertation entre nos pays concemant toutes les questions qui nous preoccupent dans le but
d'adopter une approche commune de nos realites, dans leurs différentes dimensions politique,
securitaire,economique, sociale et culturelle, sur la base de I' interdependance etroite qui existe
entre leg notions de paix, de sécurite et de stabilite d'une part, et de developpement, d'autre part,
mais aussi, et avec tout autant d'interet, de prise en compte des situations dans les pays
maghrébins et de l'inégalité dans le niveau de developpement entre ces demiers et les pays de la
rive nord, afin de prevenir toutes les conséquences négatives que ces déséquilibres pourraient
générer.
Il est imperatif d'agir pour reduire ces disparités en conjuguant nos efforts pour instaurer
entre nos pays, un partenariat solidaire qui puisse nous aider a relever les défis auxquels nous
sommes confrontés.
A cet egard, nous considerons que l'emergence d'une union maghrebine integree et solide,
constitue un appui solide au partenariat que nous aspirons a etablir dans notre région et, plus
généralement, entre les deux rives de la Méditerranée.
Nous nous employons, avec la plus grande determination, à renforcer les conditions de
complémentarité et d'integration entre les pays de I'UMA, en esperant que nos partenaires
europeens contribueront a la realisation de cet objectif, en vue d'aider au renforcement de l'action
intramaghrebine et a la consolidation du partenariat maghreboeuropeen.
Il importe, a nos yeux, que le processus d'elargissement de l'Union européenne à de
nouveaux Etats membres, s'accompagne d'un effort similaire de la part de l'Union europeenne en
direction de la partie occidentale de la rive sud de la Mediterranée, dans le cadre d'une approche
prospective fondee sur la perception commune des défis existants et futurs et tenant compte des
interets des deux parties. Nous esperons que nos partenaires européens dans le dialogue 5+5 nous
apportent leur soutien pour l' etablissement et le renforcement des relations de cooperation et de
rapprochement avec I'Union europeenne, dans le cadre d'une politique équilibrée entre les
partenaires de l'Union européenne, au nord comme au sud.
Tout en réaffirmant notre attachement a concretiser le processus d' Agadir qui vise a etablir
une zone arabomediterranéenne de libre-échange, nous tenons a exprimer, de nouveau, notre
accord de principe concernant la politique de voisinage que l'Union europeenne se propose
d'adopter pour edifier de nouvelles relations avec les pays de la rive sud de la Mediterranee, et
souhaitons que I'UMA bénéficie d'une position privilégiée, dans le cadre de cette politique.
. Dans ce contexte, nous tenons a réaffirmer l’importance que pourra avoir I' etablissement
de relations solides entre la Banque euro-mediterraneenne et la Banque maghrebine
d'investissement et du commerce exterieur, apres leur mise en place.
Nous preconisons, a cet égard, la creation d'un forum d'affaires maghrebo-europeen qui se
reunirait annuellement et altemativement dans les capitales de nos dix pays, et reuvrerait en
faveur de l'intensification des investissements mixtes et de la cooperation economique et
commerciale, de maniere a stimuler le rythme du developpement dans les pays maghrebins.
En raison de l' importance que revel le secteur du tourisme dans nos differents pays et dans
notre region, consideree comme une destination privilegiee du tourisme mondial, nous
renouvelons notre appel en faveur de l'organisation de l'annee de la Mediterranee, en tant
qu'opportunite a mettre a profit pour faire valoir la richesse civilisationnelle dont se prévaut
l'espace mediterraneen.
D'autre part, le phenomene de la migration humaine que les differentes societes ont eu a
connaitre depuis l' Antiquite, constitue, aujourd'hui, par quelques unes de ses dimensions, une
source de preoccupation pour nous tous. Et dans le souci d'en faire plutot une source
d'enrichissement de nos relations, nous appelons a I' organisation de ce phénomène, selon des
criteres qui tiennent compte des interets reciproques de nos pays.
Nous sommes persuadés, en effet, qu'une approche saine de ce phenomene doit
necessairement s'appuyer sur le traitement de ses causes profondes et, en premier lieu, le soutien a
apporter aux efforts de developpement durable des pays de la rive sud de la Mediterranee qui
peuvent, ce faisant, mettre a niveau leurs economies, consolider leurs capacites en matiere
d'emploi et promouvoir la qualite de vie de leurs populations.
Nous formons le souhait que la Declaration de Tunis, adoptée lors de la reunion des
ministres des Affaires sociales, en octobre 2002, serve de base a la demarche souhaitee.
Nous renouvelons dans le même contexte, notre appel en faveur de la conclusion d'un
contrat definissant les droits et les devoirs des communautes maghrebines etablies en Europe, de
maniere a favoriser leur integration dans leurs pays d'accueil, tout en preservant leurs specificites
culturelles et en leur assurant les conditions adequates qui leur permettent de se premunir contre
les facteurs de marginalisation ou de desespoir.
Les phenomenes de I' extremisme et du fanatisme, dans leurs differentes formes, ainsi que
la violence et le terrorisme qu'its generent, font desormais partie, avec la criminalite organisee et
transnationale, des perils et defis majeurs mena ant la securite et la stabilite dans le monde.
Tout en réaffirmant, en cette circonstance, notre position intangible condamnant ce
phenomene et rejetant toutes ses formes, tant ils sont contraires aux preceptes des differentes
religions et a toutes les valeurs humaines et morales, nous considerons qu'it est imperatif que la
lutte contre de tels phénomènes soit collective et ne se limite pas aux mesures de securite, mais
soil fondee sur une approche coherente qui permette, surtout, de remedier a ses causes profondes.
Ayant deja salue l'ensemble des propositions qui ont ete faites en vue de renforcer la
cooperation entre nos pays dans la lutte contre ces phenomenes, nous pensons, au vu de la
dimension mondiale prise par le terrorisme, que le moment est venu d'etablir un code de conduite
international sous les auspices des Nations unies, pour le combattre.
A cet egard, nous reaffirmons que le terrorisme n'a rien a voir avec la religion, et qu'it est
errone de situer les relations entre les differentes composantes de l'humanite dans le cadre d'un
conflit entre les religions ou d'un choc des civilisations. Car l'avenir de l'humanite se construit sur
la bipolarite du dialogue et sur le respect du droit a la difference.
Le bassin méditerranéen, berceau des religions et source des civilisations qui se soot
succede au fil des temps, est apte, plus que toute autre region, à emprunter une telle voie.
La Tunisie d'où avait emane, en 1995, le Traite de Carthage pour la tolerance, souligne
l'importance du dialogue entre les cultures et les civilisations, et reuvre, avec taus ses moyens, a
la consecration de ce dialogue et l' enracinement de la culture de la tolerance et de la fratemite
humaine. Aussi, accueille-t-elle favorablement l'idee de creation, a cette fin, d'une institution
euro-mediterraneenne, tout en reaffirmant son attachement a contribuer efficacement a la
realisation de ce projet et a la reussite de ses activites et de ses programmes d'action dans l'avenir.
La concretisation des objectifs de notre dialogue et, plus generalement, des objectifs du
processus euro-mediterraneen, passe ineluctablement par la concretisation des aspirations de taus
leg peoples de la region a la paix, a la securite et a la stabilite.
le reitere mes souhaits de bienvenue en Tunisie, en formant les meilleurs vreux pour que
notre sommet soit couronne de succes et aboutisse aux resultats susceptibles de nous aider a
repondre aux enjeux de notre monde contemporain et a traiter plus efficacement avec les
differents regroupements regionaux.