Cours d`Hydrologie Générale 1
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Cours d`Hydrologie Générale 1
Hydrologie Générale Cycle de l’eau – Bassin versant Pierre Ribstein &Ludovic Oudin [email protected] [email protected] 1 Plan du cours 1. Introduction sur l’hydrologie 2. Échelles spatiales de travail et bilans hydriques correspondants 3. Bassin versant : caractérisation géographique 2 Quelques références Des références Roche P.A., Miquel J., Gaume E. (2012). Hydrologie quantitative, processus, modèles et aide à la décision. Collection Ingénierie et développement durable. Springer, 590 p. Hingray B., Picouet A., Musy A. (2009) Hydrologie - 2. Une science pour l’ingénieur. Collection Gérer l’environnement, Presses Polytechniques et Universitaires Romandes, Lausanne. Musy A., Higy C. (2004). Hydrologie – 1. Une science de la nature. Collection Gérer l’environnement, Presses Polytechniques et Universitaires Romandes, Lausanne. Anctil F., Rousselle J., Lauzon N. (2005). Hydrologie. Cheminements de l’Eau. Presses Internationales Polytechniques. Dingman S.L. (2002). Physical Hydrology. Prentice Hall éditeur, New Jersey, 646 p. Chow V.T., Maidment D.R. & Mays L.W. (1988). Applied Hydrology. Mc Graw Hill éditeur, 572 p. Jones J.A. (1997). Global hydrology. Processes, resources and environmental management. Longman Publishers, 399 p. Brutsaert W. (2005) Hydrology, an introduction. Cambridge University Press, 605p. Llamas J. (1993). Hydrologie générale : principes et applications. 2e édition. Gaëtan morin éditeur, Québec. Réméniéras G. (1976). L’hydrologie de l’ingénieur. 2e édition. Collection de la Direction des Etudes et Recherches d’Electricité de France, éditions Eyrolles, Paris. Cours e-drologie : http://hydram.epfl.ch/e-drologie/ Site hydro : http://www.sisyphe.upmc.fr/~m2hh/ 1. Introduction sur l’hydrologie 1. Bref historique 2. Enjeux scientifiques et opérationnels 4 Les énigmes de l’antiquité • Pourquoi la mer ne se remplit pas ? • D’où vient l’eau de sources et des rivières ? • D’où provient l’eau de la pluie ? Aristote 384 - 322 av JC Platon (427 - 348 av. JC) 5 L’hydrologie expérimentale Surface du bassin (km²) Pluie annuelle (mm) Débit (mm) Déficit d’écoulement (mm) La Seine à Aignay-le-Duc Estimations de Estimations actuelles Perrault (1674) 118.8 93 La Seine à Paris Estimations de Estimations actuelles Mariotte (1686) 53 500 44 320 518 900 459 750 80 438 340 560 67 392 194 555 6 L’hydrologie scientifique (1700 - …) - Mécanique des fluides : Théorème de Bernoulli (1739) - Eaux souterraines : équation d’écoulement capillaire d’Hagen-Poiseuille (1839-1840), loi de Darcy (1856) et formules de Dupuit-Theis (1863-1906). - Evaporation : J. Dalton (1802) relation entre l’évaporation, la pression de vapeur d’eau, et la vitesse du vent. 7 L’Hydrologie d’aujourd’hui : Connaissance des processus et agencement spatial de ces processus 8 La science qui étudie les propriétés, la distribution et la circulation de l’eau à la surface de la terre, dans les sols, dans les souterrains et dans l’atmosphère. Hydrologie « fondamentale » : Etudes des processus hydrologiques Hydrologie « appliquée » : Approches heuristiques, échelle régionale Hydrologie « globale » : Etudes des interactions climat et océan « Fondamentalisme » Définition classique de l’hydrologie Echelle spatiale 9 Le cycle hydrologique global Échelle de temps et d’espace des processus hydrologiques Enjeux de l’hydrologie de surface quantitative Prévision des crues Prévision des étiages Gestion d’ouvrages Dimensionnement d’ouvrages Impact de l’anthropisation 11 L’hydrologie : prévision et prédétermination Protection et prévention Prédétermination Recherche d’une distribution statistique d’une grandeur X pour l’évaluation d’un risque ou d’une probabilité Prévision Simulation des débits X 0 Tirage annuel 1 Fréquence •65% chances d’avoir une crue décennale dans les dix prochaines années. Approche Pluie-Débit Evolution d’une grandeur X dans le temps X Maintenant 12 L’hydrologie : Crue et inondation • Crue: Augmentation plus ou moins brutale du débit et par conséquent de la hauteur d'un cours d'eau suite à une pluie, à la fonte des neiges, à une montée de nappe, à une vidange de réservoir, etc. • Inondation: Submersion temporaire, naturelle ou artificielle, d'un espace terrestre; l'inondation est à la fois : • un phénomène naturel ou induit involontairement par des transformations artificielles du milieu, ou encore une action humaine volontaire ou accidentelle : le fait ou l'action d'inonder; • un état temporaire, résultat de ce phénomène ou de cette action. Carte des aléas 13 exemple d’aménagement dans le bassin de la Seine • Crue historique de 1910 (centennale) : Volume = 3500 Mm3 • Quatre ouvrages régulateurs (Yonne, Seine, Marne et Aube) • Gestion multi-objectif (écrêtement des crues / soutien d’étiages) Année de mise en service Bassin versant intercepté (km²) Volume 6 3 (10 m ) Yonne 1950 220 80 Seine Marne Aube 1966 1974 1990 2400 2950 1700 205 350 170 7250 805 Total des barrages d’écrêtement des crues… exemple d’aménagement dans le bassin de la Seine • But : Décaler, avec la Bassée, les crues de la Seine pour laisser passer les flots de l’Yonne Au plus près de la confluence, retenir les eaux de la Seine au moment du passage du maximum de la crue de l’Yonne 55 M m3 stockables Enjeux liés aux inondations Source : National Weather Service 16 2. Échelles spatiales de travail et bilans hydriques correspondants 17 Les échelles spatiales de l’hydrologie : L’échelle globale Stock ≠ Flux Temps de résidence = stock / flux cycle de l’eau = transport, stockage, changement de phase18 Les échelles spatiales de l’hydrologie : L’échelle régionale ETP de bassin ETR Pluie de bassin Débit à l’exutoire (mesuré à une section de contrôle) Pluie = Evapotranspiration + Débit +/- Variations de stock +/- échanges souterrains 19 Les échelles spatiales de l’hydrologie : L’échelle de la parcelle ETP ETR Pluie Pluie = Evapotranspiration + Infiltration (recharge) + Variations de stock ZNS (+ Ruissellement) (Ruissellement) Infiltration 20 Ressource en eau : les flux en France en milliards de m3 (km3) par an Flux moyens interannuels des ressources en eau - France métropolitaine 19 km3 prélevés pour l’énergie et 15 km3 prélevés pour l’irrigation, l’eau potable, l’industrie. Sur ces 15 km3, 44% proviennent des nappes souterraines (6 km3) Ordres de grandeurs des termes du bilan hydrique (en lames d’eau annuelles) Précipitations Évaporation Écoulement Continents mm mm mm Europe 790 507 283 Afrique 740 587 153 Asie Amérique du Nord 740 416 324 756 418 339 Amérique du Sud Australie et Océanie 1600 910 685 791 511 280 Antarctique Moyenne pour tous les continents 165 0 165 800 485 315 D’après Musy, EPFL 22 L’échelle de travail classique : le bassin versant Définition Le bassin versant est le domaine drainé par une section en travers d’un cours d’eau. Un bassin versant dépend d’abord du choix de son exutoire Si le sol était imperméable, le bassin versant ne dépendrait, l’eau coulant de manière gravitaire, que de la topographie. Justification: Le bassin versant est un système hydrologique assez bien délimité: • Une seule entrée: la pluie • Une sortie mesurée à l’exutoire: le débit • Ce qui s’y passe ne dépend pas en principe de l’aval. Unité géographique de la gestion de la ressource en eau…mais limites administratives souvent différentes des limites naturelles; exemples : bassins transfrontaliers 23 Le bassin versant : définition Equations de conservation = Équations différentielles pour la conservation de la masse, de l’énergie, de la quantité de mouvement, lois de thermodynamique Connaissance des processus hydrologiques aux limites Système hydrologique dS i (t ) q (t ) dt Délimitation d’un bassin versant Méthode manuelle Courbes de niveau Ligne de crête Réseau hydrographique pérenne Exutoire du bassin Contour du bassin 25 Délimitation d’un bassin versant Méthode automatique Délimitation à partir d'un Modèle Numérique de Terrain (MNT) sous un SIG (Sytème d'Information Géographique) 26 Le bassin versant • Quelques grands bassins: • Amazone: 7 millions de km²; Congo: 3,7 millions de km² Mississipi: 3,3 millions de km²; Danube: 817 000 km² Rhin: 224 000 km² • En France: Loire: 115 000 km²; Rhône: 99 000 km² Seine: 78 600 km²; Garonne: 52 000 km² 27 Bassin versant avec karst Région de calcaires et dolomites ayant une topographie souterraine particulière due à la dissolution de certaines parties du sous-sol et au cheminement des eaux dans les galeries naturelles ainsi formées. Rivière station BV géographique BV hydrologique Bourne Choranche 246 km2 446 km2 Vernaison Royans 281 km2 81 km2 Bassin topographique et bassin souterrain Si le sol était imperméable, le bassin versant ne dépendrait que de la topographie, et le bilan précédent serait exact Dans la réalité, il peut y avoir ambiguïté sur la surface qui contribue effectivement au débit à l'exutoire : 29 Bassin topographique et bassin souterrain Exemple : capture du bassin topographique d'Etretat par le bassin souterrain d'Yport 30 Formes d’entrée Relief ruiniforme Exokarst Résurgence perte Reculée lapiaz doline aven poljé Réseaux souterrains noyés source de trop plein grotte Niveau de base Endokarst source karstique = exurgence Formes de sortie Bassin versant endoréique " Se dit d’un bassin qui possède un réseau hydrographique, ou tout du moins un embryon de réseau, mais sans ouverture sur la mer ou sur un lac de grande superficie. Quelques exemples : doline ayant un bassin d’alimentation pourvu d’un réseau organisé, piedmonts de massifs sahariens dont le réseau débouche dans des mares sans exutoire ou s’évanouit dans les sables, etc… " Lac Titicaca Exemple de bassin endoréique du Lac Tchad 3. Bassin versant : caractérisation géographique et réponse hydrologique 34 Caractérisation physiographique. Attributs (de façade) des bassins versants Topographie/hydrographie Surface Pente moyenne Densité de drainage Compacité Occupation du sol Taux de couverture végétale Indice Foliaire Sol et sous-sol Formations géologiques Texture de surface Climat Précipitations ETP/Température 35 Caractérisation géographique du bassin versant La surface du bassin versant (la plus importante pour expliquer les débits) s'obtient par planimétrage sur une carte topographique (en km²); La forme plus ou moins allongée du bassin ; Le relief ; Le réseau hydrographique : longueur, pente, densité Mais aussi La couverture du sol (couverture végétale, surfaces urbanisées, surfaces d’eau libre, présence de neiges ou de glaciers), la nature du sol ; la géologie du substratum (perméabilité, écoulement de l’eau souterraine, …). 36 Caractérisation géographique du bassin versant : coefficients de forme Coefficient de Gravélius (compacité) : rapport entre périmètre du bassin et circonférence du cercle de même surface 1 P P P 1 P 0.28 KG 2 R 2 S 2 S S KG = 2.5 KG = 1.8 KG = 1.3 KG = 1 cercle KG = 1.128 carré KG > 3 Bassin très allongé KG = 1.1 37 Caractérisation géographique du bassin versant : Forme Rectangle équivalent : rectangle ayant la même surface et la même périmètre que le bassin L l 38 Caractérisation géographique du bassin versant : Relief et pente Courbe hypsométrique : Histogramme des altitudes 39 Caractérisation géographique du bassin versant : Relief et pente Indice global de pente 95 L Z 95 Z 5 IG L 5 Z5 Z95 40 Caractérisation géographique du bassin versant : Réseau hydrographique Densité de drainage : Rapport de la somme des longueurs des cours d’eau pérennes sur la surface du bassin Lh1 DD L H A Lh2 Lh3 Lh4 41 Caractérisation géographique du bassin versant : Réseau hydrographique Ordre des cours d’eau (Classification de Strahler, 1957) (2) (1) (2) (2) (1) (1) (1) 42 Le bassin versant : outils d’analyse spatiale Modèles Numériques de Terrain (MNT): fichier des altitudes connues aux nœuds d’une grille régulière. On peut en déduire d’autres fichiers : fichiers pentes, orientations, directions de drainage … Bendjoudi, H. and P. Hubert, Le coefficient de compacite de Gravelius : analyse critique d'un indice de forme des bassins versants, Hydrological Sciences Journal – Journal des Sciences Hydrologiques, 47 (6), 921-930, 2002 Le bassin de la Seine KG : 1,10 to 1,41 Le bassin versant et les temps caractéristiques Le temps de concentration (tc) des eaux sur un bassin versant est le maximum de durée nécessaire à une goutte d'eau pour parcourir le chemin hydrologique entre un point du bassin et l'exutoire de ce dernier. Il est composé de trois termes différents : •th : Temps d'humectation. Temps nécessaire à l'imbibition du sol par l'eau qui tombe avant qu'elle ne ruisselle. •tr : Temps de ruissellement ou d'écoulement. Temps qui correspond à la durée d'écoulement de l'eau à la surface ou dans les premiers horizons de sol jusqu'à un système de collecte (cours d'eau naturel, collecteur). •ta : Temps d'acheminement (Transfert). Temps mis par l'eau pour se déplacer dans le système de collecte jusqu'à l'exutoire. Le bassin versant et les temps caractéristiques Les isochrones représentent les courbes d'égal temps de parcours des eaux sur le bassin versant. Ainsi, l'isochrone la plus éloignée de l'exutoire représente le temps mis pour que toute la surface du bassin versant contribue à l'écoulement à l'exutoire après une averse uniforme. Le tracé du réseau des isochrones permet donc de comprendre en partie le comportement hydrologique d'un bassin versant et l'importance relative de chacun de ses sous-bassins. Thalwegs réseau hydrographique Thalwegs = Lignes de convergence et de circulation préférentielle de l’eau Intégration des processus, échelles et variabilités D’après Auzet, 1999 Fonction aire normalisée = fdp de l’aire contributive en fonction de la distance hydraulique