Samuel Coisne

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Samuel Coisne
Samuel Coisne
Samuel Coisne (1980, vit et travaille à Bruxelles)
Samuel Coisne, jeune artiste français ayant grandi et étudié en Belgique, fait
état d’une sensibilité et d’un monde bien singuliers. Après l’obtention d’un
Master en arts plastiques à l’École Supérieure des Arts Plastiques et Visuels
de Mons (Belgique) en 2004, il obtient une résidence d’un an à Bruxelles au
sein du collectif UPDLL avec qui il collaborait à l’époque. Après une pause
dans sa carrière artistique, il se remet au travail en 2008 et entame alors une
série d’expositions de groupe.
En 2011 il est sélectionné pour le Prix Médiatine¹ et le Prix de la Jeune sculpture de la communauté Française de Belgique. Puis, en résidence à La Malterie (Lille), il présente Tours et détours d’une disparition programmée, microusine autofonctionnelle où la disparition d’un élément amène l’apparition d’un
autre.
En 2012, il présente Monographies d’artistes Arts 10 + 2, une exposition
personnelle qui réunit une grande partie de ses œuvres, accompagnée d’un
catalogue.
En 2013, il est présent à Art Paris Art Fair au Grand Palais sur le stand de
la galerie libanaise Alice Mogabgab avec laquelle il a participé à plusieurs
reprises à des expositions collectives à Beyrouth.
Dernièrement, il a présenté « In occursus », exposition réalisée en partenariat
avec l’artiste lillois Nicolas Gaillardon autour du thème de l’argent.
Il est actuellement résident à la MAAC (Maison d’Art Actuel des Chartreux)
La fragilité, le hasard et l’apparition sont au cœur de la pratique de Coisne.
En jouant avec les codes, les divers matériaux, ou encore la question du vrai
et du faux, du réel et de l’illusion, il donne à son travail une poétique et une
réflexion sur la société d’aujourd’hui.
1. Le prix Médiatine existe depuis plus de 20 ans en communauté Française
de Belgique et vise à faire découvrir des artistes contemporains sensibles,
prospectifs, engagés et novateurs
Entre déstructuration et reconstruction, l’œuvre du jeune artiste belge développe une poétique postmoderne du fragment et de l’ensemble qui offre à chaque
rebut un souffle supplémentaire. Qu’il s’agisse d’emballages ou de débris, les éléments
employés relèvent en effet d’un registre mineur dans le champ des objets, pour autant,
Samuel Coisne s’attache à leur prêter de nouvelles propriétés afin de les « re-magnifier
», de leur conférer une certaine noblesse. Dans Goutte d’eau (2009), des lambeaux
de documents détruits sont ainsi assemblés afin de modeler une goutte frappant une
surface liquide : la feuille de papier, contenant initialement l’écriture manuscrite ou
l’imprimé, est transformée en matériau sculptural. Si la figure de la goutte traduit une
certaine idée de la perfection naturelle, la surface de papier, irrégulière, accroche néanmoins le regard et produit de la sorte un oxymore visuel au sein duquel deux champs
sémantiques viennent s’entrechoquer. Intégrant l’élément dans un système qui le remet
en jeu partiellement, le processus créatif relève du remploi – spolia – plus que du strict
recyclage.
Les décors de cinéma miniatures, que Samuel Coisne réalise à partir de rebuts de
bois (Landscapes, 2012), sont également le fruit de ce mode opératoire, de même
que les cadres de verre molestés jusqu’à obtenir une cartographie composée de bris
(Constellations, 2012). Si leur fonction est initialement de protéger l’œuvre d’art et de
circonscrire le regard, ils s’affirment ici comme autant de supports autonomes de la
représentation, et livrent l’image d’une structure rhizomique. Leur statut est donc redéfini, mais la volonté de l’artiste de ne pas dissimuler leur fonction passée – le cadre est
conservé dans son intégralité – produit une situation ambivalente : les objets employés
s’égarent entre leur condition générique et le désir de s’affirmer comme composantes
essentielles d’une œuvre d’art, à la fois autonome et singulière. L’héritage de la leçon
duchampienne est palpable à cet endroit, néanmoins, l’anesthésie souhaitée par Marcel Duchamp est renversée dans la mesure où l’œuvre, re-magnifiée, s’attache à provoquer une forme de délectation esthétique. Les cartes et figures rhizomiques réalisées
par Samuel Coisne, tant complexes que délicates, ne font que cristalliser cette volonté.
[... ]
Si l’absurde et l’autodérision sont souvent brandis, de manière tout à fait contestable,
comme autant de spécificités éminemment belges, l’artiste évoque volontiers l’influence
de créateurs tels que Wim Delvoye, Marcel Broodthaers ou encore René Magritte, tous
connus pour leur humour et leur impertinence. Le dérisoire, l’inanité, et le futile, composent le lexique de ces créateurs indisciplinés, de la même manière qu’ils constituent l’un
des moteurs de l’œuvre de Samuel Coisne. Sans titre (2010) se présente ainsi comme
un palais oriental composé de rebuts de frigolite assemblés, une demeure dont la forme
n’est pas sans évoquer le Taj Mahal. A la fois distinguée et ridicule, cette œuvre joue
sur l’opposition d’énoncés architecturaux et entend, d’une part, désacraliser la forme
palatiale, d’autre part, re-magnifier un matériau considéré comme accessoire. Toujours
attentif au statut des rebuts qu’il emploie, Samuel Coisne leur offre une nouvelle vie,
plus digne, plus altière, néanmoins, il évoque en même temps un désir secret de renaissance, ce désir qui constitue l’un des piliers de la société de consommation et de
divertissement que nous connaissons aujourd’hui.
Anthony Dominguez, extrait du texte “Obsolescence reprogrammée” - Novembre 2012
La notion de fragmentarité se distingue de l’œuvre classique en ce que celleci est fondée sur la cohérence et la finition. L’exigence fragmentale est considérée
par Barthes comme le lieu d’une écriture précaire et continuellement différée. Un trait
majeur de la sensibilité postmoderne consiste, selon Lyotard, à remettre en question les notions d’unité, d’homogénéité et d’harmonie. Chez Coisne les vitres sont
brisées, elles participent non seulement d’une esthétique parcellaire, mais également
d’un souhait d’une déconstruction du paysage derrière la vitre. Coisne laisse la place
à l’accident.
Toujours dans cette optique du puzzle, du jeu, du morcellement recomposé. Le fragment n’intègre pas le déterminisme constructiviste de l’ensemble de l’œuvre, au sens
où aucun fragment n’est dicté par ce qui précède, ou n’annonce ce qui va suivre. Mais
ce jeu de trompe-l’œil permet à l’image de s’autonomiser, de trouver un cadre, une
construction dans la déstructuration. Coisne arpente les villes qu’il traverse - une prédilection, elle aussi postmoderne, pour l’errance, l’inattendu - et se nourrit de plans,
de détours, logiques ou absurdes. On retrouve ce canevas systématique dans ses
vitres réparées, ou œuvres à échelle de maquettes. Chez Samuel Coisne, relevant
souvent de mise en abîme ou de propositions infiniment petites, précises et soignées,
cette esthétique du fragment, de l’accumulation et de la brisure¹ défait les systèmes
associés à une vérité logocentrique.
[... ]
La ville et ses rhizomes sont le terrain de jeu de Samuel Coisne. Dans ses agencements et compositions souvent de très petite échelle, soigneusement pensés, l’œuvre
se nourrit volontiers de résidus. Morceaux de polystyrène prédécoupés, moulages en
négatif issus de boites de jeux, mini ready-mades assemblés et rejoués pour composer une forteresse (Sans titre, 2010), boule à facettes en forme de globe terrestre où
les océans apparaissent en réserve (Discoworld, 2008), moulage de sa caisse à outils
retournée offrant son négatif (Sans titre, 2010), les œuvres de Coisne, par le détournement, le collage ou la récupération, donnent une seconde chance aux matériaux en
fin de vie.
Agnès Violeau, extrait du texte “L’art d’accomoder les restes” - 0ctobre 2011
SELECTED
WORKS
Construction #4
Polystyrène expansé
250 x 250 x 150 cm
[...] Construction #4 (2010) se présente ainsi comme un palais oriental composé de rebuts de
frigolite assemblés, une demeure dont la forme n’est pas sans évoquer le Taj Mahal. A la fois
distinguée et ridicule, cette œuvre joue sur l’opposition d’énoncés architecturaux et entend, d’une
part, désacraliser la forme palatiale, d’autre part, re-magnifier un matériau considéré comme accessoire. Toujours attentif au statut des rebuts qu’il emploie, Samuel Coisne leur offre une nouvelle
vie, plus digne, plus altière, néanmoins, il évoque en même temps un désir secret de renaissance,
ce désir qui constitue l’un des piliers de la société de consommation et de divertissement que
nous connaissons aujourd’hui.
Anthoni Dominguez, extrait tiré du texte “Obsolescence reprogrammée”, novembre 2012
Emballage #1
Plâtre laqué noir
30 x 40 x 10 cm
Emballage # 4
Polystyrène, poudre d’or
30 x 30 x 15 cm
Sans titre
Installation
Bacs à néons
200 x 120 x 50 cm
Landscapes
Morceaux de bois issus de planches cassées
Dimensions variables
Discoworld
Boule à facettes, moteur
Diamètre : 50 cm
Tours et détours d’une disparition programmée
Mixed media
300 x 300 x 150 cm
Tours et détours d’une disparition programmée est le résultat de mon projet de résidence mené à
La Malterie. Des blocs de glace sont installés sur le plateau au centre de l’installation. Symbolisant
une maquette de ville, les blocs fondent durant le temps de l’exposition et sont remplacés au fur et
à mesure. L’eau issue de la fonte est alors directement récoltée et distribuée dans des tuyaux qui
alimentent les différentes parties de l’installation. Les plantes sont nourries, les graines germent,
l’eau réagit au contact du son ou s’évapore pour ne plus laisser trace de son passage... L’eau dans
tous ses états.
Tours et détours d’une disparition programmée
Détails
La source
Mixed media
100 x 60 x 50 cm
Co-réalisé avec Nicolas Gaillardon
Tel un artefact, un lingot d’or trône au sommet d’une fontaine entièrement dorée. De celleci déborde continuellement une huile de vidange noire usagée évoquant un gisement de
pétrole. La fontaine nous met face à une contemplation gênante d’un circuit où « l’or noir »
et « l’or jaune » jouent consciemment entre sublimation et souillure.
Ci-dessus :
Sans titre
Billet découpé (1 Dollar)
25 x 40 cm
Ci-contre :
Sans titre
Billet découpé (1 Dollar)
50 x 40 cm
Sans titre
Billet découpé (1 Dollar)
40 x 50 cm
Sans titre
Billet découpé (1 Dollar)
25 x 40 cm
Détail
Party is over
27 billets découpés (1 Dollar)
90 x 70 cm
Oeuvre réalisée pour l’exposition Mythiq 27 - Décembre 2013
- Espace Pierre Cardin - Paris
Richey James Edwards / Manic street preachers
Il a dilapidé sa vie comme on dilapide un capital.
Un dollar après l’autre, une année après l’autre, il s’est tué
à coups de cachets, d’alcool, de mutilation. Sa disparition
relève finalement de l’anecdote.
27 ans, 27 dollars.
Yann Suty
Sans titre
Pièces de monnaie (1 centime)
120 x 120 cm
Bruxelles
Vitrail
90 x 70 cm
Sans titre
Briques, gelatines
300 x 200 x 200 cm
De ce matériau lourd et rigide, je tente de lui redonner une finesse en présentant un mur, ou
plutôt un tas de briques posées de telle manière à faire apparaître les trous présents sur chacune
d’elles. Dans chaque trou, un carré de couleur qui laisse transparaître la lumière tel un vitrail. Le
mur perd alors sa fonction de séparation pour devenir un élément à part entière, une espèce de
dentelle urbaine.
Vue atelier
Belgique
Tissu découpé
70 x 60 cm
Spider lace Bruxelles
Fil de fer, soudures
30 x 30 cm
Page ci-contre:
Interventions sur différentes vitrines
Europe
Papier découpé
150 x 100 cm
Contellations
Verre cassé
100 x 100 cm (chaque)
Sans titre
Miroir cassé
200 x 200 cm
Vue de l’exposition “Femme réelle”
-Plagiarama - Bruxelles 2013
Pour les siècles des siècles
Verre vitrail cassé
200 x 200 cm
Vue de l’exposition du même nom
Namur - 2013
Target
Cible trouées
50 x 50 cm (Chaque)
Sans titre
Papier toilette découpé, feuille d’or, plexiglas
42 x 32 x 16 cm (Chaque)
Wars
Acrylique sur papier
70 x 70 cm (Chaque)
Chaque impact représente les contours cartographiques de pays en guerre,
notamment ceux ayant participé au printemps arabe.
De haut en bas et de gauche à droite : Lybie, Syrie, Yemen, Egypte
Le ciel nous tombe sur la tête
C-print contrecollé sur aluminium
Image tirée d’internet
40 x 20 cm
Cette image des missiles iraniens a beaucoup fait parlé lorsqu’elle est apparue dans les
journaux et sites web au cours de l’année 2008. Elle a en fait été retouchée, 3 missiles ont
été tirés tandis que le 4ème a été grossièrement rajouté. Est ce que l’image a été trafiquée
pour que l’Iran paraisse mieux armée et plus menaçante ? En réalité, l’Iran devait bien
lancer 4 missiles mais comme l’un d’eux n’a pas fonctionné, ils l’ont caché avec une petite
retouche... En retournant simplement la photo, je viens faire ma petite retouche aussi et
surenchérir la menace, qui vient maintenant du ciel.
Page suivante :
Origami
C-print contrecollé sur aluminium
80 x 120 cm
VUES
D’EXPOSITION
Monographies 10 + 2
La Médiatine - Bruxelles 2012
Bivouac
Le bol - Orléans 2013
Monographies 10 + 2
La Médiatine - Bruxelles 2012
VUES
D’ATELIER
Samuel Coisne
(Fr) 1980
Vit et travaille à Bruxelles [email protected]
www.samuelcoisne.com
FORMATION
1999-2004
Master en arts plastiques
École Supérieure des Arts Plastiques et Visuels de Mons - Option: Image Dans le Milieu
EXPOSITIONS PERSONNELLES 2014
Sweet Cuts - Galerie Alice Mogabgab - Beyrouth - Liban (Juin)
2012
Monographies d’artistes Arts 10+2 - La Médiatine - Bruxelles, Belgique
2011
Tours et détours d'une disparition programmée - La malterie - Lille, France
2009
B Gallery - Bruxelles, Belgique EXPOSITIONS COLLECTIVES (SELECTION) 2013
Mythiq 27 - Espace PIerre Cardin - Paris, France
De la lenteur avant toute chose - Galerie ABCD - Montreuil, France
Femme réelle - Galerie Plagiarama - Bruxelles, Belgique
Célébration(s) - Centre Wallonie Bruxelles - Paris, France
Art Paris Art Fair - Stand Alice Mogabgab - Paris, France
In occursus - 38 quai Notre Dame - Tournai, Belgique
Pour les siècles des siècles - Eglise Saint-Loup - Namur, Belgique
2012
Landscapes cities people - Netwerk- Aalst, Belgique
Animal - Alice Mogabgab Galerie - Beyrouth, Liban
2011
Cité Internationale de la Dentelle et de la Mode de Calais - Espace Podium - Calais, France
Sounds like architecture - Aalter, Belgique
Sélectionné pour le prix de la Jeune Sculpture de la Communauté française de Belgique - Liège, Belgique
Célébration(s) - Iselp - Bruxelles, Belgique
Mons/ Brugge: parcours - Brugge, Belgique
Artour biennale - Braine-Le-Comte, Belgique
De l’arbre à la forêt - Alice Mogabgab Galerie - Beyrouth, Liban
Sélectionné pour le Prix Médiatine - Bruxelles, Belgique
2010
Cité #3 - Mons/ Brugge - Anciens abattoirs - Mons, Belgique
Ouverture d'atelier - Bruxelles, Belgique 2009
Recherches 2009 - Centre de la tapisserie - Tournai, Belgique
UrbanEmotion - Tour &Taxis - Bruxelles, Belgique
Mutation - Galerie Frédéric Desimpel - Bruxelles, Belgique
Blind date - Secondroom - Bruxelles, Belgique
2008
Plastic - white hotel - Bruxelles, Belgique
Galerie Actionfields - Bruxelles, Belgique
RESIDENCES
2012-2014
2011
2008-2009
2004-2005
Maac - Maison d'Art Actuel des Chartreux
La Malterie
Bourse de recherche au Centre de la Tapisserie - Tournai - Atelier Structure
Recyclart (au sein du collectif updll)
PRESSE ET PUBLICATIONS
2013
Mythiq 27 - Edité par Gotham-Lab
De la lenteur avant toute chose - Le journal ABCD - n°6 - Texte de Septembre Tiberghien
2012
Monographies d’artistes Arts 10+2 - texte d’Anthoni Dominguez
Edité par le centre culturel Wolubilis (B)
Tours et détours d'une disparition programmée - texte d’Agnès Violeau
Édité par La Malterie (FR)
Animal - Catalogue de l'exposition - texte de Luc Jacquet
Edition Alice Mogabgab (LB)
2011
Sounds like architecture - Catalogue de l'exposition - texte de Michel Dewilde
Edition Sobinco (B)
Célébration(s) - Catalogue de l'exposition - texte de Adèle Santocono
Editions Iselp (B)
De l'arbre à la forêt - Catalogue de l'exposition - texte de Michel Baudson
Edition Alice Mogabgab (LB)
2010
L'art de la découpe - Jean Charles Trebbi - Édité chez Alternatives
LIEN
www.samuelcoisne.com
COLLECTIONS
Collections publiques : Ville de La Louvière
Collections privées: Présent dans de nombreuses collections
© Samuel Coisne - 2014