Motobécane MX30 (1980) - Génération Mountain Bike

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Motobécane MX30 (1980) - Génération Mountain Bike
Motobécane
MX30
(1980)
Les vététistes aujourd’hui quadragénaires, ont certainement
rêvé du Motobécane MX30 dans
leur enfance. En 1980, pour ceux
Photos ©24Pouces - Génération Mountain Bike
qui étaient trop jeunes pour pouvoir
emprunter la mob’ typée enduro du
grand frère, ce vélo était le seul moyen
pour rouler hors bitume ; un ancêtre
du VTT qui a véritablement préparé
le terrain (et les esprits) à la venue de
cette nouvelle pratique vélocipédique.
N’oublions pas que cet année-là, le
Mountain-bike en était encore à ses
tous premiers balbutiements aux USA
et qu’en France le monde du vélo se
résumait entre utilitaires citadins et
vélos de course 10 vitesses !
Le Motobécane MX30 est un vélo
prémonitoire composé de tous les ingrédients du VTT moderne : suspension
arrière cantilever à mono-amortisseur,
fourche télescopique double té avec
potence à double fixation, freins à
tambours, vitesses intégrées au moyeu
et actionnées par poignée tournante et
surtout, une dégaine de moto de cross.
Relativisons : il s’agit d’un “Vélo-Cross”,
un concept né du croisement d’un BMX
et d’une petite moto qui aurait perdu son moteur. La fin des années
70 fut marquée par la prolifération de ces vélos pour enfants avec
des cadres aux dessins délirants et des suspensions terriblement
énergivores…
1. Issues d’une Mobylette, les
suspensions ne sont vraiment
pas adaptées et absorbent toute
l’énergie du pédalage
2. Technologiquement, la pièce
la plus avancée : le moyeu arrière
Sturmey-Archer intègrant d’un côté
3 vitesses indexées et de l’autre un
frein à tambour
1
2
À près de 20 kg, béquille comprise, le Motobécane
MX30 tempère la moindre velléité de performance !
Tout est en acier sur ce vélo, du cadre aux jantes en passant par les
périphériques. La fourche et l’amortisseur empruntés d’une Mobylette sont dépourvus d’un quelconque réglage de l’hydraulique ou de
3. Le sélecteur de vitesses par
poignée tournante. Le dernier
la précontrainte et la moindre poussée sur les pédales est immédiadéveloppement est très court,
tement absorbée par l’amortisseur. Le freinage par tambour est plus
donnant l’impression de pédaler
bruyant qu’efficace. Mais les 3 vitesses du moyeux Sturmey Archer
dans le vide, mais nécessaire
sont indexées et permettent même un développement ultra court,
pour monter les 20 kg du vélo au
indispensable pour affronter la moindre petite montée.
sommet d’une côte.
Soyons indulgent. Créer un tel vélo n’était peut-être pas si aisé car
les composants spécifiques étaient inexistants. À l’identique des pionniers américains qui amélioraient
leur klunkers, Les ingénieurs de motobécane ont dû se débrouiller avec les moyens du bord. Il faudra
attendre 1983 pour que Shimano commercialise son premier groupe VTT, le Deore XT, 1984 pour
qu’apparaissent les premiers prototypes de VTT à suspension arrière, et 1989 pour la réalisation de la
fourche télescopique Rock Shox. Entre temps, les heureux petits propriétaires du Motobécane MX30
auront grandi. La mob’ typée enduro du grand frère perdra de son intérêt au profit de ces étranges
Mountain-Bikes tout juste arrivés d’Amérique.
Motobécane débute en 1924 à Pantin par la réalisation d’une petite moto. La Mobylette
et le VéloSolex seront les deux roues les plus populaires produits par la firme. Toutefois, pour faire face à
la crise des années 30, Motobécane
devra se diversifier et fabriquera des
bicyclettes. Les premiers “vélo-cross”,
3 ancêtre du VTT moderne, seront commercialisés en 1979 : le MX41 à la robe
bleue pour les plus petits, le MX21, tout de jaune fluo vêtu mais à suspension arrière uniquement, puis le MX30, orange fluo et à suspension intégrale,
présenté ici. Une version adulte sera même créée avec le Vélover, équipé en
roues de 24” à bâtons, de porte bagages et même d’un changement de vitesse
électronique !
Motobécane sera racheté en partie par Yamaha en 1983 et deviendra MBK.
Presque en même temps, les premiers mountain bikes arrivent en Europe.
mais déjà, depuis quelques années, des vélos roulaient, sautaient ou dérapaient sur les sentiers de l’Hexagone.