textes préparatoires

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L'humanité à la Renaissance : trois cas d'écoles :
Nicolas de Cues, Jean Pic de la Mirandole, Charles de Bovelles
Plan
I L'humanisme de Nicolas de Cues
A Vie et œuvre
B Humaniste en plusieurs sens : philosopher avec des cuillers à pot
1 Plus philosophe qu’érudit
2 Les démonstrations mathématiques de Nicolas de Cues :
3 Le Profane
C Une métaphysique expérimentale dans le traité De la vision de Dieu
D Un humanisme pratique dans la Paix de la foi
1 Un souci de l’unité constamment élargi
2 Paix et dialogue interreligieux dans le De Pace Fidei
II Jean Pic de la Mirandole Adam et Prométhée
A Vie et œuvre
B La liberté indéfinie, image de Dieu
III Charles de Bovelles : la seule humanité accomplie : celle du sage
A Vie et œuvre
B L'humaine nature hors du monde et au coeur du monde
C De l’homo à l’homo-homo, la place de la culture dans l’humanisme de Bovelles
1 De l’homme naturel à l’homme de culture
2 Le rôle de la culture dans l’humanisation de l’homme
D Homo-homo-homo : la trinité de l'homme chez Bovelles
1 La structure trinitaire de la connaissance : enjeux gnoséologiques et anthropologiques
2 Humanisme et eschatologie
Textes et schémas :
T 1 « Pour toi, cher Timothée, exerce-toi sans cesse aux contemplations mystiques,
abandonne les sensations, renonce aux opérations intellectuelles, rejette tout ce qui appartient
au sensible et à l'intelligible, dépouille-toi totalement du non-être et de l'être, et élève-toi
ainsi, autant que tu le peux, jusqu'à t’unir dans l'ignorance avec Celui qui est au delà de toute
essence et de tout savoir. » Denys le Pseudo-aréopagite, Théologie mystique, I, 1, trad. M. de
Gandillac, Paris, Aubier, 1980, p. 177.
T 2 « La Sagesse possède une saveur qui est la plus savoureuse que puisse goûter un
entendement. Aussi bien ne sont-ce pas de vrais sages, ceux qui n'en parlent qu'en paroles et
sans la goûter directement. Mais ceux-là parlent de la Sagesse parce qu'ils en connaissent le
goût, qui par elle savent toutes choses dans la mesure précisément où elle n'est rien elle-même
de toutes ces choses. C'est par la Sagesse, à partir d'elle et en elle qu'il convient de goûter
toutes choses intérieurement. Mais elle-même qui habite sur les sommets transcende toute
saveur qui se puisse atteindre par le goût. On ne peut la goûter que sans la goûter, elle dépasse
tout ce qui appartient au goût, à la sensation, à la raison, à l'entendement. Il s'agit de la goûter
sans goût à partir de ses effets lointains, comme telle odeur qu'on pourrait appeler un
ingoûtable avant-goût. » (Nicolas de Cues, Idiota, De mente, l. II, trad M. de Gandillac, Paris,
Aubier, Montaigne, 1942, p. 220.
T 3 « Hors de l'idée que nous nous formons par la pensée, la cuiller ne possède aucun autre
modèle. Car si le sculpteur ou le peintre tire ses modèles des objets qu'il s'efforce de
représenter, ce n'est pas mon cas lorsque je tire du bois des cuillers, des soucoupes et des
jarres. Je ne copie en effet la figure d'aucune réalité naturelle. De telles formes, celles des
cuillers, des soucoupes et des jarres, ne proviennent que du seul art humain. Ma technique par
conséquent est plus un perfectionnement qu'une imitation des formes créées, et en ceci elle
ressemble davantage à l'Art infini. [...] Mon rôle est donc de développer cet art et de rendre
sensible cette forme propre aux cuillers et qui les constitue. Or cette forme n'est par nature
accessible à aucun sens puisqu'elle n'est ni blanche ni noire ni d'aucune autre couleur, qu'elle
n'a ni son ni odeur ni goût ni qualités tactiles. Et pourtant je m'efforcerai autant qu'il est
possible de la rendre sensible. Pour cela je dégrossis et je creuse la matière, ici le bois, à l'aide
du mouvement que j'imprime aux divers instruments que j'y applique jusqu'à ce que j'arrive à
cette proportion convenable qui peut faire briller comme il se doit la forme propre aux
cuillers. » (Ibid., p. 255)
T 4 « Si tout cela est vrai, il faut nier que les formes existent en soi et dans leur vérité comme
des réalités séparées, autrement qu'à titre d'êtres de raison, et il faut prendre nettement
position contre la théorie des Modèles et des Idées. Les philosophes qui admettent dans la
fonction intellective de la pensée des données immédiates antérieures à l'usage de la
sensibilité et de la raison, par exemple une vérité exemplaire et incommunicable des formes
qui apparaissent dans le sensible, ceux-là disent que les modèles précèdent naturellement les
réalités sensibles, comme la vérité précède l'image. Et ils supposent que dans l'ordre naturel
l'Humanité en soi et pour soi, hors de toute matière préexistante, précède l'homme qui sort de
l'humanité et la fait tomber dans le domaine du mot. », (ibid., p. 257)
T 5 « Tu sais comment la Simplicité divine enveloppe toute réalité. La pensée est l'image de
cette Simplicité enveloppante. Si on appelle cette Simplicité infinie une Pensée infinie, on la
considérera comme le modèle même de notre pensée. Et si l'on affirme que la Pensée divine
est la vérité totale des choses, on dira de notre pensée qu'elle est l'assimilation totale des
choses puisqu'elle contient la totalité des notions. » (ibid, p. 261)
T 6 « Car la connaissance de Dieu, c'est-à-dire son Visage, ne se révèle que dans une réalité
mentale qui a la vérité pour objet et non à un plan inférieur, sinon à travers la pensée, en tant
que celle-ci est image de Dieu et, par rapport à la nature inférieure, modèle de toutes les
images de Dieu. C'est pourquoi, dans la mesure où toutes choses participent à la pensée, mais
au-dessous du niveau de la Pensée simple, dans cette même mesure elles participent aussi à
l'image de Dieu, en tant que la pensée est par soi image de Dieu, et rien de ce qui est inférieur
à la pensée ne participe à Dieu sinon par l'entremise de cette pensée. » (ibid.)
T 7 « Je fais clairement l'expérience que tu vois en même temps la totalité et la singularité, car
moi-même, dans mes prédications, je parle en même temps et tout à la fois à l'Eglise
rassemblée et à chacun de ses membres. Ma parole est une et pourtant par cette parole unique
je parle à chacun en particulier. Ce qu'est l'Eglise pour moi, le monde tout entier l'est pour toi,
Seigneur, et toutes les créatures qui sont et qui peuvent être. Ainsi donc, tu parles à chacune
d'elles et en leur parlant tu les vois Seigneur, toi qui es la plus haute consolation de ceux qui
espèrent en toi, tu m'inspires pour que je te loue de moi. En effet, tu m'as donné une seule
face, conformément à ta volonté, et elle est vue en même temps par tous mes fidèles et par
chacun. Unique, ma face est pourtant vue par chacun ; simple, mon sermon est pourtant tout
entier écouté par chacun. Moi, toutefois, je ne peux pas écouter distinctement et en même
temps tous ceux qui parlent, mais un à un. Et je ne peux pas non plus les voir distinctement et
en même temps, mais un à un. Si j'avais en moi assez de puissance pour que coïncident l' "être
écouté" et l'"écouter", l’"être vu" et le "voir", le "parler" et l'"écouter", comme en toi,
Seigneur, qui es la puissance la plus haute, alors je les écouterais et les verrais en même temps
tous ensemble et chacun en particulier. », Nicolas de Cues, Le Tableau ou la vision de Dieu
X, trad. A. Minazzoli, Paris, 1986, p. 51-52.
T 8 « Finalement, j'ai cru comprendre pourquoi l'homme est le mieux loti des êtres animés,
digne par conséquent de toute admiration, et quelle est en fin de compte cette noble condition
qui lui est échue dans l'ordre de l'univers, où non seulement les bêtes pourraient l'envier, mais
les astres, ainsi que les esprits de l'au-delà. Chose incroyable et merveilleuse ! Comment ne le
serait-elle pas, puisque de ce fait l'homme est à juste titre proclamé et réputé une grande
merveille, un être décidément admirable ? Mais ce qu'est cette condition, Pères, veuillez
l'entendre de ma bouche ; prêtez-moi une oreille bienveillante et ayez la bonté de me
pardonner ce discours. Déjà Dieu, Père et architecte suprême, avait construit avec les lois
d'une sagesse secrète cette demeure du monde que nous voyons, auguste temple de sa divinité
: il avait orné d'esprits la région supra-céleste, il avait vivifié d'âmes éternelles les globes
éthérés, il avait empli d'une foule d'êtres de tout genre les parties excrémentielles et
bourbeuses du monde inférieur. Mais, son oeuvre achevée, l'architecte désirait qu'il y eût
quelqu'un pour peser la raison d'une telle oeuvre, pour en aimer la beauté, pour en admirer la
grandeur. Aussi, quand tout fut terminé (comme l'attestent Moïse et Timée), pensa-t-il en
dernier lieu à créer l'homme. Or il n'y avait pas dans les archétypes de quoi façonner une
nouvelle lignée, ni dans les trésors de quoi offrir au nouveau fils un héritage, ni sur les bancs
du monde entier la moindre place où le contemplateur de l'univers pût s'asseoir. Tout était
déjà rempli: tout avait été distribué aux ordres supérieurs, intermédiaires et inférieurs. Mais il
n'eût pas été digne de la Puissance du Père de faire défaut, comme épuisée dans la dernière
phase de l'enfantement; il n'eût pas été digne de la Sagesse de tergiverser, faute de résolution,
dans une affaire nécessaire; il n'eût pas été digne de l'Amour bienfaisant que l'être appelé à
louer la libéralité divine dans les autres créatures fût contraint de la condamner en ce qui le
concernait lui-même. En fin de compte, le parfait ouvrier décida qu'à celui qui ne pouvait rien
recevoir en propre serait commun tout ce qui avait été donné de particulier à chaque être
isolément. Il prit donc l'homme, cette oeuvre indistinctement imagée, et l'ayant placé au
milieu du monde, il lui adressa la parole en ces termes : « Si nous ne t'avons donné, Adam, ni
une place déterminée, ni un aspect qui te soit propre, ni aucun don particulier, c'est afin que la
place, l'aspect, les dons que toi-même aurais souhaités, tu les aies et les possèdes selon ton
voeu, à ton idée. Pour les autres, leur nature définie est tenue en bride par des lois que nous
avons prescrites : toi, aucune restriction ne te bride, c'est ton propre jugement, auquel je t'ai
confié, qui te permettra de définir ta nature. Si je t'ai mis dans le monde en position
intermédiaire, c'est pour que de là tu examines plus à ton aise tout ce qui se trouve dans le
monde alentour. Si nous ne t'avons fait ni céleste ni terrestre, ni mortel ni immortel, c'est afin
que, doté pour ainsi dire du pouvoir arbitral et honorifique de te modeler et de te façonner toimême, tu te donnes la forme qui aurait eu ta préférence. Tu pourras dégénérer en formes
inférieures, qui sont bestiales; tu pourras, par décision de ton esprit, te régénérer en formes
supérieures, qui sont divines.» O suprême bonté de Dieu le Père, suprême et admirable félicité
de l'homme! Il lui est donné d'avoir ce qu'il souhaite, d'être ce qu'il veut. Les bêtes, au
moment de leur naissance, apportent avec elles «du ventre de leur mère» (comme dit Lucilius)
ce qu'elles posséderont. Les esprits supérieurs furent d'emblée, ou peu après, ce qu'ils sont
destinés à être éternellement. Mais à l'homme naissant, le Père a donné des semences de toute
sorte et les germes de toute espèce de vie. Ceux que chacun aura cultivés se développeront et
fructifieront en lui: végétatifs, il le feront devenir plante; sensibles, ils feront de lui une bête;
rationnels, ils le hisseront au rang d'être céleste; intellectifs, ils feront de lui un ange et un fils
de Dieu. Et si, sans se contenter du sort d'aucune créature, il se recueille au centre de son
unité, formant avec Dieu un seul esprit, dans la solitaire opacité du Père dressé au-dessus de
toutes choses, il aura sur toutes la préséance. », Jean Pic de la Mirandole, Sur la dignité de
l'homme, trad. Y. Hersant, Paris, Puf, p. 3-9.
S 1 Augustin, de Trinitate : l'image de la Trinité dans l'âme humaine.
Père
Fils
Esprit Saint
Mémoire
Intelligence
Volonté
S 2 Bernard de Clairvaux, les trois degrés de la liberté dans le traité De la grâce et du libre
arbitre:
Liberté
Libre-arbitre
Libre conseil
Libre bon plaisir
Affranchit de La nécessité
Du péché
De la misère
Relève de
La nature
La grâce
La gloire
De Dieu est
Image par essence
Ressemblance
accident
par Ressemblance
par
accident
T 9 « En effet, même s'il a eu un commencement, il ne connaît pas de couchant. Ni de la
justice, ni de la gloire, il ne reçoit d'accroissement ; ni du péché, ni de la misère,
d'amoindrissement. Qu'y a-t-il de plus semblable à l'éternité, sans être l'éternité ? Au
contraire, dans les deux autres libertés, parce qu'elles peuvent en partie diminuer et même
totalement se perdre, on reconnaît plutôt, surajoutée à l'image, une certaine ressemblance
"accidentelle" avec la sagesse et avec la puissance divine. » Bernard de Clairvaux, Lib, IX,
28, ed. Sources Chrétiennes, p. 305
T 10- S. 3 « Toute connaissance, tout examen, ou encore toute objectivation des réalités,
ainsi que la diffusion des espèces a lieu selon la diagonale optique, par laquelle ce qui est vu,
considéré, objectivé, est séparé de et par la puissance qui réfléchit et qui regarde. C’est
pourquoi l’homme est créé en dehors de toutes choses, et réciproquement, toutes les choses
sont créées en dehors de l’homme de façon à lui être opposées en diagonale. » Charles de
Bovelles, De Sapiente, XXVI, trad. P. Magnard (légèrement modifiée), Vrin, Paris, 1982, p.
178-179.
T 11 « La vraie place du miroir et de l'homme est donc
en position frontale, à l'extrémité, à distance et dans la
négation de toutes choses, disons là où toutes les choses
ne sont pas, où rien n'est en acte, en ce non-lieu situé
hors de tout où cependant toutes les réalités sont
appelées par nature à advenir. Toutes sont en effet au
pourtour du monde et elles peuvent advenir en son
centre. Où elles sont toutes, elles n'adviennent pas. Où
elles peuvent advenir et adviennent, elles ne sont pas.
Elles sont dans un lieu déterminé, sont appelées par nature à advenir et adviennent dans le lieu
opposé.», Id., ibid., p. 180.
T 12 «…il devient toute chose. En effet l’homme n’est pas tel être en particulier ou tel autre,
et sa nature n’est pas telle et telle, mais il est tout à la fois, le concours, l’aboutissement
rationnel et la récapitulation de toutes choses.», Id., ibid., XXIV, p. 170.
T 13 « L'homme n'est pas une chose parmi les autres, et la nature l’a façonné et créé par
surcroît, pour qu'il devienne et soit le spectateur universel, le reflet et le miroir naturel de
toutes choses, détaché et séparé de l'ordre cosmique, situé en position éminente et à l’opposé
de toutes choses, comme le centre de tout. » , Id., ibid., Ch. XXVI, p. 176-177.
T 14 « Et si c'est la même forme qui est dite forme de tout et forme de l'homme naturel que
nous sommes, il est nécessaire que cet homme originel soit de quelque manière comme la
puissance de toutes choses, lui dont l'acte est l'acte de tout, la forme la forme universelle,
l'image de toutes choses, le nombre enfin le nombre de tous les êtres. Le nombre des étoiles
dans le ciel, des atomes de la terre est celui de l'homme, de sa forme et de sa sagesse : la
connaissance et la saisie de celui-ci est la connaissance de soi-même et de l'univers. » , Id.,
ibid., p. 180-183.
T 15 « L'homme est donc la dernière, la plus haute et la plus importante des créatures du
monde sensible, disposé et placé hors de tout comme la puissance et la convergence de tout,
ombre naturelle des lumières d'en haut et des réalités en acte et comme le milieu du monde.
En effet quand toutes choses furent accomplies et portées à leur perfection, après que les
réalités en acte eussent obtenu du sort leur emplacement respectif, Dieu vit qu'il manquait un
spectateur à tout cela qui serait l'oeil de l'univers, qu'illumineraient les feux étincelants dans
les hauteurs du ciel [...] et il vit qu'il ne restait aucun lieu pour cet œil supérieur. Tout était en
effet rempli de réalités en acte et chaque chose se tenait à son niveau… » , Id., ibid., p. 182.
T 16 « Bien que tous les hommes aient le même être, la même nature […], seul cependant le
sage est vraiment homme; seul il élève son âme des plus bas degrés jusqu'au sommet de la
raison, seul en sa nature et en son être il produit des intérêts. Il est homme en effet par don de
la nature c'est-à-dire par participation à l'être, il l'est derechef par le développement ultérieur
de la vertu et par une sainte conduite, autrement dit par une vie honorable. », Id., ibid., VI, p.
86-87.
S 4 Correspondances : Charles de Bovelles, Le Livre du Sage, IV, p. 75.
Minéraux
Vivants
Sensibles
Raisonnables
Pierre
Arbre
Bête
Home naturel
Etre
Vivre
Sentir
Comprendre
Enfant dans la matrice
Nourisson
Quadrupède
Bipède
Premier âge
Second âge
Troisième âge
Quatrième âge
Foetus
Bébé
Enfant
Adulte
Paresse
Gourmandise
Luxure
Vertu
Paresseux
Désirant
Aimant
Cultivé
Terre
Eau
Air
Feu
Ecriture
Parole
Concept
Esprit
T 17 « Le sage pondère les dons de la nature par 1'homme de culture, se conquiert lui-même,
se maîtrise et demeure à lui-même. L'insensé par contre a vainement reçu de la nature
l'homme terrestre, charnel et réel, vu qu'en lui rien ne se montre digne de 1'immortalité, qu'il
ne fait aucun effort pour conquérir la béatitude, qu'ingrat envers sa mère la nature il reste
continuellement en dette vis-à-vis d'elle, obéré par l'homme réel et jamais maître de soi. », Id.,
ibid., VIII, p. 96- 97
T 18 « La vertu morale est, de toute manière, étrangère et extérieure à l'âme, vu qu'elle passe
des traités de paix entre l'âme et le corps, qu'elle contraint le corps - ainsi que l'ordonne la
nature - à être soumis à l'âme, qu'elle lui donne la paix en en chassant les nuages et les vents
et lui apporte sérénité et quiétude. Or la vertu intellectuelle est la pénétration de l'âme par la
lumière qui, sans vertu morale, ne peut pas plus la pénétrer et y resplendir, que le rayon du
soleil ne peut étinceler de son éclat doré dans une atmosphère brumeuse. », Id., ibid., Ch. IV,
p.76-77.
S 6 chapitre XXXV du de Sensu.
Pro
por
tio
nabi
lia
Essentiale
Ignis
Mens
Undecimum
Deus
Intellectuale
Aer
Conceptus
Decimum
Angelus
Audibile
Aqua
Vox
Nonum
Homo
Visibile
Terra
Scriptura
Firmamentum Bestia
Cognitione differentia
Elementa nature Elementa doctrine Celi supremi
Precipua entia
T 19 et S. 5 « En effet, comme nous
1'avons enseigné dans notre livre Du
sentiment, l'homme qui est soumis à
une éducation et qui est enseigné par
un autre homme, commence par écrire
; de l'écriture, il est conduit à la parole
; de la parole il fait sortir le concept ;
de la notion enfin qui est l'image la
plus proche et la plus intime de son
intelligence, il s'élève jusqu'à l'être
sublime de l'intelligence sur quoi rien
ne l'emporte. Tel est donc le véritable,
très
puissant
et
intellectuel
accomplissement de l'homme : de
l'écriture à la parole, de la parole à la
notion, de la notion à l'intelligence. » ,
Id., ibid.
T 20 « L'homme de l'art en revanche
ou, si l'on veut, l'image humaine née
de l'art constituent la dyade,
rayonnement, sagesse, fruit et fin du
premier homme. En raison de cette
disposition, celui que la nature n'avait fait qu'homme est appelé, par la grâce et le généreux
bienfait de l'art, deux fois homme, c'est-à-dire l'homme de l'homme. Et ce n'est pas seulement
à la dyade mais jusqu'à la triade que la force de la sagesse humaine élève le nombre de
l'homme et développe son humanité. », Id., Livre du Sage, Ch. XXII, op. cit., p. 166-167.
T 21 « L'intellect est le premier et le spectateur de tout. La mémoire donne à voir et offre en
spectacle toutes choses à l'intellect. La contemplation enfin est 1'inspection et la
présentification par lesquels intellect et mémoire s'actualisent. La contemplation est définie
par l'acte de l'un et de l'autre, inspection d'une part, présentification d'autre part, celle-ci étant
l'acte de la mémoire, celle-là celui de l'intellect. », Id., ibid., Ch. XXIII, p. 168-169, traduction
modifiée.
S 7 Chapitre XXIII, Id., ibid., p. 170.
L'homme est 3x3
Dans la raison
Dans l'imagination
Dans le sentiment
L'homme est 3x3
Dans son âme
Dans son corps
Dans le monde
Trinité de l'âme
Intellect
Concept
Mémoire
Trinité du corps
Imagination
Image
Corps
Trinité du monde
Sentiment
Espèce sensible
Monde
Commencement
Milieu
Fin
Regardant
Objet
Présentant
T 22 « Adam est comparable à l'intellect, Eve à la mémoire, Abel à la contemplation, c'est-àdire à l'acte de l'un et de l'autre. Adam est comparable encore à l'homme naturel que nous
sommes, Eve à l'homme accompli et cultivé c'est-à-dire à la forme et à la figure de l'homme
naturel, Abel à l'union de la nature et de la vertu, à la liaison des deux hommes naturel et
cultivé. Adam est l'homme, né par soi d'aucun autre ; Eve est l'être humain issu de l'homme;
Abel est l'homme né de deux êtres humains. Adam est encore la monade, Eve la dyade et
Abel la triade. Adam n'est qu'homme, Eve deux fois homme, Abel trois fois. » , Id., ibid., Ch.
XXV, p. 174-177.
S 88 Chapitre XXV, p. 177.
S
Trinité de l'âme
Entendement
Mémoire
Forme
Trinité de l'homme
Adam
Eve
Abel
Fonction de 1'âme
Acquisition
Conservation
Contemplation
Genèse de l'homme
Homme par soi Homme né de l'homme
Nombre de l'homme Homme
Deux fois homme
Homme né de 2 humains
Trois fois homme
T 23 « ... nous avons dit plus haut que l'esprit humain était un et triple : un et indivisible en sa
substance, triple en son entendement, sa mémoire et la forme résultant de l'un et de l'autre. La
mémoire est égale à l'entendement ; la forme issue de leur union - dont résulte la
contemplation, née de l'offrande faite par celle-là et du regard porté par celui-ci - est
spirituellement égale et semblable à l'un et à l'autre. » , Id., ibid., Ch. XXV, p. 176-177.
T 24 « Nous avons montré en effet que l'espoir le plus tonique des vertueux et véritables héros
et demi-dieux tenait à ce qu'ils savaient qu'ils n'étaient mortels qu'en leur composé et pour une
part d'eux-mêmes, le corps, et ceci seulement pour un temps ; ils ont appris et savent qu'ils
sont, en leur âme, immortels et qu'un jour il sera à nouveau accordé à la part rejetée et
disséminée de se reconstituer à partir de sa poussière et atomes anciens et de s'unir derechef à
1'âme en un pacte éternel, de sorte que 1'homme tout entier retrouve sa nature première, que
le corps redevienne l'organe et le séjour de l'âme, qui n'en sortira plus jamais, que l'âme enfin
soit rendue à la vie de celui-ci. Cette réjouissante pensée de leur immortalité s'impose jour et
nuit au regard intérieur des sages; ils lui consacrent assidûment complies et matines,
soumettant à la continuelle et muette balance de leur esprit cette très heureuse espérance
d'immortalité. » , Id., ibid., Ch. XIX, p. 150-151.
T 25 « Cette contemplation est l'acte en lequel l'esprit s'accomplit, en la plus authentique et la
plus célébrée des actions de 1'âme immortelle […]. Elle qui a été, par sa création, engagée
dans un processus circulaire, doit raisonnablement, du fait de son origine, se réaliser aussi
dans une opération circulaire. Tel est 1'espoir inébranlable du sage et tel est son refuge le plus
profond où 1'on ne saurait l'atteindre ; à cette opération qui met l'âme en joie, au-dessus de
tout trouble et de toute dépendance, il se fie tout entier ; en elle, sans plus être astreint ni au
monde ni à son corps, il possède toutes choses. Comme c'est en lui-même, c'est-à-dire en son
âme, qu'il détient toutes choses, il ne fait aucun cas de ce qui est dans son corps ou dans le
monde. » , Id., ibid., Ch. XIII, p. 120-121.
T 26 « Non seulement la substance entière de l'âme est immortelle, non seulement la
contemplation ne connaît pas de cesse, mais une des conséquences de l'immortalité de l'âme
est d'abord la conservation de l'être humain tout entier, ensuite la reprise des connaissances
matérielles (sensation et imagination). En effet, si la nature de l'âme est d'être dans le corps et
si toute la force et la fin de l'âme est de passer à l'acte et à l'oeuvre, il est nécessaire que l'âme,
qui s'en est allée hors du corps loin de la nature, soit par le premier principe de toutes choses
invitée à faire retour à sa nature propre, qu'elle soit rendue à son corps et développe à nouveau
ses forces physiques dans le commerce du monde et du corps : dans le monde la sensation,
dans le corps l'imagination.», Id., ibid., Ch. XIV, p. 124-125.
T 27 « Il fut le premier à enseigner les distinctions divines, lui qui sous le vêtement de
1'humanité terrienne et périssable était l'un des trois principes de la divinité tout entière. Il
était en effet la dyade de la divinité, dont il a été dit, proclamé et attesté sur la terre qu'elle est
de toute éternité issue divinement de la monade paternelle puis plus tard humainement sur la
terre, deux fois engendrée, avant le temps puis dans le temps. » , Id., ibid., Ch. XXIX, p. 190191.