Ironman World Championship - Kona 13/10/13 par

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Ironman World Championship - Kona 13/10/13 par
Ironman World Championship - Kona 13/10/13 par Antoine
Dimanche 29 septembre 2013, c’est le grand départ direction Big Island, le rêve de tout
triathlète en cette période de l’année. J’ai décidé de partir 13 jours avant l’épreuve pour
m’acclimater à la chaleur et faire une belle semaine d’entrainement sur place avant ma
semaine d’affutage.
Les premiers entrainements vélo et course à pied sont très difficiles, il fait très chaud, je bois
quasiment 1 litre/heure et j’ai l’impression de ne pas assez m’hydrater.
Le premier
entrainement natation est très positif, je sens tout de suite que j’ai un très bon transfert. Je
passe une première semaine d’entrainement à 23 heures avec la reconnaissance du parcours
vélo en entier. Ce parcours est fait pour moi, il faut être puissant et aéro.
J’ai beaucoup de
pression durant ces 2 semaines d’avant course, beaucoup de mal à profiter pleinement de mon
séjour. J’ai tellement donné physiquement mentalement et nerveusement, l’échec me fait
peur, la course aussi.
Samedi 12 Octobre 2013, ce jour que je ne suis pas prêt d’oublier. Debout 3:30 am, le réveil
ne sonne pas, comme d’habitude avant chaque grande course. Je mange, m’hydrate fortement.
J’arrive vers 5:30 am au parc à vélo, je passe au tatouage, numéro 2013, je sais qu’il va me
porter chance. La pression retombe complètement à l’entrée dans le parc à vélo. Je me sens
bien, prêt à en découdre. Je suis dans mon élément.
7:00 am, coup de canon, c’est le grand départ, finalement au dernier moment je décide de me
placer complètement à droite, je choisi l’option la plus directe sachant que ça va bagarrer,
mais ce n’est pas grave je suis là pour ça. Finalement je trouve cette natation très agréable. A
mis parcours au niveau du bateau je regarde ma montre 30min17s, je me dis que je vais faire
un excellent temps natation par rapport à mon niveau, finalement je profite beaucoup moins
de l’aspiration sur le retour et sort en 1h05 min, je suis très satisfait de ce temps.
Je fais encore une très mauvaise T1, Jo doit s’arracher les cheveux. J’aperçois Quentin dans le
parc à vélo, il est déjà tête dans le guidon et ne me voit pas.
Les premiers 10km dans la ville,
je m’hydrate m’alimente, met en route la machine, je sais que j’ai les jambes. A l’entrée de
l’autoroute je me pose sur mon speed concept et commence à envoyer du braqué, mais
comme prévu je reste tranquille jusqu'à la fin de l’autoroute (60km), je me fais passer par Sam
Gyde (Champion du monde 35-39 pour la 3eme fois) au km40. Je peux le suivre mais cette
course va durer plus de 9 heures et je sais qu’il est un cran au-dessus. Je double des lignes
entières de vélos, c’est impressionnant. Km 60, comme prévu, j’envoie de plus en plus de
force et reprends beaucoup de monde. Demi-tour Hawi et grosse descente, derrière moi c’est
un peloton de 10 personnes, mais où sont les arbitres ? En bas d’Hawi c’est certainement mon
plus gros split jusque le début de l’autoroute, je n’ai pas lâché le 53/11, je passe toutes les
bosses en force, quelque fois ma fréquence de pédalage doit être en dessous de 60trs/min,
mais je me sens bien comme ça. Finalement je me retourne et je suis content de voir qu’il n’y
a plus personne derrière moi. Je ne me rappelle pas avoir été aussi fort et endurant en même
temps. Km120 je commence à croire que je vais rouler moins de 4h30, mais c’est sans
compter sur un vent très fort de face qui ne nous lâchera pas jusque Kona. Ce n’est pas plus
mal, avec mon coup de pédale en force, je reprends beaucoup de monde sans trop faire monter
les pulsations. Je pose le vélo en 4h38, top 20 à vélo, même temps que Cyril Viennot. Je suis
content mais j’aurais pu mieux faire.
C’est maintenant que la course commence, ce marathon que je redoute. Je pars très
prudemment, je sais que si je veux aller chercher le sub9, il faudra courir 3h07. C’est pas
infaisable, mais très compliqué, c’est mon premier Hawaii, je suis en train de faire un truc très
costaud, je décide km8 de ne pas accélérer, je suis à 13km/h, c’est une allure correcte.
Finalement à cette allure je prends beaucoup de plaisir. Il y a beaucoup de monde sur Alli
Drive, c’est super motivant puis plus personne sur l’autoroute, je me retrouve seul avec moimême, j’apprécie aussi ce moment. Je suis toujours très concentré sur la course 1gel tous les 2
ravitaillements, coca, eau pour me rincer la bouche, glace pour me rafraichir. Je fais un
marathon très régulier. 16h10 heure locale, après 9h10min44s d’effort, c’est le moment
inoubliable, ce pour quoi on s’entraine toute l’année. J’en ai presque les larmes aux yeux. Je
boucle mon marathon en 3h19.
En conclusion, je fais une super natation, un vélo à mon niveau même si je pouvais aller plus
vite notamment avec un choix de matériel plus judicieux, une 1080 à l’arrière, un plateau de
55dents, une cassette 11/23 des manivelles de 180mm. Sur le marathon, j’ai manqué de
confiance en moi et j’aurais certainement pu grappiller 5min. Au final je suis très satisfait de
ce résultat, je fais 91eme au scratch, 12eme de ma catégorie, 6eme Français.
Je remercie toutes les personnes qui m’ont soutenu. Je me suis senti porté durant toute la
course par vos encouragements.
J’associe encore une fois Jonathan Tryoen (TryCoaching), à cette performance.
Mention spéciale à Alexis Florin(Ostéopathe) membre du Stade Français, sans qui je n’aurais
certainement pas pu faire cette course. J’ai été hospitalisé 3 jours fin Aout pour une blessure
intercostale contractée au Chtriman 113 de Gravelines. Je ne pouvais plus me lever tout seul.
J’ai consulté plusieurs spécialistes sans succès. Je n’ai pas pu m’entrainer pendant 16 jours.
C’est le seul qui a su me débloquer par ses manipulations et son talent. Merci à toi.
Après Lanzarote mobilours avait dit qu’il deviendrait super-mobilours, c’est chose faite.
Je
pense avoir bouclé la boucle, j’ai réussi les 3 Ironman qui m’ont toujours fait rêvé (Embrun,
Lanzarote, Hawaii). Maintenant je suis libéré de ce poids qui pesait sur mes épaules. Il me
manque encore Roth, Francfort et le Norse Man, parmi les grands Ironman de ce monde.
J’ai
27ans et je ne vais pas m’arrêter là, il faut maintenant que j’aille chercher un Top 50 à
Hawaii. Je suis certain que c’est faisable. J’ai encore une marge de progression dans les 3
sports.