Steady Rollin`Men

Transcription

Steady Rollin`Men
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Steady
Lord Huron
Un classique de Muddy Waters,l'ombre de Martin Luther
King, I'hommagê d'une fille à son père et un duo austrâlien
Strange Trails
PlayltAgainSam/Pias I
,i.
'
Folk-rock entre Est et Ouest.
quidépote:lasétectionbluesdumois.ParDinoDiMeo
Pas dhutre choix que d'applaudir
le second album du groupe de Ben
Schneider, jeune et brillant songwriter natif du Michigan. Si le
nom de sa formation s'insPire du
lac près duquel il a grandi, il vit
depuis quelques années à Los
Angeles où, concert après concert,
il a imposé le folk de Lord Huron.
Après un somptueux Lonesome
Dreams nourri d'americana, ce
Strange Trails passe àlétape supérieure. Le folk se teinte de rock, le
mélodique délectrique, offrant des
morceaux d'une qualité absolument égale, avec des bijoux tels
que "Until the Night Turns" ou
"Fool for Love". Le tout bénéficie
d'un rythme soutenu qui ne tolère
aucun ennui. Mention spéciale àla
ballade de lonesome cow-boy "La
Belle Fleur sauvage" (en VF, s'il
vous plaît) et à la surf pop ambiance Pulp Ficfioz de "The \Morld
Ender".
SOPHIE ROSEMONT
ffi
Rollin'Men...
î",
Rarae,
Baladista
Inside Recordings
i
Uune des valeurs sûres
de l'americana.
Muddy Winter ! Voilà la réédition en vinyle d'un album
de 1979 du grand maître venu du fleuve boueux. À cette
époque, McKinley Morganf ield avait invité un certain
Johnny Winter. La scène est déjà bien fournie, avec des
musiciens tels que James Cotton, Willie Smith, Pinetop
Perkins, Calvin Jones ou Luther Johnson aux cÔtés de
l'enfant de Clarksdale, et Johnny Winter, également producteur de l'album,
apparaît en tant que troisième guitariste, totalement fondu dans la dream
Ayant commencé sa carrière sur le
tard, le guitariste américain n'en
est pas encore au stade de l'angoisse de la page blanche. Au
contraire, après ses premières
parutions au début des années 90
et deux albums hommage
à
Woody
team du père du blues électrique. Muddy Waters avait été le premier bluesman
à utiliser une guitare étectrique dans les années 40 (pour mieux être entendu
dans les clubs de Chicago qu'il jugeait bien trop bruyants). Ce disque n'est pas
Guthrie, il laisse libre cours à son
inspiration. Laquelle se nourrit de
sa vie personnelle : sur "She Had
to Go", "Old Portland Town" ou
à la hauteur du L ive (at Mister Kelly's) de1971, mais il s'en approche nettement.
"Thanks for the Smiles", on entend
Muddy "Mississippi" Waters - Live (Sony/Music on Vinyl)
l'immense amour qu'il porte à sa
femme, Lauren. Chanthabité, guitare sèche, pedal steel et harmo-
Soul des familles ! Roebuck "Pops" Staples, en père de
'l999 en
famille comblé, avait enregistré cet album en
compagnie
d'une de ses filles, Mavis Staples. La chanteuse
soul, dont on connaÎt les qualités vocales exceptionnelles,
a fait appel à Jeff Tweedy, Ie leader de Wilco, avec lequel
elle collabore depuis quelque temps (One True Vine),pour
ajouter guitare, basse, batterie, et suivre à la lettre les instiuctions que Pops
lui avait données iuste avant sa mort, en 2000, L homme que Duke Ellington
avait qualifié de visionnaire en réussissant à interpréter du gospel en blues, et
vice versa, n'avait pu terminer l'album. l'4avis aura attendu le savoir-faire des
f rères Tweedy pour terminer l'enregistremenl de Don't Lose fhls, et ainsi
respecter la promesse faite à son père. Dix plaintes f rappées de son inégalable toucher de guitare électrique, et qui redonnent vie à l'artiste.
Pops Staples, Don't Lose li,/s,
nica Baladista est un authentique
manifeste folk. Il nous offre même
un classique instantané, "Love's
First Lesson", écrit avec Jack
Tempchin, avant de se terminer
sur une très honorable reprise du
hit "5oo Miles", un rien plus électrique qu'à l'aceoutumée mais
toujours aussi
efrcace.
s.R.
(Anti)
La cause de Luther. Le 9 avril 1965, en soutien au Civil
Rights Movement et aux trois Marches de Selma
Sophie Hunger
à
É-
Montgomery (un film, Se/ma, commémorant ces événements, est sorti en mars), The Staple Singers donnèrent un
concert historique à la New Nazareth Church de Chicago.
Cette réédition, inédite en CD, offre l'intégralité des gospels
interprétés ce jour-là - ce qui, à I'époque, ne pouvait techniquement tenir sur
pète la chanteuse suisse à la fin de
un seul 33-tours. Pops et ses trois filles (Cleo, Yvonne et Mavis) étaient des amis
"Mad Miles", comme pour nous
proches de Martin Luther King. C'est d'ailleurs après avoir écouté le speech du
leader que Pops déclara à sa famille : "Si lui peut prêcher ces messages, nous
pouvons les chanferl" Point de départ d'une longue liste de protest songs blues
Supermoon
Caroline, L-niversal
Entre ombre et lumière...
"Hoppy nere year California",
donner un indice sur ce cinquième
album. Enregistré à San Francisco
mais aussi à Bruxelles, §zpermoon
néclaire pas forcément le contraste
entre les deux villes, "Superman
Woman" puisant davantage son
joyeux rock Rh'B cuivré du côté de
Chicago. Comme souvent avec
Hunger, la diversité stylistique des
arrangements écarte tout rePère,
communiquant humeurs et couleurs
folk et trip-hop à des atmosphères
nocturnes ("Die Ganze Welt",
"Fathr", "Heicho"). Seule sa voix,
lumineuse, perce de sombres pensées, même lorsqu'Éric Cantona lui
répond avec tristesse sur "La chanson d'Hélène". Au mixage, Mark
Lawson (Arcade Fire) donne sa cohérence àl'ensemble.
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et gospel qui les mèneront chez Stax, puisjusqu'au Muscle Shoals Sound Studio
The Staple Sing ers, Freedom Highway (Legacy/Sony)
Blues Aussie, Le duo franco-australien continue sa route
avec un troisième album teinté de bleu. LAustralien lan
Giddey (dit Barefoot lano), tombé jeune dans le blues de
Sonny Terry et Brownie McGhee, et le Grenoblois Mathieu
Guillou (Mr. Mat), guitare et chant, s'étaient rencontrés il
y a dix ans et avaient réussi, grâce à un disque autoprose
mettre
en
valeur au festival Blues sur Seine. Ce retour, armé ici et
dult, à
là d'une guitare électrique, prend un autre envol. Les deux compères compositeurs n'hésitent pas non plus à s'attaquer à "Georgia on My Mind", avec
du caractère. Curieusement, les chansons en français lui donnent une voix
moins prenante, mais l'ensemble de l'album rend bien la consistance d'une
musique bien digérée. La formation, qui enchaîne les concerts, se produira
mi-avril au Café de la Danse, à Paris.
Mountain Men, , garnsf th e Wind (É.cho Productions)
Josh Rouse
The Embers
ofTime
1'ep Roc Records'
Differ--{nt
Une balade pop-fclk solaire.
Josh Rouse, qui s'est forgé au cours
des quinze dernières années une
solide réputation de singer-songwriter grâce à de petits trésors
pop-folk comme 1972 ou, plus récemment, The Happiness Waltz,
auraitpu succomber aux affres de la
crise de la quarantaine. Au lieu de
ça, il en a tiré un onzième album
solaire d'une grande finesse, sans
doute l'un de ses plus réussis. Enregistré entre Valence (où il vit depuis
dix ans) et Nashrille (où il a vécu), ce
bijou aux accents seventies nous
embarque dans une doucebalade au
gré de dix titres aux arrangements
magnifiques, tantôt complexes
(harmonica, piano, vibraphone,
steel guitar, violons...), tantôt plus
sobres, mais toujours subtils. Un
sans faute qui, on l'espère, attirera
l'attention sur cet Américain pas
ASSEZ
CONNU.
KATHLEEN AUBERT
MÂr 2015