José Tomás, seul face à six toros : un triomphe in-des-crip-ti

Transcription

José Tomás, seul face à six toros : un triomphe in-des-crip-ti
"#&$#%!
R1---
TAUROMACHIE
A Nîmes, en matinée de clôture des Vendanges
José Tomás, seul face à six toros :
un triomphe in-des-crip-ti-ble !
Midi Libre midilibre.fr
LUNDI 17 SEPTEMBRE 2012
Au final, quand El Juli
prend la mouche ...
Onze oreilles, une queue, un toro gracié, et des clameurs sans fin.
■ Sébastien Castella à la cape.
■ Un “derechazo” de José Tomás face au deuxième toro de son solo, un pensionnaire de l’élevage Jandilla.
A
rènes de Nîmes : troisième corrida de la feria.
Temps : ciel dégagé.
Durée : 2 h 25.
Entrée : arènes combles.
Président : Daniel-Jean Valade.
Bétail : toros de Victoriano del Rio, Jandilla, El Pilar, Parladé, Garcigrande.
Poids des toros : 564, 515, 542, 510, 495
et 514 kg.
Indulto : le 4e toro (Parladé) gracié.
Sobresalientes : Morenito de Nîmes et
Manuel Carbonell.
José Tomás (gisement d’anthracite et
or) : deux oreilles, deux oreilles, deux
oreilles, deux oreilles et la queue symboliques, deux oreilles et une oreille.
Des silences de monastère, des clameurs sans fin, des cris “to-re-ro,
to-re-ro”, des ovations telluriques, une
sortie en triomphe mémorable, et six leçons de tauromachie. Avec un nombre
de trophées à affoler les compteurs des
statisticiens, la grâce d’un toro (très discutable et discuté), le solo de José
Tomás a fait perdre la raison à l’aficion.
Dans une ambiance d’enthousiasme quasi permanent, les arènes ont vécu hier, à
la mi-journée, des combats pour l’histoire. Impossible de décliner les phases où
le maestro a ébloui par son pouvoir.
Avec un répertoire de cape renouvelé face à chacun de ses adversaires, des mises en suerte d’une magistrale efficacité,
Photo STEPHANE BARBIER
et des séries de muleta, avec ou sans
épée, debout impassible ou genou ployé,
ont fait rugir l’amphithéâtre entier, José
Tomás a poussé les aficionados au délire. Avec des naturelles inouïes de douceur, des redondos insensés, des estocades de malade, le maestro, qui a offert
des faenas d’une composition incroyablement précise, a laissé les gradins saisis et le public hurlant. Devant tant de
puissance, d’art et de valeur. Une matinée peuplée de jamais vus.
ROLAND MASSABUAU
[email protected]
Photos et vidéos
disponibles sur midilibre.fr
Après le “coup de massue”
asséné par José Tomás aux
aficionados quand le soleil
était à son zénith, il fallait
inévitablement craindre que
les aficionados aient
quelque difficulté, à 17 h 30
hier, à intégrer le climat d’un
mano a mano, pourtant
formidablement attractif,
entre El Juli et Sébastien
Castella. Et les premiers
combats ont vite confirmé
les appréhensions, d’autant
que le lot de Daniel Ruiz
n’avait rien pour mettre les
gradins en émoi.
Pour cette confrontation
entre deux des figuras
d’aujourd’hui, dans une
arène comble, il a fallu
attendre qu’une mouche
pique El Juli (Ferrari
modèle 458 et or, un avis
avec une oreille protestée,
applaudissements et un avis
avec une oreille), pour que
la journée bascule enfin.
Sans que le Madrilène
grimpe à des sommets,
certes, mais avec le mérite
toutefois d’avoir, avec sa
muleta, essayé de faire
Photo STEPHANE BARBIER
monter l’intensité de
plusieurs degrés.
Davantage rageuses que
magistrales, et plus
bagarreuses que
poignantes, ses séries
devant le cinquième Daniel
Ruiz voulaient surtout dire,
face à un adversaire de
belle mobilité, qu’il pouvait
contribuer à renverser la
tendance.
Et quand El Juli prend la
mouche, le reste suit. Le
reste ? Un Sébastien
Castella (fosse des
Mariannes et or, un avis
avec une oreille, quelques
applaudissements, et deux
oreilles) qui, opposé au
dernier toro des Vendanges,
au son de la musique
remarquablement ciselée
par la banda Chicuelo, a
libéré tout son potentiel. Des
naturelles lyriques, des
enchaînements de gala, des
derechazos amples, et une
estocade qui fait rouler
l’animal. Et agiter les
mouchoirs pour deux
oreilles de fin de récital.
R.M.
LES DISQUES DE LA SEMAINE
World Antibalas
● “Antibalas” (Daptone)
Cinq ans après Security, son
ambitieux quatrième album
produit par John McEntire (du
groupe post-rock Tortoise !),
Antibalas est enfin de retour
dans les bacs, et à la maison,
d’une certaine manière : le
collectif de Brooklyn a rejoint
le label Daptone monté par
un ancien colocataire de son
leader et saxophoniste Martin
Perna, Gabriel Roth. Il en
résulte, comme sur toutes les
productions daptoniennes
(de Sharon Jones à Charles
Bradley) un retour à la source.
Il ne s’agit plus ici d’innover
mais bien d’évoquer, six longs
morceaux durant, voire même
d’invoquer le dieu nigérian de
l’afrobeat Fela Kuti. Le genre
perd sans doute une occasion
de progresser mais gagne par
la puissance (tellurique !) des
musiciens d’Antibalas, un très
jouissif “classique” antidaté.
JÉRÉMY BERNÈDE
[email protected]
Chanson
Classique Miloš
Céline Ollivier, une façon
de voir et un charme fou
● “Latino” : Gardel,
Piazzolla, Villa-Lobos…
(Deutsche Grammophon)
● “La Femme à l’éventail”,
CD 11 titres, f2fmusic,
L’Autre Distribution
Pour ceux qui n’attendent pas
le “vrai” disque (celui qu’on peut
tenir dans la main, avec livret et
pochette), Céline Ollivier n’est
déjà plus une nouveauté.
Disponibles par téléchargement
depuis le début de l’été, ses
histores de femmes
enveloppées de pop chaude
ont dû séduire déjà pas mal de
monde. Guitariste (avec une
bonne expérience de la scène),
chanteuse (ça c’est sûr), la
demoiselle est passée par le
conservatoire, le groupe
Maximum Couette, les
Chantiers des Francos, les
découvertes de Montauban et a
accompagné comme choriste
Jeanne Cherhal. Enfin une
artiste qui fait les choses dans
l’ordre (!) Un ordre qui l’amène
à une belle maturité dès ce
premier album très personnel,
ouvert visuellement par un nu
pudique (mais un peu plus) qui
rappelle un peu la Birkin de la
grande époque. Ça tombe bien,
le premier titre l’évoque, dans le
souvenir d’un décevant
rendez-vous qui n’en était pas
un au Flore. «Est-ce que tu
joues parfois les faux-culs / la
Marilou sous la Neige ? ». La
petite nouvelle peut-être
percutante avec les grandes
anciennes et en règle générale,
sa façon d’envisager le portrait,
la situation et le sentiment
amoureux n’a pas prévu le
flacon d’eau de rose.
On croise dans quelques
recoins la question façon Léo
Ferré (Mes adieux) ou des
oiseaux de passages que
Brassens empruntait à Jean
Richepin (les Billes bleues).
Sa pop assez douce, pour
mélodies efficaces, peut durcir
le ton ou se faire un peu fado (A
ta manière). C’est très réussi.
JEAN-FRANÇOIS BOURGEOT
[email protected]
Karadagli
La guitare voyage. Musicien
classique, le Monténégrin
Miloš Karadagli sort de sa
“zone de confort”, direction
l’Amérique latine. Nouveau
succès pour ce surdoué, fou
de Villa-Lobos, expert du
trémolo du Paraguayen Barrios : il fait chanter tous les
titres. Visitant aussi Cuba et le
Brésil, il délivre surtout l’intensité du tango, de la milonga.
De grands titres sont arrangés
Rock Bob Dylan
● “Tempest”, Columbia
Évacuons la question, de toute façon hors sujet : Tempest n’est
pas un pur chef-d’œuvre, Bob Dylan a cessé d’en graver depuis
Blood On The Tracks, en 1975. Reste qu’à l’inverse de bien de
ses classards, il enregistre encore des
trucs dignes, surtout depuis le mitan des
années 90, époque à laquelle il a abandonné définitivement toute idée de
plaire, du moins à un autre que lui-même. Ainsi donc s’amuse- t-il à nouveau
sur Tempest, une 35e galette sur laquelle figurent les 50 bougies de sa carrière
mirifique. Musicalement, le vieux barde
a la voix rocailleuse entre blues, folk, tex-mex, musique irlandaise, americana... Soit du rustique déjà ouï au siècle dernier. Sauf
que les mélodies sont assez mémorables et bien gaulées. Les
textes sont aussi là, jamais las, parfois vachards, souvent
renards. Bref, un cru qui emporte le gosier et... l’adhésion.
JÉRÉMY BERNÈDE
Electro Spitzer
● “The call” (InFiné)
par Christoph Israël pour le
Studioorchester der Europaäischen FilmPhilharmonie, et
si l’on adore Oblivion de Piazzolla autant que Por una Cabeza de Gardel, on partage la
passion du guitariste pour le
fameux Tango en skaï de Roland Dyens. Sensualité, émotion : ce CD a tout pour plaire !
MICHELE FIZAINE
[email protected]
Dans Donnie Brasco, Al Pacino sirote des Spitzer : Matthieu et
Damien, deux frères Lyonnais issus du punk-rock, se sont
emparés du cocktail pour leur bascule
musicale dans l’électro. Leur carrière,
boostée au hasard d’un remix pour Kylie
Minogue (si, si) et par le soutien
infaillible des Nuits Sonores lyonnaises,
se prolonge avec The Call. Comme
souvent, les artistes donnent tout ce
qu’ils ont dans le ventre pour leur
premier album. C’est réussi et la
météorite Spitzer part dans tous les sens : la techno pure et dure
avec le tube Marsch, l’électro-rock avec le soutien du chanteur
de Frustration (le 20 octobre à la Paloma !) l’électro-pop avec Kid
A, sœur de chant de Bjork, la trance (Sir Chesser) ou
l’electronica façon Aphex Twin (Masbat). Du bel ouvrage.
YANICK PHILIPPONNAT

Documents pareils

Articles du 30 décembre 2010

Articles du 30 décembre 2010 appartenu à son ex-beau père le torero Antonio Márquez, «le Belmonte blond». Pierreries. S’il a trimballé la relique chez les lithériens scandinaves, c’est pour attester son attachement à la corrid...

Plus en détail