la naissance douloureuse du vin “bio”

Transcription

la naissance douloureuse du vin “bio”
nquête
EUROPE
LA NAISSANCE
DOU LOUREUSE
DU VIN “BIO”
Le vin “bio” européen est enfin porté sur les fonts
baptismaux grâce au règlement communautaire rédigé
à Bruxelles. Un premier pas qui réjouit certains vignerons,
mais pas tous. Enquête. Par Fabien Humbert
oup de tonnerre
dans le vigno
ble Après trois
années de discus
sions acharnées,
la Commission
européenne a enfin
accouché d’une
réglementation sur la vinification biolo
gique, le 8 février dernier. Le vin “bio”, le
vrai, serait-il enfin officiellement devenu
réalité, encadré par des textes gravés dans
le marbre réglementaire européen, toutes
les vieilles rancunes étant jetées à la rivière
Rien n’est moins sûr, car la nouvelle légis
lation ne fait pas l’unanimité. Epuisés
par des années de guérilla au sein de la
famille “bio”, une majorité de producteurs
se contentent, certes, de ce texte élaboré sur
les bases du compromis. Mais les vignerons
“bio” les plus intransigeants, regroupés
30
SEPTEMBRE 2012- LA RVF n’ 564
sous la bannière de chartes privées comme
Demeter, la Fédération nationale inter
professionnelle des vins de l’agriculture
biologique (FNIVAB) ou Biodyvin (voir
encadré p. 38), entendent bien porter le
fer contre ces règles qu’ils considèrent trop
laxistes. Les raisons de cette bronca ? La
liste pléthorique des intrants chimiques et
des techniques qui restent autorisés pour
élaborer un vin qui, selon eux, n’a de “bio”
que le nom. La poussière de la bataille à
peine retombée, les hostilités pourraient
donc reprendre de plus belle avec, en ligne
de mire, la révision de la réglementation
prévue en 2015.
Une vision artisanale
Deux philosophies du “bio” s’affron
taient dans les couloirs de la Commission
européenne. Pour les uns, emmenés par
les vignerons les plus engagés, comme
U nquête
LE “BIO” RÉGLEMENTÉ
Entre les deux conceptions du vin
“bio”, la bataille a fait rage trois ans.
Ni colas Joly, le chantre de la biodynamie,
ou Michel Issaly, le président des Vignerons
indépendants, le vin est d’abord l’expres
sion d’un terroir et d’un climat. Leur
credo: l’homme doit aider les racines de la
vigne à pousser profondément dans une
terre “vivante” (non traitée chimique
ment), les laisser traverser les couches de
calcaire, de schiste ou d’argile, afin que le
fruit de la plante exprime toute la diversité
et la saveur de son milieu d’origine.
Autrement dit, Joly, Issaly et leurs pairs
défendent une vision artisanale du “bio”,
qui limite les interventions de l’homme,
notamment l’usage des produits de syn
thèse. « Le vin “bio” se fait d’abord dans la
vigne, confirme Olivier Huchette, le res
ponsable de la certification chez Demeter
France. Si l’on a des raisins et des vignes sains,
on a de bonnes chances defaire du vin avec
le moins d’ajoutspossibles. » Naturellement,
cette famille de vignerons “bio” veut aussi
limiter le plus possible l’usage d’intrants
lors de la vinification.
Pour les autres, qui cherchent à produire
en grande quantité et à un moindre coût,
un vin est “bio” dès lors que tous les pro
du.its utilisés lors de sa fabrication sont eux
aussi “bio”. Au risque de perdre l’âme du
vin au profit d’un produit standardisé. La
bataille a donc fait rage entre ces deux
conceptions du vin “bio” pendant trois ans,
et lorsque la poussière est retombée, le
8 février dernier, un seul camp pouvait
revendiquer la victoire. Les partisans d’une
définition moins contraignante du “bio”
l’avaient emporté. Et comme souvent à
Bruxelles, c’est la faction la mieux organi
sée, la mieux financée et la plus rompue
aux techniques du lobbying qui a prévalu.
« Ce règlementfait la part belle aux grosfai
seurs qui usent de techniques industrielles
pour produire davantage de vins estampillés
“bio’ Ce sont eux qui sont les mieux repré
sentés et qui exercent le lobbying le plus effi
cace à Bruxelles », confirme Sylvie Augereau,
auteure de plusieurs guides sur le vin “bio”
et qui a supervisé la dégustation du dossier
“bio” de La RVF (lire p. 184).
Viticulteurs européens divisés
Pas Irès “bio’ ces produits autorisés...
a majorité des consommateurs pense que
le vin bio” est naturel. Or, de nombreux
produits exogènes et techniques restent
autorisés dans la nouvelle législation sur le vin
‘bio”. Certes, les textes prévoient que ces
ingrédients ajoutés doivent provenir de matiè
res premières dorigine biologique, mais seu
lement m si elles sont disponibles
Voici
quelques exemples de produits qui restent
L
»...
autodsés:
des gaz comme l’azote, l’anhydride carbonique
et l’argon. qui servent à créer une atmosphère
inerte et à manipuler le moût à l’abri de l’air.
• les levures biologiques pour la fermentation.
ainsi que le phosphate diammonique et le chlo
rhydrate de thiamine qui servent à favoriser le
développement des levures.
le charbon actif, utilisé pour décolorer le vin.
la gélatine alimentaire, la colle de poisson,
lovalbumine, la caséine, le caséinate de
-
-
-
32 • SEPTEMBRE 2012-
LA RVF n’ 564
potassium, le dioxyde de silicium, la bentonite,
les enzymes pectoytiques, l’alginate de potas
sium et le sulfate de calcium, utilisés pour cla
rifier le vin.
acide lactique et l’acide tartrique L(+) pour
acidifier le vin, le carbonate de calcium, le tar
trate neutre de potassium, le bicarbonate de
potassium pour le désacidmer.
des bactéries lactiques pour améliorer la fer
mentation du moût. L’acide L-ascorbique et
l’acide citnque, l’acide métatarùique, la gomme
d’acacia, le bitartrate de potassium, pour le
stabiliser.
le citrate et le sulfate de cuivre pour éliminer
le mauvais goût ou les mauvaises odeurs.
des copeaux de bois de chêne pour enrichir
le goût et la couleur.
et, bien sûr, l’anhydride sulfureux (SO
), le
2
bisulfite de potassium ou métabisulfite de
potassium (sulfites) pour conserver le vin.
-
-
-
-
-
Cet accord a minima a donc été difllile
à trouver. Mais les choses auraient pu tour
ner encore plus mal pour les tenants d’une
réglementation stricte. Car si la filière “bio”
est divisée en France, elle l’est encore
davantage en Europe. « Déterminer la liste
des additft et auxiliaires technologiques qui
sont autorisés dans le vin biologique a pris
un temps infini, se souvient Antoine Faure,
le responsable de la réglementation chez
Ecocert, l’un des organismes indépendants
qui certifient le travail de la vigne (voir
encadré p. 38). Nous som?nes27états mein
bres, soit presque autant d’approches d
rentes de la vinjcation. » Ainsi, an vigneron
français situé sur le pourtour atlantique
aura sans doute davantage de problèmes
de mildiou et demandera à pouvoir utiliser
des produits pour combattre ce malveillant
champignon. Un vigneron italien ou espa
gnol sera intéressé par la libéralisation de
techniques permettant de relever les
ENQUÊTE: LE “BIO” RÉGLEMENTÉ
veaux d’acidité, alors qu’un vigneron
emand pourra éventuellement avoir
soin de chaptaliser. Enfin, les vignerons
ucieux de produire des vins complète
ent secs (comme à Sancerre ou dans le
ra, pour le vin jaune) veulent pouvoir
:ourir aux techniques et produits per
ettant d’éviter que du sucre reste après
fermentation.
Un débat sulfureux
Mais c’est sur la question des doses de
ufre que les négociations ont le plus
hoppé. Les pays du nord de l’Europe,
t le climat humide favorise le dévelop
ment de pourriture lors des vendanges,
clamaient des taux autorisés de S0
2 plus
svés. Ceux du sud, favorisés par un cli
at plus sec, se montraient plus intran
eants sur l’utilisation du soufre. Pour
trouver un compromis, Dacian Ciolos,
commissaire européen à l’Agriculture, a dû
lancer cet ultimatum faute d’un accord
sur les doses de soufre autorisées, la men
tion “Vin issu de raisins biologiques” serait
interdite à compter du I août2012! « On
risquait de ne plus avoir de vin certifié du
tout, se souvient Laurent Mathys, ingé
nieur certification en Agriculture biolo
gique chez Bureau Veritas. Cette eée de
Damoclès a relancé les négociations, qui ont
fini par aboutir » Mais comme souvent à
Bruxelles, le consensus trouvé ne contente
véritablement personne.
Des intrants pléthoriques
Que trouve-t-on réellement dans ce
texte ? D’une part, les doses de soufre
autorisées y sont bien abaissées, avec un
maximum de 100 mg/l pour les vins
I.e “bio”, un goût spécifique?
Il n’y a pas réellement de goût du vin bio”,
une filière où l’on essaye d’utiliser au mieux
la nature pour obtenir un goût du terroir et
du fruit lui-même. Les raisins ‘bio” possèdent
une meilleure acidité qui donne des vins plus
digestes, frais et élégants. Cette différence
est particulièrement mesurable les années
chaudes, car les raisins “bio” brûlent moins
et présentent un surplus d’acidité.
Les différences du “bio”?
Les vins conventionnels subissent un forma
tage, dû notamment à l’usage de levures. Or,
un vin “bio’ doit être issu de levures naturel
les, ce qui change beaucoup le goût du vin!
Mais les levures naturelles présentes dans
les chais peuvent donner des goûts intéres
sants comme désagréables. Un autre souci
spécifique à la filière “bio” : l’usage intensif
de sulfate de cuivre pour compenser l’aban
don des traitements de synthèse.À la longue,
cette pratique détruit la faune des levures et
empêche la bonne fermentation.
Et pour l’usage du soufre?
Dans la majorité des vins “bio”, on retrouve
du soufre, à part dans les vins dits “nature”,
en réalité une toute petite niche. Mais les
doses de sulfite sont souvent moindres dans
les vins, car les vignerons n’ont pas envie
d’écraser la belle expression parfumée du fruit
avec un adluvant qui tue le goût. Cependant,
trop baisser le taux de soufre risque d’entraî
ner des catastrophes, Ioxydahon des vins
pouvant entraîner une transformation en vinai
gre. Au-delà du goût, les médecins observent
que de plus en plus de gens sont allergiques
au soufre. Ils courent par conséquent un peu
moins de nsque avec un vin “bio”.
LA RVF n’ 564- SEPTEMBRE 2012
‘
35
ENQUÊTE: LE “BIO” RÉGLEMENTÉ
L’amateur doit continuer à savoir si
son vin est issu d’une AOC ou non.))
«
NicolasJoly
Propriétaire de la Coulée de Serrant, à Savennières
rouges au lieu de 150 mgI
1 pour les vins
conventionnels. Et de 150 mgI
1 pour les
vins blancs et rosés, au lieu de 200 mgI
1
précédemment. D’autre part, les organis
mes certificateurs devront non seulement
vérifier la garantie “bio” du raisin, mais
aussi ce qui a été ajouté lors de la vinifi
cation comme additif et auxiliaire techno
logique, ainsi que tout ingrédient agricole
utilisé (tels que le sucre ou l’alcool). « Le
règlement européen est une base qui per
met d’avancer, convient Olivier Huchette,
de Demerer France. Mais il reste tout de
même 37 ingrédients qu’on peut introduire
dans le vin, sans compter les gaz qui ser
vent à le stabilisei » A titre d’exemple, le
cahier des charges de Demeter, organisme
spécialisé dans la certification en biody
namie, n’autorise que huit intrants lors
de la vinification, soit 29 de moins que
le règlement européen (lire le détail dans
notre encadré p. 32). Si des techniques
comme la cryoconcentration, la désalcoo
lisation partielle ou l’élimination de S0
2
par voie physique sont désormais
prohibées pour produire un vin
“bio”, l’interdiction d’utiliser les
traitements thermiques tels que
la flash-pasteurisation au-dessus
de 70° C apparaît aux yeux de
certains comme un... trompel’oeil. «A 69° C, le vivant, c’rst
à-dire les levures et les bactéries,
est dejà tué, note Michel Jssaly.
On les supprime de façon à les
remplacer par des levures indus
trielles et à adapter le produit à
la demande. » Il est clair que ce
texte cherche aussi à favoriser
l’émergence d’une filière capa
ble de produire de gros volumes
de vin étiqueté “bio” et de le vendre à
l’export. Mais peut-on encore le qualifier
de biologique
La fin des ambiguïtés?
Jusqu’à la mise en activité du nou
veau règlement européen, le vin “bio”
n’avait pas d’existence légale. Cela n’em
pêchait pas les consommateurs de trou
ver des bouteilles estampillées AB chez
leurs cavistes ou dans les rayons des super
marchés. Ce logo, propriété du ministère
de l’Agriculture, ne garantit pourtant
pas réellement la nature biologique du
vin. «Jusqu’à présent, les organismes cer
tificateurs ne contrôlaient que le caractère
“bio” du raisin, révèle Laurent Mathys,
de Bureau Veritas. Ce qui excluait tout
contrôle sur les additfl, le SO, ou les tech
niques de vinification. » Les étiquettes por
taient la mention ambigué “Vin issu de
raisins de l’agriculture biologique”, qui
pouvait induire les consommateurs en
erreur Croyant acheter du vin “bio”,
ces derniers pouvaient retrouver dans leur
verre des levures chimiques, du sucre et
toutes sortes d’intrants non biologiques
ajoutés lors de la vinification.
Une indéniable avancée
La situation du consommateur s’est-elle
améliorée avec l’entrée en vigueur du
règlement eulopéen le 1r août dernier
Nombreux sont ceux qui considèrent qu’il
s’agit d’un pas important fait dans la
bonne direction. La position d’Olivier
Humbrecht, fervent défenseur du “bio”,
résume cet état d’esprit. « Il nefautsurtout
pas dire que le consommateur est trompépar
ce règlement, explique le propriétaire du
domaine Zind-Hurnbrecht, en Alsace. Il
s’agit d’une amélioration et d’une garantie
«Bruxelles a interdit des produits.
qui remplacent le soufre. Dommage!))
Gérard Bertrand
Vigneron et négociant du Languedoc
LARVE n°564 SEPTEMBRE 2O2
-
37
9’
U nquête
LE “BIO” RÉGLEMENTÉ
Ce que signifient vraiment les logos “bio”
que l’on trouve sur les étiquettes de vin
Accompagnant le boom du “bio”, plusieurs organismes distribuent des
labels censés garantir l’origine biologique ou biodynamique du vin.
t.
s
DEMER pmpe
deux lobefs l’un
pour les vins issus
de ixsss biodyna
miques; l’autre, très
strid, pour les vins
vinifiés solon les
règles de Demeter.
BIODYVIN. Ce
labd lié ô Ecocert
prouve que le vin
est issu de raisins
biodynomiqijes
certifiés et obéit
certaines règles
de vinification,
à
qu’on ne trouveraplus de vin “issus de lzgri
culture biologique’ mais dans lequel on
ajoutait des produits chimiques. » D’autres
sont plus sévères et parlent en effet de
tromperie, pointant notamment du doigt
les intrants assez peu naturels autorisés par
ie nouveau règlement, tels les levures
modifiées et les acides. « Les consomma
teurs sont les perdants dans cette histoire,
soutient Michel Issaly. Ils vontfinir par se
rendre compte qu’il y a très peu de dfféren
ces entre une vinflcation conventionnelle et
une vinflcation “bio’ » Si c’est le cas, le
grand public va-t-il s’y retrouver
La bataille continue
Elément important, les différentes par
ties en présence auront de nouveau l’op
portunité de défendre leur point de vue en
2015, date à laquelle le règlement européen
Chaptaliser,
meme bio n est
pas ualitatif.»
«
,
Olivier umbrecht
Propriétaire
du domaine Zind-Humbrecht,
en Alsace
38
SEPTEMBRE 2012- LA RVF
n° 564
NATURE ET
ECOCERT vérifie
PROGRtS garantit que les produits
[ongine biologique utilisés par les viti
des raisins. Cet
culteurs (engrais I
organisme autorise
sont biologiques
la chaptalisation
ou biodynamiques.
Pas de contrôle
usqu’à un 1 % et
parfois le collage.
sur les vinifications
doit être remis à plat et renégocié. En
attendant, chacun fourbit ses arguments
et attend son heure. « Les récoltes 2012,
2013, 2014 vont êtrepassées au crible, révèle
Alain Réaut, le président de la FNIVAB.
Le règlement européen sera amendé, les doses
autorisées seront plus sévèrement limitées, des
intrants vont disparaître et des techniques
seront interdites. » Une deuxième chance
pour le vin “bio” ? Chacun a son avis sur les
pistes à suivre pour modffier le texte dans
trois ans. Certains soutiennent que la nou
velle réglementation devra tenir compte
de l’aspect qualitatif du travail dans la
vigne et dans le chai « Le règlement tolère
la chaptalisation dès lors que le sucre utilisé
est “bio”; or, ce n’estpas qualitatif», expli
que Olivier Humbrecht.
Nicolas Joly est, quant à lui, parti
san d’une transparence totale sur l’uti
lisation des levures modifiées. « Il faut
que le consommateur sache si le goût qu’il
retrouve dans son verre est issu d’uneAOC,
c’est-à-dire de la combinaison dn solpris
par des racines et d’un climat pris par des
feuilles et la photosynthèse, ou si ce goût
est issu d’une levure standardisée, plaide
le propriétaire de la Coulée de Serrant.
Gérard Bertrand, propriétaire du châ
teau L’Hospiralet et négociant important
du Languedoc, souhaiterait au contraire
que la législation revienne sur certaines
interdictions. « Le règlement a interdit des
U nquête
LE “BIO” RÉGLEMENTÉ
En 2015, la question du soufre
pourrait mettre le feu aux poudres.
produits oenologiques qui évitaient d’utiliser
du soufre, cst dommage, regrette-t-il. Mais
une législation est toujours un peu restric
tive, nous verrons si cette législation évoluera
dans le bon sens en 2015. » La question du
soufre pourrait bien de nouveau mettre le
feu aux poudres. « 11 est dijcile de conser
ver des vins longtemps et de manière saine
avec des taux de soufre aussi bas, explique
Sylvain de Coster, le responsable qualité
de la Cave coopérative des Vignerons de
Caractère, à Vacqueyras. Car aufiir et à
mesure de la vie du vin, on rajoute des peti
tes doses de soufre pour prolonger son exis
tence. Faute de quoi, ily a un risque qu’il
finisse par se transformer en vinaigre. »
L’exemple américain
La bataille du “bio” semble donc loin
d’être terminée. Si la première manche
a été remportée par les partisans d’une
vision peu contraignante du vin “bio”, la
deuxième pourrait bien leur être plus défa
vorable. A moins que la filière viticole euro
péenne “bio” ne décide de prendre exemple
sur nos cousins américains qui ont mis en
place deux réglementations pour leur vin
“bio”. Lune est peu contraignante, tan
dis que l’autre est plus restrictive. Ce qui
permet au consommateur de s’y retrouver
facilement. Dans tous les cas, rendez-vous
dans trois ans, en 2015 F. H.
(Lire notre de’guçtation de vins “bio”enp. 184)
Pourquoi avez-vous peiné à bou
cler cette réforme?
Cuitiver une vigne en ‘bio apparaissait dans
le cahier des charges européen, vinifier les
raisins dans le respect des principes de
l’agricuiture biologique n’était pas évoqué.
Seule la mention “Vin issu de raisins biolo
giques” figurait sur les étiquettes. Un vide
désormais comblé avec la publication des
règles de vinification “bio” qui fixent préci
sément la liste des substances autorisées.
Elle est plus courte que pour la vinification
conventionnelle, puisqu’environ un tiers des
additifs ou des aides technologiques a été
éliminé au profit de produits si’mples ou
naturels. Idem pour l’interdiction de certai
nes pratiques oenologiques ou des restrLc
tions d’utilisation pour d’autres.
Ces nouvelles règles correspon
dent-elles à l’attente du public?
Évidemment, de plus en plus de consomma
teurs recherchent les produits “bio”. Ils les
trouveront désormais en Europe.
Faut-il plus de “bio” dans la viti
culture européenne?
Vous savez, l’Union européenne est aux côtés
de la filière “bio” depuis longtemps. Cela a
permis de développer un cadre réglementaire
clair, qui soit une vraie référence pour les
consommateurs. L’Unrnn européenne soutient
le développement de l’agncuure biologique,
et le fera encore davantage dans les prochai
nes années en encourageant la conversion
des exploitabons conventionnelles et en sou
tenant, dans la durée, les exploitations qui
ont fait le choix du “bio”. C’est ce que nous
avons proposé dans le cadre de la réforme
de la Politique agricole commune.
40
-
SEPTEMBRE 2012- L RVF n
s
Les nectars de la débrouille
-
Libération
http://www.liberation.fr/vous/2012/09/ 1O/les-nectars-de-la-debrouil
111fr
vous
Les nectars de la débrouille
10 septer,bre 2012 à 13:01
Mylène Bru dans son domaine languedocien. (Photo Pierre Hivernal)
Languedoc. En pleine garrigue, et sans grands moyens, Mylène Bru tire de ses cinq
hectares en biodynamie un vin explosif, à son image.
PORTRAIT
Par PIERRE HIVERNAT
«Tu vois là, le vin quand tu le passes de la cuve à la bouteille, eh bien il ne comprend pas.” Mylène Bru parle du
vin à la troisième personne du singulier, comme le personnage vivant qu’il est, et dont elle suit les mouvements
avec empathie. Quand Mylène vous explique qu’il faut prendre un virage à droite, elle tait le geste avec la main,
car tout chez elle sert à l’expression. Les paroles du vin n’étant toujours pas perceptibles par l’homme, elle se
sent une obligation de substitution. Et puis Mylène Bru aime les Twingos, les modèles anciens avec plein de
vitres, y compris sur le toit, « parce que j’aime quand c’est ouvert... ».
Hors GPS Ne cherchez pas la propriété de Mylène Bru, elle est introuvable, quant à sa cave, aucun modèle de
GPS à ce jour n’a pu aider le moindre livreur de bouchons ou de cartons à y arriver. Elle est une vigneronne
discrète, voire minimaliste, qui préfère dominer 5 hectares disséminés dans la garrïgue que de se perdre dans
des habits trop grands pour elle. Une fois arrivés au bout d’un chemin dans un désert à une vingtaine de
kilomètres de Clermont l’Hérault, on croit comprendre pourquoi l’une de ses cuvées s’appelle Far West, Et puis
non, «Quand j’étais ado, j’étais fan de Truffaut, j’ai vu tous ses films. Dans ma chambre, j’avais un poster de la
Nuit américaine, où l’un des personnages dit qu’un tournage, ça ressemble au trajet d’une diligence au Far West,
D’abord, on espère faire un bon voyage, et puis très vite, on en vient à se demander si on arrivera à destination,
Pour moi, faire du vin, c’est ça.» Son premier métier, c’était et c’est encore mère de famille, «même si les
enfants sont grands». Et puis un jour, vient l’envie de se trouver, de savoir ce qu’elle était capable de faire, elle,
seule.
L’entêtée Passant par hasard dans ce coin paumé qu’elle aime, elle trouve des vignes à vendre, repère les ceps
et la lavande sauvage qui poussent au milieu. La décision est prise. «C’est pour arracher?» lui demandent les
voisins. Eh bien non. Petites parcelles, matériel adapté à la biodynamie, remise pour abriter le cheval de labour
une fois par an, modestes cuves d’occasion, ancienne remorque de camion frigorifique pour stocker, pas de prêts
bancaires; le modèle économique Bru met le métier de vigneronne à la portée de pas mal de monde, du moins
ma-tériellement. Et Mylène n’en fait qu’à sa tête, ne veut pas de produits chimiques, travaille comme elle le
sent. «En 2008, c’était mon premier millésime, et je ne voudrais plus jamais revivre ça. Le mildiou, qui n’était
pas revenu depuis quinze ans, est tombé cette année-là et pour parfaire (e tout, la grêle. Je n’ai pas pu parler
pendent quatre jours.» Elle sort quand même quatre mille bouteilles qui lui plaisent. Dans sa cave, ou plutôt le
bout de cave qu’elle sous-loue, pas de murs, juste un toit et l’air qui traverse, «Ce que j’aime dans ce métier,
c’est qu’on est le plus souvent à l’extérieur, la vie est réglée par le soleil, le vent et la pluie. Je ne voulais pas
d’une cave fermée, j’aime cette circulation, crie suis sûre que le vin aussi.»
Domaine Mylène Bru, à Sète, Hérault.
La cuvée historique de Mylène Bru, le Far West, est une alliance de carignan, qrenache, cinsault et syrah. La
surprise n’est pas tant au nez mais dans un goût
à forte personnalité où les cerisiers et le thym l’ont emporté sur les épices et les tanins poudreux. Le plus
étonnant est la cuvée de blanc faite à 100 % avec
un cépage quasi absent de Méditerranée, le chasselas. Ce Lady Chasselas n’est pas immédiatement séduisant,
c’est un vin qu’il faut aller chercher, et léger si on n’y prend garde, on en rate toutes les subtilités de fleurs
blanches et de garrigue venteuse. Bref, un vin de papillon. En 2012, Mylène s’apprête à commercialiser une
nouvelle cuvée, provocante : Rite.
1 sur 2
26/09/2012 11:42
RAISONNÉE, DURABLE, HQE, BIO, BIODYNAMIE,
BIODIVERSITÉ... QUÈSACO EN VITICULTURE?
ERSONNE ne
peut blâmer la
génération pré
cédente qui, au
sortir de la guerre,
devait reconstruire son économie et pro
duire. Le productivisme à outrance a
incité l’utilisation doctrinaire et inten
sive des engrais chimiques de synthèse.
Tassement, toxicité, sols stériles» chimie
à l’excès étaient envisagés pour sortir de
l’ornière de l’après-guerre, nonobstant les
conséquences biologiques et humaines.
Dans les années 1960, la recherche sys
tématique de l’augmentation de la pro
ductivité fut appliquée à la vigne sans se
soucier du vignoble, en préconisant l’oeno
logie comme savoir-faire du vin. Un début
de prise de conscience du biologique, dès
1950, face à l’industrialisation de la viti
culture, fut suivi en 1968 du mouvement
écolo, pour arriver à une reconnaissance
par les pouvoirs publics, dans les an
nées 90, de l’appauvrissement du patri
moine agricole et viticole. Après un
premier Grenelle de l’environnement puis
un deuxième signé en juillet 2010, la prise
en compte se généralise. De la lutte rai
sonnée au bio, à la biodiversité, à la bio
dynamie ou encore la norme Haute Qualité
Environnementale, le mouvement s’in
tensifie. Notons qu’en France, entre 2009
et 2010, la surface viticole bio a progressé
de 32,8 % (= 52.000 ha) soit 6,2 % de la
surface totale plantée en vignes. 40 % sont
certifiés et 60 % sont en cours de conver
sion. A l’horizon 2012, 80.000 hectares
seront bio, soit près de 10 % des sur
faces viticoles françaises.
La viticulture biologique a considéra
blement évolué et s’est crédibilisée au
cours de ces dernières années sur les plans
économique et technique. Le biologique
ne peut exister sans le maintien ou la
création d’une biodiversité de voisinage
et la réactivation des sols. Reprenons sim
plement la définition d’Albert Demolon
(1881/1954), fondateur de l’Association
Française pour I’Etude des sols Le sol
est la couche superficielle de la terre, qui
évolue sous l’oction de divers facteurs d’or
dre climatique, chimique et biologique et
sert de support au développement des
plantes. et abordons quelques précisions
pour comprendre la profonde remise en
question des dogmes et des méthodes de
cultures de la vigne pour un avenir éco
logique, durable, environnemental et une
viticulture de qualité
La viticulture raisonnée a pour objectif
de limiter les intrants et molécules utili
sées par l’usage maîtrisé de produits phy
tosanitaires homologués, en réduisant les
doses et en travaillant les sols. Cette vi
ticulture ne traite plus systématiquement
grâce à une meilleure observation et
connaissance du vignoble.
-
-
La viticulture bio a pour précepte que
seul le raisin cultivé en bio existe. Les
vignes sont traitées uniquement avec des
produits d’origine naturelle, la démarche
interdisant tout produit chimique de syn
thèse. En revanche, le soufre et le cuivre
sont principalement employés car ce sont
des produits dbrigine minérale. Le tra
vail sur une période de conversion de
trois ans consécutifs en respectant les rè
gles permet dbbtenir la certification AB.
(Max. 30 kg de cuivre métal par hectare
sur 5 ans. La moyenne girondine n’est que
de 4 kg /ha/an).
«
»
1—l
L-1.-..
.‘
rj
‘1A
La biodynamie repose sur une technique
agricole biologique, codifiée au début du
XXe 5jèCiC par l’allemand Rudolf Stei
ner, qui prend en compte l’influence des
trois éléments Terre, Lune, Soleil dans
le développement de la vigne et de ses
défenses naturelles. Cette méthode est
plus contraignante que le bio par le res
pect du calendrier lunaire, de la culture
des sols, de l’usage de tisanes et prépa
ras en adéquation avec le minéral et l’ani
mal d’après le cycle des astres. C’est la
recherche d’un équilibre qui prend en
compte la conscience de l’élément su
prasensible habitant chaque être vivant,
qu’il soit animal ou végétal, et des effets
qu’exercent sur lui les forces de vie.
Ai
F RANCE
DU CONCRET EN GIRONDE...
A partir de 2007, jbi pris spécfiquement
en charge la partie viticole en tant que
Conseiller Viticole Bio et chargé d’expéri
mentation Viticole Bio au sein de la Cham
bre dAgriculture de la Gironde. Ma mission
consiste à informer les viticulteurs et à les
assister dans leur projet de conversion. J’ex
plique les orientations pour eux et leur en
treprise, leur implication, les modifications
des pratiques viticoles, le gros travail des
sols, les produits utilisables, la protection
«
phytosanitaire, les investissements par rap
port à leur situation actuelle, les modali
tés administratives, les aides possibles, puis
les accompagner au niveau technique sur
3 ans, avec pour objectif la certification
et la possibilité d’apposer sur l’étiquette le
logo français AB. Nous avons plus de 358
viticulteurs déclarés en 2010 en Gironde.
Si l’on prend le vignoble bordelais (117.500
ha chiffre CIVB), la superficie en conver
sion était de 2.782 hectares en 2008, de
4.086 hectares en 2009, et plus de 5000
en 2010. Les régions Aquitaine et Midi
Pyrénées, Provence-Alpes-Côte d’Azur et
Languedoc-Roussillon figurent dans lepe
loton de tête. Le projet ORWINE, un pro
jet européen pour la vinification bio
n’éxcluant pas les cahiers des charges pri
vés, na pas vu le jour en 2010 comme an
noncé, car quelques pays n’ont pas admis
certaines limites contraignantes.»
Propos recueillis auprès d’Etienne Lavau
Chambre d’Agriculture de la Gironde.
—•
PLUS D’EXPLICATIONS ENCORE
DANS LA DÉMARCHE PERSONNELLE DE PASSIONNÉS:
DE LA LUTTE RAISONNÉE
AU RAISONNABLE...
Jean-Miche! BAUDET, propriétaire du Château Mon
conseil-Gazin en appellation Blaye-Côtes de Bor
deaux et Président de l’Union des Côtes de Bordeaux.
‘<Les 42 hectares de vignes du Château Monconseil-Gazin sont
conduits en agriculture raisonnée. Nous avons voulu une dé
marche environnementale pragmatique et, donc, avons signé la
charte Terra Vitis depuis 2004. L’objectif est de diminuer les in
trants, les produits phytosanitaires, et d’augmenter la qualité tout
en préservant l’ènvironnement. Ceci sans accroître les prix de
revient, respectant ainsi le consommateur en matière de rapport
prix/qualité. Nous avons une approche plus progressiste en
prêtant attention à tous les aspects, de la plantation à la mise en
bouteilles. Nous recherchons un développement durable de la
propriété en termes écologiques et économiques. L’analyse des
sols, les modes de culture, les traitements autorisés et contrôlés
sont pris en compte. Les audits internes et externes permettent
de maîtriser les interventions et les produits utilisés. Rien n’est
fait systématiquement: nous réfléchissons en permanence dans
l’optique d’élaborer un très bon vin. Je me prétends entrepreneur
évoluqf et non dogmatique ». Pour le raisonnement de notre
viticulture, les aspects sociaux, la formation, la sécurité de nos
salariés, les contrôles techniques vont dans le sens du Grenelle
2 imposé par le Ministère de l’Agriculture. La charte Terra Vitis
permet d’aboutir à un produit de haute qualité, éco-responsa
bic, et d’apposer le logo sur l’étiquette qui peut être un atout coin
Inercial et de communication. Nous avons plus d’échos à l’étranger
-notamment en Suède et aux Pays-Bas qu’én France, où le sigle
est peu connu. Les cavistes et professionnels sont assez sensibi
lisés. C’est un plus pour nos vins. Je pense que nous sommes
cohérents pour entrer dans l’univers qualitatif des nouvelles
normes environnementales HVE mises en place par le gouver
nement en 2011. »
wvw.vignobles-michel-bauciet.com
-
L
F RANCE
Emilie Roullé, ingénieur agronome et oenologue
pour les vignobles Marie-Laure Lurton en
appellation Margaux, Moulis et Haut-Médoc.
«Sur les trois propriétés, nous pratiquons une agriculture res
pectant en tous points le cahier des charges Terra Vitis. Une
charte qui intègre l’ensemble de la production en tenant compte
de l’environnement et du développement durable. Cela per
met d’aller plus loin dans la démarche avec des restrictions
raisonnées sur le terrain. En sachant qu’avec le Grenelle 2 mis
en place par le gouvernement, nous nous orientons vers une
agriculture à Haute Valeur Environnementale. Nous n’avons
pas d’informations détaillées, mais nous savons qu’il y aura
plusieurs niveaux définis par le Ministère de l’Agriculture. Par
le respect et le suivi de la charte Terra Vitis, les trois proprié
tés de Marie-Laure Lurton seront parmi les bons élèves. Lbb
servation régulière du vignoble permet de prendre les décisions
pour la vigne dans son milieu. Le cadre de l’exploitation est
important pour préserver la biodiversité, l’environnement et les
auxiliaires, comme faune, flore. Prenons l’exemple des abeilles
qui viennent s’installer dans nos vignes : un signe de «bien-être»...
Nous avons contacté un apiculteur pour envisager le dévelop
pement des ruches sur une des propriétés. Nous cherchons à
valoriser l’écosystème, avec des exploitations envisagées dans
un environnement global où le volet social est très important.
L’équipe doit être impliquée, avec des formations ‘et des infor
mations pratiques et concrètes. Nous avons même réalisé un audit
de développement durable pour aller encore plus loin dans notre
Erwan FLAGEUL, propriétaire du
Château Brillette en appellation
Moulis et Hervé DIEZ, Directeur
Technique.
Notre terroir est une interaction entre le cli
mat que l’on subit, la géologie, les sols de graves
de Château Brillette et la topographie : une col
line. Nous avons réalisé une étude de sol de la
propriété pour mieux appréhender les diffé
rentes zones dans la globalité du domaine. Sur
la colline de sols graveleux se trouve le vigno
ble. Sur les sols d’alluvions, plus riches, avec de
l’argile, se situe la forêt. Le premier est cerné
par la seconde qui bloque les masses d’air froid
et minimise la propagation de maladies. Être
isolé par ses bois et ses champs fait de Brillette
une enclave viticole protégée et permet de ré
duire les intrants phytosanitaires de 50 % en 3
ans. Nous suivons notre propre système, plus
que raisonné et proche du bio avec de nom
breux essais sur des parcelles données.
«
FRANCE
Par exemple, nous n’utili
Sons pas les insecticides car
nous pensons qu’il est diffi
cile de connaître les tenants
et aboutissants de chaque
produit. Nous travaillons
les sols afin d’éviter Systé
matiquement les désher
bants. Nous sommes en « ul
tra-raisonné» au printemps
et plutôt bio en été, avec une
remise en question à chaque
millésime. La forêt Suit un
plan de gestion sur 15 ans
avec une société extérieure:
mise en place de haies, d’un
verger, pour conserver
l’équilibre de la propriété
viticole dans un milieu protégé forestier avec faune et flore, et une
réserve de chasse. Dhquipe est sensibilisée au microcosme qui nous
entoure.., voir des lapins, un chevreuil, des fleurs, une grande di
versité dbiseaux concourt à la bonne santé de la vigne et au mo
ral de notre équipe. Dans le même esprit, nous diminuons notre
bilan carbone en réduisant les passages du tracteur dans les vignes
,
en modifiant le format des
cartons d’expédition et le
verre utilisé (réduction de
30 % des matières sèches)...
Nous observons beaucoup
pour conserver l’équilibre,
la biodiversité de la pro
priété et travailler dans un
environnement sain afin
d’obtenir un vin de terroir,
un vin équilibré. Notre ter
roir a une histoire. Nous
voulons le préserver en évi
tant la modélisation et l’en
fermement dans un carcan
classique qui serait, certes,
plus simple à suivre mais
qui ne nous ressemblerait
pas. Avoir une ouverture d’esprit, en mesurant les risques, pour
maîtriser au mieux les incidences de nos décisions et de nos gestes
dans un milieu en équilibre auquel lequel nous devons nous adap
ter pour le faire perdurer. »
www.chateau-brillette.fr
DU RAISONNÉ AU BIO...
Philippe CARILLE, propriétaire du Château
Poupille en Castillon Côtes de Bordeaux.
« Propriétaire du domaine familial, Châtea
u Poupile, depuis 1985,
j’ai travaillé avec pour objectif la certification AB 2004. Actuelle
ment, 10 des 16 hectares en Côtes de Bordeaux Castillon, le reste
en Saint-Emilion, que je possède et travaille sont “labellisés”
en
agriculture bio. Le bio n’empêche en rien de réfléchir sur le côté en
vironnemental, bien au contraire : j’utilise les sarments pour une
chauffe des locaux de la propriété. J’essaie de diminuer mon bilan
carbone et d’être en autonomie énergétique totale: 500 m
2 de pan
rieaux photovoltaïques permettent d’avoir une autonomie totale en
:erme de chauffage et d’électricité. Mais mon principal objecti
f
reste de vinifier des vins bio de qualité. Il faut d’abord élaborer
un
on vin. Ensuite, être bio dans sa tête et sur le terrain avec un tra
vail très raisonné dans les vignes, prenant en compte le cuivre, le
;oufre et les levures indigènes (2,4 kg -voire beaucoup moins- en
0l0 par rapport aux 5 kg autorisés par ha/an, selon les millé
;imes), trois composants permettant de faire des bons vins et des
vins bio en Gironde. Après 25 années de recul et des conditions
cli
natiques plutôt positives excepté en 2007 et 2008, nous investis
ons, mécanisons. Nous nous adaptons et nous constatons que près
le 30 % de viticulteurs en Castillon Côtes de Bordeaux se sont lan
:és dans la conversion bio. Le marché se développe, il faut valori
er et accepter la certification pour rassurer les consommateur
s,
lotamment en Europe du Nord. IJexport représente pour nous près
le 95 % de nos ventes. Les aides à la conversion sont faibles
mais
xistantes, de l’ordre de 350 €/ha et 40 % sur l’investissement to
al. Nous avons un logo garant de notre qualité et face aux norme
s
lu Grenelle 2, de la Pac 2013, le bio sera certainement de nouvea
u
l’actualité. »
-
Château Poupille Vignobles Carille
33350 Sainte-Colombe Tél. : +33 (0)5 57 40 33
04
-
-
FRANGE
LIONEL RAYMOND, Vignobles Raymond en
AOC Bordeaux et Bordeaux Supérieur, sur la
commune de Saint-Laurent-du-Bois (l’un des
plus gros producteurs de bio de France).
La totalité de la propriété familiale compte 180 hectares, dont
142 ha certifiés bio et le reste en conversion. Nous respectons
un cahier des charges européen et QualiFrance, appartenant au
groupe Véritas, qui est notre
organisme certificateur. In
génieur des Arts & Métiers,
avec une expérience dans
le secteur pétrolier, dans le
bois en Amérique du sud,
dans le carton en Espagne,
j’avais envie de devenir en
trepreneur. Mi-mai 2000,
nos voisins vendaient leur
propriété qui, déjà, était en
conversion. Sachant que je
revenais à la propriété, mon
père décida de la rache
ter. L’aventure bio était lan
cée. Nous savions que dans
les dix prochaines années,
nous serions sous le joug
des industriels. Nous avons
tenté le « drop » avec coinme base la qualité du pro
duit, visant une rentabilité
si possible correcte et le dé
veloppement de marché.
Nous avons décidé de ne
pas passer par le négoce
bordelais pour une meil
leure profitabffité. Une par
tie de la production
porterait des étiquettes spé
cifiques de marques pour
la grande distribution, et
l’autre partie 4 entités
Châteaux en AOHC,.. Ap
pellation d’origine Hyper
Contrôlée, si l’on peut dire
plus haut de gamme se
tournerait vers les circuits
traditionnels. Notre gamme
Châteaux (la Garde en Bor
deaux Supérieur, La Joly
en Cadillac-Côtes de Bor
deaux et blanc sec en Saint
Macaire, ainsi que les trois
couleurs en Bordeaux) ne
représente que 20 % du
chiffre d’affaires.
«
-
-
Parallèlement, nous avons une activité de négoce pour nous dé
velopper, avec des vins bio de Bordeaux et de Bergerac. Il me
fallait une capacité de mise en bouteille et des chais de vinifi
2 de bâtiments
cation plus importants. J’ai donc construit 3.600 m
2 de chais de vinification, un quai de charge
de travail, 1.600 m
2 et deux structures recouvertes de panneaux
ment de 540 m
photovoltaïques pour entreposer le matériel et abriter des bu
reaux. Un investissement lourd, mais voulu dans un esprit bio
et une optique de rentabilité. Une opération presque blanche
pour plus de qualité et plus
de performance, afin de
travailler dans de meil
leures conditions et res
pecter les normes de
mandées par les marchés
et les clients qui nous font
confiance. Nous devons
répondre au mieux et ca
pitaliser pour la sortie de
crise. L’avortement de la
Charte de vinification Bio
européenne est regretta
ble. Il faut un cahier des
charges avec des plafonds
de CU (cuivre), des doses
de S02 diminuées et des
levures autorisées cohé
rentes. Lobjectif est d’ar
river â donner des seuils
dans les analyes de nos
vins, pour avoir des argu
ments et être crédibles. En
ce qui nous concerne, nos
raisins sont bio et l’en
semble des lots vinifiés
subit 90 analyses de pes
ticides par an ! Je suis viti
négociant, j’envisage de
robotiser la chaîne d’em
bouteillage et de m’inves
tir personnellement dans
le conseil interprofes
sionnel des vins bio car le
problème des résidus de
ces produits me tient à
coeur et j’aimerais pouvoir
clarifier les choses. »
NB Lionel Raymond vient
de produire un vin bio
Merlot sans soufre ajouté
“L’Authentique de Lagarde”
2010.
www.vignobles
raymond.com
F RANCE
DU BIO
À
LA BIODYNAMIE...
Nicolas Joly et sa fille Virginie, propriétaires
en appellations Coulée de Serrant (monopole
de la famille), Savennières-Roche-aux-Moines
et Savennières.
Depuis 25 ans, je tente de démontrer “contre vents et marées”,
c’est-à-dire contre des intérêts économiques, que le seul moyen
d’exprimer une AOC est de faire vivre le lieu et la relation exis
tant entre la vigne et ses racines (géologie) et ses feuilles (mi
croclimat). Le goût d’un lieu est l’originalité qui a justifié la
création des AOC, L’agriculture moderne utilise des désher
bants qui tuent les sols et des traitements dits “systémiques” re
montant dans la sève, qui troublent la photosynthèse. Ce qui a
induit une industrialisation du travail de cave pour créer arti
ficiellement des goûts dans le
vin, sans quoi le vin issu d’une
telle agriculture serait inven
dable. Combien de consom
mateurs savent que même
dans des grands vins, il y a des
goûts totalement arbitraires
qui n’ont rien à voir avec
l’AOC ? Très peu. C’est du fait
de ces erreurs que les vins se
ressemblent tous. La France
est un des pays les plus riches
en diversités géologique et cli
matique. Au lieu d’enseigner
comment les faire vivre, on
les tue et ensuite, on parfume
le vin en cave d’une manière
tout à fait légale. Le constat
est consternant. Procédé éco
nomiquement très rentable
le goût étant créé au cellier, le
rendement peut être doublé
ou triplé sans risque de dilu
tion. L’agriculture biodyna
mique est la seule à ce jour
qui intensifie la vie d’un cep
et d’un lieu au point d’éviter
toute technologie en cave. C’est
le retour à la vérité du goût
des AOC et à la puissance viticole de la France dans le monde.
Un vin n’est pas bon uniquement parce qu’il est en biodynamie.
Cette méthode, c’est l’amélioration d’une sorte d’acoustique dont
la vigne se nourrit par la vie du sol et par le climat. 11 faut bien
sûr qu’elle soit bien utilisée, que le cépage soit bien né et
adapté au lieu, que ce lieu soit un véritable terroir. Le proprié
Uirc doit agir comme un chef d’orchestre et ne jamais se subs
tituer aux musiciens que sont le climat, les vignes, le paysage,
les animaux justement choisis... L’agriculture redeviendra un
art quand on comprendra les forces qui convertissent un bour
geon en branches, feuilles et fruits. La matière n’est faite que
d’atomes en mouvement permanent, ce que les asiatiques nom
maient « vibration ». C’est par une bonne utilisation de ce monde
vibratoire que l’on créé un grand vin. Il n’y a rien à acheter, sim
plement des règles à respecter et de l’enthousiasme à apporter.
L’homme, par ses pensées et ses forces de coeur, est un émet
teur. C’est un peu ce que l’on appelait “la main verte” ou le «green
thumb» en anglais (pouce vert). En conventionnel, un viticul
teur dépense entre 1.200 et 1.500 euros par hectare et par an en
produits: c’est un beau marché. En biodynamie, on peut dire
à la louche que ce que l’on économise en produits phytosani
taires est dépensé en main-d’oeuvre. Mais c’est très incomplet
car la clef économique véritable, dont on ne parle jamais, est le
rendement. Quand on entend quelqu’un dire que la biodyna
mie coûte très cher, il faut traduire : j’avais des gros rende
ments que la nature ne peut pas donner sans artifices et je suis
obligé de les réduire si je veux faire de la biodynamie et sup
primer la technologie au cellier. Les clefs de la rentabilité ont
été une productivité doublée, triplée (parfois plus) et une
-
-
j.”.
.
.-
b’
IL
chirurgie esthétique de plus en plus intense au cellier. En fait,
ce qui est en cause c’est tout un système d’enseignement as
servi aux lois économiques, qui a présenté une oenologie mas
sive de cave comme le must le plus absolu ! Et la presse en a été
complice. On ne parle jamais de l’être de la vigne, des lois se
crètes qui lui permettent d’être elle-même et d’exprimer un lieu
à sa manière. Le client est las des «faux bons goûts» sans typi
Cité de terroir qui ont envahi trop de vins d’AOC. L’auth
enti
cité des saveurs est le nouveau marché des vrais amateurs et là,
beaucoup de viticulteurs souvent peu connus prennent une
place que leur déontologie, souvent considérée dans le passé
comme désuète, justifie pleinement: le marché change. »
-
-
www.coulee-de-serrant.com
F RANCE
Alain Moueix, Propriétaire des
Châteaux Fonroque (SEGCC) et
Mazeyres (Pomerol), membre de
Biodyvin et Président de 1’AGCCSE
«L’agriculture biologique, qui prend en compte
l’eau et la terre, se révèle meilleure que l’agricul
ture classique. Depuis 2002, je voulais aller plus
loin dans la démarche et considérer les quatre élé
ments qui sont l’eau, l’air, la terre, et le feu: faire
mes propres composts, retravailler les sols pour
retrouver l’équilibre dans la culture de la vigne et
recréer le lien entre plante et astres. Je voulais pas
ser d’une certaine horizontalité (terre) des vins
en bio à la verticalité des vins en biodynarnie. Re
donner du relief à mes vins. Les maladies de la
vigne sont liées à l’eau. En bio, il faut savoir gé
rer l’apport du cuivre comme un oligo-élément
et non comme un métal lourd en surdosage, si
non l’effet inverse se produit. Le maître mot en
biodynamie est « l’harmonie » entre une plante
et un sol, et les gens qui les cultivent. Le facteur
humain est prépondérant. Dans nos sociétés oc
cidentales, on a tendance à placer l’homme au
centre de tout. Dans les sociétés orientales,
l’homme est un élément de la nature et il doit lbb
server pour la comprendre et l’interpréter avec ses
sens, voire son intuition. Puis réagir et utiliser les
méthodes douces, rééquilibrer les choses pour at
teindre l’harmonie. C’est une quête permanente.
La science a beaucoup évolué, les fondamentaux
aussi. II est dommage qu’avec les connaissances
scientifiques actuelles, nous n’essayions pas d’ac
cepter que la dimension énergétique de ce qui
nous entoure est essentielle. Le jour où la re
cherche fondamentale se penchera sur la biody
namie, elle ira beaucoup plus loin que nos
connaissances actuelles. Mais il existe un certain
obscurantisme. Certes, l’économie en produit phy
tosanitaire est palpable, le coût en main-d’oeuvre
est plus élevé (plus de temps, plus de passage, un
travail de prophylaxie, une capacité de force de
frappe...). La motivation de l’équipe est indis
pensable. On regarde, on observe, on s’im
plique: en oubliant les habitudes pour redonner
un sens aux tâches, le scepticisme disparaît vite,
le métier devient plus compliqué mais plus in
téressant et moins nocif pour la santé.
L’avortement du texte européen est dommagea
ble et donne à ceux qui critiquent le bio des armes
3upplémentaires. Pour nous en biodynamie, la
charte de vinification va déjà plus loin. Avec Bio
dyvin, rien n’est autorisé dans la vinification, ex
cepté du soufre à moins de 50 % de la dose au
torisée en culture traditionnelle.»
Www.chateaufonroque.com
Www.mazeyres.com
N C. V
Emmanuel CAZES,
propriétaire du Domaine
CAZES, en Roussillon
« A la suite d’une réflexion entamée dans
les années 90, du constat d’un appau
vrissement des sols, de maladies difficiles
à éradiquer, la biodynamie nous inté
ressait. Il était impératif de passer par le
bio pour pouvoir travailler ensuite en bio
dynamie. 30 hectares tous les 5 ans ont
été convertis en bio, puis en biodynamie,
à partir de 1997. Depuis 2005, tous nos
vins, issus des 190 hectares, sont certifiés
AB, Biodyvin et contrôlés par Ecocert.
Nous ajoutons une petite pastille sur nos
bouteilles pour indiquer notre démarche.
Les composts, les tisanes, les préparas et
le travail de la terre en biodynamie ont
permis de redonner vie au sol et à l’envi
ronnement du pied de vigne. Nous utili
sons moins de 200 g de cuivre par hectare,
car la vigne en conversion bio développe
une meilleure résistance et nous maîtri
sons mieux les méthodes de travail. Bien
évidemment, nous utilisons un peu de
soufre contre lbïdiurn, mais le souci ac
tuel dans notre région du Roussillon est
plutôt la pression du ver de grappe. Cela
nous oblige à combiner plusieurs mé
thodes naturelles car aucune n’est vrai
ment la solution miracle. Nous réalisons
de plus en plus de sélection massale en
trant dans la logique biodynamique et
paysanne, non pas avec un esprit écolo
ou marketing, mais pour la diversité des
ceps sur une même parcelle qui permet
de donner davantage de caractère, de per
sonnalité à nos vins. Nous avons aussi un
partenariat avec une association orni
thologique de la région et dénombrons
plus de 60 nichoirs sur la propriété une
solution contre les insectes. Nous avons
replanté des bosquets pour développer
faune et flore, afin que que la nature re
prenne peu à peu ses droits. Bio, biody
namie, biodiversité sont trois mots liés
entre eux. Ce n’est que du bon sens. Nous
travaillons par anticipation, réflexion, ob
servation. Je suis politiquement actif au
niveau des instances bio de la région.
Agriculteurs et viticulteurs parlent des
mêmes problèmes sur le terrain, mais sur
tout du plaisir qu’ils ont à travailler de la
sorte et dans cet esprit. Sur le domaine,
nous avons ouvert un restaurant servant
des produits bio et locaux. Nous avons
obtenu un prix national de loenotou
risme en 2010 et cherchons à développer
des produits « liant de gamme ». Nous
avons aussi un projet avec des caves coo
pératives travaillant en bio, dont nous
pourrions suivre la vinification pour étoffer
notre gamme dans des régions différentes,
en mettant en synergie le groupe Advini
(Jeanjean) et notre expérience bio.
J’ai suivi le dossier bio au niveau euro
péen, qui hélas a été réfuté. Le bio a changé
les pratiques dans la vigne. Le dossier eu
ropéen précisait des normes de vinifica
tion pour élaborer des vins de bonne
qualité sans mesures correctives à partir
d’un bon raisin bio. Cela permettait de
freiner les ardeurs de certains qui vien
nent au bio par opportunisme et non par
conviction. tarrivée d’un cahier des charges
européen n’aurait rien changé pour nous.
Nous maîtrisons aussi la vinification
bio par le suivi de nombreuses chartes
privées. »
www.cazes-rivesaltes.com
DANS L’ESPRIT DU DERNIER GRENELLE, L’ENGAGEMENT HAUTE QUALITÉ ENVIRONNEMENTALE..
CHÂTEAU BARDE-HAUT
Saint-Emilion Grand Cru
Vous partez découvrir l’appellation Saint-Emi
lion sur la commune de Saint-Christophe-des
Bardes par la voie classique, la D243 ? Détournez
votre chemin en prenant la route vers Troplong
Mondot: vous découvrirez aux détours des vi
rages le Château Barde-Haut, un Saint-Emi
lion Grand Cru de 17 hectares. Son bâtiment
ultramoderne s’intègre dans le paysage. Sa phi
losophie repose sur le durable et l’environne
mental: dans cette perspective, il vous faut aller
plus loin pour comprendre.
Dans ce paysage contrasté, vallonné, étonnant
et d’une quietude enivrante, vous allez à la ren
contre d’un esprit de famille : celle des Gar
cm. Vous les connaissez sur l’appellation
Pessac-Léognan, avec le Château Haut-Bergey
où Sylviane Garcin-Cathiard n’a eu de cesse de
F RA N CE
Depuis ce socle solide du Château Haut-Bergey, la fa
mifie a développé son savoir-faire à Pomerol, au Clos l’Eglise
et, en 2000, son savoir-être au Château Barde-Haut.
Uentreprise familiale qui regroupe Gaston, Sylviane, Hé
lène, leur fille, et Patrice leur gendre, s’est entourée des
plus pertinentes et compétentes personnalités dans le do
maine des sols, des techniques, des pratiques environne
mentales pour comprendre ses propriétés en fonction de
sa conviction. Le pas a été franchi au Château Barde-Haut,
dans l’univers proche des normes Haute Qualité Envi
ronneinentale, d’après le Grenelle 2. Challenges et inves
tissements non négligeables... Le projet a pris forme avec
le concours des architectes Jean Bernard et Jérémy Nadau.
L’introspection du site, les caractéristiques ontologiques,
le suivi au plus près des normes HQE ont orienté la ré
flexion à partir de bâtiments vétustes pour la construction
de deux volumes. D’une part les ateliers, couverts d’une
toiture végétalisée, et d’autre part les cuviers et la salle de
réception se glissent au creux du vide laissé par les édifices
de pierre. Le contemporain se mêle à la mémoire du site
l’acier Corten se patine au gré du climat et côtoie la roche
calcaire, richesse du lieu et du terroir. L’esthétique des bâ
timents suit la qualité technique des installations la par
tie semi-enterrée présente une inertie thermique naturelle,
,
Les vignobles Garcin
Pomerol Clos ‘Eglise
Pessac-Léognan Châteaux Branon et Haut-Bergey
Poesia, Clos des Andes et Pasodoble:
suivis par Patrice et Hélène en Argentine
www.vignoblesgarcin.com
une éolienne alimente les éclairages extérieurs,
des puits canadiens creusés le long des construc
tions permettent de réduire les amplitudes
thermiques du chai et du cuvier. Des pompes
à chaleur, selon la demande énergétiqu& ré
gulent l’air chaud ou froid du process. La toi
ture végétalisée renforce l’isolation et l’eau de
pluie est récupérée. Outil design, performant,
respectueux de l’environnement dans l’esprit
du Grenelle et de celui de la famille. Un in
vestissement lourd, certes, mais les Garcin,
impliqués depuis de nombreuses années dans
la biodiversité et la lutte raisonnée se sont
donné un challenge un bilan énergétique et
écologique sans commune mesure.
ACTIONS COLLECTIVES...
Biodiversité.., la juridiction de Saint- Emilion, classée au Patrimoine
Mondial de l’UNESCO, représente un équilibre fragile entre élé
ments patrimoniaux, paysagers et environnementaux. Il fallait va
loriser et protéger ce territoire. Ainsi, le Conseil des Vins de Saint
Emilion, les comnmnes de la Juridiction de Saint-Emilion, les com
munes de Lussac et Puisseguin et la ville de Libourne ont mis en
place un projet « paysage et biodiversité ». L’agronomie (diminution
des pesticides, augmentation de la qualité de la production viti
cole), l’écologie (biodiversité), le paysage (protection du patrimoine)
et le côté socio-économique (la qualité de’vie des habitants) ont
été pris en compte. Le projet et la méthodologie ont été initiés dès
2009, puis un comité de pilotage et un comité scientifique et tech
nique ont été créés en 2010 pour la réalisation du diagnostic en
vironnemental et paysage. 2011 verra la mise en place des premières
actions collectives et concrètes.
Remerciements particuliers à J. Fourès, oenologue-consultant et for
mateur à lAgence Vinivitisbio (www.vinivitisbio.fr), Alain Moueix
Membre Biodyvin et propriétaire du Château Fonro que, et Nicolas
Joly pour leurs explications et la vulgarisation du sujet.
Florence Varaine
—
31
FRANCE
ÉCOLE
Règles de vinification Bio à l’étranger:
L’Ecole du Vin et des Terroirs, situéeà Pu
ligny-Montrachet, est une association à
but non lucratif fondée en 2008 par des
personnalités du monde viticole bour
guignon.
Son objectif est de proposer un élargis
sement des connaissances dans le domaine
la vigne et du vin, avec une approche éco
logique, environnementale et humaniste.
Ces sujets sont abordés avec une vision
nouvelle, différente de la vision courante
actuelle, trop mécaniste et trop réductrice.
www.ecolevinterroir.org
• NOP : National Organic Program (US) wwwams.usda.gov/NOP
• Bourgeon Bio Suisse www.bio-suisse.ch
—
—
Règles de vinification Bio en France:
• Charte Vin Bio FNIVAB www.fnivab.org
• Nature & Progrès France et Belgique www.natureetprogres.org
—
—
—
Règles de vinification Bio-Biodynamie en France:
•
•
•
•
Demeter www.bio-dynamie.org
Biodyvin www.biodyvin.com
Bio Cohérence: en 2011 de la FNIVAB*
Chiffres et doc : Agence Bio www.agencebio.org
*
Fédération Nationale Interprofessionnelle des Vins de l’Agriculture Biologique
—
-
LES LOGOS:
Bio
Coh ércncc
I
AGI
BIO LOGIQUE
Label
européen:
AB:
diffusé depuis
juillet 2010.
label créé en 1985
et défini par le Mi
nistère français de
l’Agriculture qui en
est propriétaire.
Bio équitable:
créé en 2002 par l’as
sociation profession
nelle d’entreprises
Bio Partenaire.
NATURE
PROGRES
Bio
Cohérence:
Nature
et Progrès:
la future marque
adoptée par la
FNAB**.
un des plus anciens
labels.
Fédération Nationale d’Agriculture Biologique
LES LIVRES:
Airre
‘..
Clés et
[,
méthodes
pour réussir
sa conversion
en bio
F1RE1
Clés et méthodes
pour réussir
sa conversion en bio
Le vin, la Vigne
et la biodynamie
de Nicolas Joly
d’Aurore Messal
aux éditions Féret
aux éditions
Sang de la terre
Parfois intéressant de se met
tre à la place de, pour mieux
comprendre les choses
Cet
ouvrage permet aux produc
teurs de la filière vitivinicole
daborder les avantages et les
inconvénients existant dans le
domaine pour une conversion
réfléchie vers le bio.
Prix 12,90 € TTC 64 pages
Avant d’échafauder de grandes
théories, lisez le livre de Nico
las Joly sur les principes et fon
dement de la biodynamie. Lors
d’une conférence sur le sujet à
l’INSEEC de Bordeaux en fin
2010, il a convaincu et enthou
siasmé plus d’une centaine d’élèves
en Master spécialisé Vin
Prix: 9 € TTC 190 pages
-
édits photos : Hervé Leèbvre
.
Signe CJair
-
.40
Château de Plaisance
http:/i’www.chateaudeplaisance.oom/fr/domaine/biodynarnique/hiod...
CULTURE NATURELLE
Plaisir au naturel
Histoire & personnalités
La biodynamie : un vin qui respecte la nature
Avec l’avènement du bio sur le marché agroalimentaire, différentes techniques viticoles sont remises au goût du jour. Ainsi
la biodynamie
‘une d’entre-elles. Cette nouvelle approche du vin n’est pas encore très répandue mais elle est pourtant
Culture naturelle
un moyen naturel de penser la viticulture. Retour sur une technique de plus de 80 ans.
Art de vivre
Le vin biodynamique est un vin qui n’utilise pas de produits chimiques de synthèse
au moment de la viticulture. Mais à la différence du la viticulture biologique, celle
biodyuamique respecte des spécificités particulières. En effet pour se prévaloir de
cette appellation, un producteur doit respecter un calendrier planétaire tout en
apportant à ses vignes des soins qui sont basés sur l’utilisation de produits naturels.
UNE TECHNIQUE PARTICULIÈRE PAS TRÈS RÉPANDUE
Pour réaliser un vin biodynamique, il est donc important de respecter plusieurs
éléments clés. Tout d’abord par rapport au sol. Il est important que celui-ci soit
labouré ou enherbé de manière naturelle. Cest-à-dire sans la présence de produits
Zoom bio I biodynamique
• Le vin biologique plus réglementé
• La biodynamie un vin qui
respecte la nature
• Le vin bio ou L’essor de La
viticulture biologique.
chimiques. I) est d’ailleurs préconisé aus producteurs qui utilisent la technique de la
biodynamie d’user de compost ou de fumier naturel.
Mais ces astreintes s’appliquent également au vin biologique. La biodynamie se
démarque toutefois par le respect d’un calendrier planétaire. En d’autres termes,
le producteur de vin biodynamique prend en compte les cycles des planètes et des
astres, Il semblerait que ceux-ci jouent un râle important dans le positionnement des
interventions à apporter à ces productions viticoles.
C’est Rudolf Steiner (un scientifique autrichieni qui a été le précurseur de cette
technique dans len années 1920. Cette méthode empirique est parfois contestée pour
son côté jugé plus ésotérique que scientifique. Son but était de proposer une approche globale de l’agriculture qui prendrait en
compte le respect du sol, de la biodiversité et de l’influence des autres.
Aujourd’hui, cette technique n’est plus qu’une simple nvithodologie. elle est en effet devenue un art de cultiver le vin.
Malheureusement, le pourcentage d’agriculteurs qui utilisent la biodynamie n’excède pas les 10%.
Le vin issu de la culture biodynamique est labellisé. Cela veut dire qu’il respecte minutieusement le cahier des charges spécifique
à la biodynamie. En France, il existe deux labels: le Demeter et le Biodyvin.
Mais la grande majorité des producteurs de vins biodynamiques ne veulent pas apposer ces labels sur leurs bouteilles pour diverses
raisons. La plus répandue étant le fait qu’ils sont contre le marketing qui s’articule autour de ce type de certification.
OÙ TROUVER
NOS VINS?
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Le Château de Plaisance en un coup d’oeil
Patricia & Guy Rochais
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49 190 Rocliefort-SurLoire
Tél. : •33 (01241 783301
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07’l 1:2011 12:01
Vindicateur, La biodynamie? ‘Au début on rigole, on se moque”
http://www.vindicateur.fr/3 144-La-biodyna.mie-----Au-debut-on-rigo...
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Édito
Portraits
La biodynamie? “Au début on rigole, on se
moque”
Dég u stations
Design Techno
Politique Économie
Cuisine Accords
—
—
II y a encore 10 ou 15 ans, la biodynamie était considérée,
au mieux, avec un petit sourire condescendant ; au pire,
comme une idéologie sectaire, nuisible. Les pratiquants de
cette méthode culturale sont en effet d’abord passés pour
un ramassis d’illuminés. Mais, certifications officielles et
critiques bienveillantes aidant, la biodynamie a désormais
pignon sur rue. Censément plus précise que l’agriculture
biologique, moins risquée que les vins strictement naturels,
elle connaît l’apothéose en 2007, avec sa mise en oeuvre
au Domaine de la Romanée-Conti. Mais ce succès n’a pas
été tout seul. Deux vignerons, Olivier Humbrecht et Nicolas
Joly, biodynamistes convaincus de longue date, reviennent
sur cette évolution.
-
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Des critiques persistent (et signent>
Rappelons d’abord que la biodynamie repose sur des
postulats dont une partie, au moins, n’a pas de fondement
scientifique avéré. Ainsi, l’influence de la position des astres
sur les cycles de la vigne. Ou encore les préparations
spécifiques, poudres minérales répandues à des doses
infinitésimales et autres bouses vivifiantes enterrées dans
des cornes de vache... D’où que des critiques, souvent
légitimes, persistent sur tel ou tel aspect de la méthode.
Sans parler de celles formulées à l’égard de Rudolph Steiner
théoricien controversé de la biodynamie.
Mais, d’une manière générale, les bienfaits de la biodynamie
sont reconnus ; et la qualité des vins qui en sont issus,
attestée. On n’explique pas tout, mais c’est bon. Souvent
meilleur. Parce que le travail est soigné, l’attention
constante. Alors si quelques passages du programme restent
un peu flous, poétiques ou bizarres, on n’y attache pas trop
d’importance. D’ailleurs, la biodynamie est indifféremment
(?) pratiquée par des vignerons “naturels” et par des
I sur 3
20/06/2012 14:23
Vindicateur, La biodynamie 7 “Au debut on rigole, on se moque”
http://www.vindicateur.fr/3 144-La-biodynamie
casseurs de vins naturels (Michel Chapoutier en
plus récemment Nicolas Joly lui-même).
Au-debut-on-rigo..
tête, et
Extrémisme viticole?
Non, la biodynamie n’est plus extrême, radicale ou délirante.
Empirique à bien des égards, elle relève toujours de
l’hypothèse, mais est largement respectée. De fait,
l’extrémisme viticole se situerait plutôt aujourd’hui du côté
des vins naturels. Ces vins sans rien d’ôté ni d’ajouté (ou
presque). Des vins qui, selon leurs détracteurs, visent le
vinaigre et vont finir dans la Seine (parce qu’en France ces
sales-bobos-de-parigots
en
seraient
les
principaux
consommateurs). Des vins qui, selon leurs supporters, sont
plus sains, authentiques et ne font pas mal à la tête. Autre
extrême du vin (il en faut toujours deux) le vin industriel,
productiviste, pisseur de vignes, peu regardant sur ce qu’il
contient... Et la biodynamie, où en est-elle, comment est-elle
perçue ? La parole à ceux qui la font.
Olivier H umbrecht (Domaine Zind-l-fumbrecht)
“Le cheminement du grand public est à peu près identique à
celui de ce vigneron conventionnel, propriétaire d’une
parcelle voisine à la nôtre
au début on rigole, on se
moque, on critique les coûts de production et la quantité
de travail, en disant que ce n’est pas soutenable. Après on
pose des questions, plus pertinentes, on demande où on e
trouvé tel ou tel matériel, on commence à faire des essais
timides, et, un jour, le fils, ayant l’esprit un peu plus ouvert,
vient vous voir pour vous demander des conseils et des
adresses pour la certification bio, puis bio-dynamique. Le
consommateur e évolué un peu de la même façon I”
“Un vigneron en bio.dynamie n’est pas capable
d’expliquer toute la démarche avec un langage
scientifique. Cela peut irriter certaines personnes, voire
les offusque mais force est de dire qu’aujourd’hui, et
comme cela devrait toujours être, le résultat est observable
dans les sols et sur le végétal, et aussi dans les vins. Il est
vrai que cela est peut-être encore considéré comme une
démarche élitiste, car on ne trouve pas de vïns en
blo-dynamie en dessous d’un certain prix, mais souvent
l’augmentation du prix est plus liée à l’effort qualitatif
(baisse des rendements, main d’oeuvre plus importante...)
qu’à la méthode elle-même. Le consommateur de vin,
produit issu d’un terroir et réalisé par un homme dans un
contexte culturel, est aujourd’hui très ouvert à l’approche
bio-dynamique car elle capable de révéler au mieux
l’originalité et la personnalité d’un lieu. L’intérêt est qualitatif
et c’est donc un intérêt qui durera dans le temps. L’aspect
respect de l’environnement est aussi important, mais
intéresse peut-être moins le consommateur de produits
transformés. Dans le cas du vin, c’est avant tout la qualité
du produit qui motivera l’acheteur, plus que le bilan
carbone ou l’absence de résidus chimiques. Autrement on
ne boirait presque plus de vins l’
Nicolas JoLy (Coulée de Serrant)
“Depuis 10-15 ans elle avance à tâtons, grâce à son impact
sur le goût. Dans 10-15 ans je la vois comme s’étant
imposée un peu partout, et aussi un peu bradée sur le plan
de sa profondeur. Il ne fait pas de doute qu’elle devient un
marché, et sera de ce fait de plus en plus courtisée. La
biodynamie peut se sous-traiter avec un chèque annuel à
un conseiller. C’est mieux que si elle n’était pas appliquée
du tout, mais moins bien que l’engagement profond d’une
personne qui habite sur le lieu. En fait, quand on entre dans
ce monde qualitatif d’énergies qui prennent corps dans la
matière, un des éléments les plus importants est la
présence, la conscience, la quête d’un homme au service de
sur3
fl!fllÇ/fl1 A.12
http://www.vindicateur.fr/3 144-La-biodynamie
Vindicateur, La biodynamie ? “Au dhut on rigole, on se moque”
Au-debut-on-rigo...
la Terre, qui veut faire parler son lieu. Cela implique
un paysage, des animaux, des
beaucoup de choses
rendements plutôt faibles, des tisanes appropriées, des ceps
bien nés. La biodynamie est la porte ouverte vers une tout
autre approche de l’agriculture. A terme, seuls 10 ou 20%
des pratiquants auront une application profonde de sa
philosophie ; les autres
seulement réglementaire.”
en
auront
une
application
Antonin Iommi-Amunategui
Photo
Quartier Didot
—
Portes de Vanves
©Vindicateur, 06/2012
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consommez avec modérat on
I
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(
3sur3
20106/2012 14:23
L’art de faire du bon vin au rythme de la terre
-
Swisscom
http://www.bl uewin.c h/fr/index.php/ 1721,53 1701 /Lart de faire du...
L’art de faire du bon vin au rythme de la terre
Qu’est-ce que la viticulture biodynamique P Rencontre avec un encaveur valaisan,
fervent défenseur de cette forme de production agricole où l’homme prend la mesure
de l’environnement qui l’entoure,
L’oenologue et maître caviste valaisan, Philippe Dubuis, mène depuis des années une pratique
viticole et vinicole à la fois au service de l’environnement et d’une cave qui u le vent en poupe.
Fervent amoureux du terroir, il poursuit en même temps le rêve dune agriculture en phase avec
la nature.
La viticulture biodynamique
Philippe Oubuis es cumpugnie de taon de ses filles,
caroliee, qui u suivi les traces de sus père.
Photo cave Dubuis h Ruduz
protéger le vivant en le stimulant
Depuis le tournant des annéeu 2000, ce passionné du vin sest converti à la biodynamie. Dans ce
domaine, la transmission orale joue un rôle important et c’est par l’entremise de Nicolas Joly, un
viticulteur français de la Vallée de la Loire, que le vigneron valaiuan a appriu ce savoirfaire si
particulier.
Initiée par Eanthroposophe Rudolf Steiner dans les années 1920, la biodynamie considère toute
exploitation agricole comme un organisme vivant qui réagit avec son environnement. On retrouve
dans cette approche des principes de l’homéopathie, mais appliqués aux plantes. Être à fécoute
des besoins de la vigne requière une bonne connaissance des uubstances actives contenues dans
leu plantes qui servent pour les intrants
-
les lraitements administrés aux vignes.
Plus question donc d’utiliser des produits phytosanitaires, qu’ils soient d’origine organique ou
t’escaveur vulaisue tenueS les photos des deus ânes
avec lesquels il travuilleru lu vigne ces prochaines
ueeées.
Photo cuve Dubuis h Ruduz
chimique. C’est d’ailleurs la principale différence entre le biologique et le biodynamique. Cette
dernière pratique comporte en outre des aspects plus ésotériques les traitements agricoles à
base de matières végétales, minérales ou animales sont élaborés en fonction de l’observation des
cycles lunaires et des constellations. Ce discours pseudo-scientifique vaut à la biodynamie et à ses
adeptes bien deu sarcasmes, mais les bons résultats en terme de qualité des produits parlent d’eux-mêmes.
Si l’agriculture biodynamique peut paraître à bien des égards surprenante, elle n’empêche pas Savoir les pieds bien sur terre et se
démarque de l’agriculture intensive par la philosophie de vie qu’elle véhicule. La démarche a pour but de créer un équilibre entre la
plante et son environnement. Comme l’indique Philippe Dubuis
«
en culture conventionnelle, on protège la plante par des produits,
alors qu’en biodynamie, on stimule la plante pour qu’elle apprenne à se défendre
Philippo Dubuis croit au développement durable et au respect de la terre. Ecologiste, mais pas extrémiste pour autant, il explique
vous pouvez utiliser n’importe quelle poudre de perlimpinpin. Si le sol a été surexploité, la vigne n’arrivera pas à se protéger, Donc
pour commencer, on doit rééquilibrer les sols, les revitaliser
jamais rien de très bon quand on va trop vite
‘.,
et d’ajouter
«
le processus de la terre est un processus lent. On ne fait
-‘
Parmi les mesures naturelles employées pour redonner de la vigueur aux sols, le viticulteur mélange de la bouse de vache et de la
corne, qu’il enterre à des endroits précis correspondant à des points d’énergie terrestre. S’il n’évite pas les boutades, il ne les craint pas.
Pour lui, il n’a rien d’un sorcier du village
pour trouver ces lieux particuliers, l’ohmmètre a depuis longtemps remplacé la baguette de
sourcier.
Entre modernité et techniques agricoles anciennes
une cave à la pointe du progrès
Dernièrement, l’encaveur valaisan a acheté un couple d’ânes, Hadès et Gaïa. Après deux à trois ans de dressage, les deux quadrupèdes
seront prêts pour le travail. La réintroduction de la charrue et de la griffe tirées par des animaux est une mesure que Philippo Dubuis
qualifie de progrés. Même si le travail sera plus rude, cette technique permet d’éviter le tassement des sols avec leu machines et de
préserver les plantes des gaz d’échappement, une approche également employée pour le débardage forestier.
Persuadé qu’il faut réduire notre dépendance aux hydrocarbures, l’encaveur sefforce de rendre son exploitation la plus douce possible
pour l’environnement. Lannée dernière, la cave a été agrandie en appliquant des principes d’efficacité énergétique.
un
système de
régulation de la température des cuves pendant la fermentation a été installé permettant des économies d’eau importantes. A 90 cts le
m3 d’eau dès la fin 2012, l’installation sera rentabilisée en 7 ans et demi. Veau chaude produite en retour est donnée à une station de
lavage de voitures du voisinage, dont le patron s’approvisionne en vin chez rencaveur.
un
accord à la valaisanne qui satisfait tout le
monde. Enfin, dernière mesure en cours, des panneaux solaires seront posés sur le toit de la cave et une partie du courant produit sera
redistribuée dans le réseau.
En Valais, le message de Philippe Dubuis est pris au sérieux, même s’il fait peu d’émules, Les gens hésitent face à l’originalité de sa
démarche, Quant eux mauvaises langues, elles ne trouvent rien à redire face aux bons résultats de la cave. En 2011, au concours
valaisan de flnterprofession de la Vigne et du Vin, deux de ses vins ont obtenu la médaille d’or et trois l’argent. Sur le plan national, un
cru s’est classé troisième au Grand Prix du Vin Suisse dans la catégorie mono-cépage blanc pur.
(os)
I sur 2
21/0312012 16:37
Les nouveaux” vins bio” seront-ils naturels 7 Bioaddict
http://www.bioaddict.fr/article/les-nouveaux-vins-bio-seront-ils-natu.,.
-
Des pestrcides même dans te vin
Quels Vins allons-nous trouver derrière la nouvelle appellation “Vin biologique” qui va
remplacer l’appellation Vin issu de raisins de l’agriculture biologique “sur les
étiquettes à partir d’août 2012?
Les épicuriens sont encore nombreun à penser qu’en achetant une
bonne bouteille de vin bio “ils vont se faire un grand plaisir en buvant
un bon jus naturel de la treifle. Mais ils ignorent bien souvent que seul le
raisin qui a servi à fabdquer le nectar est bio, (mais c’est déjà beaucoup
par rapport sas vins conventionnels qui contiennent, entre autres, pleins
de pesticides), et que fa vinificatIon, elle, ne l’est pas encore. C’est
d’ailleurs pourquoi sur les étiquettes actuelles des bouteilles dv vin ne
figure que ta mention vin issu de raisins de Vagyicullsre biologique
DONNEZ VOTRE AVIS
67 PERSONN2S, ,L,uEilT CET
G7
ARTICLE
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7
•ht
Les nouveaaa “vins bio “seront-ils
naturels
Les “vins bio seront 100% bio à
partir de la récolte 2012
“
—t’•J
—
-e’
2.
A découvrir: le Guide des
signerons bio de Rhône-Alpes
2012
Mais ceta va changer à partir d’août 2012. Le nouveau cahier des
chargçpdesrrirsyp)qtpgiayyqs publié au Journal Officiel de l’Union
européenne te 9 mars 2012, et qui sera applicable à partir du 1er
août 2012, exigera que tes raisins et ta vinitication soient bio pour
obtenir te label Vin Bio
“
Nous voilà donc s pdon rassurés. Le nouveau Vin bio va être de
meilleure qualité. Mais à y regarder de plus près on s’aperçoit que la
règlemenlarion sa encore autoriser de nombreuses substances
chimiques et techniques oenologiques.., pas très naturelles.
“
info
Les produits et techniques interdite
dans les vine bio trançais et
européens.
“
Produits et substances autorisés dans la future vinification bio
“
Non pas pour sous dégoàter, mais pour vous informer, voici ce que tes
producteurs de “Vins bio sont pouvoir continuer à utiliser:
“
Les conditions pour obtenir le label “vin
bio eoropéeen vont être doubles à partir
d’août 2012. Elles porteront non
seulement sur le raisin, lequel devra
toujours être cultivé selon les critères
stricts de l’agriculture bio (AS) qui
notamment interdit les pesticides de
synthèse (herbicides, insecticides, ou
fungicides), elles 00M, mais aussi sur
les pratiques de vinification.
Ainsi seront interdits dans la
production den vins bio
“
-l’acide sorbique un additil alimentaire
antifongique jE200j
et la désulfuraûun par les sulfites (S02)
pendant la fermentation
L’addition de sulfites janliosydants et
stabilisants) resle autorisés dans le vin,
mais leur dosage devra étre infédeur à
100 mg par litre pour le vin rouge (150
mgil pour le vin traditionnel) et 150 mg/l
pour le vin blanc /rosé (200 mg/l pour le
vin traditionnel), avec un différentiel de
30 mg/l lorsque la teneur en sucre
résiduel est supédeurs à 2 g par litre vins
liquoreus(.
Seront esclus de la production de “vin
biologique “les pratiques et procédés
oenologiques modifiant de manière
considérable la corrrpouition du produit,
au point dv pouvoir induire en erreur sur
la véritable nalure du vin biologique:
la concsntrahon par le froid,
ia désalcoolisation,
l’élimination de l’anhydride suif ureun par
des procédés physiques,
l’éleclrodialyse
et l’utilisation d’échangeurs de cations
-
-
-
-
-
-
-
-
SUR LE MÊME THÈME
• l’azote (gaz)
• l’anhydride carbonique et l’argon j gaz) pour créer une atmosphère
inerte et manipuler le moût y l’abri de l’air
• feu levures bislogiqaes pour la fermentation
• lv phosphate diammonique et le chlorhydrate de thiamine pour tavnriser
lv développement des levures
• le charbon activé pour décolorer le vin
• la gélatine alimentaire, la colle de poisson, l’osalbumine, la caséine, le
caséinate de potassium, le diosyde de silicium, la bentonite, les
enzymes pecrolyliques, l’atginale de potassium, et lv sulfate de calcium
pour lv clarifier
• des tanins pour l’endchir
• l’acide lactique et l’acide Lj÷j tartdquv pour l’acidifier
• l’acide Lj-r-j tartrique, le carbonate de calcium, le tartrate neutre de
potassium, le bicarbonate de potassium pour le désacidifier
• des bactéries laclïques pour améliorer la fermentation du moût
• l’acide L-ascorbique et l’acide citrique, l’scfde métstarlrique. la gomme
d’acacia (gomma arabique), le bitarrratv de potassium, pour le stabiliser
• lv Citrate et lv sulfate de cuivre pour éliminer le mauvais goût ou les
mauvaises odeurs ljusqu’au 31 iuillet 2015 uniquement)
• des morceaus dv bois de chénv pour endchir le goût et i5 couleur
• et enfin l’anhydride salfureus jSO2j, lv bisulfite de potassium ou
métabisulfife dv potassium j sulfites) pour le conserver Certes les
doses en sulfites seront abaissées )manimum 1 OOmg/l pour les vins
rouges au lieu dv 160 mg/l pour les vins conventionnels), et lSOmgfl
pour les vins blancs et rosés (au lieu de 200mg/l) mais il y en aura donc
toujours dans les “vins bio y compris dans les vins liquoreun qui sont
ceus qui en contiennent le plus.
‘,
Bien entendu ces différents ingrédients devront provenir de matières
premières d’originv biologique..,
mais seulement “si ailes sont
disponibles”.
Enfin, pour formater lv vin, afin que leu consommateurs retrousenl
foulours le mèmv produit, les coupages seront possibles : mélanges de
jus et de moûts dv différentes provenances vide différentes vadétés de
vignes, de différentes années, dv différentes catégories de jus et dv
moûts...
Techniques autorisées
Et cv n’est pas tout. qjors qu’elles peuvent influer sur certaines
csractéristoues vssenlie,les cvs nroduls b’slog.quvs, d,fférentes
tecbrquvs vont poussi- continuer à étre utilisées, parce qu’
il
n’vsjsterait pas de ssbstitution : truirements thermiques (chauffage du
malt jusqu’à 70 degrés), i’ltrat,on (tous les titres sont autodsésj,
osmose inverse et résines échangesses d’ions.
“
I
•
—
Les s,ns bio” seronr
130% bio b partir de la
récolrv 2012
“
Vins bio : du 100% bio,
sinon rien
V.ns cnnvenûon’rels,
bolngiques et
biucynarniquvv : qsvlvs
différences dans les méthodes dv
produclon ?
-
j-
3 sur 4
Cela lait rouf da mème beaucoup. On est loin du bon us naturel de la
treille...
Le prix à payer pour des vina bio bons à boire ?
Commvnr espliqser que cette nouvelle règlvmenlation européenne
continue à être si tolérante sur les pratiques cenoiogiques bio ? Esr-ce
le pns à payer pour que le vs bio • sud agréable à boire et ètre
zonsv’sé’ C’eut l’argument habiruellemenr avance. Mais ce n’est pas du
tout i’55,5 de beaucoup dv signerons bio qui produisent des vins bio
sains et de très borne qualité, tour en appliquant déja des règles dv
vinification bren plus vxgeanres déhnies dans la caore des cvarres
comme
pnseas,
charte
la
Fèdéralioc
de
la
Nationale
05/06/2012 12:17
Les nouveaux” vins bio seront-ils naturels ? Bioaddict
-
V
Vins bio quels repères et
quelles garanties?
10 livres pour découvrir
les vins issus de
l’agriculture bio et de ta
biodynamie
http://www.bioaddict.fr/article/les-nouveaux-vins-bio-seront-j1s-na.,
Interprofessionnelle des Vins de I’Agnculture biologique la charte de
Nature et Progrès, la charte Démater qui labetiise les vins en
blodynamie, ta charte Biodyvin du syndicat international des vignerons
en culture biodynamique (SIVCBtJ)...
Etre sélectif
On le voit bien, demère ypp,eIlation
Vin bio
nous allons donc
continuer à trouver, comme c’est le cas aujourd’hui avec les Vins issus
de raisins de l’agriculture biologique , des vins de qualité très
différente. Des vins de terroir, naturels et excellents, étuvés par
des vrais vignerons respectueux de l’environnement, de ta
quatité de leur produits et de ta santé des consommateurs mais
aussi des vins formatés en goût, en odeurs et en couteur par les
industriels qui n’l’résileront pas à utiliser tous tes ingrédients et
techniques autorisés.
,
DOSSIER SPECIAL
Mais il sera impossible pour le consommateur de savoir qui lait quoi, et
de connaître le chemin que va parcourir le nouveau vin bio et les
coups qul aura pris, avant de finir dans notre verre. Les informations
sur les pratiques oenologiques ne seront pas mentionnées, sur les
étiquettes. Et ce qui complique encore la situation c’est que ces
pratiquas peuvent différer énormément d’une parcelle, d’une zone, d’une
région, d’un pays à l’autre, en fonction du terrain, du climat, des
cépages...et de Ihonnéteté des producteurs,..
‘,
VINS ET CHAMPAGNES BIO
NEWS
ascnvez
voire ornait
OK
Alors que taire ? li va falloir devenir très esigeant et très sélectif pour
éviter de boIra n’importe quoi sous le label “Vin bio’.
Enfin, pour ta petite histoire, sachez que leu Etats-Unis, ne commercialiseront pas tes vins bio français et européens sous te
label Vins bios car ils considèrent que la réglementation européenne est encore trop laxiste. I.e cahier des charges
américain pour tes vins biologiques interdit en effet strictement l’ajout de sulfites...
Hervé de Matières
-
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rsdu sec Fnnvbnuk
L
-
Si.LO OJEÇY
944
La biodyname sur écran
RENCONTRE Vignerons au Château Lagarette (33) et cinéastes,
Yvon et Olympe MinvieLLe ont réalisé « L’Esprit du vin », un fiLm militant
CLAUDE PETIT
[email protected]
a signalétique est discrète.
L’églisedeCamblanes-et-Mey
nac (33) sert de repère. Face à
elle, un grand portail ouvert mène
à la belle demeure du XV siècle, le
château Lagarette.
« Parisiens depuis trente ans,
nous rêvions de restaurer une
vieille maison, racontent Yvon et
Olympe Minvielle. Mon père était
viticulteuràQuinsac, celui d’Olym
pe,tonnelieràCréon. Mais nous fai
Sons partie d’une génération à qui
l’onadit : “La vigne, c’est fini ! Faites
des études, partez !“ Je suis devenu
sociologue, Olympe, réalisatrice et
productrice de films documentai
res.»
L
Du vin naturel comme avant
Juste demère la propriété, une villa
gallo-romaine témoigne d’une ac
tivité viticole dès le lll siècle. L’im
posante bâtisse veille sur les 5 hec
tares de vignes qui l’entourent. En
devenant propriétaires, les Mmvielle devenaient de facto vigne
ronsJls ne pouvaient tournerle dos
à la vocation viticole de Lagarette,
déjà citée dans l’édition du Féret de
1868.
«Nousavions unesensibilitééco
loet, dès nos débuts, nous ne retrou
vions pas les méthodes culturales
de notre enfance.On nous disait:”ll
fauttraiter, mettre des prodwtsàla
vigne comme aux chais !“ “Pour
quoi ?“ demandait-on, en nous sou
venantqiion faisaitici dubonvin à
une époque où n’existait pas toute
cette panoplie de chimie. “Parce que
c’est comme ça, nous répondait-on.
Tout le monde le fait !“ »
Won et Olympe résistent, culti
La demeure du XV’, restaurée par Won et Olympe, veille sur tes vignes. PHOTO CLAUDE PETIT/(SUD OUEST
vent en bio. Puis poussent plus loin.
« Ça ne nous suffisait pas. En bio,
quand la vigne a besoin de sels mi
néraux,on lui ajoute des algues bre
tonnes. Avec tout le respect que j’ai
pour les Bretons, je me disais que
ces algues n’avaient rien à faire ici!
Comment faisait-on avant? ta cul
ture en biodynamie permet de re
donner vie aux sols, en observait,
enétantà l’écoute.»
Leur rencontre avec Nicolas Joly
(1) les convainc de rejoindre le
groupe Renaissance des appella
tions, qui rassemble 200 viticul
teurs biodynamistes, dont les plus
réputés :Anne-ClaudeLefiaive,Zind
Humbrecht, Marcel Deiss, Lalou
Bize-Leroy ou, plus près de nous,
Alain Moueix, du château Fonro
que, à Saint-Emilion.
Mondovhioblodynamie
« À la suite du film
“Mondovino”,
l’idée a germé de faire, à travers un
film, connaître et comprendre la
biodynamie, souvent caricaturée
par des discours mystico-ésotéri
ques »,expliqueYvon.
« Nous avons rencontré, au long
de notre périple dans les vignobles
de France, mais aussi en Autriche et
en Espagne, des gens de parcours et
d’horizons différents. Mais qui, tous,
entretiennent un rapport à la na
ture très fort.> Vingt-quatre vigne
rons, un philosophe (Michel Serres),
des journalistes, des oenologues,
dont Michel Rolland, des cher
cheurs et professionnels du vin li
vrent une vision débarrassée du
folklore ((doux dingue» dont on a
souvent affublé ce mode de culture,
qui, pour tous ceux qui s’y livrent,
est aussi un mode de vie.
«Chaque projection est suivie
d’un débat animé par des vigne
rons. On n’imagine pas le monde
que ça intéresse ! », se réjouissent
les auteurs (2).
(1) Célèbre vigneron de la Coulée de Ser
rant, dans la Loire, et emblématique dé
fenseur de la biodynamie.
(2) www.tespritduvin.org et http://cha
teaulagarette.blogspot.com
O:
—
Vin: La vérité sur les productions biologiques
Vin
-
L’Avis du Vin
http://avis-vi n.le fi garo.fr/connaitre-deguster/o2 5986-vin-la-vente-su...
La vérité sur les productions biologiques
Publié le 11/12/2011 par Bernard Burtschy
Photo
www.VinsAlsace.com/F.ZVARDON
J’aime
Envo,er
Taer
14
Certains viticulteurs revendiquent des vins bio, voire naturels. Une part de flou subsiste, mais le système se moralise peu
peu
i
Aujourd’hui, les vins bio sont bien définis. Mais pour être tout à fait clair, il vaut mieux parler de
vins élaborés avec des “raisins issus de l’agriculture biologique”. L’agriculture biologique est
encadrée par un cahier des charges Interdisant les engrais, les produits phytosanitaires de synthèse,
les produits chimiques pesticides, insecticides, fongicides, entre autres. Il faut au moins trois ans
pour qu’un producteur puisse être certifié bio. Pendant ce temps, il est “en conversion” et doit
observer la réglementation sur les produits bio, contrôlée par un organisme certificateur. Ce dernier
inspecte le vignoble au nom des pouvoirs publics et le valide selon les critères des législations
française et européenne. En France, il existe six organismes dédiés. Créé en 1991, Ecocert s’occupe
d’environ 70 % des entreprises françaises et de 30 % dans le monde. Suivent ensuite Qualitè
France, puis Ulase, Agrocert, Aclave et SGS ICS. Le contrôle est annuel. Si environ 5 % des
producteurs français sont bio et 2 % en conversion, une petite fraction d’entre eux suivent les
principes de la culture biodynamique qui cherche à renforcer la vitalité et la résistance de la
vigne à l’aide de préparations naturelles. Moins de 10 % des producteurs en bio sont en
biodynamie, mais ils représentent souvent l’élite de la production française (Dorna’e ca la
Rornanée-Conli en Bougogne, Zind-Humbrecht en Alsace, etc.). Outre le contrôle bio, ils ont leur
propre système réglementaire (Demeter, Biodyvin).
Toutes ces certifications, fort rigoureuses, s’adressent à
la culture du raisin. Rien n’est imposé pour la vinifi
cation, sauf en biodynamie. La Commission
européenne a bien tenté d’encadrer la vinification en
imposant la pasteurisation, ce qui a suscité un tollé. En
effet, il est inutile de protéger les levures fragiles, si elles
sont détruites par la pasteurisation. Lors de la
vinification, les tenants des vins naturels refusent tous
les “intrants”, à commencer par le premier d’entre eux, le soufre. Produit naturel, le soufre est
largement utilisé pour ses propriétés antiseptiques et antioxydantes, mais les organismes
humains le tolèrent plus ou moins. Le vinificateur peut très bien s’en passer avec une hygiène
rigoureuse et le respect de la chaîne du froid.
Vendanges manuelles
Marcel Lapierre, le regretté vigneron de Morgon, divisait sa cuvée en deux “La première moitié ne
subit ni filtration, ni sulfitage. Elle doit être conservée à moins de 14 °C en température. L’autre
moitié est sulfitée raisonnablement, ce qui permet le transport sans précaution particulière. C’est
destiné à ceux qui n’ont pas de cave.” Ainsi traité sans soufre rajouté (la vinification en produit
un peu), le vin est délicieux et sain. Seul problème, l’hygiène n’est pas toujours le souci premier
de oes producteurs souvent iconoclastes. Autre problème sérieux il est tout à fait possible de
produire des vins naturels sans être bio, tout comme les bio n’élaborent pas forcément des vins
racuœ. Sous ce nom se cachent aujourd’hui à la fois de nombreux vins superbes, mais aussi
quelques-uns jaunis, largement oxydés, très uniformes, que certains veulent faire passer pour la
quintessence du naturel. Consciente de ces différences de qualité, l’Association des vins naturels
s’inscrit dans le mouvement bio avec le respect de quelques principes forts comme les vendanges
manuelles, l’utilisation de levures naturelles, l’absence d’intrants et, bien sûr, des niveaux de
soufre très réduits. Ces producteurs présentent leurs vins du 9 au li décembre à Paris. L’occasion de
se faire sa propre opinion sur le sujet.
2
SLIf
3
13/012012 11:51
VITICULTURE
42 ha en biodynamie
“Le y ‘in a b eu ucoup à y gagner”
Sur Leur domaine girondin de Château Couronneau, conduit en bio depuis
1996, Christophe et Bénédicte Piat décident d’expérimenter La biodynamie,
il y a deux ans, sur 2 ha. C’est désormais L’ensemble de leur vignobLe soit
42 ha qui sera mené ainsi.
—
—
U
(tébut,
I’(’Iic(’nl
j’étais
la
hiod quo mie.
Pou,’ moi, (‘(((ll( fliC dé—
fornlation sectaire, plus
(ou rflee ‘‘t’s le (li( ,*‘( im,
plolluuts. Mois qaund nons
(1 vous fti il les premiers es
SE, is, il q (t (ICUJ UnS, Ça (1
(‘t(’ t ncroyis hie... On u u li
l,s’ la bouse de corne sur
des l’iqnes chétives. Il q u
su,’
-
eu
(l(’.s ,(‘Sltl((lt.S pro! iqzlvs
et visibles (‘U quelques
in ois”, ril(’( )flt e (iristophe
Plat. En 2011, il (iecide de
généraliser la pratique (le
la hiodynamk’ aux 42 ha de
son domaine de (‘hàteaii
(‘oit roittit’au
a Ligneux,
en (
ri un ii, à la front lere
(Il’ la Dordogne et du Lot—
et -G aronne. aNous u vous
(leinuri’u-’ la biodjnamie
SU ï 1(1 p01 fi tP (leS pieds, su r
! ho. Forts des ptï’m 1ers
,,suiluts, nous avons déve
!O))pé (i’l J) l’a tique, en .3010,
Su,’ 5 ha .A chaque fois,
nous avons coupé (es par(‘elles eu (l(’fl.l’ u ne moi
tie vo bio et l’autre ,tioi
tiu’ (311 biO(il]n(11ni(, 10)01’
(‘OrflJ)(l “c,:”
Des résuLtats
sur te vin
Le passage à la biodynamie
dans la ilétiiarclw
(‘xI)et’iIIleIllal(’ (k’ Cliii—
teau (‘o1Iro1lln’ii1 (lire en
(‘n(’ad ré>. Et les testiit al s
sont au rendez-vous. “(“es!
phéno In (ifl(ll”, sent 11011—
siasme liril plu’ Piaf. II
est a(’(’Ompagné (lans cet t e
S’itIS(’l’iI
évolut ji,)fl par .Ja(’queS Fou
ri’s, oenologue et vol laho
rateur de Vini Vit is Bio, Lui
lii vo ailk’uis
aussi, (liii
très “terre à te i’,’v”, a éte
(‘Oll\ ailoil de l’intérêt de
la biodynarnie en Oi)Sel’
vant ses résultats... sur le
vin par la dégustation. “La
vigile ,‘éuqit fiés bien è lu
biodynum le”, a fil ritilI
Pnitt’ lui, le vin a tleaIt(’oul)
à
y gagner, var “cette métliod(’
fait replonqer les racines
(le lu VigiI’ (lu J)lUS p,’O
fond”, explique Il r’nologue.
.1 ilsI (‘H 1(’11f côté \ i tilt i(’at i II t,
Christ ophe Mat veut “aile,’
pi us loi n ria uS t ‘e.rpr(3SSIO n
(les goûts (Ils ViflS. La vi
II ijico 11011 en elle—m êIN e, ii
n ‘y u rien (lu” plus facile.
No! ï’ seuil” 1H t(’l’l’efl t ion,
Fort des résultats observés ces deux dernières années, les h2 ha du
domune de Château Couronneau sont cultivés en biodynamie en 2011.
(‘‘(‘SI (t inc le (‘ha U(l et le
,fro Id. Pour le ,‘es te, tau t
(‘5! (1(1115 le raisin”, assure
le viticulteur qui récolte en
moyenne 35 q/ha.
Les incontournabLes
“Le Ii, tUf, ni (‘li lui de la bio—
dyna mie, u”est la bouse de
cornu”, la. silice de (‘orne
et les tisanes”, explique
(‘hrist oplie Piat. (‘es l)rél)a
rations sont en effet incon
I ouniables:t’ lies figurent
dans lu’ cahier des charges
. li l)OUSt’ (le
1
Denwter
corne l)I’e’l)arat ii iii 500
et la silice de corne la 5(11
sont deux préparat ions
biodynamiqiies qui peuvent
être (lécI’iteS comme des
“a mpl tftcu t(’u rs de ,fo ires”,
(lit .Jacques Fourès. 1)e
quelles forces s’agit-il ? Le
cahier des charges I)emeiet’
les d&’rit ainsi “f)u us les
processus de vie, des j’or(’es
nombreuses e! vu,’iées
—
—
—
—
Un domaine autonome
“(ci, le site de Château Couronneau, avec ses vignes regrou
pées autour des bâtiments, ses îlots de bois, correspond bien
à l’idée de domaine autonome que dépeint Rudoif Steiner”,
explique Jacques Fourès. Le cahier des charges de Deme
ter cite d’ailleurs (e père de ta biodynamie, qui expliquait,
en 192t, dans ta deuxième conférence du cours aux agri
culteurs “Maintenant, une ferme s’approche le plus de sa
propre nature quand eUe peut être conçue comme une sorte
d’individualité en soi, une individualité qui se suffit vraiment à
elle-même, En réalité, chaque ferme devrait tendre vers cet
état d’:ndvidualité autonome.”
__
I
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IH’IiIn,l,
(iccl’OissPllt
I
ets t, UI (11111f
t’(’s hen.s’ ïnifji,y’Is,”
Pat-mi i t ‘S 11 ‘SI I ILS la pie 1Lara1m 500 agit ur la
d’s sols apportée à
l’automne et au printemps
10(1 à 150 glha), t’ h’ (‘SI
‘‘.1 ;i,iii.»r’,n de la
UtLI?’P”, COhIL 11(0’ I’œito—
logne. II s’agit de b )use k’
1,111’ qui ‘r rhIllO Ir’ 5(1115
terre dans des r» nrrs de
vaL’lw, La 501, de la ‘dli,’’
I rs fille, restee sous I
tout un été,
de
i. hroyé, est ain)rlee
à des ttoses trs faibles,
de l’ordre de 4 giha. Au
contraire (le la 500. t’lie est
,‘‘rfs,’,’’î
1/1/1’ /rfrI Lr
ii
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(‘SI UlO’?’S
i’ini t (‘rie, ((
I 01 1 L /111 raS (‘(‘ [li I’t
r L I;r r,
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01111
‘‘/1/ r ‘iilfr ‘Li
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Nous avons toujours coupé les parcelles en deux: une moitié en b,o et
lautre en biodynarrtie, pour comparer, raconte Christophe Piat, Et pour moi,
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Iru I I’,rIiII ,, t dans quelque
(‘fil),’’ (j(’ / r r ‘s rationnel.”
Myriam Gou(ette
“ Derneter est la marque qui
permet de reconnaître les
produits Issus de tagricutture
biodynamique. Les produc
teurs engagés sont contrôlés.
en re année, par L’association
Demeter elLe-même, et à partir
e
2
de
année, par ErocLrt ou
Oualité France. Siodyvrrl est une
autre marque pour La vigne et te
vin en biodynamie.
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I )t’t’I(’S, Il I (0111 r ‘T (‘I’ r! lt ‘(L’’’’
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(‘n i.tj’( LIII r,,’ ar,’’’ ,I’aiil l’us
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d.e’r le bourgeon
tiwil.
1.’(’iif’l est ‘xlors .si»(’tt,t’ ‘u
taire. La 501 donne avs»i
deS gr(lppes ben aérées. la
peau jJUS r
ce qui
(luqin (‘lite les :110/115.”
Li
ii’’, les lLrL’p;LI’aT il 1(15
502 à 507 SOnt elalo itt’es a
hase d’ .t ‘I ii h ‘e, cano nui 1h’.
pissenlit, ortie, (“(‘or(’e de
t’l’mu’ et r, IhrtII(’ et sont
à introduire dans OiIis les
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Écouter son intuition
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liii, ‘,,t’ntuOtni
la biodynamie donne des grappes plus belles,
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eUe rigidifie. Elle jii’nel
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(‘\1nIIfl1(’ ( ‘Iinsinpiit’
‘
“,.facteur
IlS,
rr,r j;
(UI r L, r’’’’’
,l(’!’
Christophe Piat ne se contente pas des acquis. Depuis six
ans, il intègre à son ‘vignoble des parcelles sur,tesqueltes
sont menes des essais “Une quinzaine a eté réalrsée Nous
y trouvons un fort intérêt intellectuel, raconte—t-il.- Nous nous
sommes associés à d’autres vignerons, ça donne une vision
plus large.” Sur ta problématique du mildiou, des essais
à basc de silice dynamisée Ont été effectués d’autres
expériences ont porté sur ta réduction des doses de cuivre,
en l’associant à l’ion nitrate d’argent d’autres encore sur
L’utilisation d’huiles essentielles, Château Couronneau
s’est’attaqué aussi à La problématique du désherbage
plusieurs défanants à base de produits naturels y ont été
testés, Deux ont abouti à des “désherbants dits bio aussi
efficaces que performants’, assure Christophe Piat, Ils
seront peut-être un jour homologués en bio,
qui ne proiiien neuf. pas
1.)’
(‘‘iII! ‘1,515,
Un domaine qui expérimente
‘,‘
-
http:f/www.slate.fr/story/5898 l/vinbiodynarni
La biodynamie prend de la bouteille Siate
-
Publié le 15/07/2012
Mis à jour le 15/07/2012
inactions
9h20
La biodynamie prend de la bouteille
Avec la production à outrance des années 1970, les viticulteurs s’étaient
écartés de la terre. Depuis, quelques-uns se sont tournés, pour le plus
grand plaisir des palais, vers la culture biodynamique.
-
TEUR
1
LAf
Yohan castaing
I
Consullani formateur en
marketing management
du vin, passionné par
son :oh. A retrouver sur
Arthoc’a ries.
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I-..-’
REUTERS/Robert Galhraith
-
out le monde connaît l’agriculture biologique. La volonté de
revenir à une alimentation saine a poussé les
consonniateurs vers les coopératives et magasins
biologiques. Mêmes les grandes surfaces s’y sont mises.
Mais derrière le concept flou de culture biologique, se cache bien
souvent une vérité difficile à accepter potir les puristes. Un légume bio
peut-être cultivé dans le respect de l’environnement mais produit sous
serre pour accélérer la croissance ou cultivé à des milliers de kilorrtres
de son lieu de conTnercialisation. De plus, la culture biologique, bien que
T
très encadrée, laisse libre utilisation de produits de synthèse.
Certes qualitative, cette vision de l’agriculture ne convient pas à tout le
monde car elle ne prend pas en compte runité de production dans sa
totalité. Autrement dit, il s’agit d’appliquer un cahier des charges strict
sans essayer de corrprendre le pourquoi du comment. La cuiture
biologique devient plus une culture d’application de “normes” à
respecter alors qu’elle devrait être une prise de conscience et une
réflexion au travers de la plante. La qualité provient de l’expérience, de
la con-préhension, pas de l’application stricte d’un cahier des charges.
De nombreux viticulteurs ont refusé cette contrainte et ont essayé de
comprendre les tenants et les aboutissants de leurs travaux dans la
vigne. Leur volonté était simple: vivre en harmonie avec la nature, avec
leur travail.
L’homéopathie de la terre
En 1924, période faste pour tes questions spirituelles, notannient parle
développement du courant théosophique, certains d’entre eux ont
demandé à l’un des spécialistes de l’époque, Rudoif Steiner [PDF],
anthroposophe (anthroposophie signifie «science de l’esprit»), de
La biodynamie prend de la bouteille Siate
http://www.s1ate.tr/story/5891/vin-biodynamU
réaliser une conférence sur les notions agricoles.
Ce dernier donna un cours de plusieurs jours, appelé «Cours aux
agriculteurs», expliquant la relation que devait avoir l’agriculteur avec
son métier et sa terre. Le but de Steiner a été d’expliquer que toute
ferme, tout domaine viticole doit être considéré comme un être vivant
afin d’être le plus diversifié et le plus autonome possible pour limiter le
maximum d’entrants chimiques.
Sa stratégie était d’utiliser des plantes naturelles ou des éléments
naturels que les agriculteurs pouvaient trouver sur leurs exploitations.
Chaque plante ou élément était utilisé pour une raison particulière: la
prêle pour sa teneur en silice, la bouse de vache comme engrais, le
pissenlit comme protecteur... Mais à dose infinitésimale, comme
l’homéopathie. D’ailleurs, comme l’homéopathie, la science ne peut
expliquer les bienfaits et seul le pragmatisme des paysans fait loi.
Les principes mêmes de l’anthroposophie et sa vision très ésotérique
fut un filtre intellectuel pour des agriculteurs en mal de développement
rapide. D’abord utilisée dans l’agriculture céréalière et l’élevage, la
biodynarnie s’endormit faute de passionnés et de patience.
Des vins en accord avec leur vision
Mais dans les années 1990, et avec le développement d’une culture de
plus en plus productiviste, les viticulteurs se sont à nouveau tournés
vers cette pratique. Elle leur permet de mieux comprendre leur métier,
leur relation à la plante et à la terre.
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Un viticulteur est par définition un agriculteur qui doit avoir plusieurs
cordes à son arc. Eleveur de vignes, producteur de raisins et
vinificateur. Ce tryptique est la pierre angulaire de la passion de ces
femmes et de ces hommes. Leur métier ne s’arrête pas à la production,
il va iusqu’à la transformation du produit, voire à la commercialisation.
De fait, norrbre d’entre eux s’interrogeaient sur l’aspect global de leur
travail et les méthodes culturales de production quantitativiste qui
n’étaient pas en accord avec leur vision du vin. Le vin est un produit de
partage, d’échange, de passion et avant tout un aliment d’une grande
portée syrïtolique à défaut d’être indispensable. Ils ne pouvaient donc
concevoir la sirrle vision quantitative mais souhaitaient développer une
vision ualitative.
Quelques pionniers ou agriculteurs issus des années 1 968, avec l’aide
du technicien agricole Pierre Masson, commencèrent à s’intéresser à la
biodynarTie. Très vite, ils s’aperçurent de l’intérêt qu’ils avaient à utiliser
cette méthode culturale.
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Des vignes plus vivaces, des raisins plus sucrés et d’un goût plus
prononcé, des vins plus en accord avec leur vision.
Aujourd’hui, la biodynanie peut aussi bien s’appliquer dans des
propriétés connues et reconnues que dans des propriétés moins
arriitieuses. Le seul mot d’ordre est la qualité. Produire des raisins les
plus sains possibles, véritable vecteur de la terre qui les e vu naître pour
réaliser des vins de terroirs, des vins de haute couture.
Deux parcours en biodynamie
Prenons l’exemple de deux vignerons aux antipodes l’un de l’autre.
Cyril Dubrey, jeune ingénieur agronome, a décidé, un beau jour,
d’abandonner la culture conventionnelle au profit de la biodynanie. Ce
déclic s’est produit quelques mois après le rachat de sa propriété dans
l’appellation Pessac-Léognan dans le bordelais.
En vivant sur place, ses enfants avaient annexé la vigne comme terrain
de jeu. Sa formation initiale d’ingénieur agronome le poussait vers une
culture conventionnelle utilisant de norrtreux produits pour pallier les
maladies d la vigne. Ces produits, souvent très nocifs pour l’homme, ne
devaient pas être très sains pour ses enfants. De là, il décida de ne plus
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La biodynamie prend de la bouteille Siate
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utiliser de produits nocifs pour lui et sa farrilte. Faisant fi de l’ensentle
de son savoir, il se tourna vers la biodynarre afin d’utiliser des tisanes
de plantes, des décoctions et de repenser corrplètement son rapport au
travail et à la vigne.
Aujourd’hui, il est fier de faire visiter sa propriété aux amateurs de vin et
de leur expliquer les bienfaits de cette technique. En quelques années,
Cyrit a réussi à proposer des vins à la fois plus corrptexes, plus fruités
et surtout plus digestes. Des vins qui se boivent avec plaisir, sans
lourdeur aucune et dont la fraîcheur et le dynansme sont identifiables
dès les premières fragrances. Mais surtout, il s’est engagé dans une
voie plus respectueuse de la terre, de la plante et laisse ses enfants
garrtader dans ces vignes sans aucune inquiétude, li propose
aujourd’hui des vins qui lui resserrblent, qui expriment leur terroir, qui ont
une personnalité. Pas des vins normés, flatteurs mais sans âme.
Car c’est là l’aspect positif de la biodynamie. Dans un monde du vin qui
propose des vins tourds, arrçles et avec des doses de soufre très
importante, il devient difficile de terminer une bouteille sans avoir la tête
endolorie par une barre au niveau du front. Les produits chimiques et le
soufre sont comme des anesthésiants de plaisir.
Cyril Dubrey, avec Château Mirebeau, propose des vins d’une
remarquable fraîcheur, avec une belle tonicité et une fruité remarquable.
Les personnes souffrant rie retours gastriques ou à l’oesophage sensible
seront ravies de découvrir ce nouveau genre de vin.
Olivier Hurïtrecht est une sommité mondiale. Premier Français à obtenir
le célèbre diplôme anglais de Master ot Wine (MW), il est aux
commandes d’jne des Dius belles propriétés d’Alsace.
Léonard Huntrecht, son père, a été l’un des précurseurs des Grands
Crus d’Jsace et a ré-introduit la viticulture sur des coteaux jusque-là
abandonnés par les normes productivistes de l’après-guerre.
Visionnaire, la famille Humbrecht a beaucoup oeuvré pour les vins en
biodyna mie.
Le vignoble d’Alsace est une mosaîque de terroirs. Des sots marno
calcaire, gréseux, alluviaux, de loess et de lehms... Bref un bijou ou un
casse-tête quand on souhaite donner de la personnalité à chaque
terroir.
La famille Hurrbrecht est propriétaire de nombreux Grands Crus et
notamment des monopoles: Le Clos Jebsal, Clos Windsbuhl et Clos
Hauserer. Ces terroirs, dont les coteaux ont souvent de fortes
déclivités, se doivent de posséder une personnalité et une identité forte.
Olivier Huntrecht conduit donc sa vigne en biodynamie afin de
respecter au maximum les échanges minéraux entre les racines des
ceps de vignes et les terroirs.
Déguster un vin du domaine Zind-Huntrecht, c’est corrprendre et
approfondir un terroir. La viticulture en biodynarre a perrris de
rehausser tes vins par des salinités exceptionnelles, véritable marqueur
de terroir. Olivier Huntrecht n’aurait pas pu donner autant de
personnalité et d’âme à ses vins, sans ce type de culture.
Toutefois, ne soyons pas manichéens et acceptons que de très
nontreux vins produits en conventionnel sont des vins de très grande
classe. Mais force est de constater, lorsque l’on se balade dans te
vignoble comme moi, que ces viticulteurs ont corrpris, sans forcément
utiliser des méthodes spécifiques, que pour réaliser un très bon vin, il
convenait de respecter la plante, la terre et de vivre en harmonie avec
son métier.
Yohan Castaîng
• Château Mirebeau Pessac Léognan rouge—2010. Composé
à 33% de fûts neufs, 33% de fûts d’un vin et 33% de fûts de
plusieurs vins, ce 2010 a été élevé 12 mois en barriques.
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La biodynamie prend dela bouteille Siate
Le nez offre de superbes notes fruitées (fruits rouges et noirs
croquants) avec une gourrrandise et vraie propension au plaisir. Sans
lourdeur aucune, le nez est d’une pureté rrgnifique. Tout est à sa place,
rien ne dénote de rensen-ble. Le boisé est subtil, parfaitement
harmonieux. La bouche offre une belle tension, preuve d’une très belle
ruaitrise de l’acidité, donc de la date de vendange, et le toucher de
bouche est suave, rectiligne et droit. Eric e vendangé des raisins à
14.2%vol, ce qui est incroyable, quand on ressent cette fraîcheur et
cette rrgnifique acidité. Preuve s’il en est que le travail de la vigne
permet de vendanger des raisins parfaitemont rn.irs sans leur donner
ces caractéristiques de sur-maturité souvent à l’origine de la lourdeur de
certains vins. Bravo!
Prix: 18 euros. Un excellent rapport qualité-prix pour un Pessac
Léognanl
Domaine Zind-Humbrecht
Herrenweg 2008
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Gewurtztraminer Veiltes Vignes
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En bouche, le vin est parfaitement structuré, une géométrie ou une
architecture, je ne sais plus, angulaire, parfaitement structurée. Aligné
tels des boulevards hausrrunniens, l’équilbre est parfait. J’oserais dire
limpide. Tellement droit que l’on peut voir l’horizon en point de mire. C’est
un vin, ou un pays, extraordinaire où les vallées sont gorgées de fruits,
de fleurs, de senteurs douces et enivrantes. Un pays où l’on prend le
temps de vivre, d’humer et de différencier les goûts. Un pays où l’avenir
est devant nous, l’horizon à portée de main. Un vin tout simplement
exceptionnel.
I
çiir 6
9 choses sur la biodynarnie Nine le magazine
http://www.nine-le-magazine.com/?p=739
{Wine)
le ma6dzine
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9 choses sur la biodynamie
20 juil 2012 by L.M.
,
Nouvelle tendance ou véritable bouleversement dans la viticulture, en quoi consiste la
biodynamie? Voici 9 informations pour en savoir plus.
1/ La biodynamie a été créée au début du XXème siècle par Rudoif Steiner, un scientifique et
philosophe autrichien.
2/ Ce type d’agriculture fonctionne autour de l’influence des rythmes de la nature, des saisons ainsi
que des astres. Le travail du sol est également un point important de la biodynamie.
Dans le calendrier biodynamiqiLe, les journées sont appréhendées en tant que jour fruit, fleur,
racine, eau... ainsi que des jours en pointillé où il ne faut rien faire. Chaque journée a donc sa
vocation propre.
4/ Les étranges préparations telles que les composts à base de bouse de vache, de silice, de calcaire et
de plantes et les procédés ont longtemps été décriés. Les avis ont peu à peu changé face aux bons
résultats obtenus.
5/ Comme l’agriculture biologique, la hiodynamie ne fait appel à aucun traitement chimique. Basée
sur l’anthroposophie>, et contrairement à l’agriculture bio, elle considère la Terre comme un
ensemble vivant et tente de corriger le déséquilibre entrainant une maladie plutôt que (le traiter la
maladie elle-même.
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17108/2012 12:19
9 choses sur la biodynamie Nine le magazine
http://www.nine-le-magazine.coml?p=739
6/ De nombreux domaines viticoles réputés utilisent cette méthode. C’est le cas de la Romanée Conti,
dont le vin est considéré comme l’un des meilleurs au monde.
On peut utiliser la biodynamie dans tous les domaines de l’activité agricole, de l’apiculture à
l’élevage, en passant par le maraîchage.
Le label Demeter est consacré aux vins en biodynamie, de même que le syndicat Biodyvin.
9/ La culture en biodynamie a fait ses preuves mais nécessite beaucoup de temps, de motivation et
une baisse du rendement. Sa pratique tend à se développer dans les vignobles français, même si
l’agriculture raisonnée et l’agriculture biologique sont préférées par les domaines prêts à évoluer.
© CyberMat
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L’antropophosie est un courant de pensée créé par Rudoif Steiner. Elle a pour objectif d’étudier, de
manière scientifique, des phénomènes spirituels.
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Investir dans le vin
Posted on 9 jan 2012
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• antropophosie
• biodynarnie
• biodyvin
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17/08/2012 12:19

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