Rock heurs

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Rock heurs
212 : Communication
Vincent GILOT
Rock heurs
C’est en faisant épouser un diamant avec le microsillon d’un vinyle qu’est née ma passion pour le
Rock. C’était il y a bien longtemps. Plongé dans la discothèque de mon père, j’exhumais des
trésors des sixties. Au contraire de Jane Birkin je n’en suis pas devenu un ex-fan. Je puise encore
ma dose quotidienne de Rock sur les ondes de la radio belge Classic 21 et surtout dans une
discothèque, de plus de 600 albums des années 50 à nos jours, qui est toujours en constante
évolution. Une passion enrichie au gré des rencontres, de conseils avisés, d’heures à discuter en
partageant nos propres découvertes : albums, livres, anecdotes, critiques… Bien plus qu’une
passion, le Rock est devenu une culture qui se chiffre en quantités d’albums, places de concerts,
une bibliothèque de magazines et d’ouvrages, des murs tapissés de posters, sans oublier
évidemment un dressing code (T-shirts de concerts, badges, paires de jeans usés, Converse, boots,
blousons de cuir & Ray Ban, etc…). Forcément cela prend de la place !
De toutes les passions, le Rock remporte probablement la palme de la plus banale dans l’océan
des violons d’Ingres. Mais ne vous fiez pas aux apparences, derrière ce mot devenu commun et
fourre-tout se cache des trésors. Encore faut-il pour cela sortir des sentiers battus, éveiller son
sens critique et sa curiosité, prendre un peu de recul et d’altitude afin de porter un œil nouveau
sur la partie immergée de l’iceberg. En effet, depuis sa naissance le Rock, que ce soit la musique
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et sa culture, a évolué : un shaker multiculturel des générations en mouvement. Qu’ils soient Pop,
Hard, Psychédélique, Progressive, Kraut, Punk, ces styles musicaux arborent fièrement la bannière
Rock ! Un esprit rebelle qui depuis a été lui aussi récupéré par la société de consommation.
Comment faire le tri entre le bon grain et l’ivraie ?
Je suis un éclectique intransigeant. En effet, les « artistes » provenant du circuit commercial ne
sont pas légion dans mes choix. Si la musique reste subjective, c’est dans la créativité et
l’expérimentation musicale que je trouve mon label de qualité. Je connais nombre d’artistes dont
les noms provoquent souvent un air hébété chez mes interlocuteurs qui me demandent « Et toi,
qu’est ce que t’écoutes ? » avec des yeux comme des soucoupes reflétant un vide insondable. Un
grand moment de solitude ! En effet, si Pink Floyd ou Led Zeppelin font partie de mes
références immuables, aujourd’hui je suis très sensible à des artistes et des albums dont je ne peux
m’empêcher de vous dresser une liste, loin d’être exhaustive.
Spirit of Eden de Talk Talk
Five Leaves Left de Nick Drake
Happy Trail de Quicksilver Messenger Service
Slanted & Enchanted de Pavement
Just a Poke de Sweet Smoke
Spiderland de Slint
Obsolète de Dashiell Hedayat
L’histoire de Mélodie Nelson de Serge Gainsbourg
Force est de constater que si les artistes anglo-saxons ont une belle part du gâteau, la scène
francophone n’a pas à rougir. Nous pouvons nous enorgueillir d’artistes comme Alain Bashung
ou encore Arno qui représentent bien l’image de l’indépendance musicale et de la créativité.
Culture et indépendance
A la fin des années 70 Coluche interprétait un personnage soixante-huitard qui, la guitare à la
main, vociférait un « Misère » revendicateur, faisant - toujours et encore - rire la France entière. Le
sketch dévoile des idées qui sont pourtant toujours d’actualité sur la monopolisation de la culture
musicale.
« - Ca va être interdit la vente forcée comme ils font là. Parce que si on vous passe des conneries, des conneries toute
la journée, vous finissez par les acheter, hein.
- Vous n'êtes pas raisonnable non plus.
- Quand on pense qu'il suffirait que les gens ne les achètent plus pour que ça ne se vendent pas »
Des directeurs « artistiques » sortant d’HEC qui parlent d’un artiste en part de marché ; des radios
loin d’être « libres » qui appartiennent à des maisons de disques. Quel regard portons-nous sur la
qualité de la production musicale et l’indépendance des média ?
Déjà en 1991, Mark Hollis (Leader du groupe Talk Talk) livrait un sentiment amer envers
l’industrie du disque, dans une interview accordée à la revue Les Inrockuptibles « Il est temps que ce
milieu soit un peu plus créatif. Car je suis incapable de parler à des gens qui ne réfléchissent qu’en termes de
produits, de formats, de calibres. Peu de gens aiment la musique dans les maisons de disques. ».
J’ai bien peur que son message n’ait pas été entendu !
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Même constat pour la télévision, quand la programmation rime avec audimat, c’est-à-dire, parts
de marché publicitaire, le Rock se retrouve au placard. Elle est loin l’époque du rendez-vous
hebdomadaire des « Enfants du Rock ».
Une façon de partager
J’ai crée un site web en 2002 dans le but de partager plusieurs de mes passions dont le Rock.
Dans un style qui s’est affiné avec le temps j’ai commencé par y narrer mes pérégrinations
nocturnes dans les salles de concerts. Des récits imagés et vivants dans un maelström sonore
embrumé de vapeurs éthyliques. Le meilleur moyen de marier ma passion du Rock avec celle de
la photographie. Saisir l’instant, fixer le mouvement, capter l’énergie de la musique afin de mieux
en diffuser l’émotion. Porte-parole, avec mes mots et mes images, d’artistes en quête de célébrité
et de notoriété.
Dans le cadre d’une collaboration avec le site web Music-Story, j’ai rédigé les biographies de Pink
Floyd, Jeff Buckley et de Ride. Cette expérience m’a donné envie de progresser dans des styles
différents : chroniques d’albums et de livres, puis des interviews.
Aujourd’hui ce site représente plus de 1000 photos de 70 artistes, je vous ferai grâce du nombre
de mots voire de signes ! C’est surtout la possibilité de découvrir des artistes locaux aux styles très
différents comme Curry & Coco, Manu Markou et Odile Closset, Red, dAS MODEL, The White
Loose Woman, etc …
En aucun cas Sergent recruteur, je ne tiens pas à faire du prosélytisme. Je souhaite uniquement
partager ma passion en invitant le visiteur voire le lecteur à la curiosité, à la rencontre et à l’esprit
critique.
Finalement « Eteins ta télé et viens voir ce qui se passe dehors » comme leitmotiv.
En guise de conclusion, je citerai l’écrivain Hunter S. Thompson « Une fois que vous aviez entendu la
musique bien jouée, vous pouviez l’emballer dans votre cerveau & l’emporter avec vous, n’importe où, pour
toujours. »
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Sources
Rock & Folk n° 452 d’avril 2005
« Rock & Télé le grand Fuck off !!! » pages 58 à 62
Les Inrockuptibles n°31 de septembre / octobre 1991
« Talk Talk Foudre bénie » pages 96 à 100
Notes de pochette par Hunter S. Thompson
compilation CD « Where were you when the fun stopped? »
(Songbook Series, copyright EMI 1999)
Ouvrages de référence
Dictionnaire du Rock de Michka Assayas
Rock, Pop, un itinéraire bis en 140 albums essentiels de Philippe Robert
Golden Years – Rock 70-80 de Paul Coerten
Sites web
http://kroundave.free.fr
http://www.myspace.com/le_guise
http://www.music-story.net
Photographies
page 1
Patchrock
page 3
Akron Family @ Le Grand Mix (Tourcoing)
Miossec @ L’Aéronef (Lille)
Two Gallants @ L’Européen (Paris)
Curry & Coco @ L’Aéronef (Lille)
Birthday Pony @ Le Grand Mix (Tourcoing)
par Vincent “Le Guise” GILOT
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