Interview avec Michael Winterbottom, réalisateur

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Interview avec Michael Winterbottom, réalisateur
///////////// Sommaire /////////////
Cinéma
Musique
La Doppia Ora
Piranha 3D
Women Without Men
Oncle Boonmee qui se souvient de ses vies anterieures
Kynodontas
Une famille très moderne
Ondine
Letters to Juliet
L'Arbre
L'Autre Monde
The Killer Inside Me
Crime d'Amour
The Expendables
American Trip
The Sorcerer s Apprentice
Cosa Voglio di piu
Strange Weather, Isn't It?
Who We Touch
Mines
History of Modern
20TEN
The Runaway
Blood Like Lemonade
The Boxer
Where Did The Night Fall
Wait For Me Remixes
Compass
The Way of the Animals Powers
Speaking Parts From the Blazing Rows/ Tonnerre
Vendanges/ Balloons
New Amerykah Part Two: Return of the Ankh
Three Hundred/ Hangover on the Top
Turtle Tales From Overseas
Down The Way
Alice in Wonderland/ Almost Alice
The Year Of The How-To Book
...And Then We Saw Land
DVD
Hora
The Market
The Invention of Lying
Hunter Prey
Couples Retreat
Crazy Heart
The Stranger (Muukalainen)
Les Folles Aventures de Simon Konianski
Paintball
Dexter: saison 3
Valhalla Rising
Yona Yona Penguin
Villa Amalia
The Book Of Eli
Paris nous appartient
Corleone
Blu-Rays
Chloe
Prince of Persia : The Sands of Time
Fantastic Mr. Fox
The Horseman
Clash of the Titans
Fringe
James and the Giant Peach
Armageddon
The Collector
Goemon
Three Kingdoms: Resurrection of the Dragon
Dumbo
The Wolfman
Black Lightning (Chernaya Molniya)
Tell Tale
Carlito's way
Dossiers
Interview avec Julie Bertucelli, réalisatrice de 'The
Tree'
Julie Bertucelli a beau être née en France,
professionnellement, elle n'a jamais cessé de
parcourir le monde. Pour son deuxième film, le
très prenant 'The Tree', elle a mis le cap sur
l'Australie.
Tron: Legacy... A Tron avis!
Let me In: Morse Attaque!
Les aficionados de cinéma différent ont
craqué, l'année passée, sur le superbe 'Let
the Right One In' ('Låt den rätte komma
in'), une production suédoise réalisée par
Tomas Alfredson.
Interview avec Michael Winterbottom,
réalisateur de 'The Killer Inside Me'
Spectateurs choqués, journalistes indignés,
'The Killer Inside Me' de Michael
Winterbottom ne laisse personne indifférent.
///////////// Cinéma /////////////
La Doppia Ora
Les réalisateurs de 'La doppia ora' ('Het dubbele uur') pensaient-ils qu'ils lèveraient leur film à un niveau supérieur en
combinant deux genres ? Ou avaient-ils trop peu d'inspiration pour travailler leurs idées en deux thrillers distincts ? Dans
tous les cas, vous ne pouvez pas nier que 'La doppia ora' se déroule aussi bien qu'un assemblage de kit Ikea avec deux
boîtes différentes.
Le plus regrettable est que ces pièces constituent l'histoire en soi. D'un côté, nous avons une histoire d'amour autour de
deux personnes qui se rencontrent lors d'une soirée speeddating mais qui ignorent tout l'un de l'autre. Et d'un autre côté le
réalisateur Giuseppe Capotondi s'attaque à une histoire de fantômes à l'atmosphère intrigante et même parfois vraiment
effrayante.
Et quand tout bascule, ces deux aspects n'ont finalement rien à voir ensemble. L'interlude surnaturel se détache tellement
du reste qu'on dirait que les réalisateurs voulaient s'assurer que le film tiendrait bien le format propre au cinéma. Avec un
peu d'efforts et d'analyse, 'La doppia ora' pourrait devenir un thriller sur l'amour et la confiance. Maintenant que la
structure grince et crisse de tout côté, il est préférable de ne pas s'y attarder trop longtemps. (RN)
Film: 4/10, B.O.: 6/10
Date de sortie : 08 Septembre 2010
Durée: 95 min
Réalisé par: Giuseppe Capotondi
Avec: Ksenia Rappoport, Filippo Timi, Antonia Truppo, Gaetano Bruno
Ruben Nollet
Piranha 3D
Je vous épargne l'inutile scénario (un attroupement d'ados, un gigantesque lac infesté d'une horde de piranhas
particulièrement méchants et besogneux) pour rentrer dans le vif du sujet... Le 'Piranha 3D' d'Alexandre Aja va beaucoup
plus loin que le simple remake, voir le fan film. Aja nous balance ici une bande acide, toute en montée. En effet, après le
prologue clin d'oeil à 'Jaws' (via une apparition rapide et drôle de Richard Dreyfuss), 'Piranha 3D' met temps à décoller, un
peu dans l'esprit des thrillers et métrages horrifiques 70's, puis - petit à petit - atteint une sorte de masse critique
d'hystérie et de gore assez saisissante, et sans retenue. Ici point de fioritures, mais un bis de luxe, parfois même z, avec
des blagues de très mauvais goût (un vomi en relief s'abat sur le spectateur, un pénis arraché traverse l'écran avant de se
faire dévorer), de l'érotisme délirant (le ballet aquatique saphique 3D des nymphettes dénudées), une absence de narration
assumée, le tout constituant une sorte d'autel sacrificiel pour adolescents crétins. Tout cela n'est pas génial, mais nage
largement au-dessus de la masse des sorties gore habituelles, est bardé d'humour irrévérencieux, et semble hurler un
énorme 'fuck you' aux censeurs. Un pur produit pop-corn et one way.
Film: 6/10, B.O.: 5/10
Date de sortie : 01 Septembre 2010
Durée: 88 min
Réalisé par: Alexandre Aja
Avec: Ving Rhames, Elisabeth Shue, Richard Dreyfuss
Gauthier Keyaerts
Women Without Men
Dans 'Women without Men', parmi les protagonistes féminins, certaines sont mal traitées. Elles aspirent à une nouvelle vie
à laquelle elles n'ont jamais pu profiter. Mais elles sont constamment poussées à bout par la trahison (masculine), la
cupidité et le fondamentalisme religieux.
Le symbolisme centrale de ce drame poétique avec lequel l'artiste vidéaste et photographe Shirin Neshat fait ses débuts
dans un long métrage se laisse facilement percer. En fait, 'Women without Men' parle de l'Iran même, un pays qui début
des années '50 (l'époque dans laquelle le film s'installe) avait franchi l'étape vers une démocratie moderne et qui
replongea ensuite dans le Moyen Age. A cause de la cupidité du monde occidental (liée au pétrole), à cause de la soif de
pouvoir du Shah et, finalement, à cause de la folie des intégristes musulmans.
On ne peut guère rester insensible aux images admirables (et parfois choquantes) que Neshat porte à l'écran. Toutefois,
elle porte parfois la thématique tellement loin, qu'un non-iranien a du mal à suivre. 'Women without Men' est certainement
sensible et représentatif mais au final aussi trop énigmatique et grave. Un conseil : tapez le nom de Mohammed Mossadeq
sur Wikipedia avant de visionner le film.(RN)
Film: 6/10, B.O.: 8/10
Date de sortie : 01 Septembre 2010
Durée: 95 min
Réalisé par: Shirin Neshat
Avec: Navíd Akhavan, Mina Azarian, Bijan Daneshmand
Ruben Nollet
Oncle Boonmee qui se souvient de ses vies anterieures
Non, le lauréat du Festival de Cannes 2010 ne cherche pas à impressionner par des scènes d'actions flashy ou un drame
poignant. Même s'il évoque la vie et la mort et que des fantômes et des créatures bizarres surgissent, chaque personnage
semble avoir fait de Zen son surnom.
Il ne faut pas non plus s'en surprendre. Tout le film s'ancre dans le bouddhisme, la croyance qu'à la base il y a assez de
souffrance dans ce monde et que vous pouvez y échapper par votre désir de vaincre. Ce chemin vers l'Illumination prend le
temps de plusieurs vies, vous avez donc le temps.
'Uncle Boonmee' emprunte beaucoup de légendes et de clichés du bouddhisme, depuis l'esprit du singe aux poissons qui
parlent. Vu que le film nous déplace encore et encore de la vie ordinaire, il en obtient même un effet plutôt comique, un
sourire tout aussi bienveillant que le ton de l'histoire. Tante Jen qui s'attaque aux insectes avec son fouet électrique, le
montage photo avec le singe artificiel remarquable, sont aussi amusants que surprenants.
'Uncle Boonmee Who Can Recall His Past Lives' est un film magnifique qui vous détend sans vous endormir, comme une
méditation. A essayer. (RN)
Film: 7/10, B.O.: 4/10
Date de sortie : 01 Septembre 2010
Durée: 113 min
Réalisé par: Apichatpong Weerasethakul
Avec: Natthakarn Aphaiwonk, Sakda Kaewbuadee, Geerasak Kulhong
Ruben Nollet
Kynodontas
Une des force de "Canine", au delà de sa maîtrise formelle impressionnante, est le vaste champ d'interprétation qu'il offre
aux spectateurs. Certains interpréteront cette chronique familiale comme une attaque d'une virulence rare de la sphère
famille bourgeoise, certains comme une métaphore de notre société de l'information où les mots ont perdu leur sens,
faussant ainsi toute comprehension de la réalité du monde. D'autres, comme une fable sur les sociétés totalitaires où un
pater familia omnipotent coupe totalement sa famille du monde extérieur et éduque sa descendance de manière à ce qu'ils
respectent aveuglément, mais dans une illusion de bonheur infantilisante, les règles absurdes et cruelles mises sur pied
pour conserver stabilité et pouvoir. La liste n'est sans doute pas exhaustive. Préférant la soustraction complète à l'adage
"Diviser, c'est régner", tout ce qui vit en dehors de cet opulent monde clos est forcément une menace. Le monde extérieur
est un enfer. Toute entité étrangère doit être éliminée. Film extrêmement dur et dérangeant, Canine est une oeuvre
fascinante où l'analyse comportementale froide façon Hanneke glisserait vers le fantastique terrifiant de Bunuel. La
morsure de Canine laisse une trace profonde et incite à réfléchir sur notre propre rapport au monde.
Film: 7/10, B.O.: 0/10
Date de sortie : 01 Septembre 2010
Durée: 94 min
Réalisé par: Giorgos Lanthimos
Avec: Christo Stergioglou, Michelle Valley, Aggeliki Papoulia, Mary Tsoni, Hristos Passalis, Anna Kalaitzidou
David Morelli
Une famille très moderne
Les critiques de cinéma américains n'ont pas épargné cet enième film de Jennifer Aniston. Et vous ne pouvez pas vraiment
leur donner tort. L'ex-méga star de 'Friends' semble toujours de plus en plus bizarre - y aurait-il un chirurgien plastique
dans la salle? La plupart des blagues de cette adaptation de 'Baster', une nouvelle de Jeffrey Eugenides de 'The Virgin
Suicides', contribuent davantage à l'insomnie qu'aux fous rires. Et il ne reste aucune trace du ton cynisme-amer de la
source d'inspiration susmentionnée. Et pourtant, on trouvera son compte. Jason Bateman se rend coupable d'un switch
comme annoncé dans le titre. Il soutient moralement en tant qu'ami fidèle la carriériste Aniston qui a un désir d'enfant ...
jusqu'au jour où une fameuse nuit d'ivresse il interchange le sperme du futur donneur d'Aniston avec le sien. En plus, on
profitera de l'alchimie visuelle entre Bateman ( cf 'Arrested Development', 'Juno' et 'The Kingdom) et son fils potentiel. On
apprécie aussi les seconds rôles : Jeff Goldblum (le scientifique dans 'Independence Day' et 'Jurassic Park') et Patrick
Wilson (le superhéros de 'Watchmen'), respectiviement le patron pseudo philosophe et le donneur de sperme d'origine.
Film: 6/10, B.O.: 0/10
Date de sortie : 25 Août 2010
Durée: 90 min
Réalisé par: Josh Gordon, Will Speck
Avec: Jennifer Aniston, Jeff Goldblum, Jason Bateman, Juliette Lewis
Steven Tuffin
Ondine
Neil Jordan est sans doute l'auteur de films le plus méconnus de sa génération. Et bien, ses films sont loin d'être réussis la tragi-comédie 'Breakfast on Pluto' assure la migraine au spectateur - et il faut dire que l'homme n'a pas hésité à
produire avec Hollywood des projets très particuliers - vous n'avez pas encore vu récemment le film du tueur en série 'In
Dreams' ? Quand le scénariste et réalisateur irlandais se met au travail, il confronte toujours le rêve et la réalité, le tabou
et la norme, et donne une place importante à l'identité sexuelle. Cela concerne aussi ce conte de fée moderne dans lequel
une autre icône du cinéma irlandais Colin Farrell incarne Syracuse, un pêcheur qui retrouve un jour une belle femme prise
dans ses filets. Elle refuse de révéler son identité et elle le supplie de ne rien raconter sur elle à personne. Il obéit et lui
donne refuge. Mais lorsqu'il modèle une histoire digne d'un conte de fée sur une sirène et la raconte à sa fille handicapée,
l'adolescente ne se laisse pas convaincre. Non seulement les prestations d'acteurs convaincantes mais aussi les prises de
vue de l'ex-assistant de Wong Kar Wai Christopher Doyle jouent un rôle crucial. Jordan a donc cherché à se faire accorder
parfaitement la forme et le fond.
Film: 8/10, B.O.: 0/10
Date de sortie : 25 Août 2010
Durée: 98 min
Réalisé par: Neil Jordan
Avec: Colin Farrell, Stephen Rea, Alicja Bachleda, Alison Barry
Steven Tuffin
Letters to Juliet
L'Italie est un pays magnifique aux nombreux atouts. Mais si vous y allez un jour, vous découvrirez que la connaissance
élargie des langues étrangères n'est pas leur spécialité. Les Italiens parlent italiens, et ils en sont fiers. Dans 'Letters to
Juliet', tous les protagonistes semblent parfaitement maitriser l'anglais. Même la mama dans sa cucina.
'Letters to Juliet' est donc un conte, une fable qui a pour but d'enivrer de romantisme la moitié des spectatrices. Il est
question d'amour sincère, de vrais gentlemen, d'hommes attentifs à leur moitié et capables de se lier.
Je peux comprendre l'intention, mais le film ne procure aucun plaisir en mettant en exergue deux personnages dont la
chimie ne semble à aucun moment opérer. Même plus, lorsque le baiser inévitable arrive, vous avez le sentiment étrange
d'avoir face à vous deux personnes qui échangent un geste mécanique. Le romantisme est loin.
'Letters to Juliet' a quelques bons points, à savoir l'interprétation impressionnante de Vanessa Redgrave dans le rôle de
Claire et bien sûr les superbes paysages. Mais ils ne parviennent pas à évincer les défauts du film.
Film: 4/10, B.O.: 5/10
Date de sortie : 25 Août 2010
Durée: 105 min
Réalisé par: Gary Winick
Avec: Amanda Seyfried, Gael García Bernal, Vanessa Redgrave, Christopher Egan
Ruben Nollet
L'Arbre
Comment réagit-on lorsque nous perdons un être cher ? Tout dépend souvent des personnalités, c'est ce que montre la
coproduction franco-australienne 'The Tree'. La famille O'Neill est confrontée dès le début du film à un énorme drame et
chacun essaye de le surmonter. Assumer le rôle de celui qui est parti, la profonde dépression, le silence complet ou se
réfugier dans une cachette fantaisiste, les réactions sont nombreuses.
Toute tourne aussi autour d'un arbre gigantesque planté près de la maison et qui devient le symbole du membre de la
famille décédé. 'The Tree' se révèle ainsi un film sur la nature, sur la manière dont nous faisons partie d'un ensemble plus
vaste dans lequel nous sommes finalement bien petits. Cette reconnaissance est le secret d'une vie réussie.
'The Tree' use en filigrane de cette idée très symbolique mais la cinéaste française Julie Bertucelli la développe avec
beaucoup de chaleur et de douceur. Elle présente les O'Neill comme une famille réelle, avec les disputes et les émotions qui
l'accompagnent.
En outre, elle peut compter sur le talent de Morgana Davies, qui du haut des ses huit ans incarne une fillette si crédible et
naturelle qu'elle laisse pantois.
Film: 7/10, B.O.: 6/10
Date de sortie : 25 Août 2010
Durée: 100 min
Réalisé par: Julie Bertucelli
Avec: Charlotte Gainsbourg, Marton Csokas, Aden Young
Ruben Nollet
L'Autre Monde
Je ne me suis jamais risqué aux jeux comme 'Second Life' ou 'World of Warcraft' mais je peux m'imaginer ce qu'un joueur
peut y perdre. C'est clair, dans ce monde virtuel, vous avez un sentiment profond de maîtriser votre destin et chaque
instant semble magique.
Mais vous courez aussi le risque de perdre le contact avec la réalité : voilà justement ce que le personnage principal de
'L'autre monde' subit. Gaspard est envouté par une mystérieuse blonde et le jeu qu'elle lui propose. Il n'a plus de notion de
la réalité et ne s'aperçoit pas de la pente dangereuse qu'il emprunte.
On ne peut pas qualifier 'L'autre monde' (en partie de production belge) de thriller terriblement passionnant mais il garde
son public en haleine. Le contraste entre l'atmosphère de vacances d'été somnolentes et ensoleillées et la sensualité
sombre de l'univers numérique est réussie, tout comme l'interprétation séduisante de Louise Bourgoin.
Parfois même, vous avez l'impression de visionner un film de David Lynch, ce qui est tout à fait honorable. Une intrigue
sympathique sur fond de perversité. (RN)
Film: 6/10, B.O.: 6/10
Date de sortie : 18 Août 2010
Durée: 100 min
Réalisé par: Gilles Marchand
Avec: Grégoire Leprince-Ringuet, Louise Bourgoin
Ruben Nollet
The Killer Inside Me
Le cinéaste Michael Winterbottom ne laisse aucun sujet brûlant de côté. Même plus, il semble bien que le grand cinéaste
britannique cherche la controverse. Après les scènes sexuelles explicites dans '9 Songs' et la philosophie provocante de
Naomi Klein dans 'The Shock Doctrine', il passe la porte de la violence brutale. Tant Jessica Alba de 'Fantastic Four' que la
groupie de 'Almost Famous' Kate Hudson font l'objet de sérieuses critiques dans cette adaptation à l'écran du classique de
la légende noire Jim Thompson (voir entre autres 'The Getaway' et 'The Grifters'). La brutalité est telle que certaines
personnes qui assistaient à la première mondiale au Sundance Film Festival se sont mise à protester bruyamment. Le fait
que la violence soit effectivement gratuite dépendra de votre opinion, mais une chose est certaine: il s'agit ici d'une
production incroyablement composée. Winterbottom a adapté l'histoire d'un shérif adjoint d'apparence loyal qui se révèle
être en fait un véritable tueur en série. De l'imagerie années 50 au jeu narratif fait de flashbacks, rêves et autres éléments
fictifs jusqu'aux références à l'histoire du cinéma et de la musique: le scénariste / réalisateur a tout transposé dans son
projet cinématographique le plus louable depuis l'aventure de science-fiction réaliste 'Code 46'.
Film: 8/10, B.O.: 0/10
Date de sortie : 18 Août 2010
Durée: 108 min
Réalisé par: Michael Winterbottom
Avec: Jessica Alba, Kate Hudson, Elias Koteas, Casey Affleck, Elias Koteas
Steven Tuffin
Crime d'Amour
Non, ce serait injuste de remettre l'échec de 'Crime d'Amour' uniquement sur les épaules de Ludivine Sagnier. Un film ne se
base pas que sur ses acteurs. Toutefois, l'actrice française mérite tout au moins une claque sur les doigts.
Sagnier a la fâcheuse tendance à poser, comme si elle était dans un studio de photographe de mode au lieu d'un plateau
de tournage. Son tic préféré consiste à relever son sourcil droit dans une tentative de donner plus d'expression à son
visage. Mais il en résulte une irritation croissante pour le spectateur tellement obnubilé par ce sourcil qu'il en oublie de
suivre le film.
De toute façon, 'Crime d'Amour' n'a pas forcément grand-chose à offrir. Le réalisateur/scénariste Alain Corneau peut se
vanter d'une carrière respectable, mais cette parabole sur le monde des femmes d'affaires ne vole pas très haut. Grâce à
Kristin Scott Thomas, qui interprète comme personne une femme séduisante mais impitoyable, le film fascine malgré tout.
Mais elle ne parvient pas à faire disparaître ce sentiment d'incrédibilité. Merci Sagnier. (RN)
Film: 3/10, B.O.: 5/10
Date de sortie : 18 Août 2010
Durée: 106 min
Réalisé par: Alain Corneau
Avec: Kristin Scott-Thomas, Ludivine Sagnier, Patrick Mille
Ruben Nollet
The Expendables
'Parce que Sly ne m'a pas proposé le scénario', fut la réponse évasive de Jean-Claude Van Damme à la question du
journaliste sur son absence dans ce très couteux film d'action alors que lui et Mr Stallone en étaient les maîtres dans les
années 80. Il semble bien que 'Monsieur Muscles de Bruxelles' disait la vérité. L'absence de scénario passionnant est la
principale raison qui empêche ce film de décoller. La ligne narratrice se déroule principalement dans un pays
latino-américain autour du combat entre une bande de mercenaires et d'un dictateur sans pitié et ses acolytes. On ajoutera
que tant la mise-en-scène, le montage que le timing sont complètement faussés. Cela rend le film très vite aussi ennuyeux
- à certains moments sanglants - qu'une tasse de thé prise entre les vieux 'durs à cuir' de la veille, Sly, Dolph Lundgren et
Mickey Rourke et d'autres héros de l'action plus récents, Jet Li en Jaston Statham. Le moment le plus douloureux est sans
doute la rencontre controversée entre les icones Arnold Schwarzenegger, Bruce Willis et Sly. Elle montre que seul 'Die
Hard' était révélateur de son talent. Dépassé sur toute la ligne !
Film: 2/10, B.O.: 0/10
Date de sortie : 18 Août 2010
Durée: 99 min
Réalisé par: Sylvester Stallone
Avec: Sylvester Stallone, Jason Statham, Jet Li, Mickey Rourke, Bruce Willis
Steven Tuffin
American Trip
Des égos surdimensionnés, des personnes qui perdent pied avec la réalité... le business de la musique est un univers qui
regorge de clichés en tous genres qui ont de quoi alimenter plein de gags de comédies. Celui qui n'est pas convaincu doit
absolument regarder le film culte 'This Is Spinal Tab'. 'American Trip' (ou 'Get Him To the Greek', c'est selon) avait donc
assez de matériel pour devenir une comédie savoureuse. Malheureusement, la sauce ne prend pas.
Pourtant, certains points forts sont à noter. Le réalisateur, Nicholas Stoller, a repris une partie du casting de 'Forgetting
Sarah Marshall', une comédie romantique réussie qu'il avait réalisé il y a quelques années. Et il faut le reconnaître, Aldous
Snow et le Britannique Russel Brand font du très bon boulot.
Mais pour qu'une comédie se retire du lot, il faut qu'elle offre plus que de bons comédiens et une suite de scènes cocasses.
Au lieu d'avoir développé des dialogues savoureux, 'American Trip' a laissé les acteurs improviser. Ce qui parfois entraîne
un manque de finesse. Dommage...
Film: 4/10, B.O.: 6/10
Date de sortie : 18 Août 2010
Durée: 109 min
Réalisé par: Nicholas Stoller
Avec: Jonah Hill, Russell Brand, Elizabeth Moss, Rose Byrne, Sean Combs
Ruben Nollet
The Sorcerer s Apprentice
Le méga producteur Jerry Bruckheimer et l'acteur énigmatique Nicolas Cage s'entendent à merveille. Dans les années '90
le producteur de Top Gun et du Flic de Beverly Hills rencontre le grand gagnant des Oscars avec Leaving Las Vegas et
enchaîne avec lui les succès 'The Rock', 'Con Air' et 'Gone in 60 Seconds'.
Ensuite, ils ont conquis un public un brin plus jeune avec 'National Treasure', sorte de Da Vinci Code allégé et le film
d'animation 'G-Force'. Aujourd'hui, ils touchent au Fantastique avec l'aide de Disney dans un film dont l'histoire fait un peu
penser à Fantasia. Ici, l'apprenti sorcier sera interprété par Jay Baruchel, que l'on a déjà pu apercevoir dans 'Knocked Up,
'Tropic Thunder' ou encore 'She's Out of My League'. Il apprend d'un sorcier antique Nicolas Cage - qui a un accent anglais
des plus bizarres, mais une coiffure encore plus étrange - qu'il est la seule personne qui peut combattre la méchante
sorcière Morgana le Fey. S'en suit une accumulation de scènes d'action sans queue ni tête qui font preuve ci et là d'effets
spéciaux impressionnants. Dommage que l'histoire pleine de cliché manque de magie...
Film: 4/10, B.O.: 0/10
Date de sortie : 11 Août 2010
Durée: 111 min
Réalisé par: Jon Turteltaub
Avec: Nicolas Cage, Monica Bellucci, Jay Baruchel, Alfred Molina, Teresa Palmer, Toby Kebbell, Payton List, Omar Benson
Miller, Jake Cherry
Steven Tuffin
Cosa Voglio di piu
La monogamie, c'est rien, et surtout pas quand ton regard rencontre un jour celui d'une personne attirante. Là, avant
même que vous vous en rendiez compte, vous tombez dans le piège de la passion, de la faute, du regret et du remord. Et
dans cette bulle de savon formée par votre relation extra conjugale, vous êtes au paradis. Chaque jour, votre 'vraie' vie
vous frappe en plein visage, comme un seau d'eau glacé.
L'histoire que relate 'Cosa Voglio di piu' n'est pas nouvelle. Le réalisateur et scénariste Silvio Soldini en est bien conscient.
Comment contourner le problème et éviter la prévisibilité ? En filmant la relation entre les personnages principaux, Anna et
Domenico, comme s'il s'agissait d'un documentaire. Il suit ses personnages dans leur routine quotidienne et illustre
l'influence que cause cet amour inattendu sur leur vie de tous les jours.
Soldini suit cette voie jusqu'à la fin du film et dirige avec brio ces deux acteurs talentueux. On pourrait juste regretter les
émotions qui sortent des corps des deux personnages et qui, malheureusement, ne transparaissent parfois pas assez à
l'écran. Or, c'est un des éléments les plus importants pour raconter convenablement ce genre d'histoires...
Film: 6/10, B.O.: 6/10
Date de sortie : 11 Août 2010
Durée: 126 min
Réalisé par: Silvio Soldini
Avec: Pierfrancesco Favino, Alba Rohrwacher, Guiseppe Battiston
Ruben Nollet
///////////// DVD /////////////
Hora
Démarquage sans inventivité des cruels 'rape and revenge' tels que 'Thriller - en grym film' et 'Day of the Woman', 'Hora'
peine à atteindre le degré de sadisme de ses modèles originels, ce qui constitue pourtant leur seul "intérêt", et à permis
leur cultification... Ici pas trop de rythme, une esthétique cheap, et une interprétation à la ramasse. Et ce ne sont pas les
effets post Grindhouse (la manipulation des images pour leur donner un cachet vintage) qui sauve cette ennuyeuse péloche
norvégienne signée Reinert Kiil.
Film: 3/10, Extras: 0/10
Sortie: 09/2010 - Durée: 90 min
Réalisé par: Reinert Kiil - Avec: Isabel Vibe, Kenneth Falkenberg, Eik Ommedal, Gaute Næsheim
Distributeur: Filmfreak
Extras: B-roll, interview
Gauthier Keyaerts
The Market
Mihram est un négociant à la petite semaine, vivotant du marché noir dans une bourgade de la Turquie de l'Est... A peine,
car entre la concurrence acharnée, et ses erreurs de calcul, la survie devient fort difficile. Toujours à l'affut de nouveaux
segments de négoce, il s'intéresse au marché émergent de la téléphonie mobile. Mais il lui faut trouver des fonds pour
l'investissement de départ. Une mission difficilement gérable sans étendre un peu plus l'esprit de débrouille, et les petites
arnaques. Fable 'world' amorale et intimiste, ce 'The Market: A Tale of Trade' séduit du début à la fin!
Film: 8/10, Extras: 0/10
Sortie: 08/2010 - Durée: 93 min
Réalisé par: Ben Hopkins - Avec: Tayanc Ayaydin, Genco Erkal
Distributeur: Imagine
Gauthier Keyaerts
The Invention of Lying
Dans un monde où le mensonge n'existe pas, il est difficile de faire face aux sarcasmes perpétuels et désinhibés de
l'humanité entière. C'est totalement par hasard, et surtout pour mettre fin aux brimades, que Mark balance le premier
mensonge... Qui bien entendu n'est pas perçu en tant que tel, et ouvre donc pas mal de portes! Ricky Gervais ('The Office')
n'est jamais à court de bonnes idées, juste peut-être de discernement au niveau de la concrétisation. 'Mytho Man'/'The
Invention of Lying', n'échappe pas à cette règle. D'autant que l'humour caustique du bonhomme se voit désamorcé par la
couche de bons sentiments à l'américaine.
Film: 6/10, Extras: 6/10
Sortie: 08/2010 - Durée: 96 min
Réalisé par: Ricky Gervais, Matthew Robinson - Avec: Ricky Gervais, Jennifer Garner, Jonah Hill
Distributeur: Universal
Extras: Making of, scènes coupées;..
Gauthier Keyaerts
Hunter Prey
Si vous êtes fan de s-f, un genre finalement pas assez représenté au niveau des sorties, voici 'Hunter Prey', un film emballé
vite fait, ayant le poids et le charisme d'une production télévisuelle... C'est donc un produit qui pourra légèrement
compenser les éventuels symptômes de manque, légèrement j'ai dit!
Film: 5/10, Extras: 0/10
Sortie: 08/2010 - Durée: 85 min
Réalisé par: Sandy Collora - Avec: Isaac C. Singleton Jr., Clark Bartram, Damion Poitier, Simon Potter
Gauthier Keyaerts
Couples Retreat
Inutile, agaçant, sans saveur, convenu... 'Thérapie de couple' flaire le rien, le vide, l'absence de bouquet. A votre place, je
louerais au hasard n'importe quel titre des bacs à rebus de votre vidéoclub, je ne suis pas certain que cela soit
fondamentalement pire, et avec un peu de bol, ce sera tellement naze, que vous rirez VRAIMENT!
Film: 5/10, Extras: 0/10
Sortie: 07/2010 - Durée: 113 min
Réalisé par: Peter Billingsley - Avec: Vince Vaughn, Jon Favreau, Jason Bateman, Kristin Davis
Distributeur: Universal
Extras: Fin alternative, scènes inédites, featurettes...
Gauthier Keyaerts
Crazy Heart
Bad Blake erre sans fin sur les routes étasuniennes, à la recherche de gigs miteux, histoire de rejouer ses tubes usés
jusqu'à la corde (de guitare, comme il se doit) devant un public clairsemé. A 57 ans il reste une star (éteinte) de la musique
country... Bad peine de plus en plus à trouver l'énergie nécessaire pour mener tous ces déplacements, sa santé étant
également sur le déclin. Mais son existence semble pourtant prendre une nouvelle tournure, lorsqu'il débute une relation
avec une jeune journaliste, Jean, et se voit proposer de faire la première partie de son ex fils spirituel, bardé - lui -de
succès, Tommy Sweet. Film simple et joliment ciselé, 'Crazy Heart' repose principalement sur la magnifique prestation de
Jeff Bridges, carrément génial et captivant. Une interprétation épaulée avec justesse et intelligence par Maggie Gyllenhaal,
Colin Farrell et Robert Duval. A ne pas manquer!
Film: 9/10, Extras: 6/10
Sortie: 08/2010 - Durée: 112 min
Réalisé par: Scott Cooper - Avec: Maggie Gyllenhaal, Jeff Bridges, Robert Duvall
Distributeur: 20th Century Fox
Extras: Scènes inédites
Gauthier Keyaerts
The Stranger (Muukalainen)
Une mère et un fils vivent chichement dans une maison perdue au beau milieu des bois finlandais... La figure paternelle de
la maison, un homme d'une grande violence, est en prison. Lorsqu'un inconnu apparait dans ce no man's land géographie
et affectif, tout change progressivement... pour le meilleur, et pour le pire. Film ambiantique de belle facture esthétique,
'The Stranger aka The Visitor aka Muukalainen' manque juste d'un chouïa d'enjeu pour véritablement emporter l'attention
du spectateur. Un beau premier essai, mais un rien trop contemplatif.
Film: 6/10, Extras: 0/10
Sortie: 08/2010 - Durée: 104 min
Réalisé par: Jukka-Pekka Valkeapää - Avec: Vitali Bobrov, Emilia Ikaheimo, Pavel Liska, Jorma Tommila
Distributeur: Imagine / Filmfreak
Gauthier Keyaerts
Les Folles Aventures de Simon Konianski
Suivons un instant la famille Konianski, en prenant comme atouts scénaristiques Simon, trentenaire un peu décalé - papa
d'un petit Hadrien -, de retour chez con père (Ernest) après une rupture sentimentale. Il y aussi le très paranoïaque oncle
Maurice... Ces personnages constituent une touchante et drolatique galerie formant un portrait de famille juive plutôt
cocasse. Oscillant entre humour, mémoire douloureuse, et détails croustillants de quotidiens parfois trop comme les autres,
'Simon Konianski' ne manque pas de bonne volonté, mais reste trop scolaire pour recevoir le sceau de la réussite.
Film: 6/10, Extras: 0/10
Sortie: 08/2010 - Durée: 100 min
Réalisé par: Micha Wald - Avec: Jonathan Zaccaï, Popeck, Abraham Leber
Distributeur: Filmfreak
Gauthier Keyaerts
Paintball
Une équipe de joueurs de paint-ball, triée sur le volet, part jouer la partie ultime, sur un terrain non officiel... Enfin, c'est
ce que les joueurs pensent... mais il ne faut pas longtemps aux malheureux pions, pour se rendre compte que ce n'est
qu'une illusion, et qu'ils sont poursuivis par un redoutable chasseur, opérant lui à projectiles réels. Observés par des
caméras, pourchassés par un ennemi surarmé, les protagonistes se divisent, révélant au grand jour leur véritable
caractère. Du plus enragé au plus lâche. Un film sans surprise, ni déception majeures, à voir pour meubler - pas trop
connement - une soirée sans inspiration.
Film: 6/10, Extras: 0/10
Sortie: 08/2010 - Durée: 90 min
Réalisé par: Daniel Benmayor - Avec: Brendan Mackey, Jennifer Matter, Patrick Regis,, Iaione Perez
Distributeur: Paradiso
Gauthier Keyaerts
Dexter: saison 3
Après avoir affronté son frère, vu l'étau se resserrer autour de lui, cette fois, Dexter se trouve face à son double. Mais un
tueur en série comme lui peut-il véritablement se permettre le luxe d'avoir un ami? Voilà toute la question autour de
laquelle tourne cette troisième saison. Disons-le tout de suite, ce nouvel arrivage est plutôt une bonne nouvelle, face à
Dexter, Miguel Ramos (Jimmy Smits, qui a pris pas mal de bouteille) fait le poids, et les intrigues familiales s'insèrent
joliment dans l'ensemble. Car au moment où Dexter envisage de s'ouvrir au monde, il apprend qu'il va être papa! De quoi
nous faire attendre la suite avec impatience.
Film: 7/10, Extras: 3/10
Sortie: 06/2010 - Durée: 604 min
Distributeur: Paramount
Extras: Interviews, featurettes...
Adeline Weckmans
Valhalla Rising
One-Eye vit comme un animal... En ces temps anciens, nous sommes vers l'an Mille après Jésus-Christ, ses "propriétaires"
l'utilisent comme un chien de combat. Chaque jour, cet homme mutique, recouvert de tatouages et de cicatrices, combat
dans la boue, et tue ses adversaires. Sans pitié aucune. Un jour, il s'échappe, accompagné d'un enfant innocent qui décide
de le suivre, plutôt que de mourir seul. Tous deux vont rejoindre l'équipage d'un Drakkar qui se perdra en mer... Pour se
retrouver, après moult moments de faim et de désespoir, face à des amérindiens! Après un voyage littéral et introspectif,
les vikings tentent donc de survivre aux flèches et tomahawks. 'Valhala Rising' constitue la nouvelle production de ce cinglé
scandinave de Nicolas Winding Refn. Une fois de plus, son oeuvre désarçonne. Les habitués connaissent ses penchants
lynchéens ('Fear X'), sa capacité à torcher des polars urbains ultra-nerveux (la trilogie 'Pusher'), ou encore son admiration
pour le cinéma de Kubrick et d'Andrew Dominik, présents en filigrane dans 'Bronson'. 'Valhala Rising', c'est une expérience
hallucinatoire, mêlant toutes les caractéristiques déjà citées, et provoquant soit une fascination sans limites, soit un rejet
total. Pour ma part, je pense me situer quelque part entre ces deux extrêmes, bien que je sois certain qu'au final à force de
vision répétée, mon jugement deviendra fondamentalement positif! Une fois de plus Refn réussit un métrage original, et
lancinant.
Film: 7/10, Extras: 0/10
Sortie: 07/2010 - Durée: 90 min
Réalisé par: Nicolas Winding Refn - Avec: Mads Mikkelsen, Maarten Stevenson, Gordon Brown
Distributeur: Paradiso
Gauthier Keyaerts
Yona Yona Penguin
Mis en boîte par le célèbre Rintaro ('Albator', 'Metropolis', ...), 'Yona - La légende de l'oiseau sans ailes', affiche des faux
airs de récit initiatique naïf. Une profondeur qui ne procure cependant aucune force à cet animé pop pastel, tant il est laid!
La modélisation 3D hyperactive n'a aucun charme, les expressions des personnages sont bâclées, et pas mal de bugs
confèrent à ce long-métrage un aspect carrément rédhibitoire. Difficile d'aller au-delà de ces défauts majeurs, plombant
cette oeuvre dès le départ. Les tout petits y trouveront peut-être leur compte, peut-être seulement...
Film: 5/10, Extras: 0/10
Sortie: 08/2010 - Durée: 85 min
Gauthier Keyaerts
Villa Amalia
Ann suit de nuit son compagnon jusqu'à la grille le menant à la tanière de sa maîtresse. Elle regarde les amants
s'étreindre, s'embrasser. A cet instant un homme de passage lui fait remarquer son indiscrétion. Elle acquiesce, sans
vraiment prêter attention. S'en suit un dialogue peu convainquant, elle est en état de choc. Pour enfin réaliser que ce
quidam est un ami d'enfance. Une période où Ann était heureuse, où elle portait un autre nom, et encore un peu d'espoir.
Ces hasards la mènent à une évidente rupture avec son ancien amour, mais également à un reformatage existentiel total.
Elle abandonne tout, s'abandonne, erre... Long-métrage synesthésique 'Villa Amalia' nous emmène au gré de ses envies
vers des horizons narratifs erratiques et chaotiques, mais précis comme la partition contemporaine qui ponctue ses actions
et scènes avec une force implacable. Isabelle Hubert est magnifique en reine des glaces en plein dégel, retrouvant son
chemin plus elle se perd, et Jean-Hugues Anglade de lui rendre la justesse de jeu.
Film: 9/10, Extras: 0/10
Sortie: 06/2010 - Durée: 94 min
Réalisé par: Benoît Jacquot - Avec: Jean-Hugues Anglade, Xavier Beauvois, Clara Bindi, Isabelle Huppert, Maya Sansa
Distributeur: Filmfreak
Gauthier Keyaerts
The Book Of Eli
Dans un monde post apocalyptique, Eli avance sans se poser de question... Il transporte un ouvrage particulièrement
précieux, la dernière bible existant sur Terre, vers une destination connue de lui seul. Prêt à tout pour défendre ce trésor,
Eli n'hésite pas à tuer si nécessaire. Version mystique et blockbusterienne de 'The Road', 'Le livre d'Eli' a fait couler
beaucoup d'encre en sa défaveur. Et pourtant, malgré un sérieux papal, et un manichéisme pourri, cette dystopie à la
sauce cul bénit, parfumée de western et autres "Mad Maxeries" tient ses promesses. Efficace, bien filmé, et assez sombre.
Limité certes, mais un bon moment quand même.
Film: 8/10, Extras: 0/10
Sortie: 06/2010 - Durée: 118 min
Réalisé par: Albert Hughes, Allen Hughes - Avec: Gary Oldman, Denzel Washington, Mila Kunis, Michael Gambon, Malcolm
Mcdowell
Distributeur: Paradiso
Gauthier Keyaerts
Paris nous appartient
Dans la foulée d' 'A bout de souffle', ou presque (commencé en même temps, mais sorti plus tard), Jacques Rivette balance
un opus totalement libertaire et nouvelle vague, intriguant (présence du complot) et joliment "naïf", basé sur un Paris
magnifié. Le résultat n'a pas particulièrement vieilli, et respire une fraîcheur que seule la maîtrise de Rivette égale. Entre
complot, amour de la Capitale et manifeste cinématographique, 'Paris nous appartient' a de quoi séduire...
Film: 7/10, Extras: 0/10
Sortie: 05/2010 - Durée: 135 min
Réalisé par: Jacques Rivette - Avec: Betty Schneider, Gianni Esposito, Francoise Prévost, ...
Distributeur: Lumière
Gauthier Keyaerts
Corleone
Minisérie italienne retraçant le parcours de la maffia à partir de l'après seconde guerre mondiale, 'Corleone' joue la carte
de la vérité... Suivant la montée en puissance du capo dei Capi, Toto Riina, cette entreprise a fait couler beaucoup d'encre
dans son pays d'origine. En effet, le principal protagoniste a pu suivre cette reconstitution confortablement installé dans sa
cellule. Mais bon au-delà de ça, et laissant ce genre d'anecdotes de côté, ces aventures sont plutôt méchantes... Mais il faut
en souligner l'aspect esthétique assez laid, et l'impossibilité de voir la V.O. italienne avec sous-titres français. Dommage vu
l'horrible doublage!
Film: 6/10, Extras: 0/10
Sortie: 07/2010 - Durée: 0 min
Réalisé par: Enzo Monteleone, Alexis Cahill - Avec: Claudio Gioè, Daniele Liotti, Salvatore Lazzaro
Distributeur: Dutch Filmworks
Gauthier Keyaerts
///////////// Blu-Rays /////////////
Chloe
Catherine soupçonne son mari, David, d'avoir une ou plusieurs liaisons... Elle ne supporte pas de vieillir, et pense avoir
perdu la moindre once de charme aux yeux de son époux. Afin de vérifier le bien fondé de ces pensées déroutantes et
brimantes, Cathrine embauche une escort Girl prénommée Chloe, histoire de tenter son pauvre diable ce compagnon. Une
très mauvaise idée, vu que le comportement de cette dernière devient rapidement incontrôlable. C'est sans grande
originalité qu'Atom Egoyan s'approprie ce récit "sulfureux" et érotique, sans arriver à lui donner un véritable souffle
original. Le résultat est malgré tout plaisant, et parfois assez croustillant!
Film: 6/10, Extras: 8/10
Sortie: 07/2010 - Durée: 96 min
Réalisé par: Atom Egoyan - Avec: Julianne Moore, Liam Neeson, Amanda Seyfried, Max Thieriot
Distributeur: Studio Canal
Extras: Making of, interviews...
Gauthier Keyaerts
Prince of Persia : The Sands of Time
Je considère avoir un seul de résistante à la douleur cinéphilique plutôt élevé... Certains membres déviants de ma famille
m'ayant initié, encore enfant, aux cinématographies décalées. Bien longtemps après cette chute dans une marmite aux
ingrédients surprenants, une force surhumaine m'habite, une fois posé devant les grands ou petits écrans. Mais parfois, il
m'arrive de déclarer forfait. 'Prince of Persia' m'a mit K.O. au bout de25 minutes seulement. Inepte, insupportable à suivre,
insipide, ce film ne mérite qu'une seule chose: disparaître érodé par les sables du temps, parfois source de généreuses
amnésies.
Film: 4/10, Extras: 6/10
Sortie: 08/2010 - Durée: 116 min
Réalisé par: Mike Newell - Avec: Jake Gyllenhaal, Gemma Arterton, Toby Kebbell, Ben Kingsley, Alfred Molina
Distributeur: Buena Vista Home Entertainment
Gauthier Keyaerts
Fantastic Mr. Fox
Finalement qu'y a-t-il de plus beau, de plus séduisant et rassurant - tel un doudou - qu'un film de Wes Anderson
('Darjeeling Limited', 'The Life Aquatic With Steve Zissou')? L'anticipation de l'arrivée de son prochain chef-d'oeuvre!
Cinéaste branchouille, certes mais avec goût, il surpasse largement ses rares compétiteurs (tel que Michel Gondry,
pourtant extrêmement doué). Car chez Anderson, tout a la saveur du Anderson, et arrière-gout prononcé des souvenirs
d'enfance: les décors, l'histoire, le jeu des acteurs, leur manière de bouger, de parler, etc. 'Fantastic Mr. Fox' n'échappe
pas à ces règles, bien que pourtant adapté d'un auteur fort (Roald Dahl géniteur - notamment - de 'Charlie et la
chocolaterie' et 'James et la pêche géante'). Un parfum "so british" pourtant happé par l'ami Wes, et adapté à la sauce US
universelle. Et le résultat de cette merveille d'animation peut sans conteste revendiquer les qualificatifs d'époustouflant, de
jouissif, de frais et roboratif, de léger mais pensé jusque dans la dernière fibre de marionnette. Ne loupez pas ce grand
moment d'une perfection rare, accompagnée de bonus riquiqui, mais éloquents. Le maître achat de l'année en matière de
dvd ou Blu-ray.
Film: 10/10, Extras: 7/10
Sortie: 08/2010 - Durée: 87 min
Réalisé par: Wes Anderson - Avec: George Clooney, Meryl Streep, Jason Schwartzman,...
Distributeur: 20th Century Fox
Gauthier Keyaerts
The Horseman
Christian Forteski reçoit dans sa boîte aux lettres une cassette vidéo, un envoi anonyme, contenant un porno amateur
tourné avec sa fille... trouvée morte quelque temps plus tôt bourrée de drogue, visiblement abusée sexuellement. Après
une crise de colère à l'égard de sa petiote, le père part dans une rage folle, et tente de retrouver les auteurs de ce film
maudit afin de comprendre ce qui s'est réellement passé. La piste le mène au distributeur du film, que Christian tortue, et
tue. Petit à petit, la filière se reconstitue, et les cadavres s'empilent. Christian ira jusqu'au bout de sa vengeance, tout en
prenant sous son aile protectrice un adolescent faisant de l'autostop. Plutôt méchante, cette péloche va jusqu'au bout de
ses idées cathartiques, alignant une violence sans trop de retenue. Malgré quelques failles stylistiques et narratives, et une
certaine facilité lorgnant vers le torture flick, 'The Horseman' va vous coller au fauteuil. A ne pas mettre entre toutes les
mains!
Film: 6/10, Extras: 0/10
Sortie: 08/2010 - Durée: 98 min
Réalisé par: Steven Kastrissios - Avec: Peter Marshall, Caroline Marohasy, Brad McMurray, Jack Henry
Distributeur: Dutch Filmworks
Gauthier Keyaerts
Clash of the Titans
Je commence en faisant une vanne pourrie: à la niche Leterrier ('The Transporter', 'The Incredible Hulk')! Je pourrais m'en
arrêter là, mais la probité (non, ce n'est pas un gros mot) intellectuelle m'en empêche. Ceci dit, que ce malheureux
calembour ne vous empêche pas d'aller plus en avant dans la lecture de cette critique! Vu que cette mouture 2010 du
'Choc des titans' (la première - signée Desmond Davis - date de 1981), ne vaut pas grand-chose, sans pour autant
constituer le pire souvenir cinématographique de ma carrière. De toute façon, les effets spéciaux de Ray Harryhausen touchants mais quand même surannés - étant en gros tout ce qui peut-être sauvé de la version 80's, Leterrier ne pouvait
pas vraiment souffrir de la comparaison! Cela l'aurait-il rendu feignasse? En tout cas, mis à part renforcer les scènes
d'action de son prédécesseur, le brave Louis n'aura pas cherché à se creuser les méninges. Sa réalisation est sans éclat,
tout comme son casting incongru. Ca me fait poiler d'entendre les acteurs dans leur rôle de grecs antiques, causer avec un
accent cockney virant à l'irlandais (Pete Postlethwaite) ou encore scandinave (Mads Mikkelsen)! En gros, malgré plein de
bonne volonté, et de mouvements énergiques, l'envie de faire une sieste apparaît bien vite. Seul vrai point commun avec
l'original? Sam Worthington joue aussi mal que cette nouille d'Harry Hamlin.
Film: 6/10, Extras: 6/10
Sortie: 08/2010 - Durée: 107 min
Réalisé par: Louis Leterrier - Avec: Liam Neeson, Ralph Fiennes, Gemma Arterton, Sam Worthington
Distributeur: Warner
Extras: Fin alternative, scènes inédites,...
Gauthier Keyaerts
Fringe
Mais pourquoi JJ Abrams veut-il absolument toucher le grand-public? On peut comprendre, mais cela reste malgré tout
difficile à pardonner: si ce bonhomme ne voulait pas absolument faire exploser le tiroir-caisse, il pourrait devenir un
créateur de séries génial. Prenons 'Lost'. Un bon concept, une histoire qui tient sur la durée, mais pourquoi les dialogues
doivent-ils être écrits pour des attardés profonds? Pas un gramme de subtilité, et l'impression déroutante qu'on aurait
aussi bien pu les écrire soi-même. Idem face à ce nouveau bébé, né en parallèle avec les aventuriers de l'île perdue, et cela
se ressent même dans l'intrigue générale mise en place. Mais appliquons ici plutôt des principes de déconstruction:
pourquoi 'Fringe' ne devrait avoir aucun intérêt? Ca sent tellement les X-files qu'on a envie de les voir porter des
épaulettes. Le trio de départ, une agent du FBI, Olivia Dunham, un scientifique, Walter Bishop, et son fils partiellement
raté, Peter, ne sont qu'un ensemble de clichés - le père, savant fou, est évidemment toujours un rien décalé et fonctionne
selon des gimmicks prévisibles, le fils, bourlingueur, as du piano et de la mécanique (!), incapable de se fixer, va
évidemment prendre conscience de ses responsabilités, la seule à tirer son épingle du jeu étant l'agent Dunham. Ensemble,
ils enquêtent sur une série d'événements inexplicables, tous liés - ouh, le vilain complot - et derrière lesquels on retrouve
systématiquement une giga société pas très nette. D'autant qu'il apparaît très rapidement que tous les phénomènes qu'ils
étudient ont un lien avec le professeur Bishop lui-même, qui avait donné dans les expériences vraiment pas nettes pour le
compte du gouvernement une vingtaine d'années auparavant. Alors, direz-vous, pourquoi regarder 'Fringe'? Parce que
au-delà de ces défauts paralysants au démarrage, l'univers mis en place donne envie d'en savoir plus. Car si Abrams est
incapable de profondeur dans ses dialogues, il excelle dans l'art des intrigues à niveaux. Et voilà qu'on s'est à nouveau fait
avoir, cher JJ.
Film: 6/10, Extras: 6/10
Sortie: 08/2010 - Durée: 980 min
Réalisé par: J.J. Abrams - Avec: Anna Torv, Joshua Jackson, Lance Reddick, Blair Brown,...
Distributeur: Warner
Adeline Weckmans
James and the Giant Peach
James vit heureux avec ses parents sous des cieux aux nuages oniriques.... Lors du décès de ces derniers, il se retrouve
sous la coupe de ses tyranniques tantes Eponge et Piquette. Une véritable calamité. Souffre-douleur, garçon à tout faire,
maltraité et mal aimé, James trouvera une échappatoire grâce à un curieux personnage lui promettant d'étonnants
changements existentiels, et lui confiant un sac contenant des langues de crocodiles magiques. James laisse tomber le
sac, dont le contenu s'échappe.... Transformant à tout jamais le monde du chérubin! Cette nouvelle association Tim
Burton (producteur) et Henry Selick, mettant en images une nouvelle de l'incunable Roald Dahl, a beau avoir injustement
moins séduit que 'L'étrange Noël de monsieur Jack', il n'en reste pas moins un excellent film - quasi entièrement d'animation corrosive. Glissé stratégiquement entre la sortie du 'Alice' de Burton, plutôt auréolé de succès, et 'Fantastic Mr
Fox' (également adapté de Dahl), 'James et la pêche géante' bénéficie des honneurs d'une ressortie en haute définition.
Chouette, mais famélique en matière de bonus!
Film: 9/10, Extras: 1/10
Sortie: 08/2010 - Durée: 80 min
Réalisé par: Henri Selick - Avec: Paul Terry, Richard Dreyfuss, Joanna Lumley, Susan Sarandon
Distributeur: Buena Vista Home Entertainment
Extras: Making of, vidéoclip
Gauthier Keyaerts
Armageddon
Ca y est, ce coup-ci c'est la fin, une grosse météorite va nous nettoyer cette Terre polluée par l'humain! Une perspective
peu réjouissante, vu que je n'ai pas encore pris de vacances cette année, mais qui règlerait par contre mes problèmes
financiers... Quoi? Ce n'est pas un reportage, mais une fiction. Ah bon, et en plus à la fin... Oups, j'ai failli révéler un secret
d'état aux quelques malheureux qui n'auraient pas encore vu ce blockbuster stéroïdé, étalonné pour nos yeux seulement
par le duo de choc Michael Bay/ Jerry Bruckheimer. 'Armageddon' donc vient refaire un tour dans les salons en version Blu
Ray, ce qui en soi n'est pas une trop mauvaise nouvelle. Parce que sans être un chef-d'oeuvre, ce métrage pétant bien fort
- pire que ma mère un soir de repas fayots - fait son office de film fantastique d'action sans fioritures inutiles. Par contre, si
ça sent le muscle et la sueur, les bonus eux sentent le gaz...
Film: 7/10, Extras: 0/10
Sortie: 08/2010 - Durée: 151 min
Réalisé par: Michael Bay - Avec: Bruce Willis, Billy Bob Thornton, Ben Affleck
Distributeur: Buena Vista Home Entertainment
Extras: Vidéoclip
Gauthier Keyaerts
The Collector
Voleur à la petite semaine, Arkin doit à l'arrache faire un gros coup, histoire de sauver sa femme (et sa petite fille) de bien
méchants gars à qui elle doit de l'argent. Il décide donc de vider le coffre de son dernier employeur en date, vivant dans
une luxueuse masure de campagne... Alors que le lieu est supposé désert, notre homme se rend vite compte que ce n'est
pas du tout le cas! En effet, moult pièges sont placés dans la maison, et un curieux personnage s'y déplace, tel un
prédateur. Arkin se rend également compte que les maîtres des lieux sont retenus prisonniers, et torturés dans la cave. Un
sanglant combat à mort entre chasseur et proies s'engage. Dans le genre pas surfin mais efficace en diable, 'The Collector'
s'offre une variation sur le thème du torture flick (normal, vu la connexion avec 'Saw') , plutôt réussie. En tout cas
efficace. Pour amateur de sensations fortes.
Film: 7/10, Extras: 0/10
Sortie: 08/2010 - Durée: 90 min
Réalisé par: Marcus Dunstan - Avec: Josh Stewart, Michael Reilly Burke, Andrea Roth, Juan Fernández
Distributeur: Dutch Filmworks
Extras: Fin alternative, scènes inédites,...
Gauthier Keyaerts
Goemon
Sorte de Robin des Bois à la sauce soja, Ishikawa Goemon vole aux riches pour redistribuer en partie aux pauvres. Lors
d'un larcin particulièrement juteux, il s'empare d'un précieux coffret, objet de toutes les convoitises... Ca va chauffer!
Orchestré par Kazuaki Kiriya, le grand malade ayant balancé à nos faciès de geeks l'über gâterie qu'était 'Casshern',
'Goemon' provoque nettement moins de pulsions tumescentes. L'univers infographique devient ici gênant, l'humour
alourdit vu sa teneur potache... Bref, 'Goemon' se laisse déguster sans lassitude, mais provoque un peu l'écoeurement au
final. Gaffe aux mirettes, la HD fait exploser les couleurs criardes!
Film: 5/10, Extras: 0/10
Sortie: 08/2010 - Durée: 128 min
Réalisé par: Kazuaki Kiriya - Avec: Yôsuke Eguchi, Takao Ôsawa, Ryoko Hirosue, Jun Kaname
Distributeur: Dutch Filmworks
Gauthier Keyaerts
Three Kingdoms: Resurrection of the Dragon
D'excellents acteurs (Andy Lau, Sammo Hung, Maggie Q), un matériel narratif de base en béton ('Le roman des Trois
royaumes', classique de la littérature chinoise), 'Three Kingdoms: Resurrection of the Dragon' déçoit pourtant par sa mise
en scène pas franchement terrible... en tout cas, faisant pâle figure face à un 'Red Cliff', par exemple. Manque de maîtrise,
manque de lisibilité, linéarité... Daniel Lee peine ('Dragon Squad') à faire monter la sauce!
Film: 5/10, Extras: 0/10
Sortie: 07/2010 - Durée: 102 min
Réalisé par: Daniel Lee - Avec: Andy Lau, Sammo Hung, Maggie Q, Vanness Wu
Distributeur: Dutch Filmworks
Extras: Interviews, making of
Gauthier Keyaerts
Dumbo
Après les insuccès relatifs de 'Pinocchio' et 'Fantasia', tous deux sortis en 1940, les studios Disney entament 'Dumbo' avec
circonspection et restrictions budgétaires. Du coup, ce long-métrage d'animation pâtît quelque peu d'une ostentatoire
simplification. Un phénomène rendu encore plus évident par le bain de jouvence - un de plus - pris afin de toucher le public
"Bluray-ivore". Mais qu'à cela ne tienne, 'Dumbo' garde la superbe des meilleures productions Disney, des classiques en
tout cas. Cette édition haute définition propose, en plus d'un décrassage de pelloche et d'une colorimétrie restaurée, du
son DTS 7.1! Si les moyens paraissent disproportionnés pour une mono d'origine, ce travail a été effectué avec délicatesse
et discrétion. Du côté des bonus, pas grand-chose de nouveau à se mettre sous la dent, mais vu que le matériel présent
sur l'édition DVD est toujours présent, pas de crise de nerfs en vue.
Film: 8/10, Extras: 8/10
Sortie: 08/2010 - Durée: 0 min
Réalisé par: Wolfgang Reitherman, Ben Sharpsteen - Avec: Edward Brophy, Sterling Holloway, Brian Bedford, Peter
Ustinov...
Distributeur: Buena Vista Home Entertainment
Extras: Scènes coupées, coulisses de la production, courts-métrages...
Gauthier Keyaerts
The Wolfman
Et si... Et si à force de pétrir dans les remugles de cerveaux bancals et bankables, des projets de remake tout azimut(és),
de temps à autre, un caillot minime de réussite passait à travers les mailles de la médiocrité? Cela "thromboserait"-il le
système? Non, assurément non. 'Wolfman' (relecture du classique Universal - The Wolf Man - datant de 1941, et scénarisé
par Curt Siodmak), a beau manquer de profondeur, il séduit à de nombreux moments. Lors de scènes sublimes, gothiques
à souhait, qui, lorsqu'elles ne sont pas gâchées par une infographie un peu faiblarde, se voient magnifiées par les
prothèses de Rick Baker, et une photographie plutôt soignée. C'est d'ailleurs lors des moments forts, des moments
véritablement d'action et de lycanthropie, que la magie se produit. 'Wolfman' n'est pas un classique, mais se rangera sans
problème aux côtés de son illustre modèle, juste pour le plaisir de déguster ces instants de pure bravoure. Passez
directement à la version non censurée, assez croustillante.
Film: 7/10, Extras: 7/10
Sortie: 08/2010 - Durée: 102 min
Réalisé par: Joe Johnston - Avec: Benicio Del Toro, Anthony Hopkins, Hugo Weaving, Geraldine Chaplin, Art Malik, Kiran
Shah, Elizabeth Croft, Sam Hazeldine, David Sterne
Distributeur: Universal
Extras: Fins alternative, scènes inédites, featurettes...
Gauthier Keyaerts
Black Lightning (Chernaya Molniya)
Un grand méchant qui veut récupérer une source d'énergie immense, enfouie dans un laboratoire secret, afin de s'approprier une manne
sous-terraine de diamants. Un étudiant un peu gauche, qui reçoit une bagnole un peu pourrie pour son anniversaire.... Le lien entre les deux est
tout simple: le véhicule contient cette fission magique. Du coup, une course-poursuite s'engage. Amusante mais sans grand intérêt! Ce n'est pas
parce que Timur Bekmambetov (ici producteur) réussit le temps de 'Night Watch: Nochnoi Dozor' (la suite étant déjà plus moisie), puis de
'Wanted', à frimer sur les grands écrans, avec ses envolées scifi-urbano-lyriques, que notre homme transforme tout ce qu'il touche en or. 'Black
Lightning' séduira les moins exigeants, malgré ses effets spéciaux indignes d'une production payée en biscuits pour chiens faméliques.
Film: 5/10, Extras: 0/10
Sortie: 07/2010 - Durée: 105 min
Réalisé par: Dmitriy Kiselev, Aleksandr Voytinskiy - Avec: Grigoriy Dobrygin, Ekaterina Vilkova, Viktor Verzhbitskiy, Valeriy Zolotukhin
Distributeur: Universal
Extras: Making of, deleted scenes
Gauthier Keyaerts
Tell Tale
Vaguement inspiré d'une nouvelle d' Edgar Allan Poe, 'Le Coeur révélateur', ce 'Tell Tale' aurait pu être nettement meilleur.
Narrant l'histoire d'un homme au coeur défaillant, sauvé in extremis par une "miraculeuse" greffe... Pour se voir possédé
par l'ancien propriétaire du palpitant, en quête de revanche, ce pauvre homme s'étant fait tuer afin de se faire voler le
précieux organe. Vous suivez toujours? Thriller sans détours, 'Tell Tale' souffre d'un montage frôlant parfois le n'importe
quoi (de manière plus que manifeste), et d'un jeu d'acteur parfois moyen. Un peu plus de mainmise du côté de la
réalisation aurait apporté un agréable plus à ce film correct, mais sans charmes particuliers.
Film: 6/10, Extras: 0/10
Sortie: 06/2010 - Durée: 93 min
Réalisé par: Michael Cuesta - Avec: Josh Lucas, Brian Cox, Lena Headey
Distributeur: Dutch Filmworks
Gauthier Keyaerts
Carlito's way
En une boucle magnifiquement bouclée, sous dose de trompe-l'oeil savant, Brian De Palma réactive en 1992- avec talent et
brio - une formule gagnante: Pacino dans le rôle d'un gangster d'obédience narco-latino. Mais à la différence de
l'hystériquement sublime remake de 'Scarface', filmé avec la puissance et l'urgence d'une suffocante crise d'overdose sous
cocaïne, Pacino inverse le trajet de Tony Montana. Il incarne ici Carlito Brigante, ex-cador de l'héroïne, tout droit sorti de
prison, et des chemins de traverses empruntés pour gagner de l'argent facile. Un homme en pleine rédemption, sincère au
possible, mais piégé par son passé, et surtout par un code de l'honneur ne pouvant s'opposer à l'amitié... quitte à saccager
ses efforts personnels. 'L'impasse', c'est également l'histoire d'une chute, mais ici imméritée, voire bougrement injuste.
Réalisé aux petits oignons, moins kitsch que 'Scarface', 'L'impasse' bluffe de bout en bout, ou presque. Le revoir relifté en
HD est un bonheur de 143 minutes, pour les yeux et les oreilles... A ne pas manquer!
Film: 8/10, Extras: 0/10
Sortie: 07/2010 - Durée: 143 min
Réalisé par: Brian De Palma - Avec: Al Pacino, Sean Penn, Penelope Ann Miller
Distributeur: Universal
Extras: Making of, scènes coupées...
Gauthier Keyaerts
///////////// Musique /////////////
Tchk Tchk Tchk (Strange Weather, Isn't It?)
Le nouvel album des !!! (prononcez tchk tchk tchk) est à la fois très excitant et un chouia décevant, soufflant, d'une
manière tempérée qu'on ne leur connaissait pas, le bouillant et le tiède. Bouillant, "Strange Weather, Isn t It?" l'est sans
aucun doute quand les tchk lâchent les brides de leurs chevaux disco punk funk. "The Most certain Sure", "Wannagain
Wannagain" et surtout le bien nommé "The Hammer", tuerie discoïde à rendre Vitalic vert de jalousie, prouvent que les
tchk en ont encore dans le short. Le reste de l'album, s'il est loin de démériter en proposant des mélodies solides et
nerveuses, déçoit, à l'image de la mélodie proprette du single "AM/FM", par son aspect plus lisse, plus sage et étrangement
désabusé. Sans doute est-ce dû à la période chaotique qu'a traversé le groupe (départ de deux musiciens et du second
chanteur John Pugh, décès accidentel du batteur) et qui a failli mettre un point final à son existence. Dans ces conditions,
ce premier album en quatre ans semble presque tenir du miracle. On attend néanmoins les !!! là où leurs morceaux
prennent toute leur démesure festive: sur scène. En espérant que désormais, le groupe soit au beau fixe. Listen to:
Zongamin, 'Fleshtapes'
CD: 7/10
Genre: Pop, Electro
Label: Warp - Distribution: V2
David Morelli
The Charlatans (Who We Touch)
Seuls survivants de la scène Baggy avec Primal Scream, les Charlatans sont surtout associés à l'incontournable 'Only one I
know'. Pourtant, en 15 ans, le quintet indie n'a pas chômé et a sorti, et dans une indifférence totale en dehors de la perfide
Albion, une série de galettes d'excellente facture. Le petit dernier 'Who we Touch', est de cette même veine. Il débute sans
crier gare par un déluge de guitares chaotiques tendant à prouver que les vétérans ont encore la pêche, S'ils calment
néanmoins rapidement le tempo, c'est pour offrir une belle brochette de mélodies pop rock, efficaces et souvent
mélancoliques, portées par des guitares en verve et un orgue apportant densité et emphase (le beau 'Trust in Desire' et
son crescendo, la ballade 'Your pure soul'). Le tout s'achève par un morceau caché aux relents southern rock scandé par
un prêtre habité par le démon. Les Charlatants sont indubitablement un groupe à (re)découvrir. LT: Ian Brown, 'Solarized'
CD: 7/10
Genre: Pop
Label: Cooking Vinyls - Distribution: V2
David Morelli
Menomena (Mines)
Le merveilleux "Queen Black Acid", bouleversant de limpidité, pose dès le départ l'ambition de ce trio de Portland:
dynamiter les mélodies pop et, avec une virtuosité d'orfèvre confondante, orner, chaque fragment de la plus belle parure
qui soit, pour aboutir, une fois ordonnancés, à des morceaux évidents, parfaits et... différents. Portés par des
arrangements aussi variés (saxo, piano, glockenspiel...) qu'élégants et qui ont le bon goût de ne jamais prendre la pose
pour damer le pion à la mélodie - et quelles mélodies! -, Menemona enfile avec une facilité déconcertante ses perles.
Qu'elles soient de lumière (les entrelacs vocaux de 'Dirty cartoon') ou en acier délicatement forgé ("TAOS" scellant la
rencontre de Hendrix et de Elbow), 'Mines' ne souffre d'aucun temps mort. Long en bouche et d'une variété sonore
remarquable, Menomena propose rien de moins qu'un des albums indispensables de 2010. LT: Flaming Lips, 'The Fearless
Freaks'
CD: 9/10
Genre: Pop
Label: City Slang - Distribution: V2
David Morelli
Orchestral Manoeuvres in the Dark (History of Modern)
Souvenez-vous le mythique groupe électro OMD s'était reformé et avait donné un concert à l'Olympia, à Paris, en mai
2007. Ils avaient joué l'intégralité de leur meilleur album, "Architecture and Morality" (1981), puis en seconde partie avait
interprété leurs plus grands succès. Aujourd'hui, 14 ans après le reformation et 30 ans après "Electricity", OMD sort un
album ! Les fans trentenaires voire quarantenaires devraient apprécier. Sentimentalement. Musicalement, c'est autre
chose. Certes, ces pionniers refont leur "History of Modern" avec un panel de sons électro impressionnant. Des synthés à
la Kraftwerk aux lignes de basse à la Moroder. Les voix d'Andy McCluskey et de Paul Humphreys ont gardé de la fraîcheur
et de l'éclat ; mais musique et voix sont perdues dans un flot continu de choeur (balancer les bras svp) quasi sur la même
note dans tout l'album. Le single "If you want it" l'illustre bien. Une "histoire" qui ne restera pas dans les annales.
CD: 7/10
Genre: Pop, Electro
Label: Blue Noise - Distribution: Pias
Frédéric Jarry
Prince (20TEN)
C'est l'histoire d'un mec qui fait un tour à vélo, un samedi (le 10 juillet 2010) de canicule. Passant devant une librairie, il se
demande s'il reste une copie du quotidien 'Het Nieuwsblad', dans lequel se retrouve inséré le nouvel album de Prince (oups,
de unpronounceable symbol). Curieux (ben un album de machin chose à 1,40 euro, ça le fait), le cycliste s'approprie l'objet
"collector" en devenir. Il glisse alors dans la poche son bermuda le CD, et se colle la gazette dans le dos. Quelques
kilomètres et litres de sueur plus tard, il revient à son domicile. Le Cd a pris un coup d'humidité, et un quart de page du
journal est imprimé au-dessus de son arrière-train. Ce gusse, vous l'aurez compris, c'est moi. Un ex fan d'un talentueux
artiste qui fut un temps dénommé Prince, vibrant encore régulièrement aux accords du monstrueux album 'Sign O the
Times', et de ses prédécesseurs. '20 Ten', annoncé comme le retour à certaines sources ('1999', 'Purple Rain', etc.) n'est
pas la bombe attendue. L'amiral Nelson ressort avec ferveur ses rythmique flangées et sautillantes, ses gros accords
dégoulinants de synthé, et beaucoup de squelettes mélodiques empruntés à ses anciennes tueries, provoquant des
cascades de suées et de coups de reins. Ici tout sonne donc à l'ancienne, mais par contre, côté mélodique, rien de très bon
à se mettre sous la dent. Ne dépensez pas trop d'énergie pour acquérir ce coup de nostalgie inutile, et actuellement hors
commerce (mais soldé sur le net).
CD: 5/10
Genre: Funk
Gauthier Keyaerts
The Magic Numbers (The Runaway)
Les Magic Numbers sont une anomalie, un anachronisme dans l'univers agité et souvent cynique de la scène indie anglaise.
La paire de frères et de soeurs qui composent ce combo folk rock proposent une nouvelle fois d'éteindre nos GSM et de
couper la connexion internet. Ils nous donnent rendez vous dans le jardin (ou près d'une botte de foin s'il y en a une pas
loin), de nous coucher sur le sol, un brin d'herbe (ou de foin si...) en bouche et, les yeux levés vers le ciel, de profiter du
moment, de déconnecter. Déconnecté. Voilà le terme qui sied le mieux à ce troisième album qui fuit sans courir les modes
éphémères et nous invite à retrouver, en mordant dans leur émouvante madeleine à base de mélodies fraiches et
revigorantes, des bribes de la sérénité optimiste des seventies. "The Runaway" n'est pas un album nostalgique mais une
magnifique fuite en avant sur fond de "feel good songs" dans la lignée des Mama's and the Papa's, des Bee Gees et du rock
west Coast. Les Magic Numbers sont une anomalie. Une anomalie magique dont "The Runaways" est le sésame.
CD: 8/10
Genre: Rock, Pop
David Morelli
Morcheeba (Blood Like Lemonade)
"'Blood Like Lemonade', c'est l'album que nous aurions dû réaliser après 'Big Calm', en 1998, mais nous avions besoin
d'explorer d'autres horizons pour pouvoir revenir à notre habitat naturel", a reconnu Paul Godfrey, l'un des 2 frères
fondateurs du groupe trip hop de Douvres, Morcheeba. A la question de savoir quel son caractérise ce 7ème album, Skye
Edwards, la chanteuse des débuts mythiques du groupe, répond: "cela sonne Morcheeba bien sûr!". Ce qui est vrai mais
pas si évident, après les errances, heureuses et surtout malheureuses du groupe. Ici, retour aux mélodies légères
douces-amères, comme l'évoque le 1er single 'Even Though' avec sa guitare sèche, ses micro-scratch hip hop, très fin
années'90. La programmation electro flirte toujours avec le blues, la folk et même la country. La voie de Skye, enfin de
retour, a gagné en profondeur, même si le ton est plus pop que soul dans ce road-movie étrange où la musique très chill,
contraste avec des paroles de violence et de sang. Perso, 'Self Made Man' exprime le mieux ce paradoxe, très séduisant.
Comme l'opus.
CD: 9/10
Genre: Lounge
Label: Pias - Distribution: Pias
Frédéric Jarry
Kele Okereke (The Boxer)
La premiere vertu de cet album solo du chanteur de Bloc Party est d'être clair quant aux objectifs: faire danser jusqu'à
l'épuisement, des boîtes les plus huppées New York aux campings les plus beauf de la mer du Nord (et vice-versa, y a pas
de raison). Un objectif qui a son importance lorsqu'on se remémore avec une pointe d'agacement le dernier album - raté des Blocs Party qui ressemblait, de base, à leur traditionnel album de remix et sous-utilisait leur pourtant excellent
batteur. Un peu difficile à digérer pour les fans de la première heure qui voient encore en Bloc Party un groupe post punk
crédible plutôt qu'un groupe dance rock assez quelconque. Jouant à fond les basses et sans ambiguïté la carte electro,
Okereke réussit indéniablement sous coup. 'The Boxer' est agressif, puissant et les rythmiques et sonorités africaines, les
mélodies efficaces et la voix de Oreke apportent un supplément d'âme. Il y a des hits à la clé: le single, 'Tenderoni' et
surtout 'Rise' et ses basses monstrueuses façon Vitalic, sont des tueries. On succombe. LT: Vitalic, 'OK Cowboy'
CD: 7/10
Genre: Electro, Rock
Label: Wichita - Distribution: V2
David Morelli
UNKLE (Where Did The Night Fall)
Après deux albums de très haute tenue ('War Stories' et 'End titles'), Unkle marque sévèrement le coup avec ce 'Where Did
The Night Fall'. Jusqu'alors à l'avant-garde d'une scène électronique explorant les profondeurs du rock (et inversement) et
tentant, avec la morgue d'explorateurs sonores intrépides, de faire fusionner l'hermétique (Les Beatles, le rap et le trip hop
dans un même mix, couillu), ce cinquième album sort avec une date de péremption déjà dépassée. 'Where Did The Night
Fall' trace en ligne droite dans un sillon électronique/dark wave fréquenté depuis bien longtemps sans tenter d'en influencer
la direction. Unkle, qui a perdu en cours de route Richard File au profit(?) de l'ex-Psychonaut Pablo Clements, livre un
album froid, répétitif et -horreur- prévisible auquel il ne semble croire qu'à moitié. Le splendide 'Another Night Out' qui
clôture l'album laisse néanmoins planer l'espoir d'une reprise en main prochaine. LT: Siouxie and the Banshees, 'The
Rapture'
CD: 5/10
Genre: Electronica, Pop, Experimental
David Morelli
Moby (Wait For Me Remixes)
Sorti pile il y a un an, "Wait for Me" était le 9ème et très attendu album studio du producteur américain Moby, qui depuis la
fin des années'80 (Voodoo Child) mixe avec génie qualité musicale et succès planétaire. L'opus plutôt "ambient" et très
mélodique, tout en cordes et notes au piano, n'hésitant pas sur les choeurs et les voix filtrées, vient d'être "remixé" par les
meilleurs producteurs house et techno du moment. On passe sans transition du downtempo aux beats dansants, ce qui veut
dire que les remixes ne s'adresseront peut-être pas au même public que la musique du Moby d'après "Play". D'autant plus
que les meilleurs remixes ne sont pas ceux de Tiesto, Laurent Wolf ou de Carl Cox, mais bien d'artistes plus underground
comme Popof, Paul Kalkbrenner, Savage Skulls et surtout, Gui Borrato. En bonus, un 2ème CD où Moby renoue avec
l'électro puisque c'est lui qui mixe les remixes, avec brio.
CD: 8/10
Genre: Electro, House
Label: Little Idiot - Distribution: Pias
Frédéric Jarry
Jamie Lidell (Compass)
Voici sans doute l'album le plus abouti de Jamie Lidell, du moins le mieux équilibré. On avait découvert le bonhomme dans
un univers apocalyptique assez bruitiste et on l'avait vu évoluer vers une soul-funk de plus en plus propre, de moins en
moins folle. Pas avare et encore moins pudique en interview, Lidell avoua s'être un peu perdu artistiquement; la faute à
une vie personnelle un peu tumultueuse, ces dernières années. Il a depuis déménagé de Berlin à New-York, s'est pris la
mort de Michael Jackson (l'une de ses idoles!) dans les gencives et a choisi comme collaborateurs rapprochés du jour Beck
et Chris Taylor (de Grizzly Bear). Résultat du franchiment de ce nouveau cap : un album à la fois soul et bruitiste, déviant
et accessible, cohérent et barré, où la voix exceptionnelle du bonhomme se pose sur du funk certes bordélique mais
toujours entraînant.
CD: 8/10
Genre: Soul, Funk, Electronica
Label: Warp - Distribution: V2
Serge Coosemans
Zu (The Way of the Animals Powers)
Avoir un album de ZU à se mettre sous la dent, c'est toujours une excellente nouvelle! Mais "attention", 'The Way of the
Animals Powers' n'est pas une nouveauté, mais la ressortie d'une plaque ayant vu initialement le jour sur le label italien
Xeng. Déconstruites, mais pas forcément agressives, les compos hantant cette oeuvre fleurent bon une certaine folie,
cadrée et maîtrisée. Un travail impressionnant, où le trio transalpin est épaulé par Fred Lonberg-Holm (Valentine Trio, Peter
Brötzmann, Chicago Tentet, etc.). Le plaisir auditif (morceaux superbes et nouveau mastering opéré par James Plotkin) se
double d'un plaisir tactile: soit le contact d'un bon gros vinyle 180 grammes!
CD: 8/10
Genre: Electro-Pop
Label: Public Guilt Records - Distribution: Mandaï
Gauthier Keyaerts
LEO (88 Man)/ The Healthy and the Badass Motherfucker/ ROOM
204 (Speaking Parts From the Blazing Rows/ Tonnerre
Vendanges/ Balloons)
Le label nantais Kythibong nous a glissé sous l'oreiller trois petite gâteries à se mettre dans le lecteur CD... La première
(sans ordre d'importance, mais bien de situation dans la pile "à chroniquer") passée en revue sera donc les exploits
soniques du duo Leo (88 Man), joliment folk. Comparé à d'illustres homologues étasuniens (Smog, Lambchop, Giant
Sands...), le duo développe ici un son pop-folk plutôt joli, mais jamais vraiment totalement prenant, car peut-être un
chouïa trop bien pensé, et poli. Healthy Boys (and the Motherfucker), malgré un nom de groupe crasseux, reste tout autant
sous le charme de l'acoustique. L'E.P. ici présenté rassemble quatre morceau de Benjamin Nerot accompagné de quelques
amis (ex Bastards), enregistrés en résidence. Ne cherchez pas le tonnerre, ni la vengeance... Duo bétonné et armé, Room
204 continue à explorer les transgressions du bruit en formation minimale. Plutôt sympa! Petite précision: les fans de vinyls
commanderont via la France. Pour l'édition CD il faudra passer par la case Japon (Stiff Slack).
CD: 6/10
Genre: Folk, Rock
Label: Kythibong Records - Distribution: Mandaï
Gauthier Keyaerts
Erykah Badu (New Amerykah Part Two: Return of the Ankh)
Généralement plus calme et introspective que 'New Amerykah Part One (4th World War)', sans pour autant être
définitivement différente, cette suite affiche derrière des arguments graphiques psychédéliques et reposants, une santé
soul quasi sereine. La guerre n'aura donc pas eu lieu, Bush s'en est allé, et Erykah arbore maintenant la croix ansée, soit
le symbole de la vie. Une vie pleine de nuances, parfois un peu mélancolique (à tendance jazzy), souvent rebondie, pleine
de profonde et instinctive sensualité. Car ici, ça sent la fin de nuit, de celles passées sous les draps avec un(e) partenaire
éveillant - sans efforts - la moindre parcelle de terrain érogène. Avec peut-être un chouïa d'agréable gueule de bois. Dans
cet état entre sommeil et éveil, accompagné de fatigue, et d'un reste d'adrénaline, tout est possible: rêver éveillé,
percevoir l'avenir avec optimisme, se ressentir comme jamais, avec confiance et sérénité. 'Return of the Ankh' doit
s'écouter au bon moment, lorsque le stress s'évacue, et que l'existence reprend un cours plus calme, intimiste, voire
grisant, histoire de savourer chaque intonation de voix, chaque sample usé de manière old-school et aux volutes quasi
analogiques...
CD: 8/10
Genre: Soul
Gauthier Keyaerts
The Conformists/ Marvin (Three Hundred/ Hangover on the Top)
Réédition d'un album initialement sorti en 2007 sur le label 54°40' or Fight!, produit en son temps par Steve Albini, ce
'Three Hundred' du combo américain The Conformists, agrémente de son noise fracassé le catalogue d'African Tape. Le son
sec et précis donne à leurs compositions un cachet "punk" technique, sans être ostentatoire. Accélérant et décélérant selon
le bon vouloir de leur géniteur. Sans être incontournable, cette plaque possède des autours aguichants, dont une retenue
et une tension omniprésente assez intéressantes. Moins inspiré, 'Hangover the Top' des Montpelliérains de Marvin fera juste
l'objet d'une écoute curieuse, sans plus...
CD: 6/10
Genre: Post Rock, Experimental, R'n'B
Label: African Tape - Distribution: Mandaï
Gauthier Keyaerts
Pamela Hute (Turtle Tales From Overseas)
Paru en catimini dans l'hexagone en 2009, le premier album de Pamela Shue ressort après un toilettage minutieux et
ambitieux. Vrai faux trio parisien à chanteuse américaine et binoclarde (presque tendance les lunettes?), ce groupe
ambitionne rien de moins que doper sa pop à l'export en transposant la recette éprouvée depuis les Pretenders et Garbage
('Hysterical' est un quasi décalque) d'un rock musclé et élégamment féminisé du côté des Canadiens de Metric. Les hymnes
catchy et leurs panoplies d'humeurs contraires défilent jusqu'au sommet 'Taste It' sans décevoir ni véritablement
impressionner. Le centrisme n'est décidément qu'une coquille vide.
CD: 6/10
Genre: Rock
Label: Guess What! - Distribution: Pias
Yannick Hustache
Angus & Julia Stone (Down The Way)
Fraternel duo australien, Angus & Julia Stone travaillent leur pop doucereuse à la manière d'insulaires cultivant leur îlot de
beauté à l'abri de l'agitation des hommes. Voix mixtes et graciles (Julia est la Stina Nordenstam des mers chaudes),
arpèges acoustiques parfois constellés de doux nuages d'électricité, piano salin et archets rêveurs dessinent des mélodies
au fusain accentuées d'une pointe de dramatisation parfois excessive (Angus pleurniche pas mal). Mais une production qui
nivelle les chansons à l'horizontale et une durée d'album inconsidérée compliquent d'autant l'écoute d'un disque joli comme
tout mais tristement puéril!
CD: 6/10
Genre: Pop, Folk
Label: Flock - Distribution: Pias
Yannick Hustache
Danny Elfman/ Various (Alice in Wonderland/ Almost Alice)
Quasi indissociables, Dany Elfman et Tim Burton se complètent au point de véritablement créer des oeuvres fusionnelles.
L'ex Oingo Boingo se laisse donc aller ici à ses habituelles volutes pointues, ses marches pour armées arachnides
gloussantes, laisse les choeurs s'avancer vers le céleste, pour mieux frôler ensuite l'abime lors de voluptueuses plongées.
Bref, c'est riche, gothique - parfois - expressionniste au besoin, impressionniste à l'oreille. Sans pour autant être leur plus
belle collaboration. Car à l'instar de Burton (est-ce là un réflexe osmotique?), Elfman aboutit une bande-son plaisante,
illustrative, mais pas mémorable. Concernant le complément de programme, 'Almost Alice', soit le répertoire de chansons
accompagnant le film, il vaut mieux passer son chemin sans mêle le regarder. Car du gros Bob à Lavigne, en passant par
Tokio Hotel (gasp!), point d'ivresse, mais une immédiate gueule de bois.
CD: 6/10
Genre: Pop
Gauthier Keyaerts
Eagle Seagull (The Year Of The How-To Book)
Champions des titres à rallonge, ces Américains originaires du Nebraska brisent 4 années de silence avec un second disque
ouvragé dans une pop aux mélodies ascensionnelles chapeautées de refrains au lyrisme assumé. Une brise musicale
remontant des eighties et une orchestration travaillée par le souci de ne pas en faire trop les rapprochent davantage de
quelques projets actuels de Dan Boeckner (Wolf Parade, Handsome Furs) ou du Pulp de l'ère méconnue (pré 'His 'N'Hers')
que de la foule des épigones d'Arcade Fire. Même si parfois à deux trémolos de l'effet kleenex, Eagle Seagull a aussi sa
part d'ombre (Lynchien 'We Move Like Turtles Night').
CD: 7/10
Genre: Rock
Label: Phantom Sound & Vision - Distribution: Pias
Yannick Hustache
Tunng (...And Then We Saw Land)
Après un brelan de disques mieux reçus outre-atlantique qu'au sein de leur frileuse Angleterre natale, les hippies chics de
Tunng connaissent une défection interne (Sam Genders, maintenant dans The Accidental) qui les conduisent à redéfinition
de leur idiome musical, un néo folk ourlé de boucles électroniques. Un traitement synthétique du son désormais discret,
tandis qu'une amorce d'optimisme vient régler ce pas de trois entres harmonies vocales gémellaires et/ou croisées,
foisonnement de percussions malignes, et mélodies champêtres pour campagne disparue. Touchant à défaut d'être
essentiel.
CD: 7/10
Genre: Pop
Label: Full Time Hobby - Distribution: Pias
Yannick Hustache
///////////// Dossiers /////////////
Interview avec Julie Bertucelli, réalisatrice de 'The Tree'
'The Tree' n'est que le deuxième long-métrage de Julie Bertucelli, et pourtant, la
réalisatrice française s'occupe de cinéma depuis toujours. Elle a démarré sa carrière en tant qu'assistante à la réalisation pour, entre autres, son
père Jean-Louis Bertucelli, Bertrand Tavernier et surtout Krzysztof Kieslowski (sur 'Trois Couleurs: Bleu'). C'est ce dernier qui lui a appris à être
perfectionniste, dit-elle, et à toujours donner l'impression de savoir ce qu'elle veut. Ses premiers pas en tant que réalisatrice, elle les a faits dans
le documentaire, un genre qu'elle décrit comme étant la seule forme de création filmique vous obligeant à prendre un point de vue et à réfléchir à
votre sujet. En d'autres termes, Bertucelli est une dame possédant une vision bien arrêtée du cinéma, ce qui ressort également de la discussion
que nous avons eue avec elle il y a quelques mois, à l'occasion du festival de Cannes, où 'The Tree' a clôturé les festivités. Le film est basé sur le
livre 'Our Father Who Art in the Tree', le premier roman de l'auteure australienne Judy Pascoe, et parle d'une jeune famille tentant de faire face à
la mort du père. Ironiquement, à la base, Bertucelli voulait adapter un autre livre, qui parlait lui aussi d'un arbre.
Julie Bertucelli:
Depuis toute petite, je suis dingue du livre 'Il barone rampante' d'Italo Calvino, l'histoire d'un enfant de famille noble au 18e
siècle, qui grimpe un jour dans un arbre, et décide de ne plus jamais remettre un pied sur la terre ferme, et traverse ainsi
l'Europe en passant d'arbre en arbre. J'ai toujours rêvé d'adapter cette histoire en film. Après mon premier film, 'Depuis
qu'Otar est parti', j'y ai de nouveau pensé. Malheureusement, juste avant de mourir, Calvino a fait mettre sur papier le fait
qu'aucun de ses livres ne pourrait jamais être adapté à l'écran. J'étais triste lorsque je l'ai appris, mais l'idée de faire un film sur
un arbre est restée en moi.
Comment en êtes-vous venue au livre de Judy Pascoe?
Julie Bertucelli:
C'est une nièce qui m'en avait conseillé la lecture. Le livre ne contient pas seulement l'idée d'un enfant refusant de revenir sur
le sol, mais aussi un tas d'autres thèmes qui me parlent. Le deuil, et la manière dont les gens l'abordent, mais aussi ce qu'un
drame comme la mort d'un aimé peut apporter à la vie. La figure de la mère, et la fillette qui grimpe dans l'arbre transforment
leur tristesse en quelque chose d'autre. La gamine l'utilise dans son imaginaire, et apprend à voir le monde à travers d'autres
yeux.
Qu'avez-vous ajouté au livre?
Julie Bertucelli:
Le livre se concentre essentiellement sur le point de vue de la petite fille, mais je trouvais que la mère méritait tout autant
l'attention. Je voulais confronter leurs deux visions. J'ai aussi approfondi la relation particulière entre le fils, Lou, et l'arbre.
Chacun des membres de la famille possède un lien à l'arbre, mais dans le cas de Lou, on ne sait pas très bien de quoi il s'agit.
Ca a quelque chose d'enfantin, de mystique et de mystérieux. Je laisse à l'interprétation du spectateur ce que cela signifie
véritablement. Dans le livre, la maison est aussi dans un quartier, alors que moi j'ai eu envie de renforcer le rôle de la nature.
C'est pour cela que la maison est à la campagne. L'image de cet énorme arbre dans un paysage desséché me parlait. 'The Tree'
est clairement un film sur la nature, le fait qu'elle est toujours plus forte que nous, comment elle nous plonge dans le rien.
Etes-vous d'accord avec George, qui soutient dans le film que l'amour de la nature a des limites, qu'on ne peut pas la laisser se développer sans
contrôle?
Julie Bertucelli:
Oui et non. Je n'abattrais jamais cet arbre. (rit) Le fait qu'il ait brisé la conduite d'eau n'est pas une raison suffisante à mes
yeux pour éliminer quelque chose d'aussi magnifique. Je préférerais encore déplacer ma salle de bain ou chercher une autre
solution. Heureusement, je ne suis pas face à ce dilemme. George ne comprend pas non plus ce que cet arbre représente pour
la famille, quels fantômes l'entourent.
Vous avez été tourner en Australie, où la nature n'est pas spécialement accueillante.
Bertucelli: C'est vrai. On ne sait jamais ce qui nous attend. Ce n'est pas comparable à la nature que l'on trouve en Europe. Beaucoup d' animaux
sont dangereux. Même en ville, on trouve des araignées qu'il vaut mieux éviter. En mer on croise des requins. On se met à l'eau, tout en sachant
que l'on court un risque. Les tempêtes, la sécheresse, tout est extrême. On est vraiment impressionné par la nature, ce qui rend très humble. En
même temps, c'est relaxant de se rendre compte qu'il y a tellement de choses sur lesquelles on n'a pas prise. On laisse les choses arriver. Ce qui
m'a frappée, c'est le respect que les gens ont pour la nature. En France, quand on voit une mouche, on l'écrase. Là, on vous lance un regard
réprobateur. 'Pourquoi faites-vous ça?' Et ils ont raison. Quel droit avons-nous de tuer un animal?
Tout comme 'Depuis qu'Otar est parti', 'The Tree' a été tourné dans une langue qui n'est pas la votre. Qu'est-ce qui vous attire dans cette
démarche?
Julie Bertucelli:
J'aime découvrir d'autres gens, d'autres cultures, d'autres mentalités. C'est à chaque fois une nouvelle aventure dont on retire
énormément. Un peu comme si on commençait à chaque fois une famille à l'autre bout du monde. Il faut se battre pour
s'affirmer en tant que réalisateur, mais par la suite on est heureux de l'avoir fait. J'aime aussi ce sentiment d'exil obligé
lorsqu'on tourne un film à l'étranger. Je me sens beaucoup plus libre que lorsque je travaille en France. Et puis, ce n'est pas
nécessaire de parler la langue pour savoir si un acteur est crédible ou non. Jouer, c'est bien plus que simplement réciter des
mots. Une bonne interprétation dépend plus de la manière que l'acteur a de parler, ses mouvements, son regard.
Let me In: Morse Attaque!
Les aficionados de cinéma différent ont craqué, l'année passée, sur le superbe
'Let the Right One In' ('Låt den rätte komma in'), une production suédoise réalisée par Tomas Alfredson. Cette histoire d'amitié infantile, sur fond
de vampirisme (et vice et versa), flirtait avec le cinéma d'auteur, le film social, en passant par le pur fantastique... Une merveille ayant récolté de
nombreux prix en festivals (notamment au BIFFF). Basé sur un solide roman de John Ajvide Lindqvist, ce long-métrage avait beau avoir mis le
contenu pédophile quelque peu en retrait, il n'en perdait pourtant pas la moindre once de puissance!
L'histoire est simple: un jeune garçon, vivant avec sa maman, persécuté par ses
"camarades" de classe, se lie d'amitié avec une fillette quelque peu bizarre. Une différence qui n'empêche aucunement le développement d'une
véritable amourette entre l'infortunée tête-à-claques et la créature de la nuit. Cette dernière vit avec un homme lui apportant affection et
nourriture. Ce microcosme particulier ne va pas tarder à connaître de sérieuses perturbations. Sur base de ce synopsis, Tomas Alfredson
développe un riche univers narratif et visuel tout en suspension, sous-entendus et explicites, noyé sous une superbe couche de glace et de neige.
Malheureusement, ce chef-d'oeuvre absolu n'a pas drainé le public qu'il aurait mérité en salles obscures. Il connut une sortie un peu honteuse, et
une mise à mort rapide. Indolore? Non, pas trop espérons-le. Parce que c'est un véritable gâchis. Peut-être pourrons-nous remercier la machine
hollywoodienne à remake, vu qu'une nouvelle mouture du roman de John Ajvide Lindqvist va bientôt débouler sur les écrans, sous le titre 'Let me
In'... Un probable sacrilège, à n'en pas douter, mais qui permettra peut-être à la version de Tomas Alfredson de connaître une seconde vie via le
réseau "home cinema".
La version U.S. a été mise en boîte par Matt Reeves, l'homme derrière
'Cloverfield' (ce qui en soit est plutôt une bonne nouvelle), et quelques épisodes de séries télévisuelles ('Conviction', 'Felicity',...)... La
bande-annonce ne rassure qu'à moitié, voire au quart, car malgré une photographie superbe, Reeves semble être passé à côté de son sujet:
surdécoupage, effets spéciaux bien ostentatoires, effets dramatiques surlignés avec emphase, et surtout, des mômes qui se la jouent pro, sans
trop d'émotif, et peut-être un chouïa de bondieuseries... Mais bon, ceci n'est basé que sur quelques images, et il est clair qu'il ne fallait pas
s'attendre à un film "dogme" venu du pays de l'Oncle Sam, et approuvé par Icon Films. Ceci dit, la boîte de mister Mel Gibson, a récemment
balancé une bonne grosse bisserie fort drôle: 'Infestation' de Kyle Rankin. Jubilatoire et totalement irrévérencieux... Ne loupez pas cet inédit qui
grouille dans les bacs depuis quelques temps en dvd et Blu-ray, il mérite clairement une bonne grosse location!
Sur ce, attendons de pied ferme 'Let me In', de toute façon, la curiosité cèdera le pas à l'appréhension. Vu que finalement, l'amateur de cinéma
de genre n'en a jamais assez, et est tout aussi (voire plus) passionné que l'amateur de cinéma classique.
Tron: Legacy... A Tron avis!
1982: 'Tron', un film fou et avant-gardiste, produit par la compagnie Disney en
plein mutation, sort sur les écrans... Un véritable déluge informatique, balançant notamment Jeff Bridges, Bruce Boxleitner et David Warner au
coeur d'un univers informatique fantasmé, flashy et vectoriel. Bienvenue dans l'ère du cinéma proto-infographique (devenue banale depuis le
phénomène 'Matrix'). Cette oeuvre précurseur attira - malgré sa nouveauté et "difficulté visuelle" - les foules, et provoque l'envie au geekisme de
prendre possession de la Terre! Que du bonheur, fêté à nouveau 20 ans plus tard par une superbe édition DVD d'anniversaire. Le plus fou, c'est
qu'à l'époque, la naïveté du projet ne frappe pas. 20 ans et pas trop de rides! Mais point trop n'en faut, pour les 30 ans, c'est carrément une suite
(belle manière de remettre au goût du jour, sans passer par la case remake).
Et même si l'idée fait peur, 'Tron: Legacy' intrigue...
Premier constat: le réalisateur Joseph Kosinski n'a pas vraiment de C.V., étrange, mais vu la consécration et la déferlante de talents issus de la
nerd culture, pourquoi pas. D'ailleurs, le metteur en scène (et scénariste) de l'original (et producteur de la nouvelle version), Steven Lisberger
n'avait pas plus de bagages... Jeff Bridges (qui fait une belle transition dans l'un des trailers), Bruce Boxleitner et David Warner font à nouveau
partie du voyage, ce qui est plutôt cool. Pour le reste, le film devrait être encore une sortie 3D, probablement l'une de celles justifiant le plus ce
gimmick remis au goût du jour. Sur base des images qui circulent, il semble que l'idée n'a clairement pas été de tenter une nouvelle prouesse,
mais bien d'adapter le produit au public actuel. La vérité se situe quelques part entre la version de 1982, et tout ce qui a pu se faire dans la veine
de la trilogie des frères Wachowski (l'horrible 'Resident Evil: Afterlife' inclus). Le design général croise l'esprit old-school, avec une approche hyper
lisse et mode. Décevant? Aucune idée, de toute façon il eut été difficile de retrouver le caractère "naïf" et bricolé des 80's, et de plus pourquoi
tenter de faire de 'Tron' reboot une kitscherie?
Ca "dubite" ferme, mais la tendance est donc plutôt à
l'enthousiasme... Sauf pour le scénario semblant plus tenir du démarquage pur et simple, que du remue-méninge scénaristique. Tourné en 64
jours, et plutôt coûteux (principalement à cause des costumes), 'Tron: Legacy' fait chauffer les ordinateurs, vu que pas moins de 68 semaines de
post-production ont été prévues pour la réalisation des effets spéciaux. Espérons que le résultat soit à la hauteur. Anecdote amusante, Joseph
Kosinski devrait se voir confier une autre grosse pièce du catalogue Disney S-F, le magnifique 'Trou Noir' (quelle belle B.O. de John Barry!), datant
lui de 1979... De quoi encore pourrir - à coup d'affres de l'angoisse - la vie des quadragénaires nourris avec cette saine nourriture pour l'esprit.
Sur ce, je ressors mon frisbee aux couleurs pétantes, ma tenue collante retouchée au tape fluo, et je retourne m'entraîner dans le jardin!
Interview avec Michael Winterbottom, réalisateur de 'The Killer
Inside Me'
Michael Winterbottom (49 ans) n'apprécie pas la routine. Chaque fois que le
réalisateur britannique présente un film (en moyenne une fois par an), il tente de surprendre le public. Ainsi, il n'arrête pas de changer de genre.
'The Road to Guantànamo' et 'The Shock Doctrine' étaient des documentaires, 'A Mighty Heart' un drame orné d'une actrice hollywoodienne
célèbre (Angelina Jolie), 'In This World' un drame actuel aux acteurs amateurs et inconnus, 'The Claim' un gigantesque western, '9 Songs' un film
érotique à petite échelle, et l'on pourrait continuer la liste encore longtemps. 'The Killer Inside Me', son adaptation du roman noir éponyme de Jim
Thompson, sort lui aussi du lot, mais pour d'autres raisons encore. Winterbottom a décidé de ne pas minimiser les éclats de violence dans lesquels
sombre le personnage principal Lou Ford. Avis aux estomacs sensibles.
'The Killer Inside Me' a déjà été présenté dans divers festivals, et à chaque fois, les réactions vont du choc à l'indignation. Cela vous surprend?
Michael Winterbottom:
Oui et non. Personnellement, je ne trouve pas mon film si violent et horrible. Il sort chaque semaine des films qui vont
nettement plus loin que le mien en termes de représentation graphique de la violence. La différence, c'est que 'The Killer Inside
Me' présente une histoire inhabituelle, et apparemment, c'est ça qui touche les gens. Lou Ford, mon personnage principal, est
terriblement dur avec les deux personnes qui l'aiment inconditionnellement. Et elles continuent à l'aimer, même lorsqu'il les
maltraite. En plus, la violence est, d'une certaine manière, intime, et le spectateur trouve cela plus choquant que des scènes de
décapitation, ou de découpages de corps. D'un autre côté, je trouve cela très normal que le public soit choqué. Et
heureusement qu'il l'est. La violence ne peut pas être distrayante.
Vous tentez plus ou moins d'expliquer le comportement de Ford, ou tout au moins donnez-vous quelques pistes. Pourquoi estimiez-vous cela
nécessaire?
Michael Winterbottom:
Ca se retrouvait ainsi dans le livre de Jim Thompson. Dès le début, j'ai décidé de rester le plus fidèle possible au roman, pas
seulement parce que je le trouve fabuleux, mais aussi parce que je voulais voir s'il était possible de faire un bon film de cette
manière. Les allusions psychologiques dont vous parlez permettent de comprendre que Ford est autant victime que bourreau.
Et je n'ai jamais eu l'impression que Thompson établissait le portrait psychologique d'un meurtrier. Il dessine plutôt un monde
parallèle et sombre, et il aborde des émotions plus noires, plus brutes. Lou Ford se sent faible et diminué, surtout face à son
père. Il vit toujours dans la maison de ses parents, travaille dans le bureau de son père, lit ses livres, écoute sa musique. Mais
en même temps, il veut détruire son père parce qu'il l'a détruit. Lou est un personnage complètement tordu. Et c'est de ça que
parle le film, de la violence des gens qui ont émotionnellement été démolis. De ces gens qui se haïssent et ressentent le besoin
de démolir les autres.
Le look de 'The Killer Inside Me' est assez artificiel, comme s'il avait été tourné en studio. Pourquoi avez-vous choisi cette approche?
Michael Winterbottom:
Je trouve que 'The Killer Inside Me' est une sorte de tragédie shakespearienne, et généralement, ces dernières sont artificielles.
Le niveau de fiction du film est très élevé, et je n'ai pas voulu en faire un drame réaliste. Le narrateur, les décors, l'éclairage,
tout découle de cela. La plupart des dialogues sont d'ailleurs littéralement repris du livre. Ce sont des mots qui doivent être lus,
pas dits. Je sais que Jim Thompson n'avait pas été très heureux de l'adaptation de 'The Getaway', au début des années '70.
Walter Hill avait quasiment éliminé tous les dialogues et transformé l'intrigue afin d'arriver à un thriller classique et logique. Je
pense que Thompson aurait apprécié notre version de 'The Killer Inside Me'. En tout cas, je l'espère.
Casey Affleck représente un choix surprenant pour le rôle principal. Qu'est-ce qui vous a séduit?
Michael Winterbottom:
Pour des raisons tout à fait compréhensibles, Lou Ford est le premier personnage pour qui nous avons cherché un acteur.
J'avais eu l'occasion de voir Casey dans quelques films, notamment 'Gone Baby Gone' et surtout 'The Assassination of Jesse
James', et je me suis dit qu'il serait parfait. Et lorsque je l'ai rencontré, cette impression n'a fait que se renforcer. Quand il vous
parle, on ne sait jamais exactement ce qu'il pense, ce qui se passe dans son esprit, et c'est un don. Un peu comme s'il
observait à distance ce qu'il fait et dit. Ca m'a semblé un trait de caractère essentiel pour Lou Ford, et nous l'avons donc
conservé. IL nous suffisait d'orienter la caméra vers Casey. Même quand il fait quelque chose de banal, ce qui se passe est
intéressant.
'The Killer Inside Me' suit de très près 'The Shock Doctrine', et en règle générale, vous laissez passer très peu de temps entre deux films. Vous
n'êtes jamais épuisé?
Michael Winterbottom:
En tout cas, je ne le sens pas. Je tourne environ un film par an, ce qui est tout à fait tenable. J'ai besoin de cette pression. En
fait, j'avais pour objectif de tourner un autre film plutôt que 'The Killer Inside Me', mais le projet est tombé à l'eau suite à des
problèmes de copyright. Je me suis donc tout d'un coup retrouvé sans projet, et je ne savais plus quoi faire. J'aime être occupé.
Sinon, je deviens anxieux, je fais du sur-place. Et dans ces moments, il vaut mieux ne pas m'approcher. (rit)
Votre maison de production s'appelle Revolution Films. Pouvons-nous en déduire que c'est votre ambition en tant que réalisateur?
Michael Winterbottom:
Le nom vient de la révolution américaine. (rit) Je trouve que c'est un bon nom, mais je n'en tirerais pas trop de conclusions.
Mon partenaire en affaires et producteur Andrew Eaton et moi-même aimons bien faire appel aux mêmes personnes pour
tourner. Mat Whitecross, qui a co-réalisé avec moi 'The Road to Guantànamo' et 'The Shock Doctrine', se retrouve par exemple
aussi au générique de 'In This World' et '9 Songs'. Revolution Films se base sur la collaboration, et est en même temps une
dictature, comme toutes les bonnes révolutions. En partie démocratiques, et en partie très dictatoriales. (rit)

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